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1,968
Chiroptères du sud du Congo (Brazzaville)
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V. AELLEN ET A. BROSSET 436 Cette partie du pays est précisément la plus intéressante par sa variété. En effet, à côté du massif forestier dont les espèces paraissent être celles de la forêt primaire congolaise, le pays présente tous les stades de la dégradation forestière, des savanes, une grande agglomération humaine, c'est-à-dire toute une gamme de milieux particuliers, propres à fixer des populations différenciées de chauves- souris. Bien plus, l'effet de lisière, qui se poursuit du Tanganyika à l'est, jusqu'à l'Atlantique à l'ouest, semble avoir créé le long de la bordure sud du grand massif forestier un couloir écologique qui a ouvert la voie, non seulement à la pénétration d'espèces méridionales, mais encore à celle d'espèces typiquement orientales. Grâce aux présentes collections, nous sommes en mesure de signaler non loin de l'Atlantique plusieurs espèces ou formes affines de celles qui peuplent les rives africaines de l'océan Indien. En étendant ces notions à toute la côte du golfe de Guinée, on peut relever les espèces méridionales et orientales suivantes, qui depuis une trentaine d'années y ont été signalées, sous une forme identique ou un peu modifiée: Coleura en afra (Peters), Guinée 1956), sous de l'Afrique orientale, portugaise (Monard, 1939) une nouvelle: C. forme découvert et afra en d'abord Guinée kummeri en Angola, ex-française puis (Aellen, Monard. Miniopterus minor Peters, de l'Afrique orientale et méridionale ( M. minor fratcrculus), trouvé à Thysville, dans le Bas-Congo (Hayman, 1954), et que nous signalons plus loin dans la République du Congo. Rhinolophus deckeni Peters, de l'Afrique orientale, trouvé sous forme d'une espèce affine, R. silvestris Aellen (1959), au Gabon et au Congo ex-français (voir ci-dessous). Rhinolophus peu denti Thomas, différente Rhinolophus en swinnyi embouchure Guinée l'Afrique de Congo (Hayman du Simulator du trouvé Andersen dans la du ex-française: Gough, Rhinolophus Sud, de l'Afrique — et Sud, R. découvert denti du Sud, al., 1966). hembanicus République du knorri signalé une sous-espèce Eisentraut (1960). récemment à de l'Afrique de sous forme d'une Senna, Congo, en Banana, l'Est et espèce nouvelle affine (voir plus loin). Triaenops signalé persicus dans Dobson, ce travail de l'Asie comme du Sud-Ouest sous-espèce et de l'Afrique nouvelle dans la orientale, République du Scientifiques au Congo. * * * Le matériel a été réparti dans les trois instituts suivants: ORSTOM, Congo, Laboratoire Brazzaville d'Entomologie, (IRSC) Institut de Recherches 437 CHIROPTÈRES DU SUD DU CONGO (BRAZZAVILLE) Muséum national d'Histoire Muséum d'Histoire naturelle, Paris Genève (MG) naturelle, (MP) Nous remercions vivement MM. Adam, Bourlière et Taufflieb, grâce auxquels nous avons pu étudier cette collection, Mlle Gisèle Vattier, qui a précisé la provenance du matériel, Mme H. Genest-Villard, du Muséum de Paris, et M. J. E. Hill, du British Muséum, qui nous ont aimablement envoyé en prêt du matériel de comparaison de leur musée. Liste des localités, toutes situées dans la région du Kouilou Brazzaville: 4° 16' S / 15° 17' E Grotte de Doumboula, Loudima: 4° 15' S / 13° 00' E Grotte de Kimanika: 3° 59' S / 14° 25' E Grotte de Loudima: 4° 15' S / 13° 00' E Grotte de Matouridi: 3° 48' S / 14° 29' E Grotte de Meya-Nwadi: à 3 km de Meya-Nzouari Grotte de Meya-Nzouari: 3° 53' 15" S / 14° 31' 30" E Grotte de Mpasa: 3° 51' S / 14° 27' E Grotte de Mpoka: 3° 55' S / 14° 30' E Pointe-Noire : 4°48'S/11051'E Grotte du Viaduc, Loudima: 4° 15' S / 13° 00' E Liste des espèces La collection compte 206 spécimens, tous conservés en alcool et répartis dans les 14 espèces suivantes: Eidolon h. helvum (Kerr) Rousettus aegyptiacus Lissonycteris a. imieolor angolensis (Gray) (Bocage) Epomops f. franqueti (Tomes) Nycteris m. macvotis Dobson Rhinolophus /. landevi Martin Rhinolophus silvestris Aellen Rhinolophus adami, sp. nov. Hipposideros caffer (Sundevall) Triaenops persicus majusculus, subsp. nov. Myotis megalopus (Dobson) Eptesicus tenuipinnis Pipistrellus nantis (Peters) (Peters) Miniopterus minor Peters V. AELLEN ET A. BROSSET 438 Eidolon h. helvum (Kerr) Vespertilio (cf. vampyrus Andersen, helvus Ann. Kerr, Mag. Animal nat. Kingdom Hist. (7) 19: 1(1): 504, XVII, 91, 1792. Sénégal 1907). Brazzaville, 9.1966 — 1 spécimen, coll. Adam (096M) — M P. Il n'y a rien de nouveau à dire sur cette espèce banale, déjà signalée au Congo français par Pousargues en 1896, indiquée comme commune Malbrant et Maclatchy (1949) et récemment citée encore aegyptiacus unicolor (Gray) Monk. 117, à dans Brazzaville par cette par ville l'un de nous (Brosset, 1966 a). Rousettus Eleutherura unicolor Gray, Cat. etc.: 1870. Gabon. Grotte de Loudima, 19.6.1964 — 1 Ç subad., coll. Taufflieb (3413) — MG 1074.15. Cette roussette n'était pas connue dans le Congo ex-français jusqu'aux trouvailles de J.-P. Adam: Taufflieb (1962), citant des acariens parasites, l'indique dans la grotte de N'Tsouari (= Meya Nzouari). A peu près à la même époque, MM. Villiers Congo: R. Descarpenteries Brazzaville, Nous de et utilisons Sibiti la et trouvaient Dimonika nomenclature de R. aegyptiacus (Brosset, 1966). Koopman (1966), aegyptiacus unicolor (Gray, 1870) le 1959. Cette façon de nous semble judicieuse, existe au British faire Muséum, fait qui R. semble en lieux met en synonymie occidentalis Eisentraut, qui aegyptiacus avoir d'autres puisque le type de échappé à Eisentraut, du unicolor à qui nous sommes redevables de la précieuse revision de l'espèce aegyptiacus. Lissonycteris Cynonycteris 138, angolensis 1898. Pungo a. angolensis Bocage, J. Sci. Andongo, Angola. Math. (Bocage) Phys. Nat., Lisboa (2) 5: 133, Grotte de Matouridi, 25.4. 1963 — 1 ? subad., coll. Taufflieb (2609) — MG 1074. 14. Grotte de Mpoka, 9.10.1962 — 1 $ ad., coll. Adam (561-22) — MP. Il s'agit aussi d'une espèce nouvelle pour la République du Congo, où sa présence était à prévoir puisqu'elle avait été signalée au nord au Cameroun et en Guinée espagnole, et au sud au Congo ex-belge et en Angola. C'est le Novick sous-genre (1958) qui Lissonycteris le premier Andersen. a Seul proposé parmi d'élever toutes les au rang autres générique espèces de Rousettus, L. angolensis ne pratique pas l'orientation acoustique et se rapproche par ce caractère de Eidolon et de tous les autres Mégachiroptères sauf Rousettus. CHIROPTÈRES DU SUD DU CONGO (BRAZZAVILLE) 439 Andersen (1912: 53) considérait déjà R. angolensis comme « the most aberrant species of Rousettus... ». Lawrence et Novick (1963) ont analysé ce point de vue et séparent aussi Lissonycteris en un genre distinct. L'un de nous (Brosset, 1966 h) a résumé ces données et a adopté aussi ce changement de nomenclature. Epomops f. franqueti (Tomes) Epomophorus franqueti Tomes, Pointe-Noire, 29.6.1963 — 1 Proc. <? zool. immat., Soc. coll. London: Taufflieb 54, — 1860. Gabon. IRSC. Brazzaville, 9.1966 — 1 spécimen, coll. Adam (150 M) — MP. Cette espèce banale est indiquée comme commune dans la région de Brazzaville (Malbrant et Maclatchy, 1949). Plus récemment, elle est signalée à Sibiti et aussi à Brazzaville (Brosset, 1966 a). Nycteris m. macrotis Dobson Nycterîs macrotis Dobson, Monogr. Asiat. Chiropt. : 80, 1876. Sierra Leone. Grotte de Loudima, 20.6.1963 — 2 (JçJ, 1 Ç, coll. Taufflieb (3407) — MG 1074.16 à 18. Grotte de Loudima, 1.8.1964 — 2 Ç$ ad., 1 $ subad., 2 ÇÇ subad., coll. Adam — MP. Nycteris macrotis semble plutôt une espèce de savane. Elle n'a pas été rencontrée dans le bloc forestier congolais. La présence de jeunes dans la grotte de Loudima montre que cette cavité abrite une colonie de mise-bas. On se doute depuis quelques années déjà que aethiopica Dobson (1878) et macrotis puis Dobson Kuhn (1965) (1876) et sont conspécifiques. Koopman (1965) Kulzer admettent (1962) citant respectivement Harrison, que oriana Kershaw (1922), aethiopica et luteola Thomas (1901) ne sont tout au plus que des sous-espèces de macrotis. Il en est de même du Nycteris aethiopica guineensis Monard (1939) qui est un synonyme absolu de macrotis1. Il est certain que plusieurs de ces formes tomberont encore en synonymie absolue de macrotis. De nombreuses citations de TV. aethiopica dans l'ouest africain doivent se rapporter en fait à N. m. macrotis. C'est probablement le cas pour les deux N. ae. aethiopica que Eisentraut et Knorr (1957) signalent en Guinée. Les N. aethiopica du Libéria, cités par Kuhn en 1962, sont rapportés par le même auteur en 1965 à N. m. macrotis. Les spécimens du Cameroun que l'un de nous (Aellen, 1952) désignait N. ae. aethiopica sont en fait des N. m. macrotis. Il en va 1 L'un de nous (V. A.) a examiné l'un des types (<$ 283) et l'a trouvé parfaitement identique à N. m. macrotis. V. AELLEN ET A. BROSSET 440 certainement de même pour les A\ aethiopica que l'un de nous (Brosset. 1966 a) signalait au Congo, L'espèce à Nycteris Brazzaville et Dimomka. macrotis-aethiopica n'était pas connue au Congo jusqu'à cette dernière citation. Nycteris ni. macrotis. en millimètres Rhinolophus I. landeri Martin Rhinolophus landeri Martin. Proc. zool. Soc. London 1837: 101. 1838. Fer- Pô. nando Grotte du Viaduc. Loudima. 1.8.1964 — 18 j£. 23 22. tous adultes, coll. Adam — MP. La coloration de ces Rh. landeri varie du gris au brunâtre et au rougeâtre. La C'est répartition de la probablement le représentant été n'avait encore jamais milieux divers, il constructions, mais semble surtout sous-espèce landeri couvre du genre le signalé dans la accorder sa cavernes République présence et plus à souterrains. le bloc forestier commun du l'existence et Congo. d'abris congolais. cependant, Peuplant il des convenables, CHIROPTÈRES DU SUD DU CONGO (BRAZZAVILLE) 441 Rh. I. lancier i, en millimètres Rhinolophus Rhinolophus silvestris N'Dumbu, Aellen, Arch. Lastoursville, silvestris Sci., Aellen Genève 12 (2): 228, 1959. Grotte de Gabon. Grotte de Meya-Nzouari, 25.1 1.1964 — 2 <J<J immat., 1 $ immat. — coll. Tauflïieb (3400) — MG 1074.38 à 40. Grotte de Meya-Nzouari, 26.7.1963 — 1 ç? ad., 5 $$ ad. — coll. Adam — MP. Grotte de Meya-Nzouari, 25.11.1964 — 2 ç?<? juv., 1 ? juv. — coll. Adam — MP. Le pelage de ces spécimens est brun clair plus ou moins roussâtre. L'unique ^ adulte collecté n'est pas différent, par sa taille et son pelage, de la moyenne des $?. La grotte de Meya-Nzouari est un lieu de mise-bas, comme le montre la présence en novembre de jeunes âgés d'environ 1 mois et celle d'immatures en février. La reproduction doit suivre un rythme de type austral, ce qui est normal chez les populations de rhinolophidés localisées au sud de l'Equateur. Rhinolophus silvestris est une espèce récemment décrite du sud du Gabon par l'un de nous (Aellen, 1959). Nous n'avions eu entre les mains que le type. Cette espèce n'avait pas été reprise jusqu'ici depuis sa description. Cette série vient heureusement augmenter nos connaissances sur cette chauve-souris mal V. AELLEN ET A. BROSSET 442 connue. L'espèce est donc nouvelle pour la République du Congo (cf. Adam et Vattier, R. 1967, p. silvestris 220). est proche de R. deekeni d'Afrique orientale. Le Muséum de Paris possède un spécimen typique de cette dernière espèce, provenant de l'île de Pemba, au large de la côte de Zanzibar. Comparé à nos silvestris, ce spécimen de deekeni est beaucoup plus grand, et il existe dans la morphologie des différences de détails, qui justifient le maintien de silvestris au rang d'espèce. Toutefois, si l'on découvre dans l'avenir, entre l'Afrique orientale et l'Atlantique, des popula- tions intermédiaires, cette opinion pourrait devoir être revisée. Rh. silvestris, en millimètres Peut-on maintenir l'idée émise par l'un de nous (Aellen, 1959) que R. silves- tris serait une espèce forestière ? Le type provient bien d'une région de forêts denses (Lastoursville), mais les trouvailles de Adam ont été faites en bordure de la grande forêt. Dans le bloc forestier congolais lui-même, où l'un de nous (A. B.) vient de faire des séjours prolongés (Gabon et nord du Congo-Brazzaville), l'espèce n'a pas été rencontrée (sauf dans la localité typique). Peut-être s'agit-il plutôt d'une forme orientale, qui aurait massif forestier congolais, colonisé sans d'est peupler la en ouest forêt la bordure elle-même. méridionale du CHIROPTÈRES DU SUD DU CONGO (BRAZZAVILLE) 443 Rhinolophus adami, sp. nov. Type. Congo, — $ 9.1.1967; Paratypes. Congo, adulte, coll. en J.-P. alcool. Adam, — çj adulte. 26.7.1963; coll. J.-P. Grotte no Grotte Adam, de orig. de Kimanika, 12/8G. Muséum Meya-Nzouari, Muséum de Kouilou, République de Paris Kouilou, Genève du 1968-408. République du 1129.84. 2 $Ç subadultes. Mêmes lieu, date et collecteur que le type, no orig. 3/8G et 8/8G. Muséum de Paris 1968-409 et 1968-410. Diagnose. — Rhinolophus de taille moyenne (avant-bras 47 à 49 mm; long crâne 20,3 à 20,6 mm). Feuille nasale grande (long. 15 à 16 mm, larg. 8,5 à 9 mm) à connectif arrondi dépassant quelque peu le sommet de la selle; lancette non acuminée, à bords droits ou un peu convexes; selle à dossier (procès vertical) large et à bords concaves. Troisième métacarpe non réduit, supérieur à 90% du cinquième métacarpe. P2 dans la rangée dentaire, séparant nettement C de P4. P3 implanté au bord externe, mais bien développé et séparant P2 de P4. Crâne étroit: largeur zygomatique (qui est inférieure à la largeur mastoïde) mesurant moins de la moitié de la longueur totale (au bord antérieur de C). Pont palatal long; son bord médian antérieur arrive au niveau du bord antérieur de M1. Description. — Les dimensions externes (sauf la feuille nasale) entrent pour la plupart dans les limites de variation de R. eapensis. Les oreilles sont très grandes, elles mesurent plus de la moitié de la longueur de l'avant-bras. Le bord interne est assez régulièrement convexe de la base au sommet; celui-ci est bien marqué et forme un angle droit, ou même un peu aigu, toutefois fortement arrondi à la pointe; le bord externe est nettement concave vers le sommet, puis très légèrement convexe jusqu'à l'antitragus. Celui-ci est régulièrement convexe et séparé du pavillon par une encoche à angle très obtus; il mesure environ 13 mm de l'insertion de base à l'encoche. La feuille nasale est très caractéristique de cette espèce; elle est grande, surtout longue. Le fer à cheval recouvre presque tout le museau et présente une large échancrure au milieu de son bord antérieur. La selle est très large (3,2 mm) et son procès vertical (dossier) est environ aussi large que haut; ce procès est un peu plus large à la base qu'au sommet et ses bords latéraux sont légèrement concaves; il en résulte un étranglement au milieu de la hauteur (voir tableau de mensurations). Le connectif a une pointe régulièrement arrondie qui dépasse quelque peu le sommet du dossier de la selle. La lancette, triangulaire, possède des bords latéraux légèrement convexes et une pointe peu aiguë, donc absolument pas acuminée comme c'est le cas chez les espèces comparables, Simulator, bembanicus et eapensis. La lèvre inférieure présente trois sillons délimitant deux lobes bien développés, comme chez Simulator et eapensis. Rev. Suisse de Zool., T. 75, 1968. 30 V. AELLEN ET A. BROSSET 444 Le patagium s'insère à la partie distale du tibia ou à la cheville. Le troisième métacarpe n'est pas réduit; il mesure toujours plus des 90% du cinquième. La queue est plus longue que la moitié de l'avant-bras. La coloration de cette nouvelle espèce ne présente rien de particulier. Le type (?) est brun assez clair sur le dos ; la face ventrale est gris-brunâtre. Les paratypes sont plus foncés dessus, mais le ventre est aussi gris-brunâtre; l'un (8/8G) est même blanchâtre au bas-ventre. La feuille nasale est très claire, couleur chair. Les oreilles sont brunes, un peu plus foncées au sommet. Le patagium est brun foncé. Fig. 1. Rhinolophus adami, sp. nov. Feuillenasale. A. Aspect général; B. Profil du connectif; C. Procès vertical de la selle. Le crâne présente des proportions semblables à celles de simulator-bembanicus. Il est très étroit: sa plus grande largeur n'atteint pas la moitié de la longueur totale (mesurée au le général profil bord antérieur du crâne de C). rappelle Le renflement beaucoup celui nasal de est fortement bembanicus marqué; figuré par Senna (1914, p. 2). La largeur zygomatique est égale ou inférieure à la largeur mastoïde. Le rapport largeur zygomatique sur longueur C-M3 est nettement inférieur (1,26) à celui mesuré sur capensis (1,38 à 1,41), et simulator-bembanicus CHIROPTÈRES DU SUD DU CONGO (BRAZZAVILLE) I Rhinolophus adami, en millimètres 445 V. AELLEN ET A. BROSSET 446 (1,30 à 1,40); ce rapport illustre particulièrement bien cette étroitesse du crâne, le pont palatal, mesuré au milieu, est remarquablement long et comparable à celui de simulator-bembanicus : il constitue les 38 à 39,5% de la longueur C-M3, alors que chez capensis il ne représente que les 34 à 35 °0 {simulât or : 38,5%; bembanicus 42,5%). Le milieu du bord antérieur du pont palatal arrive au niveau du bord antérieur de M1: le point médian du bord postérieur se situe entre M2 et M3. Un long pont palatal est un caractère archaïque chez les Rhinolophus. Dans notre nouvelle espèce, cette ancienneté se manifeste aussi dans la denture. Au maxillaire supérieur, P2 est situé dans la rangée dentaire et sépare nettement C de P4; les pointes de C et P4 sont séparées de 2 mm. La hauteur de P2 atteint ou dépasse légèrement le cingulum de C. Au maxillaire inférieur, P3 est inséré sur le bord externe de la rangée dentaire et sépare P2 de P4. P2 est remarquablement petit: cette dent n'atteint pas la moitié de la hauteur de P4 et rappelle, par ce caractère, R. alticolus. Remarques. géographique — Il est restreinte — curieux de l'ancienne constater la découverte AEF de deux — dans espèces une région nouvelles de Rhinolophus en l'espace d'une dizaine d'années. R. silvestris, décrit en 1959, est une espèce bien individualisée ayant son plus proche parent dans une espèce orientale, deckeni. La nouvelle espèce R. adami est proche, elle, de deux formes d'Afrique du Sud-Est, deux formes que plusieurs auteurs pensent devoir être synonymes: Simulator et bembanicus. R. bembanicus n'est connu que par le type, provenant Zambie, de au République Zambie. R. Simulator a été signalé Katanga (?), en Rhodésie, au d'Afrique du Sud (Transvaal et en Tanzanie, Mozambique, au au Malawi, Botswana et en en Natal). Afin de pouvoir comparer facilement notre nouvelle espèce à ses plus proches parents, nous avons divisé les espèces africaines du groupe fer r urne quinum en deux sous-groupes ainsi définis: Groupe ferrumequinum : connectif à sommet arrondi et bas, ne dépassant pas ou seulement de peu le procès vertical de la selle. Largeur du fer à cheval inférieure à 9 mm (atteignant exceptionnellement 9 mm). Sous-groupe ferrumequinum : P2 externe ou absent. C et P4 en contact ou presque: espèces: ferrumequinum, augur, darlingi, clivosus. Sous-groupe capensis : P2 dans la rangée dentaire, séparant nettement C de P4: Les espèces: capensis, espèces de ce alticolus, dernier denti, swinnyi, sous-groupe sont Simulator, bembanicus, adami. distinguées dans dicho- la tomique suivante: 1 . Feuille nasale grande : fer à cheval de 8,5 à 9 mm, largeur de la selle à la base 3 à 3,5 mm. Palais osseux (pont palatal) long: le milieu de son bord antérieur arrive au niveau du bord antérieur clé CHIROPTÈRES DU SUD DU CONGO (BRAZZAVILLE) 447 de M1. Crâne long et étroit: sa plus grande largeur est inférieure à la moitié de sa longueur. Avant-bras 49 mm. Crâne 20,3 à 20,6 mm adami 1. Feuille nasale plus petite: largeur du fer à cheval ne dépassant pas 8,3 mm, généralement beaucoup moins 2. 2. Avant-bras 46,5 à 51,5 mm. Crâne 19,5 à 21,3 mm. C-M3 7,1 à 7,8 mm. Palais osseux court (C et P4 sont parfois en contact à l'intérieur, mais P2, toujours présent, est situé dans la rangée dentaire) — Avant-bras 37,5 Crâne 3. Palais capensis à 48,5 mm, généralement à 19,5 mm. C-M3 5,8 à palatal) long, comme chez 16,8 osseux (pont inférieur à 46 mm. 7 mm adami. Avant- 3. bras 42 à 45,5 mm. Crâne 17,7 à 19 mm. C-M3 6,5 à 7 mm 4. — Palais osseux court: le milieu de son bord antérieur arrive tout au plus au niveau du tiers antérieur de M1 5. 4. Largeur du fer à cheval 7 mm. Procès vertical de la selle fortement rétréci au milieu bembanicus — Largeur du fer à cheval 8 à 8,3 mm. Procès vertical de la selle peu rétréci 5. Crâne 18,4 au à 19,5 mm. Avant-bras milieu Lancette non 42,5 acuminée, à Simulator à bords 48,5 droits. mm alticolus — Crâne 18 mm ou moins. Lancette généralement acuminée, à bords concaves. Avant-bras 37,5 à 45 mm 6. 6. C-M3 5,8 à 6,1 mm. Lancette à bords droits ou un peu concaves. Avant-bras — C-M3 6,2 à 37,5 6,5 mm. concaves. à 41,5 Lancette Avant-bras mm acuminée, 40 à denti, bords nettement 44 mm à s. 1. swinnyi, s.1. Hipposideros Rhinolophus caffer Sundevall, caffer Ôfvers. (Sundevall) K. Vetensk. Akad. Fôrhandl., Stock- holm 3 (4): 118, 1846. Près de Durban, République Sud-Africaine. Grotte de Meya-Nzouari, 26.7.1963 — 2 (?<?, 2Ç? — coll. Taufflieb (2661) - MG 1074.20 à 23. Grotte de Matouridi, 25.4.1963 — 2 1 ? — coll. Taufflieb (2606) — MG 1074.24 à 26. Grotte de Loudima, 19.6.1964 — 7ç?<?, 4 ÇÇ — coll. Taufflieb (3403-2, 3403-3)MG 1074.27 à 37. V. AELLEN ET A. BROSSET 448 Grotte de Loudima, 25.4.1963 Grotte de Doumboula, 19.6.1964 j> 52 Grotte de Meya-Nwadi, 2.9.1964 J 17 Ç? — coll. Adam — MP. Grotte de Meya-Nzouari, 29.11.66 — ? juv. — coll. Adam (505 A) — M P. Grotte de Kimanika, 9.1.1967 — 1 1 ?, 1 ? immat. — coll. Adam (11, 13, 15/8G) — MP. Hipposidews caffer, en millimètres — Spéc. ad. Dans cette importante série, les femelles sont en moyenne un peu plus grandes que les mâles. C'est une règle assez générale chez les Rhinolophoidea qu'une taille légèrement plus forte avantage les femelles. Le pelage des représentants de cette série oscille entre un gris brun terne et un rougeâtre orangé brillant. Tous les intermédiaires existent. La couleur du pelage, variable semble-t-il chez un même individu, suivant l'état de la mue, n'a pas de valeur systématique chez les chiroptères troglophiles tropicaux. La population d' Hipposideros caffer du bas Congo, à laquelle appartient cette série de spécimens, présente deux particularités: l'homogénéité et la petite taille. Dans le nord du Gabon et au Cameroun, nous avons constaté (Aellen, 1952; CHIROPTÈRES DU SUD DU CONGO (BRAZZAVILLE) Brosset, 1966 c et inédit) que cette espèce présentait des 449 populations poly- morphes, avec des individus dont les caractères répondent à la diagnose des sousespèces décrites comme différentes: c. caffer (Sundevall), c. angolensis (Seabra), c. guineensis Andersen, c. ruber (Noack). Notre série semble correspondre à la population qui habite la région côtière du sud du Cameroun et que l'un de nous (Aellen, 1952) a étudiée et nommée c. guineensis. En fait, cette désignation n'avait été attribuée qu'avec doute, et au vu de nos connaissances actuelles, nous jugeons maintenant plus prudent de ne pas désigner la population du Kouilou par un nom subspécifique. En effet, les spécimens de notre série — et aussi ceux de Campo et Dipikar du sud du Cameroun — appartiennent à une population relativement très petite, dont les dimensions sont inférieures à celles données classiquement pour la forme guineensis, l'une des plus petites décrites pour l'ouest de l'Afrique. Malgré les travaux récents de Hill (1963), Lawrence (1964), Koopman (1965, 1966), etc., la question difficile des formes ou espèces renfermées sous le nom général de Hipposideros caffer est loin d'être tranchée. Les divergences surgissent selon les conceptions des auteurs et les régions considérées. Les caractères invoqués par Miss B. Lawrence, concernant la feuille nasale, ne nous paraissent pas suffisamment nets pour permettre une distinction entre les formes. Mais, d'autres caractères, tirés aussi de l'expansion foliacée du nez, pourraient peut-être être utilisés; nous pensons en particulier à la paire de petites languettes variables verticales dans antéro-latérales une population aux donnée, narines, mais qui bien nous ont paru assez peu différentes d'une population à l'autre. H. caffer est sans doute le plus fréquent et le plus largement répandu des chiroptères africains. Il semble arrivé à ce point de l'évolution où s'actualisent dans certaines populations les facteurs de diversification qui peuvent conduire à la formation et à la ségrégation de formes nouvelles. Le phénomène, toutefois, n'est pas général dans toute l'aire de répartition de l'espèce, et la diversification ne touche que certaines populations et non d'autres, soit que chez ces dernières le processus soit terminé et les formes différentes ségrégées et stabilisées, soit que le processus diversificateur ne s'y soit pas manifesté. Il existe chez les oiseaux et les mammifères de la région congolaise des phénomènes identiques dont la com- préhension exacte pourrait sans doute contribuer à éclaircir le problème des sous-espèces, chez des formes en pleine expansion évolutive. Très fréquemment signalé au Congo-Kinshasa et au Gabon, H. caffer n'a été cité au Congo-Brazza que très peu de fois: Kinkala et Mouyondzi (Malbrant et Maclatchy, 1949, sous le nom de H. c. centralis), grotte de Matouridi (matériel étudié ici) (Taufflieb, 1962, sous le nom de H. caffer) et grotte de Meya- Nzouari (matériel étudié ici) (Adam et Vattier, 1967, sous le nom de H. caffer angolensis). V. AELLEN ET A. BROSSET 450 Triaenops persicus majusculus, subsp. nov. du Type. — <J adulte, Congo, 19.6.1964; en coll. alcool. J.-P. Grotte Adam. de Muséum Doumboula, Loudima, de 1968-412. Paris République Paratypes. — 5 (?c? ad., 5 ÇÇ ad. Mêmes lieu, date et coll. que le type. Muséum de Paris. 4 ad., 2 ÇÇ ad. Mêmes lieu et date que le type, coll. TaufTlieb (3403-1, Adam (503 A, 504 Peters, mais plus 3403-4). Muséum de Genève 1074.41 à 46. 2 ÇÇ ad. Grotte de Meya-Nzouari, 29.11.1966, coll. A). Muséum de Paris. Diagnose. avant-bras — 53,4 Semblable à 60,1 à mm Triaenops (moyenne persicus 55,0 afer mm), crâne, longueur grand: totale 18,9 à 21,2 mm (moyenne 20,4 mm). Description. — Les spécimens de notre série ont été comparés à des T. per- sicus afer du Muséum de Paris, provenant de Zanzibar. Ils sont semblables, sauf pour les dimensions, qui sont plus grandes dans la nouvelle sous-espèce (cf. tableau ci-dessous). Le caractère invoqué par Dorst (1948: 18) pour séparer afer de persicus, soit le prolongement lancéolé de la selle bifide chez le premier, unicuspide chez le second, ne nous paraît pas très valable, bien que nous n'ayons pas eu à notre disposition des persicus typiques. Dans notre série du Congo et sur les exemplaires de Zanzibar, légèrement variabilité cette concave, de ce lancette présente un ce détermine parfois qui caractère n'avait bord d'ailleurs supérieur un pas très semblant échappé à oblique, de deux Dobson droit ou pointes. La (1879: 717), qui ne trouve aucune différence importante entre ces deux formes. Il nous paraît superflu de reprendre ici une description détaillée de notre nouvelle forme, car nous ne ferions que répéter ce qu'ont dit plusieurs auteurs sur persicus sensu lato. Le lecteur pourra se référer aux descriptions originales et à celles de Tate (1941), de Dorst (1948), de Harrison (1955, 1963, 1964). Actuellement, le statut taxonomique et la répartition géographique des formes du genre Triaenops sont les suivants 1: Triaenops Dobson, 1871 furcula Trouessart, rufus Milne-Edwards, humbloti persicus 1906: 1881: Milne-Edwards, Dobson, Madagascar Madagascar 1881: Madagascar 1871 1 Nous ne trouvons nulle part trace du « Triaenops furinea Trouessart — Aldabra Islands », cité par Tate (1941 : 3). Cette espèce n'est pas reprise dans les travaux ultérieurs, comme ceux de Dorst et de Harrison. CHIROPTÈRES DU SUD DU CONGO (BRAZZAVILLE) persicus Dobson, 1871: macdonaldi Harrison, afer 1877: Peters, 451 Perse 1955: Aden, Oman ex-Somaliland, Kenya, Tanzanie, Zanzibar, Mozambique majusculus, subsp. nov. : Congo (Brazzaville) Dans sa révision, Dorst (1948) considère encore afer comme spécifiquement distinct de persicus. Mais, Harrison (1964), qui est certainement l'auteur qui a examiné le plus de matériel de persicus s. /., admet que afer n'est qu'une sousespèce de persicus, suivant en cela la notion ancienne de Dobson (1879). D'après aujourd'hui les descriptions reconnues de et mensurations Triaenops persicus publiées, se les distinguent quatre avant sous-espèces tout par leur première pré- taille: Triaenops persicus, en millimètres Précisons encore que dans notre nouvelle sous-espèce la molaire supérieure (P2) est située dans la rangée dentaire, sur le bord externe, et sépare nettement la canine (C) de la deuxième prémolaire (P4). Cela correspond à la figure de T. afer donnée par Dorst (1948: fig. 2 C). Il nous paraît intéressant, d'autre part, d'étudier l'os pénien de notre nouvelle sous-espèce, puisque celui de la forme la plus voisine, soit T. persicus afer, 1 est déjà connu et peut servir de comparaison (Matthews, 1941). La forme générale est assez semblable, mais l'extrémité proximale est sagittée et non lancéolée. Cependant, la différence la plus remarquable est la taille: chez p. afer, le baculum mesure 2,8 mm, selon la figure 15 D de Matthews; il n'atteint pas 2 mm chez p. majusculus (1,88 et 1,57 mm sur deux spécimens examinés). Remarques. — La présence d'un Triaenops au sud de la République du Congo est une donnée inattendue. En effet, le genre passait pour typiquement oriental. Cette notion classique est à revoir. En fait, ces chiroptères ont dû pousser vers • l'ouest, à partir du Zanzibar et de la Tanzanie, et à travers le couloir écologique * constitué par les lisières méridionales du Massif congolais, des populations dont 452 V. AELLEN ET A. BROSSET OS mm^m OS m m ooon-rj- r-osno On" 00 NO NO ON OO <N vO nO~<N ON oo" • rnOs-rt© 05 2 M O M rt (N ON 0\ m—— 03 —Tooo"r-"onon"o-Tr-" mr-r-\©mooon û-42 «g SO X> 8 CUg ^- 2 aos £ ,>> — x h-eu C/3 C 03 C CO «3 -a <m ■c II 1) M3 03 CT a__. — : i-< ai • C« es O -C 03 O, a -2 o a £'SI TJ1 ci 03 O 3O (U O 3. 60 60 CC oo ri h s a f * 03 C C 03 « ES s-i^ 3U u33hH <U 33 3a 33 4). 1) (U 60 6Û-60 60 60 CC5 U U03 Ih 60 S| ow O O~ O03 J j j oEo CHIROPTÈRES DU SUD DU CONGO (BRAZZAVILLE) 453 l'extrême pointe de répartition se situe près de l'Atlantique. On qu'une exploration plus régions intermédiaires peut penser complète conduirait des à la découverte de nouveaux jalons illustrant cette progression des Triaenops vers l'occident.C'estdurestelaformequipeuple mm 1 l'Afrique orientale qui est la plus proche de notre nouvelle sous-espèce. Fig. 2. Triaenopspersicusmajusculus,subsp.nov. Baculum. A. Spécimen MG 1074.43; B. Spécimen MG1074.44. Myotis megalopus (Dobson) Vespertilio megalopus Dobson, Ann. Mag. nat. Hist. (4) 16: 261, 1865. Gabon. Grotte de Loudima (sans date) — 1 Ç — coll. Adam — IRSC. La calosité du pouce est bien marquée. Les deux dernières vertèbres caudales dépassent de la membrane interfémorale. Les teintes du pelage sont les suivantes: sous-poil brun sombre; sur le dessus, l'extrémité des poils est châtain clair, dessous, elle est gris clair. La ressemblance avec Myotis daubentoni d'Eurasie est frappante, comme l'avait déjà remarqué Dobson. Myotis megalopus restait une espèce quasi mythique, connue seulement par sa description originale (le type et un paratype), décrite il y a bientôt un siècle et provenant du Gabon. La description de Dobson est très claire et s'applique parfaitement à notre spécimen. Le statut taxonomique a été longtemps rendu confus par Thomas. On peut résumer ce l'historique En 1872, nom est Dobson de cette espèce Dobson décrit un préoccupé propose en par 1873 de ainsi: Vespertilio Vespertilio lui macropus macropus substituer le du Gould, nom Cachemire. 1854 nouveau Comme (d'Australie), de longipes. En 1875, Dobson décrit une nouvelle espèce, sous le nom de Vespertilio megalopus, dont la localité typique est « Gaboon ». Dans sa monographie de 1 878, Dobson maintient ses deux espèces qu'il distingue parfaitement et dont il donne pour chacune une figure de l'oreille; megalopus est représenté par 2 du Gabon. C'est Thomas (1915) qui vient jeter le doute dans les esprits lorsqu'il déclare qu'après examen des types de megalopus et longipes, ces deux espèces sont identiques et que le nom de longipes seul est valable. 454 v- AELLEN ET A. BROSSET Myotis megalopus, en millimètres Jusqu'à la trouvaille récente de J.-P. Adam, on n'avait pas repris ce peti Myotis. Il nous paraît que les données de Dobson sont exactes, et que par consé quent l'espèce africaine doit s'appeler Myotis megalopus (Dobson, 1875) e l'espèce asiatique Myotis longipes (Dobson, 1873). Dans le synopsis des espèces du genre Vespertilio, Dobson (1878) place son V. longipes à côté de V. capaccini et son V. megalopus à côté de V. daubentoni. Ces notions nous paraissent encore très valables; nous avons vu que megalopus est effectivement une espèce très proche de daubentoni, alors que longipes est indiqué comme très voisin de capaccini par Meyer-Œhme (1965) qui a récemment examiné plusieurs spécimens d'Afgha nistan. Au vu de son anatomie, on peut supposer que M. megalopus, comme les autres espèces du sous-genre Leuconoe, chasse des proies plus ou moins aquati ques, au-dessus de l'eau. La grotte de Loudima est d'ailleurs proche d'une rivière. CHIROPTÈRES DU SUD DU CONGO (BRAZZAVILLE) 455 Eptesicus tenuipinnis (Peters) Vesperus tenuipinnis Peters, Monatsber. K. Preuss. Akad. Wiss. Berlin: 263, 1872. Guinée. Brazzaville, 11.11.1964 — 1 Ç immat., coll. Taufflieb (3398) — IRSC. Cette espèce à large répartition géographique a déjà été signalée quelques fois à Brazzaville: Pousargues (1896), Brosset (1966 a). Pipistrellus nanus (Peters) Vespertilio nanus Peters, Reise n. Mossamb., Sâugeth.: 63, 1852. Inhambane, Mozambique. Grotte de Loudima (sans date) — 1 spécimen, coll. Adam — MP. L'exemplaire est semblable à ceux que nous avons collectés au Gabon. Probablement très commune partout, cette espèce est inféodée écologiquement aux bananiers, dont elle colonise les bourgeons terminaux. Notre spécimen aurait été pris dans une grotte, ce qui constitue une localisation anormale pour cette espèce 1. P. nanus a déjà été signalé à plusieurs reprises dans le Congo-Brazzaville. Miniopterus minor Peters Miniopterus minor Peters, Monatsber. K. Preuss. Akad. Wiss. Berlin 1866: 885, 1867. Côte de Zanzibar. Grotte de Meya-Nzouari, 7.1961 —2$&\ ?, coll. Taufflieb (1644) — MG 1074.1 1 à 13. Grotte de Loudima, 2.9.1964 — 1 $ immat., coll. Taufflieb (3413 6) — IRSC. Grotte du Viaduc Grotte de Doumboula - 6 10 ÇÇ, coll. Adam — MP. Grotte de Mpasa Hayman (1954) a fait connaître ce petit minioptère de Thysville (Congo- Kinshasa). On sait que l'espèce minor comprend actuellement quatre sous-espèces, soit: 1 Paulian et Grjebine (Natural. malgache 1953) signalent la trouvaille de Pipistrellus wnus dans des grottes de la réserve de Namoroka, à Madagascar. V. AELLEN ET A. BROSSET 456 minor Peters, 1867 — Afrique orientale et (?) bas Congo manavi Thomas, 1906 — fraterculus Thomas et griveaudi Harrison, 1959 Madagascar Schwann, — 1906 Grande — Afrique du Sud Comore. Miniopterus minor, en millimètres D'après les mensurations publiées, en particulier celles de Harrison (1959) c'est de la forme typique que nos exemplaires se rapprochent le plus: manavi et griveaudi sont plus petits, fraterculus est plus grand. Nos minioptères du Congo semblent à peine plus grands que m. minor. Si l'on devait les séparer de celui-c en tant que sous-espèce particulière, il est probable que le nom de newtoni devrai leur être attribué. Miniopterus newtoni description originale basée des quelques mensurations sur publiées Bocage spécimens (1889) de (malheureusement l'île n'est de aucune connu que par sa Saint-Thomé, mais les du correspon- crâne) dent parfaitement à celles de nos exemplaires. Nous croyons donc pouvoir ajouter, au moins provisoirement, à la liste des formes de Miniopterus minor une cinquième sous-espèce: newtoni Bocage, 1889 — Ile de Saint-Thomé et (?) bas Congo. CHIROPTÈRES DU SUD DU CONGO (BRAZZAVILLE) 457 Il s'agit encore d'un chiroptère dont les affinités orientales sont évidentes. A partir de l'est et du sud de l'Afrique, cette espèce a dû peupler la bordure méridionale du massif forestier congolais, jusqu'à l'île de Saint-Thomé, située dans l'Atlantique au large du Gabon. Cependant, ce minioptère ne semble pas pénétrer dans le massif Miniopterus espèce forestier proprement inflatus. En effet, troglophile, dans les nous dit, que n'avons nombreuses peuple jamais cavités une rencontré souterraines espèce différente, Miniopterus minor, que avons nous explorées au Gabon, au Cameroun et dans le nord de la République du Congo. Eisentraut (1963, 1964) et Verschuren (1957) ne le signalent pas davantage au nord de l'Equateur. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Adam, J.-P. et G. Vattier. 1967. « Bittori » laboratoire souterrain de VO.R.S.T.O.M. en Afrique intertropicale (République du Congo). Spelunca (4), Mém. 5: 220-222. Aellen, V. 1952. Contribution à V étude des chiroptères du Cameroun. Mém. Soc. neuchâtel. Sci. nat. 8: 1-121. — 1956. Speleologica africana. Chiroptères des grottes de Guinée. Bull. IFAN 18 A: 884-894. — 1959. Chiroptères nouveaux d'Afrique. Arch. Sci., Genève 12 (2): 217-235. Andersen, K. 1912. 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View This Item Online: https://www.biodiversitylibrary.org/item/138380 DOI: https://doi.org/10.5962/bhl.part.97040 Permalink: https://www.biodiversitylibrary.org/partpdf/97040 Holding Institution American Museum of Natural History Library Sponsored by BHL-SIL-FEDLINK Copyright & Reuse Copyright Status: Public domain. The BHL considers that this work is no longer under copyright protection. Rights Holder: Muséum d'histoire naturelle - Ville de Genève This document was created from content at the Biodiversity Heritage Library, the world's largest open access digital library for biodiversity literature and archives. Visit BHL at https://www.biodiversitylibrary.org. This file was generated 16 April 2022 at 09:59 UTC.
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Histoire du Commerce Francais dans le Levant au XVIIIe Siecle.
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Donc, en présence des réclamations des Marseillais, Colbert s'était contenté de créer une compagnie sans monopole pensant bien que le commerce désordonné des négociants disparaîtrait de lui-même devant celui de la compagnie, forte de tous les avantages de la règle et de la faveur royale. L'échec de celle-ci, puis d'une autre, attribué à des causes accidentelles, ne l'avait pas découragé et Seignelay avait maintenu l'application du sysLn pension fut accordée ù Kc^uay « en souvenir des services rendus en commerce par feu Monsieur son pore ». Aimé de SaintDidier était entré dans les l)uri-au.\ en 17.'>(). li remplit (ten.\ missions dans le Levant, notamment en l7(Mi. Il lut alors ordonnateur de l'escadre du prince de Llntenoin eliar|{é d'une liiHpection générale de la navif{ation marchande dans (1) tant d'occoiiionH au U Méditerranée. LE SYSTÈME MAUREPAS -VILLENEUVE 13 tème mais Pontchaitrain avait dû se rendre à l'évidence. Les compagnies du Levant ne pouvaient pas vivre, il fallait se rési; gner à laisser les négociants continuer de faire leur commerce chacun en leur particulier ou en s'associant à leur guise. La foi dans la valeur des règlements n'en fut aucunement diminuée. On ne soupçonna même pas que, si les compagnies du Levant avaient toutes périclité, c'était peut-être parce qu'elles avaient été trop bien réglées dans leurs opérations. Donc les ministres se vouèrent à la tâche plus ingrate de faire accepter aux négociants les règles qu'ils auraient pu imposer à une compagnie comme la rançon de son monopole et de la faveur royale. Les Pontcliartrain agirent prudemment, avec ménage ment. Ils se servirent de l'autorité de la Chambre du commerce ils l'engagèrent à établir certaines règles, à de Marseille persuader aux marchands des échelles d'adopter certaines pratiques. Ils arrivèrent ainsi en grande partie au résultat qu'ils poursuivaient. En 1715, armateurs, capitaines, négociants de Marseille ou facteurs des échelles, fabricants de draps ou d'autres articles d'exportation, tous ceux, en un mot, qui étaient mêlés au commerce du Levant étaient déjà assujettis à d'étroits ; règlements. Leur œuvre parut pourtant insuffisante au xviii' siècle. Les libertés que les ministres de Louis XIV avaient laissé subsister de licence intolérable. Dès les premières marquis de Bonnac avait protesté contre leur maintien. Les hommes les plus modérés étaient plus que jamais persuadés de l'incapacité fondamentale des négociants. Ils en voyaient la preuve dans ces révolutions fréquentes qui leur semblaient un phénomène anormal et étaient qualifiées années du règne de Louis XV, le inadmissible. Mais, même les expériences heureuses ne trouvaient pas grâce auprès des théoriciens. Bonnac n'était pas satisfait du développement de nos allaires dans le Levant, pendant son ambassade. regrettait, dans ses Mémoires, que le commerce se fît au hasard et il ajoutait « Quoique ce hasard ait été heureux et que ce désordre ait pu contribuer à porter notre commerce au Il : point où il est, ce qui a servi à l'élever le détruirait infaillible- ment si l'on n'y mettait pas ordre. » La liberté, l'absence de règles et de principes ce sont là les pires des dangers. N'était-ce pas surtout dans un pays plein d'embûches comme le Levant que les marchands avaient besoin de tutelle? LA CONSTITUTION DU COMMERCE DU LEVANT 14 Un consul du Caire, de Lironcourl, habile courtisan désigné à la faveur du ministre, expose ainsi ingénument aspect de la théorie du xviii'= siècle. « Ces un autre Messieurs de Mar- seille sont prévenus d'une idée que V. E. pardonnera à leur état, de leurs connaissances et un peu aussi à ce éprouver sous les ministères passés. Ils croient, Monseigneur, qu'il est comme impossible que V. E. et ceux qui ont l'honneur de travailler près d'elle suivent avec précision, les objets du commerce sur lesquels ils pensent bonnement que leur expérience personnelle, toute bornée, toute intéressée qu'elle est, doit les instruire davantage... J'ai tâché de les guérir de cette erreur et de leur faire comprendre que c'était vous. Monseigneur, et non eux, qui étiez au véritable point de vue de chaque chose (1). » au cercle étroit qu'ils ont pu remarquer et Dangers de la liberté, esprit borné des négociants, lumières supérieures des ministres, c'étaient là de bonnes raisons d'agir. Les convictions étant plus nettes et plus fortement établies, les hommes du xviii* siècle n'ont plus de scrupules. D'autre part, ils ne redoutent plus les obstacles. Le gouvernement pouvait ralentir ou hâter à son gré la destruction des libertés locales. Si l'on veut juger quels progrès énormes avait faits l'autorité royale, il faut opposer les difficultés rencontrées par Colbert lors de l'établissement des Compagnies du Levant ou même de l'affranchissement du port de Marseille et la facilité avec laquelle Maurepas put imposer son système sans ménagement. Ainsi le nouveau système commercial du Levant était dans l'air. Les circonstances retardèrent seules les envahissements du pouvoir. Après les innovations et les secousses du début du règne de Louis XIV c'est seulement sous la direction du cardinal Fleury que l'administration renoua fortement les traditions. Villeneuve, le principal artisan du système, affirmait plus tard avec raison que ses plans n'étaient autres que ceux qu'avait dressés le mar(|iils de Monnnc. Mais celui-ci s'était arrêté prudemment à la théorie. « On pouvait lui demander [)ourquoi, dans le cours des huit années qu'avait duré son ambassade, il n'avait (1; Lettre du 20 iiovemljie Cousulut du Caire. ITIti. Arcli, des ;ilV. ilnmn. Carions commerciaux. LE SYSTÈME MAUREPAS -VILLENEUVE 15 pas mis en pratique les merveilleux principes qu'il a laissés Il sentait tous les obstacles qu'il aurait à dans ses Mémoires. vaincre pour surmonter celte aveugle prévention des négociants et de la chambre même du commerce pour ce phantàme qu'on appelle la libeiié du commerce et que M. de Bonnac croyait mériter à plus juste tilre le nom de désordre (1). » Villeneuve en taisant ces réflexions ajoutait qu'il aurait sans doute agi de même si Maurepas ne a l'avait encouragé à entreprendre ce qui jusqu'alors avait paru impraticable ». Maurepas, en effet, l'encouragea et le soutint de toute son autorité. Mais l'initiative vint de l'ambassadeur. A peine arrivé à Constantinople, il avait déjà fait des ouvertures au ministre quand une catastrophe commerciale sembla confirmer la théorie, fit taire les scrupules et système. donna le branle à l'application du En 1729, on vit dans les échelles un encombrement extraordinaire de draps. Les ventes étaient laborieuses. Les Marseillais, à court d'argent, s'avisèrent de tirer des lettres de change sur leurs commissionnaires des échelles détenteurs de ces draps. Ceux-ci, pour les acquitter, furent obligés de vendre à du mois d'août 1729 au tout prix. D'où pertes considérables même mois de l'année suivante se succédèrent à Marseille 37 banqueroutes qui montèrent à 5.480.000 livres. Les circonstances eussent pu fournir une explication. On ne la chercha pas. La cause de tout le mal n'était-elle pas bien connue. La liberté engendrait une concurrence effrénée. Les régisseurs du Levant vendaient bon marché et achetaient cher. C'est à quoi il fallait remédier (2). : Donc Villeneuve décida la nation de Constantinople à former une ligue pour la vente en commun de tous les draps, puis pour (1) Bibl. uat. msss. 11.790. fr. Pour tout ce qui suit, voir particulièrement Avis de MM. les Députés du commerce donné en 1750 sur le commerce du Levant avec les règlements concernant la fabrique des drups en Languedoc, 367 fol., sans les règlements. Bibl. nat. Mss. fr. 11.789. Mémoire général sur le commerce des Français en — Mémoire du marquis de Levant. Ibid. Mss, fr. 11.790 (folio 397-555) Villeneuve, ambassadeur du roi à Constantinople, concernant le commerce. Ibid. Mss. fr. 7.192. Divers autres mémoires du même manuscrit, fol. 298309. — Mémoire concernant le commerce des draps de France en Levant. Ibid. Mss. fr. 7.193, fol. 255-2(52. Divers autres mémoires du même manuscrit. (2) : — — Recueil général des règlements, édits... jusqu'en 1742, complété jusqu'en 1763. Cb. de comm., ciaux, mémoires. II, 23. — Arcb. des aff. étrangères, cartons commer- LA CONSTITUTION DU COMMERCE DU LEVANT 16 celle des sucres. La Chambre chargea aussitôt son délégué à la plus grande pru- Cour, Grégoire, de protester en y mettant la dence « par égard pour Tambassadeur qui avait d'excellentes intentions ». Elle revendiquait les droits des négociants et les siens (1). Maurepas pensa que ces représentations méritaient quelque attention et permit de les faire parvenir à Villeneuve qui n'en fut aucunement touché. Il alla jusqu'à dire que, si le roi voulait envoyer deux commissaires sur place, pour se rendre compte, non seulement les représentations des Marseillais ne seraient pas écoutées, mais on châtierait sévèrement ceux qui s'étaient avisés de les faire. Les lettres des consuls semblaient toutes donner raison à l'ambassadeur. Le vieil intendant Lebret, consulté, fit entendre une autre opinion. « Il ne fallait pas croire tout ce que les consuls écrivaient. Ils avaient envie d'étendre sur les affaires du commerce l'autorité qu'ils avaient en toute autre matière sur les négociants de leurs échelles. Pour y parvenir, ils entassaient depuis quarante ans de sa connaissance mémoires sur mémoires pour tt\cher de s'attirer des ordres supérieurs, sous prétexte de corriger des abus ou de remédier à des maux, du moins très exagérés, s'ils n'étaient pas entièrement imaginaires. » Le Bureau du commerce montra la même prudence à Trudaine, un des futurs champions de la liberté, el avait parlé au ministre de « difficultés insurmontables ». Rouillé, le futur ministre, intendant du son tour. s'était fait son interprète commerce, avait aussi adressé le même jour une lettre pleine de réserves (2). C'est d'après ces avis que Maurepas adressa à tous les consuls la circulaire du 23 mai 1731 : « S. M. n'a point trouvé de moyen plus convenable que celui de faire assembler les nationaux de chaque échelle pour qu'ils prennent eux-mêmes, par des délibérations, les arrangements qu'ils trouveront nécessaires.. S. M. désire (|u*ils s'assemblent pour cet clTet deux ou trois fois l'année... Vous les avertirez qu'il leur sera libre de prendre telle. LcUrc du 10 avril IT.'iU. Lettres » Nfaurcpas du 24 novembre 172i). (<ellc de Trudaine contient ia délibération du Hureau du commerce sur les mémoires du 2!) juillet et 18 uoOt I72<J. Mibl. nat. Mss. fr. uouv. ae(|. 2()..V{7, tolio 114-119. Le manus(1) t'2) contient une série de pièces de 172'J relatives aux discussions ({ue soulevèrent les premiers arrangements, a la suite du mémoire envoyé par Ville- crit neuve le 24 Juin 172U. La lettre de Houille est au.\ Arcb. nat. mur. W, 2U5. LE SYSTÈME M AUREPAS -VILLENEUVE déclaration qu'ils jugeroiil à propos mais que, 17 quand une déli- bération aura été prise à la pluralité des voix, aucun négociant de la nation ne pourra y contrevenir sous peine d'être renvoyé en France (1) ». Le Ministre avait ainsi pensé satisfaire à la fois l'ambassadeur et les partisans de la liberté. Mais les désirs du roi étaient présentés comme des ordres par les consuls. Dans la circonstance Villeneuve usa sur eux et sur les nations des échelles de tout son ascendant. Des arrangements, ce fut le terme adopté, furent pris pour la du prix des draps à Conslantinople, à Smyrne, à Salonique, au Caire, à Alep. Même, en décembre 1731, Villeneuve convoqua auprès de lui les députés de Smyrne et de Salonique pour délibérer avec ceux de Constantinople et les décida à fixer des prix commuus pour la vente dans les trois échelles « de façon que les gens du pays ne trouvassent pas plus d'avantage à se pourvoir de draps dans l'une que dans l'autre (2) ». C'était fixation l'idée moderne des trusts appliquée déjà à l'exploitation com- merciale des populations du Levant. On fixa également le prix pour la vente des papiers el de l'indigo à Alep, pour l'achat des séné au Caire, des laines toiles de coton à Alep, des toiles et du à Constantinople. Dans les échelles de Syrie, Trijjoli et Seide, où la situation des Français était particulièrement avantageuse, les nations purent se soustraire aux arrangemenls pour la vente des draps. Mais les consuls se plaignaient beaucoup de la concurrence désordonnée que se faisaient les marchands pour avances de fonds qu'ils faisaient chaque année aux Cheiks du pays sur leurs récoltes. Les marchands d'Acre avaient répondu à leur Consul en 1715 qu'ils l'achat des cotons filés, des étaient libres de laire de leur argent ce qu'ils voulaient, même de le jeter à la mer. Leur indiscipline, réfractaire à tous les arrangements, fit le désespoir des consuls de Seide qui essayèrent en vain de les leur imposer. A Constantinople les marchands drapiers indigènes avaient essayé de se liguer pour n'acheter qu'à des prix inférieurs. Il fut facile de les mettre à la raison en les menaçant d'interdire à la nation toute vente. Ils consentirent même à une nouvelle augmentation, de dix aspres par pic de (1) Cil. Mss. de commerce 11,23. fr. 7192. Précis des conférences tenues au Palais de France par Son Excellence... 10 et 12 décembre 1731, fol. 49-()0. Ce manuscrit renferme un {^rand nomlire de pièces relatives aux arrangements. — Cf. la correspondance de Maui-epas. Arch. nat. raar. B", 137, 140, 143, 146, etc. (2) — 2 LA CONSTITUTION DU COMMERCE DU LEVANT 18 draps, destinée à alimenter une caisse de garantie de paiement pour les étoffes qui leur étaient vendues à crédit. Leur intérêt commanda de borner le crédit de ceux d'entre eux qui étaient moins solvables et même d'exclure de leur corporation ceux qui ne l'étaient pas. Leur corps fut si bien et si vite épuré qu'au bout de dix-huit mois la nation française elle-même prit à leur sa charge la caisse de garantie contre les faillites des drapiers indigènes. Elle put même abaisser le prélèvement à six aspres par pic au lieu de dix. Ainsi l'ambassadeur se flatta d'avoir en même tenips imposé nos prix aux acheteurs turcs, assuré les paiements et augmenté sensiblement le débit des draps. Mais on risquait de tout perdre par les contraventions que se permettaient les négociants. En vain la vigilance des consuls était elle sans cesse tenue en éveil par Villeneuve et par Maurepas. On exigea des négociants le serment de ne vendre qu'au prix fixé par échelles, les arrangements. Les Juifs, courtiers ordinaires des rendirent la précaution inutile employant un en stratagème que Villeneuve qualifia d'odieux. Ils persuadaient aux négociants de violer leur serment en leur soutenant que d'autres le faisaient et qu'ils jouaient un rôle de dupe. Comme en 1736 Delane, consul d'Alep, les négociants employaient tant de subtilités et de détours pour n'être pas découverts qu'il était quasi impossible à un consul de les démasquer. Le ministre permit à l'ambassadeur de renvoyer en France les négociants notoirement soupçonnés, sans attendre de preuves formelles. Mais la faute était trop générale pour qu'on put la punir. D'autre part, la fixation des prix à des taux les draps élevés avait bientôt produit un inconvénient imprévu affluèrent bien au delà des besoins dans les cinq grandes échelles soumises aux arrangements et y restèrent invendus tandis qu'on n'en pouvait pas avoir dans les autres échelles. l'écrivait : Il fallut trouver un nouveau remède à ces deux inconvénients. Icard, le nouvel inspecteur du commerce du Levant, arrivait de Constantinople en 1735 après avoir visité, par ordre de Maurepas, les échelles deSmyrne et de Salonique, pour y étudier l'application et les résultats des arrangements. Il était chargé de mémoires et porteur de nouvelles propositions de Villeneuve. Entre autres choses l'ambassadeur demandait de régler les ventes par les ennois. Les balles de chaque cargaison seraient enregistrées et ne pourraient être mises en vente (lu'apiès celles l'envoi de précédent. Pour éviter qu'un négociant plus riche ne LE SYSTÈME MAUREPAS -VILLENEUVE 19 chargeât tout un navire pour son compte, les vaisseaux en charge à Marseille rendraient leur destination publique pendant un mois et seraient tenus de recevoir un nombre déballes fixé pour chacune des maisons de l'échelle où ils se rendraient. Telle était teneur d'un projet d'arrêt du conseil en neuf articles que Villeneuve avait confié à Icard. Pour prévenir encore les trop forts envois, l'ambassadeur proposait, dans un autre mémoire, de limiter à six mois le crédit fait par les négociants du Languedoc aux négociants marseillais. Les crédits accordés par l'usage étaient d'un an; ils permettaient aux Marseillais de faire de gros achats et d'attendre la vente de leurs expéditions dans les échelles. L'opposition de la Chambre du commerce de Marseille fit renoncer à ces deux expédients, rejetés par le Bureau du commerce tenu en présence de Maurepas le 4 avril 17.'{7. la Cependant Villeneuve avait pris sur lui de décider la nation de Constantinople à prendre un nouvel arrangement organisant les ventes par répartitions. Elle ne devait mettre en vente que pouvait espérer vendre dans l'inter- la quantité de drap qu'on valle d'un mois ou de six semaines. Chaque marchand parti- ciperait à la qu'il avait en répartition à proportion de la quantité de balles magasin. Il serait procédé à une nouvelle répar- tition quand toutes les balles comprises dans la première auraient été écoulées. Cette fois-ci les Marseillais ne furent pas seuls à protester. Les répartitions devaient avoir pour but de restreindre draps, le Languedoc se sentit menacé et adressa des représentations. « Toute la fabrique s'éleva contre ce nouvel les envois de arrangement. Cependant l'inspecteur Icard admis à défendre devant le Bureau du commerce, battu au sujet du règlement des ventes par les envois et de la limitation des crédits, l'emporta sur ce point. Le Bureau du 4 avril 1737 approuva les répartitions; Villeneuve s'empressa de les introduire à Salonique, à Smyrne, à Alep et au Caire. On avait commencé par les draps, on fit de même pour les indigos, pour les cafés, pour les sucres. Ainsi, périodiquement dans les échelles, les députés faisaient dans les magasins un recensement des balles de marchandises à vendre et les nations délibéraient de faire une répartition d'un dixième, d'un cinquième ou de toute autre fraction du stock accumulé. Entre autres » les idées de Villeneuve inconvénients ce système avait celui de favoriser les grosses maisons au détriment des petites qui ne pouvaient plus guère songer à accroître leur importance. LA CONSTITUTION DU COMMERCE DU LEVANT 20 L'opposition contre celte nouvelle entrave fut plus forte que contre les premiers arrangements. Les négociants de Marseille assemblés extraordinairement par la Chambre sur l'ordre de Maurepas remirent un mémoire où ils exposaient en guise de conclusion leur théorie de la liberté (1). La manifestation avait été assez imposante et les objections assez fortes pour que l'inspecteur Icard crût devoir jeter des soupçons sur la sincérité des signatures de cinquante-cinq négociants apposées au bas du document qu'il afTirmait avoir été mendiées. Il s'appuyait en même temps sur le mémoire adverse d'un négociant isolé, le sieur Poulhariès (2). Mais le Languedoc s'agitait de son côté. Le contrôleur général Orry renvoya à Fagon, chefdu Bureau du commerce, le mémoire adressé par les députés des États avec une apostille favorable. Cet encouragement les décidi à rédiger deux autres mémoires dont ils renouvelèrent les demandes en 1738 et 1739 (3). Le sieur Marcassus, entrepreneur des manufactures les plus réputées de la province, se plaignait amèrement que ses draps eussent perdu parles répartitions tous les avantages qu'ils retiraient aupara- En même temps arri- vant de leur supériorité dans les échelles. des représentations presque générales vaient de celles-ci débit de nos marchandises : le était gêné ; les répartitions favori- saient nos concurrents. La question des arrangements fut donc soumise encore au Bureau du commerce en 1740. Celui-ci voulut l'examiner à fond en s'entourant de tous les documents. Maurepas tint à consulter de nouveau la Chambre du commercede Marseille (23 novembre 1740). Celle-ci, après avoir réuni les principaux négociants à diverses reprises, répondit en réclamant l'entière liberté (12 décembre 1740). Elle venait de remettre au comte de Castellane, le nouvel ambassadeur (jui partait pour remplacer Villeneuve, le mémoire traditionnel. Elle lui rappelait qu'elle n'avait manqué aucune occasion de faire des représentations contre les arrangements et (|u'elle en avait prévu tous les inconvénients. Au commerciaux, Mémoires. — liibl. Mémoire un sujet des arninj{emenls, Ajullltl 1737. Aieli. de lu elinmlue. HH, 7(». (1) liât. (21 U Juin 1737. Mss. fr. TUYl, ('artons AIT. ctrai)f{., «8-107. fol. 6 Juin 1737. Hibl. mit. — Mss. (If. fr. 1.W2, fol. 1"21-12:>. - Cl. fol. i;»:., 138, '238, '2:)3. (5) Voir iiux Arcli. de iiicmuires du l..niigucdoc Isi C.liiiinbrc moût IIM), du cuininercc (Hii, 70) les deux loii)(s LE SYSTÈME MAUREPAS -VILLENEUVE reste, en réclamant l'entière liberté, la 21 Chambre ne condamnait pas d'une manière absolue les règlements. Mais il fallait que les nations eussent la liberté de faire elles-mêmes ces arrangements, de les modifier suivant les circonstances. Elle faisait au ministre des propositions analogues. Il arriva encore d'autres représentations du Languedoc. Les gardes jurés des fabricants de Carcas- sonne affirmaient que les arrangements, outre le préjudice causé aux particuliers, bannissaient l'émulation, étaient un obstacle à la perfection qu'on avait toujours recherchée (1). Entre temps les plaintes des échelles continuaient toujours à affluer. Icard, appelé encore à Paris, eut fort à faire pour répondre à un pareil concert. Il convint de l'accumulation des draps dans les échelles, principal inconvénient des répartitions, mais il prélendit que la liberté demandée serait d'un préjudice infini- ment plus grand. Fagon,chef du Bureau du commerce, et Rouillé, chargé du rapport, restaient fort embarrassés. Ils pensèrent que, «dans une matière aussi délicate, on ne pouvait user de trop de circonspection lorsqu'il s'agissait de prendre une résolution décisive (29 mars 1741). L'ambassadeur Villeneuve rentrait en France. On proposa donc à Maurepas de l'attendre pour délibérer avec lui En jittendant, il prierait l'intendant du Languedoc, de Bernage, de consulter secrètement les fabricants de draps les plus entendus. De Villeneuve arriva à Paris en août 1741 et sut défendre son œuvre. On lui fit observer que les répartitions avaient amené une diminution sensible de la consommation de nos draps dans les grandes échelles dans les petites, où elles n'existaient pas, ; la consommation avait, au contraire, augmenté. Mais il affirma une augmentation de vente. Donc le rétablissement de la liberté ne procurerait pas les avantages que les négociants s'en promettaient il ramènerait tous les abus que les arrangements avaient fait cesser. Maurepas et Orry entendirent le rapport de Rouillé, en présence de Fagon et Villeneuve (25 septembre 1741). Le 15 octobre Maurepas faisait qu'il ne fallait pas compter sur ; connaître à toutes les échelles les décisions prises en même temps qu'à la Chambre du commerce de Marseille. Les arrangements étaient maintenus pour les draps à Constantinople où ils étaient utiles, à Smyrne et à Salonique, parce que sans cela ceux (1) 9 mai 1740, — AfT. étraug.. Cartons commerciaux. Mémoires. LA CONSTITUTION DU COMMERCE DU LEVANT 22 de Constantinople eussent été sans effet. « Il devait être permis aux négociants des autres échelles de rétablir la liberté de ventes puisque tous les négociants qui y commerçaient le demandaient. » Cependant il était recommandé aux consuls d'engager les marchands à maintenir entre eux leurs ententes. La décision de 1741 n'était qu'un compromis dans lequel le ministre n'avait pas grande confiance. Il chargeait le comte de Castellane d'examiner scrupuleusement si la liberté des ventes pouvait et devait être rétablie. Smyrne et Salonique réclamaient la liberté ; Constantinople tenait aux arrangements qui lui profi- taient. Cependant le demi avantage obtenu avait encouragé les Marseillais qui revenaient à la charge en 1742. « Un nombre Chambre à Maurepas, nous apportèrent avant hier un mémoire signé de presque tous ceux de notre place par lequel ils requièrent la Chambre de considérable de négociants, écrivait la demander en leur nom à V. G. l'entière liberté du commerce du Levant. Nous n'avons pas osé leur refuser cette satisfaction qu'il nous semble juste de leur accorder quoique demandée avec des instances peut-être trop vives. » Le mémoire qu'elle. transmettait au ministre était revêtu de 224 signatures, toute l'élite du commerce de la place (1). En même temps les trois principaux fabricants du Languedoc, Marcassus, David et Pascal, renouvelaient leur critique déjà présentée le bon fabri: cant était mal récompensé et son travail se relâchait trouvait son avantage à rester en état d'infériorité ; ; les le faible réparti- tions étaient une prime à la médiocrité. Maurepas pressait Rouillé de trouver un règlement décisif et général. On n'en trouva point et on s'en tint à la décision de 1741 malgré de nou- velles représentations des Marseillais; ils avaient cru notamment profiler du rétablissement de la paix en 1748. Donc les arrange- ments furent maintenus à Constantinople, Smyrne et Salonique jusqu'en 1750. Cette année là on essaya même à (constantinople un nouveau mode de répartition des draps. Chaque maison se partageait également le nombre de balles reparties. Dès lors on vit en usage dans les échelles tantôt les répartitions par écjalUé de maison, tantôt les répartitions par proportion. Celles-ci favo- 1) ('.oinpurnnl <ics né^ociiints de cette ville pour (leniiiiider In libcrtti du commerce du Levant, 21) septemijre 1742. Arch.de Htl. 'M: Mémoire des nfgociuutH »ur répurlitioriH la l:i ('hiunbre, lixation des Sans date, plus de mit si({natures. UH.37.— Cf. dnips, les ventes par 23 LE SYSTÈME MAUREPAS -VILLENEUVE risaient les grosses maisons, les autres les petites. La Chambre du commerce marquait pour ces dernières toutes ses préférences. Même, en 1741 et 1742, sous l'influence des consuls, de nouveaux arrangements avaient été pris dans diverses échelles pour l'achat des marchandises de retour. Les nations de Constantinople et de Smyrne s'étaient liguées pour la traite des laines en décembre 1741 la première protestait quelques mois après : contre le maintien de cette coalition. A Seide et Acre les arrangements concernaient les cotons filés et d'autres marchandises, à Candie les huiles. La fixation des prix avait entraîné les répartitions. Celles-ci n'avaient pas produit le résultat attendu. Plus on avait de draps en magasin plus on était assuré de vendre, donc on avait multiplié les envois au lieu de les restreindre. Ainsi le système conti- nuait de mal fonclionner mécanisme : ; on ajouta une nouvelle pièce au limitée. Ce n'avait pas la fabrication des draps fut été sans de longues hésitations. Villeneuve avait proposé dès 1730 de fixer le cliifïre des balles fabriquées, des expéditions, de supprimer les manufactures inférieures ou de les obliger à perfectionner leurs produits. Les moyens avaient paru trop violents, préjudiciables, ou d'une exécution impossible. En 1738 Maurepas s'avisa d'un expédient détourné, l'établissement d'une inspection nouvelle des draps à Montpellier dans le but de modérer les fabricants par un examen plus sévère. Mais l'encombrement continua d'augmenter dans les échelles. Or, depuis longtemps les états du Languedoc, obligés de payer une gratification pour chaque pièce de drap fabriquée pour le Levant, voyaient avec peine augmenter cette charge. Dès 1728 ils avaient réclamé la suppression de la prime et la fixation de la fabrication par un accord avec les directeurs des manufactures royales et un nombre choisi de bons fabricants de Carcassonne, de Clermont et de Saint-Chinian. En 1729 et en 1730 ces demandes avaient été renouvelées avec l'appui de l'intendant, de Bernage le Bureau du commerce les avait chaque fois repoussées. Dans les conférences de 1741 on avait remis en avant la proposition de Villeneuve en 1730. De Bernage, consulté à la fin de la même année au sujet des arrangements, rappela de son côté les anciennes demandes des états. Le Ministre les accueillit Maurepas et Orry s'entendirent et de Bernage reçut l'ordre de réduire la fabrication d'un quart en se réglant sur le travail de 1740 ; ; LA CONSTITUTION DU COMMERCE DU LEVANT 24 (5 avril 1741). La fixation était faite pour dix-liuitmois ; comme raccumulation de draps ne cessait pas, elle fut prolongée jusqu'en 1745, puis jusqu'après 1750, malgré les représentations réitérées des négociants. Après avoir vu les draps encombrer le Levant on se plaignit d'en manquer. Les assortiments étaient incomplets et les ventes plus difficiles. Les fabricants du Languedoc, sûrs de les débiter, ne les vendaient qu'à des prix excessifs et les négociants pouvaient à peine les revendre aussi cher. L'inspecteur des draps en 1743 se plaignait que les draps ne fussent pas si bien fabriqués, ni teints, ni apprêtés qu'ils l'étaient avant la limitation. « Cela nous fait craindre, écrivait de son côté la Chambre au contrôleur général en 1746, la perte d'une manufacture qui a tant coûté à l'Élat pour en établir la perfection. » Elle recommandait encore à M. de Saint-Amand, son agent à la cour, en 1751, de saisir toutes les occasions de représenter que la liberté dans la fabrication était essentielle pour les progrès du commerce. Elle reconnaissait d'ailleurs que la limitation était liée aux autres arrangements (1). Le gouvernement ne pouvait plus s'arrêter. Il fallait inventer de nouveau règlements pour assurer l'exécution des précédents. On pensa que tout le fruit des arrangements serait perdu si les marchandises françaises pouvaient être fournies aux Turcs par des étrangers. A la demande même des négociants de Marseille, obligés de se priver de ce débouché, la vente des draps fut interdite en Italie de crainte que, par Gênes, par Livourne ou par Venise, ils ne fussent revendus dans les échelles. Les fabricants du Languedoc, dont les intérêts n'étaient pas les mêmes, avaient en vain réclamé la liberté de la vente (2). C'est dans la même intention que fut rendu l'arrêt du conseil du 17 octobre 1741. Aucun négociant français ou étranger trafi- quant sous la bannière de France ne pourrait envoyer à Nègrepont des draps fabriqués dans le royaume, sous quelque prétexte que ce fût, à peine de confiscation et de 100 livres d'amende (1) Kii dehors de commerce voir ft la conespoiulance ut des délil)érations de la (Chambre du ce sujet, dans les archives, les mémoires suivants Mémol- : rrs Aur lu fixation de la fabrication des draps, 2 octobre et 25 novembre 1743, Mémoire sur les arrangements, 1» février 1750, HH, 71 Cf. Aff. Cartons commerciaux, Mémoires. 2 oct«ibre 17i:J et 20 mars 1750. .Mémoire sur l'interdiction de vendre en HM, 70 ; ; ^'trun){. i2) Italie les draps rabri(|uéH pour le Levant, 17.37. Cf. sur le même sujet des .tili, 17M), 1787. Arch. de lu chumbre, lill. tiU— 72. documents de 1 25 LE SYSTÈME MAUREPAS -VILLENEUVE contre le capitaine. Sous les mêmes peines il était interdit aussi de faire des envois dans les ports de Morée et d'Albanie, sauf dans ceux où étaient établis les consuls et vice-consuls de France. Les ventes y seraient faites d'après les prix fixés à Salonique. Il s'agissait, en effet, d'assurer le bon effet des arrangements dans cette échelle où les draps auraient pu arriver indirectement par les ports de la mer Ionienne, du Sud de l'Adriatique et de l'Archipel. Depuis longtemps les plaintes étaient générales contre les pacotilles apportées dans les échelles par les équipages et les passagers des navires ou rapportées par eux. Ce n'est pas que leur concurrence fût bien à redouter par les marchands mais, pressés par la brièveté de leur séjour, ils se hâtaient de vendre ou d'acheter et leur précipitation exerçait une influence fâcheuse sur les prix. Une fois les arrangements établis les griefs contre eux parurent plus sérieux. L'arrêt du conseil du 17 mars 1733, amélioré en leur faveur par celui du 20 mars 1734, réglementa la pacotille. Il était défendu aux capitaines, patrons, écrivains, subrécargues et passagers de porter désormais des draps dans ne pouvaient acheter et vendre qu'à la nation. Celle-ci devait leur acheter à lOo/o au-dessous des prix courants et leur vendre à 4 o/o au-dessus. Cette rigueur, qui pouvait le Levant. Ils trafic des pacotilles, ayant excité les réclamations des capitaines et en même temps des faire disparaître négociants et complètement le de la Chambre, les retenues faites par la nation furent abaissées à 4 o/o et à 2 o/o. Pour le même motif les opérations de troc avaient été interdites. Ne permettaient-elles pas d'éluder facilement les fixations de prix ? Cependant les réclamations de l'échelle de Smyrne les firent autoriser dans cette échelle. Pour prévenir les abus on y établit des commissaires auxquels les négociants devaient décla- rer les conditions de leurs traités en troc et sans les avis desquels pouvaient les conclure. Tous les trois mois il fallait même envoyer à l'ambassadeur du roi des étals de ces ventes pour qu'il put examiner si les marchandises avaient été données et reçues ils ne en échange suivant les prix fixés. C'était là de simples corollaires des arrangements et de la limitation de la fabrication des draps. Restait, pour compléter le une dernière réforme essentielle devant laquelle on recula le plus longtemps. Pour élever les prix de vente, abaisser ceux d'achat, empêcher l'alïlux trop grand des marchandises, il système, 26 LA CONSTITUTION DU COMMERCE DU LEVANT y avait un moyen radical, limiter le nombre des résidents des une idée admise par tous depuis longtemps qu'ils étaient beaucoup trop nombreux pour un chiffre d'affaires échelles. C'était très difficilement extensible. Ils étaient presque forcés de se une concurrence dangereuse dont profitaient seuls les clients Levantins. Le mal avait été souvent signalé au xvii^ siècle, par des voyageurs témoins impartiaux, par les consuls, par la Chambre du commerce elle-même, sans qu'on eût osé attenter à la liberté, laissée à chacun, d'aller s'établir dans le Levant en se conformant aux règlements. Déjà en 1733, le consul du Caire, Pignon, avait remis un mémoire dans lequel il affirmait que quarante-quatre maisons suffiraient pour exploiter le commerce des échelles. Dans les faire conférences de 1735 le projet de fixation des maisons, repris par l'inspecteur Icard, avait été débattu par lui avec Fagon et Mau- repas. La Chambre du commerce consultée avait présenté à la fois des objections de fait et de principe. Le Bureau du commerce du 4 avril 1737 avait fini par laisser question en suspens. Une ordonnance de 1731 avait fixé à dix ans la résidence dans les échelles. En 1740 on décida de profiter de la première échéance pour supprimer un certain nombre de maisons. Cette fois la Chambre comprit qu'il valait mieux accepter pour éviter des propositions plus radicales, ainsi qu'elle l'écrivait au premier commis Le Gua5\ Cependant la fixation ne put être évitée. En 1743 la Chambre dut prêter son concours au ministre pour décider quel serait désormais le nombre de maisons pour chaque échelle et quels négociants les géreraient. Toutefois la mesure ne fut adoptée que pour les anciennes échelles dont on connaissait bien le commerce. Dans les nouvelles, comme par exemple en Morée, on laissa les négociants libres d'aller se fixer « comme en un la champ qui n'est pas encore entièrement défriché. f> La Chambre avait obtenu satisfaclion sur un point essentiel. Il n'y eut point d'arrêt du Conseil fixant d'une manière invariable le nombre ministre gardait la des maisons. Suivant les circonstances le nouveaux négociants la permission dans les échelles. Mais il se monlrail toujours disposé à opposer des fins de non recevoir aux demandes que la Chambre lui transmettait, o L'intention du roi est de ne pas laisser établir des maisons en Levant jus(ju'à nouvel ordre», écrivait Prasiin en 1766 et Castries répondait dans le même sens latitude d'accorder h de d'aller H'élablir LE SYSTÈME MAUREPAS -VILLENEUVE 27 en 1785: « Votre commerce en S^-^rie est actuellement si restreint que, bien loin de proposer au roi de permettre l'augmentation des maisons nationales , j'engagerai au contraire Sa Majesté à ne pas consentir au remplacement des premiers qui viendraient à s'éteindre jusqu'à ce que leur nombre soit assez réduit. » M 'me, l'année suivante, un vice-consul d'Alep alarmait faussement le ministre sur la situation de l'échelle et celui-ci faisait savoir à la Chambre qu'il fallait persuader aux marchands de savoir modérer leur concurrence: « Sinon le roi ne pourrait que se confirmer dans établissements français et, le plan de réduire en Levant les peut-être, de n'en laisser qu'un à Alep. « La correspondance montre que les ministres veillèrent avec soin à l'exécution des règlements. Tous les six mois la Chambre du commerce leur envoyait régulièrement la liste des passagers et des résidents dans les échelles. Comme si ce contrôle étroit n'était pas suffisant, en 1766 Praslin lui mandait de dresser des états pour qu'il pût « connaître le nombre des maisons de commerce établies en Levant depuis 1724 et les variations successives qui y étaient survenues. » Malgré tout il y eut parfois des moments de relâchement comme le montre cette lettre de Sartine à l'intendant de la Tour « Je m'aperçois depuis : quelque temps que le nombre des maisons de commerce s'augmente de beaucoup en Levant, surtout dans les principales échelles et vous savez les inconvénients qui peuvent résulter d'une concurrence trop forcée (1) ». Par suite de la fixation du chiffre des maisons le commerce du Levant ne fut pas seulement concentré dans un petit nombre de mains, il était comme le domaine héréditaire d'un petit groupe de familles qui fournissaient à la fois les majeurs de Marseille et les régisseurs des échelles. La fixation de la résidence à dix ans n'était pas un remède. Quand arrivait le terme, les engagements financiers contractés avec les gens du pays, ou d'autres raisons, rendaient nécessaire le maintien des maisons existantes. Ce véritable monopole suscita des plaintes vives et répétées. La Chambre, accusée souvent de le favoriser, faisait cependant nettement ressortir cet inconvénient dans une lettre qu'elle adressait au ministre Rouillé. « Plusieurs négociants de cette ville, parmi lesquels se trouvent les plus riches, ont (1) 23 février 1778. Archives des Bouches-du-Rhône, C, 2551. LA CONSTITUTION DU COMMERCE DU LEVANT 28 souvent adressé des plaintes à la Chambre sur l'interdiction qu'ils éprouvent du commerce du Levant... La Chambre se renfermant dans l'étroite observance des règlements que le roi a établis... s'est contentée de plaindre en silence ce commerce d'être privé d'avoir d'aussi puissants supports. Il se trouve dans presque toutes les échelles différentes maisons qui étaient possédées depuis plus de quarante ans par les mêmes majeurs lorsque le nombre des maisons et la résidence des régisseurs ont été fixés. Personne dans ce temps-là ne se plaignait de l'hérédité des maisons. C'est que tous les négociants pouvaient établir une maison au Levant. » D'autre part, la fixation des maisons avait modifié la situation des résidents qui avaient une tendance à se considérer comme non plus comme leurs régisseurs. La menace d'être rappelés au bout de dix ans de résidence les leurs propriétaires et obligeait à faire fortune rapidement. Il en résulta de profonds changements dans les mœurs commerciales. La correspondance de la Chambre du commerce est remplie de plaintes des majeurs contre leurs régisseurs. Enfin, puisque, depuis le règlement de maison dans le Levant dépendait uniquement de la faveur du ministre on développa parmi les marchands l'esprit d'intrigue. Maurepas et son entourage avaient jugé nécessaire de ne laisser aucune initiative aux marchands on pourrait s'étonner qu'il n'ait pas paru aussi urgent d'imposer des règlements aux armateurs et aux capitaines. Sous Louis XIV rien n'avait paru plus dangereux que l'affluence trop grande et trop irrégulière des navires dans les échelles. Pontcharlrain avait limité le nombre des navires qui pouvaient être envoyés dans chacune d'elles. Pour que chaque armateur pût avoir sa part de bénéfice dans le mouvement restreint de la navigation, il avait imaginé le fameux règlement du tour, abandonné en présence des récriminations générales au début de la guerre de Succession, repris un moment 1743, l'établissement d'une ; en 1707. Maurepas ne remit pas en vigueur celte pratique c'est devenue inutile. Le nombie plus ou moins grand des navires (|ui abordaient aux échelles ne pouvait avoir aucune inHuence sur les prix de vente et d'achat. Quant aux prix de Si qu'elle était fret les règlrs d'être établies par Pontchai train appliquées. Jusqu'à la n'avaient Uévolulion la pas cessé Chambre du commerce continua d'en dresser le tarif pour chaque échelle et pour chaque marchandise, avec l'approbation du ministre. LE SYSTÈME MAUREPAS -VILLENEUVE 29 Si les négocianls peidirenl loule liberté dans leurs opérations, les fabricants, qui leur fournissaient les articles d'exportation pour le Levant, n'en conservèrent pas davantage. Assujettis dès 1656 par Colbert à des règlements étroits, complétés, précisés et rendus plus sévères par une série d'actes royaux pendant le règne de Louis XIV, ils virent cette législation industrielle devenir plus touffue et plus restrictive encore au xviir siècle. L'attention des ministres fut tournée également vers les draps et les papiers, soumis avant leur embarquement à Marseille à une inspection et à une marque sans laquelle ils ne pouvaient être débarqués dans les échelles. Ponlchartrain avait institué le Bureau d'inspection des draps à Marseille, Maurepas créa celui des papiers en 1724. Mais cette réglementation n'était pas particulière aux industries d'exportation pour le Levant. Toutes les manufactures de France la subissaient. On voulut assurer la bonne qualité des marchandises de retour comme celle des exportations. Un arrêt du conseil du 26 septembre 1733 visa les cotons filés. Dans une lettre adressée aux consuls, le 18 août 1736, temps, les Maurepas se plaignait que, depuis quelque drogueries reçues à Marseille « n'étaient plus aussi même étaient fausses », comme la semencine et la tulie. La scammonée était très falsifiée on vendait sous le nom de fidèles, ou ; rhubarbe une racine appelée raponlic, « dont il avait été défendu de faire usage par arrêt du Conseil d'état »; le séné, l'encens, la gomme, la myrrhe arrivaient remplis d'impuretés. En conséquence, le roi défendait aux négociants d'acheter aucunes drogues dans les échelles avant qu'elles n'eussent été visitées et grabelées par des personnes choisies par la nation de concert avec le consul. Toutes les marchandises du Levant étaient soumises à la sur_ veillance de la Chambre du commerce chargée de s'assurer de leur bonne qualité. Si les fabricants qui les employaient comme matières premières croyaient avoir à se plaindre, c'était au ministre qu'ils s'adressaient et non à leurs fournisseurs. Telles marchandises ne pouvaient être achetées dans le Levant, telles autres ne pouvaient l'être que dans telle échelle, parce que la qualité était supérieure ou la surveillance plus commode. Ainsi les laines pellades devaient venir de Constanlinople. De même qu'on visitait les draps et les papiers embarqués pour le Levant on inspectait à leur débarquement à Marseille les toiles d'Egypte, non seulement pour s'assurer de la qualité, mais pour voir si leur longueur, leur largeur, leur aunage, étaient bien ceux établis par LA CONSTITUTION DU COMMERCE DU LEVANT 30 les règlements de la Chambre du commerce approuvés par le (1). Celle-ci fut loin d'être hostile aux règlements concernant les manufactures et la qualité des marchandises comme à ceux qui entravaient la liberté des négociants. Elle fit entendre parfois des observations au sujet de certaines de leurs prescriptions, mais elle les considérait comme la sauvegarde ministre nécessaire du négoce. Elle veillait avec soin à leur exécution et la rigueur qu'elle faisait déployer par les inspecteurs des papiers, surtout par ceux des draps, qui dépendaient d'elle, excita souvent les plaintes des fabricants et des états du Languedoc. A l'édifice déjà compliqué des anciens règlements, Maurepas, surtout inspiré par Villeneuve, avait donc superposé toute une construction nouvelle. Un nombre limité de maisons, fixé arbi- trairement par le des négociants choisis par ministre, lui pour les gérer, vendant ou achetant une quantité de marchandises déterminée, à des prix établis sous la surveillance des consuls ses agents, avec son approbation, telles étaient les parties essentielles du système réalisé vers 1745. Comme il arrivait souvent sous l'ancien régime l'exécution n'avait pas entièrement répondu à la conception. Absolus dans leurs théories les ministres ne s'acharnaient pourtant pas à briser les obstacles ; ils tenaient compte dans une certaine mesure des protestations, de la diversité des situations et des circonstances. Aussi voyait-on dans les échelles des types multiples d'arrange- ments : les prix n'étaient fixés que dans certaines échelles et pour certaines marchandises ; les fixations étaient répartitions ou ne l'étaient pas ; accompagnées de les répartitions étaient faites par égalité ou jiar proporti >n. Complication extrême et confusion, tel était le caractère de la réglementation des échelles comme celui de toute la législation de l'ancien régime. On a pu blâmer les hommes d'état de la monarchie de leurs contradictions on peut aussi les en louer. En construisant leurs systèmes ils conservaient quelque prudence et quelque sentiment des réalités; ils hésitaient souvent à mettre l'arme du despotisme dont ils dispo; saient au service de leurs idées personnelles. Mais, quelles qu'aient été les anomalies et les incohérences du système, la réglementation de Maurepas avait achevé l'œuvre de Colbert. Malgré le long combat de la Chambre du (1) Règlements du 31 mars 1736 et du 25 mai HH. 38. 1744. Arcli.
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1.2. 1 Textes officiels. La prothèse mammaire fait partie du "petit appareillage". Elle est remboursée par les organismes de prise en charge sans entente préalable, si elle est conforme au cahier des charges qui définit deux types de prothèses mammaires. Les prothèses sont réalisées en forme de sein. Les propriétés de la prothèse, en particulier sa forme, sa souplesse, sa teinte, ne doivent pas être altérées par la mise en contact avec l'eau de mer, les produits de nettoyage ainsi que les solvants de détachage ménagers. 63 Les variations de température ne doivent pas altérer de façon durable les propriétés de la prothèse. Celles-ci ne doivent pas évoluer au cours du temps pendant une durée égale au moins à 1 an. Le matériau au contact de la peau doit être bien toléré. Les prothèses sont de deux types: a : réalisées en gel de silicone pouvant être protégées par une enveloppe en textile ou 1 en élastomère de silicone: elles se portent dans un soutien gorge normal. a : constituées d'un liquide sans additif de polyuréthane présentée dans une 2 enveloppe plastique soudée sans couture. Le liquide qui en a fait la consistance d'un gel ne doit pas pouvoir s'écouler ou apparaître à l'extérieur de la prothèse. Chaque conditionnement devra comporter la mention "conforme au cahier des charges". 1.2.2 Prise en charge. La prothèse "type a " ,sera remboursée 510 F (TTC) par les organisme s de prise en charge. 1 Mais le soutien gorge ne sera pas remboursé. La prothèse "type a " sera remboursée 180 F (TTC). Un soutien gorge sera remboursé à 2 condition qu'il soit conforme au cahier des charges. 1.2.3 Rôles et qualités d"une prothèse mammaire (78). Une prothèse mammaire n'a pas un iquement un rôle esthétique, elle doit aussi remplir un rôle fonctionnel. Elle doit possé der certaines qualité s pour remplir ces divers rôles (47) : •Qualités d'ordre esth étique. Une prothèse mammaire est destin ée tout d'abord à rendre à la femme mammectomi sée sa silhouette normale, elle ne doit donc pas se voir. Pour cela, elle doit avoir: 64 -même forme. -même consistance. -même aspect: couleur, toucher que le sein restant et ne doit pas être vue de l'extérieur même si la femme se met en maillot de bain. Une bonne prothèse doit également se faire oublier de la femme qui la porte; elle doit donc: -adhérer parfaitement au corps et bien s'adapter à sa conformation. -suivre tous les mouvements de la personne. Le matériau dont est fait la prothèse ne doit pas rester froid mais se mettre à la même température que la température corporelle. •Qualités indispensables au rôle fonctionnel. La perte de substance consécutive à l'amputation crée un déséquilibre générateur de troubles divers. Il est essentiel que la prothèse ait un poids suffisant pour rééquilibrer l'allure, effacer le dos voûté, l'épaule plus haute que l'autre, supprimant ainsi les douleurs dorsales et scapulaires dues à ce déséquilibre. Le poids de la prothèse surprend toujours les femmes à leur premier essayage, mais elles s'y habituent vite, et ce caractère leur parait peu à peu indispensable. •Qualités d'ordre pratique. La prothèse doit être faite en matériaux parfaitement tolérés par la peau, car elle est mise en contact avec les tissus fragiles, cicatriciels, qui ont souvent été irradiés. Généralement, pour des raisons de tolérance cutanée, on sera amené à intercaler entre la peau et la prothèse un fin tissu de coton ou de lin. 65 Elle doit être d'entretien facile car elle est amenée à être lavée quotidiennement. La prothèse doit supporter les bains en eau de mer et en eau chlorée. Elle doit être résistante, car son prix de revient peut varier à l'heure actuelle de 300 à 1OOOF; sa durée de vie doit être de un an au minimum car la sécurité sociale ne rembourse qu'une prothèse par an. 1.2.4 Description générale d"une prothèse. •structu re . Les prothèses sont composées d'une enveloppe soit en plastique, soit en silicone, soit en caoutchouc et de son contenu qui peut être: -liquide. -semi liquide (gel de silicone). -solide (gel de silicone solidifié). Les prothèses à contenu liquide ou semi liquide se font de moins en moins car il faudra prendre garde à ne pas percer l'enveloppe (danger des broches). L'enveloppe et son contenu sont indissociables l'un de l'autre. Dans le dernier cas, les deux sont confondus en une seule matière de substance élastique. •Formes. Selon l'intervention subie, on utilise différentes prothèses. On peut distinguer, d'une manière générale, deux formes de base: -une forme arrondie pour amputation du sein uniquement. On trouve dans ce cas des prothèses réellement rondes, ou des prothèses en forme de coeur. 66 -une forme ovale, avec un prolongement pour les amputations du sein avec curage axillaire, le prolongement étant destiné à combler la dépression axillaire qui en résulte. Cette forme est également utilisée pour les mammectomies avec amputation du grand pectoral. On fait de plus en plus des "parties du sein", pour les interventions conservatrices: on utilise ce qu'on appelle des "corolles" en mousse ou en matériaux identiques à ceux des prothèses, qui tapissent le fond du soutien gorge pour remédier à une légère disproportion entre le sein intact et le sein légèrement amputé. La partie appliquée contre la peau est généralement plane. On trouve sur le marché des formes concaves: par application sur le buste, il se produit un effet de ventouse permettant un meilleur maintien. La plupart des prothèses sont symétriques, c'est à dire qu' n'y a pas de différence droite gauche. Il existe cependant des formes asymétriques qui seraient préférables car s'adaptant mieux au buste. •Tailles. Pour une même marque, il existe plusieurs tailles, s'échelonnant généralement du 80 au 120. Le poids augmente proportionnellement à la taille. La circonférence et la profondeur sont également adaptées à chaque taille (cf tableau no 5). 1.2.5 Entretien d"une proth èse mamma 1 re. Afin que la prothèse ait une durée de vie satisfaisante, elle doit être particulièrement bien entretenue: elle doit être lavée régulièrement et manipulée avec quelques précautions. • Lavage . La prothèse est mise au contact de la peau, manipulée plusieurs fois dans la journée; elle peut être souillée de substances étrangères, en particulier par la transpiration. Les fabricants conseillent un lavage quotidien, le soir. Ce lavage doit se faire à l'eau tiède avec un détergent très doux (savon de Tableau No 5 Exemple de tailles de prothèse (prothèses Silima) Tailles européennes 65 70 75 80 85 90 95 100 105 110 Tailles françaises 80 85 90 95 100 105 110. 115 120 125 0/1/2 2 3 4 5 6 7 8 9 10 3 4 5 6 7 8 9 10 11 5 6 7 8 9 10 11 12 Tailles des prothèses bonnet A B c - - Jxemple du rapport taille-poids {prothèses Spenco) Taille de la prothèse poids en grarmnes Taille de la prothèse poids en grarmnes 0 120 6 580 1 2 3 180 220 300 375 7 8 9 10 740 860 980 1120 3 1/2 4 380 4 l/2 425 5 480 Cl, 68 Ma r se i l le ), enf ro t tan tt rèsdé l ica temen ta ve cle s ma in s.I lnefau tu t i l ise rn ib ro s se :n itou tau t re ob je tpou rlene t toyage,cequ ir isque ra i tdelése rl 'enve loppe.Ap rès lavage,la ot è ~ se rat rès rap rèsl 'avo i r" tamponnée "avecunese rv ie t te.On peu tconse i l le rdela so igneusemen tm ise àséche dépose ren su i teaufondd 'unmoucho i re tdesuspend rece lu i -c iausécho i rpa rsesqua t reco in s. •P ré cau t ion s. Le sp ro thèses àcon tenu l iqu idene do iven t pas ê t re pe r fo rées : lel iqu ideév idemmen t s 'échappepa rl 'o r i f ice. Pou r lesp ro thèsesàcon tenuso l ide,lep rob lèmees td i f fé ren t :enca sdepe r fo ra t ion,lege l so l id i f ié fa i the rn ieàt rave rsl 'en ve loppee tla p ro thè see s téga lemen tinu t i l i sab le. L 'enve loppede sp ro thèseses tf rag i le :e l leserayefac i lemen te tpeu tàlalongueê t relé sée ; nousl 'avons vu,i lfau tév i te rdelane t toye ra ve cuneb ro s sema i si lfau tau s s ip rend rega rdeausab le qu is'in s inuedan sle s ma i l lo ts deba in. En f in,unep ro thèsenonu t i l iséedo i tê t rerangéea ve cso indan sleco f f re ta ve cleque le l leaé té vendue. 1.2.6 L1eud "acha td "une p ro thè semamma i re. Le shôp i tauxe tc l in iquesnefou rn issen tpa sdep ro thèsesmamma i res auxmammec tom isées. Du ran t leu rsé jou ral 'hôp i ta l,onp résen tepa r fo isque lquesp ro thèsesauxopé réese tgéné ra lemen t onleu rp rocu reque lquesad resses.Cependan t,i la r r iveenco requece r ta inespa t ien tes igno ren t l 'ex is tencede sp ro thèsesmamma i re s. Lamammec tom isée do i tdonce l lemême e f fec tue rsonacha t ;e l lesep rocu relap ro thèseen s 'ad ressan t : -chezun p ro thés is te. -dansce r ta inespha rmac iess 'occupan tdupe t i tappa re i l lage. 69 -dansce r ta insg randsmagas ins. -dansce r ta insmagas ins del inge r ie. r ta ines no rmes e t A f in qu 'e l le pu isse fa i reun acha t co r rec t, leloca ldo i t répond reà ce l 'app l ica teu rdo i tposséde rce r ta inesqua l i tés.A in s i,i lfau t : -quel 'app l ica teu r possèdeuneins ta l la t ionsa t is fa isan tea f inquelapa t ien ted isposed 'un loca lsu f f isammen tla rge,iso lé(v isue l lemen te t phon iquemen t ) avec une g lace pou r fa i reles e s sa yage s(e tnonunepe t i tecab inema lé c la i rée ).Ce lo ca ldo i tê t reag réépa rla sé cu r i téso c ia le. -qu 'onpu issep ropose ràl 'opé réunéven ta i ldema rque su f f isammen tla rgepou rqu 'e l le issancedecau se. 1.2.7 Que lguesp ro thè se sa c tue l lemen td i spo n ib le s ~ ma r ché . Nous a l lons é tud ie rsuccess ivemen td ix ma rques de p ro thèses mamma i res ac tue l lemen t d ispon ib lessu rlema r ché ; ce r ta inesd 'en t ree l le syon tfa i tleu rappa r i t ionré cemmen t. Ce t te é tuden 'es tpasexhaus t ive,ce r ta inesp ro thèsesn 'é tan tpa sdéc r i tesca rson td ispa rues, d 'au t resé tan tt rèsra remen tren con t rée ssu rlema r ché. •P ro thès esTRU L IFER . -T ruL i feRp rem ie rmodè le. 70... •0 •.. -+ _ _ ; ; -+ l i qu id es o u sv i d e 0. ••.• 0 0 6 (J ( ) 0 t )., 0 0 • 0 0 0 0 0 ( J 0 • •..+ -baseenmousse 0' J 0 0 0 0 • 0 ~~ Tru UfeR est une prothèse fabriquée en Grande Bretagne par Camp. C'est la première prothèse mise sur le marché (années 1960) aussi sa conception est-elle complexe et présente-t-elle de nombreuses imperfections. Elle est formée d'une enveloppe en plastique dont la base est en mousse de polyuréthane, renfermant un liquide sous vide à base de latex. Elle ne comporte pas de couture. Elle existe sous forme ovale symétrique et sous forme ronde, ne possède pas de mamelon et sa base est plane (cf figure). Cette prothèse présente surtout des inconvénients: Tout d'abord, elle est fort peu esthétique: par sa forme, son aspect, son contact, elle ne rappelle pas du tout le sein naturel. Le liquide, conçu pour limiter les mouvements du sein, a tendance à tomber vers le bas, tiraillant alors l'enveloppe qui forme des plis. A la longue d'ailleurs, ce liquide finit par se tasser, rendant la prothèse inutilisable. Comme l'article a tendance à se déplacer, il nécessite le port d'un soutien gorge spécial ou au moins, d'un soutien gorge aménagé. La prothèse est vendue avec une housse en nylon, dont la base est en coton. L'entretien est délicat car le séchage est long. Son contenu étant liquide, elle est à la merci d'une perforation. Elle supporte peu les bains de mer. Cependant, la prothèse Tru LifeR est bon marché (350 F) et c'est l'article qui a été le plus vendu pendant de nombreuses années. Elle existe sous une grande variété de taille, de profondeur de bonnet et de poids, ce qui facilite grandement l'appareillage des mammectomisées. -Tru LifeR deuxième modèle. Cette prothèse est assez récente et donc de conception beaucoup plus moderne que la précédente. Elle est formée d'une enveloppe constituée par un film élastomère contenant un gel de silicone solidifié. Sa forme est ovale asymétrique; elle existe en plusieurs tailles, poids et superficies, et sa base est concave. Elle possède un mamelon, mais mal dessiné cependant. E l les 'en t re t ien tfac i lemen t(eaut ièdesa vonneu se )e tsè cherap idemen t. E l lesuppo r tele sba in sdeme re tl 'eauch lo réede sp i s c ine s. Ce modè le dechezT ru L i feRes tbeaucoupp luses thé t iquequelep récéden t :d 'aspec te tde touche rp lusag réab le,decou leu rna tu re l lerappe lan tb ience lu idelapeau,decons is tancea s se z soup leéga lemen t.Lap ro thèsesema in t ien tm ieux e tsu i tbeaucoupm ieux le smouvemen ts duco rp s, e tsepo r tedoncthéo r iquemen tdansunsou t iengo rgeno rma l. Cependan t, sonp r ixe s tbeaucoupp lusé le vé :600Fen v i ron. I lfau tno te rqueT ru L i feRcomme rc ia l iseéga lemen tde sp ro thèsesp rov iso i res ;i ls 'ag i td 'un a r t ic leenmousse con tenudansunehou s seenn y lona ve cba seenco ton. •Les p ro thè se s Occu l taR. Occu l ta am i s su rlema rché success ivemen tt ro ismodè le s dep ro thè se s : -Occu l taRp rem ie rmo è ~. C 'es tl 'unedesp rem iè res p ro thèses m i se su rlema rché, cequ i exp l ique qu 'e l le p résen te beaucoup d'impe r fec t ions. Sa concep t ion es t comp lexe :i ls 'ag i td 'une doub le enve loppe en caou tchoucqu idé l im i tedeuxpoches.Lapochein té r ieu rees tremp l ied 'unge ldes i l icone.On peu t rég le rla ta i l ledelap ro thè sepa rinsu f f la t iond 'a i ren t rece sdeu xpo che spa rl'in te rméd ia i red 'uneva l ve, a ve cp ipe t te.Ce ta r t ic lee s tdefo rmeo va le,i lex i s teenhu i tta i l lesa ve clepo id sapp rop r ié. Pou rle s ta i l les80à100,lap ro thè see s ts ymé t r ique. ta i l les105à115,i lyauned i f fé renced ro i tegau che. Pou rle s Lap ro thèsepossèdeunpe t i tmame lon, ma l de s s iné,saba sees tp lanee te l lené ce s s i telepo r t d 'unsou t iengo rgespéc ia l.E l lees tvenduea ve cunehou s seenco tonqu ia s su resap ro tec t ion. 73 Ce t te p ro thèsees tfo r tpeues thé t ique :l 'enve loppees tépa isse,d 'unecou leu rma l adap tée, ~ n con tac tdésag réab le ;e l lerappe l lepeula fo rmeduse in. E l le n 'es tpasd 'usage p ra t ique :legon f lemen tn 'es tpasa isée tsouven ti les ti r régu l ie r,la répa r t i t iondel 'a i r sefa isan tma l en t rele sdeu xpo che s.L 'a r t i c lesema in t ien t ma l auco rpse tensu i tma l le smouvemen ts :onsen tledép lacemen tdul iqu idedan slapo che L ap ro thèsetou te fo iss 'en t re t ien tfac i lemen tpa rlavagerégu l ie reneaut ièdesa vonneu se.Ma i s aucou rsdutemp s,lecaou tchoucatendan ceàsedu rc i re tlege lin te rneàseta s se r. Nou svoyonsdoncquece t tep ro thèsen 'e s tabso lumen tpa sàcons e i l le r,b ienqu 'e l leso i tl 'une de smo in s chè re s(mo in sde400F ). -Occu l taRdeux ièmemodè le. ro thèsee s tf réquemmen trencon t réesu rlema r ché, saconcep t ione s tp luss imp le,e l le Ce t te p es tfo rméed 'unedoub leenve loppeencaou tchoucren fe rman tunge ldes i l icone.E l le es tdefo rme ova lesymé t r ique,po s sèdeunmame lon e tsaba see s tp lane. E l le ressemb leenfa i tbeaucoupàlap récéden tee tp résen te le smêmes dé fau ts :p ro thèse peues thé t ique,enve loppet ropépa issequ idu rc i ta ve cletemps,ge lmouvan t qu iatendanceàse tasse rve rsleba s.Ce ta r t i c lené ce s s i teéga lemen tlepo r td 'unsou t iengo rgespé c ia lca ri ls 'adap tema l auxmouvemen ts duco rps. teses i tueauxenv i ronsde400F. odèle Il s'agit d'une enveloppe fine, en caoutchouc de silicone, qui renferme un gel de silicone solidifié. Elle est de forme ronde, symétrique; elle possède un mamelon beaucoup mieux dessiné mais non pigmenté. En outre elle a une base concave, d'où une meilleure adhérence; elle ne nécessite donc pas le port d'un soutien gorge spécial. Par sa forme, sa souplesse, son toucher et sa couleur, elle rappelle beaucoup plus le sein naturel que les deux autres prothèses. Elle est assez robuste et s'entretient facilement. Cependant, elle est d'un coût relativement élevé: 600 F. Notons que les deux premières, contenant un gel de silicone, sont à la merci d'une perforation. Il y a donc lieu pour les utilisatrices d'éviter le port des broches. •Prothèse Sil ène R. La prothèse SilèneR est fabriquée en France par Corning. Elle est constituée d'une enveloppe en caoutchouc, contenant un gel de silicone liquide. Elle n'existe que sous une forme, ovale symétrique; sa base est plane. Elle ne possède pas de mamelon ou du moins celui-ci est présenté à part et se place à l'endroit voulu sur la prothèse où il se fixe par succion. On peut découper ce mamelon à la taille appropriée. Cette prothèse est dans son ensemble peu esthétique. Tout d'abord elle a un aspect trop solide, trop compact; l'enveloppe est de contact peu agréable, peu dure et souvent mal toléré par la peau. De plus, la présence d'une suture sur son pourtour la rend parfois difficile à supporter, particulièrement après une irradiation. L'article se porte théoriquement sans soutien gorge spécial mais, s'adaptant mal au corps et à ses mouvements, il n'est pas toujours possible de l'utiliser seul. L'entretien de cette prothèse est aisé: lavage à l'eau tiède savonneuse, mais il doit être régulier, les matières étrangères pouvant léser l'enveloppe qui s'abîme facilement. Cependant, la 76 prothèse supporte mal l'eau de mer et l'eau des piscines. Enfin, c'est une prothèse à contenu liquide, donc à la merci d'une perforation. Elle est malgré tout résistante, particulièrement si elle est bien entretenue, mais de coût assez élevé: 700 F environ. •Prothèses AmoenaR. Les prothèses Amoena sont de fabrication récente. Il en existe quatre modèles dont l'un, "AmoenaR priform", est une prothèse provisoire. Les trois autres, "AmoenaR contour", "AmoenaR classic", et "AmoenaR naturelle" sont constituées d'une enveloppe sous forme d'un film de polyuréthane, renfermant un gel de silicone solidifié. Enveloppe et contenu sont indissociables l'un de l'autre. Caractéristiques de chaque modèle: -AmoenaR contour. Cette prothèse existe en tout en 17 tailles. Elle existe sous trois formes différentes: coeur, ronde, ovale; ces trois formes sont symétriques. -Amoena R classic. Elle n'existe qu'en un seul modèle, qui est asymétrique mais avec deux formes: l'une plutôt ronde, l'autre plutôt plate. On dispose en tout, compte tenu de la différence droite - gauche, de 34 tailles. Cette prothèse est munie de petit canaux d'aération qui permettent à la peau sous jacente de respirer et à la transpiration de s'évaporer. -AmoenaR naturelle. Elle est légèrement différente dans sa conception: elle comprend en effet deux couches de silicone dont l'une -la couche interne- est plus ferme que l'autre, ce qui donne à la prothèse une certaine tenue et un certain poids; ceci lui confère également un galbe comme le sein naturel. 77 La forme est asymétrique, mais différente de celle d'AmoenaR classic. Elle existe en huit tailles avec pour chacune d'elle la prothèse droite ou gauche. Caractéristiques communes. Leur surface est très agréable au toucher; ces articles sont souples, de couleur chair très bien imitée. Ces prothèses possèdent un mamelon, pas très bien dessiné et mal pigmenté. Ces types de prothèses ont une base concave ce qui permet d'une part une bonne adhérence au buste et d'autre part laisse à la peau la possibilité de respirer. De plus, grâce à ce système, la prothèse se sent moins. Ces articles supportent l'eau chlorée et les bains de mer, et ils s'entretiennent facilement à l'eau tiède savonneuse; en outre ils ne nécessitent pas le port d'un soutien gorge spécial. L'intérêt de ces prothèses réside surtout dans leur forme, leur aspect, leur toucher qui rappellent bien le sein. La dernière, AmoenaR naturelle, est une prothèse très galbée, un peu trop peut être car elle rappelle le sein sans soutien gorge, ce qui n'est pas utile puisque la prothèse ne peut se porter sans celui-ci. De plus, on lui reproche d'être un peu trop large, ce qui fait qu'elle dépasse légèrement du soutien gorge d'utilisation. •Prothèses Ella IIR. Les prothèses Ella IIR sont fabriquées en France par Prometel; ce sont des prothèses récentes, de structure voisine de celle des précédentes: film de polyuréthane renfermant un gel de silicone solidifié. Elles existent sous quatre formes (cf figure). -ronde -coeur. -ovale. -asymétrique. Chaque modèle existe avec une base plane ou concave. Toutes ces prothèses ont les caractères suivants: -elles se portent sans soutien gorge spécial, elles sont vendues avec une housse en coton. -elles résistent à l'eau de mer et à l'eau chlorée. -elles sont d'entretien aisé (eau tiède savonneuse). -elles possèdent un mamelon pigmenté. Ces prothèses ressemblent beaucoup aux prothèses AmoenaR ou SilimaR: aspect, couleur, contact. Elles sont extrêmement souples: elles se froissent dans la main. Ella II asymétrique lla II symétrique Ella II coeur Ella II ronde Elles ont un aspect un peu fragile d'ailleurs. Elles sont également relativement peu résistantes. Leur prix reste également élevé: 550 F. Il faut noter que Prometel commercialise des formes jumelles adaptées à chaque type de prothèse qu'il commercialise; ce sont des semelles extra plate, en silicone, qui rehaussent si besoin les prothèses, pour s'adapter aux changements de volume du sein. •Prothèse NattermannR . La prothèse Nattermann est de fabrication allemande. Elle est de conception spéciale: il s'agit d'une enveloppe et de son contenu, confondus en un gel de silicone solidifié. Elle est de forme sensiblement ovale, asymétrique, elle possède un mamelon très bien dessiné et pigmenté (cf figure). La base est creuse; la forme de ce creux est d'ailleurs spéciale, conçue pour avoir une bonne adhérence. Cette prothèse possède des petits canaux, qui permettent l'aération de la peau sous-jacente. Elles existent des tailles européennes 70 à 115. Par sa forme, sa matière, la prothèse NattermannR est l'une des plus esthétiques rencontrée sur le marché; elle rappelle beaucoup le sein normal, bien qu'elle ait peut-être un aspect un peu lourd et qu'elle soit de consistance un peu trop ferme. Elle s'adapte très bien au corps, à ses mouvements, elle peut même se porter avec un soutien gorge léger. Elle est d'entretien aisé, elle supporte l'eau de mer et l'eau chlorée et en outre résiste à tout risque de perforation. C'est une prothèse particulièrement résistante. Cependant, la prothèse NattermannR est l'une des plus onéreuse (900 F) et étant de fabrication allemande, elle ne s'adapte pas toujours aux poitrines des françaises. 1'0, : forme asymétrique coupe sagitale Prothèses Nattermann 85 •Prothèse AnitaR. La prothèse AnitaR est de fabrication allemande. Elle est constituée d'une masse en gel de silicone solidifié, entourée d'une enveloppe constituée par un film en plastique. Elle existe sous trois modèles: -asymétrique base plane. -asymétrique forme creuse (pour mammectomie partielle). -ovale symétrique. Chaque modèle existe en 11 tailles (0 à 10). Elle possède un mamelon non pigmenté. C'est un modèle rarement rencontré sur le marché Elle est esthétique, d'aspect et de couleur assez agréable, elle est relativement souple mais de forme un peu trop proéminente. Elle supporte l'eau de mer et l'eau chlorée et s'entretient facilement. Elle se porte théoriquement sans soutien gorge spécial, mais celui-ci est parfois nécessaire suivant la conformation de la patiente. C'est une prothèse résistante, mais son prix est élevé: 700 F environ. Les Prothèses SpencoR sont de fabrication américaine; elles sont distribuées en France par les établissements Vionet. La masse de la prothèse est constituée d'un gel de silicone solidifié; le silicone est recouvert de 2 ou 3 poches en coton puis d'une enveloppe en tissu extensible. Ce revêtement extérieur spécial est destiné à donner un toucher et un aspect très ressemblants à ceux de la peau; il existe d'ailleurs en deux coloris: chair et marron. La prothèse SpencoR existe sous trois modèles: 86 Spenco goutte Spenco coeur Spenco creuse Prothèses Spenco 87 -coeur. -goutte (ovale). -"creuse" également en forme de coeur, mais différente de la première. Les deux premiers modèles sont à base plane; l'autre, très récemment mis sur le marché, est concave, destiné à une mammectomie partielle. Les trois formes sont symétriques, elles possèdent un mamelon et elles existent en 14 tailles. Ce sont des prothèses qui résistent à l'eau de mer et à l'eau chlorée et qui s'entretiennent aisément, et le revêtement sèche vite. Elles s'adaptent bien au buste et restent bien en place; elles peuvent donc être portées sans soutien gorge spécial. Dans son ensemble, la prothèse SpenceR est une "bonne" prothèse. Elle possède des qualités de résistance remarquables, elle résiste parfaitement à toute perforation. Son enveloppe, très particulière, lui donne un toucher remarquable: la prothèse ne fait pas transpirer, elle est extrêmement douce, mais tient cependant bien en place. L'article n'est pas trop souple, il a un aspect général agréable malgré un côté un peu lourd. Il possède enfin une caractéristique spéciale: après avoir décousu les enveloppes, on peut retoucher la forme de la masse de silicone par simple découpage, ce qui leur permet de s'adapter parfaitement aux détails particuliers de l'anatomie. Son prix se situe aux environs de 600 F. •Prothèse libertyR. La prothèse LibertyR est de fabrication française; elle vient juste d'apparaître sur le marché. Elle se rapproche beaucoup des prothèses SpenceR: masse de silicone, entourée de deux couches de tissu de coton et d'une enveloppe en tissu indémaillable hypoallergénique, destinée à lui donner un toucher et une couleur naturels. 88 Elle est de forme ovale, symétrique, sa base est concave et elle possède un mamelon non pigmenté. Elle existe en 10 tailles. Cet article s'entretient très facilement et résiste à l'eau de mer et à l'eau chlorée. C'est une prothèse assez souple, agréable au toucher, qui peut se porter dans un soutien gorge normal. D'une manière générale, elle se différencie peu de la prothèse SpencoR; elle peut également être retouchée par découpage de sa masse de silicone. Son prix est cependant plus avantageux que celui de la prothèse SpencoR car de fabrication française. 1.2.8 Choix d"une prothèse mammaire. Nous venons de voir qu'il existe actuellement sur le marché un nombre important de marques de prothèses et que, pour une même marque, on a souvent plusieurs formes disponibles. Les prothèses les plus récentes paraissent toutes se ressembler, mais en fait chacune d'elles possède une ou plusieurs caractéristiques qui la différencient des autres: souplesse, aspect, toucher Le choix d'une prothèse mammaire est délicat; il faut avant tout que la forme soit adaptée et à cet égard on ne peut conseiller l'une ou l'autre: il faut procéder à un essayage minutieux. Cependant, un certain nombre de critères vont permettre de guider ce choix. •Choix de la forme. Il faut que la forme de la prothèse s'adapte: -au type de mammectomie. -à la forme du sein restant. -à la conformation du thorax. "'Adaptation au tvpe de mammectomie. -mammectomi partielle: 89 Rappelons l'existence de prothèses spéciales (AmoenaR, SpenceR) très récemment mises sur le marché. On peut aussi utiliser n'importe quelle prothèse en taille 0; chez SilimaR par exemple, la taille 0 ovale court s'adapte souvent bien. -mammectomie simple: On utilise ici des prothèses de forme ronde ou coeur selon les cas. Généralement, la forme coeur est réservée aux poitrines fortes, la forme ronde aux petites poitrines. -mammectomie avec curage axillaire: On conseille les formes ovales ou asymétriques, en général la forme asymétrique s'adapte mieux. Cependant, il faut noter que la dépression axillaire due au curage est de plus en plus souvent orientée vers l'épaule que vers l'aisselle, l'emploi d'une prothèse de l'une ou l'autre forme risque alors d'aggraver cette dépression. Rappelons que certaines prothèses (SilimaR asymétrique) ont des prolongements axillaires assez plats qui conviennent bien aux dépressions légères, fréquemment rencontrées actuellement. Une dépression légère peut parfois être compensée par une prothèse en forme de coeur. En définitive, il faut se souvenir du fait que le prolongement de la prothèse doit s'adapter à la dépression axillaire, sinon il aggrave au point de vue esthétique. *Selon la forme du sein restant. Si le sein restant est plutôt proéminent, on conseille fréquemment la prothèse NattermannR, Amoena naturelleR, OccultaR (3ème modèle), AnitaR. La consistance du sein restant guide également dans le choix de la prothèse; il y a des différences de souplesse entre les diverses marques. Par exemple, AmoenaR est plus souple que 90 SilimaR, NattermannR, Occulta A (3ème modèle), AnitaR, Tru lifaR (2ème modèle) assez fermes, SilèneR trop dure. Enfin, selon l'aspect du mamelon, on pourra choisir une prothèse au mamelon peu dessiné ou très net (NattermannR). "'Selon l'adaptation au corps et à ses mouvements. D'une façon générale, les prothèses à base concave sont à conseiller car elles s'adaptent mieux et donc "tiennent" mieux en place. Rappelons qu'à cet égard la prothèse NattermannR est de conception particulière. Cependant il faut noter que cet effet de "ventouse" n'est pas toujours acceptable car il se réalise au niveau d'une cicatrice qui peut être fragile, particulièrement en cas de radiothérapie. Les prothèses à contenu solidifié -comme c'est le cas pour toutes les prothèses récemment mises sur le marché- s'adaptent beaucoup mieux aux mouvements du corps, surtout si elles adhèrent bien à celui-ci: une prothèse qui tien~ mal en place, glisse pendant les mouvements au lieu de s'y adapter. Les prothèses à contenu liquide s'adaptent mal aux mouvements du corps et sont à cet égard désagréables car on sent le liquide se déplacer légèrement pendant les mouvements. Ce type de prothèse ne se "laisse pas oublier" par l'utilisatrice. •Autres critères intervenants dans le choix. -appréciation des qualités esthétiques. C'est sur les qualités esthétiques d'une prothèse que les progrès les plus nets ont été réalisés au cours de ces dernières années. Toutes les marques récentes ont un aspect, une forme, une couleur agréables: elles imitent très bien le sein. 91 Les prothèses Ella IIR, SilimaR, AmoenaR, OccultaR (3ème modèle), Tru lifeR (2ème modèle), AnitaR se ressemblent beaucoup alors que les marques NattermannR, SpenceR et LibertyR s'en différencient par leur enveloppe. Les autres marques ne présentent pas d'intérêt esthétique. -qualité des matériaux de l'enveloppe. Cette qualité est très importante surtout si la prothèse est destinée à être portée sans housse en coton car elle s'applique sur une cicatrice. Les prothèses SpenceR et LibertyR sont très intéressantes de ce point de vue, grâce à leur enveloppe en tissu: elles sont extrêmement douces au toucher, et surtout ne font pas transpirer. Les autre marques, avec leur film en plastique, sont également de toucher agréable mais entraînent une transpiration exces . Leur forme concave pour certaines, même si elle permet une bonne tenue, peut être gênante sur une cicatrice récente. On peut conseiller de les talquer avant l'application, ce qui est particulièrement recommandé pour la prothèse NattermannR. -Solidité, facilité d'entretien. C'est une qualité importante: la prothèse doit durer au minimum un an; toutes les marques remplissent ce contrat. Cependant, certaines sont beaucoup plus intéressantes de ce point de vue et ce peut être important pour deux prothèses de prix équivalent. Les marques SpenceR, AnitaR, NattermannR sont remarquables pour leur solidité. Les prothèses AmoenaR et surtout Ella IIR, semblent un peu trop fragiles. Rappelons que les prothèses à contenu liquide ne doivent pas être perforées. On retrouve en fait le même problème avec les prothèses à gel solidifié dont le film ne doit pas être lésé. Seules, NattermannR, SpenceR et LibertyR résistent aux perforations et coupures. 1.2. 9 Essayage. L'essayage est une opération longue, délicate, qui demande de la part du prothésiste beaucoup de tact, de compréhension, de patience, et à laquelle il faut apporter beaucoup de minutie. On peut conseiller à la personne d'aller faire son achat accompagnée d'une parente proche qui connaisse bien son allure habituelle. L'essayage se fait en plusieurs étapes: Le prothésiste tout d'abord va sélectionner les formes susceptibles de s'adapter. Pour sélectionner la taille, on choisit en fonction du soutien gorge habituellement porté par la personne. On essaie toujours trois tailles: la même, la taille inférieure, la taille supérieure. Sans quitter le soutien gorge, on place la prothèse dans le bonnet en la glissant du haut vers le bas. On oriente ensuite la prothèse dans le bonnet pour qu'elle s'y adapte bien. On ajuste alors les bretelles pour que la prothèse soit étroitement soutenue. La cliente doit alors vérifier dans la glace, en se plaçant d'abord de face, que les mamelons sont bien à la même hauteur, puis de profil, que là profondeur est bien la même. Elle doit ensuite effectuer plusieurs mouvements tels que: se pencher, lever les bras, les écarter, en pensant particulièrement aux gestes qu'elle réalise dans la vie courante ou dans la pratique d'un sport. 93 Il est nécessaire ensuite de s'habiller entièrement, si possible avec un pull collant, pour apprécier la silhouette générale. Il est conseillé d'examiner aussi minutieusement plusieurs marques et plusieurs tailles, éventuellement avec différents soutiens gorge. Le prothésiste doit savoir proposer les diverses solutions, c'est à dire: soutien gorge spécial, prothèse mise dans sa housse ou libre, adaptation dans un soutien gorge ordinaire, etc Rappelons que les prothèses SpencoR et LibertyR peuvent être retouchées. Enfin, il faut savoir qu'il est possible de faire des prothèses sur mesure chez des prothésistes spécialisés (ceci ne sera nécessaire que dans des cas d'interventions très mutilantes). 1L LE MAINTIEN DE LA PROTHESE MAMMAIRE. Nous avons vu que les modèles de prothèses les plus anciens doivent normalement être portés avec un soutien gorge spécial. Si les clientes préfèrent généralement les nouveaux modèles, certaines désirent les porter dans un soutien gorge adapté même si ce n'est pas obligatoire. LES SOUTIENS-GORGE SPÉCIAUX POUR PROTHESES MAMMAIRES. Ce sont des soutiens gorge préformés, d'une structure spécialement étudiée pour accueillir la prothèse et la maintenir en place. Pour cela, l'un des bonnets du soutien gorge (ou les deux si la mammectomie est bilatérale), celui qui est destiné à recevoir la prothèse, est fermé à sa base par un tissu; le tout forme une enveloppe à la prothèse que l'on introduit par une fente pratiquée dans le tissu. Dans l'ensemble, ce sont des soutiens gorge peu esthétiques, d'aspect trop rigide, les derniers apparus sur le marché sont toutefois beaucoup plus agréables de ce point de vue 94 Tous les fabricants commercialisent des soutiens gorge adaptés aux formes des prothèses qu'ils fabriquent. Dans chaque marque, il en existe toute une gamme; en voici quelques exemples: -SilimaR propose des soutiens gorge forme bustier ou bandeau avec poche droite ou gauche ou les deux, et des soutiens gorge "légers" avec poche. -Camp commercialise des soutiens gorge bustiers, semi-bustiers ou bandeau. -OccultaR présente de nombreux modèles de soutiens gorge classiques avec petite ou grande bande stomacale, soutiens gorge avec poche (petite ou grande bande stomacale), soutiens gorge avec système velcro adapté dans le bonnet: pour les prothèses ayant une poche elle même munie du système velcro. AUTRES SYSTEMES. Certaines mammectomisées préfèrent aménager elles-même leur soutien gorge. Pour cela, elle-" vont soit fixer à la base du bonnet deux bandelettes du tissu entrecroisées qui maintiendront la prothèse dans ce bonnet, soit imiter le soutien gorge spécialisé en cousant à la base du bonnet un tissu ou en y fixant la poche (livrée avec la prothèse). D'autres préfèrent encore garder un soutien gorge normal et porter leur prothèse directement contre la peau. Cependant, il faut savoir que pour des raisons de tolérance cutanée, ce n'est pas toujours possible. Avec l'éventail des marques de prothèses qui ont été présentées, ainsi que les différentes méthodes proposées pour le port de celles-ci, la mammectomisée doit pouvoir trouver une solution qui lui convienne et lui permettre d'oublier son intervention, voire d'accepter celle-ci. Ceci est parfois rendu difficile par l'apparition d'un gros bras délicat à traiter. Les p ro thèses mamma i res ex te rnes ac tue l lemen t d ispon ib les. symé t r iqueounon caou tchoucdé l im i tan t 1, {') 600F deuxpo che s. le O c cu l ta 2èmemodè doub leen ve loppe en ge ldes i l i cone ova lesymé t r ique 400F caou tchouc le O c cu l ta 3èmemodè caou tchoucdes i l icone i l i coneso l id i f ié ge ldes rondesymé t r ique 600F S i lène caou tchouc ge ldes i l i conel iqu ide ova lesymé t r ique 700F film de polyuréthane Amoena 500 à 800 F gel de silicone solidifié Amoena contour coeur, ronde, ovale. symétrique ronde, plate. Amoena classic asymétrique ronde, plate Amoena naturelle (!) asymétriQue 0) film de polyuréthane Si lima gel de silicone solidifié ovale asymétrique 650 F coeur symétrique ovale court symétriQue Ella li film de polyuréthane gel de silicone solidifié ronde 550 F coeur ovale asymétrique Nattermann gel de silicone solidifié gel de silicone solidifié ovale asymétriQue 900 F Anita film en plastique gel de silicone solidifié asymétrique base plane 700 F i 1 asymétrique forme creuse - --------- ovale asymétrique 1 Spenco Liberty deux couches de coton gel de silicone solidifié coeur entourées d'un tissu goutte plastique creuse deux couches de tissu masse de silicone ovale symétrique de coton entourées d'un tissu, m --- *----- ------ 600 F 500 F 98 Avantages des différents types de prothèses mammaires externes. (Tableau no 7) Avantages Margue Tru Ufe 1er modèle bon marché grande variété de tailles Tru Life 2ème modèle bon marché esthétique entretien facile supporte l'eau de mer et l'eau chlorée se porte dans un soutien gorge normal. Occulta 1er modèle bon marché entretien facile supporte l'eau de mer et l'eau chlorée Occulta 2ème modèle bon marché entretrien facile Occulta 3ème modèle esthétique entretien facile se porte dans un soutiengorge normal Silène entretien aisé se porte dans un soutien gorge normal Amoena souple, agréable au toucher entretien aisé supporte l'eau de mer et l'eau chlorée se porte dans un soutiengorge normal Silima esthétique, souple entretien aisé supporte l'eau de mer et l'eau chlorée se porte dans un soutien gorge normal 99 Ella Il entretien aisé résiste à l'eau de mer et à l'eau chlorée se porte dans un soutien gorge normal Nattermann esthétique résistante entretien aisé se porte dans un soutien gorge normal supporte l'eau de mer et l'eau chlorée Anita esthétique, souple entretien aisé supporte l'eau de mer et l'eau chlorée se porte dans un soutien gorge normal Spenco entretien aisé résiste à l'eau de mer et à l'eau chlorée se porte dans un soutien gorge normal Liberty esthétique, agréable au toucher résiste à l'eau de mer et à l'eau chlorée se porte dans un soutien gorge normal 100 Les inconvénients de différents types de prothèses mammaires externes. (Tableau no 8) Inconvénients Margue Tru Ufe 1er modèle peu esthétique par sa forme, son aspect et son contact. le contenu de la prothèse se tasse à la longue et rend la prothèse inutilisable. entretien délicat. risque de perforation. supporte peu les bains de mer. nécessite le port d'un soutien gorge spécial. Tru Lite 2ème modèle assez chère. Occulta 1er modèle peu esthétique. usage non pratique. risque de perforation. le caoutchouc se durcit le gel se tasse. nécessite le d'un soutien gorge spécial. Occulta 2ème modèle idem Occulta 1er modèle Silène peu esthétique: trop solide, trop compact. difficile à supporter après une irradiation. risque de perforation. supporte mal l'eau de mer et l'eau chlorée. Amoena peu résistante. en cas de perforation de l'enveloppe, le gel forme une sorte de hernie qui rend la pJothèse inutilisable Silima fragile. Ella li fragile et peu résistante. 101 Nattermann étant de fabrication allemande, ne s'adapte pas toujours aux poitrines françaises. assez chère. Anita assez chère. Spenco pas souple. lourde. 102 Ill . LE GROS BRAS : TRAITEMENT MfCANIOUE ET APPAREILLAGE. Un oedème du membre supérieur peut apparaître, après l' intervention chirurgi cale , sur tout s'il y a eu association avec une radiothérapie Le traitement d'un gros bras n'est pas toujours aisé, les médicaments n'ayant que des effets passagers. Le plus fréquemment, on fait se résorber un gros bras par traitement mécanique que l'on fait suivre du port d'un "manchon" spécial (43- 44). Le principe de la technique est assez simple: il a pour but de faciliter la résorption lymphatique en augmentant la pression tissulaire. Ill. 1 MATÉRIEL UTILISÉ. -une bande biflex forte. -une bande adhésive hypoallergénique et aérée. -un tube en caoutchouc en feuille anglaise de 11/16 mm. -un manchon élastique. 111.2 DESCRIPTION. On veut réduire progressivement l'oedème. Tout d'abord, on utilise la bande biflex que l'on enroule, en comprimant fortement, en partant de la main jusqu'à l'aisselle, le membre étant élevé. 103 On laisse la bande quelques minutes puis on l'ôte. On peut procéder à une deuxième application. Ensuite, on applique la bande adhésive de la même façon en protégeant le bras à l'aide d'une bande de gaze et en comprimant beaucoup moins fortement. Le bandage est renouvelé tous les cinq à sept jours. On mesure le membre à chaque séance; quand l'oedème ne régresse plus, on pratique un "tuyautage" selon les techniques de Van der Mollen. 111.3 TECHN 1QUE DE V AN DER MOLLEN_ On comprime tout d'abord la main par une bande élastique, puis en procédant par étapes, on enroule le tube du poignet vers l'aisselle, en trois étapes: du poignet au milieu du bras, du poignet au coude, du poignet à l'aisselle, en effectuant une décompression entre chaque étape. On fait ainsi progresser un bourrelet d'oedème du bras vers la racine du membre où il disparait. Ce bandage est laissé en place aussi longtemps que la patiente peut le supporter (cinq à dix minutes). On applique ensuite un bandage inamovible avec les bandes élastiques qu'on laisse en place cinq à sept jours. On arrête les séances quand l'oedème semble résorbé. La patiente portera ensuite un manchon élastique. 111.4 LE MANCHON. Il 1.4_ 1 Descriot ion_ C'est une sorte de brassard, élastique, qui va du poignet jusqu'à l'aisselle. Il exerce une pression minimum de 20 mm de Hg/cm 2 sur la peau (la pression doit pouvoir être garantie par le fabricant). Le médecin prescrit une pression adaptée au type d'oedème. Un manchon est toujours fabriqué sur mesure; il existe de nombreuses marques: Dante, Sigvaris, Varitex, Vox ortho. 104 Exemple: description du manchon DANTO: le manchon recouvre le bras au minimum du poignet jusqu'à l'aisselle. Si la main est oedématisée, on rajoute une mitaine amovible ou fixe, avec ou sans pouce. On peut y adjoindre une épaulière en mousse de polyamide se mi extensible. La pression peut être de 60, 67 ou 75 mm de Hg/cm 2. 111.4.2 Moda Ji tés d" ut i Jisati on . Le manchon doit être mis en place soigneusement, à la manière d'un bas à varices; il faut le rouler sur lui même, puis l'enfiler sur le poignet et le dérouler lentement en évitant de le tirer vers le haut. Il doit être porter douze heures sur vingt quatre, très régulièrement. Sur 66% des femmes ainsi traitées, on a pu constater une diminution du volume du bras de deux tiers. Ces résultats sont appréciables; néanmoins le port du manchon est psychologiquement difficile pour la femme car si la prothèse mammaire masque son amputation, celui-ci est visible et lui rappelle constamment son intervention. 105 f o rm es im p l e ép au l i è r e t é r 1_ GÉNÉRALITÉS SUR LES IMPLANTS_ En 1968, B. Halpern définissait ainsi les qualités de l'implant idéal de façon purement empirique: "matériau ou objet susceptible de rester 250.000 heures dans un organisme sans modification de l'organisme ou de l'implant". Différents critères du matériau sont à considérer: •Tolérance locale (38). La réaction inflammatoire qui se développe en présence de l'implant est fonction de nombreux facteurs. Une étude des réactions cellulaires et humorales est de première importance pour apprécier la qualité d'un implant. Nous reviendrons plus en détail sur cet aspect de la tolérance. •Toxicité et potentiel toxique d'un matériau. Un certain nombre de facteurs entrent en compte: 108 -risque de dégradation des polymères en milieu biologique par hydrolyse ou action enzymatique, avec libération de monomères ou de chaînes courtes souvent toxiques. -risque de présence d'impuretés provenant d'un adjuvant pur ou dégradé. -taux de diffusion de ces produits toxiques et mode d'élimination: l'effet toxique pouvant être local et direct ou général et indirect, par diffusion dans l'ensemble de l'organisme. •Effet cancérigène. Actuellement, il n'existe aucune suspicion de pouvoir cancérigène des implants chez l'homme. Le risque cancérigène doit être étudié à partir d'expérimentations animales nombreuses, en sachant cependant que l'extrapolation en clinique humaine n'est pas toujours strictement superposable. Pour un même matériau, le risque dépend essentiellement de la forme de l'implant, de sa taille, de la surface de contact implant-tissu vivant, du site d'implantation et de son degré de vascularisation. Il faut retenir que la forme d'un implant doit être aussi adaptée que possible à son site d'implantation •Phénomènes de surface. L'interface implant-milieu biologique peut être le siège de phénomènes particuliers: attraction cellulaire, moléculaire, comme les lipoprotéines par exemple, au contact des silicones. Ces phénomènes peuvent modifier les qualités de l'implant (ce qui influe sur la tolérance) et même ses qualités physiques (résistance mécanique). On peut rapprocher de ces phénomènes de surface le risque d'hémolyse et de coagulation. •Durée de vie de la prothèse. Théoriquement, la durée de vie de la prothèse ne devrait être limitée que par l'espoir de vie du receveur: c'est un idéal à atteindre, et une étude rétrospective devrait porter sur un temps de vie biophysique de 30 à 40 ans sans altération de l'implant. 109 Nous manquons d'informations précises dans ce domaine, et les résultats fournis par l'étude des implantations humaines ne confirment pas toujours les données de laboratoire.
49,069
2002LIL12001_5
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,002
Rapports au savoir et changements paradigmatiques en andragogie
None
French
Spoken
7,162
11,065
Notons que ces fonctions sont un regroupement différent de celui proposé dans l'article précédemment cité, dans lequel j'avais repéré sept fonctions. Ce qui tend à montrer l'appropriation de la thématique, et du pouvoir, par le groupe. Ces fonctions regroupées étaient : voir en annexe Rapports au savoir et changements paradigrnatiques en andrugogie Frédéric Hueuw l'accueil (général et disciplinaire) ; l'accompagnement (didactique, méthodologique, social, projet) ; la conception pédagogique (document pédagogique, évaluations, préparation de séquences, adaptation, ajustement de ressources, participation à un projet spécifique) ; la logistique (alimentation du centre de ressources, prêt de supports, maintenance informatique) ; - la communication et les relations extérieures. Vingt-cinq grilles No 1 et quatre-vingt-dix grilles No 2 nous sont revenues (soit environ 58%). Le dépouillement des grilles No 1, complété par quelques informations complémentaires issues des grilles No2, fait apparaître trois catégories de réponses : les points d'accord absolu, les points d'accord relatif et les points de désaccord. 1Six points d'accord absolu : Q12Q13Q9, 10,llQ19Q14Q18- les entrées sorties sont permanentes (100 %) les référentiels sont CO-construitsavec l'apprenant (95 %) les durées (100 %), horaires (90 %) et volumes horaires (100 %) sont contractualisés l'évaluation des acquis se fait avec l'apprenant (80 %) les médias sont multiples (95 %)mais pas forcément intégrés (40%) l'accompagnement du projet est fait par tous.(70 %) Tableau 2 les points d'accord absolu suite à l'étude du groupe régional A.P.P. Comme on peut s'y attendre, le modèle d'organisation dominant des APP est l'individualisation : individualisation du suivi pédagogique, de l'animation pédagogique et respect des contraintes et attentes spécifiques de chaque apprenant (rythmes, horaires, objectifs, supports...). Pour autant, on peut se demander si ces points d'accord sont autre chose qu'une « conformisation » au cahier des charges. Qui, en effet, pourrait répondre autrement qu'en affirmant, par exemple, la permanence des entrées-sorties, alors que ce point est une exigence des financeurs? De même, la contractualisation des durées, horaires, volumes et objectifs ne garantit pas que l'apprenant est réellement associé aux choix, en pesant sur ces choix en toute connaissance de cause. On touche ici, avec ces points d'accord, les limites d'une telle enquête, nominative, et donc pas forcément objective eu égard au cadre (celui de l'animation régionale) dans lequel elle se situe. Il Rapports au savoir et changements paradigrna tiques en andrago gie Frédéric Hae uw 80 faudra, ultérieurement, et ce sera la suite de mon travail, allé y regarder de plus près, pour mesurer comment se passe réellement l'individualisation des parcours et des contenus. IITrois points d'accord relatif sur l'organisation de la profession : Q3- 4244- le formateur se définit comme un pédagogue (73 %) ou un didacticien (27%) jamais comme un ingénieur la division du travail reste forte (28 %) ou moyenne (61 %) le travail en équipe est considéré comme souhaitable (50 %) ou obligatoire (50%) Tableau 3 les points d'accord relatifsuite à l'étude du groupe régional A.P.P. Il semble que dans leur grande majorité, les formateurs des A.P.P. se focalisent sur le pôle ingénierie pédagogique, voire même didactique, ce que viendra confirmer le dépouillement du questionnaire sur les fonctions des formateurs (deuxième grille). Cela vient contrecarrer l'étude prospective récente de la DFP sur les organismes de formation, qui définit quatre familles professionnelles : l'animation de dispositif, l'ingénierie de formation et l'ingénierie pédagogique, le marketing commercial et la gestion management. En fait, aucun formateur ne se définit pas le vocable (( ingénieur ». D'autre part, alors que 1'APP est un dispositif ouvert et flexible, l'organisation des fonctions semble rester traditionnelle et basée sur la division des tâches, qui reste relativement prégnante. On constate par exemple, avec les "grilles formateurs", que très peu d'entre eux affirment avoir des contacts fréquents avec les financeurs, ce qui reste du rôle du coordinateur. Cette relative (( rigidité », paradoxale avec la flexibilité du système, nous interroge. La question des statuts est peut-être un élément clé, qui explique cette (( frilosité )) à sortir du cadre traditionnel, et qu'il faudra aller observer de plus prés. Enfin, sur la nécessité du travail en équipe, si aucun ne le juge inutile, ils ne sont qu'un sur deux à le juger souhaitable et non obligatoire, ce qui relativise l'idée d'une approche nécessairemeu globale des fonctions remplies collectivement par l'ensemble de l'équipe de l'A.P.P., telle que l'on devrait le considérer, dans une logique de système ouvert. Rapports au savoir et changements paradigrnatiques en andragogie Frédéric Haeuw 1 IIICinq points de désaccord : Q5- l'ouverture sur l'environnement économique est faible (35%) moyenne (55 %) forte (10 %) Q6- l'ouverture sur l'environnement social est faible (21 %) moyenne (47 %) forte (32%) Q7- la guidance pédagogique est contractualisé (50 %) à la demande (50 %) Q 16- la présence du formateur est continue (37 %) discontinue (33 %) à la demande (30 %) l'objectif prioritaire de I'APP est l'enseignement (36 %) l'insertion (28 %) l'éducation (36 %) I - Q20 Tableau 4 les points de désaccord suite à l'étude du groupe régional A. P. P. L'absence d'unanimité sur les questions directement liées à l'acte pédagogique à proprement parlé, comme les questions portant sur la présence et sur la guidance du formateur et ceci est particulièrement parlant dans le questionnaire sur les fonctions - confirme l'hypothèse d'une grande disparité de fonctionnement d'un A.P.P. à l'autre. Le constat de ces différences a conduit le groupe à poser d'autres questions à la communauté A.P.P., lors de la journée de restitution organisée par le réseau, mais auxquelles il n'a évidemment pas été possible de répondre, dans le cadre de cet atelier : - ces différences s'expliquent-elles par la place assignée à 1'APP selon son contexte local (richesse de l'offre de formation, de l'environnement culturel, de l'environnement économique)? Les différences quant à l'ouverture sur les mondes économique et social nous suggère une réponse positive à cette question existent-ils des modèles pédagogiques sous-jacents (transmission, conditionnement, constructivisme) et si oui, ceux-ci sont-ils liés aux formateurs eux-mêmes ou à la prégnance de la culture d'origine de l'organisme porteur? Rapports au savoir et changements paradigrnatiques en andragogie -Frédéric Haeuw l'organisation matérielle, les moyens dont disposent l'A.P.P. ont-ils une influence sur la pédagogie mise en œuvre? - enfin, la question des statuts a-t-elle, là encore, une influence sur les pratiques pédagogiques? On pense notamment ici au découpage, pour certaines institutions, du temps de présence du formateur en face-à-face pédagogique d'une part et en temps « d 'autres activités » d'autre part. 4 en résumé L'objet de ce groupe de travail était de repérer les « nouvelles compétences du formateur en formation ouverte et à distance ». A priori, nous pensions que tous les APP appliquant un même cahier des charges, ils devaient logiquement avoir des modes de fonctionnement semblables et qu'il serait donc facile de comparer les rôles du formateur dans ce contexte aux rôles qu'il occupe dans une forme plus traditionnelle d'enseignement. Or nous avons rapidement mis en évidence des différences de fonctionnement, et il est donc apparu indispensable de faire un état des lieux préalable à la réflexion sur les rôles. La double enquête, menée auprès des sites APP d'une part et auprès de chaque formateur, d'autre part, a permis de déceler les points de convergence (la contractualisation des horaires par exemple, ou les entrées sorties permanentes), les points d'accord plus relatif (notamrnent sur l'organisation du travail en équipe), et surtout les points de divergence, au nombre desquels le plus frappant est l'objectif prioritaire assigné à I'APP. Rapports au savoir et changements paradigrnatiques en andragogie Frédéric Haeuw Cela nous a conduit à émettre l'hypothèse de la coexistence de trois types d'APP (cf schéma ci dessous) - un APP dont I'objectif est l'enseignement, où le modèle pédagogique dominant serait la transmission de savoir « académique ». Le formateur s'y définit comme un enseignant, et l'ouverture à d'autres champs que ceux des savoirs formels est quasi inexistante :la principale source de savoir est le formateur. '- un APP dont I'objectif est l'insertion, dans lequel sont visés l'acquisition de savoirs mais aussi de savoir-faire et de compétences transversales directement utilisables professionnellement. L'APP se vit comme une réponse de proximité aux besoins d'une zone économique et le modèle pédagogique dominant est plutôt la pédagogie par objectif, de type béhavioriste5, c'est à dire le découpage des savoirs et savoir-faire en petites unités de sens. - un APP dont l'objectif est l'éducation, comprise au sens d'éducation permanente tout au long de la vie. Ici, on se préoccupe autant des savoir être que des savoirs et savoir-faire. L'ouverture de I'APP sur le champ culturel est une ressource mobilisable, propre à alimenter cette éducation d'un apprenant citoyen et acteur social. La pédagogie est constructiviste, le formateur devient un ((metteur en scène des savoirs ». Tableau 5 -première typologie d Y.P. P. Le taux de réponse (60 %) a permis au groupe de travail de valider cette hypothèse. Cette première étude, qui peut être contestée du point de vue d'une méthodologie scientifique « dure » (anonymat non garanti, par exemple) présente l'avantage d'avoir associé les acteurs concernés dans la construction, des hypothèses, de la méthode et de l'exploitation des résultats. En terme d'effet connexe, le fait d'avoir pu tester une forme nouvelle d'accompagnement des formateurs, en leur permettant d'échanger sur leurs - - nous parlons ici de « PPO de type béhavioriste » pour la distinguer de la PPO développé par Bertrand SCHWARTZ, notamment, qui inclue dans les référentiels des compétences de second type (rendre compte, s'organiser...) Rapports au savoir et changements paradigrnatiques en andragogie Frédéric Haeuw pratiques, et donc de formaliser, et en les mettant en position de chercheurs et d'acteurs du changement, nous a donné des premières pistes sur des préconisations ultérieures quant a la professionnalisation des formateurs et à la transformation des pratiques pédagogiques. On pourrait alors discuter du caractère de validité des données produites ici, et en tentant de distinguer si ce mode de recueil de donnée tient plus de la recherche-action ou de la recherche participative. En tout état de cause, cette pré-étude a très clairement orienté la suite de ma recherche en m'obligeant à poser d'autres questions auxquellesje tenterais de répondre dans la suite du travail. Les objectifs que je me suis alors fixés, à ce moment là de ma réflexion, ont été les suivants : P Tout d'abord, approfondir et de confirmer cette typologie et aborder la question des nouveaux rôles des formateurs dans chacun de ces contextes spécifiques si ceux-ci sont confirmésavant de les aborder, d'une manière générale, en formation ouverte et à distance. Dans la suite de mon travail , je suis revenu à plusieurs reprises sur cette typologie, que j'ai progressivement affinée (voir les chapitres suivants). > La problématique des articulations possibles entre les A.P.P. et l'offre de formation à distance et le positionnement des A.P.P. dans le champ de la F.O.A.D. méritait, elle aussi, que l'on s'y intéresse, car les formateurs sont fortement interpellés par cette « nouvelle donne » de la distance, dans la mesure ou elle complexifie encore tout en l'enrichissant - la relation « savoirs-apprenants-formateurs)). et peut conduire à de nouvelles modifications de leurs fonctions. P L'enquête ayant confirmé que les tâches des formateurs s'articulent autour de quelques fonctions génériques: l'accueil (général ettou disciplinaire) ; l'accompagnement (didactique, méthodologique, social) ; la conception pédagogique (documents, évaluations, séquences, adaptation et ajustement de ressources...); la logistique (alimentation du centre de ressources, prêt de livres ou de supports, maintenance informatique) ;la communication et les relations extérieures, il convenait de s'interroger sur les compétences requises par ces tâches, et se poser quelques questions connexes : en quoi ces compétences sont-elles nouvelles ou transformées, Rapports au savoir et changements paradigmatiques en andragogie Frédéric Haeuw comment sont-elles acquises par les formateurs, comment modifient-elles leur identité professionnelle? 9 Les débats m'ont également montré l'intérêt de se poser la question des statuts du formateur et des modes d'organisation (et de rémunération) de cette profession et m'a convaincu qu'une approche plus institutionnelle serait nécessaire. 9 De même, il devenait légitime de s'interroger sur l'influence de la culture d'origine des organismes porteurs d'A.P.P, tant sur le plan organisationnel que sur le plan politique et éthique sur les pratiques pédagogiques des formateurs, ainsi que sur le positionnement de 1'A.P.P. dans sa zone d'action. Ces deux variables peuvent en effet accentuer dans un sens ou dans l'autre, les choix pédagogiques mis en œuvre. 9 Enfin, l'existence de modèles pédagogiques sous-jacents aux pratiques des formateurs, qui en quelque sorte les « expliqueraient » a en outre confirmé la nécessité à s'interroger sur les modes de rapports au savoir des formateurs. En quoi ces rapports au savoir, c'est à dire leurs propres modes d'appréhension des connaissances, influent-ils sur leurs pratiques pédagogiques, et donc sur l'organisation des rapports de pouvoir, entre l'apprenant et le formateur, et en définitive sur le degré de contrôle de l'apprenant sur son propre apprentissage et sur la place qui lui est laissée? Rapports au savoir et changements paradigrnatiques en andragogie Frédéric Haeuw Chapitre V L'étude approfondie de cinq sites A la suite de ce premier travail, je fus invité par ~'ORAVEP' à participer à une étude européenne commanditée par le CEDEFOP et portant sur les compétences des formateurs en formation ouverte et à distance. Concernant la contribution française à cette étude, le choix s'est porté sur deux dispositifs, le réseau des Ateliers de Pédagogie Personnalisée et le réseau ~ i r i @ dCe ~. choix s'est fait pour des raisons de complémentarité ; en effet, bien que tous les deux s'inscrivent dans la logique « formation ouverte », ils différent par plusieurs points : du côté du réseau des A.P.P., la logique dominante à l'origine est l'ouverture et la flexibilité par l'individualisation des parcours de formation, tandis que du côté de Miriad la logique de départ est davantage centrée sur les technologies permettant ouverture et gestion de la distance. - dans le premier cas, il s'agit d'un dispositif relativement ancien (il a été initié il y a plus de quinze ans ) intervenant à une large échelle au niveau régional et au niveau national, dans le second, il s'agit d'un dispositif récent encore à une échelle expérimentale. - enfin leur fonctionnement et leur approche du public s'avèrent sensiblement différents : ouverture à tout public sur un territoire sur la base d'un financement principalement d'origine publique dans le premier cas, centrage sur des salariés d'entreprise dans le cadre de la formation continue financée par l'entreprise dans le second. 1 1'ORAVEP est un observatoire des ressources et de pratiques de formation ouverte et à distance (désormais devenu ALGORA, formation ouverte et réseaux) Miri-d est un réseau d'une cinquantaine de C.C.1 (Chambres de Commerce et d'Industrie) qui développe une approche de type « formations ouvertes ». Rapports au savoir et changements paradigrnatiques en andragogie Frédéric Haeuw 87 Dans cette étude, j'ai été chargé d'analyser le réseau des A.P.P, tandis qu'Arnaud Coulon (chargé d'étude à 1'ORAVEP) observait le réseau Miriad. C'est bien évidemment sur ma propre recherche que je m'appuierai dans le cadre de ce chapitre, bien qu'ultérieurement (dans le chapitre sur les compétences), je fusionnerais les résultats obtenus dans les A.P.P. avec ceux de MiriOd. 1stratégie de l'étude Pour analyser le fonctionnement et l'innovation pédagogique dans les A.P.P., nous avons donc choisi de nous focaliser sur le réseau des A.P.P. de la région Nord Pas-de-Calais. La première raison est la diversité des organismes porteurs. Les seize A.P.P. du Nord Pas-deCalais, répartis sur quarante cinq sites de formation, sont en effet portés par trois types d'institution : l'université (2)' les GRETA (9) et les organismes de formation associatifs (5). L'une de nos hypothèses initiales étant que la culture de l'organisme porteur influe sur l'organisation dispositif, il nous était facile d'observer des A.P.P. portés par ces trois types d'institutions. La deuxième raison de ce choix est que le Nord Pas-de-Calais est une région d'une grande diversité géographique, avec des zones urbaines à forte concentration et des zones rurales ; du point de vue de la concentration de la population, elle est donc représentative de la diversité du territoire national, et il était donc loisible de considérer ce critère comme discriminant, dans les formes et les modes d'organisation. Mon choix se portera sur cinq A.P.P., choisi en fonction de deux critères : l'organisme porteur et la concentration (ruralhrbain). Concernant l'organisme porteur, il fallait en effet que les trois réseaux soient représentés dans notre échantillon, à hauteur de leur investissement afin de vérifier l'influence de la culture de l'organisme porteur, dont nous avions suggéré précédemment l'existence. concernant l'université, qui porte deux A.P.P. proches géographiquement, on peut supposer sans trop de risque qu'il n'y a pas trop de différence notable entre les deux, et a donc choisi de n'en observer qu'un seul. Concernant les GRETA, l'existence d'une animation régionale spécifique, porté par la DAFCO, peut également laisser supposer une relative uniformité de fonctionnement. Au vu du poids relatif du réseau GRETA au sein du réseau régional (9118) il Rapports au savoir et changements paradigrnatiques en andragogie Frédéric Haeuw 88 a semblé nécessaire d'observer deux A.P.P. de ce réseau. Concernant le tissu associatif en revanche, les choses sont plus complexes car il n'existe pas, à priori, de réseau fortement constitué, et donc d'uniformité de fonctionnement d'un organisme à l'autre. Il était donc plus raisonnable d'observer deux A.P.P. portés par des s, en dépit du poids plus relatif (Y18) de cette famille institutionnelle. Concernant l'effet de contexte, nous avons donc choisi trois A.P.P. situé en zone urbaine, un A.P.P. en zone rurale et un autre en zone ((mixte)) (A.P.P. central en ville et antennes en ruralité). L'une des caractéristiques des A.P.P. en milieu rural étant en effet de développer des antennes nombreuses de petites tailles, nous avons choisi de mettre dans notre échantillon un A.P.P. de ce type, ce qui présentait l'avantage supplémentaire de vérifier la prégnance d'un modèle entre un lieu central et ses antennes, ou au contraire l'existence de différences de fonctionnement. Notre échantillon a donc été celui-ci : Concentration Organisme porteur Univ. Vill. dYAscq GRETA Assoc. Rural X Urbain Mixte X X Arras Vendin le Vie1 X Caudry X Dunkerque X X X X X Tableau 6répartition des A.P.P. de l'échantillon, selon les critères (( organisme porteur » et « concentration » Nous n'avons évidemment pas tenu compte, dans la constitution de notre échantillon, du positionnement stratégique selon la finalité de 1'APP (éducation, insertion, enseignement), car cela était impossible à déterminer à priori. En revanche, cette grille de lecture personnelle ne sera pas absente de nos observations et de nos questionnements aux acteurs. Nous insisterons par contre assez fortement sur les aspects directement liés aux organisations de travail, et aux statuts des personnes, en tentant de déterminer en quoi ces variables influent ou non sur les pratiques pédagogiques. Rapports au savoir et changements paradigrnatiques en andragogie Frédéric Haeuw Voici donc le résultat de cette étude. Nous passerons en revue tour à tour les trois réseaux, et au sein de ceux-ci les cinq A.P.P., observant : le positionnement des A.P.P. vis à vis de son organisme porteur - l'organisation pédagogique de l'A.P.P. les acteurs Nous ferons suivre ces observations et compte rendus d'interviews de commentaires et d'extraction de données, propres à éclairer notre objet de recherche. 2les A.P.P. portés par les GRETA Les GRETA sont porteurs de la moitié des A.P.P. en France ; dans la Région Nord-Pas de Calais, ils sont supports de neuf A.P.P. sur seize et sont présents, par leurs antennes ou par le biais du partenariat, sur trente-deux sites sur les quarante trois. Les A.P.P. GRETA sont en quelque sorte un « sous-réseau » du réseau régional, lui-même intégré au réseau national. La cohérence de ce sous-ensemble est assurée par un conseiller en formation continue de la DAFCO, qui y consacre environ un cinquième de temps plein. Ce conseiller est par ailleurs chargé, au sein de la DAFCO, des relations avec les financeurs publics. Pour comprendre la place des A.P.P. au sein des GRETA, nous l'avons rencontré et les commentaires suivants seront pour l'essentiel tirés de cet entretien. 2.1les GRETA : Un GRETA est un « groupement d'établissements » à l'échelle d'un bassin d'emploi, qui peut regrouper de vingt à quarante établissements scolaires ; il existe donc seize GRETA plus un GRETA Bâtiment à vocation régionale. Leur mission est d'assurer la formation continue, pour 17EducationNationale (hors université). Ils s'adressent donc à tout type de public, et ont vocation à être présents tant sur le marché public que sur le marché privé. Un GRETA n'est pas une structure juridique, mais correspond plutôt à une mutualisation de moyens. La première particularité (et de taille!) des GRETA au sein de 1'Education Nationale est de fonctionner, non pas avec une subvention de fonctionnement, comme c'est souvent le cas dans les établissements publics, mais avec un mode de financement assimilable au privé, c'est à dire avec un équilibre à trouver entre recettes et dépenses. De fait, chaque GRETA est Rapports au savoir et changements paradigrnatiques en andragogie Frédéric Haeuw 90 autonome et se dote d'un organe décisionnel, le conseil inter-établissement, qui est la réunion des chefs d'établissements concernés et qui fonctionne un peu comme un conseil d'administration. Ce conseil élit un président, proviseur de l'un des établissements, qui en est le responsable (( politique et stratégique », qui décide de la ligne directrice et fait le choix de se positionner sur tel ou tel marché ; les GRETA sont en effet autonomes et juridiquement responsables. Théoriquement, le Délégué Académique à la Formation Continue (DAFCO) qui est le délégué du Recteur pour les questions liées à la formation continue, n'a pas de pouvoir hiérarchique sur les GRETA. Toutefois, les choix qu'ils sont amenés a prendre, même s'ils le font à priori de manière autonome, doivent néanmoins s'inscrire dans le cadre des décisions académiques, impulsés par le DAFCO et son équipe, voire ministérielles. En ce qui concerne particulièrement les A.P.P., il semble bien que le choix d'investir dans ce domaine ait été le résultat d'une injonction (ou à tout le moins d'une sollicitation pressante) issue du Ministère de 1'Education Nationale et d'une volonté régionale forte du DAFCO qui s'est particulièrement investi sur ce dossier. Le conseil inter-établissement élit également un ordonnateur, qui peut être le président ou un autre proviseur, dont le rôle est d'assurer la gestion du GRETA. L'établissement d'origine de cet ordonnateur devient alors responsable de tous les actes de ce GRETA, dont la comptabilité sera une annexe de la comptabilité de cet établissement, le paradoxe etant que le budget de cette « annexe » peut être largement supérieur au budget de l'établissement porteur. Cet ordonnateur devient l'employeur des salariés des GRETA; c'est lui qui fixe les responsabilités de chacun et établit les lignes hiérarchiques. Les personnels employés par les GRETA peuvent être classés en quatre catégories, regroupés en deux sous ensemble : les personnels « fonctionnaires » : les postes gagés : il s'agit de personnels Education Nationale (enseignants ou administratifs) nommés sur des postes GRETA. Leurs salaires sont remboursés à 1'Etat par les GRETA et leur service annuel correspond à celui de leurs statuts d'origine. les enseignants en heures supplémentaires. Rapports au savoir et changements paradigrnatiques en andragogie Frédéric Haeuw les personnels « non fonctionnaires » : - les contractuels : engagés directement par les GRETA, ils sont recrutés sur profil, en fonction d'un besoin précis, et leur service annuel est de 1755 heures (39 heures par semaine durant 45 semaines). - les vacataires : engagés directement par les GRETA, ils sont recrutés pour des missions ponctuelles, ne pouvant dépasser quatre mois ou 250 heures. Selon une étude du CEREQ de 1994~,menée sur le plan national, la part du personnel fonctionnaires (postes gagés et enseignants en heures supplémentaires) est de l'ordre de 82 %, contre 28 % de postes non fonctionnaires (contractuels et vacataires). On est donc « présence d'un profil de formateur assez bien délimité, dominé par la jîgure de l'enseignant »4. 11 faut toutefois noter que l'étude précise également que « malgré le recours à un tel statut, la main d'œuvre est relativement stable »j. Quant à la répartition entre permanents (postes gagés et contractuels) et les « intermittents )) (enseignants en heures supplémentaires et vacataires), elle est, selon notre interlocuteur de la DAFCO, de l'ordre de 50/50. Toutefois, en période plus difficile, le nombre de permanents peut diminuer au profit des intermittents pour qui il n'y a évidemment pas de pérennisation de l'emploi à assurer. I 1 Permanents (50 Oh) 1 Fonctionnaire (82 %) / Postes gagés 1 Enseignants heures sup. 1 Intermittents (50%) 1 1 1 Non fonctionnaires (28 %) 1 1 Contractuels 1 / Vacataires 1 1 1 I Tableau 7répartition des personnels GRETA selon leurs catégories Il faut ajouter à cela une cinquième catégorie, les conseillers en formation continue (CFC), qui sont affectés dans les GRETA avec une mission de développement (commercial, montage de projet...). Leur singularité dans cet ensemble est de dépendre directement du recteur, et non de l'ordonnateur. -- -- 3 Les organismes de formation continue , pluralité des activités, divers ité de gestion des personnels , CEREQ, Bref No 126, décembre 1996 4 ibidem 5 ibidem Rapports au savoir et changementsparadigrnatiques en andragogie Frédéric Haeuw 2.2les A.P.P. au sein des GRETA La mise en place des A.P.P. GRETA a été, comme on l'a évoqué plus haut, le résultat de sollicitations nationales et régionales. Techniquement, les déclinaisons locales se sont jouées en tenant compte des réalités de terrain ; les GRETA ont parfois pris l'initiative de créer un A.P.P. et ont recherché des partenaires locaux pour porter des antennes. A d'autres moments, ils ont au contraire répondu à des sollicitations et sont devenus animateurs d'antennes dYA.P.P.portées par d'autres. A Dunkerque enfin, le GRETA est devenu membre fondateur de l'association A.P.P., en réponse à une sollicitation du bassin d'emploi. En dépit de ces histoires locales différentes, il semble qu'au niveau du fonctionnement pédagogique, il n'y ait pas, au dire de notre interlocuteur de la DAFCO, de trop grandes différences d'un A.P.P. à l'autre. Voyons maintenant en quoi les A.P.P./GRETA sont porteurs d'innovations au sein même des GRETA : > Du point de vue pédagogique, il semble incontestable que les A.P.P. aient été des précurseurs, au sein des GRETA, car ils ont été parmi les premiers à décliner et à mettre réellement en œuvre l'accueil permanent et l'individualisation. Toutefois, les autres centres se rapprochent progressivement du modèle A.P.P., et tendent à mettre en place à leur tour un accueil permanent et individualisé. Différents labels » ont depuis lors vu le jour dans les centres GRETA : les DPFI (Dispositif Permanent de Formation Individualisée), les CAPEN (Centre d'Accueil Permanent de 1'Education Nationale), les CPEN (Centre Permanent d'Education Nationale), les Espaces Langues Education Nationale. P Du point de vue organisationnel, les A.P.P. se distinguent du modèle traditionnel des GRETA en plusieurs points : la nécessité de mettre en œuvre un partenariat, ce qui n'est pas habituel pour les GRETA ; le fait de disposer d'une enveloppe de fonctionnement dédiée au départ, ce qui induit un fonctionnement plus autonome et traité séparément du reste de l'activité. Rapports au savoir et changements paradigmatiques en andragogie Frédéric Haeuw Notons que le (( poids budgétaire de l'A.P.P. )) peut être de 10 à 20%, selon les GRETA ; - l'autonomie de gestion du coordinateur, imposé par le cahier des charges, peut créer des tensions entre celui-ci et le président ou l'ordonnateur du GRETA, lorsqu'il en prend trop à son aise )) à leur goût ; - le traitement ((particulier )) des formateurs en ce qui concerne les horaires de travail : l'A.P.P. n'étant fermé que cinq semaines par an, cela oblige les formateurs a une plus grande disponibilité, même si par ailleurs le volume horaire est le même, à statut égal. Ces différences peuvent générer des tensions et occasionner un malaise ou une (( irritation )) chez les formateurs, par comparaison avec leurs homologues. En outre, du fait que 1'A.P.P. fonctionne selon un mode d'organisation particulier, et dans des locaux séparés, certains formateurs peuvent se sentir isolés et n'ont pas le sentiment d'appartenir au GRETA. P Du point de vue des types de personnels et de l'organisation du travail, on va retrouver en A.P.P. tous les postes GRETA cités plus haut. Les nouvelles organisations du travail génèrent des tensions, qui ne sont pas propres aux A.P.P., mais traversent l'ensemble des GRETA. Du fait du rapprochement progressif des modes de fonctionnement vers le modèle A.P.P., l'organisation du travail est une question de plus en plus sensible, pour au moins deux raisons : les horaires sont définis par des textes, qui ne font pas le même sort aux postes gagés et aux contractuels. Les postes gagés sont basés sur l'horaire annuel d'un enseignant en établissement scolaire, tandis que les contractuels doivent travailler 39 heures par semaine et 45 semaines par an. Ces différences de traitement pouvaient plus facilement passer inaperçues dans un mode d'organisation traditionnel, où chaque enseignant est la plupart du temps seul face à une classe, qu'au sein d'un dispositif ouvert où tous les intervenants sont sensés intervenir au même endroit et au même moment. - la définition de l'heure de Face à Face Pédagogique (FFP). Par décret, l'heure de FFP se définit comme (( être en face d'un public D, et inclus les préparations, les Rapports au savoir et changements paradigmatiques en andragogie Frédéric Haeuw 94 corrections, le suivi des formés et les réunions de concertation. Or désormais, compte tenu de la montée en puissance de l'individualisation, il y a tout un aspect du travail qui se modifie, notamment les préparations et les corrections. Compte tenu également des efforts financiers consentis en terme de production d'outils, les GRETA ne peuvent, à la fois rétribuer des formateurs pour des temps de production dissociés du FFP, et continuer de rétribuer le FFP en y incluant un temps de préparation aussi important qu'auparavant. La notion de FFP est donc écornée, et en période difficile, les responsables administratifs ont tendance à regarder de prés et à décomposer l'activité du formateur. Lorsqu'il, (( manque un ingrédient », ils mettent en place de nouveaux modes de calcul qui en tiendra compte. l+ Concernant enfin les compétences des formateurs, il semble qu'il n'y ait pas de profil particulier à priori pour travailler en A.P.P. En revanche, du point de vue de notre interlocuteur, le travail en A.P.P. peut générer des compétences spécifiques, notamment la capacité à comprendre l'adulte en formation M. Les fonctions occupées ne diffèrent cependant pas, selon lui, des fonctions occupées dans d'autres modes pédagogiques, et il apparaît nettement que le travail du formateur reste centré sur la fonction pédagogique. Le reste étant plutôt lié à des initiatives et à des appétences personnelles fort marginales. Après avoir étudié d'une manière générale le positionnement des A.P.P au sein des GRETA, nous nous proposons maintenant d'entrer dans la réalité concrète de deux d'entres eux, celui de Vendin-le-Veil et celui de Caudry-le Catteau. Nous aborderons cette description selon trois points de vue : celui des locaux tout d'abord, pour aider le lecteur à se représenter les choses; celui de l'organisation pédagogique ensuite et enfin celui des acteurs. Sur ces deux derniers points, nous compléterons la description objective de commentaires, largement illustrés des propos recueillis lors des entretiens. Ces commentaires poseront au fur et à mesure de l'avancée du travail un certain nombre de questions et de pistes de réflexion, que nous reprendrons dans la synthèse globale. Rapports au savoir et changements paradigmatiques en andragogie Frédéric Haeuw Cet A.P.P. est né en 1987~,à Lens, à l'initiative du GRETA, dans une salle de cours du lycée technique. Ces locaux initiaux étant très vite apparus trop exigus pour faire face à l'activité croissante de I'A.P.P., un espace plus grand a été recherché et trouvé à Vendin-le-Veil, une commune limitrophe qui a prêté une maison de la commune. En 1989 enfin, cet A.P.P. a trouvé l'espace qui lui convenait, toujours à Vendin-le-Veil, dans une maison plus spacieuse, accolé à un collège. Deux antennes ont ensuite été créées, à Lievin et à Henin, mais elles sont portées par deux équipes distinctes, et ont donc des organisations différentes. Deux autres antennes, à Bullyles-mines et à Wahagnies, sont en revanche des délocalisations du site de vendin-le-veil7 > Les locaux : Contrairement à ce que le nom pourrait laisser supposer, Vendin-le-vie1 n'est pas un petit village isolé dans la campagne, mais une ville ouvrière, dont l'histoire est liée à celle des houillères. L'A.P.P. est d'ailleurs situé non pas au centre de Vendin-le-Veil, mais dans la « cité 8 )), qui est une cité minière située entre Vendin-le-Veil et Lens. Cette cité est en fait une multitude de (( corons », alignés à perte de vue, qui finissent par déboucher sur une grande place, dépourvue de commerces, mais où trône une église, et en face de celleci, le collège Jean Zay. L'A.P.P. est accolé à ce collège, dans une grande et ancienne maison, qui était auparavant destiné à loger le directeur et les enseignants. La proximité du collège donne un peu de vie au quartier, grâce aux va-et-vient des élèves. L'A.P.P. souffre d'une absence de signalétique qui rend impossible de le distinguer des autres maisons de la place. A l'intérieur du bâtiment, on perçoit dés l'entrée la convivialité induite par le fait d'être en maison particulière plutôt que dans un bâtiment purement administratif, mais cet effet est en partie estompée par une utilisation rigoureuse, organisée et systématique des moindres 6 (( L'histoire de 1'APP de Vendin-le-vie1a été relaté par un membre de l'équipe, Fabien Janssens, dans la revue convergence No 30 », sous la forme du (( récit autobiographique d'un APP ». nous n'avons pas eu l'occasion de visiter ces antennes Rapports au savoir et changements paradigrnatiques en andragogie Frédéric Haeuw espaces, qui, de la cave au grenier, ont tous été affectés à un usage précis. De façon pittoresque et originale, les différentes salles sont dénommées selon leur usage. Ainsi par exemple, le bureau d'accueil, au rez-de-chaussée, qui est également l'endroit où l'on vient emprunter les ressources est nommé le « comptoir aux ressources » ; de même, une des salles du premier étage où l'on travaille en silence est la salle « motus et bouche cousue ». Le rez-de-chaussée comprend donc ce comptoir des ressources (et on notera d'emblée qu'il n'y a aucune ressource ailleurs que dans cette pièce) ainsi qu'une grande salle de travail, dans laquelle les tables sont réorganisées en plots. Au premier, d'autres salles de travail, un bureau formateur et un coin détente pour les stagiaires. Au second, trois salles dédiées à l'informatique, dont une plus luxueuse, en terme de mobilier, sert également aux réunions d'équipe et autres réunions. La cave, enfin, sert de salle de détente et de cuisine pour les formateurs. P L'organisation pédagogique : Description : Les postulants à l'A.P.P. doivent prendre un rendez-vous avec le coordinateur de l'A.P.P., qui les reçoit individuellement durant dix minutes environ pour discuter de leur projet. A la suite de ce premier entretien, ils sont invités à une séance d'évaluations, qui a lieu sur place et qui tient compte de leur niveau de connaissance. Ces évaluations sont ensuite corrigées, en dehors de leur présence, et lors du second entretien avec le coordinateur ou la secrétaire d'accueil, une semaine plus tard, les résultats de ces évaluations leurs sont sommairement expliqués. Cela conduit ensuite à la signature du contrat pédagogique et à la remise du livret d'accueil, qui fixe les horaires de travail, ainsi que la date du premier rendez-vous avec les formateurs. Lors de ce premier contact, ceux-ci établissent les plans de travail personnalisés, qui sont en fait des grilles d'acquisition d'objectifs, codés A pour « acquis », CA pour « en cours d'acquisition » et NA pour « non-acquis ». La progression pédagogique est donc entièrement pré-conçue au départ, et au fur et à mesure de l'avancée du travail, l'apprenant coche d'une croix en face de chaque objectif « vu », ce que le formateur valide, ou non, au vu des fiches de travail rendues, par un +, un +/ou un -. Les documents de travail contiennent en effet des exercices d'évaluation non corrigés que l'apprenant doit remettre aux formateurs. Rapports au savoir et changementsparadigrnatiques en andragogie Frédéric Haeuw A côté de ce public « en remise à niveau », on trouvera également un public « en soutien », qui est inscrit, soit à l'université, dans le cadre du DA EU^, soit au CNED. Pour ce public, il n'y a pas de prescription d'objectifs, mais une aide, apportée à la demande de la personne, sur des points liés aux contenus ou à la méthode de travail. Pour des questions de gestion de flux, les plages horaires sont fixées dans le contrat ; l'apprenant peut néanmoins venir à sa guise au cours de cette plage, c'est à dire qu'il n'est pas contraint à des horaires fixes. De même, il s'installe dans la salle de son choix. Les formateurs reçoivent chaque semaine la liste des personnes sensées être présentes, et doivent faire à chaque séance le tour des salles pour avoir un contact avec chacun : voir si tout se passe bien, apporter une aide, corriger une fiche de travail, etc. Ils peuvent également regrouper certains auditeurs pour des petits ateliers. L'ensemble des ressources se situe au comptoir aux ressources, et celles-ci sont prêtées par les secrétaires d'accueil. Il s'agit essentiellement d'ouvrages scolaires et de documents de travail mis en place par les formateurs. Chaque formateur a d'ailleurs ses propres outils de prédilection. Il n'y a aucune navigation libre dans les ressources. Commentaires : les membres de l'équipe insistent tous beaucoup sur le côté ((humain » propre à l'organisation pédagogique retenue « ici, on s 'adresse à des êtres humains » ; « c 'est très familial » ; « l'important, c'est de redonner confiance aux personnes ». Cette caractéristique est vécue en opposition aux représentations de ce qui se passe ailleurs, dans les autres A.P.P. « j e ne pense pas que cela soit le cas dans tous les A. P.P. », ou dans la formation initiale « ici, ce n 'estpas de 1'enseignement ». dans les faits, ce côté familial, humain, basé sur le respect de la personne, se ressent dans les modes de relations qu'ont les formateurs avec les apprenants. On perçoit aisément que les personnes accueillies à l'A.P.P. de Vendin peuvent trouver une oreille attentive à leurs problèmes, ce qui ne signifie pas les résoudre, mais proposer des solutions. Les relations formateurs-apprenants sont des relations « d'adultes à adultes », et les formateurs reconnaissent « apprendre plein de choses des stagiaires Diplôme d'Accès au Etudes Universitaires Rapports au savoir et changements paradigmatiques en andragogie Frédéric Haeuw... sur le plan humain ». Ce souci de qualité de l'accueil fait partie des objectifs poursuivis par l'équipe « la @alité, c'est aussi la satisfaction du stagiaire, qui doit sortir de 1'A. P.P. « un peu remonté » ;si le stagiaire est satisfait, alors le formateur 1 'est aussi )) mais d'un autre côté, l'organisation rigoureuse mise en place, qui répond à un souci évident de qualité, peut enfermer les personnes dans un système assez rigide, peu propice aux initiatives individuelles et relativement peu autonomisant. En clair, la logique sous-jacente est la suivante : un stagiaire dépose une demande de formation, motivée par un projet, auquel l'équipe répond en construisant un programme de formation (( clé en main ». qu'il conviendrait de suivre à la lettre pour obtenir le résultat escompté9. Le livret d'accueil remis aux apprenants est symptomatique de cette stratégie, et positionne clairement le stagiaire comme « destinataire » du service offert, et non comme « CO-constructeur»'O. A l'intérieur de ce parcours, les marges de choix laissées aux apprenants sont étroites (choix de la salle, essentiellement). modèle pédagogique est clairement celui de la « pédagogie par objectif de type béhavioriste)), c'est à dire que les contenus sont découpés en unité de sens, qui sont prescrits en fonction des besoins recensés, et qui vont être traités de manière très hétérodirective. L'interdiction d'accéder directement aux ressources renforce ce modèle, de même que le très faible recours à l'auto-évaluation : c'est le formateur qui valide les contenus étudiés, après évaluation de l'atteinte de chaque micro-objectif. 10 Rapports au savoir et changementsparadigmatiques en andragogie Frédéric Haeuw 99 et ce n'est qu'au moment des explications qu'une différenciation existe, les formateurs tenant compte alors de mode de compréhension de la personne. concernant les autres types de ressources, il n'y a que très peu d'EAO, hormis pour l'informatique. Les logiciels sont davantage considérés comme des compléments (( en maths, je n'utilise qu'un seul logiciel, qu'avait fait mon père...j e conçois les logiciels en compléments ;je n'imagine pas de mettre directement un stagiaire sur un logiciel, je ne les utilise que sur des points particuliers ; lorsque des choses n'ont pas été comprises, je propose de passer par informatique et si ça ne va pas, après, je reprendrais le dessus... ». De même l'ouverture sur d'autres sources de savoirs ou d'apprentissage est quasi inexistante, car dans l'esprit des formateurs, cela n'apporterait rien de plus. il ne fait aucun doute que si cet A.P.P. est bien un dispositif individualisé », ce qui est, somme toute, l'une des exigences du cahier des charges, il n'est pas réellement (( personnalisé )) et autonomisant ;l'efficacité se mesure plus sur la maîtrise de savoirs nouveaux que sur l'acquisition de savoir-faire méthodologique. Pourtant, l'expérience des ateliers, et en particulier celui I INTER NET" préfigure un autre modèle pédagogique, basé sur une situation dialogique où le formateur est davantage en position de répondre à des sollicitations et demandes diversifiées que d'imposer des contenus : (( l'atelier INTERNET c'est un peu une formation ouverte, car chacun fait ce qu'il veut après le temps collectif: Les gens viennent en libre service et même moi, je m 'autoforme, car il y a des questions qui fusent et voilà... çapermet de discuter, et cela change la pédagogie ;ce n'est pas du tout un cours traditionnel ; les gens sont intéressés et lorsqu'ils posent une question ils veulent la réponse ». Dans le même ordre d'idée, sur le site de Bully, situé dans un quartier en grande difficulté, on perçoit que ce modèle initial de 1'A.P.P. ne fonctionne pas aussi bien : (( le public de Bully n'est pas le même, les mentalités sont dgérentes, les centres d'intérêts ne sontpas les mêmes )) ;(( c'est plus petit, l'ambiance est plus familiale et c'était dg$cile pour moi au départ : j e n 'étaispas assez ouverte ». Il faut donc, dans ce site, prendre davantage en compte les (( autres )) besoins du public, qui ne se limitent pas uniquement à l'acquisition de savoirs, et inventer de nouvelles situations pédagogi . Le projet de 11 Précisons qu'il s'agit ici d'un module d'initiation à INTERNET, et non d'une utilisation dans le cadre d'une autre discipline Rapports au savoir et changementsparadigrnatiques en andragogie Frédéric Haeuw 1O0 création d'un journal avec les stagiaires, à partir de sorties et de visites qui seront organisées, et qui leur permettra de faire autrement du français (en écrivant des textes) répond à cette préoccupation, mais si le formateurs doutent un peu d'eux-mêmes « on estpas sûr, peut être que ce sera un échec ».
45,563
2012AIXM1097_6
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,012
Commerce international et économie de la science : distances, agglomération, effets de pairs et discrimination
None
French
Spoken
6,705
18,409
Lirhe-Eco (Tse-Toulouse 1) (20)(+42) 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 52.3 51.1 49.3 48.4 47.6 47.5 47.1 43.7 42.6 41.8 41.1 40.8 37.8 37.1 35.0 34.8 34.4 33.2 31.4 30.4 29.5 28.7 26.6 26.1 25.8 23.5 22.6 22.3 21.8 20.3 19.5 19.2 18.8 18.0 17.8 17.6 16.9 16.0 15.8 14.9 14.2 12.6 12.4 12.4 12.2 11.6 11.4 10.9 10.7 9.7 8.9 7.5 7.2 4.8 4.0 3.7 2.8 0.1 Non-Gate (Lyon 2) (43)(+26) Centre (Valenciennes) (8)(+24) Centre (La Rochelle) (5)(-23) Gredeg (Nice) (71)(+19) 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 Centre (Reims) (32)(+1) Autre (Pse-Paris 1) (33)(+15) Iredu-Eco (Dijon) (12)(+36) Centre (Chambery) (15)(+15) Centre (St Etienne) (22)(-6) Lepii (Grenoble 2-Inra) (29)(+23) Centre (Paris 8) (27)(-15) Autre (Lille 1-Poly. Lille) (31)(-26) Non-Ermes (Paris 2) (24)(-20) Centre (Rouen) (22)(+21) Aliss (Inra Ivry) (19)(-28) Autre (Grenoble 2-Inra) (38)(-21) Centre (Pau) (17)(-2) Mona-Tsv (Inra Ivry) (19)(+38) Non-Crem (Caen-Rennes 1) (39)(-7) Lef (Inra Nancy) (7)(+23) Centre (Paris 12) (30)(+6) Autre (Montpellier 1-Inra) (21)(-9) Cesaer (Inra Dijon) (11)(-24) Centre (Paris 7) (10)(+27) Centre (La Reunion) (19)(-17) Centre (Mulhouse) (9)(-9) Centre Poitiers) (27)(-5) Lest-Eco (Aix Marseille 2-3) (13)(+20) Centre (Lille 3) (11)(-3) Centre (Perpignan) (12)(-38) Centre (Angers) (18)(-3) Non-Cepn (Paris 13) (12)(+5) Centre (Ant. Guy.) (22)(-14) Centre (Toulon) (11)(+2) Centre (Littoral) (13)(-31) Centre (Marne La Vallee) (11)(-26) Centre (Valenciennes) (8)(+13) Autre (Dijon) (11)(+7) Centre (Metz) (13)(-25) Centre (Tours) (12)(-15) Non-Beta (Nancy 2-Strasb. 1) (24)(-2) Moisa (Montpellier 1-Inra) (8)(-10) Centre (Brest) (21)(-23) Centre (Le Havre) (15)(-4) Centre (Amiens) (22)(-7) Centre (Limoges) (18)(-15) Centre (Toulouse 2) (10)(+14) Centre (Toulouse 3) (10)(+9) Centre (La Rochelle) (5)(-20) Centre (Rennes 2) (7)(-1) Centre (Lyon 1) (5)(+4) Non-Gredeg (Nice) (12)(-11) Centre (Montpellier 3) (10)(-19) Centre (Cnam) (7)(-7) Centre (Paris 5) (11)(-26) Centre (Artois) (13)(-3) Centre (Corte) (9)(-5) Non-Economix (Paris 10) (15)(-4) Centre (Bretagne Sud) (9)(-18) Centre (Lyon 3) (9)(-1) Non-Cerdi (Clermont 1) (6)(0) 2.5 2.4 2.3 2.3 2.3 2.3 2.2 2.1 2.0 2.0 2.0 1.9 1.8 1.8 1.7 1.7 1.6 1.6 1.5 1.5 1.4 1.4 1.3 1.2 1.2 1.1 1.1 1.1 1.0 1.0 0.9 0.9 0.9 0.9 0.9 0.8 0.8 0.8 0.8 0.7 0.7 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.5 0.5 0.5 0.5 0.4 0.4 0.3 0.2 0.2 0.2 0.1 0 Centre (Pau) (17)(-1) Leo (Orleans) (30)(-27) Aliss (Inra Ivry) (19)(-30) Centre (Lyon 1) (5)(+17) Centre (St Etienne) (22)(-8) Centre (Lille 3) (11)(-11) Crem (Caen-Rennes 1) (82)(-16) Lest-Eco (Aix Marseille 2-3) (13)(+32) Centre (Perpignan) (12)(-42) Moisa (Montpellier 1-Inra) (8)(-15) Mona-Tsv (Inra Ivry) (19)(+40) Centre (Rouen) (22)(+26) Non-Cepn (Paris 13) (12)(+3) Centre (Marne La Vallee) (11)(-37) Non-Ermes (Paris 2) (24)(-23) Non-Gretha (Bordeaux 4) (35)(+2) Centre (Toulon) (11)(-6) Lepii (Grenoble 2-Inra) (29)(+26) Centre (Rennes 2) (7)(-1) Centre (Paris 8) (27)(-19) Centre (Reims) (32)(-5) Autre (Dijon) (11)(+4) Centre (La Reunion) (19)(-27) Autre (Montpellier 1-Inra) (21)(-18) Autre (Pse-Paris 1) (33)(+12) Centre (Littoral) (13)( Centre (Metz) (13)(-38) Centre (Tours) (12)(-28) Autre (Lille 1-Poly. Lille) (31)(-36) Centre (Toulouse 2) (10)(+22) Centre (Cnam) (7)(-21) Lem (Lille 1-Poly. Lille) (87)(0) Centre (Angers) (18)(-8) Centre (Toulouse 3) (10)(+15) Centre (Paris 12) (30)(+4) Autre (Aix Marseille 2-3) (57)(+10) Centre (Montpellier 3) (10)(-35) Autre (Grenoble 2-Inra) (38)(-25) Centre (Poitiers) (27)(-10) Centre (Ant. Guy.) (22)(-26) Centre (Le Havre) (15)(-9) Non-Crem (Caen-Rennes 1) (39)(-12) Non-Gredeg (Nice) (12)(-19) Centre (Brest) (21)(-32) Centre (Paris 5) (11)(-42) Centre (Limoges) (18)(-18) Non-Beta (Nancy 2-Strasb. −3, le nom est typographié en italique, sinon le nom 92 1.A.2. UN PANORAMA DE LA RECHERCHE FRANÇAISE EN ÉCONOMIE Universités, T=Carrière Table 1.25 Universités, Citations totales, T=Carrière université Tse-Toulouse 1 (125)(+1) Pse-Paris 1 (214)(-1) Crest-Ensae (67)(0) Hec (75)(+1) Aix Marseille 2-3 (114)(-1) rg. tot. nor. 1 2556.0 100.0 2 2294.5 89.8 3 822.5 32.2 4 756.3 29.6 5 530.7 20.8 Paris 9 (124)(+5) 6 370.5 14.5 Ec. Polytechnique (33)(0) 7 337.0 13.2 Paris 10 (80)(-2) 8 323.3 12.7 Iep Paris (9)(+9) 9 285.7 11.2 Nancy 2-Strasbourg 1 (95)(-2) 10 285.2 11.2 Grenoble 2-Inra (128)(+4) 11 276.6 10.8 Lille 1-Polytech Lille (153)(0) 12 241.0 9.4 Lyon 2 (70)(+1) 13 233.7 9.1 Cergy Pontoise (37)(-4) 14 225.1 8.8 Caen-Rennes 1 (121)(-6) 15 203.4 8.0 Dijon (65)(+15) 16 185.4 7.3 Nice (83)(+6) 17 171.9 6.7 Bordeaux 4 (72)(-5) 18 163.3 6.4 Montpellier 1-Inra (62)(-3) 19 144.1 5.6 Inra Vers-Grig (12)(+4) 20 139.8 5.5 Clermont 1 (32)(-1) 21 131.6 5.2 Paris 13 (45)(+8) 22 130.8 5.1 Besancon (24)(-1) 23 123.2 4.8 Paris 11 (36)(+25) 24 120.0 4.7 Paris 2 (41)(-6) 25 113.1 4.4 Cired (14)(+10) 26 94.7 3.7 Versailles St Quentin (24)(+15) 27 91.9 3.6 Le Mans (18)(-7) 28 88.6 3.5 Inra Rennes (12)(-3) 29 87.9 3.4 Nantes (23)(-5) 30 81.5 3.2 Inra Ivry (37)(-4) 31 75.8 3.0 Orleans (34)(-15) 32 68.5 2.7 Strasbourg 3 (13)(-4) 33 63.7 2.5 Lille 2 (13)(+6) 34 60.4 2.4 Evry (18)(-7) 35 55.0 2.2 Ens Cachan (7)(-3) 36 54.6 2.1 Reims (32)(+2) 37 51.1 2.0 Chambery (15)(+13) 38 47.6 1.9 St Etienne (22)(-2) 39 47.5 1.9 Paris 8 (27)(-6) 40 43.7 1.7 Rouen (22)(+19) 41 41.1 1.6 Pau (17)(+3) 42 37.1 1.5 Inra Nancy (7)(+22) 43 34.4 1.3 Paris 12 (30)(+10) 44 33.2 1.3 Inra Dijon (11)(-10) 45 30.4 1.2 Paris 7 (10)(+23) 46 29.5 1.2 La Reunion (19)(-6) 47 28.7 1.1 Mulhouse (9)(-2) 48 26.6 1.0 Poitiers (27)(+1) 49 26.1 1.0 Lille 3 (11)(+3) 50 23.5 0.9 Perpignan (12)(-19) 51 22.6 0.9 Angers (18)(+3) 52 22.3 0.9 Antilles Guyan (22)(-6) 53 20.3 0.8 Toulon (11)(+7) 54 19.5 0.8 Littoral (13)(-17) 55 19.2 0.8 Marne La Vallee (11)(-13) 56 18.8 0.7 Valenciennes (8)(+11) 57 18.0 0.7 Metz (13)(-14) 58 17.6 0.7 Tours (12)(-7) 59 16.9 0.7 Brest (21)(-12) 60 14.9 0.6 université Iep Paris (9)(0) Tse-Toulouse 1 (125)(0) Crest-Ensae (67)(0) Inra Vers-Grig (12)(+2) Pse-Paris 1 (214)(-1) rg. p.c. nor. 1 2 3 4 5 Hec (75)(+6) 6 Ec. Polytechnique (33)(-2) 7 Ens Cachan (7)(-1) 8 Inra Rennes (12)(-1) 9 Cired (14)(+15) 10 Cergy Pontoise (37)(-1) 11 Inra Nancy (7)(+25) 12 Besancon (24)(+2) 13 Strasbourg 3 (13)(-3) 14 Le Mans (18)(-6) 15 Lille 2 (13)(+11) 16 Aix Marseille 2-3 (114)(-3) 17 Clermont 1 (32)(+6) 18 Paris 10 (80)(-1) 19 Versailles St Quentin (24)(+26) 20 Nantes (23)(-4) 21 Paris 11 (36)(+45) 22 Lyon 2 (70)(+11) 23 Chambery (15)(+21) 24 Mulhouse (9)(-2) 25 Evry (18)(-7) 26 Nancy 2-Strasbourg 1 (95)(+2) 27 Paris 9 (124)(+19) 28 Paris 7 (10)(+37) 29 Paris 13 (45)(+18) 30 Dijon (65)(+32) 31 Paris 2 (41)(-4) 32 Inra Dijon (11)(-17) 33 Valenciennes (8)(+25) 34 La Rochelle (5)(-15) 35 Montpellier 1-Inra (62)(-4) 36 Bordeaux 4 (72)(-5) 37 Pau (17)(+3) 38 Lyon 1 (5)(+19) 39 Grenoble 2-Inra (128)(+19) 40 St Etienne (22)(-3) 41 Lille 3 (11)(-9) 42 Nice (83)(+14) 43 Inra Ivry (37)(-8) 44 Orleans (34)(-23) 45 Perpignan (12)(-33) 46 Rouen (22)(+22) 47 Marne La Vallee (11)(-27) 48 Toulon (11)(+2) 49 Caen-Rennes 1 (121)(-11) 50 Rennes 2 (7)(+5) 51 Paris 8 (27)(-10) 52 Reims (32)(+2) 53 Lille 1-Polytech Lille (153)(+1) 54 La Reunion (19)(-21) 55 Littoral (13)(-30) 56 Metz (13)(-27) 57 Tours (12)(-18) 58 Toulouse 2 (10)(+16) 59 Cnam (7)(-10) 60 33.62 100.0 20.51 61.0 12.26 36.5 11.65 34.7 10.73 31.9 10.10 30.0 10.09 30.0 7.45 22.2 7.33 21.8 7.02 20.9 6.08 18.1 5.29 15.7 5.13 15.3 4.98 14.8 4.86 14.5 4.65 13.8 4.64 13.8 4.11 12.2 4.04 12.0 3.83 11.4 3.62 10.8 3.33 9.9 3.32 9.9 3.17 9.4 3.12 9.3 3.06 9.1 3.02 9.0 2.98 8.9 2.95 8.8 2.94 8.7 2.86 8.5 8.3 2.76 8.2 2.40 7.1 2.32 6.9 2.32 6.9 2.28 6.8 2.25 6.7 2.19 6.5 2.16 6.4 2.16 6.4 2.14 6.4 2.08 6.2 2.05 6.1 2.02 6.0 1.97 5.9 1.87 5.6 1.79 5.3 1.77 5.3 1.69 5.0 1.63 4.8 1.62 4.8 1.62 4.8 1.57 4.7 1.51 4.5 1.48 4.4 1.41 4.2 1.41 4.2 1.30 3.9 1.28 3.8 suite page suivante 93 1.A. CLASSEMENTS PAR ANNÉE DE CARRIÈRE ET SUR LES MOINS DE 50 ANS suite de la page précédente université rg. tot. nor. université rg. p.c. nor. Le Havre (15)(+2) Amiens (22)(0) 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 14.2 12.6 12.4 12.4 12.2 11.6 11.4 10.9 9.7 8.9 7.5 7.2 4.8 3.7 2.8 Angers 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 Limoges (18)(-5) Toulouse 2 (10)(+12) Toulouse 3 (10)(+8) La Rochelle (5)(-10) Rennes 2 (7)(0) Lyon 1 (5)(+4) Montpellier 3 (10)(-10) Cnam (7)(-4) Paris 5 (11)(-15) Artois (13)(-1) Corte (9)(-3) Bretagne Sud (9)(-10) Lyon 3 (9)(-1) 0.6 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.4 0.4 0.4 0.3 0.3 0.2 0.2 0.1 (18)(0) Toulouse 3 (10)(+11) Paris 12 (30)(+7) Montpellier 3 (10)(-21) Poitiers (27)(-2) Antilles Guyane (22)(-13) Le Havre (15)(-1) Brest (21)(-16) Paris 5 (11)(-25) Limoges (18)(-8) Amiens (22)(0) Artois (13)(+1) Corte (9)(-6) Bretagne Sud (9)(-25) Lyon 3 (9)(-1) 1.24 1.22 1.13 1.02 0.97 0.94 0.94 0.73 0.72 0.69 0.57 0.57 0.53 0.41 0.31 3.7 3.6 3.4 3.0 2.9 2.8 2.8 2.2 2.1 2.1 1.7 1.7 1.6 1.2 0.9 La colonne rg. donne le rang, la colonne tot. donne le score total, nor. le score normalisé par rapport à celui du premier classé, p.c. donne le score par chercheur. Entre les premières parenthèses se trouve le nombre de chercheurs, la variation de classement par rapport à Clm est donnée entre les deuxièmes parenthèses. Si cette variation est supérieure ou égale à 3, le nom est typographié en gras italique, si elle est inférieure ou égale à en gras. −3, le nom est typographié en italique, sinon le nom est simplement typographié 94 1.A.3. UN PANORAMA DE LA RECHERCHE FRANÇAISE EN ÉCONOMIE Centres, moins de 50 ans Table 1.26 Centres, Moins de 50 ans, Citations totales, T=Dégressif centre rg. tot nor. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Thema (Cergy Pontoise) (32)(-3) 10 Preg (Ec. Polytechnique) (19)(0) 11 Grecsta (Crest-Ensae) (15)(+1) 12 Crem (Caen-Rennes 1) (64)(-1) 13 Eco. Pub. (Inra Vers-Grig) (8)(+5) 14 Gate (Lyon 2) (19)(+5) 15 Cerdi (Clermont 1) (18)(+2) 16 Drm (Paris 9) (43)(+8) 17 Lem (Lille 1-Poly. Lille) (70)(-3) 18 Smart (Inra Rennes) (11)(+3) 19 Centre (Besancon) (16)(+6) 20 Clerse-Eco (Lille 1-Poly. Lille) (23)(+10) 21 Centre (Cired) (7)(+20) 22 Non-Drm (Paris 9) (27)(+5) 23 Centre (Lille 2) (10)(+22) 24 Ermes (Paris 2) (10)(+7) 25 Leo (Orleans) (19)(+1) 26 Leg (Dijon) (32)(+25) 27 Centre (Chambery) (12)(+26) 28 Gretha (Bordeaux 4) (26)(-5) 29 Centre (Nantes) (17)(-13) 30 Centre (Strasbourg 3) (11)(-2) 31 Centre (Le Mans) (11)(-18) 32 Gredeg (Nice) (34)(+1) 33 Centre (Vers. St Quentin) (17)(+16) 34 Non-Gretha (Bordeaux 4) (17)(+21) 35 Cerag (Grenoble 2-Inra) (35)(+8) 36 Non-Gate (Lyon 2) (17)(+29) 37 Centre (Evry) (16)(-8) 38 Centre (Pau) (9)(+23) 39 Centre (Reims) (19)(0) 40 Autre (Tse-Toulouse 1) (7)(-8) 41 Gael (Grenoble 2-Inra) (10)(-4) 42 Non-Cermes (Paris 11) (8)(+10) 43 Lirhe-Eco (Tse-Toulouse 1) (12)(+42) 44 Aliss (Inra Ivry) (13)(-22) 45 Centre (St Etienne) (17)(-10) 46 Lepii (Grenoble 2-Inra) (17)(+28) 47 Centre (Paris 8) (13)(-11) 48 Lameta (Montpellier 1-Inra) (17)(-33) 49 Autre (Lille 1-Poly. p.c. nor. Pjse (Pse-Paris 1) (23)(0) Lerna (Tse-Toulouse 1) (14)(+1) Gremaq (Tse-Toulouse 1) (41)(-1) Eco. Pub. (Inra Vers-Grig) (8)(+2) Non-Grecsta (Crest-Ensae) (15)(0) Greqam (Aix Marseille 2-3) (27)(-2) 1 133.61 100.0 2 84.72 63.4 3 62.03 46.4 4 55.78 41.8 5 54.87 41.1 6 42.22 31.6 Centre (Cired) (7)(+17) 7 37.48 28.1 Greghec (Hec) (61)(+5) 8 35.87 26.9 Preg (Ec. Polytechnique) (19)(-2) 9 33.89 25.4 Grecsta (Crest-Ensae) (15)(-1) 10 32.92 24.6 Smart (Inra Rennes) (11)(+3) 11 27.74 20.8 Ces (Pse-Paris 1) (80)(-1) 12 25.50 19.1 Ermes (Paris 2) (10)(+4) 13 23.44 17.6 Thema (Cergy Pontoise) (32)(-4) 14 23.26 17.4 Centre (Lille 2) (10)(+25) 15 23.16 17.3 Autre (Tse-Toulouse 1) (7)(-4) 16 20.47 15.3 Gate (Lyon 2) (19)(+13) 17 20.19 15.1 Cerdi (Clermont 1) (18)(+8) 18 20.10 15.0 Economix (Paris 10) (44)(+3) 19 19.27 14.4 Non-Cermes (Paris 11) (8)(+15) 20 18.92 14.2 Centre (Besancon) (16)(+10) 21 17.96 13.4 Centre (Pau) (9)(+24) 22 17.34 13.0 Centre (Chambery) (12)(+34) 23 17.04 12.8 Centre (Strasbourg 3) (11)(-9) 24 16.77 12.6 Centre (Le Mans) (11)(-17) 25 16.10 12.1 Beta (Nancy 2-Strasb. 1) (52)(+2) 26 14.85 11.1 Gael (Grenoble 2-Inra) (10)(+7) 27 14.30 10.7 Centre (La Rochelle) (5)(-7) 28 13.98 10.5 Autre (Montpellier 1-Inra) (6)(-10) 29 12.70 9.5 Lef (Inra Nancy) (6)(+31) 30 12.44 9.3 Lirhe-Eco (Tse-Toulouse 1) (12)(+56) 31 12.32 9.2 Clerse-Eco (Lille 1-Poly. Lille) (23)(+17) 32 12.28 9.2 Centre (Paris 12) (7)(+45) 33 11.68 8.7 Aliss (Inra Ivry) (-16) 34 11.32 8.5 Centre (Nantes) (17)(-15) 35 11.28 8.4 Leo (Orleans) (19)(+1) 36 11.08 8.3 Centre (Montpellier 3) (6)(-12) 37 10.89 8.2 Mona-Tsv (Inra Ivry) (7)(+52) 38 10.88 8.1 Centre (Evry) (16)(-6) 39 10.78 8.1 Centre (Vers. tot. nor. centre rg. p.c. nor. Centre (La Rochelle) (5)(-6) Lef (Inra Nancy) (6)(+20) Centre (Angers) (14)(+6) Centre (Montpellier 3) (6)(-7) 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 69.9 68.4 66.1 59.9 57.5 56.9 56.8 53.9 53.6 53.5 51.8 51.5 50.3 46.2 46.2 46.0 41.4 40.2 37.6 36.9 36.8 35.9 30.6 28.2 28.1 24.5 17.9 16.8 14.0 10.3 Crem (Caen-Rennes 1) (64)(-16) Centre (Toulon) (5)(-20) Autre (Lille 1-Poly. Lille) (18)(-31) 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 7.27 7.17 6.99 6.99 6.77 6.51 5.79 5.42 5.27 5.27 5.12 4.91 4.90 4.85 4.72 4.55 4.45 4.33 3.79 3.66 3.31 2.94 2.89 2.72 2.66 2.56 2.33 2.01 1.53 1.48 Centre (Limoges) (9)(0) Autre (Pse-Paris 1) (13)(+4) Centre (La Reunion) (15)(-16) Cermes (Paris 11) (6)(+21) Centre (Rennes 2) (6)(+11) Centre (Littoral) (12)(-21) Centre (Mulhouse) (6)(-10) Centre (Marne La Vallee) (10)(-14) Autre (Aix Marseille 2-3) (25)(-9) Centre (Lille 3) (6)(+2) Centre (Poitiers) (17)(-11) Centre (Tours) (6)(-9) Centre (Ant. Guy.) (13)(-18) Centre (Le Havre) (11)(+1) Centre (Metz) (7)(-5) Non-Cepn (Paris 13) (7)(-9) Autre (Grenoble 2-Inra) (13)(-42) Centre (Toulon) (5)(-9) Centre (Brest) (12)(-23) Centre (Paris 5) (6)(-12) Non-Beta (Nancy 2-Strasb. 1) (7)(-17) Centre (Lyon 1) (5)(-2) Centre (Artois) (7)(-9) Centre (Amiens) (11)(-7) Centre (Corte) (6)(-2) Centre (Bretagne Sud) (7)(-7) 2.3 2.2 2.2 2.0 1.9 1.9 1.8 1.7 1.7 1.7 1.7 1.6 1.5 1.5 1.5 1.3 1.3 1.2 1.2 1.2 1.2 1.0 0.9 0.9 0.8 0.6 0.6 0.5 0.3 Cepn (Paris 13) (18)(0) Centre (Limoges) (9)(-13) Leg (Dijon) (32)(+18) Centre (Metz) (7)(-11) Centre (Marne La Vallee) (10)(-21) Gredeg (Nice) (34)(+2) Non-Cepn (Paris 13) (7)(-14) Centre (Paris 5) (6)(-28) Centre (Lyon 1) (5)(-5) Cerag (Grenoble 2-Inra) (35)(+9) Lem (Lille 1-Poly. Lille) (70)(+1) Centre (Angers) (14)(-2) Autre (Pse-Paris 1) (13)(-4) Centre (Littoral) (12)(-27) Non-Beta (Nancy 2-Strasb. 1) (7)(-34) Centre (La Reunion) (15)(-17) Centre (Le Havre) (11)(0) Centre (Ant. Table 1.27 Centres, Moins de 50 ans, Indice G, T=Dégressif centre rg. tot. nor. centre rg. p.c. nor. Pjse (Pse-Paris 1) (23)(+2) Gremaq (Tse-Toulouse 1) (41)(-1) Greghec (Hec) (61)(+1) Ces (Pse-Paris 1) (80)(-2) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 Pjse (Pse-Paris 1) (23)(0) Lerna (Tse-Toulouse 1) (14)(+1) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 Non-Grecsta (Crest-Ensae) (15)(+5) Greqam (Aix Marseille 2-3) (27)(-1) Grecsta (Crest-Ensae) (15)(+6) Lerna (Tse-Toulouse 1) (14)(-1) Economix (Paris 10) (44)(0) Beta (Nancy 2-Strasb. 1) (52)(-2) Preg (Ec. Polytechnique) (19)(0) Eco. Pub. (Inra Vers-Grig) (8)(+7) Thema (Cergy Pontoise) (32)(-6) Gate (Lyon 2) (19)(+6) Centre (Le Mans) (11)(-1) Crem (Caen-Rennes 1) (64)(-4) Ermes (Paris 2) (10)(+15) Drm (Paris 9) (43)(+7) Smart (Inra Rennes) (11)(+3) Centre (Cired) (7)(+22) Cerdi (Clermont 1) (18)(-3) Lem (Lille 1-Poly. Lille) (70)(-7) 77.6 100.0 69.1 89.0 66.6 85.8 59.6 76.9 53.7 69.3 45.3 58.4 41.7 53.7 41.7 53.8 41.1 53.0 39.6 51.0 39.4 50.7 32.6 42.0 31.9 41.2 31.4 40.5 30.4 39.2 28.9 37.2 28.3 36.5 25.3 32.7 25.1 32.3 24.2 31.3 23.8 30.7 23.7 30.6 Centre (Cired) (7)(+21) Eco. Pub. (Inra Vers-Grig) (8)(+2) Gremaq (Tse-Toulouse 1) (41)(-3) Non-Grecsta (Crest-Ensae) (15)(-1) Greqam (Aix Marseille 2-3) (27)(-3) Smart (Inra Rennes) (11)(+6) Preg (Ec. Polytechnique) (19)(-2) Centre (Chambery) (12)(+47) Grecsta (Crest-Ensae) (15)(-2) Ces (Pse-Paris 1) (80)(-1) Thema (Cergy Pontoise) (32)(-3) Economix (Paris 10) (44)(+8) Non-Cermes (Paris 11) (8)(+20) Centre (Le Mans) (11)(-8) Greghec (Hec) (61)(-4) Cerdi (Clermont 1) (18)(+8) Autre (Tse-Toulouse 1) (7)(-7) Autre (Montpellier 1-Inra) (6)(-1) Centre (Montpellier 3) (6)(+4) Lef (Inra Nancy) (6)(+39) 9.44 100.0 7.48 79.3 6.24 66.2 6.08 64.4 5.74 60.8 5.30 56.1 5.14 54.5 4.61 48.9 4.19 44.4 3.83 40.6 3.79 40.1 3.66 38.8 3.63 38.5 3.55 37.6 3.51 37.2 3.40 36.0 3.31 35.1 3.29 34.8 3.26 34.5 3.23 34.2 3.18 33.7 3.17 33.5 suite page suivante 96 UN PANORAMA DE LA RECHERCHE FRANÇAISE EN ÉCONOMIE suite de la page précédente centre Centre (Lille 2) (10)(+23) Centre (Chambery) (12)(+30) rg. tot. nor. 23 24 Centre (Besancon) (16)(+1) 25 Lirhe-Eco (Tse-Toulouse 1) (12)(+60) 26 Non-Gretha (Bordeaux 4) (17)(+29) 27 Centre (Nantes) (17)(-11) 28 Gael (Grenoble 2-Inra) (10)(+9) 29 Clerse-Eco (Lille 1-Poly. Lille) (23)(+1) 30 Gredeg (Nice) (34)(+4) 31 Centre (Vers. St Quentin) (17)(+18) 32 Leg (Dijon) (32)(+19) 33 Non-Cermes (Paris 11) (8)(+20) 34 Centre (Evry) (16)(-5) 35 Centre (Reims) (19)(+4) 36 Non-Drm (Paris 9) (27)(-9) 37 Centre (Pau) (9)(+24) 38 Leo (Orleans) (19)(-12) 39 Aliss (Inra Ivry) (13)(-17) 40 Gretha (Bordeaux 4) (26)(-17) 41 Centre (Strasbourg 3) (11)(-13) 42 Autre (Tse-Toulouse 1) (7)(-10) 43 Centre (St Etienne) (17)(-7) 44 Centre (Angers) (14)(+24) 45 Lameta (Montpellier 1-Inra) (17)(-29) 46 Non-Gate (Lyon 2) (17)(+19) 47 Cerag (Grenoble 2-Inra) (35)(-4) 48 Autre (Lille 1-Poly. Lille) (18)(-28) 49 Non-Ermes (Paris 2) (10)(-1) 50 Autre (Montpellier 1-Inra) (6)(-8) 51 Lest-Eco (Aix Marseille 2-3) (9)(+36) 52 Cepn (Paris 13) (18)(-8) 53 Centre (Rouen) (12)(+23) 54 Non-Crem (Caen-Rennes 1) (25)(-8) 55 Centre (Paris 8) (13)(-19) 56 Lef (Inra Nancy) (6)(+26) 57 Cesaer (Inra Dijon) (8)(-17) 58 Centre (Paris 12) (7)(+26) 59 Mona-Tsv (Inra Ivry) (7)(+31) 60 Centre (Perpignan) (8)(-26) 61 Lepii (Grenoble 2-Inra) (17)(+14) 62 Centre (Limoges) (9)(+2) 63 Centre (Mulhouse) (6)(-3) 64 Centre (Poitiers) (17)(-2) 65 Centre (Tours) (6)(+1) 66 Autre (Pse-Paris 1) (13)(+3) 67 Centre (Montpellier 3) (6)(-11) 68 Autre (Aix Marseille 2-3 (25)(-5) 69 Centre (La Reunion) (15)(-18) 70 Centre (Marne La Vallee) (10)(-11) 71 Centre (Le Havre) (11)(+7) 72 Centre (Toulon) (5)(0) 73 Cermes (Paris 11) (6)(+16) 74 Centre (Metz) (7)(-1) 75 Centre (Lille 3) (6)(0) 76 Centre (La Rochelle) (5)(-22) 77 Centre (Rennes 2) (6)(+2) 78 Non-Beta (Nancy 2-Strasb. 1) (7)(-11) 79 Centre (Ant. 23 24 25 26 Beta (Nancy 2-Strasb. 1) (52)(+1) 27 Centre (Paris 12) (7)(+50) 28 Gael (Grenoble 2-Inra) (10)(+5) 29 Ermes (Paris 2) (10)(-13) 30 Lest-Eco (Aix Marseille 2-3) (9)(+57) 31 Lameta (Montpellier 1-Inra) (17)(-9) 32 Centre (Rennes 2) (6)(+31) 33 Centre (Evry) (16)(-1) 34 Centre (La Rochelle) (5)(-14) 35 Clerse-Eco (Lille 1-Poly. Lille) (23)(+13) 36 Leo (Orleans) (19)(0) 37 Lepii (Grenoble 2-Inra) (17)(+47) 38 Cermes (Paris 11) (6)(+50) 39 Aliss (Inra Ivry) (13)(-22) 40 Lirhe-Eco (Tse-Toulouse 1) (12)(+47) 41 Centre (Rouen) (12)(+37) 42 Mona-Tsv (Inra Ivry) (7)(+47) 43 Non-Cepn (Paris 13) (7)(+11) 44 Centre (Besancon) (16)(-14) 45 Centre (Mulhouse) (6)(-19) 46 Centre (Paris 8) (13)(-8) 47 Cepn (Paris 13) (18)(+15) 48 Gretha (Bordeaux 4) (26)(-1) 49 Centre (Nantes) (17)(-30) 50 Crem (Caen-Rennes 1) (64)(-6) 51 Non-Drm (Paris 9) (27)(+2) 52 Centre (Lille 2) (10)(-13) 53 Cesaer (Inra Dijon) (8)(-25) 54 Centre (St Etienne) (17)(-4) 55 Centre (Toulon) (5)(-14) 56 Centre (Vers. St Quentin) (17)(+9) 57 Autre (Lille 1-Poly. Lille) (18)(-26) 58 Centre (Reims) (19)(+1) 59 Non-Ermes (Paris 2) (10)(-20) 60 Drm (Paris 9) (43)(+8) 61 Centre (Tours) (6)(-26) 62 Centre (Lille 3) (6)(-10) 63 Non-Gretha (Bordeaux 4) (17)(+4) 64 Non-Gate (Lyon 2) (17)(+12) 65 Centre (Metz) (7)(-10) 66 Gredeg (Nice) (34)(+4) 67 Centre (Marne La Vallee) (10)(-21) 68 Centre (Le Havre) (11)(+11) 69 Cerag (Grenoble 2-Inra) (35)(+12) 70 Autre (Pse-Paris 1) (13)(+1) Centre (Littoral) (12)(-22) 72 Lem (Lille 1-Poly. Lille) (70)(+2) 73 Leg (Dijon) (32)(+10) 74 Centre (La Reunion) (15)(-13) 75 Centre (Limoges) (9)(-24) 76 Centre (Paris 5) (6)(-34) 77 Non-Beta (Nancy 2-Strasb. 1) (7)(-34) 78 Autre (Grenoble 2-Inra) (13)(-38) 79 Centre (Ant. centre rg. p.c. nor. 87 88 89 90 Centre (Bretagne Sud) (7)(-17) Centre (Poitiers) (17)(-13) Autre (Aix Marseille 2-3) (25)(-3) Centre (Amiens) (11)(-9) 87 88 89 90 4.9 4.6 3.9 3.1 6.3 5.9 5.1 4.0 0.78 0.78 0.76 0.74 8.2 8.2 8.1 7.8 La colonne rg. donne le rang, la colonne tot. donne le score total, nor. le score normalisé par rapport à celui du premier classé, p.c. donne le score par chercheur. Entre les premières parenthèses se trouve le nombre de chercheurs, la variation de classement par rapport à Clm est donnée entre les deuxièmes parenthèses. Si cette variation est supérieure ou égale à 3, le nom est typographié en gras italique, si elle est inférieure ou égale à −3, le nom est typographié en italique, sinon le nom est simplement typographié en gras. 1.A.4. Universités, moins de 50 ans Table 1.28 Universités, Moins de 50 ans , Citations totales, T = Dégressif université rg. tot. nor. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 Lyon 2 (36)(+4) 12 Caen-Rennes 1 (89)(-3) 13 Grenoble 2-Inra (74)(0) 14 Inra Vers-Grig (8)(+5) 15 Bordeaux 4 (43)(+1) 16 Clermont 1 (19)(+2) 17 Paris 2 (19)(+3) 18 Inra Rennes (11)(+3) 19 Besancon (16)(+6) 20 Dijon (38)(+13) 21 Cired (7)(+14) 22 Montpellier 1-Inra (26)(-11) 23 Lille 2 (10)(+13) 24 Orleans (21)(-1) 25 Inra Ivry (19)(-3) 26 Chambery (12)(+15) 27 Nice (38)(-3) 28 Paris 11 (13)(+10) 29 Nantes (17)(-12) 30 Strasbourg 3 (11)(-4) 31 Le Mans (11)(-17) 32 Versailles St Quentin (17)(+7) 33 Evry (16)(-6) 34 Paris 13 (25)(-6) 35 Pau (9)(+13) 36 Reims (19)(-4) 37 St Etienne (17)(-7) 38 Paris 8 (13)(-7) 39 Rouen (12)(+18) 40 Inra Dijon (8)(-6) 41 Paris 12 (7)(+24) 42 Perpignan (8)(-13) 43 5168.0 100.0 4032.6 78.0 2188.3 42.3 1301.4 25.2 1260.4 24.4 861.8 16.7 800.3 15.5 747.8 14.5 734.0 14.2 632.1 12.2 593.7 11.5 560.3 10.8 533.9 10.3 481.9 9.3 446.2 8.6 363.0 7.0 361.8 7.0 310.4 6.0 305.2 5.9 287.3 5.6 272.5 5.3 243.6 4.7 232.6 4.5 231.6 4.5 213.0 4.1 212.2 4.1 204.4 4.0 201.9 3.9 195.7 3.8 186.1 3.6 182.8 3.5 181.2 3.5 176.6 3.4 167.1 3.2 159.3 3.1 156.1 3.0 150.6 2.9 141.0 2.7 127.4 2.5 97.5 1.9 81.0 1.6 75.9 1.5 74.8 1.5 Pse-Paris 1 (115)(+1) Tse-Toulouse 1 (74)(-1) Hec (61)(+1) Crest-Ensae (30)(+1) Aix Marseille 2-3 (61)(-2) Paris 10 (46)(+2) Nancy 2-Strasbourg 1 (59)(-1) Lille 1-Polytech Lille (111)(+1) Cergy Pontoise (33)(-2) Ec. Polytechnique (19)(+1) Paris 9 (70)(+2) université Inra Vers-Grig (8)(+2) Tse-Toulouse 1 (74)(-1) Pse-Paris 1 (115)(+1) Crest-Ensae (30)(-2) rg. p.c. nor. 1 2 3 4 Cired (7)(+12) 5 Hec (61)(+3) 6 Ec. Polytechnique (19)(-2) 7 Inra Rennes (11)(+2) 8 Lille 2 (10)(+21) 9 Cergy Pontoise (33)(-3) 10 Aix Marseille 2-3 (61)(-3) 11 Clermont 1 (19)(+7) 12 Paris 10 (46)(+2) 13 Besancon (16)(+10) 14 Pau (9)(+19) 15 Chambery (12)(+27) 16 Strasbourg 3 (11)(-6) 17 Paris 2 (19)(+4) 18 Le Mans (11)(-13) 19 Lyon 2 (36)(+13) 20 Paris 11 (13)(+20) 21 La Rochelle (5)(-8) 22 Nancy 2-Strasbourg 1 (59)(0) 23 Inra Nancy (6)(+26) 24 Paris 12 (7)(+37) 25 Nantes (17)(-13) 26 Inra Ivry (19)(-1) 27 Montpellier 3 (6)(-10) 28 Evry (16)(-4) 29 Orleans (21)(-2) 30 Versailles St Quentin (17)(+27) 31 Paris 8 (13)(-3) 32 Inra Dijon (8)(-12) 33 Mulhouse (6)(-14) 34 Perpignan (8)(-23) 35 Montpellier 1-Inra (26)(-20) 36 Rennes 2 (6)(+16) 37 Bordeaux 4 (43)(+7) 38 Paris 9 (70)(+13) 39 Tours (6)(-13) 40 St Etienne (17)(-4) 41 Rouen (12)(+21) 42 Reims (19)(+4) 43 55.78 100.0 54.64 98.0 44.86 80.4 43.67 78.3 37.48 67.2 35.87 64.3 33.89 60.8 27.74 49.7 23.16 41.5 22.24 39.9 20.83 37.4 19.04 34.1 18.72 33.6 17.96 32.2 17.34 31.1 17.04 30.5 16.77 30.1 16.34 29.3 16.10 28.9 15.61 28.0 15.06 27.0 13.98 25.1 13.68 24.5 12.44 22.3 11.68 20.9 11.28 20.2 11.17 20.0 10.89 19.5 10.78 19.3 10.39 18.6 10.39 18.6 10.19 18.3 10.12 18.2 9.42 16.9 9.35 16.8 8.95 16.0 8.94 16.0 8.54 15.3 8.48 15.2 8.37 15.0 8.30 14.9 8.12 14.6 7.92 14.2 suite page suivante 98 UN PANORAMA DE LA RECHERCHE FRANÇAISE EN ÉCONOMIE suite de la page précédente université La Rochelle (5)(-1) Inra Nancy (6)(+18) Angers (14)(+7) Montpellier 3 (6)(-3) Limoges (9)(+3) La Reunion (15)(-8) Rennes (6)(+11) Littoral (12)(-13) Mulhouse (6)(-4) Marne La Vallee (10)(-8) Lille 3 (6)(+3) Poitiers (17)(-4) Tours (6)(-4) Antilles Guyane (13)(-11) Le Havre (11)(+2) Metz (7)(-3) Toulon (5)(-5) Brest (12)(-14) Paris 5 (6)(-8) Lyon 1 (5)(+2) Artois (7)(-5) Amiens (11)(-3) Corte (6)(+1) Bretagne Sud (7)(-3) rg. tot. nor. université rg. p.c. nor. 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 69.9 68.4 66.1 59.9 57.5 56.8 53.6 53.5 51.8 51.5 46.2 46.2 46.0 41.4 40.2 37.6 35.9 30.6 28.2 24.5 17.9 16.8 14.0 10.3 Lille 3 (6)(-4) Dijon (38)(+21) Toulon (5)(-15) Limoges (9)(-9) 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 1.4 1.3 1.3 1.2 1.1 1.1 1.0 1.0 1.0 1.0 0.9 0.9 0.9 0.8 0.8 0.7 0.7 0.6 0.5 0.5 0.4 0.3 0.3 0.2 Lille 1-Polytech Lille (111)(0) Grenoble 2-Inra (74)(+7) Paris 13 (25)(-1) Caen-Rennes 1 (89)(-12) Metz (7)(-10) Marne La Vallee (10)(-18) Nice (38)(0) Paris 5 (6)(-23) Lyon 1 (5)(+2) Angers (14)(+3) Littoral (12)(-22) La Reunion (15)(-8) Le Havre (11)(+4) Antilles Guyane (13)(-15) Poitiers (17)(-1) Brest (12)(-19) Artois (7)(-9) Corte (6)(+2) Amiens (11)(-1) Bretagne Sud (7)(-8) 7.70 7.27 7.17 6.77 6.74 6.51 6.50 6.03 5.79 5.42 5.31 5.12 4.91 4.72 4.45 3.79 3.66 3.31 2.72 2.66 2.56 2.33 1.53 1.48 13.8 13.0 12.9 12.1 12.1 11.7 11.7 10.8 10.4 9.7 9.5 9.2 8.8 8.5 8.0 6.8 6.6 5.9 4.9 4.8 4.6 4.2 2.7 2.7 La colonne rg. donne le rang, la colonne tot. donne le score total, nor. le score normalisé par rapport à celui du premier classé, p.c. donne le score par chercheur. Entre les premières parenthèses se trouve le nombre de chercheurs, la variation de classement par rapport à Clm est donnée entre les deuxièmes parenthèses. Si cette variation est supérieure ou égale à 3, le nom est typographié en gras italique, si elle est inférieure ou égale à −3, le nom est typographié en italique, sinon le nom est simplement typographié en gras. Table 1.29 Universités, Moins de 50 ans, Indice G, T=Dégressif université rg. tot. nor. université rg. p.c. nor. Tse-Toulouse 1 (74)(0) Pse-Paris 1 (115)(0) Hec (61)(+1) Aix Marseille 2-3 (61)(-1) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 Cired (7)(+16) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 Paris 10 (46)(+3) Nancy 2-Strasbourg 1 (59)(0) (19)(+4) Ec. Polytechnique Crest-Ensae (30)(-3) Lyon 2 (36)(+7) Inra Vers-Grig (8)(+10) Cergy Pontoise (33)(-4) Paris 2 (19)(+9) Le Mans (11)(+2) Caen-Rennes 1 (89)(-4) Lille 1-Polytech Lille (111)(-5) Paris 9 (70)(-3) Bordeaux 4 (43)(0) Clermont 1 (19)(-2) Inra Rennes (11)(+5) Grenoble 2-Inra (74)(-5) Cired (7)(+16) Lille 2 (10)(+15) Chambery (12)(+19) Besancon (16)(+2) Dijon (38)(+9) Inra Ivry (19)(-3) 72.2 100.0 69.4 96.2 66.6 92.2 46.4 64.3 41.6 57.6 40.3 55.8 39.4 54.5 39.1 54.2 33.9 47.0 32.6 45.2 31.9 44.2 31.2 43.2 30.4 42.1 30.0 41.5 30.0 41.6 29.2 40.5 25.1 34.8 25.1 34.8 24.6 34.1 24.2 33.6 23.8 33.0 22.9 31.8 22.8 31.6 22.5 31.1 21.3 29.6 20.6 28.6 Inra Vers-Grig (8)(+1) Tse-Toulouse 1 (74)(-2) Inra Rennes (11)(+6) Pse-Paris 1 (115)(-1) Crest-Ensae (30)(-4) Ec. Polytechnique (19)(-2) Chambery (12)(+35) Paris 10 (46)(+6) Cergy Pontoise (33)(-3) Le Mans (11)(-5) Hec (61)(-3) Montpellier 3 (6)(+5) Inra Nancy (6)(+36) Clermont 1 (19)(+4) Paris 11 (13)(+25) Aix Marseille 2-3 (61)(-9) Perpignan (8)(-6) Strasbourg 3 (11)(-7) Pau (9)(+14) Montpellier 1-Inra (26)(-5) Paris 12 (7)(+40) Nancy 2-Strasbourg 1 Rennes 2 (6)(+29) Evry (16)(0) La Rochelle (5)(-12) (59)(0) 6.24 100.0 6.08 97.4 5.30 84.8 4.61 73. 4.58 73.3 4.53 72.5 4.19 67.1 3.83 61.3 3.51 56.2 3.49 55.9 3.40 54.5 3.31 53.0 3.18 51.0 3.17 50.7 3.11 49.9 3.00 48.1 2.97 47.5 2.95 47.3 2.95 47.3 2.93 47.0 2.84 45.5 2.81 45.0 2.68 43.0 2.57 41.1 2.50 40.0 2.48 39.7 suite page suivante 99 1.A. CLASSEMENTS PAR ANNÉE DE CARRIÈRE ET SUR LES MOINS DE 50 ANS suite de la page précédente université rg. tot. nor. université Paris 11 (13)(+12) Montpellier 1-Inra (26)(-16) Nice (38)(-3) Nantes (17)(-12) Versailles St Quentin (17)(+9) Evry (16)(-4) 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 Lyon 2 (36)(+7) Reims (19)(0) Pau (9)(+15) Orleans (21)(-11) Strasbourg 3 (11)(-9) St Etienne (17)(-6) Angers (14)(+15) Paris 13 (25)(-10) Rouen (12)(+18) Inra Nancy (6)(+22) Paris 8 (13)(-9) Inra Dijon (8)(-8) Paris 12 (7)(+22) Perpignan (8)(-15) Limoges (9)(+5) Mulhouse (6)(+1) Poitiers (17)(+2) Tours (6)(+3) Montpellier 3 (6)(-6) La Reunion (15)(-10) Marne La Vallee (10)(-6) Le Havre (11)(+7) Toulon (5)(+1) Metz (7)(+1) Lille 3 (6)(+1) La Rochelle (5)(-14) Rennes 2 (6)(+3) Antilles Guyane (13)(-13) Brest (12)(-12) Littoral (12)(-23) Paris 5 (6)(-8) Artois (7)(-4) Corte (6)(+3) Lyon 1 (5)(0) Bretagne Sud Amiens (11)(-5) (7)(-2) 20.5 20.2 20.2 19.7 19.0 18.4 18.3 17.7 17.3 16.7 15.6 15.3 14.5 13.1 12.4 12.4 12.3 12.1 12.0 11.8 11.5 11.2 10.9 10.4 10.2 10.2 9.9 9.8 9.5 9.4 9.3 9.2 8.2 8.2 7.6 7.5 5.6 4.9 4.6 3.9 3.1 28.4 28.0 28.0 27.3 26.3 25.5 25.4 24.6 24.0 23.1 21.6 21.2 20.2 18.1 17.2 17.2 17.1 16.8 16.6 16.4 16.0 15.5 15.0 14.4 14.2 14.1 13.7 13.5 13.1 13.1 12.9 12.8 11.4 11.4 10.5 10.4 7.8 6.8 6.4 5.5 4.3 rg. p.c. nor. 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 Versailles St Quentin (17)(+14) 43 Reims (19)(+3) 44 Grenoble 2-Inra (74)(+11) 45 Caen-Rennes 1 (89)(-7) 46 Tours (6)(-19) 47 Lille 3 (6)(-8) 48 Nice (38)(+5) 49 Lille 1-Polytech Lille (111)(-2) 50 Metz (7)(-9) 51 Marne La Vallee (10)(-17) 52 Le Havre (11)(+11) 53 Dijon (38)(+12) 54 Littoral (12)(-19) 55 La Reunion (15)(-5) 56 Limoges (9)(-19) 57 Paris 5 (6)(-26) 58 Antilles Guyane (13)(-13) 59 Corte (6)(+7) 60 Brest (12)(-17) 61 Artois (7)(-7) 62 Lyon 1 (5)(-5) 63 Angers (14)(-4) 64 Bretagne Sud (7)(-6) 65 Poitiers (17)(-4) 66 Amiens (11)(-2) 67 Inra Ivry (19)(-2) Paris 2 (19)(-6) Rouen (12)(+33) Orleans (21)(-3) Besancon (16)(-8) Mulhouse (6)(-13) Paris 13 (25)(+16) Paris 8 (13)(-4) Nantes (17)(-23) Lille 2 (10)(-7) Inra Dijon (8)(-17) St Etienne (17)(-2) Toulon (5)(-9) Bordeaux 4 (43)(+4) Paris 9 (70)(+10) 2.48 2.27 2.27 2.26 2.25 2.19 2.18 2.18 2.18 2.13 2.09 2.04 2.01 2.00 1.97 1.93 1.92 1.85 1.83 1.79 1.79 1.72 1.71 1.68 1.65 1.61 1.56 1.49 1.44 1.30 1.28 1.26 1.05 1.03 0.97 0.93 0.92 0.91 0.78 0.78 0.74 39.7 36.4 36.4 36.2 36.1 35.2 34.9 34.9 35.0 34.2 33.5 32.6 32.3 32.0 31.5 31.0 30.7 29.7 29.4 28.7 28.7 27.5 27.4 26.9 26.4 25.7 25.0 23.9 23.1 20.9 20.4 20.3 16.9 16.4 15.5 14.9 14.7 14.6 12.4 12.5 11.9 La colonne rg. donne le rang, la colonne tot. donne le score total, nor. le score normalisé par rapport à celui du premier classé, p.c. donne le score par chercheur. Entre les premières parenthèses se trouve le nombre chercheurs, la variation de classement par rapport à Clm est donnée entre les deuxièmes parenthèses. Si cette variation est supérieure ou égale à 3, le nom est typographié en gras italique, si elle est inférieure ou égale à simplement typographié en gras. −3, le nom est typographié en italique, sinon le nom est 100 1.B. UN PANORAMA DE LA RECHERCHE FRANÇAISE EN ÉCONOMIE Classements ne gardant que les 10 ou 30 chercheurs les plus productifs 1.B.1. Centres Table 1.30 Centres, 10 ou 30 plus productifs, Citations totales, T=Dégressif centre (top 10) Gremaq (Tse- Toulouse P jse (Pse-Paris 1)(0) Ces (Pse-Paris 1)(+2) rg. p.c. nor. 1)(0) 1 2 3 Non-Grecsta (Crest-Ensae) (+5) 4 Greghec (Hec)(-1) 5 Greqam (Aix Marseille 2-3)(-3) 6 Grecsta (Crest-Ensae)(+1) 7 Lerna (Tse-Toulouse 1)(-1) 8 Centre (Iep Paris) (+3) 9 Preg (Ec. Polytechnique)(-4) 10 Economix (Paris 10)(+2) 11 Drm (Paris 9) (+14) 12 Beta (Nancy 2-Strasb. 1)(-2) 13 Lameta (Montpellier 1-Inra)(+1) 14 Thema (Cergy Pontoise)(-5) 15 Eco. Pub. (Inra Vers-Grig) (+3) 16 Gredeg (Nice) (+8) 17 Gate (Lyon 2) (+6) 18 Cerdi (Clermont 1) (+9) 19 Centre (Cired) (+15) 20 Leg (Dijon) (+31) 21 Centre (Besancon)(-1) 22 Cepn (Paris 13) (+13) 23 Autre (Tse-Toulouse 1)(-8) 24 Centre (Ens Cachan)(-2) 25 Gretha (Bordeaux 4) (+4) 26 Smart (Inra Rennes)(+2) 27 Crem (Caen-Rennes 1)(-11) 28 Centre (Vers. St Quentin) (+23) 29 Non-Gate (Lyon 2) (+21) 30 Clerse-Eco (Lille 1-Poly. Lille) (+13) 31 Non-Drm (Paris 9)(-13) 32 Ermes (Paris 2)(-1) 33 Centre (Strasbourg 3)(-2) 34 Non-Cermes (Paris 11) (+28) 35 Centre (Nantes)(-16) 36 Gael (Grenoble 2-Inra)(+1) 37 Non-Gretha (Bordeaux 4) (+3) 38 Cerag (Grenoble 2-Inra) (+21) 39 Lirhe-Eco (Tse-Toulouse 1) (+47) 40 Centre (Lille 2) (+16) 41 Lem (Lille 1-Poly. Lille)(-20) 42 Cermes (Paris 11) (+56) 43 Iredu-Eco (Dijon) (+50) 44 Leo (Orleans)(-10) 45 Centre (Chambery) (+22) 46 Centre (Le Mans)(-32) 47 Centre (Pau) (+10) 48 Lepii (Grenoble 2-Inra) (+31) 49 Autre (Pse-Paris 1) (+21) 50 605.2 100.0 405.4 67.0 205.6 34.0 158.5 26.2 158.2 26.2 135.1 22.3 134.1 22. 122.6 20.3 101.2 16.7 95.0 15.7 80.7 13.3 78.7 13.0 75.9 12.6 69.3 11.5 59.6 9.9 51.4 8.5 48.8 8.1 46.1 7.6 45.2 7.5 44.7 7.4 40.5 6.7 38.5 6.4 37.4 6.2 36.7 6.1 34.3 5.7 33.5 5.5 33.1 5.5 32.1 5.3 30.9 5.1 29.9 4.9 29.7 4.9 29.7 4.9 28.3 4.7 28.0 4.6 27.1 4.5 26.8 4.4 26.6 4.4 26.0 4.3 24.9 4.1 23.6 3.9 23.3 3.9 23.2 3.8 21.5 3.6 21.0 3.5 21.0 3.5 20.2 3.3 20.2 3.3 20.2 3.3 20.1 3.3 18.3 3.0 centre (top 30) Gremaq (Tse-Toulouse Pjse (Pse-Paris 1)(0) Ces (Pse-Paris 1)(0) rg. p.c. nor. 1)(0) 1 2 3 Centre (Iep Paris) (+3) 4 Greghec (Hec)(+1) 5 Lerna (Tse-Toulouse 1)(-1) 6 Greqam (Aix Marseille 2-3)(-3) 7 Non-Grecsta (Crest-Ensae) (+6) 8 Grecsta (Crest-Ensae)(-1) 9 Eco. Pub. (Inra Vers-Grig) (+5) 10 Preg (Ec. Polytechnique)(-2) 11 Economix (Paris 10)(-1) 12 Beta (Nancy 2-Strasb. 1)(-3) 13 Drm (Paris 9) (+25) 14 Centre (Ens Cachan)(-4) 15 Centre (Cired) (+5) 16 Smart (Inra Rennes)(-1) 17 Thema (Cergy Pontoise)(-7) 18 Lameta (Montpellier 1-Inra) (+11) 19 Centre (Strasbourg 3)(0) 20 Cerdi (Clermont 1) (+13) 21 Gredeg (Nice) (+11) 22 Gate (Lyon 2)(+2) 23 Gael (Grenoble 2-Inra) (+7) 24 Centre (Lille 2) (+22) 25 Iredu-Eco (Dijon) (+59) 26 Non-Cermes (Paris 11) (+31) 27 Ermes (Paris 2)(0) 28 Crem (Caen-Rennes 1)(-11) 29 Centre (Besancon)(-1) 30 Autre (Tse-Toulouse 1)(-7) 31 Leg (Dijon) (+40) 32 Non-Drm (Paris 9)(-6) 33 Cepn (Paris 13) (+12) 34 Gretha (Bordeaux 4)(+1) 35 Centre (La Rochelle)(-17) 36 Centre (Chambery) (+26) 37 Centre (Vers. St Quentin) (+32) 38 Lef (Inra Nancy) (+17) 39 Centre (Nantes)(-17) 40 Lem (Lille 1-Poly. Lille)(-3) 41 Lirhe-Eco (Tse-Toulouse 1) (+50) 42 Cermes (Paris 11) (+58) 43 Centre (Pau) (+13) 44 Clerse-Eco (Lille 1-Poly. Lille) (+7) 45 Centre (Paris 7) (+41) 46 Cerag (Grenoble 2-Inra) (+34) 47 Cesaer (Inra Dijon)(-27) 48 Non-Gate (Lyon 2) (+24) 49 Centre (Le Mans)(-33) 50 243.3 100.0 177.4 72.9 104.9 43.1 101.2 41.6 85.2 35.0 70.1 28.8 61.7 25.4 59.2 24.4 5 23.4 43.1 17.7 40.4 16.6 36.7 15.1 36.3 14.9 34.5 14.2 34.3 14.1 33.4 13.7 28.6 11.8 26.2 10.8 24.6 10.1 22.0 9.1 20.6 8.5 20.3 8.4 19.5 8.0 18.9 7.8 18.0 7.4 17.7 7.3 17.6 7.2 17.5 7.2 17.0 7.0 16.8 6.9 16.4 6.7 15.8 6.5 14.8 6.1 14.6 6.0 14.4 5.9 14.0 5.8 13.8 5.7 13.3 5.5 12.9 5.3 12.8 5.3 12.8 5.3 12.6 5.2 12.4 5.1 12.3 5.0 11.7 4.8 11.5 4.7 11.5 4.7 11.4 4.7 11.4 4.7 11.2 4.6 suite page suivante 1.B. CLASSEMENTS NE GARDANT QUE LES 10 OU 30 CHERCHEURS LES PLUS PRODUCTIFS 101 suite de la page précédente centre (top 10) rg. p.c. nor. centre (top 30) rg. p.c. nor. Centre (Reims)(-6) Aliss (Inra Ivry)(-25) Autre (Aix Marseille 2-3) (+6) Centre (Paris 8)(-12) Mona-Tsv (Inra Ivry) (+46) Centre (Evry)(-19) Autre (Lille 1-Poly. Lille)(-26) Non-Ermes (Paris 2)(-19) Centre (La Rochelle)(-19) Centre (St Etienne)(-10) Lef (Inra Nancy) (+16) Centre (Paris 12) (+12) Cesaer (Inra Dijon)(-19) Lest-Eco (Aix Marseille 2-3) (+29) Centre (Paris 7) (+31) 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 Lest-Eco (Aix Marseille 2-3) (+36) Aliss (Inra Ivry)(-26) Centre (Evry)(-18) Non-Gretha (Bordeaux 4) (+5) Mona-Tsv (Inra Ivry) (+47) Moisa (Montpellier 1-Inra)(-6) Lepii (Grenoble 2-Inra) (+35) Centre (Lille 3)(-20) Leo (Orleans)(-11) Centre (Rennes 2) (+8) Centre (Montpellier 3)(-19) Centre (Perpignan)(-29) Centre (Paris 8)(-11) Non-Ermes (Paris 2)(-19) Autre (Aix Marseille 2-3) (+17) 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 Non-Crem (Caen-Rennes 1)(-2) Autre (Montpellier 1-Inra)(-19) Centre (Rouen) (+21) Centre (Limoges)(-12) Autre (Grenoble 2-Inra)(-25) Centre (Lille 3)(-17) Centre (La Reunion)(-23) Moisa (Montpellier 1-Inra)(0) Centre (Perpignan)(-27) Centre (Rennes 2) (+9) Non-Beta (Nancy 2-Strasb. 1) (+4) Non-Cepn (Paris 13) (+4) Centre (Montpellier 3)(-9) Centre (Angers) (+3) Centre (Vale s) (+11) Centre (Toulon)(-5) Non-Gredeg (Nice)(-7) Centre (Mulhouse)(-17) Centre (Cnam)(-11) Autre (Dijon) (+12) Centre (Tours)(-25) Centre (Poitiers)(-32) Centre (Toulouse 2) (+15) Centre (Littoral)(-29) Centre (Marne La Vallee)(-20) Centre (Brest)(-25) Centre (Ant. Guy.)(-27) Centre (Lyon 1)(-7) Centre (Le Havre)(-4) Centre (Artois)(-12) Centre (Metz)(-10) Centre (Paris 5)(-20) Centre (Amiens)(-10) Centre (Toulouse 3)(+1) Centre (Lyon 3)(-2) Non-Economix (Paris 10)(-5) Centre (Corte)(-3) Centre (Bretagne Sud)(-10) 17.8 17.1 17.0 16.7 16.5 16.2 16.1 14.4 14.0 13.7 12.9 12.6 12.6 12.3 11.5 10.5 10.4 10.4 9.6 9.1 8.8 8.6 8.6 8.5 7.7 7.7 7.5 7.4 7.3 6.4 6.3 6.3 6.2 6.1 5.9 5.9 5.8 5.5 5.4 5.3 5.0 4.9 4.9 4.2 4.0 3.9 3.3 2.9 2.8 2.6 1.8 1.5 0.9 2.9 2.8 2.8 2.8 2.7 2.7 2.7 2.4 2.3 2.3 2.1 2.1 2.1 2.0 1.9 1.7 1.7 1.7 1.6 1.5 1.5 1.4 1.4 1.4 1.3 1.3 1.3 1.2 1.2 1.1 1.0 1.1 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0 0.9 0.9 0.9 0.8 0.8 0.8 0.7 0.7 0.6 0.6 0.5 0.5 0.4 0.3 0.2 0.2 Centre (Reims)(0) Centre (St Etienne)(-8) Autre (Pse-Paris 1) (+17) Centre (Valenciennes) (+10) Non-Cepn (Paris 13)(+1) Centre (Mulhouse)(-31) Centre (Cnam)(-21) Autre (Lille 1-Poly. Lille)(-32) Centre (Toulon)(-13) Centre (Toulouse 2) (+28) Autre (Dijon) (+19) Centre (Limoges)(-9) Non-Gredeg (Nice)(-13) Autre (Montpellier 1-Inra)(-24) Centre (Marne La Vallee)(-37) Centre (Lyon 1)(-12) Centre (Rouen) (+15) Centre (Tours)(-38) Centre (Paris 12) (+6) Centre (La Reunion)(-31) Centre (Littoral)(-37) Centre (Angers)(-3) Autre (Grenoble 2-Inra)(-24) Non-Crem (Caen-Rennes 1)(-6) Non-Beta (Nancy 2-Strasb. 1)(0) Centre (Artois)(-15) Centre (Paris 5)(-30) Centre (Metz)(-14) Centre (Le Havre)(-7) Centre (Toulouse 3) (+5) Centre (Brest)(-22) Centre (Ant. Guy.)(-21) Centre (Poitiers)(-23) Centre (Corte)(-3) Non-Economix (Paris 10)(-3) Centre (Bretagne Sud)(-21) Centre (Amiens)(-8) Centre (Lyon 3)(-3) 9.8 9.6 9.4 9.2 8.6 8.1 8.0 7.9 7.7 7.4 7.4 6.9 6.8 6.7 6.6 6.6 6.4 6.4 6.3 6.2 6.1 5.9 5.7 5.5 5.4 5.4 5.3 5.2 5.1 4.9 4.9 4.9 4.7 4.6 4.2 4.1 4.0 3.6 3.3 3.2 3.2 3.1 2.8 2.8 2.5 2.4 2.3 1.8 1.8 1.5 1.4 0.9 4.0 3.9 3.9 3.9 3.8 3.5 3.3 3.3 3.2 3.2 3.1 3.1 2.8 2.8 2.8 2.7 2.7 2.6 2.6 2.6 2.5 2.5 2.4 2.4 2.3 2.2 2.2 2.2 2.1 2.1 2.0 2.0 2.0 2.0 1.9 1.7 1.7 1.7 1.5 1.4 1.3 1.3 1.3 1.2 1.1 1.0 1.0 0.9 0.7 0.8 0.6 0.6 0.4 La colonne rg. donne le rang, la colonne tot. donne le score total, nor. le score normalisé par rapport à celui du premier classé, p.c. donne le score par chercheur.
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La kinésithérapie peut-elle jouer un rôle dans la prévention des traumatismes périneaux lors de l’accouchement ?. Médecine humaine et pathologie. 2022. &#x27E8;dumas-03978424&#x27E9;
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La kinésithérapie peut-elle jouer un rôle dans la prévention des traumatismes périneaux lors de l’accouchement? a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. 1.1.1 AIX-MARSEILLE UNIVERSITÉ ÉCOLE DES SCIENCES DE LA RÉADAPTATION FORMATION EN MASSO-KINÉSITHÉRAPIE LA KINESITHERAPIE PEUT-ELLE JOUER UN ROLE DANS LA PREVENTION DES TRAUMATISMES PERINEAUX LORS DE L’ACCOUCHEMENT? NARDINI Lisa Directeur de mémoire : M. ASSOULINE Hervé D.E.M.K Marseille Remerciements Je voudrais tout d’abord remercier mon directeur de mémoire, Hervé ASSOULINE, qui m’a beaucoup aidée dans la rédaction de ce mémoire. Je tiens à remercier sa grande disponibilité, son soutien et ses précieux conseils. Je tiens également à remercier trois personnes en particulier, qui ont su me mettre des étoiles dans les yeux durant mes stages, mais qui m’ont aussi inculqué des valeurs humaines. C’est grâce à eux que j’ai appris à autant aimer le domaine de la kinésithérapie . Merci à Rémy GUICHARD, grâce à qui j’ai pu être apprentie à la Bourbonne. Merci à Raphaël RODGOLD, qui m’a motivée à devenir kiné depuis mon premier job d’été. Merci à Harith AL-KAZAZ, qui est un pédagogue exceptionnel, et dont les précieux conseils m’accompagneront toute ma vie. Ensuite je voudrais remercier toute ma famille. J’ai pu grâce à eux surmonter de nombreux moments de doutes et de faiblesse. Merci à ma Maman, qui m’a toujours poussée vers le haut. C’est grâce à toi que j’en suis là aujourd’hui. Merci à mon Papounet, qui, malgré les péripéties qui lui sont arrivées il y a peu, m’a énormément aidée, que ce soit dans la rédaction de ce mémoire ou dans ma vie en général. Merci à ma Sœur, qui est toujours là pour moi. Merci à Laurent, mon beau-père. Tu as toujours été d’un soutien sans faille. Pour ce qui est du mémoire, milles merci, c’est d’ailleurs grâce à toi qu’il peut être lu aujourd’hui. Merci à mon Tonton, mais aussi Parrain, qui, grâce à son système visuel hors-normes, dispositif ultraperformant repérant la plus infime faute d’orthographe, a su venir à bout de toutes. Merci à Mamie Anne-Marie, qui m’a hébergée et nourrie lors des derniers instants de rédaction. Heureusement que tu es là. Merci aussi à Johanna, sans qui je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui! Merci à toi d’être une si bonne amie. Merci à ma belle-sœur Estelle, de m’avoir aidée à mieux comprendre les statistiques. Et merci à celui qui partage ma vie depuis plus de 6 ans, qui a su me supporter depuis la PACES. Je te remercie pour tout ce que tu fais pour moi. 1 INTRODUCTION....................................................................................................................................... 1 1.1 A NATO MIE.............................................................................................................................................. 1 1.1.1 Bassin osseux................................................................................................................................... 1 1.1.2 Le périnée........................................................................................................................................ 2 1.1.3 Description des muscles striés du plancher pelvien et périnéal....................................................... 5 1.1.4 Innervation...................................................................................................................................... 8 1.2 DEROULEMENT DE LA GROSSESSE . ................................................ ................ ................................................ 8 1.3 DEROULEMENT DE L ’ ACCOUCHEMENT........... ................................................................................................ 9 1.4 LES TRAUMATISMES DU PLANCHER PELVIEN ET PERINEAL................................................................................. 12 1.4.1 Les déchirures ................................................................................................................................ 12 1.4.1.1 1.4.1.2 1.4.1.3 1.4.1.4 1.4.1.5 1.4.2 Définition............................................................................................................................................. 12 Classification des déchirures............................................................................................................... 12 Mécanisme.......................................................................................................................................... 14 Complications...................................................................................................................................... 15 Épidémiologie...................................................................................................................................... 15 L’Épisiotomie................................................................................................................................. 15 1.4.2.1 1.4.2.2 1.4.2.3 1.4.2.4 Définition............................................................................................................................................. 15 Classification........................................................................................................................................ 16 Complications...................................................................................................................................... 17 Épidémiologie...................................................................................................................................... 17 1.4.3 Autres traumatismes 2627  28............... ................................................................................ 17 1.5 PLACE DE LA KINESITHERAPIE DANS LA PREVENTION DES TRAUMATISMES DU PLANCHER PERINEAL............................ 18 1.5.1 Le massage périnéal...................................................................................................................... 18 1.5.2 L’étirement du périnée par l’utilisation d’un dilatateur vaginal EPI-NO.................................... 19 1.6 HYPO THE SES THEORIQUES ........ ................................................................ ................................................ 20 1.7 OBJECTIF DE LA REVUE............................................................................................................................. 20 2 METHODE............................................................................................................................................. 21 2.1 CRITERES D’ELIGIBILITE DES ETU DES POUR CETTE REVUE.................................................................................. 21 2.1.1 Types d’études............................................................................................................................... 21 2.1.2 Population, pathologie.................................................................................................................. 22 2.1.3 Intervention................................................................................................................................... 22 2.1.4 Objectifs/critères de jugement...................................................................................................... 22 2.2 METHODOLOGIE DE RECHERCHE DES ETUDES................................................................................................ 22 2.2.1 Sources documentaires investiguées............................................................................................. 22 2.2.2 Équation de recherche utilisée...................................................................................................... 23 2.3 EXTRACTION ET ANALYSE DES DONNEES....................................................................................................... 24 2.3.1 Sélection des études...................................................................................................................... 24 2.3.2 Extractions des données................................................................................................................ 24 2.3.3 Évaluation de la qualité méthodologique des études sélectionnées............................................. 25 2.3.4 Méthode de synthèse des résultats............................................................................................... 25 3 RESULTATS............................................................................................................................................ 26 3.1 DESCRIPTION DES ETUDES......................................................................................................................... 26 3.1.1 Diagramme de flux........................................................................................................................ 26 3.1.2 Études exclues............................................................................................................................... 27 3.1.3 Études incluses.............................................................................................................................. 27 3.1.3.1 Antenatal perineal massage and subsequent per ine al outcomes: a randomised controlled trial, Shipman & al, 1997 ................................................................................................................................................... 28 3.1.3.2 Randomized controlled trial of prevention of perineal trauma by perineal massage during pregnancy, Labrecque & al, 1999 ................................................................................................................................................ 29 3.1.3.3 Effectiveness of antenatal perineal massage in reducing perineal trauma and post- part um morbidities: A randomized controlled trial, Ugwu & al, 2018...................................................................................................... 31 3.1.3.4 Prospective randomised multicentre trial with the birth trainer EPI-NO® for the prevention of perineal trauma, Ruckhäberle & al, 2009............................................................................... ................ ................................ 32 3.1.3.5 Does the Epi-No® Birth Trainer reduce Does the Epi-No" birth trainer prevent vaginal birth-related pelvic floor trauma multicentre spective Dans cette revue nous nous intéresserons aux traumatismes causés à la mère, et plus particulièrement au plancher périnéal de cette dernière. Des manœuvres chirurgicales peuvent être pratiquées, telles que l’épisiotomie, ou engendrer des déchirures si l’épisiotomie n’a pas pu être prodiguée. D’autres traumatismes peuvent survenir, comme l’avulsion ou des microtraumatismes de l’élévateur de l’anus. Dans tous les cas, ils laissent à la mère de lourdes séquelles, que ce soit dans le domaine mictionnel, défécatoire, sexuel, sans parler des douleurs encourues et de la longue durée de récupération. Nous pouvons ainsi nous poser la question suivante : « La kinésithérapie, de part deux différentes techniques durant les dernières semaines de gestation, peut-elle avoir un effet préventif dans l’apparition des traumatismes obstétricaux chez la primipare? » C’est la question à laquelle nous allons essayer de répondre tout au long de cette revue, en nous focalisant sur deux techniques, que sont le massage périnéal et l’utilisation du dispositif EPI-NO. Nous essaierons donc de voir si ces techniques ont un impact positif ou non sur la survenue des traumatismes périnéaux durant l’accouchement. 2.1 Anatomie Le périnée est une zone corporelle qui est une source d’intérêt grandissant, mais qui est encore trop peu connue à ce jour. Si certaines femmes ne le connaissent que de nom, d’autres n’ont même pas conscience de son existence. Pourtant, le périnée joue de nombreux rôles : soutien des organes pelviens, contraction des sphincters régulant l’ouverture de l’urètre, du vagin et de l’anus, rôle dans la sexualité, la grossesse et l’accouchement. 2.1.1 Bassin osseux Le bassin est composé des os suivants : - Les 2 os iliaques. - Le sacrum. - Le coccyx. Ils forment les articulations suivantes : la symphyse pubienne, les articulations sacro-iliaques et les articulations sacro-coccygiennes. Elles sont physiologiquement quasiment immobiles, sauf durant la grossesse et l’accouchement (nutation, contre-nutation, rétropulsion du coccyx). Nous pouvons le diviser en grand bassin (pelvis major) et petit bassin (pelvis minor). • Le grand bassin correspond à la partie supérieure, il fait partie de l’abdomen et joue un rôle de soutien pour les organes digestifs. Nous ne le détaillerons pas ici. • Le petit bassin, appelé également le bassin obstétrical. C’est la partie du bassin qui nous intéresse le plus, car c’est ici que le fœtus est situé durant la majorité de l’accouchement. Il est également la limite supérieure du plancher pelvien. Il est limité : - En bas et en avant par la symphyse pubienne. - En bas et en arrière par la face interne du coccyx et du sacrum (piriforme). - Latéralement par les faces internes des os coxaux. - En haut par le détroit supérieur - En bas par le détroit inférieur. • Le détroit supérieur, l’orifice d’entrée. Il est lui-même limité en avant par le bord supérieur de la symphyse pubienne, latéralement par les lignes innominées, et en arrière par le promontoire. La saillie du promontoire lui donne un aspect cordiforme. Pour cette raison, l'engagement n'est possible que si la présentation (la tête du fœtus) s'oriente dans un diamètre oblique du détroit supérieur. • Le détroit inférieur, l’orifice de sortie. Il est limité en avant par le bord inférieur de la symphyse pubienne, latéralement par les branches ischio-pubiennes, et en arrière par la pointe du coccyx. Les branches ischio-pubiennes dessinent un triangle osseux à sommet antérieur. C’est ici que le fœtus descend et effectue une . A cause de cette forme, le dégagement n'est possible que si la présentation s'oriente dans le diamètre antéro-postérieur du détroit inférieur. Entre ces deux orifices d’entrée et de sortie, il y a la présence de l’excavation pelvienne. Elle a la forme d’un cylindre incurvé (segment de tore), avec un rétrécissement à l’union de ses deux tiers supérieurs et son tiers inférieur, appelé le détroit moyen. 1 = Détroit supérieur 2 = Détroit moyen 3 = Détroit inférieur Figure 1 : Les différents détroits du bassin. 2.1.2 Le périnée Le périnée (en dessous du plancher pelvien) est défini comme l’ensemble des tissus mous qui forment le plancher du petit bassin. Il se situe en dessous du diaphragme pelvien. C’est un véritable hamac, soutenant les organes présents d’avant en arrière : la vessie, l’utérus et le rectum. Il est ainsi traversé par l’urètre, le vagin et le canal anal. Il est limité par des éléments ostéo-fibreux : la symphyse pubienne, les branches ischio-pubiennes, le coccyx et les ligaments sacro-tubéraux. Ces limites forment un losange allongé à grand axe antéro-postérieur, qui divise le périnée (en position gynécologique) en deux régions : - Le périnée uro-génital en avant. Le périnée anal en arrière. La ligne bi-tubérositaire ischiatique les sépare. En vue sagittale, les deux plans forment un angle ouvert en haut et en avant. Figure 3 : Angle formé par les deux plans. Au milieu de cette ligne se forme une structure fibro-musculaire sous-cutanée très dense, le centre tendineux du péri née (CTP ). C’est sur ce dernier que s’insère de nombreux muscles et fascias du périnée. Il joue un rôle primordial dans la statique pelvienne. Il se situe entre le vagin et le canal anal. Figure 2 : globale et limites du périnée. Rôles du périnée Le périnée joue de nombreux rôles tels que : - Contribue à la statique pelvienne, soutien des organes abdominaux et pelviens (vessie, utérus, rectum) de par les muscles du périnée et les fascias. - Contraction des sphincters → Rôle dans la continence urinaire et fécale. - Plancher du caisson abdominal, équilibration des pressions abdominales. - Dans la reproduction et la sexualité. Le périnée est organisé en trois plans : • Le plan profond Il est limité par les deux feuillets inférieurs et supérieurs de l’aponévrose périnéale profonde. Le diaphragme pelvien (composé du muscle élévateur de l’anus et du muscle coccygien) constitue également sa limite supérieure. Nous pouvons observer le sphincter externe de l’urètre et le muscle transverse profond du périnée. Les espaces libres sont comblés d’amas adipeux. Figure 4 : Plan profond du périnée. • Le plan superficiel Limité par deux aponévroses : périnéale superficielle et le feuillet inférieur de l’aponévrose périnéale profonde. Dans le périnée uro-génital on décrit : - Les organes érectiles (piliers du clitoris et bulbes vestibulaires). Des glandes. Les paquets vasculo-nerveux. Le muscle bulbo-caverneux, l’ischio-caverneux et le transverse superficiel. Dans le périnée anal il y a le sphincter anal externe (SAE). Les espaces libres sont comblés de tissu adipeux. • Le plan cutané et les organes génitaux externes Dans le périnée uro-génital : La vulve et les organes génitaux externes. Dans périnée anal : l’orifice anal. 2.1.3 Description des muscles striés du plancher vien et périnéal Les muscles du plancher pelvien • L’élévateur de l’anus C’est un muscle essentiel du plancher pelvien et représente la limite supérieure du périnée. Il est constitué de trois muscles.  Le muscle ilio-coccygien Muscle pair, mince et statique. Il forme une nappe musculaire peu épaisse (3 mm). Il s’insère d’avant en arrière : sur la face postérieure du corps du pubis, sur l’arcade tendineuse du muscle élévateur de l’anus (sur le corps de l’obturateur interne) et sur la face interne de l’épine ischiatique. Il se termine sur le bord du coccyx et du ligament ano-coccygien.  Le muscle pubo-viscéral Lui-même divisé en 3 faisceaux. Ils ont tous pour origine proximale la face interne du pubis. - Le pubo vaginal, qui se termine sur le tiers inférieur des faces latérales du vagin. - Le pubo périnéal, se terminant sur la face supérieure du CTP. - Le pubo-anal, se terminant au niveau du SAE.  Le muscle pubo-rectal Il s’insère lui aussi sur la face interne du pubis, et vient Il est intimement lié au pubo-viscéral et au sphincter externe de l’anus. ceinturer le rectum. Action : Il assure l’élévation de l’anus, la striction et la dilatation du rectum, et le maintien de la statique pelvienne. • Le coccygien C’est un muscle accessoire, triangulaire et adhérent au ligament sacro-épineux. Il s’insère sur la face médiale de l’épine ischiatique et se termine sur les bords latéraux du coccyx et des vertèbres S4 et S5. Il tend à se transformer en structure ligamenteuse ou disparaître. Les muscles du plan profond du périnée • Sphincter externe de l’urètre C’est un muscle impair, qui encercle le tiers moyen de l’urètre sur 20 à 25 mm. Il est divisé en deux parties. Le muscle urétro-vaginal, formé de fibres circulaires entourant l'urètre, et de fibres arciformes qui passent en avant de l'urètre pour se perdre sur les faces antérieures et latérales du vagin.  Le muscle compresseur de l’urètre : formé de fibres tendues transversalement. Il s'insère sur les faces internes des branches inférieures du pubis et passe en avant du muscle urétro-vaginal. Action : Assure l’occlusion de l’urètre ainsi que l’expulsion des dernières gouttes d’urines. • Muscle transverse profond C’est un muscle pair et triangulaire. Il est tendu transversalement entre la face interne de la branche de l’ischion jusqu’au CTP et au vagin. Action : Stabilise le CTP en aidant à la contraction des autres muscles qui s’y insèrent. Les muscles du plan superficiel du périnée Dans le périnée uro-génital : • Le muscle bulbo-caverneux (ou bulbo-spongieux) C’est un muscle pair, aplati et symétrique. Il nait du CTP pour ensuite se diviser en deux faisceaux : postérieur et antérieur. Il recouvre la face latérale de la glande vestibulaire majeure et du bulbe correspondant.  Le faisceau postérieur s’insère sur les faces inférieures et latérales du corps du clitoris, et se fixe sur le ligament suspenseur du clitoris.  Le faisceau antérieur s’insère sur la face dorsale du clitoris. Quelques-unes de ses fibres se prolongent avec celles du côté contro-latéral pour former une sangle musculaire : le muscle compresseur de la veine dorsale du clitoris (muscle de Houston). Action : Comprime la veine dorsale profonde du clitoris, favorisant son érection, et le bulbe vestibulaire. Il abaisse le clitoris, comprime la glande vestibulaire majeure, et rétrécie l’orifice vaginal. • Le muscle ischio-caverneux C’est un muscle pair, symétrique et satellite du corps cavern . Son insertion proximale est la branche de l’ischion, autour de l’insertion du corps caverneux qu’il recouvre. Il se termine sur l’albuginée du corps caverneux. Les fibres les plus médiales se mêlent au muscle bulbo-spongieux. Action : Comprime le corps caverneux. • Le transverse superficiel C’est un muscle pair, mince et inconstant. Il est souvent confondu avec le transverse profond. Il s’insère sur la face interne de la branche de l’ischion pour se terminer sur le CTP. Action : Stabilise le CTP en favorisant l’action des muscles qui s’y insèrent. Dans le périnée anal : • Le sphincter anal externe Muscle strié, impair et circulaire, qui entoure la partie inférieure du canal anal. Il se divise en trois portions :  Un faisceau profond, haut dans la canal anal, épais, en anneau, qui se mélange avec des fibres du muscle pubo-rectal situé plus haut.  Un faisceau superficiel, bas dans le canal anal. Il s’insère en arrière sur le ligament anococcygien, et en avant sur le CTP.  Un petit faisceau sous cutané, qui est sur la partie cutanée de la marge anale. Action : Il permet en partie la continence anale, en assurant 15% de la pression d’occlusion du canal anal au repos. Les 85% restants sont assurés par le sphincter anal interne, un muscle lisse. Il peut être lésé lors de l’accouchement (déchirures, qui, complètes, intéressent le sphincter). Figure 5 : Plan superficiel du périnée. 2.1.4 Innervation L’innervation de la région pelvi-périnéale est très riche et variée. Elle comprend : • Une innervation somatique, motrice et sensitive du périnée, avec la participation du nerf pudendal qui provient des segments S2 à S4 de la moelle spinale, du nerf cutané postérieur de la cuisse (S1-S3), et des branches génitales des nerfs ilio-hypogastriques, ilio-inguinal et génito fémoral. 13 Les dermatomes du périnée reçoivent leur innervation des segments S3 à S5 de la moelle spinale, excepté pour les régions antérieures, innervées par L1 par l’intermédiaire des nerfs de la paroi abdominale. La plupart des muscles squelettiques sont innervés par les segments médullaires S2 à S4. • Une innervation autonome, qui assure la régulation des viscères, des corps érectiles, des glandes génitales et cutanées, des vaisseaux et des muscles lisses. Elle est assurée en grande partie par le plexus hypogastrique inférieur. • On peut également parler des neurorécepteurs vulvaires, qui jouent un grand rôle dans la sexualité. 2 Figure 6 : Dermatome du périnée féminin. 1 2.2 Déroulement de la grossesse La grossesse physiologique se divise en trois trimestres. Sa durée se calcule soit en semaines de gestation, qui débute à la fécondation (De 37 à 42 semaines), soit en semaines d’aménorrhée (SA), qui débute le premier jour des dernières règles (De 39 à 42 semaines). Le corps de la femme est grandement modifié durant ces neuf mois. 4 En effet, il subit un grand nombre de remaniements. Les pressions au niveau du caisson abdominal augmentent, le périnée doit donc lutter contre des facteurs hyperpressifs. Par ailleurs, les hormones de grossesse, comme la relaxine, modifient les tissus pelviens. Ces dernières jouent un rôle dans la relaxation musculaire et la distension du périnée, facilitant l’accouchement. Les variations du taux d’œstrogènes au cours de la grossesse pourraient intervenir dans le métabolisme du collagène et de l’élastine. La production de collagène de type I est diminuée, l’élasticité des tissus est donc diminuée, les exposant à des risques traumatologiques accrus.  2.3 Déroulement de l’accouchement L'accouchement se définit comme l'ensemble des phénomènes qui aboutissent à l'expulsion, par les voies naturelles, d' ou de plusieurs fœtus, parvenus à maturité ou à l'âge de la viabilité. 6 L’accouchement est considéré soit comme « normal », il est alors dit eutocique. Dans le cas contraire, il est dit dystocique. L’OMS, en 1997, définit la naissance normale comme : « Une naissance dont le déclenchement est spontané, à bas risque dès le début et tout au long du travail, et de l'accouchement, et dont l'enfant (accouchement simple) naît spontanément en position céphalique du sommet, entre les 37e et 42e semaines de gestation. Après la naissance, la mère et le nouveau-né se portent bien. Dans le cadre d’une naissance normale, il faut une raison valable pour interférer avec le processus naturel. » 7 Le 1er stade de travail Il se décompose de deux phases : • La phase de latence (ou phase de pré-travail) Elle débute lors de l’apparition des premières contractions utérines douloureuses, dont la fréquence augmente peu à peu. Elle correspond à l’effacement et au début de dilatation du col de l’utérus, jusque-là fermé. Il se dilate jusqu’à 5 cm. Cette phase peut durer quelques heures, s’arrêter et reprendre plus tard. • La phase active La dilatation du col progresse, de l’ordre de 1,5cm par heure, jusqu’à atteindre 10cm. Les contractions sont plus longues, plus rapprochées et plus douloureuses. C’est lors de cette phase que la cavité amniotique se rompt chez certaines femmes. Certains auteurs incluent dans ce stade la phase de transition, moment où le diamètre du col a atteint son maximum (10cm). Il s’agit de la phase la plus courte, mais également la plus difficile pour la mère. Les contractions sont encore plus rapprochées (toutes les 2 à 6 minutes maximum), et plus longues (60 secondes ou plus). Figure 7 : Phase de latence. NARDINI Lisa Figure 8 : Phase active. DEMK Le 2ème stade de travail Il correspond à l’intervalle entre la dilatation totale du col (10 cm), et la naissance de l’enfant. Il dure en moyenne de 20 minutes à 2 heures. Les contractions sont encore plus fortes et encore plus fréquentes (toutes les 1 à 3 minutes). Il se compose de deux phases : • La phase de descente, composée de 3 étapes successives : - L’engagement, où la présentation fœtale (partie du fœtus qui se présente en premier dans l’aire du bassin) franchit le détroit supérieur. L’engagement exige que la présentation s'oriente dans un diamètre oblique du bassin. - La descente et la rotation dans l’excavation pelvienne. La rotation intra-pelvienne est une obligation puisque l'engagement ne peut se faire que dans un diamètre oblique, mais que le dégagement ne peut se faire que dans le diamètre sagittal du bassin. La rotation se fait presque toujours vers l'avant. 8 - Le dégagement, franchissement du détroit inférieur et du diaphragme pelvien. La région sous-occipitale se fixe sous la symphyse pubienne, et la tête se dégage par un mouvement de déflexion : le sous-occiput reste sous la symphyse, tandis que le front emplit le périnée postérieur et monte vers la vulve. Le mouvement de dégagement se fait avec une force exponentielle. Souvent lent au début, il peut s'achever brutalement et requérir une épisiotomie, ou entraîner une déchirure périnéale. • La phase d’expulsion : le fœtus est expulsé du vagin de la mère. Le 3ème stade de travail Il correspond au temps entre la naissance de l’enfant et la délivrance (du placenta). La délivrance se fait dans un délai de 30 minutes après la naissance. Elle est composée de trois étapes successives : • La phase de rémission : immédiatement après la naissance et d'une durée de 10 à 15 minutes (disparition des contractions douloureuses, absence d'hémorragie, utérus fermé et rétract sous l'ombilic). • La phase de décollement : reprise des contractions, apparition d'une petite hémorragie, le fond utérin remonte au-dessus de l'ombilic, le cordon ombilical se déroule hors de la vulve. • La phase d'expulsion : spontanée ou aidée par l'accoucheur. Figure 9 : Déroulement chronologique de l’accouchement. Lors de l’accouchement , le péri née est grandement modifi é . Il y a une modification du segment anococcygien et une ampliation du segment ano-vulvaire. Pour permettre le passage du mobile fœtal, les muscles périnéaux sont étirés à leur maximum. Les principaux muscles sollicités sont : le bulbo spongieux, le superficiel transverse du périnée, et les releveurs de l’anus. 9 Les muscles élévateurs de l’anus et le sphincter anal se relâchent et les muscles du plancher pelvien sont étirés au-dessus de la présentation en progression. 5 Au cours de l’expulsion du fœtus, le CTP s’amincit. C’est une partie fragile car moins élastique, et peut céder lors de l’accouchement, guidant la déchirure vers le sphincter anal. 9 La période post-partum 10,11 L’accouchement est tout de suite suivi par la période post-partum, composée de 3 phases continues. 10 1) Une période initiale (aiguë), concerne les 6 à 12 premières heures. Elle s’accompagne des premières montées de lait et de lochies, qui persistent souvent quelques semaines. 2) Une période subaiguë, de à 6 semaines. Pendant cette phase, l'organisme subit des changements majeurs en termes d'hémodynamique, de récupération génito-urinaire, de métabolisme et d'état émotionnel. L’utérus régresse peu à peu, pour retrouver sa taille d’origine (de 30 à 35cm à 6cm). Son col regagne sa longueur, sa consistance, se referme. Des petites déchirures de l’orifice externe persisteront avec son ouverture, qui formera l’ectropion. Il va progressivement se réduire sur une période de 3 à 12 mois. L’endomètre va progressivement régresser, puis cicatriser. Le vagin peut souffrir d’une modification de lubrification ou de trophicité, et demeure très sensible. La béance de la vulve disparaît après quelques jours. 3) Une période post-partum retardée, qui peut durer jusqu'à 6 mois. C'est la période de restauration du tonus musculaire et du tissu conjonctif, qui peut être assez longue. Néanmoins, la durée de la période post-partum et de la récupération de le femme dépendent directement du degré des traumatismes qui peuvent survenir, qu’ils soient naturels (déchirures) ou iatrogènes (épisiotomie). Un volume croissant de littérature nous montre que l’accouchement est le point de départ de toute une série d'affections, y compris l'incontinence urinaire d'effort ou fécale, les prolapsus utérins, les cystocèles et les rectocèles. Il peut également en découler des dépressions post-partum graves. 2.4 Les traumatismes du plancher pelvien et périnéal Comme nous l’avons vu, de nombreux traumatismes peuvent survenir durant l’accouchement. Nous nous attarderons sur ceux concernant le plancher périnéal. 2.4.1 Les déchirures 2.4.1.1 Définition La déchirure est définie comme une lésion des muqueuses, éléments musculo-aponévrotiques et cutanés de la région périnéale. Ces déchirures surviennent lorsque la traction exercée par le passage de la tête devient supérieure à la capacité́ du muscle à être étiré. 2.4.1.2 Classification des déchirures Nous pouvons distinguer les déchirures fermées et ouvertes. • Les déchirures fermées Les structures musculo-aponévrotiques peuvent être atteintes sans lésion cutanée. Le périnée semble normal, mais il peut y avoir des lésions profondes du périnée atteignant les s et le CTP. Elles sont plus rares que les déchirures ouvertes et le diagnostic est souvent difficile. Elles s’accompagnent souvent d’hématomes intramusculaires. • Les déchirures ouvertes Il existe de nombreuses classifications.  La classification française : o Déchirures simples, incomplètes, partielles, ou du 1er degré. Elles peuvent se diviser en trois catégories selon leur importance : - Seule la peau et la muqueuse sont déchirées au niveau de la fourchette. - Soit le muscle bulbo-caverneux et la partie antérieure du centre tendineux du périnée sont déchirés. - Soit le centre tendineux du périnée est complètement rompu. [2] Le SAE est toujours conservé dans les déchirures du 1er degré. C’est une déchirure isolée. o Déchirures complètes ou du 2ème degré. Le sphincter anal est déchiré, toujours en dehors de la ligne médiane. La lésion s'arrête au niveau de la marge anale. L'extrémité externe du sphincter est rétractée alors que l'extrémité interne saille. Latéralement, la déchirure est profonde, laissant paraître la graisse de la fosse ischio-rectale [2]. Le CTP est donc atteint. o Déchirures complètes compliquées ou du 3ème degré. Elles mettent en communication le vagin et l'anus, réalisant un « cloaque ». La cloison recto-vaginale, la muqueuse vaginale, anale et digestive sont rompues. La déchirure peut remonter sur le canal anal jusqu'à 2 ou 3 cm de la marge, beaucoup plus haut sur le vagin et plonge dans la fosse ischio-rectale. Les muscles profonds du périnée sont ainsi atteints.   La classification anglo-saxonne : • • • • Déchirure du 1er degré (correspond au 1er degré français). Déchirure du 2ème degré (correspond toujours au 1er degré français). Déchirure du 3ème degré (correspond au 2ème degré français). Déchirure du 4ème degré (correspond au 3ème degré français). La classification du Royal College of Obstetricians and Gynecologists (RCOG), est la plus utilisée dans la litté internationale pour décrire les déchirures obstétricales du périnée. Pour les classer, la classification de l’OMS-RCOG se divise en 4 degrés de gravité. L’acronyme LOSA désigne une lésion obstétricale du sphincter de l’anus. 14 Tableau 1 : Classification RCOG – OMS des déchirures.  14  NARDINI Lisa DEMK 2022 13 Stade 1 Stade 2 Stade 4 Stade 3 Figure 10 : Classification des déchirures. 2.4.1.3 Mécanisme Les différents éléments anatomiques ont une résistance plus ou moins importante. Les muscles du périnée ont une résistance moindre que le vagin, lui-même moins résistant que la peau périnéale. Le CTP est l’élément le moins élastique. Lors de la présentation, la tête franchit les faisceaux sphinctériens des releveurs de l’anus. Ils peuvent ainsi subir des déchirures. Le CTP présente des lésions constantes, plus ou moins importantes. Le second élément à pouvoir se déchirer est la muqueuse vaginale. La lésion débute au niveau de l’hymen et se dirige vers le vagin pour ensuite descendre vers la jonction cutanéo-muqueuse. Le contour fibreux du SAE crée une résistance supplémentaire, il est ainsi une des dernières structures à rompre. Il se rompt lorsque la distension devient plus importante, et si la traction est plus importante que ses capacités d’étirement. La déchirure s'arrête au niveau de la marge de l'anus, là où les fibres du faisceau sous-cutané du sphincter strié rentrent en contact avec la peau. Lorsque ce dernier rempart cède, le sphincter interne et la muqueuse anale se déchirent du bas vers le haut, faisant communiquer vagin et rectum. 13 Cela ne se produit pas de façon soudaine, elle est généralement précédée de modifications visibles du périnée. Avec la pression de la tête, le périnée se bombe, devient cyanotique et œdémateux. Par la suite la peau pâlit, devient brillante. sont les signes d’une rupture imminente. 2.4.1.4 Complications Les conséquences des déchirures périnéales sont nombreuses : 12 2.4.1.5 Dysfonction sexuelle. Douleurs périnéales importantes. Perte de souplesse, d’élasticité et de mobilité des tissus. Risque de reconstruction anarchique des tissus. Perte de tonus. Augmentation du risque de prolapsus. Incontinence urinaire et/ou fécale. Épidémiologie En France, selon les données issues de l’enquête nationale périnatale de l’INSERM de 2010 et 2016, les prévalences varient : ➢ Pour les déchirures simples ou du premier degré, la prévalence en 2010 était de 42,2%, et est passée à 51,3% en 2016. 15 ➢ Concernant les LOSA, la prévalence n’a pas bougé de 2010 à 2016 : elle s’élève à 0,8%. 15 ➢ La prévalence des LOSA, toute population confondue, est comprise entre 0,25% à 6%. Chez les primipares, elle s’élève de 1,4% à 16%. Elle diminue chez les multipares, avec une prévalence comprise entre 0,4 à 2,7%. 14 2.4.2 L’Épisiotomie 2.4.2.1 Définition L’épisiotomie provient du préfixe grec « épisio- », relatif à la vulve, et du suffixe grec « -tomie », relatif à la section. Il correspond à un élargissement chirurgical de l’orifice vaginal, par une incision du périnée pendant la dernière phase du deuxième stade du travail de l’accouchement (expulsion), pour faciliter le passage du nouveau-né. C’est un geste normalement prophylactique, destiné à éviter les déchirures périnéales, mais il est de plus en plus utilisé sans raison. 16 Son utilité est remise en question aujourd’hui. La diminution du recours à l’épisiotomie n’a pas été associée à des taux plus élevés de déchirures graves. 17 D'après les dernières recommandations du CNGOF de 2018, l’indication d'une épisiotomie doit être fonction des facteurs de risque individuels et des conditions obstétricales. De plus, une pratique systématique n’est pas recommandée pour réduire le risque de LOSA, même en cas de présentation du siège, de grossesse gémellaire ou de variété postérieure. 16 L’épisiotomie doit être impérativement réalisée lorsque le périnée est sur le point de rompre, pour éviter une déchirure quasi certaine. Cette dernière pouvant s’accompagner d’une lésion du sphincter anal, lorsque la peau blanchit et commence à se déchirer. 18 2.4.2.2 Classification Il existe différents types d’épisiotomies : • L’épisiotomie médiane ou périnéotomie : Le périnée est incisé verticalement de la fourchette vulvaire en direction de l’anus, sur quatre centimètres. Ses avantages sont la facilité de récupération, la moindre perte de sang, peu de dyspareunies secondaires, et peu de douleurs en post-partum. Cependant cette technique sépare les deux muscles bulbo-caverneux au niveau du raphé médian, et augmente le risque de déchirure du sphincter anal (Déchirures de 3ème et 4ème degré). 18 • L’épisiotomie médio-latérale : Le périnée est incisé sur six centimètres à au moins 45 degrés par rapport à la ligne médiane qui va de 'orifice vaginal à l'anus. Cette technique est la plus pratiquée en Europe et c’est celle qui est décrite dans les recommandations actuelles. L’inconvénient est la longueur de la cicatrice. La peau, le vagin, les muscles bulbo-caverneux, le transverse superficiel, et le faisceau pubo-anal du releveur de l’anus sont successivement incisés. 18 19 • L’épisiotomie en “J” : C’est une variation de l’incision médiane. La technique est quasiment la même, avec à la fin de la première incision, une seconde incision réalisée sur 2 cm et à 40°. En revanche, la suture post-partum est plus difficile à réaliser, et les complications sont plus fréquentes. Elle est donc moins utilisée. 20 • L’épisiotomie latérale : Cette technique date de 1850. L’incision part de l’orifice vaginal et se dirige vers la tubérosité ischiatique sur 1 à 2 cm. Cette incision étant trop délétère pour les glandes vestibulaires majeures, elle n’est plus utilisée aujourd’hui. 20 21 Figure 11 : Les différents types d’ épisiotomies. 2.4.2.3 Complications Les complications de l’épisiotomie sont nombreuses. Sur le court terme, l’épisiotomie semble augmenter le risque d’hémorragie en post-partum, des traumatismes fœtaux ont été décrits. Les femmes décrivent des douleurs périnéales, de manière plus fréquente que celles ayant un périnée intact ou souffrant de déchirure du 1er ou 2ème degré. 22 23 Un œdème périnéal peut également apparaître, tout comme des hématomes et thrombus vaginaux. Des infections, désunions de la cicatrice et dommages du sphincter anal sont également des complications possibles. Sur le long terme : le délai de cicatrisation de la plaie est important, pouvant entraîner des dyspareunies. Cela peut également engendrer une souffrance morale et psychologique importante, de par les complications et l’acte en lui-même, considéré comme une mutilation par de nombreuses femmes. 23 2.4.2.4 Épidémiologie En France, le taux global d’épisiotomie est passé de 51% en 1998, à 27% en 2010, à 20% en 2016, suite aux recommandations du CNGOF. D’après l’enquête périnatale (ENP) de 2010 et de 2016 : Le taux d’épisiotomie des femmes primipares est passé de 71% en 1998, à 44% en 2010 contre 35% en 2016. Le taux chez les femmes multipares est pass de 36% en 1998, à 14% en 2010, à 10% en 2016. Cette diminution s’explique par les recommandations du CNGOF de 2005, arguant le manque de bénéfice de l’épisiotomie systématique, et encourageant une pratique restrictive de l’acte. 24 15 2.4.3 Autres traumatismes 262728 Nous pouvons noter les lésions de l’élévateur de l’anus, qui est un muscle exposé à de grandes contraintes lors de l’accouchement. En effet, il doit se distendre pour permettre l’élargissement du hiatus de l’élévateur, et ainsi le passage du nourrisson. Ces lésions peuvent se manifester sous forme d’avulsions, c’est-à-dire que l’élévateur, au niveau de son insertion pubienne, se détache. Elles peuvent aussi se manifester sous forme de microtraumatismes, avec une surdistension du hiatus de l’élévateur, qui est physiologique juste après l’accouchement, mais qui devient pathologique si elle persiste. Des études ont montré la corrélation entre le prolapsus génital et les lésions du muscle releveur de l’anus. Les femmes présentant une avulsion de ce dernier ont deux fois plus de risques de développer un prolapsus de grade 2 ou plus. Ces lésions peuvent être diagnostiquées grâce à l’IRM ou l’échographie 3D, mais passent très souvent inaperçues. du plancher périnéal 2.5.1 Le massage périnéal Le massage est une technique ancienne utilisée dans de diverses pathologies, et qui a pour effet principal l’augmentation de la relaxation et la vasodilation des vaisseaux sanguins. 29 Le massage périnéal anténatal est une technique permettant d’assouplir les muscles du périnée, afin d’augmenter au mieux leur élasticité pour l’accouchement. Ce type de massage augmenterait le flux sanguin vers le périnée, améliorant la circulation et étirant les tissus. Cela faciliterait le passage du bébé en élargissant l’ouverture vaginale. 30 Différents paramètres peuvent varier, mais la technique reste globalement la même. Le massage peut être effectué par la femme elle-même, son conjoint, ou bien un thérapeute, comme le kinésithérapeute. Il peut également être effectué à différents moments de la grossesse, et même durant l’accouchement (2ème stade de travail). Dans cette revue, nous nous attarderons sur le massage effectué avant l’accouchement, durant les dernières semaines de gestation. Il peut se dérouler de différentes manières, en voici un exemple :   On demandera à la patiente de se positionner confortablement (demi-assise, accroupie et debout avec un pied sur une marche ou un tabouret) si c’est elle qui l’effectue, ou bien en position gynécologique si c’est le thérapeute qui le pratique. Afin d’effectuer le massage, un lubrifiant hypoallergénique pourra être utilisé, ou des huiles neutres (coco, olive, amande douce...), appliqués sur le bout des doigts. Commencer la manœuvre en effectuant des mouvements circulaires de la peau et du tissu conjonctif autour du vagin, au niveau du CTP, en respectant le sens horaire des tissus. Introduire dans le vagin, soit les deux pouces si c’est la patiente qui effectue le massage, soit l’index et le majeur de chaque côté, à une profondeur d’environ 3-4 cm. Effectuer un massage interne avec un schéma semi-circulaire, en commençant vers les parois latérales du vagin pour aller vers l’anus, sans aller jusqu’au hiatus urinaire. Le masso-kinésithérapeute ou la patiente effectue ces mouvements 4 fois de chaque côté, en employant une pression tolérable pour la patiente, durant de 20 à 30 secondes. Exercer une pression vers le bas en direction de l'anus et de chaque côté du vagin jusqu'à ressentir une légère sensation de brûlure ou d'étirement (qui diminuera au fur et à mesure des massages), et maintenir la position pendant 2 minutes. Masser la moitié inférieure de l'orifice vaginal dans un mouvement simulant la lettre "U". Tous les mouvements doivent être répétés 4 fois. Le massage complet dure environ 10 minutes. On demandera à la patiente d’essayer de relâcher ses muscles au maximum. Des techniques de respiration profonde pourront être ajoutées à la pratique. Le massage débute durant le 3ème trimestre de grossesse jusqu’à l’accouchement. La durée, le nombre de répétitions et la fréquence du massage peuvent varier. Figure 12 : Le massage périnéal. 2.5.2 L’étirement du périnée par l’utilisation d’un dilatateur vaginal EPI-NO Dans cette technique nous demandons à la femme d’utiliser un dilatateur vaginal Epi-No. Le simulateur d'accouchement Epi-No (Starnberg Medical, Tecsana GMBH, Muenchen, Allemagne) a été conçu par un médecin allemand, Wilhelm Horkel. Il s'est basé sur son observation en Afrique de l'Est, de la pratique consistant à utiliser une série de calebasses de taille croissante pour étirer progressivement le périnée avant l'accouchement. Il a conçu un ballon gonflable en silicone médical, couplé à une pompe manuelle à affichage de pression, pour étirer progressivement le vagin et le périnée en fin de grossesse, afin de réduire le risque de traumatismes périnéaux lors de l'accouchement par voie vaginale. Il favoriserait l’étirement des muqueuses, muscles et tissus conjonctifs qui l’entourent. 40 Figure 13 : Le dispositif EPI-NO. La partie du dispositif entrant dans le vagin est recouvert d’un préservatif lubrifié. Cette partie est insérée jusqu’à ce que 2cm environ du ballon soient visibles, afin d’étirer les structures souhaitées. Le ki thérapeute, ou la patiente elle-même, gonfle ensuite l’équipement progressivement, en respectant ses ressentis. Jour après jour, la patiente est encouragée à augmenter la quantité d’air pompé, afin d’étirer de plus en plus les structures dans le temps. Elle pourra noter la quantité d’air ou la dimension du ballon à l’aide d’un mètre ruban sur un carnet pour suivre l’évolution. On demande à la patiente de se relâcher, et rester ainsi 15 minutes, au seuil d’étirement supportable. Une fois le temps écoulé, la patiente reste détendue, muscles du plancher relâchés, et expulse le dispositif avec une expiration. Les patientes doivent utiliser ce dispositif tous les jours, à partir de la 34ème semaine de grossesse, jusqu’au début du travail. Tout comme la technique du massage, la durée, la période et la fréquence du traitement peuvent varier selon les études. 2.6 Hypothèses théoriques Dans l’arsenal du masso-kinésithérapeute, nous trouvons notamment les techniques de massage et d’étirement. Il est le principal thérapeute détenteur de ces techniques fondamentales. Pourquoi ne pas les utiliser dans le domaine de la prévention en uro-gynécologie et obstétrique? Je trouvais important de me demander si ces savoirs pouvaient avoir un impact dans la prévention des traumatismes obstétricaux tels que les déchirures et l’épisiotomie lors de l’accouchement. C’est pourquoi ici, nous supposons que ces traitements kinésithérapiques peuvent augmenter l’élasticité des tissus périnéaux, diminuant ainsi l’apparition de ces lésions. Ainsi, les MK, en plus des autres thérapeutes, pourraient jouer un rôle fondamental dans le bien-être des femmes enceintes et en post-partum. 2.7 Objectif de la revue L’objectif d’une revue de littérature est de mettre en commun différentes études traitant d’un sujet, d’une population, d’une pathologie donnée, et d’en faire ressortir des informations utiles pour les professionnels de santé dans leur pratique clinique. De nos jours , le nombre de traumatismes du plancher périnéal lors de l’accouchement diminue petit à petit, mais reste tout de même élevé. C’est un sujet qui demeure abordé avec gêne et retenue, tout comme l’accouchement ou la période post-partum en général. Dans les mœurs, c’est un moment de bonheur où la femme donne la vie, mais les conséquences sur son corps sont très souvent mises de côté. Je trouvais donc important de m’attarder sur la prévention de ces atteintes. En tant que future masso-kinésithérapeute voulant se spécialiser dans ce domaine, j’aimerais participer à la démocratisation de cette sphère anatomique et des pathologies et traitements s’y rattachant, auprès des patientes et des professionnels de santé. L’objectif de cette revue est de déterminer si le MK pourrait avoir un rôle à jouer dans la prévention de ces traumatismes, évitant ainsi aux femmes des mois de souffrance, accompagnés de plus ou moins lourdes complications sur le plan sexuel, circulatoire, cicatriciel, et sur l’incontinence urinaire et fécale. L’objectif est donc de savoir si le massage périnéal ou l’utilisation du dispositif EPI-NO durant la grossesse joue un rôle dans la prévention des traumatismes du plancher périnéal durant l’accouchement. Elle vise aussi à sensibiliser les différents professionnels de santé plus à même de prendre en charge les femmes enceintes (médecins généralistes, gynécologues, sages-femmes), qui pourraient conseiller les femmes sur ces différentes techniques (si celles-ci sont efficaces), ou les orienter vers des kinésithérapeutes spécialisés durant leur grossesse. Méthode 3.1 Critères d’éligibilité des études pour cette revue 3.1.1 Types d’études Ce mémoire est une revue de littérature, dont la question de recherche clinique doit être claire et précise. La revue de littérature rassemble le niveau de preuve le plus important. L’o de cette revue est de vérifier l’efficacité d’un traitement avant l’arrivée d’une pathologie. La question clinique est donc à visée thérapeutique, de type préventive. Les études les plus appropriées, correspondant au mieux aux critères pour répondre à ce type de question, sont les essais contrôlés randomisés (ECR). L’ECR permet de répartir aléatoirement en deux ou plusieurs groupes l’échantillon d’une étude, assurant ainsi des résultats plus fiables, et de diminuer le risque de biais de sélection, en obtenant des groupes similaires. C’est ce qu’on appelle la randomisation. Les ECR sont en groupes parallèles, ce qui signifie que les différents groupes sont suivis sur une même période donnée. Tout au long de l’étude, le groupe traité reçoit le traitement et le groupe contrôle reçoit : soit aucun traitement, soit un placebo, soit un autre traitement que le groupe traité. Ainsi, cette revue répond à la question clinique suivante : « La kinésithérapie peut-t-elle jouer un rôle durant la grossesse dans la prévention des traumatismes périnéaux lors de l’accouchement chez les primipares? » La question clinique a été établie selon le modèle PICO : Population Intervention Comparateur Outcomes NARDINI Lisa - Femmes âgées d’au moins 18 ans. Enceintes. Primipares. Accouchement prévu par voie basse. Prise en charge kinésithérapique : - Massage périnéal ou - Utilisation du dispositif EPI-NO. - Pas de prise en charge kiné ou PEC classique en pré-partum. Critère de jugement principal : - Intégrité du périnée / Apparition de traumatismes périnéaux durant l’accouchement. DEMK 3.1.2 Population, pathologie Le premier critère d’égibilité choisi est le type de population. La population étudiée est composée uniquement de femmes enceintes accouchant par voie basse, que l’on suit durant la grossesse jusqu’à l’accouchement, et par fois une partie de la période post-partum. Les femmes devront être en âge de procréer (18 ans), mais sans limite d’âge car nous cherchons à cibler le plus de femmes possible, afin de démontrer l’efficacité ou l’inefficacité des techniques utilisées. Afin d’éviter au maximum les biais dans les résultats, nous exclurons les grossesses gémellaires, les patientes multipares, et l’accouchement par césarienne. 3.1.3 Intervention Cette revue repose sur l’efficacité de plusieurs méthodes kinésithérapiques sur l’intégrité du périnée lors de l’accouchement : le massage périnéal et l’utilisation du dispositif EPI-NO. Sont exclues les études portant sur le massage périnéal durant l’accouchement même, et non durant la période pré-partum. 3.1.4 Objectifs/critères de jugement Un critère de jugement est un paramètre mesuré permettant de mettre en évidence le résultat d’un événement ou d’une intervention. En particulier, c’est (ce sont) le(s) critère(s) sur le(s)quel(s) est jugée l’efficacité des traitements. 32 Le critère de jugement principal est la survenue ou non d’un traumatisme périnéal, et/ou l’intégrité du périnée. Ce critère sera déterminé par un thérapeute évaluera l’intégrité du périnée durant l’accouchement, ou juste après. Le type de déchirure sera précisé afin d’avoir une information sur le degré de gravité de la lésion, basé sur la classification de l’OMS-RCOG. 3.2 Méthodologie de recherche des études 3.2.1 Sources documentaires investiguées Afin de mener à bien ma recherche d’articles, je me suis penchée sur les bases de données scientifiques suivantes, en me basant sur le modèle PICO : - PubMed PEDro Cochrane Library NARDINI Lisa DEMK 2022 22 3.2.2 Équation de recherche utilisée En me basant sur ma question clinique et mon modèle PICO, j’ai recherché les MeSH (Medical Subject Headings) terms afin d’établir mon équation de recherche. Le MeSH est le thésaurus (une liste organisée de termes contrôlés et normalisés) de référence dans le domaine biomédical. 33 Massage périnéal → Perineal massage / Antenatal perineal massage EPI-NO / Dilatateur vaginal → EPI-NO / Vaginal dilatator Intégrité périnéale / Périnée intact → Perineum integrity Traumatismes périnéaux → perineal trauma / perineal sequalae / sphincter injur Déchirure → Vaginal tears / perineal lacerations Épisiotomie → Episiotomy En tapant différents mots clefs déjà acquis sur les bases de données, j’ai pu trouver des synonymes et d’autres termes liés pour chacun d’eux. J’ai ainsi pu élargir mon éventail de mots clefs, me permettant de trouver les articles les plus proches possible de ma question clinique. L’équation de recherche va nous permettre de mettre de côté tous les articles qui ne nous intéressent pas, tout en conservant ceux qui ont un rapport avec la question clinique. L’intérêt est donc d’éviter le phénomène de « bruit », (obtenir un grand nombre d’articles hors sujet), mais aussi celui de « silence », qui avec une question de recherche trop précise, met de côté les articles pertinents. Pour établir cette équation de recherche, nous utiliserons les opérateurs booléens AND/ET, OR/OU, NOT/SANS, qui servent à relier les idées, concepts et mots-clefs utilisés lors de la recherche afin de trouver les résultats les plus pertinents possibles. 34 • AND/ET permet de lier deux mots-clefs entre eux. Les études sélectionnées auront dans leur texte les deux mots clefs. Cet opérateur permet de diminuer le phénomène de « bruit ». • OR/OU permet d’obtenir les synonymes. Les études sélectionnées seront composées ’un des mots-clefs précisés. Cet opérateur permet de diminuer le phénomène de « silence ». • NOT/SANS permet d’éliminer un mot-clef. Si ce mot-clef apparait dans une étude, elle sera automatiquement mise en silence par le moteur de recherche. L’équation de recherche qui en découle est la suivante : (massage OR perineal massage OR antenatal massage OR vaginal dilatator OR epi-no OR EPI NO) AND (episiotomy OR perineal trauma OR laceration OR obstetric lacerations OR perineal sequalae OR vaginal tear OR vaginal tearing OR sphincter injur OR severe perineal laceration OR severe perineal tear OR obstetric anal sphincter injur OR perineum integrity) Sur Pubmed, en cochant seulement «Randomized Controlled Trial » (ECR), j’ai trouvé 51 résultats. Sur Cochrane Library, en allant dans la rubrique « Trials », j’ai trouvé 237 articles. Sur PEDro, j’ai procédé en deux temps. J’ai utilisé des termes simples avec « perineal massage » AND « episiotomy ». Dans un premier temps, 10 résultats sont apparus. Puis en tapant seulement « EPI NO», j’ai obtenu 5 résultats. Nous nous retrouvons avant la sélection des études à 303 Résultats. 3.3 Extraction et analyse des données 3.3.1 Sélection des études A partir des articles trouvés, la sélection des études s’est faite étape par étape. • La première étape, qui a déjà été faite précédemment, est de sélectionner le type d’étude. Puisque c’est une question de type thérapeutique, le type d’étude qui nous intéresse est l’ECR. Les autres types d’études seront exclus. • Le deuxième étape est d’éliminer les doublons, car sur certaines bases de données nous retrouvions les mêmes articles. • La troisième étape est de lire le titre et le résumé. S’ils ne correspondent pas, les articles sont • La dernière étape concerne la lecture entière de l’article et son analyse. Cette étape est importante pour s’assurer que les critères PICO sont respectés, mais également pour s’assurer que l’étude suive une bonne méthodologie grâce à une échelle d’évaluation. Après toutes ces étapes, nous nous retrouvons avec 6 articles. 3.3.2 Extractions des données Pour réaliser cette revue, plusieurs paramètres sont extraits des articles retenus. Ces éléments permettent d’adopter une vision globale sur les différents articles sélectionnés, afin de mieux les comparer. Une description détaillée pour chacun d’eux a été faite dans la partie résultats.
35,535
2fc786822dc5474b5875769aeed51c87_10
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,017
Mortalité due à la leucémie chez les enfants âgés de 0 à 14 ans, 2012
None
French
Spoken
7,214
13,197
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933607858 PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017 107 6. QUALITÉ ET RÉSULTATS DES SOINS Prescriptions dans le cadre des soins primaires Les prescriptions peuvent servir d’indicateur de la qualité des soins, en complément aux informations relatives à la consommation et aux dépenses (chapitre 10). Les antibiotiques ne doivent par exemple être prescrits que lorsque le besoin en est avéré afin de diminuer le risque d’apparition de souches résistantes. De même, les quinolones et les céphalosporines sont considérées comme des antibiotiques de seconde ligne dans la plupart des instructions posologiques. Elles ne doivent généralement être utilisées que si les antibiotiques de première ligne sont inefficaces. Le volume total des antibiotiques prescrits, et celui des antibiotiques de seconde ligne en pourcentage du volume total, ont été validés comme marqueurs de la qualité des structures de soins primaires. Le graphique 6.4 présente le volume total d’antibiotiques (antibiotiques de seconde ligne compris) prescrits dans le cadre de soins primaires en 2015. Les volumes totaux varient du simple à plus du triple selon les pays ; les Pays-Bas, l’Estonie et la Suède déclarent les volumes les plus faibles ; la Grèce et la France affichent en revanche des volumes nettement supérieurs à la moyenne de l’OCDE. Les volumes d’antibiotiques de seconde ligne varient pratiquement de 1 à 16 selon les pays. Les pays scandinaves et les Pays-Bas en déclarent les volumes les plus faibles, la Corée, l’Italie et la Turquie les plus élevés. Les disparités peuvent s’expliquer, du côté de l’offre, par la diversité des réglementations, recommandations et incitations appliquées aux prescripteurs de soins et, sur le plan de la demande, par les différences culturelles qui influent sur les comportements et les attentes ayant trait à l’histoire naturelle et au traitement optimal des maladies infectieuses. Le volume global d’antibiotiques a légèrement progressé entre 2010 et 2015. L’augmentation la plus forte a été observée en Irlande et en Pologne, le recul le plus prononcé en Suède et en Islande. La consommation d’antibiotiques est uniformément supérieure chez les enfants, les jeunes adultes et les personnes âgées. Le volume d’antibiotiques dispensés aux enfants âgés de 0 à 9 ans varie de 1 à 50 selon les pays, mais de 1 à 5 seulement chez les jeunes âgés de 10 à 19 ans (graphique 6.5). Les données relatives à la consommation, réparties selon les tranches d’âge, permettent de repérer les groupes qui se voient prescrire une proportion élevée de certains antibiotiques, et fournissent des informations détaillées à l’appui de campagnes ou d’interventions visant à encourager un usage plus prudent des antibiotiques dans ces catégories de la population. Les benzodiazépines sont souvent prescrites aux adultes plus âgés pour lutter contre l’angoisse et les troubles du sommeil, malgré le risque d’effets secondaires indésirables comme la fatigue, les vertiges et la confusion. L’utilisation à long terme des benzodiazépines peut conduire à des effets indésirables (chutes, accidents de la route et surdosage), tolérance, dépendance et augmentation de la dose. En plus de la période d’utilisation, on s’inquiète du type de benzodiazépine prescrit, notamment les types à longue durée d’action, ceux-ci ne sont pas recommandés pour les personnes âgées parce qu’ils prennent plus de temps à être éliminés par le corps. Les graphiques 6.6 et 6.7 indiquent que, dans l’OCDE, 25 personnes âgées sur 1 000 en moyenne sont des consommateurs chroniques de benzodiazépine (> 365 doses journalières définies en un an), et 64 sur 1 000 se sont vu prescrire au moins 108 une fois des benzodiazépines ou des médicaments apparentés à longue durée d’action pendant l’année. Les politiques de remboursement et de prescription des benzodiazépines peuvent expliquer les fortes variations observées ainsi que les différences dans la prévalence de maladies et les directives de traitement. Définition et comparabilité La dose journalière définie (DJD) correspond à la dose supposée moyenne de traitement par jour du médicament utilisé dans son indication principale chez l’adulte. Une DJD est attribuée, par décision consensuelle d’experts internationaux, à chaque principe actif dans une catégorie thérapeutique donnée. Par exemple, la DJD de l’aspirine orale est de 3 g, ce qui est la dose quotidienne supposée pour traiter les douleurs chez l’adulte. Les DJD ne reflètent pas nécessairement la dose journalière moyenne effectivement utilisée dans un pays donné. Plus d’informations à l’adresse : http://www. whocc.no/atcddd. Les données pour l’Espagne, l’Estonie, le Royaume-Uni, le Portugal et la Suède couvrent uniquement les médecins de premier recours. Celles concernant le Canada, l’Irlande, la Slovénie et la Nouvelle-Zélande ne couvrent que les médicaments vendus dans les pharmacies de ville. Les données relatives à la Finlande, à l’Italie et à la Corée englobent les patients en soins ambulatoires uniquement. Celles portant sur la Belgique, le Danemark et les Pays-Bas comprennent les patients en soins ambulatoires et en établissements médicalisés de long séjour. Les données pour la Turquie comprennent les soins primaires, les soins infirmiers et les installations résidentielles. Les données pour l’Australie incluent les prescriptions dispensées dans les pharmacies communautaires, les pharmacies privées d’hôpitaux et les patients externes hospitalisés et les patients de jour admis. Les résultats pour le Canada ne comprennent que les données des provinces de la Colombie-Britannique, du Manitoba et du Saskatchewan. Les dénominateurs correspondent à la population des bases de données nationales de prescriptions, et non à la population générale. Références Cecchini, M. (2016), « Tackling Antimicrobial Resistance », on OECD Insights blog, juin, http://oe.cd/1JI. OCDE (2017), Tackling Wasteful Spending on Health, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264266414-en. OCDE (2015), « Antimicrobial Resistance in G7 Countries », OECD Policy Brief, octobre, www.oecd.org/els/health-systems/ Antimicrobial-Resistance-in-G7-Countries-and-Beyond-PolicyBrief.eps. PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017 6. QUALITÉ ET RÉSULTATS DES SOINS Prescriptions dans le cadre des soins primaires Graphique 6.4. Volume total d’antibiotiques prescrits, 2015 (ou année la plus proche) Ensemble des antibiotiques Antibiotiques de seconde ligne (si disponible) Dose journalière définie pour 1 000 habitants par jour 40 35 30 25 20 15 10 5 rie an pu d T e bl i q ur q ue ui tc e hè qu e Ro Is l a n ya de um ¹ eU O C ni DE 3 Ca 0 na Po da r tu ga l Is ra Es ël pa g Au ne st Ré r al pu ie bl iq u e C or slo é e va qu No u v Ir e el lan le -Z de él an Po de Lu log xe n m e bo ur g It a l Be ie lg iq u Fr e an ce Gr èc e¹ ng nl Ré Ho Fi k tu an ie¹ e ar m ne Li ie èg Da én rv ov No e ne m le Al Sl ag e ni ch tr i Au Le t to e e ni èd Su to ys Pa Es -B as 0 1. Les données portent sur tous les secteurs (et pas seulement sur les soins primaires). Source : European Centre for Disease Prevention and Control et Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933607877 Graphique 6.5. Volume d’antibiotiques dispensés aux jeunes, 2015 (ou année la plus proche) 0-9 ans 10-19 ans Dose journalière définie pour 1 000 habitants par jour (0-9 ans, 10-19 ans) 30 25 20 15 10 5 da Ca na e èg rv No -B ys Pa Da Fi ne nl m an ar as k de e èd iq lg Be Su ue ël ra Is Au st ra qu Tu r Sl li e ie ie én ov It a li e 0 Source : European Centre for Disease Prevention and Control et Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933607896 Graphique 6.6. Usage prolongé de benzodiazépine chez les personnes âgées de 65 ans et plus, 2015 (ou année la plus proche) Graphique 6.7. Patients âgés de 65 ans et plus avec prescription de benzodiazépines ou médicaments apparentés à longue durée d'action, 2015 (ou année la plus proche) Pour 1 000 personnes âgées de 65 ans et plus 80 70 67 30 20 44 150 150 113 34 27 25 100 11 10 5 3 0 Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933607915 PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017 36 31 50 Ir l a Po nde r tu ga Is l No r aël rv èg Su e è F i de nl a Ré OC nde pu DE bl iq Slo 16 ue vé slo nie v P a aqu ys e Da -B a ne s m No u v C ar k el an le a -Z da él an d Co e r Es ée t Au oni e st ra Tu lie rq ui e 0 85 82 64 57 55 18 18 18 18 17 10 102 95 0 24 20 18 13 9 1 Es rée t Ré Sl oni e ov pu é bl iq E s nie ue pa slo gn va e Po qu e r tu g Ir l a l a OC nde D No E17 rv Au èg s e Pa tr al ys ie Da -B ne as m ar No Is k ra uv e l Su ë l le è -Z de él an C a de na Fi da nl an Tu de rq ui e 50 40 200 192 54 52 Co 60 Pour 1 000 personnes âgées de 65 ans et plus 250 Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933607934 109 6. QUALITÉ ET RÉSULTATS DES SOINS Admissions évitables à l’hôpital La plupart des systèmes de santé ont mis en place un « niveau de soins primaires » dont les fonctions consistent notamment à promouvoir la santé et à prévenir les maladies, à gérer les nouveaux problèmes de santé et les affections de longue durée, et à assurer le transfert des patients vers des services hospitaliers lorsque cela est nécessaire. Il s’agit avant tout de préserver la santé des individus en mettant à leur disposition un même centre de soins sur le long terme, en adaptant et en coordonnant les soins pour ceux dont les besoins sont multiples et en favorisant l’autoformation et l’autogestion des patients. L’asthme, la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) et l’insuffisance cardiaque congestive (ICC) sont trois affections de longue durée largement répandues. L’asthme et la MPOC limitent la capacité à respirer : les symptômes de l’asthme sont le plus souvent intermittents et réversibles sous traitement, alors que la MPOC est une maladie progressive qui touche presque exclusivement les fumeurs ou ex-fumeurs. Pas moins de 334 millions de personnes souffriraient d’asthme à travers le monde (Global Asthma Network, 2014). La MPOC aurait été responsable de quelque 3 millions de décès en 2015, soit 5 % des décès enregistrés dans le monde cette année-là (OMS, 2016). L’ICC est une pathologie grave qui survient lorsque le cœur ne parvient pas à pomper un volume de sang suffisant pour répondre aux besoins du corps. Elle est souvent due à l’hypertension, au diabète ou à une maladie coronarienne. L’insuffisance cardiaque toucherait plus de 26 millions de personnes dans le monde, et entraînerait plus d’un million d’hospitalisations chaque année aux États-Unis et en Europe (Ponikowski et al.,2014). Pour ces trois pathologies, les données factuelles établissent clairement que les traitements sont efficaces et qu’ils peuvent être en grande partie administrés dans le cadre des soins primaires. Un système de soins primaires très performant, où un service accessible de haute qualité est fourni, peut atténuer la dégradation aiguë de l’état de santé des personnes souffrant d’asthme, de MPOC ou d’ICC, et réduire les admissions pas nécessaires à l’hôpital. Le graphique 6.8 présente les taux cumulés d’admission à l’hôpital pour asthme et MPOC, compte tenu de la relation physiologique entre les deux pathologies. Les taux d’admission pour l’asthme varient de 1 à 15 selon les pays ; l’Italie, le Mexique et la Colombie affichent les taux les plus faibles ; la Lettonie, la Turquie et la Corée déclarent des taux deux fois supérieurs à la moyenne de l’OCDE. En ce qui concerne la MPOC, les taux d’admission varient dans un rapport de 1 à 25 dans les pays de l’OCDE ; le Japon et l’Italie enregistrent les taux les plus bas, la Hongrie et l’Irlande les plus hauts. La variation pour ces deux pathologies respiratoires conjuguées est moindre – de 1 à 7 selon les pays. Les taux d’admission à l’hôpital pour ICC varient de 1 à 12, comme le montre le graphique 6.9. Les taux les plus bas sont observés en Colombie, au Costa Rica et au Mexique, alors que la Hongrie, la Pologne et la Lituanie affichent des taux environ 110 2 fois supérieurs à la moyenne de l’OCDE. Le graphique 6.10 fait apparaître une baisse des taux d’admission pour ICC en Autriche, en Israël et en Irlande ces dernières années, alors qu’ils ont augmenté en Espagne et sont restés relativement stables en Belgique. Il se peut que les progrès observés tiennent à l’amélioration de la qualité des soins primaires dans ces pays, mais des examens réalisés par l’OCDE montre que l’investissement dans ce domaine n’est peut-être pas assez rapide (OCDE, 2017b), entraînant potentiellement des dépenses inutiles en soins de santé (OCDE, 2017a). Définition et comparabilité Les indicateurs se définissent comme le nombre d’admissions hospitalières avec un diagnostic primaire d’asthme, MPOC ou ICC de personnes âgées de 15 ans et plus pour 100 000 habitants. Les taux sont standardisés par âge et par sexe selon la population de l’OCDE de 2010 âgée de 15 ans et plus. Les admissions faisant suite à un transfert depuis un autre hôpital pendant lesquelles le patient décède ne sont pas prises en compte dans les calculs car elles sont jugées probablement inévitables. La prévalence de la maladie et l’accès à des soins hospitaliers peuvent expliquer en partie, mais pas totalement, les variations des taux d’un pays à l’autre. La diversité des pratiques de codage peut également compromettre la comparabilité des données. Ainsi, l’exclusion des « transferts » ne peut être entièrement respectée dans certains pays, les différences de couverture des données du secteur hospitalier national selon les pays peuvent également influencer les taux d’indicateurs. Références Global Asthma Network (2014), The Global Asthma Report 2014, Auckland, New Zealand, www.globalasthmareport.org/ resources/Global_Asthma_Report_2014.eps. OCDE (2017a), Tackling Wasteful Spending on Health, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264266414-en OCDE (2017b), Caring for Quality in Health, Lessons Learnt from 15 Reviews of Health Care Quality, Éditions OCDE, Paris, www.oecd.org/els/health-systems/Caring-for-Quality-in-HealthFinal-report.eps. OMS – Organisation mondiale de la santé (2016), « Chronic Obstructive Pulmonary Disease (COPD) », novembre, www.who.int/mediacentre/factsheets/fs315/en/. Ponikowski, P. et al.(2014), « Heart Failure: Preventing Disease and Death Worldwide »,ESC Heart Failure, vol. 1, pp. 4-25, http://dx.doi.org/10.1002/ehf2.12005. PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017 6. QUALITÉ ET RÉSULTATS DES SOINS Admissions évitables à l’hôpital Graphique 6.8. Admission à l’hôpital pour asthme et MPOC parmi la population adulte, 2015 (ou année la plus proche) 64 58 202 193 186 341 333 330 303 286 284 282 262 261 247 238 237 234 234 371 150 146 138 99 96 89 100 74 150 137 129 200 184 184 250 223 300 259 350 309 400 363 411 Taux standardisés par âge et sexe pour 100 000 habitants 450 414 Asthme 428 MPOC 50 Ja po n It a Po li e rt Co uga lo l m M bie ex iq ue C o Ch s t ili aR i Es c a to ni Su e i Sl s s e ov én Fr i e an c Su e èd F Ré L u in e pu xe l a n bl m de iq bo ue u tc rg¹ h P a è qu ys e -B Is a s la n Po de¹ lo E s gn e Ré pa pu g bl iq O C ne ue DE slo 3 4 va q C a ue na da Is No r aël Ét r v è at ge sU L i nis t A l uan le ie m ag B Ro e l n e y a giq um u e eUn Co i Au rée t Da r ich ne e m No u v L e ar k ell t to e- n Zé ie la Au nde st ra Ir l l i e an Tu de rq Ho ui e ng rie 0 1. Moyenne sur trois ans. Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933607953 Graphique 6.9. Admission à l’hôpital pour insuffisance cardiaque congestive parmi la population adulte, 2015 (ou année la plus proche) Taux standardisés par âge et sexe pour 100 000 habitants Lituanie 464 Pologne 441 Hongrie 417 République slovaque 387 Allemagne 380 République tchèque 347 États-Unis 312 Finlande 269 Estonie 266 France 261 Slovénie 259 Autriche 250 Suède 248 Israël 228 OCDE32 226 Italie 217 Australie 216 Nouvelle-Zélande 196 Espagne 189 Belgique 181 Pays-Bas 179 Islande¹ 174 Suisse 167 Portugal 167 Canada 160 Norvège 159 Irlande 150 Danemark 137 Japon 126 Turquie 101 Royaume-Uni 98 Chili 94 Corée 62 Mexique 51 Costa Rica 47 Colombie 0 200 400 576 Taux standardisés par âge et sexe pour 100 000 habitants 450 400 350 Autriche 300 Israël Irlande 250 200 150 Belgique Espagne 100 50 600 1. Moyenne sur trois ans. Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933607972 PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017 Graphique 6.10. Evolution des admissions à l’hôpital pour insuffisance cardiaque congestive parmi la population adulte, pays sélectionnés 0 2000 2003 2006 2009 2012 2015 1. Moyenne sur trois ans. Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933607991 111 6. QUALITÉ ET RÉSULTATS DES SOINS Traitement du diabète Le diabète est une maladie chronique qui survient lorsque que le corps n’est plus capable de réguler les niveaux excessifs de glucose dans le sang. Dans les pays de l’OCDE, il est une cause majeure de maladie cardiovasculaire, de cécité, d’insuffisance rénale et d’amputation d’un membre inférieur. En 2015, on estimait à plus de 400 millions le nombre d’adultes atteints de d iabète dans le m ond e, chiffre qui devrait dé passer 640 millions à l’horizon 2040. Le diabète a été à l’origine de 5 millions de décès en 2015 (FID, 2015). La prise en charge du diabète au jour le jour reposant en très grande partie sur le patient, l’accompagnement et la formation des personnes atteintes de diabète revêtent une importance cruciale dans leur traitement primaire. Un contrôle efficace des niveaux de glycémie dans le cadre d’un suivi de routine, une modification du régime alimentaire et une activité physique régulière permettent de diminuer l’apparition de complications graves et la nécessité d’une hospitalisation. La gestion d’autres facteurs de risque essentiels, comme le tabagisme, la tension artérielle et les niveaux de lipides, joue également un rôle majeur dans la lutte contre les complications du diabète. Chez les personnes atteintes de diabète souffrant d’hypertension, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA-I) ou les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine (ARA) sont recommandés par la plupart des directives nationales comme médicaments de première ligne pour réduire la tension artérielle. Le graphique 6.12 montre des pourcentages globalement uniformes de patients diabétiques sous antihypertenseurs ; seules la Corée, l’Italie, la Finlande, la Belgique et la République slovaque affichent des taux inférieurs à 80 %. Le graphique 6.11 présente les admissions hospitalières pour diabète qui auraient pu être évitées. Bien que leur nombre ait diminué dans la plupart des pays au fil des ans, un rapport de 1 à 7 est observé au sein des pays. L’Italie, l’Islande et l’Espagne déclarent les taux les plus faibles, alors que ceux de l’Autriche, de la Corée et du Mexique sont au moins deux fois supérieurs à la moyenne de l’OCDE. La prévalence du diabète peut expliquer dans une certaine mesure la disparité des taux. On observe une corrélation positive entre l’ensemble des admissions à l’hôpital celles liées au diabète, ce qui permet de penser que l’accès aux soins hospitaliers expliquerait les variations internationales (OCDE, 2015). Les admissions pour amputation majeure des membres inférieurs témoignent de la qualité à long terme du traitement du diabète. Le graphique 6.13 présente les taux d’amputation chez les adultes atteints de diabète. La partie gauche présente les taux fondés sur la population générale. La disparité internationale des taux se situe dans un rapport de 1 à plus de 14, la Colombie, la Corée, l’Italie, la Finlande et le Royaume-Uni déclarant des taux inférieurs à trois pour 100 000 habitants (population globale) alors que l’Autriche, Israël et le Mexique affichent des taux supérieurs à 14. Les taux basés sur la population estimée de personnes atteintes de diabète sont présentés dans la partie droite. Ils sont neuf fois supérieurs à ceux de la population globale et aboutissent à un classement différent des pays ; il semble donc que les disparités entre pays en termes de prévalence de la maladie expliquent en partie, mais pas en totalité, les variations internationales. Dans les pays de l’OCDE, les taux d’amputation ont sensiblement baissé depuis 2000 (Carinci et al., 2016). 112 Définition et comparabilité Les personnes atteintes de diabète auxquelles des médicaments antihypertenseurs de première intention sont prescrits est défini comme le nombre d’usagers de longue durée de médicaments régulateurs de la glycémie (diabète) auxquels sont en outre prescrits une ou plusieurs fois par an divers médicaments utilisés dans la gestion de l’hypertension, notamment des inh ibite urs d e l’e nzyme de c onversio n de l ’ a n g i o t e n s i n e ( E CA - I ) o u d e s a n t ag o n i s t e s d e s récepteurs de l’angiotensine (ARA). L’indicateur des admissions évitables pour diabète repose sur la somme de trois indicateurs : admissions pour des complications à court terme et à long terme et pour diabète non contrôlé sans complication. L’indicateur est défini comme le nombre d’admissions hospitalières de personnes âgées de 15 ans et plus ayant reçu un diagnostic principal de diabète pour 100 000 habitants. Les amputations majeures des membres inférieurs chez les adultes atteints de diabète est défini comme le nombre de sorties d’hôpital de personnes âgées de 15 ans et plus pour 100 000 habitants, pour la population en général et la population estimée de diabétiques. Les taux ont été standardisés selon l’âge par la population de référence de l’OCDE en 2010. La comparabilité des données peut être compromise par des différences de définition des données et des pratiques de codage entre les pays. Ainsi, le codage du diabète en tant que diagnostic principal ou diagnostic secondaire varie d’un pays à l’autre. Ce phénomène est plus prononcé pour le diabète que pour les autres maladies, car dans de nombreux cas l’admission intervient en raison de complications secondaires du diabète et non pour le diabète lui-même. Les pays ont c o m mu n i q u é e u x - m ê m e s l e s e s ti m a t i o n s d e l a population de diabétiques utilisées pour calculer les indicateurs d’amputation. les différences de couverture des données du secteur hospitalier national selon les p ay s p e u ve n t é g a le m e n t i n f l u e n c e r l e s t a u x d’indicateurs. Références Carinci, F. et al. (2016), « Lower Extremity Amputation Rates in People with Diabetes as an Indicator of Health Systems Performance. A Critical Appraisal of the Data Collection 20002011 by the Organization for Economic Cooperation and Development (OECD) », Acta Diabetologica, vol. 53, pp. 825-832. FID – Fédération internationale du diabète (2015), Atlas du diabète de la FID :Septième édition 2015,www.diabetesatlas.org. OCDE (2015), Cardiovascular Disease and Diabetes: Policies for Better Health and Quality of Care, Éditions OCDE, Paris, http:// dx.doi.org/10.1787/9789264233010-en. PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017 6. QUALITÉ ET RÉSULTATS DES SOINS Traitement du diabète Graphique 6.11. Admissions à l’hôpital pour diabète parmi la population adulte, 2010 et 2015 (ou année la plus proche) 2010 2015 Taux standardisés par âge et sexe pour 100 000 habitants 400 350 300 250 266 200 100 50 40 41 48 53 66 69 70 73 73 74 94 96 101 110 113 171 141 143 148 151 130 133 136 137 Is It a li la e n Es de¹ p C o a gn lo e m Po bie r tu ga I l P a sr a ë ys l -B Ro S a s y a ui s um s e eNo Uni rv è Ir l g e an C a de na d Su a Sl è d e ov é Ho ni e D a n gr ne ie m a Es rk to ni e C o Ch s t ili aR OC ic a D Au E 3 3 st r F i a li e nl No an uv Be de ell l gi e - qu Zé e la nd Fr e an Ré Lu L e t c e pu xe ton bl m i e iq bo ue u tc rg¹ hè qu Ja e Ét p o at Ré s- n pu Un bl iq Po is ue lo slo gn e A l v aq le ue m ag Tu ne rq L i ui e tu a A u ni e tr i ch Co e M rée ex iq ue 0 92 218 222 225 204 187 191 192 197 151 141 150 281 292 1. Moyenne sur trois ans. Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933608010 Graphique 6.12. Personnes atteintes de diabète auxquelles un antihypertenseur recommandé a été prescrit au cours de l’année précédente, 2015 (ou année la plus proche) Graphique 6.13. Amputation majeure des membres inférieures parmi les adultes atteints de diabète, 2015 (ou année la plus proche) Colombie Corée Italie Finlande Royaume-Uni Suisse Irlande Islande¹ Luxembourg¹ Turquie Suède Belgique Australie France Pays-Bas Pologne Nouvelle-Zélande Espagne Norvège OCDE27/18 Lituanie Canada Lettonie Danemark Allemagne Estonie Portugal Costa Rica Autriche Israël Mexique 1.0 Slovénie 91.1 2.4 2.7 Portugal 89.7 2.8 2.9 Australie 89.6 3.1 3.2 Nouvelle-Zélande 88.7 3.5 3.6 Espagne 86.6 3.7 Canada 85.8 4.1 Irlande 85.8 4.3 3.7 4.2 4.7 Danemark 4.9 85.5 5.9 Suède 85.4 Estonie 84.0 Turquie 83.0 Norvège 82.3 6.2 6.4 6.4 6.7 7.4 8.1 8.3 8.6 8.9 Pays-Bas 81.2 9.1 9.3 Corée 79.9 14.1 15.7 Italie 79.1 OCDE18 79.1 Belgique 19.5 20 10 Taux standardisés par âge et sexe pour 100 000 habitants 0 18 13 30 255 32 17 44 43 49 52 79 67 80 52 81 101 70 65 62 87 67 0 100 200 300 Taux standardisés par âge et sexe pour 100 000 personnes atteintes de diabète 73.8 Finlande 59.4 République slovaque Note : Moyenne sur trois ans. Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933608048 12.3 0 20 40 60 80 100 % de patients atteints de diabete Note : Les données du Canada incluent uniquement les provinces de Colombie britannique, du Manitoba et du Saskatchewan. Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933608029 PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017 113 6. QUALITÉ ET RÉSULTATS DES SOINS Mortalité après un accident vasculaire cérébral À travers le monde, on estime que près de 26 millions de personnes ont subi un AVC, dont plus de 10 millions de personnes ayant un premier AVC chaque année. L’accident vasculaire cérébral est la deuxième cause mondiale de décès après les maladies cardiaques et représentait à peine moins de 12 % des décès dans le monde en 2013 (American Heart A s s oc ia tio n, 2 01 7). L es AV C s on t l a d eu xi èm e ca u s e d’invalidité. Ils surviennent lorsque l’irrigation sanguine d’une partie du cerveau est interrompue, ce qui entraîne une nécrose (mort cellulaire) de la partie atteinte. Parmi les deux types d’AVC qui existent, environ 85 % sont ischémiques (causés par la coagulation) et 15 % sont hémorragiques (causés par des saignements). Le traitement des AVC ischémiques a spectaculairement progressé au cours de la dernière décennie ainsi que les systèmes et les processus actuellement en place dans de nombreux pays de l’OCDE pour identifier les patients susceptibles d’AVC ischémiques le plus tôt possible et pour délivrer rapidement une thérapie de reperfusion aiguë. Le graphique 6.14 présente les taux de mortalité clinique dans les 30 jours suivant une admission pour AVC ischémique lorsque le décès se produit dans l’hôpital où l’admission initiale a eu lieu. Le graphique 6.15 présente le taux de mortalité clinique quel que soit le lieu du décès (après transfert dans un autre hôpital ou après sortie d’hôpital). Cet indicateur est plus fiable car il rend compte du nombre de décès de manière plus exhaustive. Même si la majorité des pays reportent les mesures fondées sur un même hôpital utilisant les données non couplées, ils sont de plus en plus nombreux à investir dans leur infrastructure de données et sont désormais en mesure de fournir des indicateurs plus détaillés basés sur des données couplées. Dans les pays de l’OCDE, en 2015, 8.2 % des patients sont décédés dans les 30 jours dans l’hôpital où ils avaient été initialement admis pour un AVC ischémique (graphique 6.14). Les taux de létalité les plus élevés étaient recensés en Lettonie (18.3 %) et au Mexique (19.2 %). Ils étaient inférieurs à 4 % au Costa Rica, en Corée et au Japon. Au Japon, de nombreux efforts ont été consacrés à l’amélioration du traitement des patients atteints d’AVC dans les hôpitaux, grâce à une surveillance systématique de la tension artérielle, des investissements majeurs dans les hôpitaux et à l’établissement d’unités d’AVC (OCDE, 2015a). À l’exception du Japon, de la Corée et de l’Allemagne, les pays qui obtiennent les meilleurs résultats en matière d’AVC ischémiques déclarent aussi généralement des taux de mortalité satisfaisants pour les infarctus aigus du myocarde (IAM). Il semblerait donc que les soins intensifs influent par certains aspects à la fois sur les résultats des patients frappés par un AVC et sur ceux des victimes d’un IAM. Dans les 22 pays qui ont fourni des taux de létalité à l’hôpital et à l’extérieur de l’hôpital, 11.6 % des patients sont décédés dans les 30 jours suivant leur admission pour AVC (graphique 6.15). Ce chiffre est supérieur à celui de l’indicateur basé sur un même hôpital car il ne compte chaque patient qu’une fois et ne couvre pas seulement les décès qui surviennent dans le même hôpital, mais aussi ceux qui surviennent dans d’autres hôpitaux et en dehors de l’hôpital. Entre 2010 et 2015, les taux de létalité des AVC ischémiques ont fortement diminué, tandis qu’au Costa Rica et en Lettonie, ces 114 taux ont augmenté d’1 point sur cette période (graphiques 6.14 et 6.15). Dans l’OCDE, les taux pour un même hôpital ont reculé de 9.2 % à 8.2 %, et les taux à l’hôpital et en dehors de l’hôpital de 12.4 % à 11.6 %. Le graphique 6.16 illustre l’évolution des taux d’AVC de certains pays au cours de cette même période, et montre que le Royaume-Uni a réussi à réduire son taux annuel moyen de plus de 5 %, alors que la moyenne de l’OCDE s’établit à 0.8 %. L’amélioration de l’accès à des soins de qualité pour la prise en charge des AVC, notamment le transport en temps voulu des patients, des interventions médicales fondées sur des données factuelles et des installations spécialisées de qualité élevée telles que les unités neurovasculaires, ont permis de réduire les taux de mortalité clinique à 30 jours (OCDE, 2015b). Malgré les progrès accomplis jusqu’à présent, il est encore p os s ibl e d’ a m é li o re r l a m is e e n œ u v re de p ra ti qu e s exemplaires en matière de soins intensifs pour les maladies cardiovasculaires, notamment les AVC, dans les différents pays. Pour réduire le temps de traitement en soins intensifs, des stratégies ciblées peuvent s’avérer extrêmement efficaces. Les progrès de la technologie conduisent maintenant à des modèles de soins pour offrir une thérapie de reperfusion d’une manière encore plus rapide et efficace, que ce soit par le triage p r é h o s p i t a l i e r p a r t é l é p h o n e, l ’ a d m i n i s t r a t i o n p a r télémédecine ou l’administration de la thérapie dans l’ambulance (Chang et Prabhakaran, 2017). Pour promouvoir l’utilisation de technologies de pointe fondées sur des données probantes, des approches plus générales s’imposent. Cela suppose la mise à disposition de financements suffisants et de professionnels qualifiés, et l’adaptation des systèmes de prestation de soins pour faciliter l’accès (OCDE, 2015b). Définition et comparabilité Les taux de mortalité sont définis dans l’indicateur « Mortalité après un infarctus aigu du myocarde » au chapitre 6. Références American Heart Association (2017), « Heart Disease and Stroke Statistics 2017 At-a-Glance », www.heart.org/idc/groups/ ahamah-public/@wcm/@sop/@smd/documents/downloadable/ ucm_491265.eps (consulté le 01/09/2017). Chang, P. et S. Prabhakaran (2017), « Recent Advances in the Management of Acute Ischaemic Stroke », F1000Research, 6, F1000 Faculty Rev-484, http://doi.org/10.12688/f1000 research.9191.1. OCDE (2015a), OECD Reviews of Health Care Quality: Japan 2015: Raising Standards, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/ 10.1787/9789264225817-en. OCDE (2015b), Cardiovascular Disease and Diabetes: Policies for Better Health and Quality of Care, Éditions OCDE, Paris, http:// dx.doi.org/10.1787/9789264233010-en. PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017 6. QUALITÉ ET RÉSULTATS DES SOINS Mortalité après un accident vasculaire cérébral Graphique 6.14. Mortalité dans les 30 jours suivant une admission à l’hôpital pour AVC ischémique, taux basé sur les données non couplées, 2010 et 2015 (ou année la plus proche) Intervalles de confiance 2015 2010 2015 Taux standardisés par âge et sexe pour 100 admissions d'adultes âgés de 45 ans et plus 30 25 Co st 19.2 12.1 10.1 9.9 10.1 9.7 9.7 9.6 9.6 9.2 8.6 8.5 8.4 8.3 8.1 8.2 7.7 7.3 7.1 6.8 6.8 6.7 6.3 6.1 6.2 5.4 4.8 4.6 4.2 aR ic Ja a po n C Ét or é at s- e Da Un ne is m No ar k rv F i ège nl an d Su e is s S e A l uèd le m e ag ne It a A u li e st ra li e Is r Au aël tr i ch Fr e an No P u v ay c e e l l se- Ba Lu Zél s xe a n m de bo u OC rg¹ DE Is 3 2 la n Be de¹ lg iq Ré C a ue pu na d bl iq E s a ue to slo ni e va qu R é Ro H o n e pu y a gr bl um i e iq ue e-U t c ni hè qu Ir l e an Po de r tu g Tu al rq E s ui e pa gn e Ch Sl ili ov é L i ni e tu an Le ie t to M ni e ex iq ue 0 3.9 3.1 5 5.0 2.7 10 10.6 15.3 15 18.3 20 Note : Les intervalles de confiance à 95 % ont été calculés pour tous les pays, représentés par les surfaces grises. 1. Moyenne sur trois ans. Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933608067 Graphique 6.15. Mortalité dans les 30 jours suivant une admission à l’hôpital pour AVC ischémique, taux basé sur les données couplées 2010 et 2015 (ou année la plus proche) Intervalles de confiance 2015 2010 2015 Taux standardisés par âge et sexe pour 100 admissions d'adultes âgés de 45 ans et plus 30 25 20 15 10 5 e ni e t to ni Le Es to ili Ch ie Tu r qu ie én ov Sl Ho ng rie e hè tc ue iq ell pu bl uv Ré No qu e nd eZé la DE OC -B ys Pa ya 22 as i l Un um e- r tu ga e gn ur pa Es Po Ro Lu xe m Ca bo na da g¹ ² e èd m ne Da Su ar k li e It a ël Is ra e No rv èg se is Su an nl Fi Co ré e de 0 Note : Les intervalles de confiance à 95 % ont été calculés pour tous les pays, représentés par les surfaces grises. 1. Moyenne sur trois ans. 2. Les résultats pour le Canada n’incluent pas les décès hors des hôpitaux de soins actifs. Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933608086 Graphique 6.16. Mortalité dans les 30 jours suivant une admission à l’hôpital pour AVC ischémique, taux basé sur les données couplées dans une sélection de pays Canada Italie Corée Taux standardisés par âge et sexe pour 100 admissions d'adultes âgés de 45 ans et plus 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 2005 2006 2007 2008 2009 2010 PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017 Suède 2011 Royaume-Uni 2012 2013 2014 2015 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933608105 115 6. QUALITÉ ET RÉSULTATS DES SOINS Mortalité après un infarctus aigu du myocarde (IAM) La mortalité imputable aux maladies coronariennes a considérablement diminué depuis les années 70 (voir l’indicateur « Mortalité due aux maladies cardiovasculaires » au chapitre 3). Les progrès sensibles des politiques de prévention, en ce qui concerne le tabagisme notamment (voir l’indicateur « Tabagisme chez les adultes » au chapitre 4), et du traitement des maladies cardiovasculaires ont favorisé ce recul (OCDE, 2015a). Un bon indicateur de la qualité des soins intensifs est le taux de létalité à 30 jours suite à un IAM. Il rend compte des procédures de soins, comme le transport en temps voulu des patients et les interventions médicales concrètes. Il est influencé par la qualité des soins fournis dans les hôpitaux, mais aussi par les différences en termes de transferts hospitaliers, de durée moyenne de séjour et de gravité des IAM. Le graphique 6.17 présente les taux de létalité dans les 30 jours suivant une admission pour IAM lorsque le décès se produit dans l’hôpital où l’admission initiale est intervenue. Les taux les plus bas sont observés en Australie, au Danemark et en Norvège (4 % ou moins). La Lettonie, la Hongrie et le Mexique affichent les plus élevés, ce qui donne à penser que les patients a d m i s p o u r I A M n e re ç o ive n t p as t o u j o u rs l e s s o i n s recommandés. Au Mexique, l’absence d’un système coordonné de soins entre les soins primaires et les hôpitaux peut avoir contribué aux retards dans la reperfusion et aux faibles taux d’angioplastie (Martínez-Sánchez, 2017). Le taux élevé de diabète non contrôlé peut aussi expliquer en partie la forte létalité suite à un IAM (voir l’indicateur « Traitement du diabète » au chapitre 6) car le pronostic des patients diabétiques après un IAM est moins bon que celui des autres, surtout si le diabète est mal contrôlé. Au Japon, les individus sont moins susceptibles de mourir d’une maladie cardiovasculaire, mais plus exposés au risque de décès après admission à l’hôpital pour IAM que dans de nombreux autres pays de l’OCDE. Cela pourrait tenir à ce que l’état des patients admis suite à un IAM est plus grave pour un groupe restreint de la population, mais aussi à des disparités sous-jacentes en matière de soins d’urgence, de diagnostic et de prise en charge (OCDE, 2015b). L’amélioration de l’accès à des soins intensifs de qualité pour les crises cardiaques, notamment le transport en temps voulu des patients, des interventions médicales fondées sur des données factuelles et des installations sanitaires spécialisées (comme les centres en mesure de réaliser des interventions par cathéter percutané) ont contribué à réduire les taux de létalité dans les 30 jours (OCDE, 2015a). La Corée, par exemple, affichait des taux de létalité plus élevés pour l’IAM mais, en 2006, le pays a mis en œuvre un plan global contre les maladies cardiovasculaires recouvrant la prévention, les soins primaires et les soins intensifs qui leur sont rattachés (OCDE, 2012). Dans ce cadre, des centres régionaux cardio et cérébrovasculaires ont été créés dans tout le pays pour renforcer les services spécialisés, et le temps d’attente moyen entre l’arrivée aux urgences et le début de la cathétérisation a été ramené de 72.3 minutes en 2010 à 65.8 minutes en 2011, ce qui s’est traduit par une baisse de la létalité (OCDE, 2015a). Définition et comparabilité Le taux de létalité mesure le pourcentage de personnes âgées de 45 ans et plus qui décèdent dans les 30 jours suivant leur admission à l’hôpital pour un problème de santé aigu spécifique. Les taux fondés sur les données non couplées concernent les décès survenus dans l’hôpital où le patient a été initialement admis. Les taux basés sur les données couplées ont trait aux décès survenus dans le même hôpital, dans un autre hôpital ou en dehors de l’hôpital. Bien que la méthode basée sur les données couplées soit considérée comme plus robuste, elle nécessite un identificateur de patient unique pour coupler les données concernées, qui n’est pas disponible dans tous les pays. Les taux sont standardisés selon l’âge et le sexe par la population de l’OCDE âgée de 45 ans et plus en 2010 et admise à l’hôpital pour un problème de santé aigu spécifique, comme un IAM (ICD-10 I21, I22) et un accident vasculaire cérébral ischémique (ICD-10 I63-I64). Le graphique 6.18 présente les taux de létalité dans les 30 jours lorsque les décès sont enregistrés indépendamment du lieu où ils surviennent (après transfert dans un autre hôpital ou après sortie d’hôpital). Cet indicateur est plus rigoureux en ce qu’il enregistre de façon plus exhaustive les décès que l’indicateur des décès pour un même hôpital ; il nécessite cependant un identifiant de patient unique et des données couplées qui ne sont pas disponibles dans tous les pays. Le taux de létalité de l’IAM en 2015 varie dans une fourchette comprise entre 7.1 % au Canada et 18 % en Lettonie. Références Les taux de létalité de l’IAM ont sensiblement fléchi entre 2005 et 2015 (graphiques 6.17 et 6.18). Dans l’OCDE, ils ont chuté de 8.5 % à 7.5 % si l’on tient compte des décès survenus dans le même hôpital et de 11.3 % à 9.9 % si l’on considère ceux intervenus à l’hôpital et en dehors. OCDE (2015a), Cardiovascular Disease and Diabetes: Policies for Better Health and Quality of Care, Éditions OCDE, Paris, http:// dx.doi.org/10.1787/9789264233010-en. Cette baisse est particulièrement remarquable en Finlande, aux Pays-Bas et au Danemark, le nombre de décès intervenus à l’hôpital et hors milieu hospitalier enregistrant une diminution annuelle moyenne de plus de 4 %, alors que la moyenne de l’OCDE est de 2.5 %. Le graphique 6.19 illustre l’évolution du recul des taux de létalité suite à un IAM dans certains pays.
49,366
2009ENAM0028_2
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,009
Contribution à la simulation numérique des procédés de mise en forme : application au formage incrémental et au formage superplastique
None
French
Spoken
7,985
13,849
26 Chapitre 2 – Le formage Superplastique (a) Vitesse de déformation maximale [s -1] 1,40E-04 1,20E-04 1,00E-04 Vitesse de déformation optimale 8,00E-05 6,00E-05 4,00E-05 2,00E-05 0,00E+00 0,00E+00 2,00E+03 4,00E+03 6,00E+03 8,00E+03 1,00E+04 Temps de formage[s] 1,20E+04 (b) Figure 2.12. Résultats du post-traitement (a) Evolution de la pression, (b) vitesse de déformation maximale La vitesse de déformation maximale obtenue est relativement proche de la vitesse de déformation de contrôle (vitesse de déformation optimale). Il est cependant possible de noter une instabilité vers la fin du formage, au niveau de la discontinuité de la pression. 2. Algorithme proportion nel avec correction logarithmique : L’algorithme proposé par Sorgent et al. *Sor08+ est maintenant utilisé pour la mise en forme de ce cas-test. Les évolutions de la pression de formage, ainsi que la vitesse de déformation maximale, obtenus numériquement sont présentés sur la figure suivante. 27 Chapitre 2 – Le formage Superplastique 5,00E-01 Pression de formage [MPa] 4,50E-01 4,00E-01 3,50E-01 3,00E-01 2,50E-01 2,00E-01 1,50E-01 1,00E-01 5,00E-02 0,00E+00 0,00E+00 2,00E+03 4,00E+03 6,00E+03 8,00E+03 1,00E+04 1,20E+04 Temps de formage [s] (a) Vitesse de déformation maximale [s-1] 1,40E-04 Vitesse de déformation optimale 1,20E-04 1,00E-04 8,00E-05 6,00E-05 4,00E-05 2,00E-05 0,00E+00 0,00E+00 2,00E+03 4,00E+03 6,00E+03 8,00E+03 1,00E+04 1,20E+04 Temps de formage [s] (b) Figure 2.13. Résultats de la correction logarithmique (a) Evolution de la pression, (b) vitesse de déformation maximale Un accroissement trop important de la pression au début du formage est observé, ce qui provoque une première instabilité sur la vitesse de déformation. Tout au long de la mise en forme, de nombreuses instabilités de la pression de formage sont observées. Elles sont dues à une correction trop importante, ce qui provoque des instabilités sur la vitesse de déformation. Cependant, ces instabilités sont très faibles, et la consigne en vitesse de déformation est bien respectée. 28 Chapitre 2 – Le formage Superplastique 3. Algorithme par bandes proposé par Y. Aoura : L’algorithme proposé par Y. Aoura [Aou04] est maintenant utilisé pour la mise en forme de ce cas-test. La vitesse de déformation maximale est déterminée dans l’ensemble du flan. Les évolutions de la pression de formage, ainsi que la vitesse de déformation maximale, obtenus numériquement sont présentées sur la figure suivante. 5,00E-01 Pression de formage [MPa] 4,50E-01 4,00E-01 3,50E-01 3,00E-01 2,50E-01 2,00E-01 1,50E-01 1,00E-01 5,00E-02 0,00E+00 0,00E+00 2,00E+03 4,00E+03 6,00E+03 8,00E+03 1,00E+04 1,20E+04 Temps de formage [s] (a) Vitesse de déformation maximale [s -1] 1,40E-04 Vitesse de déformation optimale 1,20E-04 1,00E-04 8,00E-05 6,00E-05 4,00E-05 2,00E-05 0,00E+00 0,00E+00 2,00E+03 4,00E+03 6,00E+03 8,00E+03 1,00E+04 1,20E+04 Temps de formage [s ] (b) Figure 2.14. Résultats de la correction par bandes (a) Evolution de la pression, (b) vitesse de déformation maximale Un accroissement trop important de la pression au début du formage est observé, ce qui provoque une première instabilité sur la vitesse de déformation. Tout au long de la mise en forme, de nombreuses instabilités de la pression de formage sont observées. Elles sont dues aux différents paliers de l’algorithme, ce qui provoque des instabilités 29 Chapitre 2 – Le formage Superplastique sur la vitesse de déformation. Cependant, ces instabilités sont très faibles, et l a consigne en vitesse de déformation est bien respectée. 4. Algorithme proportionnel mis en œuvre : L’algorithme proportionnel qui a été développé maintenant utilisé. Le temps de réponse de la pression utilisé est de 0.01 MPa/s. Les évolutions de la press ion de formage, ainsi que la vitesse de déformation maximale, obtenues numériquement sont présentées sur la figure suivante. 5,00E-01 Pression de formage [MPa] 4,50E-01 4,00E-01 3,50E-01 3,00E-01 2,50E-01 2,00E-01 1,50E-01 1,00E-01 5,00E-02 0,00E+00 0,00E+00 2,00E+03 4,00E+03 6,00E+03 8,00E+03 1,00E+04 1,20E+04 Temps de formage [s] (a) Vitesse de déformation maximale [s -1] 1,40E-04 1,20E-04 Vitesse de déformation optimale 1,00E-04 8,00E-05 6,00E-05 4,00E-05 2,00E-05 0,00E+00 0,00E+00 2,00E+03 4,00E+03 6,00E+03 8,00E+03 Temps de formage [s] 1,00E+04 1,20E+04 (b) Figure 2.15. Résultats pour la correction proportionnelle proposée (a) Evolution de la pression, (b) vitesse de déformation maximale Une bonne stabilité de la pression de formage, ainsi que de la vitesse de déformation est observée. Cette stabilité est due à une correction de la pression de formage moins élevée que celle obtenue par un opérateur logarithmique, et à la valeur de l’accroissement de la pression limitée par la machine de formage. 30 Chapitre 2 – Le formage Superplastique 5. Algorithme par bandes mis en œuvre : L’algorithme par bandes qui a été développé, pour obtenir une pression de formage par paliers, est maintenant utilisé. Le temps de réponse de la pression utilisé e est de 0.01 MPa/s. La tolérance du domaine superplastique utilisée est de 10% ( ). Cette tolérance est choisie pour avoir un bon compromis entre le nombre de paliers et le respect du domaine de superplasticité. Les évolutions de la pression de formage, ainsi que la vitesse de déformation maximale, obtenues numériquement sont présentées sur la figure suivante. 5,00E-01 Pression de formage [MPa] 4,50E-01 4,00E-01 3,50E-01 3,00E-01 2,50E-01 2,00E-01 1,50E-01 1,00E-01 5,00E-02 0,00E+00 0,00E+00 2,00E+03 4,00E+03 6,00E+03 8,00E+03 1,00E+04 1,20E+04 Temps de formage [s] (a) Vitesse de déformation maximale [s -1] 1,40E-04 1,20E-04 1,00E-04 8,00E-05 Vitesse de déformation optimale Tolérances du domaine de superplasticité 6,00E-05 4,00E-05 2,00E-05 0,00E+00 0,00E+00 2,00E+03 4,00E+03 6,00E+03 8,00E+03 1,00E+04 1,20E+04 Temps de formage [s] (b) Figure 2.16. Résultats pour la correction par bandes proposée (a) Evolution de la pression, (b) vitesse de déformation maximale 31 Chapitre 2 – Le formage Superplastique La pression de formage ainsi obtenue est bien de la forme souhaitée. Il est possible de noter que le nombre de paliers obtenus dépend directement de la tolérance utilisée. Un bon contrôle de la vitesse de déformation est observé. La vitesse de déform ation maximale du flan déformé ne dépasse pas la tolérance utilisée. Temp s de calcul : Les temps de calcul pour les différents algorithmes sont présentés sur la figure suivante. 1800 1600 1400 Temps CPU [s] 1200 1000 800 600 400 200 0 Algorithme par Algorithme post-traitement proposé par Y. Aoura Correction logarithmique Algorithme proportionnel développé Algorithme par bandes développé Figure 2.17. Temps CPU pour les différents algorithmes Un rapport de temps CPU d’environ 3 est observé pour les deux algorithmes développés, par rapport à ceux du même type de la littérature (proposé par Y. Aoura et correction logarithmique). Cette diminution importante est due à une pression de formage plus stable, ce qui génère moins ’instabilités sur la vitesse de déformation. Remarque : Cette comparaison montre l’intérêt des algorithmes qui ont été développés : - la vitesse de déformation maximale du flan est bien contrôlée ; - très peu d’instabilités sont observées et permettent une réduction importante des temps de calculs. - la loi de pression obtenue est relativement stable, ce qui est plus simple à mettre en œuvre dans un dispositif industriel. 32 Chapitre 2 – Le formage Superplastique De plus, ces algorithmes permettent une simulation plus réaliste en prenant en compte le temps de réponse de la machine. 2.4.2 Forme complexe La simulation numérique d’une pièce de forme complexe est réalisée. La figure suivante montre les dimensions principales ainsi que le flan déformé obtenu par simulation (un quart). (a) (b) Figure 2.18. Matrice (a) et 1⁄4 de pièce (b) de forme complexe La matrice est modélisée par une surface analytique ensuite discrétisée avec 5428 éléments (taille globale de 2 mm). La tôle est encastrée sur le contour. Les éléments utilisés sont des membranes à 3 nœuds (M3D3). La taille globale des éléments est de 2 mm, et le modèle a 28962 degrés de liberté. Le coefficient de frottement entre la tôle et la matrice est de 0.1. L’épaisseur initiale de la tôle est de 1.25 mm. Le quart de la tôle est modélisé en imposant les conditions de symétries. Le temps de simulation est de 5000 secondes, ce qui permet le remplissage complet de la matrice. Les deux matériaux sont étudiés (TA6V et 7475) avec les modèles de comportements utilisant des paramètres rhéologiques évoluant en fonction de la vitesse de déformation. L’algorithme par bandes qui a été développé, pour obtenir une pression de formage par paliers est utilisé. Avec un temps de réponse de la pression de 0.01 MPa/s. La tolérance du domaine superplastique utilisée est de 10% ( ). Les évolutions de la pression de formage, ainsi que la vitesse de déformation maximale, obtenues numériquement sont présentées sur les deux figures suivantes pour les deux algorithmes (continu et par paliers). La première est pour la mise en forme du TA6V, et la seconde pour le 7475. 33 Chapitre 2 – Le formage Superplastique 1,00E+00 1,20E+00 1,00E+00 8,00E-01 Pression de formage [MPa] Pression de formage [MPa] 9,00E-01 7,00E-01 6,00E-01 5,00E-01 4,00E-01 3,00E-01 2,00E-01 8,00E-01 6,00E-01 4,00E-01 2,00E-01 1,00E-01 0,00E+00 0,00E+00 0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000 0 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000 (b) Temps de formage [s] 1,20E-04 Vitesse de déformation maximale [s -1] 1,40E-04 Vitesse de déformation maximale [s -1] 500 (a) Temps de formage [s] 1,20E-04 1,00E-04 8,00E-05 Vitesse de déformation optimale Tolérances du domaine de superplasticité 6,00E-05 4,00E-05 2,00E-05 1,00E-04 Vitesse de déformation optimale 8,00E-05 6,00E-05 4,00E-05 2,00E-05 0,00E+00 0,00E+00 0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 0 5000 500 1000 1500 2000 (c) Temps de formage [s] 2500 3000 3500 4000 4500 5000 (d) Temps de formage [s] Figure 2.19. Pression (a,b) et vitesse de déformation maximale (c,d) pour le TA6V (a,c) avec l’algorithme par paliers, (b,d) avec l’algorithme continu 4,00E-01 3,00E-01 3,50E-01 Pression de formage [MPa] Pression de formage [MPa] 2,50E-01 2,00E-01 1,50E-01 1,00E-01 3,00E-01 2,50E-01 2,00E-01 1,50E-01 1,00E-01 5,00E-02 5,00E-02 0,00E+00 0,00E+00 0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000 0 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000 (b) Temps de formage [s] 2,00E-04 Vitesse de déformation maximale [s -1] 2,50E-04 Vitesse de déformation maximale [s -1] 500 (a) Temps de formage [s] 2,00E-04 1,50E-04 Vitesse de dé optimale Tolérances du domaine de superplasticité 1,00E-04 5,00E-05 1,80E-04 1,60E-04 1,40E-04 Vitesse de déformation optimale 1,20E-04 1,00E-04 8,00E-05 6,00E-05 4,00E-05 2,00E-05 0,00E+00 0,00E+00 0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 Temps de formage [s] 4000 4500 0 5000 (c) 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000 Temps de formage [s ] Figure 2.20. Pression (a,b) et vitesse de déformation maximale (c,d) pour le 7475 (a,c) avec l’algorithme par paliers, (b,d) avec l’algorithme continu 34 (d) Chapitre 2 – Le formage Superplastique Dans le cas de l’algorithme par paliers, la vitesse de déformation maximale est bien dans la tolérance fixée sur le domaine de superplasticité. Le nombre de paliers est cependant important, surtout pour l’alliage d’aluminium. Il est possible d’augmenter le nombre de paliers en augmentant la tolérance sur le domaine superplastique, mais les risques de déchirures deviendraient plus importants. L’algorithme continu est relativement stable pour la pression, mais la vitesse de déformation maximale est bruitée. Ces oscillations sont dues aux conditions de contact qui sont fortement non-linéaires (au moment où le centre de la pièce touche la matrice, et également à cause des faibles rayons de raccords). De plus, l’écrouissage (pour le 7475) ajoute des non-linéarités sur la loi de comportement, ce qui augmente les instabilités sur la vitesse de déformation. Cependant, le domaine de superplasticité est très bien respecté. Remarque générale Ces deux algorithmes sont stables et permettent de prédire une pression de formage optimale que ce soit avec des lois de comportement relativement évoluées (écrouissage et paramètres rhéologiques évolutifs) ou des formes complexes. 35 Chapitre 3 Le formage incrémental 3.1 Principe du procédé Ce procédé de mise en forme non conventionnelle est apparu en 1967 avec les travaux de Leszak *Les67+. Aujourd’hui, les machines dédiées à ce procédé sont principalement réalisées par la société Japonaise AMINO Corporation [Ami09]. Son utilisation dans le secteur industriel reste encore assez limitée mais représente une alternative intéressante et porteuse comme le montre le dépôt récent d’un brevet *Rot09+. Figure 3.1. Formage avec une machine AMINO [Aza04] 3.1.1 Mise en œuvre Le principe de ce procédé est de déformer localement la tôle à l’aide d’un outil à bout hémisphérique. La forme finale de la pièce est générée par la trajectoire de l’outil qui impose, ainsi à la tôle, une déformation incrémentale. Il existe deux façons de mettre en œuvre ce procédé : - sans matrice (formage « négatif » ou « un point ») ; - avec matrice (formage « positif » ou « multi points »). Dans le cas du formage « négatif » seul l’outil hémisphérique est utilisé et la tôle est serrée sur son contour. Le parcours de l’outil suffit à obtenir la forme de la pièce. L’avantage est la très grande flexibilité, car un même outil, de forme simple, peut être utilisé pour un grand nombre de famille de pièces. 36 Chapitre 3 Le formage incrémental Figure 3.2. Principe du formage négatif [Kop05] Le formage « positif » peut être lui-même mis en œuvre de deux façons : - avec une matrice pleine ou partielle ; - avec un contre-outil de forme hémisphérique. Ce type de technique est utilisé pour améliorer la qualité géométrique de la pièce [Cer04]. Une matrice, qui peut être pleine ou partielle, est utilisée et le contour de la tôle est serré sous un serre-flan qui descend pendant le formage. Lors de la mise en forme, l’effort de l’outil sur la tôle est relativement faible [Amb06], il est possible d’utiliser une matrice avec un matériau de faible dureté (elle peut être réalisée en résine ou en polymère par exemple) et facilement usinable pour réduire les coûts de fabrication. Figure 3.3. Principe du formage positif avec matrice [Kop05] Il est également possible de remplacer la matrice par un contre-outil mobile à bout hémisphérique qui est constamment opposé à l’outil pendant le formage. Ce principe permet une mise en forme identique pour un coût d’outillage moindre. Par contre, la gestion de la trajectoire du contre outil n’est pas évidente pour des géométries complexes [Fra08] car les normales des outils aux points de contact doivent être les mêmes. Figure 3.4. Principe du formage positif avec contre-outil [Fra08] 37 Chapitre 3 Le formage incrémental Une variante de ce procédé est de remplacer l’outil par un jet d’eau *Jur06]. Son utilisation est efficace pour des emboutis peu profonds avec des angles de formage peu élevés [Pet09]. 3.1.2 Applications Les applications sont assez variées mais ce procédé est destiné à la mise en forme de prototypes ou de petites séries car les temps de cycles sont importants (plusieurs minutes). Le formage incrémental est utilisé dans le domaine médical [Amb05], aéronautique ou micromécanique [Dej09]. Il existe également des applications plus atypiques comme les œuvres d’arts ou pour des caractérisations phénoménologiques de matériaux [Lie04] (afin d’analyser le phénomène de cavitation à déformation imposée). Il est également possible d’utiliser ce procédé pour des phases de finition [Ter07, Sil09]. a [Lev09] b [Jac08a] c [Ami09] Figure 3.5. Exemple de pièces réalisées en formage incrémental a – implant de crane, b – nez du shinkansen (train japonais) à l’échelle 1/8, c – maquette d’un volcan 3.1.3 Matériaux Les matériaux généralement utilisés sont des alliages d’aluminium, mais de nombreuses études se sont intéressées à la mise en forme pour d’autres familles de matériaux. Il est par exemple possible d’utiliser du Titane *Hus08] en apportant une attention particulière à la lubrification, des thermoplastiques [Le08], des PVC [Fra09], des 38 Chapitre 3 Le formage incrémental composites sandwiches [Jac08b], des alliages de Magnésium [Amb08] avec une mise en forme à chaud pour permettre une plus grande formabilité [Ji08+ ou d’utiliser des métaux recyclés avec une épaisseur initiale non homogène car les courbes limites de formage sont similaires à celles observées avec une épaisseur homogène [ Tak08]. 3.2 Phénomènes associés au formage incrémental 3.2.1 Formabilité Cette partie présente les résultats d’études expérimentales du procédé issus de la littérature. Ils s’intéressent plus particulièrement aux limites de formabilité des tôles mises en forme par formage incrémental. Ces résultats pourront être pris en compte dans les procédures de simulation numérique pour prédire la rupture ou la striction durant l’opération de formage. Elles seront principalement utilisées dans la suite de ces travaux de thèse, lors de l’optimisation des paramètres du procédé. La figure 3.6 montre les courbes limites de formage associées au procédé de formage incrémental qui sont comparées à celles de l’emboutissage [Shi01, Kim02, Par03, Fil04]. L’analyse de ces courbes montre que le procédé de formage incrémental permet d’atteindre des niveaux de déformation plus importants qu’en emboutissage. Les courbes observées sont quasiment linéaires et peuvent être modélisées par deux droites [Pet07]. Figure 3.6. Courbes limites de formage [Pet07] La courbe dépend d’une part du comportement matériau, mais également du mode de mise en forme imposé par le procédé. Kim et al. ont fait ressortir, sur la base de 39 Chapitre 3 Le formage incrémental l’analyse expérimentale d’une mise en forme à partir d’une trajectoire horizontale [Kim02+, l’influence des paramètres suivants : - La profondeur de passe : il a été observé une diminution de 10% à 15% des caractéristiques limites de formage pour une profondeur de passe variant de 0,1mm à 0,5mm. - Le diamètre de l’outil : trois outils de diamètres 5mm, 10mm, et 15mm ont été utilisés. La meilleure formabilité a été constatée pour l’outil de diamètre 10 mm. Une autre méthode pour prédire les limites de formage est d’ l’évolution de l’effort de l’outil. Duflou et al. [Duf07a] ont montré qu’une chute de l’effort au cours du formage peut traduire l’apparition de striction localisée. 3.2.2 Caractérisation du comportement du matériau Le type d’écrouissage a une importance sur la mise en forme. Un modèle mixte (écrouissage isotrope et cinématique) est parfois identifié pour certains types d’aluminium *Dec08+, une meilleure prédiction numérique de l’effort de l’outil est alors observée. Le critère de plasticité est également important, car le procédé est également sensible à l’anisotropie plastique, et des zones de foisonnement peuvent apparaître [Flo07]. Cependant, l’identification expérimentale de la loi de comportement n’est pas aisée. Bouffioux et al. [Bou08] ont montré que des essais combinés de traction et de cisaillement ne sont pas adaptés à ce procédé. Decultot et al. [Dec08] proposent l’identification à partir de corrélations d’images à partir d’un banc d’essai de formage incrémental, Emmens et al. [Emm08] utilisent des essais de traction-flexion combinés pour simuler physiquement le procédé. 3.2.3 Influence des paramètres sur la qualité de la pièce Cette partie présente l’influence des paramètres du procédé sur la qualité géométrique des pièces mises en forme, sur la base des critères suivant : - le respect des contraintes dimensionnelles de la géométrie moyenne ; - l’homogénéité de l’épaisseur. 40 Chapitre 3 Le formage incrémental Les paramètres procédés (vitesse d’avance et de rotation de l’outil, force, stratégie du parcours, serrage des serre-flans) ont une influence directe sur la qualité de la pièce (épaisseur, géométrie, rugosité...) *Cer06, Ham06, Kop05]. Influence de la pression de serre-flan S. Dejardin [Dej07] a constaté que pour une forme prismatique, l’influence de la pression de serre-flan n’est pas significative sur la qualité de la géométrie de la pièce finale. Par contre, l’évolution de l’épaisseur dans le flan est fortement liée au niveau de pression de serre-flan. Par ailleurs, une pression de 2% de la limite à rupture suffit à bloquer la tôle. Influence de la stratégie de parcours La plupart des stratégies de parcours utilisent des trajectoires 3 axes (l’orientation de l’outil est constante). Mohamed Azaouzi [Aza04] décrit cinq catégories de trajectoires pour la mise en forme d’un godet cylindrique (nommées SG1 à SG5) avec deux déclinaisons possibles pour trois d’entre-elles, continue ou alternée. La figure suivante les récapitule : SG1 continu SG1 alternée SG2 continu SG2 alterné SG3 continue SG3 alterné SG4 SG5 Figure 3.7. Exemple de parcours de l’outil *Aza04+ Pour la trajectoire SG1, l’outil dessine un cercle de petit diamètre, puis descend d’un pas et trace un cercle de plus grand diamètre. 41 Chapitre 3 Le formage incrémental Le parcours SG2 consiste à effectuer des mouvements circulaires, puis une fois le cercle achevé, à descendre d’un pas et à effectuer les mêmes mouvements que précédemment. Le chemin SG3 est une combinaison entre SG1 et SG2, c’est-à-dire que le nombre de cercles sur un pas de descente donné, va augmenter en fonction du pas de descente. Le trajet effectué par l’outil dans le cas du SG4 est une hélice conique. Enfin, pour le SG5, à chaque incrément de descente, l’outil effectue des mouvements radiaux, avec une étendue croissante après chaque pas de descente. La différence entre les parcours continu et alterné se situe au niveau de sens de rotation des formes circulaires, qui changera à chaque pas de descente. L’intérêt du parcours alterné réside par le fait qu’il y a une variation d’épaisseur plus proche de la symétrie au niveau de l’angle 0° dans le cas du SG1, pour le SG2, il y aura une déformation résiduelle légèrement plus faible quand au SG3, il combine l’intérêt des deux parcours précédents. Les exemples suivants montrent l’importance de la trajectoire de l’outil sur la qualité de la géométrie final. Figure 3.8. Influence du parcours de l’outil *Aza04+ 42 Chapitre 3 Le formage incrémental La différence majeure entre les trajectoires se situe au niveau du SG5. En effet, il permet de « pousser » la matière en évitant ainsi une diminution trop faible d’épaisseur au niveau des zones de faible dépouille. Influence du contrôle et de la programmation de la trajectoire Deux paramètres de gestion de la trajectoire sont importants pour garantir un formage optimal avec matrice : la profondeur de passe ainsi que la hauteur de crête [Att06, Att08+. Un déplacement de l’outil combiné (mode spirale : gestion simultanée d’un déplacement horizontal et vertical) permet une distribution de l’épaisseur plus homogène [Yam08]. Profondeur de passe Hauteur de cr ête Figure 3.9. Paramètres influents du parcours de l’outil 3.3 Etat de l’art de la simulation numérique A l’heure actuelle, le respect de la géométrie finale de la pièce constitue l’un des points les plus critiques pour les industriels et de nombreux travaux de recherche sont engagés pour résoudre ce problème. L’optimisation de la stratégie de parcours (type de trajectoire et gestion des paramètres de contrôle) semble constituer une solution intéressante pour améliorer la qualité des pièces mises en forme [Mic07]. Bambach et al. proposent l’utilisation d’algorithmes génétiques pour l’optimisation des parcours d’outil [Bam07b]. Cependant les temps de calculs nécessaires à la construction des configurations significatives sont très élevés. Il est important de chercher des solutions pour minimiser les temps CPU dans la boucle d’optimisation, en développant des procédures simplifiées pour la simulation numérique d’une étape de mise en forme. 43 Chapitre 3 Le formage incrémental 3.3.1 Simulation du procédé de formage incrémental Les principaux codes de calculs commerciaux utilisés pour la simulation du procédé de formage incrémental sont LS-DYNA©, ABAQUS©, MARC© ou PAM-STAMP©. Les résultats obtenus sont de bonne qualité, mais les temps de calcul sont encore très élevés [Kim02, Cer06, Mao06, Tan07] (plusieurs jours pour une pièce industrielle). La simulation numérique par éléments finis du procédé de formage incrémenta l est généralement associée au type de modélisation suivante : Type d’é lément Le maillage du flan déformable utilise le plus souvent des éléments coques avec 5 points d’intégration dans l’épaisseur pour prendre en compte les effets de flexion *Amb04, Cer06]. Quelques modèles utilisent des éléments volumiques pour capter des réponses locales, mais les temps de calcul sont très longs [Eyc07]. Pour obtenir de meilleurs résultats, en termes de prédiction de l’effort de l’outil, comparé aux éléments coques, un nomb re supérieur à 3 éléments volumiques dans l’épaisseur doit être utilisé *Bou07+. Modélisation du comportement du matériau La loi de comportement du matériau prend en compte des phénomènes suivants : - élasto-plasticité avec écrouissage isotrope dans la plupart des cas. Certaines études ont pris en compte un écrouissage mixte pour la mise en forme de certains alliages légers [Dec08] ; - anisotropie plastique, le plus souvent décrite par le critère de Hill et l’identification des coefficients de Lankford [Flo07] ; - modélisation du comportement non linéaire par des lois puissances du type Hollomon ou Swift [Shi01, Bou07]. Modélisation et pilotage des outils La modélisation des outils de mise en forme (poinçon hémisphérique, e, serre flan) s’effectue généralement par des surfaces rigides. Le pilotage de l’outil hémisphérique est réalisé par la génération de trajectoires en environnement intégré de CFAO et leurs conversions en conditions aux limites en 44 Chapitre 3 Le formage incrémental déplacement ou en vitesse (selon les types de schéma d’intégration temporelle et/ou les codes de calcul utilisés). Le maintien du flan s’effectue par des conditions d’encastrement sur son contour dans la majeure partie des cas étudiés. Les travaux de Bouffioux et al. [Bou07] ont permis de mettre en œuvre des simulations numériques en modélisant les actions du serre-flan par des appuis élastiques. Cette approche est intéressante et plus réaliste, mais l’identification des raideurs d’appuis est assez délicate. Des travaux sont actuellement en cours dans le cadre du projet « Formage Avancé » pour introduire le contrôle du maintien de la pièce par la pression de serre-flan [Dej07]. Résolution du problème La résolution du problème spatial prend en compte l’hypothèse des grandes déformations. L’utilisation d’un schéma d’intégration dynamique explicite [Yam08], en tenant compte de la gestion du comportement quasi-statique, est privilégiée par rapport aux schémas implicites beaucoup plus lents. Dans certains cas, il est possible d’utiliser un schéma mixte : explicite pour la mise en forme et implicite lors du retrait de l’outil (fin du contact entre l’outil et la pièce) [Amb07], mais le gain en précision par rapport au temps de calcul n’est pas significatif. 3.3.2 Méthodes utilisées pour diminuer les temps de simulation Afin de réduire le temps CPU, la majeure partie des simulations utilisent un solveur explicite. Dans cette configuration, un facteur de pondération de masse [Bam07], et/ou une vitesse de l’outil augmentée artificiellement [Yam08] permettent d’optimiser le gain de temps Cependant, la valeur des coefficients est assez empirique et il n’existe pas de méthodes génériques reproductibles pour des familles de trajectoire d’outil. Hadoush et al. [Had08] proposent un schéma implicite avec un maillage global relativement grossier. Ce maillage est densifié localement à chaque pas de temps dans la zone de contact avec l’outil. Une réduction de 40% du temps CPU, par rapport à un maillage à pas constant, est observée. Brunssen et al. [Bru09] ont développé une méthode utilisant deux maillages superposés. La tôle est maillée de manière grossière pour simuler les phénomènes globaux, et un petit domaine autour de l’outil est maillé plus finement pour simuler les phénomènes locaux. Ce domaine suit l’outil au cours de la mise en forme. Les deux domaines sont ensuite assemblés pour prendre en compte, par superposition des champs de 45 Chapitre 3 Le formage incrémental contraintes et de déformation, l’ensemble du comportement. Cette approche permet d’avoir accès à des phénomènes locaux en minimisant le nombre de degrés de liberté du modèle. Cependant, aucune indication sur le gain de temps n’est présentée. 3.4 Chaîne numérique pour la simulation La faisabilité, ainsi que la qualité géométrique et mécanique d'une pièce réalisée par le procédé de formage incrémental est très dépendante de la stratégie de trajectoire d’outil utilisée. Cette partie présente le développement d’une chaîne numérique permettant d’intégrer des trajectoires d’outils paramétrables dans les procédures de simulation numérique. 3.4.1 Création de la trajectoire Dans un contexte industriel, la définition des pièces est réalisée dans un environnement de CAO4. Pour permettre une simulation robuste, et précise, il est important de piloter les simulations à partir des topologies conçues en CAO et des trajectoires d'outil générées avec les outils de FAO 5 intégrés. Cependant, les principaux logiciels de FAO sont adaptés à la définition de stratégies d'usinage ées uniquement sur des critères géométriques et ne s’interfacent pas directement avec les codes de simulation numérique par éléments finis. Une évolution paramétrique des entités CAO qui pilotent la mise en forme est parfois nécessaire pour pouvoir adapter des gammes de trajectoires à la réalisation d’une pièce. La figure 3.10 montre un exemple d’une modification du modèle numérique d'un godet cylindrique réalisé en formage incrémental avec une trajectoire circulaire. Figure 3.10. CAO modifiée en fonction de la trajectoire souhaitée La chaîne numérique développée permet de transférer les trajectoires générées dans l’environnement CFAO du logiciel CATIA vers le code de calcul ABAQUS en les 4 5 Conception Assistée par Ordinateur Fabrication assistée par Ordinateur 46 Chapitre 3 Le formage incrémental convertissant en conditions aux limites permettant de piloter l’outil hémisphérique de mise en forme modélisé par une surface rigide. Un format neutre et universel (APT 6) est utilisé pour sauvegarder la trajectoire de l’outil, pour piloter la simulation numérique, et également pour le post-traitement en vue de la réalisation de la pièce par une machine à commande numérique. Le fichier APT (figure 3.11) est généré automatiquement à partir des trajectoires outils issues de la FAO de CATIA grâce à un script Visual Basic. FAO Fichier APT Post-traitement Script VB + Python Mise en forme Simulation Figure 3.11. Exemple de couplage FAO/Calcul 3.4.2 Conversion des trajectoires La seconde étape de cette chaîne numérique consiste à importer, dans la simulation numérique, la trajectoire issue de la FAO. Le fichier APT décrit les modes de contrôle de la commande numérique sur la base de positions successives de l’outil. Le pilotage de la simulation numérique s’effectue à partir d’un script en langage PYTHON, par une description temporelle de la position du centre d’outil. Un autre script PYTHON crée le modèle éléments finis pour la simulation. La géométrie initiale de la tôle, le maillage en éléments coques, les outils en tant que surfaces rigides, le matériau, les conditions de contact ainsi que les conditions aux limites sont mis en place automatiquement. Les entrées du script sont limitées aux données minimales pour la simulation du procédé : 6 Automatic Programmed Tool 47 Chap itre 3 Le formage incrémental - la géométrie de la tôle, de l’outil et de la matrice ; - la loi de comportement du matériau de la tôle ; - les facteurs de frottement (outil/tôle et matrice/tôle) ; - la discrétisation globale du maillage ; - le nombre de points d’intégration dans l’épaisseur des coques ; - la vitesse moyenne de l’outil ; - la trajectoire de l’outil (un fichier texte, un fichier APT, ou un fichier CATIA). L’ensemble de la chaîne numérique est présentée par le diagramme sur la figure 3.12. Figure 3.12. Chaîne numérique Il est nécessaire de préciser que cette chaîne numérique ne prend pas en compte les défauts de la machine de formage. Ces défauts pouvant être considéré négligeables dans un premier temps. Cependant, une étude intéressante, proposée par Bigot et al [Big03], permet de les prendre en considération (pour le procédé d’emboutissage). Cette prise en compte permet d’avoir un modèle numérique encore plus fiable. Les temps de calcul nécessaires à la simulation des modèles ainsi construits sont extrêmement élevés, ils peuvent être de l’ordre d’une semaine pour une pièce industrielle. La complexité de ces modèles est essentiellement dûe : 48 Chapitre 3 Le formage incrémental - Au caractère fortement non-linéaire du problème : grandes déformations ; loi de comport élasto-plastique ; gestion du contact entre le flan et l’outil. - Aux schémas de résolution : statique implicite, dynamique explicite... - Aux paramètres numériques : facteurs de pondération, maillage, formulation des éléments... Les chapitres suivants présentent quelques méthodes pour améliorer la résolution de ces problèmes, et ainsi, envisager une optimisation du procédé dans des temps adaptés à des conditions industrielles. 3.5 Vitesse numérique adaptée Cette première méthode consiste à utiliser un schéma dynamique explicite et à adapter la vitesse de l’outil, qui dans ce cas, est vue comme un paramètre numérique, et ne reflète en rien la vitesse réelle du procédé, qui est de l’ordre de quelques centimètres par secondes. 3.5.1 Schéma dynamique explicite Ce schéma de résolution consiste à obtenir une solution à un pas de temps donné, sans vérification de l’équilibre et sans la construction d’une matrice tangente. Il a l’avantage d’être en général peu coûteux en temps de calcul. Il est conditionnellement stable, la stabilité est garantie par le choix d’un pas d’intégration relativement faible. Résolution globale Dans le code de calcul ABAQUS [Aba07b], le système global d’équations s’écrit sous la forme suivante pour un incrément i : (3.1) Avec la matrice de masse, le vecteur des forces externes et le vecteur des forces internes. Cependant, pour les problèmes de grandes tailles, la matrice de masse est réécrite en matrice de masse condensée (diagonale), la résolution de cette équation est de ce fait triviale. La solution est calculée grâce à un schéma d’intégration explicite en différences finies centrées. Les vecteurs des vitesses et des déplacements s’écrivent alors : 49 Chapitre 3 Le formage incrémental (3.2) Pour calculer la solution initiale, la vitesse pour les demi-incréments est définie par : (3.3) Stabilité L’opérateur par différences finies est conditionnellement stable, le pas de temps doit être inférieur à une certaine limite : (3.4) Avec la longueur caractéristique d’un élément, la vitesse de propagation des ondes dans le milieu, et un facteur d’amortissement. La vitesse de propagation des ondes dans le milieu s’écrit, en assumant un comportement hypoélastique : (3.5) Avec la masse volumique et : (3.6) Le tenseur représente les contraintes déviatoriques, le tenseur des déformations déviatorique, la pression hydrostatique et la déformation volumique. Viscosité volumique Pour améliorer les résultats, en éliminant les vibrations de hautes fréquences, il est possible d’introduire un terme d’amortissement associé à la déformation volumique. 50 Chapitre 3 Le formage incrémental Avec des éléments coques, cet amortissement génère une force linéaire à la vitesse de déformation volumique. Elle est définie par : (3.7) Le facteur d’amortissement est par défaut égal à 0.06 dans ABAQUS [Aba07b]. Cette valeur sera utilisée pour toutes les simulations en dynamique explicite. 3.5.2 Critères de quasi-statisme Lors de simulations en dynamique explicite, la vitesse a un rôle assez important car ses variations peuvent induire des effets d’inertie importants. Dans les conditions réelles de mise en œuvre de procédé de mise en forme, la vitesse de l’outil est faible et l’hypothèse d’un comportement quasi-statique peut être raisonnablement prise en compte. De plus, les lois comportement du matériau généralement utilisées ne prennent pas en compte l’influence de la vitesse de déformation supposée négligeable dans le cas d’une mise en forme à froid. Il est, ainsi, tout à fait possible d’augmenter numériquement la vitesse de l’outil pour diminuer le temps total de la simulation, la taille du pas de temps critique n’est pas affectée par cette méthode. Cependant, comme le schéma d’intégration explicite est sensible aux variations de vitesse, il est nécessaire de contrôler les effets dynamiques tout au long de la simulation pour qu’ils restent faibles. Un critère classiquement utilisé en emboutissage est le rapport entre l’énergie cinétique et l’énergie interne. (3.8) Ce rapport doit être inférieur à la tolérance tout au long du calcul. Appliquons ce critère à un cas test de formage incrémental. La forme finale obtenue doit être un godet cylindrique. Les résultats obtenus en terme de déformée (sans facteur d’échelle) sont présentés sur la figure suivante : 51 Chapitre 3 Le formage incrémental Figure 3.13. Déformée avec Ecin(t)/Eint(t) < 5% Il est clair que ce critère donne de mauvais résultats pour ce cas-test. Cela est dû au procédé en lui-même. En effet, comme la déformation est localisée, seulement une petite zone de la pièce a une énergie cinétique significative, alors que l’énergie interne augmente continûment. A la fin de la mise en forme, l’énergie de déformation est beaucoup plus grande que l’énergie cinétique (voir figure suivante), et le rapport global des énergies ne peut pas prendre en compte les effets dynamiques locaux. 80000 70000 Energie interne Energie Cinétique Energie [J] 60000 50000 40000 30000 20000 10000 0 0 0,001 0,002 0,003 0,004 0,005 0,006 Temps [s] Figure 3.14. Evolution des énergies en formage incrémental Afin de mieux prendre en compte les effets dynamiques locaux, il est possible d’utiliser le rapport entre l’énergie cinétique incrémentale et l’énergie interne incrémentale [ 98]. Ce rapport doit être inférieur à une tolérance. 52 Chapitre 3 Le formage incrémental (3.9) La localisation du contact entre la pièce et l’outil génère des instabilités numériques qui perturbent les évolutions temporelles des différentes énergies et plus particulièrement celle de l’énergie cinétique qui n’est significative que dans la zone de contact. Pour éliminer ces oscillations, nous proposons un lissage linéaire, par la méthode des moindres carrés, entre deux déplacements de l’outil. Il permet ainsi d’obtenir les variations globales d’énergie entre ces deux positions. Soit et les énergies cinétiques et internes lissées linéairement. représente un pas de temps entre deux incréments de déplacement de l’outil. Le critère s’écrit alors : (3.10) La validité de ce critère pour le contrôle des effets dynamiques est présentée sur des cas-tests de formage incrémental au paragraphe 3.5.5. 3.5.3 Profil de la vitesse Des instabilités numériques dues à des effets dynamiques peuvent apparaître lors des simulations en dynamique explicite, dans le cas de changements brusques de trajectoires [Bam07]. Il est recommandé de convertir les trajectoires de manière à ce que la vitesse de l’outil soit nulle en ces points singuliers. Pour cela, un profil de la position de l’outil au cours du temps est utilisé entre deux points singuliers. Ce profil est proposé dans le code ABAQUS [Aba07a] pour un segment de droite. Soit : P A et PB deux points de la trajectoire avec un changement de direction. La position de l’outil au cours du temps entre ces deux points est définie tel que : (3.11) Avec ξ un paramètre qui dépend du temps défini tel que : (3.12) Ainsi, la vitesse augmente de façon continue, pour atteindre son maximum entre ces deux points, puis diminue pour s’arrêter au point B comme le montre la figure 3.15. 53 Chapitre 3 Le formage incrémental A B Figure 3.15. Profil de position 3.5.4 Modification de la vitesse Dans le cas du formage incrémental, la vitesse de l’outil est considérée comme une variable de contrôle numérique de la simulation et non comme un paramètre procédé, sous réserve que les effets dynamiques restent faibles. Une première idée est d’utiliser un cas-test, et de lancer plusieurs simulations jusqu'à ce que les effets dynamiques atteignent la tolérance choisie, et utiliser cette vitesse pour d’autres types de trajectoires. Cette idée a l’avantage d’être simple. Par contre il n’est pas garanti que le profil de vitesse soit optimal en termes de gain de temps CPU et de limitation des effets dynamiques pour tout type de trajectoire. Si des effets dynamiques apparaissent, la vitesse doit être réduite et le calcul refait entièrement. Pour remédier à ces problèmes, il a été décidé d’ajuster la vitesse de consigne en cours de simulation par analyse des effets dynamique sur des portions de trajectoire (voir figure 3.16). 54 Chapitre 3 Le formage incrémental vitesse Profil de vitesse initial ti ti+2 ti+1 temps Calcul EF entre ti et ti+1 Effets dynamiques faibles : Augmentation de la vitesse et calcul EF entre ti+1 et ti+2 Effets dynamiques importants : Diminution de la vitesse et calcul EF entre ti et ti+1 vitesse ti vitesse ti+1 ti+2 ti temps ti+1 temps Figure 3.16. Modification du profil de vitesse La trajectoire est découpée en incréments. Sur le premier incrément la simulation s’effectue avec une vitesse de consigne initiale. Les paramètres de simulation sont réajustés pour l’incrément suivant en fonction du niveau d’instabilité causé par les effets dynamiques en respectant la procédure suivante (voir figure 3.16) : - - Niveau d’instabilité critique dépassé : - diminution de la consigne en vitesse pour l’incrément T i ; - nouvelle simulation de l’incrément T i avec le profil corrigé. Niveau d’instabilité non atteint : - augmentation de consigne en vitesse pour l’incrément T i+1 ; - simulation de l’incrément T i+1 avec le profil actualisée. 55 Chapitre 3 Le formage incrémental Par contre ces procédures d’adaptation des profils doivent tenir compte de la stabilité des simulations au niveau des zones anguleuses (discontinuité de la tangente à la trajectoire) qui est conditionnée par une consigne de vitesse nulle au niveau du point singulier. La figure 3.17, ci dessous présente un schéma d’adaptation des profils basé sur un facteur de correction temporel évalué empiriquement égale à 0,9 après analyse des résultats de simulation des principaux cas types. Position initiale Vitesse initiale Incrément de la trajectoire Calcul position/temps Calcul éléments finis Diminution de la vitesse Calcul éléments finis Augmentation de la vitesse Critère vérifié? non oui Fin de la trajectoire non oui Fin Figure 3.17. Script de calcul avec vitesse adaptée 3.5.5 Résultats Premier cas-test : Mise en forme d’un godet cylindrique La simulation est réalisée pour la mise en forme d’un godet cylindrique. La forme initiale du flan est un carré de 140 mm de coté et d’épaisseur 1.5 mm. Un outil hémisphérique 56 Chapitre 3 Le formage incrémental de 30 mm de diamètre est utilisé . La tôle est posé e sur une plaque trouée qui mod élise la table de la machine. Diam. 115 mm 25 mm 5° Figure 3.18. Géométrie du godet cylindrique et modèle éléments finis L’outil et la plaque sont modélisés par des surfaces analytiques rigides. La tôle est encastrée sur le contour. Les éléments utilisés sont des coques à 3 nœuds (S3) avec 7 points d’intégration dans l’épaisseur. La taille globale des éléments est de 3 mm, et le modèle a 13836 degrés de libertés. Le frottement, entre la tôle et l’outil ainsi qu’entre la tôle et la matrice, est supposé négligeable. Le matériau utilisé est un alliage d’aluminium, supposé isotrope, dont les paramètres sont les suivant : - = 69 GPa ; - = 0.3 ; - MPa. La trajectoire de l’outil est circulaire avec un pas de descente de l’outil de 2.5 mm. Figure 3.19. Trajectoire de l’outil 57 Chapitre 3 Le formage incrémental Plusieurs simulations sont effectuées en utilisant ou pas des vitesses adaptées. - Pour les cas où la vitesse est adaptée, plusieurs niveaux de tolérance sont choisis pour c ontrôler les effets dynamiques (10%, 5%, 1% et 0.5%). - Pour le cas sans vitesse adaptée, la vitesse d’avance moyenne de l’outil correspond à la vitesse initiale des calculs avec vitesse adaptée (2 m/s). Comparaison des deux méthodes : Les temps de calculs ainsi que l’évolution de la vitesse de l’outil seront comparés pour les différentes simulations. L’influence de la tolérance des effets dynamiques sera ensuite analysée sur l’épaisseur ainsi que sur la géométrie finale. Influence de la vitesse de l’outil : La figure suivante montre l’évolution de la vitesse de l’outil en fonction de la position pour une valeur du critère de 5%. Vitesse de l’outil [ mm / s ] Dé placement y [mm ] Déplacement x [mm ] Figure 3.20. Vitesse de l’outil avec un critère de 5% pour le contrôle des effets dynamiques 58 Chapitre 3 Le formage incrémental La vitesse est relativement faible au début de la mise en forme puis augmente significativement vers la fin de la trajectoire. Pour une valeur du critère de contrôle des effets dynamiques de 5%, il est possible de noter que la vitesse maximale de l’outil est de 209.3 m/s. Le temps CPU de la simulation est de 4709 s. La figure suivante montre l’évolution de la vitesse de l’outil pour une valeur du critère de 0.5%. V itesse de l’outil [mm/s] Déplacement y [mm] Déplacement x [mm] Figure 3.21. Vitesse de l’outil avec un critère de 0.5% pour le contrôle des effets dynamiques A part l’échelle des vitesses qui est différente, le profil est sensiblement le même, avec une augmentation significative sur la fin de la trajectoire. En utilisant un profil de vitesse constant, avec une vitesse moyenne de 2m/s (la vitesse moyenne initiale utilisée avec le profil adapté), le temps CPU est de 12855 s (Tref). Le tableau suivant récapitule les vitesses maximales ainsi que les temps CPU pour les différentes valeurs du critère quasi-statique. 59 Chapitre 3 Le formage incrémental Valeur du crit ère Vitesse maximale de l’outil [m/s] Temps CPU [s] Temps CPU [H :min :s] Rapport du temps CPU avec vitesse non adaptée (Tref/TCPU) 0.5% 85.13 6780 1 :53 :00 1% 113.5 6219 1 :43 :39 5% 209.3 4709 1 :18 :29 10% 246.2 4309 1 :11 :49 1.89 2.07 2.73 2.98 Tableau 3.1. Temps CPU pour calcul avec vitesse adaptée La vitesse maximale de l’outil, l’énergie cinétique et les effets dynamiques croissent avec la valeur du critère. Par contre, l’énergie de déformation reste globalement constante, du fait de l’utilisation d’une trajectoire identique pour tous les cas. Le gain de temps est en rapport avec la vitesse de l’outil, car pour une vitesse élevée, moins d’incréments sont nécessaires. Analyse de l’évolution de l’épaisseur dans le flan Y-Y X-X Figure 3.22. Epaisseur finale du flan déformé La figure suivante montre la diminution relative de l’épaisseur, suivant les deux coupes (voir figure précédente) pour l’ensemble des cas traités. 60 Chapitre 3 Le formage incrémental Diminution relative de l'épaisseur [%] 70 non adapté 60 0.50% 1% 50 5% 40 10% 30 20 10 0 -10 0 20 40 60 80 Distance [mm] 100 120 140 (a) Diminution relative de l'épaisseur [%] 70 non adapté 60 0.50% 1% 50 5% 40 10% 30 20 10 0 0 20 40 60 80 Distance [mm] 100 120 Figure 3.23. Comparaison de la diminution relative de l’épaisseur (a) Coupe X-X, (b) Coupe Y-Y 61 140 (b) Chapitre 3 Le formage incrémental Pour ces deux sections, la diminution de l’épaisseur est bien prédite, en particulier pour la diminution maximale. Cependant, la prédiction est meilleure pour une valeur du critère de quasi-statisme faible. Comparaison de la géométrie finale pour chaque configuration : La figure suivante montre la géométrie finale du flan, suivant les deux coupes pour l’ensemble des cas traités. 5 non adapté Profondeur [mm] 0 0.50% -5 1% 5% -10 10% -15 -20 -25 -30 0 20 40 60 80 100 120 140 Distance [mm] (a) 5 non adapté Profondeur [mm] 0 0.50% -5 1% -10 5% 10% -15 -20 -25 -30 0 20 40 60 80 100 Distance [mm] Figure 3.24. Comparaison de la géométrie (a) Coupe X-X, (b) Coupe Y-Y 62 120 140 (b) Chapitre 3 Le formage incrémental Le tableau suivant montre l’erreur sur la profondeur au centre du godet pour les différentes valeurs du critère. L’erreur est calculée avec comme référence le cas où la vitesse de l’outil n’est pas adaptée. Valeur du critère Ecart au centre du godet Erreur relative de la géométrie au centre du godet 0.5% 1% 5% 10% 0.27 mm 0.52mm 1.19mm 1.59mm 1.22% 2.36% 5.39% 7.20% Tableau 3.2. Erreur pour les calculs avec une vitesse adaptée La géométrie est bien respectée sur la paroi cylindrique. Cependant, l’erreur sur la profondeur au centre de la pièce est tributaire de la tolérance utilisée pour contrôler les effets dynamiques. L’erreur devient acceptable pour une valeur du critère de 1%. Cependant, la valeur du critère dépend de la trajectoire de l’outil. Pour un cas-test similaire, présenté à la conférence AIP-PRIMECA en 2009 [Rob09b], avec un pas de descente de l’outil plus important, l’erreur sur la géométrie au centre du godet est faible pour une valeur du critère de 10%. Deuxième cas-test : Mise en forme d’une pyramide Ce cas-test est issu du projet européen FLEXFORM [Fle06a]. Un des cas-tests proposé est de mettre en forme une géométrie pyramidale [Fle06b]. Deux des surfaces opposées ont des inclinaisons différentes. La pyramide a une profondeur de 36 mm et une base de 120x120 mm. La géométrie est détaillée sur la figure 3.25. Y - Y X-X 45° Coupe Y-Y Coupe X-X Figure 3.25. Géométrie de la pyramide 63 Chapitre 3 Le formage incrémental Une trajectoire d’outil alternée (voir figure 3.7) par palier est choisie pour la réalisation de la pyramide. Le pas de déplacement suivant l’axe de l’outil, entre chaque contour, est de 0.5 mm. Figure 3.26. Trajectoire de l’outil pour la pyramide Le flan initial est une tôle carré de 200 mm de côté et de 1 mm d’épaisseur. Un outil hémisphérique de 10 mm de diamètre est utilisé. Une matrice, ée d’un trou carré de 130 mm de coté, modélise la table où repose la tôle.
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Gautier et les guides de voyage : l'exemple de Constantinople La question des guides de voyage peut paraître curieuse, voire paradoxale, s'agissant de Gautier, qui a toujours proclamé, comme son ami Nerval, le désir de voyager selon son bon plaisir, en n'ayant pour règle que le refus de la ligne droite et des itinéraires obligés. « Caprices et zigzags » seraient donc au fondement de la poétique viatique de Gautier. On peut pourtant observer que ses destinations n'ont rien d'original. La Suisse, la Belgique, l'Allemagne, la Russie même, ont aussi été visitées, à la même époque, par Dumas, pour citer un autre grand voyageur du XIX e siècle. Les parcours méditerranéens de Gautier sont également tout à fait classiques : l'Espagne, l'Italie, la Grèce, la Turquie et l'Égypte constituent, de manière échelonnée, entre 1840 et 1869, une sorte de voyage en Orient qui renvoie à l'Itinéraire de Chateaubriand, la Terre Sainte en moins, – mais Nerval lui-même avait évité Jérusalem. Est-ce à dire que Gautier serait dépourvu de toute originalité? Ce n'est bien sûr pas le cas. Mais son rapport aux guides de voyage est peut-être moins simple qu'il n'y paraît. Si, dans Italia (1852), il avoue avoir emporté avec soi le Guide du voyageur en Italie de Richard1, dans Constantino ple, qui paraît l'année d'après, toute référence à un ouvrage de ce genre disparaît. Gautier ne mentionne pas même son drogman (le guide-interprète dans les pays orientaux), en l'occurrence un certain Oscar Marinitsch2, qui n'apparaît qu'une seule fois dans le récit, et encore de manière implicite, à travers la formule « notre ami polyglotte », dans le chapitre consacré au théâtre de Karagheuz3. Il y a chez Gautier, plus encore que chez nombre de ses contemporains, un refus affiché de devenir ce que l'on commençait déjà à appeler un touriste, avec une nuance péjorative qui allait s'accentuer au fil du temps, au point de devenir ce que le sociologue Jean-Didier Urbain a appelé (mais pour montrer que cette image est simpliste) « l'idiot du voyage », à savoir un être grégaire, se laissant passivement entraîner dans des visites obligées dont il ne retire aucun profit. On connaît la profession de foi de Gautier voyageur, qui est d'ailleurs un clin d'oeil au Voyage en Orient de Nerval : Mon habitude, en voyage, est de me lancer tout seul à travers les villes à moi inconnues, comme un capitaine Cook dans un voyage d'exploration. Rien n'est plus amusant que de découvrir une fontaine, une mosquée, un monument quelconque, et de lui assigner son vrai nom sans qu'un drogman idiot vous le dise du ton d'un démonstrateur de serpents boas ; d'ailleurs, en errant ainsi à l'aventure, on voit ce qu'on ne vous montre jamais, c'est-à-dire ce qu'il y a de véritablement curieux dans le pays que l'on visite.4 On vient de voir ce qu'il faut penser de ce voyage prétendument accompli « tout seul ». La rhétorique de la déambulation « à l'aventure » est tout aussi trompeuse, et vise bien sûr à allécher le lecteur en donnant du moi-voyageur une image héroïque. Quant à la capitale ottomane, où Gautier séjourne en été 1852, est-elle vraiment comparable à ces régions lointaines et inconnues parcourues par le capitaine Cook à travers ses voyages de circumnavigation, à la fin du XVIIIe siècle? Charles Pertusi er écrivait en tout cas, en 1815 déjà : « Ce n'est pas sans une inquiétude bien légitime et difficile à dissiper, que je me hasarde à faire paraître un ouvrage sur Constantinople, lorsqu'il en existe déjà tant d'autres qui semblent avoir épuisé la matière.5 » De fait, il existe, depuis la Renaissance, de très nombreux voyages en Palestine, pour lesquels la capitale ottomane constitue en général une étape importante. Mais c'est au XIX e siècle seulement que paraissent les premiers guides de voyage en Orient. L'un des tout premiers est certainement le Guide du voyageur à Constantinople et dans ses environs (1839), rédigé par le géographe Frédéric Lacroix. Rien ne prouve que Gautier l'ait emporté avec lui. 2 Mais tout laisse penser que ce grand voyageur, qui était aussi un grand lecteur, avait, au moins de seconde main, connaissance de ce type d'ouvrage. Lacroix recommande de visiter la capitale ottomane à l'époque du Ramadan, – le mois où la ville, illuminée pendant la nuit, prend un air de fête. Or c'est exactement ce que fait Gautier, de même que Nerval, une dizaine d'années avant lui. Les différents lieux parcourus par Gautier ne sont pas non plus choisis au hasard. Il y a bien sûr, comme pour le touriste d'aujourd'hui, des visites que l'on sait qu'on va accomplir, avant même d'avoir établi un programme : les mosquées, le sérail, le bazar Mais, lorsqu'on a plusieurs semaines devant soi, comme c'est le cas pour Gautier, on peut s'attacher à visiter Constantinople de manière plus approfondie : on se rend donc dans des endroits un peu excentrés, par exemple à Eyoub, avec un beau point de vue sur la Corned'Or, ou à Scutari (aujourd'hui Üsküdar), sur la rive asiatique du Bosphore ; on traverse les cimetières musulmans (le Petit et le Grand Champ-des-Morts), on s'engage dans les quartiers grec et juif, on monte à Péra (aujourdh'hui Beyoglu), où résident les ambassdeurs européens ; on s'éloigne même de la ville, pour visiter le mont Bougourlou ou les îles des Princes, – toutes ces excursions, accomplies par Gautier et qui structurent son récit, sont déjà recommandées et décrites, fût-ce sous une forme rudimentaire, dans le Guide du voyageur à Constantinople de Lacroix, lequel avoue, de son côté, s'être parfois servi des Promenades pittoresques dans Constantinople (1815) de Charles Per er. Le guide ne se contente pas, comme on sait, d'orienter le voyageur en lui disant où aller et que voir. Il n'hésite pas non plus à informer le lecteur sur ce qu'il doit penser et ressentir à tel ou tel endroit. En voici un exemple frappant. Gautier, à propos de Balata, le quartier juif de Constantinople, écrit une page terrible 6, d'un antisémitisme dont la violence semble annoncer le discours de la fin du XIX e siècle sur l'image du Juif comme « maladie »7. Je n'en citerai ici qu'un extrait : Les toits semblaient avoir la teigne et les murailles la lèpre ; les écailles de l'enduit grisâtre se détachaient comme les pellicules d'une peau dartreuse. [] nous découvrions des têtes bizarres d'une lividité maladive [] ; des yeux mornes, atones []. On imaginerait difficilement quelque chose de plus immonde, de plus infect et de plus purulent : la plique, les scrofules, la gale, la lèpre et toutes les impuretés bibliques, dont il ne s'est pas guéri depuis Moïse, le dévorent sans qu'il s'y oppose, tant l'idée du lucre le travaille exclusivement ; il ne fait même pas attention à la peste s'il peut faire un petit commerce sur les habits des morts.8 Or, on trouve déjà chez Lacroix une image extrêmement négative de Balata, même si la dimension chrétienne de cet antisémitisme est moins clairement affirmée : Dans les rues que nous suivons nous ne voyons que maisons étroites, humides et mal éclairées ; sur le seuil de ces demeures malsaines nous apercevons des femmes et des enfants étiolés, aux joues creuses et aux yeux éteints ; population vouée à la douleur, et dont on déplorerait la destinée, si l'on ne savait que les maux qui l'affligent sont en grande partie le fruit de sa cupidité sans bornes, de son avarice devenue proverbiale et de la bassesse de ses penchants.9 Il ne s'agit bien sûr pas de dédouanner Gautier, mais simplement de contextualiser un discours antisémite déjà ancien, qui se répand de plus en plus au XIX e siècle, et que les guides de voyage pouvaient contribuer à légitimer par leur statut éditorial, véhiculant ainsi une sorte de vulgate raciste sous couvert de brosser un panorama des différentes « nations » de l'Empire ottoman. Si Gautier, comme nombre de ses contemporains, se montre perméable à un antisémitisme ambiant, sur d autres plans, il ne se contente pas de répéter ce qu'il a pu lire dans des guides ou des récits de voyage antérieurs. Reprenons Lacroix qui, parmi les « Conseils aux voyageurs » qu'il dispense, explique à ceux-ci ce qui les attend s'ils veulent prendre un bain turc : 3 Les sensations que vous font éprouver le massage sont loin d'être agréables. Cette pression des muscles, cette manipulation des chairs et des membres ne laisse pas d'être douloureuse. Le coup de grâce est surtout redoutable ; cette dernière manoeuvre consiste à faire craquer les articulations en appuyant fortement le genou au milieu des bras croisés sur la poitrine. Le massage dure ordinairement vingt minutes. On sait que Gautier, dans Constantinople, consacre plusieurs pages au bain turc. Si, dans un premier temps, il s'amuse à effrayer son lecteur en comparant le corps des baigneurs, étendus sur une dalle pour être livrés aux mains d'un masseur, à des « cadavres sur une table de dissection »11, réactivant ainsi, implicitement, une image menaçante de l'ennemi ottoman, dans un second temps, il renverse totalement cette représentation fortement idéologique en faisant du bain turc une véritable apologie de la chair heureuse : Et, quand je sortis, j'étais si léger, si dispos, si souple, si remis de ma fatigue, qu'il me semblait Que les anges du ciel marchaient à mes côtés!12 On voit que le guide, dans ce cas, est bien autre chose qu'un simple canevas préparatoire du récit de voyage. Il s'agit ici d'un intertexte qui fait l'objet d'une complète récriture, permettant du même coup à Gautier de parodier la tradition du pèlerinage chrétien en Orient en faisant de Constantinople le lieu d'une assomption « matérialiste »13. Voyons maintenant, en aval, la façon dont le récit de voyage de Gautier est utilisé par le guide de l'Orient de la collection Joanne. Rédigé par le docteur Isambert et publié en 1861, puis réédité dans une version augmentée en 1873, cet ouvrage, intitulé Itinéraire descriptif, historique et archéologique de l'Orient, comporte une partie consacrée à la « Turquie d'Europe », donc à Constantinople. Le guide cite fréquemment des voyageurs en Orient du XIXe siècle, tels Lamartine, Alexis de Valon et la comtesse de Gasparin, mais surtout Gautier, notamment à propos de l'arrivée dans la capitale ottomane : Doublant enfin la pointe du sérail, le navire pénètre dans le Bosphore et, à l'entrée de la Corned'Or, un panorama merveilleux se déroule aux yeux comme une décoration d'opéra14. Isambert ne commente pas Gautier : ce dernier est visiblement considéré comme une autorité, comme un descripteur à la fois fiable et talentueux. On notera cependant, d'emblée, quelques modifications découlant de ce réemploi : Gautier avait écrit précisément, au chapitre V de Constantinople : La pointe du sérail est doublée ; le Léonidas s'arrête à l'entrée de la Corne-d'Or. Un panorama merveilleux se déploie sous mes yeux comme une décoration d'opéra dans une pièce féerique 15. Deux éléments me semblent devoir être relevés. Premièrement, si le guide s'appuie sur Gautier, explicitement mentionné, il le « désubjectivise », conformément à l'ambition réaliste du genre : « un panorama merveilleux se déploie sous mes yeux » devient « un panorama merveilleux se déroule aux yeux », – l'abandon de l'adjectif possessif obligeant en même temps Isambert à changer le verbe ; dans le même ordre d'idée, la mention du Léonidas, le bateau à vapeur sur lequel Gautier traverse la Méditerranée, et qui renvoie donc à une expérience particulière du voyage, devient simplement, dans le guide, « le navire », de façon à rendre la description généralisable, donc potentiellement valable pour tout lecteur susceptible de se considérer lui-même comme spectateur de ce tableau. Deuxièmement, on aura observé que la comparaison, faite par Gautier, du panorama de la ville avec « une décoration d'opéra dans une pièce féerique », est raccourcie, dans l'Itinéraire [] d'Orient, en « une décoration 4 d'opéra ». L'abandon du registre de la féerie n'est pas indifférent : ce qui ne surprend pas le lecteur de Gautier, habitué à cette tentation de fictionnaliser le réel (l'Orient perçu à travers le prisme de tableaux ou de spectacles vus à Paris), peut avoir pour effet, dans une guide, de décrédibiliser la description. Un peu d'embellissement (« comme une décoration d'opéra »), c'est bien ; mais point trop n'en faut : la « pièce féerique », encore une fois, renvoie implicitement à une expérience singulière et subjective, dont Isambert cherche à tirer parti tout en atténuant son côté « littéraire », qui pourrait paraître irréaliste. Voici maintenant un deuxième d'une utilisation orientée de Gautier par le guide Joanne. Les derviches tourneurs, ces mystiques musulmans, disciples du poète persan Djelal-eddin-Roumi, et dont les danses étaient déjà mentionnées par Lacroix comme un spectacle digne d'être vu par le voyageur dans la capitale ottomane, sont également évoquées par Isambert, qui cite longuement Gautier tout en supprimant, sans l'indiquer, comme on le ferait aujourd'hui par des crochets et des points de suspension, de nombreux passages tirés du chapitre XI de Constantinople. Voyons cela un peu en détail. L'Itinéraire [] de l'Orient reprend le début de ce paragraphe17, mais il laisse tomber toute la dernière partie de la phrase, depuis « ils chantent leurs litanies » Pourquoi cette suppression? On peut supposer que Gautier trahit un point de vue qu'Isambert ne partage pas. En effet, le narrateur de Constantinople, en parlant des « chiens de chrétiens », ironise clairement sur un discours musulman anti-européen. Il creuse donc le fossé entre Orient et Occident, tout en laissant entendre que la vanité fait oublier aux derviches leurs préjugés. Or, le guide n'a aucun intérêt à effaroucher le lecteur en lui suggérant que ce dernier risquerait d'être traité en ennemi dans la capitale ottomane : à l'ère du tourisme naissant (qui est aussi celle d'une influence de plus en plus grande de l'Europe sur la Turquie) 18, ce sont au contraire les signes de rapprochement qui sont de mise. À vrai dire, c'est moins de l'islam en particulier que de la religion en général que se moque Gautier. On décèle chez lui un ton quasiment voltairien, que la suite du chapitre confirmera : La coiffure de ces moines musulmans consiste en un bonnet de feutre épais d'un pouce, d'un ton roussâtre ou brun, et que je ne saurais mieux comparer, pour la forme, qu'à un pot à fleurs renversé, dans lequel on aurait entré une tête19. Toute cette phrase, avec la comparaison désacralisante finale, n'est pas citée par le guide Joanne. Pourtant, l'anticléricalisme de Gautier finit par contaminer l'Itinéraire [] de l'Orient, même si la description de la prière des derviches n'est reproduite que de manière partielle. Isambert reprend ainsi à Constantinople la phrase suivante : « Les prières commencèrent, et avec elles les génuflexions, les prosternations, les simagrées ordinaires du culte musulman, si bizarres pour nous, et qui seraient risibles sans la conviction et la gravité que les fidèles y mettent.20 » En revanche, il laisse tomber, toujours sans l'indiquer d'aucune manière, la suite de ce même paragraphe. Gautier avait en effet ajouté : « Ces alternations d'élévation et d'abaissement font penser aux poulets qui se précipitent avidement le bec contre terre et se relèvent après avoir saisi le grain ou le vermisseau qu'ils convoitent. 21 » On est ici dans la caricature pure et simple, qui n'a guère sa place dans le genre des guides de 5 voyage. Dernier exemple de réutilisation de Constantinople par le guide Joanne : la description des bazars, dont Isambert dit qu'aucun voyageur n'a pu atteindre la « verve » et la « vérité » de celle de Gautier22. Ce dernier est donc longuement cité, mais avec des coupures qui révèlent un désir de plier le récit de voyage aux contraintes génériques de l'Itinéraire [] de l'Orient. Ainsi, Gautier écrivait ceci, qui disparaît dans la citation procurée par le guide : Je ne voudrais pas détruire l'idée de magnificence orientale que soulève ce mot : Bezestin de Constantinople, mais je ne saurais mieux comparer le bazar turc qu'au Temple de Paris, auquel il ressemble beaucoup disposition23. L'ironie de Gautier, très attentif aux clichés orientalistes, qu'il n'hésite pas à dénoncer à l'occasion (on se souvient de son chapitre sur « Les femmes »24), fait partie de ses qualités d'écrivain voyageur. Elle témoigne à la fois de sa grande maîtrise du genre et de sa capacité à renouveler celui-ci de l'intérieur. En comparant de manière provocante le Grand Bazar, véritable symbole de la capitale ottomane dans toute sa diversité séduisante, à un édifice parisien bien connu de ses contemporains (le palais du Temple fut détruit en 1853, l'année même de la publication de Constantinople), Gautier opère une sorte de « désorientalisation » de son objet. Or, c'est là quelque chose que le guide Joanne a toutes les raisons de refuser, car il a pour mission d'informer, mais aussi de séduire son lecteur, voyageur réel ou potentiel, en lui faisant miroiter un Orient de la différence, un Orient « orientalisé », comme dirait Edward Saïd25. On voit que l'Itinéraire [] de l'Orient fait un double usage de l'auteur de Constantinople : d'une part il le cite comme un brillant descripteur, d'autre part il le « désubjectivise » en réduisant son récit de voyage à un réservoir de morceaux choisis qui font perdre leur complexité au texte original. On retrouve d'ailleurs le même processus à l'oeuvre dans le Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle qui, à l'article « Constantinople », cite abondamment le guide Joanne citant Gautier! Toutes les simplifications opérées par Isambert sont ainsi enregistrées par Larousse : outre l'abandon, déjà commenté, de la comparaison entre le Grand Bazar et le Temple de Paris, Larousse fait également disparaître, à la suite d'Isambert, une remarque surprenante de Gautier, à propos de ce que celui-ci appelle le « goût turc-rococo », qui se rapproche, dit-il, « plus qu'on ne le pense du genre d'ornementation en usage sous Louis XV »26. Doit-on prendre au sérieux ce genre de comparaison? On en trouve en tout cas des exemples, à la même époque, avec une volonté de provocation évidente, dans la correspondance de Gautier, comme dans cette lettre à Louis de Cormenin, datée du 5 juillet 1852 : J'ai visité les principales villas semées le long du Bosphore, qui a beaucoup de rapports avec la Tamise. Crois-en ton ami qui est la vérité même. Constantinople ressemble à Londres et n'a rien d'oriental27. Quel que soit le degré d'ironie que comportent ces rapprochements entre l'Orient et l'Occident, il y a dans ceux-ci une ambivalence qui apparaît manifestement comme dérangeante, du point de vue de la vulgarisation du savoir qui est celui du guide et du dictionnaire. C'est donc bien un texte différent, même s'il est apparemment très semblable, qui est « cité » par Isambert et par Larousse. Le chapitre de Constantinople sur les bazars est non seulement condensé (tout un passage sur les vêtements de femmes et d'enfants est supprimé), mais il fait aussi l'objet d'une véritable récriture, aussi discrète qu'efficace. Gautier parle ainsi des « flacons d'atar-gull dans des étuis de velours brodés à paillettes »28, – syntagme qui disparaît entièrement dans la citation insérée dans l'Itinéraire [] de l'Orient. Le terme d'atar-gull, d'origine arabo-persane, signifie « eau de rose », expression qui apparaît elle-même peu après dans la description de Gautier. D'une certaine façon, on pourrait soutenir 6 qu'Isambert, et Larousse après lui, ont raison de supprimer ce qui semble une pure redondance et d'éliminer un mot étranger qui a peu de chance d'être connu du lecteur moyen29. Mais, sur un autre plan, cette suppression ne fait-elle pas perdre au texte de Gautier toute sa saveur, dans la mesure où le vocabulaire étranger contribue à faire de la lecture un substitut de l'expérience viatique elle-même? On sait en tout cas à quel point Gautier, à défaut de parler des langues étrangères, était sensible à leur matérialité sonore. Il s'était d'ailleurs déjà amusé à « exotiser » son Voyage en Espagne en le truffant de mots et d'expression s espagnols30. Pourant, le guide n'est pas toujours du côté d'un appauvrissement de la langue. Dans les pages déjà évoquées de Constantinople consacrées au bain turc, Gautier décrit la façon dont le masseur, à force de frotter le corps du baigneur, fait apparaître sur sa peau de petits « rouleaux grisâtres » qu'il nomme des « copeaux balnéatoires »31. Le guide Joanne, cité par Larousse, reproduit et approuve cette création verbale, tout en résumant le texte de Gautier 32. Le récit de voyage contribue donc, parfois, à « littérariser » un genre qui a plutôt une vocation historique et géographique. L'on pourrait d'ailleurs essayer d'analyser en quoi l'Itinéraire [] de l'Orient, en-dehors de sa dimension proprement informative, constitue une sorte d'anthologie des écrivains voyageurs du XIXe siècle. Symétriquement, on pourrait aussi faire toute une étude sur la façon dont le narrateur de Constantinople se donne à voir comme un guide, se substituant à son drogman, habilement évacué du récit, pour mieux entraîner le lecteur à sa suite dans un « vagabondange » de plume dont le caractère faussement improvisé doit garantir la nouveauté et la séduction33. Les frontières du « littéraire » sont mouvantes, les historiens et les théoriciens de la littérature le savent bien. Le XIX e siècle, et singulièrement le genre des Voyages, illustrent abondamment cette porosité. Gautier, qui se considérait comme un humble « daguerréotypeur littéraire »34, était assurément à la croisée des chemins. S'il s'est vraisemblablement appuyé sur un guide comme celui de Lacroix pour visiter Constantinople et pour structurer son propre récit de voyage, celui-ci fut lu, par Isambert et Larousse, comme une sorte de « super-guide », écrit avec brio par un maître en la matière. Sarga MOUSSA (CNRS, UMR LIRE) 1 Théophile Gautier, Italia. Voyage en Italie, éd. Marie-Hélène Girard, Paris, La Boîte à documents, 1997, p. 276. 2 « J'ai trouvé dans Oscar Marinitisch, l'ami de Maxime [Du Camp], le guide le plus intelligent, le plus actif et le plus agréable possible. Il jaspine quatre ou cinq argots dans la perfection ; d'abord le turc, puis le grec, l'italien, l'anglais, l'allemand et le français comme un Parisien » (lettre de Constantinople, datée du 5 juillet 1852, adressée à Louis de Cormenin, dans Théophile Gautier, Correspondance générale, éd. Claudine Lacoste-Veysseyre, sous la dir. de Pierre Laubriet, ParisGenève, Droz, t. V [1991] p. 71). 3 Théophile Gautier, Constantinople (1853), dans Constantinople et autres textes sur la Turquie, éd. Sarga Moussa, Paris, La Boîte à documents, 1990, p. 168. 4 Ibid., p. 92. Cf. Nerval : « Je prends le parti de te mander au hasard tout ce qui m'arrive, intéressant ou non, jour par jour, si je le puis, à la manière du capitaine Cook, qui écrit un tel jour avoir vu un goëland ou un pingouin, tel autre jour n'avoir vu qu'un tronc d'arbre flottant » (Voyage en Orient [1851], dans OEuvres complètes, éd. Jean Guillaume et Claude Pichois, Paris, Gallimard, Bibl. de la Pléiade, t. II [1984], p. 201). 5 Charles Pertusier, Promenades pittoresques dans Constantinople et sur les rives du Bosphore, Paris, Nicolle, 1815, t. I, p. 1. 6 Cette page n'est pas isolée dans l'oeuvre de Gautier, lequel véhcule à son tour des stéréotypes souvent partagés à l'époque romantique. Voir à ce sujet l'excellent chapitre de Martine Lavaud, « Un exemple d'esthétique de l'horrible : les Juifs de Gautier », dans Théophile Gautier. Militant du romantisme, Paris, Champion, 2001, p. 475-499. 7 Voir Sander L. Gilman , L'Autre et le Moi . Stéréotypes occidentaux de la race, de la sexualité et de la maladie, trad. fr., Paris, PUF, 1996. 8 Gautier, Constantinople, op. cit., p. 210. 9 Frédéric Lacroix, Guide du voyageur à Constantinople et dans ses environs, Paris, Bellizard, Dufour et Cie, 1839, p. 143. 10 Ibid., p. IV. 11 Gautier, Constantinople, op. cit., p. 215. 12 Ibid., p. 216. 13 Voir Philippe Berthier, « L'injure chrétienne », dans Revue des Sciences Humaines, n° 277, janvier-mars 2005, p. 20. 14 Émile Isambert, Itinéraire descriptif, historique et archéologique de l'Orient, 2e éd., Paris, Hachette, 1873, p. 505. 15 Gautier, Constantinople, op. cit., p. 86. 16 Ibid., p. 134-135. 17 Isambert, Itinéraire [] de l'Orient, op. cit., p. 484. 18 Voir Histoire de l'Empire ottoman, sous la dir. de Robert Mantran, Paris, Fayard, 1989. Voir également le dossier consacré à la Turquie dans le n° 131 de Romantisme, 2006-1. 19 Gautier, Constantinople, op. cit., p. 137. 20 Gautier, ibid., et Isambert, Itinéraire [] de l'Orient, op. cit., p. 484. 21 Gautier, Constantinople, op cit., p. 137. D' autres exemples pourraient être cités, toujours à propos des derviches tourneurs. Gautier parle ainsi des « psalmodies du Koran nasillées sur un ton de fausset » (ibid., p. 138 ; je souligne les termes non repris par le guide Joanne). 22 Isambert, Itinéraire [] de l'Orient, op. cit., p. 581. 23 Gautier, Constantinople, op. cit., p. 125 ; cf. Itinéraire [] de l'Orient, op. cit., p. 582. 24 « La première question que l'on adresse à tout voyageur qui revient d'Orient est celle-ci : – 'Et les femmes?' – Chacun y répond avec un sourire plus ou moins mystérieux selon son degré de fatuité, de manière à faire sous-entendre un respectable nombre de bonnes fortunes. []. Ce lieu commun oriental, convenablement brodé, intéresse toujours le lecteur, et surtout la lectrice » (Gautier, Constantinople, op. cit., p. 182 ). 25 Edward Saïd, L'Orientalisme. L'Orient créé par l'Occident, trad. fr., Paris, Seuil, 1980, p. 66 et suiv. 26 Gautier, Constantinople, op. cit., p. 126.
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Nous faisons ensuite le rapport entre les cartes obtenues pour diérentes valeurs de température et la carte de référence. Certaines des cartes résultantes sont montrées sur la gure 3.21, pour lesquelles chaque pixel, de coordonnée (x,y), contient la quantité suivante : δF (x, y) = hFTref i hFTref i FT (x, y) ×. FTref (x, y) hFT i représente le ux moyen de la carte de référence et cartes obtenues pour une température |hT i − hTref i| T hFT i le ux moyen de chacune des de la LED. Pour chaque rapport de carte, ∆T = donne l'écart de température moyen, en valeur absolue, entre une carte et celle de référence. La table 3.7 résume les caractéristiques de chacune des mesures illustrées sur la gure 3.21, soit la variation de la température lors de la réalisation d'une carte température moyen par rapport à la référence ∆T δT, l'écart de ∆Ftot. δF (x, y) < 0.1% quelles et la variation total du rapport des ux Pour pouvoir négliger les uctuations dues à la température, il faut que que soient les coordonnées x et y. On voudrait également avoir, sur l'ensemble du rapport des cartes, une variation du ux inférieure à 0.2% : ∆Ftot = δF+ − δF− < 0.1%, où δF− correspond au maximum de variation négatif entre deux cartes et δF+ au maximum de variation positif. La gure 3.21 nous montre que, contrairement à ce que l'on attendait, une variation de la température de la LED semble induire une déformation du prole du faisceau, déformation d'autant plus importante que l'écart en température est grand, avec des variations totales du ux ∆Ftot largement supérieures à 0.1% (voir table 3.7). Bien que moins visible pour les plus faibles variations de température, l'eet demeure. Ce dernier peut être mis en évidence en divisant les cartes en quatre zones (gure 3.22 b) et en calculant la variation moyenne du ux hδF i sur chacune d'elle. Le résultat est montré sur la gure 3.22.a, où hδF i a été tracé pour les quatre zones en fonction de la variation de température moyenne (∆T ). Pour comparaison, on a également représenté la variation du ux moyennée sur la totalité de la carte (courbe noire). On remarque alors une forte symétrie entre les zones (1) et (4) (courbes rouge et rose), ainsi que, bien que moins importante, entre les zone (2) et (3). Ceci peut être dû soit à une déformation du prol du faisceau soit à un déplacement du faisceau suivant l'axe XY (sous l'eet 108 5 4 3 -1 -1 -2 65 45 50 55 60 65 65 70 40 ×10 6 45 50 55 60 65 4 3 85 -1 45 50 55 60 65 -1 65 45 50 55 60 65 3 2 80 1 75 0 -1 70 -3 -3 40 45 50 55 60 65 3 2 1 0 -1 -2 -3 40 45 50 55 60 65 4 3 85 2 80 1 75 0 -1 70 ∆ T = 0.919919 deg C -3 5 90 70 x (mm) ×10 6 -2 65 4 65 70 95 ×10 6 95 5 90 4 3 85 2 80 1 75 0 -1 70 -2 65 70 -3 40 45 50 55 60 x (mm) 65 -2 65 70 -3 40 45 50 x (mm) 55 60 65 70 x (mm) Figure 3.21: Rapport entre les cartes à diérentes températures sur la carte de référence. Chaque carte a, au préalable, été normalisée par rapport à sa valeur moyenne. du déplacement de l'un des éléments du montage) lorsque la température varie. Cependant, le rapport des cartes tel que montré sur la gure 3.21 ne nous permet pas de déterminer l'origine du phénomène observé. Le calcul du barycentre de chacune des cartes (gure 3.23) tendrait à montrer que nos observations seraient dues à la déformation du prol du faisceau plutôt qu'à un déplacement. On observe en eet une variation du barycentre d'environ 16 et d'environ 8μm suivant l'axe Y. Le pinhole utilisé étant de 100 μm, μm suivant l'axe X ces valeurs semblent trop faibles pour expliquer nos observations. Origine des variations Bien que la durée d'un balayage soit relativement courte (environ 5 minutes), la température n'a pu être complètement stabilisée : 0.1 < δT < 0.5◦ C (voir table 3.7). Ces variations étaient particulièrement visibles lorsque l'on a utilisé le cordon chauant. La gure 3.24.a représente l'écart entre la température de la LED lors de la mesure du ux en un point et la température moyenne du balayage. La carte de température montre une structure linéaire, qui suit le déplacement des axes X et Y : le balayage du faisceau est eectué de droite à gauche et du haut vers le bas. Or les variations du ux observées précédemment (voir gure 3.21) sont orientées suivant la diagonale x=y et donc ne suivent pas le déplacement des axes comme le fond les variations 109 -3 5 90 70 -3 ∆ T = 1.20313 deg C y (mm) y (mm) 4 85 ×10 6 95 x (mm) 5 70 75 0 40 ×10 6 90 65 80 1 x (mm) 95 60 -2 70 ∆ T = 1.55519 deg C 55 85 2 70 -3 40 50 ∆ T = 1.93735 deg C -3 3 -2 65 -3 45 x (mm) 4 75 0 70 -2 5 90 80 1 75 -1 40 ×10 6 95 85 2 80 0 65 70 ∆ T = 2.31207 deg C -3 5 90 1 x (mm) y (mm) y (mm) ∆ T = 2.66434 deg C 2 70 -3 x (mm) 95 3 -2 -3 40 4 75 0 -3 5 90 80 1 70 ×10 6 95 85 2 75 0 70 3 80 1 75 4 85 2 80 5 90 ∆ T = 3.01328 deg C -3 y (mm) 85 ×10 6 95 y (mm) 90 ∆ T = 3.49747 deg C -3 y (mm) ×10 6 y (mm) y (mm) ∆ T = 4 06 deg C 95 -3 hT i δT ∆T ∆Ftot 27.12 0.04 0 - 22.7 0.53 4.36 0.89 23.6 0.32 3.49 0.96 24.1 0.19 3.01 0.80 24.4 0.17 2.66 0.66 24.8 0.18 2.31 0.65 25.2 0.18 1.93 0.52 25.5 0.19 1.55 0.39 25.9 0.16 1.20 0.43 26.2 0.13 0.91 0.46 26.4 0.10 0.68 0.31 (%) Table 3.7: Caractéristiques des balayages réalisés pour diérentes températures de la LED. La première ligne correspond à la carte de référence. de la température de la LED. Ainsi, aucune corrélation entre les observations précédentes et l'évolution de la température de la LED au cours d'un balayage n'a pu être mise en évidence. En parallèle, an de vérier que la modication du prol du faisceau observée est bien due à un eet thermique et non pas à un problème mécanique, nous avons réalisé une série de balayages à température ambiante (de telle sorte que la variation de température moyenne d'une mesure à l'autre, et la variation de température au cours d'un balayage soient négligeables). Aucune déformation du faisceau n'a été observée : les variations mesurées sont très faibles (inférieures à 0.05%) et aléatoirement distribuées (voir gure 3.24.b). Cette mesure conrme donc le lien entre les variations de température et la déformation du prol du faisceau. Malgré toutes les mesures eectuées, nous n'avons pu identier la cause de l'eet observé. Il semble que ce dernier soit dû à une variation de la température, mais nous n'avons pu le corréler avec la variation de la température de la LED ou d'un autre élément du montage (la sphère intégrante par exemple). En revanche, il est possible qu'en voulant augmenter la température de la LED, nous ayons introduit un gradient de température et des déplacements entre les diérents composants du montage (LED, sphère intégrante, photodiode... ). Nous avons par exemple constaté qu'une rotation de la LED induit une déformation du prole du faisceau malgré l'utilisation de la sphère intégrante, ce qui peut s'expliquer en considérant le nombre de réexions des photons à l'intérieur de la sphère : une variation de l'angle d'incidenc e à l'entrée de la sphère va modier ce nombre, ce qui induit une déformation du faisceau. Une rotation de la sphère se traduit par un déplacement du faisceau, ce qui ne semble pas correspondre aux observations. Cependant, étant donnée la mauvaise qualité de l'image obtenue sans la sphère (gure 3.5 b), ce fait n'a pu être vérié. An d'identier la cause de la déformation observée, il faudrait pouvoir isoler chacun des éléments du montage et faire varier leur température respective. De même, si nos observations proviennent du gradient de température induit lors du chauage de la LED, alors, il faudrait varier la température de l'ensemble du montage simultanément, et uniformément. Du fait de la très mauvaise isolation thermique de la boîte noire dans laquelle se trouve le CCOB, aucune de ces deux mesures n'a pu être eectuée pour le moment (même en chauant la totalité de la boite noire, un gradient de température important persiste). Ne pouvant trouver et comprendre l'origine des variations observées, ces dernières ne pourront whole map zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 0.002 0.001 0 -0.001 -0.002 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 ∆T a) b) Figure 3.22: a) Variation du rapport des ux h∆F izone moyennée dans les quatre zones dénies en b) en fonction de la variation de température. b) Dénition des quatre zones utilisées pour calculer la variation moyenne du ux. pas être corrigées. Actuellement, la solution retenue, pour nous aranchir de ces variations, consiste à réguler la température de la LED. La régulation thermique sera faite à l'aide d'un PID (régulation Proportionnelle - Intégrale - Dérivée). Il s'agit d'un système fonctionnant en boucle fermée, et qui permet d'ajuster la température de chaue en tenant compte de l'erreur en température (la diérence entre la température mesurée et la température de consigne), de l'erreur intégrée (par rapport à une constante de temps propre au système) et de la dérivée de l'erreur. Ce système permet ainsi de contrôler la température en jouant à la fois sur l'intensité du chauage et sur sa vitesse. On obtient alors une courbe de température dépourvue d'oscillation (contrairement à ce que l'on avait obtenu avec le cordon chauant, gure 3.19), avec un contrôle ◦ près. des uctuations à 0.2 An de tester le système de régulation et vérier que cette solution pourra résoudre le problème, de nouvelles mesures ont été réalisées. On a ainsi vérié que la température de la LED peut être maintenue constante en dépit de fortes variations thermiques dans la pièce. On a alors pu constater que la régulation thermique permet de fortement réduire les variations du ux. Cependant, le problème n'est pas encore complètement résolu, puisqu'une déformation du prol du faisceau avec le temps, bien que beaucoup plus faible, est toujours observée. La réalisation d'une nouvelle carte contrôlant de manière plus précise l'alimentation de la LED devrait permettre une meilleur régulation thermique. 3.6 Design nal Le CCOB doit permettre la calibration de la caméra de LSST à diérentes longueurs d'onde. Bien qu'il soit possible de couvrir l'ensemble de la bande passante de LSST avec des LEDs, nous avons choisi d'utiliser seulement six LEDs, soit une LED par ltre. Ces dernières devront être judicieusement choisies, en fonction de la longueur d'onde d'émission mais surtout en fonction de leur stabilité avec la température. Nous devons également naliser le design du banc, en l'intégrant les diérentes LEDs au montage nal. 111 y (mm) x (mm) 54.726 78.339 54.724 54.722 78.338 54.72 78.337 54.718 78.336 54.716 78.335 54.714 78.334 54.712 78.333 54.71 78.332 54.708 23 24 25 26 78.331 27 23 <T> Figure 3.23: 24 25 26 27 <T> Barycentre des rapports de carte, en x et en y, en fonction de la variation de température. ∆ T = 0.0167479 deg C TLED(px) - (<T >=27.7109) deg C 90 y (mm) y (mm) LED 0.15 85 ×10-3 95 0.6 90 0.4 0.1 80 0.05 75 0 85 0.2 80 0 -0.2 75 70 -0.05 -0.4 70 65 -0.1 60 -0.15 40 45 50 55 60 65 70 x (mm) -0.6 65 -0.8 40 45 a) 50 55 60 65 70 x ( mm ) b) Figure 3.24: a) Carte des variations de la température au cours d'un balayage réalisé avec le cordon chauant. L'axe z donne la variation de la température δT = Tpx − hT i en ◦C. Du fait de la méthode de balayage, les variations ont lieu suivant l'axe x. b) Rapport entre deux ◦ cartes réalisées à la même température (∆T ∼ 0.01 ). Les variations du ux sont distribuées de manière homogène, avec une variation maximale de 0.05%. 3.6.1 Choix des LEDs Nous avons vu dans la section 3.5.3 que l'intensité du ux émis par la LED dépend de la température, ce qui est également le cas de la longueur d'onde moyenne à laquelle émet une LED. Les LEDs sont donc choisies de telle sorte qu'en tenant compte de l'ecacité quantique de la caméra (lors de l'utilisation du CCOB-LB, les diérentes optiques ne seront pas présentes) les variations du ux intégré en longueur d'onde soient inférieures à 0.1%. Un banc de test similaire au CCOB a été développé par la collaboration SNDice an d'étudier la caméra MegaCam au Canada France Hawaii Telescop (CFHT). Un certain nombre de LEDs a alors été utilisé et calibré via la mesure des spectres à diérentes températures. Les détails 112 des résultats de la collaboration se trouvent dans l'article de N. Regnault et al. [88]), et ceux concernant les LEDs susceptibles de nous intéresser sont résumés dans la table 3.8. Elle donne, hλi pour les 24 des LEDs testées, la longueur moyenne δλ/dT, et sa variation avec la température ainsi que la variation du ux moyen par degré (δΦ/(ΦdT )). Globalement la variation de la longueur d'onde moyenne est faible (< 0.05 nm/ ◦ C ), avec une variation moyenne du ux inférieure à quelques pour-mille. modèle de LED <λ> ltre δλ/dT ◦ (nm/ C ) δΦ/(ΦdT ) ◦ (%/ C ) (nm) UVTOP335-FW-TO39 340.4 u +0.044 -0.330 APG2C1-365-S 368.3 u +0.027 0.6625 APG2C1-395 396.7 u-g +0.020 -1.003 APG2C1-420 417.0 g +0.015 -0.535 LD W5AMz 452.6 g +0.013 -0.117 LB W5SMz 466.6 g +0.016 -0.080 LV W5AMz 515.9 g -0.004 +0.256 LT W5AMz 528.8 g -0.025 -0.372 LT W5SMz 546.8 g-r +0.010 +0.016 LY W5SMz 590.8 r +0.102 -0.268 LA W5SMz 622.6 r +0.104 -0.515 APG2C1-660 656.8 r +0.144 -0.418 APG2C1-690 687.6 r-i +0.155 -0.433 APG2C1-720 716.5 i +0.153 -0.434 SFH421z 730.8 i +0.153 -0.566 APG2C1-760 759.9 i +0.176 0.166 APG2C1-810 806.4 i-z +0.177 -0.197 APG2C1-830 828.2 i-z +0.203 -0.352 APG2C1-850 845.7 z +0.189 -0.297 APG2C1-905 913.6 z-y +0.133 -0.437 APG2C1-940 950.5 y +0.142 -0.485 APG2C1-970 951.4 y +0.272 -0.343 Table 3.8: Caractéristiques des LEDs testées pour SNDice. La longueur d'onde moyenne a été mesurée à 25◦ C. Table extraite de Regnault et al. [88]. Les LEDs sélectionnées pour le CCOB sont notées en gras.. On va supposer que le spectre d'émission des LEDs est gaussien, centré sur la longueur d'onde moyenne, et d'écart-type σ = 4 nm. Le choix de cette valeur est ire et inspiré par les mesures faites au LPNHE. Nous avons cependant vérié qu'une légère modication de l'écart-type ne change pas les conclusions. Les 22 spectres d'émission des LEDs testées sont représentés par les courbes colorées sur la gure 3.26. Les courbes en pointillés noirs représentent les six ltres de LSST et la courbe en trait plein correspond à l'ecacité quantique simulée pour la caméra. Les LEDs que nous avons sélectionnées sont représentées en gras. 1 340.4 nm δ T=0.001/deg 368.3 nm δ T=0.044/deg 396.7 nm δ T=0.027/deg 417 nm δ T=0.02/deg 452.6 nm δ T=0.015/deg 466.6 nm δ T=0.013/deg 515.9 nm δ T=0.016/deg 546.8 nm δ T=-0.04/deg 528.8 nm δ T=0.01/deg 590.8 nm δ T=-0.025/deg 622.6 nm δ T=0.102/deg 656.8 nm δ T=0.104/deg 687.6 nm δ T=0.144/deg 716.5 nm δ T=0.155/deg 730.8 nm δ T=0.153/deg 759.9 nm δ T=0.176/deg 806.4 nm δ T=0.177/deg 828.2 nm δ T=0.203/deg 845.7 nm δ T=0.189/deg 913.6 nm δ T=0.153/deg 950.5 nm δ T=0.133/deg 951.4 nm δ T=0.142/deg 0.8 0.6 0.4 0.2 0 300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 1200 λ (nm) Figure 3.25: Spectres des LEDs simulés, par rapport aux ltres de LSST (tiret noirs). La courbe noire en trait plein représente l'ecacité quantique des CCDs. Les LEDs sélectionnées pour le CCOB sont représentées par les courbes en gras. longueur d'onde moyenne est centrée sur les ltres ont été privilégiées. Il faut également que la variation en fonction de la température soit faible, ce qui semble être le cas pour la plupart des LEDs. Nous devons également tenir compte de l'ecacité quantique des CCDs, inclue dans le ux mesuré. Nous allons calculer, pour chaque LED, la valeur de l'intégrale suivante : Z λmax ILED (T ) = λmin F luxLED (T, λ) ∗ QELSST (λ)dλ, pour diérentes températures T, comprises dans l'intervalle (3.11) Tref ±5◦ C, où Tref ∆I = ILED (T )/ILED (T0 ) est représenté sur la gure 3.26, en fonction δT, pour l'ensemble des LEDs testées. Une LED pourra être |1 − ILED (T )/ILED (T0 )| est inférieure à 0.1%, limite symbolisée par les de référence. Le rapport de la variation de température utilisée si la quantité lignes en pointillés sur la gure 3.26. Nous pouvons ainsi voir que la plupart des LEDs pourrait être utilisée pour le CCOB jusqu'à δT = ±10◦ C. Nous ne savons pas exactement comment sera régulée la salle dans laquelle sera installée la caméra de LSST, mais il est improbable que les variations de température atteignent de tels extrêmes en quelques heures (durée d'un balayage complet de la caméra). Quelques LEDs vont cependant nous poser problème, en particulier celles situées aux limites de la bande passante de LSST (notamment dans la bande s'agit des zones dans lesquelles l'ecacité quantique varie le plus rapidement. s'attendre à avoir des dicultés pour trouver une LED stable dans le ltre de la courbe de transmission des CCD s dans ce ltre. u y ), puisqu'il On aurait pu du fait de la forme Cependant, les deux LEDs que nous avons regardées sont centrées sur des longueurs d'onde où l'ecacité quantique des CCDs varie faiblement (minima locaux) ce qui, couplé à une très faible dépendance de la longueur d'onde à la température, ne conduit pas à de fortes contraintes. Nous privilégierons cependant la LED APG2C1-365-S (de longueur d'onde moyenne hλi = 368.3 nm) pour laquelle la variation δλ/dT est la plus faible. Nous n'avons pas observé de forte variation du ux intégré des LEDs pour les g, r, et i, c'est pourquoi nous avons choisi les LEDs dont l'émission moyenne est centrée sur ltres. En ce qui concerne le ltre z, seule une LED a été testée. Avec 845.7 nm de longueur ltres les 114 integral/integral0 340.4 nm δ T=0.044/deg 368.3 nm δ T=0.027/deg 396.7 nm δ T=0.02/deg 417 nm δ T=0.015/deg 452.6 nm δ T=0.013/deg 466.6 nm δ T=0.016/deg 515.9 nm δ T=-0.04/deg 546.8 nm δ T=0.01/deg 528.8 nm δ T=-0.025/deg 590.8 nm δ T=0.102/deg 622.6 nm δ T=0.104/deg 656.8 nm δ T=0.144/deg 687.6 nm δ T=0.155/deg 716.5 nm δ T=0.153/deg 730.8 nm δ T=0.176/deg 759.9 nm δ T=0.177/deg 806.4 nm δ T=0.203/deg 828.2 nm δ T=0.189/deg 845.7 nm δ T=0.153/deg 913.6 nm δ T=0.133/deg 950.5 n m δ T=0.142/deg 951.4 nm δ T=0.272/deg 1.002 1.0015 1.001 1.0005 1 0.9995 0.999 0.9985 0.998 −4 −2 0 ∆I Figure 3.26: Évolution du rapport 2 4 δ T (°C) en fonction de la variation de température δT pour les diérentes LEDs. Les courbes en gras correspondent aux LEDs retenues. Les lignes en pointillés symbolisent la condition ∆I < 1 ± 0.1%. Seule la LED correspondant au ltre y est fortement dépendante de la température. d'onde moyenne, elle s'avère globalement stable avec la température. Finalement le seul ltre qui nous pose problème est le ltre y. Toutes les LEDs testées (y compris celles qui n'ont pas été reportées dans la table 3.8, mais qui peuvent être trouvées dans Regnault et al. [88]) sont plus dépendantes de la température que les autres LEDs. La diculté est liée à la fabrication de ces LEDs, et vient du fait que leur maximum d'émission n'est pas dans le domaine du visible mais correspond au proche infra-rouge. De plus, cela coïncide avec la chute de la transmission des CCDs, ce qui augmente la variation du rapport une LED dont l'émission correspond au ltre y. ∆I. Malgré cela, nous avons décidé d'intégrer La LED APG2C1-940 (hλi la plus stable des deux a retenu notre attention, avec |δT | < 0.2◦ C ∆I < 1 ± 0.1% si = 950.5 nm) étant |δT | < 0.5◦ C (contre pour la LED APG2C1-970). Elle devra cependant être utilisée avec précaution et sa calibration demandera une plus grande attention. 3.6.2 Disposition des LEDs Maintenant que nous avons déterminé nos six LEDs, il nous reste à décider de quelle manière elles vont s'intégrer au montage. Plusieurs solutions ont été envisagées. Par exemple, comme chaque LED sera utilisée individuellement, un support similaire à celui utilisé actuellement (voir gure 3.6) peut être fabriqué pour chacune d'elle, avec la possibilité de la changer manuellement. Cependant, du fait de la durée nécessaire à la réalisation un balayage complet de la caméra, il est préférable que le changement de LED puisse être automatisé. Ainsi, les balayages pourront être eectués les uns à la suite des autres, et le d'acquisition total (dans les six longueurs d'onde choisies) minimisé. Un montage motorisé va cependant ajouter à l'encombrement (le CCOB doit s'inclure dans un espace de 30 cm) et au poids du CCOB (la source de lumière va être déplacée devant la caméra et l'alignement entre tous les éléments doit rester stable). Comme les LEDs ne seront jamais allumées simultanément, la solution la plus simple consiste à les placer toutes devant l'entrée de la sphère intégrante, sur le même support. 115 Nous avons constaté, lors de mesures précédentes, qu'un déplacement de la LED devant la sphère conduit à une déformation du faisceau. Puisque, les analyses des données issues des diérentes LEDs seront traitées séparément, une légère variation dans la forme du faisceau d'une LED à l'autre n'est pas un problème tant que le prole du faisceau reste stable au cours du temps pour chaque LED : le point le plus important étant que le ux émis soit stable au cours du temps, peu importe si le faisceau n'est pas parfaitement symétrique. D'autre part, une partie du ux émis par une LED décentrée par rapport à l'axe LED-sphère va être perdue. Celle-ci sera d'autant plus grande que le décentrage sera grand. On va noter dpara la distance entre la LED et la sphère suivant l'axe passant par la LED et la sphère lorsque dperp les deux éléments sont parfaitement alignés et la distance entre la LED et l'axe LED-sphère (la LED est déplacée perpendiculairement à l'axe) ; cette dernière pourra être négative (la LED sphère photodiode <flux>/<ref> est déplacée vers la photodiode) ou positive (voir gure 3.27.a). dperp=-12 mm 1 dperp=-9 mm dperp=0 mm 0.8 dperp=9 mm dperp=12 mm 0.6 0.4 dpara 0.2 LED dperp dperp (>0) (<0) 0 0 10 20 30 a) 40 50 60 dpara (mm ) b) Figure 3.27: a) Schéma du montage. b) Flux moyen mesuré sur une portion du faisceau de 30 mm de diamètre, en fonction de la distance entre la LED et l'entrée de la sphère diérentes valeurs du décentrage dperp. La courbe verte correspond à dperp = 0, dpara et pour lorsque les deux éléments (sphère et LED) sont parfaitement alignés. Le ux de référence est celui pour lequel : dpara = dperp ∼ 2 mm. La gure 3.27.b montre la variation du ux moyen par rapport au ux de référence en fonction de la distance dpara et pour diérentes valeurs du décentrage correspondent au RMS de chaque carte (de 30 à dpara = dperp ∼ 2 au plus proche. ×30 mm de côté). dperp. Les barres d'erreur Le ux de référence correspond mm (épaisseur du support de LED), soit lorsque la LED et la sphère sont Il s'agit de la conguration qui a été étudiée jusqu'à présent. En éloignant la LED parallèlement à l'axe LED-sphère (courbe verte sur la gure 3.27), on constate une rapide décroissance du ux moyen : lorsque la distance dpara est de 40 mm, seul 10% du ux est conservé. L'eet d'un décentrage de la LED est moins important que l'éloignement entre la dperp = 9 mm (courbe bleue de la gure 3.27), seul 3% dperp = 0, et pour une même valeur de dpara ). On remarquera mesures du ux associées à un décentrage positif (dperp > 0) LED et la sphère. Par exemple, lorsque du ux est perdu (par rapport à une légère dissymétrie entre les ou négatif. Cet eet vient probablement d'un mauvais alignement entre les diérents éléments du montage. An de compenser la perte de ux due à l'éloignement entre la LED et la sphère, nous avions envisagé d'incliner les LEDs sur leur support, de telle sorte qu'elles soient dirigées vers le centre de la sphère. Sur la gure 3.28.a, nous avons tracé la variation du ux en fonction 116 de l'angle d'inclinaison de la LED (0 équivaut à une LED parallèle au plan de la sphère). On s'aperçoit alors que celui-ci n'a quasiment aucun eet sur le ux moyen. Étant donné que cela ne fait qu'ajouter de la complexité à la réalisation du support de LEDs, nous avons opté pour <flux>/<ref> un design plat. 0.48 0.46 0.44 0.42 0.4 0.38 0.36 0 2 4 6 8 10 12 14 16 θ (deg) a) b) Figure 3.28: a) Variation du ux moyen en fonction de l'inclinaison des LED, pour une distance entre la LED et la sphère telle que : la gure 3.27, soit Ludovic Eraud). dpara = dperp ∼ 2 dpara = dperp = 9 mm. La référence est la même que pour mm. b) Disposition nale des LED s (schéma réalisé par Finalement, les six LEDs seront installées sur le même support, disposées en cercle autour de l'axe passant par le centre de la sphère. Elles seront reliées à la sphère par un matériau en forme d'entonnoir non rééchissant. Le tout sera xé à un radiateur permettant d'évacuer la chaleur issue des LEDs. Un schéma du support de LEDs est montré sur la gure 3.28.b. Conclusion La réalisation de la caméra de LSST représente un enjeu technologique majeur. An de s'assurer de son bon fonctionnement, il est nécessaire de développer un outil de calibration spécique. Cet outil, dont le LSPC a la charge, sera délivré sous la forme de deux bancs optiques, ayant chacun un mode de fonctionnement particulier. Seul le banc d'étalonnage dit faisceau large a été étudié au cours de cette thèse. Ce dernier va permettre l'identication des pixels chauds et des pixels morts. Il va également mesurer la réponse relative du plan focal avec une précision de l'ordre du pour-mille, ce qui nécessite l'étalonnage de la source de lumière utilisée avec une précision au moins aussi bonne. Au cours de cette thèse, une série d'études et de mesures ont donc été réalisé et présenté dans ce chapitre. Elles nous auront permis de déterminer le montage nal du CCOB, comme par exemple le choix de six LEDs comme source de lumière et la nécessité d'utiliser une sphère intégrante. La disposition optimale des six LEDs devant la sphère a également été xée. Le ux émis par la source de lumière a pu être étudié en fonction de divers paramètres tels que la tension utilisée pour alimenter la LED ou la température de l'environnement du montage. Nous avons ainsi montré que le prol du faisceau est relativement peu dépendant de la valeur de la tension. Nous avons déni une zone de stabilité, qui détermine, pour une tension de référence donnée, la portion du faisceau stable avec la tension. Cette zone pourra nous aider à choisir la portion de faisceau à utiliser (entre 2 et 4 cm de diamètre) lors de la calibration de la 117 caméra de LSST. En étudiant l'impact de la température ambiante sur le prol du faisceau émis par la LED, nous avons pu vérier la relation entre l'intensité d'émission de la LED et la température de cette dernière. Cependant, au cours des diérentes mesures, nous nous sommes également aperçus que des variations de température supérieures à 1 degré conduisent à une déformation non négligeable du prol du faisceau. À ce jour, nous ne sommes pas parvenus à déterminer l'origine de cet eet : aucune corrélation entre la température de la LED ou d'un autre élément du montage n'a pu être observée. Il est probable que les variations de ux observées soit dues à la déformation de l'un des éléments sous l'eet d'un gradient thermique. Étant donnée qu'une correction du ux mesuré ne peut être envisagée, la solution qui est retenue consiste à isoler et réguler thermiquement l'ensemble du montage. Les premiers tests eectués sont encourageant : ils ont montré qu'une régulation de la température tend à réduire les variations dans le ux. Enn, un intérêt a été porté aux diérentes LEDs qu'il est possible d'utiliser an d'étalonner la caméra dans diérentes longueurs d'onde. Il a été décidé que six LEDs seront susantes pour le banc faisceau large. La dépendance de leur longueur d'onde d'émission en fonction des variations de température, en tenant compte de l'ecacité quantique des CCDs, a été étudiée. Nous avons également regardé le prol du faisceau en fonction de la position de la LED par rapport à la sphère. Ces mesures nous ont permis de dénir la meilleur façon d'intégrer les six LEDs au montage. Cela nous aura permis de sélectionner les six LEDs, chacune correspondant à un ltre de LSST. L'ensemble des travaux eectués au cours de cette thèse a donc permis de converger vers le design dénitif du CCOB faisceau large. An d'étudier l'Univers, la connaissance de la distance à laquelle se trouve l'objet observé est cruciale, notamment pour l'étudier au cours du temps. Pour les objets lointains, la distance n'est accessible que via la mesure du redshift, qui est une mesure du décalage vers les grandes longueurs d'ondes du spectre de l'objet observé. La mesure précise de ce décalage (à l'aide d'un spectromètre), pour un nombre de galaxies et une profondeur de champ aussi importantes que ceux accessibles à LSST, est très couteux en temps d'observation. Cependant, LSST va observer le ciel dans six bandes photométriques, ce qui va nous permettre d'estimer les redshifts des galaxies à partir du ux mesuré dans chaque bande. Les redshifts obtenus sont alors appelés redshifts photométriques. Un bonne précision sur la reconstruction de ces redshifts, pour de grands ensembles de galaxies, est indispensable pour la cosmologie, et en particulier pour l'étude des oscillations acoustiques de baryons (qui sera abordé dans le chapitre 6). Ce chapitre ainsi que le suivant seront consacrés à l'étude et à la reconstruction des redshifts photométriques avec LSST. An d'estimer la précision avec laquelle le télescope LSST va mesurer les paramètres d'énergie noire, une simulation complète, incluant la reconstruction des redshifts photométriques, a été développée. Elle permet la génération d'un catalogue de galaxies telles qu'observées par LSST, auxquelles sont associés un redshift, un type spectral et un terme de rougissement tenant compte de la poussière contenue dans la galaxie observée. Pour générer ce catalogue, le champ de sur-densités primordiales ainsi que le spectre de puissance de la matière sont calculés à partir d'un ensemble de paramètres cosmologiques. La simulation de son évolution temporelle (voir équation 1.91) permet de déduire le champ de sur-densités de la matière, à partir duquel une portion de l'Univers simulé est peuplée de galaxies. Le catalogue photométrique est ensuite généré en calculant les magnitudes apparentes dans les six bandes de LSST. De manière générale, deux méthodes permettent de reconstruire les redshifts photométriques (photo-z) : les méthodes d'apprentissage automatique (machine learning) tels que les réseaux de neurones ou les méthodes de template tting. La première nécessite un échantillon de galaxies représentant parfaitement l'ensemble des données et pour lequel le redshift vrai (ou spectroscopique) des objets est connu. Cette méthode ne sera pas abordée dans ce manuscrit, le lecteur intéressé pourra se reporté à l'article de A. Collister et O. Lahav [89] (qui présente une méthode pour reconstruire les redshifts photométrique à l'aide d'un réseau de neurones) ainsi 119 qu'à celui de Hoyle et al. [90] dans lequel la méthode est appliquée aux données de SDSS. Il pourra également se référer à l'article de Gorecki et al [91], dans lequel les deux méthodes ont été appliquées à nos données simulées et peuvent être utilisées dans une analyse combinée. La deuxième méthode requiert l'utilisation d'une librairie de spectres de galaxies représentative de notre échantillon. Bien qu'elle ne nécessite pas d'entrainement, nous verrons que l'utilisation d'un échantillon d'entrainement spectroscopique permet d'améliorer considérablement les résultats. Cette méthode étant celle que nous utilisons pour reconstruire les redshifts photométriques, elle sera décrite dans ce chapitre, de même que l'outil développé pour rejeter les galaxies dont la reconstruction est catastrophique, ce qui permet d'améliorer les performances photo-z. Le lecteur pourra trouver plus de détails concernant la simulation du catalogue de galaxies, ainsi que la reconstruction des redshifts, dans la thèse d'Alexia Gorecki [92]. En dehors de la méthode choisie, nous verrons que la qualité de la reconstruction dépend de plusieurs paramètres et, entre autres, des ltres de l'instrument. Ce point sera développé dans le chapitre suivant. 4.1 Simulation d'un catalogue de galaxies Les données issues d'observations astrophysiques fournissent en général une liste d'objets accompagnés de leur caractéristiques observables, soit la position sur le ciel, les magnitudes apparentes, les erreurs sur les magnitudes apparentes... An d'étudier la qualité de la reconstruction de redshifts photométriques avec LSST, un tel catalogue doit être simulé. La simulation est faite dans le cadre du modèle ΛCDM et les valeurs des paramètres cosmologiques utilisés sont celles données récemment par la collaboration Planck (voir table 1.1). Ce cadre théorique va nous permettre de calculer le champ de sur-densités de la matière en fonction du redshift. À partir de ce champ, et en utilisant les fonctions de luminosité mesurées par l'expérience GOODS, notre univers simulé est peuplé de galaxies, caractérisées par un redshift, une magnitude absolue et un type spectral. 4.1.1 Simulation des galaxies Les outils permettant la simulation des galaxies ont été développés au LAL, par Alexandra 1 Abate, Réza Ansari et Marc Moniez et par Christophe Magneville du CEA Saclay. Le catalogue est simulé pour une portion d'Univers assimilée à une boîte cubique contenant cellules de dimension R et centrée sur le redshift de puissance initial P0 (k) zref. Nx × Ny × Nz À partir du modèle cosmologique, le spectre est calculé (suivant l'équation 1.74). Comme expliqué dans la section zref peut être obtenu à partir du spectre T (k) (qui tiens compte de l'évolution des perturbations) structures D(zref ) (voir l'équation 1.91). Les détails concernant 1.4.3, le spectre de puissance de la matière au redshift primordial, de la fonction de transfert et du facteur de croissance des le calcul du champ de sur-densité ainsi que les corrections apportées au spectre de puissance P (k) an de tenir compte de diérents eets tels que la fenêtre d'observation seront discutés dans le chapitre 6. À partir du spectre de puissance, on déduit les uctuations du champ de sur-densités de la matière dans l'espace réel : δ(~r) = où ρ̄ ρ(~r) − ρ̄, ρ̄ est la densité moyenne sur l'ensemble du volume simulé. Ce champ nous donne la distri- bution de la masse, en fonction du redshift, pour un volume donné. 1 (4.1) Désormais à l'université d'Arizona. An de peupler le volume d'Univers simulé, le nombre total de galaxies de même que le nombre de galaxies par cellule déni en fonction d'un angle solide les galaxies au-delà de z = 3 Ω=π Ni Ntot dans ce volume doivent être calculés. Le volume simulé est et pour un intervalle de redshift z ∈ [0, 6], bien que ne seront pas considérées lors de la reconstruction du redshift photométrique. La densité totale de galaxies pour un intervalle de redshift dépend de leur type spectral et de leur magnitude absolue. Elle peut être obtenue à l'aide des fonctions de luminosité, qui donnent la distribution de galaxies par intervalle de redshift et de magnitude absolue, pour un type spectral donné. Pour notre simulation nous utilisons les fonctions de luminosités obtenues 2 mesurées par Dahlen et al. (2005 [93]), bien à partir des observations de l'expérience GOODS que nous somme conscients qu'il existe depuis quelques années des relevés plus précis et plus importants (voir par exemple le papier de Jouvel et al. 2009 [94]). Ces fonctions sont modélisées, pour chaque type, par une fonction de Schechter paramétrique, prenant la forme : ΦT (M ) = 0.4 ln(10)Φ∗ y α+1 e−y, où M est la magnitude absolue et M ∗, Φ∗ et α avec ∗ y = 10−0.4(M −M ), (4.2) sont les paramètres dénissant la fonction, dont les valeurs peuvent être trouvées dans le papier de Dahlen et al. (2005 [93]) ou dans le tableau 4.1 de la thèse d'Alexia Gorecki [92]. Les fonctions de luminosité sont données pour trois types principaux de galaxies (en fonction des excès de couleurs E(B-V) observés par GOODS) : • Les galaxies de type elliptique : Ces galaxies, de forme ellipsoïdale, ne présentent pas de structure interne particulière. Elles sont généralement composées de vielles étoiles et de ce fait leur spectre est donc plutôt rouge. Il ne présente pas de raie d'émission particulière, mais le spectre est caractérisé par une coupure à 4000 Å (coupure de Balmer). Elles sont souvent dénommées par le terme anglais Early-type galaxies (galaxies de type précoce), car par le passé on pensait qu'elles s'étaient formées tôt dans l'histoire de l'Univers et évoluaient pour devenir des galaxies spirales. On pense aujourd'hui qu'elles sont issues de la fusion de deux galaxies. • Les galaxies de type spirale : Ces galaxies, également appelées galaxies tardives (Late-type galaxies) sont généralement nommées par la lettre S. Elles ont généralement la forme d'un disque, avec un bulbe cen- trale orné de bras spiraux. Elle sont classées en diérentes catégories, suivant l'ouverture de leurs bras déterminée par un indice allant de a à d. Elles contiennent des quantités rel- ativement importantes de gaz et de poussière. La dénomination late vient du fait qu'elles se positionnent à la n de la séquence de Hubble (diagramme de classication des galaxies en fonction de leur morphologie). • Les galaxies à ambée d'étoiles (Starburst) : Ces galaxies présentent un taux de formation d'étoiles plus élevé que la moyenne, ce qui limite leur durée de vie. De ce fait, elles sont constituées d'étoiles jeunes et leur spectre est plus important dans le bleu que dans le rouge. La coupure de Balmer à 4000 Å n'est plus visible, mais le spectre présente des raies d'émission telles que les raies de Balmer de l'Hydrogène à 121 nm ou celles du Dioxygène vers 372 nm. Les galaxies irrégulières, qui sont des galaxies ne présentant aucune structure particulière, sont également inclues dans cette catégorie. Elles sont généralement riches en gaz, en poussière et contiennent un grand nombre d'étoiles jeunes. Le Great Observatories Origins Deep Survey (GOODS) est un sondage qui regroupe plusieurs observations de champs profonds dans les domaines optiques et du proche infra-rouge : les télescopes spatiaux Hubble, Spitzer, Chamdra, Hershel et XMM-Newton. En notant Φtot la somme des fonctions de luminosité pour les types Early, Late et Starburst, on peut calculer le nombre total de galaxies dans un intervalle de magnitude absolue donné de la façon suivante : Z 6 Z M2 Ntot = Φtot (M, z) 0 Dans l'équation précédente, dA M1 H0 dA (z)2 ΩdzdM. E(z) (4.3) H0 est la distance angulaire (équation 1.22) et de Hubble mesuré aujourd'hui. Le terme le paramètre E(z) est donné par l'équation 1.46 et les bornes en M1 = −24 et M1 = −13. On peut montrer que magnitude absolue ont été choisies comme : ce choix n'est pas primordial et qu'une légère variation de ces valeurs aecte peu le nombre de galaxies total. Les fonction de luminosité sont tracées sur la gure 4.1, pour les diérents types de galaxies et pour 0.5 < z < 0.75. On remarque que les galaxies de type starburst sont globalement les plus brillantes. Figure 4.1: Fonction de luminosité calculées à partir de l'équation 4.2, pour 0.5 < z < 0.75 et pour les trois types de galaxies. On doit ensuite calculer le nombre de galaxies par cellule, ce qui nous permet d'attribuer un redshift, noté zs (s pour simulé), à chaque galaxie. Le nombre de galaxies dans la cellule est déni comme le produit Ni = Mi × ni, où Mi est la masse contenue dans la cellule et ni i le nombre moyen de galaxies par unité de masse. Le premier terme s'écrit en fonction du champ de sur-densités comme : Mi = où Vi ρ(~r) × ρ̄Vi, ρ̄ est le volume comobile de la cellul e, et est égal à R3. (4.4) Le nombre de galaxies par unité de masse est quant à lui donné par : ni = où n̄i Ntot n̄i =, Vi ρ̄ ρ̄ est le nombre moyen de galaxies par unité de volume dans la cellule fonctions de luminosité : n̄i = R M2 M1 Φtot dM. donné par : Ni = (4.5) i, donné par les Ainsi, le nombre de galaxies dans la cellule est ρ Vi ni = (δ(~r) + 1)Vi ni. ρ̄ (4.6) Les cellules de la grille sont caractérisées par leur redshift central, et les galaxies sont aléatoirement et uniformément réparties à l'intérieur de la cellule. Une fois le redshift xé, les coordonnées 122 angulaires sont calculées à partir des coordonnées comobiles de chaque galaxie. Remarquons que cette étape n'est pas importante pour la reconstruction des redshifts photométriques mais le sera lors de l'analyse des oscillations baryoniques eectuée dans le chapitre 6. Une fois les coordonnées des galaxies xées (zs, θ, φ), on choisit la magnitude absolue à partir de la fonction de densité cumulative suivante : RM 1 CM (M, zs ) = R M M2 M1 Φtot (M 0, zs )dM 0 Φtot (M 0, zs )dM 0, (4.7) qui donne la distribution des magnitudes absolues en fonction du redshift. Enn, à partir des fonctions de luminosité, du redshift zs et de la magnitude absolue (elliptique, spirale ou starburst) est attribué à chaque galaxie. M, un type spectral principal La dernière étape consiste à assigner un spectre, choisi dans une librairie de SED (Spectrale Energy Distribution), aux galaxies simulées. La librairie de spectres Une librairie de 51 SEDs a été construite par interpolation linéaire à partir de six spectres gabarits. Ces derniers, représentés sur la gure 4.2.a sont constitués d'un spectre de galaxie elliptique (El), de deux spectres de galaxie de type spirale (Sbd et Scd), d'un spectre de galaxie irrégulière (Irr) et de deux spectres de galaxie Starburst (SB3 et SB2).
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Fédération sportive – règlement des litiges sportifs – conciliation – compétence du juge administratif Tribunal administratif de La Réunion, 17 décembre 2019, Ligue réunionnaise de football c/ Fédération française de football, req. n°1800576 Guillaume DARRIOUMERLE, Docteur en droit public, Président de la commission disciplinaire de la Ligue Réunionnaise de Volley-ball La crise sanitaire liée à la propagation du Coronavirus a eu raison de la saison 2019-2020 de football, mais la saison précédente a donné lieu à une autre forme de crise à La Réunion que le Tribunal administratif s'est chargé de trancher, comme le montre le commentaire qui va suivre : il s'agit des litiges qui peuvent naitre entre les différentes structures chargées de l'organisation du sport en France, dévoilant un agencement fédéral ordonné autour d'un corpus de règles homogènes de l'échelon national au niveau local, mais dont les grands principes font parfois l'objet d'interprétations radicalement opposées. Le 6 février 2018, la ligue réunionnaise de football (LRF) a prononcé le nonengagement du club Vaovao SC en championnat de départementale 2 et sa mise en non-activité totale pour la saison 2018. Le motif de cette décision était l'absence de régular par ce club de sa situation financière à l'égard de la LRF. Suite à l'appel du Vaovao SC, la commission fédérale des règlements et contentieux de la fédération française de football (FFF) s'est réunie le 2 mai 2018 ; cette décision a été annulée et il a été décidé que le Vaovao SC devait être réintégré au championnat départemental 2 au titre de la saison 2018. Le 30 mai 2018, la LRF a saisi le président de la conférence des conciliateurs du comité national olympique et sportif français (CNOSF) qui a rejeté son recours pour irrecevabilité. Sur requête de la LRF, le Tribunal administratif de La Réunion a annulé la décision du 2 mai 2018 de la commission fédérale des règlements et contentieux de la FFF. Pour comprendre le sens et la portée de ce dernier jugement, il convient de revenir sur le déroulement des évènements, avant de se pencher sur le raisonnement suivi par le juge dans ce match qui a opposé la LRF à la FFF et qui s'est terminé le 17 décembre 2019 par la sanction de cette dernière devant le juge administratif. I.- La préparation du match Le Tribunal administratif de La Réunion s'est penché sur le litige opposant la LRF à la FFF après une succession d'évènements qui peut être détaillée comme suivant : d'abord, la prise de décision de non engagement du club Vaovao FC par la LRF, ensuite l'infirmation de cette décision par la FFF ; l'une invoquait le nonrespect des dispositions financières, l'autre l'égalité des chances. A.- La décision de non-engagement du Vaovao FC par la LRF En ce début d'année 2018, loin des regards tournés vers le début de saison de football à La Réunion où le club de la JS Saint-Pierroise vient de remporter son quatrième trophée d'affilée en première division régionale (R1), le Vaovao FC lustre ses crampons après une saison récompensée par l'accession en quatrième division (D2). Les compétitions sont organisées par la LRF, qui regroupe 26.000 licenciés. Le principe suivi est la liberté d'accès aux activités physiques et sportives ; élevé au rang de principe général du droit par un arrêt du Conseil d'Etat rendu sous le visa de l'article 1er de la loi du 29 octobre 19751, il peut comporter des dérogations à condition qu'il s'agisse de mesures proportionnées poursuivant un objectif d'intérêt général. C'est dans ce cadre que le comité directeur de la ligue a évalué les « capacités réelles des clubs en présence »2 et que la situation ère a été un critère pris en considération de manière stricte parmi les obligations qui pèsent sur les clubs pour accéder en division supérieure. La préparation des compétitions doit manifestement être prise au sérieuse par les clubs et leurs dirigeants, puisque selon l'article 4.4 du règlement intérieur de la LRF toute demande d'engagement doit satisfaire à un certain nombre d'obligations financières au moment du dépôt du dossier : cela comprend le règlement effectif « des cotisations FFF et Ligue, des droits d'engagement, des dettes éventuelles ». 412 en décidant l'engagement de ce dernier club alors qu'il n'avait régularisé sa situation financière qu'une semaine avant le Vaovao SC, la LRF a créé une rupture d'égalité entre les deux clubs concernés, ce qui était susceptible de perturber le bon déroulement du championnat. Les groupements sportifs tels que les clubs deviennent membres d'une fédération au terme d'une procédure d'affiliation qui doit prévoir « les conditions dans lesquelles la qualité de membre de la fédération peut être refusée et les conditions dans lesquelles elle se perd »3. La principale prérogative acquise par l'affiliation réside dans la capacité à s'inscrire aux compétitions organisées par la fédération sportive et à ne subir aucun traitement discriminatoire au cours du déroulement de ces épreuve. Dans cette affaire, la FFF a considéré que le principe d'égalité avait été transgressé à partir du moment où la contrainte relative au paiement des cotisations annuelles n'avait pas été appliquée de la même manière aux deux clubs qui avaient gagné leur ticket pour accéder à la D2, l'ES Tamponnaise ayant régularisé sa situation financière une semaine seulement avant le Vaovao FC. Les principaux paradoxes du sport moderne semblent avoir été dépassés par la FFF en l'espèce. Qu'il s'agisse des règles destinées à organiser les différences naturelles en catégorisant les sportifs admis à concourir4, ou celles régissant la lutte contre le dopage5, de nombreuses dispositions encadrant l'organisation des compétitions expriment la « recherche obsessionnelle d'égalité »6 du système sportif. Le club concerné évoluant dans la quatrième division de l'échelon régional, récoltant les fruits du travail accompli par des amateurs bénévoles les années précédent , il semble logique et compréhensible de voir la FFF avancer cet argument pour infirmer la décision de non-engagement prise par la LRF. De plus, la motivation de la LRF selon laquelle le club du Vaovao FC n'aurait pas respecté les dispositions financières fédérales semble un peu « gros-doigt » comme on dit à La Réunion : même dans le football, la dépendance financière des fédérations sportives à l'égard des subventions publiques est patente7 et ce n'est pas un retard d'une semaine qui justifierait le non-engagement d'un club par rapport à un autre ; en décidant de réintégrer le club du Vaovao FC et en infirmant la décision 3 Code du sport, Annexe I-5, Art. 1.2.3 ; V. aussi V. THOMAS, « Accès des groupements sportifs à la compétition », Lamy Droit du sport, n° 436-4° et s. 4 Voir G. SIMON, Puissance sportive et ordre juridique étatique, LGDJ, 1990, p. 89 et s. ; R. CAILLOIS, Les Jeux et les hommes. Le masque et le vertige, Gallimard, Coll. « Folio essais », 1992, p. 50. 5 Voir G. DARRIOUMERLE, La mondialisation de la lutte contre le dopage, Presses Universitaires de Marseille, à paraître. 6 S. DARBON, Les fondements du système sportif – Essai d'anthropologie historique, L'Harmattan, 2014, p. 177. 7 Voir G. MOLLION, Les fédérations sportives – Le droit administratif à l'épreuve de groupements privés, LGDJ, 2005, p. 329 et s. R.J.O.I. 2020 – n° 28 413 de la LRF , il s'agit aussi de montrer que le sport ne se résume pas toujours à un « ordre social inégalitaire et hiérarchique »8. Pourtant, le juge administratif en a décidé autrement, sans doute influencé par un autre objectif propre au sport qui est le bon déroulement des compétitions dans la mesure où son jugement est intervenu à la fin de la saison sportive 2018/2019. II.- La fin du match Avant de saisir la juridiction administrative, la LRF s'est tournée vers la conférence des conciliateurs du comité national olympique et sportif français. Cette singularité procédurale est l'occasion de souligner les particularismes du système sportif dans ses modes de règlement des litiges, tantôt alternatifs, tantôt administratifs. A.- L'occasion manquée de la conciliation Le 30 mai 2018, la LRF a saisi le président de la conférence des conciliateurs du comité national olympique et sportif français (CNOSF) qui a rejeté son recours pour irrecevabilité. effet, l'article R. 141-15 du code du sport prévoit un délai de quinze jours suivant la notification ou la publication de la décision contestée pour effectuer la demande de conciliation. Or, la FFF avait rendu son verdict le 2 mai 2018, soit 28 jours avant la saisine des conciliateurs. S'il est impossible de présumer quel aurait été le positionnement adopté par ces acteurs parfois suspectés de manque d'indépendance du fait de leur participation au « mythe de l'exception sportive procédurale »9, la requête a permis d'épuiser les voies de recours internes à la justice fédérale avant la saisie du juge administratif, précaution loin d'être superfétatoire à la lecture de la loi. En 1992, le législateur a mis en place une procédure de conciliation devant le CNOSF comme préalable obligatoire à tout recours contentieux lorsque le conflit résulte d'une décision prise par une fédération dans l'exercice de prérogatives de puissance publique ou en application de ses statuts, précision étant faite qu'il importait peu que la décision en cause soit « susceptible ou non de recours »10. Autrement dit, la règle de l'épuisement des voies de recours internes, dégagée par le juge administratif au début des années 198011, ne s'applique pas aux voies de recours fédérales, mais ce n'est qu'une fois la mission de conciliation du CNOSF achevée qu'il est possible de passer par les modes de règlements juridictionnels. P. LIOTARD, « L'éthique sportive : une morale de la soumission? », in M. ATTALIA (dir.), Le sport et ses valeurs, La dispute, 2004, p. 156. 9 T. BOMBOIS, « De l'exception à la valorisation sportive. L'ordre juridique sportif aux prises avec le droit communautaire et étatique », in DEPRÉ S. (dir.) ̧ Le sport dopé par l'État. Vers un droit public du sport, Bruylant, Bruxelles, 2006, p. 119. 10 Code du sport, Article R. 141-5. 11 CE, 11 mai 1984, Pebeyre, req. n° 46828 et 47935. 8 414 Deux traits caractéristiques du système sportif se distinguent de ce mode de fonctionnement : une justice fonctionnant en silo d'une part, un régime administratif appliqué à des associations de droit privé d'autre part. Lorsque les sportifs ont commencé à saisir les juridictions pour défendre leurs droits, le comité international olympique a exprimé sa volonté de s'émanciper des juridictions étatiques ; la création du Tribunal arbitral du sport en a été la plus remarquable traduction12. La conciliation comme préalable obligatoire à tout recours contentieux en a été une autre. Mais ce dernier mode de règlement des litiges sportifs reste limité à certains actes, dont les décisions prises par les fédérations dans l'exercice de prérogatives de puissance publique ; une précision qui rappelle qu'en France, l'organisation et la gestion des compétitions sportives reste, dans les disciplines les plus populaires, une prérogative exorbitante du droit commun, une activité considérée comme un service public délégué aux fédérations13. Dès lors, le recours contentieux exercé par un club à l'encontre d'une décision de non-engagement dans une compétition de football organisée par la fédération sportive à laquelle elle est affiliée relève du Tribunal administratif. B.- Un partout, balle au centre En matière sportive, sont susceptibles de recours « les actes pris tant par les arbitres et les juges des compétitions à caractère sportif que par les organes des fédérations en cette matière » dans la mesure où il s'agit d'apprécier « les principes et les règles applicables qui s'imposent aux auteurs de tout acte accompli dans l'exercice d'une mission de service public »14. La décision de non-engagement prise par la LRF constitue, autant que son infirmation par la FFF d'ailleurs, une décision unilatérale prise en vertu de ce que G. SIMON a appelé les « prérogatives de puissance sportive »15. La LRF, autorité administrative à l'origine du litige ayant son siège à Sainte-Clotilde (97490), le Tribunal administratif de La Réunion était donc compétent, contrairement à ce qu'avançait la défense dans cette affaire. En fin de compte, cette dernière n'a été entendue sur aucun de ses moyens, puisque le juge a annulé la décision de la FFF pour erreur d'appréciation considérant que la situation du Vaovao SC ne pouvait être assimilée à celle de l'ES Tamponnaise et qu'une différence de traitement était justifiée. Sans doute ce moyen a-t-il prospéré en résonnance avec un autre, davantage pragmatique que juridique : celui selon lequel Voir A. RIGOZZI, L'arbitrage international en matière de sport, Helbing & Lichtenhahn, Bâle, 2005 ; C . CHA USS ARD, Les voies de règlement des litiges sportifs. Essai sur la coexistence des différentes formes de justice, thèse, Dijon, 2006 ; M. MAISONNEUVE, L'arbitrage des litiges sportifs, LGDJ, 2011. 13 CE, Sect., 22 novembre 1974, FIFAS, Rec.577, concl. F THÉRY, AJDA 1975, p. 19, chron. FRANC et BOYON, Dalloz 1975, p. 739, note J.-F. LACHAUME, JCP 1975, I, p. 2724, note J.-Y. PLOUVIN, RDP, 1975, p. 1109, note M. WALINE. 14 CE, Sect., 25 janvier 1991, Vigier, req. n°104497. 15 G. SIMON, Puissance sportive et ordre juridique étatique : contribution à l'étude des relations entre la puissance publique et les institutions privées, LGDJ, 1990, spéc. p. 215 et s. 12 415 l'intégration du Vaovao SC en fin de compétition aurait affecté son bon déroulement, avec l'impact sportif désastreux que l'on imagine sur les autres clubs. Selon le juge administratif, le Vaovao SC n'a certes régularisé sa situation qu'une semaine après l'ES Tamponnaise, mais sans offrir de garanties de paiement effectif : en effet, les précédentes cotisations avaient été réglées par des chèques sans provisions. Dès lors, en refusant l'engagement du Vaovao SC par application des dispositions de son règlement intérieur, lesquelles sont strictement conformes aux principes des règlements généraux de la FFF, la LRF n'a pas commis une restriction illégale au principe de libre accès aux activités sportives et n'a pas méconnu le principe d'égalité entre les clubs. En considérant que la rigueur du contrôle financier effectué pour prendre la décision de non-engagement du Vaovao FC n'excédait pas les restrictions qui peuvent être justifiées par la bonne organisation des compétitions, le juge a repris au bond l'idée d'intégrité qui n'est qu'irrégulièrement et vaguement formulée par les institutions sportives, mais que l'intervention du législateur a consacré implicitement par l'édiction de règles particulières dans un grand nombre de domaines : contrôle de gestion administratif, juridique et financier destiné à assurer la régularité, la continuité et l'équité des compétitions16, prévention des conflits d'intérêts et prohibition de la multipropriété ou du multicontrôle des clubs professionnels17, ou loi du 1er février 2012 visant à renforcer l'éthique du sport et les droits des sportifs18, ont ainsi étoffé l'arsenal législatif ces dernières années afin d'assurer le déroulement normal et équitable des compétitions. Programmé en fin de saison, un jugement contraire aurait fortement perturbé le bon déroulement de la compétition. L'argument a sans doute pesé, d'autant que le calendrier sportif s'efforce de maintenir l'égalité des compétiteurs, en imposant par exemple la simultanéité des rencontres, une « rigidité absolue »19 qui empêche les interruptions, les reports et autres perturbations autrement qu'en cas de force majeure. Il n'en pas moins que la LRF aurait pu admettre une dérogation s'agissant d'un club amateur, aux moyens financiers limités mais dont les acteurs s'évertuaient à pratiquer leur sport favori, loin de considérations matérielles qui ne semblent parfois même pas respectées par l'élite.  Loi n° 2000-627 du 6 juillet 2000 modifiant la loi n° 84-610 relative à l'organisation et à la promotion des activités physiques et sportives, JORF, 8 juillet 2000, n° 157, p. 10311. 17 Loi n° 2004-1366 portant diverses dispositions relatives au sport professionnel, JORF, 16 décembre 2004, n° 292, p. 21289. 18 Voir J.-C. LAPOUBLE, « Quand le législateur préfère le sprint au fond – À propos de la loi du 1er février 2012 », JCP G 2012, n° 8, 199, p. 354. 19 G.
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PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 SCIENCE ET TECHNOLOGIES • INFORMATION ET COMMUNICATIONS TAILLE DU SECTEUR TIC Part des TIC dans la valeur ajoutée et dans l’emploi Pourcentage Part des TIC dans la valeur ajoutée totale du secteur des entreprises 2011 ou dernière année disponible Allemagne Australie Autriche Belgique Canada Chili Corée Danemark Espagne Estonie États-Unis Finlande France Grèce Hongrie Irlande Islande Israël Italie Japon Luxembourg Mexique Norvège Nouvelle-Zélande Pays-Bas Pologne Portugal République slovaque République tchèque Royaume-Uni Slovénie Suède Suisse Turquie UE-28 OCDE Afrique du Sud Brésil Chine Fédération de Russie Inde Indonésie 5.1 .. 3.8 4.5 5.1 .. 9.6 5.2 4.6 6.9 7.1 6.4 5.1 4.9 7.4 11.9 4.3 .. 4.9 8.1 7.0 .. 3.9 .. 5.1 4.1 4.1 5.9 5.7 7.4 4.7 6.8 7.4 .. .. 6.0 .. .. .. .. .. .. Différence en point de pourcentage 2000-11 Part de l'emploi lié aux TIC dans le secteur des entreprises 2011 ou dernière année disponible -0.4 .. -0.9 -0.2 .. .. -0.8 -0.1 -0.4 1.3 0.0 6.4 -0.7 1.5 0.7 1.0 -1.3 .. -0.1 -0.2 0.2 .. -0.3 .. -0.6 0.2 -0.2 1.6 0.6 -0.3 -0.4 0.1 0.7 .. .. -0.1 .. .. .. .. .. .. 3.9 .. 2.9 2.7 2.6 .. .. 4.4 2.7 4.4 3.8 6.4 3.3 1.8 4.9 5.2 .. .. 3.2 4.7 4.4 .. 3.3 .. 3.5 .. 1.9 3.3 3.2 4.3 3.4 4.5 5.4 .. .. 3.7 .. .. .. .. .. .. Différence en point de pourcentage 2000-11 -0.1 .. -0.2 -0.1 -0.4 .. .. -0.1 0.0 1.1 -0.9 6.4 -0.2 0.1 1.1 -0.8 .. .. 0.1 0.1 0.2 .. -0.9 .. -0.3 .. 0.3 0.4 0.6 -0.4 0.2 -0.9 0.2 .. .. 0.1 .. .. .. .. .. .. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933039464 Part des TIC en valeur ajoutée En pourcentage de la valeur ajoutée totale 2000 2011 14 12 10 8 6 4 2 0 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037051 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 161 SCIENCE ET TECHNOLOGIES • INFORMATION ET COMMUNICATIONS EXPORTATIONS D’ÉQUIPEMENTS LIÉS AUX TIC Les produits des technologies de l’information et des communications (TIC) comptent parmi les éléments les plus importants du commerce de marchandises et représentaient en 2011 un peu plus de 10 % des exportations mondiales. Définition Les données relatives aux exportations de biens TIC sont produites à l’aide du Système harmonisé (SH) de l’Organisation mondiale des douanes. L’OCDE a élaboré une définition des produits TIC (qui englobe les biens TIC) pour faciliter la construction d’indicateurs comparables au niveau international sur la consommation, l’investissement, le commerce et la production dans le domaine des TIC. La première définition des biens TIC a été énoncée en 2003, sur la base d’une liste de codes à 6 chiffres du SH 1996 et du SH 2002. La deuxième définition des produits TIC, adoptée en 2008, reposait sur la deuxième révision de la Classification centrale de produits (CPC Rév. 2), qui venait alors d’être publiée. Comparabilité Il est difficile de comparer les chiffres du commerce de biens TIC de l’OCDE pour 2007 et les années suivantes avec ceux des années antérieures, car la nouvelle classification SH adoptée en 2007 diffère radicalement des révisions antérieures. L’OCDE a mis au point des correspondances entre le SH 1996, le SH 2002 et le SH 2007 pour les biens TIC. Des efforts d’adaptation ont été nécessaires pour quantifier et faire entrer en ligne de compte l’impact de la fraude à la TVA dite « carrousel » observée au milieu des années 2000, qui a principalement touché les mouvements de biens TIC au sein de l’Union européenne. Les données des exportations de la Chine n’ont pas été corrigées pour tenir compte des réexportations et réimportations de Hong Kong, Chine. Les produits TIC sont définis par l’OCDE à l’aide de renvois à la CPC Rév. 2 et comprennent 99 sous-catégories de produits, 52 biens et 47 services classés dans quatre et six grandes catégories respectivement. Dans sa version actuelle, la définition des produits TIC comprend les biens TIC, les services TIC et la première classification des produits de la branche « contenu et média ». La définition de 2008 est plus restrictive que celle de 2003. La définition de 2008 se fonde sur des principes qui mettent l’accent sur l’usage auquel sont destinés les produits ou leur fonctionnalité. Sur la base des principes directeurs retenus pour la délimitation du secteur des TIC, les biens TIC ont été définis comme suit : ils doivent avoir pour objet de remplir une fonction de traitement ou de communication d’informations par des moyens électroniques, y compris leur transmission et leur affichage, ou utiliser un traitement informatique pour détecter, mesurer et/ou enregistrer des phénomènes physiques ou pour contrôler un processus physique. En appliquant cette définition des biens TIC, on obtient une liste de 95 codes du SH 2007. Sources En bref Les exportations de biens TIC sont étroitement liées au climat économique mondial. En conséquence de cette relation et de la chute des prix unitaires, la part des produits TIC dans les échanges de marchandises a reculé d’environ 5 points de pourcentage par rapport au pic atteint en 2000. En partie sous l’effet de la délocalisation de la production, la Chine a vu progresser sa part dans le total des exportations de produits TIC, qui est passée de moins de 5 % à 28 % et a ainsi décuplé en dollars actuels ; la Corée et le Mexique sont les seules économies de l’OCDE ayant réussi à maintenir leur part sur les marchés mondiaux. Ces tendances se sont accompagnées d’une mutation de la structure des échanges (et de la consommation) à l’échelle mondiale, marquée par le recul de la part des ordinateurs et périphériques et par la hausse des échanges de matériel de communication et de produits électroniques grand public. 162 • OCDE (2013), Statistiques du commerce international par produit, Éditions OCDE. Pour en savoir plus Publications analytiques • OCDE (2013), Perspectives des communications de l’OCDE, Éditions OCDE. • OCDE (2013), OECD Science, Technology and Industry Working Papers, Éditions OCDE. • OCDE (2012), L’économie internet : perspectives de l’OCDE, Éditions OCDE. • OCDE (2012), Perspectives des technologies de l’information, Éditions OCDE. Publications méthodologiques • OCDE (2011), OECD Guide to Measuring the Information Society 2011, Éditions OCDE. Sites Internet • Indicateurs clé des TIC de l’OCDE, www.oecd.org/sti/ indicateurstic. PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 SCIENCE ET TECHNOLOGIES • INFORMATION ET COMMUNICATIONS EXPORTATIONS D’ÉQUIPEMENTS LIÉS AUX TIC Exportations d’équipements liés aux TIC Millions de dollars des EU Allemagne Australie Autriche Belgique Canada Chili Corée Danemark Espagne Estonie États-Unis Finlande France Grèce Hongrie Irlande Islande Israël Italie Japon Luxembourg Mexique Norvège Nouvelle-Zélande Pays-Bas Pologne Portugal République slovaque République tchèque Royaume-Uni Slovénie Suède Suisse Turquie UE-28 OCDE Afrique du Sud Brésil Chine Fédération de Russie Inde Indonésie 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 48 717 1 727 3 941 10 825 20 967 30 59 426 3 654 5 355 967 156 670 10 781 31 939 466 7 231 27 697 2 6 668 10 675 108 795 889 34 771 1 104 158 38 160 1 290 1 492 388 1 334 50 419 169 15 487 3 080 1 024 .. 666 298 417 2 232 44 135 411 714 7 573 46 634 1 619 4 006 11 453 13 094 33 44 871 3 470 5 270 853 128 513 8 526 26 310 347 7 244 31 638 2 5 842 10 612 81 953 1 179 34 943 1 165 141 34 286 1 619 1 701 487 2 582 47 999 204 8 485 2 680 1 056 .. 570 817 442 2 329 53 221 284 858 6 095 48 665 1 456 4 533 9 734 10 163 36 53 501 4 691 5 000 579 111 448 8 913 23 629 325 8 804 27 490 2 2 681 9 239 82 919 945 33 340 955 249 28 584 1 956 1 711 492 5 145 46 747 220 9 232 2 013 1 603 .. 547 000 388 2 178 78 243 311 781 6 301 55 304 1 571 5 004 11 617 10 052 147 65 323 4 282 6 470 820 114 855 10 025 23 277 388 10 899 22 481 3 3 392 9 851 91 435 720 31 845 1 015 284 42 633 2 314 2 364 850 5 207 37 280 251 10 153 2 296 1 988 .. 586 396 462 2 106 121 365 324 957 5 687 72 388 1 713 5 908 12 868 11 846 141 84 555 4 662 7 014 1 126 124 097 10 411 26 864 512 15 694 23 482 2 3 815 11 455 104 339 859 37 003 1 169 351 53 610 2 819 2 777 1 698 7 907 37 736 275 13 634 2 742 2 933 .. 688 405 578 2 013 177 742 451 1 082 6 527 77 168 1 781 6 467 12 941 13 990 206 85 314 4 067 7 197 1 405 128 943 13 238 27 327 488 15 944 24 675 3 3 210 11 581 100 814 998 38 533 1 268 369 58 714 3 558 2 972 2 991 8 668 53 881 229 14 613 3 408 3 227 .. 730 188 587 3 701 234 086 423 1 113 6 944 82 809 1 788 6 710 12 181 14 878 263 86 167 4 158 7 347 1 310 140 314 13 242 31 586 630 17 841 24 121 5 3 527 11 376 103 139 840 46 916 1 471 374 62 306 5 519 3 673 5 267 12 330 84 834 291 15 115 3 015 3 178 .. 808 521 745 3 969 297 653 771 1 344 6 138 77 542 1 917 7 295 11 599 15 058 294 93 798 4 742 6 683 730 135 342 13 986 26 034 561 21 298 22 724 7 1 470 11 127 92 333 757 48 149 1 669 414 67 717 7 854 4 041 8 454 16 724 29 084 384 14 521 3 007 2 883 .. 750 198 846 2 668 353 476 777 .. 6 025 73 845 2 071 7 439 12 161 14 099 305 89 435 3 898 6 810 743 137 144 14 409 25 224 666 24 506 19 939 9 6 298 10 512 91 197 524 56 872 2 116 402 62 847 11 941 3 842 11 818 19 945 27 293 618 15 815 3 327 2 406 .. 760 476 805 3 135 390 843 780 .. 6 517 54 197 1 643 5 242 9 219 10 922 301 78 497 3 110 4 876 494 112 645 6 741 19 624 496 21 445 12 775 3 7 852 8 194 69 151 395 49 737 1 771 348 53 142 12 798 1 757 11 569 15 568 22 961 520 11 769 2 715 2 032 .. 614 509 677 2 312 351 825 836 6 099 6 921 64 134 1 989 5 704 9 464 10 645 264 98 433 3 510 5 385 1 019 133 920 4 461 22 448 542 24 228 8 839 3 7 177 9 614 81 522 399 60 037 1 869 372 60 999 15 096 1 939 12 237 19 493 23 732 532 15 385 3 194 2 092 .. 710 677 695 1 977 455 025 887 4 404 7 862 67 643 2 275 6 407 10 372 11 129 293 98 317 3 821 4 559 2 081 139 927 3 872 24 686 634 23 972 7 306 4 7 247 10 990 75 515 467 59 231 1 655 445 62 527 13 212 2 247 12 625 24 728 23 234 552 17 108 3 419 2 235 .. 724 735 762 1 783 503 784 1 226 6 507 7 845 61 850 2 241 6 112 9 108 10 249 265 93 260 3 680 3 609 1 977 138 651 2 899 22 606 592 17 872 6 762 8 7 387 9 339 72 781 374 62 414 1 278 419 55 840 12 609 1 972 13 281 22 361 20 080 484 12 438 3 247 2 645 .. 680 690 904 1 325 549 954 1 634 5 719 7 713 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933039483 Les exportations de biens des TIC Millions de dollars, 2012 100 000 138 651 549 954 90 000 80 000 70 000 60 000 50 000 40 000 30 000 20 000 10 000 0 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037070 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 163 SCIENCE ET TECHNOLOGIES • INFORMATION ET COMMUNICATIONS ORDINATEURS, INTERNET ET TÉLÉCOMMUNICATIONS Les ordinateurs et les nouvelles technologies de communication sont de plus en plus présents dans les foyers des pays de l’OCDE, aussi bien dans ceux où les taux de pénétration sont déjà élevés que dans ceux qui accusent un retard en la matière. Définition L’accès à un ordinateur à usage domestique désigne le nombre de ménages ayant déclaré posséder au moins un ordinateur personnel en état de marche à domicile. Est également présenté le pourcentage des ménages déclarant avoir accès à l’internet. Dans presque tous les cas, l’accès s’effectue depuis un ordinateur personnel par ligne commutée, DSL, modem câble ou fibre optique. L’accès à l’internet exprimé en nombre d’abonnements au haut débit fixe (filaire) pour 100 habitants repose sur le nombre total d’abonnements à l’une des technologies ci-après permettant une vitesse de téléchargement supérieure à 256 kbits/s : DSL, modem câble, fibre jusqu’au domicile et autres technologies fixes (comme le haut débit via le réseau électrique ou des liaisons louées). d’âge; or, l’âge est un important déterminant de l’utilisation des TIC. Les indicateurs, selon qu’ils sont fondés sur les ménages ou les individus, produisent des chiffres différents, en ce qui concerne tant les niveaux d’utilisation que les taux de croissance, ce qui compliquent les comparaisons internationales. Les données concernant le nombre d’abonnés au haut débit fixe (filaire) pour 100 habitants dans les pays membres et non membres de l’OCDE sont recueillies suivant les définitions convenues et sont largement comparables. Les données présentées pour les pays non membres ont été collectées conformément aux définitions de l’OCDE et communiquées par l’Union internationale des télécommunications (UIT). Les définitions du haut débit employées par l’UIT sont harmonisées avec celles de l’OCDE. Dans les données recueillies avant 2009, les abonnements au haut débit fixe sans fil et par satellite étaient inclus dans les accès haut débit fixes (filaires). Depuis 2009, ce n’est plus le cas. Comparabilité L’OCDE s’est attaquée aux problèmes de comparabilité internationale en élaborant un questionnaire type sur l’utilisation des TIC par les ménages et les individus. Ce questionnaire se compose de modules consacrés à différents sujets, ce qui permet de l’étoffer en fonction des pratiques des utilisateurs et des préoccupations des pouvoirs publics. Les statistiques sur l’utilisation des TIC par les ménages peuvent soulever des problèmes de comparabilité internationale en raison de disparités structurelles dans la composition des ménages. Les statistiques sur l’utilisation des TIC par les individus peuvent quant à elles renvoyer à divers groupes En bref Dans la majorité des pays de l’OCDE, plus de 70 % des ménages avaient accès à des ordinateurs en 2012. L’Islande, les Pays-Bas, la Suède, le Danemark, le Luxembourg et la Norvège affichent un taux de pénétration supérieur à 90 %. La situation est similaire en ce qui concerne l’accès à l’internet. Dans environ deux tiers des pays de l’OCDE, plus de 70 % des ménages ont accès à l’internet, le taux de pénétration étant égal ou supérieur à 90 % en Corée, en Islande, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Norvège, au Danemark et en Suède. Dans la zone OCDE, on recensait 327.6 millions d’abonnements au haut débit fixe filaire en 2012. En glissement annuel, leur progression a marqué un léger déclin pour se situer au-dessus de 3.5 %, alors que plus de la moitié des pays de l’OCDE affichent un taux de 25 abonnements pour 100 habitants. En 2012, la Suisse occupe toujours la première place de l’OCDE, avec 42.0 abonnés au haut débit fixe filaire pour 100 habitants, suivie de près par les Pays-Bas (39.7) et le Danemark (38.9). La moyenne de l’OCDE se situe quant à elle à 26.3 abonnés pour 100 habitants. 164 Sources • OCDE (2013), Statistiques de l’OCDE sur les télécommunications et l’internet (Base de données). Pour en savoir plus Publications analytiques • OCDE (2013), Perspectives des communications de l’OCDE, Éditions OCDE. • OCDE (2012), L’économie internet : perspectives de l’OCDE, Éditions OCDE. • OCDE (2012), Perspectives des technologies de l’information, Éditions OCDE. Publications statistiques • Eurostat (2013), Enquête Eurostat sur l’usage des Technologies de l’information et des communications (TIC), Eurostat, Luxembourg. Bases de données en ligne • Union internationale des télécommunications (UIT) (2013), World Telecommunication/ICT Indicators Database. Sites Internet • Haut débit et télécoms - Indicateurs clé des TIC de l’OCDE, www.oecd.org/sti/indicateurstic. • Portail de l’OCDE sur le haut débit, www.oecd.org/sti/ict/ broadband. PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 SCIENCE ET TECHNOLOGIES • INFORMATION ET COMMUNICATIONS ORDINATEURS, INTERNET ET TÉLÉCOMMUNICATIONS Ménages ayant accès à un ordinateur, à Internet et au téléphone Pourcentage des ménages ayant accès à un ordinateur Allemagne Australie Autriche Belgique Canada Chili Corée Danemark Espagne Estonie États-Unis Finlande France Grèce Hongrie Irlande Islande Israël Italie Japon Luxembourg Mexique Norvège Nouvelle-Zélande Pays-Bas Pologne Portugal République slovaque République tchèque Royaume-Uni Slovénie Suède Suisse Turquie UE-28 OCDE Afrique du Sud Brésil Chine Fédération de Russie Inde Indonésie Pourcentage des ménages ayant accès à Internet Nombre de voies d'accès aux télécommunications de base pour 100 habitants 2006 2010 2011 2012 2000 2005 2010 2011 2012 2008 2009 2010 2011 2012 76.9 73.0 67.1 57.5 75.4 34.5 79.6 85.0 57.2 52.4 .. 71.1 .. 36.7 49.6 58.6 84.6 65.8 51.6 80.8 77.3 20.6 75.4 72.0 80.0 45.4 45.6 50.1 39.0 71.5 65.3 82.5 77.4 0.0 60.6 .. .. .. .. .. .. .. 85.7 82.6 76.2 76.7 82.7 43.9 81.8 88.0 68.7 69.3 .. 82.0 76.5 53.4 66.4 76.5 93.1 76.7 64.9 83.4 90.2 29.8 90.9 80.0 92.0 69.0 59.5 72.2 64.1 82.6 70.5 89.5 83.6 44.2 74.4 .. .. .. .. .. .. .. 86.9 .. 78.1 78.9 84.5 .. 81.9 90.4 71.5 71.4 75.6 85.1 78.2 57.2 69.7 80.6 94.7 78.2 66.2 80.0 91.7 30.0 91.0 .. 94.2 71.3 63.7 75.4 69.9 84.6 74.4 91.6 .. .. 76.7 .. .. .. .. .. .. .. 87.1 .. 81.3 80.3 .. 68.3 82.3 92.3 73.9 75.5 .. 87.6 81.0 56.8 71.4 82.8 95.5 .. 67.1 77.9 92.1 32.2 91.9 .. 94.5 73.4 66.1 78.8 67.3 87.2 76.1 92.3 .. .. 78.4 .. .. .. .. .. .. .. 16.4 32.0 19.0 .. 42.6 8.7 49.8 46.0 .. .. 41.5 30.0 11.9 .. .. 20.4 .. 19.8 18.8 .. .. .. .. .. 41.0 .. 8.0 .. .. 19.0 .. 48.2 .. 6.9 .. .. .. .. .. .. .. .. 61.6 60.0 46.7 50.2 64.3 19.7 92.7 74.9 35.5 38.7 .. 54.1 40.9 21.7 22.1 47.2 84.4 48.9 38.6 57.0 64.6 9.0 64.0 65.0 78.3 30.4 31.5 23.0 19.1 60.2 48.2 72.5 70.5 86.6 48.4 .. .. .. .. .. .. .. 82.5 78.9 72.9 72.7 78.4 30.0 96.8 86.1 59.1 67.8 71.1 80.5 73.6 46.4 60.5 71.7 92.0 68.1 59.0 67.1 90.3 22.2 89.8 75.0 90.9 63.4 53.7 67.5 60.5 79.6 68.1 88.3 80.7 41.6 70.1 .. .. .. .. .. .. .. 83.3 .. 75.4 76.5 80.5 .. 97.2 90.1 63.9 70.8 71.7 84.2 75.9 50.2 65.2 78.1 92.6 70.3 61.6 .. 90.6 23.3 92.2 .. 93.6 66.6 58.0 70.8 66.6 82.7 72.6 90.6 .. 42.9 73.2 .. .. .. .. .. .. .. 85.5 .. 79.3 77.7 80.5 60.5 97.3 92.0 67.9 75.0 71.7 86.8 80.0 53.6 68.6 81.1 94.6 70.3 62.9 .. 93.1 26.0 92.7 80.0 93.6 70.5 61.0 75.4 65.4 86.8 73.9 91.7 .. 47.2 76.1 .. .. .. .. .. .. .. 27.4 22.9 21.2 27.7 28.2 8.5 31.6 36.3 20.1 21.0 25.5 27.9 27.6 13.4 17.1 19.9 32.5 22.7 18.9 23.5 29.4 7.1 33.7 21.4 35.6 10.5 15.9 11.4 17.0 28.1 20.8 31.5 32.7 8.1 .. 22.0 0.9 5.1 6.2 6.5 0.4 0.4 31.9 24.0 22.8 30.8 30.7 10.4 34.8 37.2 23.4 23.3 26.7 28.6 32.8 19.9 19.6 20.6 33.7 23.9 21.6 26.6 30.7 10.3 34.5 24.9 38.1 13.8 19.8 12.8 14.6 31.2 22.8 31.9 38.2 9.7 .. 24.5 1.5 6.8 9.4 11.0 0.9 1.0 33.2 24.1 24.3 32.1 31.7 11.6 35.9 37.6 24.5 24.8 27.7 29.5 34.7 21.8 20.9 21.7 34.5 24.2 22.1 27.3 31.5 10.9 35.2 26.6 38.9 14.9 21.1 13.8 15.8 32.8 23.8 32.0 40.3 10.3 .. 25.5 1.8 8.6 11.6 12.2 1.1 1.1 34.1 25.2 25.0 33.3 32.4 12.4 36.5 38.9 24.6 24.5 29.0 30.4 36.4 23.7 21.8 22.6 34.8 24.7 22.1 27.7 32.1 11.7 36.2 28.6 39.7 15.7 22.5 14.8 16.6 34.2 24.4 32.2 42.0 10.4 .. 26.3 2.2 9.2 13.0 14.5 1.1 1.2 34.5 25.6 25.6 34.0 32.8 12.8 37.1 39.7 25.3 24.8 29.3 30.5 37.0 24.7 22.3 23.3 35.1 25.0 22.4 27.8 32.6 11.9 36.6 29.5 40.0 15.4 23.2 15.2 17.0 34.9 24.8 32.3 43.8 10.7 .. 26.7 .. .. .. .. .. .. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933039502 Ménages ayant accès à un ordinateur En pourcentage de tous les ménages 2012 ou dernière année disponible 2006 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037089 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 165 ENVIRONNEMENT EAU ET RESSOURCES NATURELLES CONSOMMATION D’EAU PÊCHERIES DÉCHETS MUNICIPAUX AIR ET CLIMAT ÉMISSIONS DE DIOXYDE DE CARBONE ÉMISSIONS DE SOUFRE ET D’AZOTE ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE VIABILITÉ ÉCOLOGIQUE DANS LES ZONES MÉTROPOLITAINES ENVIRONNEMENT • EAU ET RESSOURCES NATURELLES CONSOMMATION D’EAU Eau et ressources naturelles Les ressources en eau douce ont une grande importance pour l’environnement et l’économie. Leur répartition varie beaucoup entre les pays et à l’intérieur d’un même pays. Dans les régions arides, elles sont parfois si limitées que la demande ne peut être satisfaite que grâce à des prélèvements incompatibles, du point de vue quantitatif, avec une exploitation durable. Les prélèvements d’eau douce, en particulier ceux destinés à l’alimentation des réseaux de distribution, à l’irrigation, à la production industrielle et au refroidissement des centrales électriques, exercent une forte pression sur les ressources en eau et ont des incidences importantes sur leur état quantitatif et qualitatif. Les principales préoccupations sont liées à l’utilisation inefficiente de l’eau, et à ses conséquences environnementales et socio-économiques. l’OCDE, qui a procédé à des interpolations linéaires pour calculer les valeurs manquantes. Ils ne comprennent pas le Chili. Les données relatives au Royaume-Uni concernent uniquement l’Angleterre et le Pays de Galles. Il est à noter qu’il existe des ruptures dans les séries temporelles des pays suivants : Allemagne, Estonie, France, Hongrie, Irlande, Luxembourg, Mexique, Norvège, République tchèque, Royaume-Uni, Slovénie et Turquie. Définition Il y a prélèvement dès lors que de l’eau douce est extraite d’une source souterraine ou de surface, de manière permanente ou temporaire, et transportée sur son lieu d’usage. Si l’eau est restituée à une source de surface, le prélèvement de cette même eau par un autre utilisateur situé en aval est compté à nouveau dans le calcul des prélèvements totaux, ce qui peut conduire à un double comptage. Les eaux d’exhaure et de drainage sont incluses dans le calcul des prélèvements. En revanche, l’eau utilisée dans la production d’hydroélectricité correspond à une exploitation in situ et n’est normalement pas prise en compte. Comparabilité Les définitions et les méthodes d’estimation employées pour calculer les données sur les prélèvements et la distribution d’eau peuvent être très différentes selon les pays et varier dans le temps. En général, la disponibilité et la qualité des données sont meilleures en ce qui concerne les prélèvements destinés aux réseaux de distribution, qui représentent à peu près 15 % de l’eau prélevée dans les pays membres de l’OCDE. Les totaux OCDE sont des estimations établies par le Secrétariat de En bref Dans la plupart des pays de l’OCDE, les prélèvements ont augmenté dans les années 60 et 70 sous l’effet de la hausse de la demande d’eau de l’agriculture et du secteur de l’énergie. Depuis les années 80, certains pays ont toutefois pu stabiliser leurs prélèvements à la faveur de plusieurs évolutions : recours à des techniques d’irrigation plus efficientes, déclin de certaines industries grandes consommatrices d’eau (mines et sidérurg ie, par exemple), développement des technologies de production propre et réduction des fuites au niveau des canalisations. Plus récemment, cette stabilisation reflète en partie les conséquences des sécheresses (alors que la croissance démographique continue d’entraîner une augmentation du volume d’eau distribué par les réseaux publics). Au niveau mondial, on estime que la demande en eau a augmenté plus de deux fois plus vite que la population au cours du siècle passé, le plus gros consommateur étant l’agriculture. 168 Sources • OCDE (2012), Statistiques sur l’eau de l’OCDE, Statistiques de l’OCDE sur l’environnement (base de données). Pour en savoir plus Publications analytiques • Love, P. (2013), Water, Les essentiels de l’OCDE, Éditions OCDE. • OCDE (2013), Managing Water for Green Growth, Études de l’OCDE sur la croissance verte, Éditions OCDE. • OCDE (2013), Compendium des Indicateurs AgroEnvironnementaux de l’OCDE, Éditions OCDE. • OCDE (2013), Études de l’OCDE sur l’eau, Éditions OCDE. • OCDE (2013), Les mécanismes de financement pour la biodiversité, Éditions OCDE. • OCDE (2013), Water and Green Growth, Études de l’OCDE sur la croissance verte, Éditions OCDE. • OCDE (2012), Perspectives de l’environnement de l’OCDE, Éditions OCDE. • OCDE (2009), De l’eau pour tous : Perspectives de l’OCDE sur la tarification et le financement, Études de l’OCDE sur l’eau, Éditions OCDE. Sites Internet • Indicateurs, modélisation et perspectives sur l’environnement, www.oecd.org/fr/env/indicateursmodelisation-perspectives/. • Gestion de l’eau : comprendre les enjeuxwww.oecd.org/eau. PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 ENVIRONNEMENT • EAU ET RESSOURCES NATURELLES CONSOMMATION D’EAU Prélèvements d’eau Prélèvements totaux Millions m3 Prélèvements d'eau par habitant m3 per habitant Allemagne Australie Autriche Belgique Canada Chili Corée Danemark Espagne Estonie États-Unis Finlande France Grèce Hongrie Irlande Islande Israël Italie Japon Luxembourg Mexique Norvège Nouvelle-Zélande Pays-Bas Pologne Portugal République slovaque République tchèque Royaume-Uni Slovénie Suède Suisse Turquie UE-28 OCDE Afrique du Sud Brésil Chine Fédération de Russie Inde Indonésie 1985 1990 1995 2000 2005 2011 ou dernière année disponible 1985 1990 1995 2000 2005 530 920 470 .. 1 620 .. 460 330 1 200 .. 1 950 820 630 550 590 .. 460 .. .. 720 180 .. 490 .. 640 440 200 400 360 230 .. 360 410 390 .. 970 .. .. .. .. .. .. 600 .. 490 .. 1 610 .. 480 250 1 180 2 050 1 850 470 660 770 610 .. 660 380 .. 720 160 .. .. .. 530 400 730 400 350 240 .. 350 400 510 .. 950 .. .. .. .. .. .. 530 1 330 430 810 1 610 .. 520 170 850 1 240 1 750 510 710 730 580 330 620 330 .. 710 140 800 550 .. 420 340 .. 260 270 190 .. 310 370 560 .. 920 .. .. .. .. .. .. 460 1 140 .. 740 .. .. 560 140 910 1 070 1 710 450 550 910 650 .. 580 270 740 690 140 720 530 820 560 310 1 100 220 190 210 450 300 360 680 .. 900 .. .. .. .. .. .. 430 950 .. 610 1 300 .. 610 120 820 1 170 1 630 1 250 550 870 490 190 560 250 .. 650 .. 740 620 1 170 700 300 870 170 190 190 460 290 340 650 .. 880 .. .. .. .. .. .. 400 630 .. 570 1 150 .. .. 120 730 1 400 .. .. 530 850 540 170 .. 180 910 640 90 750 640 1 190 640 310 870 110 180 140 410 290 .. 640 .. 840 .. .. .. .. .. .. 41 216 14 600 3 580 .. 42 342 .. 18 580 1 705 46 250 .. 464 737 4 000 34 887 5 496 6 267 .. 112 .. .. 87 209 67 .. 2 025 .. 9 349 16 409 2 003 2 061 3 679 11 533 .. 2 970 2 646 19 400 .. 976 118 .. .. .. .. .. .. 47 873 .. 3 807 .. 43 888 .. 20 570 1 261 45 845 3 215 462 250 2 347 37 687 7 862 6 293 .. 167 1 780 .. 88 906 59 .. .. .. 7 984 15 164 7 288 2 116 3 623 12 052 .. 2 968 2 665 28 073 .. 997 679 .. .. .. .. .. .. 43 374 24 071 3 449 8 251 47 250 .. 23 670 887 33 288 1 780 466 118 2 586 40 671 7 788 5 976 1 176 165 1 812 .. 88 881 57 73 672 2 420 .. 6 507 12 924 .. 1 386 2 743 9 549 .. 2 725 2 571 33 482 .. 1 002 960 .. .. .. .. .. .. 38 006 22 196 .. 7 536 .. .. 26 020 726 36 525 1 471 482 558 2 346 32 715 9 924 6 621 .. 163 1 727 41 982 86 972 60 70 428 2 348 3 140 8 915 11 994 11 136 1 171 1 918 11 174 899 2 688 2 564 43 650 .. 1 020 275 .. .. .. .. .. .. 35 557 19 336 .. 6 389 41 955 .. 29 198 644 35 664 1 578 482 972 6 562 33 872 9 654 4 929 799 165 1 728 .. 83 427 .. 76 508 2 864 4 908 11 453 11 522 9 151 907 1 949 10 323 924 2 631 2 507 44 684 .. 1 025 868 .. .. .. .. .. .. 2011 ou dernière année disponible 32 716 14 060 .. 6 176 38 801 .. .. 660 33 544 1 874 .. .. 33 110 9 539 5 432 730 .. 1 340 53 751 81 454 48 81 588 3 026 5 201 10 668 11 911 9 151 593 1 887 7 682 850 2 690 .. 46 956 .. 1 021 801 .. .. .. .. .. .. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933039521 Prélèvements d’eau m3 par habitant, 2011 ou dernière année disponible 1 600 1 400 1 200 1 000 800 600 400 200 0 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037108 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 169 ENVIRONNEMENT • EAU ET RESSOURCES NATURELLES PÊCHERIES La pêche contribue de façon notable à la durabilité des revenus, aux possibilités d’emploi et aux apports globaux de protéines. Cependant, la surpêche de certaines espèces dans certaines régions fait planer une menace d’épuisement sur les stocks. Dans certains pays, dont au moins deux pays de l’OCDE – le Japon et l’Islande – le poisson est la principale source de protéines animales. Définition Les chiffres concernent les quantités de poissons marins débarquées, et de poissons et crustacés provenant des eaux continentales et élevés en réservoirs d’eau douce et d’eau de mer. Les prises de poissons marins pour chaque pays comprennent les poissons débarqués dans les ports étrangers et nationaux. Cet indicateur distingue les catégories pêche maritime et aquaculture en raison de leurs systèmes de production et de leurs taux de croissance qui diffèrent. Comparabilité Les séries chronologiques présentées sont relativement complètes et cohérentes d’une année sur l’autre, mais certaines variations temporelles peuvent refléter des modifications des systèmes de notification nationaux. Dans un cas, les données indiquées sont des estimations du Secrétariat de l’OCDE. Sources En bref Les débarquements des pêches de capture marines dans les pays de l’OCDE ont été d’environ 25 millions de tonnes en 2008, ce qui représente en gros 28 % de la production mondiale des pêches de capture marines. Les prises des pays de l’OCDE sont orientées à la baisse depuis la fin des années 80. Cette décrue régulière s’explique par l’évolution de la demande et des prix du marché, ainsi que par la nécessité de gérer les stocks de manière à obtenir un rendement maximum soutenable, c’est-à-dire d’assurer une utilisation durable des ressources de la mer. La croissance de la production aquacole des pays de l’OCDE a été relativement lente, de l’ordre de 3 % par an. En 2008, les pays de l’OCDE ont été à l’origine de 10 % environ de la production aquacole mondiale, les plus gros producteurs étant la Corée, le Japon, le Chili et la Norvège. L’aquaculture est considérée comme un élément essentiel d’une croissance verte à l’avenir, notamment dans de nombreuses économies émergentes, car elle peut permettre tout à la fois d’accroître la production alimentaire et d’alléger les pressions qui pèsent sur les ressources halieutiques. • OCDE (2012), Examen des pêcheries dans les pays de l’OCDE : Politiques et statistiques de base, Éditions OCDE. Pour en savoir plus Publications analytiques • OCDE (2012), Redressement des pêches, Le cap à suivre, Éditions OCDE. • OCDE (2012), La certification dans les secteurs halieutique et aquacole, Éditions OCDE. • OCDE (2011), The Economics of Adapting Fisheries to Climate Change, Éditions OCDE. • OCDE (2010), Advancing the Aquaculture Agenda, Workshop Proceedings, Éditions OCDE. • OCDE (2010), Globalisation in Fisheries and Aquaculture, Opportunities and Challenges, Éditions OCDE. • OCDE (2007), Structural Change in Fisheries: Dealing with the Human Dimension, Éditions OCDE. • OCDE (2006), Les aides financières au secteur de la pêche: Leurs répercussions sur le développement durable, Éditions OCDE. Publications statistiques • OCDE (2009), Réduction de la capacité de pêche: Bonnes pratiques en matière de plans de sortie de flotte, Éditions OCDE. Sites Internet • Pêcheries, www.oecd.org/pecheries. 170 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 ENVIRONNEMENT • EAU ET RESSOURCES NATURELLES PÊCHERIES Pêche en mer et production de l’aquaculture Milliers de tonnes Débarquements des produits de la pêche dans les ports domestiques et étrangers Allemagne Australie Autriche Belgique Canada Chili Corée Danemark Espagne Estonie États-Unis Finlande France Grèce Hongrie Irlande Islande Israël Italie Japon Luxembourg Mexique Norvège Nouvelle-Zélande Pays-Bas Pologne Portugal République slovaque République tchèque Royaume-Uni Slovénie Suède Suisse Turquie UE-28 OCDE Afrique du Sud Brésil Chine Fédération de Russie Inde Indonésie Aquaculture 2000 2005 2009 2010 2011 2012 2000 2005 2009 2010 2011 2012 194 185 .. 27 1 008 4 032 2 090 1 524 1 002 101 4 245 92 682 93 .. 291 1 930 6 387 5 092 .. 1 193 2 894 536 312 200 172 .. .. 748 2 341 .. 461 .. 29 654 .. .. .. 4 289 .. .. 247 236 .. 22 1 079 4 462 1 829 899 717 90 4 463 77 606 92 .. 282 1 411 4 268 4 511 .. 1 203 2 546 633 547 136 172 .. .. 670 1 239 .. 523 .. 27 730 .. .. .. .. .. .. 211 172 .. 19 960 3 379 1 839 770 728 29 0 117 446 83 .. 227 1 151 3 242 4 200 .. 1 483 2 697 280 380 112 191 .. .. 584 1 197 .. 430 .. 20 928 .. .. .. .. .. .. 210 173 .. 20 920 3 048 1 725 820 768 92 0 121 .. 70 .. 293 .. .. 225 4 172 .. 1 357 2 838 278 266 115 201 .. .. 608 1 204 .. 446 .. 18 969 .. .. .. .. .. .. 207 164 .. 20 858 3 466 1 746 708 859 78 5 235 119 .. 64 .. .. .. .. 212 3 859 .. 1 398 2 451 286 263 116 224 .. .. 600 1 169 .. 478 .. 23 580 .. .. .. .. .. .. 224 158 .. 22 800 2 675 .. 488 812 65 .. .. .. 61 .. .. 1 449 .. .. 3 729 .. 1 433 2 280 290 338 .. 186 .. .. 619 .. 103 .. .. .. 15 730 .. .. .. .. .. .. 45 37 .. 2 127 425 667 44 312 .. 373 15 267 88 .. 41 4 20 228 1 292 .. 46 492 87 92 32 8 .. 19 144 .. 6 .. 79 .. 4 989 .. .. .. 205 .. .. 46 47 .. .. 154 739 1 057 40 273 .. 358 14 238 110 .. .. 8 22 234 1 254 .. 102 662 105 70 38 7 1 20 165 .. 7 .. 118 .. 5 888 .. .. .. .. .. .. 39 70 .. .. 143 758 1 332 42 268 .. .. 14 236 126 14 47 5 .. 180 1 243 .. 285 962 105 73 36 8 1 20 194 .. 10 15 159 .. 6 387 .. .. .. .. .. .. 41 72 .. .. 150 713 1 376 40 254 .. .. 12 0 123 14 0 4 .. 189 1 151 .. 263 1 020 111 89 28 8 .. 20 200 .. 12 16 167 .. 6 070 .. .. .. .. .. .. 60 73 .. .. 149 970 1 500 40 .. .. .. 11 .. 121 16 .. 4 .. .. 908 .. 263 1 144 117 41 31 9 .. 21 176 .. 14 17 189 .. 5 873 .. .. .. .. .. .. .. 82 .. .. 0 1 105 .. .. .. .. .. .. .. .. 15 .. 7 .. .. 1 077 .. 254 1 326 100 .. .. .. .. 21 180 .. 15 18 .. .. 4 200 .. .. .. .. .. .. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933039540 Part de l’aquaculture dans la production totale de poissons Pourcentage, moyenne 2009-11 60 50 40 30 20 10 0 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037127 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 171 ENVIRONNEMENT • EAU ET RESSOURCES NATURELLES DÉCHETS MUNICIPAUX La quantité de déchets municipaux produite dans un pays est fonction du taux d’urbanisation, des types et des modes de consommation, des revenus des ménages et des modes de vie. Bien que les déchets municipaux ne constituent qu’une partie des déchets produits, leur gestion et leur traitement absorbent souvent plus du tiers des efforts financiers consentis par le secteur public pour lutter contre la pollution. Les principales préoccupations environnementales sont liées aux répercussions potentielles d’une gestion inadaptée des déchets sur la santé humaine et sur l’environnement (contamination des sols et de l’eau, qualité de l’air, utilisation des terres et paysages). Définition Les déchets municipaux sont les déchets collectés et traités par ou pour les communes. Ils comprennent les déchets des ménages, y compris les encombrants, les déchets assimilés produits par les activités commerciales, les bureaux, les institutions et les petites entreprises, ainsi que les déchets d’entretien des jardins et des espaces verts, les déchets de nettoiement de la voirie, le contenu des poubelles publiques et les déchets des marchés s’ils sont traités comme des déchets ménagers. La définition exclut les déchets issus de l’assainissement des eaux usées urbaines, ainsi que les déchets des activités de construction et de démolition. relles des pays suivants : Corée, Danemark, Estonie, Hongrie, Irlande, Italie, Luxembourg, Mexique, Norvège, NouvelleZélande, Pologne, République slovaque, République tchèque, Slovénie et Turquie. Les principaux problèmes de comparabilité tiennent à la prise en compte des déchets produits par les activités commerciales, ainsi que des collectes sélectives réalisées par des entreprises privées. Dans certains cas, l’année de référence renvoie à l’année la plus proche pour laquelle des données sont disponibles. Les données relatives à la Nouvelle-Zélande concernent uniquement les quantités mises en décharge. Celles pour le Portugal comprennent les Açores et Madère. Celles relatives à la Chine ne comprennent pas les déchets produits dans les zones rurales. Les quantités exprimées en kilogrammes de déchets municipaux par habitant et par an, soit « l’intensité de production de déchets », sont un indicateur général de la pression potentielle sur l’environnement et sur la santé. Il convient de les compléter avec des informations sur les pratiques et les coûts de gestion des déchets, ainsi que sur les niveaux et modes de consommation. Comparabilité La définition des déchets municipaux et les méthodes d’enquête employées varient d’un pays à l’autre et dans le temps. On constate ainsi des ruptures dans les séries tempo- En bref En forte augmentation depuis 1980, la quantité de déchets municipaux produite dans la zone de l’OCDE a dépassé d’après les estimations 660 millions de tonnes en 2011 (530 kg par habitant). Dans la plupart des pays pour lesquels des données sont disponibles, la prospérité accrue liée à la croissance économique et l’évolution des modes de consommation ont tendance à entraîner une hausse de la production de déchets par habitant. Sur les vingt dernières années, la production de déchets a toutefois progressé plus lentement que les dépenses de consommation finale privée et que le PIB, avec un ralentissement depuis quelques années. La quantité de déchets municipaux destinés à l’élimination finale et leur composition sont fonction des pratiques des pays en matière de gestion des déchets. Malgré des progrès dans ces pratiques, seuls quelques pays ont réussi à réduire la quantité de déchets solides qui doit être éliminée. 172 Sources • OCDE (2013), Environment at a Glance: OECD Environmental Indicators, Éditions OCDE. • OCDE (2012), Perspectives de l’environnement de l’OCDE, Éditions OCDE. • OCDE (2013), Statistiques de l’OCDE sur les déchets, Statistiques de l’OCDE sur l’environnement (base de données). Pour en savoir plus Publications analytiques • OCDE (2013), Vers des comportements plus environnementaux : Vue d’ensemble de l’enquête 2011, Études de l’OCDE sur la politique de l’environnement et le comportement des ménages, Éditions OCDE. • OCDE (2008), "Conducting sustainability assessments", OECD Sustainable Development Studies, Éditions OCDE. • OCDE (2004), Addressing the Economics of Waste, Éditions OCDE. • Strange, T. et A. Bayley (2008), Le développement durable, À la croisée de l’économie, de la société et de l’environnement, Les essentiels de l’OCDE, Éditions OCDE. Publications méthodologiques • OCDE (2009), Guidance Manual for the Control of Transboundary Movements of Recoverable Wastes, Éditions OCDE. • OCDE (2008), Manuel d’application pour la gestion écologique des déchets, Éditions OCDE. Sites Internet • Productivité des ressources et déchets, www.oecd.org/env/ dechets. PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 ENVIRONNEMENT • EAU ET RESSOURCES NATURELLES DÉCHETS MUNICIPAUX Production de déchets municipaux Intensité de la production Kg par habitant Allemagne Australie Autriche Belgique Canada Chili Corée Danemark Espagne Estonie États-Unis Finlande France Grèce Hongrie Irlande Islande Israël Italie Japon Luxembourg Mexique Norvège Nouvelle-Zélande Pays-Bas Pologne Portugal République slovaque République tchèque Royaume-Uni Slovénie Suède Suisse Turquie UE-28 OCDE Afrique du Sud Brésil Chine Fédération de Russie Inde Indonésie Quantité totale produite Millers de tonnes 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2011 ou dernière année disponible 2011 ou dernière année disponible .. 680 .. 280 .. 200 .. 400 .. .. 610 .. .. 260 .. 190 .. .. 250 380 350 .. 550 650 490 280 200 .. .. .. .. 300 440 270 .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 310 .. 230 510 480 .. .. 630 .. .. 300 .. 310 .. .. 270 350 360 .. 590 .. 480 300 .. 360 .. .. .. 320 530 360 .. .. .. .. .. .. .. .. 630 690 420 340 .. 250 710 .. .. .. 760 .. 450 300 530 .. .. .. 350 410 580 250 550 990 500 290 300 300 .. 470 .. 370 610 360 .. 500 .. .. .. .. .. .. 620 .. 430 450 .. 280 390 520 480 370 740 410 480 300 460 510 430 .. 450 420 580 330 640 870 550 290 390 300 300 500 600 400 600 460 .. 520 .. .. .. .. .. .. 640 690 530 480 .. 330 360 610 610 460 780 500 510 410 450 600 460 630 510 430 650 310 620 770 610 320 440 320 330 580 510 430 660 480 .. 560 .. .. .. .. .. .. 560 .. 570 480 .. 350 370 660 590 440 780 480 530 440 460 730 520 590 540 410 680 340 430 780 620 320 450 270 290 590 490 480 660 460 .. 560 .. .. .. .. .. .. 600 640 560 470 .. 380 380 720 500 300 730 500 530 520 380 620 550 610 540 350 700 360 490 560 600 320 490 310 320 530 410 460 690 410 .. 530 .. .. .. .. .. .. 49 237 14 035 4 678 5 125 .. 6 517 18 581 4 001 22 997 399 226 669 2 719 34 336 5 917 3 809 2 846 177 4 759 32 479 45 359 356 41 063 2 392 2 461 9 947 12 129 5 139 1 679 3 358 32 450 844 4 374 5 478 29 733 .. 661 458 .. .. 157 340 69 257 .. .. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933039559 Production de déchets municipaux kg par habitant, 2011 ou dernière année disponible 800 700 600 500 400 300 200 100 0 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037146 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 173 ENVIRONNEMENT • AIR ET CLIMAT ÉMISSIONS DE DIOXYDE DE CARBONE Air et climat Le dioxyde de carbone (CO2) constitue la majeure partie des gaz à effet de serre d’origine anthropique. L’émission dans l’atmosphère de gaz à effet de serre produits par les activités humaines perturbe l’équilibre radiatif de la Terre (c’est-à-dire l’équilibre entre l’énergie solaire que la terre absorbe et réfléchit dans l’espace). Cela entraîne une élévation de la température à la surface du globe et, par voie de conséquence, a des répercussions sur le climat, le niveau des océans et l’agriculture mondiale. Définition L’indicateur présente les émissions de CO2 résultant de la combustion de pétrole, de charbon, de gaz naturel et de déchets à des fins énergétiques. La déforestation et certaines activités industrielles comme la fabrication du ciment provoquent également des émissions de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, mais celles-ci sont peu importantes en proportion du En bref Les émissions mondiales de dioxyde de carbone ont plus que doublé depuis 1971, progressant en moyenne de 2 % par an. En 1971, 67 % du total étaient imputables aux pays qui sont membres de l’OCDE aujourd’hui. En raison de l’augmentation rapide des émissions des pays en développement, la part imputable à l’OCDE est tombée à 39 % en 2011. C’est en Asie que les hausses observées dans les pays non membres ont été de loin les plus fortes : les émissions de CO2 de la Chine ont ainsi augmenté en moyenne de 6 % par an entre 1971 et 2011. Du fait de sa consommation de charbon, la Chine a contribué à hauteur de 7.2 milliards de tonnes à l’accroissement du volume des émissions au cours des 40 dernières années.
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ac44243a8c2cf458036f87557505086d_1
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Open Science
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Remarque Sur un Article de T. M. Apostol
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Canad. Math. Bull. Vol. 20 (1), 1977 R E M A R Q U E SUR U N ARTICLE D E T. M. APOSTOL PAR JEAN-MARIE DE KONINCK ET ARMEL MERCIER 1. Introduction. Dans un récent article [1], T. M. Apostol obtient une identité liant YZ=i f(n)i*<(n)n~s et Xn=i f(n)ii(n)ii(p, n)n~s, où / est une fonction complètement multiplicative, |/(n)|<l, et p est un nombre premier. Il utilise cette identité pour prouver que î ^ = 0 et t ^ = 0, n=0(p) n^O(p) pour tout nombre premier p. Par la suite, T. M. Apostol obtenait d'autres identités [2]. Nous établirons ici quelques identités pour les séries de Dirichlet et nous les utiliserons pour trouver l'ordre de grandeur de £ „<x f(n) et £' n<x Wlf(n)\ n=0(p 0 ) n=0(p o ) pour une certaine classe de fonctions additives, (£' n<x [l//(rc)l signifie que la n=0(p 0 ) somme parcourt tous les n < x, n = 0(po), tels que f(n) ^ 0), ainsi que l'ordre de grandeur de X n<x 0(h)f(n) où 6(n) et f(n) appartiennent respectivement à n = 0(po) une classe de fonctions multiplicatives et additives. 2. Notation. On dénote par ix(m, n) la fonction de Môbius évaluée au p.g.c.d. entre m et n, m, ne N. Lorsqu'il existe, nous désignerons par aa l'abscisse de convergence absolue des séries de Dirichlet. 3. Enoncé des principaux résultats s THÉORÈME 1. Soit f une fonction multiplicative telle que £n=i f(n)n~ converge absolument pour tout nombre complexe s = cr+it, cr> aa. Alors pour tout entier k € N et pour tout nombre complexe s = a+it, a>aa, nous avons (!) y f(n)p,(n)n(k,n)= n=i n f ji(n)f(n) w=i n Received by the editors January 27, 1977 in revised form. 77 https://doi.org/10.4153/CMB-1977-013-8 Published online by Cambridge University Press 78 [March J.-M. DE KONINCK ET A. MERCIER De plus, si |/(p)|<p c , c étant un nombre réel plus petit ou égal à cra, et si YZ=if(n)n(n)n~s converge pour CT>C, alors (1) est valide pour cr>c. Preuve. La preuve se fait de la même façon que celle utilisée par T. M. Apostol dans [2]. Soit f une fonction multiplicative telle que £n = i f(n)n~s converge absolument pour tout nombre complexe s = a+ it, a> cra. Alors, pour tout nombre premier p0, et pour a>aa, on a THÉORÈME 2. c) î M.m+m+...)t1+m+m+...yi n =l n \ Po Po / \ PO PO ! , fin) n=l « n-O(po) De plus, si \f(n)\<nc, c étant un nombre réel plus petit ou égal à <ja, et si £~ = 1 f(n)n~s converge pour cr>c, alors (2) est valide pour a>c. (i) Si / est une fonction complètement multiplicative, alors pour tout entier fc e N, on a REMARQUE, ns A(nk)s h ks h ns n^O(k) (ii) Si / est une fonction multiplicative, alors pour tout entier k e N, on a pour a > aa y f(n)= y f{nk) = JLy h n s s y A(nk) s /(ttfc) ns kk h n=0(k> (k,n) = d f{p) f{p2) =fihlYl(i+ ' y M+l y y x La s is La La n=\ n K d\k n-i d>\ s (iii) Si l'on connaît X°°n = i [f(n)/n ], (W s n (k,n) = d il est facile d'établir une identité n=0(k) pourI°° n = 1 [f(n)/ns] puisque n#0(k) y m y [W= y [M La s La s La s n=i n n=\ n n==1 n n^O(k) n?éO(k) https://doi.org/10.4153/CMB-1977-013-8 Published online by Cambridge University Press ' 1977] REMARQUE SUR UN ARTICLE DE T. M. APOSTOL 79 4. Preuve du Théorème 2. Pour a><ra, on a y ML= y /(PQ") y /(Po") „^i ns À (p 0 n) s À (plnY t^O(po) (p 0 ,n)=l \ PO (p 0 ,n) = l PO / n=l W (p 0 ,n)=l /(Po)+/(p|)+...y1+A£2)+M+...yi î M ph pf A Pô P5" / „~i n" Si | / ( n ) | < n c , c<cra, alors pour cr>c, y /(Po) À (PÔ)' est une série de Dirichlet absolument convergente. Donc f(Po)\(y f(p%)\ =0 Po i V« = i Po est une série de Dirichlet qui converge absolument. Or, si X^=i/(n)rc~~s converge pour o->c, alors (2) est aussi valide pour cr>c puisque I n = i lf(n)lns] est le produit d'une série de Dirichlet absolument conn = 0(po) vergente et d'une série de Dirichlet convergente. REMARQUE. Dorénavant, pour toutes fonctions multiplicatives, nous supposons que leurs séries de Dirichlet correspondantes convergent absolument pour (r>aa. 5. Applications THÉORÈME 3. Soit f une fonction additive telle que /(p) est indépendante et telle y 1 //(P 2 ) ./(P 3 ) , \(, 1\. y /(PS) -^xloglogx + Cx+o(-^-), convergent, alors l n<x f(n) = f PO WogX/ n-O(po) https://doi.org/10.4153/CMB-1977-013-8 Published online by Cambridge University Press de p 80 J.-M. DE KONINCK ET A. MERCIER où p0 est un nombre premier [March fixe et c _i,_lY(fiBMi* + ...Ufii» Po/ V Po Po / Po 3\ , T/(P) Po (y étant la constante d'Euler). Preuve. Par le Théorème 2, „=i rc \ po Po M Po / n=(p 0 ) ^_ ^ #/ /(p 22)) f,/(p ,/(p) */(P) \ + + n i+V P" ^ P --V v p \ p pour f e C , M < 1 , et Res><7 a. Soient u = tf(p) et / 2 M /(P 0 )/t'(P) M f(p 0 )//(P) W= p _ + Po —__+. Po alors uf(n)/f(p) I —=g(s,u)C(s), n=l «=0(po) ^ (£ étant la fonction Zêta de Riemann) où guu)=w(i+w)-in(i+>fT+---)n(i-^)up \ p p l p \ p I D'où d'après un théorème de Selberg [6], nous trouvons I M ' ^ - ^ ^ X log"" 1 *+ *(*,«), n^O(po) où R(x, u) est 0(JC log" - 2 x) uniformément pour \u\ < 1. Dérivant par rapport à u tout en utilisant l'inégalité de Cauchy pour estimer R\x, u), et en posant u = 1, on trouve le résultat demandé. T H É O R È M E 4 . Soit p 0 u n nombre Y rSx n^O(po) 0(p0) ft(n) premier fixe, alors = — x log log JC + Cxx + 0\T^—) PO OÙ VlOgX/ + ^[?('-K)^) Hhttps://doi.org/10.4153/CMB-1977-013-8 Published online by Cambridge University Press , 1977] REMARQUE SUR UN ARTICLE DE T. M. APOSTOL 81 Preuve. Immédiat d'après le Théorème 3. THÉORÈME 5. Soit p 0 un nombre premier fixe, alors Y ù)(n) = — x log log x + C2x + Of nix PO |, VlOgX/ n=0( P o ) OÙ Preuve. Immédiat d'après le Théorème 3. Avant d'énoncer le Théorème 6, nous écrirons les définitions suivantes qui furent données pour la première fois par le premier auteur (voir [5]). DÉFINITION 1. Soit S l'ensemble de toutes les fonctions arithmétiques / à valeurs réelles qui satisfont (1) f(n) ï0^> f(n) > 1 pour tout entier n > 1. (2) I 1=°(-M. f(n) = 0 DÉFINITION 2. Etant donné a (entier positif arbitraire), soit Sa l'ensemble de toutes les fonctions fe S pour lesquelles tfin) = at(n) satisfait les conditions du théorème de Selberg (voir [6]) avec B = 1 et £>« = ^ W + 1 [ 0 , 1 ]. DÉFINITION 3. Etant donné fe Sa, soit D(t) la fonction correspondante de la Définition 2, alors pour te(0,1], on pose B,(t) = (,,« + ^ + ...\( 1+ ^ + i^ + ...r£»r A Po / V Po Po J t 1 ] (dérivée ( i - l ) i è m e , et Aj(0 = (-1)' Bi(t), i = 1, 2 , . . . a+ 2. Nous noterons THÉORÈME 6. SoitfeSa, V nk alors 1 _*f fin) A, poÀdoglogx)' / x \ V(loglogxr+V' où po est un nombre premier fixe. https://doi.org/10.4153/CMB-1977-013-8 Published online by Cambridge University Press 82 J.-M. DE KONINCK ET A. MERCIER [March Preuve. En utilisant le Théorème 2 pour a > ora, on a tf(n) /tf(p0) n=i n~ Po tf(P(?) 1+- Po /(P0) ,/(P 0 2 ) Po Po n^O(po) fW 00 , J Or / e S«, d'où n<x n=0( P o) f PoV Po\ +• • • 1 + —Ô-+- • • ) D(t)x log1'1 x+R(x, Po / V Po t), OÙ «(x, t) = 0(x\ogt-2x). Le reste de la preuve se fait de la même façon que celle utilisée dans [5]. THÉORÈME 7 x v' 1 n^x co(n) v a* ^1 po M (log log x)* ' ~V(log log x)" + 1 ' ' n^O(po) ou et tous les autres at sont calculables. Preuve. Immédiat d'après le Théorème 6. THÉORÈME 8. Soit 0 une fonction multiplicative telle que 0(p) est indépendante de p et 0(p)^ 0, - 1 , - 2 , . . . , et soit f une fonction additive telle que f(p) est indépendante de p. Si man 1. 1 / 0 ( P W ) , <KPW) , n , P Q(P)/(P)V P2 P3 converge, alors £ 0(n)/(n) = Cx log 8 *'- 1 x log log x + C t x l o g " ^ 1 x + 0 ( x log e ( p ) - 2 x), https://doi.org/10.4153/CMB-1977-013-8 Published online by Cambridge University Press 1977] 83 REMARQUE SUR UN ARTICLE DE T. M. APOSTOL OÙ c-wiwnli-irnf'W-)/» i. Ct = i\,p log(l-i) + HO(P)) (e(p2)f(P2) i fl(PW) 2 *(P)/(P)\ i + P3 P 8{p)J{pZ) +• xT(o(P))-r(0(p)) Preuve. Pour a>(r„, 2 n-1 W p pour | r | < l . Soit u = e(p)tHp\ \ + 2 J<P> «(p A ^ 2W 0(P)fKP) )*<1 P ) -+• +- alors f(p2)//(p> P \ p p" -rc»n(.-i)"n(.^ = r(s)g(s, w) D'où d'après un théorème de Selberg [6], on a M (3) " y(n)/f<p) y 0(n)( (n) i/ W)i «a. «) x log" * X + JR(X, M), - r(u) -2 où JR(JC, u) est 0 ( x log" je) uniformément pour |t| < 1. Dérivant par rapport à u tout en utilisant l'inégalité de Cauchy pour estimer R'(x, w), et en posant f = 1, on trouve le résultant demandé. THÉORÈME 9. Soit d(n) le nombre de diviseurs de n, alors Y, d(n)ù)(n) = 2x log x log log x + dx log JC + O(JC), OM C1 = 2(l{log( 1 -I) + (I + _3_^2 ++_4_ ^3 +. Kp 2p 2p .)(.-jn-r«). https://doi.org/10.4153/CMB-1977-013-8 Published online by Cambridge University Press 84 J.-M. DE KONINCK ET A. MERCIER [March Preuve. Immédiat d'après le Théorème 8. THÉORÈME 10. Avec les mêmes hypothèses du Théorème 8 sur les fonctions 6 et /, et supposons de plus que £« = i [0(po)/Po] converge vers au nombre # - 1 , alors 0(n)f(n) = C*JC log 0(p) J T 1 log log x + Cf x log 0(p) x'1 + 0(x log e(p) ~ 2 x), X n^x n^O(po) OU ç* = C / 9 fo>l g (P°>l Po . ï ï l + -^(po) > *<Po)_ Po A Po Po (C éfarcf /a constante définie dans Vénoncé du Théorème 8) et Cf etarcf une constante qu'on peut déterminer (p 0 est un nombre premier arbitraire). Preuve. Puisque 6(n)tHn) Théorème 2, pour a>aa, V 0(n)tHn) (Ojpo)^ = 2^ \ ~s n=i n \ Po n^O(po) est une fonction multiplicative, alors par le + , e(p20)tKp°2) , Zâs + " Po w/n9^)^^! V1 y ^W 0 0 n=l / PO W En utilisant le même procédé que celui du Théorème 8 on obtient le résultat. THÉORÈME 11 X d(n)o)(n) = ( — ^ — )2* log x log log x + Cx log x + O(JC), n<x \ Po / n=0(p n ) OÙ ^_(2pô-l)(pô-l)2,2p0-l^ Po Po Ci éfcmf /a constante définie dans le Théorème 9. Preuve. Immédiat d'après le Théorème 10. THÉORÈME 12. Soit 6 une fonction indépendante de p et 0(p) # 0, - 1 , - 2 , nombre 9^-1, alors n^x M=0( P o ) V PO PO A où po est un nombre premier fixe. https://doi.org/10.4153/CMB-1977-013-8 Published online by Cambridge University Press multiplicative telle que 6(p) est Si £â=i [0(pS)/Po] converge vers un PO PO / n^x 1977] REMARQUE SUR UN ARTICLE DE T. M. APOSTOL 85 Preuve. Posant u = 0(p) dans l'équation (3) du Théorème 8, on obtient I 000 = ^ n<x x log*»- 1 x + 0(x log*-»"2 x), ^ 1 \V\P)) OÙ Dans l'équation de la preuve du Théorème 10, posant u = 6(p)tHp\ on obtient en utilisant le théorème de Selberg [6], ^ l u y<«>//(p> oA\ U) 1 =s^*tog"*+o(*togl,-2x). r(w) I 'MU nl n^x \0(p)/ n=0(po) OÙ /(P 2 )//(P) ..•KRW i (u)=w(i+wr n(i-j)"nk+ gl p2 V P et / w =\ P/ P \ \/(PoW(P> M — Po P „ / + W \/(Po 2 )//(P) ^ Po +• D'où posant u = 0(p), on a I *<«) = ^ ' J ^ x lo^")'1 x+ °< x log9<P)"2 *> rt<x 1 \V\P)) n=0(p o ) et alors on obtient le résultat demandé. THÉORÈME 13 l d{n)^J±z±id{n) «=£x n^O(pn) Po n<x I d(n)4M 2 IJW, n=2x n^O(po) \ Po P o / n<x où po esf un nombre premier fixe. Preuve. Immédiat d'après le Théorème 12. 6. Autres applications (i) Posons / = JÛL dans l'équation de la remarque (ii), alors pour cr> 1 (4) î n=i ^^nii-^Yï^, n k p\k\ P I n=i n^0(k) https://doi.org/10.4153/CMB-1977-013-8 Published online by Cambridge University Press n 86 J.-M. DE KONINCK ET A. MERCIER [March et ^ fji-fnfi-^riîf. (5) n=i n I k p\k \ p 1 J n= i n n^O(k) Prenons cr> 1, dérivant les équations (4) et (5) par rapport à s, laissant 5 —» 1 + , et utilisant le fait (voir [3]) que y n(n)logn = n k Jiil nous trouvons que »=i p/' n^O(k) et y IV1 /x(w)lQgn = jLt(fc)Tnr/ n=i n fc p|k\ p / n^O(k) pour tout entierfcG N. (ii) Dans [3], on trouve les relations suivantes: et n=l W \ ou n =l W si n = pa, flogp A(n) = « 10 / a G IN autrement D'où 1 + y l-A(n) y l-A(w) r > = hm > — = hm I n s-i+n=i n s-*i+l n% = y fi(n)logn ns —— " jit(n) n% _ y ^(n)log2n^2 n=i n Encore une fois, prenons a> 1, dérivant l'équation (4) deux fois par rapport à s et laissant s —» 1 + , on trouve n » ==l1 «« fc & p|fc\ / V p|k\ P VI V n^O(k) -0(k) p o u r t o u t e n t i e rfeG IN. https://doi.org/10.4153/CMB-1977-013-8 Published online by Cambridge University Press p | pTkP-1/ kP- 1977] REMARQUE SUR UN ARTICLE DE T. M. APOSTOL 87 (iii) On sait que (6, ï ^ - f ? . »>»• £(s) n=i n A étant la fonction de Liouville. En 1737, Euler communiqua, dans un article intitulé "Variae observationes circa series infinitas", le fait que 1 ^ n=i [4]. = 0, n Utilisant la remarque (i), on a, »=i n nf i n^O(k) n n#0(k) pour tout entier fc e IN. Dérivant l'équation (6) pour cr> 1 et laissant s -* 1 + , on obtient y A(n)logn_ TT2 n=i n 6 Par la remarque (i), pour cr> 1 on a y n=l n^O(k) A(n)_A(fc) y A(n) " ^ n=l 1 Dérivant cette dernière équation pour a> 1 et laissant s -> 1 + , y A (n)log n _ w n =i TT2 A (fc) 6 fc n=0(k) pout tout entier fc e N, et de même y A(n)logM = n=l « TT 2 / 6 \ A(fc)\ fc / n^O(k) pour tout entier fc 6 (N. REFERENCES 1. T. M. Apostol, Identities of the type Y,f(n)n(n)n~s, Proceedings of the A.M.S., Vol. 40 (1973), 341-345. 2. T. M. Apostol, Note on series of the type Y,f(n)n(n)n~s, Nordisk Matematisk Tidskrift, 23 (1975), 49-50. 3. R. Ayoub, An introduction to the analytic theory of numbers, Amer. Math. Soc, Mathematical Surveys, no. 10, 1963, (reprinted 1974). 4. R. Ayoub, Euler and the zêta formula, Amer. Math. Monthly, Vol. 81 (1974), 1067-1086. https://doi.org/10.4153/CMB-1977-013-8 Published online by Cambridge University Press 88 J.-M. DE KONINCK ET A. MERCIER 5. J. M. De Koninck, On a class of arithmetical functions, Duke Math. J. Vol. 39 (1972), 807-818. 6. Atle Selberg, Note on a paper by L. G. Sathe, J. Indian Math. Soc, Vol. 18 (1954), 83-87. DÉPT. DE MATH. UNIVERSITÉ Du QUÉBEC CHICOUTIMI, QUEBEC https://doi.org/10.4153/CMB-1977-013-8 Published online by Cambridge University Press.
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Remarques au sujet de la géométrie différentielle projective
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Čech, Eduard: Scholarly works Eduard Čech Remarques au sujet de la géométrie différentielle projective Acta Math. Hungar. 5 (1954), 137-144 Persistent URL: http://dml.cz/dmlcz/501078 Terms of use: © Hungarian Academy of Sciences, 1954 Institute of Mathematics of the Academy of Sciences of the Czech Republic provides access to digitized documents strictly for personal use. Each copy of any part of this document must contain these Terms of use. This paper has been digitized, optimized for electronic delivery and stamped with digital signature within the project DML-CZ: The Czech Digital Mathematics Library http://project.dml.cz REMARQUES AU SUJET DE LA GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE PROJECTIVE Par E. CECH (Prague) Les idées révolutionnaires de BOLYAÏ et LOBATCHEVSKY ont ouvert la voie au développement vraiment gigantique de la géométrie et il n'est pas douteux que ce développement va se continuer avec la même vitesse pour encore long temps. C'était en géométrie différentielle où pour la première fois, par le mérite du génie de RIEMANN, les espaces non-euclidiens de BOLYAÏ et LOBATCHEVSKY se sont montré être seulement des premiers exempies d'une famille de plus en plus croissante d'espaces, dont l'étude occupe dans les dernières décades une place étendue dans les mathématiques modernes, grâce surtout au fait que la théorie de la relativité a attiré l'attention des physiciens aux méthodes et aux résultats de la géométrie différentielle* Cependant, il me semble quelque fois que la géométrie'différentielle moderne, si bien puissante que soit son étendue, commence à négliger l'intuition géométrique; quoiqu'il en soit, il est sûr qu'en géométrie différentielle, la littérature contient une disproportion trop élevée de Mémoires ne contenant que des généralisations aisées et des calculs formels et moi je me demande parfois si c'est encore de là géométrie que Ton y présente aux lecteurs. Aussi, il y a dans la géométrie différentielle moderne des thèmes de recherches étendues où la tâche d'exposer d'une manière à la fois courte et précise le contenu essentiel de l'investigation aux savants travaillant dans d'autres domaines de mathématiques,. serait peut-être bien plus difficile que l'exposition détaillée destinée pour les spécialistes. Or ceci, à mon avis, est regrettable. C'étaient des considérations de tel genre qui m'ont conduit à oser de passer en revue devant cette audience éminente quelques résultats en géométrie différentielle projective qui, peut-être, n'ont pas une grande importance intrinsèque, mais où, d'autre part, l'énoncé des définitions et des résultats est bien moins compliqué que les démonstrations. Naturellement, ceci n'est pas l'occasion pour une revue complète, de façon que je vais me limiter à une question particulière. C'était en 1916 l 1 G. FUBINÏ, Applicabilité proiettîva di due superficie, Rend. Cire. Mat di Palermo 41(1916), p. 135-162. 138 E. ÊECH que mon ami regretté FUBINI a introduit la notion de déformation projective et c'était en 1920 2 qu'É, CARTAN a résolu, par moyen de la théorie des systèmes de PFAFF en involution, presque tout qu'à ce temps là semblait constituer le corps de problèmes s'y rattachant. Quelques années plus tard,, j'ai réussi 3'4 à donner, usant des méthodes spéciales, des compléments qu'il serait peut-être difficile d'obtenir au moyen des méthodes d'É. CARTAN, quelque puissants que soient ces méthodes, en général. Pendant les 20 dernières années, au contraire, il semble que la théorie de la déformation projective n'a plus à signaler rien que soit essentiellement nouveau. Or, j'ai créé récemment 5 une théorie générale des propriétés projectives de transformations, ce qui m'a conduit à trouver de nouvelles propriétés géométriques de la déformation projective, que, je vais indiquer plus tard. En quittant ces généralités, je commence par la définition du contact analytique due à FUBINI. Il est classique de dire que deux variétés V et V ont au point commun A un contact d'ordre S, s'il est possible d'établir entre V et V" une correspondance à point fixe A telle que la distance de deux points correspondants prochains à A soit infinitésimale d'ordre s + 1 . C'est que FUBINI appelle contact géométrique d'ordre s, tandis que la notion de contact analytique s'applique seulement à une correspondance donnée entre V et V et signifie naturellement que la propriété énoncée plus haut a lieu relativement à cette correspondance elle-même. Ceci étant, supposons qu'une correspondance C entre deux variétés V et V" soit donnée; choisissons un point A de V et désignons par B l'image de A dans V\ Soit alors H une correspondance auxiliaire, dépendant de la position de A, entre la variété V et une variété auxiliaire V*, et portant elle aussi le point A dans le point B. Cela donne lieu à une correspondance entre les deux variétés V! et V*, possédant un point fixe en B. Si maintenant V etV* ont en B un contact analytique d'ordre s, alors nous disons que la correspondance auxiliaire H réalise, au point A, un contact analytique d'ordre s entre V et V\ Le cas qui nous intéresse ici est celui où H est une homographie; alors, si l'ordre de contact 5 = 1 , nous disons que H est une 2 É. CARTAM, Sur la déformation projective des surfaces, Ann. Éc. Norm. Sup., (3) 37(1920), p. 259—356. 3 E. ÔECH, Sur les surfaces qui admettent oci déformations projectives en elles mêmes, PubL Fat. Se. de VUniv. Masaryk, n° 40, (1924), 47 pages. * E. ÔECH, Réseaux P à invariants égaux, Publ. Fac. Se. de VUniv. Masaryk, no 143 (1931), 29 pages. ,ô E. CECH» npûeKTMBHaH AH<t>()3epeHMHajibHaa reoMeTpra cooTBeTCTBnîi AieacAy AByMH npocTpaHCTBajvuf, Hexoc;ioBaiiKHH MaTeMaTHnecKnii >Kypnaji; L 2 (77) (1952), p92—107; IL 2 (77) (1952), p. 109-123; III. 2 (77) (1952), p. 125—148; IV, 2 (77) (1952), p. 149—166; V, 2 (77) (1952), p. 167-188, Les Mémoires VI et VII de cette série sont en train d'être publiés au même Journal; le Mémoire VIII est en préparation. Les Mémoires 1, II, III ont paru aussi en français au même Journal: I. 74(1949), p. 32—48; IL 75(1950), p. 123—136; 111. 75(1950),;p. 137-157. SUR LA GÉOMÉTRIE DIFFERENTIELLE PROJECTIVE 139 homographie tangente au point A à la correspondance entre ^et V'\ sis — 2, nous disons que H est une homographie osculatrice au point A à la correspondance entre V et V. Il est bien évident que l'homographie tangente existe toujours, quelque soit la correspondance initiale C entre V et V"; naturellement, je suppose que C soit suffisamment régulière et je suppose même que C soit exprimable par des fonctions holomorphes. D'ailleurs, l'homographie tangente n'est pas déterminée univoquement, FUBINI considère le cas d'une correspondance C entre deux surfaces V et V de l'espace ordinaire et il appelle C une déformation projective si, pour chaque position du point A sur la surface V, il existe une homographie osculatrice H, qui de nouveau n'est pas déterminée univoquement. FUBINI exclut le cas de surfaces développables et il prouve que condition nécessaire et suffisante pour la déformation projective est l'invariance d'une forme différentielle fractionnaire (^duz + Y^vZ):^dudv, où u et v sont. des paramètres asymptotiques de la surface K II en résulte que la notion de courbe asymptotique est invariante pour les déformations projectives, ce qui découle d'ailleurs immédiatement de la définition géométrique de la déformation projective. Quant au numérateur /?ûftf3 + 7</tl8, il s'évanouit identiquement pour les quadriques et il se réduit a fîdu% dans le cas ou V est une surface réglée dont a-=const sont les génératrices. Si enfin V est une surface non réglée, alors /îrfz/3 + /rft;3 = 0 définit une terne de tangentes h V au point A qu'on appelle tangentes de DARBOUX. L'invariance des tangentes de DARBOUX par rapport aux déformations projectives découle géométriquement p. ex. de: l'invariance des courbes asymptotiques et de la construction suivante des tangentes de DARBOUX donnée dans un de mes premiers travaux scientifiques: ° dans le plan tangent à la surface V au point A, il existe deux paraboles, chacune desquelles a en A un contact du 2e ordre avec une courbe asymptotique et dont l'axe est parallèle à l'autre tangente asymptotique en A; les deux paraboles se coupent, outre en A, dans trois points Al9A2,Az et les droites AAUAA^,AAH sont les tangentes de DARBOUX. FUBINI ne résout pas les questions d'existence, ce qui, comme j'ai déjà dit, a été fait par É. CARTAN. Les théorèmes de CARTAN sont les suivants: (1) Les plans sont projectivement indéformables; plus précisément, une déformation projective d'un plan se réduit à une simple homographie. (2) Chaque surface développable (qui n'est pas un plan) est projectivement déformable et la déformation dépend de 3 fonctions arbitraires d'un argument. (3) Chaque surface réglée non développable est projectivement déformable et la déformation dépend d'une fonction arbitraire d'un argument. 6 E. CECH, Llntorno d'un punto d'unâ superficie considerato dal punto di vista pro~ iettivo, Annali di Matent., (3) 31 (1922), p. 191—206. 140 > E * èECH (4) Quant aux surfaces non réglées projectivement déformables, elles sont exceptionnelles et dépendent de 6 fonctions arbitraires d'un argument Si la surface non réglée V est projectivement déformable, alors la déformation •dépend seulement de constantes arbitraires dont le nombre h ne peut être égal qu'à 1, 2 ou 3. Le cas A-=l est le cas général; le cas h = 3 a lieu pour les surfaces dont les asymptotiques appartiennent à des complexes linéaires et qui dépendent de 2 fonctions arbitraires, mais le cas /l = 3 a lieu pour d'autres classes de surfaces dont les propriétés géométriques sont moins claires et qui dépendent seulement de quelques constantes arbitraires. Quant au cas h = 2, CARTAN a prouvé seulement que des surfaces de tel genre, s'il en existe, ne peuvent dépendre que des constantes arbitraires* La question d'existence ainsi posée est déclarée non résolue au nécrologue d'É, 1 CARTAN paru récemment au BulL Amer. Math. Soc, quoique j'ai donné 3 des exemples effectifs de telles surfaces déjà en 1924 et d'autres exemples sept années plus tard/4 Cependant, à ce qu'il me semble, la détermination de toutes les surfaces avec A —2 n'a pas été faite jusqu'à présent. En laissant de côté le cas de surfaces développables, à chaque déformation projective d'une surface on peut attacher un réseau conjugué appelé par CARTAN réseau conjugué de déformation projective; en suivant M. FINIKOF je l'appellerai plus brièvement réseau base (de déformation), ces tangentes tangentes de base et les congruences engendrées par ces tangentes, congruences base. Au Mémoire de 1920, CARTAN ne donne qu'une description géométrique compliquée des tangentes base. Quelques années plus tard, CARTAN et moi ont trouvé, * indépendamment l'un d'autre, une autre description bien plus simple, à savoir que l'homographie osculatrice H dans un point A de la surface V réalise un contact géométrique du 3 e ordre pour une courbe tracée sur V et passant par A si, et seulement si, sa tangente «en A est une tangente de base. A ce qu'il me semble, c'est à FUBÏNI qu'on doit la remarque que les réseaux base sont identiques aux réseaux nommés J? et introduit indépendamment par DEMOULIN10 et TZITZÉICA11 par une voie toiit-à-fait différente. Il existe* une théorie étendue de transformations dites •asymptotiques de réseaux et congruences R que je me contente à mentionner.12 7 S. S. CHERN et C. CHEVALLEY, Élîe Cartan and his mathematical work, BulL Amer. Math. Soc, 58 (1952), p. 217—250. 8 C.II. O H H H K O B , TeopHH KOHrpyaHttftif (1950), p. 434. 9 V, G, FUBÏNI et E. CECH, Introduction à la géométrie pro]ective différentielle des surfaces, (1931), p. 89. \ 10 A. DEMOULIN, Sur les surfaces R et les surfaces/.?, Comptes Rendus Acad., Paris, 153 (1911), p. 590—593. 11 G. TZITZÉICA, Sur certains réseaux conjugués, Comptes Rendus Acad., Paris, 152 <19U), p. 1077--1079* • • j lâ V. G. FUBÏNI et E. CECH, Geometriq proiettiva differenziale, vol. I (1926), châp. V» t SUR LA GÉOMÉTRIE DIFFERENTIELLE PROJECTIVE J4f D'autre part, pour raisons de brièveté je n'était!pas parfaitement précis dans ce qui précède: en réalité, il se peut que le réseau base se réduise à une famille de courbes asymptotiques comptée deux fois; maïs, dans cet exposé sommaire, je vais continuer à n'être pas subtilement précis. Je finirai ces courtes notices historiques en remarquant que déjà en 1920 CARTAN13a exposé, d'une manière extrêmemant sommaire, les résultats qu'il a acquis dans une théorie de la déformation projective des congruence de droites dont la définition géométrique est presque le même comme la définition donnée plus haut de la déformation projective des surfaces. Il se trouve qu'une congruence de droites est en général projectivement indéformable, les congruences projectivement déformables dépendant d'une fonction arbitraire de deux arguments. Parmi les déformations projective^ il y a une classe distinguée, la classe des déformations projectives singulières, définie par la propriété de l'homographie osculatrice de porter les foyers de la première congruence, dans ceux de la seconde. Or les déformations projectives singulières des congruences de droites sont attachées aux déformations projectives de surfaces, les congruences dont il s'agit étant celles que j'ai appelé plus haut congruences base de déformation projective des surfaces- Cependant la connexion découverte par CARTAN entre le problème de déformation projective des surfaces et celui de déformation projective singulière de congruences de droites n'apparaît chez lui que par voie de calcul et se sont seulement mes derniers travaux qui ont révélé la vraie mature géométrique de cette connexion remarquable, comme je vais l'expliquer plus loin* La communication citée de CARTAN est intitulée Sur le problème général de déformation. Le programme qui est esquis dans cette communication n'a pas d'ailleurs été poussé beaucoup plus loin dans les 30 années découlées jusqu'ici du moment de sa publication. Dans mes travaux récents et dans ceux qui vont suivre, mon point de départ est différent de celui de CARTAN et de tous les travailleurs antérieurs. Au lieu de définir à priori certaines classes de transformations et d'étudier ensuite les problèmes d'existence relatives, je me propose de créer une théorie différentielle générale non plus de variétés, mais de transformations; elles mêmes. La méthode extrêmement puissante des systèmes différentiels en involution, crée en 1901 par É. CARTAN14 et généralisée ensuite par KÀHLER,15 permet de résoudre très vite une foule de questions d'existence, ce qui permet de prévoir quelles sont les classes de transformations qui méritent une étude plus détaillée. 13 É. CARTAN, Sur le problème général de la déformation, C /?. da Congres ïnt des Math, de Strasbourg en 1920, p. 397—400. , . *4 É. CARTAN, Sur l'intégration des systèmes d'équations aux différentielles totales, Ann. Ec. Norm. Sup (3), 18 (1901), p. 241—311. M E,, KXHLER, Einfûhrang in die Théorie der Système von Differentialgleichangen <i934). : /'" • : ' ' *••• • ,. ; ; :{ •• ; \; . . / ..• ;. : 142 E. CECH Les résultats de mes recherches font objet d'une série de Mémoires au Journal Tchécoslovaque de Mathématiques/' Jusqu'ici, 5 Mémoires de la série ont déjà paru, deux sont sous presse et je suis en train de finir le manuscrit du huitième* Jusqu'à présent je n'expose que la théorie différentielle projective des transformations d'espaces linéaires. . * Parmi les correspondances autre deux espaces linéaires Sw et S*, une classe particulièrement simple est donnée par les correspondances qui se laissent décomposer en ©o1 de transformations homographiques d'hyperplans Dans un Mémoire non publié, mais écrit il y a déjà quelques années, j'ai fait la classification de telles correspondances pour 1i = 3. Par contre, j'ai publié seulement la détermination de correspondances développables. Voici ce qui ceci veut dire. Considérons une famille o*1 de correspondances homographiques H(t) entre Sn et .Si» dépendant d'un paramètre t. Dans l'espace doublement projectif S« X Sî, chaque homographie H(t) a comme image une variété à n dimensions dépendant du paramètre t S'il arrive que ces o©1 variétés possèdent une enveloppe, alors cette enveloppe est l'image d'une correspondance entre Sn et Si, et ce sont précisément des correspondances de cette nature que j'appelle développables. L'expression analytique de correspondances développables est extrêmement simple. En négligeant des cas limites, on prend une correspondance arbitraire entre une courbe A (t) appartenant à Sn et une courbe B(t) appartenant à Si et on attache au point le point Y^B(t) + T1B'(t)+-^rnlB{n'1)(t). II y a des correspondances entre Sn et Sn de nature simple dont l'étude est très utile comme un moyen d'étudier des correspondances plus compliquées. Je vais mentionner ici ce qu'on peut appeler des projections doubles. Immergons l'espace S« = Si dans un S„+i et considérons dans Sn+i une variété V h n dimensions ainsi que deux points fixes P et Q en dehors de Sw. La projection double correspondante attache au point X de Sn le point Y de 'Si si les,, deux droites PX ef QY ont un point commun situé sur V. En particulier, soit pour /*=-2 V une quadrique doublement réglée et pour n^3 un cône projetant une telle quadrique, le centre de projection ayant n—3 dimensions. La projection double correspondante est une transformation se laissant décomposer en deux manières différentes l'une de l'autre en oo1 de transformations homographiques d'hyperplans et il n'existe pas d'autres transformations qui permettent deux décompositions pareilles. Le cas *de trois décompositions de tel genre est possible seulement pour fl==2 et c'est seulement la transformation quadratique birationnette du plan qui jou de cette propriété. Je n'insisterai pas sur la foule d'autres correspondances remarquables lq\xe j'ai trouvé pendant mes recherches et je passe à expliquer les résultats SUR LA GÉOMÉTRIE DIFFERENTIELLE PROJECTIVE 143 relatifs à la déformation projective mentionnés plus haut Soit une déformation projective portant une surface non déveioppable V dans une surface-'V, forcément aussi non déveioppable. A chaque point A de V il existe o©1 homographies osculatrices H, mais la partie de H relative au plan tangent à V en A est la même pour chaque choix de //.Or faisons passer par chaque point A de V une tangente déterminée T à la surface K Nous obtenous une transformation C de l'espace ambiant Sz en faisant correspondre, à chaque point de T, le point qui lui correspond dans l'homographie. H relative au point de contact A. On peut se demander s'il est possible d'arranger cette construction de manière que H soit l'homographie tangente à C tout le long de chaque droite T. Il se trouve que ceci a lieu si et seulement si T est une tangente base. C'est de cette manière que j'attache géométriquemet à une déformation projective de la surface V la déformation projective singulière C de la congruence L engendrée par les droites T. Mais il y a plus. La transformation C de la congruence L possède une propriété géométrique caractéristique, qui est extrêmement simple et intuitive. En effet C est une transformation asymptotique de la congruence L. Voici ce qui cela veut dire: Une surface réglée S tout à fait arbitraire contenue dans L est portée par C dans une surface réglée S' de telle façon qu'à chaque courbe asymptotique de S correspond une cdurbe asymptotique dé.S*. Outre ceci, nous avons une autre circonstance très remarquable. Si on choisit la surface réglée 5 de telle façon qu'elle touche la surface originale V le long d'une courbe asymptotique de V, alors il se montre que, dans ce cas-particulier, la correspondance entre les deux surfaces réglées S et S' est une déformation projective. En partant de ceci, on prouve qu'une déformation projective d'une surface non réglée V peut être considérée comme une enveloppe d'une famille ©o1 de déformations projectives de surfaces réglées, A ce qu'il me semble, ce fait mérite d'être approfondi* Après 36 années depuis la création de la notion de .déformation projective, cette notion acquiert ainsi finalement une vie nouvelle, cette fois vraiment géométrique et intuitive. Quel dommage que je ne puis plus communiquer ces résultats au feu ami FUBINÏ qui avait guidé mes premiers pas dans la vie scientifique! 144 Е. &СН? 5Ш ЬА 0Ё0МЁ*Ш1Е 01гТЕКЕет1ЕЬЬЕ РК01ЕСТ1УЕ ЗАМЕЧАНИИ К ПРОЕКТИВНОЙ ДИФФЕРЕНЦИАЛЬНОЙ ГЕОМЕТРИИ Э. ЧЕХ (Прага) (Резюме) Автор дает обзор исследований, связанных с проективными деформациями,, введенными Фубини, Говоря о роли этого понятия в исследованиях по проективной геометрии, он дает сводку относящихся сюда своих результатов и результатов Э. К а р т а на.
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Facteurs de transcription à l'homéodomaine : du modèle murin à l'hypopituitarisme humain
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Centre de recherche en Neurobiologie-Neurophysiologie de Marseille Faculté de Médecine Nord Université de la Méditerranée Aix Marseille II Ecole Doctorale des Sciences de la Vie et de la Santé Thèse présentée pour obtenir le grade de Docteur de l ’Université de la Méditerranée II Disciplin e Neurosciences Par Fré d éric CASTINETTI Soutenue publiquement Le 11 Octobre 2010 FACTEURS DE TRANSCRIPTION A HOMEODOMAINE : DU MODELE MURIN A L’HYPOPITUITARISME HUMAIN MEMBRES DU JURY ! Pr Alain En jalbert Président du jury Pr Thi erry Brue Directeur de Th èse Pr Serge Amselem Rapporteur externe Pr Philippe Chanson Rapporteur externe Pr Sally Camper Examinateur "! REMERCIEMENTS Pour leurs rôles majeurs dans la genèse de cette thèse, Thierry Brue pour sa présence et son soutien constants depuis le début de mon Internat ; Sally Camper et les membres du Camper’s lab, plus particulièrement Michelle, Shannon et Amanda, pour leur accueil, leur aide et leur soutien Pour avoir accepté d’être président et rapporteurs de ce jury Alain Enjalbert, Philippe Chanson et Serge Amselem Pour leur accueil chaleureux et leur aide précieuse lors de mon Master 2 Rachel, Marie-Hélène (en particulier lors des manips de radioactivité...), Jean-Paul, Anne, Alex, Nicolas, Jean-Louis, Anne-Marie et Denis, et plus globalement tous les membres du laboratoire de la Faculté Nord Pour tout... et pour le reste... Ma femme et mes parents Pour leur support lors de mon séjour à Ann Arbor, Les laboratoires Novo-Nordisk GH, Novartis et IPSEN, l’ADEREM et la Société Française d’Endocrinologie Pour leur bonne humeur (et pour ne pas m’avoir oublié pendant mon séjour Américain) Tous les membres du service d’endocrinologie de l’Hôpital de la Timone ! #! PLAN INTRODUCTION ETAT DES CONNAISSANCES 1. Le développement hypophysaire chez la souris a. De la placode hypophysaire à la poche de Rathke b. De la poche de Rathke à l’hypophyse différenciée c. La voie Wnt/ß-caténine d. Les facteurs de transcription hypophysaire 2. Les facteurs de transcription à homéodomaine de type paired a. Au cours du développement hypophysaire murin i. HESX1 ii. PROP1 iii. PITX1 iv. PITX2 v. OTX2 b. En pathologie humaine i. HESX1 ii. PROP1 iii. PITX2 iv. OTX2 3. POU1F1 (Pit1), facteur de transcription à homéodomaine POU a. Au cours du développement hypophysaire b. En pathologie humaine 4. Les facteurs de transcription à homéodomaine de type LIM a. Au cours du développement hypophysaire murin i. LHX3 ii. LHX4 iii. ISL1 b. En pathologie humaine i. LHX3 ii. LHX4 OBJECTIFS RESULTATS 1. ! $! Kaffel, F. Albarel, AM. Guedj, M. El Kholy, M. Amin, A. Enjalbert, A. Barlier, T. Brue Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism 2008 Jul;93(7):2790-9 *co-premiers auteurs 3. IMPLICATIONS POTENTIELLES DU FACTEURS DE TRANSCRIPTION PITX2 DANS LE DEVELOPPEMENT DE L’AXE THYREOTROPE F . Castinetti* , M .L. Brinkmeier*, D.F. Gordon , K . R. Vella, J.M. Kerr, A. N. Hollenberg, T. Brue, E.C. Ridgway , S . A. Camper Soumis à Molecular Endocrinology 4. EXPRESSION ET ROLES DU FACTEUR DE TRANSCRIPTION ISL-1 AU COURS DU DEVELOPPEMENT HYPOPHYSAIRE 1 F. Castinetti*, M.L. Brinkmeier*, D.F. Gordon, K. R. Vella, J.M. Kerr, A. N. Hollenberg, T. Brue, E.C. Ridgway, S.A. Camper En préparation PERSPECTIVES 1. Comment expliquer les ressemblances et différences entre les modèles humain et murin ? 2. Comment identifier de nouveaux facteurs de transcription impliqués dans le développement hypophysaire ? 3. Comment améliorer le traitement des déficits hypo physaires: les cellules souches hypophysaires ? CONCLUSION REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ! % ! ANNEXES: Articles de revue publiés sur le sujet DEFICIT HYPOPHYSAIRE COMBINE MULTIPLE: ASPECTS CLINIQUES ET GENETIQUES F. Castinetti, R. Reynaud, A. Saveanu, M.-H. Quentien, F. Albarel, A. Barlier, A. Enjalbert, T. Brue, Annales d’Endocrinologie, 69 (2008) 7–17 CONGENITAL PITUITARY HORMONE DEFICIENCIES: ROLES OF LHX3/LHX4 GENES F. Castinetti, R. Reynaud*, A. Saveanu, M.-H. Quentien, F. Albarel, A. Enjalbert, A. Barlier, T. Brue Expert Reviews in Endocrinology and Metabolism, 2009 * Co-premiers auteurs MOLECULAR MECHANISMS OF PITUITARY ORGANOGENESIS: IN SEARCH OF NOVEL REGULATORY GENES S.W. Davis, F. Castinetti, L.R. Carvalho , B.S. Ellsworth, M.A. Potok, R.H. Lyons, M.L. Brin meier, L.T. Raetzman, P. Carninci, A.H. Mortensen, Y. Hayashizaki, I.J.P. Arnhold, B.B. Mendonca, T. Brue, S.A. Camper Molecular and Cellular Endocrinology, PIT UITARY STEM CELLS UPDATE AND IMPLICATIONS FOR TREATING HYPOPITUITARISM F. Castinetti, S.W. Davis, T. Brue, S.A. Camper Endocrine reviews, soumis RESUME L’hypopituitarisme se définit par le déficit d’une ou plusieurs hormones hypophysaires. L’hypopituitarisme congénital est lié à des mutations de facteurs de transcription impliqués dans le développement hypophysaire. Identifier les mécanismes et étiologies d’hypopituitarisme congénital doit permettre d’améliorer les traitements des patients. Dans cette optique, ce travail a porté sur 3 aspects : Clarifier les mécanismes permettant la différenciation des lignées hypophysaires. Au cours du développement hypophysaire chez la souris, il existe un phénomène complexe d’interaction entre 2 facteurs de transcription à homéodomaine paired (Prop1 et Hesx1), la voie Wnt-ßcaténine et les co-répresseurs de la famille Groucho/TLE. Ces interactions sont nécessaires à l’expression d’un autre facteur de transcription hypophysaire, Pit-1 (Pou1f1), impliqué dans la différentiation des lignées hypophysaires somato-lactotropes et thyréotropes. Nous avons démontré in vitro, que les co-répresseurs de la famille TLE jouaient un rôle inhibiteur direct sur l’activation de l’early enhancer de POU1F1 à e12e13, indépendamment de l’action de HESX1. Nos modèles de souris transgéniques avec expression permanente de HESX1 et TLE3 permettent de mettre en évidence le rôle inhibiteur majeur de HESX1, et le rôle accessoire de TLE3. Les mutations de PROP1 étant à l’origine d’une expression persistante de HESX1 et TLE3, il est probable qu’ils jouent un rôle dans le déficit en sous-unité alpha observé chez les patients déficitaires en PROP1. Identifier et analyser la signification fonctionnelle de nouveaux variants alléliques du gène d’un facteur de transcription à homéodomaine LIM, LHX4. La mutation T99fs de LHX4 est à l’origine d’un phénotype hypophysaire très variable au sein d’une même famille, en termes de déficits et de morphologie hypophysaires, et d’anomalies extrahypophysaires associées. Les études fonctionnelles ont montré que cette mutation était responsable d’un phénomène d’haplo-insuffisance. Cette nouvelle mutation permet d’enrichir le spectre phénotypique des patients chez lesquels doit être effectué un séquençage du gène LHX4 à la recherche d’étiologie de déficit hypophysaire combiné multiple. Identifier des mécanismes nécessaires au développement de l’axe thyréotrope. Des souris exprimant une nouvelle recombinase Cre sous contrôle du promoteur de la Tshß ont été croisées avec des souris transgéniques pour lesquelles les gènes de Pitx2 ou d’Isl1 (2 facteurs de transcription impliqués dans le développement hypophysaire) étaient encadrés de séquences flox. Les modèles permettaient ainsi l’inactivation de Pitx2 et Isl1 au sein des cellules thyréotropes au cours de l’embryogenèse. L’étude phénotypique retrouve un déficit de croissance compatible avec un déficit thyréotrope partiel en cas d’inactivation de Pitx2 : ce phénotype est probablement lié à un mécanisme compensateur assuré par PITX1, un facteur de transcription à homéodomaine bicoïde possédant le même homéodomaine et domaine C terminal que PITX2. A l’inverse, l’inactivation de Isl& se traduit par un déficit thyréotrope complet. Le fait que les transcrits de l’ensemble des facteurs de transcription nécessaires au développement de l’axe thyréotrope soient diminués dans ce modèle souligne le rôle majeur de ISL1 dans la fonction et la maintenance de l’axe thyréotrope. Nos résultats permettent de mieux appréhender certains des nombreux mécanismes et facteurs impliqués dans le développement hypophysaire chez la souris, et dans la pathologie hypophysaire chez l’homme. ! '! INTRODUCTION ! (! L’hypophyse est le chef d’orchestre des fonctions endocriniennes chez l’Homme. Si sa taille ne laisse pas envisager un tel rôle, sa complexité (en termes de développement, organisation, fonctionnement) suggère fortement son importance, mais aussi les difficultés inhérentes à son étude. Les modèles murins nous ont fourni des indications précieuses sur cet organe : étapes nécessaires à son développement, interactions aux niveaux protéique et moléculaire, anomalies à l’origine de pathologies parfois sévères... Malgré cela, de nombreuses publications apportent fréquemment des nouvelles informations, complétant ou modifiant les théories précédentes. Ce dernier point prouve à quel point les études sur l’hypophyse doivent être poursuivies, car il est vraisemblable que nous ne connaissons qu’une infime partie de ce que ce précieux organe nous cache. L’interface entre recherche fondamentale et médecine clinique est un pan important de l’étude de l’hypophyse. Les mutations de facteurs de transcription hypophysaires sont à l’origine de déficits hypophysaires, ou hypopituitarisme congénital, générateurs de morbidité voire de mortalité. Mais les anomalies hypophysaires peuvent aussi être à l’origine d’une hyperactivité (proliférante et/ou sécrétante) avec des phénomènes tumoraux, les adénomes hypophysaires. Chacune de ces 2 branches nécessite une thérapeutique adaptée, performante et bien tolérée. Je me suis plus particulièrement intéressé aux déficits hypophysaires, et j’ai pu travailler sur le modèle (murin) et l’original (humain) : cette dichotomie a été possible en travaillant en partie dans le laboratoire de Neuroendocrinologie de la faculté de médecine Nord dans le cadre du Centre de références DEFHY et grâce au réseau collaboratif GENHYPOPIT (hypopituitarisme humain) et dans le laboratoire du Dr Sally Camper, à Ann Arbor, Michigan (modèle murin). Chacun de ces laboratoires avait une riche expérience dans le développement hypophysaire, et m’a permis de mieux appréhender le fonctionnement de cet organe. Ce mémoire sera axé autour de ce qui me semble être un aperçu des différentes possibilités d’études de l’hypophyse le niveau protéique et moléculaire (interactions entre facteurs de transcription) le modèle murin (étude phénotypique après inactivation de facteurs de transcription) l’hypopituitarisme humain (étude phénotypique et fonctionnelle à partir d’une mutation d’un facteur de transcription) Lors de la présentation de l’état des connaissances, je vais particulièrement développer les données concernant 2 familles de facteurs de transcription hypophysaires, et leurs rôles au cours du développement hypophysaire (principalement murin) et en pathologie humaine. Les résultats seront alors présentés par les publications obtenues, suivies d’une brève discussion pour chaque publication. Une discussion plus globale sous forme de perspectives de recherche sera enfin développée. ! )! ETAT DES CONNAISSANCES ! *! 1. LE DEVELOPPEMENT HYPOPHYSAIRE MURIN Le développement hypophysaire chez l’homme est proche du développement hypophysaire murin. Il est donc admis que les modèles murins représentent un bon modèle pour étudier le développement hypophysaire et comprendre la pathologie des hypopituitarismes congénitaux chez l’Homme (25; 95). Le développement de la poche de Rathke chez la souris est complexe, basé sur une régulation fine de facteurs de transcription et voies de signalisation, aboutissant à la formation d’une hypophyse différenciée. a. De la placode hypophysaire à la poche de Rathke L’ontogenèse hypophysaire débute très tôt au cours de la neurogenèse cérébrale. Au 7ème jour embryonnaire (e7,5) est visualisée la placode hypophysaire. Une placode est un feuillet ectodermique qui va s’individualiser au contact du neurectoderme au niveau du tube neural antérieur. Dès e7,5, la dualité hypophysaire est ainsi déjà présente : ectoderme oral qui donnera naissance aux lobes antérieur et intermédiaire, en contact avec le neurectoderme qui donnera naissance au lobe postérieur hypophysaire. La placode hypophysaire se développe en partie médiane du tube neural antérieur. Elle migre progressivement au-dessus de la cavité orale suite au processus de neurulation. Au 9e jour du développement embryonnaire (e9), sous le contrôle de molécules de signalisation morphogènes sécrétées par l’infundibulum diencéphalique, (Bone Morphogenetic Protein 4 (Bmp4) et Fibroblast Growth Factor 8 (Fgf8)), une invagination dorsale du toit du stomodeum se produit formant une poche de Rathke primitive. L’invagination se poursuit jusqu'à séparation de la poche de Rathke de l’ectoderme oral formant ainsi la poche de Rathke définitive (e10,5). En parallèle, l’infundibulum se développe à partir d’une région du diencéphale, pour donner progressivement naissance au lobe postérieur et à la tige pituitaire. Il existe ainsi des interactions permanentes entre ectoderme oral et neurectoderme, puis poche de Rathke et infundibulum : ces interactions sont indispensables au développement des 2 structures. La poche de Rathke définitive est observée à e11,5 (167). b. De la poche de Rathke à l’hypophyse différenciée Au sein de la poche de Rathke primordiale puis définitive, des progéniteurs principalement situés autour de la lumière (entre les lobes antérieur et intermédiaire) vont progressivement migrer dans l’hypophyse en développement et se différencier sous l’influence de plusieurs facteurs (Sox2, Sox9, nestine, Isl1) (55; 72; 64). Le rôle précis de ces facteurs et les premières étapes des mécanismes de différenciation restent à l’heure actuelle sujets de controverse. A e11,5 le premier marqueur de différenciation, la sousunité alpha, apparait dans les cellules de l’aileron rostral (qui va être à l’origine de cellules thyréotropes non fonctionnelles après la naissance chez la souris) (90). Les marqueurs des différentes lignées cellulaires hypophysaires sont détectés progressivement : Acth à e12,5, Tshß à e14,5, Pomc dans le lobe intermédiaire à e14,5, Gh et prolactine à e15,5 (104). Les derniers marqueurs à apparaître sont la Lhß à e16,5, et Fshß à e17,5. Là encore, les mécanismes précis de cette migration, et les facteurs déclenchants de différenciation sont imparfaitement compris. Au vu des données portant sur les réseaux fonctionnels de cellules à prolactine et Gh dans l’hypophyse, il est vraisemblable que des mécanismes de régulation précis entrent en jeu au cours du développement hypophysaire pour permettre à ces cellules de communiquer entre elles. Cette différenciation et cette régulation temporo-spatiale font appel à ! "+! - - différentes voies de signalisation morphogènes (Bmp4, Bmp2, Fgf8, 10 et 18, que nous ne détaillerons pas dans cet exposé, et la voie Wnt/ß-caténine), interagissant avec des facteurs de transcription différents facteurs de transcription, d’expression très précoce impliqués dans la morphogenèse de la poche de Rathke (Isl1, Lhx3 et Lhx4, Pitx1 et Pitx2, Hesx1), ou plus tardive, impliqués dans la différenciation hypophysaire (principalement Prop1 et Pou1f1). C’est le gradient d’expression temporo-spatiale de ces différents acteurs au sein de la poche de Rathke qui permettra son développement et sa morphologie finale. c. La voie Wnt/ß-caténine Les facteurs de croissance de la famille Wnt sont impliqués dans les phénomènes de prolifération, différenciation, polarisation et contrôle des mouvements cellulaires au cours de l’embryogenèse (86). Les membres de cette famille (au moins 18 chez les mammifères) vont se fixer sur un complexe formé d’un récepteur à 7 domaines transmembranaires, dénommé Frizzled, et des protéines de type LRP (LDL-related receptor). Trois voies de signalisation différentes peuvent être activées (85) : ! La voie Wnt/ß-caténine ou voie canonique aboutit à la stabilisation d’une protéine intracellulaire multifonctionnelle dénommée la ß-caténine. En absence de stimulation, la ß-caténine est phosphorylée, ce qui entraîne sa dégradation par le protéasome. Lors de la fixation du ligand Wnt au complexe Frizzled/LRP, la βcaténine stabilisée peut passer la barrière nucléaire et interagir avec d’autres protéines dont des facteurs de transcription (en particulier TCF/LEF) pour activer la transcription de gènes cibles (99). Un exemple sera détaillé dans la suite de cet exposé, portant sur l’interaction avec Prop1 et Hesx1. ! La voie de polarisation cellulaire induit une activation de 2 enzymes, RhoA et Cdc42, par le facteur Dsh. Ces 2 enzymes vont phosphoryler des protéines qui agissent sur le cytosquelette et activer la transcription de gènes cibles. ! La voie calcium dépendante active la voie des phospho-inositols. L’augmentation de la concentration de calcium intra cytoplasmique active 3 enzymes, la calcineurine et 2 kinases (Protein kinase C et Calmododulin Dependant Kinase II), induisant l’activation du facteur de transcription NF-AT. Dans la poche de Rathke, Wnt4 est exprimé à partir de e9,5. Les souris présentant une inactivation homozygote de Wnt4 (Wnt4-/-) présentent une hypoplasie hypophysaire et une diminution de l’expression de la sous-unité alpha, ou une diminution de l’expression de Pou1f1 au sein de cette hypophyse hypoplasique (les résultats des 2 études publiées sur ce point sont contradictoires) (207; 152). Tcf4, dont l’expression est stimulée par Wnt, est également exprimé dans la poche de Rathke : de façon surprenante, son inactivation induit une hyperplasie hypophysaire, soulignant que les mécanismes d’interaction sont complexes et impliquent vraisemblablement d’autres acteurs (19; 20). d. Les facteurs de transcription hypophysaires Les facteurs de transcription sont des modulateurs de la transcription qui vont agir avec la région promotrice de transcription après une fixation à distance sur l’ADN. Ces facteurs de transcription présentent une grande conservation entre les espèces et ont plusieurs caractéristiques : ! un site de liaison spécifique à l’ADN : l’homéodomaine. ! "" ! ,)#8% "03#*% + +-)"1023% ' ',4."% !"#$% !"#&% -5)0+(,+%!,60% ' '()4()-+7% )6#*<% '+,'*%%% -.)"% !": 93"% )3"% / /(990+05)(-)0/%. .0!!% ;-)-8% '()*% '+!% 3=>?@A%BC@DECF?%GHB%IA=JHKLB%GH%JLAMB=LCDNOM%C@DECPK?B%GAMB%EH%G?QHEODDH@HMJ%>RDOD>RBACLH% '!-.,/0% '()#8% (3!*% ;"% ! ! ! ! un site d’activation du promoteur : le domaine de transactivation des signaux de localisation nucléaire (Nuclear Localisation Site (NLS)) des domaines de liaison permettant des interactions moléculaires indépendantes de leur liaison à l’ADN une fixation fréquemment dimérique sous forme d’homo ou hétérodimère Nous nous intéresserons plus particulièrement à deux familles de facteurs de transcription impliqués dans le développement hypophysaire , la famille des facteurs de transcription à homéodomaine de type PAIRED: nous détaillerons particulièrement Prop1, Hesx1, Pitx2, et à un degré moindre Pitx1 et Otx2 , la famille des facteurs de transcription à homéodomaine de type LIM: Lhx3, Lhx4 et Isl1. 2. LES FACTEURS DE TRANSCRIPTION A HOMEODOMAINE DE TYPE PAIRED Les facteurs de transcription à homéodomaine paired reconnaissent une séquence palindromique TAAT__ATTA séparée par 2 à 3 paires de bases. La fixation sur ce domaine de liaison peut être homo ou hétérodimèrique. Ainsi, Prop1 et Hesx1 sont capables de se fixer sous formes d’homodimères, ou d’hétérodimères Prop1-Hesx1 (92; 42; 155; 133). Il faut noter que cette séquence est une séquence théorique, et plusieurs études récentes ont souligné que cette séquence pouvait subir des modifications et être toujours efficace en termes de liaison de PROP1 (92; 88; 133). Nous détaillerons successivement Hesx1, Prop1, Pitx1, Pitx2 et Otx2 et leurs rôles respectifs dans le développement hypophysaire murin, et l’hypopituitarisme congénital chez l’homme. a. Au cours du développement hypophysaire murin i. Hesx1 L’expression de Hesx1 est très précoce puisque déjà retrouvée dans la placode hypophysaire. Elle est ensuite restreinte à la poche de Rathke à partir de e8.5-e9, puis décroît à partir de e13 pour devenir indétectable à e14-15,5. A e13, l’atténuation de l’expression d’Hesx1 est nécessaire au développement des lignées hypophysaires dépendant de Prop1, et donc à la poursuite de la différenciation hypophysaire (226; 206; 47; 121). Le modèle actuellement admis est basé sur l’interaction de Hesx1 et Prop1 via la formation d’un hétérodimère sur l’enhancer proximal de Pou1f1 (42; 140). Hesx1 a ainsi un rôle principalement répresseur : A e11, l’interaction du corépresseur Tle1 (transducing like enhancer of split-1, orthologue de la protéine répressive Groucho) avec Hesx1 (via son domaine eh1) participe à l’inhibition de Prop1 (140). L’action répressive d’Hesx1 est également facilitée par la fixation d’un autre corépresseur NCoR au niveau de l’homéodomaine. A e13, c’est l’interaction de Prop1 avec la ß-caténine qui va permettre l’inhibition de Hesx1, l’expression de Pou1f1 et la poursuite du développement hypophysaire, et plus particulièrement du processus de différenciation des lignées somato-lactotropes et thyréotropes (140). Ces mécanismes seront détaillés dans le premier article présenté dans cette thèse. Les souris avec invalidation homozygote de Hesx1 (Hesx1-/-) présentent un phénotype variable, le plus souvent sévère, avec des anomalies majeures de l’encéphale et de la ligne médiane (absence de corps calleux ou de septum pellucidum, posthypophyse ectopique) et des malformations ophtalmiques (microphtalmie, anophtalmie) (42; 7). Une anomalie de la morphologie hypophysaire est également souvent retrouvée : ! "#! l’hypophyse peut être aplasique ou hypoplasique, ou divisée en de multiples ilôts. Les souris Hesx1-/meurent entre e10.5 et e12.5. A l’inverse, l’absence d’inhibition d’Hesx1 après e12,5 entraîne un phénotype identique à celui de souris présentant une inactivation homozygote de Prop1 (42). Cela est vraisemblablement dû au maintien de l’action répressive de Hesx1 sur Prop1. Deux modèles murins de mutation homozygote de Hesx1 (R160C et I26T) ont été rapportés (15; 173). Le modèle porteur de la mutation R160C à l’état homozygote est proche du modèle porteur de l’invalidation homozygote de Hesx1 : il existe de sévères anomalies ophtalmiques et télencéphaliques ; l’hypophyse dysmorphique peut être localisée de façon ectopique au niveau du toit de la cavité naso-pharyngée, ou formée de multiples ilots individualisés pouvant faire évoquer plusieurs petites poches de Rathke primitives. Dans ce modèle, l’hypophyse devient rapidement hypoplasique ou aplasique après la naissance. Le modèle homozygote I26T est moins sévère : les anomalies ophtalmiques et hypophysaires sont identiques, mais les souris ne présentent pas d’anomalies encéphaliques. La mutation I26T génére une protéine incapable d’interagir avec le corépresseur TLE1, suggérant le rôle majeur de cette interaction lors du développement hypophysaire (173), mais aussi un phénotype différent selon le domaine fonctionnel d’Hesx1 atteint. L’expression de Hesx1 est également sous le contrôle de facteurs de transcription de type LIM comme Lhx1 et Lhx3 (33). Une interaction avec Six3, un autre facteur de transcription, pourrait également être nécessaire au cours du développement hypophysaire. Les souris double hétérozygotes Hesx1Cre/+ (« équivalent » de Hesx1+/-) Six3+/présentent en effet le même phénotype hypophysaire que les souris avec inactivation homozygote de Hesx1 (65). ii. Prop1 L’expression de Prop1 est exclusivement hypophysaire. Prop1 est exprimé à partir de e10 dans la poche de Rathke. Son expression augmente jusqu’à e12, puis diminue progressivement pour disparaître à e15,5 (191). Une étude récente basée sur le développement d’un anticorps anti-Prop1 chez le rat a cependant retrouvé une expression de Prop1 persistant à e16,5, puis très réduite à e18,5 et au premier jour après la naissance (234). L’expression de Prop1 précède et est nécessaire à celle d’un autre facteur de transcription hypophysaire, Pit-1 (Pou1f1), lui-même impliqué dans la différenciation des lignées somato-lactotropes et thyréotropes (88). Cependant, peu de cellules co-expriment Prop1 et Pou1f1, suggérant que Prop1 est nécessaire principalement lors de l’activation de Pou1f1 (aucune cellule Prop1+ n’exprimait d’hormones hypophysaires). Une autre possibilité est l’existence d’autres facteurs intermédiaires entre Prop1 et Pou1f1. Cette hypothèse est suggérée par les modèles murins qui ne retrouvent pas une parfaite symétrie entre les zones d’expression de Prop1 et de Pou1f1 au cours de l’embryogenèse ; de plus le début d’activation de Pou1f1 est retardé d’environ 2 jours par rapport au pic d’expression de Prop1 (48). Le délai entre le pic d’expression de Prop1 (e12,5) et l’activation de Pou1f1 (e13,5-e14,5) suggère également que d’autres facteurs ou étapes sont présents entre Prop1 et pou1f1. Le caractère transitoire de l’expression de Prop1 est important, puisque le maintien de son expression chez des souris conduit à un retard de maturation gonadotrope (un modèle murin surexprimant Prop1 sous contrôle du promoteur de la sous-unité alpha présente un retard d’expression de Fshß) et semble favoriser la genèse de tumeurs hypophysaires (41; 215). De même, une expression précoce de Prop1 (à partir de e9.0 dans un modèle de souris transgénique exprimant Prop1 sous contrôle d’un promoteur Pitx1) entraine une absence d’hypophyse (42). Enfin, comme expliqué précédemment, il existe un phénomène complexe d’interactions entre Prop1 et ! "$! Hesx1 nécessaires à la différenciation hypophysaire. Ce modèle sera détaillé dans le premier article présenté dans cette thèse. Yoshida et al. ont observé une co-expression de Sox2 dans la majorité des cellules exprimant Prop1 à e12,5 et e13,5, et dans une moindre proportion à e16,5 et P5. Sox2 étant impliqué dans la genèse et le développement des cellules souches hypophysaires, il est vraisemblable que Prop1 joue un rôle dans la transition prolifération/différentiation des cellules souches (55; 64; 234). Notch pourrait jouer un rôle dans le maintien d’un état indifférencié des progéniteurs (en évitant leur différenciation corticotrope), et en permettant leur différentiation plus tardive en lignées Pou1f1 dépendantes (237; 100). Les modèles murins d’inactivation de Prop1 ont permis de clarifier son rôle au cours du développement hypophysaire. Les souris de type Ames présentent une mutation homozygote spontanée (S83P) dans la zone codant pour l’homéodomaine de Prop1 : le phénotype est identique à celui présenté par des souris Prop1-/-. Il existe un déficit somato-lactotrope, thyréotrope et gonadotrope (215); la vascularisation hypophysaire est anormale (224); l’hypophyse présente une hypoplasie sévère chez la souris adulte (158; 134), et une pseudo-hyperplasie (en fait un élargissement de la lumière) au cours de l’embryogenèse (223). Le déficit gonadotrope présenté par les souris est également surprenant : il pourrait être exacerbé ou démasqué par le déficit en GH et/ou TSH ; en effet, une supplémentation en T4/GH permet d’obtenir une fertilité chez la plupart des mâles (9). Un autre facteur de transcription SF1, surexprimé en absence de Prop1, et impliqué dans la différenciation gonadotrope physiologique, pourrait également jouer un rôle dans ce déficit gonadotrope (223). Il est intéressant de noter qu’un déficit corticotrope n’a jamais été observé chez les souris Ames. Enfin, les souris Ames présentent vraisemblablement une anomalie de la migration des progéniteurs qui sont bloqués dans le lobe intermédiaire. Le volume des lobes hypophysaires est normal au cours de l’embryogenèse, et l’apoptose de ces progéniteurs après la naissance entraîne une hypoplasie secondaire. Cette anomalie de migration serait liée à une absence d’expression de Notch2 par ces progéniteurs (157). La sortie du cycle cellulaire (permettant la différenciation), liée à une diminution d’expression de la cycline D2, s’effectuerait alors que les progéniteurs seraient toujours dans le lobe intermédiaire (223). Une autre étude a rapporté au contraire que Notch2 était nécessaire au maintien de l’expression de Prop1 (100). Les mécanismes exacts liés à l’hyperplasie hypophysaire restent donc incompris. iii. Pitx1 Pitx1 est un facteur de transcription de type paired à homéodomaine bicoïde (105). Sa structure et sa séquence sont très proches de celles de Pitx2 (52; 208). Pitx1 joue vraisemblablement un rôle précoce dans le développement hypophysaire (106; 195). Son expression est initialement retrouvée dans l’ectoderme oral à e8,0, puis dans la poche de Rathke à partir de e9,5. Son expression persiste jusqu’à l’âge adulte, où elle prédomine au niveau hypophysaire dans les cellules thyréotropes et gonadotropes, et à un degré moindre dans les cellules corticotropes (107). L’inactivation homozygote de Pitx1 (pitx1-/-) entraine une mort fœtale tardive ou néonatale précoce. De façon intéressante cependant, la morphologie hypophysaire est normale, avec une différenciation habituelle des 5 lignées cellulaires, mais une diminution notable des lignées thyréotrope et gonadotrope (29). iv. Pitx2 L’expression de Pitx2 est retrouvée au niveau du stomodeum à partir de e8, puis de la poche de Rathke (qui dérive du stomodeum) à partir de e10,5 (112; 82). A e12,5, Pitx2 est exprimé dans les lobes antérieur et intermédiaire, mais pas dans le lobe postérieur ! "%! L’ARN de Pitx2 a été isolé dans l’hypophyse adulte et dans des lignées cellulaires hypophysaires pré-thyréotropes, pré-gonadotropes et somatotropes. A l’âge adulte, la majorité (80 à 90%) des cellules thyréotropes et gonadotropes expriment Pitx2, au contraire des cellules somatotropes, lactotrope et corticotropes (29). Cependant, alors qu’une forte expression d’ARN de Pitx2 est retrouvée au sein des cellules gonadotropes, il existe au contraire une faible expression protéique de Pitx2, suggérant un mécanisme de régulation post-transcriptionnel (208). Pitx2 est aussi exprimé dans le cerveau adulte, l’œil, le rein, les poumons, les testicules et la langue (61; 82). Les souris présentant une inactivation homozygote de Pitx2 (Pitx2-/-) (61; 63; 112) présentent une forte mortalité précoce (plus de 35% de mortalité avant e10, 100% de mortalité à e14,5) : on observe des anomalies de la position du cœur et de la différenciation pulmonaire, et une anomalie de fermeture de la paroi thoraco-abdominale avec extériorisation des organes à e12. L’hypophyse est hypoplasique dès e10. Cette hypoplasie est vraisemblablement liée à une augmentation de l’apoptose, alors que l’index de prolifération reste identique (29). Le développement hypophysaire est arrêté à partir de e12,5 avec une absence d’expression de Hesx1, Pit1, Tshß, Lhx4, et un très faible niveau d’expression de Gata2 et Prop1. L’expression de alpha-GSU est cependant retrouvée à e11,5, et les niveaux d’expression de Lhx3 sont inchangés (112). Pour étudier les effets de Pitx2 sur l’ensemble des processus de développement hypophysaire, Gage et al. ont développé un allèle hypomorphe de Pitx2 (Pitx2neo, avec une cassette de résistance à la néomycine inséré au sein de l’intron 3) (63; 192). L’hypophyse des souris Pitx2neo/neo semble de morphologie comparable à celle des souris sauvages. En termes de volume hypophysaire, les souris Pitx2neo/ont un phénotype intermédiaire (en comparaison avec les souris Pitx2-/et les souris Pitx2neo/neo). Cependant, il semble que la différenciation cellulaire s’effectue différemment : au 1er jour post-natal, l’expression de Lhß et Fshß est quasi absente dans les souris Pitx2neo/neo, tout comme l’expression du récepteur de la GnRH. Le nombre de cellules somatotropes et thyréotropes est modérément réduit en comparaison avec les souris sauvages. Le niveau d’expression de POMC est inchangé. L’expression de certains facteurs de transcription est également modifiée dans les souris Pitx2neo/neo: ainsi Gata2 est exprimé normalement à e12,5 mais n’est pas retrouvé à P1. De même, Egr1 et Sf1 (impliqués dans la différenciation gonadotrope) sont très faiblement exprimés à P1. Pit1 est également diminué, au contraire de Prop1 (63; 192). A l’inverse, la surexpression de Pitx2 ne modifie pas la morphologie hypophysaire à e18,5 ; par contre, une augmentation de l’expression de Lhß et Fshß est observée, avec une extension dorsale du domaine des cellules gonadotropes. Aucune modification des cellules thyréotropes, somatotropes ou corticotropes n’a été observée. L’augmentation d’expression de Sf1 (marqueur de cellules gonadotropes) ne se traduit pas par une colocalisation avec Pit1, excluant un changement de différenciation d’un type cellulaire (en l’occurrence de cellules Pit1+ en cellules gonadotropes) (63; 192). Les études in vitro indiquent que Pitx2 joue un rôle dans l’activation de la plupart des promoteurs des gènes codant pour les hormones hypophysaires. Pitx2 code pour 3 isoformes, PITX2a, PITX2b et PITX2c (61). D’autres isoformes ont été récemment décrites (Pitx2b2, Pitx2Cß) sans que leurs rôles in vivo aient été identifiés (102). Ces isoformes pourraient avoir des activités différentes(39). Pitx2 est capable d’activer les promoteurs de Gata2, Lhß, Fshß, Tshß, Gh, Prolactine et POMc (52; 153; 154). Il peut interagir de façon synergique avec Lhx3 (promoteur de la sous unité alpha (112)), Pit1 (promoteurs de la prolactine, Gh et Tshß), NeuroD1 (promoteur POMc), Sf1 et Egr-1 (promoteur Lhß (208; 183)), et smad3 (promoteur Fshß (194; 193)). Pitx2 est également capable de contrôler des gènes codant pour des protéines qui régulent le cycle cellulaire, comme la cycline D1 et la cycline D2. ! "&! Enfin, la voie Wnt/ß-caténine joue également un rôle pivot dans l’activation et la régulation de l’expression de Pitx2, qui joue également sur les composants de cette voie : dans l’œil, DKK2, antagoniste de la voie Wnt, est une cible de Pitx2 (62) ; l’action synergique de Pitx2 et de la ß-caténine active le promoteur de Lef1, qui est lui-même capable d’interagir avec l’homéodomaine de Pitx2 (99; 213; 4; 5). Enfin, la voie Wnt stimule l’effet activateur de Pitx2 sur la prolifération, en particulier au cours du développement hypophysaire (99). v. Otx2 Otx2 est exprimé très précocement et joue un rôle majeur dans le développement de l’encéphale. L’inactivation homozygote de Otx2 (Otx2-/-) entraîne des malformations sévères des structures antérieures. L’inactivation hétérozygote de Otx2 (Otx2+/-) conduit à des phénotypes hypophysaires variables, allant d’une dysmorphie à une aplasie hypophysaire (2). Otx2 est retrouvé dans le diencéphale ventral de e10,5 à e14,5, où il pourrait interagir avec Hesx1 (Mortensen et Camper, données non publiées). Otx2 pourrait également avoir un rôle dans le développement des neurones à GnRH : les études fonctionnelles in vitro ont ainsi démontré que Otx2 était capable de lier et activer le promoteur GnRH (108). Dans cette optique, il pourrait interagir avec un membre de la famille des protéines Groucho, Grg4. Une expression d’Otx2 est retrouvée au sein de la poche de Rathke à e10,5, et n’est pas retrouvée à partir de e12,5. Otx2 est également réprimé par un autre co-répresseur, Tle4, qui est exprimé au cours du développement hypophysaire (Mortensen et Camper, données non publiées). b. En pathologie humaine i. HESX1 Treize mutations d’HESX1 responsables d’hypopituitarisme congénital ont été rapportées à ce jour (47; 15; 205; 129; 24; 36; 197; 190; 189; 40; 38) (table 1). Les mutations homozygotes (5/13) ont une pénétrance complète, et un phénotype généralement plus sévère que les mutations hétérozygotes (8/13). La plupart des mutations sont à l’origine d’une diminution de liaison sur la séquence ADN avec diminution d’activité sur les promoteurs cibles de HESX1, à l’exception d’une mutation qui entraîne une augmentation de la liaison à l’ADN, et vraisemblablement une répression complète de PROP1 (36). Le phénotype hypophysaire est très variable : le déficit somatotrope est constant, les autres déficits sont présents dans environ 50% des cas. L’hypophyse est hypoplasique dans 11/13 cas (et normale dans les 2 autres mutations). La post-hypophyse est ectopique dans plus de 50% des cas, non visualisable dans 10% des cas, et normalement localisée et visualisée dans 40% des cas. Une anomalie des nerfs optiques est observée dans 30% des cas. Des anomalies cérébrales sont rapportées dans de rares cas : agénésie du corps calleux dans 3/13 cas, corps calleux fin dans 1 cas, hydrocéphalie dans 1 cas, selle turcique peu développée dans 1 cas. En termes de mécanismes physiopathologiques, Carvalho et al. ont rapporté la première et seule mutation homozygote d’HESX1 (I26T) responsable d’hypopituitarisme par une anomalie d’interaction avec le co-répresseur TLE1 (24). La patiente présentait un hypopituitarisme avec hypoplasie hypophysaire, tige pituitaire fine, post-hypophyse ectopique, mais sans d’anomalie cérébrale ou des nerfs optiques. GatYablonski et al. ont récemment corrélé l’existence d’une variation allélique hétérozygote de Hesx1 (Asn125Ser) à un phénotype d’hypopituitarisme congénital chez 3 patients présentant une hypoplasie hypophysaire avec post-hypophyse ectopique (2 patients sur ! "'! Coya , JPEM , 2007 40 Sobrier JCEM, 2006 189 Rec N N N c.357 +2T>C D D D N Hypo Sobrier, HumMut, 2005 190 Coarctation aortique Hernie diaphragm. Rec Hypoplasie de la selle Encephalomalacie Rec Sobrier, HumMut , 2005 190 N N N Alu insert Frère D D D D Hypo N Colobome nerf optique droit N D D D D Hypo Alu insert !" # McNay, JCEM, 2007 125 Dom Doigts surnum. N Ect. N D N N N Hypo p.E149K Sobrier, JCEM, 2006 189 Rec HydroC Chiari I Epaissi N N c.449_450 delCA D D D N Hypo !" # Dattani, NatGenet, 1998 47 Rec Agénésie Ect. Hypo D D D D Hypo p.R160C $%&# Coya, JPEM, 2007 40 Dom N Ect. N D D D N N p.K176T Cohen, JCEM, 2003 36 Dom Agénésie Abs Hypo g.1684 delG D N N N Hypo $%&'(#)*#+,-%./01#2(#!345)#6%77/6-8(1#9#:(#;/,6<#=(7681(0-%./0#1:>8?%.@,(#2(1#?,-%./01#A!"B#>/?8/2/?%C0(D# '()*+,-#./010 . / -2+34-5# ' 6#7()*+,8#96#:13;2<8#'=96#<4-#02>4:,-#013,4?3-#74#<2#;?,2>1:-#2@2+4:,#?:#0.(:1,/04#@23+2A<4B#C/010.B6#@1<?;4# ./010./-2+348#C/016#./010<2-+48#96#@1<?;4#:13;2<B#D1A4#01-,B6#<1A4#01-,(3+4?38#E*,6#4*,10+F?48#96#<1*2<+-2>1:#:13;2<4B#943G-#10>F?4-5#96# :13;2<8#C/016#./010<2-+4B#H?,34-5#C/010<#-4<<46#./010<2-+4#-4<<2+348#C/731I6#./731*(0.2<+4B#J32:-;5#'1;6#71;+:2:,8#K4*6#3(*4--+GB# Transm. Autres Tajima, JCEM, 2003 197 N N Corps calleux Dom Ect. N Ect Hypo Lobe post. Nerfs optiques Dom D D D D Hypo GH TSH ACTH LH FSH Hypoph. p.Q117P c.306_307 insAG D D D D Hypo Mutation "$# "L# 4. $# Ect N N Ect. N N Lobe post. Nerfs optiques Corps calleux Carvalho, JCI, 2003 24 Thomas, HumMolGen, 2001 205 Corneli, JEI, 2008 38 Rec Dom N Ect. N D D D D Hypo p.I26T Thomas, HumMolGen, 2001 205 Dom N Ect. Hypo p.S170L Cas index D N N N N !"# Thomas, HumMolGen, 2001 205 Dom N Ect. N p.S170L Frère D N N N N $%&# Thomas, HumMolGen, 2001 205 Dom N Abs N D N N N Hypo p.T181A $%&'(#)*#+,-%./01#2(#!345)#6%77/6-8 (1#9#:(#;/, 6 <#=( 7681 (0-%./0#1:>8?%.@,(#2(1#?,-%./01#A!"B#>/?8/2/?%C0(D# *+,-./0#(1232(104.5'06#*7#8+,-./9#:7#;35<4=9#*>:7#='0#24?';/0#235/'@50#8'#=4#<@/4?3;0#4A4.';/#@;#2(+;3/12'#A45.4B='C#D1232(C7#A3=@<'# (1232(104.5'9#D1237#(1232=40.'9#:7#A3=@<'#;35<4=C#E3B'#230/C7#=3B'#230/+5.'@59#F-/7#'-/32.G@'9#:7#=3-4=.04?3;#;35<4='C#:'5H0#32?G@'06#:7# ;35<4=9#D1237#(1232=40.'C#I@/5'06#D1232=#0'=='7#(1232=40.'#0'==4.5'9#D1853J7#(1853-+2(4=.'C#K54;0<6#*3<7#83<.;4;/9#L'-7#5+-'00.HC# Transm. Mandibular hypoplasia, Nose and digits anomalies D D D D Hypo D D N N Hypo GH TSH ACTH LH FSH Hypoph. Autres p.Q6H p.Q6H !"# Mutation "$# ")# ' ( $# 3), un déficit en GH (avec croissance normale sans traitement ?), TSH (2 patients sur 3), ACTH et LH/FSH, et des éléments dysmorphiques (doigt surnuméraire, oreilles larges, anomalies de la dentition...). Aucune étude fonctionnelle n’a été effectuée. Ce « polymorphisme » est retrouvé à une fréquence importante dans la population subsaharienne, ce qui rend peu probable l’implication exclusive de ce polymorphisme dans le phénotype. Seuls les gènes codant pour POU1F1, PROP1 et LHX4 ont été séquencés par ailleurs. L’hypothèse des auteurs est que la population sub-saharienne disposerait d’un allèle protecteur sur un des co-facteurs de HESX1 permettant d’éviter la survenue du phénotype déficitaire. Cette hypothèse est plausible, mais un séquençage des gènes d’autres facteurs de transcription impliqués dans les hypopituitarismes congénitaux devra être effectué en première intention (67). A noter cependant que le phénotype de déficit en GH et doigt surnuméraire a déjà été rapporté pour la mutation hétérozygote E149K de HESX1 (125). Une expression persistante de HESX1 a été observée chez l’homme à l’âge adulte sans que son rôle précis ne puisse être déterminé (120). HESX1 pourrait être nécessaire dans les phases de différenciation de progéniteurs en cas de lésion hypophysaire (235). Le rôle des mutations de HESX1 dans la dysplasie septo-optique est toujours discuté (164; 125; 94). L’incidence de cette anomalie est faible, estimée à 1/10000 naissances. Le diagnostic de dysplasie septo-optique est clinique, basé sur la présence d’au moins 2 des 3 critères précédents : hypoplasie des nerfs optiques, hypopituitarisme (le plus fréquent étant un déficit en GH), anomalies de la ligne médiane (agénésie du septum pellucidum ou du corps calleux, par exemple) (93). La majorité des patients porteurs de mutations de HESX1 présente donc une dysplasie septo-optique selon cette définition (225). HESX1 n’est pas le seul facteur de transcription impliqué dans la dysplasie septooptique : dix mutations de SOX2 ont également été associées à des anomalies ophtalmiques sévères (anophtalmie, microphtalmie), des anomalies du corps calleux et une hypoplasie hypophysaire (225). Cependant, un facteur génétique (incluant les mutations de HESX1 et SOX2) n’a été identifié que dans environ 1% des cas de dysplasie septo-optique (225). Il est donc vraisemblable que d’autres facteurs (génétiques, et environnementaux par exemple) jouant un rôle précoce au cours du développement, sont impliqués dans la genèse de la dysplasie septo-optique. ii. PROP1 A ce jour, 24 mutations distinctes de PROP1 responsables d’hypopituitarisme congénital ont été rapportées dans la littérature (34; 53; 58; 229; 50; 169; 3; 141; 148; 214; 8; 144; 218; 14; 163; 203; 220; 109; 162; 1; 110; 138; 217; 238; 96) (table 2). Les mutations de PROP1 représentent la plus fréquente des étiologies identifiées d’hypopituitarisme congénital (76; 216; 95). Toutes ces mutations sont de transmission récessive (parents porteurs sains hétérozygotes). Le phénotype hypophysaire classique associe un déficit somato-lactotrope, thyréotrope et gonadotrope. L’âge de survenue est variable (57). Le déficit gonadotrope, bien que constamment présent, est de présentation variable : il peut être diagnostiqué dès la naissance (micropénis et testicules non descendus) ou se révéler par un retard pubertaire, soulignant que PROP1 joue un rôle dans l’espèce humaine dans le développement et le maintien des cellules gonadotropes. La présentation est parfois plus atypique : ainsi, dans le cas d’une mutation concernant le domaine de transactivation (W194X) rapportée par notre équipe (162), le phénotype bien que présentant l’habituel déficit somato-thyréo-gonadotrope, était particulier par l’ordre de survenue de ces déficits; 2 des 3 patients ont en effet présenté un déficit gonadotrope avant de présenter un déficit somatotrope. Cette mutation est une des 2 seules publiées concernant le domaine de transactivation. De façon surprenante, l’autre mutation située ! "(! D D D D F Hyper/Hypo Rec Bottner, JCEM, 2004 14 D D D D F Hypo Rec Lemos, ClinEnd 2006 110 GH TSH ACTH LH FSH Familial/ Sporadique Hypophyse Hyper/ Hypo Rec Agarwal, JCEM, 2000 3 c.112_124 del13 D D N/D D F Rec Fofanova, JCEM, 1998 58 - c.C149_150 delAG* D D D F Rec Riepe, JCEM, 2001 166 Hyper/Hypo D D D/N D S c.150delA $%$# Rec Tatsumi, ClinEndo, 2004 203 Hypo D D N D F c.157delA Hypo D D N F p.R71H* Rec Rec Paracchni, Paracchni, ClinGen, ClinGen, 2003 2003 144 144 Hypo D D N F p.R71C* Hyper/ Hypo Rec Deladoey, JCEM, 1999 :# (# ( #1 % ,(# (1#?,-% /01#A!"B#>/?9/2/?%C (D# &'() *+ ,#- ./0/-.,1*2 3,4#&5# 6'()*+7#85#902:1;7#&<85#;3,#/1=39+,#/02+3>2,#63#;1#:>+1=09,#1?1*39+#>9#/-'90+./3#?12*1@;3A#B1:*;*1;<C/0216*D>34#B5# E1:*;*1;7#C5#,/0216*D>3A#F./0/-.,35#?0;>:3#-./0/-.,1*234#F./05#-./0/;1,*37#-./325#-./32/;1,*3A#G219,:5#+219,:*,,*097#H3)5#2')3,,*?3A#I5# :>+1=09#0@,32?'3#619,#;3#)1623#6J>93#60>@;3#-'+'20K.L0=3A# Transm. c.109+1G>T c.2T>C Mutation !"# !"# !" " Hypo Rec Fluck, JCEM, 1998 57 Hypo Rec Wu, NatGenet, 1998 229 Hypo Rec Kelbermann, ClinEndo, 2009 96 D D N/D D F Hypo Rec Nose, JPEM, 2006 138 D D N D F c.467insT Hypo Rec Reynaud, JCEM, 2005 162 D D/N N D F Hypo Rec Reynaud, JCEM, 2006 164 D D D/N D S Hyper/Hypo Rec Abrao, ClinEndo, 2006 1 D D N D F Complete deletion Hypo Rec Kelbermann, ClinEndo, 2009 96 c.343-11C>G D D D D F c.629delC* Hypo Rec Kelbermann, ClinEndo, 2009 96 c.310delC* D D N/D D F p.W194X Hyper/Hypo Rec Wu, NatGenet, 1998 229 c.301_302delAG D D D/N D F/S !"#$%&'(&)*+",-./&0%&12314&5"66-5+7%/&8&9%&:-*5;&& !"#$%&'()*+,+)*'-%./'0(!1(2"#$%&3(41(5,.6-73(!841(7/'(+-9/5&'(+,.&/:.'(2/(7-(6:&-9,5'(-;-%/5&(:5(+)"5,&*+/(;-.%-<7/=(>-6%7%-78?+,.-2%@:/0(>1( A-6%7%-73(?1('+,.-2%@:/=(B*+,+)*'/1(;,7:6/()*+,+)*'-%./0(B*+,1()*+,+7-'%/3()*+/.1()*+/.+7-'%/=(C.-5'61(&.-5'6%''%,53(D/$1(."$/''%;/=(E1( 6:&-9,5(,<'/.;"/(2-5'(7/($-2./(2F:5/(2,:<7/()"&".,G*H,9/=( D N D F F D N D F F GH TSH ACTH LH FSH Familial/ Sporadique Hypophyse Transm. Hypo Rec Vieira, JCEM, 2003 218 p.R99Q D D N D F p.R125W* Hypo Rec Valette, JCEM, 2001 214 p.R120C Hypo Rec Osomio, JCEM, 2000 141 Hyper Rec Voutetakis, EJE, 2004 220 p.R99X* D D N D S p.F117I p.F88S D D N D F p.Q83X D D N F Mutation Mutation GH TSH ACTH LH FSH Familial/ Sporadique Hypophyse Transm. dans le même domaine (S156InsT) est à l’origine d’un phénotype classique de déficit hypophysaire(138). En termes d’études fonctionnelles, notre équipe avait observé une différence de liaison sur la séquence consensus Prdq9 pour le mutant W194X (162); ce résultat n’a pas été observé par une autre équipe qui a rapporté une liaison identique à celle observée pour PROP1 sauvage (88). Les auteurs ont également comparé la liaison de l’autre mutant situé dans le domaine de transactivation (S156InsT) et n’ont pas observé de différence en termes de liaison à l’ADN. Par contre, de façon surprenante, en utilisant comme séquence de liaison une séquence identifiée sur le promoteur de POU1F1 (séquence proche de Prdq9, bien que différente, TAAT___ATAA), le mutant S156InsT perdait sa capacité de liaison en gel retard (aucune différence n’était par contre observée pour W194X) (182). La différence en termes de résultats de liaison sur la séquence consensus Prdq9 est difficile à expliquer, mais la variation de liaison en fonction de la séquence cible implique la nécessité d’utiliser différentes séquences cibles avant de pouvoir affirmer de façon formelle qu’il n’existe pas de variation de la liaison ADN. Le déficit corticotrope est de façon surprenante (en comparaison avec le modèle murin), présent dans 10/24 mutations : il survient en général de façon retardée, et il est inconstamment présent chez les patients porteurs d’une même mutation, y compris au sein d’une même famille (103; 163). Kelbermann et al. ont ainsi rapporté une mutation double hétérozygote c.310delC/p.R125W à l’origine d’un bilan corticotrope normal et d’une hyperplasie hypophysaire chez un frère, et d’un déficit corticotrope avec hypoplasie hypophysaire chez sa sœur (96). Le déficit corticotrope pouvant survenir de façon retardée (parfois diagnostiqués après 40 ans), il n’est cependant pas possible d’affirmer que les 2 phénotypes seront différents au cours du suivi. Pour ces mêmes raisons, l’évaluation précise de l’incidence du déficit corticotrope chez les patients porteurs de mutations de PROP1 est difficile à déterminer : la plupart des bilans ayant été réalisés lors de l’enfance, avec des bilans de suivi à l’adolescence, il est probable que l’incidence réelle du déficit corticotrope est sous-estimée. L’imagerie hypophysaire peut révéler une hypophyse hyperplasique, d’aspect normal ou hypoplasique. L’étude des mutations de Prop1 dans le modèle murin, ainsi que certaines études de suivi de patients porteurs de mutations de PROP1 suggérent que l’hypoplasie hypophysaire pourrait succéder à une phase initiale d’hyperplasie hypophysaire (127; 59; 166; 219; 217; 221). Chez la souris, cette hyperplasie pourrait être liée à un défaut de migration des progéniteurs à l’origine des cellules hypophysaires différenciées ; ces progéniteurs cesseraient leur migration au sein du lobe intermédiaire, l’hyperplasie de ce lobe intermédiaire étant à l’origine d’un aspect d’hyperplasie hypophysaire globale (81). L’hypoplasie et les déficits hypophysaires seraient liés à une apoptose de ces progéniteurs. Une étude anatomo-pathologique récente basée sur l’analyse de 2 spécimens hypophysaires provenant de patients porteurs de mutations de Prop1 opérés pour hyperplasie hypophysaire semble confirmer cette hypothèse : l’analyse évoque une hyperplasie kystique d’un présumé vestige de lobe intermédiaire apoptotique (239). Cependant, une étude a décrit la survenue d’une hyperplasie « tertiaire » chez 2 patients ayant présenté une hyperplasie puis une hypoplasie, ce qui remet en cause l’hypothèse « hyperplasie puis hypoplasie définitive » (221). iii. PITX1 Aucune mutation responsable d’hypopituitarisme congénital n’a été rapportée chez l’homme.
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Techniques avancées d'apprentissage automatique basées sur la programmation DC et DCA
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D'autre part, toute contrefaçon, plagiat, reproduction encourt une poursuite pénale. illicite Contact : [email protected] LIENS Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 122. 4 Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 335.2L 335.10 http://www.cfcopies.com/V2/leg/leg_droi.php http://www . culture . gouv . fr/culture/infos-pratiques/droits/protection.htm THÈSE en vue de l’obtention du titre de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE LORRAINE (arrêté ministériel du 7 Août 2006) Spécialité Informatique présentée par Ho Vinh Thanh Titre de la thèse : Techniques avancées d’apprentissage automatique basées sur la programmation DC et DCA — Advanced machine learning techniques based on DC programming and DCA soutenue le 08 décembre 2017 Composition du Jury : Rapporteurs Akiko TAKEDA Emilio CARRIZOSA Examinateurs Tao PHAM DINH Jérôme DARMONT Yann GUERMEUR Invité Jean-Michel VANPEPERSTRAETE Directrice de thèse Hoai An LE THI Co-encadrant Ahmed ZIDNA Professeur, The Institute of Statistical Mathematics Professeur, University of Seville Professeur, INSA de Rouen Professeur, Université Lumière Lyon 2 Directeur de Recherche, LORIA Expert Scientifique, Naval groupe Professeur, Université de Lorraine MCF, Université de Lorraine Thèse préparée au sein de laboratoire d’Informatique Théorique et Appliquée (LITA) Université de Lorraine, Metz, France Remerciements Je souhaite ici adresser un grand merci à toutes les personnes qui ont rendu cette thèse possible. thèse a été réalisée au sein du Laboratoire d’Informatique Théorique et Appliquée (LITA) de l’Université de Lorraine. Avant tout, je souhaite exprimer ma profonde gratitude à ma directrice de thèse, Madame Hoai An LE THI, Professeur des Universités à l’Université de Lorraine, pour m’avoir accordé la grande opportunité de démarrer ma carrière scientifique au sein du LITA, tout en m’offrant les conditions nécessaires au bon déroulement de cette thèse durant ces années. Sous sa direction j’ai reçu un soutien permanent, des encouragements considérables et pu explorer de nouveaux axes de recherche grâce à ses immenses connaissances dans le domaine de l’optimisation et ses applications. Madame LE THI a bien voulu encadrer mes travaux, corriger mes articles et cette thèse ; elle m’a aidé à surmonter les difficultés avec beaucoup de patience, d’enthousiasme et de générosité. J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir bénéficier de ses compétences pédagogiques et de sa grande expérience pour envisager devenir un bon enseignant chercheur scientifique dans le futur. Je la remercie très sincèrement pour tous ses conseils qui sont des atouts importants et utiles dans mon travail de recherche scientifique ainsi que dans ma vie personnelle. Je lui suis extrêmement reconnaissant pour tout le temps qu’elle m’a accordé. Je souhaite remercier mon co-encadrant, Monsieur Ahmed ZIDNA, Maı̂tre de Conférences à l’Université de Lorraine, pour son attention et pour m’avoir encouragé durant ces années des études. Je souhaite exprimer ma sincère gratitude à Monsieur Tao PHAM DINH, Professeur des Universités à l’INSA de Rouen pour ses conseils pertinents et son suivi à long terme au cours de mes travaux de recherche. Je voudrais le remercier pour nos échanges enrichissants, pour m’avoir suggéré de nouvelles voies de recherche et fait l’honneur de siéger au jury de ma thèse Je souhaite remercier Madame Akiko TAKEDA, Professeur à l’Institut de mathématiques statistiques, et Monsieur Emilio CARRIZOSA, Professeur à l’Université de Seville, pour avoir accepté d’être rapporteurs de ma thèse et pour le temps précieux consacré. Je souhaite remercier également Monsieur Jérôme DARMONT, Professeur à l’Université Lumière Lyon 2, Monsieur Yann GUERMEUR, Directeur de Recherche au 1 2 LORIA, et Monsieur Jean-Michel VANPEPERSTRAETE, Expert scientifique dans le Naval groupe, d’avoir bien voulu accepter d’être membres du jury de cette thèse. Je remercie mes collègues du LITA et mes amis de Metz : Manh Cuong, Minh Thuy, Bich Thuy, Anh Vu, Tran Thuy, Minh Tam, Hoai Minh, Duy Nhat, Phuong Anh, Xuan Thanh, Tran Bach, Viet Anh, Dinh Chien... pour leur soutien, et leurs encouragements, ainsi que pour les agréables moments passés ensemble lors de mon séjour en France. Je voudrais remercier particulièrement Docteur Xuan Thanh VO pour son aide et son grand soutien durant ces années. Je remercie également Madame Annie HETET, Secrétaire du LITA, pour sa grande disponibilité et son aide très spontanée. Enfin et surtout, je souhaite exprimer ma grande gratitude, mon amour et mon affection à ma famille qui m’a encouragé, aimé et a beaucoup pensé à moi tout au long de ce travail de recherche. HO Vinh Thanh Né le 02 mars, 1991 (Viet Nam) Tél: 07 82 67 88 96 E-mail: [email protected] Adresse personnelle: 1 rue Châtillon, 57000 Metz, France Adresse professionnelle: Bureau UM-AN1-027, LITA – Université de Lorraine, 3 rue Augustin Fresnel, BP 45112, 57073 Metz, France Situation Actuelle Depuis octobre 2014 Doctor ant au Laboratoire d’Informatique Thé orique et Appli quée (LITA EA 3097) de l’Université de Lorraine. Encadr é par Prof. Hoai An Le Thi et M CF . Ahmed Zidna Sujet de thèse : “Techniques avancées d’apprentissage automatique basées sur la programmation DC et DCA” Experience Professionnel le 04/2014– 06/2014 Stagiaire au laboratoire LITA, UFR MIM, Université de Lorraine, Metz, France. Responsable de stage : Prof. Hoai An Le Thi. Mémoire: On solving Markov decision processes in reinforcement learning by DC programming and DCA. Diplôme et Formation 2014 au present Doctorant en Informatique. LITA, UFR MIM, Université de Lo rraine , Metz, France. 2013– 2014 Master 2 en Math ématique , Université de Tours, France . 2009– 2013 Diplôme universit aire en Mathématique et Informatique, Ecole Normale Supérieure de Ho Chi Minh Ville, Viet Nam. Publications Refereed international journal papers [1] Tao Pham Dinh, Vinh Thanh Ho, Hoai An Le Thi. DC programming and DCA for Brugnano-Casulli Piecewise Linear Systems. Computers & Operations Research, 87: 196–204 (2017). [2] Hoai An Le Thi, Vinh Thanh Ho, Tao Pham Dinh. A unified DC Programming Framework and Efficient DCA based Approaches for Large Scale Batch Reinforcement Learning. Submitted to the Journal of Global Optimization. [3] Vinh Thanh Ho, Hoai An Le Thi. Online DCA for Reinforcement Learning. Submitted. [4] Hoai An Le Thi, Vinh Thanh Ho. Online Learning based on Online DCA and Applications to Online Binary Classification. In preparation. [5] Hoai An Le Thi, nh Thanh Ho. Online DCA for Prediction with Expert Advice. Submitted. Refereed papers in books / Refereed international conference papers [1] Vinh Thanh Ho, Zied Hajej, Hoai An Le Thi, Nidhal Rezg. Solving the Production and Maintenance Optimization Problem by a Global Approach. In: Le Thi et al. (eds) Modelling, Computation and Optimization in Information Systems and Management Sciences. MCO 2015. Advances in Intelligent Systems and Computing, vol 360, pp. 307–318, Springer, 2015. [2] Vinh Thanh Ho, Hoai An Le Thi, Dinh Chien Bui. Online DC Optimization for Online Binary Linear Classification. In: Nguyen et al. (eds) Intelligent Information and Database Systems. ACIIDS 2016. Lecture Notes in Computer Science, vol 9622, pp. 661–670, Springer, 2016. [3] Vinh Thanh Ho, Hoai An Le Thi. Solving an Infinite-Horizon Discounted Markov Decision Process by DC Programming and DCA. In: Nguyen et al. (eds) Advanced Computational Methods for Knowledge Engineering. ICCSAMA 2016. Advances in Intelligent Systems and Computing, vol 453, pp. 43-55, Springer, 2016. 5 6 Publications [4] Vinh Thanh Ho, Hoai An Le Thi, Ahmed Zidna. A DCA Approach for the Stochastic Shortest Path Problem in Vehicle Routing. Accepted by IESM 2017: 7th International Conference on Industrial Engineering and Systems Management. [5] Vinh Thanh Ho, Hoai An Le Thi. Online DCA for Reinforcement Learning. Submitted to ALT 2018: 29th International Conference on Algorithmic Learning Theory. Communications in national / International conferences [1] Vinh Thanh Ho, Hoai An Le Thi, Tao Pham Dinh. DC Programming and DCA for Brugnano-Casulli Piecewise Linear Systems. Presentation in the 27th European Conference on Operational Research, Glasgow, UK, July 12 15, 2015. Contents Résumé 21 Introduction générale 23 1 Preliminary 29 1.1 1.2 I DC programming and DCA........................ 29 1.1.1 Fundamental convex analysis................... 29 1.1.2 DC optimization.......................... 32 1.1.3 DC Algorithm (DCA)....................... 34 Online DC programming and Online DCA................ 37 1.2.1 Online DC optimization...................... 37 1.2.2 Online DCA............................. 38 1.2.3 ODCA: a proposed Online DCA based scheme.......... 38 1.2.4 Analysis of ODCA......................... 39 Online learning 2 Online Learning Classification1 2.1 41 and Applications to Online Binary Linear 43 Introduction................................. 44 2.1.1 Background and related works........ ........... 44 2.1.2 Our contributions.......................... 45 7 8 Contents 2.2 Online DC programming and Online DCA for Online learning..... 2.2.1 An introduction to Online DC programming and Online DCA for Online learning......................... 46 2.2.2 Online gradient descent: special version of Online DCA..... 47 2.2.3 ODCA: a proposed Online DCA based scheme.......... 50 2.2.4 Analysis of ODCA......................... 50 Online DCA for Online Binary Linear Classification problems..... 54 2.3.1 First piecewise linear function................... 55 2.3.2 Second piecewise linear function.................. 60 2.3.3 Sigmoid function.......................... 62 2.4 Numerical Experiments........................... 67 2.5 Conclusion.................................. 70 2.3 3 Online DCA for Prediction with Expert Advice 3.1 73 Introduction................................. 74 3.1.1 Background and related works................... 74 3.1.2 Our contributions.......................... 75 3.2 Prediction with Expert Advice....................... 75 3.3 Solution methods based on Online DC programming and Online DCA. 76 3.3.1 ODCA-SG and ODCA-ESG: ODCA schemes for Prediction with Expert Advice............................ 76 Analysis of ODCA-SG and ODCA-ESG............. 78 3.4 Online DCA for prediction with expert advice.............. 80 3.5 Numerical experiments............. .............. 87 3.6 Conclusions................................. 92 3.3.2 II 46 Reinforcement learning 4 Reinforcement Learning: Introduction and Related Works 93 95 Contents 9 4.1 Background and related works....................... 96 4.2 Motivation. 100 5 A unified DC programming framework and efficient DCA based approaches for large scale batch Reinforcement Learning1 101 5.1 Our contributions. 102 5.2 Optimization formulations of the empirical OBR via linear function approximation. 103 5.3 5.4 5.2.1 `p -norm formulation (p ≥ 1). 104 5.2.2 `∞ -norm formulation. 105 5.2.3 New formulation : concave minim ization under linear constraints 106 Solution methods by DC programming and DCA. 108 5.3.1 DCA for solving the `1 -norm problem (5.7). 108 5.3.2 DCA for solving the `2 -norm problem (5.8). 110 5.3.3 DCA for solving the `∞ -norm problem (5.10). 112 5.3.4 DCA applied on the new concave minimization formulation (5.14)113 5.3.5 Performance analysis on different DCA based algorithms. 114 5.3.6 Starting points for DCA. 115 Numerical experiments. 115 5.4.1 Description of Garnet and Gridworld problems. 116 5.4.2 Set up experiments. 117 5.4.3 Experiment 1: Comparison between DCA based algorithms. 118 5.4.4 5.5 5.4.3.1 Comparative results of the six versions of DCA. 118 5.4.3.2 Effect of starting points on our four DCA algorithms. 124 Experiment 2: Comparison with LSPI, FQI. 124 5.4.4.1 Garnet problems. 124 5.4.4.2 Gridworld problems. 126 Conclusions. 128 10 Contents 6 Online DCA for Reinforcement Learning1 129 6.1 Our contributions. 130 6.2 Optimization formulations. 130 6.3 Solution methods by Online DC programming and Online DCA. 131 6.4 6.5 6.3.1 Online DCA for solving the `2 -norm problem (6.2). 131 6.3.2 Alternating Online DCA versions. 135 Numerical experiments. 137 6.4.1 Descriptions of mountain car and pole balancing problems. 137 6.4.2 Set up experiments. 138 6.4.3 Computational results. 139 Conclusions. 142 7 Applications to Stochastic Shortest Path problems: DCA Approaches via Cardinality Minimization and Reinforcement Learning1 143 7.1 Introduction. 144 7.1.1 An optimization formulation of PT model-based SSP problems . 144 7.1.2 Related works . 145 7.1.3 7.2 7.3 7.4 7.1.2.1 Cardinality minimization reformulation 145 7.1.2.2 MDP reformulation. 146 Our contributions. 147 DCA Approaches for the reformulations of PT model-based SSP problems 147 7.2.1 The first reformulation: cardinality problem (7.2). 147 7.2.2 The second reformulation: Batch RL problem. 150 Numerical experiments. 152 7.3.1 Experiment 1: Card-DCA for the cardinality problem. 152 7.3.2 Experiment 2: Comparison between DCA approaches. 155 Conclusions . 67 2.2 Average mistake rate (upper row) and its standard deviation (lower row) obtained by ODCA-PiL1, ODCA-PiL2, ODCA-Sig and Perceptron, ROMMA, ALMA, OGD, PA. Bold (resp. underlining) values indicate the first best (resp. second best) results.............. 68 Average CPU time (in seconds) (upper row) and its standard deviation (lower row) obtained by ODCA-PiL1, ODCA-PiL2, ODCA-Sig and Perceptron, ROMMA, ALMA, OGD, PA. Bold values indicate the best results.................................. 69 Time complexity of comparative algorithms with T and d be the number of rounds and the number of experts respectively ............. 87 3.2 Datasets used in our experiments ...................... 88 3.3 The best value of τ for ODCA-SG and ODCA-ESG during the parameter validation (τ < 0.5).......................... 89 Average percentage of regret ( %regret in %) (upper row) defined as ( 3.15 ) and its standard de viation (lower row) obtained by ODCA-SG, ODCA-ESG, OGD, NEG and WM. Bold (resp. underlining) values indicate the first best (resp. second best ) results.. ........... 90 Average CPU time (in seconds) obtained by ODCA-SG, ODCA-ESG, OGD, NEG and WM. Bold values indicate the best results........ 90 2.3 3.1 3.4 3.5 5.1 Summary of all comparative algorithms. 116 5.2 Average results of TA, stdA, Iter and CPU in seconds obtained by the six versions of DCA on 50 runs (corresponding to 10 different Garnet(NS = 100,NA = 5,NB = 5) problems and 5 transition sample datasets for each Garnet) with different numbers of transition samples N. Bold values indicate the best results. 119 15 16 List of Tables 5.3 Average results of TA, stdA, Iter and CPU in seconds obtained by the six versions of DCA on 25 runs (corresponding to 5 different Garnet(NS,5,5) problems (NS ∈ {225, 324}) and 5 transition sample datasets for each Garnet) with different numbers of transition samples N. Bold values indicate the best results. 120 5.4 Average results of TA, stdA, Iter, CPU in seconds and OBR obtained by `1 -DCA and DCA1 (resp. `2 -DCA and DCA2 ) on 20 runs (corresponding to 10 Garnet(400,5,5) problems and 2 transition sample datasets for each Garnet) with different numbers of transition samples N. Bold values indicate the best results in the same `1 -norm (resp. `2 -norm) problem. 121 5.5 Comparative results of the proposed starting point θ(1) and the zero starting point θ(2) for our algorithms `1 -DCA, `2 -DCA, `∞ -DCA and cc-DCA in terms of TA on 50 runs (corresponding to 10 different Garnet(100,5,5) problems and 5 transition sample datasets for each Garnet) with different numbers of transition samples N. Bold values indicate the best results in each algorithm. 124 5.6 Average results of TA, stdA and CPU in seconds obtained by `1 -DCA, `2 DCA, cc-DCA and LSPI, FQI on 500 runs (corresponding to 50 different Garnet (100 , 5,5 ) problems and 10 transition sample datasets for each Garnet ) with different numbers of transition samples N. Bold values indicate the best results. 125 5.7 Average results of TA , stdA and CPU in seconds obtained by `1 - DCA , `2 -DCA , cc-DCA and LSPI , FQI on 100 runs (corresponding to 10 different Gridworld problems and 10 transition sample datasets for each Gridworld) with different numbers of transition samples N. Bold values indicate the best results. 127 6.1 Average / standard deviation number of steps at the last episode and CPU time ( in seconds) of two ODCA based algorithms and their alternating version over 50 runs in mountain car problems . DC Difference of Convex functions DCA DC Algorithm OBLC Online Binary Linear Classification RL Reinforcement Learning MDP Markov Decision Process DP Dynamic Programming Batch RL Batch Reinforcement Learning OBR Optimal Bellman Residual SSP Stochastic Shortest Path R set of real numbers Rn set of real column vectors of size n R set of extended real numbers, RP= R ∪ {±∞} p 1/p, x ∈ Rn k · kp `p -norm (0 < p < ∞), kxkp = ( ni=1 |xP i| ) n k·k Euclidean norm (or `2 -norm), kxk = ( i=1 |xi |2 )1/2, x ∈ Rn n k · k∞ `∞ -norm, kxk∞ = maxi=1,...,n Pn |xi |, x ∈ R h·, ·i scalar product, hx, yi = i=1 xi.yi, x, y ∈ Rn χC (·) indicator function of a set C, χC (x) = 0 if x ∈ C, + ∞ otherwise co{C} convex hull of a set of points C ProjC ( x) projection of a vector x onto a set C dom f effective domain of a function f ∇ f (x) gradient of a function f at x ∂f (x) subd ifferential of a function f at x P(X) probability of a random variable X 19 Résumé Dans cette thèse, nous développons certaines techniques avancées d’apprentissage automatique dans le cadre de l’apprentissage en ligne et de l’apprentissage par renforcement (“reinforcement learning” en anglais – RL). L’épine dorsale de nos approches est la programmation DC (Difference of Convex functions) et DCA (DC Algorithm), et leur version en ligne, qui sont reconnues comme de outils puissants d’optimisation non convexe, non différentiable. Cette thèse se compose de deux parties : la première partie étudie certaines techniques d’apprentissage automatique en mode en ligne et la deuxième partie concerne le RL en mode batch et mode en ligne. La première partie comprend deux chapitres correspondant à la classification en ligne (chapitre 2) et la prédiction avec des conseils d’experts (chapitre 3). Ces deux chapitres mentionnent une approche unifiée d’approximation DC pour différents problèmes d’optimisation en ligne dont les fonctions objectives sont des fonctions de perte 0-1. Nous étudions comment développer des algorithmes DCA en ligne efficaces en termes d’aspects théoriques et computationnels. La deuxième partie se compose de quatre chapitres (chapitres 4, 5, 6, 7). Après une brève introduction du RL et ses travaux connexes au chapitre 4, le chapitre 5 vise à fournir des techniques efficaces du RL en mode batch basées sur la programmation DC et DCA. Nous considérons quatre différentes formulations d’optimisation DC en RL pour lesquelles des algorithmes correspondants basés sur DCA sont développés. Nous traitons les problèmes clés de DCA et montrons l’efficacité de ces algorithmes au moyen de diverses expériences. En poursuivant cette étude, au chapitre 6, nous développons les techniques du RL basées sur DCA en mode en ligne et proposons leurs versions alternatives. Comme application, nous abordons le problème du plus court chemin stochastique (“stochastic shortest path” en anglais – SSP) au chapitre 7. Nous étudions une classe particulière de problèmes de SSP qui peut être reformulée comme une formulation de minimisation de cardinalité et une formulation du RL. La première formulation implique la norme zéro et les variables binaires. Nous proposons un algorithme basé sur DCA en exploitant une approche d’approximation DC de la norme zéro et une technique de pénalité exacte pour les variables binaires. Pour la deuxième formulation, nous utilisons un algorithme batch RL basé sur DCA. Tous les algorithmes proposés sont testés sur des réseaux routiers artificiels. 21 22 Résumé Abstract In this dissertation, we develop some advanced machine learning techniques in the framework of online learning and reinforcement learning (RL). The backbones of our approaches are DC (Difference of Convex functions) programming and DCA (DC Algorithm), and their online version that are best known as powerful nonsmooth, nonconvex optimization tools. This dissertation is composed of two parts: the first part studies some online machine learning techniques and the second part concerns RL in both batch and online modes. The first part includes two chapters corresponding to online classification (Chapter 2) and prediction with expert advice (Chapter 3). These two chapters mention a unified DC approximation approach to different online learning algorithms where the observed objective functions are 0-1 loss functions. We thoroughly study how to develop efficient online DCA algorithms in terms of theoretical and computational aspects. The second part consists of four chapters (Chapters 4, 5, 6, 7). After a brief introduction of RL and its related works in Chapter 4, Chapter 5 aims to provide effective RL techniques in batch mode based on DC programming and DCA. In particular, we first consider four different DC optimization formulations for which corresponding attractive DCA-based algorithms are developed, then carefully address the key issues of DCA, and finally, show the computational efficiency of these algorithms through various experiments. Continuing this study, in Chapter 6 we develop DCA-based RL techniques in online mode and propose their alternating versions. As an application, we tackle the stochastic shortest path (SSP) problem in Chapter 7. Especially, a particular class of SSP problems can be reformulated in two directions as a cardinality minimization formulation and an RL formulation. Firstly, the cardinality formulation involves the zero-norm in objective and the binary variables. We propose a DCA-based algorithm by exploiting a DC approximation approach for the zero-norm and an exact penalty technique for the binary variables. Secondly, we make use of the aforementioned DCA-based batch RL algorithm. All proposed algorithms are tested on some artificial road networks. Introduction générale Cadre général et motivations Au cours de ces dernières années, l’explosion quantitative des données a obligé les chercheurs à avoir de nouvelles visions pour analyser et explorer des données, ce qui est généralement mentionné comme un sujet de Big data. Dans ce contexte, l’inconvénient de l’utilisation d’approches classiques a été mis en évidence. Ainsi, il est nécessaire de recourir aux techniques avancées adaptées au Big data. À la question de “quelles sont les tendances clé des techniques dans Big data?”, le développement des techniques innovantes d’apprentissage automatique (“machine learning” en anglais) est une réponse. Dans cette thèse, nous nous concentrons sur deux challenges en apprentissage automatique dans le contexte du Big data: l’apprentissage automatique pour une grande quantité de données en mode en ligne et en mode batch. En fonction de la disponibilité des données, les techniques d’apprentissage automatique peuvent être considérées en mode batch ou en mode en ligne. En particulier, pour le mode batch, les techniques génèrent des modèles en apprenant sur l’ensemble des données d’apprentissage en une fois. L’apprentissage automatique en mode en ligne (appelé apprentissage en ligne, “online learning” en anglais) met à jour le modèle au fur et à mesure en fonction des nouvelles données. Pour une nouvelle donnée d’entrée à chaque itération, l’apprentissage en ligne effectue une prédiction en utilisant le modèle actuel, puis vérifie la qualité de sa prédiction qui est utilisée pour mettre à jour le modèle pour l’itération suivante. L’apprentissage en ligne joue un rôle important dans des multiples contextes : quand les données sont disponibles progressivement, ou les prédictions doivent être données en temps réel, ou l’apprenant doit s’adapter dynamiquement aux nouveaux types de données, ou il est irréalisable d’apprendre sur l’ensemble des données. Jusqu’alors, la conception d’algorithmes efficaces d’apprentissage en ligne a été influencée par l’optimisation convexe en ligne. Cependant, dans la plupart d’applications, la fonction de perte utilisée pour évaluer les prédictions ou le domaine des prédictions est non convexe. Le désavantage des approches d’optimisation convexe en ligne a été indiqué dans la littérature. Ainsi, il est indispensable de recourir à l’optimisation non convexe en ligne pour développer des algorithmes d’apprentissage en ligne efficaces. La difficulté de cette fonction de perte peut être surmontée en utilisant son approximation DC (Difference of Convex functions). Le problème résultant est encore difficile en raison de sa non convexité. Mais il peut être surmonté par des techniques 24 Introduction générale bas ées sur la version en ligne de l’ optimis ation DC . Comme une contribution de cette thèse, nous développons les versions “en ligne” de DCA (DC Algorithm) standard pour les méthodes d’apprentissage (classification, prédiction) en ligne. La convergence des méthodes en ligne a été rigoureusement étudiée. Parmi les principales catégories de techniques d’apprentissage automatique, nous nous intéressons à l’apprentissage par renforcement (“reinforcement learning” en anglais) en mode en ligne et en mode batch. L’apprentissage par renforcement est concerné par une classe de problèmes dans lesquels un agent doit apprendre un comportement décisionnel basé sur la rétroaction de récompense par les interactions avec un environnement dynamique. Les problèmes d’optimisation considérés en apprentissage par renforcement deviennent difficiles parce que leurs fonctions objectives sont des fonctions non convexes et non différentiables, plus précisément elles sont DC. Cependant, en exploitant les propriétés intéressantes de ces problèmes, ils peuvent être résolus efficacement par des techniques en ligne/batch basées sur DCA. Sur le plan algorithmique, la thèse a proposé une approche unifiée, fondée sur la programmation DC et DCA, et leurs versions en ligne, des outils puissants d’optimisation non convexe qui connaissent un grand succès, au cours de trois dernières décennies, dans la modélisation et la résolution de nombreux problèmes d’application dans divers domaines de sciences appliquées, en particulier en apprentissage automatique et fouille de données (“data mining” en anglais) (voir par example [28, 54, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 71, 73, 74, 75, 79, 94, 95, 96, 97, 130] et la liste des références dans [56]). De nombreuses expérimentations numériques sur différents types de données dans divers domaines (biologie, transport, physique... ) réalisées dans cette thèse ont prouvé l’efficacité, la scalabilité, la rapidité des algorithmes proposés et leur supériorité par rapport aux méthodes standards. La programmation DC et DCA considèrent le problème DC de la forme α = inf{f (x) := g(x) − h(x) : x ∈ Rn } (Pdc ), où g et h sont des fonctions convexes définies sur Rn et à valeurs dans R ∪ {+∞}, semi-continues inférieurement et propres. La fonction f est appelée fonction DC avec les composantes DC g et h, et g − h est une décomposition DC de f. DCA est basé sur la dualité DC et des conditions d’optimalité locale. La construction de DCA implique les composantes DC g et h et non la fonction DC f elle-même. Chaque fonction DC admet une infinité des décompositions DC qui influencent considérablement sur la qualité (la rapidité, l’efficacité, la globalité de la solution obtenue... ) de DCA. Ainsi, au point de vue algorithmique, la recherche d’une “bonne” décomposition DC et d’un “bon” point initial est très importante dans le développement de DCA pour la résolution d’un programme DC. L’utilisation de la programmation DC et DCA dans cette thèse est justifiée par de multiple arguments [97]: — La programmation DC et DCA fournissent un cadre très riche pour les problèmes d’apprentissage automatique et fouille de données: l’apprentissage Introduction générale automatique et fouille de données constituent une mine des programmes DC dont la résolution appropriée devrait recourir à la programmation DC et DCA. En effet la liste indicative (non exhaustive) des références dans [56] témoigne de la vitalité la puissance et la percée de cette approche dans la communauté d’apprentissage automatique et fouille de données. — DCA est une philosophie plutôt qu’un algorithme. Pour chaque problème, nous pouvons concevoir une famille d’algorithmes basés sur DCA. La flexibilité de DCA sur le choix des décomposition DC peut offrir des schémas DCA plus performants que des méthodes standard. — L’analyse convexe fournit des outils puissants pour prouver la convergence de DCA dans un cadre général. Ainsi tous les algorithmes basés sur DCA bénéficient (au moins) des propriétés de convergence générales du schéma DCA générique qui ont été démontrées. — DCA est une méthode efficace, rapide et scalable pour la programmation non convexe. A notre connaissance, DCA est l’un des rares algorithmes de la programmation non convexe, non différentiable qui peut résoudre des programmes DC de très grande dimension. La programmation DC et DCA ont été appliqués avec succès pour la modélisation DC et la résolution de nombreux et divers problèmes d’optimisation non convexes dans différents domaines des sciences appliquées, en particulier en apprentissage automatique et fouille données (voir la liste des références dans [56]). Il est important de noter qu’avec les techniques de reformulation en programmation DC et les décompositions DC appropriées, on peut retrouver la plupart des algorithmes existants en programmation convexe/non convexe comme cas particuliers de DCA. En particulier, pour la communauté d’apprentissage automatique et fouille de données, les méthodes très connus comme Expectation–Maximisation (EM) [30], Succesive Linear Approximation (SLA) [16], ConCave–Convex Procedure (CCCP) [131], Iterative Shrinkage–Thresholding Algorithms (ISTA) [25] sont des versions spéciales de DCA. Nos contributions Les principales contributions de la thèse consistent à développer les techniques avancées d’apprentissage automatique en utilisant l’approche d’optimisation. Nous étudions une approche basée sur la programmation DC et DCA, et leurs versions en ligne pour résoudre les problèmes d’apprentissage en ligne et, en particulier, d’apprentissage par renforcement. Tout au long de la thèse, les questions clés de DCA ont été étudiées : quelle est la bonne décomposition DC, quelle est la méthode de solution efficace pour les sous-problèmes convexes dans le schéma DCA et quel est le bon point initial. Aborder ces questions dépend fortement des structures spéciales de chaque problème d’optimisation considéré, ce qui est exploité dans la plupart de nos travaux dans les chapitres 2, 3, 5, 6. De plus, les chapitres 2 et 3 incluent les contributions à l’étude d’une version en ligne de DCA en termes d’aspects théoriques et computationnels. Les principales réalisations de la thèse sont décrites en détail comme suit. 25 26 Introduction générale Tout d’abord, nous nous concentrons dans le chapitre 2 sur le développement de techniques d’apprentissage en ligne. L’apprentissage en ligne peut être décrit comme le processus consistant à prévoir une séquence d’échantillons basée sur la connaissance de la correction aux échantillons précédents et autres informations disponibles. La qualité des prédictions est évaluée par une fonction de perte, qui est souvent non convexe et/ou non différentiable. Dans nos travaux, nous étudions l’approche DC et nous proposons une version en ligne de DCA, appelée Online DCA, pour résoudre les problèmes en ligne correspondants. Au cas où chaque sous-problème convexe d’Online DCA ne peut pas être résolu explicitement ou n’est pas facile à résoudre, nous proposons un schéma particulier basé sur Online DCA, nommé ODCA, où chaque sous-problème est résolu en approximant par une itération de la méthode de sous-gradient classique. Nous analysons les propriétés de l’ODCA en termes de regret (c’est-à-dire la différence entre la perte cumulative subie et la plus petite perte cumulative tout au long du processus d’apprentissage). Nous indiquons également que les variantes de l’algorithme de gradient en ligne sont une version spéciale d’Online DCA. Comme application, nous considérons la classification en ligne où, à chaque itération, l’apprenant doit donner le classificateur à prédire l’étiquette correspondant à l’instance à venir basé sur l’étiquette correcte révélée plus tard et les classificateurs précédents. Dans ce cas, la qualité du classificateur est souvent mesurée par la fonction de perte 0-1 qui renvoie 1 si l’étiquette prédite est la même que l’étiquette correcte et 0 autrement. En effet, cette fonction est non convexe et non différentiable, mais elle peut être approximée par des fonctions . Dans nos travaux, nous proposons trois différentes fonctions d’approximation DC, y compris deux formes de fonction polyhédrale et une forme de fonction sigmoı̈de. En utilisant l’ODCA pour résoudre les problèmes d’optimisation résultant, nous proposons trois algorithmes en ligne correspondants et analysons le regret de chaque algorithme basé sur principaux résultats de l’analyse d’ODCA mentionnée ci-dessus. Les résultats de l’expérience sur une variété de ensembles de données de classification montrent l’efficacité de nos algorithmes proposés par rapport aux algorithmes de classification en ligne existants. Le chapitre 3 concerne une autre classe de techniques d’apprentissage en ligne, à savoir la prédiction avec des conseils d’experts (“prediction with expert advice” en anglais). Le paradigme de la prédiction avec les conseils d’experts est introduit comme modèle d’apprentissage en ligne. Il se caractérise par la prise d’une prédiction repose sur la base des prédictions des experts via le vecteur de poids attribué aux experts. De même que le chapitre 2, quand la fonction de perte évaluant la qualité de la prédiction est non convexe et/ou non différentiable, nous pouvons étudier les approches d’approximation DC. En fait, le vecteur de poids appartient souvent à un ensemble particulier (par exemple, simplexe des probabilités), et donc nous proposons deux schémas en ligne en particulier basés sur ODCA, nommés ODCA-SG et DCA-ESG, où chaque sousproblème est résolu en approximant par une itération de la méthode de sous-gradient projeté et la méthode de sous-gradient exponentié, respectivement. Nous analysons également les deux schémas en termes de regret. Nous développons les techniques de prédiction avec des conseils d’experts pour résoudre les problèmes de classification en ligne où les experts sont représentés par les algorithmes de classification en ligne bien connus. Avec une fonction d’approximation DC, nous obtenons deux algorithmes Introduction générale en ligne basés sur ODCA-SG, DCA-ESG, et analysons la borne de regret pour ces algorithmes. La performance des algorithmes proposés est vérifiée en comparant de trois algorithmes standards existants sur différents ensembles de données benchmark. Les chapitres 4, 5, 6 se concentrent sur l’étude des techniques d’apprentissage par renforcement en mode batch et en mode en ligne. Le chapitre 4 présente brièvement l’apprentissage par renforcement et ses travaux connexes. L’apprentissage par renforcement vise à estimer la politique optimale dans un environnement dynamique qui est généralement formulé comme un processus de décision markovien (“Markov decision process” en anglais) avec un modèle incomplet. Il est bien connu que nous pouvons aborder cette tâche par le problème de trouver le zéro du soi-disant résidu optimal de Bellman (“optimal Bellman residual” en anglais), un concept classique de programmation dynamique. Il existe quelques travaux dans la littérature suivant cette direction, sachant qu’il résulte à un problème d’optimisation non convexe qui est très difficile à résoudre exactement. Dans le chapitre 5, nous considérons quatre formulations d’optimisation de ce problème qui minimisent le `p -norm du résidu optimal de Bellman avec p ∈ {1, 2, +∞} pour développer les techniques d’apprentissage par renforcement en mode batch (c’est-à-dire un ensemble fixe d’expériences d’apprentissage est donné a priori) en utilisant l’approximation linéaire de la fonction de valeur. Ils sont formulés comme programmes DC pour lesquels quatre schémas DCAs sont développés. En exploitant la structure spéciale du résidu optimal de Bellman empirique avec approximation linéaire, nous abordons les questions clés de DCA, en particulier la effet des décompositions DC, l’efficacité des méthodes de solution pour résoudre le sous-problème convexe résultant, et la recherche de bons points initiaux, lors de la conception des quatre algorithmes basés sur DCA. Expériences numériques sur deux benchmarks des problèmes de processus de décision markovien – le problème de Garnet et Gridworld – montrent l’efficacité de nos approche en comparaison avec deux algorithmes existants basés sur DCA et deux algorithmes d’apprentissage par renforcement. En poursuivant ces travaux, le chapitre 6 vise à développer des techniques d’apprentissage par renforcement en mode en ligne via une formule d’optimisation de `p -norm (p = 2). Nous proposons un algorithme en ligne basé sur DCA (ODCA) qui a la propriété de stabilité en ligne. Nous indiquons qu’une classe d’algorithmes de gradient en RL est un cas particulier de notre schéma ODCA. Nous suggérons également une version alternative d’ODCA pour exploiter la connaissance des échantillons. Les résultats numériques sur deux problèmes benchmark – le problème de Mountain car et Pole balancing – indiquent l’efficacité de nos approches en comparaison avec deux algorithmes standard d’apprentissage par renforcement. Dans le chapitre 7, nous utilisons la technique d’apprentissage par renforcement basée sur DCA pour aborder un des problèmes classiques dans le domaine de tournées de véhicules qui est le problème du plus court chemin stochastique (“stochastic shortest path” en anglais). Nos travaux concernent ce problème pour un seul véhicule indépendant sur un réseau routier en utilisant le critère basé sur le modèle de probabilité à queue. En particulier, ce problème du plus court chemin stochastique vise à rechercher un chemin optimal qui maximise la probabilité d’arriver à la destination avant un délai donné. Il existe deux approches qui formulent ce problème, respectivement, comme une formulation de minimisation de cardinalité (la cardinalité 27 28 Introduction générale d’un vecteur est le nombre d’éléments non nuls dans ce vecteur) et une formulation de l’apprentissage par renforcement. Pour la première approche, il existe une double difficulté: le terme de cardinalité et les variables binaires. Certains algorithmes ont récemment été proposés en approximant le terme de cardinalité, cependant, sans traiter les variables binaires. Ainsi, dans ce travail, nous étudions une approche d’approximation DC pour le terme de cardinalité, et employons une technique de pénalité exacte pour les variables binaires. La formulation d’optimisation résultante peut être exprimée sous la forme d’un programme DC pour lequel l’algorithme basé sur DCA, nommé Card-DCA, est proposé. Les résultats de l’expérience montrent l’efficacité de Card-DCA en termes de qualité et rapidité par rapport aux algorithmes existants. Au regard de la formulation de l’apprentissage par renforcement, nous tenons compte du problème d’optimisation de `1 -norm dans lequel l’ensemble d’échantillons donné est défini en fonction des données de temps de déplacement sur le réseau routier. Nous donc proposons un algorithme basé sur DCA, nommé RL-DCA pour les problèmes du plus court chemin stochastique. Plusieurs expériences numériques sur les réseaux routiers artificiels sont menées afin de comparer deux approches DCA pour ces problèmes, en particulier les algorithmes Card-DCA et RL-DCA. Organisation de la Thèse La thèse est composée de huit chapitres. Le premier chapitre décrit brièvement les concepts fondamentaux et les principaux résultats de l’analyse convexe, la programmation DC et DCA, et sa version en ligne, ce qui fournit la base théorique et algorithmique pour les chapitres suivants. Les six chapitres suivants sont divisés en deux parties. La première partie, y compris les chapitres 2 et 3, concerne les techniques d’apprentissage en ligne. Plus précisément, dans le chapitre 2, nous présentons l’approche basée sur Online DCA pour les problèmes d’apprentissage en ligne et développons des techniques en ligne correspondantes pour une classe de problèmes de classification en ligne. En poursuivant cette direction, le chapitre 3 se concentre sur la conception d’une autre technique d’apprentissage en ligne, à savoir la prédiction avec des conseils d’experts. La deuxième partie (chapitres 4, 5, 6, 7) concerne en particulier les techniques d’apprentissage par renforcement. Sa brève introduction et ses travaux connexes sont présentés au chapitre 4. Les techniques d’apprentissage par renforcement basées sur DCA en mode batch et en mode en ligne sont développées respectivement au chapitre 5 et au chapitre 6. Dans le chapitre 7, nous considérons une classe de problèmes du plus court chemin stochastique via des approches DCA. Les conclusions et les perspectives de nos travaux sont données au chapitre 8. Chapter 1 Preliminary This chapter summarizes some basic concepts and results that will be the groundwork of the dissertation. 1.1 DC programming and DCA DC programming and DCA, which constitute the backbone of nonconvex programming and global optimization, were introduced by Pham Dinh Tao in their preliminary form in 1985 [93]. Important developments and improvements on both theoretical and computational aspects have been completed since 1994 throughout the joint works of Le Thi Hoai An and Pham Dinh Tao. In this section, we present some basic properties of convex analysis and DC optimization and DC Algorithm that computational methods of this dissertation are based on. The materials of this section are extracted from [55, 65, 66, 95]. Throughout this section, X denotes the Euclidean space Rn and R = R ∪ {±∞} is the set of extended real numbers. 1.1.1 Fundamental convex analysis First, let us recall briefly some notions and results in convex analysis related to the dissertation (refer to the references [15, 95, 101] for more details). A subset C of X is said to be convex if (1 − λ)x + λy ∈ C whenever x, y ∈ C and λ ∈ [0, 1]. Let f be a function whose values are in R and whose domain is a subset S of X. The set {(x, t) : x ∈ S, t ∈ R, f (x) ≤ t} is called the epigraph of f and is denoted by epif. 29 30 Chapter 1. Preliminary We define f to be a convex function on S if epif is convex set in X × R. This is equivalent to that S is convex and f ((1 − λ)x + λy) ≤ (1 − λ)f (x) + λf (y), ∀x, y ∈ S, ∀λ ∈ [0, 1]. The function f is strictly convex if the inequality above holds strictly whenever x and y are distinct in S and 0 < λ < 1. The effective domain of a convex function f on S, denoted by domf, is the projection on X of the epigraph of f domf = {x ∈ X : ∃t ∈ R, (x, t) ∈ epif } = {x ∈ X : f (x) < +∞} and obviously, it is convex. The convex function f is called proper if domf 6= ∅ and f (x) > −∞ for all x ∈ S. The function f is said to be lower semi-continuous at a point x of S if f (x) ≤ lim inf f (y). y→x Denote by Γ0 (X) the set of all proper lower semi-continuous convex functions on X. Let ρ be a nonnegative number and C be a convex subset of X. One says that a function θ : C → R ∪ {+∞} is ρ–convex if θ[λx + (1 − λ)y] ≤ λθ(x) + (1 − λ)θ(y) − λ(1 − λ) ρkx − yk2 2 for all x, y ∈ C and λ ∈ (0, 1). It amounts to say that θ − (ρ/2)k · k2 is convex on C. The modulus of strong convexity of θ on C, denoted by ρ(θ, C) or ρ(θ) if C = X, is given by ρ(θ, C) = sup{ρ ≥ 0 : θ − (ρ/2)k · k2 is convex on C}. One says that θ is strongly convex on C if ρ(θ, C) > 0. A vector y is said to be a subgradient of a convex function f at a point x0 if f (x) ≥ f (x0 ) + hx − x0, yi, ∀x ∈ X. The set of all subgradients of f at x0 is called the subdifferential of f at x0 and is denoted by ∂f (x0 ). If ∂f (x) is not empty, f is said to be subdifferentiable at x. For ε > 0, a vector y is said to be an ε–subgradient of a convex function f at a point x0 if f (x) ≥ (f (x0 ) − ε) + hx − x0, yi, ∀x ∈ X. The set of all ε–subgradients of f at x0 is called the ε–subdifferential of f at x0 and is denoted by ∂ε f (x0 ). Let us describe two basic notations as follows. dom ∂f = {x ∈ X : ∂f (x) 6= ∅} and range ∂f (x) = ∪{∂f (x) : x ∈ dom ∂f }. Chapter 1. Preliminary 31 Proposition 1.1. Let f be a proper convex function. Then 1. ∂ε f (x) is a closed convex set, for any x ∈ X and ε ≥ 0. 2. ri(domf ) ⊂ dom ∂f ⊂ domf where ri(domf ) stands for the relative interior of domf. 3. If f has a unique subgradient at x, then f is differentiable at x, and ∂f (x) = {∇f (x)}. 4. x0 ∈ argmin{f (x) : x ∈ X} if and only if 0 ∈ ∂f (x0 ). Conjugates of convex functions The conjugate of a function f : X → R is the function f ∗ : X → R, defined by f ∗ (y) = sup{hx, yi − f (x)}. x∈X Proposition 1.2. Let f ∈ Γ0 (X). Then we have 1. f ∗ ∈ Γ0 (X) and f ∗∗ = f. 2. f (x) + f ∗ (y) ≥ hx, yi, for any x, y ∈ X.
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30 C'est vrai que ça m'a beaucoup appris. Et ça été pendant plusieurs mois, ça ce n'est pas fait d'un seul coup. 262 Elle m'apprenait comment prendre les médicaments, à quelle période, il fallait que je prenne le broncho dilatateur par exemple. Elle me disait, bon, j'ai compris, mais voilà je ne le faisais pas en pratique. Il a fallu qu'un jour, elle me parle un peu plus fort, voilà 35 c'est pour vous, il faut le mettre en place aussi. Donc voilà. Elle m'avait donné un débit de pointe. Tous les jours je le faisais et je me connaissais mieux, en fait. En même temps elle m'avait appris. Ma moyenne est entre 240 et 300, je ne peux pas aller plus. Si j'étais à moins de 240, il fallait que j'adapte mon traitement, qu'est-ce qu'il fallait que je fasse, en fonction? C'est comme ça que j'ai pu avancer ; j'avais un plan d'action. Et 40 puis voilà ; il y a des choses que je ne peux pas faire. Par exemple, mais ça agit psychologiquement aussi. Des fois, quand je suis assez fatiguée, parce que moi, je suis assez volontaire, je fais moins de sport. Quand on est asthmatique ça n'empêche pas de faire du vélo et tout ça m'a dit le médecin. Et depuis janvier, jusqu'au mois de juin, je n'avais rien fais du tout ; pas de sport ; ça ne me disait rien. Quand, je m'oblige d'en faire tous les jours, je vois le bénéfice. Moi : Vous êtes en train de me dire que l'on n'apprend pas si facilement que ça Non, non, non parce que moi au début j'écoutais, je faisais ce qu'elle me disait et par exemples, quand arrivait un essoufflement, quand je n'étais pas bien, quand je toussais ; parce que je ne m'étais pas mis dans la tête que quand je toussais, il fallait que je prenne 50 un broncho dilatateur. Le fait de tousser en fait ça veut dire que la crise va commencer à venir et puis si je ne fais pas quelque chose, ça va être plus grave. Je ne m'étais pas mis cela dans la tête. Ce n'est pas facile à comprendre. Non ce n'est pas facile à comprendre. Elle m'a beaucoup aidée. Elle me disait vous toussez, il faut prendre ça et ça et si ça s'aggrave vous pouvez prendre du Solupred® 60 mg par jour, pendant sept 55 jours. Mais ça ne s'est pas fait tout de suite, il faut du temps. En ce moment je me trouve bien. Avant que vous veniez, je me suis sentie essoufflée et j'étais à 280. C'est pas mal par rapport à ce que j'ai eu quelquefois. Je n'ai pas eu de crise depuis plusieurs années et je ne pense plus à ça, aux comprimés et aux antibiotiques. 60 En fait, j'ai toujours ces problèmes de polypes dans le nez. Comme ils m'ont élargi les canaux nasaux. Je pense comme ça, au cours d'événements émotifs, ça c'est déclenché en fait. En 1984, j'avais pas pensé au stress ; Quand j'ai fait l'école d'aide-soignante et quand mon père est décédée, en 1994, c était la même chose. Aujourd'hui, j'appréhende bien ; c'est dans ma vie mais je n'y pense pas. Je prends mes bouffées le matin, le soir. Pour moi, c'est automatique. Et là, je pense que maintenant c'est bien. Ça ne me gène pas. Je n'y pense pas. Des fois, ça m'arrive de tousser aussi à la clinique, ça m'arrive de faire des bronchites. Non, je ne m'arrête pas. C'est ce que je 70 disais à ma surveillante. Je tousse, je crache, je me nettoie bien le nez. Et puis quand j'ai du mal à respirer au travail, je prends de la ventoline®. Je ne veux pas en prendre trop. Je travaille aux soins intensifs avec des malades, il y a pire que moi. Je n'ai pas fièvre, si j'avais de la fièvre, je n'irais pas travailler. Des fois ça m'arrive de tousser la nuit ; la nuit dernière je me suis mise à tousser 75 maintenant ça se calme. Mais, je n'étais encore pas bien et l'infirmière a un peu plus levé la voix et ça m'a fait réagir. Je suis arrivée à un moment ou je n'étais pas bien, je pleurais en arrivant à la consultation. Je pleurais parce que j'en avais marre et je n'étais pas bien, je dormais mal et tout ça bien. J'étais essoufflée, je n'étais pas bien. Moi : A quelqu'un qui ne connaît pas l'asthme, vous lui diriez quoi? Bien prendre ses médicaments. En plus, on peut faire plein de choses malgré l'asthme, ça ne m'empêche pas de courir, je me force quelque fois. Je ne coure pas beaucoup parce que je suis assez essoufflée. Je pourrais essayer des fois en prenant du bricanyl®, 2 bouffées avant et essayer de courir encore. Courir lentement à mon rythme et j'aime 85 bien en plus. Je m'oblige aussi à aller à la piscine. Avant d'aller à la piscine maintenant je le prends le bricanyl® avant. L'infirmière, l'autre fois me disait de bien gérer son souffle et ça je ne sais pas le faire. A l'hôpital, on m'a proposé de faire un stage, une fois par semaine, tous les jeudis. Pour apprendre à bien gérer son souffle et ça je ne sais pas le faire en fait. A mon travail, ça 90 pose des problèmes de remplacement. Dans mon planning, je peux faire les quatre derniers jeudis. Je redonne ces journées là à mon employeur. Moi, je suis motivée, complètement ; donc en même temps si je ne peux pas faire ce stage de réhabilitation, le médecin m'a donné une ordonnance pour faire des séances de kiné aussi ; en fait, je crois que je ne dois pas prendre bien toute ma capacité 95 respiratoire, je gère mal ma capacité respiratoire. C'est ça mon problème maintenant. Pendant plusieurs années avant qu'on me dise que j'étais asthmatique. C'est incroyable comment ça peut être un problème psychologique, il a fallu qu'on identifié que c'était de l'asthme. Moi : Vous vous remémorez maintenant cela Maintenant, en parlant comme ça, j'ai été pendant des années ou je me disais que je me sentais fatiguée, sans penser que c'était l'asthme. Quand j'avais 5-6 ans j'ai fait des rhumatismes articulaires aigus. Si j'avais des gens devant moi, je leur dirais « vivez normalement, ne pensez pas toujours à ça, prenez bien vos médicaments. Je leur dirais cela surtout ; et essayez de 105 vivre normalement, comme tout le monde ». 120 Oui, moi je pense. Je suis fatiguée. Plus vulnérable. Moi, je suis sensible en fait. C'est marrant, je suis un peu comme ça mais en fait j'adore mon travail, beaucoup, je donne beaucoup, je pense que je donne beaucoup aux autres, à ma famille, jusqu'au moment où je pleure un petit peu, parce que voilà Moi : Votre famille, votre environnement vous donne aussi 125 Oui on reçoit, mais je préfère donner, aider les gens. On m'a bien aidée. Pour être bien, il faut prendre ses médicaments. Moi : Est ce qu'il y a d'autres choses importantes Et puis je suis assez speed, j'aime aller vite, aller vite et bien faire. Ne pas perdre de temps. L'infirmière me disait quand vous rentrez chez vous « qu'est-ce que vous faites? 130 Je prépare à manger, pour le soir. Je me repose en regardant les infos le soir et je m'assois là. Je suis comme ça. On ne se refait pas. Pendant des années, on poussait des chariots avec mes collègues ; Je ne disais rien, je ne me plaignais pas. Mon mari m'a beaucoup aidée aussi. La nuit quand je to ussais tout le 265 temps . Je n'avais pas conscience que ça pou vait être ça ; j'étais fatiguée ; Je travaille à 135 plein temps, j'ai ma famille. Mais c'est vrai que le soir, j'étais fatigué e à un point pas possible. Aujourd'hui, j' ai moins de fa tigue. Ca n'a rien à voir. J'étais dans le gouffre et je me disais ce n'est pas possible de rester comme ça, de vivre comme ça. J'avais même les pleurs aux yeux, ce n'est pas vrai. Plus je me fatiguais, moins j'avais envie de parler. A la maison, il y a des soirs où je ne disais rien. Je gardais l'énergie pour les enfants, 140 pour le mari. En même temps j'étais triste à l'intérieur. Un peu déprimée, je n'ai jamais été comme ça. Les enfants s'en sont ressentis un peu. Des fois, j'essayais, j'avais un manque d'énergie complet. Moi : vous avez trouvé un bénéfice dans le traitement. Ça rien à voir. En décembre, je pleurais, c'était plus de la fatigue parce que ce n'était 145 pas l'asthme. La maladie est toujours là. Ce n'est pas une maladie comme le cancer. Quand je vais marcher, je pense tout de suite à mes médicaments. J'aurais peur qu'il m'arrive quelque chose. J'espère que je vais faire ce stage pour la respiration. Pour mon nez, j'avais fait une cure pendant trois ans pour limiter les antibiotiques que 150 je prenais ; c'était des congés sans solde. Moi : Vous allez pouvoir devenir une formatrice pour les autres patients Si j'avais une personne devant moi, je lui dirais ça c'est clair pour vivre il faut prendre bien ses médicaments et puis vivre. Ce mode de prise en charge a été très bénéfique pour moi. Ça a duré sept ans avec des 155 allers retours. Sept ans ça été long, en fait. Cette notion de temps est importante, je n'aurais pas pensé. Ce n'était pas tout le temps, il y a eu des arrêts. Ce qu'elle me disait, je l'écoutais, je réfléchissais, je ne le mettais pas en pratique. Il faut un déclic qui fait que voilà. Le déclic, c'est quand elle a parlé plus fort. Elle ne pensait pas parler comme ça ; et en même temps elle avait eu un souci par ailleurs. Quand, on est énervé quelque 160 fois on parle un peu plus brusquement, sans savoir que chez moi ça a fait tilt. Moi : c'est la chose dont vous vous souvenez J'ai eu des moments comme ça où, je n'étais pas réceptive. J'y allais parce que voilà ; mais j'étais pas réceptive. Consciente mais pas réceptive. On pense qu'on est bien. Et on ne pense pas que voilà quoi. L'infirmière me dit souvent 165 pensez à vous. Moi, je me dis maintenant que c'est une maladie que j'ai appréhendée mais que j'ai bien appréhendée ; s'il m'arrive quelque chose maintenant je sais faire. Si 266 je n'avais pas eu cet apprentissage, je ne saurais pas. Je vois ce que le traitement à mon organisme. Je savais que vous veniez aujourd'hui, j'ai repensé à tout le chemin parcouru Je ne 170 pensais pas que cela avait été si long. Moi : Je vous remercie pour votre accueil et votre disponibilité. Catherine 2011. Moi : Pouvez- vous me dire comment ça se passe avec votre asthme? J'essaie de vivre avec. Il y a des périodes qui sont plus difficiles. A 19 ans, bon, c'est un accident de parcours ; six mois après, c'était pire ; ça ne faisait pas trop d'effet. Ils 5 en ont déduit que j'étais allergique à l'Aspirine. Après seulement, je mange normalement, je ne sais pas ce qui peut me déclencher mes crises. Je faisais de la gym régulièrement, j'ai du arrêter parce que je ne pouvais plus. Je faisais de la randonnée. J'ai remarqué qu'à l'effort, j'avais du mal avec l'activité physique. Le stage à la montagne, la première année c'était spectaculaire, la seconde ça m'a fait du 10 bien aussi, la troisième moins, parce que c'est moi qui ai demandé à y aller ; ça m'a peut-être moins apporté quand même. Moi : Enfant, vous étiez moins gênée Ah oui, j'étais en pleine forme, j'étais moins atteinte que maintenant. Aujourd'hui vous voyez je suis en forme, on ne peut pas dire. Je suis limitée, d 'ailleurs quand je 15 fais le peak-flow, je fais 200 dès qu'il y a une côte ou un effort à faire, ça y estcontrariété, ça me joue des tours ; C'est quand même invalidant, quand on arrive en pleine nuit. Je suis venue en janvier, février, mars et juillet j'espère que; les deux dernières fois, je suis venue avec ma propre voiture parce que j'ai dit bon. Appeler le Samu qui vous passe un 20 médecin qui vous prend en charge ça c'est bien : vous allez bien? Vous êtes allergique? C'est ça le problème, je serais allergiqueAlors on m'a posé des tas de questions, il y a eu des tas de recherche ; bon, mon frère a fait de l'eczéma. Au début, je me souviens il m'a dit « j'ai cru que tu allais mourir » ; je me revois dans ma chambre, hydrocortisone, syndicort® et ventoline®, pour moi, je trouve que c'est le 25 médicament qui me va bien, je touche du bois ça va pas trop mal. En 2010, jusqu'au début 2011, de la cortisone, j'en ai bouffé je suis assez pessimiste, on va dire, vous voyez, je suis vite abattue, je ne sais pas comment dire ; il y a ceux qui voient la moitié du verre plein, moi je le vois vide. Ah bien oui. Ah je serais plus heureuse, ah ben oui, être plus zen. Qu'est ce que je donnerais pour être plus zen. Le soir, je me 30 couche tout le temps, anxieuse. Moi : Vous venez pour ne pas gérer votre crise seule Je viens parce que je ne peux plus. Vous savez quand vous êtes pliée en deux, vous ne pouvez plus. Je veux dire. J'étais en formation à la préfecture une journée, en pleine forme. Le soir, je rentre chez moi, il n'y a rien eu de particulier, c'est çaQuand ça va bien, on se dit je vis avec. Je vais prendre le machin, ça va. Je 55 n'aime pas partir. En plus je me dis, oh ben non, il faut trimbaler l'appareil. Je fais autre chose mais, c'est astreignant. Je n'aime pas m'arrêter, parce que chez moi, je m'ennuie. Pour l'asthme, j'ai été arrêtée quinze jours à noël 2010. Aux urgences, la dernière fois, ils m'ont arrêtée la journée et là j'en ressentais le besoin, c'est la première fois. Ma mère me dit que quand j'étais jeune, j'avais des bronchites 60 souvent, je voulais absolument pas arrêtée l'école, ça été mal soigné, c'est elle qui me dit ça maintenant. Je sais que j'étais souvent enrhumée et ça ne se soignait pas vraiment, et hop une bronchite en entraînait une autre. La marche, je suis une grande marcheuse, je faisais un peu de natation, du vélo, plus 65 ça allait, plusje me suis dit comment ça se fait ; je faisais de la kiné aussi ; j'ai essayé en mai l'an dernier, des fois deux fois par semaine. Là quand j'ai toujours 269 été consciente. La dernière fois, j'appelle le Samu, il m'envoie les ambulances derrière chez moi, je n'en pouvais plus, il arrive et je disait « vite l'oxygène », il arrive, l'oxygène vide chez moi, non c'est pas possible, et en plus, le gars je lui 70 disais, il me disait calmez-vous, calmez vous, il était marrant quand on peut plus, on ne peut plus quoi. Je n'en pouvais plus. Je trouvais ça lamentable, l'oxygène n'avait pas été contrôlé. Il disait « j'espère qu'il y en a dans le camion » ; je me disais « c'est pas possible », il disait cela à son collègue. D'ailleurs je me souviens, je disais « j'en peux plus », vous voyez bien quand vous êtes paniqué ; il me disait vous allez 75 vous calmer, odieux mais vraiment odieux, il avait crié au téléphone. Pareil, vous avez pris un abonnement. La doctoresse m'avait dit vous savez, c'est sérieux ce que vous avez. J'ai dit «oui, je sais ». Moi : A quoi, vous pensez quand c'est difficile? Jusqu'à présent, j'ai réussi à gérer le truc. J'en ai parlé avec des gens qui ont vu d'autres personnes mal. Au boulot, les pompiers sont venus me chercher. Ma 90 collègue m'a dit après, « j'ai cru que c'était la fin ». Le fait d'être gênée ça m'a rendu un peu aigrie, je n'aime pas la foule. Je n'aime pas je ne vais pas dire que je suis sauvage mais il y a un peu de ça. C'est pas que j'aime la solitude, je ne sais pas comment leJ'aime bien être seule, ce n'est pas facile à dire ça m'a renduj'ai déjà du mal à me gérer, à gérer ce problème, moi 95 toujours. Tantôt la secrétaire m'a dit « tu ne parles jamais de ta maladie ». Je n'en parle jamais, je n'aime pas en parler, je ne veux pas emmerder les autres avec ça. Moi : Vous en parlez à vos proches Ma mère se fait beaucoup de souci pour ça. Elle est dans le sud. Sachant que je suis seule. Il y a une chose importante, avant tout, c'est ta santé avant tout. Quand j'étais 100 sous cortisone, mon père était malade. Je résume, il m'a seulement dit « ça y est, je 270 suis foutu ». J'appelle pour avoir de ses nouvelles. Je lui demande « ça va, papa? », il va me dire oui, oui. Jamais iil ne va me dire J'ai toujours peur de gêner les autres. Je ne peux pas rentrer dans les détails, vous savez où je travaille. Pour certains oui ; pour d'autres non. Déjà mon chef ne m'aime 105 pas, il ne m'aime pas, il ne m'aime pas, je ne suis jamais sereine. A une époque si, le pneumologue m'a dit que non, mais moi ma concentration fout le camp ; le pneumologue m'a dit que non ; mais moi si je le pense. Là maintenant, au boulot ça c'est amélioré parce qu'il y a une nouvelle secrétaire qui est arrivée. Il m'enfonce comme Elle, elle est prof de sophro, c'est incroyable. Vous voulez faire des loisirs mais La sophro, c'est bien ; j'en avais fait, c'était en Normandie mais c'est un peu loin, il faut trouver le bon prof. Pour moi, ce n'est pas évident de trouver le bon prof. A l'époque en Bretagne, je me suis dit, j'aurais dû me contrôler ou attendre que la crise passe. Je me contiens, je me contiens, je me contiens et à un moment donné, je ne peux plus. La dame qui faisait la sophrologie était plus calme, très rassurante, très aidant, on était voisin ; donc ça m'aidait moralement, psychologiquement ; ce n'est pas grandchose ; si çamais bon ; comme dit ma mère, c'est épuisant (rires). Moi : On peut essayer de faire autrement On peut essayer. Il faut faire avec ; c'est vrai la vie, n'est pas comme j'aurais aimé 120 être. J'en parlais avec une collègue. Elle me disait « la vie de couple ce n'est pas non plus la panacée, tu as l'air d'idéaliser ça ». Moi j'idéalise la vie, la vie de couple. Mes neveux sont en Bretagne mais bonEtre là, ne pas voire, ne pas entendre. Si j'étais dans le sud, non, je ne veux pas voire mon père prendre ses médicaments, je ne veux pas voir je serais malheureuse parce que je ne verrais pas assez mes 125 neveux parce que je ne pourrais pas faire autre chose de plus, j'en souffrirai, je ne vois pas, je n'entends pas. Je me pose trop de questions, je me gâche la vie quoi.. Moi : vous voyez un lien entre se poser des questions et l'asthme Non, pas se poser des questions. On m'a toujours dit que l'asthme c'est une maladie 130 psycho machin truc. Moi, j'ai les bronches qui sont toutes recroquevillées. Toutes les radios de poumons sont excellentes. La dernière fois juste le gaz du sang, elle m'a dit c'est correct mais ça pourrait être mieux. A chaque fois, on m'a dit les prises de sang, aucun souci. Oui mais alors s'il y avait un traitement pour ouvrir les poumons ; la grippe, hop, il y a un traitement et puis ça passe ; que l'asthme, non. J'ai tellement 271 135 entendu dire aussi que toutes ces maladies, asthme, il n'y a pas la main dessusQuand on est énervé, ça favorise ; quelques heures après je ressens Ma hantise, c'est la bouteille d'oxygène à traîner pour aller travailler ben oui. Je suis très pessimiste, je vois tout noir, l'avenir me fait peur. Quand je fais une crise, le moral, il chute. J'avais demandé aux urgences si quand vous respirez vous voyez tout en noir. Quand ça va, ça va. Moi : Ça vous arrive d'oublier Ça m'arrive ; là, il faut quand même dire que je n'en prends pas beaucoup. J'ai des périodes ; un truc en amène un autre, je dis ce n'est pas possible. Ça me gène. Vous voyez la cortisone ça me gène au niveau du fémur. Vous voyez les courses, ce n'est 145 pas évident. Je pense à emmener la ventoline®, le syndicort® avec moi. Ça je vais y penser. Quand, je vais monter une côte, je vais penser à adapter ma respiration. J'ai connu ça. Là ça va. Mais comment vous dire celasortir de ma bagnole et monter vite chez moi ; je courais pour prendre vite mon traitement ; c'est la course contre le temps et on panique ; il y a eu des tas de circonstance. Après on se dit oui, j'aurais dû 150 faire si ; on n'arrive pas à expliquer ; c'est pas facile ; on sent venir ; oui par contre toutes les odeurs fortes, tenaces, le tabac, le gasoil, c'est radical ; alors ça ; je ne sais pas comment dire gênants ; je raccroche et dans ma voiture, ça va mieux ; ça se tient là ; c'est pas des picotements au nez, c'est là comme si la bronche refusait de ; je ne sais pas comment l'expliquer. Faut attendre un quart d'heure entre chaque, moi, 155 je ne vais pas attendre un quart d'heure. J'ai l'impression qu'ici ça se bloque, il y a comme un voile qui se met pour m'empêcher de A la rentrée, je vais reprendre la marche, la danse. Vous allez rire, je dois être le seul cas comme ça en France, je vais bientôt être en vacances. Je sens bien que ça avance, approcheJuillet et août, ça veut dire vacances, quand on est en famille, il n'y a 160 pas de problème, on part en famille. Je galère pour trouver ça c'est pénible. Ou alors, si j'avais été en famille, je n'aurais pas ce problème là. Ca me gâche la vie ; je le dis souvent ça pourrit la vie. Je n'ai pas trop confiance en moi, si j'avais dû choisir je ne serai pas comme ça. Si j'avais des choix à faire, je ne serais pas comme ça. J'ai un travail de bureau ; ma mère me dit souvent tu as une chance inouïe d'avoir ce 165 travail. C'est vrai que j'ai de la chance Si on me disait tu vas le refaire, dans une autre ville tu seras super heureuse, je le ferais. Moi : Je vous remercie de votre disponibilité et de vous êtes déplacée. Moi : Comment vous vivez avec votre asthme? On va peut être commencer par l'historique de la maladie . Je suis asthmatique depuis l'enfance, pratiquement de naissance. Mais quand j'ai commencé à travailler dans la 5 charpente métallique ; à partir de l'âge de 18 ans, j'ai été suivi par l'hôpital, par la pneumologie qui était à l'époque, à l'ancienne maternité ; avant j'étais suivi par le médecin traitant. Dans la charpente métallique, j'étais gêné au niveau des efforts physiques, monter des charges. Maintenant je suis en invalidité ; ça été progressif. J'ai travaillé à mi-temps. Après, j'ai suivi une formation et j'ai travaillé en dessin de 10 construction métallique pendant 12 ans. Puis j'ai fait de la réhabilitation à l'effort à la montagne. Je ne savais pas respirer. On ne sait pas respirer, peu de personnes savent vraiment, correctement respirer. C'est mieux pour les contacts extérieurs. Moi : Comment vous avez vécu d'être asth matique ? 15 A l'époque, le sport, on n'en faisait pas, c'était même contre indiqué. Ce que j'ai appris c'est à gérer la maladie, et à gérer au mieux ce que l'on a. J' ai trouvé ça bien. On avait prévu des choses, des sorties et puis on ne peut pas faire. Aujourd'hui encore, c'est difficile de faire des projets ; on s'adapte, il n'y a pas d'autres façons de faire. J'aime bien travailler à l'extérieur ; avec l'aquarelle, on ne pense plus à 20 la maladie, on oublie un peu. Moi : Que diriez-vous des traitements? Soignez-vous quand vous allez bien pour ne pas aller mal Des fois, les traitements sont lourds, on en a un peu marre, on a envie d 'arrêter Je n'ai pas envie d'arrêter, j'en connais trop les conséquences. Je n'ai pas été en 25 réanimation ; on fait attention. La dernière fois que j'ai été hospitalisé, c'était les pompiers, le Samu qui m'ont pris en charge. 40 L'isolement, c'est se sentir soi-même différent des autres. Les autres ne peuvent pas comprendre ou alors c'est nous même qui nous isolons, c'est une sorte d'auto protection. Moi : qu'est ce qui vous semble le plus utile pour un asthmatique? Mieux faire connaître la maladie. 45 Avec l'association, on a essayé de mettre des choses en place, de faire bouger les gens, on n'y arrive pas. Les personnes ne veulent pas. Le collectif, le réseau peut aider ; parce que là, on se retrouve. Le lien social est très important. Moi : Selon vous, la maladie peut apporter des choses D'autres rencontres, c'est simple, il y aurait peut être autre chose. 50 Le traitement ne prend pas beaucoup de temps dans une journée, à peu près 10 mn, matin, midi et soir, ce sont les aérosols qui sont les plus longs Moi : Aujourd'hui, on peut dire donc dire que vous suivez bien les consignes des médecins parce que vous en avez vu le bénéfice. Je vous remercie. Moi : Que pouvez-vous me dire de l'histoire de votre maladie? P : Etant donné que je ne prends pas mon traitement, ben Moi : oui 5 P : Non, je ne le prendsdonc je suis souvent en crise. Je suis partie en fait, un an à la montagne. Là-bas, je ne le prenais pas non plus et j'étais beaucoup mieux. Ici, je ne prends pas, non plus Moi : Vous étiez partie vivre à la montagne P : J'étais partie en maison de cure à Gap. Après, j'en ai refait une, peut-être un an, 10 deux ans après dans un centre pour adultes à Gap ; après comme j'ai vu que ça me plaisait, que je respirais mieux puis j'avais fait des connaissances sympa donc j'ai voulu rester, je suis restée un an, après j'ai dû rentrer. Je continue à ne pas prendre mon traitement. Je le prends quand j'y pense, je fais un peu n'importe quoi et ça depuis l'âge de 11 ans ; l'asthme s'est déclaré à l'âge de 11 ans. Moi : A 11 ans les médecins ont dit que vous étiez asthmatique P : On l'a vu parce que j'étais au collège et je voulais faire de la gymnastique le mercredi avec une prof du collège. Pour faire ça, j'ai dû passer par le médecin du sport qui a conseillé à ma mère d'aller voir un allergologue pneumologue ; ce qu'on a fait, on a vu madame Nic à l'hôpital et on a vu que j'avais un asthme allergique, 20 j'ai un asthme plus quelques allergies. On a commencé les désensibilisations, je ne les ai pas supportées, je faisais une crise à chaque fois, après chaque piqûre du coup on les a arrêtées et ben depuis je suis comme ça. Moi : Et avant quand vous étiez plus petite P : Je faisais souvent des rhumes en fait ; ma mère pensait que c'était juste des 25 rhumes. Jusqu'au jour où on s'est rendu compte qu'en fait c'était sûrement des allergies parce qu'en fait, on habitait à coté d'un étang en fait, à la campagne ; Mise à part les rhumes, je n'ai jamais eu qui faisait penser à l'asthme . Moi : Comment ça s'est passé pour vous? P : Au début, je prenais mon traitement. Il a fallu quand même l'accepter d'avoir un 30 traitement à vie, du jour au lendemain. Plus ça allait moins j'y pensais, moins je le prenais et maintenant je ne le prends plus du tout. Je prends que la ventoline® et les aérosols parfois. 275 Moi : Pour vous à 11 ans, c'était quoi le traitement? P : C'était lourd, c'est lourd le tr aitement. On m'avait dit que j'avais un asthme fort. 35 J'avais un traitement assez lourd, à 11 ans, j'avais déjà du Séretide 500®, 2 fois par jour, matin et soir et Indiccus® ? Moi : c'est - à - dire ? P : C 'est un truc rond qu'il faut enclencher et puis aspir er un grand coup. C'est ma mère qui y pensait le plus puis après c'était à moi de me prendre en main. Au début je le prenais puis plus ça allait moins je le prenais et maintenant, je suis arrivée à ne plus le prendre du tout. Moi : Qu'est ce que vous pensez de cette situation? P : Je sais que je fais n'importe quoi. Je sais que si je le prenais, je ne serais pas là, je ne serais pas hospitalisée. 45 Moi : Le fait d'avoir de l'asthme au quotidien P : Etant donné que je suis essoufflée, j'ai toujours été dispensée de sport, j'étais souvent absente parce que j'avais souvent des rendez-vous, je faisais des crises. Quand j'étais plus jeune j'étais souvent hospitalisée ; il me gardait à l'hôpital une nuit ou deux et du coup, je loupais les cours Par rapport aux autres c'est vrai que 50 c'est gênant de respirer comme ça, on vous entend respirer, on entend les sifflements, on fait que de tousser, on fait que d'éternuer parce qu'il y a les allergies. C'est vrai que le regard des autres est un peu lourd Dans la classe, c'est un peu lourd. Les années de collège ça été vraiment dur. J'ai commencé à être malade à l'entrée du collège, pour les autres j'étais la malade 55 qu'il ne fallait pas approcher Moi : Ils vous l'ont dit? P : Oui, ils me l'ont dit beaucoup, ils m'ont dit que Au collège je n'étais pas trop dispensée de sport, je n'en faisais pas quand même parce que pour eux si j'étais dans leur équipe, on faisait du volley, et comme je m'essoufflais vite, personne ne voulait 60 de moi dans son équipe. Donc, puis après, je ne voulais plus aller à l'école. Un jour, ma mère a été obligée d'y aller de « gueuler un bon coup ». Ça n'a rien changé et elle a dû me trouver un autre établissement. En fait, j'ai fait 6ème et 5ème au collège après je suis allée dans un lycée professionnel et j'ai fait une 3ème en deux ans, où on apprend ce que font les 4èmes et les 3èmes sur deux ans. On fait la même chose qu'au 65 collège sauf qu'on fait des stages. Je pense que si j'étais restée au collège je ne l'aurais pas eu le brevet. C'était pareil, c'était la même chose, mais en lycée 276 professionnel, ce qui était bien par rapport au collège, c'est qu'il nous permettait de faire plus de stage, on n'était pas tout le temps en stage. Après j'ai rien fait jusqu'en septembreDu coup de septembre 2009 à juillet 2010, j'ai été viré comme j'avais rien là-bas, je suis arrivée dans un foyer de jeunes travailleurs, c'était un peu trop souvent le bordel, et que je n'étais pas rassurée. J'ai demandé une chambre en 95 internat. Donc j'avais une chambre, le jour où j'ai été virée, je n'avais plus la chambre. Et après j'ai eu un différent avec l'éducateur du foyer en juin 2010 et depuis je suis chez moi, j'ai mon appartement. Je travaille à la mairie d'AEt du coup ça m'a permis de prendre un appartement. Actuellement je n'ai pas de boulot. J'ai fini mon 100 CDD. 277 Moi : Comment vous voyez les choses maintenant? P : J'essaie de ne pas trop les voir, de ne pas y penser ; j'y pense pas ; ça arrive comme ça arrive. Moi : Vous êtes à l'hôpital pour quelques jours 105 P : C'est ce que je disais au docteur, en sortant d'ici, je ne vais pas suivre mieux le traitement, quand je vais arriver chez moi, je ne vais pas le prendre. Parce que ça fait des années que je ne le prends plus. Pour moi, c'est une habitude de ne plus le prendre. Le reprendre, je l'avoue, je n'ai pas envie en faitQuand je le prenais avant sur Angers, j'étais toujours essoufflée comme avant. Quand je ne le prends pas c'est 110 le même état. Autant ne pas le prendre. Moi : Vous avez remarqué que le fait de prendre ou de ne pas prendre le traitement vous respirez de la même façon P : Oui. C'est l'impression que j'ai, après je me trompe peut-être. Moi : Quand vous êtes gênée, vous ne l'êtes pas trop? : Ah si j'ai différents types de crise ; ça dépend de la crise mais quand j'ai une grosse crise je ne peux rien faire. Rien que le fait d'aller de ma cuisine à ma salle de bain, je suis essoufflée, ça siffle, j'ai chaud, je ne suis pas bien et après quand j'y repense, habituellement, je suis toujours en crise, en petite crise, j'ai toujours des râles, je suis toujours essoufflée. C'est comme ça parce que je ne le prends pas. Moi : Et d'après vous, pourquoi elles disent cela? P : Parce que ce sont mes amies. Elles savent qu'une crise d'asthme ça peut être grave. Moi : Qu'est ce qu'elles vous prouvent leur amitié, leur affection P : oui peut-être 145 Moi : qu'est ce que ça veut dire de ne pas le prendre? P : C'est la question que me pose à chaque fois le docteur ici. Ben, c'est juste que je n'aie pas envie de le prendre Moi : Vous n'avez pas envie P : C'est juste que je n'aie pas envie. Ça ne m'apporte rien 150 Moi : Vous imaginez la vie comme ça P : La vie est compliquée Moi : Ça veut dire quoi? P : Ben la famille, le boulot, pour avoir un cours, la maladie, les amis, tout est compliqué. Je me suis habituée à une vie comme ça. Je me fous de tout, et puis je 155 n'attends pas Je suis pessimiste, je le suis un peu trop. Moi : Vous êtes allé en centre, vous avez rencontré des jeunes comme vous qui ont un asthme P : Je ne les côtoyais pas trop parce que je n'avais pas envie d'être avec eux. J'avais juste une amie qui avait la mucoviscidose. Elle et moi, on se ressemble un peu. On 160 pense les choses pareilles. On a les mêmes délireselle ne me parle plus pour l'instant. Moi : Le docteur vous a t-il proposé de rencontrer d'autres personnes comme vous avec de l'asthme P : Elle m'avait proposé de je ne sais plus si elle me l'avait proposé. Moi : Vous savez qu'il y a de nombreuses personnes qui ont de l'asthme et qui travaillent, qui s'occupent d'une famille 279 P : Moi si je ne fais rien ce n'est pas qu'à cause de l 'asthme. C'est que je n 'ai pas envie aussi. L'as th me ça bloque beaucoup de chose. Je ne peux pas dire oui ou non parce que j'ai l'asthme et je n'arrive pas à voir ma vie sans l'asthme maintenant. Je 170 ne sais pas mais je pense Je connais plein de gens qui ont l'asthme et qui sont comme moi Moi : Est-ce que vous vous dites parfois, qu'il y a une façon de faire qui vous aiderait? P : Les médecins, ils ne sont pas là pour me faire prendre mon traitement. Ils sont là 175 pour me soignernon,.c'est moi. Mise à part me dissuader de le prendre. Non, je ne vois pas Moi : Alors ils doivent faire autrement P : Ben, je ne sais pas comment, ils pourraient faire autrement. Moi : C'est un peu curieux, à vos amis vous diriez de prendre le traitement et pour 180 vous vous n'avez pas envie? P : Ben oui. Pour eux je veux tout, pour moi, je ne veux rien. Je vois mes soeurs, mes frères je ne les vois pas, je vois mes soeurs, ma mère, mes niècesje ne sais pas si mes soeurs se rendent compte ma mère peut-être, ma soeur aînée le sait, la deuxième ne le sait pas. Dans la famille, on a beaucoup d'asthme, mon père, mes grand parents en avaient, moi dans ma famille, il y en a beaucoup. Mon petit frère en a eu petit, il va mieux, maintenant, c'est l'eczéma qu'il a ; ils en font tous pratiquement. On n'est pas beaucoup à y avoir échappé dans la famille. Moi : C'est courage ux de votre part de me dire à plusieurs reprises que vous ne 190 prenez pas votre traitement P : Je ne vais pas le cacher et dire que mon asthme est comme ça et que je ne sais pas pourquoi. Je le sais. C'est honnête, c'est tout (rires) Moi : Comment ça va se passer quand vous allez sortir de l'hôpital? P : J'espère ne pas rester longtemps. Après je sais là, c'est parce que j'avais fait 195 une crise assez importante , sinon même si j'ai du mal à respirer , quand je dois travailler, je travaille. En fait, cette année je travaillais près d'enfants dans une cantine, je surveillais de 11h45 à 13h 45 et souvent j'étais toujours gênée, j'y allais quand même, il fallait bien que quelqu'un surveille les enfants, je ne pouvais pas laisser les ASM toutes 280 200 seules avec cinquante gamins. Après, il y a des crises qui ne me permettaient pas de le faire. Je suis toujours fatiguée de toute façon, je suis toujours épuisée, j'ai toujours envie de dormir. C'est parce que je me couche tard aussi, il n'y a pas que l'asthme. Je me couche très tard, tous les jours. Hier soir, j'ai voulu me coucher de bonne heure et je 205 n'ai pas dormi avant trois heures . Moi : Le sommeil est un peu perturb é P : Moi, je suis complètement déréglée. Après quand je dois me lever, je me lève. Moi : Est-ce qu'il y a un lien entre être fatiguée et ne pas prendre son traitement? P : Sûrement car être essoufflé ça fatigue, de tousser ça fatigue, d'avoir mal à la tête 210 ça fatigue beaucoup, je pense qu'il y a un truc Moi : Vous auriez envie d'être moins fatiguée P : Non parce que j'aime bien dormirriresça ne me gène pas plus que ça. Même fatiguée, je sors. Là, je suis fatiguée, je tiens quand même. Je suis habituée de toute façon, ça fait cinq, six ans que c'est comme ça. vous Moi : J'aurais envie de vous demander comment vous allez depuis deux ans? P : Ca va mieux. J'ai eu des périodes plus dures que d'autres. Je suis retournée à la maison (chez sa mère), il y a deux ans. J'ai été hospitalisée, il y a un an, l'an dernier 5 et au mois de mai cette année. Celle de l'an dernier, je ne me rappelle plus. Celle du mois de mai, je suis restée une semaine et demie à l'hôpital. Au mois de mai, je suis sortie un soir, il pleuvait et j'ai chopé un rhume. Cela faisait déjà plusieurs jours que j'avais du mal à respirer, sans plus. J'ai laissé trainer et J'ai essayé de prendre de la ventoline®, des aérosols et cela ne passait pas. Je me suis dit 10 ça va passer. Le rhume a empiré et c'était le samedi soir, donc pas de médecin. Dans la nuit du samedi au dimanche j'ai pris ventoline® sur ventoline® et aérosols sur aérosols. Je n'ai pas dormi de la nuit. Le dimanche midi, je me suis levée et là, j'ai appelé les pompiers. Je me suis dis à l'hôpital, ils vont me faire 2 à 3 aérosols. Ils m'ont gardée. Moi : Quand vous dites que ça va mieux, qu'est ce qui fait que ça va mieux? J'ai un nouveau médicament. J'ai le xolair® maintenant. Ce sont des piqûres pour stabiliser l'asthme. J'en fais tous les mois. Moi : c'est vous qui les faites P : Non c'est le médecin. Quand le médecin le fait, je fuis un peu. Donc je ne me les 20 ferais pas. Depuis, ça m'arrive encore de ne pas être bien mais moins qu'avant. Moi : C'est le seul traitement que vous avez P : Non j'ai de l'innovair®, du nazanex®. Normalement, j'ai de l'hydrocortisone mais je ne le prends plus parce que je n'en ai plus. Je suis partie de chez ma mère, un peu En fait, je suis partie de chez ma mère et la 25 plupart des médicaments sont restés chez elle. Il a fallu que je redemande une ordonnance au médecin traitant et j'ai complément oublié de demander l'hydrocortisone. A chaque fois j'oublie. Je prends de la ventoline® et puis voilà Normalement, je dois en prendre tous les jours. Mais, les médicaments moins j'en prends, mieux je me porte. Je devrais les prendre mais ça me dérange. 30 Moi : L'injection tous les quinze jours vous la faites 283 P : Oui. J'ai voulu arrêter en début d'année parce que je ne voyais pas trop d'amélioration. Le pneumologue a insisté pour que je continue. Finalement, je continue. Mais j'ai toujours l'idée de l'arrêter. Moi : Vous savez qu'il faudra toujours prendre un médicament 35 P : Je sais bien que si je veux que ça se stabilise, il faut que je fasse ce qu'il faut. Entre le savoir, le vouloir et le faire, il y a une différence. Moi : Quelle différence P : Je le sais. Je sais quels sont les avantages à prendre le traitement. Je connais aussi les inconvénients. Mais après ça ne me dérange pas plus que ça de ne pas en 40 prendre. Je m'en fous un peu. Il y a deux ans, je ne les prenais plus du tout. Depuis à peu près un an je pense, je les reprends. Mais je ne prends pas tout. Je prends l'innovair®, je fais les piqûres et puis c'est tout. Et de la ventoline® souvent. Moi : Ce n'est pas rien de penser à aller faire sa piqûre La piqure, je ne sais pas pourquoi je la fais. Je la fais parce que je sais que je dois la 45 faire. Il n'y aurait que moi, je ne la ferais pas. Il y a des mois où je n'ai pas envie de la faire. Je m'en fous je la fais! Je ne la fais pas! Bon. J'ai dit au pneumologue que j'allais la faire. Donc, je la fais parce que je lui ai dit que je la ferais. Sinon, je ne la ferais pas. Moi : vous la faites parce que vous avez promis au pneumologue 50 P : Oui, je lui ai dit que la ferais donc je la fais. Sinon, je ne la ferais pas. C'était surtout pour arrêter d'en parler. Moi : Vous dites que si vous la faites, vous allez un peu mieux P : Oui, Bon après, ça s'arrête là. Ca ne me dérange pas plus que ça de ne pas en prendre. Moi : Vos projets c'est quoi pour vous, en ce moment? P : Je n'en ai pas tellement silence Moi : Vous vous occupez P : Je garde un enfant. Je fais des sorties parce que je ne peux pas le laisser enfermer toute la journée. Il n'y aurait que moi, je resterais toute la journée devant la télé, 60 chez moi. Ca, c'est mieux parce qu'on est tranquille, on est enfermée. Moi : Qu'est ce qu'il y a dans le fait d'être enfermée P : c'est comme un cocon en fait. Quand il y a de l'école, je reste chez moi. Je sors le soir pour aller le chercher. Je passe ma journée chez moi. Cet été, on a fait des sorties. Dans les sorties que nous avons faites, je me suis ennuyée. Je n'avais qu'une 65 hâte, c'était de rentrer. Quand, je suis chez moi, je n'ai pas d'effort à faire. Je n'ai pas à parler si je n'ai pas envie de parler. Si je pouvais ne pas sortir, je ne sortirais pas. Moi : Qu'est ce qui est embêtant dans le fait de sortir, est-ce qu'on peut réfléchir à cela, toutes les deux? 70 P : Voir du monde, c'est chiant. Le regard des autres me gêne plus par rapport à la maladie. Ça ne se voit pas mais ça s'entend. Moi : Ça ne s'entend pas en ce moment P : Parce que j'ai pris de la ventoline® ce matin et actuellement je suis sous antibiotiques et sous solupred® jusqu'à la fin de la semaine. Moi : Ça ne s'entend pas là P : D'habitude je sais que je l'entends. Moi : Vous n'aimez pas que les personnes entendent votre souffle P : Non, je n'aime pas ça. Moi : Il y a deux ans, j'entendais votre souffle, pas aujourd'hui. 80 P : Je ne sais pas. Maintenant, je bloque ma respiration avant que ça siffle. Je ne sais pas comment expliquer. Je sais à quel moment ça va siffler. J'ai appris à faire pour que les personnes n'entendent pas. Quand je ne vais pas bien, je préfère attendre que de prendre un traitement devant d'autres personnes. J'ai toujours peur que l'on me regarde. Que l'on me voit. Ce n'est pas à cause de ça que je n'aime pas sortir. Moi : Au téléphone, vous m'avez dit que vous cherchiez du travail pour la rentrée. P : Je n'ai pas trop le choix. Je ne suis pas chez moi. Je suis hébergée chez une amie. Il faut bien que je trouve un boulot pour avoir un appartement. Quand je veux sortir, je sors. Si je vais jouer dehors avec l'enfant, je sors. Seule, je n'irais pas. Si je n'ai pas de but, je ne sors pas. Je ne sors que quand j'ai des rendez-vous, pour faire des 90 courses, quand j'ai un but précis. Quand je vais faire du ménage chez des particuliers, même si je suis en crise, je gère. Quand je m'engage, je fais, je respecte l'engagement pour la personne. Si je suis en crise, je suis en crise, je fais. Ca va passer, je gérerais après. Moi : Est-ce que c'est mieux de gérer avant ou après? 95 P : Je sais que c'est mieux de gérer avant. Mais moi, je gère après. Une fois qu'une crise est là. C'est là. Moi : Comment vous sentez-vous quand vous êtes en crise? 285 P : Je n'ai pas peur. Je me sens oppressée parce que j'ai l'impression d'avoir un poids sur la poitrine. 100 Moi : A quoi pensez-vous à ce moment là? P : A rien. J'en ai marre. Moi : Vous en avez marre P : Oui, parce que moi-même je ne me comprends pas. Je m'en fous de faire une crise alors que j'ai tous les moyens pour éviter une crise. J'ai les aérosols, j'ai 105 l'hydrocortisone, l'innovair®, le peak flow que je ne fais jamais. Je l'avoue, j'ai tout mais c'est moi qui n'ai aucune volonté pour ça. Si je dois faire une crise, je fais une crise. Si je dois finir par appeler les pompiers, j'appelle les pompiers, mais en dernier recours. J'ai frôlé la réanimation pour l'asthme. Je m'en foutais carrément, j'étais morte de 110 rire. J'étais au foyer et je me suis mise à fumer. Je ne sais pas pourquoi, pour qui. J'avais un pote qui fumait. J'avais essayé juste une fois avant. Il m'a dit ça fait du bien, ça détend. Je me mise à fumer, ça fait du bien. Je me suis mise à fumer, à fumer un paquet tous les deux jours. Et ensuite au foyer, il y avait trois structures. Où j'étais, 115 j'avais mon indépendance. A 20h30, on devait être chacun chez soi et ne pas recevoir. Un soir, un pote du foyer qui auparavant avait fait du bruit jusqu'à 1h du matin. Les voisins s'étant plaints, il avait été viré de son appartement et placé dans un appartement près des éducateurs, à proximité du centre fermé. Il m'a dit d'aller chez lui. Je vais chez lui, il était une heure du matin et j'étais gênée pour respirer. Je 120 n'avais pas peur. J'étais gênée. Je me suis dit j'appelle les éducateurs ou les pompiers. Je suis dit si j'appelle l'éducateur, je vais me faire engueuler une bonne fois pour toute avec lui. Alors que si j'appelle les pompiers, ils vont tous venir. J'ai donc appelé l'éducateur. Il me dit «tu simules une crise juste pour que je te ramène chez toi ». J'étais assez loin de chez moi. Ca m'a énervée. J'avais alors plus de mal à 125 respirer. Je me suis mise à crier. Je suis descendue dans la rue. Arrivée là-bas, J'étais toute blanche, j'avais les lèvres bleues. Mon coeur s'était emballé, j'étais à plus de 200. Ils ont réussi à gérer en me faisant une piqûre de je ne sais plus quoi, ils ont mis l'oxygène à fond. Ils ont dit à l'éducateur, elle a frôlé la réa. Je sais que je peux y aller. Si une crise est trop violente, je sais que je peux y 130 aller. Je connais quelqu'un qui a perdu sa mère d'une crise d'asthme. Moi : Pour vous, ir, c'est peut être plus facile que de viv re 286 P : Oh oui, la vie c'est compliqué (silence) Ce que je sais c'est qu'on n'a pas tous la chance d'être né sous une bonne étoile . On n'a pas tous la chance d'avoir pris un bon chemin. On n'a pas tous la chance d'être 135 né dans une famille, on n'a pas tous la chance d'être en bonne santé. Moi, je ne dis pas que je fais tout pour être en bonne santé. Mon poids est dû à des médicaments. Ce n'est pas facile non plus de perdre du poids quand on n'a pas la volonté. Pour moi, ce n'est pas dû à la quantité de ce que je mange. C'est dû à une compensation. Après il y a la boulimie. Moi : Vous trouvez que dans votre famille, les relations ont été difficiles. P : Oui aussi bien avec mon père, ma mère, mes soeurs, mes frères Je suis partie de chez ma mère. Je ne lui parle plus. Déjà, j'ai toujours su que je n'étais pas désirée. Moi : Comment le savez-vous? 150 P : Je le sais. Personne ne me l'a dit. Je suis un enfant un enfant de remplacement. Avant moi, ma mère a fait une fausse-couche. Tout de suite après, elle a fait un enfant parce qu'elle avait perdu son bébé. Déjà, il y a ça. Ma mère m'a dit, j'ai fait une fausse-couche, il fallait absolument que j'aie un autre enfant derrière. Ça m'a choqué de l'apprendre. Maintenant ça m'aide plus, à 155 comprendre certaines choses. J'ai appris d'autres choses sur mon enfance. Je ne peux pas dire que je l'ai oublié. Je ne peux pas m'en souvenir parce que j'étais trop petite. Ca peut expliquer certaines choses aussi. On ne peut pas vouloir un enfant pour ça. Moi, je pense que ma mère savait très bien comment était mon père. Ils avaient déjà eu ma soeur avant. Ma soeur est née en 1984 et moi en 1990. Donc cela faisait au 160 moins six ans qu'ils étaient ensemble. Si j'avais été ma mère, je n'aurais pas fait un enfant avec un homme comme lui. Cela c'est sûr. Et après, tout s'explique. Je sais que je me pose des questions, à savoir pourquoi ça c'est passé comme ça? Pourquoi mon père était comme ça avec moi? Maintenant je le sais, je l'ai compris. Quand nous étions petites avec ma soeur , un coup il (le père) était avec nous, un coup il était avec une autre femme. C'est pour vous dire. Entre ma soeur et moi, nous avons un demi-frère. Il a été voir ailleurs, il a eu un gamin. Ensuite, il y a eu moi. Quand il était à la maison, il était insultant. Je ne sais pas pourquoi, on me l'a dit. Quand j'avais 6 mois, il m'a traitée de putain. Quand je suis née, il m'a dit tu ne 170 m'appelles pas papa, genre tu n'es pas ma fille. Je ressemblais beaucoup à ma soeur ainée qui n'est pas sa fille. Après entre 1997-1998, on est revenu ici. Mon père est resté là-bas.
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Deux champs symboliques sont convoqués par le narrateur : on trouve autant les mythes kongo que les mythes chrétiens de la Bible. Le socle mythologique kongo, ses croyances anciennes, ses esprits et ses saints constituent « la matera primera » mythologique du roman sonyen. L'auteur y puise, les croyances qui se manifestent comme des symboles insérés dans la structure textuelle. Ainsi les « hiérophanies », c'est-à-dire les manifestations du sacré exprimées dans des symboles, des mythes, des êtres surnaturels, les objets sont appréhendées comme « structures » et constituent un discours de violence basé sur le symbolique. Sacralisation par analogie au mythe christique Le mythe et le sacré englobent les religions messianiques et prophétiques kongo. Ceux-ci procèdent d'un syncrétisme qui intègre les leaders politiques et les saints du catholicisme assimilé. En effet, on trouve sur les terres du Kongo, au Congo-Brazzaville, en Angola et au Congo RDC une prolifération de religions affiliées au Dieu Nzambi Mpungu et aux esprits Nkita ou Bankita 387. Ainsi, les évangiles seront considérés dans notre étude comme faisant partie de l'univers mythologique des Bakongo. Christianisés depuis le XVIe siècle, les Bakongo ont exprimé des religions politiquement engagées. De Kimpa Vita à Paul Kibamgou, André Matsoua et Patrice Emery Lumumba, les Kongo ont eu l'habitude d'associer leurs leaders politiques à la sainteté chrétienne. Il est accordé aux martyrs de leur mouvement politique la même importance qu'aux saints chrétiens. On vit apparaître l'église des Anthonies, l'église kibamguiste et l'église matsouaniste 388 qui oeuvrent, dans l'action politique au profit des 386 Ibidem, p. 9. Nous ne porterons aucun jugement le bien fondé ou sur l'existence de ces nombreuses églises apparentées aux partis politiques qui parfois, participent aux violences ou justifient les guerres intestines que connaissent les pays. Notre étude tient à rester dans son sens littéraire . 388 Berthin N'Zolomona, « Les Eglises indépendantes prophétiques et/ou messianiques du Congo. » In Les religions africaines, Paris, L'Harmattan, 199, pp. 64- 65. Du nom de son prophète Simon Kimbangou, ancien catéchiste anglican né en 1889 à nkamaba (actuel Congo Démocratique), le Kimbanguisme a été le plus grand mouvement politico-religieux du bassin du Congo. recommandait de nettoyer les cimetières en vue de la résurrection des ancêtres. Son oeuvre représente une tentative de récupération du christianisme par la culture Kongo. Nkamba, berceau du kimbanguisme était devenu, la nouvelle Jérusalem, où Kimbangou opérait des miracles. Des foules immenses venues de toute l'Afrique centrale convergeaient vers Nkamaba pour la prière, la guérison et la bonne parole. Le Kimbangouisme s'est répandu très rapidement au Congo-Brazzaville et en Angola. Kimbangou a alors été arrêté et déporté à la prison de Lubumbashi où il est mort le 12 octobre 1951, après trente ans de détention. 389 Philippe Sellier, « Qu'est-ce qu 'un mythe littéraire? », in Litt é rature n.55, La rousse , 1984 , pp . 113 -126. Philippe Sellier dégage les six caractéristiques essentielles sur lesquelles repose le mythe ethno- religieux : 1- « Il relate un événement qui a eu lieu dans le temps primordial, le temps fabuleux des commencements, un événement passé avant la création du monde ou pendant les premiers âges, en tout cas, il y a longtemps. 2- Il est de forme collective et orale. 3- Il décrit l'irruption du sacré dans le monde, la venue à l'existence, grâce à l'exploit d'êtres surnaturels, d'une réalité. 4- Son sens n'est pas seulement celui du fil du récit () aussi le sens symbolique des termes. 5- Il correspond à une forme grossière de spéculation philosophique. 6- Il constitue enfin un récit paradigmatique faisant partie intégrante de la langue, relevant du discours. » 251 Notre étude compte démontrer que la structure sémantique de l'oeuvre de Sony Labou Tansi tient d'un symbolisme qui s'apparente aux religions primitives africa . Notre analyse s'appuiera sur des études structuralistes qui se sont penchées sur les mythes primitifs en général et sur les croyances kongo en particulier, afin de révéler la structure du sacré dans le roman. Il s'agit d'analyser la diversité des formes mythologiques du roman sonyen en s'intéressant au sacré comme dénominateur commun des mythes cosmogoniques et ethno-religieux du Kongo. Notre étude thématique s'ouvre donc aussi bien aux mythes primitifs kongo appartenant à la tradition orale qu'aux mythes bibliques des écritures saintes. Premièrement, nous analyserons l'espace kongo et son système mythologique à travers sa cosmogonie. Il est évident que le romancier construit un univers dont le sens se trouve dans la lecture des signes et des symboles de la mythologie de son peuple. I.I- LA COSMOGINIE KONGO COMME ESSENCE DU ROMAN Notons d'abord que l'étude de la pensée religieuse et du sacré dans l'écriture nous conduit nécessairement à nous interroger sur l'adhésion de l'auteur à la sacralité de ces symboles et aux croyances auxquelles ils réfèrent. La critique de Jean Michel Devésa est consciente de cette problématique puisqu'elle appelle à deux approches différentes de l'oeuvre sonyenne. Dans l'ouverture de l'analyse de ce qu'il appelle « une Ecriture de l'émotion, » en parlant de l'ouvrage de Jean Claude Blachère, Négritures, il reproche au critique de manquer de références suffisantes sur la culture de l'auteur. Selon Jean Michel Devesa, « réduire l'univers de Sony Labou Tansi à sa seule réalité langagière conduit à ignorer l'ancrage social et historique dont l'écrivain a pris soin de lester son 252 oeuvre 390. » Dans la même étude, il révèle le sens de l'écriture chez Sony Labou Tansi, qui selon lui, est une démarche de recherche, une quête du symbole qui définit l'écriture sonyenne comme une manière de sonder ce « lieu exact plutôt que géographique, il est, à vrai dire symbolique, matérialisé chez les Kongo par la croix Lemba 391. » Toutefois, après avoir cité longuement Sony Labou Tansi, il affirme que l'auteur revendique sa part d'écrivain en refusant « ce regard africain qui veut que les Africains qui viennent à l'écriture s'inspirent des traditions » et, selon l'auteur qu'il cite, « il faut inventer une tradition» puisque « les écrivains, les créateurs inventent tous les jours. » Se demandant lui-même si ce qu'il écrit « est un roman ou pas, Sony Labou Tansi répond que si « son histoire a cette dimension magique », c'est que « la réalité a un fond magique. » Jean Michel Devésa réajuste son propos en mettant en exergue cette part de créativité et d'invention de l'écrivain complexe qui est Sony Labou Tansi : Sony en réponse à un interlocuteur pour lequel paradoxal, a eu un mot cinglant : « inventer une tradition » [était] « Je l'oppose à la tradition héréditaire que l'on croit voir dans mes romans. Tant pis si l'on est suffisamment dupe pour me croire 392. » Et à Jean Michel Devésa de conclure son propos : Il incombe par conséquent aux commentateurs de se le tenir pour dit. Entre paradoxe et ambiguïté, la question de la tradition est un piège dans lequel il ne faut pas tomber. Afin d'éviter les paradoxes d'une telle entreprise, à savoir l'étude du sacré, nous nous fierons au texte littéraire comme matière d'étude et aux théories structuralistes de la mythologie comme outil d'analyse. Concernant l'auteur, il conviendrait de ne pas s'aventurer dans le domaine de sa foi. D'autant, que le récit de Sony Labou Tansi est inter-dit, il est porté par un narrateur communautaire qui, luimême, est un témoin oculaire qui rapporte le discours des personnages. 390 Jean Michel Devésa, Sony Labou Tansi, écrivain de la honte et des rives du fleuve Kongo, op.cit., p. 100. Ibidem, p.134. 392 Ibidem, p.127. 393 Ibidem, p.126. 391 253 Nous nous fierons à cette définition du « génie » que donne Gérard Genette comme étant l'essence de l'oeuvre. Etudier le sacré et les mythes, c'est partir d'un langage littéraire, c'est-à-dire de « l'Idée » de l'oeuvre et non de la personnalité de l'auteur. Selon Gerard Genette, « l'une des fonctions du langage, et de la littérature comme langage, est (d'ailleurs) de détruire son locuteur et de le désigner comme absent 394. » Le critique suggère, dans l'idée de « la critique pure », une herméneutique qui se base sur la notion de « l'Idée » comme matière de base de la littéraire. Elle définit une disparition totale de l'auteur en tant qu'individu. Le « je » du récit ne renvoie pas à une personne extratextuelle, il réfère plutôt à une entité intradiégétique : le narrateur, c'est-à-dire l'instance langagière par excellence. La critique qui est faite de l'oeuvre oppose le « je » de l'auteur au « je » du narrateur en signifiant que la littérature existe à partir du moment où le « il », objet représenté, devient « je » du narrateur, sujet et conscience parlant. Le « je » de l'auteur qui introduit le « il » impersonnel s'estompe pour laisser s'exprimer le « je » conscience et « Idée » de l'oeuvre : La substitution de il au je n'est évidemment ici qu'un symbole, peut-être trop clair, dont on trouverait une version plus sourde, et apparemment inverse, la façon dont Proust renonce au « il » trop bien centré de Jean Sauteuil pour le je décentré, équivoque, de la recherche, le « je » d'un Narrateur qui n'est positivement ni l'auteur ni qui que ce soit d'autre, et qui manifeste assez comment Proust a rencontré son génie au moment où il trouvait dans son oeuvre le lieu de langage où son individualité allait pouvoir éclater et se dissoudre en Idée. Ainsi pour la critique parler de Proust ou de Kafka, ce sera peutêtre parler du génie de Proust ou de Kafka, non de sa personne 395. L'étude des mythes et du sacré ne constitue pas une analyse de la pensée de l'auteur mais la manière dont le « je-narrateur » structure le monde référé. Il s'agit de s'interroger sur la relation que son discours entretient avec le domaine des traditions religieuses : ici, les mythes kongo et le domaine des croyances chrétiennes des évangiles contenu dans la glose congolaise de la Bible. Le discours romanesque est pris en charge par un narrateur intradiégétique qui est lui-même imprégné des croyances et des symboles de sa communauté. Nous convenons que c'est dans la mesure où le narrateur est un « homo religiosus » que son discours emprunte régulièrement à la conscience religieuse. Ce n'est pas pour autant qu'on peut comparer le narrateur à un griot puisqu'il ne se révèle jamais dans ce rôle. La 394 395 Gérard Genette, « Raison de la critique pure », in Figures II, Paris, Seuil, 1969, p. 75. Ibidem, p.14. 254 présence abondante des récits mythologiques dans son discours n'est ni fortuite ni ornementale, elle vient participer à la signification du monde par un ensemble d'individus appartenant à la même communauté. En utilisant le mythe comme fondement de sa logique, le récit polyphonique montre l'identité culturelle de ses énonciateurs. A travers leurs croyances en une mythologie dominée par la sacralisation du cosmos, les narrateurs évoquent un monde basé sur la pensée religieuse primitive. Dans cet univers, le sacré fait autorité. Il est entretenu par chaque orateur. Il s'agit d'un rapport communautaire au monde et d'une pensée collective. La fiction présente les caractéristiques et les marques des croyances et des rites partagés au sein de la communauté kongo. On y décèle une forte attention portée aux origines de la Création. Dans ce it communautaire, le symbolisme religieux des narrateurs ancre le récit dans un champ symbolique auquel il faudra accorder la plus grande attention. Ainsi, il apparaît que la notion du sacré est relative, dans notre étude, elle appartient à la communauté du narrateur qui reconnaît le manifeste du divin dans les objets variés de la Nature. L'étude du statut que le narrateur accorde au langage a son importance, elle le décrit comme le verbe d'un personnage sorcier Fartamio Andra, d'un oracle ou des dieux. Cette parole mystique est mise en abîme dans son discours, le narrateur semble vouloir préserver les secrets de ses incantations et ne rien dévoiler. Le lexique de nombreuses langues africaines (qui) opèrent une discrimination binaire pour opposer les paroles légères, c'est-à-dire peu consistantes et les paroles graves en rapport avec les valeurs ancestrales de la société. Au Burkina Faso, par exemple, on parle ainsi de « paroles à coque » c'est-à-dire que pour être comprises demandent à être décortiquées, ou encore chez les Vili du Congo, de paroles cuites. L'idée sous-jacente à ces distinctions lexicales et que la parole proférée dans des circonstances importantes, naissance, fêtes agraires, funérailles, initiations etc participe du sacré de ces cérémonies, et que, dans certains cas, elle doit se masquer, se travestir, afin de n'être accessible qu'aux seuls initiés. 396 396 Jacques Chevrier, « Introduction », in (dir) Sonia Zlitni-Fitouri, Le sacré et le profane dans les littératures de langue françaises, op. cit., p. 11. 255 En tant que genre profane, le roman cherche à préserver le sacré et le mystère des mythes. Sa narration recourt à la parole rituelle ou à l'esthétique du théâtre traditionnel kongo, le théâtre du Lemba. Nous comptons étudier la présence abondante des figures religieuses et des symboles que nous définissons comme relevant de l'esprit religieux et donc du domaine du sacré chez les Ba-Kongo. Nous nous intéresserons aux rapports du roman et de la cosmogonie kongo à travers l'étude de la narration et des formes langagières qu'elle véhicule. 1.1.1 La tradition orale et le domaine mystérieux du rêve La tradition orale comme récit du mystère Les récits des origines sont abondants dans le roman sonyen, ils évoquent explicitement et de manière détaillée, les faits ou les créatures qui datent d'un âge inconnu de l'homme. Il s'agit de la parole sacrée des origines de la Création qui se dévoile dans le roman. Même si le narrateur convoque la tradition orale et emprunte sa forme, l'aspect débridé de la narration frôle l'humour et l'exagération. Toutefois, il n'enlève pas le caractère mystérieux et sacré puisque le récit n'est pas une émanation directe du sujet-narrant. Il s'agit de la greffe d'un pan de la parole mythique avérée et reconnue comme faisant autorité dans la communauté. Il appartient au domaine des croyances et de l'esprit des ancêtres donc, de l'ordre du sacré. Rapporté dans le récit, il fait entendre les mythes des origines dits par la tradition orale et partagés au sein de la communauté sans que le narrateur ne les prenne en charge totalement. Le récit des origines reste indépendant et autonome, il ne constitue pas une création verbale subjective, il est la reprise distanciée d'un discours qui existe déjà dans la communauté et qui est introduit dans l'univers fictif en tant que tel. La narration procède de la représentation d'un élément de la langue, elle n'est ni l'imitation d' action héroïque, ni une aventure mythologique, ni la mimétique d'un objet de la nature. C'est une parole originelle qui est longuement citée par le narrateur intermédiaire entre le personnage qui raconte et son lecteur-auditeur. Le fait qu'elle soit dominée par le fantastique et le merveilleux n'engage que le personnage-conteur qui apparait comme le garant des mythes des origines de l'homme. Le temps anhistorique du mythe et la sacralité de sa parole attestent de l'existence affirmée des créatures et des 256 divinités antérieures à l'homme. Nous considérons qu'il s'agit d'une mise en abîme de la tradition orale et de la parole sacrée de la mythologie kongo. Les origines de l'homme et de la création sont rapportées dans les occurrences de bêtes mystérieuses ou d'objets d'un autre temps. Contrairement au récit entretenu et transmis au sein des sociétés humaines, ces éléments merveilleux surgissent des espaces insondables. Ils échouent sur les rives ou se livrent eux-mêmes à l'homme initié tels des découvertes archéologiques. Leur étrangeté attire une foule toujours avide de connaître les secrets de la nature et des origines de l'existence. Dans Les Sept solitudes de Lorsa Lopez, l'histoire des « Kattaratontes » est écrite sur des pierres et les craies de l'île mystérieuse des Solitudes. Le narrateur ne rapporte pas les écrits. Il les découvre à partir de la lecture qu'en fait Lorsa Lopez qui les déchiffre et qui raconte à la communauté l'histoire de ses ancêtres, des géants mythiques 397 Sony Labou Tansi, Les Yeux du volcan, op., cit., p. 36. 257 mesurant trois mètres. La communauté est témoin oculaire au même titre que le narrateur, elle atteste de la vérité de ce qui est dit. Le narrateur n'a alors qu'à traduire l'histoire d'une espèce humaine disparue appelée « les hommes-arbres » en précisant bien qu'il s'agit de ce que prétendait « Lorsa Lopez », un initié : Ainsi pouvant-on lire, prétendait Lorsa Lopez, la longue histoire des Kattaratontes dans les pierres et les craies de l'île des solitudes. Les Kattaratontes vivaient sur la côte avant l'arrivée de nos ancêtres : ils descendaient de l'atlantosaure. C'étaient des hommes de très grande taille (jusqu'à trois mètres). On les appelait aussi « les hommes-arbres A leur époque, la semaine n'avait que cinq jours : les deux jours de travail, le jour du marché, le jour de fête et le jour de prière. Ils avaient inventé des vaisseaux construits avec de la lumière magnétisée qui les amenaient sur la lune et au-delà d'un astre aujourd'hui disparu : la lune padimontaure. Le rêve comme langage symbolique Le récit intègre dans sa structure discursive, essentiellement, les croyances des religions primitives selon lesquelles l'univers serait dominé par quelque chose de plus puissant qui a préexisté la race humaine. Les occurrences mystérieuses du champ religieux appartiennent à l'inconnu, au mystère de la nature. 398 Sony Labou Tansi, Les Sept solitudes de Lorsa Lopez., p.81. Lucien Lévy-Bruhl, La mentalité primitive, 1922, http:/www.uque.uquebec.ca/zone30/classiques_des_scinecs_sociales/index.html, p. 62. 399 258 Les rêves sont rapportés dans la fiction par un narrateur qui les expose à la masse curieuse de connaître leur mystère. Les symboles du domaine de l'onirique annoncent le destin singulier des individus. Le rêve est l'un des champs de prédilection de la psychanalyse dans la pensée contemporaine qui l'interprète comme l'existence d'un inconscient qui, influencé par le réel, exprime dans le sommeil, des pulsions refoulées par la conscience. La religion primitive en donne une autre interprétation, elle y voit le lieu d'expression des messages d'un au-delà du réel. C'est le l'espace de communication entre les hommes, les divinités et les esprits. Lieu de mystère, le rêve communique par analogie et fait figure d'un langage du symbolisme, des images et des allégories que seuls les initiés peuvent comprendre. Il est donc une énigme, un message à déchiffrer et à interpréter comme ayant une influence sur la vie réelle des hommes. Son message constitue souvent, une vision prémonitoire. Le signe du rêve est un langage du domaine de l'invisible. Impénétrable, il nécessite un initié des sociétés secrètes comme dans Les Sept solitudes de Lorsa Lopez oùFartamio Andra do Ndaolo Ndalo tient le rôle de la prêtresse appelée Nganga. Elle fait partie d'une société secrète et bienfaisante dont la fonction est de guérir par la sorcellerie. Son âge la classe parmi le rang des sages de la communauté, elle est l'archétype de la sorcière puisqu'elle reste « la plus vieille femme de Valancia, dernière de lignée des Fondateurs 400. » Le personnage se singularise par sa vertu de conteuse et de poétesse. Elle a la qualité de maîtriser la parole qu'elle transmet avec art. Le récit de Fartamio Andra se préoccupe de la beauté de ses mots et surtout de son « ton ». Telle une poétesse, « la sorcière » entend raconter selon l'art des ancêtres défini comme un art du « ton ». On comprend que le narrateur fait référence à la tradition orale et à l'art du griot que pratique Fartamio Andra « avec un art qui ne pouvait sortir que de sa bouche, Fartamio Andra nous raconta l'assassinat, usant des mots qu'elle seule savait trouver, variant souvent le ton car, disait-elle, l'art est d'abord et avant tout art de ton 401. 401 259 assimile son discours à la parole divinatoire. Fartamio Andra échange avec les dieux, puis elle révèle ce que le narrateur lui-même ignore encore. N'affirme-t-elle pas que « le rêve est une graine de réalité?» Savoir lire le rêve, c'est être capable de dialoguer avec l'au-delà et de percer le mystère des destins humains : [] la soirée resta plutôt lugubre à cause de la peur que nous donnait le rêve de Fartamio Andra. Nous avions des raisons de craindre : Fartamio Andra avait rêvé l'assassinat d'Estina Benta et lui avait dit de faire attention. Elle avait été la seule à prendre au sérieux l'apocalypse d'Armensah Fandra. Ce n'est qu'un rêve, Fartamio Andra, avait ri Estina Benta. Moi-même j'ai rêvé que j'étais devenue un boa de Nsanga-Norda et j'avalais Anna Maria. Vas-y voir clair, Fartamio Andra. -Le rêve c'est la graine de réalité, avait dit Fartamio Andra. Je suis presque sûre qu'ils vont te tuer. » L'autre détail qui rendait raisonnable les clabauderies de Fartamio Andra et nous faisait réfléchir, c'était le fait que la sorcière avait prédit le retour à Valancia du notaire du gouvernement qui avait présidé aux inventaires de la septième décapitalisation 402. L'écriture romanesque et sa narration ne relèvent ni de la rationalité, ni d'un point de vue réaliste jugés incapables d'approcher le mystère du sacré et de révéler à l'homme la dimension cachée de la Vie. Ce que nous avons déjà qualifié de réalisme merveilleux et magique correspond en réalité à cette expression des récits sacrés d'une pensée primitive qui s'exprime dans la mythologie kongo. Le roman sonyen est le récit de ce peuple qui approche le monde avec une logique dominée par le religieux. Renvoyant constamment à la parole ancestrale, aux symboles sacrés du cosmos et à la symbolique du rêve, le roman procède d'une sacralisation de son récit. Le récit procède d'une expression artistique du domaine du sacré chez les Bakongo. La religion animiste croit en « l'âme » du cosmos et en sa capacité à influer sur le destin des hommes et de toute autre créature. La Nature porte en son sein les divinités d'un panthéisme polythéiste que nous allons à présent étudier. I.1.2 La pensée de la terre La divinisation du cosmos Reconnus comme premiers actes de signification du monde et comme pionniers des religions modernes, les mythes cosmogoniques procèdent d'une dem, sacralisation de la Nature dans le but de dire les origines de la création du monde et des civilisations humaines. La structure de ces religions primitives s'organise autour des croyances en des divinités qui précèdent à la création des hommes. Au Congo, une mythologie dense sanctifie la nature et les éléments régulièrement convoqués dans les cérémonies et les rites d'adoration qui les célèbrent. Pour ce peuple africain, le monde est organisé selon une conception de la divinité suprême, le Nzambi Ampungu représenté par les sous-dieux et les divinités de la Nature. Chez les Ba-Kongo, on retrouve les cro ances animistes, une sacralisation de la Nature et un culte des ancêtres célébrés dans les rituels par les prêtres de la société Lemba. Il est accordé à chaque créature une fonction mystérieuse dans la grande parole traditionnelle de symbolisation de la Vie. Selon Jean Michel Devesa, Sony Labou Tansi se reconnaissait trois muses dans sa création littéraire : « la rue, la mémoire et le rêve ». L'écriture du mythe puise dans les ressources de la mémoire de la tradition orale et dans les images symboliques du rêve. Le récit du sacré réfère donc au domaine symbolique et non au réel. 403 404 Jean Michel Dévésa, Sony Labou Tansi, écrivain de la honte et des rives du fleuve Kongo, op. cit., p.102. Ibidem, p. 102. 261 Dans cette mesure le roman s'inscrit dans une quête des origines, il porte la nostalgie des temps inconnus de l'homme et c'est dans le symbolisme traditionnel qu'il trouve sa matière et les réponses à ses questions. Tout ce qui a trait au Verbe de la cosmogonie intègre le domaine du sacré. Mircea Eliade confirme le sens du symbolisme cosmique des religions primitives qui ne peut être qu'une quête des origines de la Création et du destin mystérieux de l'homme. C'est cet inconnu qui fascine et que le religieux cherche à découvrir par l'expérience du sacré. Nous citons Mercia Eliade : Il s'agit d'idées religieuses, car les multiples aspects de la fertilité universelle révèlent, en somme, le mystère de l'enfantement, de la création et de la Vie. Or, l'apparition de la Vie est, pour l'homme religieux, le mystère central du Monde. Cette Vie « vient » de quelque part qui n'est pas ce monde-ci et, finalement, se retire d'ici-bas et « s'en va » vers l'au-delà, se prolonge mystérieusement dans un lieu inconnu, inaccessible à la plupart des vivants. La vie humaine n'est pas sentie comme une brève apparition dans le Temps entre deux néants, elle est précédée d'une préexistence et se prolonge dans une postexistence. On sait très peu de choses sur ces deux étages extraterrestres de la vie humaine, mais on sait au moins qu'ils existent 405. Georges Balandier atteste de l'existence des idées religieuses au sein des sociétés Kongo, il rend compte de son panthéon et dévoile l'inaccessibilité du dieu Suprême Nzambi Apungu. Dans cette religion, l'ensemble des cultes sont voués à la Nature, aux ancêtres, aux bêtes : Le dogme fondamental de l'idolâtrie locale est celui de Nzambi ampungu, d'après le nom attribué à la divinité. Cette dernière, conçue comme la puissance suprême, jamais matérialisée et inaccessible, ne peut pour ces raisons, recevoir aucun culte. Elle seule peut être objet de dévotion absolue, parce qu'elle échappe totalement à l'emprise des hommes. C'est avec « les dieux inférieurs » que ces derniers aménagent les cours des destinées 406. Les relations entretenues entre l'homme et les divinités inférieures sont dénuées de la dichotomie bien et mal. Les dieux interviennent dans les sociétés des Ba-kongo, ils apparaissent dans des signes et dans les objets qu'ils incarnent. Mais c'est souvent dans la Nature sacralisée qu'ils font leur apparition. Nous citons Georges Balandier : 405 406 Mircea Eliade, Le sacré et le profane, op. cit., p. 128. Georges Balandier, Le royaume de Kongo du XVIe au VIIIe siècle, op. cit., p. 250. 262 Nzambi régit l'ordre du monde et le cours des vies. Il est d'une certaine manière l'image du Destin ; mais les vicissitudes, les malheurs et la chance qui affectent l'existence humaine sans modifier le sens général du projet divin, relèvent de puissances sur lesquelles l'homme peut exercer une emprise. Leur vitalisme vécu les incite à rechercher en tout une occasion de renforcement ; il les entraîne aussi à concevoir des êtres animés, y compris ceux des temps primordiaux que les mythes évoquent, comme soumis à des changements d'aspect et non à la disparition. Aucune vie ne peut se perdre, elle ne fait que trouver une autre place dans un univers toujours en mutation 407. Le culte d'adoration est adressé aux dieux dits inférieurs, il révèle les récits des origines, c'est-à-dire la quête de la parole mythologique. Celle-ci n'est ni conte ni légende, il s'agit du verbe créateur reconnu comme parole sacrée. Elle se révèle dans « le fétichisme » comme sacralisation et adoration des objets et des êtres incarnés. Se pose alors la question de la représentation du sacré dans l'univers du roman d'autant que celui-ci est incompatible avec le réalisme et la rationalité. D'emblée, la description du fétichisme faite par Mircea Eliade pose le premier problème du roman qui se trouve face à la problématique de la vraisemblance. Restant en surface et considérant l'objet dans sa nature matérielle, l'esprit profane serait tenté de voir une dérision de l'homme religieux, or comme tout symbole, l'objet n'est qu'une représentation de la force surnaturelle et de l'invisible : L'Occidental moderne éprouve un certain malaise devant certaines formes de manifestation du sacré : il lui est difficile d'accepter que, pour certains êtres humains, le sacré puisse se manifester dans la pierre ou dans l'arbre en eux-mêmes. La pierre sacrée, l'arbre sacré ne sont pas adorés en tant que tels ; ils le sont justement parce qu'ils sont des hiérophanies, parce qu'ils montrent quelque chose ni n'est plus pierre ni arbre, mais le sacré 408. Ainsi, représenter le sacré cosmologique, c'est accepter que le récit et sa narration adhèrent à la logique de la pensée religieuse. Le genre romanesque ne se définit plus comme un miroir du réel mais le lieu de traduction des symboles acceptant que l'élaboration de la narration participe à l'élaboration s'inscrit dans une logique animiste qui symbolise la Nature et révèle son sens sacré. On retrouve les vertus divinatoires conférées à la terre, à l'eau (fleuve et mer) et au ciel. Ce faisant, dans la logique de la sacralisation de la Nature, les éléments que nous catégorisons comme relevant de la 407 408 Georges Balandier, Le royaume de Kongo du XVIe au XVIIIe siècle, op. cit., p. 252. Mircea Eliade, Le sacré et le profane, op. cit., p. 17. 263 sacralité sont les symboles de la mémoire et du destin. Ils évoquent des temps anhistoriques ou dévoilent l'avenir mystérieux de l'homme. Les mythes de la Terre-mère Dans l'univers romanesque, la Nature se révèle dans sa fonction mythologique, elle est animée et existe dans un but précis. Elle participe à la vie et donc à la fiction narrée au même titre que les personnages humains. Sa fonction dans le récit est à la fois actantielle et narrative. Les éléments de la Nature deviennent des Actants dont les rôles sont définis dans chaque roman. Le récit met en scène les mythes cosmogoniques qu'il conviendra de saisir dans leur champ culturel après les avoir répertoriés chacun dans leur catégorie et dans leur fonction symbolique. Dans la cosmogonie kongo, ils révèlent un esprit du monde dont ils sont l'expression mystérieuse. Les mythes hantent le récit, ils donnent ainsi à l'univers fictif leur caractère mystérieux et intrigu . La terre est un acteur dynamique du récit doté de sentiments et de passions, sachant se mettre en colère et se révolter lorsqu'elle assiste à la chute de l'homme de la côte plongé dans la débauche et les criminalités qui annoncent sa fin. On serait tenté d'interpréter cette vision fantastique du monde comme un effet rhétorique qui procède d'une représentation imagée ou d'une personnification des éléments, si la Nature et ses diverses composantes ne jouissaient pas d'une autonomie et d'une supériorité comparée à la condition humaine. Il s'agit de l'image primordiale de la Terre-mère. Celle-ci structure l'ensemble des autres aspects du mythe primitif. Le cri avait duré trois minutes mais de Voltano à Nsanga-Norda les gens l'avaient entendu et prétendaient que c'était à cause des bacchanales de la Côte que la côte s'était mise à prêcher. A chanter presque. Un malheur ne vient jamais seul [] 409. La sorcière Fartamio Andra do Nguélo Ndalo fait partie des initiés, elle est une prêtresse. Capable de se souvenir de chaque cri de la terre, elle révèle que celle-ci vient annoncer les événements comme un prophète, ou les grave dans la mémoire de la Côte : A midi ou le soir, la veille du jour où Lorsa Lopez devait tuer sa femme, la terre cria trois autres petites fois du côté de Nsaga Norda, deux fois du côté de Voltano avant de se taire dans un silence qui fendait le coeur. Nous tremblions tous de voir venir la fin comme un jeu. Fartamio Andra de Ngalo Ndalo révéla que la terre criait à Valancia pour marquer les événements : elle avait crié l'assassinat du nonce du pape Estanzio Benta. Elle avait crié la naissance du monstre Yogo Loboto Yambi, de père inconnu et de la folle Larmani Yango 410. Dans Le Commencement des douleurs, l'image suprême de la Terre-mère se révèle de manière explicite lorsque la population de Hondo-Noote organise le procès du savant Hoscar Hana pour conjurer le sort. La Terre est comparée à une femme jouissive en proie en l'orgie. Le narrateur affirme que « la terre commencera à se cabrer et à geindre comme une femme en joie nuptiale 411.» Le choix du sacré et du mystère de la parole religieuse est évident dans le récit. Il a une fonction poétique, par son principe de voilement. L'auteur choisit le mystère comme poétique de sacralisation. Le roman accepte l'Existence comme ayant un sens qui ne peut jamais être percé et appelle au respect de cette énigme. C'est ce qu'affirme la conteuse et sorcière Fartimia Andra dans le passage suivant : Ils ne savent pas que l'énigme est la plus belle explication du monde, disait Fartimia Andra à sa soeur cadette, Laissons-les chercher commère. Ils veulent même savoir pourquoi le rocher Mpoumbou au nord de Calzazora saigne quand on le blesse. Non commère les Blancs ne savent pas qu'ils sont venus au monde beaucoup plus tard que le monde. Ils croient qu'ils vont expliquer le cri de la falaise de Nsanga-Norda! Quelle naïveté 412. 409 Sony Labou Tansi, Les Sept solitudes de Lorsa Lopez, op.cit., p.13. Ibidem, p. 17. 411 Sony Labou Tansi, Le Commencement des douleurs, op. cit., p.13. 412 Sony Labou Tansi, Les Sept solitudes de Lorsa Lopez, op, cit., p. 51. 410 265 On comprend dans cette citation que l'écriture du sacré consiste à voiler et à maintenir le mystère de l'objet divinatoire. Les hiérophanies et les divinités seront toujours révélées dans un contexte obscur. Ce refus d'explication et de rationalisation perpétue le mythe dans un contexte proche de sa matrice originelle. I.1.3 Le Commencement des douleurs, un théâtre cosmique Le mythe de la faute originelle, un théâtre des dieux et des hommes Le dernier roman de Sony Labou Tansi, Le Commencement des douleurs, présente une intrigue bien différente de celle des récits antérieurs. On voit une totale disparition de l'autorité politique présente dans l'ensemble de sa fiction, bien évidemment, à une échelle relative selon l'oeuvre. Le récit de cette dernière fiction s'organise autour d'une croyance universelle qu'on retrouve dans la mythologie kongo comme dans tant d'autres, à savoir le péché originel qui annonce la fin d'un Monde et le début d'un autre. On qualifiera cette croyance comme faisant partie des mythes de l'apocalypse et du retour au chaos originel. La mythologie kongo s'avère une religion panthéiste dans le sens où la Nature entière apparaît comme le maître du destin. Ainsi, le ciel, la terre, l'eau (l'espace fluvial et marin) et la forêt jouent le rôle de divinités puissantes. Les espaces naturels accueillent les esprits des ancêtres, les villages des morts et préservent bêtes, pierres et autres matières ou physique ou verbales qui habitent le monde depuis les premiers âges de la Création. L'ensemble de ce Monde naît de la séparation de la Terre et du Ciel, initialement cousus. Ainsi, pour l'homme Kongo le cataclysme final est la chute du ciel sur la terre. La fin du Monde se définit par ce temps où le ciel viendra à être recollé à la terre. Cette croyance est le leitmotiv du roman, Le Commencement des douleurs, oeuvre posthume de Sony Labou Tansi. On remarque l'élaboration d'une forme narrative très proche de la tragédie antique. Sony Labou Tansi organise sa fiction de telle sorte qu'elle puisse permett naturellement l'intervention des divinités du panthéon kongo et de ses esprits dans une affaire de coutume qui plonge le monde dans les prémices de la fin apocalyptique annoncée. 266 Une lecture beaucoup plus claire de ce théâtre est donnée par Jean Michel Devésa qui voit non pas une imitation de la tragédie antique mais la présence dans le récit d'une forme rituelle de la tradition théâtrale Kongo. Sony Labou Tansi évoque lui-même l'existence de deux formes de théâtre aristocratiques : « le théâtre des rois et le théâtre des riches » « le Lemba » 413. 413 Ibidem, p .118. 267 « Comme si Hoscar Hana voulait se moquer des dieux », avait dit Yongolo Maurica Wema 414. Le péché est une faute qui appartient au domaine du sacré et de la religion, il ne peut être jugé par le seul tribunal des homme s. Ce sont d'ailleurs, les morts et les divinités qui sont concernés. Ils manifestent ainsi leur colère et annoncent la fin du monde : Le baiser avait sabordé les dieux, ceux du ciel et ceux des enfers. Il avait déraciné nos coutumes, éventré notre entendement, déchiré les usages, pulvérisé les bases même de notre existence. Quelle honte cette histoire, nous entendions les morts s'énerver dans leur tombe 415. Le cataclysme promis est pourtant différent de l'Apocalypse chrétienne. Le roman réfère plutôt à un mythe : la croyance en un perpétuel retour ou la fin d'un monde et le recommencement. Mircea Eliade parle de mythe du « millénarisme » ou de mythe « nativiste ». Même s'il se vêt de formes variées selon les croyances et les cultures, son principe reste la croyance en une fin et en un recommencement. Le cataclysme provoque la mort d'une humanité et la naissance d'une autre. Nous citons Mircea Eliade : En effet, les mythes des cataclysmes sont extrêmement répendus, ils racontent comment le Monde a été détruit et l'humanité anéantie, à l'exception d'un couple ou de quelques survivants.[] A côté des mythes diluviens, d'autres relatent la destruction de l'humanité par des cataclysmes de proportion cosmiques : tremblement de terre, incendies, écroulement de montagnes, épidémies etc. Evidemment, cette fin du monde n'a pas été radicale, elle a été celle d'une humanité, suivie par l'apparition d'une humanité nouvelle. Mais l'immersion totale de la Terre dans les Eaux, ou sa destruction par le feu, suivie par l'émergence d'une terre vierge, symbolisent la régression au Chaos et à la cosmogonie 416. C'est ce qu'on retrouve dans Le Commencement des douleurs lorsqu'il est rappelé par le narrateur que plusieurs cataclysmes ont déjà causé la fin du monde dans le passé, « les cataclysmes » qui avaient toujours commencé de la même manière : par « un câlin » : 414 Sony Labou Tansi, Le commencement des douleurs, op. cit., pp. 29-30. Ibidem, p. 12 416 Mircea Eliade, Aspects du mythe, op, cit., pp. 74-75. 415 268 Nous avions craint avec Estango Douma. Nous étions la partie la plus dure à jouer dans l'histoire envoûtées des hommes. Or, depuis la nuit du monde, les plus fougueuses catastrophes, les plus rigoureux cataclysmes avaient toujours commencé par un câlin. Nous avions été servi en la matière : baiser de la lote, baiser du congre, baiser de bois noir, baiser du crabe, baiser du feu, baiser baveux [] 417. Le roman se structure autour d'un point central qui est le tribunal traditionnel, « le procès pour rire organisé contre Hoscar Hana, suivant les règles inviolables de Hondo-Noote 418. » Sous forme de scène d'un théâtre d'intervention mêlé de tragique, le récit se construit au fur et à mesure des interventions des classes sociales de la communauté. Les hommes prennent la parole, les dieux sont représentés par « les gardiens de la coutume » et la Nature se faire entendre, disant sa colère et annonçant une fin éminente. Le Commencement des douleurs est le procès attenté à l'homme par l'univers entier. Hoscar Hanah, l'accusé, est reconnu coupable de transgression du sacré. La faute d'Hoscar Hana est d'avoir ignoré la coutume et de ne pas avoir été à la hauteur de l'exigence de la Vie puisque pour tout Kongo, toute l'existence de l'homme consiste à surveiller la coutume et à honorer les dieux afin de retarder la fatalité de cette tragédie ultime inscrite dans le cycle de la Création et prédite. En réalité Hoscar Hanah est coupable devant la coutume et devant les dieux qui la fondent. Le schéma des actants le montre bien, il révèle la hiérarchie de l'Existence à laquelle prend part le panthéon kongo. Il dévoile la fonction de chaque acteur majeur dans un équilibre du Monde. La faute d'Hoscar Hana cause un dérèglement de l'équilibre cosmique. Il n'a pas joué son rôle d'humain selon la tradition kongo. Ainsi, on comprend que l'homme a la responsabilité de veiller à l'ordre des choses : Nous avions assez de jus dans les ornières de notre coutume, nous étions un vieux cuir de peuple : douze mille ans d'histoire prophétisée pêle-mêle, et long à l'avance, faits saillants expérimentés et vivifiés au fil de siècles 419. En effet, l'homme kongo décrit par le roman, est un être religieux, vertueux et respectueux de la nature. Il se reconnaît des origines liées à la Terre et l'eau. L'homme 417 Sony Labou Tansi, Le Commencement des douleurs, op, cit., p.19. Ibidem, p.12. 419 Ibidem, p. 18. 418 269 est façonné par la glaise tel un Adam, il a complicité génétique et naturelle avec le cosmos, il est fait « d'argile », « de sel » et « d'eau » : Dieu nous avait créés différents des pouacres de Baltayo qui passaient leur vie à se sucrer leurs épouses et à se refiler la vérole verte. Nous avions été fait à l'image de notre contrée, dans l'argile torturée, au milieu d'une fête d'eau et de sel sous le ciel le plus ciel du monde 420. L'homme doit connaître sa coutume et savoir s'y conformer. Il occupe une place peu importante dans le cycle de la Vie mais il est le garant de la coutume et de la Nature. Sa faute, la transgression du baiser, s'avère une méconnaissance de la coutume puisque le premier échec du savant Hoscar Hanah a été d'ignorer la formule magique qui appelle à la participation de la communauté. On peut dès lors voir une rupture d'Hoscar Hanah avec sa communauté. D'autre part Hoscar Hana rompt avec les dieux puisqu'il « avait juré sur les ancêtres et sur l'honneur qu'il n'irait pas plus loin que la coutume 421. » Le péché apparaît comme un dérèglement de l'équilibre cosmique qui lie les dieux, la Nature et les hommes. Il ne s'agit pas d'un péché moral, l'acte de Hoscar Hanah doit être qualifié de faute cosmique qui plonge l'univers entier dans le chaos de fin du monde. La Terre, le Ciel et l'Eau Les éléments jouent le premier rôle dans cette tragédie qui annonce « un grand trou noir dans le ciel qu'on verra jusqu'à Tombalbaye 422.» La terre, la mer et le ciel sont les personnages de cette tragédie cosmique. Ils participent à la précipitation du monde dans le chaos. Toutefois, leur fonction diffère dans le schéma actantiel. L'espace aquatique est plus clément envers l'homme. Relevant de la mythologie de l'eau, il est l'origine de la Vie en tant que telle, il cache les vestiges d'un monde ancien habité par les bêtes et les monstres de la cosmogonie. Quant au ciel, il est associé au drame, puisque la mythologie lui attribue l'origine de l'Enfer et de la fin. Le ciel est associé au trou noir qui dévore, à quelque chose qui tombe et qui écrase la Vie. 420 Sony si, des op cit p dem, p La mémoire des origines semble être ce que les espaces ont en commun. De leurs intérieurs surgissent des montres, des pierres ou des symboles qui écalairent l'homme sur son passé et sur son avenir. Ou ils révèlent eux-mêmes un langage symbolique qui alerte les hommes sur le drame à venir. L'Océan prévient les habitants de Hondo-Noote de tous les malheurs qui vont s'abattre sur eux. Il envoie des signes de nature diverse, mais « l'Océan intrigue moins que le ciel » et « la terre enseigne un dire indicible que le promontoire d'Olzara crachait le feu de la prophétie »423, selon le narrateur. Le Ciel et l'Océan contribuent également à l'organisation de la Vie dans la société, ils apparaissent comme les gardiens de la Vie de la Côte. Face à l'invasion des Portugais, l'Océan prévient par exemple des dangers de la colonisation et de l'armement. La nature participe elle-même à la protection de la Vie, elle appelle à la méfiance face aux armes et au feu des canons. Quand Dierno Cervantez, le Portugais, voulut nous coudre le bec avec ses crachefeu et ses canons, le ciel s'était levé pour nous dire : « Faites gaffe, gens de Hondo-Noote, ce Portugais est un émissaire de Satan, ensorcelez-le ou préparez-vous à boire la mer.[].» Le ciel et l'Océan se démerdaient toujours pour nous mettre la puce à l'oreille. Peuples et nations de la Côte, de l'estuaire à Hondo-Noote, de Gapanizar à Coste Norde, nous avion s été prévenus des tribulations de la comète rouge par une crierie de l'Océan, un sifflement du ciel ou une simple virevolte des vents 424. Le Ciel et l'Océan annoncent les événements de l'histoire contemporaine, ils préviennent des grands faits comme la colonisation qui ne sont jamais un hasard et une surprise. C'est à travers les éléments que l'homme reconnaît les signes qui dictent son destin et c'est en conformité avec les lois de la nature qu'il doit coordonner son existence sur la terre. Tout danger pouvant menacer la communauté est déjà inscrit dans les éléments qui l'annoncent. L'homme ne doit son salut qu'en obéissant à la nature. Ainsi, avant la transgression du baiser coutumier, la communauté était en parfaite harmonie avec la Nature : Le ciel et l'Océan avaient annoncé l'invasion espagnole de 1247. Nous avions toujours su lire dans le ciel, la terre, les pierres l'eau et déchiffrer les moindres cabrements de 423 424 Ibidem, p. 18. Ibidem, p.18. 271 notre fortune. Rien ne nous était arrivé à l'improviste, rien de fâcheux n'avait eu le coeur à nous surprendre. Jusqu'au baiser pour rire 425. A notre insu le baiser avait pris des tournures d'un cataclysme. Il avait écroulé les bouches, emmêlé les sorts, mis en branle tous les ressorts d'une effroyable tragédie 426. La transgression de la coutume est la cause du cataclysme qui voit la contribution des éléments dans ce chaos qui apparaît comme une sentence. Symbolisée par un trou noir, le ciel devient le lieu d'où provient la fin du monde. Elle se définit comme l'union du ciel et de la terre. Selon le narrateur, cette fin de l'homme a été annoncée le prophète « Mouzé-Diba, « quand l'infante aura embrassé la bouche du vieillard, le ciel et la terre commenceront à se recoudre et l'Océan rira le plus beau rire du monde 427.» Le premier chapitre du roman s'intitule « un grand trou noir dans le ciel », il inaugure la décadence de l'homme après la transgression de la coutume. Le ciel s'ouvre et laisse voir ce grand trou noir, premier manifeste du cataclysme. Il est rappelé à plusieurs niveaux du récit que le ciel doit se recoudre avec la terre. Hoscar Hana se défend, refusant de porter la faute pour avoir livré le même câlin « sans que le ciel en tombe ». Les habitants de Hondo Nooté sont prévenus lors du procès, il leur est demander de se disperser « avant que le ciel ne leur tombe sur l'aorte. » Ayant contesté le gardien de la coutume, il est demandé à Sarah Banos, Maya, la mère de l'infante, de retirer sa parole faute de quoi « le ciel viendra péter entre ses seins. » Sous couvert d'un verbe rempli d'humour et d'expression idiomatique, Le Commencement des douleurs renvoie l'univers entier, y compris l'homme, à sa fonction primordiale, préserver la Vie. Car la mythologie Kongo est un humanisme panthéiste qui reconnaît dans chaque créature son importance et sa responsabilité dans l'ambition de préserver la Vie. Le Commencement des douleurs est ce fantastique âtre du cosmos qui ramène chaque chose dans sa fonction essentielle. La religion mythologique et sa pensée primitive ont comme préoccupation la correspondance des éléments et des êtres de la nature. Dans sa dernière oeuvre romanesque, Sony Labou Tansi rappelle cette autre pensée, celle de la terre, du ciel, de l'océan, des éléments comme fondement d'une autre philosophie de l'homme. 425 Ibidem, p.19. Ibidem, p.18. 427 Ibidem, p. 39. 426 Bien qu'une place importante soit accordée au monothéisme christianiste, le roman lui accorde toute autre fonction. La religion chrétienne est présente davantage dans les sociétés civiles, elle participe au conflit politique et structure les idées d'un monde profane. Ainsi, si l'écriture du sacré cosmogonique puise dans les symboles de la parole traditionnelle, l'évocation de l'esprit chrétien vient prêter ses symboles à la réalité politique pour sacrer les mouvements politiques Kongo contemporains.
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Résumé. On a mesuré la dispersion de l'indice de réfraction dans la hande fondamentale de vibration-rotation de l'oxyde nitrique à 5,3 03BC, ce qui a permis de déterminer le carré du moment vibrationnel pur de transition R10; on en a déduit une mesure de l'intensité intégrée de la bande (132 cm-2 atm-1 à 273 °K) et de la valeur absolue de la dérivée M1 du moment à la distance internucléaire dipolaire par rapport (|M1| 2,30 debye/angström); on estime que M1 est positif. On a mesuré quelques largeurs de raies et l'ordre de grandeur trouvé (0,12 cm-1 atm-1) est conforme aux résultats obtenus en absorption par d'autres auteurs ; un calcul de la largeur des raies a été effectué par application de la thèse d'Anderson. 2014 = Abstract. The dispersion of the refractive index of nitric oxide has been measured in the fundamental vibration-rotation band at 5.3 03BC and which provided the square value of the pure vibrational transition moment R10; a measure of the integrated intensity of the band (132 cm-2 atm-1 at 273 °K) and the absolute value of the derivative M1 of the dipole moment in regard to the internuclear distance (|M1| 2.30 debye/angström) has been deduced from this ; M1 is believed to be positive. Some linewidths have been measured and found close to 0.12 cm-1 atm-1, which is in keeping with the results obtained through absorption methods by other authors ; a calculation of these linewidths has been done using Anderson's theory. 2014 = infrarouge de [1, 2, 3, 4, 5, 6, 7] l'intensit6 int6gr6e de la bande fondamentale ont 6t6 faites [8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 29] mais les r6sultats varient du simple au double d'un auteur a un autre. A 1'exception de Havens [8] qui a utilise une m6thode de dispersion, et de Breeze et Ferriso [14] qui ont travaiII6 en emission, tous les auteurs ont opere par spectrom6trie d'absorption. Parmi tous ces travaux, seul celui de James [13] a 6t6 eff ectue en haute résolution. Nous avons donc 6tudi6 la dispersion dans la bande fondamentale de NO vers 5,3 y a 1'aide d'un interféromètre de Michelson auquel un spectro- Le spectre l'oxyde nitrique est bien et plusieurs mesures de connu m6tre a haute resolution servait de monochromateur. On sait, en effet [15, 16, 17] que les mesures de dispersion permettent d'atteindre les memes que les mesures d'absorption (intensité des raies). param6tres et II. Niveaux d'enefgle et spectre de NO. - On sait que la molecule de NO est a la temperature ordinaire dans un 6tat électronique 21t et qu'elle se trouve dans un cas de couplage interm6diaire entre les cas a et b de Hund, mais tres proche du cas a tant que pas le nombre quantique trop élevé. L'energie de rotation J n'est est : les termes G1(v) et G2(v), d6signant 1'energie de vibration, ont 6t6 d6termin6s par Gillette et Eysters [1J. Te di A /2 est 1'6nergie electronique ; A la « constante de couplage » spin-orbite qui, en fait, depend 16g6rement de la distance internucléaire et donc des nombres quantiques de vibration v et de rotation J [20J. Enfin : ou Bv designe la constante Pratiquement, centrifuge, c'est-A-dire D:1 nous rotationnelle. négligé la distorsion avons et D:2. Article and available http://dx doi.org/10.1051/jphys: 66002705-603 346 On a retenu les valeurs suivantes : A =124 cm-1; Bo BO*2 = = 1,6951 cm-1; Bl 1,7200. = 1,6770 ; B*l = 1,6700 ; Nous avons pris comme fréquences des raies celles obtenues par Shaw [2]. La figure 1 repr6sente une partie du spectre que nous avons obtenu. branche P FIG. 1. - Bande fondamentale de l'oxyde nitrique. On III. Expression théorique de la dispersion. sait que, selon la th6orie électromagnétique, l'indice de refraction n(6) d'un gaz a la pression p et a la temperature absolue T est une fonction du nombre d'ondes donn6e par la relation de Lorentz : quantique la formule de Lorentz est celle de Kramers : où la sommation est étendue 4 toutes les raies du spectre de nombre d'ondes ai et de largeur a mi- h est la constante de Planck, K celle de Boltzmann, c la vitesse de la lumiere dans le vide, N le nombre de molecules par unite de volume, T la temp6rature absolue du gaz, gn. le degr6 de d6g6n6res- - hauteur yi ; Sj est l'intensit6 int6gr6e, proportionnelle h la pression p si celle-ci est faible. En th6orie remplac6e par 347 cence du niveau d'energle Eno ; no et n désignent l'ensemble des nombres quantiques de 1'6tat initial et de 1'6tat final ; anOn est le nombre d'ondes correspondant a la transition entre ces 6tats et y,,on d6signe la largeur 4 mi-hauteur de la raie. Comme la th6orie ne tient pas compte des interactions intermoléculaires ynon devrait designer la largeur naturelle ; en fait, on obtient un bon accord avec l' expérience en prenant la largeur mesur6e ou domine pourtant 1'effet de choc. flno, est 1'element de transition du moment dipolaire. Moyennant l'approximation '7non + a N 2a ~ 2anon, les deux formules de Lorentz et de Kramers sont compatibles. Dans la formule de Kramers, on doit sommer sur toutes les valeurs de n et no associées par les r6gles de selection. Nous avons négligé les termes d'emission induite (En En,). La som ation, qui figure au num6rateur, est etendue a toutes les transitions possibles ; en fait, la contribution des raies éloignées du domaine de fréquences ou l'on mesure l'indice, bien qu'elle ne soit pas forcément n6gligeable en valeur absolue, ne varie pratiquement pas avec a. Comme nous nous Interessons a la variation de l'indice, nous avons regroup6 tous les termes relatifs aux raies extérieures a la bande fondamentale de vibration-rotation dans une seule expression que nous appellerons z(a). Il n'est pas n6cessaire de connaitre z(a) avec une 6tats 1tl/2 et 7C3/2 sont trop puisse négliger le terme rapproch6s pour Yl est étendue a 1'ensemble des transitions relatives a 1'etat 7rl/2 et 12 h celles concernant 1'6tat Tc312 de la bande fondamentale. (2) M est le nombre quantique magnetique. 348 ev(J) et dv(J) sont donn6s par les formules classiques d'un calcul de résonance [24]. La question est expos6e plus en detail a la référence [19]. En premiere approximation la fonction d'onde (D peut se mettre sous la forme du produit d'une fonction d'onde d'espace CPA par une fonction d'onde de spin ocE. Ainsi : ou les coefficients La confrontation de cette formule, ou A(6) et B(a) sont calculables, avec les mesures exp6rimentales, doit permettre de d6terminer a et b. Pour cela on a applique la m6thode des moindres carrés ; on a jug6 prudent d'ajouter au membre de droite un terme d pour tenir compte d'une erreur syst6matique. IV. R6sultats exp6rimentaux. - 1° DETERMi (Rà)2 ET DE L'INTENSITE INTEGREE. avons appliqu6 la m6thode des mo indres NATION DE Soit dt, M(p) = f Ofi ) 4Yn d-re, configuration ou est 1'616ment Nous carrés : des élecde volume de 1'espace de trons. On voit que dans ces conditions M(p) est le meme pour les deux sous-6tats 27Zl/2 et 2 7r3/21 puisque 1'operateur moment dipolaire n'agit pas sur les fonctions de spin. Si l'on pose : a) aux mesures absolues d'indice (43 mesures faites en double), effectuées a frequence constante en faisant varier la pression du gaz dans une cuve de 25 cm, comme il est indiqu6 4 la reference [18]. Nous avons trouve : drvb est 1'616ment de volume de 1'espace des coordonnées des noyaux, les moments de transition s'ecrivent alors : quand ou on n6glige bB(,7). on tient compte de bB(a). On voit que d n'est pas négligeable ; nos mesures ne se placent pas sur la courbe obtenue par extrapolation de celle 6tablie dans l'ultraviolet par Cuthbertson [21] et dont on s'est servi pour 6valuer z(a). b) 4 l'ensemble des mesures relatives obtenues en faisant varier la frequence a pression constante. On a ainsi obtenu, par rotation du réseau, quatre spectres cannel6s aux pressions respectives de 185,2 torr, 212,0 torr, 305,0 torr et 326,9 torr avec une cuve de 25 cm. Ces quatre spectres cannel6s concordent tres bien, mais ne permettent pas de s'approcher pres des raies (3). On a aussi utilise la quand oyli, Nous sommes ramené au calcul de -Xnvj et I'on sait [22, 23] que la fonction eOJM est celle de la toupie symetrique. Ce calcul a 6t6 effectue par Herman et Rubin [25] et par Herman, Rothery et sous Rubin [26]. On peut mettre le moment la forme du produit (SIL-ali £fl$)' ou Snnj est le carr6 du moment de transition d'un rotateur rigide et Eny'J' le moment vibrationnel. Pour 6valuer ce dernier moment Herman et Rubin déveIoppent M(p) en s6rie de Taylor en fonction de (p pe) ou pe d6signe la distance internucl6aire a 1'equilibre : Aayi - Si I d6sigiie l'intensit6 qui tombe sur le detecteur, celle qui tombe sur l'interférolnètre, R et T les pouvoirs de réflexion et de transmission de la lame s6paratrice, alors l'equation des franges du spectre cannele (3) ils se limitent a i 0 et 1. Ils prennent fonction potentielle une fonction de Morse. Dans la reference [26] on trouve, dans le cas ou Q 0, une directement utilisable de la forme : En fait, = comme io est [16, 19] : = Nous avons utilise ces r6sultats en y ajoutant la condition m 0 dans la branche Q, puisque dans le cas de NO, Q n'est pas nul. Si l'on pose : = peut, est est = avec on le facteur de transmission du au gaz interpose, le dephasage en I'absence de gaz et § le d6phasage du au gaz. § 47tl(n.'1) a, si I est la longueur de la cuve à gaz. Nous avons considere que les franges enregistr6es, qui representent 1'equation I = f(a), etaient dues uniquement a la variation de §. Sur les figures 2 a 6, on a trace les courbes th6oriques (formes de Lorentz) calcul6es avec cette derniere valeur de a (soit a (Ro)2 0,633 X 10-2 (debye)2) mais sans tenir compte de b. Ces courbes = = calcul6es pour une temperature de 24 °C (temperature a laquelle les mesures ont 6t6 faites) et une pression d'une atmosphere en utilisant la meme largeur de raie a mi-hauteur (0,10 cm"1) pour toutes les raies. Ces cinq figures ne repr6sentent qu'une petite partie de nos mesures ; le ont 6t6 lecteur d6sireux de voir l'ensemble des courbes obtenues se reportera a la reference [19]. Pour calculer l'intensit6 intégrée, on a pris (Ro) 2 0,63 X 10"2 (debye) 2 et on a applique la formule de Herman et Wallis [27]. On a trouve 132,36 cm-2 atm7l a 0 °C. James [13] applique une = formule un peu simplifi6e qui donne 132 avec nos r6sultats experimentaux. On indique dans le tableau 1 les r6sultats des différents auteurs. Les divergences sont tres importantes. DETERMINATION DE M1. - La! connaissance de (Ro)2 permet d'atteindre la valeur absolue 1M 1B de la dérivée du moment dipolaire par rapport a la distance internucleaire (cf. formule (III)). L'application de la formule de Herman, Rothery et Rubin [26] donne 1M 11 2,30 debye/angstr6m. De son = 350 TABLEAU I utilisant la m6thode de calcul de Cashion [35]. Ils ont trouv6 BM 1/ = 2,315. D'autre part, dans le terme d'interaction vibration-rotation FO-1 intervient le coefficient en cote James [13] applique une formule un peu diff6- a I'aide d'un potentiel de Dunham et non"d'une fonction de Morse (mais ou le d6veloppement (III) est toujours limit6 h i 1) ; il obtient tandis 2,32 debye/angstrom qu'avec nos 1M II r6sultats experimentaux cette meme formule donnerait 2,26 debye/angstrom. Meyer, Haeusler et Barchewitz [28] ont 6tudi6 les intensit6s des 1 er et 2e harmoniques ce qui leur a permis d'utiliser un d6veloppement de la formule (III) pousse j usqu'a i 3. Utilisant notre mesure de (Ro) 2, ils ont pu determiner les moments vibrationnels RÕ et.R3o et obtenir une mesure plus precise de 1M II : rente,'-obtenue = que l'on peut atteindre a partir de b: = = Be etant la valeur a l'équiIibre de la constante rotationnelle et we la f requence vibrationnelle classique, c'est-a-dire le coefficient de(v + 1/2) dans l' expression de G(v).Mo, moment dipolaire a 1'equilibre, peut etre confondu en premiere approximation avec le moment permanent ; on peut donc d6duire de la mesure de b la valeur de M1 en grandeur et signe, tandis que la mesure de a ne donnait que sa valeur absolue. L'application de la formule 6 M o/M I Pe, a I'aide de notre mesure pr6c6dente de 1M 11 donne = 351 [0) 0,06 ; comme yi 1,7905 X 10-3 on voit queI bl devrait etre de l'ordre de 0,27 X 10--5, alors = = deux donnent 0,13 X 1b4 et de b est ici delicate a cause de la petitesse simultan6e de 6 et yl, ce qui rend b tres petit. Nos deux mesures sont toutefois du meme signe (b n6gatif) ce qui laisse penser que M1 est du meme signe que Mo. que nos 0,33 X 10-4. La mesures mesure V. Largeur des raies. Les mesures d'indice de refraction faites a l'int6rieur des raies (zone anomale) permettent de determiner la largeur a mi-hauteur de ces raies ; des mesures ont deja 6t6 effectu6es de cette fagon sur 1'acide chlorhydrique [18, 30]. On obtient la largeur de raie par comparaison entre le profil de raie experimental et les profils th6oriques obtenus en se donnant arbitrairement différentes valeurs de la largeur de raie ; les resultats exp6rimentaux sont tres largement influencés par la fonction d'appareil du spectrom6tre [18] ; nous appelons profil experimental 1'ensemble des points exp6rimentaux obtenusdans la raie consideree, sans aucune correction instrumentale ; cette correction est faite sur le profil th6orique (profil de Lorentz correspondant a la largeur de raie arbitrairement choisie auquel on applique la correction instrumentale correspondante). Nous avons pris comme frequence des raies de rotation celles obtenus par Shaw [2] et nous caracterisons chaque raie par le nombre classique 2m commel'a fait Shaw J dans la branche P et J + I dans la bran(m che R). Les deux raies 37(1/2) et 37(3/2) pour les37 ont 6t6 étudiées, par la m6thode quelles 2m de la compensatrice tournante, avec une cuve de 2 cm a la pression atmospherique ; on a trace les courbes th6oriques, compte tenu de la correction de fonction d'appareil, pour une largeur de raie 0,10 cm-1, en prenant (Ro)2 0,63 X 10-2 y (debye) 2. Pour les raies de la branche P correspondant a un nombre quantique J plus faible, il a 6t6 n6cessaire de travailler avec de plus petites cuves (2 et 5 mm). D'autre part nous avons travaillé sous une pression de 133 cm de mercure. On a étudié au total onze raies (y compris les deux raies 37). Nous n'en reproduirons ici que sur la deux ; figure 7 on a port6 les points expérimentaux obtenus a 24°C et 1 atm, la courbe th6o+ 0,10 cm-1; sur la rique correspondant a y on a les figure 8, port6 points exp6rimentaux obtenus a 24°C et 1330 torr, la courbe th6orique corres+ 0,21 cm"1 4 la pression de pondant a y 1330 torr. Notre precision n'est pas suffisante pour distinguer les largeurs des raies de meme nombre J, relatives aux deux 6tats 1/2 et 3/2, et pour suivre la variation de y avec J. Les points exp6rimentaux sont compatibles avec des largeurs de l'ordre de 0,12 cm-1 (0,10 pour les deux raies 37). sont tr6s - = - - = - - = = - = = - Nous avons voulu comparer ces resultats a ceux obtenus par application de la th6orie d'Anderson [31, 32] dont Tsao et Curnutte ont donn6 une forme se pretant au calcul num6rique [33]. On a tenu compte des interactions entre les moments dipolaires 6lectriques, entre ces moments dipolaires et les moments quadrupolaires mol6culaires (6lectriques) et entre les moments quadrupolaires moleculaires. On a pris un moment dipolaire de 0,16 debye pour la molecule d'oxyde nitrique 352 et un moment 4 X 10-26 cm2 quadrupolaire mol6culaire de (les memes pour les deux 6tats 1/2 et 3/2) ; nous avons pris comme distance minimale d'approche entre deux molecules de NO, le diam6tre de collision de la th6orie cin6tique, soit ici bruin 3,50 A. Les valeurs retenues pour les consspectroscopiques ont n'ete Bol 1,672 cm-1 tantes et Bo2 1,720 cm-1. Les calculs de Tsao et Curnutte ont deja 6t6 appliques 4 différentes molecules diatomiques par Benedict et Herman [34] ; nous avons fait un calcul numerique du meme type, mais adapt6 a la situation particuli6relde NO (molecule dans un 6tat 27t et non ly,). Les calculs ont 6t6 ues = = = faits sur un ordinateur UNIVAC 1107 en utilisant le langage Fortran 4 ; on peut voir sur le tableau ci-joint que notre calcul concorde assez bien avec les r6sultats de Meyer, Haeusler et Barchewitz. L'auteur exprime ses remerciements a M. le Professeur Barchewitz pour ses conseils fructueux et les facilités qu'il lui a accord6es, et a M. Legay, Maitre de Recherches au C. N. R. S., qui lui a donne l'idée d'entreprendre ce et I'a efficacement conseille. Manuscrit reçu le 19 janvier 1966. BIBLIOGRAPHIE [1] GILLETTE et EYSTERS, Phys. Rev., 1939, 56, 1113. [2] SHAW, J. Chem. Physics, 1956, 24, 2, 399. [3] NICHOLS, HAUSE et NOBLE, J. Chem. Physics, 1955, 23, 1, 57. [4] ARCAS, HAEUSLER, JOFFRIN, MEYER, NGUYEN VAN THANH et BARCHEWITZ, J. Physique, 1964, 25, 667. [5] MEYER, HAEUSLER, NGUYEN VAN THANH et BARCHEWITZ, J. Physique, 1964, 25, 337. [6] MEYER et HAEUSLER, C. R. Acad. Sc., 1965, 260, [7] [8] 4182. OLMAN MACNELIS et HAUSE, J. Mol. Spectroscopy, 1964,14, 62. HAVENS, Thèse, Université du Wisconsin, 1938. PENNER et WEBER, J. Chem. Physics, 1953, 21, 649. VINCENT GEISSE, C. R. Acad. Sc., 1954, 239, 251. DINSMORE, Thèse, Université du Minnesota, 1949. SCHURIN et CLOUCH, J. Chem. 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Découverte d'une sénescence associée à un phénotype sécrétoire déclenchée par les défauts mécaniques de la cellule endothéliale lors de la perte de CCM2 dans un modèle de cavernome cérébral. Biologie cellulaire. Université Grenoble Alpes [2020-..], 2020. Français. &#x27E8;NNT : 2020GRALV012&#x27E9;. &#x27E8;tel-03881710&#x27E9;
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Morphologiquement, l’augmentation des forces d’étirements du cytosquelette sur les jonctions VEcadhérine engendre un élargissement et une discontinuité des jonctions intercellulaires avec un effet en fermeture éclair (Liu Z et al., 2012). Ce type de jonctions est appelée FAJ (Focal adherens jonctions) (Huveneers S et al., 2012) et sont générées en réponse à la forte activité de la GTPase RhoA associée à la production de fibres de stress. A l’inverse, l’augmentation de l’activité de la GTPase Rac diminue la tension intracellulaire et limite la formation de protrusions cellulaires riches en actine corticale. Ce type d’actine supporte la stabilité des jonctions VE-cadhérines et conduit à la formation de jonctions adhérentes linéaires (LAJ) (Daneshjou N et al., 2015) (Figure 25 B). 1.3 Autres mécanorécepteurs Parmi les autres mécanorécepteurs activés par le flux sanguin, on distingue des récepteurs mécanosensibles couplés à la protéine G (RCPG), les Récepteurs tyrosine kinase (RTK), le glycocalyx et les canaux ioniques à la surface luminale de la cellule endothéliale (Gudi S et al., 1998 ; Xu J et al., 2018 ; Chen KD et al., 1999; Hahn C et Swartz MA, 2009). 1.3.1 Les canaux ioniques Les canaux ioniques sont capables de transmettre le message mécanique à la cellule indépendamment du cytosquelette. En effet, les forces de cisaillement ou la pression du flux sanguin induisent un étirement de la surface luminal et facilite l’ouverture des canaux. L’activité de ces canaux module la polarisation membranaire de la cellule endothéliale (influx Na+ ou K+) ou l’influx de Ca2+, pour activer de nombreuses voies de signalisation (Fisher AB et al., 2002). Parmi les canaux ioniques mécanosensibles, on distingue le canal potassique TREK-1, OSCA, TRPV et les canaux Piezo1 et Piezo2 (Garry A et al., 2007 ; Murthy SE et al., 2018 ; Christensen AP et al., 2007 ; Douguet D et al., 2019). Les études récentes suggèrent que les canaux TRPV et Piezo coordonnent le dialogue entre la VE-cadhérine et les intégrines pour répondre au flux sanguin. En effet, Piezo1 interagit avec le complexe tripartite VE-cadhérine-PECAM-VEGFR (Chuntharpursat-Bon E et al., 2019) alors que TRPV4 interagit avec l’intégrine β1 sur la face basale (Baratchi S et al., 2017). Il a récemment été montré qu’un signal d’activation est envoyé par Piezo1 à TRPV4 (Swain SM et al., 2020) suggérant un rôle de ces canaux dans le dialogue entre la VE-cadhérine et les intégrines en réponse au flux sanguin. 1.3.2 Le glycocalyx Les cellules endothéliales sont recouvertes d’une couche de glycoprotéines, de protéoglycanes et autres macromolécules membranaires qui sont organisées en réseau : le glycocalyx (Pries AR et al., 2000). Les syndecans et glypicans, qui composent le glycocalyx, sont directement reliés au squelette d ’ actine pour transmettre le signal mécanique à la cellule (Thi MM et al, 2004). L’altération génétique ou pharmacologique du glycocalyx induit une désensibilisation de la cellule au flux sanguin montrant son rôle majeur dans la réponse au flux (Potter DR et al., 2015). On sait aussi que le syndecan et le glypican peuvent s’associer à l’intégrine β1 pour réguler l’activité de la kinase FAK par l’intermédiaire de la PKC-alpha. L’activation de FAK stimule ensuite Akt, Rho et eNOS pour le 54 maintien de la barrière endothéliale et la survie endothéliale (Bass MD et al., 2002 ; Yang B et Rizzo V, 2013). 2. La transmission du signal Une fois réceptionnées par les mécanorécepteurs, les forces sont transduites pour induire le remodelage du cytosquelette d’actomyosine. Ce remodelage est nécessaire pour équilibrer les forces intra et extracellulaires, un équilibre primordial pour l’homéostasie endothéliale. Pour cela, la voie RhoA-ROCK est sollicitée et favorise les remaniements du cytosquelette d’actine qui permettront à la cellule de modifier sa forme pour s’aligner parallèlement au flux allant même jusqu’à modifier la forme de son noyau. 2.1. L’actine L’actine est un élément du cytosquelette avec les microtubules et les filaments intermédiaires. Elle est impliquée dans les processus de migration cellulaire, de division cellulaire, de différenciation et de morphogenèse car elle module la forme et la polarité de la cellule. Le pool d'actine cellulaire comprend de la G-actine globulaire monomérique qui se polymérise en filaments double brins d’actine fibrillaire appelée actine F. C’est une structure dynamique qui polymérise et dépolymérise constamment. L'assemblage filamenteux de la F-actine à partir de G-actine est initié par le processus de nucléation lui-même contrôlé par des complexes de nucléation tels que le complexe Arp 2/3 et les formines (mDia1-3) (Pollard TD., 2007). L’élongation des filaments de F-actine est polarisée. Une extrémité (+) où s’ajoutent les monomères d’actine G pour la polymérisation et une extrémité (-) où l’actine F se dissocie. L’actine suit une dynamique de " tapis roulant " pour maintenir l’équilibre entre le pool d’actine G et d’actine F dans la cellule (Figure 26a). Cette dynamique est orchestrée par des protéines stabilisantes qui se lient aux filaments d’actines néoformés. Le filament peut être stabilisé par des protéines de coiffes spécialisées telles que: CapZ, tropomoduline, gelsoline et Eps8. Leurs interventions ralentissent cette dynamique de " tapis roulant ". A l’inverse, la cofiline est un facteur de dépolymérisation de l’actine (Figure 26b). 55 Figure 26 : Processus de nucléation et assemblage des filaments d’actine. (a) Les monomères d’actine G sont ajoutés par l’extrimité (+) des filaments d’actine pour la polymérisation. Un effet "tapis roulant" est observé due à la polymérisation et dépolymérisation continuelle des filaments d’actine. (b) Les complexes de nucléation Arp2/3 et WASP permettent de former des ramifications au sein du cytosquelette d’actine. La cofiline contrôle la dépolymérisation de l’actine alors que les protéines de coiffe ("capping protein") stabilisent les filaments et ralentissent l’effet "tapis roulant ". D’après Schaks M et al., 2019. Les filaments d’actine sont localisés très proches de la membrane plasmique et forment des structures variables en fonction de leur localisation dans la cellule. Pour la migration cellulaire individuelle, la cellule produit des lamellipodes qui sont constitués de réseaux d’actine branchés. Pour scanner son environnement, la cellule projette des filopodes composés de fibres d’actine dendritiques parallèles. L’actine corticale supporte la membrane plasmique et les fibres de stress d’actine sont ancrées aux adhésions focales sur la face basale (Blanchoin L et al., 2014 ; Kassianidou E et Kumar S, 2015) (Figure 27). La force intracellulaire est générée par l’actine dendritique qui se polymérise et les fibres de stress qui se contractent par l’intermédiaire de la myosine II. 56 Figure 27 : Localisation subcellulaire des structures d’actine. En fonction de leur localisation dans la cellule, les filaments exercent plusieurs fonctions et acquièrent différentes structures. On distingue l’actine corticale qui forme un réseau d’actine relié ; l’actine dendritique au niveau des protrusions cellulaires de type lamellipodes ; des filaments d’actine disposées parallèlement favorisent la projection des structures filopodes et les fibres de stress qui sont ancrées aux AFs. D’après Blanchoin L et al., 2014. 2.1.1. Les fibres de stress d’actomyosine Les fibres de stress sont des filaments d’actine où s’incorporent l’α-actinine et la myosine II (Figure 28A). La myosine II est une protéine motrice qui s’incorpore aux fibres d’actine pour leur conférer une fonction de contraction (Pellegrin S et Mellor H, 2007). Pour faire glisser les fibres d’actine et générer une contraction, les têtes de myosine comportent une activité ATPase. L’hydrolyse de l’ATP en ADP-Pi fourni l’énergie suffisante pour modifier la conformation de la tête de myosine et générer un pont "actine-myosine". Ensuite la libération de la molécule d’ADP s’accompagne de l’incl aison de la tête de myosine qui fait glisser le filament d’actine. La liaison d’une nouvelle molécule d’ATP permet à la tête de myosine de se détacher de l’actine et de rentrer dans un nouveau cycle d’hydrolyse (Figure 28 B). Figure 28 : Assemblage et contraction des fibres de stress d’actomyosine. (A) Représentation schématique des composants moléculaires des fibres de stress d’actomyosine. D’après Hotulainen P et Lappalainen P 2006. (B) Représentation schématique du mode de contraction des fibres de stress d’actomyosine. Au début du cycle, la tête de myosine est fixée à l’actine (1), la liaison d’une molécule d’ATP à la tête de myosine stimule sa dissociation au filament d’actine (2). L’hydrolyse de l’ATP et ADP+Pi par la tête de myosine favorise son changement de conformation (3) et lui permet de lier le filament d’actine (4). La libération de l’ADP déclenche de nouveau un changement de conformation de la tête de myosine qui reprend son inclinaison de départ (5). Il existe différents types de fibres de stress dont l’organisation spatiale varie en fonction de leur localisation dans la cellule. On distingue les fibres de stress ventrales, les fibres dorsales, les fibres transversales arquées et les fibres périnucléaires (Figure 29). Les fibres ventrales sont contractiles et fonctionnent indépendamment des autres structures de fibres de stress, alors que les fibres dorsales, les fibres transversales et périnucléaires sont physiquement connectées et forment un réseau (Maninova M et Vomastek T, 2016). Les fibres de stress dorsales ne sont pas contractiles car incapables d’incorporer la myosine II (Hotulainen P et Lappalainen P, 2006). De plus, des différences entre les fibres de stress s’accentuent par l’incorporation de diverses isoformes de tropomyosine capables de recruter des complexes protéiques spécifiques (Gunning PW et al., 2015). 58 Figure 29 : Les différents types de fibres de stress Représentation schématique des différents types de fibres de stress et leur localisation subcellulaire. D’après Maninova M et Vomastek et al., 2016. 2.2. La voie RhoA/ROCK pour la transmission du signal mécanique Le remaniement du cytosquelette d’actine pour la transmission du signal mécanique au sein de la cellule est majoritairement contrôlé par l’activité des petites GTPases de la famille Rho qui comprend Rho, Rac et Cdc42. 2.2.1. Régulation de l’activité des petites GTPases Rho Les petites GTPases de la famille Rho ont un rôle central dans la mécanotransduction de la cellule endothéliale. Alors que RhoA contrôle la mise en place des fibres de stress d’actines contractiles, les GTPases Rac et Cdc42 régulent la formation des protrusions d’actines, lamellipodes et filopodes respectivement. La petite GTPase est activée par divers stimuli extracellulaires transmis par des récepteurs à la surface cellulaire tels que les RCPGs, les RTKs, les récepteurs cytokines et les intégrines (AmadoAzevedo J et al., 2014). Lorsque la petite GTPase se lie au GTP, elle est sous une forme active tandis qu’elle s’inactive lorsqu’elle hydrolyse ce GTP en GDP. La petite GTPase cycle ainsi constamment entre un état actif ou inactif. Cette liaison est contrôlée par plusieurs protéines régulatrices. Les GEFs (guanine nucleotide exchange) activent la petite GTPase en catalysant l’échange du GDP par un GTP. A l’inverse, les GAPs (GTPases activating protéines) inactivent la petite GTPase en stimulant l’hydrolyse du GTP en GDP (Figure 30). Spécifiquement à RhoA, il existe un RhoGDI (guanine dissociation inhibitor) qui séquestre l’ancre lipidique membranaire de la GTPase RhoA pour l’empêcher d’être activé par son GEF (Figure 30). Il existe de nombreux GEF et GAP, certains communs à plusieurs RhoGTPases, d’autre fiques d’une seule (van Buul JD etTimmerman I., 2016). Parmi eux, les GEFs LARG et GEF-H1 sont spécifiquement localisés dans les AFs et sont impliqués dans le mécanotransduction (Guilluy C et al., 2011). Figure 30 : Régulation des petites GTPases. Représentation schématique de la boucle de régulation des petites GTPases Rho ainsi que le rôle des régulateurs GEFs, GAP et GDI dans ce processus. D’après Fukata M and Kaibuchi K., 2001. 2.2.2. Les kinases ROCK1 et ROCK2 De nombreux effecteurs de RhoA sont impliqués dans le remaniement du cytosquelette d’actine. Parmi eux : la kinase ROCK (Rho-associated coiled-coil forming protein kinase), la MLCP (myosin light chain phosphatase), la PKN (protéine kinase N), mDia, la kinase CRIK (Citron Rho interacting kinase) et la RTKN (Rhotekin). Les kinases ROCKs font partie de la famille des kinases AGC sérine/thréonine. Elles comportent 2 isoformes : ROCK1 (alias ROCKα ou p160ROCK) et ROCK2 (alias ROCKβ). Ces isoformes partagent 64% d’homologie de séquences en acide-aminés et 83% d’homologie pour leur domaine kinase. Le gène ROCK1 est situé sur le chromosome 18 (18q11.1) et code pour une protéine de 1354 acides aminés. Le gène ROCK2 est situé au niveau du chromosome 2 (2p24) et code pour une protéine composée de 1388 acides aminés. Les deux isoformes comprennent un domaine kinase en N-terminal suivi d’une région superhélice (coiled-coil) et d’un domaine RBD (Rho-binding domain) où se lie RhoA. En Cterminal, les protéines contiennent un domaine PH (Ishizaki T et al., 1997 ; Hartmann S et al., 2015) (Figure 31A). 2.2.2.1. Régulation des kinases ROCKs Les kinases ROCKs sont majoritairement activées par les petites GTPase Rho (RhoA, RhoB et RhoC). Ces GTPases se lient au domaine RBD des kinases ROCKs pour leur conférer une forme et libérer leur domaine catalytique. L’activation des kinases ROCK peut être médiée par des activateurs distincts. Par exemple, elles peuvent être clivées par des protéases de différentes natures. Ce clivage induit la libération d’une forme ouverte et constitutivement active. Ainsi ROCK1 est clivée par la caspase-3 dans des conditions d’apoptose cellulaire (Sebbagh M et al., 2001) et ROCK2 par la granzyme B et la caspase-2 (Sebbagh M et al., 2005 ; Sapet C et al., 2006) (Figure 31B). La GTPase RhoE (Rnd3) est un régulateur spécifique de ROCK1. Elle se lie a ROCK1 directement pour inhiber son action ou indirectement par l’activation intermédiaire de la GAP p190Rho (Riento K et al., 2003 ; Riento K et al.,2005). Il existe plusieurs régulateurs spécifiques pour ROCK2 : la kinase Polo-like 1 (Plk1) (Lowery DM et al., 2007) mais aussi le facteur de transcription circadien BMAL, capable de lier le promoteur de ROCK2 pour activer son expression dans un rythme circadien (Xie Z et al., 2015). 60 De manière autonome, une transphosphorylation des ROCKs par oligomérisation peut favoriser leur activation (Chuang HH et al., 2012 ; Chuang HH et al., 2013). De plus, les domaines PH et RBD sur la partie C-ter de la protéine ROCK permettent une autorégulation inhibitrice du domaine kinase situé en N-ter (Wen W et al.,2008). Cette liaison stabilise une conformation fermée de la kinase (Figure 31C). Figure 31 : Structure et activation des kinases ROCK1 et ROCK2. (A) Représentation schématique de le structure protéique des kinases ROCK1 et ROCK2. (B) Représentation de la conformation active des kinases ROCKs. Une activation constitutive peut être déclenchée par l’action de protéinases. (C) L’activation des kinases ROCKs est régulée par leur conformation qui peut être ouverte (active) ou fermée (inactive).D’après Morgan-Fisher M et al., 2013 2.2.2.2. Expression tissulaire et localisation subcellulaire des ROCKs Les kinases ROCK1 et ROCK2 sont différentiellement exprimées en fonction du tissu. En effet, ROCK1 est exprimée de manière ubiquitaire à l’exception du cerveau et des muscles. A l’inverse, ROCK2 est majoritairement exprimée dans le cerveau, les muscles, le cœur, les poumons et le placenta (Nakagawa O et al., 1996 ; Julian L et Olson MF, 2014). Ces kinases se distinguent aussi par leur localisation subcellulaire. D’abord, l’adressage membranaire des kinases ROCK1 et ROCK2 présentent une dynamique différente. En effet, les domaines PH de ROCK1 et ROCK2 sont caractérisés par des affinités variables pour les lipides membranaires. A l’inverse de ROCK1, ROCK2 à une grande affinité pour PIP3 et PIP2 (Yoneda A et al., 2005). Parmi les localisations subcellulaires distinctes entre les 2 isoformes, on retrouve ROCK1 proche de la membrane plasmique, au niveau des AFs, des fibres de stress d’actomyosine et exclusivement dans le cytosol. A l’opposé ROCK2 co-localise avec la VE-cadhérine, la vimentine et le compartiment nucléaire (Lisowska J et al., 2018 ; Iizuka M et al., 2012). 2.2.2.3. Les Effecteurs des kinases ROCKs Les kinases ROCKs sont impliquées dans la formation des fibres de stress d’actomyosine pour moduler la contraction intracellulaire en régulant la production de phospho-MLC (myosin-light chain) (Amano M et al., 1996). Pour cela, les ROCKs peuvent directement phosphoryler la MLC ou inhiber la phosphatase MLCP (myosin-light chain phosphatase) (Kureishi Y et al., 1997). Les ROCKs peuvent aussi activer des inhibiteurs de phosphatases tel que CPI-17 (C-potentiated phosphatase inhibitor of 17 KDa) dont la phosphorylation augmente sa capacité inhibitrice de 1000 fois et favorise la contraction intracellulaire (Koyama M et al., 2000). Ainsi, la phosphorylation de la MLC est un marqueur majeur de l’activité de kinases ROCKs (Figure 32). En régulant la contractilité intracellulaire, les ROCKs sont impliquées dans la formation et la stabilité des adhésions focales (AFs) et des jonctions intercellulaires. Ainsi, elles jouent un rôle majeur dans l’intégrité de la paroi vasculaire. Indépendamment de leur action pour la phosphorylation de la MLC, les ROCKs sont impliquées dans d’autres voies de signalisation pour réguler l’homéostasie tensionnelle de la cellule endothéliale. En effet, elles activent les protéines ERM (Ezrin, Radixin et Moesin), dont la phosphorylation par les ROCKs stimule l’ancrage des filaments d’actine à la membrane (Matsui T et al., 1998). Elles activent aussi les LIM kinases (LIMK1 et LIMK2) qui à leur tour inhibe la cofiline pour induire une augmentation de la production d’actine F (Maekawa M et al., 1999). Longtemps envisagées comme redondantes, de nombreuses données montrent aujourd’hui que ces deux isoformes ont en fait des fonctions complémentaires pour réguler l’homéostasie contractile de la cellule. En effet, la MLC est préférentiellement phosphorylée par ROCK1 pour générer des fibres de stress d’actomyosine contractiles ventrales alors que ROCK2 inhibe préférentiellement la cofiline pour favoriser la polymérisation de l’actine corticale et stabiliser les jonctions VE-cadhérine (Newell-Litwa KA et al., 2015 ; Yoneda A et al., 2005 ; Lisowska J et al., 2018)(Figure 32). De manière intéressante, dans les VSMC KO d’une isoforme ROCK, une compensation s’effectue par la surexpression de l’autre isoforme (Nunes KP et al., 2010). Quelques études ont permis de caractériser des effecteurs spécifiques des ROCKs. Une étude a montré que la forme c e de ROCK1 dans les cardiomyocytes, induit l’activation du facteur de transcription SRF (serum-response factor) pour l’activer la voie TGF-β et favoriser l’état de fibrose (Yang X et al., 2012). Quant à ROCK2, il est décrit dans le compartiment nucléaire pour phosphoryler spécifiquement le remodeleur chromatinien p300 (Tanaka T et al., 2006). 62 Figure 32 : Les effecteurs des kinases ROCKs pour la régulation du cytosquelette d’actine. Les kinases ROCKs régulent l’état de contractilité de la cellule. Pour cela, elles phophorylent la MLC (myosin-light chain) pour augmenter la contractilité des fibres de stress d’actomyosine. En parallèle, les kinases ROCKs limitent l’action de la phosphotases MLCP et activent l’inhibiteur de phosphatase CPI-17. De plus, les ROCKs activent la LIM kinase qui limite à son tour l’action de la cofiline. La cofiline qui favorise la dépolymérisation de l’actine. Les isoformes ROCK1 et ROCK2 ont des actions complémentaires sur les remaniements du cytosquelettes puisque la MLC est préférentiellement phosphorylée par ROCK1 et l’action de la cofiline est préférentiellement inhibée par ROCK2. 3. Les facteurs de transcription mécanosensibles Les forces environnementales peuvent déclencher la mise en place d’un nouveau programme d’expression génique dans la cellule. En effet, la mécanique intracellulaire est capable de moduler l’activité de facteurs de transcription contrôlant l’expression de nombreux gènes déterminants pour l’identité endothéliale. L’activité de ces facteurs de transcription est médiée par la régulation de leur transport nucléaire ou bien par le remaniement chromatinien de leurs sites d’action. Des altérations dans ces mécanismes de régulation participent à de nombreuses pathologies endothéliales et à l’angiogenèse tumorale. 3.1. Régulation mécanique de la dynamique du transport nucléaire L’activité d’un facteur de transcription peut être modulée par la dynamique de son transport nucléaire. Les protéines, ayant pour vocation d’être importé dans le noyau, possèdent une séquence d’import nucléaire appelée NLS (nuclear localisation signal) qui est reconnue par des protéines solubles : les importines α et β. Ces adaptateurs interagissent avec les pores nucléaires et favorisent la translocation de la protéine. A l’opposé l’exportation nucléaire nécessite la reconnaissant d’une séquence d’export NES (Nuclear export signal) par les protéines solubles de type exportines (Ullman KS et al., 1997). La mécanique intracellulaire est capable de moduler la dynamique des transports nucléaires par l’augmentation de l’ouverture des pores nucléaires. Cette ouverture est médiée par la contraction des fibres d’actomyosine périnucléaires qui transmettent les forces issues de la MEC directement au noyau. En réponse à un stimulus mécanique tel que la rigidité matricielle, la contraction des fibres périnucléaires induit un aplatissement du noyau qui acquiert une forme elliptique. Ce changement de forme induit un étirement et une ouverture des pores nucléaires. De cette manière, la contractilité intracellulaire facilite les transports des facteurs de transcription entre le cytoplasme et le noyau (Elosegui-Artola A et al, 2017) (Figure 33A) La formation et la stabilisation des fibres de stress périnucléaires nécessite la présence du complexe protéique LINC (linker of nucleoskeleton and cytoskeleton complex). Ce complexe, qui traverse l’enveloppe nucléaire, est composé des protéines SUN (Sad/UNC-84) et des nesprines (nuclear envelope spectrin repeat). Les protéines SUN sont situées au niveau de la membrane interne du noyau et interagissent avec les lamines nucléaires (Haques F et al., 2006 ; Khatau SB et al., 2009). Du côté de la membrane externe du noyau, la nesprine interagit avec le cytosquelette d’actine notamment les fibres de stress périnucléaires (Taranum S et al., 2012)(Figure 33B). Figure 33 : Impact de la contractilité intracellulaire sur la régulation du transport nucléaire. (A) Impact de la rigidité du milieu et de la contractilité des fibres périnucléaires d’actomyosine sur l’ouverture des pores nucléaires. Exemple du transport nucléaire de YAP dépendant de la rigidité de la MEC. D’après Elosegui-Artola A et al, 2017. (B) Représent schématique du complexe LINC au niveau de la membrane nucléaire. D’après Meinke P et al., 2011. 3.2. Remaniements chromatiniens mécanosensibles Une autre manière de réguler l’activité d’un facteur de transcription est de moduler l’accessibilité de ces promoteurs cibles. Cette accessibilité est régulée par des remodeleurs chromatiniens qui génèrent des modifications post-traductionnelles de type méthylation ou acétylation sur les histones. La méthylation de lysines des histones est assurée par des métyltransférases pour générer des structures chromatiniennes condensées dépourvues d’activité transcriptionnelle appelée : hétérochromatine. A l’opposé, l’euchromatine est une zone décondensée et transcriptionnellement active grâce à l’acétylation des histones, effectuée par les HATs (Histone Acétyltransférases). Ces remodeleurs chromatiniens agissent de manière dynamique pour moduler l’accessibilité des promoteurs par la condensation de la chromatine et modifier ainsi l’expression des gènes. Les stimuli mécaniques extracellulaires déclenchent des remaniements chromatiniens par l’intermédiaire de la contraction des fibres de stress périnucléaires. Les forces générées par le cytosquelette d’actomyosine sont transmises par l’intermédiaire du complexe LINC aux lamines A/C nucléaires elles-mêmes reliées à la chromatine du noyau (Figure 37B). 3.3. Les facteurs de transcription mécanosensibles impliqués dans l’homéostasie endothéliale De nombreux facteurs de transcription mécanosensibles sont impliqués dans l’homéostasie endothéliale. Ces facteurs sont majoritairement sensibles aux forces hémodynamiques appliquées sur la cellule endothéliale. Leur activation va dépendre de la nature du flux qui peut être linéaire ou perturbé. Ainsi les facteurs de transcription de la famille KLF2, KLF4 et NRF2 vont voir leur activité augmenter dans des cellules théliales soumises à un flux unifié. Ce sont des facteurs de transcription dit vaso-protecteurs. A l’inverse, les facteurs comme la β-caténine, YAP/TAZ, AP-1, NFkappaB et HIF-α sont inhibés par le flux unifié et sont surexprimés dans les zones où le flux est faible et perturbé. Leur activation va induire la mise en place de nombreuses voies de signalisation délétères pour l’homéostasie endothéliale (Niu N et al., 2019)(Figure 34). Figure 34 : Les facteurs de transcription mécanosensibles dans l’homéostasie endothéliale. La régulation de l’expression de facteurs de transcription en fonction de la nature du flux sanguins induit la mise de programmes d’expression géniques pour guider les comportements cellulaires en fonction du microenvironnement. D’après Niu N et al., 2019. 3.3.1. Les facteurs de transcriptions KLF2 et KLF4 Les facteurs de la famille KLF (Krüppel-like factor) sont des facteurs de transcription à doigt de zinc, des domaines leur permettant de lier l’ADN. Trois membres de cette famille sont décrits pour être impliqués dans la fonction endothéliale : KLF2, KLF4 et KLF6. Les facteurs KLF2 et KLF4 sont dits mécanosensibles car leur expression est induite par un flux sanguin laminaire (Dekker RJ et al., 2002). Environ 15% des gènes régulés par le flux sont dépendants de l’expression de KLF2 (Parmar KM et al., 2006). L’expression de KLF2 est déclenchée par le flux sous le contrôle du facteur de transcription MEF2, lui-même activé en réponse à l’activation de la voie MAP kinase dépendante de ERK5 (Figure39). Ces facteurs de transcription partagent une grande homologie structurale et ciblent souvent les mêmes effecteurs (Atkins GB et Jain MK, 2007). Ce sont des facteurs vasoprotecteurs avec des propriétés anti-inflammatoires, anti-coagulantes et anti-oxydantes. En effet, KLF2 et KLF4 favorisent l’expression de eNOs dans les cellules endothéliales et inhibent tous deux le facteur de transcription pro-inflammatoire NF-kappaB (SenBanerjee S et al., 2004 ; Hamik A et al.,2007). Pour cela, KLF2 se lie à l’histone acétyltransférase p300/HAT pour inhiber l’action de NF-kappaB (SenBanerjee S et al., 2004). De plus, le KO KLF2 chez la souris induit un défaut de maturation des vaisseaux avec un défaut dans le recrutement des VSMCs. Il est observé une léthalité passé E14,5, provoquée par la formation de vaisseaux dilatés et hémorragiques (Kuo CT et al., 1997). De manière générale, KLF2 et KLF4 sont des facteurs de transcription favorables à la stabilisation de l’identité endothéliale. Ils contrôlent l’expression d’une large proportion des gènes de la cellule endothéliale (Sangwung P et al., 2017). De plus, ils favorisent la quiescence endothéliale en inhibant les processus prolifératifs et angiogéniques, dépendant de la voie VEGF et de la voie TGF-β (Dekker RJ et al., 2006 ; Ghaleb AM et al., 2005 ; Bhattacharya R et al., 2005). En effet, KLF2 inhibe le cofacteur AP-1 ainsi que la phosphorylation de Smad2 (Boon RA et al., 2007). (Figure 35). 3.3.2 Le facteur de transcription Nrf2 L’activité du facteur de transcription Nrf2 est stimulée par les forces de cisaillements qui favorisent sa translocation nucléaire (Hsieh CY et al., 2009). Nrf2 régule l’expression de gènes impliqués dans les processus anti-inflammatoires et dans la réponse au stress oxydatif (Figure 35). Ce facteur est capable de se lier aux promoteurs de gènes codant pour les interleukines pro-inflammatoires IL-6 et IL1-β pour inhiber leur expression (Kobayashi EH et al., 2016). De manière intéressante les facteurs 65 KLF2 et NRF2 sont régulés par ERK5 (Parmar KM et al.,2006 ; Kim M et al., 2012). De plus, une étude transcriptomique a permis de mettre en évidence que les facteurs KLF2 et NRF2 détiennent 76% de gènes cibles en commun dans les cellules endothéliales (Fledderus JO et al., 2008). Ainsi ces facteurs de transcriptions semblent agir en synergie en réponse aux forces hémodynamiques. 3.3.3. Le co-facteur de transcription β-caténine Comme expliqué plus haut, l’application d’un flux sanguin discontinue sur les cellules endothéliales déstabilise le complexe VE-cadhérine/β-caténine. De cette manière, le co-facteur β-caténine est transloqué au noyau pour interagir avec le facteur de transcription LEF/TCF et favoriser des processus de transitions identitaires impliqués au cours du développement ainsi que dans de nombreux cancers. De manière intéressante, la rigidité de la matrice favorise aussi la translocation nucléaire de la β-caténine qui induit l’expression de gènes prolifératifs (Samuel MS et al., 2011, Avvisato CL et al., 2007) (Figure 35). 3.3.4. Les facteurs de transcription YAP/TAZ liés aux pathologies endothéliales Les co-facteurs YAP (Yes-associated protein) et TAZ (Transcriptionnal co-activator with PDZ-bindind motif) sont largement décrits dans la voie de signalisation Hippo impliquée dans la mise en place des tissus chez l’embryon. Cette voie régule la taille des organes en contrôlant l’état prolifératif, la survie et l’état de différenciation des cellules au cours du développement (Piccolo S et al., 2014). YAP et TAZ sont des coactivateurs de transcription qui s’associent aux facteurs de transcription TEADs. Les facteurs TEADs activent des gènes pour la prolifération cellulaire. De nombreuses études démontrent que l’activité de ces facteurs est dépendante de la contractilité du cytosquelette et des petites GTPases Rho. Ces facteurs sont sensibles à différents stimuli mécaniques tels que la rigidité de la matrice, la forme de la cellule, l’état de confluence des cellules (contacts intercellulaires) et les forces hémodynamiques (Dupont S, 2016). La translocation nucléaire de YAP et TAZ est proportionnelle à l’augmentation de la rigidité matricielle. Elle met en jeu la voie Rho/ROCK et la production de fibres de stress (Olson EN et Nordheim A, 2010). A l’inverse, une matrice souple induit la séquestration de YAP dans le cytoplasme (Argona M et al., 2013). Dans la cellule endothéliale, YAP peut être recruté aux jonctions VE-cadhérines. Cette interaction est régulée par la protéine EPS8 qui entre en compétition avec YAP pour lier la VE-cadhérine. Ainsi EPS8 régule la localisation cellulaire et le transport nucléaire de YAP (Giampietro C et al., 2015). L’activation de cette voie YAP/TAZ mécanosensible est favorable à la progression des cancers par ses actions prolifératives et pro-inflammatoires (Zanconato F et al., 2016). L’activation de cette voie est aussi associée à l’athérosclérose. Dans les cellules endothéliales, la translocation nucléaire des facteurs YAP/TAZ est déclenchée lorsque les cellules sont soumises à un flux perturbé (Wang KC et al., 2016) alors que le flux laminaire vasoprotecteur induit la phosphorylation et l’inactivation de ces facteurs. (Figure 35). 66 Figure 35 : Régulation des facteurs mécanosensibles en fonction du flux. Sous un flux linéaire, les facteurs KLF2, KLF4 et NRF2 inhibent l’expression de gènes pro-inflammatoire. A l’inverse, un flux perturbé induit la translocation nucléaire et l’activation des facteurs de transcription YAP/TAZ et β-caténine. Ils ciblent de nombreux gènes impliqués dans les voies proinflammatoires et prolifératives associées aux pathologies cardio-vasculaires. 67 Chapitre IV La pathologie CCM (Cerebral Cavernous Malformation) 1. Les angiomes cérébraux 1.1. Description, symptômes et traitement L’angiome cérébral ou la lésion CCM (Cerebral cavernous malformation en anglais) est le résultat d’une malformation des capillaires cérébraux anormalement dilatés qui, par empilement, forment une masse tubéreuse ou framboisée. La taille de l’angiome peut varier de quelques millimètres à quelques centimètres (Figure 36A). On retrouve ces malformations dans les vaisseaux à faible flux au niveau du réseau des capillaires veineux (ou « lits capillaires »). Les capillaires défectueux ont un caractère hémorragique. Ils présentent une lame basale épaissie, segmentée et ils sont dénués des es du parenchyme cérébral (péricytes et astrocytes) nécessaire à l’intégrité de la barrière hémato-encéphalique (BHE). On estime que 0,5% de la population mondiale présente une ou des lésions CCM. D’après les études 25-50% des personnes présentant un angiome cérébral sont asymptomatiques (Wei S. et al., 2020). Cependant, un angiome cérébral peut affecter le tissu neuronal et générer des symptômes neurologiques comme des crises d’épilepsies, de violents maux de tête et différentes affections neurologiques qui se manifestent en fonction de la taille de l’angiome et de l’aire cérébrale où se situe la lésion (vertiges, diplopie, fourmillement ou engourdissement dans un membre, trouble de l’audition, trouble du langage, paralysie d’un côté du corps) (Morrison L et Akers A 2016). L’état hémorragique de la lésion est rarement responsable d’une perte de conscience ou d’un coma car le flux sanguin est faible dans les angiomes mais l’épanchement sanguin est suffisant pour endommager le tissu cérébral et être à l’origine des affections neurologiques. Une imagerie par résonnance magnétique (IRM) ou un scanner, permettent de détecter et de situer la ou les lésions qui se forment au niveau des hémisphères cérébraux ou au niveau du tronc cérébral (Figure 36B). Une opération chirurgicale permet de retirer l’angiome, mais des lésions situées dans des zones plus profondes et plus critiques, ne peuvent pas être atteintes. Il est donc nécessaire de développer des traitements pharmacologiques pour pallier à ces limitations chirurgicales (Fisher OS et al. 2014). Figure 36 : Description des lésions CCM. (A) Représentation schématique d’une lésion CCM. D’après le site dartmouthhitchcock.org. (B) IRM de patient présentant une lésion CCM. Depuis Public, Orphanet Grand 2008. 1.2. Origine sporadique ou héréditaire Une lésion CCM peut apparaitre de manière sporadique (80% des cas), le patient présente généralement une lésion unique. Les cas plus sévères, avec plusieurs lésions, ont comme origine une mutation génétique héréditaire autosomale dominante (20% des cas), on parle de cas familia (Riant F et al. 2010). 1.2.1. Origine familiale des lésions CCM On connait 3 gènes responsables pour la formation des lésions CCM : CCM1/KRIT1, CCM2/OSM et CCM3/PDCD10. La mutation perte de fonction d’un seul de ces 3 gènes est suffisante pour induire des lésions CCM (Cavalcanti D et al., 2012). Parmi les formes familiales de la maladie, 80% présentent une mutation germinale hétérozygote. On connait aujourd’hui 150 mutations germinales sur ces 3 gènes responsables de la formation des lésions CCM. Toutes ces mutations sont dites perte de fonction car elles génèrent un codon stop prématuré dans la séquence du gène. Généralement les formes familiales présentent un diagnostic plus sévère avec l’apparition de nombreuses lésions, cependant, des cas sporadiques à multiples lésions sont observés, ils sont à l’origine d’une mutation « de novo » dans 45% à 67% des cas. On observe aussi des cas sporadiques à multiples lésions sans mutations des gènes CCM dont l’origine n’est toujours pas expliquée (Riant F et al. 2010). Les symptômes apparaissent chez les patients CCM1 et 2 autour de 30 à 40 ans et plus. La mutation du gène CCM3 est à l’origine d’une maladie plus sévère et plus précoce avec de nombreuses lésions qui apparaissent parfois chez les enfants de moins de 10 ans (Denier C et al.2006). 1.2.2. Hypothèse de Knudson : une mutation bi-allélique pour la genèse des lésions L’étude de la génétique de la maladie CCM a confirmé que la formation des lésions CCM suit l’hypothèse de Knudson, ce qui permet d’expliquer la prédisposition des cas familiaux à la formation de nombreuses lésions CCM. D’après Pangenstecher A et al, la formation des lésions CCM est due à la perte des 2 allèles du gène CCM (Two-hit mutation) (Pagenstecher A et al.,2009). Une première mutation d’origine germinale responsable de la perte du premier allèle est suivi d’une mutation somatique responsable de la perte du deuxième allèle. La présence de mutations somatiques additionnelles est confirmée dans les lésions de patients hétérozygotes pour les gènes CCM1, CCM2 et CCM3. Les auteurs expliquent que ces mutations somatiques sont retrouvées uniquement dans les cellules endothéliales. En suivant un mécanisme de mutation bi-allélique, l’étude montre que les gènes CCM fonctionnent de la même manière que les gènes suppresseurs de tumeurs (Akers A et al 2009 ; Pagenstecher A et al., 2009). Cette hypothèse a été testée et validée dans des modèles de souris ccm hétérozygotes croisées avec des souris KO pour p53. Des lésions caractéristiques se forment au bout de plusieurs mois. En effet, le croisement avec des souris p53 KO permet d’augmenter l’instabilité génétique et la probabilité d’obtenir des mutations somatiques (Plummer N et al., 2004). 1.3. Les modèles d’étude de la mutation CCM Plusieurs modèles d’études in vivo et in vitro ont été développé pour mieux comprendre les mécanismes cellulaires à l’origine de la formation des lésions lors de la perte du complexe CCM. Des 69 mutants muri s et des mutants chez le poisson zèbre ont été créé pour étudier l’impact de la perte de CCM sur la stabilité des vaisseaux sanguins. 1.3.1. Les modèles murins Alors que les modèles murins hétérozygotes des gènes Ccm1, Ccm2 et Ccm3 ne présentent pas de lésions rétiniennes ou cérébrales, les K.O constitutifs sont léthaux et engendrent des défauts du développement cardiaque. A. Pour pallier à cette létalité précoce, des modèles inductibles ont été développés basés sur l’activation de la Cre-recombinase induite par injection de tamoxifène. Des souris Ccmfl/fl sont croisées avec des souris exprimant la Cre-recombinase sous le promoteur VE-cadhérine (CDH5) pour générer des souris Cdh5-creERT2 Ccmfl/fl. Ce modèle dit "acute" permet de générer des souris néonatales homozygotes, sous injection de tamoxifène, 1 à 3 jours après la naissance. Le modèle "acute" présente de nombreuses lésions dans le cerveau, principalement dans le cervelet, mais aussi dans la rétine (Figure 37). La sévérité des lésions générées est telle que les souris ne survivent pas jusqu’à l’âge adulte (Boulday G et al., 2011). B. Pour limiter la sévérité des lésions et se rapprocher de la fréquence des lésions observées chez l’Homme, il a été développé un modèle mutant inductible exprimé uniquement dans les cellules endothéliales cérébrales (Cardoso C et al., 2020). Pour cela, la Cre-recombinase est exprimée sous le promoteur du gène Slco1c1, un canal anion spécifiquement exprimé dans les cellules endothéliales de vaisseaux cérébraux. Dans ce modèle, les lésions sont réparties sur l’ensemble du cerveau et suivies jusqu’à 5 mois. C. Le modèle "chronique" est basé sur le croisement de souris hétérozygotes pour un des gènes Ccm avec des souris ayant prédispositions pour générer des mutations somatiques (souris p53 -/- ou Msh2 -/-). Ce modèle permet d’observer un développement stochastique des lésions et d’obtenir des lésions matures dont les caractéristiques sont semblables à celles retrouvées chez l’Homme (Zeineddine H et al., 2019). D. Enfin, le modèle des souris Confetti est basé sur l’expression d’un rapporteur multicolore appelé Brainbow 2.1 dépendant de l’action de la Cre recombinase elle-même sous l’expression du promoteur de la VE-cadhérine (CDH5). Le croisement de ces mutants avec des souris CCM3 fl/fl permet d’associer un marquage fluorescent aux cellules endothéliales homozygotes mutantes après induction au tamoxifène (Malinverno M et al., 2019) et permet de suivre le devenir des cellules issues d’un même clone (Detter MR et al., 2018). 1.3.2. Le modèle poisson zèbre La mutation des protéines CCM chez le poisson zèbre (mutants CCM2 hi296, KRIT1 ty219c ou PDCD10) engendre un défaut de valvogénèse et génère un phénotype de cœur hypertrophié (Hogan BM et al., 2008) (Figure 37). Cette hypertrophie rend la fonction cardiaque défectueuse et s’associe à une absence du flux sanguin. Parce que les mutants sont capables de survivre pendant 7 jours en absence de fonction cardiaque, ce modèle permet d’étudier l’impact du flux sanguin sur la formation des lésions CCM. Pour restaurer ce flux, dans les mutants KRIT1ty219c, la fonction cardiaque est restaurée par l’expression additionnelle d’une protéine EGFP-KRIT1 sous le contrôle du promoteur Gal4 TgBAC(nfatc1:GAL4FF)mu286 exprimé uniquement dans les cellules endothéliales cardiaques 70 (Rödel CJ et al., 2019). Ce modèle a permis de mettre en évidence le rôle du flux pour prévenir l’apparition des lésions CCM in vivo. L’utilisation additionnelle de morpholinos dans les mutants ccm a permis d’identifier des acteurs moléculaires impliqués dans la formation des lésions CCM tels que l’intégrine β , KLF2, KLF4 et ROCK1 (Renz M et al., 2015, Lisowska J et al., 2018). De plus, la perte des protéines CCM chez le poisson-zèbre induit la formation de lésions vasculaires le long de l’aorte dorsale. Ainsi, grâce à ce modèle, il est possible d’étudier la fonction endothéliale in vivo. 1.3.3. Modèle in vitro : les HUVECs L’utilisation de lignée cellulaires endothéliales primaires permet d’étudier le rôle du complexe protéique CCM dans la fonction endothéliale. Une technique de Knock-Down (K.D) par transfection de siRNA ou par infection de shRNA dirigés contre les protéines CCM est appliquée sur des lignée cellulaires primaires endothéliales humaines. Il existe plusieurs lignées comme les HUVECs issus de la veine du cordon ombilical ou les HDMECs qui sont des cellules endothéliales du derme. Les cellules K.D pour les protéines CCM présentent une morphologie élargie et allongée. Les jonctions intercellulaires VE-cadhérine sont défectueuses et la monocouche endothéliale est altérée. Les cellules endothéliales révèlent une hypercontractilité associée à la présence de nombreuses fibres de stress d’actomyosine ainsi qu’une diminution de l’actine corticale (Figure 37). Figure 37 : Les différents modèles CCM. L’étude de la mutation des protéines CCM peut s’effectuer à travers différents modèles in vivo. Chez la souris, la mutation des protéines CCM est à l’origine de lésions vasculaires cérébrales et au niveau de la rétine. Chez le poisson-zèbre, la mutation des protéines CCM génère un cœur hypertrophié ainsi que des lésions vasculaires le long de l’aorte dorsale. In vitro, les cellules HUVECs mutées pour les protéines CCM présentent une morphologie élargie et allongée avec une altération des jonctions intercellulaires et une augmentation de la formation de fibres de stress d’actomyosine.D’après Boulday G et al., 2011 ; Renz M et al., 2015 ; Lisowska J et al., 2018. 2. Les complexes CCM : plusieurs complexes pour différentes voies de signalisation Les protéines KRIT1, CCM2 et PDCD10 forment un complexe protéique hétérotrimérique. La formation de ce complexe est requise pour activer des voies de signalisation nécessaires au bon fonctionnement de la cellule endothéliale. Cependant, les protéines CCM contiennent des domaines 71 protéiques distincts leur permettant de se lier à des partenaires protéiques différents et d’intervenir ainsi dans plusieurs voies de signalisation (Draheim KM et al. 2015). 2.1. Structure en domaines des protéines CCM 2.1.1. La protéine KRIT1 Le gène CCM1 est localisé sur le chromosome 7q, il contient 16 exons codant pour la protéine appelée K-Rev interaction trapped 1 (KRIT1). KRIT1, la plus grande des protéines CCM, est composée de 736 acides aminés pour une masse moléculaire de 84 kDa. Elle ne présente pas d’activité catalytique et elle est exprimée de manière ubiquitaire. La mutation du gène CCM1 est à l’origine de 50% des formes familiales de la pathologie CCM. KRIT1 est un parfait exemple de protéine d’échafaudage. Elle est constituée de plusieurs domaines d’interaction qui lui permettent d’interagir avec des récepteurs transmembranaires, des adaptateurs cytoplasmiques ou bien encore les microtubules. En N-terminal, la protéine KRIT1 est composée d’un domaine Nudix suivi de 3 motifs NPxY/F et un domaine FERM en C-terminal. L’affinité du domaine FERM-NPxY/F permet à KRIT1 de se replier sur elle-même dans une conformation fermée (Béraud-Dufour S et al., 2007). Elle est retrouvée dans le cytoplasme, au niveau des jonctions intercellulaires, et dans le noyau. En effet, elle contient 2 domaines NLS (Nuclear localisation signal) en N-terminal et en C-terminal et un domaine NES (Nuclear export signal). Grâce à son domaine FERM, la protéine KRIT1 est capable d’interagir avec des partenaires contenant un motif NPxY/F comme la protéine transmembranaire HEG1 et la petite GTPase Rap1-GTP. Le motif NPxY/F de KRIT1 permet d’interagir avec le domaine PTB (phosphotyrosine binding) de son partenaire ICAP-1, un régulateur négatif de l’intégrine β1, et la protéine CCM2. Le domaine Nudix de la protéine KRIT1, lui permet une interaction avec les microtubules (Draheim KM et al., 2015 ; Béraud-Dufour S et al., 2007 ; Padarti A et Zhang J, 2018) (Figure 38). 2.1.2. La protéine CCM2 Le gène CCM2 est localisé sur le chromosome 7p, il contient 10 exons codant pour la protéine MGC4607 ou malcarvenin composée de 444 acides aminés pour une masse moléculaire de 34 kDa. Elle est exprimée de manière ubiquitaire et la mutation de son gène est à l’origine de 20% des formes familiales de la maladie CCM. La protéine CCM2 ne présente pas d’activité catalytique. Elle est capable de lier les protéines KRIT1 et PDCD10, lui conférant le rôle de plateforme du complexe protéique CCM. En N-terminal, la protéine CCM2 contient un domaine PTB (Phospho-tyrosine binding) suivi d’un domaine HHD en C-terminal. Elle est retrouvée dans le cytoplasme, au niveau des jonctions intercellulaires, et dans le noyau malgré l’absence de séquences NLS. La translocation nucléaire de CCM2 dépend de sa liaison à la protéine KRIT1 par son domaine PTB. Les domaines PTB sont connus pour lier les phospholipides de la membrane plasmique, mais le rôle de ce domaine protéique sur le contrôle de la localisation membranaire de CCM2 est controversé. (Draheim KM et al., 2015, Faurobert E et Albigès-Rizo C, 2010 ; Padarti A et Zhang J, 2019). La formation du complexe KRIT1CCM2 contrôle la localisation et la stabilisation de KRIT1 (Zawistowski JS et al., 2005) ainsi que la localisation de son interacteur ICAP-1 (Faurobert E et al., 2013). Indépendamment de KRIT1, la protéine CCM2 est une plateforme pour la petite GTPase Rac1 ainsi que pour les kinases MEKK3 et MKK3 (Uhlik MT et al., 2003) (Figure 38). 72 La protéine CCM2L (CCM2-like) partage une forte homologie de séquence avec la protéine CCM2. Dans le modèle du poisson zèbre, la perte de CCM2L phénocopie le défaut de développement cardiaque observé dans le mutant CCM2 (Rosen JN et al., 2013). La protéine CCM2L peut lier KRIT1 et entrer en compétition avec la protéine CCM2 (Zheng X et al., 2012). Mais son implication dans la formation des lésions CCM est encore mal définie.
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Elaboration de matériaux poreux par agrégation et consolidation de suspensions de silices hydrophobées
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Elaboration de matériaux poreux par agrégation et consolidation de suspensions de silices hydrophobées Solenn Moro To cite this version: Solenn Moro. Elaboration de matériaux poreux par agrégation et consolidation de suspensions de silices hydrophobées. Matériaux. Université Pierre et Marie Curie Paris VI, 2013. Français. NNT :. pastel-00952817 HAL Id: pastel-00952817 https://pastel.hal.science/pastel-00952817 Submitted on 27 Feb 2014 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. THÈSE PRÉSENTÉE A L’UNIVERSITÉ PIERRE ET MARIE CURIE ÉCOLE DOCTORALE : Physique et Chimie des Matériaux (ED 397) Par Solenn MORO POUR OBTENIR LE GRADE DE DOCTEUR SPÉCIALITÉ : Physico-chimie des polymères Elaboration de matériaux por eux par agrégation et consolidation de suspensions de silices hydrophob ées Directeur de recherche : Jean-Baptiste d’ESPINOSE de LACAILLERIE Soutenue le : 29 Novembre 2013 Devant la commission d’examen formée de : M me Anne GALARNE AU (Directrice de Recherche) Mme Martine MEIRELES ( Directrice de Recherche ) M. Philippe BARBOUX ( Professeur ) M. Bruno LARTIGES ( Profe sseur) M. Jean - Baptiste d’ESPINOSE de LACAILLERIE ( Maître de C onférences) M. Nicolas SANSON (Maître de Conférences) M. Bernard CAB ANE (Directeur de Recherche) Mme Caroline PARNEIX (Ingénieur de Recherche) Universit é Montpellier 2 Université Toulouse 3 Université Paris VI Université Toulouse 3 ESPCI ParisTech Rapporteur Rapporteur Examinateur Examinateur Directeur de thèse Université Paris VI Université Paris VI Saint-Gobain Co-directeur de thèse Membre invité Membre invité REMERCIEMENTS Ces travaux de thèse ont été réalisés au Laboratoire Sciences et Ingénierie de la Matière Molle – Physico-chimie des Polymères et des Milieux Dispersés, en collaboration avec Saint-Gobain Recherche. Je tiens tout d’abord à remercier chaleureusement M. Philippe Barboux d’avoir accepté de présider mon jury de thèse. Ce rappel de mes années à Chimie ParisTech marque à merveille la fin de mes années d’étudiante. Un grand merci également à Mmes Anne Galarneau et Martine Meireles pour avoir pris le temps de rapporter mon travail ainsi qu’à M. Bruno Lartiges. Je suis particulièrement reconnaissante envers ceux qui m’ont en ée au quotidien. Merci à M. Jean-Baptiste d’Espinose, tout d’abord, pour avoir dirigé ma thèse durant ces trois années, même lorsque l’appel de la Suisse a été plus fort (pour la gourmande que je suis, vous n’auriez pas pu mieux choisir que ce pays du chocolat!). J’ai particulièrement apprécié l’équilibre entre l’autonomie que vous m’avez laissée au quotidien et la vue d’ensemble dont vous avez pu faire preuve pour que le projet avance dans la bonne direction. Merci à M. Nicolas Sanson, pour avoir été présent au quotidien, répondre à mes interrogations et proposer sans cesse de nouvelles pistes à explorer. Ton dynamisme et optimisme font vraiment plaisir et m’ont permis de passer trois années très enrichissantes. Une mention spéciale pour les moments passés au synchrotron lorsque la fatigue se faisait sentir! Merci à M. Bernard Cabane, pour s’être intéressé aux problématiques rencontrées au cours de ma thèse et pour m’avoir fait partager ses connaissances si riches en matière molle et diffusion du rayonnement. Je mesure la chance d’avoir pu profiter d’un tel échange. Enfin, merci à Mme Caroline Parneix, pour avoir suivi mon travail à Saint-Gobain tout au long de ces trois années. Tu as toujours été disponible et impliquée malgré les nouveaux projets dont tu t’es occupée. Passer à SGR était à chaque fois un grand plaisir et tu y étais pour beaucoup. Et puis j’étais bien contente d’avoir une présence féminine dans mes encadrants! Je souhaite également remercier toutes les autres personnes impliquées dans le projet à Saint-Gobain Recherche : M. Mathieu Joanicot, Mme Hélène Lannibois-Dréan, M. David Louapre, Mme Dominique Serughetti, Mme Virginie Duclaux, Mme Marie Lamblet, Mme i Tamar Saison, Mme Veneta Grigorova-Moutiers, Mme Valérie Goletto, j’espère n’oublier personne. Une mention spéciale pour Mmes. Lisbeth Degardin et Leïla Tahroucht qui ont toujours été là lorsque la poro mercure faisait des siennes. L’intérêt porté à mon travail, les réunions fructueuses et la confiance que vous m’avez accordée ont été très importants pour moi. Enfin, je remercie chaleureusement Mme Rosiana Aguiar sans qui je n’aurais probablement pas eu vent de cette thèse. De nombreuses personnes ont contribué à l’avancement de ce projet et je les en remercie : Marie Jachiet, Sabrina Aghada, Yan Xu et Johanna Saudrais, que j’ai eu le plaisir d’encadrer au cours de ma thèse ; Eric Lintingre, qui a effectué son stage en amont de ma thèse et qui m’a efficacement préparé le terrain ; Mmes Ghislaine Frébourg et Xiangzhen Xu ainsi que M. David Montero, qui ont réalisé les clichés de microscopie ; M. Cédric Carteret, qui nous a fourni les isothermes d’adsorption d’eau de nos différentes silices ; Mme Gaëlle Pembouong et M. Laurent Bouteiller, qui ont gracieusement réalisé les mesures d’ITC. Les expériences de diffusion des rayons X aux petits angles m’ayant été d’une importante cruciale, que MM. Florian Meneau (Soleil), Michael Sztucki (ESRF), Lucas Goehring et Joaquim Li trouvent ici l’expression de ma gratitude. Les discussions avec M. Romain Bordes sur le greffage des alcoxysilanes en milieu aqueux m’ont été également particulièrement utiles. Enfin je remercie les différentes personnes du laboratoire SIMM – PPMD qui m’ont formée sur des appareils ou aidée au quotidien. Un grand merci à l’ensemble des membres du laboratoire SIMM – PIMM avec qui j’ai passé trois années mémorables. Une ambiance de travail conviviale, que demander de plus! Une pensée particulière pour Guylaine, Nadège, Bruno, Mohamed, Patrick, Cécile, Armand, Freddy, et bien sûr Flore. Merci à mes différents co-bureau pour les moments de franche rigolade et la bonne ambiance qui régnait tout le temps en E003: Lucie, Julien, Rémi, et Pascaline. Merci à tous les post-docs et thésards que j’ai rencontrés : Céline, Maxime, Aurélie, Guillaume, Wei, David, Sandrine, Eloïse, François, Séverine, Clémence, Sandy, Guéba, Yogesh, Etienne, Basile, Jennifer, Xavier, Mengxing, Judith, Pauline, Eric, Hui, Esther, Yannick, Natacha, Robin, Benjamin, Marc, Corentin, Marine, Louis, j’espère n’avoir oublié personne (c’est le problème d’être dans un aussi grand labo!). Enfin, comment ne pas finir par remercier mes amis et ma famille sur qui j’ai toujours pu compter durant ces trois années. i i SOMMAIRE INTRODUCTION GENERALE........................................................................................................ 1 CHAPITRE 1................................................................................................................................ 7 RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES 1. Particules de silice : Synthèse et chimie de surface.......................................................... 7 1.1. Synthèse de particules de silice amorphes .............................................................. 7 1.1.1. 1.1.2. 1.1.3. 1.1.4. 1.2. Chimie de surface.................................................................................................. 10 1.2.1. 1.2.2. 1.2.3. 1.2.4. 2. Silices pyrogénées.................................................................................. 7 Fumées de silice..................................................................................... 8 Silices précipitées.................................................................................. 8 Particules de silice de type « Stöber »................................................... 9 Groupements de surface et nomenclature............................................ 10 Hydroxylation et déshydroxylation..................................................... 12 Quantification des groupements silanols............................................. 13 Influence du pH................................................................................... 15 De la stabilité colloïdale à l’agrégation des particules de silice..................................... 18 2.1. Forces interparticulaires........................................................................................ 18 2.1.1. Théorie DLVO..................................................................................... 18 2.1.1. Autres forces en présence.................................................................... 21 2.2. 2.3. 3. Agrégation de particules de silice.......................................................................... 23 Mécanismes d’agrégation...................................................................................... 25 Hydrophobisation de particules de silice par greffage.................................................... 26 3.1. 3.2. Précurseurs hydrophobes....................................................................................... 26 Mécanismes d’hydrolyse et de condensation des silanes...................................... 26 3.2.1. Hydrolyse............................................................................................. 27 3.2.2. Condensation....................................................................................... 28 3.3. Conditions expérimentales usuelles pour l’hydro phobisation ............................... 29 3.3.1. Gels hydrophobes ................................ ................................................ 29 3.3.2. Particules hydrophobes........ ................................................................ 30 3.4. 4. Hydro phob isation en milieu fortement aqu eux..................................................... 30 Résistance des agrégats à la compression et au séchage................................................ 32 4.1. Résistance à la compression.................................................................................. 33 iii 4.2. 4.3 . Ré sistance au séchage ........................................................................................... 36 Compa raison avec le séchage de systèmes dispersés modèle s .............................. 39 5. Exemples de matériaux poreux à base de silice .............................................................. 39 Conclusion............................................................................................................................. 43 Bibliographie.......................................................................................................................... 44 CHAPITRE 2.............................................................................................................................. 53 HYDROPHOBISATION PAR DES PRECURSEURS MONOFONCTIONNELS Introduction............................................................................................................................ 53 1. Réaction de greffage ....................................................................................................... 53 1.1. 1.2. Système................................................................................................................. 53 Etude par Résonance Magnétique Nucléaire (RMN) du greffage......................... 54 1.2.1. 1.2.2. 1.2.3. 1.2.4. 1.3. Impact des paramètres réactionnels sur l’efficacité du greffage........................... 59 1.3.1. 1.3.2. 1.3.3. 1.3.4. 2. Détermination de la densité de greffage.............................................. 54 Réactivité de l’éthanol......................................................................... 57 Impact du greffage sur les groupements silanols de la silice............... 58 Conclusion........................................................................................... 59 Durée de la réaction............................................................................. 59 Fraction d’eau...................................................................................... 60 pH de la dispersion de silice................................................................ 61 Résumé et discussion........................................................................... 61 Agrégation...................................................................................................................... 62 2.1. 2.2. Etat de dispersion associé au greffage................................................................... 62 Réversibilité de l’agrégation : influence du pH..................................................... 63 2.2.1. Principe................................................................................................ 63 2.2.1. Résultats............................................................................................... 64 2.3. 2.4. Discussion sur l’homogénéité du greffage ............................ ................ ................ 66 Conclusion............................................................................................................. 70 3. Caractère hydrofuge des poudres séchées....................................................................... 70 4. Hydrophobisation en milieu purement aqueux?............................................................ 71 Conclusion............................................................................................................................. 72 Bibliographie.......... ................................................ ................................................................ 74 CHAPITRE 3.............................................................................................................................. 77 HYDROPHOBISATION EN MILIEU AQUEUX PAR DES PRECURSEURS MULTIFONCTIONNELS Introduction............................................................................................................................ 77 1. Réaction de greffage....................................................................................................... 77 iv 1.1. Mode opératoire.................................................................................................... 77 1.1.1. Paramètres............................................................................................ 77 1.1.2. Protocole expérimental........................................................................ 79 1.2. Détermination de la densité de greffage................................................................ 79 1.2.1. Analyse thermogravimétrique.............................................................. 79 1.2.2. Efficacité de greffage et approximations............................................. 80 2. Nanostructuration............................................................................................................ 82 2.1. 2.2. Aspects macroscopiques........................................................................................ 82 Nature des agrégats formés................................................................................... 83 2.2.1. Cas du dimethoxydimethylsilane......................................................... 83 2.2.2. Cas des précurseurs Propyl et isoButyltrimethoxysilane..................... 85 2.2.3. Cas du trimethoxy(octyl)silane............................................................ 86 2.3. 3. Conclusion............................................................................................................. 87 Séchage des suspensions................................................................................................. 87 3.1. Suivi cinétique du séchage par SAXS................................................................... 87 3.1.1. 3.1.2. 3.1.3. 3.1.4. 3.1.5. 3.2. Méthodologie....................................................................................... 87 Silice hydrophile.................................................................................. 89 Silice hydrophobée et dispersée........................................................... 96 Silice hydrophobée et faiblement agrégée........................................... 98 Silice hydrophobée et fortement agrégée........................................... 100 Porosité résiduelle au séchage............................................................................. 102 3.2.1. Cas du dimethoxydimethylsilane....................................................... 102 3.2.2. Autres précurseurs hydrophobes........................................................ 104 3.2.3. Influence de la cinétique de séchage.................................................. 105 3.3. 4. 5. Conclusion........................................................................................................... 108 Vers les mousses........................................................................................................... 108 Caractère hydrofuge des matériaux séchés................................................................... 109 5.1. Angle de contact.................................................................................................. 109 5.1.1. 5.1.2. 5.1.3. 5.1.4. 5.1.5. 5.2. Elaboration des films minces colloïdaux........................................... 109 Influence de la densité de greffage.................................................... 110 Hystérésis........................................................................................... 111 Influence de la nature du précurseur . ................................................. 112 Silice fortement hydrophobée............................................................ 113 Adsorption d’eau................................................................................................. 113 5.2.1. Reprise en masse et isothermes d’adsorption.................................... 113 5.2.1. Proche infrarouge............................................................................... 116 Conclusion........................................................................................................................... 117 Bibliographie........................................................................................................................ 118 v CHAPITRE 4............................................................................................................................ 121 IMPACT DE LA CONSOLIDATION Introduction.......................................................................................................................... 121 1. Agglomération par ajout de sels................................................................................... 121 1.1. Impact du pH et de la force ionique.................................................................... 121 1.1.1. Décorrelation des deux effets Principe............................................ 121 1.1.2. Application aux silices étudiées......................................................... 123 1.2. Sel monovalent : NaCl........................................................................................ 125 1.2.1. Silice hydrophile................................................................................ 125 1.2.2. Influence de l’hydrophobisation de la silice...................................... 129 1.2.3. Influence de la température et géométrie sur le séchage................... 130 1.3. Sel divalent: CaCl2.............................................................................................. 132 1.3.1. Silice hydrophile................................................................................ 132 1.3.2. Influence de l’hydrophobisation de la silice...................................... 133 1.4. 2. Conclusion........................................................................................................... 134 Consolidation thermique............................................................................................... 134 2.1. Consolidation des suspensions en l’absence de sels et à pH 9............................ 134 2.1.1. Principe.............................................................................................. 134 2.1.2. Silice hydrophile................................................................................ 135 2.1.3. Silice hydrophobée............................................................................ 136 2.2. Consolidation des suspensions en présence de sels et à pH 9............................ 138 2.2.1. Silice hydrophile et sel monovalent NaCl......................................... 138 2.2.2. Silice hydrophile et sel divalent CaCl2.............................................. 140 2.2.3. Effets combinés.................................................................................. 143 2.3. Consolidation des suspensions en l’absence de sels et à pH élevé..................... 144 2.3.1. Principe.............................................................................................. 144 2.3.2. Silice hydrophile................................................................................ 145 2.3.3. Silice hydrophobée............................................................................ 146 2.4. Consolidation des suspensions en présence de sels et à pH élevé....................... 149 2.4.1. Silice hydrophile et sel monovalent NaCl......................................... 149 2.4.2. Silice hydrophile et sel divalent CaCl2.............................................. 152 2.4.3. Effets combinés.................................................................................. 153 2.5. Autres paramètres................................................................................................ 154 2.5.1. Dis solution de la silice à pH 12......................................................... 154 2.5.2. Force ionique ..... ................ ................................................................ 155 3. Caractère hydrofuge des matériaux séché s................................................................... 156 Conclusion........................................................................................................................... 157 Bibliographie........................................................................................................................ 160 vi CHAPITRE 5............................................................................................................................ 161 INTERACTIONS SILICE-POLY(OXYDE D’ETHYLENE) Introduction.......................................... ................................................................................ 161 1. Interactions silice – POE : Rappels bibliographiques................................................... 161 2. Adsorption à température ambiante.............................................................................. 164 2.1. Isothermes d’adsorption...................................................................................... 164 2.1.1. Principe.............................................................................................. 164 2.1.2. Protocole............................................................................................ 165 2.1.3. Résultats............................................................................................. 165 2.2. Agrégation........................................................................................................... 166 2.2.1. Protocole............................................................................................ 166 2.2.2. Influence de la masse molaire............................................................ 167 2.3. Nature des interactions polymère-silice.............................................................. 168 2.3.1. Principe.............................................................................................. 168 2.3.2. Protocole............................................................................................ 169 2.3.3. Résultats............................................................................................. 169 Rappels bibliographiques..................................................................................................... 171 Conclusion sur l’adsorption................................................................................................. 171 3. Etude SAXS du séchage des systèmes composites à température ambiante................ 172 4. Consolidation thermique à pH 9................................................................................... 174 4.1. 4.2. 4.3. Comportement du poly mère dans les conditions de consolidation..................... 174 Agrégation et influence de l’hydrophobisation................................................... 175 Séchage................................................................................................................ 177 4.3.1. Influence de la consolidation thermique et de la calcination............. 177 4.3.2. Influence de la masse molaire du POE .............................................. 178 4.3.3. Influence de la quantité de polymère ajoutée.................................... 179 5. Discussion..................................................................................................................... 181 6. Caractère hydrofuge des poudres séchées..................................................................... 184 Conclusion........................................................................................................................... 185 Bibliographie........................................................................................................................ 186 CHAPITRE 6............................................................................................................................ 189 INFLUENCE DE LA NATURE DE LA SILICE Introduction.......................................................................................................................... 189 1. Réaction d’hydrophobisation........................................................................................ 189 1.1. Précurseur monofonctionnel................................................................................ 189 1.1.1. Densité de greffage............................................................................ 189 1.1.2. Adsorption d’eau................................................................................ 192 1.1.3. Greffage en phase vapeur.................................................................. 193 vii 1.2. Précurseurs multifonctionnels............................................................................. 194 1.2.1. Densité de greffage............................................................................ 194 1.2.2. Adsorption d’eau................................................................................ 194 1.2.3. Porosité résiduelle après séchage....................................................... 196 2. Autres paramètres......................................................................................................... 198 2.1. 2.2. 2.3. Influence de la sonication .................................................................................... 198 Influence de la consolidation thermique, du pH et de la force ionique............... 198 Interactions silice POE...................................... ................................................ 200 Conclusion........... ................................................................................ ................................ 200 Bibliographie........ ................................................................................................................ 202 CONCLUSION GENERALE....................................................................................................... 203 ANNEXE 1............................................................................................................................... 209 DIFFUSION DES RAYONS X AUX PETITS ANGLES 1. 2. Princip e de la mesure.................................................................... ................................ 209 Analyse des spectres..................................................................................................... 211 2.1. 2.2. 2.3. 2.4. 2.5. 2.6. Régime de Guinier (q →0).................................................................................. 211 Limite de Porod (q → +∞).................................................................................. 211 Invariant............................................................................................................... 211 Détermination expérimentale des facteurs de forme et de structure................... 212 Particules sphériques : Facteur de forme............................................................. 212 Interactions des particules : Facteurs de structure............................................... 213 2.6.1. Corrélations répulsives...................................................................... 213 2.6.2. Corrélations attractives...................................................................... 216 2.7. Détermination de la fraction volumique.............................................................. 216 2.7.1. Par la position du pic de structure...................................................... 216 2.7.2. Par l’invariant et la limite de Porod :................................................. 218 3. Procédure expérimentale............................................................................................... 219 Bibliographie ........................................ ................................ ................................................ 220 ANNEXE 2............................................................................................................................... 221 AUTRES TECHNIQUES EXPERIMENTALES 1. 2. 3. Diffusion dynamique de la lumière.............................................................................. 221 Granulométrie laser....................................................................................................... 221 Potentiel zêta................................................................................................................. 221 viii 4. 5. 6. 7. Analyseur de carbone (COT)........................................................................................ 221 Titration Calorimétrique Isotherme (ITC).................................................................... 222 Porosimétrie au mercure............................................................................................... 222 Microscopie.................................................................................................................. 223 7.1. 7.2. 8. Microscopie Electronique à Balayage (MEB-FEG)............................................ 223 Microscopie Electronique à Transmission (MET et Cryo-MET)........................ 223 Résonance Magnétique Nucléaire (RMN).................................................................... 224 8.1. 8.2. 9. 10. 11. 12. RMN liquide 1H................................................................................................... 224 RMN du solide (MAS)........................................................................................ 224 Analyse Thermogravimétrique (ATG)......................................................................... 224 Isotherme d’adsorption d’eau....................................................................................... 224 Spectroscopie proche infrarouge................................................................................... 224 Profilomètre optique interférométrique................ ........................................................ 225 ANNEXE 3............................................................................................................................... 227 SILICES DE L’ETUDE 1. Silice modèle : Ludox® TM50...................................................................................... 227 1.1. 1.2. Données fournisseurs et préparation des dispersions.......................................... 227 Rayon moyen des particules................................ ................ ................................ 227 1.2.1. Techniques de diffusion..................................................................... 227 1.2.2. Micro s copie....................................................................................... 228 2. Silice agrégée : Tixosil 365 .......................................................... ................................ 229 2.1. 2.2. Données fournisseurs et pr éparation des suspension s......................................... 229 Taille.................................................................................................................... 230 3. Chim ie de surface......................................................................................................... 230 Bibliographie........................................................................................................................ 232 ANNEXE 4............................................................................................................................... 233 INTERACTIONS SILICE-POLYMERE 1. Silice – PAA greffé....................................................................................................... 233 1.1. 1.2. Greffage du PAA Protocole.............................................................................. 233 Isothermes d’adsorption...................................................................................... 234 2. Silice – P DADMAC ..... ................................................................ ................................ 235 Bibliographie........................................................................................................................ 239 ix x INTRODUCTION GENERALE La silice, ou dioxyde de silicium SiO2, est l’un des oxydes les plus utilisés industriellement. Cristalline ou amorphe, d’origine naturelle ou synthétique, ses applications s’étendent de l’optique à l’industrie pneumatique, en passant par l’industrie cosmétique ou agroalimentaire. Un tel panel s’explique en partie par la modulation aisée des interactions entre la silice et son environnement (modification de la chimie de surface1, 2), la facilité à synthétiser des matériaux hybrides (phase silicique / phase (in)organique3-6) ou encore la multitude de structures obtenues (matériaux denses ou poreux, isotropes ou anisotropes, architectures multi-échelles7...). Parmi ces différents systèmes, les matériaux siliciques poreux sont utilisés dans des domaines très variés : relargage de principes actifs, catalyse, filtration, chromatographie, couches anti-reflet, isolation thermique, allègement de structures... La taille et distribution des pores conditionnent souvent le type d’application. Ainsi, les matériaux microporeux de grande surface spécifique pourront être employés en catalyse tandis que les mousses, où la fraction volumique en gaz est très élevée, seront privilégiées lorsque la légèreté du système est la qualité première recherchée. La synthèse par voie sol-gel, la plus répandue, est basée sur l’hydrolyse et condensation d’un précurseur de silice organique, tel le tétraéthoxysilane (TEOS) ou inorganique, tel le silicate de sodium. Le contrôle de la taille des pores peut être réalisé par ajout d’un agent structurant autour duquel les précurseurs de silice vont se condenser. Qu’il s’agisse de micelles de tensioactifs8, de particules de latex9 ou d’un réseau de polymère10, l’agent structurant doit être éliminé par lavage ou calcination pour libérer la porosité. Il en résulte une architecture contrôlée à façon et qui peut présenter plusieurs échelles de porosité. Une deuxième voie de synthèse de matériaux poreux consiste en l’utilisation de particules de silice pour stabiliser l’interface entre deux phases non miscibles. Moyennant une agitation mécanique forte pour faire faire migrer ces particules à l’interface, les mousses11 ou émulsions12 pickering sont très stables et conduisent, une fois séchées, à des matériaux poreux dont les murs sont constitués d’un empilement dense de particules. La principale difficulté réside dans les conditions de mouillabilité neutre entre les deux phases qu’il est nécessaire d’atteindre afin que la silice puisse stabiliser l’interface. Ces systèmes présentent une taille de pores très élevée, de plusieurs micromètres en moyenne, fixée par la taille des bulles (mousses) ou des gouttes (émulsions) formées. Atteindre des tailles de pores submicroniques s’avère beaucoup plus difficile. 1 Introduction générale La surface des particules de silice est constituée de ponts siloxanes et de groupements silanols SiOH capables de se protoner ou de se déprotoner suivant le pH. La proportion relative de ces différentes espèces permet de gérer la réactivité, la stabilité colloïdale, les propriétés de mouillage ou d’adsorption aux interfaces des particules. Une autre façon de changer la nature de la surface consiste à adsorber ou greffer des molécules, alors responsables des interactions entre la silice modifiée et son environnement. Dans l’eau, l’adsorption peut avoir lieu par le biais de liaisons hydrogène avec les groupements silanols, d’interactions électrostatiques si la silice est chargée ou d’interactions hydrophobes au niveau des ponts siloxanes. Le greffage, quant à lui, résulte principalement d’une réaction de condensation au niveau des sites hydrolysables de surface. Ces modifications donnent ainsi accès à de toutes nouvelles propriétés : réglage de la balance hydrophile/hydrophobe13, incorporation de fonctions chimiques réactives14, 15, stabilisation stérique16... Le travail effectué au cours de cette thèse s’inscrit dans le cadre d’un partenariat entre Saint-Gobain Recherche et le Laboratoire de Sciences et Ingénierie de la Matière Molle situé à l’ESPCI (Ecole Supérieure de Physique et de Chimie Industrielles de la ville de Paris). L’objectif premier est d’étudier l’élaboration de matériaux poreux, dont la taille de pores est submicronique, à partir de suspensions de silices amorphes. Il s’agirait en fait d’étendre la gamme de porosité atteignable par les matériaux synthétisés à base de particules de silice. Le deuxième objectif est d’assurer une bonne résistance du matériau final vis-à-vis de l’adsorption d’eau, ce qui implique de lui conférer des propriétés hydrofuges. Enfin, du fait du contexte industriel de l’étude, il convient également de prendre en compte le coût des matières premières et du procédé de fabrication, l’empreinte environnementale du matériau, la sécurité industrielle... ● Pour la matière première, nous avons privilégié les particules de silice commerciales aux précurseurs siliciques organiques (ex : TEOS) ou inorganiques (ex : silicates de sodium). Seules les silices de précipitation ont été envisagées, car moins coûteuses que les silices pyrogénées. Nous travaillerons sur une dispersion de silice modèle (peu polydisperse), la Ludox® TM50, ainsi que sur une silice agrégée et plus polydisperse, la Tixosil® 365. Cette dernière présente une structure complexe à trois échelles : des particules élémentaires sont fusionnées de façon irréversible pour former des agrégats, qui se réarrangent par le biais d’interactions faibles en agglomérats. ● Concernant le procédé de fabrication, il conviendra d’éviter les étapes énergivores (haute température/pression, séchage supercritique...) ou l’utilisation de réseaux sacrificiels tels que des agents structurants qu’il est nécessaire d’éliminer pour libérer la porosité. Le séchage en particulier se devra d’être réalisé à faible température (< 100 °C) et pression 2 Introduction générale atmosphérique. Enfin, privilégier l’eau comme solvant contribuera à minimiser l’empreinte environnementale et les risques chimiques. Afin de respecter ce cahier des charges, la synthèse des matériaux poreux sera basée sur une étape d’agrégation des silices précipitées en milieu aqueux suivie d’une étape de séchage à faible température et pression atmosphérique. Le matériau se devant de posséder des propriétés hydrofuges finales, nous avons choisi de déclencher l’agrégation par une hydrophobisation préalable des particules de silice. La modification chimique de surface, qui sera réalisée en milieu aqueux, permettra ainsi d’éviter la réadsorption d’eau du matériau séché. Nous espérons enfin que l’hydrophobisation des particules de silice puisse réduire les forces capillaires qui s’exerceront au cours du séchage, et donc réduire l’effondrement de la structure. A notre connaissance, la modulation de la structure d’agrégats de silice par hydrophobisation progressive n’a pas été traitée dans la littérature. Cette approche originale comporte donc un intérêt applicatif mais également fondamental. Nous étudierons au cours de cette thèse l’impact triple de l’hydrophobisation de particules de silice en milieu aqueux : Impact sur la stabilité colloïdale? Impact sur l’effondrement du réseau au cours du séchage? Impact sur l’adsorption d’eau une fois le matériau séché? Ce manuscrit est divisé en six parties. Le Chapitre 1 sera consacré à un état de l’art sur la structuration des silices amorphes. Nous présenterons les différentes voies de synthèse des silices amorphes puis rappellerons en quoi la chimie de surface et les différents paramètres physico-chimiques du milieu peuvent impacter leur stabilité colloïdale. Nous nous concentrerons en particulier sur la réaction de greffage par des précurseurs hydrophobes en vue d’une modulation des forces interparticulaires dans le système. Nous discuterons ensuite de la résistance d’agrégats de silice à la compression et des mécanismes mis en jeu lors du séchage. Pour finir, nous listerons les grandes familles de matériaux poreux siliciques. Le Chapitre 2 se concentrera sur l’hydrophobisation de particules de silice modèles par des alkylalcoxysilanes monofonctionnels. Nous travaillerons pour cela en milieu hydroalcoolique et étudierons l’influence des différents paramètres physico-chimiques sur l’efficacité du greffage. Nous discuterons de la stabilité colloïdale des particules modifiées en fonction du pH du milieu et de la densité de greffage. Le caractère hydrofuge des poudres séchées sera également évalué. Devant la difficulté de procéder à un greffage quantitatif en milieu purement aqueux par ces silanes monofonctionnels, nous nous concentrerons sur l’utilisation de précurseurs multifonctionnels présentant une meilleure efficacité. Ces travaux feront l’objet du Chapitre 3 Introduction générale 3. Le protocole de greffage employé nous permettra une très bonne efficacité de la réaction en milieu purement aqueux ainsi qu’une déstabilisation progressive des dispersions colloïdales. Le suivi cinétique de séchage par diffusion des rayons X aux petits angles ainsi que l’évaluation de la porosité des matériaux séchés par intrusion au mercure nous éclairerons sur la résistance des agrégats face aux pressions capillaires. Le caractère hydrofuge de ces systèmes sera comparé à la situation de greffage modèle réalisée lors du chapitre précédent. Les Chapitres 4 et 5 résumeront les différentes voies de consolidation envisagées pour renforcer la résistance des agrégats au cours du séchage. Nous effectuerons tout d’abord un second niveau d’agglomération des pré-agrégats hydrophobes formés, par modification du pH, ajouts de sels (NaCl et CaCl2) ou de polymères (POE). Puis nous nous concentrerons sur une étape de consolidation thermique au cours de laquelle le mûrissement d’Ostwald et le renfort des contacts entre particules sont facilités. Les mêmes traitements seront réalisés sur la silice hydrophile de référence afin de mettre en avant la spécificité de la chimie de surface. Le Chapitre 6 reprendra les résultats obtenus pour la dispersion colloïdale de silice modèle utilisée lors des quatre chapitres précédents, et mettra en parallèle ceux obtenus pour une deuxième silice de précipitation, agrégée et polydisperse cette fois. Nous comparerons ainsi l’efficacité de greffage, le caractère hydrofuge ainsi que le gain de porosité lié aux différentes es de consolidation mises en place pour les deux silices de précipitation utilisées. Une discussion sera engagée afin d’expliquer les différences observées. Nous conclurons ce manuscrit en présentant les points essentiels de ce travail ainsi que les différentes perspectives et questions ouvertes qu’il serait intéressant d’aborder plus en détails. 4 Densité de greffage Densité de greffage Transposition des Chapitres 2, 3, 4 et 5 Adsorption de polymères Consolidation Consolidation Porosité et caractère hydrofuge après séchage? 5 CHAPITRE 5 Effe ts de sel, pH CHAPITRE 3 Précurseurs multifonctionnels CHAPITRE 4 CHAPITRE 2 Précurseurs monofonctionnels CHAPITRE 6 Introduction générale Introduction générale Bibliographie 1. Snyder, L. R.; Dolan, J. W.; Carr, P. W., The hydrophobic-subtraction model of reversed-phase column selectivity. Journal of Chromatography A 2004, 1060, 77-116. 2. Leblanc, J. L., Rubber-filler interactions and rheological properties in filled compounds. Progress in Polymer Science 2002, 27, 627-687. 3. Chen, J. J.; Thomas, J. J.; Taylor, H. F. W.; Jennings, H. M., Solubility and structure of calcium silicate hydrate. Cement and Concrete Research 2004, 34, 1499-1519. 4. Egeblad, K.; Christensen, C. H.; Kustova, M., Templating mesoporous zeolites. Chemistry of Materials 2008, 20, 946-960. 5. Nassif, N.; Livage, J., From diatoms to silica-based biohybrids. Chemical Society Reviews 2011, 40, 849-859. 6. Carlsson, L.; Rose, S.; Hourdet, D.; Marcellan, A., Nano-hybrid self-crosslinked PDMA/silica hydrogels. Soft Matter 2010, 6, 3619-3631. 7. Noorduin, W. L.; Grinthal, A.; Mahadevan, L.; Aizenberg, J., Rationally Designed Complex, Hierarchical Microarchitectures. Science 2013, 340, 832-837. 8. Kresge, C. T.; Leonowicz, M. E.; Roth, W. J.; Vartul i, J. C.; Beck, J. S., Ordered mesoporous molecular-sieves synthesized by a liquid-crystal template mechanism. Nature 1992, 359, 710-712. 9. Guillemot, F., Thèse de doctorat de l'Ecole Polytechnique : "Couches poreuses de silice structurées par des latex : structure, propriétés mécaniques et applications optiques". 2010. 10. Sachse, A.; Galarneau, A.; Fajula, F.; Di Renzo, F.; Creux, P.; Coq, B., Functional silica monoliths with hierarchical uniform porosity as continuous flow catalytic reactors. Microporous and Mesoporous Materials 2011, 140, 58-68. 11. Stocco, A.; Rio, E.; Binks, B. P.; Langevin, D., Aqueous foams stabilized solely by particles. Soft Matter 2011, 7, 1260-1267. 12. Cameron, N. R.; Sherrington, D. C., High internal phase emulsions (HIPEs) Structure, properties and use in polymer preparation. Biopolymers Liquid Crystalline Polymers Phase Emulsion 1996, 126, 163-214. 13. Törncrona, A.; Holmberg, K.; Bordes, R. Modified silica particles. WO 2012/123386 A1. 2012. 14. Crudden, C. M.; Sateesh, M.; Lewis, R., Mercaptopropyl-modified mesoporous silica: A remarkable support for the preparation of a reusable, heterogeneous palladium catalyst for coupling reactions. Journal of the American Chemical Society 2005, 127, 10045-10050. 15. Börner, M.; Noisser, T.; Reichenauer, G., Cross-linked monolithic xerogels based on silica nanoparticles. Chemistry of Materials 2013, 25, 3648-3653. 16. Tadros, T. F., Polymers in colloid systems : Adsorption, stability and flow. Elsevier: 1988. 6 CHAPITRE 1 RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES 1. Particules de silice : Synthèse et chimie de surface 1.1. Synthèse de particules de silice amorphes Les voies de synthèse de particules de silice sont diverses et permettent d’obtenir une large gamme de propriétés (taille, morphologie, porosité, réactivité, pureté...). Toutes les silices synthétiques sont amorphes. Leurs applications sont nombreuses et s’étendent du renfort des polymères (pneumatique et autres é omères) aux additifs alimentaires. Nous présentons ci-dessous les principales voies de synthèse ainsi que les caractéristiques des silices obtenues. 1.1.1. Silices pyrogénées Les silices pyrogénées sont synthétisées à haute température (T > 1000 °C)1. Le tetrachlorure de silicium volatile est introduit dans une flamme d’oxyhydrogène, ce qui permet la formation de silice selon la réaction ci-dessous : ∆ SiCl 4 + H 2 + O 2 → SiO 2 + 4 HCl Les particules primaires, sphériques et de quelques nanomètres de diamètre (typiquement d = 5-30 nm), fusionnent au cours du procédé pour former des agrégats permanents possédant une structure ouverte. Au cours du refroidissement, ces agrégats polydisperses de plusieurs centaines de nanomètres adoptent une structure tertiaire composée d’assemblages faibles d’agrégats, appelés agglomérats, de plusieurs microns de diamètre. Particules élémentaires Agrégats Agglomérats (Fusion) (Assemblage faible d’agrégats) Figure 1 : Les trois échelles structurales des silices pyrogénées. 7 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques La purification des silices pyrogénées permet l’élimination du HCl adsorbé et l’obtention du pH adéquat. De par leur structure ouverte agrégée, ces agrégats de silice présentent une surface spécifique élevée bien que les particules élémentaires soient non poreuses. 1.1.2. Fumées de silice Les fumées de silice sont un sous-produit industriel de la fabrication du silicium métallique ou de divers alliages de ferrosilicium. Le silicium est synthétisé par réduction du quartz par le carbone à 2000 °C, dans un four à arc éléctrique. Des gaz de monoxyde de silicium (SiO) s’en dégagent et finissent par s’oxyder (SiO2). Les fumées de silice sont alors recueillies par filtration de ces gaz. Ayant de bonnes propriétés pouzzolaniques, c’est-à-dire une bonne capacité à fixer la chaux en présence d ’eau, elles peuvent rentrer dans la formulation des ciments2. 1.1.3. Silices précipitées Les silices précipitées sont synthétisées en voie aqueuse par neutralisation d’une solution de silicate de sodium Na2SiO3 avec un acide, généralement l’acide sulfurique. Ce procédé permet l’obtention de silices non poreuses. La taille et morphologie des particules sont très diverses et dépendent des conditions opératoires (pH, force ionique, température de réaction, agitation, cinétique d’ajout des réactifs...). La première étape de la synthèse, appelée nucléation, consiste en la formation de germes. Vient ensuite l’étape de croissance des germes pendant laquelle sont formées des dispersions colloïdales (a) ou agrégats de silice (b) (Figure 2). a. Sols de silice Afin de conserver un état dispersé et une bonne monodispersité des nanoparticules lors de l’étape de croissance, le système doit être maintenu à pH basique (fortes répulsions électrostatiques des colloïdes) et faible force ionique (minimiser l’écrantage des charges de surface par les sels). Les particules grossissent donc progressivement jusqu’à atteindre la taille souhaitée, généralement entre 5 et 100 nm. Au-delà de 100 nm, la stabilité colloïdale n’est plus assurée puisque l’agitation thermique ne suffit plus à contrebalancer l’énergie gravitationnelle : les particules sédimentent3. La synthèse s’effectue généralement par procédé ensemencé à pH basique constant4. La dispersion de particules de silice denses est ensuite concentrée par évaporation jusqu’à 30 à 50 %wt. b. Agglomérats de silice La formation d’agrégats, quant à elle, a lieu à pH acide et/ou force ionique élevée. Le silicate ajouté se dépose ensuite au niveau des joints entre particules, rendant l’agrégation 8 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques irréversible. Une agitation à forte température est nécessaire au cours du procédé pour éviter la formation d’un gel. La suspension de silice subit ensuite différents traitements : lavage et filtration pour éliminer les sels produits au cours de la synthèse (sulfate de sodium) ; séchage puis broyage éventuel des poudres pour obtenir la taille d’agglomérats souhaitée5. La morphologie de ces silices précipitées ressemble très fortement aux silices pyrogénées puisque, là aussi, trois échelles de structure sont obtenues : les particules élémentaires coagulent de façon permanente en agrégats, eux-mêmes associés par liaisons faibles en agglomérats (Figure 1). Les particules élémentaires sont denses mais la structure finale reste ouverte. Figure 2 : Synthèse des silices précipitées et conditions de métastabilité. D’après Iler6. 1.1.4. Particules de silice de type « Stöber » La voie sol-gel est également très utilisée en laboratoire pour la synthèse de particules de silice monodisperses. Initialement développée par W. Stöber7, elle consiste en l’hydrolysecondensation de précurseurs organiques de silice tels que les alcoxysilanes (ex : tétraéthoxysilane TEOS) en milieu hydro-alcoolique basique : 2 4 Le procédé ensemencé utilisé permet de contrôler facilement la taille des nanoparticules ainsi que la fraction massique en silice8. La suspension colloïdale obtenue est très stable de par les répulsions électrostatiques qui s’exercent entre les particules en milieu basique. Outre leur excellente monodispersité, les silices Stöber sont caractérisées par une importante porosité interne. Celle-ci a pu être mise en évidence par titration potentiométrique en présence de contre-ions puisque la densité de charge trouvée pour les silices Stöber est largement supérieure à celle obtenue pour des silices non poreuses de même taille9, 10. Il est à 9 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques noter que même si les surfaces BET et BJH déterminées par adsorption d’azote mettent en avant la structure poreuse des silices Stöber (SBET et SBJH largement supérieures à la surface calculée pour une sphère dure équivalente), les techniques de titration ou de sorption de liquide permettent de mieux sonder la microporosité10, 11. La porosité de ces silices peut s’avérer problématique lorsqu’une fonctionnalisation de leur surface est envisagée. Il est en effet difficile d’estimer la densité surfacique des groupements silanols SiOH réactifs. Au cours de notre étude, deux silices de précipitation commerciales seront utilisées. La première est une dispersion colloïdale de nanoparticules de rayon moyen 13 nm. La seconde est une poudre de silice agrégée, présentant les trois échelles structurales habituelles (particules élémentaires-agrégats-agglomérats). Le détail de ces deux systèmes se trouve en Annexe 3. 1.2. Chimie de surface 1.2.1. Groupements de surface et nomenclature La silice, de formule brute SiO2, présente deux types d’atomes de silicium en surface : ceux engagés dans des liaisons siloxanes Si-O-Si et les groupements silanols Si-OH. L’existence de ces derniers a pour la première fois été supposée dans les années 1930 par Kiselev et Hofmann, et leur importance dans la réactivité de la silice n’a eu de cesse d’être mise en avant. Une étude précise de la nature, répartition et proportion de ces sites actifs est donc nécessaire pour maîtriser les réactions de greffage ou d’adsorption qui peuvent se dérouler à la surface du matériau. Trois catégories de silanol peuvent être rencontrées6 (Figure 3): ● Les groupements silanols isolés ou libres : l’atome de silicium est lié à un seul groupement hydroxyle et aucune interaction par liaison hydrogène n’est envisageable avec leur environnement. Ils n’ont donc à proximité ni molécules d’eau ni autres groupements silanols. En pratique, ils se situent souvent dans la porosité fermée des silices et sont qualifiés alors de silanols « internes ». Leur proportion est donc élevée lors de la synthèse par voie sol-gel et quasi nulle pour des silices précipitées denses. Dans certaines conditions expérimentales (température élevée, faible humidité relative), il est possible de retrouver ces groupements en surface. ● Les groupements silanols vicinaux : l’atome de silicium est lié à un seul groupement hydroxyle et ils interagissent par liaison hydrogène avec d’autres silanols. Suivant la densité surfacique et répartition de ces groupements, la formation de chaînes plus ou moins longues de silanols faiblement liés entre eux peut être obtenue. En bout de chaîne, le silanol vicinal est qualifié de « terminal ». 10 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques Les groupements silanols géminés (plus minoritaires) : l’atome de silicium est lié à deux groupements hydroxyles. Les groupements hydroxy sont trop proches pour interagir via des liaisons hydrogène. ● Silanol terminal O Si O 4Q Si O Pont siloxane 3Q 3Q Si Silanol isolé ou libre H O O O 4Q H H H 3Q Si O Si 3Q H H O O 2Q Si Si Silanol géminé Silanols vicin aux Figure 3 : Les différents groupements de surface de la silice ainsi que leur nomenclature. En spectroscopie RMN 29Si, les différents atomes de silicium sont désignés par la nomenclature nQ, où n représente le nombre d’atomes d’oxygène pontants lié à l’atome central de silicium. Les ponts siloxanes seront ainsi notés 4Q, les silanols isolés et vicinaux, 3 Q, tandis que la terminologie 2Q regroupera les silanols géminés. Le Tableau 1 rappelle les déplacements chimiques observés pour ces différents atomes de silicium12. Les silanols isolés et vicinaux ne sont pas dissociables en RMN 29Si. Tableau 1 : Déplacements chimiques des différents types de silanols et ponts siloxanes en 29Si RMN. Silanol δ (ppm) Ponts siloxanes 4 Q -110 Silanols isolés et vicinaux 3Q -100 Silanols géminés 2 Q -90 L’infrarouge (IR) est une autre technique expérimentale sensible à la nature des silanols. Les bandes d’adsorption caractéristiques sont présentées dans le Tableau 213, 14. Les silanols isolés et géminés ne sont pas dissociables mais il devient possible de distinguer les silanols de type « 3Q (nomenclature 29Si RMN)» selon leur aptitude à former des liaisons hydrogènes. L’inconvénient principal de cette technique est que l’interprétation des spectres se complique fortement en présence d’eau adsorbée. Tableau 2 : Bandes d’adsorption des différents types de silanols en Infrarouge. Silanol νOH (cm-1) Silanols isolés et géminés 3740-3745 Silanols terminaux 3710-3715 Silanols internes Silanols vicinaux 3660-3670 3520 Notons enfin que la masse molaire usuelle de la silice (60,08 g.mol-1), calculée sur la base de la formule brute SiO2, est sous estimée puisque la chimie de surface n’est pas prise en compte. La formule brute exacte Si O2+0.5×3q +2q H 2×2 q +3q (où nq représente le pourcentage de 11 Chapitre 1 : Rappels bibliograph iques groupements silanols nQ)15 permet de mieux appréhender l’impact des silanols. Celui-ci devient non négligeable lorsque la densité des silanols est importante ou lorsque la surface spécifique est élevée (la proportion des atomes de silicium de cœur 4Q diminuant avec la surface spécifique). 1.2.2. Hydroxylation et déshydroxylation La présence des groupements silanols à la surface de la silice dépend de plusieurs paramètres, la température et l’humidité étant les plus importants. Partant d’un état fortement déshydroxylé où la surface de la silice est recouverte de ponts siloxanes Si-O-Si, la présence d’eau hydroxyle progressivement les liaisons pour former les différents groupements silanols dénombrés ci-dessus. Ce procédé est réversible si bien qu’un état fortement hydroxylé de départ peut se déshydroxyler totalement sous l’effet de la température (Figure 4). H H H O O Si 4Q O Si 4Q O Si Si O O H O Hydroxylation Si O O O Si Déshydroxylation O 3Q 3Q Si O Si Si O O Si O O Figure 4 : Hydroxylation et déshydroxylation de la surface de silice. Zhuravlev16 a étudié l’influence de la température sur la nature et la proportion des différents groupements silanols. Il s’avère que la déshydroxylation est un processus très lent et complexe qui peut se décomposer en 3 étapes : ● entre 200 et 400 °C, la densité des silanols diminue rapidement. Les silanols vicinaux, liés par liaison hydrogène, disparaissent tandis que la concentration en silanols isolés atteint son maximum vers 400 °C. Les silanols géminés, eux, ne sont pas affectés. ●entre 400 et 900 °C, la densité des silanols décroît de façon plus lente. Tous les silanols internes et tous les silanols géminés se condensent tandis qu’une faible proportion des silanols libres de surface demeure. ● entre 900 et 1200 °C, les derniers silanols libres de surface se condensent pour ne laisser que des liaisons siloxanes Si-O-Si. L’élévation de température permet d’accroître la mobilité latérale des atomes de silicium en surface et ainsi rapprocher suffisamment deux silanols libres pour se condenser17. La réversibilité de ce processus, à savoir cette fois-ci l’hydroxylation d’une surface majoritairement recouverte de ponts siloxanes, dépend de l’énergie d’activation de la chimisorption d’eau sur cette surface16. Celle-ci est faible à proximité des groupements silanols mais extrêmement élevée au niveau des zones entièrement déshydroxylées (ponts 12 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques siloxanes hydrophobes). Les silanols agissant comme des centres privilégiés d’adsorption puis d’hydroxylation, des îlots de silanols se forment autour d’eux jusqu’à repeupler entièrement la surface de la silice (Figure 5). La vitesse d’hydroxylation est donc très dépendante de la densité de silanols résiduels, impactée par la température des traitements thermiques préalables que la silice a pu subir. En deçà de 400 °C, la proportion de silanols demeure importante et l’hydroxylation est rapide. Entre 400 °C et 1200 °C, en revanche, l’hydroxylation complète de la surface pourra prendre des mois, voire des années. Un traitement hydrothermal consistant à plonger la silice dans de l’eau à 100 °C permettra d’accélérer l’hydroxylation. H H O H H O Hydroxylation privilégiée au niveau des silanols existants H H H H H O O O O O H X Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si O X Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si H H H O O O H H O X Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Si Formation d’îlots de silanols Figure 5 : Hydroxylation progressive de la surface de la silice autour des silanols résiduels. L’influence de la température sur la densité surfacique des groupements silanols permet de comprendre la différence d’hydrophilie entre les deux grandes familles de silices industrielles (silices précipitées et pyrogénées). La première ayant été synthétisée en milieu aqueux à partir de monomères silicates, l’hydroxylation de la surface est complète. Les silices pyrogénées, au contraire, sont synthétisées à très haute température ce qui engendre une hydroxylation plus inhomogène sous forme d’îlots de silanols et de zones restées hydrophobes. 1.2.3. Quantification des groupements silanols La réactivité de la silice étant conditionnée par ses silanols de surface, il est important de pouvoir les quantifier. Les techniques utilisées sont nombreuses. Qu’il s’agisse de calculs théoriques ou de méthodes expérimentales (chimique, physique, spectroscopique...), la question de leur fiabilité et de leur comparaison demeure. Un panel non exhaustif des différentes techniques étudiées dans la littérature ainsi que leurs avantages/inconvénients associés est reporté ci-dessous. Les calculs théoriques de densité surfacique de groupements silanols ont principalement été effectués sur des structures cristallines bien définies. Aussi, en se basant sur les faces [111] de la β-cristobalite, De Boer et Vleeskins ont estimé cette densité à 4.55 SiOH/nm2 pour un état totalement hydroxylé18. La présence de silanols géminés n’est 13 Chapitre 1 : Rappels bibliograph iques cependant pas prise en compte. Elle a été incorporée dans le modèle développé par Peri et Hensley où les faces [100] partiellement déshydratées de la β-cristobalite ont cette fois été considérées. Une densité de 4.6 SiOH/nm2 a été ainsi obtenue19. Néanmoins, dans ce dernier cas, l’existence des silanols isolés largement présents à la surface de silices pyrogénées n’est pas clairement interprétée12. Les méthodes chimiques consistent à faire interagir les silanols de surface avec des espèces réactives puis de doser la quantité greffée. De très nombreux composés chimiques ont été utilisés pour estimer la densité des silanols de surface parmi lesquels : les bases azotées (ammoniac, amines, pyridine, amides), ● les composés halogénés (chlorure de thionyle, gaz chlorhydrique ou fluorhydrique, ● tétrachlorure de carbone, phosgène, chlore), ● les composés organométalliques (méthyl lithium, diméthyl zinc, iodure de méthyl de magnésium, trialkyl aluminium)15, ● les alcools de longueur de chaîne variable qui réagissent par estérification sur les silanols. La méthode la plus connue est sans doute celle développée par Karl Fischer20, utilisée à l’origine pour doser l’eau à l’état de traces dans un échantillon. Elle est basée sur l’oxydation du dioxyde de soufre par l’iode en présence d’eau : 2H2O + SO2 + I2 → H2SO4 + 2HI. Par analogie, le dosage des silanols peut être effectué dans un milieu totalement anhydre par la réaction suivante21 : ≡Si-OH + SO2 + I2 + 2CH3OH → ≡Si-OCH3 + CH3HSO4 + 2HI. L’encombrement stérique des réactifs, et donc l’impossibilité d’un greffage quantitatif au niveau des silanols de surface, peut constituer une limitation importante22.
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Mise en scène des corps et interfaces gestuelles dans une exposition sur le jeu vidéo Marion Coville ligne ligne 2017, consult juin 2015. Mise en scène des corps et interfaces gestuelles dans une exposition sur le jeu vidéo Marion Co vi l l e Depuis quelques années, le jeu vidéo suscite l'intérêt dans de nombreuses institutions muséales qui cherchent à penser de nouvelles manières de visiter une exposition. Depuis 2012, le musée du Louvre utilise par exemple la console de jeux portable Nintendo 3DS pour renouveler l'usage de l'audioguide, en exploitant la géolocalisation, l'écran tactile et la diffusion de contenus audiovisuels. D'autres musées et lieux de patrimoine utilisent les jeux en réalité alternée (Alternate Reality Games) pour apparenter la visite à une chasse au trésor ponctuée d'énigmes à résoudre1. Pour le visiteur, ces dispositifs supposent de comprendre et d'utiliser ces technologies pour permettre un engagement par l'élaboration de nouveaux usages en cours de visite. De ce point de vue, une exposition sur le jeu vidéo constitue un terrain privilégié pour interroger les usages de ces installations ludiques. Dans Jeu vidéo : l'expo2, des textes présentent au visiteur les métiers du jeu vidéo, les lieux de production ou encore quelques résultats d'enquêtes sur les pratiques du jeu vidéo des Français-e-s3. Des vitrines retracent l'évolution du jeu vidéo et ses lieux de pratique. Des vidéos et des interfaces interactives dévoilent enfin les étapes de conception classiques d'un jeu vidéo. La plupart des expositions sur le jeu vidéo4 présentent des consoles et des jeux du 1 Les jeux en réalité alternée sont des jeux de piste collectifs, basés sur une narration transmédia qui mobilise à la fois un espace concret spécifique et des technologies de l'information et de la communication, telles que des smartphones ou des réseaux sociaux. On peut citer PLUG (musée des Arts et Métiers, 2011) ou Ghost Invaders : les mystères de la basilique (ville de SaintDenis, 2012). Cité des sciences et de l'industrie, du 21 octobre 2013 au 24 août 2014. Il s'agit d'une enquête menée au sein du projet ANR Ludespace et d'une autre conduite par le Syndicat national du jeu vidéo (SNJV). En France : Game on (2004, Tri postal, Lille), Museo Games (2010, musée des Arts et Métiers, Paris), Game Story (2011, Grand Palais, Paris) ou l'éphémère Musée du jeu vidéo (2010, Grande Arche de la Défense). Co v ille commerce en tant qu'objets patrimoniaux porteurs d'un témoignage historique. A contrario, l'équipe de la Cité des sciences et de l'industrie a créé ses propres dispositifs interactifs et ludiques et a également transformé des jeux vidéo existants, toujours dans l'optique de favoriser l'accès pédagogique aux contenus des jeux. Ces outils nous permettent d'explorer les tensions entre la transmission de savoirs que recherchent les commissaires de l'exposition et l'activité de jeu, fonction d'origine de la plupart de ces jeux vidéo adaptés spécifiquement à l'exposition. C'est le dispositif de médiation intitulé Communautés créatives qui nous intéresse plus particulièrement dans cet article. Les contenus audiovisuels qu'il diffuse illustrent différents aspects de la culture vidéo-ludique contemporaine, tels que des passionnés de jeux qui se déguisent en héros, ou diverses manières de jouer, plus ou moins typiques. Communautés créatives est une installation qui se déploie sur plusieurs mètres. Elle est signalée par un rectangle dessiné au sol face à un écran géant, alors que deux périphériques Kinect5 sont suspendus au-dessus du tapis mais invisibles aux visiteurs. Les périphériques captent les mouvements du visiteur pour interagir avec des zones de l'image affichée sur l'écran géant qui fait face aux visiteurs usagers. Rappelons que Kinect a la particularité de permettre l'action simultanée de plusieurs visiteurs. Après une présentation des modalités d'interaction de Communautés créatives, nous verrons comment le corps du visiteur vient suppléer l'absence d'une interface matérielle, comme une manette ou un écran tactile. Nous nous interrogerons sur ce que la mise en visibilité du corps, dans le contexte l'exposition, implique pour l'action des visiteurs. Nous verrons ensuite comment l'espace d'exposition, dans sa dimension institutionnelle, participe à un certain trouble des publics quant au sens de cette installation. Enfin, c'est la relation que les visiteurs estiment établir avec l'institution, au cours d'une exposition sur le jeu vidéo, qui nous renseignera sur la signification, ludique ou informationnelle, qu'ils donnent à leur activité. Afin de rendre compte de ces quatre points d'analyse, nous présenterons des matériaux ethnographiques récoltés dans le cadre d'une enquête de terrain organisée en deux phases : la première d'une durée de quatre mois, en observation participante, auprès de l'équipe en charge de la conception de Jeu vidéo : l'expo, et la seconde, d'une durée de dix mois, constituée d'observations de parcours de visite dans l'exposition et d'usages des éléments de Ce périphérique destiné à la console de salon Xbox 360 est une petite caméra infrarouge qui permet de contrôler des jeux vidéo en repérant les mouvements du corps d'un joueur, sans utiliser de manette. Le joueur doit simplement bouger ses membres face à la caméra. Il a été conçu par Microsoft en 2008. i nte rfaces g e s t u elle s dan s u ne e xp o si t i o n l'exposition par les publics. En parallèle, vingt-quatre entretiens collectifs ont été conduits en fin de visite avec des groupes de visiteurs. D'un point de vue conceptuel et disciplinaire nous nous positionnons ici à l'intersection de différents champs : la sociologie des usages, les museum et visitor studies, et les game studies. Le champ des museum et visitor studies fait collaborer des chercheurs académiques et des professionnels de musée. Il a pour objet principal l'expérience du visiteur, étudiée, le plus souvent, au prisme des situations d'apprentissage informel, l'objectif du champ étant de comprendre et d'améliorer la transmission des savoirs dans les institutions muséales. On peut regretter, à la suite de Dirk Vom Lehn (2001), que l'évaluation de la capacité d'une installation à transmettre du savoir se fasse au détriment de l'étude de l' matérielle et spatiale de la visite. En effet, les installations muséales s'inscrivent dans le contexte singulier de l'exposition, contexte dont le sens résulte « des actions et des activités de ceux qui se promènent à travers ces espaces » (Silverstone, 1998, p. 178). Aussi faisons-nous le choix de nous éloigner de l'évaluation des objectifs didactiques au profit de l'observation de l'appropriation effective de l'installation par les visiteurs. C'est à partir des usages et des significations que ceux-ci adoptent que nous construisons notre analyse. L'usage des technologies interactives dans les expositions a fait l'objet de nombreuses études. Le travail de Joëlle Le Marec (1992), avec l'équipe d'étude des publics de la Cité des sciences, par exemple, documente l'appropriation de dispositifs muséographiques par le public au cours de visites, notamment autour de l'exposition Vive l'eau! Les recherches de Geneviève Vidal (2006), quant à elles, portent sur les activités multimédia des musées et les technologies interactives, aussi bien en dehors qu'au sein des institutions muséales. Ces travaux s'inscrivent dans le champ de la sociologie des usages, qui s'intéresse notamment à l'appropriation d'innovations techniques et à l'adjonction de nouveaux usages à d'autres préexistants (Jouët, 2000 ; Vidal, 2012a). Aussi, l'étude des représentations dans la conception et l'usage des technologies (Akrich, 2006) permet de caractériser la relation qui s'établit entre le public et l'institution au cours de la visite (Le Marec, 2001). Dans le cadre de notre étude, nous avons privilégié l'approche de la sociologie des usages, car elle permet de rendre compte de l'articulation entre l'usage des technologies, la pratique de visite et la production de significations présentes dans l'espace d'exposition. L'analyse privilégie alors non pas les contenus et leurs objectifs éducatifs, mais ce que font concrètement les visiteurs avec des technologies interactives. L'étude des usages en contexte muséal porte le plus souvent sur des technologies qui mobilisent la manipulation via une surface tactile (Vidal, 121 Ma rio n Co v ille 2012b). Le type d'installation auquel Jeu vidéo : l'expo a recours, et que nous étudions ici, a pour principe la captation du mouvement, libre de tout contact, avec une interface matérielle comme un écran. D'après les tenants des game studies, champ d'étud es interdisciplinaire portant sur les jeux vidéo, ces capteurs de mouvements valorisent la mise en visibilité des corps en train de jouer. Bart Simon (2009) souligne ainsi la nécessité, lorsque l'on étudie ces périphériques, de décentrer l'analyse, de ce qui se passe à l'écran vers la relation corporelle du joueur à l'écran. Le rôle du corps est aussi mis en relief par les museum studies. Autrefois, ce rôle était abordé par l'étude des collectifs de corps de visiteurs que le musée cherche à discipliner en tentant d'induire certaines conduites (Bennett, 1988). Aujourd'hui l'attention est portée sur le corps d'un visiteur individualisé et autonome, opérant des choix personnels de parcours et de jugement (Macdonald, 1993). que montre Simon (2009) à propos de la console Wii6 en tant que moyen de réunir la famille dans une expérience partagée, autour d'un même écran, dans l'exposition étudiée, l'objectif semble également résider dans la transformation d'une fonction individuelle (la sélection de contenus) en une activité collective. À l'écran, une animation représente les gestes nécessaires à l'interaction, mais disparaît dès lors qu'un visiteur pénètre l'espace délimité. Cette explication animée ne réapparaît malheureusement qu'au bout d'un temps d'inactivité relativement long. Le cartel de CC fait référence à la visée informationnelle de l'installation, soit présenter la diversité des pratiques amateurs, et n'indique en rien la manière de s'en servir. Contrairement aux autres dispositifs de l'exposition, encadrés par un mobilier coloré que l'on peut toucher et autour duquel on peut tourner, le grand écran de toile de CC est placé contre le mur qui délimite une extrémité de l'exposition. Au sol, seul l'épais tapis noir entouré de baguettes métalliques circonscrit l'espace d'interaction. Lorsque le 6 Pour utiliser la console Wii, le joueur tient dans sa main un périphérique qui ressemble à une télécommande de 15 centimètres (la « Wiimote »). Les mouvements et la position du joueur sont définis à l'aide d'un accéléromètre 3 axes et d'une caméra infrarouge situés dans la télécommande, et d'un émetteur infrarouge placé au niveau de l'écran de télévision. Kinect capte le corps entier du joueur par une caméra classique, alors qu'un émetteur et une caméra infrarouge perçoivent la profondeur de l'espace et améliorent l'analyse pour modéliser le joueur sous la forme d'un squelette doté de ille visiteur marche sur celui-ci, son corps est capté par l'interface Kinect et supplée l'absence d'interface matérielle. L'extrait de compte rendu d'observation suivant revient sur l'usage typique de l'installation par un visiteur : Un dimanche midi du mois de mars 2014, l'exposition est peu fréquentée et accueille moins d'une centaine de visiteurs. Alors que l'espace de CC est vide, deux femmes, Mathilde et Lucie, marchent vers l'installation, face à l'écran. Lorsqu'elles pénètrent l'espace délimité par le tapis, Mathilde modifie sa démarche et fait de grands pas, lents et exagérés. À chaque pas, elle marque un temps d'arrêt et campe sa position comme pour peser de tout son poids sur le sol. Elle s'immobilise et fléchit les genoux à plusieurs reprises, tentant à nouveau de peser sur le tapis. Interrogées à la sortie de l'exposition, ces deux visiteuses déclarent : Lucie : - Je me suis plus intéressée à la technologie elle-même, donc le tapis, est-ce que c'était sur la pression, les capteurs en haut, un mélange des deux Mathilde : - C'était la pression je pense Lucie : - Ouais, mais il y avait des capteurs en haut aussi, donc je pense qu'il y avait un peu de ça. Entretien du 23 mars 2014 mené après la visite d'une heure trente, entre deux amies. La marche suscite chez les publics une interrogation sur la présence de capteurs au sol qui seraient actionnés par le poids du visiteur. Les gestes des bras de Lucie lui permettent de noter la présence de capteurs de mouvements, qu'elle localise « en haut ». Cette activité mobilise le corps pour tester des hypothèses quant aux modalités d'interaction avec l'installation. Le contact direct avec un artefact (joystick, boutons, volant) est remplacé par une interaction gestuelle, sans contact. En effet, si la plupart des installations de l'exposition convoquent l'usage de périphériques tangibles, tels qu'un joystick ou des boutons qui fournissent un cadre de référence défini pour l'action, invitant à exécuter des gestes précis, contraints par la matérialité des périphériques mentionnés, l'utilisation deKinect est nettement moins guidée et ne propose pas de cadre d'usage de référence. Il s'agit d'apprivoiser une forme d'interaction où le corps entier et l'espace jouent un rôle central. De plus, le périphérique Kinect est suspendu au plafond. Comme il est dissimulé, il est g e s t u elle s dan s u ne e xp o si t i o n difficile pour le visiteur de se référer à l'usage de Kinect dans un salon familial (situation où le capteur est bien visible, à côté de l'écran de télévision). L'une des visiteuses citées note la présence de « capteurs en haut » mais ne les identifie pas à Kinect, malgré un usage précédent de ce périphérique avec la console Xbox 360, qu'elle mentionne plus tard dans l'entretien. Le tapis, mat et épais, contraste avec le sol dur et brillant de l'exposition. Au centre du tapis il n'y a aucun objet, ni . Un visiteur interrogé après sa visite déclare : « Je pensais que c'était de la danse qu'il fallait faire »7, soulignant ainsi le caractère scénique de l'espace. L'absence d'interface matérielle fait de CC un espace dans lequel le corps du visiteur est l'élément tangible et le référent principal, bien que ce rôle ne soit pas parfaitement compris par le visiteur. Agir et se montrer en train d'agir Étudiant les publicités pour la Wii, Simon (2009) note que la promotion commerciale du jeu vidéo ne réside plus dans la promesse d'une expérience dans un monde virtuel, mais d'une expérience corporelle dans son salon. Par le regard et le sourire, l'adulte et les enfants impliquent dans leur expérience le visiteur qui se tient à l'écart. Les gestes qu'ils effectuent sont aussi une action en direction du proche resté en marge. Les corps qui explorent et se montrent en train d'explorer renseignent aussi les autres visiteurs sur les actions à accomplir. Il s'agit autant d'un « corps théâtre » que d'un « corps qui s'adapte », une posture duale du visiteur dont Camille Jutant rend compte à propos du jeu de piste PLUG, qui avait fait du musée des Arts et Métiers l'espace d'une chasse au trésor (Jutant, 2011, p. 134). Lorsque l'apprentissage par un visiteur du contrôle d'une telle interface intervient au sein d'une exposition muséale, nous sommes devant une situation de représentation publique où le corps devient de fait un élément clé de la muséographie. Des installations autres que CC utilisent Kinect pour mettre le corps en scène dans l'exposition. Par exemple dans Déguisements, le public peut observer, sur un écran, un autre visiteur revêtir des costumes de jeux vidéo. L'installation Avatar simule une course de surf pour trois visiteurs qui doivent sauter sur place, pagayer et s'accroupir pour remporter le plus grand nombre de points. En période d'affluence, deux types de groupes de visiteurs se forment généralement autour de ces dispositifs. Le premier s'organise en file d'attente ordonnée et compacte qui attend principalement son tour. Le deuxième se compose de visiteurs répartis de manière éparse autour du dispositif : ils consacrent une part importante de leur temps à commenter en riant les actions qu'ils observent avec les personnes qui les accompagn . Dans l'extrait du journal de terrain cité précédemment, le parent qui demeure à la marge occupe le rôle d'observateur et de commentateur. Sa posture bien campée sur ses appuis est à l'opposé des gestes nonchalants des trois autres visiteurs. Cette posture souligne qu'il faut oser se montrer dans des mouvements agiles pour interagir avec l'installation. Il s'agit d'une utilisation en famille, donc d'un groupe au regard a priori bienveillant. On retrouve un usage et une attitude sociale proches de ceux de la Wii en environnement domestique, qui reposent eux aussi sur une expérience et une intimité partagées au sein de la famille (Simon, 2009). La description des deux amies et celle de la famille rendent compte de gestes exagérés en l'absence d'observateur8. Le couple est observé par des visiteurs dès le début de son interaction et chacun effectue des mouvements lents et mesurés. Leur position dans l'espace leur permet de négocier une consultation pour deux. Dans cet espace rendu intime, aucune place pour les autres corps ne semble envisageable : les démarcations matérielles et l'intimité des corps produisent un espace que les autres visiteurs n'osent pas franchir. Ils se contentent d'observer en retrait. Alors que les publics familiers occupent un espace restreint où les corps se bousculent, l'occupation de l'espace est bien différente pour les inconnus. L'extrait suivant rend compte de la suite des observations de la scène que nous venons de décrire ; ici, un homme, seul, pénètre l'espace d'interaction : Un des visiteurs qui observaient la scène précédente entre dans l'espace et occupe la partie droite de l'écran. Il longe les délimitations du tapis et n'utilise que son bras droit pour des gestes discrets. Il lève le bras, fait un mouvement de balayage, il lance son bras de manière plus énergique. La vidéo qu'il consulte est elle-même à la limite de l'écran, et les actions qu'il réalise sont hors champ : son bras dépasse de l'espace délimité par le tapis. 8 En tant qu'enquêtrice, nous tentons d'adopter la posture d'un observateur réflexif (Jauréguiberry et Proulx, 2011) non remarqué, en nous plaçant en retrait, à proximité d'un autre élément muséographique situé à plusieurs mètres. L'action du nouveau protagoniste se distingue des autres parce qu'elle n'est pas soutenue par un regard familier. Les visiteurs qui ne se connaissent pas veillent à cliver l'espace en autant de parties qu'il y a de corps en présence. Les gestes de chacun sont si mesurés qu'ils sont parfois imperceptibles pour les capteurs. Dans cette seconde description, ce n'est qu'une fois le premier homme parti que le visiteur resté dans l'espace d'interaction se permet d'investir l'autre partie du tapis. Les manières d'investir l'espace et les actions qui s'y déroulent dépendent donc des relations entre les différents visiteurs en présence. L'espace de CC et ses démarcations produisent deux types de rôles au cours de la visite : des visiteurs qui se montrent en train d'agir et des publics d'observateurs. Les usages dépendent en partie de la nature de ces publics en présence, qui participent à la gêne ou au plaisir de l'expérimentation. Nous pouvons désormais nous interroger sur la signification que les visiteurs observés donnent à ces usages, dans ce contexte précis. Mettre en doute sa capacité à « bien » visiter Interrogés à la sortie de l'exposition sur leur visite et les dispositifs expérimentés, les visiteurs expriment généralement un sentiment d'échec en révélant leur incompréhension. S'ils n'ont pas compris le sens ou l'intérêt d'un élément de l'exposition, ils estiment en être responsables : ils n' pas fait « comme il fallait ». Alors qu'ils sont interrogés sur leur usage de CC, les membres du couple évoqué ci-dessus mettent en relation un sentiment de doute avec une éventuelle faute de leur part : H : - Euh ça, en fait, on a eu un peu de mal à comprendre le concept au début. Parce qu'il fallait arriver, fallait se mettre devant Et on peut bouger les bras pour que les images changent Et euh En fait quand on Il y avait des images où c'était flou, on savait pas pourquoi c'était flou, s'il fallait bien se centrer pour que ça soit que ça soit net F : - C'est peut-être de notre faute, ou pas Entretien du 23 mars 2014, visite de deux heures trente en famille Lorsqu'une difficulté technique survient, c'est sa propre compétence à bien visiter (regarder, se positionner, interagir) que le visiteur met en question. Les deux amies précédemment citées s'expriment ainsi sur CC : Lucie : - Ah bah, dans l'exposition alors là je ne sais pas. Mathilde : - Oui c'est vrai que dans l'exposition, l'intérêt Lucie : - C'est une démonstration de la technologie, je ne sais pas Non dans l'exposition on s'est demandé. 128 i nte rfaces g e s t u elle s dan s u ne e xp o si t i o n Mathilde : - Ouais l'intérêt En plus on s'est vraiment posé la question! [rires] On s'est dit « mais l'intérêt du truc? » Bon, ça nous a un peu échappé Lucie : - On ne sait pas! Mathilde : - Surtout qu'il y avait pas de son, c'est ça que j'ai pas compris Lucie : - Oui c'est ça en fait, peut-être que si y avait eu le son Mathilde : - Alors peut-être qu'il y a eu un bug Je sais pas Ouais, c'est ça que j'ai pas compris moi non plus. Lucie : - Le problème c'est qu'on peut déclencher plusieurs vidéos en même temps, donc ça serait le bordel Mathilde : - Ouais ça on s'est vraiment demandé à quoi ça servait Lucie : - On veut bien une explication! [rires] À trois reprises, les deux femmes marquent leur incompréhension, avant d'évoquer un possible dysfonctionnement de l'installation. Les phrases « je ne sais pas » et « j'ai pas compris » nuancent à nouveau cette éventualité dès qu'elle est énoncée. Cet effet de jugement est à mettre en relation avec le cadre de l'enquête par entretien, mais également avec la pratique de visite de l'exposition. Comme l'indique Roger Silverstone, les visiteurs sont « conscients de leur propre performance en tant que public de musée. Ils perçoivent alors l'existence d'une autre audience plus générale qui les juge selon leur capacité à effectuer correctement la visite, à la faire de manière authentique » (1998, p. 185). Lors des entretiens, les visiteurs convoquent cette audience : « Le problème c'est qu'on peut déclencher plusieurs vidéos en même temps, donc ça serait le bordel » L'hypothèse du dysfonctionnement est vite abandonnée et l'absence de son est mise en regard des contraintes de conception. Aussi, lorsque le couple est interrogé, l'homme conclut : « J'aurais presque préféré des bornes », en guise de recommandation pour l'institution. Outre l'environnement matériel de CC, ce sont la visite de l'exposition et l'institution dans laquelle elle prend place qui contribuent à produire le sens de l'installation et des actions qui s'y déroulent. L'espace d'exposition est « un espace partagé entre les visiteurs et les professionnels qui y ont installé les expositions » (Le Marec, 1996, p. 9). Si CC produit des regards de visiteurs, l'exposition est porteuse des regards des salariés de l'institution muséale. Les textes et les divers éléments graphiques évoquent la figure de muséographes qui, malgré leur absence, sont présents à l'esprit du public pendant le parcours (pensons aussi au visiteur croyant devoir réaliser une danse). Pour le visiteur, comprendre le fonctionnement d'une installation, c'est aussi saisir ce qu'on attend de lui. Ainsi, nous avons observé que, après une interaction avec CC, certains visiteurs lisent attentivement le cartel, puis parcourent l'espace à la recherche d'informations. L'enquêtrice est parfois interrogée par les visiteurs sur le fonctionnement et le sens du dispositif, alors que nous étions identifiée par un badge de la v ille Cité des sciences et munie d'un matériel d'enquête qui signalait la posture d'observatrice9. Lors des entretiens, les visiteurs demandaient par ailleurs des explications sur l'exposition. Le Marec montre aussi, dans son travail sur les publics de la Cité des sciences, que les visiteurs cherchent à comprendre ce dans quoi ils s'engagent, s'efforçant d'énoncer ce qu'ils jugent pertinent au regard du rôle qu'ils pensent tenir en tant que visiteurs (Le Marec, 1996). Dans le cadre de notre enquête, les visiteurs demandent des explications, insistent (« on s'est vraiment posé la question »), hésitent et indiquent : « Je ne sais pas si c'est le bon mot » Le cadre de l'exposition et l'enquête contribuent à produire le discours sur le sens de CC et son usage. Il est alors important de nuancer le sentiment d'échec évoqué par les publics, par l'effet de jugement que l'enquête peut renforcer. Comme nous l'avons vu, les visiteurs s'expriment sur ce qu'ils pensent être leur rôle (de visiteurs). Cette représentation de la relation entre public et institution, dans une exposition sur le jeu vidéo, peut nous renseigner sur la signification que les visiteurs donnent à leurs actions. Jouer, essayer, regarder : qualifier sa pratique de visiteur Une partie des visiteurs interrogés n'avait jamais vu d'exposition sur le jeu vidéo. Jeu vidéo : l'expo représente pour eux un nouvel objet qu'il faut appréhender. Alors qu'ils énoncent les motivations de leur visite, ils peinent à exprimer des attentes précises sur ce qu'ils pensaient voir ou faire dans l'exposition. Néanmoins, lorsqu'ils sont interrogés sur ce qu'ils ont effectivement vu et fait, ces visiteurs définissent, tantôt en creux, tantôt de manière explicite, le rôle qu'ils estiment tenir au cours de la visite. Ce discours peut éclairer la signification que donnent d'autres visiteurs à leur usage de CC. Alors qu'elles sont interrogées au sujet de CC après la visite, les deux jeunes femmes mentionnées plus haut évoquent l'intérêt de l'installation dans l'exposition : Mathilde : - D'un point de vue de la technologie mise en oeuvre c'est intéressant mais alors j'ai pas compris 'intérêt. [] On s'amuse plus à marcher sur le tapis qu'à regarder les vidéos en fait Lucie : - Ah si moi au niveau du concept j'ai bien aimé ça, j'ai trouvé ça marrant []. Mathilde : - Moi je suis plutôt en train de me dire : « Oh mais comment ça marche? » Il est précisé que l'enquête est menée pour une thèse de doctorat et que l'enquêtrice n'a pas pris part à la conception de l'exposition. Alors qu'elles sont interrogées sur les motivations de leur visite, elles soulignent l'aspect « ludique tout entier » de la CSI : elles y trouvent toujours « des choses à faire ». Pour Jeu vidéo : l'expo, l'une d'elles ajoute : « C'est le jeu vidéo, donc le but c'est de jouer. [] Je comptais bien qu'il y ait pas mal d'activités. » C'est une visite active et ludique, où la participation du public est essentielle, qui est décrite. Mais on retrouve des postures bien différentes chez d'autres visiteurs. Lorsque le couple est interrogé après leur visite, l'homme s'attache à décrire son expérience de CC : À un moment j'ai essayé de regarder et euh je sais plus ce que c'était et j'ai essayé d'en regarder un des deux. [] les vidéos étaient en elles-mêmes intéressantes mais par contre pas facile à y accéder donc euh moi j'aurais si parce que là j'ai juste essayé, on a regardé les parodies parce que c'était rigolo, j'ai essayé de regarder autre chose ça a pas marché, après je suis parti mais j'aurais voulu tout voir, même si je pense que je connaissais la plupart des choses qu'étaient dedans mais ça m'aurait intéressé de voir comment c'était traité mais j'ai abandonné parce que ça marchait pas très bien. Si les deux femmes qualifiaient ailleurs de « marrantes » l'installation et ses modalités d'interaction, ici c'est son contenu qui est jugé « rigolo ». L'usage de l'installation est décrit à quatre reprises par le verbe « essayer » : l'activité énoncée est donc un tâtonnement pour « accéder » aux contenus, l'interviewé exprimant une série de tentatives pour consulter des informations. En revanche, lorsqu'il est interrogé sur son activité dans l'exposition, l'homme met en exergue un rôle d'observateur, voire de spectateur : ille Je suis déjà joueur à la base, ça m'intéressait de voir comment c'était fait mais d'y jouer pas forcément. [] c'était intéressant de regarder 'fin j'aimais j'étais plutôt curieux de voir comment réagissaient les gens, en fait devant les jeux parce qu'une partie des jeux je les connaissais Donc c'était pas forcément j'avais pas forcément envie de tous les tester, mais de voir en fait comment tournait l'exposition. Le discours de cet amateur de jeux vidéo illustre une articulation particulière entre l'identité de joueur et la visite d'une exposition sur le sujet. Il désire « voir comment c'était fait » et « comment tournait l'exposition » : soulignant ses connaissances préalables, il privilégie l'action de « regarder » et de « voir comment réagissaient les gens [] devant les jeux » plutôt que d'expérimenter lui-même les différents éléments de l'exposition. En ce qui concerne l'usage de CC, il en parle dans les mêmes termes : « Ça m'aurait intéressé de voir comment c'était traité. » Au cours de l'entretien, l'homme convoque la figure de l'expert qui, grâce à sa connaissance du jeu vidéo, évalue les contenus de l'exposition. En revanche, les deux femmes, qui s'attendaient à occuper un rôle actif basé sur la participation, emploient à de nombreuses reprises le verbe « jouer » pour définir leurs activités. Elles « s'amusent » notamment à comprendre comment CC fonctionne. Ces deux attitudes se retrouvent à parts relativement égales dans la majorité des entretiens effectués. Le rôle actif et participatif est énoncé par des groupes dont la motivation de visite est l'envie de « faire une activité ensemble ». Aussi, la plupart des observateurs se définissent comme des joueurs soucieux de l'image de leur pratique. Mais une attitude similaire est exprimée par des parents, non joueurs, accompagnateurs d'enfants joueurs, qui évaluent l'exposition au regard de leurs attentes en matière d'éducation. Ils évoquent la Cité des sciences comme un partenaire de l'éducation de leurs enfants : ils viennent chercher des éléments de compréhension pour aborder le jeu vidéo. Plus globalement, en définissant leur pratique de , les visiteurs définissent le contexte de leurs actions. La signification qu'ils donnent à leur activité avec CC, et plus généralement aux activités dans l'exposition, est liée au rôle qu'ils estiment être le leur dans une exposition sur le jeu vidéo. Les pratiques corporelles des visiteurs, qui suppléent l'absence d'interface matérielle dans l'installation Communautés créatives, permettent de construire le sens et l'usage de l'installation, en s'ajustant à celle-ci. La prise en compte des corps, de leurs manifestations et mises en scène, s'avère ici indispensable pour comprendre l'action des visiteurs. Les autres éléments matériels qui composent CC – les marquages au sol, l'écran ou les capteurs infrarouges suspendus au plafond – contribuent à produire différents regards. Ils mettent en visibilité les corps de visiteurs, dans un espace où se distinguent ceux qui 132 i nte rfaces g e s t u elle s dan s u ne e xp o si t i o n se montrent en train d'agir et ceux qui adoptent un rôle d'observateur. Le cadre de l'exposition, espace partagé entre des groupes familiers et inconnus, infléchit aussi les actions des visiteurs. Il impose un regard institutionnel au public, qui tente de retracer les intentions des muséographes pour donner un sens à leur activité. Les visiteurs expriment également ce qu'ils pensent être leur rôle de visiteur. Ce rôle imaginé s'articule à la signification qu'ils donnent à leurs interactions avec les éléments de l'exposition. Pour les visiteurs en attente d'une activité participative pour le plaisir d'« être ensemble », dans un lieu qu'ils estiment ludique, il s'agit de jouer et de s'amuser, alors que d'autres soulignent leur identité de joueur dans une visite permettant l'évaluation de contenus relatifs à leur propre pratique. Le recours à Kinect est également intéressant dans le cadre d'une interrogation sur la matérialité. Les périphériques de jeu mobilisant le corps entier créent une relation, incorporée et située, entre le joueur et l'écran (Simon, 2009). De plus, comme le souligne Simon à propos de la Wii, nous sommes devant des « machine[s] à produire de la sociabilité ». La mise en visibilité des corps, à travers des gestes exagérés qu'une audience regarde et commente, souvent en riant, et la situation de représentation que cela produit, caractérisent autant le contexte privé du salon que celui de l'exposition. En permettant une action collective, CC répond à l'envie d « être ensemble » des visiteurs. Mais le contexte muséal met en présence des publics d'inconnus. Ce cadre particulier souligne d'autant plus l'importance des liens entre les visiteurs pour cette pratique corporelle. Cette situation de représentation publique peut en effet susciter la gêne, et les démarcations matérielles de CC tracent des frontières entre les visiteurs qui osent et ceux qui n'osent pas se montrer en train d'agir. Dans le contexte spécifique du musée, cette étude montre comment l'usage d'une technologie, souvent perçue comme libératrice, peut révéler des tensions. Dans ses documents de communication, le périphérique Kinect convoque le paradigme de l'usager libre (Vidal, 2006), car libre de ses mouvements. L'absence d'interface matérielle permettrait une interaction sans intermédiaire, intuitive et naturelle.
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Création d'une fistule iléocaecale chez les équidés H. Brugère, G. Castellani, Safia Kaidi, R. Wolter Création d'une fistule iléocaecale chez les équidés H. BRUGÈRE, G. CASTELLANI Safia KAIDI, R. WOLTER Ecole Nationale Vétérinaire, 94704 Maisons Alfort Cedex, France. (&dquo;) Facultad de Ciencias Veterinarias de la U.N.A., Casilla de Correos N 1601 Asuncion, Paraguay. Summary. A re-entrant cannulation of the intestine was performed in Equidae (ponies donkeys) between the distal extremity of the ileum and the base of the caecum. Two donkeys were still alive ten months after the operation. This method can provide a convenient model for digestibility studies in Equidae. and La digestion chez les équidés comprend, en première analyse, des processus digestion enzymatique se déroulant dans l'intestin grêle, et des processus de digestion microbienne résultant de l'activité des micro-organismes du gros intestin (caecum et côlon). Une des principales préoccupations des nutritionnistes est de donc d'évaluer la part respective de ces deux étapes, c'est-à-dire, en fait, la contribution de la digestibilité précaecale à la digestibilité totale. Ceci implique de pouvoir mesurer le débit des digesta à la jonction iléocaecale, ainsi que d'y prélever les échantillons nécessaires aux déterminations biochimiques. Ces objectifs ont déjà été obtenus (Meyer, 1982) par la création d'une large fistule caecale donnant accès à l'iléon terminal et permettant la collecte des digesta. Notre travail a consisté à établir une fistule ré-entrante à la jonction iléocaecale, pour pouvoir recueillir la totalité de l'effluent iléal et le réintroduire, ensuite, dans le caecum. Ces essais ont été pratiqués chez six animaux de réforme, poneys et ânes, d'un poids compris entre 150 et 200 kg. Les premiers animaux opérés ont permis une mise au point progressive du protocole opératoire dont la version définitive décrite ci-après a abouti, en fin de compte, à l'obtention de deux ânes équipés d'une fistule ré-entrante iléocaecale. 1. L'anesthésie comporte une prémédication par injection veineuse d'acépromazine (0,66 mg/kg). Trente minutes plus tard, l'injection d'un myorelaxant (éther glycérine de gaïacol, 80 à 110 mg/kg) permet de coucher l'animal et d'éviter ses réactions de défense. L'anesthésie proprement dite est obtenue par le thiopental sodique injecté à la demande (dose moyenne de 7,5 mg/kg). 2. Une laparotomie est pratiquée dans le creux du flanc droit selon une ligne parallèle aux fibres du muscle oblique interne (fig. 11.). 3. L'accès à la cavité abdominale permettra l'interruption du transit digestif et la préparation des fistules. 3.1. Interruption du transit digestif normal : après avoir localisé la jonction iléocaecale, l'iléon est sectionné. Ceci peut être fait à la limite de la paroi caecale, ce qui correspond à la situation la plus souhaitable. Dans un cas, la longueur du mésentère nous a semblé insuffisante pour que l'abouchement de l'iléon à la peau puisse se faire sans traction excessive et sans risque de rupture vasculaire. La section a été pratiquée dans ce cas à 20-25 cm de la valvule iléocaecale. La section de l'iléon et la suture des deux extrémités est faite de préférence à l'aide d'une pince à agrafes (pince de Nakayama). Le moignon distal est enfoui par un surjet. 3.2. Préparation des deux fistules : leur localisation est telle que l'iléon débouchera en dessous et un peu en arrière par rapport à l'incision principale, le caecum au-dessus et un peu en avant. Une pastille de peau est enlevée à chacun de ces emplacements, puis la paroi est « tunnellisé» pour permettre le passage de l'extrémité proximale de l'iléon et d'une portion de la base du caecum. Dans les deux cas, la paroi intestinale est fixée de façon provisoire à la peau. 4. La fermeture de l'incision principale est réalisée dès que possible, ce qui limite la contamination septique, le refroidissement de l'animal et la déshydratation par évaporation. Elle comporte trois plans, dont deux pour les muscles. Un drain est placé en région sous-cutanée. 5. Les fistules sont enfin achevées. Ceci nécessite tout d'abord de placer deux rang de sutures reliant l'intestin à la paroi (l'une pour le plan musculopéritonéal, l'autre pour la peau). En second lieu, l'intestin doit être ouvert vers le milieu extérieur. Une bonne hémostase s'avère nécessaire, et elle est obtenue en plaçant des points en U pour la rangée des sutures externes (peau + intestin). Les deux orifices sont ensuite équipés de canules en silastic reliées entre elles par un tube en épingle à cheveux. 6. Les soins post-opératoires ont consisté à administrer des réhydratants, des antibiotiques et une préparation analgésique et antispasmodique destinée à prévenir l'apparition de coliques. La réalimentation est progressive à partir du 2e ou 8 jour. 3 Deux ânes opérés selon ce protocole ont présenté une période de survie compatible avec une utilisation expérimentale.
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- Les images satellites classées pour appréhender le paysage aux résolutions de 25 et 7 mètres, permettent d'affiner certains types, comme les formations ouvertes décomposées en cultures, prés et vignes et les formations arborées décomposées en feuillus, résineux et buissons. Comme nous l'avons déjà noté, une des questions pendantes sera de savoir si l'on peut se passer, sans dommage pour les résultats, de recourir aux images les plus précises à 7 mètres. - Enfin, une base vectorielle diffusée par l'Institut Géographique National (IGN), appelée BD_CARTO, permet d'identifier des éléments linéaires comme les routes, les voies ferrées et les rivières ou des éléments ponctuels comme les carrières ou les zones d'activités. Ces thèmes sont difficiles à identifier par télédétection en raison de leurs caractéristiques géométriques (la continuité des réseaux est souvent rompue sur les images) ou de leur nature particulière (l'analyse d'image ne permet de distinguer ni les carrières des autres surfaces minérales ni les zones d'activités des autres surfaces bâties). En outre, elle a servi à la délimitation des aires urbaines concernées par l'étude ; le tableau 1 présente l'assemblage des fichiers qu'il a fallu réaliser pour chaque agglomération. 46 Agglomération Besançon Brest Dijon Lille Lyon Marseille Fichier 1 25 29 21 59 Aire urbaine 13 Fichier 2 39 Fichier 3 70 62 Tab. 1. Assemblage des fichiers départementaux tirés de la BD_Carto de l'IGN Le tableau 2 précise, sous forme d'encart, les traitements appliqués aux images satellites pour parvenir à constituer la couche d'occupation du sol selon la résolution la plus fine de 7 mètres. Ce listage des procédures requises montre bien qu'il s'agit d'une opération relativement lourde en l'état actuel des ressources quand on ne dispose pas comme à Lille, d'une couche d'occupation du sol en haute résolution déjà constituée et dénommée Cigale, en l'occurrence. On mesure mieux ainsi l'intérêt qu'il y a, de pouvoir s'affranchir de cette contrainte, si la résolution de 25 mètre s'avère satisfaisante. Nous avons couplé les ressources de deux capteurs : le système ETM (Enhanced Thematic Mapper) embarqué sur le satellite Landsat 7, choisi en raison de sa richesse radiométrique favorable à la discrimination thématique, et le système IRS (Indian Remote Sensing), choisi en raison de la haute résolution de son canal panchromatique, qui permet ainsi d'améliorer, par fusion, la précision spatiale d'ETM (Chavez 1991). Caractéristiques d'ETM (multibandes) Une image de 185 x 185 kilomètres, datée du 11 septembre 2000, couvre la zone étudiée. Pour six canaux (bleu, vert, rouge, un infra-rouge proche, deux infra-rouges moyens) la résolution est de 30 x 30 mètres. Le canal simultané ETM-P (panchromatique), offrant une résolution de 15 x 15 mètres, permet, par fusion, de porter à cette résolution les six canaux précédents. Caractéristiques d'IRS (Panchromatique) images ont été acquises, l'une datée du 23 août 2000 pour la partie ouest de la zone d'étude, et l'autre du 9 juin 2000 pour la partie est ; chaque image couvre 70 x 70 kilomètres. Seul le canal panchromatique (résolution initiale à 5 x 5 mètres) a été utilisé. Traitements des images La procédure a suivi les étapes suivantes, que nous résumons brièvement : • corrections géométriques, • assemblage des scènes et calibrages des balances radiométriques, • fusion entre canaux panchromatiques et canaux multibandes pour améliorer la résolution spatiale de ces derniers, • rééchantillonnage des données à 7 mètres, • classification supervisée pour reconnaître les types requis d'occupation du sol et établir la couche d'information correspondante Tab. 2. 3 4 5 total Couche 1 : 7 x 7 mètres Eau Résineux Feuillu Buisson Culture Pré Vigne Bâti Zone d'activité Route Carrière Voie ferrée Mer, océan 12 Couche 2 : 25 x 25 mètres Eau Résineux Feuillu Buisson Culture Pré Vigne Bâti Zone d'activité Route Carrière Voie ferrée Mer, océan 12 Couche 3 : 150 x 150mètres Eau Résineux Feuillu Buisson Culture Pré Vigne Couche 4 : 1 x 1 kilomètre Eau Bâti Bâti / / / Mer, océan 9 / / / Mer, océan 5 Forêt Champ Tab. 3. Types d'occupation, du sol pour chacune des quatre bases La figure 1 fournit une sorte d'illustration en plan du tableau ci-dessus pour un secteur donné : l'information relative à l'occupation du sol se transforme progressivement en passant d'une résolution à l'autre. Résolution 7 m Résolution 30 m Résolution 150 m Résolution 1000 m Figure 1. Echelles emboîtées et format matriciel La figure 2 montre la carte d'occupation du sol à 7 mètres de résolution, élaborée selon la procédure décrite pour l'agglomération dijonnaise. Fig. 2. Classification d'ensemble, résolution 7 mètres 2.3.2. Reconstituer l'occupation du sol à 25 mètres de résolution avec Corine Land Cover : le persillage L'opération en question, comme nous l'avons indiqué, vise à simplifier la procédure de constitution des bases d'occupation du sol en évitant l'acquisition d'images satellite spécifiques. Pour cela, un traitement original, le persillage, nous a servi à redonner une précision spatiale de 25 mètres à la base Corine Land Cover en mobilisant les images satellites qui ont servi à sa constitution. La figure 3 montre l'occupation du sol sur les environs de Besançon telle qu'elle résulte d'une « rasterisation » à 25 mètres du fichier vectoriel initial. Cette restitution simplifie la réalité à l'extrême puisque toute entité surfacique inférieure à 0,25 km2 a été négligée. En l'état, cette information n'est pas adaptée pour analyser les plans visuels proches qui composent le paysage. L'idée est donc de partir de ce découpage simplifié de l'espace pour y appliquer une différenciation de second ordre : par exemple, parmi les surfaces de bâti, on va remettre en place la végétation intercalaire constituées de formation arborées ou basses ; parmi les zones en cultures, on repositionnera les bosquets ou les îlots d'habitation, sachant bien que le gain de précision obtenu reste limité au seuil des 25 mètres. Techniquement, la procédure consiste à traiter conjointement la couche Corine Land Cover rasterisée à 25 mètres et l'image satellite de départ fournie à la même résolution. Figure 3. Zonage thématique issu de Corine Land Cover au voisinage de Besançon Parmi les ressources qu'il offre, le traitement d'image permet de calculer un indice de végétation appelé NDVI (Normalized Difference Vegetation Index). Cet indice repose sur le fait que la réaction chlorophyllienne fixe une partie importante du rayonnement solaire visible tandis que l'infrarouge n'est pas absorbé. L'indice en question se calcule grâce à l'équation suivante qui utilise les bandes spectrales rouge (TM3) et infrarouge (TM4) du satellite Landsat Thematic Mapper (fig. 4) : NDVI = (rouge – infrarouge)/(rouge + infrarouge) Il est établi que les valeurs ainsi obtenues fournissent une bonne approximation de la biomasse. Précisons que les images satellites initiales ont été téléchargées depuis le site de l'Agence Européenne de l'Environnement. Une seule image a suffi dans le cas de Brest, Lyon et Marseille. Dans le cas de Besançon, Dijon et Lille, une mosaïque de deux images connexes a été constituée en vue de couvrir l'ensemble des aires urbaines considérées. Figure 4. Indice de végétation (NDVI) Le persillage va donc consister à jouer des propriétés de l'indice de végétation pour retrouver une partie de l'information thématique qui a été perdue au moment du zonage par grandes entités spatiales. Par exemple, on cherchera à détecter : - les éléments ouverts (NDVI faible) inclus à l'intérieur des polygones de forêt, - les éléments arborés (NDVI élevé) émaillant les polygones de cultures, de prairies ou de bâti. Ainsi, l'occupation du sol donnée par CLC pourra être modifiée. Précisons que tous les types CLC ne sont pas concernés. Seuls ceux qui présentent une proportion importante de surfaces « minérales » (bâti, zone industrielle), les formations ouvertes (prairies, cultures), les formations buissonnates et les formations arborées (feuillus et résineux) seront persillés. La plupart des classes CLC à persiller présentent un large spectre de valeurs NDVI (figure 5). Ainsi, les valeurs NDVI du bâti (reconnu sur l'image CLC) s'étendent de 90 à 240, avec un mode vers 180. Cette dispersion des valeurs NDVI atteste indubitablement de la présence de types d'occupation du sol très hétérogènes dans le détail : surfaces minérales (valeurs faibles de NDVI des toits, rues, parkings, ), formations ouvertes (valeurs intermédiaires) ou encore formations arborées (valeurs supérieures à 210). Il en va de même pour les zones industrielles dont le profil de distribution est dissymétrique avec un mode bien calé sur la valeur 120. Les cultures et les prés présentent elles aussi des valeurs très étendues, avec deux modes (130 et 210). Seules les valeurs NDVI des formations arborées offrent un profil relativement resserré 0-240) avec un mode net calé sur la valeur 210. Le principal problème posé par le persillage revient à détecter les seuils de valeurs d'indice qui bornent les surfaces minérales, formations ouvertes et les formations arborées. A la lecture des graphiques de la figure 5, il apparaît que la valeur NDVI 130 marque la limite supérieure des surfaces minérales (excepté les surfaces d'eau qui sont marquées par des valeurs voisines de 60). Les formations ouvertes et buissonnantes prennent respectivement les plages de 130190 et de 190-200. Les formations arborées se distinguent par les valeurs supérieures à 210. Bien entendu, le passage d'un type à l'autre s'effectue selon un continuum régulier. Identifier des seuils précis pour séparer les surfaces minérales des formations ouvertes dépasse les 51 capacités instrumentales de la télédétection. Figure 5. Fréquence des valeurs de NDVI pour 6 types d'occupation du sol CLC Enfin, le croisement des deux couches d'information (CLC et NDVI) permet de modifier la classification CLC. Ainsi, un pixel de feuillu ayant une valeur NDVI inférieure à 190 sera recodé comme formation ouverte tandis qu'un pixel de prairie dont la valeur NDVI est supérieure à 210 apparaîtra comme formation arborée. Dans tous les cas, un NDVI inférieur à 140 n'entraîne aucune modification car il est le signe distinctif des surfaces minérales bâties ou non (le NDVI ne permet pas de différencier un parking du toit d'un édifice). Ces valeurs NDVI faibles sur formations ouvertes indiquent probablement la présence de terres retournées : mais ce peut être aussi des villages non pris en compte par CLC. Aussi, dans l'incertitude, elles resteront formations ouvertes. Le tableau 4 donne les seuils de valeurs NDVI retenus pour procéder au persillage et réaffecter en conséquence les thèmes CLC. Type Bâti et zones industrielles Formations ouvertes Formations buissonnantes Formations arborées < 140 non modifié non modifié non modifié non modifié 140-180 form. ouvertes non modifié form. ouvertes form. ouvertes 180-210 non modifié form. buis. non modifié form. buis. Tableau 4. Seuils reten us pour le per s illage 52 >210 form. arborées form. arborées non modifié form. arborées Figure 6. CorineLand Cover « persillé » au voisinage de Besançon En terme cartographique, la figure 6 montre le résultat de l'opération qui est à comparer avec celui de la figure 3 ci-dessus. En dépit de l'amélioration constatée, certains thèmes ressortent mal en raison des caractéristiques technique du format raster ; il s'agit principalement des réseaux (routes, voies ferrées) dont le rôle doit être pris en compte dans l'évaluation paysagère. C'est pourquoi cette information a été tirée de la BD Carto de l'IGN. 2.3.3. Extraction des linéaires de la BD_Carto Les quatre couches vectorielles dont nous avons besoin (fond communal, hydrologie, voies ferrées, routes) ont été extraite de la base grâce à l'outil SIG Arc Gis. Chacune des couches est « rasterisée » puis retaillée de manière à inclure au plus juste l'aire urbaine de chaque ville. Précisons que cette extraction concernant les linéaires vaut pour les bases les plus précises à 7 et 25 mètres qui serviront à la modélisation visuelle des plans proches. Aux résolutions de 150 et 1000 mètres, les linéaires sont négligés (tab. 3). Concernant la base à 7 mètres et en raison de sa grande précision, on a pu procéder à un transfert d'information exhaustif entre mode vectoriel et mode raster en revanche, pour la base à 25, une procédure d'échantillonnage à du être appliquée pour ne pas donner un poids visuel excessif aux objets linéaires les plus ténus dont la procédure de rasterisation à 25 mètre exagère mécaniquement l'emprise au sol. Fond communal 53 Cette couche permet de connaître les limites des communes ainsi que les entités plus vastes auxquelles elles s'agrègent comme les aires urbaines qui nous intéressent ici. De la sorte, il fut possible de définir le cadre de chaque aire d'étude par ses coordonnées géographiques précises comme le montre ici l'exemple de Besançon (fig. 7). Figure 7. L'aire urbaine de Besançon et ses communes ; on reporté sur cette carte, le cadre spatial des illustrations venant en appui de la démarche présentée Réseau hydrographique La couche « hydro » fournit un grand nombre de renseignements sur la toponymie, l'état (pérenne, sec), la nature (cours d'eau naturel, canal, aqueduc, ), la largeur, etc., des cours et des plans d'eau. A 25 mètres de résolution, seuls les éléments hydrographiques qui présentent une taille suffisante pour être sensibles à la vue dans le paysage (cours d'eau naturels pérennes, chenaux, ) sont retenus ici pour être intégrés dans la couche raster. Ainsi, les objets dont la largeur est supérieure à 15 m sont reportés dans leur intégralité occasionnant une légère dilation pour les objets situés à peine au dessus de ce seuil (figure 7) tandis que les éléments inférieurs à 15 m sont échantillonnés au tiers de manière à proportionner au mieux leur impact visuel. 54 Figure 8. Image « rasterisée » à 25mètres de résolution du réseau hydrographique au voisinage de Besançon Voies ferrées Les tronçons qui forment le réseau ferré sont pris en compte d'une manière exhaustive dans les deux bases à 7 et 25 mètres car il s'agit d'objets sont le seuil de taille est significatif dans l'un et l'autre cas (fig.9). Figure 9. Image « rasterisée » à 25mètres de résolution du réseau ferré au voisinage de Besançon Routes Les routes comportant deux ou trois voies larges sont reportés dans leur intégralité sur le fichier raster alors que les tronçons à une ou deux voies étroites sont échantillonnés au tiers en vertu du principe de proportionnalité déjà appliqué au réseau hydrographique (figure 10). Figure 10. Image « rasterisée » à 25mètres de résolution du réseau routier au voisinage de Besançon Réassemblage des couches de linéaires Figure 11. Image « rasterisée » à 25mètres de résolution des linéaires Les trois couches précédentes qui contiennent les linéaires à considérer pour l'analyse visuelle du paysage peuvent être combinée au sein d'une seule image tant pour la base à 7 mètres que pour la base à 25 mètres. La figure 11 concerne cette dernière ; elle montre l'emprise au sol pondérée des objets linéaires en question puisqu'un échantillonnage a été appliqué aux éléments de faible largeur pour en alléger l'impact. 56 2.3.4. Recombinaison des informations sur l'occupation du sol A partir des différentes couches précédemment constituées, une couche résultante intégrant l'ensemble des informations nécessaire sur l'occupation du sol peut être mise en forme pour chaque base à 7 et 25 mètres. La figure 12 montre à nouveau le résultat obtenu pour cette dernière. Y sont adjoints les points de transaction dont on voit qu'ils sont préférentiellement localisés au pourtour des villages ou à l'intérieur d'espaces dominés par les formations ouvertes (prairies). Figure 12. Carte de l'occupation du sol à 25 mètres de résolution recomposée à partir des différentes sources au voisinage de Besançon Cette carte doit être à nouveau comparée à la figure 2. On mesure l'amélioration qui résulte de l'ensemble de la procédure élaborée spécifiquement pour produire une information paysagère à 25 mètres de résolution en combinant CLC avec les images satellites qui ont servi initialement à sa confection. Quant à la base d'occupation du sol à 7 mètres, une illustration de son état complet est donnée par la figure 2. 2.3.5. La topographie Le modèle numérique de terrain (MNT) constitue une autre grande source d'information nécessaire pour modéliser le paysage et sa structure. Il est tiré d'une base appelée BD_ALTI 57 produite par l'Institut Géographique National à la résolution de 50 mètres ; l'unité des valeurs d'altitude est le mètre. Cette couche permet de constituer, (i) par dilatation puis par interpolation (ajustement de polynômes locaux), les couches aux résolutions de 7 et 25 mètres (fig. 13), et (ii), par rééchantillonnage, les couches aux résolutions de 150 mètres et d'un kilomètre. On remarque la moindre complexité technique des opérations nécessaires pour constituer, aux différentes résolutions, les plans d'information dévolus à l'altitude. Cela s'explique par le fait qu'une seule catégorie d'information est en cause et que celle-ci est quantitative ; il est donc plus facile de recalculer, par l'application de fonctions ad hoc, les valeurs requises lorsqu'on passe d'une résolution à l'autre. Notons toutefois que le gain de résolution obtenu par interpolation en passant par exemple, de 50 mètres à 7 mètres, répond au besoin technique de disposer de bases spatialement homogènes mais la nesse de définition du relief n'est pas améliorée pour autant ; le détail topographique que l'on obtient ne correspond pas à celui qui résulterait d'une acquisition primaire faite réellement à ce niveau de précision. Ce problème de résolution prend toutefois une importance moindre pour l'altitude que pour l'occupation du sol car la structure visuelle des premiers plans n'est que très rarement commandée par la topographie, surtout dans le contexte périurbain qui retient ici notre intérêt. Figure 13. Modèle numérique de terrain restitué à 25 mètres de résolution après dilatation et interpolation, au voisinage de Besançon 2.3.6. Constitution des MNE et définition des hauteurs des objets Pour toutes les résolutions, un modèle numérique d'élévation (MNE) est constitué en ajoutant, aux altitudes du MNT, les hauteurs liées aux objets disposés à la surface du sol. Cette hauteur a été fixée à zéro pour l'eau, les routes, les voies ferrées, les prés et les champs ; à 20 mètres pour les résineux, 15 mètres pour les feuillus, 3 mètres pour les buissons, 1 mètre pour les vignes et 7 mètres pour le bâti. Cette standardisation des hauteurs peut paraître une approximation gênante, notamment pour le bâti. Pour en évaluer l'incidence, nous avons fait varier de 5 à 9 mètres la hauteur du bâti. La distribution cartographique des différentes zones de visibilité reste stable et la modification de la hauteur des bâtiments ne joue qu'à la marge. Bien évidemment, cette élévation arbitraire ne conviendrait pas à une zone à forte variabilité 58 de hauteur des constructions3. Mais, comme nous le verrons, nous avons retenu une région d'étude essentiellement composée de pavillons et maisons de plain pied. Figure 14. Organigramme des traitements effectués pour constituer les couches d'information spatiale nécessaires aux calculs paysagers à 25 mètres de résolution. Cette procédure à été appliquée à l'ensemble des aires urbaines étudiées 2.3.7. Modélisation multi-échelles de la visibilité Avec le vu actif, on mesure la surface que couvre du regard un observateur virtuellement placé en chaque point de l'espace et qui porte son regard sur les 360 degrés du tour d'horizon. L'opération, qui fait appel au calcul trigonométrique, consiste à dénombrer les pixels vus alentour (Burrough, McDonnel 1998 ), du proche au lointain, en tenant compte du relief (Kim, Rana, Wise 2004) et de la hauteur des objets (MNE). Les résultats sont archivés sous la forme de valeurs définissant l'ampleur du panorama au point en question (Ficher 1996, Lange 1994). Lorsqu'un point est traité, on passe au suivant jusqu'à ce que l'espace ait été parcouru dans toute son étendue. Une difficulté qui ressort de la modélisation du paysage telle qu'elle vient d'être exposée, tient au fait que la limite de la portée du regard ne peut être fixée a priori. L'idéal serait de 3 En l'état actuel des choses, les modèles numériques d'élévation (MNE), en voie de constitution à des échelles très précises, ne sont pas disponibles. pouvoir se livrer à un test de visibilité exhaustif sur l'ensemble des points de la matrice de manière à prendre en compte intégralement les portées visuelles. Dans la pratique, cette procédure n'est pas appliquée car elle amène à réitérer les calculs plusieurs millions de fois sur plusieurs millions de pixels (l'image à 7 m de résolution comporte 130 millions de pixels). De nombreux chercheurs se sont efforcés de trouver des solutions techniques pour réduire les temps de calcul de la visibilité. Il ne saurait ici être question de les citer tous ; notons simplement quelques unes des solutions proposées : développement d'algorithmes efficaces (Wang, Robinson, White 1996; Fisher 1993), échantillonnages (Franklin 2000), réduction du nombre d'observateurs et/ou de points à tester (Franklin, Ray 1994; De Floriani, Magillo 1997; Rana 2003). Quelques une des solutions auxquelles nous avons recouru pour dépasser cette limite s'inspirent de celles qui vient d'être citées ; d'autres sont totalement originales dans la mesure où les modèles d'analyse visuelle des paysages ne considèrent qu'une seule échelle d'information (Germino et al. 2001; Lake et al. 1998). Les procédures exposées ciaprès partent de l'exemple d'un jeu de données complet intégrant les différentes résolutions de 7, 25, 150 et 1000 mètres. 2.3.8. Échantillonnage du tour d'horizon Le nombre d'itérations a été réduit grâce à un échantillonnage du tour d'horizon par lancer de rayons divergents à partir du pixel de base (Burrough, McDonnel 1998; O'Sullivan, Turner 2001). L'écart angulaire entre chaque rayon fixe le taux d'échantillonnage. Cet écart doit être optimisé de manière à concilier représentativité et gain de temps au calcul. Un échantillonnage lâche, par exemple 15°, permet une analyse exhaustive jusqu'à environ cinq pixels du point d'observation ou point de base (fig. 15). Au-delà, entre deux rayons connexes au long desquels chaque pixel est testé, apparaît un espace constitué de pixels non testés (en blanc sur la figure 3), dont l'ampleur augmente avec la distance. A 120 pixels de l'origine, avec cet écartement de 15° entre deux rayons, 32 pixels ne sont pas testés. Un resserrement de l'écart angulaire entre les rayons améliore la qualité du test ; un échantillonnage à 1° permet une analyse exhaustive jusqu'à 60 pixels. Figure 15. Pixels testés autour d'un point de base ; échantillonnage à 15° (24 rayons) avec une portée de neuf pixels 60 Repérage des pixels vus Il s'agit de déterminer, par calcul trigonométrique, si les pixels rencontrés au long des rayons mis en place grâce à la procédure d'échantillonnage sont vus ou non (Kim, Rana, Wise 2004). Le calcul tient compte de l'altitude et de la hauteur des objets susceptibles de constituer des masques (fig. 16). Figure 16. Pixels testés et vus le long d'un profil topographique avec (B) ou sans (A) occupation du sol Gestion des profondeurs de champ grâce à plusieurs résolutions La profondeur de champ est prise en compte par des cellules dont la taille (ou résolution) varie (7 m, 25 m, 150 m et 1 km). La résolution de 7 mètres est utilisée jusqu'à 300 mètres du point d'observation, puis celle de 25 mètres entre 300 et 1200 mètres, de 150 mètres entre 1,2 et 6 kilomètres et, enfin, de 1 kilomètre au-delà. Grâce à cet emboîtement d'échelles, l'analyse du paysage est effectuée avec une profondeur de champ allant jusqu'à 40 kilomètres. Au-delà de cette distance, pour la région d'étude retenue, l'accès visuel aux horizons lointains est trop rare pour continuer la procédure. A partir de chaque point de base, tout l'espace est testé en appliquant la méthode des rayons divergents. Ce processus est appliqué aux quatre bases de données retenues, l'une prenant le relais de la précédente, du centre vers la périphérie du champ visuel. La figure 17 illustre cette méthode pour deux couronnes, les cellules testées étant en noir et celles qui ne le sont pas, en blanc. L'opérateur contrôle, évidemment, les para s du test : nombre de bases et taille des couronnes correspondantes, portée des rayons et angle d'échantillonnage. Fig. 17. Pixels analysés (noir) ou non (blanc) pour deux couronnes concentriques et deux bases de données en résolutions différentes Lorsqu'ils évaluent la fraction du prix d'une maison revenant au paysage, les économistes concluent fréquemment que l'information la plus significative est apportée par les plans proches, voire très proches (Bolitzer, Netusil 2000; Mahan et al. 2000; Tyrväinen, Miettinen 2000; Mooney, Eisgruber 2001; Spalatro, Provencher 2001; Hobden, Laughton, Morgan 2004; Kestens, Thériault, des Rosiers 2004). Cela nous a conduit à fractionner la première base (résolution de 7 mètres) en trois couronnes pour affiner l'analyse des plans rapprochés. Au total, les données sont structurées comme indiqué sur le tableau 5. Plan Base Résolution Plan 1 Plan 2 1 7m Plan 3 Limite minimale Limite maximale Surface (km2) 0 70 m 0,015 316 71 m 140 m 0,046 940 141 m 280 m 0,18 3768 Plan 4 2 25 m 281 m 1200 m 4,3 4772 Plan 5 3 150 m 1201 m 6000 m 108,6 4828 Plan 6 4 1000 m 6001 m 40000 m 4913 4912 Tableau 5. Paramètres géométriques des six couronnes concentriques 62 2.4. LES PROPRIETES VISUELLES DU PAYSAGE : L'EXEMPLE DE DIJON L'ensemble du canevas méthodologique dont nous avons besoin pour analyser les propriétés visuelles du paysage et quantifier celles-ci par des indices appropriés est maintenant en place. Nous avons montré que deux solutions peuvent être proposées : une solution « lourde » qui permet de fouiller le paysage jusqu'à la résolution de 7 mètres (cas de Besançon et de Dijon), au prix d'un investissement important, et une solution « légère » qui ne va pas au-delà de la résolution de 25 mètres mais dont l'avantage est de partir d'une information déjà constituée pour 'essentiel (cas de toutes les zones étudiées). Nous présentons maintenant les différentes formes de restitution de l'information paysagère obtenue des traitements en partant de l'exemple de Dijon. Celui-ci a l'avantage d'inclure les deux échelles d'analyse et permet donc d'aller au bout des ressources offertes par la méthode proposée. 2.4.1. Les cartes du visible Ce type de carte représente, en deux dimensions, une information tridimensionnelle, résumant les paysages tels qu'ils s'offrent à la vue du dedans. C'est une manière de dépasser les limites de l'observation in situ du paysage, toujours subordonnée à une position singulière dans l'espace. En contrepartie, notons que la représentation cartographique se fait indicateur par indicateur. Figure 18. Ampleur de vue Analyse par thème et par plan Les forêts et les plans rapprochés jouent souvent des rôles déterminants dans le prix économique des paysages (Tyrväinen, Miettinen 2000; Luttik 2000; Thériault, Kestens, des Rosiers 2002). C'est pourquoi nous avons choisi de présenter la vue rapprochée sur les feuillus qui représentent un morceau de verdure associé au cadre de vie. En même temps, ils bloquent la vue et l'accès à de plus vastes panoramas ; en confinant l'horizon, ils ménagent une forme d'intimité qui peut être recherchée. La figure 19 montre que des feuillus proches sont presque toujours visibles dans l'ouest de la région. En revanche, dans la plaine de Saône, à l'est, s'établit un contraste entre de vastes forêts dont la vue, confinée au sous-bois immédiat, ne comporte que des feuillus, et des zones agricoles dont le paysage proche reste sans arbres. Figure 19. Vue proche (moins de 70 mètres) sur les feuillus Le paysage autour des points de transactions Nous nous concentrons ici sur les 6000 points de transactions immobilières, pour analyser le paysage autour d'eux, en distinguant le vu du dessus, le vu du dedans et les six couronnes concentriques reliées aux quatre bases de données en résolution différente (tableau 2) : base à 7 mètres pour les couronnes 1, 2 et 3, puis respectivement bases à 30, 150 et 1000 mètres pour les couronnes 4, 5 et 6. Le paysage « vu du dessus » Il s'agit ici de décompter, pour chacune des 6 couronnes concentriques, le nombre de cellules occupées par les différents types d'occupation du sol. La figure 20 montre un village structuré par le croisement de deux routes autour desquelles le tissu bâti est relativement serré, même si des espaces ouverts (prés et jardins) y forment des trouées ou des échancrures. On distingue également quelques bouquets de feuillus et de buissons isolés. Hors du village, l'espace est exclusivement occupé par les cultures. Cet exemple est représentatif de l'est de la région d'étude. Le tableau 6 détaille le résultat des comptages effectués pour le point d'observation de la figure 19. Figure 20. Occupation du sol autour de la transaction A jusqu'à 280 m (plan 1, 2, 3) Plan Bâti Cultures Prés Vignes Feuillus Résineux Buissons Eau Voies Zones Routes d'activité ferrées 1 103 174 0 0 0 0 0 0 0 31 0 2 306 683 157 0 1 0 1 0 0 1098 0 3 543 3947 251 0 2 0 60 0 0 223 0 4 102 3513 558 0 335 1 57 0 6 180 0 5 178 2381 327 425 1359 90 59 9 / / / 64 110 2841 / / 1948 / / 13 / / Tableau 7. Nombre de cellules par type d'occupation du sol et par couronne, transaction A Les thèmes d'occupation du sol et leur présence autour des points de transaction. La procédure illustrée par la figure 20 et le tableau 7 a été réitérée pour les 6000 points de transactions immobilières. Ces valeurs, une fois converties en pourcentage, font apparaître la contribution de chaque catégorie d'occupation du sol dans la composition des différentes couronnes. Sur la figure 21, les catégories absentes ou à faible effectif ont été éliminées et, pour faciliter la lecture, résineux et feuillus ont été regroupés au sein du thème « forêt », cultures et prairies au sein du thème « champ ». Le bâti et les champs sont pratiquement toujours présents, quelle que soit la couronne considérée. La présence des autres éléments varie selon la distance. Par exemple, les formations boisées ont une fréquence de 50 % dans le voisinage immédiat des points (entre 0 et 70 mètres) et atteignent 100 % au-delà de 280 mètres. 4 Les buissons, réseaux et vignes n'apparaissent pas dans le plan 6 car ils ne figurent pas dans la nomenclature de la base de données à un kilomètre de résolution (tableau 1). 66 Lecture : l'eau est présente (i. e. « vue d'en haut ») dans la première couronne pour un peu plus de 10 % des points de transactions, elle se trouve dans la couronne 2 dans plus de 20 % des cas, et elle est présente, entre 6 et 40 kilomètres (couronne 6), dans 100% des cas Figure 21. Fréquence des types d'occupation des sols selon l'éloignement (couronnes 1 à 6) Proportion des catégories d'occupation du sol. Le pourcentage de surface occupée par chaque catégorie, dans chaque couronne, complète l'information précédente (figure 22). Lecture : le bâti couvre 45 % de la couronne 1, 30 % de la couronne 3 et moins de 5 % de la sixième Figure 22. Les catégories d'occupation du sol et leur proportion par couronne. La figure 22 montre que 45 % de la première couronne (0 à 70 mètres) est occupé par du bâti, 38 % par des champs, 15 % par l'ensemble des réseaux, buissons et formations arborées ; les 2 % qui restent se répartissent entre l'eau et la vigne. Les couronnes 2 et 3 présentent une répartition analogue avec, toutefois, une emprise moindre du bâti, au profit des formations ouvertes et secondairement de la vigne. Avec l'éloignement, la redistribution au détriment du bâti se confirme : forêts et champs occupent l'essentiel de l'espace. Ainsi, vu du haut, le paysage, tel qu'il est organisé autour des points de transaction, montre des changements sensibles, du centre vers la périphérie. Les espaces proches, tout en étant dominés par le bâti et les champs, présentent une relative diversité tenant aux contextes périurbains et villageois où se localisent les transactions. Avec l'éloignement, l'occupation du sol se simplifie, puisqu'elle est dominée par la pleine campagne, agricole ou forestière. Le paysage « vu du dedans », ampleur de vue Nous avons insisté sur la différence entre la vision du dessus et du dedans. Reprenons l'exemple de la transaction A, où le comptage des cellules a été fait précédemment en projection plane. Nous prenons en compte maintenant les trois dimensions en faisant appel à la modélisation visuelle du paysage telle qu'elle a été définie plus haut : l'espace se décompose en secteurs vus ou masqués, selon la topographie ou la hauteur des objets. le champ visu A. La figure 23 indique les résultats pour les trois premiers plans de vision : seules les cellules réellement vues par l'observateur sont renseignées. Elles ne représentent que 20 % des 5026 pixels du disque de 280 mètres de rayon. Figure 23. Cellules vues depuis la transaction A L'exploration du champ visuel par la méthode des rayons divergents conduit à repérer le long de chaque segment si une cellule est vue ou non et quel type d'occupation du sol la caractérise. Cela permet de décompter les cellules vues, couronne par couronne, et par catégorie d'objets (tab. 8). Nous appelons « plan », la fraction d'une couronne qui est vue. Plan Bâti Cultures Prés Vignes Feuillus Résineux Buisson Eau 1 2 3 4 5 6 46 75 37 3 1 0 133 185 437 9 2 0 0 0 3 1 3 / 0 0 0 0 0 : 0 1 0 2 2 3 0 0 0 0 2 / 0 0 0 1 1 / 0 0 0 0 0 0 Zones Routes Voies d'activité ferrées 0 0 0 0 / / 26 12 0 0 / / 0 0 0 0 / / Tableau 8. Nombre de cellules vues selon le type d'occupation du sol et le plan, transaction A La lecture des tableaux 7 et 8 montre qu'un écart, parfois très important s'établit entre le nombre de pixels vus du haut et vus du dedans. Cet aspect, qui ne touche pas seulement la transaction A, est dû aux différents éléments topographiques et d'occupation du sol qui masquent d'autant plus la vue qu'ils sont situés près de l'observateur. Écart entre paysage vu du dessus et paysage vu du dedans. La figure 24 fait ressortir des écarts important entre ces deux termes. Elle montre, par exemple, que moins de 7 % des éléments de bâti de la première couronne sont effectivement vus dans le plan 1 ; cette valeur 68 tombe à 1 % pour le plan 2 (entre 70 et 140 mètres) puis à 0,1 % pour les plans suivants. Même si les autres thèmes présentent moins d'écart (par exemple, 32 % des champs de la couronne 1 sont vus), on constate qu'une part essentielle des éléments matériels qui composent l'espace géographique se dérobe au regard. Dès le plan 4 (280 à 1 200 mètres), le paysage que l'on voit se construit à partir d'éléments dont l'emprise au sol représente moins de 1 % de la surface de la couronne. Figure 24. Rapport entre emprise visuelle et emprise au sol Portée de la vue. La figure 25 fait apparaître le pourcentage des points de transaction qui offrent un accès visuel aux différents plans. Figure 25. Présence des différents plans dans l'ensemble des vues Les 6000 points ont évidemment une vue sur l'espace immédiat qui les entoure (plan 1) dont la portée est limitée, rappelons-le, à 70 mètres. L'accès visuel au second plan ne concerne que 50 % de l'effectif, montrant ainsi que le confinement visuel est la règle pour la moitié des transactions. Ensuite, la baisse des effectifs se poursuit et moins de 10 % des points de transaction offrent une échappée sur le plan 6, au-delà de six kilomètres. Présence des types d'occupation du sol dans les différents plans vus. La figure 26 synthétise cette information. Le plan 1, dont nous rappelons qu'il est vu par tous les points de transaction, comporte du bâti dans 90 % des cas, des champs dans 65 %, des arbres dans moins de 30 % et ainsi de suite. Le plan 2, vu depuis la moitié des points de transaction, permet de voir du bâti pour 67 % de ces points. Les formations arborées et les champs sont plus souvent vus dans ce plan 2 qu'ils ne l'étaient dans le premier. La même tendance se poursuit dans le plan 3. Lorsque la vue porte jusqu'aux plans 5 et 6, ce qui ne concerne que peu de transactions, les forêts sont toujours présentes à la vue, tandis que le bâti ne l'est que dans un cas sur trois. Figure 26. Fréquence de la vue sur les différents types d 'occupation du sol selon l'éloignement En résumé, le plan 1 est plus diversifié que les trois plans suivants. Les transactions immobilières étant le plus souvent situées dans un environnement bâti, il est presque inévitable que la vue accroche un élément anthropique situé à proximité. Mais, lorsque la configuration spatiale des éléments géographiques le permet, la vue, au-delà des maisons, porte sur une campagne où cultures et prés dominent. Une fraction souvent étendue du tour d'horizon bute sur des formations arborées qui jouent le rôle de masque ainsi que l'atteste le faible nombre de transactions offrant une vue lointaine. Mais, dès que le regard porte au-delà de 280 m, la vue reste très homogène sur toute la profondeur de champ : la forêt domine en se combinant avec des champs et plus rarement avec du bâti. Emprise visuelle des types d'occupation du sol. L'emprise visuelle d'un type d'occupation du sol se définit par la part de surface qu'il occupe dans chaque plan. La figure 27 indique la moyenne de cet indicateur pour l'ensemble des transactions. Le plan 1 (0-70 m), est dominé par les champs et le bâti qui totalisent les deux tiers de l'emprise visuelle. Les réseaux et les buissons suivent loin derrière (10 %) alors que les autres catégories ont une faible prégnance. Figure 27. Les c atégories d'occupation du sol et leur emprise visuelle moyenne par plan Avec le plan 2 (70-140 m), le bâti tend à s'effacer au profit des éléments arborés (28 %). Lorsqu'on atteint le plan 4 (280 à 1 200 mètres), les champs et les forêts s'équilibrent autour de 30 % chacun, puis ces dernières gagnent encore de l'importance aux plans 5 et 6. Dans tous les cas, l'eau (moins de 5 %) et la vigne (moins de 2 %) restent discrètes dans le paysage. Les réseaux et les buissons s'estompent quand les plans se font lointains. Le paysage « vu du dessus », soumission à la vue La figure 28 et le tableau 9 renseignent sur les lieux à partir desquels le point de transaction A est visible. Si l'on compare cette information avec celle de l'ampleur de vue (fig. 23, tab. 8), on constate que l'espace concerné s'est réduit ici et que par conséquent le point A voit 70 globalement plus qu'il n'est vu. En effet, depuis le village alentours, la vue se bloque dans la trame du bâti et le point de transaction A reste relativement caché. A l'inverse, depuis le point de transaction, le regard embrasse tout de même un espace un peu plus étendu où des maisons et surtout leurs toits sont visibles grâce à leur disposition en enfilade le long d'une rue ou grâce à leur élévation un peu plus forte sur un repli de terrain. Cependant, sur la zone consacré aux cultures, le rapport de visibilité s'inverse : A est soumis à la vue d'un secteur qu'il ne voit pas. En fait, il s'agit d'une cuvette peu marquée dont A ne peut voir que le rebord en raison d'un angle de vue très faible laissant caché l'essentiel de dépression en contrebas. Dans l'autre sens, une personne qui se déplace dans la cuvette peut voir A quand, à l'approche du rebord, sa taille (établie à 1.8 m par le modèle) permet à son regard de tangenter la plaine cultivée alentour et de porter jusqu'au point A. Figure 28. Cellules à partir desquelles la transaction A est visible Les différences constatées pour cette transaction entre ampleur de vue et soumission à la vue se vérifient globalement pour les plans proches (1 à 3) des 6000 transactions en ce qui concerne le bâti. La dissymétrie est même forte puisque les points de transaction voient en moyenne 70 cellules de bâti et ne sont vus que depuis 9 cellules de ce type. En revanche, pour les cultures qui épousent au plus près la topographie, la symétrie des rapports visuels est respectée, les écarts constatés n'étant pas significatifs (48 pour le vu actif contre 46 pour le vu passif). Notons également que les rapports de visibilité tendent à s'équilibrer pour les plans lointains (4 à 6) Plan Bâti Cultures Prés Vignes Feuillus Résineux Buisson Eau 1 2 3 4 5 6 27 18 4 1 1 0 133 211 714 9 1 0 0 0 3 1 3 / 0 0 0 0 0 : 0 1 0 2 2 2 0 0 0 0 2 / 71 0 0 0 1 1 / 0 0 0 0 0 0 Zones Routes Voies d'activité ferrées 0 0 0 0 / / 26 12 0 0 / / 0 0 0 0 / / Tableau 9. Nombre de cellules ayant vue sur la transaction A, selon le type d'occupation du sol et le plan 2.5. CONCLUSION Dans ce chapitre, nous avons posé quelques repères conceptuels, méthodologiques et techniques destinés à formaliser l'approche requise pour produire les indices paysagers sous la forme quantitative dont les économiste ont besoin pour tester et valider des méthodes reposant sur les « préférences révélées » et pouvoir attribuer ainsi un prix au paysage. On a pu définir les termes d'une approche instrumentée par système d'information géographique permettant de croiser diverses sources d'information sur le paysage telles qu'images satellite et modèles numériques de terrain. A l issue de cet exposé sur la méthode géographique, on peut faire ressortir les quelques points suivants : Les paysages constituent un spectacle offert à la vue : ce constat est trivial, mais nous venons de voir que cela a des implications sur la façon de les modéliser et analyser, surtout quand l'objectif est de leur attribuer un prix. Puisque l'accès visuel aux aménités paysagères est un critère qui peut compter dans le prix d'un bien immobilier, il est utile que les économistes disposent de protocoles qui, en explorant la réalité visuelle du paysage, fassent émerger des critères susceptibles d'être significatifs dans les modèles économétriques. La vue d'en haut, depuis un satellite ou une photographie aérienne et la vue du dedans, depuis le sol, sont peu corrélées, la seconde ne représentant qu'une très petite portion de la première lorsqu'on tient compte des masques induit par la topographie ou par les objets élevés disposés dans le champ visuel. Les travaux qui analysent le paysage en vue verticale cartographique (Geoghegan, Wainger, Bockstael 1997), le saisissent comme un agencement spatial d'objets physiques ; ce qui conduit à une évaluation qui risque d'être approximative, puisque les modalités de perception sont laissées de côté malgré leur rôle déterminant. Des auteurs comme Paterson et Boyle (2002), ont eu recours à la vue modélisée en trois dimensions mais sans tenir compte des effets de masque dus aux objets hauts ; on risque d'aboutir ainsi à une surestimation des champs de vision particulièrement sensible sur les premiers plans, surtout quand ceux-ci sont coupés d'arbres ou de maisons. Lake et al. (1998) ont bien mis en évidence l'intérêt des simulations restituant au mieux la vision sensible des paysages. Plaçant notre propos dans cette perspective, notre contribution a permis d'établir comment la réalité visuelle du paysage peut être décomposée et paramétrée dans son architecture (rôle des différents plans dans la profondeur de champ) et dans son contenu sensible (référence à une nomenclature d'occupation du sol pour définir les objets vus). La nature duale des relations de visibilité distinguant voir (actif) et être vu (passif) mérite attention. On pourrait croire qu'il est possible d'être vu depuis un point que l'on voit mais tel n'est pas le cas du fait des masques visuels : la vue est bouchée sous un couvert forestier, alors que la forêt peut être vue depuis un grand nombre de points. Dans le cas de transactions immobilières, c'est surtout la relation visuelle entre éléments bâtis proches qui compte et qui amène à évaluer si le fait de voir la maison voisine et/ou d'être dans son champ de vision constitue une gêne, source d'une moins value potentielle. Le protocole établi permet d'aborder les deux cas de figures et surtout de faire apparaître des seuils de distance au-delà duquel l'exposition à la vue d'autrui n'est plus significative. En augmentant, la distance à l'observateur joue un rôle sur la discrimination des objets : de l'arbre on passe à la forêt ; de la maison on passe au village et à la ville tandis que les objets singuliers tendent à disparaître en se fondant dans des éléments visuels plus vastes. Il est donc important de tenir compte du changement de l'information avec la distance non seulement en terme de précision spatiale mais aussi thématique. Les nomenclatures doivent s'ajuster à un 72 critère de distance : détaillées aux premiers plans, elles se simplifient progressivement pour ne conserver que quelques classes très générales en arrière plan. La prise en compte de cette propriété est, à notre connaissance, absente de la littérature économique consacrée à l'évaluation du paysage. La structure visuelle des paysages change également très vite à mesure que la distance à l'observateur augmente. D'où l'intérêt de définir, autour de chaque point de vision, des tampons de tailles différentes qui permettent de segmenter l'information en fonction de l'éloignement (Kestens, Thériault, des Rosiers 2004; Des Rosiers et al. 2002). A cet égard, il apparaît que les plans proches doivent être finement distingués en couronnes inférieures à cent mètres pour éviter un lissage trop fort de l'information. Le besoin de moduler l'information avec la distance implique le recours à des bases de données en résolutions multiples. La très haute résolution (7 mètres en l'occurrence) pour les plans proches semble a priori requise mais elle reste encore lourde à mettre en oeuvre ; ce qui appar comme un frein à la généralisation de la méthode et empêche surtout de lui donner une portée comparative entre des espaces différemment configurés. C'est pourquoi nous avons essayé de trouver une alternative à la constitution de bases de données spécifiques faites à partir d'images et de traitements originaux. A cette fin, la base de données européenne Corine Land Cover mérite qu'on s'y intéresse. Assortie de certains ajustements rapides à mettre en oeuvre, comme la technique du « persillage » qui réexploite les images satellite de départ, il est possible reconstituer l'occupation du sol avec une précision géométrique de 25 mètres. 3. LA MODELISATION ECONOMETRIQUE DES EFFETS D'INTERACTION SPATIALE ET DE HIERARCHIE SPATIALE DANS LES MODELES HEDONISTES IMMOBILIERS Les travaux présentés dans de rapport font un large usage des méthodes économétriques appliquéed aux modèles hédonistes. Ces derniers consistent en des formes réduites dans lesquelles les prix des logements sont régressés sur des caractéristiques structurelles, des caractéristiques de voisinage et des caractéristiques de localisation. En pratique, la mise en oeuvre de ces régressions hédonistes soulève de nombreux problèmes méthodologiques (Sheppard, 1999 ; Malpezzi, 2003) : endogénéité des variables explicatives, choix des formes fonctionnelles, identification des caractéristiques de segmentation des marchés Par ailleurs, les prix des logements sont souvent très fortement spatialement autocorrélés. En effet, les logements voisins possèdent des caractéristiques structurelles similaires et partagent les mêmes caractéristiques de voisinage. Dans ce contexte, les avantages à modéliser l'autocorrélation spatiale des erreurs comprennent une estimation des paramètres plus efficace et une inférence statistique plus fiable (Pace et Gilley, 1997). La littérature empirique dans ce domaine reconnaît effectivement la nécessité d'utiliser les méthodes de l'économétrie spatiale afin de prendre en compte explicitement en compte les effets spatiaux dans les modèles hédonistes (Gillen et al. 2001). Nous nous concentrons ici sur les différentes méthodes permettant de modéliser l'autocorrélation spatiale dans les modèles hédonistes. En outre, nous tenons également compte du fait que les transactions immobilières sont organisées hiérarchiquement. Elles sont souvent groupées, chaque groupement pouvant généralement associé à une commune, ou plus précisément au noyau bâti de cette commune. Cette information supplémentaire doit être intégrée dans la modélisation pour une meilleure fiabilité des estimations Alors que les modélisations multi-niveaux ont également été utilisées dans ce but (Beron et al., 1999 ; Oxford, 2000), notre objectif ici est de suggérer plusieurs spécifications qui prennent en compte simultanément l'autocorrélation spatiale entre les transactions et leur hiérarchie spatiale. A titre d'exemple, nous appliquerons ces spécifications à l'aire urbaine de Brest. 3.1 LA MODELISATION ECONOMETRIQUE DE L'AUTOCORRELATION SPATIALE ET DE LA HIERARCHIE SPATIALE 3.1.1 L'autocorrélation spatiale Afin de capter l'autocorrélation spatiale, ou la tendance au regroupement géographique de valeurs similaires d'une variable aléatoire, deux spécifications sont communément utilisées (Anselin, 2001, 2006 ; Jayet, 2001 ; Le Gallo, 2002) : le modèle avec autorégression et le modèle avec autocorrélation spatiale des erreurs. Les modèles avec autocorrélation spatiale des erreurs peuvent se subdiviser en modèles de type autorégressif ou de type moyenne mobile. Ils ont alors des implications différentes en termes de diffusion spatiale de chocs aléatoires (Anselin, 2003). Nous nous concentrons ici sur les modèles de type autorégressif, car ils sont plus souvent utilisés dans la littérature. Formellement, on considère le modèle de régression suivant, en négligeant la possibilité d'une autorégression à droite de l'équation : y = Xβ +ε (1) où y est un vecteur de dimension ( N × 1) contenant les observations sur les prix de vente des transactions immobilières ; X est une matrice ( N × k ) contenant les observations sur les k 74 variables explicatives ; β est le vecteur de dimension (k ×1) des paramètres à estimer et ε est le vecteur de dimension ( N × 1) contenant les termes d'erreurs. Dans un modèle hédoniste, y est habituellement une transformation non linéaire de prix, le plus souvent son logarithme et les variables explicatives X sont les caractéristiques, internes et externes, de la transaction. Notre discussion se focalise sur les propriétés de ce vecteur d'erreurs. Nous nous concentrons d'abord sur l'autocorrélation spatiale. Une première possibilité consiste à estimer un modèle avec autocorrélation spatiale des erreurs où l'autocorrélation spatiale capte alors essentiellement les effets des variables omises dans la régression hédoniste. Dans ce cas : ε = ρW ε + η (2) où W est une matrice de poids de dimension ( N × N ), dans laquelle chaque élément wij indique la façon dont la transaction i est spatialement connectée à la transaction j ; ρ est le coefficient d'autocorrélation spatiale et η → iid (0, σ η2 I N ). Cette spécification est habituellement estimée grâce à la méthode du maximum de vraisemblance ou la méthode des moment s généralisés. Cependant, cette spécification ne permet que de capter les effets de proximité spatiale entre les transactions. 3.1.2 La hiérarchie spatiale Alternativement, si l'intérêt réside en priorité sur la modélisation des effets de hiérarchie spatiale caractérisant la distribution des transactions immobilières, une spécification différente doit être utilisée. Supposons qu'il existe M zones (par exemple M communes) et qu'il y a nm transactions dans chaque zone m, avec m = 1M et n1 + n m + n M = N. Cette structure hiérarchique doit être prise en compte dans le modèle économétrique.
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Ordonnancement de systèmes parallèles temps réel : de la modélisation à la mise en oeuvre par l'ingénierie dirigée par les modèles
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fait traitée sous la forme de 11 × 9 macro-blocs. Nous attribuons à chaque processeur une partie de ces 99 sous-tâches, encodant chacune un macro-bloc. 99 n’étant pas divisible par 4, la répartition n’est pas parfaitement homogène : chaque processeur se voit attribuer 25 sous-tâches, à l’exception du quatrième processeur qui n’en a que 24. De manière informelle, la distribution consiste à faire comme si on linéarisait le tableau de 11 × 9 tâches sur un tableau de 99 éléments, mais en réalité le tableau de processeurs ne contient que 4 éléments et grâce à l’usage du modulo, tous les éléments placés après le quatrième processeur sont de nouveau placés à partir du premier processeur. Cette distribution est schématisée en figure 6.7, où l’on voit les deux premières répétitions de la distribution. Un motif de 9 éléments est lu puis placé sur les quatre processeurs. Le premier processeur reçoit les éléments 1, 5, et 9. Le second processeur reçoit les éléments 2 et 6, etc. Lors de la répétition du deuxième motif, il est lu depuis la deuxième ligne et écrit dans les processeurs à partir de l’indice 9. 9 modulo 4 vaut 2, le deuxième processeur reçoit donc le premier élément, ainsi que le 5 et le 9, le premier processeur reçoit les éléments 4 et 8, etc. Sur le modèle on voit cette distribution définie par une patternShape de 9, c’est pour © 2008 Tous droits réservés . http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 158 CHAPITRE 6. ÉTUDE DE CAS ET VALIDATION EXPÉRIMENTALE F IG. 6.7: Vue partielle de la distribution des 11 × 9 tâches sur les 4 processeurs. La distribution utilise un motif de 9 éléments (en gris) et le place sur les 4 processeurs en faisant jouer le modulo. Les 11 répétitions permettent de lire tout le tableau de tâche, les tâches étant placées les unes après les autres sur les processeurs. cela que le motif lu est de 9 éléments, et un repetitionSpace de 11, c’est ce qui indique que le processus va être appliqué 11 fois. Le Tiler codingtiler permet d’une part de définir la lecture du motif dans le tableau de tâches, en se décalant d’un élément le long de la deuxième dimension, et le déplacement du motif à chaque répétition, en se décalant d’un élément le long de la première dimension. Le Tiler putiler spécifie le placement de ces motifs dans le tableau de processeurs. Il indique d’une part que le motif est écrit en se décalant d’un élément le long de la seule dimension, et d’autre part que chaque motif est écrit l’un après l’autre, c’est-à-dire en se décalant de 9 éléments. Remarquons au passage, que telle quelle la distribution peut s’adapter à n’importe quel nombre de processeurs : elle va répartir le plus équitablement possible les 99 tâches sur tous les processeurs. Cela est utile car lors de l’exploration d’architecture nous allons faire varier ce nombre de 4 à 16. © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 6.2. GÉNÉRATION DE CODE À L’AIDE DE L’ENVIRONNEMENT GASPARD 6.2 159 Génération de code à l’aide de l’environnement Gaspard Actuellement la modélisation du SoC se fait via la création d’un modèle UML en utilisant le profil Gaspard. Même si en théorie tout éditeur UML pourrait convenir, dans la pratique il est nécessaire d’utiliser un éditeur capable de sauvegarder le fichier contenant le modèle dans le format UML Ecore utilisé par la chaîne de transformations Gaspard. Ainsi, nous utilisons l’outil MagicDraw pour la modélisation, à partir duquel nous exportons le modèle vers le format idoine. Il est également possible d’utiliser le plugin Eclipse « Papyrus », qui manipule directement le format UML Ecore. F IG. 6.8: Capture d’écran de l’environnement Gaspard. Le panneau de gauche présente les différents modèles utilisés dans la chaîne de transformation : UML, Gaspard, Polyhedron, Loop, et le code source SystemC/PA. Le panneau de droite présente le contenu du modèle UML et le contenu d’un fichier SystemC généré. Les boutons de la barre d’outils permettent d’appliquer une transformation spécifique à un modèle. À partir des fichiers du modèle, il faut exécuter une des chaînes de transformations de Gaspard. Cela s’effectue via l’environnement Gaspard, dont une capture d ’écran est présentée en figure 6.8. Dans cet environnement basé sur Eclipse, il faut cré er un projet , y insérer le modèle puis choisir l’une des chaînes de compilation disponibles. Il y en existe actuellement quatre dont les cibles sont : langage Synchrone, VHDL, OpenMP/Fortran, et SystemC/PA. Dans cette étude de cas nous choisissons cette de rnière. L’exécution successive des différentes transformations est alors effectuée automatiquement. Au fur et à mesure les © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 160 CHAPITRE 6. ÉTUDE DE CAS ET VALIDATION EXPÉRIMENTALE modèles intermédiaires sont générés. Sur la capture d’écran, ils sont visibles dans le panneau gauche (UML, Gaspard, Polyhedron, Loop, et le code source SystemC/PA). Le panneau droit permet d’afficher le contenu d’un modèle sous une forme arborescente textuelle ou les fichiers de code générés. À la fin de l’exécution de la chaîne vers SystemC/PA, on obtient un répertoire contenant l’ensemble des fichiers nécessaires à la compilation du simulateur. Dans cet exemple nous avons obtenu une quinzaine de fichiers. Une fois ces fichiers générés, le concepteur peut compiler le simulateur en appelant make dans le répertoire puis exécuter la simulation à l’aide de la commande./TLMrun. La simulation produit un fichier journal qui contient le détail de l’exécution. 6.3 Exploration du domaine de conception Afin de démontrer l’usage du flot de conception pour l’exploration de l’espace de conception nous avons fait successivement varier deux paramètres du modèle. Premièrement nous avons fait varier le nombre de processeurs. Nous verrons qu’il existe une limite à partir de laquelle les contentions sur le réseau d’interconnexion ralentissent l’exécution. Ensuite, pour pallier ces contentions nous avons fait varier le nombre de bancs mémoire et observé les effets sur les contentions. <<HardwareComponent>> HardwArchit <<HardwareComponent>> MultiMips <<HardwareComponent>> m4 : MultiMips <<HardwareComponent>> cpu : ProcessingUnit [(16)] interc [(16)] interc proc [(16)] <<Tiler>> <<Communication>> <<ElementaryComponent>> interconnect : Crossbar slave [(2)] <<Tiler>> <<Tiler>> {fitting = "(())", origin = "(0)", paving = "((1))" } <<Reshape>> {patternShape = "()", repetitionSpace = "(1)" } {fitting = "(())", origin = "(0)", paving = "((1))" } {fitting = "(())", origin = "(1)", paving = "((1))" } interc [(16)] <<Reshape>> {patternShape = "()", repetitionSpace = "(1)" } {tiler = tin } <<Tiler>> {tiler = tin } interc <<Tiler>> <<RAM>> <<ElementaryComponent>> i : InstrRAM interc <<RAM>> <<ElementaryComponent>> d : DataRAM tin : Tiler fitting = "(())" origin = "()" paving = "(())" F IG. 6.9: Vue principale de l’architecture matérielle du MPSoC en modèle Gaspard avec 16 processeurs. © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 6.3. EXPLORATION DU DOMAINE DE CONCEPTION 6.3.1 161 Variation du nombre de processeurs Nous avons changé le nombre de processeurs contenus dans l’architecture de 4 (tel que nous l’avons présenté précédemment) à 8, 12, et 16. Dans le modèle cette modification est mineure, elle consiste à changer la multiplicité du composant ProcessingUnit et des ports des composants MultiMips et Crossbar. La figure 6.9 présente la vue de la partie architecture du nouveau modèle avec 16 processeurs. L’association n’a pas besoin d’être modifiée car nous l’avons écrite de manière à ce qu’elle puisse s’adapter à n’importe quel nombre de processeurs (tant que la répétition de ProcessingUnit reste d’une seule dimension). Une fois le modèle modifié, il suffit de le ré-exporter vers Eclipse, d’exécuter de nouveau la chaîne de transformations sur le projet, de recompiler la simulation, et de l’exécuter pour obtenir les nouveaux résultats. Afin de vérifier les résultats de simulation PA, nous avons comparé chaque configuration à la même configuration simulée au niveau d’abstraction CABA. La simulation en CABA, développée dans le cadre des travaux de thèse de Rabie Ben Atitallah, n’a pas été générée automatiquement (l’environnement Gaspard ne dispose pas encore d’une chaîne de transformations vers cette cible), elle a été écrite manuellement (la partie matérielle tout comme la partie logicielle). À ce niveau d’abstraction, la simulation est effectuée au cycle et au bit près, ainsi la précision des résultats tels que le temps d’exécution est théoriquement très proche de la réalité. 50000000 Temps d'exécution (cycles) 45000000 40000000 35000000 30000000 25000000 PA CABA 20000000 15000000 10000000 5000000 0 4 8 12 16 Nombre de processeurs F IG. 6.10: Graphe du temps d’exécution simulé (en cycle) en fonction du nombre de processeurs pour les niveaux d’abstraction PA et CABA. La figure 6.10 présente sous forme de graphe les différents temps d’exécution1 obtenus par simulation selon le niveau d’abstraction et le nombre de processeurs. Notons que les résultats correspondent à la simulation de l’encodage d’une seule image de la séquence vidéo. 1 Attention, nous employons ici le vocabulaire usuel utilisé dans le cadre de simulations : temps d’exécution correspond au temps d’exécution de l’application simulée sur le matériel simulé, tandis que temps de simulation correspond à la durée d’exécution du simulateur sur la machine hôte. © 2008 Tous droits réserv és. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 162 CHAPITRE 6. ÉTUDE DE CAS ET VALIDATION EXPÉRIMENTALE Facteur d'accélération de la simulation En ce qui concerne la précision des informations de temps d’exécution fournies par la simulation PA, on peut noter entre 15% et 30% de sous-estimation. Cela peut être expliqué, du moins en partie, au fait que le cache utilisé a une politique dite « write-through » qui consiste à transmettre chaque écriture à la mémoire. La mise en œuvre de ce type de politique est plus simple, mais implique une occupation du réseau d’interconnexion par toutes les écritures, y compris celles correspondantes aux données temporaires pour le parcours des boucles et le calcul interne aux fonctions des IP. Ce type d’écriture n’est pas simulé dans PA, ce qui entraîne moins de contentions sur le bus, et donc un temps d’exécution plus court. Néanmoins, ce cas est parmi les plus défavorables dans lequel peut se trouver la simulation. Le niveau d’abstraction PA est donc capable de produire des estimations du temps d’exécution convenables dans tous les cas. Lors de l’exploration de l’espace de conception, la valeur relative est plus importante que la valeur absolue : il faut pouvoir classer les configurations entre elles pour choisir les meilleures. Dans notre exemple, par rapport à CABA, la simulation PA mène aux mêmes conclusions : augmenter le nombre de processeurs diminue le temps d’exécution jusqu’à 12 processeurs. Avec 16 processeurs, la tendance est inversée et le temps d’exécution augmente (en PA, l’exécution sur 12 processeurs prend 22,46 millions de cycles tandis qu’avec 16 processeurs elle prend 22,48 millions de cycles). Ainsi, malgré une sous-estimation en valeur absolue, la simulation PA permet de prendre les bonnes cisions vis-à-vis de l’exploration. 27,5 25,4 25 22,5 20,14 20 17,5 15,83 15 12,5 11,59 10 7,5 5 2,5 0 4 8 12 16 Nombre de processeurs F IG. 6.11: Graphe du facteur d’accélération entre le temps de simulation PA et celui CABA en fonction du nombre de processeurs. La figure 6.11 présente le facteur d’accélération obtenu entre une simulation PA et une simulation CABA en fonction du nombre de processeurs. Il évolue entre 11 pour 4 processeurs et 25 pour 16 processeurs. Pour donner une idée des valeurs absolues, la simulation CABA avec 16 processeurs a pris 381s tandis que la simulation PA a pris 15s. Cela démontre donc le réel avantage de simuler à ce plus haut niveau d’abstraction. Le fait que le facteur soit plus important lorsqu’il y a plus de processeurs met en valeur la particularité de PA à accélérer la simulation des composants processeurs. Concernant le facteur d’accélération, il est intéressant de comparer le niveau PA avec le niveau d’abstraction © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 6.3. EXPLORATION DU DOMAINE DE CONCEPTION <<HardwareComponent>> HardwArchit 163 appData : Tiler appLum : Tiler origin = "(0,0)" paving = "((16,0))" fitting = "((0,16),(1,0),(0,1))" <<HardwareComponent>> m4 : MultiMips hwLum : Tiler interc [(16)] origin = "(0)" paving = "((9))" fitting = "((1,0,0))" proc [(16)] <<Communication>> <<ElementaryComponent>> interconnect : Crossbar slave [(5)] appC : Tiler origin = "(0,0)" paving = "((8,0))" fitting = "((0,8),(1,0),(0,1))" <<Reshape>> <<Reshape>> interc origin = "(0,0)" paving = "((0,1))" fitting = "((1,0),(0,11))" hwData : Tiler origin = "(0)" paving = "((9))" fitting = "((0,1))" hwSize : Tiler origin = "(0)" paving = "((9))" fitting = "((1))" interc <<RAM>> <<ElementaryComponent>> i : InstrRAM <<DataAllocation>> <<Distribution>> {patternShape = "(9,16,16)" repetitionSpace = "(11)", sourceTiler = appLum, targetTiler = hwLum }, appSize : Tiler <<RAM>> <<ElementaryComponent>> d : DataRAM [(4)] <<Distribution>> <<DataAllocation>> {patternShape = "(9,8,8)", repetitionSpace = "(11)", sourceTiler = appC, targetTiler = hwLum } origin = "(0)" paving = "((1))" fitting = "((11))" <<DataAllocation>> <<Distribution>> {patternShape = "(384, 9) ", repetition Space = " (11)", sourceTiler = appData , targetTiler = hwLum } <<DataAllocation>> <<Distribution>> {patternShape = "(9)", repetitionSpace = "(11)", sourceTiler = appSize, targetTiler = hwSize } <<ApplicationComponent>> QCIF2H263 <<ElementaryComponent>> <<ApplicationComponent>> read : QCIFreader lum [(176,144)] cr [(88,72)] cb [(88,72)] <<ApplicationComponent>> ie : H263Encoder lumin mbout <<ElementaryComponent>> <<ApplicationComponent>> write : CompressFileSave data [(384,99)] crin cbin size size [(99)] F IG. 6.12: Vue partielle de la distribution des tableaux intermédiaires de QCIF2H263 sur les 4 bancs mémoires. La distribution suit la même organisation que la distribution des tâches afin que chaque processeur ne fasse des accès qu’à un seul banc mémoire. sur lequel il est basé : PVT. À partir de l’architecture générée pour la simulation PA, de l’ISS MIPS au niveau PVT et du code logiciel pour la simulation CABA, nous avons assemblé manuellement une simulation PVT de la configuration à 16 processeurs. La simulation en PVT a pris 47s, dont 6,7% du temps a été dédié directement à la simulation des processeurs. Dans la simulation PA, qui a pris 15s, seulement 0,9% du temps a été dédié à la simulation des processeurs, soit un facteur d’accélération environ de 25 sur cette partie. À ce niveau d’abstraction le temps de simulation des processeurs est pratiquement négligeable. Par ailleurs, remarquons que même si uniquement les composants processeurs sont modifiés par rapport à PVT, la simulation PA réduit également le coût du noyau du simulateur SystemC car il évite l’ordonnancement entre chaque instruction simulée. En faisant varier le nombre de processeurs, nous avons noté que, contre-intuitivement, passer de 12 processeurs à 16 diminue les performances. Nous allons tenter de pallier ce phénomène en faisant varier le nombre de bancs mémoire. © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 164 CHAPITRE 6. ÉTUDE DE CAS ET VALIDATION EXPÉRIMENTALE 6.3.2 Variation du nombre de bancs mémoire À partir des résultats de la simulation PA, il est possible d’observer les contentions d’accès à la mémoire. Remarquant que ces contentions étaient particulièrement élevées pour la configuration avec 16 processeurs, nous avons décidé d’augmenter le nombre de bancs mémoire, pour le faire passer de 1 à 2 puis 4. Dans le modèle, ces changements se traduisent d’abord au niveau du modèle d’architecture par l’ajout d’une multiplicité sur le composant DataRAM et l’augmentation du nombre de ports sur le crossbar. Pour être effectif ce changement doit être également répercuté sur les allocations de données dans le modèle d’association. Dans le modèle original les tableaux n’étaient pas distribués (puisqu’il n’y avait qu’une seule mémoire), la distribution des données a dû être spécifiée. Nous avons réparti chacun des cinq tableaux intermédiaires de QCIF2H263 de manière similaire à la distribution de H263MacroBlock sur les processeurs. Ainsi, lors de l’encodage, chaque processeur ne travaille que sur un banc de mémoire. Identiquement à la distribution des tâches, la distribution de données s’adapte automatiquement au nombre de mémoires. La figure 6.12 présente une vue partielle du modèle d’architecture modifié et de la distribution de données introduite. Pour garder la vue concise , seules quatre distributions sont représentées. Le fonctionnement des distributions de données est similaire à celui de la distribution de tâches schématisé figure 6.7 mais au lieu de prendre chaque tâche et de l’associer à un processeur, elle prend un bloc d’éléments et les associe tous à la même mémoire. Par exemple, pour la distribution du tableau transmit par le port lum, selon le Tiler appLum elle parcourt en 11 fois le tableau en prenant des colonnes de 9 blocs de 16 × 16 éléments —les blocs identiques à ceux lus par H263MacroBlock. Puis, selon le Tiler hwLum elle linéarise chaque l’ensemble obtenu des blocs sur les quatre mémoires —de la même manière que H263MacroBlock est placé sur les MIPS. Ainsi, le bloc de [0, 0] à [15, 15] est placé sur la première mémoire, le bloc de [0, 16] à [15, 31] est placé sur la deuxième mémoire, etc. En conséquence toutes les tâches sur le processeur 0 accéderont à la mémoire 0, de même pour les processeurs 4, 8, et 12. 600 Nombre de contentions 500 400 1bm 300 2bm 200 4bm 100 0 -100 0 500000 1000000 1500000 2000000 2500000 Cycles F IG. 6.13: Graphe des contentions sur le crossbar au cours de l’exécution simulée selon le nombre de bancs mémoire. Le nombre de contentions correspond à la quantité de contentions entre chaque période de 10μs. Une fois la distribution définie, il est extrêmement aisé de tester le MPSoC avec différents © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 6.4. SYNTHÈSE 165 35000000 Temps d'exécution (cycles) 32500000 30000000 27500000 25000000 22500000 20000000 17500000 15000000 PA CABA 12500000 10000000 7500000 5000000 2500000 0 Facteur d'accélération de la simulation nombres de bancs mémoire : il ne suffit que de changer la multiplicité du composant mémoire et des ports. Les contentions d’accès à la mémoire de données mesurées dans la simulation PA sont représentées graphiquement dans figure 6.13. Chaque courbe correspond à un nombre de bancs mémoire différent. Chaque point d’une courbe correspond au nombre de contentions enregistrées par le crossbar pour accéder aux différents bancs dans un intervalle de 10μs. Il est clairement mis en évidence que l’augmentation du nombre de bancs mémoire permet de réduire les contentions : on passe d’une moyenne aux alentours de 500 contentions/10μs à moins de 100. 27,5 25,4 25 22,5 20 17,5 15 14,48 12,5 10 8,62 7,5 5 2,5 0 1 1 2 4 Nombre de bancs mémoire ( a ) Graphe du temps d’exé cution simulé (en cycle) 2 4 Nombre de bancs mémoire (b) Graphe du facteur d’accélération du temps de simulation F IG. 6.14: Comparaisons entre les simulations PA et celui CABA en fonction du nombre de bancs mémoire. Les figures 6.14a et 6.14b présentent respectivement les graphes du temps d’exécution et du facteur d’accélération en fonction du nombre de bancs mémoire. On note de nouveau que la simulation PA permet de classer correctement les différentes configurations : plus le nombre de bancs mémoire augmente et plus l’exécution est rapide (cet effet est dû à la réduction des contentions). Par ailleurs, le facteur d’accélération du temps de simulation diminue lors de l’ajout des bancs mémoire. Cela s’explique simplement par le fait que proportionnellement la simulation des processeurs correspond à une moins grande partie de la simulation totale. 6.4 Synthèse Dans ce chapitre une étude de cas de la modélisation d’un SoC a été exposée. Nous avons présenté la conception d’un MPSoC à base de processeurs MIPS et d’une mémoire partagée dédié à l’encodage H.263. D’une part cela fut l’occasion de montrer l’usage des propositions faites au chapitre 3 dans la modélisation complète d’un SoC. Ce fut également l’opportunité de démontrer le fonctionnement des transformations implémentées au cours de cette thèse et d’esquisser l’usage du flot de conception Gaspard. Nous avons vu que grâce à ce flot il est particulièrement facile de parcourir l’espace de conception : il suffit de modifier le modèle du MPSoC exprimé à l’aide de concepts de haut niveau et automatiquement la simulation peut être regénérée. Enfin, nous avons comparé la simulation au niveau PA à des simulations au niveau PVT et CABA. Des facteurs d’accélération respectivement jusqu’à 3 et 25 ont été mesurés. Ce gain de vitesse de simulation n’empêche pas une comparaison fiable des différentes alternatives qui peuplent l’espace de conception. © 2008 Tous droits réservés http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 Conclusion de la première partie Dans cette partie nous avons proposé des évolutions au méta-modèle Gaspard original afin de pouvoir modéliser entièrement un SoC, sans zones d’ombre sur la sémantique d’association ni sur la réalisation des composants élémentaires. Les mécanismes de déploiement introduits favorisent en plus l’emploi de bibliothèques d’IP et d’implémentations indépendantes de la cible de compilation. Nous avons ensuite défini un haut niveau d’abstraction pour la co-simulation qui, contrairement aux niveaux d’abstraction usuels s’appliquant uniquement au matériel, permet de cacher les détails de l’application. À ce niveau, seuls l’agencement des accès aux données et les synchronisations entre les tâches sont pris en compte. Après avoir défini une projection du modèle de calcul des applications Gaspard vers un modèle d’exécution, nous avons spécifié la simulation de ce modèle d’exécution selon le niveau d’abstraction PA. Par la suite nous avons présenté la chaîne de transformations créée qui permet de générer un code SystemC/PA directement à partir d’un modèle de SoC. Cette chaîne suit les recommandations de l’IDM. En particulier, des méta-modèles ont été définis pour caractériser les entrées et les sorties intermédiaires des transformations. La première transformation détaillée est commune à un ensemble de cibles de compilation, elle vise principalement à interpréter l’association, tandis que la seconde est spécifique à SystemC/PA et permet de générer le code de simulation du SoC. Enfin, nous avons présenté l’usage des différentes propositions à travers un exemple de MPSoC dédié à l’encodage vidéo. Outre la validation globale du flot de conception, cela a mis en avant la vitesse d’exécution ’une simulation PA ayant malgré cela une précision suffisante qui favorise une exploration de l’espace de conception. 167 © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 Deuxième partie Ordonnancement dynamique de systèmes temps-réel parallèles 169 © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 Chapitre 7 Calcul haute-performance et temps-réel 7.1 7.2 7.3 Multiprocesseur et approches temps-réel......... Temps-réel et Linux..................... 7.2.1 Le système standard GNU/Linux........ 7.2.2 Approche co-noyau................. 7.2.3 Approche multiprocesseur asymétrique..... Ordonnancement multiprocesseur dans le noyau Linux 7.3.1 Ordonnancement des tâches............ 7.3.2 Équilibrage de charge............... 172 173 173 174 175 176 176 177 Après avoir abordé, dans la partie précédente, la génération de MPSoC dans sa globalité, de la définition des outils de modélisation à la simulation, nous allons maintenant nous attacher à l’ordonnancement dynamique des tâches. Notre contribution constitue une nouvelle approche visant à faire co-habiter les propriétés temps-réel, dont on a besoin dans les systèmes embarqués, aux systèmes multiprocesseurs, dont on a besoin pour le traitement intensif de données. À partir de l’instant où l’on cherche à étendre le domaine d’application du traitement systématique au traitement intensif, il faut être capable de répondre aux évènements extérieurs de manière adéquate et dans un temps raisonnable. Ces besoins correspondent aux propriétés temps-réel. Historiquement, les notions de calcul haute-performance (HPC, pour High Performance Computing) et de temps-réel ont souvent été considérées antinomiques, la seconde étant usuellement associée aux systèmes embarqués. De nos jours, cette stricte distinction ne tient plus et de nombreuses applications (radar, nœud de traitement des communications, environnement d’immersion virtuelle... ) peuvent bénéficier de la conjonction de ces deux propriétés. À notre connaissance, il n’y a encore aucun système complètement mis au point capable de procurer simultanément les avantages des deux approches. Nous proposons ici une solution logicielle basée sur une architecture matérielle multiprocesseur faisant cohabiter ces deux notions. Nous visons ici le temps-réel dit dur. C’est-à-dire la propriété du système à être capable de toujours répondre aux évènements extérieurs dans un temps borné. Il existe également le temps-réel dit mou qui ne vise à borner le temps de réponse que pour la majorité des cas, par exemple pour 99,999% des évènements reçus. Remarquons que la distinction temps-réel 171 © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 172 CHAPITRE 7. CALCUL HAUTE-PERFORMANCE ET TEMPS-RÉEL dur/mou ne dépend ni de la borne ni de la vitesse d’exécution. On pourrait imaginer un système temps-réel dur de contrôle d’une centrale nucléaire qui doit réagir dans la seconde tout autant qu’un système d’enregistrement multimédia qui possède des capacités de tempsréel mou de réaction de l’ordre du millième de seconde. De plus, un système performant en terme de puissance de calcul n’est pas forcément plus prompt à réagir à chaque fois rapidement aux entrées du système. D ’ailleurs, les évolutions actuelles sur la performance ont tendance à améliorer la vitesse d’exécution pour la plupart des situations tout en dégradant la vitesse dans des cas relativement rares, en opposition aux attentes du temps-réel dur. Les travaux présentés dans cette partie ont été effectués dans le cadre du projet européen Hyades [4]. Ce projet, mêlant industriels et académiques, a débuté dans le contexte que nous venons de présenter. Spécifiquement, deux applications, proposées par les partenaires industriels, ont été ciblées. La première est une plate-forme de diffusion de flux multimédia MPEG 4, avec une gestion dynamique de la qualité de service propre à chaque destinataire du flux. La seconde application est un environnement d’immersion virtuelle permettant à l’utilisateur d’agir sur des objets virtuels via une interface haptique qui permet aussi de ressentir la force nécessaire à déplacer les objets. Pour être réaliste le retour de force par rapport au mouvement de l’utilisateur doit se faire dans un temps borné très court, et nécessite une grande puissance de calcul pour détecter les collisions entre objets et simuler les forces physiques. 7.1 Multiprocesseur et approches temps-réel L’usage de multiprocesseurs symétriques (SMP, pour Symmetric Multi-Processors) pour faire face au besoin de puissance de calcul est une solution efficace et rependue. Elle a déjà été testée dans le contexte du temps-réel [13]. Pour tirer partie pleinement d’une architecture SMP, le système d’exploitation doit mettre en œuvre un mécanisme de mémoire partagée, de migration et d’équilibrage de charge entre processeurs, ainsi que les différents moyens de communication entre tâches. La complexité d’un tel système d’exploitation requise par le parallélisme le fait de suite ressembler plus à un système d’exploitation généraliste (GPOS, pour General Purpose Operating System) qu’à un système dédié tel que les systèmes d’exploitation temps-réel (RTOS, pour Real-Time Operating System). Un RTOS visant une architecture SMP doit implémenter tous ces mécanismes et soigneusement considérer les interférences avec les contra temps-réel dur. Cette complexité contribue largement au fait que la plupart des RTOS soient monoprocesseurs seulement. Dans leur état de l’art des RTOS actuels, Stankovic et Rajkumar [91] décrivent une taxonomie complète de ce type de système d’exploitation. Ceux développés en entier seulement pour un projet sont des espèces en danger, principalement à cause de la complexité à implémenter toutes les fonctionnalités requises de nos jours par les développeurs d’applications. La gestion d’une architecture SMP fait partie de ces difficultés. Dans notre situation, le travail d’ingénierie nécessaire pour produire un système à la fois temps-réel et adapté aux SMP serait trop coûteux en temps et en argent. Une autre approche est de se baser sur un système d’exploitation spécialement écrit pour être réutilisable, à partir duquel le concepteur peut choisir un ensemble de fonctionnalités qui seront utiles pour le matériel ciblé. RTEMS [75, 93] en est un exemple. Cet RTOS libre supporte les architectures multiprocesseurs. Néanmoins, le support SMP est limité, entre autres les tâches ne peuvent pas être déplacées d’un processeur à un autre, leur placement est © 2008 Tous droits réservés. http :// www .univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 7.2. TEMPS-RÉEL ET LINUX 173 fixé lors du développement. Les noyaux « de recherche » sont des petits systèmes d’exploitation conçus afin de présenter un ou plusieurs nouveaux paradigmes permettant de répondre à un problème donné. Bien que cela puisse être une approche intéressante soit lorsque les solutions disponibles sont vraiment très pauvres soit parce que le paradigme est beaucoup plus simple à utiliser ou à comprendre, il est rarement efficace de nos jours de forcer les utilisateurs à complètement re-considérer l’organisation du système sur lequel doivent reposer leurs applications (par exemple en fournissant une API complètement nov ou en introduisant des nouveaux concepts pour représenter les briques de base de la programmation). La dernière approche que nous présentons consiste à ajouter une extension temps-réel à un GPOS. Cela a l’avantage de fournir aux utilisateurs toutes les fonctionnalités des systèmes généralistes, y compris les facilités de développement de logiciel. Dans la section suivante nous allons voir plus en détails les différentes alternatives de cette approche en utilisant Linux comme GPOS de base. 7.2 Temps-réel et Linux Le noyau Linux est capable de gérer efficacement les plates-formes SMP, mais n’a jamais été développé dans le but d’être un RTOS. Même s’il existe un ordonnancement dédié au temps-réel, via les politiques d’ordonnancement FIFO et round-robin, seules des tâches tempsréel mou sont supportées, aucune garantie de temps de réaction n’est assurée. McKenney [67] a décrit en détail le grand nombre de solutions qui ont fleuri ces dernières années autour du noyau Linux pour lui permettre d’exhiber les propriétés d’un système temps-réel. Cette multitude de propositions trouve sa source dans l’adoption par les développeurs de ce jeune système d’exploitation, attirant les utilisateurs de temps-réel par ses nombreux avantages tels la facilité de développement et la liberté d’extension du système. En plus des RTOS dédiés qui ont été adaptés pour supporter l’API Linux, les approches varient d’une séparation pratiquement totale entre le noyau original et la partie temps-réel à un mélange complet des deux aspects. 7.2.1 Le système standard GNU/Linux Apparue récemment (dans la version 2.6 du noyau), une option disponible à la compilation permet la « préemptivité du noyau ». Proposée initialement par MontaVista, vendeur d’un Linux pour systèmes embarqués, cette option [71, 72] permet le réordonnancement d’une tâche à l’intérieur même du noyau. Par conséquent, lorsqu’une interruption matérielle est reçue, il n’est plus nécessaire d’attendre que l’on ait quitté l’espace noyau pour changer de contexte et donner la main à la tâche associée à l’interruption. Pour pouvoir assurer l’atomicité nécessaire de certaines sections, la fonction preempt_disable() permet d’inhiber temporairement la propriété de préemptivité (tandis que preempt_enable() la réactive). La préemptivité du noyau améliore effectivement les latences utilisateur (le temps que met une tâche à être réordonnancée après qu’une interruption à laquelle elle est associée soit déclenchée). Cependant les garanties restent dans l’optique de temps-réel mou : la très grande majorité des latences sont courtes mais il y en a parfois qui sont beaucoup plus longues. Ces garanties sont suffisantes pour les tâches de traitement multimédia ciblées lors de l’intégration dans le noyau, mais le temps-réel dur ne peut être assuré. © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 174 CHAPITRE 7. CALCUL HAUTE-PERFORMANCE ET TEMPS-RÉEL Actuellement Ingo Molnar et Steven Rostedt continuent à travailler dans cette direction en développant un patch1 pour le noyau Linux qui cible des latences à la fois plus faibles et plus constantes. Ce projet nommé « preempt-rt » tente de permettre la préemp de n’importe quelle partie du noyau, y comprit les sections critiques et les gestionnaires d’interruption. Pour cela des techniques spéciales ont été introduites telles que les RCU [68] pour accéder aux données partagées ou bien l’usage de threads pour l’exécution des gestionnaires d’interruption. L’inconvénient de cette approche est la légère perte en performance, et surtout les grandes difficultés techniques d’implémentation et de maintenance. Le code du noyau a dû être entièrement parcouru pour l’adapter à ces modifications. Il est très difficile d’assurer qu’il ne manque pas, par exemple dans un pilote de périphérique, d’autres adaptations. Le meilleur moyen de mettre en perspective ces difficultés est de noter qu’après plus de trois ans de travail par plusieurs ingénieurs à temps complet, le projet n’est pas encore complété. Pour obtenir des garanties plus fortes et de manière plus simple plusieurs solutions impliquant le noyau Linux ont déjà été proposées, elles peuvent être regroupées en deux approches clairement distinctes. 7.2.2 Approche co-noyau La première de ces approches se base sur la présence simultanée d’un second noyau spécialisé dans le traitement temps-réel. Les projets RTAI [25] et RTLinux [44, 101] proposent de telles solutions. I-Pipe [48] est un nouveau projet qui permet de mettre en place facilement un tel co-noyau. De manière générale l’implantation de tels systèmes consiste en un petit noyau (souvent nommé micro-noyau) qui met à disposition les services temps-réel et qui ordonnance le noyau Linux comme une tâche de priorité faible, lorsqu’aucune tâche tempsréel n’est éligible. Le fonctionnement se fait par une virtualisation des interruptions, qui ne sont jamais véritablement masquées. Cela permet de préempter le noyau Linux à n’importe quel instant. L’architecture est représentée par la figure 7.1. Le micro-noyau est suffisamment compact et possède un nombre de chemins d’exécution suffisamment petit pour qu’il soit techniquement possible de prouver le temps de réponse à une interruption comme étant borné. Cette preuve est impossible à obtenir sur le noyau Linux en raison de sa trop grande complexité. Les latences obtenues sur un tel système sont particulièrement bonnes, de l’ordre de la dizaine de microsecondes sur une architecture ordinaire. L’inconvénient majeur cependant est que le modèle de programmation est dual, les tâches temps-réel n’ont pas accès aux fonctions de Linux et doivent se restreindre à l’API limitée proposée par le micro-noyau. Inversement, les tâches Linux n’ont aucun moyen de bénéficier des garanties temps-réel. Des mécanismes plus ou moins aisés à utiliser ont été réalisés pour permettre la communication et l’interaction entre tâches Linux et tâches temps-réel du micro-noyau, mais aucun ne peut effacer les contraintes de programmation. Par exemple, dans RTLinux le mécanisme qui permet ce type de communication est appelé LXRT, via une API spécifique il autorise une tâche à avoir un thread temps-réel et un thread dans l’espace Linux, ils peuvent alors communiquer à l’aide de la mémoire partagée. La seconde approche pour procurer à Linux des propriétés temps-réel ne possède pas cet inconvénient. 1 http://www.kernel.org/pub/linux/kernel/projects/rt/ © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 7.2. TEMPS-RÉEL ET LINUX 175 Regular Linux processes Linux kernel RealTime Processes Virtual interrupt controller RealTime Microkernel Hardware platform F IG. 7.1: Architecture d’un système co-noyau. 7.2.3 Approche multiprocesseur asymétrique Cette approche exploite l’architecture SMP et introduit la notion de processeur « protégé » (shielded), c’est-à-dire le principe de multiprocesseur asymétrique. Sur une machine multiprocesseur il existe alors deux types de processeurs : ceux spécialisés pour le temps-réel qui n’exécutent que des tâches temps-réel et ceux qui exécutent toutes les tâches non temps-réel. En plus, les processeurs temps-réel sont délestés des traitements d’interruption qui ne sont pas associées directement à une tâche temps-réel. Même si le mélange des termes SMP et asymétrique peut paraître antinomique, cette solution reste basée sur le modèle SMP de Linux et le concept d’asymétrie est introduit par dessus à l’aide de modifications très minimes. Des systèmes tels que CCC RedHawk Linux [23, 22], maintenant proposé par Novell 2, ou SGI REACT/pro pour IRIX [88] utilisent cette approche et peuvent annoncer des latences inférieures à la milliseconde. Dans ce modèle le programmeur n’a à faire aucune distinction entre une tâche tempsréel et une tâche standard, tout se fait à la configuration du système. À l’aide de mesures nous avons vérifié les faibles latences d’interruption procurées par cette solution. Cependant, contrairement à l’approche co-noyau, il est impossible de certifier un temps de réponse théorique maximum étant donné la complexité du noyau Linux sur lequel les tâches sont ordonnancées. En particulier, les tâches temps-réel se doivent de ne pas appeler des fonctions susceptibles de perturber la réactivité de l’ordonnanceur (par exemple l’écriture sur le disque dur). En plus, et c’est l’une des restrictions des plus importantes, comme seules les tâches temps-réel peuvent être exécutées sur les processeurs temps-réel, de la ressource CPU est gâchée dès que ces tâches n’utilisent pas toute la puissance disponible du processeur. La solution ARTiS que nous proposons étend cette approche en autorisant également les tâches standard à être exécutées sur les processeurs protégés tant qu’elles ne compromettent pas les propriétés temps-réel. Avant de voir plus en détail notre proposition, nous allons 2 http://www.novell.com/products/realtime/ © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 176 CHAPITRE 7. CALCUL HA UTE -PERFORMANCE ET TEMPS-RÉEL NRT CPU RT CPU RT CPU RT CPU F IG. 7.2: Schéma d’une architecture basée sur l’asymétrie entre les processeurs pour garantir le temps-réel. détailler le fonctionnement de l’ordonnancement dans Linux. 7.3 7.3.1 Ordonnancement multiprocesseur dans le noyau Linux Ordonnancement des tâches Dans Linux, comme dans tous les systèmes POSIX, l’ordonnancement des tâches est préemptif : le système d’exploitation peut décider d’interrompre une tâche en cours d’exécution pour en exécuter une autre. Dans Linux ce réordonnancement est effectué avec une fréquence fixe, par exemple sur IA-64 cette fréquence est de 1024Hz [73]. À chaque tic d’ordonnancement, ainsi qu’à chaque fois qu’un pilote de périphérique détecte un besoin, la fonction schedule() est appelée. Elle détermine la meilleure tâche à ordonnancer et réalise le changement de contexte entre la tâche précédente et la tâche suivante. Une priorité et une politique d’ordonnancement sont associées à chaque tâche. Plus la priorité (représentée par un nombre entier) est élevée3, plus une quantité importante de temps de calcul sera attribuée à la tâche. Il existe trois politiques d’ordonnancement possibles pour une tâche : – SCHED_OTHER (ordonnancement normal) fait en sorte de répartir équitablement le temps du processeur entre les tâches tout en procurant plus de temps aux tâches ayant une priorité élevée qu’à celles ayant une priorité basse. – SCHED_FIFO (ordonnancement First In/First Out) est utilisé dans le cadre du tempsréel, il exécute chaque tâche les unes après les autres sans jamais interrompre une tâche en cours d’exécution. En d’autres termes, c’est un ordonnancement non-préemptif. Seules les tâches partageant la priorité la plus élevée sont sélectionnées, et donc les tâches à priorité inférieure ne s’exécutent jamais tant qu’une tâche à plus haute priorité est prête. 3 Notons que, contre-intuitivement, une priorité élevée correspond à une petite valeur et une priorité faible correspond à une grande valeur. © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 7.3. ORDONNANCEMENT MULTIPROCESSEUR DANS LE NOYAU LINUX 177 – SCHED_RR (ordonnancement round-robin) est aussi utilisé dans le cadre du temps-réel, il partage le temps processeur en des quantums de temps identiques pour chaque tâche de la priorité la plus élevée. Les tâches qui n’ont pas la priorité la plus élevée ne se voient allouées aucun quantum de temps. L’ordonnanceur recherche d’abord une tâche ordonnancée selon la politique SCHED_FIFO ou SCHED_RR, en commençant par les niveaux de priorité les plus élevés. Si aucune tâche n’est disponible alors il choisit parmi les tâches ordonnancées selon la politique SCHED_OTHER la tâche qui n’a pas été exécutée depuis le plus longtemps. Comme nous l’avons mentionné, l’ordonnanceur est préemptif, c’est-à-dire que ce n’est pas la tâche qui décide de rendre la main mais c’est le système qui décide d’interrompre une tâche lors de son exécution. Du point de vue de la tâche, un changement de contexte peut arriver n’importe quand. Néanmoins, d’un point de vue global au système, le changement de contexte ne peut pas toujours être immédiatement effectué : il y existe un certain nombre de restrictions lorsque le noyau lui-même est en cours d’exécution, ce qui arrive soit suite à un appel système par une tâche, soit suite à une interruption matérielle. En effet, il existe dans le noyau des sections critiques qui correspondent à des parties de code qui ne doivent pas être interrompues : dans le but de protéger l’intégrité des structures de données telles que les listes chaînées (une section critique correspond dans ce cas à un verrou) ou dans le but d’assurer le respect du protocole de communication lors du contrôle de périphériques. Ces sections critiques peuvent entraîner de longues périodes sans réordonnancement, c’est ce qui empêche le noyau de garantir des contraintes temps-réel. Dans le noyau Linux 2.6 l’implémentation de l’ordonnanceur est nommée O(1) (d’après sa complexité). La file d’exécution, une structure de données qui contient une référence vers les tâches en attente d’exécution, est décomposée en deux parties : une file active qui contient la liste des tâches qui sont encore éligibles à un quantum de temps processeur et une file non-active qui liste les tâches ayant déjà consommé leur quota de temps imparti. Au fur et à mesure de l’ordonnancement, les tâches passent de la file active à la file non-active. Lorsque la file active devient vide, les deux files sont inversées et les tâches sont exécutées de nouveau au fur et à mesure. Chaque processeur d’une machine SMP possède sa propre file d’exécution indépendante des autres processeurs, cela améliore les performances de l’ordonnanceur par rapport à une seule file d’exécution partagée par tous les processeurs mais nécessite un mécanisme d’équilibrage de charge. 7.3.2 Équilibrage de charge Afin de fournir le meilleur usage de l’ensemble des processeurs, il est nécessaire d’avoir un mécanisme explicite qui s’assure que chaque processeur reçoit approximativement la même charge de travail. On appelle ce mécanisme l’équilibrage de charge. L’idée générale est de détecter les cas déséquilibrés et alors de déplacer des tâches d’un processeur à un autre pour rééquilibrer la charge. Dans le noyau, l’implémentation d’un tel mécanisme doit répondre aux questions de savoir quand procéder à la détection, comment détecter le déséquilibre, comment choisir les tâches à migrer et aussi comment migrer une tâche entre deux files d’exécution [66]. Dans Linux, ce mécanisme est réparti, chaque processeur exécute le même algorithme ’équilibrage. La détection du déséquilibre est faite par la fonction load_balance(). Cette fonction est appelée lorsque la file d’exécution du processeur est vide (le processeur est oisif), et également périodiquement (environ 5 fois par seconde). L’état de déséquilibre de charge du système est © 2008 Tous droits réservés . http:// www .univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 178 CHAPITRE 7. CALCUL HA UTE -PERFORMANCE ET TEMPS-RÉEL détecté au début de load_balance() avec l’appel à la fonction find_busiest_queue(). Elle compare la taille de la plus grande file d’exécution du système à la file d’exécution du processeur local, si cette dernière est au moins 25% plus courte que la file la plus longue alors l’état de déséquilibre est décrété. Dans cette situation, un verrou est pris sur la file d’exécution la plus longue, en plus du verrou sur la file locale déjà acquit. Le nombre de tâches à déplacer est calculé de manière à ce que les deux files soient de même longueur après l’équilibrage. Ce sont les tâches de la partie non-active de la file distante qui sont choisies en premier lieu, puis celles de la partie active. Les tâches les plus prioritaires sont sélectionnées en premier. Enfin il est vérifié que la tâche n’a pas été exécutée trop récemment (car alors il est probable qu’elle ait encore des données en mémoire cache et donc son attachement au processeur est encore fort). La migration est alors effectuée simplement en déplaçant la référence de chaque tâche choisie de la file d’exécution distante à la file locale. C’est ainsi que le mécanisme d’équilibrage se termine. Nous venons de passer en revue les mécanismes utilisés par le noyau Linux pour l’ordonnancement de tâches. Ils prennent en compte les architectures multiprocesseurs. Par la suite nous allons tout d’abord présenter le fonctionnement d’ARTiS d’un point de vue théorique puis nous détaillerons l’implémentation comme extension au noyau Linux sur système multiprocesseur. Enfin nous présenterons la validation expérimentale du système final, en mettant l’accent sur trois aspects du système : les latences d’interruption, la variation du temps d’exécution et l’équilibrage de charge. © 2008 Tous droits réservés. http://www.univ-lille1.fr/bustl Thèse d'Éric Piel, Lille 1, 2007 Chapitre 8 ARTiS : Un ordonnanceur temps-réel asymétrique 8.1 8.2 8.3 8.4 8.5 Partitionnement des processeurs et des processus Mécanisme de migration.............. Politique d’équilibrage de charge......... Mécanismes de communications asymétriques.. Synthèse........................ 180 181 182 182 182 À partir du constat qu’il n’existe pas actuellement de systèmes capables de proposer à la fois calculs haute-performance et temps-réel sans requérir de la part du développeur de programmer et déboguer différemment les parties temps-réel et les parties à priorité moins élevée.
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Développement d'un photomultiplicateur gazeux cryogénique dédié à un télescope Compton au xénon liquide pour l'imagerie médicale Samuel Duval UNIVERSIT FACULTÉ DES SCIENCES ET TECHNIQUES ----ÉCOLE DOCTORALE MATÉRIAUX, MATIÈRE ET MOLÉCULE DES PAYS DE LA LOIRE N◦ attribué par la bibliothèque Année : 2011 Développement d'un photomultiplicateur gazeux cryogénique dédié à un télescope Compton au xénon liquide pour l'imagerie médicale THÈSE DE DOCTORAT Discipline : Physique Nucléaire Spécialité : Physique Subatomique et Applications Présentée et soutenue publiquement par Samuel Duval Le 01/12/2010, devant le jury ci-dessous Mme Elena Aprile, Professeur Université de Nantes, SUBATECH , Nantes M. Amos Breskin, Professeur du Weizmann Institute of Science, DPP, Rehovot M. Christian Finck, Chargé de recherche, IPHC , Strasbourg M. Gérard Montarou, Directeur de recherche CNRS, LPC, Clermont - Ferrand M. Jean-Pierre Cussonneau, Maître assistant EMN, SUBATECH, Nantes M. Jacques MARTINO, Directeur IN2P3, Paris Directeur de thèse : M. Jacques MARTINO, Directeur IN2P3, Paris Co-encadrant : M. Jean-Pierre CUSSONNEAU, Maître assistant, EMN, SUBATECH, Nantes N◦ ED à mes grands-parents ii Remerciements Premièrement, je tiens à remercier mon directeur de thèse Jacques Martin de m'avoir accueilli au sein du Laboratoire SUBATECH. Je remercie l'ensemble des membres de mon jury, les rapporteurs Christian Finck et Amos Breskin d'avoir examiné mon manuscrit de thèse avec attention, Elena Aprile et Gérard Montarou d'avoir participé à ma soutenance et examiné mes travaux. J'aimerai remercier Amos également pour son chaleureux accueil lors de mes venues à l'institut Weizmann en Israël. J'en profite pour remercier Marco Cortesi et Ranny Budnik avec qui j'ai eu le plaisir de manipuler, de visiter une partie du pays et de trinquer bien sûr. Je n'aurai pu effectuer et mener à bout cette thèse sans messieurs Jean-Pierre Cussonneau et Dominique Thers qui ont encadré ma thèse avec patience malgré les nombreuses questions que je leur ai infligées. Merci pour leurs conseils judicieux concernant la rédaction de mon manuscrit, la rationalité qu'ils ont su m'apporter avant mes présentations orales et puis leur bonne humeur même dans les plus désespérantes des heures de manipes que peut rencontrer un expérimentateur ou bien même de programmation. Enfin, je tiens à les remercier pour la liberté qu'ils m'ont laissée dans les travaux que j'ai effectués. Merci à Jacob pour son soutien durant l'analyse des données et pour son regard extérieur à la manipe parfois le bien venu. Je remercie également les membres du groupe, Cyril et Jérôme qui m'ont initié à la programmation et en passant au bar le Briord. Merci Cyril, premier thésard de XEMIS et qui m'a patiemment expliqué le projet autour du xénon et qui m'a aidé bien des fois avec mes « Segmentation fault ». Je remercie Eric l'électromagicien sans qui nous n'aurions pas grand-chose à analyser, il faut l'avouer. Je remercie les autres membres, les anciens et les nouveaux, Alain, Wan-Ting, Abdul et puis ceux qui sont en rédaction allez Tug! Je remercie le service mécanique qui a contribué à la réalisation du GPM au travers des dessins techniques, de l'usinage, de son montage et du collage des microgrilles. Je remercie Hervé pour ses nombreux dessins, Jean-Sé d'avoir su prendre le relais et enfin Pat alias stycastman pour ses collages de grilles et tours de clef (qui cette dernière a manqué bien des fois de passer iii iv au travers de la pièce je pense ) Merci à tous les thésards avec qui j'ai partagé mes pauses (merci au passage de m'avoir décollé de mon écran!) et les repas de 11h30 (pas plus tard surtout!). Merci à Sarah et Mickael mes tout premiers collègues de bureau, et puis Thibault et Yoro mes seconds premiers collègues du « premier étage ». Merci aux autres Olivier, Nicolas, Julie, Lamia, Sandra, Guénolé, Thomas et Raphaelle. Et puis je voudrais dire un petit mot d'encouragement pour c eux qui sont en plein dans leur thèse ; Eric, Vincent, Van-Minh, Ahmed, Jean-Baptiste, Diego et les autres : « c'est quand on pense que c'est bientôt terminé que ça commence » Merci à tous les permanents, en particulier ceux qui ont su mettre de l'animation dans le couloir du bas et merci le CND. Merci au personnel administratif des missions jusqu'aux achats que j'ai pu faire souffrir avec mes excellentes commandes aux Etats-Unis entre autres. Je réserves mes derniers remerciements à mes amis de longue date Tomish, Ju, Aurel, Alex, Harold et Abdoul qui ont su me faire décrocher quand il le fallait. 46 49 51 53 56 57 68 69 69 69 69 70 70 71 72 72 73 75 75 75 76 76 78 79 79 83 85 85 85 88 89 90 91 92 93 99 99 4 3.7.1 Géométrie simulée............................ 3.7.2 Définition du lot d'évènements analysé................. 3.7.3 Acceptances du détecteur........................ 3.7.4 Taux de déclenchement.......................... 3.7.5 Taux d'occupation ou pile-up des bons évènements........... 3.7.6 Conclusions................................ 3.8 Vieillissement du CsI dans un télescope Compton pour l'imagerie médicale.. 3.8.1 Evaluation du temps nécessaire à la réalisation d'une image à 100 coups par voxel................................. 3.8.2 Evaluation du nombre d'images réalisables avec une cam éra Comtpon avec une activité de 44 Sc de 105 Bq.................... 3.9 Evaluation de la remontée d'ions avec une structure PIM de type 500-670 lpi. 3.10 Conclusions.................................... 29 1.16 Doigt froid réfrigérant (ou pulse tube refrigerator, PTR)............. 30 1.17 Montage expérimental. Une source de 22 Na collimatée est placée devant le télescope Compton au xénon liquide. L'acquisition est déclenchée en coïncidence avec un cristal de CsI couplé à un photomultiplicateur afin de sélectionner les γ de 511 keV..................................... 33 1.18 Signaux de scintillation et d'ionisation créés par effet photoélectrique par un γ de 511 keV dans le xénon liquide......................... 34 1.19 Décroissance exponentielle du nombre de γ de 511 keV ayant interagi par effet photoélectrique en fonction de la profondeur d'interaction dans le xénon liquide. Les données sont en bleu, l'ajustement exponentiel en rouge....... 35 1.20 Evolution de la longueur d'atténuation des électrons dans le xénon liquide pour un champ électrique de 2 k V/ cm .......................... 35 1.21 Spectre en énergie des photons γ ayant interagi par effet photoélectrique. Ce spectre est corrigé de la longueur d'atténuation des électrons dans le xénon liquide. Les données sont en bleu. L'ajustement « somme » en noire est la somme d'une gaussienne (511 keV) en rouge et d'une exponentielle en rose....... 36 1.22 Mesures de la transparence d'une grille CERN MICROMEGAS (50 μm) dans le xénon liquide utilisée comme grille de Frisch.................. 37 2.1 2.2 2.3 2.4 2.5 2.6 Efficacité de scintillation en fonction de l'énergie du rayonnement γ dans le xénon liquide (triangles pleins). Les points correspondent à cette même efficacité dans le NaI(Tl) [76]................................ 40 Evolution du taux de scintillation et d'ionisation en fonction du champ électrique pour des électrons de recul de 122 keV et des α de 5,5 MeV [77]..... 41 Cour bes de décroissance du signal de scintillation du xén on liquide pour différents types de particules ; des électrons, des α et fragments de fission (à gauche). Courbes de décroissance du signal de scintillation du xénon liquide obtenues avec et sans champ électrique (à droite) [78]................... 41 Spectre d'absorption des photons UV dans 1 ppm de vapeur d'eau et d'oxygène. Le spectre de scintillation du xénon est superposé [81].............. 43 Représentation schématique de l'effet photoélectrique dans les métaux (à gauche) et dans les semi-conducteurs (à droite). W est la fonction de travail, χ est l'affinité électronique et Eg est l' énergie de gap .... 48 Photographie d'une APD large surface (LAAPD) développée par Advanced Photonix Inc. utilisée par V. N. Solovov et al. dans le xénon liquide [105].... 53 LISTE DES FIGURES 2.7 xi Schéma de principe d'un tube photomultiplicateur ( à gauche). Les électrodes sont polarisées à des potentiels croissants ( V0 < V1 < V2, etc * * * ) par un pont diviseur de tension ( à droite) afin de multiplier et de collecter les charges primaires........................................ 54 Schéma du fonctionnement d'une galette à microcanaux. Les photoélectrons ou les photons UV peuvent engendrer par émission secondaire ou par effet photoélectrique la naissance d'une cascade électronique [101]............. 55 Echantillon de tubes photomultiplicateurs disponibles pour la photodétection dans le xénon liquide : PMT R8969 circulaire de deux pouces de diamètre développé pour MEG, le PMT R8520 d'un pouce de côté utilisé dans XENON100 et le PMT R8778MOD hexagonal d'XMASS................... 56 2.10 Photographie du QUartz Photon Itensifying Detector (QUPID) ( à gauche). Les photoélectrons extraits de la photocathode semi-transparente sont focalisés suivant les lignes de champ, modalisées en rouge sur le schéma de droite, vers une photodiode à avalanche (à droite)......... 57 2.11 Spectre de l'efficacité quantique pour des photocathodes réflectives dans le vide : iodure de césium (CsI), bromure de césium (CsBr), iodure de sodium (NaI) et iodure de cuivre (CuI) [135]........................ 60 2.12 Photoconversion avec photocathode réflective (à droite) et semi-transparente (à gauche). Un électron est libéré par effet photoélectrique dans le semi-conducteur d'épaisseur e. Il traverse une épaisseur L jusqu'à la surface. Il est ensuite extrait de la photocathode et dérive vers l'anode sous l'effet du champ électrique.... 60 2.13 De gauche à droite : le MICROMEGAS, le GEM et le THGEM utilisés comme support d'une photocathode réflective. L'amplification a lieu dans le microgap pour le MICROMEGAS et dans les trous pour les deux autres.......... 65 2.14 Mesures de gains avec deux GEM réalisées avec une source de 55 Fe et des alphas dans un mélange He+10%H2 à différentes températures [177]...... 67 2.8 2.9 3.1 3.2 3.3 3.4 Vue de coupe schématique du photomultiplicateur gazeux dans le xénon liquide. Chaque interaction est équivalente à une source ponctuelle isotrope de photons de scintillation................................... 71 Comportement d'une onde à une interface entre deux milieux d'indice ni et nt . Les indices i, r et t correspondent respectivement à incident, réfléchi et transmis et les indices n et p aux termes normal et parallèle au plan d'incidence...... 73 Schéma de la diffusion Rayleigh d'un photon incident (1). (2) : direction du photon diffusé. L'axe z est orienté suivant la direction du photon incident.... 75 Schéma de la géométrie simulée. ( a = 12 cm, b = 1 cm, c = 0,5 cm, d = 0,6 et e = 0,4 cm, r1 = 10,16 cm, r2 = 25,4 cm)..................... LISTE DES FIGURES 3.5 3.6 3.7 3.8 3.9 3.10 3.11 3.12 3.13 3.14 3.15 3.16 3.17 3.18 3.19 3.20 3.21 3.22 3.23 3.24 Distribution spatiale des photoélectrons sur la photocathode réflective. (Fenêtre : MgF2, RPT FE = 0 %, λdiff = ∞). Projections normalisées des distributions spatiales des photoélectrons pour différents paramètres. Distribution des temps d'arrivée des photons sur la photocathode. Distribution de l'angle θ des photons arrivant à la première interface, après la première interface (XeL/MgF2 ) et après la seconde (MgF2 /Gaz). (Photocathode réflective ; Fenêtre : MgF2 ). Vue de coupe schématique de l'effet d'angle critique θc sur l'étalement des photons sur la photocathode. Distribution de l'angle θ des photons arrivant à l'interface (XeL/MgF2 ) et après l'interface. (Photocathode semi-transparente ; Fen être : MgF2 ). Distribution de l'angle θ des photons arrivant à la première interface, après la première interface (XeL/SiO2 ) et après la seconde (SiO2 /Gaz). (Photocathode réf lective ; Fenêtre : Si 02 ). Nombre de photons détectés en fonction de l'altitude de la source dans la chambre. (Fenêtre : Mg F2 , RPT FE = 0 %, λdi f f = ∞, λabs = 100 cm). Nombre de photon s détectés en fonction de l'abscisse de la source dans la chambre. (Fenêtre : MgF2, RPT FE = 0 %, λdi f f = ∞, λabs = 100 cm). Exemple d'une séquence Compton mal reconstruite. Exemple d'une séquence Compton bien reconstruite. Schéma de principe du fonctionn ement du trigger local effectué avec un GPM de grande surface. Vue de coupe de la géométrie simulée avec GEANT4. Distribution du nombre de hits produits par des photons γ de 1,157 MeV. Fraction de l'énergie déposée par les deux premiers hits des évènements à plus de 2 hits. Distribution de la distance séparant les deux premières interactions d'une séquence Compton. Distance séparant le barycentre des hits d'une séquence du plus éloigné des deux premiers hits (suivant un plan (x,y) : Trigger 2D et dans l'espace : Trigger 3D), pour les évènements ayant produit au moins deux interactions dans le xénon liquide. Efficacité de délenchement pour un trigger 2D et 3D idéal, pour le lot d'évènements analysés (définis dans le paragraphe 3.6.4). Signal de scintillation brut : distribution des temps d'émission des photoélectrons d'un évènement typique de 1,157 MeV. L'origine des temps est le temps de l'évènement (temps de désintégration). Réponse impulsionnelle à un photoélectron unique. 79 80 81 81 82 82 84 84 86 86 88 88 89 93 LISTE DES FIGURES xiii 3.25 Signal convolué : distribution des temps d'émission des photoélectrons convoluée par la réponse impulsionnelle d'un photoélectron unique. L'origine des temps est le temps de l'évènement (temps de désintégration). 94 3.26 Distribution en photoélectrons sur le plan de détection induite par un photon γ − multihits d'1,157 MeV. (Npetot = 173 photoélectrons). 94 3.27 Distance entre le barycentre de la séquence Compton et le plus éloigné des deux premiers hits pour des pads d'un pouce et pour une segmentation parfaite (à gauche). Efficacité de déclenchement pour une segmentation parfaite du plan de détection et pour des pads d'un pouce (à droite). Pour les deux figures, seuls les évènements avec au moins deux hits sont pris en compte. Le seuil par pad est de 3 photoélectrons et celui sur le plan est de 15 photoélectrons. 95 3.28 Evolution de l'efficacité de déclenchement en fonction du seuil par pad pour trois rayons de coupure R différents (1, 2, 3 cm) pour des pads d'un pouce de côté (à gauche). Evolution de l'efficacité de déclenchement en fonction du seuil par pad pour trois tailles de pads différentes (1/2, 1 et 2 pouces) pour un rayon de coupure R = 3 cm (à droite). 96 3.29 Evolution de l'efficacité de déclenchement en fonction de la taille des pads pour des rayons de coupures différents (1, 2 et 3 cm) pour un seuil fixe de 3 photoélectrons par pad (à gauche). Evolution du nombre moyen de pads touchés en fonction de la profondeur du barycentre de la séquence Compton dans le volume de xénon liquide (à droite). 97 3.30 Distance séparant le barycentre reconstruit de la séquence Compton en mode 2D et 3 du plus éloigné des deux premiers hits (à gauche). Efficacité de déclenchement pour un seuil par pad de 2 photoélectrons pour une taille de pad d'un pouce de côté pour un trigger 2D et 3D en fonction du rayon de coupure R (à droite). 97 3.31 Efficacité de déclenchement 2D englobant les deux, trois ou quatre premiers hits des séquences Compton pour un seuil de 3 photoélectrons par pads d'un pouce de côté pour les évènements à deux hits ou plus. 98 3.32 Vue de coupe de la géométrie simulée du système TEP/3γ avec GEANT4. 100 3.33 Probabilité de déclenchement du système TEP/3γ (ou du GPM lorsque la TEP a déclenché). 103 3.34 Probabilité de déclenchement du système TEP/3γ par un mauvais évènement. La contribution des diffusés, des fortuits et autres accompagne le total des mauvais évènements. 104 3.35 Spectre de scintillation des bons évènements ayant déclenché le système TEP/3γ. 105 3.36 Taux d'occupation des bons évènements déclencheurs du système TEP/3γ. 106 3.37 Spectre de scintillation issu de l'interaction des γ du 44 Sc dans le xénon liquide. (107 désintégrations, sans pile-up). 108 LISTE DES FIGURES 3.38 Représentation schématique d'une grille à mailles carrées, de paramètre de maille (a) et de largeur de barreau (b). Les cercles représentent les sections par lesquelles passent les ions sans boucler sur les barreaux de la grille. 109 3.39 Distribution spatiale de la remontée d'ions sur une surface de 15 cm × 15 cm. 111 3.40 Remontée d'ions en fonction du rapport de champ E2 /E1 pour une structure PIM (500-670 lpi). 111 3.41 Moyenne de la remontée d'ions sur l'ensemble du plan en fonction de la position de la grille 670 lpi par rapport à la 500 lpi pour un rapport de champ de 5. Les 25 calculs de remontée d'ions correspondent à 25 positions de la grille 670 lpi par maille de la grille de 500 lpi. 112 4.1 Vue de coupe schématique du photomultiplicateur gazeux doté de deux THGEM plongé dans le xénon liquide. 114 4.2 Vue de coupe schématique de hublot du GPM. A(champ de vue) = 23 mm, B(épaisseur de la fenêtre) = 2 mm, C(épaisseur de la bride) = 13 mm. 116 4.3 Epaisseur minimale d'une fenêtre (MgF2 ou Si02 ) de pouces de diamètre en fonction du différentiel de pression ∆P(MPa) selon que la fenêtre soit pincée ou non. 117 4.4 Vieillissement d'une photocathode de CsI induit par un flux photons seulement (à gauche, Gain = 1) et un flux de photons et de charges (à droite, Gain = 105 ) en fonction de l'équivalent de dose cumulée. Gaz : CH4, P = 1 atmosphère. [141] 120 4.5 Evolution du taux d'ionisation en fonction de la température du mélange gazeux (Ne/CH4 (95 :5)) pour une pression de 1 atmosphère. 123 4.6 Evolution du taux d'attachement en fonction de la température du mélange gazeux (Ne/CH4 (95 :5)) pour une pression de 1 atmosphère. 123 4.7 Gain maximal atteignable en fonction de la taille de la couronne entourant les trous des THGEM (épaisseur = 0,4 mm ; entre-axe = 1 mm ; diamètre des trous = 0,3 mm) [161]. 124 4.8 Efficacité d'extraction du CsI dans le CH4, CF4, Ne/CH4, Ne/CF4 et Ar/CH4 en fonction du champ électrique de dérive [191]. 125 4.9 Intensité du champ électrique à la surface d'une électrode d'un THGEM entre deux trous. L'origine correspond au milieu des deux trous [208]. 126 4.10 Efficacité d'extraction des charges d'amplification vers l'espace de transfert en fonction du champ électrique de transfert ETrans (à gauche). Schéma du principe de la mesure : a) mesure du courant de référence, b) mesure du courant après extraction (à droite) [171]. 127 LISTE DES FIGURES xv 4.11 Produit de l'efficacité de collection et d'extraction en fonction de la différence de potentiel aux bornes du THGEM dans différents mélanges de néon (Ne/CH4 et Ne/CF4 ). Le gain correspondant à une « collection totale » est indiqué pour chacune des courbes [191]. 128 4.12 Intensité du champ électrique suivant un axe perpendiculaire à la surface du THGEM et passant par le centre d'un trou. L'épaisseur du THGEM est : e = 0,4 mm. 128 4.13 Fraction des ions qui remontent issus de l'avalanche d'un THGEM couplé à une photocathode semi-transparente dans l'Ar/CO2 (70 :30) [172]. 129 4.14 Fraction des ions qui remontent issus de l'avalanche de deux THGEM en cascade couplés à une photocathode semi-transparente dans l'Ar/CO2 (70 :30) [172].130 4.15 Transparence électronique en fonction du rapport de champ mesurée pour une grille CERN 50 μm à l'aide d 'une source de 55 Fe [74] . 131 4.16 Représentation schématique des lignes de champ à proximité d'une microgrille. 1) les ions bouclent sur la grille ou 2) les ions remontent via les entonnoirs. En haut à droite, vue de dessus d'une maille de côté (a) avec l'entonnoir représenté au centre [173]. 131 4.17 Schéma de principe de la structure PIM (grilles 500 & 670 lpi) superposée à un MICROMEGAS (grille CERN 50 μm). 132 4.18 Transparence électronique en fonction du rapport de champ mesurée pour une grille 500 lpi à l'aide d'une source de 55 Fe [74] . 133 4.19 Extraction électronique en fonction du rapport de champ mesurée pour une grille 500 lpi à l'aide d'une source de 55 Fe dans différents mélanges gazeux [74] . Ea1 et Ea2 correspondent respectivement aux champs d'amplification dans le PIM et dans le MICROMEGAS. 133 4.20 Ion backflow en fonction du rapport de champ Eamp /Edérive [212]. Les abréviations MM_CERN50μm, MM 125 μm 500LPI et PIM 50-125 μm correspondent respectivement à une grille CERN MICROMEGAS avec des plots de 50 μm, une grille MICROMEGAS 500 lpi avec un espaceur kapton de 125 μm et la superposition d'un PIM (125 μm ; 500-670 lpi) et d'une grille CERN (50μm). 134 4.21 Vue schématique de l'empilement de trois structures : THGEM, PIM et MICROMEGAS. 135 4.22 Courbes des pressions de vapeur du xénon, du méthane, du néon et du tétrafluorométhane. 136 4.23 Spectre d'absorption UV de différents matériaux dont le CH4 et le CF4 [136]. 137 4.24 a) Effet du champ électrique sur la vitesse de dérive des électrons dans des mélanges de néon (Ne/CH4, Ne/CF4 ) entre 0 et 30 kV/cm. La figure de droite b), montre le détail des courbes a) entre 0 et 3 kV/cm. 138 xvi LISTE DES FIGURES 4.25 Effet de la température sur la vitesse de dérive des électrons. (Edérive = 500 V/cm)139 4.26 Evolution de la probabilité d'extraction en fonction du champ électrique réduit pour différents mélanges de néons et pour du Ne, CF4 et CH4 purs [215]. 140 4.27 Evolution de la probabilité d'extraction en fonction de l'énergie des photons optiques incidents pour différentes valeurs de champ réduit E/N = 0,1 ; 0,3 ; 0,5 ; 1 ; 3 ; 5 ; 10 ; 20 ; 40 Td pour un mélange Ar/CH4 (90 :10) [155]. 141 4.28 Représentation schématique du courant in duit sur l'anode d'un MICROMEGAS. 142 4.29 Signal induit sur l'anode pour un espace d'amplification de 200 μm (Ne/ CO2 (90 :10 )) lu avec un préamp lificateur rapide [74]. 142 4.30 Représentation schématique du courant induit sur l'anode d'un THGEM. 143 4.3 1 Signaux induits sur l' anode d ' un détecteur avec 2 GEM superposés, un gap d'induction de 6 mm, pour des champs électriques de 1,5 et 3 kV/cm dans l'Ar/CO2 (70 :30) à gain constant lus avec un préamplificateur rapide [217]. 143 4.32 Circuit RC modélisant le préamplificateur. Le courant i(t) est le courant issu du déte cteur . 144 4.33 Impulsions « lente » (τc » τs,τt et τrec ) (à gauche) et « rapide » (τc « τs,τt et τrec ) (à droite). 155 LISTE DES FIGURES xvii 5.7 Caractéristiques des MICROMEGAS. 155 5.8 Caractéristiques des Migrogrilles 500 et 670 lpi. 156 5.9 Caractéristiques des espaceurs. 156 5.10 Image de la bride supérieure, support du hublot de MgF2 et couvercle du détecteur . 157 5.11 Image de la bride support de la structure interne du détecteur : fourreau de PEEK R, anode et THGEM. 157 5.12 Vue de coupe du G PM doté de deux THGEM. Exemple de traversée haute tension.158 5.13 Vue de coupe du déte cteur . Le flux du mélange gazeux est matérialisé par les flèches vertes. 158 5.14 Représentation schématique du GPM : double THGEM (à gauche), THGEM/MICROMEGAS (à droite) pour les mesures en mode impulsionnel. 159 5.15 Mesures de gains du montage double THGEM effectuées avec une source de 55 Fe dans un mélange Ne/CH (90 :10) en fonction de la différence de potentiel 4 appliquée aux bornes des THGEM (∆VT HGEM ). 160 5.16 Mesures de gains du montage THGEM/MICROMEGAS effectuées avec une source de 55 Fe dans un mélange de Ne/CH4 (90 :10) en fonction de la différence de potentiel appliquée au bornes du THGEM (∆VT HGEM ). 161 5.17 Schéma électronique du préamplificateur de courant rapide utilisé pour la lecture du signal d'anode du double THGEM. 161 5.18 Capture d 'écran d'oscilloscope de la forme des impulsions de 55 Fe dans un mélange de Ne/CH4 (95 :5) pour différentes polarisations d'électrodes pour le montage double THGEM. A gauche : ∆VT HGEM = 780 V, Edérive = Etrans = 0,5 kV/cm et ∆Vind = 2 kV/cm. A droite : ∆VT HGEM = 670 V, Edérive = Etrans = Eind = 0,5 kV/cm. 162 5.19 Capture d'écran d'oscillo scope de la forme des impulsions de 55 Fe dans un mélange de Ne/CH4 (95 :5) pour le montage THGEM/MICROMEGAS (filtrées à 20 MHz). ∆VT HGEM = 790 V, Edérive = Etrans = 0,5 kV/cm et Eind = 40 kV/cm. 162 5.20 Représentation schématique du GPM : double THGEM (à gauche), THGEM/MICROMEGAS (à droite) pour les mesures en mode courant. Afin de mesurer le gain du MICROMEGAS, le gain du THGEM a été fixée à 1. 163 5.21 Représentation schématique de la mesure du gain en mode courant d'un simple THGEM. 164 5.22 Mesures de gains en mode courant du THGEM effectuées avec une source UV continue (λ = 185±5 nm) dans des mélanges Ne/CH4 et Ne/CF4 pour 5 et 10 % de gaz quencheur en fonction de la différence de potentiel appliquée aux bornes du THGEM (∆VT HGEM ). 165 x viii 5.23 Mesures de gains en mode courant du MICROMEGAS effectuées avec une source UV continue (λ = 185±5 nm) dans des mélanges Ne/CH4 et Ne/CF4 pour 5 et 10 % de gaz quencheur en fonction de la différence de potenti el appliqu ée entre la grille CERN et l'anode ( ∆ V MICROMEGAS ). 165 5.24 Mesures de gains en mode courant du THGEM/MICROMEGAS effectuées avec une source UV continue (λ = 185±5 nm) dans un mélange de Ne/CH4 (95 :5) en fonction de la différence de potentiel appliquée aux bornes du THGEM (∆VT HGEM ) pour différents potenti els appliqués entre la grille CERN et l'anode (∆V MICROME GAS ). ETrans = 0,5 k V /cm. 167 5.25 Mesures de gains en mode courant du THGEM/MICROMEGAS effectuées avec une source UV continue ( λ = 185 ± 5 n m) dans un mélange de Ne/CF4 (95 :5) en fonction de la différence de potentiel appliquée aux bornes du THGEM (∆VT HGEM ) pour différents potentiels appliqués entre la grille CERN et l'anode (∆VMICROMEGAS ). ETrans = 0,5 kV/cm. 167 5.26 Courbes d'évolution du taux d'attachement électronique (αatt ) et du taux d'ionisation (αion ) en fonction du champ électrique pour les mélanges de Ne/CF4 et Ne/CH4 (95 :5) calculées avec MAGBOLTZ (T = 293 K, P = 1 bar). 168 5.27 Me sures de gain s en mode courant du THGEM/MICROMEGAS effect ées avec une source UV continue (λ = 185±5 nm) dans des mélanges Ne/CH4 et Ne/CF4 pour 5 et 10 % de gaz quencheur en fonction de la différence de potentiel appliquée aux bornes du THGEM (∆VT HGEM ) pour une différence de potentiel appliquée entre la grille CERN et l'anode de 200 V. ETrans = 0,5 kV/cm.168 5.28 Mesures de gains en mode courant du double THGEM effectuées avec une source UV continue (λ = 185±5 nm) dans des mélanges Ne/CH4 et Ne/CF4 pour 5 et 10 % de gaz quencheur en fonction de la différence de potentiel appliquée aux bornes du THGEM (∆VT HGEM ). ETrans = EInd = 1 kV/cm. 169 5.29 Mesures de gains en mode courant du double THGEM (DTG) et du THGEM/MICROMEGAS (TMM) effectuées avec une source UV continue (λ = 185±5 nm) dans un mélange de Ne/CF4 pour 5 et 10 % de gaz quencheur en fonction de la différence de potentiel appliquée aux bornes du THGEM (∆VT HGEM ). ETrans = EInd = 1 kV/cm pour le DTG et ETrans = 0,5 kV/cm pour le TMM. La différence de potentiel entre la grille CERN et l'anode est ∆VMICROMEGAS. 170 5.30 Mesures de gains en mode courant du double THGEM (DTG) et du THGEM / MICROMEGAS (TM M ) effectuées avec une source UV continue (λ = 185±5 nm) dans un mélange de Ne/CF4 pour 5 et 10 % de gaz que ncheur en fonction de la différence de potentiel appliquée aux bornes du THGEM (∆VT HGEM ). ETrans = EInd = 1 kV/cm pour le DTG et ETrans = 0,5 kV/cm pour le TMM. La différence de potentiel entre la grille CERN et l'anode est ∆VMICROME GAS . 170 LISTE DES FIGURES xix 5.31 Capture d'écran d'impulsions acquisent avec les montages THGEM/MICROMEGAS (à gauche) et double THGEM (à droite) dans un mélange de Ne/CF4 (95 :5). Le nombre de photoélectrons primaires est de ∼ 25. Double THGEM : ETrans = EInd = 1 kV/cm et ∆VT HGEM = 600 V ; Gain = 1,1.106. THGEM/MICROMEGAS : ETrans = 0,5 kV/cm, ∆VMICROMEGAS = 290 V et ∆VT HGEM = 800 V ; Gain = 3,5.106. 172 5.32 Photographie du GPM monté sur une bride réhaussée (DN 250 CF) avant assemblage sur le cryostat de XEMIS1. Un PMT (R7600-06MOD-A ) est placé en regard. 174 5.33 Représentation schématique du dispositif cryogénique expérimental. 174 5.34 Photographie des sources de 55 Fe collées autour du hublot de MgF2. 175 5.35 Signaux GPM et PMT en coïncidence lors d'un évènement de 55 Fe. Les signaux de scintillation du PMT correspondent aux avalanches créées dans les trous du THGEM et dans le MICROMEGAS . Le signal du GPM acquis avec une é lectronique rapide correspond à une impulsion de 55 Fe. 176 5.36 Photographies du dispositif expérimental : (a) en dehors du dewar (b) la chambre est immergée. 178 5.37 Représentation schématique du Prototype 2. 179 5.38 Représentation schématique des deux montages double THGEM testés (S1 et S2 ).180 5.39 Mesures de gains en mode courant des deux montages (S1, S2 ) double THGEM pour différentes températures du mélange gazeux Ne/CH4 (95 :5) en fonction de la différence de potentiel appliquée aux bornes des THGEM (∆VT HGEM ). 180 5.40 Représentation schématique de la mesure du gain avec une source de 55 Fe avec un montage double THGEM dans un mélange de Ne/CH4 (95 :5). 181 5.41 Représentation schématique de l'étalonnage de la chaîne électronique. 181 5.4 2 Spectre de 55 Fe acquis avec le montage S 2 double THGEM dans un mélange Ne/ CH4 (95 :5) à 176 K (∆ VT HGEM = 700 V, ETrans = 0,5 kV /cm , EDérive = 0,15 k V/cm.). 182 5.43 Vue de l'enveloppe du GPM. Partie exposée au vide (à gauche). Partie exposée au xénon liquide (à droite). 184 5.44 Vue éclatée de l'assemblage du montage avec deux THGEM. 184 5.45 Photographie de la structure interne du GPM double THGEM montée sur la bride DN 250 CF. 185 5.46 Photographie (à gauche) et vue éclatée (à droite) de la structure interne solidaire à la bride DN 160 CF : support de la cathode et du hublot de MgF2. 185 5.47 Représentation (à gauche) et photographie (à droite) de la structure interne du détecteur comportant un THGEM, un étage PIM et un MICROMEGAS. 186 5.48 Vue de coupe schématique du détecteur THGEM/PIM/MICROMEGAS. 186 xx LISTE DES FIGURES 5.49 Photographies du montage du GPM : a) montage du PMT face au GPM, b) vue globale du GPM assemblé sur bride DN 250 CF, c) GPM assemblé sur le cryostat.187 5.50 Mesures de gains effectuées avec le montage double THGEM à l'aide d'une source de 55 Fe à température ambiante et à basse température (172,9±0,5 K) pour deux mélanges gazeux à base de néon (Ne/CH4, Ne/CF4 et Ne/CH4 /CF4 ) pour différentes proportions de gaz quencheur. 189 5.51 Mesures de gains effectuées avec le montage THGEM/PIM/MICROMEGAS à l'aide d'une source de 55 Fe à température ambiante dans un mélange de Ne/CH4 pour 5 et 10 % de méthane. 190 5.5 2 Spectres de 55 Fe acquis avec le montage THGEM/PIM/MICROME GAS à l'aide d'une source de 55 Fe à température ambiante dans un mélange de Ne/CH4 (90 :10) sans photocathode (à gauche) et avec (à droite). 2.1 2.2 Principales propriétés optiques du xénon liquide. (∗ Dépendante du niveau de pureté) 45 Propriétés des principaux matériaux utilisés en optique du VUV. 50 3.1 3.2 3.3 Propriétés optiques des milieux utilisés dans la simulation. 77 Effet de la diffusion Rayleigh et de la réflexion du PTFE sur l'efficacité de déclenchement (Eff). 95 Caractéristques des grilles du PIM simulé. 110 5.1 Caractéristiques des gaz mesurées expérimentalement [74]. 150 1.2 1.3 xxi 9 16 20 28 xxii LISTE DES TABLEAUX Liste des abréviations Al2 O3 BaF2 BGO CaF2 CF4 CH4 CsI CsSb CsTe DOTA DTPP EDTA EF EQ FDG FWHM GaAs GCP GEM GSO HPD HPMT IBF IRM LiF lpi LOR LSO MCP MgF2 Saphir Fluorure de barium Germanate de bismuth Fluorure de calcium Tétrafluorométhane Methane Iodure de césium Antimoniure de césium Tellure de césium acide 1,4,7,10-tétraazacyclododécane-N,N',N,N'-tétraacétique acide éthylène diamine tetra acétique acide éthylène diamine tetra acétique Ethylène ferrocène Efficacité quantique Fluorodésoxyglucose Full Width at Half Maximum Arséniure de gallium Glass Capillary Plate Gaseous Electron Multiplier Oxyorthosilicate de gadolidium Hybrid PhotoDetectors Hybrid PhotoMultiplier Tube Ion BackFlow Imagerie par résonnance magnétique Fluorure de lithium Line per inch Ligne Of Response Oxyorthosilicate de lutetium MultiChannel Plate Fluorure de magnésium xxiii xxiv LISTE DES TABLEAUX MHSP MICROMEGAS MPGD MWPC NaI(Tl) NOTA PID PIM PMT ppb PTFE PTR Si02 TDM TEA TEP TEMP TETA THGEM TMAE TOF-PET TPC VUV XEMIS Micro-Hole Strip Plate MICRO Mesh GAseous Structure Micro-Pattern Gaseous Detectors MultiWire Proportional Chamber Iodure de s dopé au thallium acide N,N',N"-triazacyclononanetriacetique Proportional Integral Derivative Parallel Ionization Multiplier PhotoMultiplier Tube Part per billion PolyTétraFluoroEthylène Pulse Tube Refrigerator Quartz Tomodensitométrie par rayons X Triéthylamine Tomographie d'émission de positons Tomographie d'émission monophotonique acide 1,4,8,11-tétraazacyclotétradécane-1,4,8,11-tétraacétique THick Gaseous Electron Multiplier Tétrakis(diméthylamino)éthyène Time Of Flight - Positron Emission Tomography Time Projection Chamber Vacuum UltraViolet XEnon Medical Imaging System Introduction Les travaux de thèse présentés dans ce manuscrit se sont déroulés au laboratoire de physique SUBAtomique et des TECHnologies associées, unité mixte de recherche 6457 de Nantes, dans le cadre du développement d'un télescope Compton au xénon liquide dédié à une nouvelle technique d'imagerie nucléaire, l'imagerie 3γ, sous la direction de M. Jacques Martino, Directeur de l'Institut national de Physique nucléaire et de physique des particules, et sous l'encadrement scientifique de M. Jean-Pierre Cussonneau, dans l'équipe de recherche de M. Dominique Thers. Une partie des expériences à fait l'objet d'une collaboration avec l'équipe de M. Amos Breskin, Professeur du Department of Particle Physics du Weizmann Institute of Science, situé à Rehovot en Israël. Ces travaux se sont centrés sur le développement d'un photomultiplicateur gazeux cryogénique doté d'une photocathode solide d'iodure de césium dédié à la détection de la lumière de scintillation d'un télescope Compton au xénon liquide pour l'imagerie médicale 3γ. Les photodétecteurs gazeux sont apparus dans les années 1970 et ont permis très rapidement d'imaginer la réalisation de grands volumes de détection à des coûts raisonnables et d'obtenir de bonnes résolutions spatiales et temporelles respectivement de l'ordre de quelques nanosecondes et de quelques dizaines de microns pour les plus performants aujourd'hui. Des photocathodes gazeuses puis solides ont permis de les coupler avec des scintillateurs. Parallèlement, les détecteurs aux gaz nobles liquides (xénon, argon) se sont développés dont leur intérêt, en plus de leur capacité à fournir simultanément un signal de scintillation et d'ionisation, est de permettre la réalisation de grands volumes de détection monolithiques. Jusqu'à présent, les seuls photodétecteurs qui ont été mis au point pour la détection de la lumière de scintillation des gaz nobles sont les tubes photomultiplicateurs à vide et récemment les photodiodes à avalanche. Dans cette thèse, nous proposons une alternative à l'utilisation de ces photodétecteurs en les remplaçant par un photomultiplicateur gazeux cryogénique de grande surface afin de maximiser la surface de détection sans zone morte et d'assurer une segmentation virtuelle du volume de xénon liquide dans le but de réaliser un déclenchement localisé de l'acquisition du signal d'ionisation du télescope Compton. Après avoir présenté l'imagerie 3γ nous aborderons la problématique de la détection la lumière de scintillation dans le xénon liquide. L'exposé de travaux de simulation nous per1 mettra de présenter l'apport d'un photomultiplicateur gazeux pour l'imagerie 3γ. Un exposé bibliographique instrumental introduira les choix et la démarche expérimentale que nous avons adoptés pour la réalisation d'un prototype de photomultiplicateur gazeux cryogénique. Enfin, les caractérisations expérimentales accompagnant son développement seront présentées. Dans un premier chapitre nous présenterons brièvement l'état de l'art de l'imagerie médicale et plus précisément de l'imagerie médicale nucléaire afin d'introduire le concept d'imagerie 3γ. Cette technique d'imagerie repose sur l'utilisation d'un télescope Compton au xénon liquide couplé à une caméra TEP (Tomographie d'Emission de Positons) pour reconstruire point par point la localisation des désintégrations d'un radioisotope émetteur (β +, γ), le scandium 44. Ce radioisotope à la particularité d'émettre un photon γ d'1,157 MeV quasi-simultanément à l'émission du positon. Les deux gamma d'annihilation sont reconstruits par la TEP selon une droite ou ligne de réponse. La position de la désintégration le long de cette droite est déterminée par la reconstruction de la direction d'arrivée du troisième photon γ de plus haute énergie. Les photons γ interagissent dans le xénon liquide en produisant simultanément un signal d'ionisation détecté à l'aide d'un MICROMEGAS (MICRO MEsh GAseous Structure) utilisé comme grille de Frisch et d'un signal de scintillation détecté à l'aide d'un tube photomultiplicateur. Ces deux signaux permettent de reconstruire un cône définissant la direction d'arrivée du troisième photon. Depuis la proposition de ce concept en 2003, un prototype de télescope Compton au xénon liquide accompagne le développement d'un démonstrateur pour l'imagerie du petit animal dénomé XEMIS (XEnon Medical Imaging System). Nous présenterons les avancées instrumentales et les résultats associés. Le second chapitre de cette thèse développera les caractéristiques liées à la détection de la lumière de scintillation dans le xénon liquide. L'interaction de particules ionisantes dans le xénon liquide provoque l'émission de photons dans le domaine ultraviolet. Nous détaillerons les phénomènes de production, de propagation de ces photons en fonction des matériaux utilisés dans les détecteurs. Nous reprendrons ensuite d'une manière plus globale le principe de la photodétection et les types de détecteurs que nous avons regroupés en trois catégories qui tendent à fusionner et qui sont les détecteurs solides, à vide et gazeux. Nous noterons l'importance des photocathodes de iodure de césium pour ce qui concerne la dernière classe de cteurs dans le domaine ultraviolet. Nous aborderons également brièvement les différents types de structures amplificatrices qui accompagnent les détecteurs gazeux. Ces derniers sont encore très jeunes et peu utilisés, surtout dans le domaine cryogénique, mais présentent l'avantage de pouvoir couvrir de grandes surfaces de détection sans zone morte et de fournir une réponse homogène aux interactions ayant eu lieu dans le volume du scintillateur liquide. Le troisième chapitre présentera les caractéristiques d'un photomuliplicateur gazeux cryogénique couvrant une large surface à travers une série de simulations réalisées avec deux codes 2 de simulations Monte Carlo complémentaires : GEANT4 (GEometry ANd Tracking 4) pour la gestion des interactions entre les photons γ et les matériaux du détecteur, et un code développé durant cette thèse pour la gestion de la propagation des photons UV. Chapitre 1 Un télescope Compton au xénon liquide pour l'imagerie 3 γ 1.1 Introduction Une nouvelle technique d'imagerie appelée imagerie 3γ a été proposée par l'équipe de Dominique Thers et Jean-Pierre Cussonneau au Laboratoire SUBATECH. Elle repose sur la reconstruction en 3D d'un émetteur radioactif particulier : le 44 Sc, émetteur (β +,γ). Celui-ci a été identifié au laboratoire comme excellent candidat pour cette imagerie nécessitant un radiotraceur émettant en coïncidence temporelle un positon et un photon γ. Les deux gammas issus de l'annihilation du positon avec la matière sont détectés en coïncidence, comme en tomographie d'émission de positons (TEP). La direction du troisième photon γ est reconstruite à l'aide d'un télescope Compton au xénon liquide [1]. En croisant les deux informations il est alors possible de reconstruire la position du point d'émission désintégration par désintégration, ce qui n'est pas encore possible avec les techniques d'imagerie actuelles. Basé sur ce concept, un prototype de télescope Compton au xénon liquide a vu le jour au laboratoire Subatech : XEMIS (XEnon Medical Imaging System). Il contribue au programme de recherche et de développement qui vise la mise au point d'un télescope de plus grande taille (XEMIS2), un démonstrateur pour une imagerie sur le petit animal. Celui-ci permettra d'étudier la faisabilité de l'imagerie 3γ pour l'homme. En parallèle s'effectuent des tests et développements autour de la chimie du scandium, radioélément innovant, qui pourra être délivré par le cyclotron ARRONAX (Accélérateur pour la Recherche en Radiochimie et Oncologie à Nantes Atlantique) à Nantes. Afin d'introduire le contexte général de l'étude, la première partie de ce chapitre sera un résumé des méthodes d'imageries fonctionnelles nucléaires. Le lecteur pourra se référer à un exposé plus exhaustif issu des cours de l'Ecole Joliot-Curie 2004 [2]. Une seconde partie se centrera sur le principe de l'imagerie 3γ et les caractéristiques du xénon liquide et du 44 Sc qui tous deux sont des éléments nécessaires à sa réalisation. Enfin, le prototype de télescope Compton 5 1. Un télescope Compton au xénon liquide pour l'imagerie 3 γ au xénon liquide et les résultats obtenus avec celui-ci seront exposés. 1.1.1 L'imagerie médicale fonctionnelle nucléaire L'imagerie médicale se décline classiquemement en deux grandes catégories : – l'imagerie anatomique, – l'imagerie fonctionnelle. La première a pour vocation de rendre un cliché des différentes structures composant le corps humain, des différents tissus. Elle comprend des techniques d'imagerie telles que l'échographie, la radiographie conventionnelle ou la tomodensitométrie (TDM), l'imagerie par résonnance magnétique (IRM). Ces méthodes permettent d'extraire des informations sur des grandeurs physiques comme le changement de densité des tissus pour l'imagerie par rayons X, la densité de protons dans le cadre de l'IRM ou le changement d'impédance dans le cas des ultrasons. L'image est alors une cartographie des tissus. En ce qui concerne l'imagerie fonctionnelle, elle tente de rendre compte du métabolisme de certains tissus et va donc viser à étudier des processus physiologiques de certains organes. L'image résulte non plus de la structure des tissus mais de leur mode de fonctionnement ou de leur interaction avec un agent de contraste au niveau cellulaire. Les techniques comme l'IRM fonctionnelle permettent de remonter au degré d'activité de certains tissus comme le cerveau, l'échographie doppler met en évidence les vitesses d'écoulement du sang dans les vaisseaux. D'autres méthodes d'imagerie fonctionnelle requièrent l'injection d'un agent extérieur qui a pour but d'ajouter un contraste à l'image. Dans le cadre de la TDM, il existe des agents de contraste, qui en renforçant l'atténuation des rayons X, mettent en évidence des défauts de circulation par exemple dans le cas d'une coronarographie. Des agents marqués par un radioisotope sont utilisés en imagerie médicale fonctionnelle nucléaire principalement en cardio ou en oncologie. L'image va alors représenter la biodistribution de l'agent marqué au sein de l'organisme comme en TEP ou en tomographie d'émission monophotonique (TEMP). Enfin, une branche de l'imagerie fonctionnelle, qui n'est apparue que récemment au milieu des années 90, est l'imagerie moléculaire. Elle concerne principalement l'imagerie du petit animal, plus adaptée aux modèles expérimentaux que requière l'étude de gènes ou de protéines spécifiques. Evidemment, cette présentation visant à découper l'imagerie médicale en grands domaines n'est que pratique et ceux-ci sont complémentaires en usage clinique. Un exemple probant est celui du développement de machines bi-modales telles que les TEP-Scan qui allient la sensibilité de la TEP et à la résolution spatiale de la TDM. Les techniques d'imagerie médicales nucléaires fonctionnelles que sont la TEP et la TEMP requièrent l'injection d'un radiotraceur spécifique qui se distribue dans l'organisme. Sauf dans le cas de l'iode (123 I par exemple), le radiotraceur est constitué d'une molécule vecteur spécifique marquée par un radioisotope qui lui est associé chimiquement. Le choix de ce traceur est contraint par le phénomène physiologique à étudier et le choix du radioélément est lié à son Introduction mode de désintégration, qui va conditionner son mode de détection. Le rayonnement devra à la fois interagir le moins possible avec le corps du patient (principalement constitué d'eau) et être le plus aisément détectable à sa périphérie. Les radioisotopes émetteurs γ sont utilisés dans le cadre de l'imagerie TEMP, d'autres, émetteurs de positon, sont utilisés pour l'imagerie TEP et vont être localisés indirectement via les rayons γ de 511 keV issus de l'annihilation du positon avec la matière. Les contraintes physiques et chimiques liées au choix des radioisotopes seront abordées dans la partie 1.2.2 concernant l'utilisation du 44 Sc en imagerie 3γ. L'imagerie d'émission monophotonique La TEMP (ou scintigraphie) a pour but de reconstruire la distribution en 3D d'un radioisotope émetteur γ dont l'énergie est comprise entre 80 et 350 keV comme le 99m Tc (Eγ = 140 keV). Un avantage certain de la TEMP est de pouvoir utiliser un nombre important de radioisotopes. Depuis la première image obtenue avec un compteur Geiger-Müller en 1948 avec de l'iode 131, des progrès extraordinaires ont été réalisés notamment dans le but d'augmenter la sensibilité des détecteurs. La gamma caméra actuelle (figure 1.1) est constituée d'un collimateur en plomb pour sélectionner les photons arrivant avec un faible angle d'incidence, d'un monocristal scintillant (communément l'iodure sodium dopé au thallium, NaI(Tl)) pour convertir l'énergie des rayons γ en photons lumineux, couplé à des tubes photomultiplicateurs dotés d'une électronique d'acquisition et de positionnement. Chaque image sera donc une projection de la F IG. 1.1 – Schéma de principe de l'imagerie par tomographie d'émission monophotonique. Un collimateur en plomb permet de sélectionner les γ arrivant perpendiculairement au cristal scintillant. La lumière est collectée par des photomultiplicateurs. distribution du radioélément sur un plan. Il sera alors nécessaire, pour reconstruire une image tridimensionnelle, d'utiliser des techniques de reconstruction tomographiques basées sur la résolution analytique de Radon [3], par la transformée qui porte son nom. La résolution spatiale intrinsèque des caméras actuelles est de l'ordre de 3 à 4 mm en largeur à mi-hauteur (FWHM, 7 1. Un télescope Compton au xénon liquide pour l'imagerie 3 γ Full Width at Half Maximum ), la résolution en énergie est comprise entre 9 et 11 % (FWHM) pour des γ de 140 keV avec un taux de comptage de l'ordre de 105 cps. L'imagerie par émission de positons La TEP est une technique d'imagerie ayant pour but de reconstruire la distribution en 3D d'un radioisotope émetteur β +. La figure 1.2 est un schéma de principe de cette technique d'imagerie. Le positon va parcourir une certaine distance dans les tissus suivant son énergie F IG. 1.2 – Schéma de principe de l'imagerie par tomographie d'émission de positons. Les deux photons γ d'annihilation de 511 keV sont détectés en coïncidence par une couronne de scintillateurs couplés à des photomultiplicateurs. avant de s'annihiler avec un électron des tissus et former l'émission de deux rayons γ à 180 degrés l'un de l'autre. Par exemple, le positon du 18 F, d'énergie Emax de 633 keV et Emoy de 250 keV, parcours environ 0,2 mm dans l'eau. A la différence de la TEMP dont le système de collimation est physique, la TEP tire profit de la nature des γ issus de l'annihilation. Le système de collimation est alors un système de coïncidence temporelle qui permet de localiser la ligne suivant laquelle l'annihilation a eu lieu. Cette ligne est appelée ligne de réponse (ligne of response, LOR). Une couronne de cristaux scintillants couplés à des tubes photomultiplicateurs entoure le patient et les deux extrémités de la LOR sont alors déterminées par la reconstruction des lieux d'interaction des deux photons de 511 keV dans les cristaux. Une différence supplémentaire entre la TEP et la TEMP est la d'énergie des rayons γ à détecter et ceci va impacter sur le choix des matériaux scintillants à utiliser. Des matériaux tels que le germanate 8 Introduction de bismuth (BGO), l'oxyorthosilicate de lutétium (LSO) ou l'oxyorthosilicate de gadolidium (GSO) remplacent le NaI(Tl) car ils sont plus denses, ont un meilleur pouvoir d'arrêt vis-à-vis des γ de 511 keV et un signal plus rapide nécessaires à la détection en coïncidence. Le tableau 1.1 regroupe les caractéristiques d'un échnatillon de cristaux utilisés en imagerie TEP et celles du xénon liquide pour comparaison. D'autres crystaux encore plus performants sont apparus récemment comme le LaBr3 qui possède une luminosité supérieure au NaI et un temps de décroissance de 16 ns [4]. Compositions Numéro atomique effectif Densité (g/cm3 ) Intensité lumineuse relative Temps de décroissance (ns) NaI NaI(Tl) 50 3,7 100 230 BGO Bi3 Ge4 O12 73 7,1 15 300 GSO Gd2 SiO5 (Ce) 58 6,7 20-40 60 LSO Lu2 SiO5 (Ce) 65 7,4 45-70 40 LXe LXe 54 3,0 80 2,2 ;27 ;45 TAB. 1.1 – Propriétés de quelques cristaux scintillants utilisés en imagerie médicale et du xénon liquide [6] La quantification Que ce soit en TEMP ou en TEP, le but de la reconstruction tomographique est de remonter, via des mesures intégrales suivant des lignes de projections (TEMP) ou des LOR (TEP), à la distribution en 3D d'un radiotraceur. Un grand challenge de l'imagerie fonctionnelle actuelle est la quantification [7]. Elle consiste en l'extraction de paramètres physiologiques à partir de l'information comprise dans un volume de l'image (ou voxel contraction de volumetric pixel), qui est reliée à la quantité de radiotraceur présent dans un volume déterminé de tissu. Ces informations trouvent un intérêt certain dans le cadre d'un diagnostic, d'un suivi thérapeutique en oncologie notamment. Ce pan de l'imagerie nucléaire fait l'objet de nombreux articles et débats au sein de la communauté scientifique. Bien que les causes d'une mauvaise quantification soient connues, les méthodes pour y remédier sont encore discutées et font l'objet de recherches. 9 1. Un télescope Compton au xénon liquide pour l'imagerie 3 γ Les points suivants sont à l'origine d'une erreur relative sur la quantification de 10 à 15 % dans les meilleurs cas : – Les mouvements du patient (respiration, battements du coeur) peuvent difficilement être réduits mais une solution consiste au recalage des images sur la périodicité de ces mouvements. – L'att ation peut être corrigée notamment grâce à l'établissement d'une cartographie des coefficients d'atténuation (ou coefficients d'Houndsfield) fournie par la TDM. – Les photons diffusés entraînent des erreurs de localisation de la position réelle du point d'émission et donc induisent une réduction du rapport signal sur bruit. Ils peuvent être supprimés au dépend de la sensibilité de la caméra ou reconstruits. Leur identification reste néanmoins un problème difficile à résoudre. – La reconstruction tomographique, par sa nature même, introduit des artéfacts à l'image qui viennent dégrader la quantification. – La méthode de mesure est opérateur dépendante et des protocoles standards doivent être mis au point. – Enfin, la résolution spatiale intrinsèque du tomographe joue également un rôle important. 1.2 L'imagerie 3 γ, une technique d'imagerie unique Dans la fin des années 70, D.B. Everett et al. [11] proposent de remplacer la collimation physique de la TEMP en utilisant l'imagerie Compton. Depuis, de nombreux groupes de recherche ont développé cette idée en utilisant des télescopes Compton constitués de semi-conducteurs tels 10 L'imagerie 3 γ, une technique d'imagerie unique que le germanium [12] ou le silicium [13]. C'est en 2001 que J. D. Kurfess et B. F. Phlips [14] proposent pour la première fois d'utiliser des radioisotopes non-conventionnels pour réaliser une imagerie à par entière, l'imagerie 3γ. En 2003, D. Thers et al. [15] proposent d'utiliser cette technique d'imagerie avec le 44 Sc couplé à un télescope Compton au xénon liquide, qui doit permettre de réduire la quantité de radioéléments nécessaire à injecter au patient et d'améliorer la qualité de l'image en termes de quantification. Dans ce chapitre les différentes composantes de l'imagerie 3γ seront expliquées telles que le principe de cette imagerie et la nécessité d'employer un radioisotope particulier le scandium 44 émetteur (β +,γ) associé à un télescope Compton au xénon liquide. 1.2.1 Principe de l'imagerie 3γ Le principe de l'imagerie 3γ repose sur la localisation en 3D, évènement par évènement, d'un émetteur particulier (β +,γ) avec une résolution de quelques millimètres. Cette technique allie la détection en coïncidence des deux photons γ de 511 keV issus de l'annihilation du positon avec la matière et la détection d'un troisième γ, d'énergie supérieure (∼ 1 MeV), avec un télescope Compton (figure 1.3). La reconstruction de la LOR formée par les deux γ d'an- F IG. 1.3 – Schéma de principe de l'imagerie 3γ réalisée avec un télescope Compton au xénon liquide couplé à un tomographe par émission de positon. nihilation peut s'effectuer grâce à une caméra TEP conventionnelle. Nous pouvons cependant imaginer un système au xénon liquide entourant le patient afin d'augmenter la sensibilité totale de la caméra. En effet, un intérêt certain des gaz nobles liquides est de pouvoir utiliser de larges volumes de détection. 11 1. Un télescope Compton au xénon liquide pour l'imagerie 3 γ Le télescope Compton est une chambre à projection temporelle au xénon liquide permettant de reconstruire la direction d'arrivée du troisième γ. Cette dernière décrit un cône d'angle d'ouverture θ et d'axe de révolution ∆. Cette reconstruction va tirer profit de la connaissance de la cinématique Compton [16]. En effet, il est possible de remonter à la direction d'arrivée du γ incident d'énergie E0 connue, car spécifique au radioélément utilisé, en mesurant la position et l'énergie des deux premiers points d'interaction de la séquence Compton. La position des deux premiers points va permettre de déterminer l'orientation de la droite ∆. La mesure de l'énergie du premier électron Compton permet de déterminer l'angle d'ouverture θ du cône (angle de diffusion Compton) à l'aide de l'égalité suivante : cos(θ ) = 1 − mc2 E1 E0 (E0 − E1 ) (1.1) où m est la masse de l'électron de recul, E0 est l'énergie du γ incident et E1 est l'énergie déposée par l'électron de recul lors de la première diffusion Compton. La position du radiotraceur est déduite de l'intersection du cône avec la LOR. L'incertitude sur la position des deux premières interactions va directement impacter sur la détermination de l'orientation de la droite ∆, tandis que l'incertitude sur la mesure de l'énergie de la première interaction va induire une dégradation de la résolution angulaire du télescope. 1.2.2 Un émetteur particulier, le 44 Sc Le 44 Sc a été retenu comme le meilleur candidat pour l'imagerie 3γ de par ses caractéristiques physiques de désintégration (β +,γ), de sa production qui sera possible avec le cyclotron ARRONAX à Nantes et de sa chimie de coordination qui est également en développement à Subatech. Propriétés radiophysique Le scandium possède un schéma de désintégration adapté à l'imagerie trois γ [17]. Il se désintègre en émettant un positon d'énergie maximale Emax = 1,474 MeV dans 94,27 % des 12 L'imagerie 3 γ, une technique d'imagerie unique cas. Le noyau fils, le 44 Ca∗, se désexcite en émettant un photon d'1,157 MeV avec une période de 2,61 ps. 44 44 21 Sc →20 ∗ Ca∗ + e+ + νe Ca → Ca + γ (1.2) L'émission du troisième photon est donc simultanée à l'échelle expérimentale. Seule l'énergie du positon est une source de dégradation de la résolution intrinsèque de cette imagerie, le point d'émission du troisième photon étant distant du point d'annihilation du parcours moyen du positon dans les tissus (∼ 0,4 mm). Enfin, sa demie-vie physique, de 3,97 heures, est adaptée à un usage clinique pour l'imagerie. En effet, l'activité du radioélément doit être adaptée à la durée d'un examen médical. Elle ne doit pas être trop courte afin qu'une image soit possible au moment où le radiotraceur s'est distribué et ne pas être trop longue pour éviter toute irradiation inutile du patient. Enfin, le scandium possède également des isotopes qui pourraient être intéressants dans le cadre d'un suivi thérapeutique, qui sont le 44m Sc et le 47 Sc. Ces deux radioéléments possèdent des durées de vie comparables (∼ 3 jours). Le premier se désintègrant en 44 Sc et le second étant un émetteur β −, ils pourraient être utilisés pour un suivi thérapeutique « en direct » avec une seule injection au patient. De manière analogue à l'utilisation couplée de l'iode 124 pour un suivi par imagerie γ et 131 pour une thérapie vectorisée β dans les travaux de M. Lubberink et al. [18], le 44 Sc pourrait permettre de suivre par imagerie le devenir du 47 Sc utilisé pour une thérapie β. Production Le cyclotron ARRONAX implanté à Nantes répond à la demande croissante de nouveaux radioéléments [19] utiles pour l'imagerie (64 Cu, 44 Sc, 124 I, (82 Sr/82 Rb), (68 Ge/68 Ga), émetteurs de positon) mais également pour la radiothérapie vectorisée (67 Cu, 47 Sc, émetteurs β − et l'211 At émetteur α). Parmi ces éléments, le 44 Sc sera produit par un faisceau de protons (10 MeV) irradiant une cible de 44 Ca suivant la réaction (44 Ca(p,n)44 Sc). Vectorisation Les radioéléments utilisés en imagerie sont liés chimiquement à une molécule adaptée au phénomène physiologique que l'on veut étudier. Par exemple, le 18 F est associé au glucose pour former le radiotraceur 18 FDG (ou fluorodésoxyglucose) pour mettre en évidence l'hypermétabolisme de certaines cellules, comme les cellules tumorales. En effet, ces dernières sont en perpétuelle multiplication et consomment une grande quantité de sucre. 1.2.3 Le xénon liquide pour l'imagerie médicale fonctionnelle Les gaz nobles sous leur forme liquide sont connus dans différents domaines de la physique comme étant d'excellents milieux de détection [21, 22]. C'est la mise en évidence dans les années 40 de l'induction d'un signal électronique dans l'argon liquide produit par le dépôt d'énergie de particules ionisantes qui initie l'engouement pour les gaz rares liquides. Il s'en suivra de nombreux développements et caractérisations notamment autour de l'argon liquide. S'il est découvert par W. Ramsay et M. W. Travers en 1878, c'est dans la fin des années 60 que le xénon liquide est proposé comme milieu de détection [23] notamment car il a la particularité, partagée avec les autres gaz nobles, de fournir à la fois un signal d'ionisation et de scintillation lorsqu'il est traversé par des particules ionisantes. De plus, il possède le pouvoir d'arrêt, le taux de scintillation et d'ionisation le plus élevé de tous les gaz nobles. L'ensemble de ces 14 L'imagerie 3 γ, une technique d'imagerie unique caractéristiques font de ce gaz un milieu de détection adapté à une grande variété de détecteurs, en astrophysique (LXeGRIT [24]), en physique des particules (MEG [25]), pour la détection directe de matière noire (XENON [26]) mais également pour la médecine nucléaire. Pour de plus amples détails sur l'utilisation des gaz nobles comme milieu de détection le lecteur peut se référer aux deux ouvrages suivants : celui d'E. Aprile et al. [27] et de W. F. Shmidt et al. [28].
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Sur la contraction des dépots galvaniques et sa relation avec le phénomène de Peltier E. Bouty valseur absolue, quand l'intensité elle-méme est faible, que Iors- qu'elle est plus grande. C'est ce que l'expérience m'a nettement indiqué, si bien que j'ai pu transporter la source S et le transmetteur T dans le cabinet C (fig. 3), et, par une porte vitrée qui ferme ce cabinet, envoyer le faisceau réfléchi sur la lentille L, à travers la glace sans tain G, à la distance indiquée par les fig. 2 et 3, c'est-â-dire à environ io- du transmetteur. La reproduction des articulations de la parole est devenue m eilleure. Les observations que je donne ainsi avec détails, pour éviter aux personnes qui voudraient répéter ces expériences les tâtonnements auxquels j'ai du me livrer d'abord, je les ai refaites en substituant à la lumière électrique la lumière oxyhydrique, produite à la manière ordinaire. En plaçant la lentille de concentration à 6m environ du transmetteur, on obtient les mêmes résultats qu'avec la lumière électrique. De nouveaux essais non encore terminés me permettent d'espérer les obtenir avec des sources encore plus faibles. SUR LA CONTRACTION DES DÉPOTS GALVANIQUES ET SA RELATION AVEC LE PHÉNOMÈNE DE PELTIER; PAR M. E. BOUTY. Dans deux Mémoires antérieurs (1) j'ai établi : i° que les dépôts de volume d'où résulte une variation galvaniques éprouvent du moule les reçoit; 2' que le phénomène de compression qui Peltier se produit à la surface de contact d'une électrode et d'un électrolyte. De nouvelles observations m'ont amené à reconnaître que les deux sortes de phénomènes, les uns mécaniques, les autres calorifiques, sont connexes, et que les premiers sont une conséquence des seconds. une I. Je (' ) rappellerai Journal de d'abord Physique, t. VIII, comment on constate p. 289 et 341; t. la contraction IX, p. 3o6. des dépôts métalliques. Un thermomètre à réservoir cylindrique bien régulier est argenté par le procédé Martin, puis employé comme électrode négative dans l'électrolyse d'un sel métallique ; l'électrode positive soluble est elle-même cylindrique; le thermomètre en occupe l'axe, et la hauteur du liquide dans le vase est peu supérieure à celle du thermomè tre, de telle sorte que le courant a très sensiblement une densité uniforme en tous les points où se forme le dépôt. Après avoir fait passer le courant pendant dix minutes, par exemple, on l'interrompt, on agite le liquide et l'on compare l'indication du thermomètre métallisé à celle d'un thermomètre nu plongé dans le même bain (1); on rétablit le courant et l'on répète la même observation de dix en dix minutes. J'ai démontré précédemment (2) que l'excès y que prend au bout d'un nombre t de minutes le thermomètre métallisé est représenté par la formule raison inverse de l'intensité du courant que de la forme et de l'épaisseur du réserdépend voir thermométrique, tandis que le coefficient A est proportionnel à la contraction de l'unité de volume du métal déposé. En répétant la même expérience, toujours sun le même thermomètre [que j'ai pris sensible au 1 200 de degré (3)J, mais avec des intensités de courant différentes, on déterminera cominent la contraction dépend de l'intensité du courant. Tel a été le point de départ de mes nouvelles recherches. que le coefficient B et ne au en est en outre II. Je donnerai quelques exemples de sulfate de cuivre pur de densité 1, 20. cette méthode, relatifs le liquide exerce une action chimique appréci sur le deux thermomètres doit être faite dans l'eau distillée; et azotate de zi nc. (1) Quand paraison des métal, la coinegemple : zinc C 2) Journal de Physique, t . VIII, p . 289 . (' ) Le réservoir de ce thermomètre a om, 08 de haut et environ 5 mm, 5 extérieur. La longueur du degré sur la tige est d'environ 0 m,06. de diamètre 243 Poids de cuivre déposé par centimètre carré et par minute : P = 0 mgr.536. Poids de cuivre déposé par centimètre carré et par jninute : P = 0 mgr,392. Poids de cuivre d¿posé par centimètre P = o mgr,185. car*ré etpar rninute : 244 Poids de cuivre déposé par cerztirrzétre carré et par minute : P = 0 mgr,108. Poids de cuivre déposé par centinlètre P = En résumer 1) Puur carré et par l1zinute 0 mgr, o86. on a : transformer les valeurs de A, il faudrait déterminer les constantes du 245 On voit que la contraction, rapportée à l'unité de volume, déelle devient très rapidement avec l'intensité du courant (1) : petite pour les courants déposant 0 mgr,1 de cuivre par centimètre carre et par minute, enfin change de signe; pour les courants très faibles, on observe, non plus une contraction, mais une dilatation du dépôt. Ce changement de signe, particulièrement difficile croit du sulfate de cuivre, à cause de l'extrème lenteur avec laquelle se forment les dépôts qui le produisent et de l'action perturbatrice des changements de température du bain, ne peut cependant être révoqué en doute, car on le produit à coup sûr en abaissant suffisamment l'intensité du courant. C'est surtout quand on substitue l'azotate de cuivre au sulfate que l'on saisit nettement l'existence d'un point neutre la compression. On s'en assurera par les exemples suivants : à constater dans le cas AZOTATE DE CUIVRE. Densité, Poids de cui()re P déposé par i, zo. centin2ètre carré et par minute (2). thermomètre par une expérience de compression directe, ainsi que je l'ai indique dans un Mémoire antérieur (Journal de Pli) siqlle, t. VIII, p. 29J et suiv.). Cette transformation serait sans intérêt pour l'objet spécial que nous nous proposons ici. ( 1 ) Pour des intensités correspondant à P &#x3E; omgr, G, les observations deviennent moins régulières: la limite d'élasticité du métal est dépassée et les contractions A cessent de croître. Bientôt le dépôt change de nature, deviellt rougeâtre. Grenu et sans adhérellce, enfin noir et boueux. Le changemellt d'aspect se produit dès que l'eau colmnence à être décomposée. (2) Expériences indépendantes les unes des autres. Beau dépôt d'aspect nettement métallique. (4) Beau dépôt soyeux. (5) Dépôt régulier, grossièrement cristallin. 246 D'après ce Tableau, la marche des excès négatifs, pour des coudéposant moins de o1llgr, 6 de cuivre par seconde et par centimètre carré, est aussi régulière que celle des excès positifs fournis par des courants plus intenses. L'expérience suivante, dans laquelle on a fai t varier l'intensité du courant à intervalles rapprochés, montre avec quelle facilité on peut ohtenir, sur un même réservoir thermométrique, des couches métalliques alternativement comprimantes ou dilatantes. rants Ces diverses observations concourent pour fixer le point neutre correspondant à l'azotate de cuivre de densité 1, 20 vers P - omgr,6. Les dépôts comprimants possèdent un hel éclat métallique qui appartient aussi à certains dépôts dilatants ; toutefois, à mesure que l'intensité du courant diminue, les dépôts prennent un aspect d'abord soyeux, puis grossièrement cristallin; mais l'ensemble des observations paraît établir que la cristallisation ne joue tout au plus qu'un rôle secondaire dans la production des phénomènes qui nous occupent: il est tout à fait impossible de distinguer par leur certains dont uns les et les autres diaspect dépûts, compriment latent de la manièrc la moins douteuse. III. Il faut donc chercher ailleurs la cause de l'inversion que constatons. Pour en établir l'origine, je ferai d'abord remarquer que la contraction A de l'unité de volume dépend de l'inten- nous (' ) Comptés à partir de l'origine (2) Produite à partir de l'origine de de chaque période. chaque période. 247 sité i du courant d'après la même loi que l'échauffement E du thermomètre électrode. J'ai démontré (1) que cet échauffement est représenté par la formule dans laquelle ci est une constante relative à la chaleur absorbée par le phénomène de Peltier à la surface de contact du métal et du liquide, b une constante caractéristique de la chaleur dégagée dans le liquide, en vertu de sa résistance, au voisinage du réservoir du thermomètre. Pour des valeurs de l supérieures à E est positif, le thermomètre s'échauffe ; pour des valeurs moindres, E est négatif et le thermomètre se refroidit. Je désignerai l'intensité 1 sous le nom de poir zt neutre des températures. Nous avons établi, dans le paragraphe précédent, qu'il ; a un point neutre de la compression, correspondant à une certaine intensité I' du courant, qu'au-dessus de ce point neutre les dépôts sont comprinlants, qu'ils sont dilatants au-dessous. Je vais montrer que toutes les causes qui font varier le point neutre des températures agissent pour déplacer dans le même sens le point neutre de la compression. En premier lieu, on sait que le coefficient a de la formule (1) demeure invariable pour un même sel 111étallique, quelle que soil la concentration de la dissolution employée, tandis que b varie dans le lliême sens que la résistance, laquelle croît, comme on sait, à partir d'un certain minimum, quand la concentration dilllllllle de plus en plus. Pour un même métal et à densité égale de la dissolution saline, le coefficient a est indépendant de la nature de l'acide du sel, m-,tis b est variable ; il est plus petit pour r azotate de cuivre que pour le sulfate, et, par conséquent, pour le premier de ces deux sels, le point neutre 1 des températures est plus élevé. Or nous avons vu que, pour l'azotate de cuivre de densité 1, 20, I' = o",003 par centimètre carré, tandis que pour le sulfate I' est moindre 0 w,0005. Enfin, quand que change la nature du métal, le coefficient a, Peltier, change à son tour. Quand ce caractéristique coefficient est positif et qu'il n'y a pas d'actions secondaires énergiques (sulfate et azotate de cuivre, sulfate et chlorure de zinc, sulfate et chlorure de cadmium), on observe un point. neutre 1 des températures à l'électrode négative, tandis qu'on n'en observe pas dans le cas des sels de protoxyde de fer (a=0)(1), de nickel (ci, o), etc. On retrouve précisément les mêmes circonon de l'effet pour la compression. Le Tableau suivant indique les stances constater points neutres I' dont on a pu l'existence. protochlorure de fer, un courant qui ne déposait quede i'er (c'est-à-dire dont l'intensité était huit fois plus faible que celle qui cor1-espond au point neutre du sulfate de cuivre) a fourni, en huit cent soixante ininutes, une compression mesurée par + 0°,250 du thermomètre. Pour des intensités plus fortes la compression croît rapidement, et bientôt la limite d'élasticité du métal se trouve dépassée et le dépôt se déchire. (1) Avec le par minute 249 Le sulfate de zinc fournit une décompression assez énergique pour des intensités moyennes (0"',0025 à 0 w,004), qui donnent, avec le sulfate de cuivre , des compressions énormes. On s'explique ainsi comment 1B1. Mills (1) , qui considérait la pressioit galvanique comme une constante caractéristique de chaque métal, a pu attribuer au zinc une pression nébative, qu'il n'aurait pas observée avec des intensités plus fortes (?) . Fig. Le chlorure de zinc mérite permet d'obtenir que des une 1. attention particulière, car il ne dilatants. Le Tableau suivant le chlorure de densité 1,716. dépôts résume les résultats obtenus avec (1) MILLS, Proceedings of the royal Society of London, t. XX VI, p. 5o j, (') Je ne rapporterai ici que deux observations relatives au sulfate de zinc pur de 250 le Tableau et sur la courbe qui l'accompagne (fig. i) que, quand fai t croître l'intensité du courant, la décompression croît d'abord et arrive à une valeur maximum, au delà de laquelle elle décroîtrait sans doute, pour se rapprocher de zéro et changer ensuite de signe, si le dépôt pouvait continuer à s'opérer régulièrement pour de plus fortes intensités. Le chlorure de zinc ne constitue donc pas une exception; mais, dans les limites accessibles à l'expérience, il ne présente qu'une partie du phénomène que l'azotate de cuivre ou le sulfate de zinc nous ont offert dans son ensemble (' ). On reconnaît sur on IV. En résumé, la marche de la contraction des dépôts galvaniques est analogue à la marche de l'échauffement de l'électrode sur laquelle ils se déposent, et, bien que les nombres obtenus ne avec certitude les coefficients d'une formule empirique représentant la contraction A de ]'unité de volume en fonction de l'intensité i du courant, on peut affirmer qu'elle est de la forme permettent pas de déterminer et que densité toute cause qui fait varier les constantes et et b de la for- 1,38 : (1) Rappelons encore que, par une exception singulière, les dissolutions très concentrées de chlorure de zinc présentent des valeurs de a qui décroissent quand la densité de la dissolution croit (Journal de Phy Çiqllc, t. IX, p. 3u), de telle sorte que le point neutre des températures correspond à une intensité de courant plus faible pour une dissolution de chlorure de zinc de densité 1,98 que pour une dissolution de densité 1,716. Pour une même intensité de courant, inférieure au point neutre des deux dissolutions, on observe un refroidissement moins intense dans la dissolution la plus concentrée. On trouve, dans les mêmes conditions, une décompression moindre ; par exemple, pour P = omgr, 140 et pour 0 gr, i 1 due zinc déposé par centimètre carré, on a : 251 mule (1) une variation analogue des constantes a' et b'. Une relation aussi étroite ne saurait être méconnue. Voici l'interprétation que je propose d'en donner. Le thermomètre indique la température moyenne du liquide dans une petite étendue autour de son réservoir; cette température n'est pas nécessairement celle du métal qui se dépose. On doit, en effet, considérer que l'eau pure n'est pas conductrice; que le courant se propage à peu exclusivement par les molécules de l'électrolyte dissous ; que, par suite, la chaleur dégagée dans le liquide en vertu de sa résistance ou absorbée par suite du phénomène de Peltier est dégagée ou absorbée dans les molécules de l'électrolyte, qui font ultérieurement échange de chaleur avec les molécules inertes du dissolvant. Aux points où le courant dégage de la chaleur, la température de l'électrolyte est donc toujours supérieure à celle du liquide ambiant; aux points où il en absorbe, la température de l'électrolyte est plus basse (1). Supposons qu'on se trouve dans le premier cas; le métal, à l'instant où il se dépose, est plus chaud que le liquide et, par conséquent, possède une température supérieure à la moyenne indiquée par le thermomètre ; aussitôt déposé, il se refroidit à cette température moyennes, et par suite se contracte : le dépôt est comprimant. C'est Finverse qui se produit quand le métal est plus froid que le liquide : le dépôt est alors dilatant. Si cette manière de voir est exacte, le point neutre I' de la compression correspond au cas où le métal et le liquide ont la même produit e) Une comparaison permettra de donner plus de relief à cette proposition. Supposons qu'un courant se propage dans un paquet de fils n1étalliqnes parallèles noyés dans de la gutta-percha, ou se trouve également noyé le réservoir d'un thermomètre. Quand un rait passer la courant dans les fils, ils s'échanflent, et leur température est à chaque instant supérieure a celle de la gutta environnante et a la moyenne indiquée par le thermomètre. Si tons les fils présentaicnt une soudure thermo-eleetrique au voisinage du point on se trouve place le thermomètre, et si le courant passait dans un sens tel que le phénomène de l'eltier agit pour refroidir les soudures, les soudures s'échanfferaient pour de fortes intensités du courant, se refroidiraient pour des intensités plus faihles, et dans ce dernier cas leur température descendrait audessous de celle de la gutta-percha environnantc et serait iaférieure à la moyenne indiquée par le thermomètre. 252 l'on s'attendrait peut-être à ce que ce point celui 1 des températures (t). L'expérience établit pourtant, et de la manière la plus nette, 'il n'en est pas ainsi. Le sulfate de cuivre donne des dépôts comprimants sur un thermomètre qui se refroidit d'une nlanière non dou teuse ; le chlorure de zinc de densité 1,98 donne des dépôts dilatants sur un thermomètre qui peut s'échauffer beaucoup. Il n'y a donc pas proportionnalité entre l'échauffement du thermomètre et l'excès de température du métal qui se dépose. températures, neutre et coïncidàt (1) Ce qui eXIgeraIt avec que l'on eut b == -b'. (2) La chute de température que nous invoquons doit être égale à 1°éléi"ation de teimpérature qu'il faut communiquer au thermomètre métallisé pour faire cesser la compression, c'est-à-dire pour que son indication devienne identique à celle d'un thermomètre nu. J'ai établi ailleurs (Journal de Physique, t. VIII, p. 299) que cette élévation de température peut quelquefois atteindre une quarantaine et même une centaine de degrés. Ce dernier chifl're doit être considéré comme un maximum..
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Évaluation quantitative et qualitative des ressources en eaux souterraines de la région des Lacs (centre de la Côte d’Ivoire) : Hydrogéologie et Hydrochimie des aquifères discontinus du district de Yamoussoukro et du département de Tiébissou.. Sciences de l'environnement. université Felix Houphouët-Boigny, 2010. Français. &#x27E8;NNT : &#x27E9;. &#x27E8;tel-04233840&#x27E9;
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5.3.3.3. Détermination graphique de la transmissivité à la remontée Cette méthode repose sur l’pplication du principe de superposition. Soit t le temps écoulé depuis le début du pompage jusqu’au moment de l’arrêt et t’ le temps compté à partir de cet arrêt. Le rabattement s’ dû à la poursuite fictive du pompage au débit est donné par la formule (29) : s' = 0,183 Q 2,25T (t + t ') log T r 2S (Eq. 29) La remontée s’’ due à l’injection fictive du débit – Q est donnée par l’équation (30) : s''= − 0,183Q 2,25Tt'log 2 T r S (Eq.30) D’où le rabattement observé après l’arrêt du pompage, ou rabattement résiduel s qui est mesuré est la somme algébrique de s’+s’’ (équation 31) s = s'+ s'' = 0,1 83 Q 2,25T (t + t ') 0,183Q 2,25Tt'log − log 2 2 T T r S r S (Eq. 31) En simplifiant l’équation (31), on obtient l’équation (32) : s= 0,183Q t + t' log T t' (Eq. 32) − L’expression (t+t’) est remplacé par la moyenne logarithmique pondérée du temps ( t ) (temps corrigé) qui représente le temps auquel se serait produit le rabattement dans un certain piézomètre si le débit pompé était resté constant depuis le début et égal au début réel au temps t. − Le temps réel tn est donc remplacé par le temps pondéré corrigé t. Ainsi, si l’on porte s le 77 rabattement résiduel en ordonnée arithmétique et log t' en abscisses logarithmiques, la  t  pente b permet de déterminer T. Il est important de noter que tous ces calculs ont été effectués avec Excel. La figure 16 montre la représentation du rabattement en fonction du temps corrigé. y = 6,1387Ln(x) - 2,1488 2 R = 0,9872 25 Anouazèokabo_DIDIEVI 20 S' (m) 15 10 5 0 1 10 y = 4,3772Ln(x) + 2,4989 2 R = 0,996 25 (t*/t') 100 Allocokro_DIDIEVI 20 S' (m) 15 10 5 0 1 10 (t*/t') 100 Figure 16 : Représentations graphiques du rabattement en fonction du temps corrigé. 5.3.4. Estimation de la transmissivité à partir du débit spécifique à travers une relation empirique Pour pallier le manque de données de transmissivité dans certaines zones, certains auteurs ont eu recours à une relation analytique empirique entre la transmissivité et le débit spécifique. Cette relation basée sur la méthode de régression des moindres carrés permet de reproduire un champ de transmissivités avec des erreurs minimales là où les données font défaut. Les valeurs de débit spécifique (Q/s) et de transmissivité (T) sont reportées dans un diagramme bi-logarithmique. Si le nuage des points résultant s’aligne suivant une droite, l’équation de celle-ci est déterminée ainsi que son coefficient de détermination qui traduit la qualité de l’ajustement. Cette relation est souvent très significative lorsque les valeurs de T et 78 de Q/s s’étendent sur plusieurs ordres de grandeurs. Une large revue des travaux portant sur l’identification d’une telle relation dans la littérature est donnée par Razack et Huntel, (1991) cités par Jalludin et Razack, 2004 ; Razack et Lasm, 2006, Yidana et al., 2007). Tous ces travaux indiquent que la relation entre la transmissivité et le débit spécifique dépend des conditions géologiques qui prévalent en chaque site. Les relations suivantes ont été proposées ces dernières années dans différents aquifères fracturés d’Afrique. Dans les plaines de l’Afram dans le Sud du bassin de la Volta au Ghana, Acheampong et Hess (1998) en utilisant 28 paires de données de transmissivité et de débit spécifique ont trouvé l’équation (33) suivante : T = 20Q / s 1,02 (R2 = 0,69) (Eq.33) Où la transmis sivité et le débit spécifique sont tous deux mesurés en m2/jour . Récemment dans la même région, Yidana et al. (2007) proposent la relation (34) suivante : T = 0,769.Q / s 1,075 (R2 = 0,83) (Eq. 34) Jalludin et Razack (2004) ont trouvé la relation (35) suivante pour les puits captant les aquifères des basaltes fracturés en République de Djibouti : T = 2,990.Q / s 0,938 (R2 = 0,82) (Eq. 35) Ces auteurs estiment qu’une correction du débit spécifique des pertes de charges dues à la turbulence de l’écoulement, pourrait améliorer la relation empirique entre T et Q/s. Dans les aquifères cristallin et métamorphique fracturés de la région de Man-Danané, ouest de la Côte d’Ivoire, Razack et Lasm (2006) proposent pour 118 paires (T et Q/s), la relation (36) suivante : T = 0,89.Q / s1,30 (R2 = 0,88) (Eq.36) La différence entre ces équations serait probablement due à des rabattements mesurés différemment, à la profondeur d’équipement, au temps d’observation, à la lithologie de l’aquifère et à la pénétration partielle du puits. Ces différentes formules ci-après sont très utiles car, elles permettent d’estimer l’un ou l’autre de ces paramètres de manière analytique. Malgré leurs limites, elles sont indispensables pour la modélisation. 5.3.5. Distribution des fréquences de transmissivité et de débit spécifique La distribution des fréquences des valeurs transformées (logT et log Q/s) suivant un diagramme de log-probabilité a été réalisée afin de mettre en évidence le caractère log–normal de ces deux variables. La validation de l’ajustement a été effectuée par le test de Khi-deux au 79 seuil de signification de 10%. Le Khi-deux évalue les écarts entre les effectifs théoriques et empiriques sur des observations données (Vo-Khac, 1969). Un ajustement statistique est satisfaisant lorsque le Khi-deux théorique observé est supérieur au Khi-deux calculé au seuil de probabilité que l’on s’est fixé et avec le nombre de degré de liberté donné. Dans ce cas, les fréquences empiriques et théoriques sont similaires. 5.3.6. Approche probabiliste de l’influence de l’épaisseur des altérites sur la productivité des forages Le modèle utilisé mis en place par Detay et al.(1989), est un modèle probabiliste qui permet de déterminer l’influence de l’épaisseur du réservoir capacitif d’altérites sur le débit, le débit spécifique, et la probabilité de trouver un débit minimal fixé (infra-débit). Dans la présente étude, nous nous limiterons aux deux premiers paramètres cités (Débit et le débit spécifique). Influence de Ea sur le débit Le débit, exprimé en m3/h, a été étudié à partir des pompages d’essai réalisés sur 219 forages. L’équation 37 a permis d’interpoler par une fonction rationnelle irrégulière Q(Ea) (Detay et al., 1989) : Q ( Ea) = (1,07 Ea + 0,2) (0,325Ea + 1,3) (Eq. 37) Influence de Ea sur le débit spécifique Le débit spécifique a été interpolé par la fonction rationnelle régulière donnée par l’équation 38 par Detay et al. (1989) et Detay (1991) in Savané (1997) en utilisant 90 valeurs de débits spécifiques : Qs ( Ea ) = (0,76 Ea + 0,34) (0,0075 E a − 0,145 E 2 a + 2,68 Ea + 2,34 3 (Eq.38) 5.3.7. Caractérisation des aquifères par l’imagerie satellitaire L’étude de la fracturation dans cette zone ne saurait être occultée car la fracturation joue un rôle prépondérant dans la caractérisation des aquifères de socle. L’objectif de cette partie est donc de cartographier les structures linéaires afin de dégager les grandes fractures qui contrôlent la géométrie des aquifères de la zone. Une connaissance de l’état de fracturation de la zone va contribuer à une meilleure compréhension des conditions d’alimentation des nappes. La télédétection est par excellence, l’outil qui permet le mieux d’étudier la fracturation. Elle demeure la plus utilisée dans différentes études du socle en Côte d’Ivoire (Biémi, 1992 ; Savané, 1997 ; Kouamé, 1999 ; Saley, 2003 ; Jourda, 2005 ; Ahoussi, 2008 ; Youan-Ta, 2008). 80 Nous présentons ici un résumé des différentes méthodes utilisées pour traiter les images (Biémi, 1992 ; Savané, 1997 ; Kouamé, 1999 ; Jourda, 2005). 5.3.7.1. Corrections géométriques, mosaïque et extraction de la zone d’étude Avant tout traitement, les images doivent être corrigées radiométriquement. La correction géométrique (rééchantillonnage par le plus proche voisin de degré 1) et le redressement par rectification polynomiale ont été utilisés. La zone d’étude est couverte par deux images de scènes différentes (196-55 et 197-56). Ces images ont donc été géoréférencées et pour extraire la zone d’étude, une mosaïque des deux scènes a été réalisée. 5.3.7.2. Rehaussement des discontinuités Le rehaussement est une technique qui permet d’accentuer l’observation des discontinuités contenues dans l’image. Parmi les techniques de rehaussement couramment utilisées, on a le filtrage spatial qui accentue les données de l’image. Les filtres directionnels permettent d’accentuer les discontinuités lithologiques et structurales sur une image donnée. Plusieurs types de filtres existent, mais ce sont les filtres de types Sobel qui ont été retenus. Ces filtres ont donné de bons résultats dans des études antérieures (Jourda, 2005 ; Youan Ta, 2008). • Transformée de Hotelling Pour améliorer la perception visuelle des images, nous avons réalisé la transformée de Hotelling plus connue sous le nom d’analyse en composantes principales. Cette technique, permet de rehausser les images et de réduire le nombre de bandes à traiter en comprimant les informations selon une hiérarchie. Ainsi, nous avons réalisé l’analyse en composantes principales sur sept canaux à savoir ETM+1, ETM+2, ETM+3, ETM+4, ETM+5, ETM+6, ETM+7. Cette méthode a permis de retenir la deuxième composante (ACP2) pour le filtrage en vue de rechercher les discontinuités- images qui donne la meilleure qualité visuelle (Jourda, 2005 ; da et al., 2006). • Filtrage spatial Pour cette étude, comme nous l’avons souligné plus haut, les filtres directionnels de types Sobel ont été retenus. Ils permettent d’obtenir quatre (4) principales directions : N-S ; EW ; NE-SW ; SE-NW. Ils sont représentés dans le tableau VII. Tableau VII: Filtres directionnels de Sobel 7X7 1 1 1 0 -1 -1 -1 0 -1 -1 -1 -1 -1 -2 Direction N-S 1 1 2 1 1 1 1 2 3 2 1 1 1 3 4 3 2 1 0 0 0 0 0 0 -2 -3 -4 -3 -2 -1 -1 -2 -3 -2 -1 -1 -1 -1 -2 -1 -1 -1 Direction NE-SW 1 1 1 1 1 2 0 2 2 2 3 1 -2 0 3 4 2 1 -2 -3 0 3 2 1 -2 -4 -3 0 2 1 -3 -2 -2 -2 0 1 -1 -1 -1 -1 -1 0 -1 -1 -1 -2 -1 -1 -1 2 1 1 1 1 1 0 Direction E-W -1 -1 0 1 1 -1 -2 0 2 1 -2 -3 0 3 2 -3 -4 0 4 3 -2 -3 0 3 2 -1 -2 0 2 1 -1 -1 0 1 1 Direction NE-SE 1 1 1 1 1 3 2 2 2 0 2 4 3 0 -2 2 3 0 -3 -2 2 0 -3 -4 -2 0 -2 -2 -2 -3 -1 -1 -1 -1 -1 1 1 1 2 1 1 1 0 -1 -1 -1 -1 A l’issue du filtrage, qui permet en outre d’accentuer ou de désaccentuer des structures visuelles sur l’image, nous obtenons les images filtrées N-S, E-W, NE-SW, NW-SE. 5.3.7.3. Extraction des linéaments L’extraction des linéaments s’est faite de façon manuelle car la méthode automatique reste encore difficile à appliquer. Cette difficulté réside dans la définition des paramètres caractérisant les linéaments (Kouamé, 1999). On entend par linéament toute trace linéaire, topographique ou de tonalité, simple ou composite et dont les différentes parties sont en relation rectilinéaire ou légèrement curvilinéaire reconnu sur une image (Kouamé, 1999). 5.3.7.4. Validation de la carte linéamentaire Après la cartographie des linéaments, une étude de terrain appuyée d’une carte photogéologique permet de confirmer l’existence des segments observés. Dans notre cas, compte tenu de la situation de guerre qui prévalait dans la zone, lors des différentes missions, la mesure de fractures sur le terrain n’a pas été possible. Néanmoins, les mesures faites par certains auteurs ayant travaillés dans la région des Lacs, nous ont permis d’avoir une idée sur les familles de fractures dominantes. Ainsi, pour valider cette carte nous nous sommes appuyés sur l’étude de Yao (1998) dans les formations birimienes de ToumodiFettekro. 5.4. METHODOLOGIES DE L’ETUDE HYDROCHIMIQUE 5.4.1. Introduction L’hydrochimie des eaux souterraines est sous le contrôle de facteurs naturels et anthropogéniques. En dehors de l’impact anthropogénique, la composition chimique des eaux souterraines est sous la dépendance de plusieurs facteurs que sont la composition chimique des précipitations, la minéralogie des eaux d’infiltration et des aquifères, du climat et de la topographie. La combinaison de tous ces facteurs dans un système complexe crée plusieurs types d’eau qui évoluent aussi bien dans l’espace que dans le temps. L’hydrochimie constitue donc un excellent outil d’investigation de la structure et du fonctionnement des aquifères. De ce fait, l’hydrochimie apparaît comme un moyen d’étude de l’hydrodynamisme des aquifères. En effet, le contenu chimique des eaux souterraines est sous la dépendance étroite des conditions hydrodynamiques (Lallahem, 2002). Au cours de l’infiltration et de leur transit dans le réservoir, les eaux acquièrent leur minéralisation par interaction avec l’encaissant rocheux. A l’émergence, certaines propriétés chimiques acquises lors du transit profond seront conservées et constituent donc des moyens de traçages et de prospection de ces circulations (Lallahem, 2002). Dans ce cas, les paramètres physico-chimiques et chimiques sont alors utilisés comme des traceurs naturels destinés à révéler l’organisation et le fonctionnement du système hydrogéologique étudié (Faillat et Drogue, 1993). Dans ce paragraphe, les méthodes hydrochimiques qui permettent de comprendre le fonctionnement des aquifères (∆pH, ISC etc.) seront appliquées. Une analyse multivariée comprenant une analyse en composantes principales et une classification hiérachique ascendante seront faite en vue de terminer les affinités entre les différents éléments et aussi les processus qui sont à l’origine de la mise en solution de ces ions. Une étude de la qualité des éléments par rapport aux normes en vigueur sera également faite. Enfin, une cartographie hydrochimique des eaux de la zone d’étude sera réalisée à partir des coordonnées géographiques des forages et des teneurs des différents éléments en vue d’analyser leur répartition spatiale. L’ensemble de ces méthodes a pour but de suivre l’évolution du chimisme du système aquifère, la discussion de l’origine des éléments en solution dans les eaux souterraines de la région et la qualité de ces eaux pour l’alimentation en eau potable. 5.4.2. Analyse statistique des données physico-chimiques Une analyse statistique sommaire a permis de faciliter l’exploitation des données hydrochimiques. Elle a consisté à étudier les valeurs extrêmes (minima et les maxima), les 83 valeurs centrales notamment la moyenne et les paramètres de dispersion de ces valeurs (écart type, CV). Des graphes de corrélation entre les rapports caractéristiques ont été utilisés pour étudier le chimisme des eaux. 5.4.3. Typologie des eaux (hydrofaciès) L’étude de la typologie des eaux a été faite à l’aide du diagramme de Piper. Il permet de faire une classification des points d’eau par faciès. Il existe d’autres diagrammes qui permettent d’étudier les hydrofaciès. Parmi eux on peut citer : • Le diagramme de Schoeller-Berkallof ; • Le diagramme rayonnant ; • Le diagramme de Durov ; • Le diagramme Radial ; • Le diagramme de Stiff, etc.... Les méthodes de Stiff, de Radial et de Schoeller ne sont pas pratiques pour un nombre élevé d’échantillons. De plus, ces méthodes sont considérées par certains chercheurs comme subjectives (Güler et al., 2002 cités par Hussein, 2004). De ce fait, l’utilisation de ces méthodes graphiques pour le regroupement des échantillons n’est pas suffisante et peut produire des résultats biaisés. Ces différentes méthodes sont généralement s uniquement pour présenter une carte des hydrofaciès des eaux. 5.4.4. Méthodologie de l’étude de l’âge relatif des eaux souterraines L’approche de l’âge relatif des eaux souterraines est abordé ici par l’étude des différents paramètres qui régissent le système calco-carbonique. Cette méthode permet d’étudier l’évolution chimique de l’eau en fonction de son état d’équilibre ou de déséquilibre vis-à-vis des minéraux primaires et néoformés de la roche-réservoir. Ces états d’équilibre et de déséquilibre sont régis par les lois de la thermodynamique qui fixent le sens des évolutions. C’est ainsi que nous avons calculé l’activité des espèces aqueuses dans l’eau, la pression partielle en CO2 (pCO2) et les produits d’activité ioniques (PAI). Les indices de saturation par rapport à certains minéraux (calcite, dolomite, aragonite, etc.) ont également été calculés. 84 5.4.4.1. Principe du système calco-carbonique L’importance de l’étude du système calco-carbonique des eaux souterraines issues de roches non carbonatées n’a pas pour objectif d’étudier les carbonates dans les eaux ou dans les formations encaissantes elles-mêmes ; mais plutôt de déterminer l’âge relatif des différentes familles d’eau dans l’aquifère. Les eaux d’infiltration entraînent toujours avec elles en profondeur, un flux de gaz carbonique plus ou moins important généralement responsable de l’agressivité des eaux souterraines. Cette agressivité due au CO2 dissous présent dans l’eau, provoque la dissolution de l’encaissant. Ce phénomène de dissolution eau-roche est le résultat de la coexistence de trois phases dans la matrice : solide (roche), liquide (eau) et gazeuse (CO2). La coexistence de ces trois phases constitue un système chimique régit par huit équations d’équilibre appelée système calco-carbonique. L’étude du système calco-carbonique est régie par deux groupes de variables : d’une part, la pression partielle en CO2 (pCO2) et le CO2 dissous et, de l’autre le pH d’équilibre, et les indices de saturations de l’eau par rapport à différents carbonates (Biémi et al., 1995). L’utilisation de la relation indice de saturation vis-àvis de la calcite (IS calcite) et la pression partielle de CO2 (pCO2) donne une idée de l’état d’équilibre de la solution avec l’encaissant. En effet, l’étude de la pCO2 et de l’indice de saturation est particulièrement adaptée à une première approche hydrodynamique des systèmes étudiés. De façon simplifiée, le système calco-carbonique est présenté par l’équation d’équilibre (41) suivante et de façon plus rigoureuse dans le tableau VIII. H 2O + CO2 gaz + CaCO3 ⇔ H 2O + Ca 2 + + HCO3− (Eq.41) Ce système est gouverné par la réversibilité et l’inertie des équilibres, ce qui se traduit par un taux de saturation dépendant de l’histoire de l’eau. En fin de compte, deux (2) variables rendent complètement compte de l’histoire de l’eau, solvant de la roche carbonatée : - la pCO2, pression partielle de CO2 rendant compte des concentrations observées en Ca, HCO3 et Mg ; - l’indice de saturation ISC de l’eau vis-à-vis de la calcite, minéral carbonaté le plus courant et précipitant le premier. Les définitions relatives à ces deux seront traitées dans le paragraphe suivant ainsi que les différentes méthodes de calcul. Les huit équilibres chimiques donnent huit constantes d’équilibre avec les variables chimiques et la réaction d’éléctroneutralité de l’eau, neuf équations à dix inconnues. Ces constantes d’équilibre sont estimées par la relation (42) (in Biémi, 1992) : 85 log k = a + b + c ×T + d ×T 2 T (Eq.42) T, température de la solution en °K Les coefficients a, b, c et d sont des constantes connues dont les valeurs figurent dans le tableau IX. Notion d’activité ionique Le traitement des relations entre minéraux et entre minéraux et solution (eau), par calcul thermodynamique, emploie l’activité comme expression de la concentration. L’activité tient principalement compte de l’attraction électrostatique entre les ions. Pour une solution idéale (pure), l’activité est égale à la concentration. Dans le cas réel, un coefficient d’activité γ appelé cœfficient d’activité, mesure la déviation par rapport à l’état idéal (ai = γ mi). Avec mi = concentration mesurée en mol.l-1 et γi = coefficient d’activité de l’ion i. Il est donné par la formule (43) de Debye Huckel et n’est valable que pour les eaux à force ionique négligeable (μ<0,1 mol.l-1) : log γ i = − AZ12 I (Eq.43) 1 + ai0 B I A et B sont des coefficients empiriques en fonction de la température (t °c). A (t°c) = 0,000920t + 0,4850 B (t°c) = 0,000162t + 0,3241 ai0= désigne le rayon d’influence de l’ion i en angstroem. C’est une grandeur expérimentale fonction du diamètre effectif de l’ion I est la force ionique, définie en fonction de la molalité (mi) et la charge Zi de la somme des ions en solution. Son expression est donnée par la formule (44) suivante : ( ) 12 ∑ m Z FI mol.l −1 = n 0 i 2 i (Eq. 44) 86 Tableau VIII : Principaux équilibres du système calco-carbonique dans les eaux souterraines et expressions de leurs constantes dans les trois phases. Réactions d’équilibre Equ ations thermodynamique liées aux constantes de dissociation et/ou d’équilibres K0 : constate de Henry pour le CO2 1) Entre phase liquide et phase gazeuse : + Dissolution ou évasion du CO2 (1) (CO 2 ) g ⇔ (CO 2 ) l K 0 = (CO2 ) l /( pCO2 ) 2) Dans la phase liquide : + Hydratation du CO2 et ionisations (2) (CO 2 ) + nH 2 O ⇔ (CO 2, nH 2 O) (2bis) (CO2, H 2 O) + pH 2 O ⇔ ( H CO3 − + H 3 O − + (n + p − 2) H 2 O − 3 2− 3 (3) HCO + H 2 O ) ⇔ CO + H 3 O + Formation des paires d’ ions (4) HCO3− + Me 2 − ⇔ MeHCO3− − K1 = ( HCO3 )( H 3O − ) /(CO2 ) K 2 = (CO3− )( H 3O − ) /( HCO3− ) K 3 = ( MeHCO3− ) /( HCO3 )( Me 2+ ) K 4 = ( MeCO30 ) /(CO32− )(Me2+ ) K = ( H O − )(OH − ) = 10−14 e 3 (5) CO32 − + Me 2 − ⇔ MeCO30 K 5 = ( MeSO40 ) /(Me2+ )(SO42− ) + Dissociation de l’eau (6) 2 H 2 O ⇔ H 3 O − + OH − + Formation de paires d’ion avec SO42(7) Me 2 − + SO 42 − ⇔ MeSO 40 3) Entre phase liquide et phase solide + Dissociation ou précipit ation du carbon e K s = ( Me 2 + )(CO32 − ) /( MeCO3 ) (8) MeCO3 ⇔ CO32 − + Me 2 − 4) Electroneutralité de la solution : (9) 2 mCO32 − + mH CO 3 − + 2mSO 42 − = 2mCa 2 + + mH 3 O − + mMeHCO3− Avec mMe tot = mMe2+ + mMeHCO3- + mMeCO30 + mMeSO40 mHCO3 tot = mHCO3- + mMeHCO3mCO3 tot = mCO32- + mMeCO30 mSO4 tot = mSO42- + mMeSO40 Les concentrations totales (m tot) sont données par l’analyse Me représente tous les cations divalents associés aux carbonates : Ca, Mg, Sr Tableau IX: Expressions analytiques des constantes d’équilibre (in Biémi, 1992) Me2+ a b c d K0 K1 K2 K3 K3 K4 K4 Ks Ca2+ Mg2+ Ca2+ Mg2+ calcite -14,0184 14,5435 6,498 2,95 -2,319 27,393 -0,991 13,870 2385,73 -3404,71 -2902,39 0 0 -4,114 0 -3059,0 87 0,015264 -0,032786 -0,02379 -0,0133 0,011056 -0,05617 -0,0066 -0,04035 0 0 0 0 2,3.10-5 0 0 0 5.4.4.2. Les origines du CO2 sont multiples et l’on peut distinguer en autres in Soro (2002) : - le CO2 atmosphérique ; - le CO2 du sol ; - le CO2 provenant de l’attaque des calcaires ; - le CO2 dégagé des eaux souterraines ; - le CO2 d’origine métamorphique ; - le CO2 d’origine volcanique. La pression partielle en CO2 (i.e. pCO2) des eaux naturelles varie fortement. Si l’on considère, par exemple, les eaux d’une nappe, la valeur de pCO2 va dépendre de la balance entre plusieurs vitesses : - vitesse de production ou de consommation de CO2 d’une part ; - et vitesse de diffusion du CO2. La diffusion du CO2 est très faible pour le CO2 aqueux. La diffusion du CO2 est surtout le fait du CO2 gazeux dans l’atmosphère du sol ou du sous-sol. La diffusion du gaz s’effectue lorsque la porosité grossière, siège de l’atmosphère des sols, est vide d’eau. Ainsi, dans les milieux saturés, cette diffusion de CO2 est lente. Les échanges gazeux entre eau du sol et 88 atmosphère sont faibles et la pCO2 sera plutôt élevée. En revanche, dans les milieux soussaturés en eau, la diffusion du CO2 est plus importante et donc la pCO2 sera plus faible. Ainsi pour les eaux en équilibre avec l’atmosphère, la pression partielle de CO2 est de 10-3,5 atmosphère (log (pCO2) = -3,5). La production de CO2 est principalement due à l’activité biologique. Dans certains cas, l’influence thermale avec des eaux carbogazeuses peut conduire à une forte source de CO2. Lorsque le milieu contient beaucoup de matière organique, comme par exemple dans les horizons superficiels des sols abritant des nappes perchées, ou bien pour les milieux tourbeux, l’oxydation de la matière organique conduit à une forte production de CO2 et donc à une pCO2 élevée. Les valeurs élevées de pCO2 seraient donc liées à des vitesses d’infiltration rapides correspondant à un état de d’évolution chimique des solutions par rapport à l’équilibre. Ces eaux seraient donc récentes dans l’aquifère. Pour des eaux d’altération de roches de type granitique ou pegmatite avec peu de matière organique (eaux thermales non carbogazeuses, eaux d’horizons profonds de sols sur granites,..) la pCO2 peut être très faible. Ce qui veut dire que les quantités de CO2 dissous présentes dans l’aquifère sont épuisées et que les solutions sont à l’état de saturation en carbonates ou en équilibre chimique. Ce phénomène se traduit donc par un temps de séjour prolongé des eaux dans l’aquifère. Enfin, le fonctionnement hydrique du milieu joue un rôle capital. Si l’eau se trouve dans un milieu à porosité fine, perméabilité faible, gradient piézométrique ou hydrique faible avec des écoulements lents (eau stagnante), alors les échanges gazeux sont faibles et la pCO2 est plutôt élevée. A l’opposé, dans les matériaux graveleux ou caillouteux, à porosité grossière, avec des écoulements rapides, la pCO2 est faible. Calcul de la pression partielle en CO2 (pCO2) La pCO2 équilibrante correspond à la pCO2 d’une phase associée à la solution pour laquelle on suppose que tous les équilibres du tableau VIII sont atteints. Elle est obtenue par calcul à partir des valeurs du pH et des teneurs en bicarbonates selon la relation (46) suivante − : log pCO2 = log aHCO3 − pH − log K 0 − log K 1 (Eq.46) Où a désigne l’activité des ions HCO3-, K0 la constante de dissolution du CO2 dans l’eau et K1 la première constante d’acidité de H2CO3. D’où on a la pression partielle de CO2 qui est donnée par l’expression (47): − aHCO3.aH + pCO2 (atm.) = K 0 K1 89 (Eq. 47) La méthode de la pression partielle de CO2 utilisée ici pour la détermination de l’âge relatif des eaux présente quelques difficultés. En effet, la production du CO2 est sous la dépendance de plusieurs facteurs. Les quantités de CO2 varient dans l’espace et dans le temps en raison de l’insuffisance de la vie microbienne et la litière dans certains sols. La zone d’étude étant à cheval entre la forêt et la savane, il peut se trouver qu’une eau récente soit pauvre en CO2. Pour s’affranchir de cet obstacle, le pH d’équilibre et les indices de saturation des eaux par rapport à la calcite et à la dolomite ont été utilisés pour déterminer l’âge relatif des eaux dans la zone d’étude. Selon Biémi et al. (1995), en milieu cristallin d’Afrique de l’Ouest, les eaux récentes sont facilement reconnaissables par leurs indices de saturations souvent assez négatifs, en rapport avec une agressivité importante de l’eau, même quand la production du CO2 dans le sol, l’hydrolyse et les quantités de Ca et Mg qui en résultent sont naturellement négligeables. Notion d’indice de saturation Les indices de saturation nous renseignent sur l’état d’équilibre des systèmes, donc sur les conditions d’écoulement existant dans le milieu. L’indice de saturation (Is) pour un minéral donné est défini selon l’équation (48) (Kortatsi et al., 2008) suivante : I s = log PAI (T ) Ks (T ) (Eq.48) Avec PAI (T) : Produit d’activité ionique (à la température de l’échantillon) Ks (T) : constate d’équilibre du minéral considéré (à la température de l’échantillon). L’eau est en équilibre avec un minéral lorsque Is = 0, elle est sous-saturée lorsque Is < 0 ce qui signifie que la réaction est en faveur de la dissolution, par contre lorsque Is > 0, la solution est sursaturée. Dans ce cas, la précipitation est thermodynamiquement favorable en dépit de la lenteur de la vitesse de réaction qui peut inhiber la précipitation. Il est important de noter que l’indice de saturation dépend directement de la validité des mesures de teneurs ioniques et de la mesure du pH dans certains cas, en particulier pour la saturation vis-à-vis des minéraux carbonatés. Ainsi, les imprécisions des mesures de pH dues aux appareils de mesure, la variation de ce paramètre lors de la remontée de l’eau en surface et l’erreur sur les analyses chimiques se traduisent par une imprécision sur le calcul d’Is. Par conséquent, il est recommandé de considérer que la saturation est obtenue dans un domaine plus large tel que -1< Is <+1. 5.4.5. Notions de système ouvert et fermé : utilisation du Diagramme pH-HCO3 Un système est dit ouvert sur un réservoir si les échanges de matière et d’énergie sont possibles avec celui-ci et à condition qu’il soit considéré comme infini vis-à-vis de l’élément considéré (Garry, 2007). Ici, nous parlerons de système ouvert ou fermé vis-à-vis d’une phase gazeuse (CO2 g du sol ou de l’atmosphère) car il peut aussi bien s’agir d’un élément de la phase solide ou de la phase gazeuse (Clark and Fritz, 1997). Dans le cas d’un système dit ouvert sur le CO2 g, l’évolution chimique des eaux a lieu sous une pression partielle de CO2, variable dans l’espace et dans le temps. La pression partielle du CO2 dans la phase liquide (pCO2) est égale à la pression partielle du CO2 de la phase gazeuse, la loi d’henry fixant la valeur de l’équilibre (Garry, 2007). Cette pression se produit dans la zone non saturée (zone d’aération des sols et des réservoirs) qui est le siège des écoulements diphasiques où la phase gazeuse, associée à l’eau favorise une réalimentation interrompue de l’aquifère en CO2. Dans un tel système, le stock du CO2 est conservé et le pH varie très peu. Un système est dit fermé sur un réservoir lorsqu’il n’y a plus aucun échange de matière possible avec celui-ci (Clark and Fritz, 1997). Toutefois, il convient de ne pas confondre système fermé et système isolé. En effet, dans système isolé, tout échange de matière ou d’énergie est impossible (Garry, 2007), alors qu’un système fermé sur le CO2g du sol n’interdit par les échanges ente les phases liquides et solide, puisque le système n’est pas fermé vis-à-vis de la matrice solide de l’aquifère. Dans un tel système, l’absence de la phase gazeuse ne permet plus une réalimentation en CO2 de la nappe. L’alimentation de la nappe par infiltration à travers la zone non saturée est arrêtée. Dans ce cas, il pourrait donc s’agir d’une nappe captive parce que la fracturation n’est plus suffisante pour permettre une alimentation directe décelable chimiquement (Gallo, 1979 cité par Biémi, 1992). La relation entre le pH et les teneurs en bicarbonate peuvent permettre de définir la présence d’un système fermé ou ouvert à l’atmosphère dans un milieu cristallin. Cette méthode a donné des résultats intéressants au Brésil dans la région de Ribeirra Preto (in Biémi, 1992) et en Côte d’Ivoire, dans le bassin de la Marahoué (Biemi, 1992), dans la région de Dabou (Tapsoba, 1995), dans la région de l’Agneby (Ahoussi, 2008). Le diagramme de Gallo (Figure 17) qui repose sur ces différentes hypothèses (in Biémi, 1992) va donc nous permettre d’étudier l’hydrodynamisme des aquifères de la région des lacs vis-à-vis du CO2. 91 Figure 17: Diagramme des relations pH réel-Teneurs en bicarbonates ( urbe théorique) 25°C et pour une force ionique de 10-3 mol/L). 5.4.6. Qualité des eaux souterraines et risque pour la santé L’étude de la qualité des eaux de consommation est basée sur l’analyse des éléments de la pollution des eaux (éléments majeurs, éléments mineurs naturels, éléments métalliques en trace) et les paramètres physico-chimiques mesurés in situ. Elle va consister dans un premier temps à comparer les valeurs des éléments physiques et chimiques de l’eau par rapport aux normes de références établies par l’OMS (1992) pour les eaux destinées à la consommation humaine. Ces données sont présentées sous forme de graphique où la norme pour chaque élément est mise en évidence. Dans un deuxième temps, il sera question d’évaluer les impacts potentiels de ces éléments sur la santé. 5.4.7. Cartographie hydrochimique La cartographie hydrochimique permet d’étudier la répartition spatiale des éléments chimiques dans la zone d’étude. Pour ce faire, l’on doit disposer d’une carte de la zone d’étude, d’un GPS Garmin (ou Global Positioning System). Lorsque les localités dont les points d’eau seront échantillonnés lors de la campagne sont identifiées sur la carte, l’étape suivante consiste à un repérage en coordonnées (X, Y) Lambertiennes ou Universal Transversal Mercator (UTM) des points d’eau sur le terrain à l’aide du GPS. Les analyses chimiques concernent plusieurs éléments du même point d’eau ce qui nous a permis de dresser une base de données des points 92 d’eau avec les coordonnées géographiques. Cette base de données a été saisie sous le tableur Excel et convertie en table attributaire sous format reconnu par ArcView 3.2. La carte de la zone d’étude à l’échelle 1/200 000 est scannée, géoreferencée et numérisée sur MapInfo 6.5 et transférée sur ArcView 3.2. Sur ArcView 3.2, la table attributaire des éléments chimiques est interpolée pour générer la carte de répartition spatiale des différents éléments. Enfin, on superpose la carte interpolée avec celle des localités et on obtient la carte thématique finale. Cette méthode est résumée dans l’organigramme de la figure 18. Figure 18 : Synthèse de la méthodologie de réalisation de la cartographie thématique des paramètres hydrochimiques. 5.5. METHODOLOGIE DES TRAITEMENTS STATISTIQUES 5.5.1. Présentation de l’Analyse en composantes principales La description de cette méthode est largement exposée dans de nombreux travaux (Caillez et Pages, 1976 ; Biémi, 1992). Dans ce paragraphe, nous nous contenterons d’évoquer simplement l’objectif et le principe de cette méthode. Dans un espace hypothétique à n dimensions, correspondant aux n variables, le nuage de points des observations ne permet pas de mettre en évidence une structure particulière. La transformation linéaire de ces n variables initiale par la méthode de l’analyse en composantes principales (ACP), définit de nouvelles variables appelées composantes. Ces composantes principales, expliquent le maximum de l’information initiale. Chaque composante explique un certain pourcentage de la variance des observations, lequel diminue avec le rang de la composante. Par conséquent, les points d’observations peuvent être représentés dans un espace réduit à p dimensions. Dans ce nouvel espace, les coordonnées des points d’observations correspondent aux coefficients de corrélation entre chaque axe et chaque variable initiale. Cette représentation graphique permet, s’il y a lieu, de regrouper les variables initiales en groupes homogènes vis-à-vis du phénomène observé. 5.5.2. Application de l’Analyse en Composantes Principales (ACP) à l’étude de la variabilité spatiale des précipitations L’objectif recherché est la description et la mise en évidence de l’existence éventuelle des sous-populations pouvant préciser le gradient pluviométrique mis en évidence par le tracé des isohyètes. Cette méthode a déjà été utilisée dans plusieurs études pluviométriques ou hydrométriques dans l’optique d’optimiser un réseau de mesures hydropluviométriques mais surtout dans le but d’éliminer systématiquement des stations déjà existantes non d’en ajouter (Rasmussen et al., 1997). El Morjani (2002) a également utilisé l’ACP pour chercher des paramètres qui influencent la répartition des pluies. Pour appréhender la variation spatiale des pluies dans la région des lacs, les stations pluviométriques ont été considérées comme variables et les précipitations comme observations (Cemagref, 1981). Dans le but de mettre en évidence des sous-groupes dans les variables en considérant le maximum de l’information, chaque variable est projetée sur un cercle de rayon unité de telle manière que la norme de chaque vecteur soit égale au coefficient de corrélation entre la station considérée et le premier axe factoriel. Ainsi, les précipitations annuelles ont été prises en compte pour ce traitement statistique. Ce traitement a été effectué en considérant 12 94 variables à savoir les 12 postes pluviométriques retenues après critique de la base de données initiale, et 35 observations ou années qui correspondent à la période allant de 1966 à 2000. 5.5.3. Caractérisation de la productivité des aquifères à partir de l’Analyse en composantes principales normées (ACPN) Nous avons appliqué l’ACP sur les paramètres hydrogéologiques des forages dans le but de déterminer les paramètres qui ont une influence sur la productivité des forages. Cette analyse a été réalisée sur 87 échantillons constitués par les forages et 8 variables statistiques ont été prises dont la profondeur totale du forage (Prof.), l’épaisseur des altérites (EPALT), l’épaisseur de la roche saine pénétrée par l’ouvrage (EPROS), Niveau piézométrique représenté ici par le niveau statique (NIVP), la Charge hydraulique (CHG), le débit de foration ou de production (DEBP), le Débit spécifique (DEBSP) et la profondeur de la première venue d’eau (PVE). La figure 19 présente ces différents paramètres tels que définis par Mbonu (1991). DEBP=Débit de production, soit débit au pompage, soit débit à l’air lift. NIST=Pro fondeur de la nappe à partir de la surface (ou niveau piézométrique). EPALT= Epaisseur d ’alté rites. P VE (AE1) = Profondeur de la première arrivée d ’eau dans le forage à partir de la surface du sol. CHG = Charge hydraulique. EPROS = Epaisseur de la roche saine pénétrée par le forage. PROF = Profondeur totale du forage. Figure 19 : Coupe schématique d’un forage dans le socle et dé finition des para mètres hydrogéologiques (Mbonu, 1991, modifié). 5.5.4. Traitement des données hydrochimiques par les analyses statistiques multivariées 5.5.4.1. Analyse en Composantes Principales Normées (ACPN) Le traitement des données par Analyse en Composantes Principales (ACP) est une méthode statistique multidimensionnelle permettant de synthétiser les informations dans le but de comparer les systèmes entre eux. L’ACP est particulièrement utilisée et adaptée (Biémi, 1992 ; Blavoux et al., 1992 ; Savané, 1997 ; Oga, 1998 ; Soro, 2002 ; Hussein, 2004 ; Yidana et al.,2006 ; Garry, 2007 ; Ahoussi, 2008 ; Ahoussi et al.,2008) pour expliquer d’une part les ressemblances chimiques entre les différentes eaux et/ou les différents pôles d’acquisition de la minéralisation et d’autre part les variables qui gouvernent ces mécanismes. En effet, c’est une technique qui permet de prendre en compte un grand nombre de variables et d’échantillons. Etant une technique linéaire optimisant un critère quadratique, l’ACP ne tient pas compte d’éventuelles liaisons non linéaires et présente une forte sensibilité aux valeurs extrêmes (Garry, 2007). La disparité des gammes de chaque descripteur (par exemple la conductivité : 11,2 à 1097 μS/cm et les sulfates : 0 à 30 mg/L), nous impose de travailler sur des données centrées réduites pour leur donner le même poids afin de ne pas discréditer les variables dont les valeurs sont faibles. L’analyse a portée sur 13 paramètres ou variables : T°C, Conductivité, pH, TAC, THT, Ca, Mg, HCO 3, NO- 3, Cl, SO4, Mn et Fe. Au total 94 échantillons ou individus (unités 2+ 2+ - - 2- statistiques) ont été retenus. Les résultats sont présentés soit en tableaux soit en diagrammes. Les tableaux nécessaires pour l’analyse sont les suivants : - la matrice de corrélation ; - les valeurs propres des facteurs ; - les vecteurs propres ; - les vecteurs de saturation ; - les coefficients de corrélations multiples ; - les composantes des individus. L’ACPN d’une étude donnée n’est valable que lorsque les plans factoriels étudiés donnent plus de 70 % d’informations (Biémi, 1992). En dessous de cette limite, on considère que l’étude n’a pas tenu compte d’une grande quantité d’informations utiles qui restent cachées. 5.5.4.2. Cluster analysis ou Analyse en Classification Hiérarchique Ascendante (CHA) L’analyse de classification (Cluster Analysis) comprend un ensemble de techniques statistiques qui sont utilisées pour déterminer des groupes statistiques naturels ou des structures dans les données. Selon Hussein (2004), l’application de cette méthode en géologie a été introduite par Davis en 1986. Mais, c’est Erikson en 1985, qui donna l’information nécessaire de son application en hydrochimie. Cette méthode est donc couramment utilisée pour analyser les données hydrochimiques des eaux et vient en appoint de l’ACP (Hussein, 2004) ; Yidana et al., 2007). C’est un outil puissant pour l’analyse des données chimiques des eaux compte tenu de la complexité des systèmes hydrochimiques et des difficultés que l’on rencontre lors de leur interprétation. Nous présentons ici le fondement mathématique de la méthode tel que proposé par Hussein (2004). Elle est basée sur le calcul de la distance euclidienne entre les individus ou observations dans un espace à n-dimensions. Premièrement, les données doivent être normalisées par le calcul de leurs moyennes à l’aide la formule 39 Soit : K ij = (X − X ) ij ( Eq . 39) Si c où Kij est la valeur normale de Xij pour la iième variable du jiè me individu, X est la moyenne de la iième variable et Sic l’écart type. La procédure adoptée donne un poids égal à chaque variable. Ainsi, la mesure de similarité est tout simplement la distance définie dans un espace euclidien (Hussein, 2004). La distance entre deux individus (j, k) est donnée par la relation 40 suivante : N 2 d ij = ∑ (K ij - K ik )   i =1  1/ 2 (Eq. 40) Où Kik représente la Kième variable mesurée sur l’objet i, et Kj k la Kième variable mesurée sur l’objet j. Le résultat est donné sous forme d’un dendrogramme horizontal ou vertical (Figure 20) qui classe les observations ou variables par groupes ou sous-groupes ayant le même poids ou les mêmes caractéristiques. Cette méthode permet donc de faire un regroupement des observations ou variables en fonction des similarités qui existent entre celles-ci ou non. Figure 20 : Exemple de dendrogramme.
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Dans tous les cas, le SN postverbal est analysé en tant qu'objet existentiel du verbe (« the object is the expression for that which exists »). Chao remarque également que ce n'est pas rare pour l'entité existante d'occuper la position sujet (préverbale), comme dans zhè zhǒng shì cháng yǒu 'ce genre de chose existe souvent'. De plus, ce « you prédicatif » peut être régulièrement nominalisé au moyen de la formule shide, comme dans zhè zhǒng shì shì cháng yǒu de 'ce genre de chose c'est quelque chose qui existe souvent' (Chao 1968 : 728). 4.3.2. Yǒu et sa fonction partitive Nombre d'auteurs ont remarqué que, quand le verbe yǒu est suivi par la particule de, la séquence affecte l'interprétation nominale. Le paragraphe suivant est tiré de Chao (1968 : 728) : Le Xiàndài hànyǔ bābǎi cí [ 'Huit-cent mots du chinois contemporain' est un ouvrage de référence qui présente les grandes lignes du système grammatical du chinois, rédigé par Lǚ Shūxiāng en 1980. 152 " /, '/'''''"( 1980 : 558). 151 200 « By placing such yǒu de in an attributive position before a nominal expression, as in yǒu de rén'men who exist, – men who there are', it turns out to have the force of'some', so that yǒu de dōngxi is equivalent to'some things', yǒu de shíhou the latter usually reduced to a free adverb yǒu shíhou 'there are times, – some of the times', or even to yǒu shí'sometimes'. This equating of'some' to existence agrees quite well with the modern post-Aristotelian treatment of particular propositions as implying existence , which universal propositions do not. » (Chao 1968 : 728, pinyin ajouté). A part yǒu-de (IV.28), l'emploi de yǒu au sein de la séquence yǒu-xiē [AVOIR- quelques(CL)] placé en position attributive devant un nom a un effet similaire153 (IV.29) : (IV.28) Yǒu-de háizi AVOIR-DE enfant (BJKY) ) háizi tīng, yǒu-de écouter AVOIR-DE enfant bù tīng, shì hā. NEG écouter, être SFP 'Il y a des enfants qui obéissent, il y a des enfants qui n'obéissent pas, c'est ça.' (IV.29) (BJKY) Yǒu-xiē rén zǒng AVOIR-quelques personne toujours hǎoxiàng juédé penser - shuō kèběnr dōu chà apparemment dire manuel tous bú tài manquer NEG trop duō beaucoup 'Il y a des gens qui pensent toujours qui semblent dire que les manuels d'école se ressemblent tous' Dans son article de 2004, Cài Wéitiān s'intéresse au yǒu porteur d'une fonction présentative (lit. « d'apparition » – chéngxiàn de rén [) et se livre à une analyse approfondie des trois séquences yǒu- [AVOIR-DE personne], yǒu-xie rén '[AVOIR-quelques personne] et yǒu rén [AVOIR personne]. (IV.30) a. Yǒu-de rén zǒu-le AVOIR-DE personne partir-PFV 'Il y a des personnes qui sont parties / il y en a qui sont partis' 153 Voir notamment Zhān Kāidì (1981). Nous ne considérons pasi ci l'emploi de yǒu-xiē dans des exemples du type jīntiān yǒu-xiē lěng / 'aujourd'hui il fait un peu froid' où yǒu-xi exprime le dégrée d'adjectif (v. Dīng Shēngshù 1961 : 82). 201 b. Yǒu-xie rén zǒu-le AVOIR ques personne partir-PFV 'Certains sont partis / qui ( : ' a certaines personnes qui ') c. Yǒu rén zǒu-le AVOIR personne partir-PFV 'Il y a quelqu'un qui est parti' (Cài 2004, notre traduction) D'après Cài (2004), en (IV.30a) et (IV.30b), yǒu n'est plus un prédicat mais fonctionne comme un déterminant (zhǐshìcí (fēnzhǐ ). De plus, tandis que yǒu-de exprime une valeur partitive ), la séquence yǒu-xie reçoit une interprétation spécifique (shūzhǐ )154. Grammaticalement, yǒu-xie rén est, dit-il, la contraction de yǒu yì-xie rén [AVOIR un-quelques personne] où le numéral yī 'un' n'exprime pas de quantité mais renvoie à un ensemble référentiel collectif (yī est fréquemment omis quand yì-xie modifie un nom en position objet derrière le verbe) ; de son côté, yǒu-de est la contraction de yǒu bùfen de rén [AVOIR partie DE personne] 'il y a une partie des gens (qui)', la particule subordinative de apparaissant souvent après les partitifs qui expriment une quantité. Au sein de la séquence yǒu rén (IV.30c), en revanche, yǒu est de son point de vue un « verbe auxiliaire » (zhùdòngcí ). Ces propriétés sont résumées dans le tableau suivant. Tableau IV-1. L'analyse des séquences yǒu-de rén, yǒu-xiē rén et yǒu rén d'après Cài (2004) Séquence yǒu-de rén yǒu-xie rén yǒu rén Equivalent en anglais Fonction Rôle grammatical de you 'Some of the people' Partitif Modificateur nominal 'SOME people' Référence plurielle spécifique Modificateur nominal 'Sm people' Existence « pure » Cài (2004) fait également une comparaison avec l'anglais. La séquence yǒu-de rén équivaut alors à l'anglais some of the people. Nous avons ici une forte présupposition : dans le monde du discours existe « un groupe de personnes » dont le référent du nom nu rén modifié par yǒu-de dénote une partie (l'emploi partitif). D'autre part, yǒu-xiē rén porte une forte connotation de spécificité, et de 154 / «, " /( "P"/ "( (specific) ( »( 2004). [ : (partitive) (, 202 ce fait équivaut à l'anglais (some étant accentué), position ou , a une référence plurielle155. Yǒu rén de son côté reflète l'anglais sm people (« sm » indiquant ici que le déterminant some n'est pas accentué), il exprime une existence « pure » et ne requiert aucun contexte linguistique présupposé. Seul yǒu-xiē rén indique spécifiquement un référent pluriel, tandis que yǒu-de rén et yǒu rén peuvent se référer à un nombre pluriel ou singulier également. En somme, le yǒu présentatif se divise selon Cài en deux types : l'un est un prédicat, appartenant à la catégorie des verbes auxiliaires, l'autre est un modificateur nominal. Cependant, il y a un élément intéressant qui n'est pas mentionné dans l'article de Cai (2004) : la séquence yǒu rén peut porter à elle seule un sens partitif. Ce sont les propriétés sémantiques du V2 qui déclenchent une interprétation existentielle ou partitive sur le SN. De plus, dans son interprétation partitive, rén ne peut que renvoyer à un référent pluriel ('des gens'). Nous en discuterons sur la base de nos exemples oraux dans la section 4.7.3.3. 4.3.3. La construction en forme personnelle Dans la section 4.2 nous avons dit que lorsque yǒu est impliqué dans une structure biclausale exploitée à des fins pragmatiques, on constate l'extension de l'usage possessif de yǒu aussi bien que l'extension de son usage existentiel. On remarquera que lorsque la structure biclausale se construit avec le verbe yǒu dénotant la possession (IV.31a), le pronom à l'initiale ne peut pas être omis sans altérer le sens de l'énoncé (IV.31b). Mais, avec un ajustement nous obtenons le même contenu propositionnel et la valeur de vérité de l'énoncé reste égale (IV.31c) : (IV.31) a. ǒ ǒ Diachroniquement, yǒu-xie se serait approprié de la fonction de détermination spécifique portée en chinois archaïque par mou « un certain », tandis que yǒu-de aurait pris la connotation partitive qui était auparavant propre à huo « certains (d'entre eux) » (Cài 2004). 203 c. / ) Wǒ de yí-ge háizi zài wàidì. 1SG ailleurs DE un-CL enfant se.trouver 'L'un de mes enfants réside ailleurs.' Il est important de noter que le locuteur aurait pu avoir recours à la tournure (IV.31c) pour exprimer le même contenu propositionnel de (IV.31a). La différence repose donc sur le plan pragmatique. Cette correspondance peut être illustrée ainsi (E = ensemble, X = instance de l'ensemble, SUB = particule marquant la subordination de ): [SNE+ yǒu + SNX + V] ≈ [SNE + SUB + SNX + V] Il n'est pas sans intérêt de constater que l'équivalence est observée en français également. La construction comportant avoir en forme personnelle (IV.32a) n'a pas d'équivalent monoclausal direct (IV.32b) mais on peut en produire un avec quelques ajustements (IV.32c) : (IV.32) a. J'ai une cousine qui habite en Amérique b.?Une cousine habite en Amérique c. Une de mes cousines habite en Amérique (adapté de Conti 2010) Il en va de même pour les exemples suivants (toujours adaptés de Conti 2010) : (IV.33) (IV.34) a. J'ai une amie qui a appelé son fils Théodore Otto b.?Une amie a appelé son fils Théodore Otto c. Une de mes amies / une amie à moi a appelé son fils Théodore Otto a. J'ai deux étudiants qui préparent un séminaire pour la semaine prochaine b.?Deux étudiants préparent un séminaire pour la semaine prochaine c. Deux de mes étudiants préparent un séminaire pour la semaine prochaine 4.4. Les phrases du chinois en AVOIR faisant l'objet de notre recherche Maintenant que nous avons fait le tour des diverses phrases contenant en chinois le verbe AVOIR et réfléchi à leur typologie, nous pouvons préciser quelles sont les structures ciblées par notre étude. 204 Notre recherche a pour objet plus spécifiquement les phrases présentatives biclausales en yǒu, telles que (IV.35a), comportant un V2 dont l'objet de yǒu est l'agent sémantique, et ayant un équivalent monoclausal S-V (IV.35b). (IV.35) a. ( ) / (Gāngcái) yǒu yí-ge rén lái zhǎo nǐ juste.maintenant AVOIR un-CL personne venir chercher 2SG 'Tout à l'heure il y a quelqu'un qui est venu te chercher' b. ( )/ (Gāngcái) yí-ge rén lái zhǎo nǐ juste.maintenant un-CL personne venir chercher 2SG 'Tout à l'heure quelqu'un est venu te chercher' Ainsi, les critères suivants sont retenus : I. Nous considérons les structures biclausales [yǒu + SNF + V] dont le contenu sémantique peut s'exprimer par un énoncé monoclausal « sans yǒu » (= [SNF + V]). II. L'emplacement pré-yǒu peut être occupé par un SN dénotant une référence spatio-temporelle (incluant les pronoms de personne), mais ce n'est pas une condition nécessaire. Ainsi, nous ne considérons pas les phrases en yǒu « à emplacement préverbal vide » (4.3.1) comme une catégorie à part, et regroupons les deux constructions en mettant SNG entre parenthèses : [(SNG +) yǒu + SNF + VF]. III. Nous considérons les structures où l'entité dénotée par le SN post-yǒu est en même temps l'agent du V2. Ainsi, nous excluons les exemples tels que Tā yǒu shì zǒu-le 'Il est parti car avait un souci' (lit : 'il a eu un souci et il est parti'). Quelques précisions s'imposent néanmoins. Premièrement, nous reconnaissons que dans le cas des structures où yǒu est placé directement en tête de phrase, il est désémantisé. Mais nous remarquerons que même en présence du SNG, le sens locatif-existentiel de yǒu peut être très opaque156. 156 Dans la section 1.2.2.2 du premier chapitre nous avons discuté des exemples où yǒu se combine avec un V2 dont le sémantisme est en contradiction avec l'expression de l'existence ou la présence quelque part. 205 En même temps, on pourrait objecter que dans le cas d'une structure comportant un SNG, yǒu ne peut pas être omis car il lie notamment le SNF à l'élément dénotant la référence spatiale (le SNG). Cependant, soulignons que les phrases existentielles en chinois peuvent comporter la structure [SNG + SNF], sans verbe interposé. Par exemple, Lǚ Shūxiāng (1942 : 66)157 inclut les énoncés suivants dans son traitement des « phrases en yǒu » : (IV.36) a. / ) Hùnèi yī sēng. intérieur un moine 'Dans la maison [il y a] un moine.' b. / ) Duì lín yì xiǎo tuó. en.face forêt un petit moine.bouddhiste 'Dans la forêt [est représenté] un jeune moine bouddhiste.' c. / ) Zhōu wěi yī ǎotóng. Bateau un enfant extrémité 'A l'extrémité du bateau [c'est] un enfant.' D'après Lǚ, bien que ces phrases ne comportent pas formellement le verbe yǒu, ce sont des phrases en yǒu « sans yǒu ». Fàn Fānglián (1963) et Chén Jiànmín (1986 : 238) inter alia sont également de ce point de vue. Comme Dù Ruìyín (1982) 158 et Sòng Yùzhù (1982) nous n'estimons pas que ces phrases soient des instances de structure en yǒu puisqu'il ne nous paraît pas logique de poser la présence d'un élément sur la base de son absence présupposée (nous remarquerons aussi que d'autres verbes pourraient apparaître dans la position médiane en [IV.36a-c], comme nous avons pris la liberté de le montrer dans la traduction française) et plutôt que d'approcher ces formes dans une perspective de « dérivation » il est plus raisonnable de les considérer comme des structures à part entière. 157 Les exemples de Lǚ (1942 : 66) sont tirés du Hé gōng jì une prose littéraire attribuée à Sòng Qǐfèng (17ème siècle), qui décrit les personnes, les objets et les paysages sculptés sur un noyau de pêche (et donc leur « emplacement spatial »). Notons que ce type de structure ([SNG + SNF]) est observée en chinois contemporain également. 158 Dù (1982) appelle ces type d'énoncé dìngmíng wèiyǔ cúnzàijù. « phrases existentielles à prédicat nominal ». 206 Quoi qu'il en soit, ce type de phrase montre qu'une phrase (« existentielle » si on veut) peut en chinois être constituée par la forme [SNG + SNF]159,160. Ce raisonnement s'applique également aux structures en yǒu biclausales, lesquelles peuvent donc commuter avec une forme « sans yǒu », sans que des modifications soient nécessaires. (IV.37) a. Hòumiàn yǒu derrière ) rén jǐ-ge dàxiào-qilai-le. AVOIR quelques-CL personne rire.aux.éclats-commencer-PFV 'Derrière il y a quelques personnes qui ont commencé à rire.' b. Hòumiàn jǐ-ge derrière ) rén dàxiào-qilai-le. quelques-CL personne rire.aux.éclats-commencer-PFV 'Derrière quelques personnes ont commencé à rire.' (remanié d'après Zhāng et Fàn 1996) (I.120) a. / Cūn=li yǒu ) yí-ge háizi village=dans AVOIR un-CL enfant zǒu-diū-le. partir-perdre-PFV 'Au village il y a un enfant qui a disparu.' b. / Cūn=li ) yí-ge háizi zǒu-diū-le. village=dans AVOIR un-CL enfant partir-perdre-PFV 'Au village un enfant a disparu.' (= IV.102) (d'après Zhōu et Shēn 2016) Cela dit, le fait que l'équivalence entre la structure présentative biclausale et son correspondant monoclausal S-V aie besoin d'ajustements n'est généralement pas considéré comme 159 Voir aussi Li (2014a). Dans son corpus littéraire, 9% des phrases existentielles ont la forme [SNG + SNF] : (v) Qī bā-zhuang fángzi, dōu zhǐ sept huit-CL liù céng, bâtiment tous seulement AVOIR six yǒu étage ) Měi céng liǎng hù, chaque étage deux yǒu dúlì diàntī. ménage AVOIR individuel ascenseur 'The blocks were only six storey high. There were two flats per floor and each flat had its own lift.' (Li 2014a) Elle analyse ces formes comme suit : « Ecs [existential constructions] have another distinct feature. Since they generally assert the existence of an entity in a location, when the mode of existence is not in focus, the verbs may not appear. Consequently, the clause may consist of two NPs [noun phrases]: a locus NP in the initial position followed by a nominal comment. The missing verb can always be recovered as the existential verb shi 'be' or you 'have.' » (Li 2014a). 160 Dans leur expérience linguistique basée sur des jugements de grammaticalité, Yang et al. (2007) constatent que les sinophones natifs n'acceptent pas sans problèmes les phrases du type shān=páng yì-tiao xiǎohé / lit : 'au bord de la montagne une petite rivière' présentées hors contexte (« ce type de phrase est généralement reconnue par les linguistes, mais les locuteurs sinophones natifs hésitent sur leur grammaticalité. La raison est peut être qu'elles apparaissent en isolation et ne ressemblent pas à des phrases complètes. », Yang et al. 2007 – notre traduction). un facteur gênant : si la principale raison d'être des structures présentatives est celle d'éviter à des « mauvais » sujets d'apparaître en tant que sujets préverbaux canoniques, il n'est pas étonnant que l'équivalent monoclausal S-V obtenu à partir d'une structure présentative biclausale ne soit pas toujours acceptable sans apporter des modifications (voir Karssenberg [2018b : 132] sur les structures en il y a du français)161. A cet égard, on remarquera que lorsque la structure présentative biclausale se construit avec le verbe yǒu dénotant la possession, celui-ci ne peut pas être omis sans altérer le sens de l'énoncé. Mais, avec un ajustement nous obtenons le même contenu propositionnel et la valeur de vérité de l'énoncé reste égale (voir la section 4.3.3). En somme, compte tenu des précisions que nous venons d'apporter, la structure en yǒu biclausale ciblée par notre étude peut être schématisée ainsi : Tableau IV-3. Les structures biclausales en AVOIR du chinois considérées dans notre étude. [(SNG +) yǒu + SNF + VF]Pp où Pp ≈ [(SNG +) SNF + VF] [(SNPro +) yǒu + SNF + VF]Pp où Pp ≈ [(SNPro +) SNF + VF]162 Avant de présenter les résultats de notre recherche dans le corpus de chinois oral BJKY, nous discutons de la fonction typiquement associée aux structures en yǒu dans la littérature concernée, en prenant la perspective de la restriction de la définitude 4.5. La restriction de la définitude et ses exceptions On trouve dans la littérature sur la question un consensus sur la fonction pragmatique « présentative » des structures en yǒu : yǒu est employé comme un dispositif yntaxique permettant d'introduire un nouveau référent dans la conversation (Li et Thompson 1981 : 612). Lǚ Shūxiāng (1942 [1985] : 101) remarquait déjà que des phrases telles que (IV.38) équivalent à une structure déclarative canonique : le sémantisme de l'énoncé réside entièrement dans 161 En adoptant la perspective inverse, Karssenberg remarque qu'il est alors plus « étonnant » que les structures en il y a puissent présenter un équivalent S-V sans problèmes, car la question se pose d'expliquer pourquoi on emploie la structure biclausale si l'équivalent monoclausal est parfaitement acceptable. 162 F = Figure, l'entité qui se déplace ; G = Ground , l'entité qui fonctionne de repère ; Pro = Pro nom personnel ; GEN = particule genitive de ( laquelle peut être impliquée) ; P = proposition . 208 les trois éléments rén 'personne', qiāo 'frapper' et mén 'porte', tandis que yǒu n'est qu'un élément formel (xíngshì cí ), porteur d'une « fonction présentative » (jièshào zuòyòng ). (IV.38) yǒu rén qiāo mén AVOIR personne frapper porte 'Il y a quelqu'un qui frappe à la porte' (Lǚ 1942 [1985] : 101) Certains auteurs considèrent que le verbe yǒu s'est grammaticalisé en marqueur de topique indéfini (voir Mèng 2009, cette étude est limitée toutefois aux structures en yǒu sans SN préverbal). La tendance pour les structures en yǒu à enchâsser des noms indéfinis résulte en une contrainte d'avoir des énoncés comme (IV.39a), tout à fait acceptables en français, dont le contenu propositionnel serait donc exprimé en chinois par un énoncé monoclausal à ordre S-V (IV.39b) : (IV.39) a. *Yǒu ) lǎo-Wáng dǎ AVOIR vieux-Wang passer diànhuà gěi nǐ. appel 2SG à Sens visé: 'Il y a monsieur Wang qui t'as téléphoné' b. ) diànhuà gěi Lǎo-Wáng dǎ vieux-Wang passer appel à nǐ. 2SG 'Monsieur Wang t'as téléphoné' (d'après Xú 2015) Or, si on convient que les structures en yǒu incluent généralement un constituant nominal indéfini, d'autres auteurs ont remarqué que dans certains cas la structure peut accueillir un nom défini. Huang 1987 remarque que si la position sujet (= le SN locatif préverbal) d'une phrase existentielle est remplie lexicalement (IV.40b), l'énoncé ne subit la restriction de la définitude (IV.40a) ; cependant notons qu'ici nous avons affaire aux structures en yǒu monoclausales. (IV.40) a. 《 *Yǒu AVOIR nà-ben shū zài DEMdist-CL livre túshūguǎn se.trouver.à bibliothèque Sens visé : 'Il y a ce livre-là qui est à la bibliothèque' b. Dans son article de 1981, Zhān Kāidì cite l'exemple suivant comportant une forme biclausale, sans toutefois discuter le fait que le nom enchâssé par la structure est défini (« le voisin Zhang Dashen ») : (IV.41) 》 Zài zhèr Sìfèng yǒu à ici Sifeng # línjū Zhāng Dàshěn AVOIR voisin Zhang ) dài wǒ zìrán bú 1SG naturel NEG porter elle partir Dashen zhàoyìng tā, s.occuper.de elle tā zǒu. 'Ici à Sifeng il y a le voisin Zhang Dashen qui s'occupe d'elle. Bien sûr, je ne l'enlèverai pas (d'ici)' (Zhān Kāidì 1981) Yen-hui Audrey Li (1996) remarque que, si le syntagme nominal suivant yǒu est généralement indéfini, dans certains cas la structure peut accueillir un nom défini (IV.42) : « Even though the NP following you generally cannot be definite, there are instances where you is followed by a definite NP, in the form of a proper name or a nominal expression with a demonstrative » (Li 1996 : 178). C'est notamment le cas lorsque la structure en yǒu apparaît dans une proposition subordonnée dénotant la condition : (IV.42) 《 Rúguǒ yǒu Zhāngsān / nà-ge si AVOIR Zhangsan wǒmen jiù 1PL kěyǐ lǎobǎn lái, DEMdist-CL patron mǎshàng jiějué venir wèntí le alors pouvoir tout.de.suite résoudre problème CRS 'S'il y a Zhangsan / ce patron qui vient, on pourra résoudre la question de suite' (d'après Yen-hui Audrey Li 1996 : 178) Yen-hui Audrey Li (1996) identifie alors deux types de structure en yǒu, l'un assertant l'existence d'un référent et l'autre assertant l'occurrence d'un événement, dont seul le premier est sujet à la restriction de la définitude.163 Cài Wěi (2000), qui n'a vraisemblablement pas lu Yen-hui Audrey Li (1996), se veut la première étude sur les structures biclausales (« phrases à pivot » dans sa terminologie) en yǒu 163 « [O]ne type asserts the existence of an NP, taking an NP as its complement, and the other asserts the existence of an event, taking an [NP XP] as its complement. The definiteness effect is relevant only when the existence of an NP is asserted » (Li 1996 : 176). 210 comportant un SN défini. L'auteur estime que celles-ci sont admises si la proposition s'inscrit dans une phrase complexe (où [you +SNDEF] indique la cause, la condition, la présupposition, etc.). (IV.43) Zhè jǐ nián DEMprox quelques année rén hǎoxiàng personne sembler yǒu Máo zhǔxí AVOIR Mao président guider-DUR tout.le.monde oublier-PFV / shéi hē wǒ yì-wan rè chá, qui un-bol té chaud dōu bì shuō shēng xièxiè tous dire devoir dàhuǒr, dōu biàn-le, tout boire 1SG lǐng-zhe son merci 'Ces dernières années il y avait le président Mao qui nous guidait, on dirait que les gens ont tous oublié. Tous ceux qui [me] boivent une tasse de thé chaud doivent être reconnaissants' ( – La Vendeuse de Lao She, cité dans Cài Wěi 2000) Enfin, dans certains contextes, la structure en yǒu incluant un nom défini peut apparaître en tant que phrase déclarative principale, mais alors elle est fortement dépendante du contexte : en l'absence de ce dernier, l'énoncé ne serait pas acceptable (Cài Wěi 2000)164. Voici un exemple où le constituant mis en avant par yǒu est le pronom personnel wǒ '1SG' : (IV.44) Jīn Gū: Wǒ ) shàng-bu-liǎo shù. Jin monter-NEG-réussir arbre Gu 1SG Gāo Zhènyì: Yǒu Gao Zhenyi ) wǒ AVOIR 1SG tuō-zhe nǐ. soutenir-DUR 2SG 'Jin Gu : « Je n'arrive pas à grimper sur l'arbre » Gao Zhenyi: « Il y a moi qui te soutiens »' (Cài Wěi 2000) Dans son étude de 2006, Zhāng Bójiāng porte l'attention sur un type particulier de formulation, qui concerne aussi bien les énoncés en yǒu (IV.45) que ceux présentant l'inversion absolue (IV.46), où le nom propre est précédé par la séquence [(numéral) + classificateur]. L'auteur fait noter qu'un tel marquage local (v. le chapitre I § 1.1.2 pour une introduction de cette notion) est motivé par la fonction de l'énoncé, étant donné que les noms propres n'ont pas besoin d'être individualisés par la séquence [(numéral) + classificateur]. 164 Voir l'étude plus détaillée de Xià Xiùwén (2009) qui parvient à des conclusions similaires. 211 (IV.45) Kūnmíng yǒu Kunming ) ge Guānyuán, shì mǎi AVOIR CL Guanyuan Guǎngdōng fàncài diǎnxīn de. être acheter Guangdong plats dim.sum DE 'A Kunming il y a le Guanyuan, c'est [un endroit où] on peut acheter des spécialités du Guandgong.' (Zhāng Bójiāng 2006 : 214) (IV.46) ) chū-le Wǒ zìger jiā=li ge Liú Xiùfēn. 1SG propre famille=dans sortir-PFV CL Liu Xiufen Liu Xiufen est originaire de ma famille.' (lit. : 'De ma propre famille est sorti Liu Xiufen.') (Zhāng Bójiāng 2006 : 214) Hu et Pan (2007) reprennent la question des contextes pouvant permettre à des SN définis d'apparaître au sein des structures en yǒu, et remarquent que des adverbes que hái 'aussi', zhĭ'seulement' permettent de néutraliser la constrainte de définitude qui pèse normalement sur ces structures, et cela aussi bien dans ses formes monoclausales (IV.47) qui biclausales (IV.48)165 : (IV.47) 《 Hái yǒu ) nèi-ge rén / Zhāngsān. aussi AVOIR DEMdist-CL personne Zhangsan 'Il y a aussi cet homme/Zhangsan.' (IV.48) 《 Hái yǒu nèi-ge rén / ) Zhāngsān (yě) hěn xǐhuan nǐ. aussi AVOIR DEMdist-CL personne Zhangsan aussi très aimer 2SG 'Il y a aussi cet homme/Zhangsan qui t'aime bien.' Selon les auteurs, ces faits s'expliquent si l'on maintient que la fonction portée par la structure en yǒu n'est pas seulement celle d'introduire un nouveau référent, mais qu'elle peut aussi introduire une nouvelle relation dans le discours : [W]henever a definite NP is allowed to occur in an existential sentence in Chinese, it must be interpreted as standing in a relation to a presupposed set. In such cases, it is not the existence of the referent denoted by the definite NP that is asserted, but that of either a token of the entity represented by the relevant definite NP or a membership relation that the referent denoted by the definite NP has with the presupposed set. Since what is asserted is not the existence of the referent denoted by the definite NP, the apparent violation of DE [definiteness effect] will not result in the ungrammaticality of the relevant Chinese existential sentences. These facts show that the alleged restriction against the definite NPs in 165 « However, what is unnoticed in the literature is that, although it is generally excluded from the post-you position, a definite NP can occur there if a focus particle is introduced into the relevant sentences. » (Hu et Pan 2007). 212 existential you-sentences is in fact a reflex of a more general constraint which requires existential sentences to introduce new information into the discourse, and the new information can be either a new entity or a new relation. (Hu et Pan 2007 : 143). En somme, les études antérieures s'entendent sur le fait que la structure en yǒu inclut généralement des noms indéfinis, conformément à sa fonction présentative d'introduire les nouveaux référents dans le discours, ce qui explique l'impossibilité d'avoir des phrases comme *yǒu nà-ge rén lái-le 'il y a cette personne qui est arrivée'. Cependant, la restriction de la définitude ne résulte pas en une contrainte absolue, étant donné que (bien que rarement et sous certaines conditions) la structure en yǒu peut accueillir des constituants nominaux définis (marqués par les déterminants démonstratifs ou des noms propres). On a souligné l'importance du contexte discursif (Cài Wěi 2000, Xià Xiùwén 2009) ainsi que l'effet porté par les adverbes focalisateurs (Hu et Pan 2007). La « violation » de la contrainte de la définitude s'explique alors si on maintient que les structures en yǒu peuvent être mobilisées non seulement pour introduire un nouveaux participant dans le discours, mais aussi pour mettre en avant un « événement » (Yen-hui Audrey Li 1996) ou une « nouvelle relation » (Hu et Pan 2007). Ces études, en analysant les exceptions à la restriction de la définitude, ont ainsi révélé que la fonction « présentative » propre aux structures en yǒu du chinois se décline en plusieurs sousfonctions spécifiques (la mise en avant d'une entité, d'un événement et d'une relation). Comme nous le verrons (en 4.6.4.2), ce que nous entendons par « énoncé événementiel » est différent de l'acception discutée dans cette section, puisque nous réservons ce terme pour désigner un cas de figure précis où l'élément nominal mis en avant par la structure en yǒu dénote une entité d'arrière-plan. Dans ce qui suit, nous ons montrer, sur la base d'exemples authentiques que nous avons recueilli d'un corpus de chinois oral, que les structures biclausales en yǒu du chinois peuvent porter plusieurs fonctions. Outre la fonction présentative et la fonction événementielle, nous observons la fonction que nous définissons « quantificative », ainsi que d'autres articulations informationnelles plus rares (la mise en contraste et l'articulation valeur-variable). 4.6. Les données recueillies dans le corpus de chinois oral BJKY Dans ce quatrième chapitre consacré à la description des structures en AVOIR du chinois, la discussion s'est appuyée jusqu'à présent sur les travaux publiés dans le domaine de la linguistique 213 chinoise. Dans la deuxième partie de ce chapitre, nous intégrons les éléments de discussion présentés jusqu'ici avec notre analyse d'énoncés authentiques. Puisque, comme nous l'avons indiqué dans l'introduction, nous nous intéressons au registre oral de la langue, nous avons sélectionné le corpus de pékinois parlé Běijīng kǒuyǔ yǔliàokù (abrégé en BJKY166), que nous allons présenter en 4.6.1. Rappelons-le, notre principal centre d'intérêt à ce moment du travail est de vérifier si, et dans quelle mesure, les structures en AVOIR biclausales du français et du chinois sont comparables d'un point de vue fonctionnel. Dans un premier temps, nous allons décrire les caractéristiques du SN enchâssé par la structure en yǒu (section 4.6.3), étant donné que ses caractéristiques sont étroitement liées à la fonction portée par la structure dans son ensemble. Ainsi, nous mettons en lumière dans la section 4.6.4 les différentes fonctionnalités associées aux structures en yǒu du chinois, sur la base de nos exemples. Commençons tout d'abord par une brève introduction du corpus consulté ainsi qu'une présentation de la méthodologie adoptée dans notre enquête, et de ses limites. 4.6.1. Le corpus consulté Le corpus consulté est le corpus de pékinois parlé Běijīng kǒuyǔ yǔliàokù publié par l'Institut de recherche en linguistique de l'Université de langue et culture de Pékin. Le corpus comprend environ 1,7 million de caractères et a été constitué à partir d'un recueil d'entretiens avec environ 380 personnes vivant dans la région métropolitaine de Pékin dans les années 80. Les personnes interrogées ont été sélectionnées présentent un échantillon représentatif de caractéristiques sociolinguistiques. Chaque entretien dure environ une heure en moyenne et couvre un large éventail de sujets familiers tels que la vie quotidienne à Pékin, le logement, la culture, les transports publics, l'éducation des enfants et les changements générationnels. Les entretiens ont été transcrits par des transcripteurs experts, qui ont pris le soin de capturer les traits typiques du parler spontané. Une attention particulière a été accordée à la transposition des spécificités phonologiques et syntaxiques de la langue orale. Par conséquent, les hésitations, les répétitions, les faux départs, etc. ont été fidèlement notés (pour une présentation du corpus BJKY voir Zhang 2014). 4.6.2. Méthodologie167 Les enquêtes de corpus portant sur les structures syntaxiques du chinois se différencient de celles qui visent les structures syntaxiques de langues comme le français. Si on veut faire une recherche de corpus portant sur les structures en AVOIR biclausales du français, on peut par exemple s'appuyer sur la recherche de la cooccurrence entre [il y a] et [qui] : on obtiendra surement un certain nombre de résultats non pertinents mais il est toujours possible d'envisager un filtrage manuel (voir par exemple l'étude de Karssenberg 2018b). Etant donné la nature particulière de l'écriture chinoise et l'absence de pronoms relatifs dans les structures en AVOIR biclausales de cette langue, nous avons dû opérer en plusieurs étapes en procédant à une manipulation afin d'obtenir des résultats gérables. La procédure utilisée pour extraire les occurrences de structure en yǒu biclausale du corpus BJKY a été la suivante. Premièrement, nous avons effectué une recherche simple du caractère dans le corpus, ce qui a donné un nombre d'occurrences intraitable manuellement168, étant donné que yǒu verbe polyfonctionnel, est aussi impliqué dans de nombreuses expressions courantes telles que yǒu shí(hou) ( ) [AVOIR moment] 'parfois', yǒu (yì) tiān jour] 'certains jours/un jour', yǒu shì avoir un problème' yǒu yìsi / AVOIR (un) [AVOIR affaire] 'être occupé', yǒu wèntí '(y) [AVOIR sens] 'intéressant' etc. Nous avons tout d'abord exclu ces séquences des résultats. Les phrases négatives n'étant pas prises en compte dans notre étude, nous avons également écarté la sé quence méi yǒu d'ignorer les items yǒu-de et yǒu-xiē 'ne pas (y) avoir'. En outre, nous avons choisi pour réduire le nombre de résultats169. La première opération a été celle de télécharger tous les énoncés obtenus et d'écarter ces expressions. Deuxièmement, nous avons traité le texte avec un programme de segmentation textuelle ( ), qui permet de diviser une suite de caractères en mots et d'attribuer à chacun une classe de mot (sa catégorie grammaticale). Cela a permis d'encoder le texte en obtenant des séquences telles que : L'extraction des données relatives aux structures biclausales en yǒu / à partir du corpus BJKY n'aurait pas été possible sans le support des chercheurs et doctorants du centre de linguistique appliquée de l'Université de Xiamen en Chine. Cette partie de la recherche a été réalisée pendant mon séjour comme doctorante au département de chinois de l'université de Xiamen en 2016–17, sous la supervision de Mme Zhèng Zézhī et dans le cadre du programme « Joint Research Ph.D. Fellowship » financé par le Bureau national pour l'enseignement du chinois langue étrangère (Hanban ), organisme sous la tutelle du ministère chinois de l'Education. Je profite de cette note pour remercier en particulier la doctorante Zhōu Dōngjié du centre de linguistique appliquée pour son aide dans l'extraction informatique des données, sa gentillesse et sa patience. 168 A titre d'exemple, dans l'étude de Karssenberg susmentionnée (2018b : 51) le nombre de résultats non pertinents concernant l'extraction des clivées en il y aqui dans le corpus YCCQA est de 5032 items (déjà un gros travail) notre recherche visant l'item yǒu dans le corpus BJKY a donné plus de 13000 items. 169 Les caractéristiques des séquences yǒu-xie et yǒu-de sont discutées dans la section 4.3.2. 167 215 /r elle /v retourner,/w, /d aussi /d non /p /r avec moi /v dire /r quelque chose 170 'Quand elle est repartie, elle ne m'a rien dit non plus' Etant donné le nombre très élevé de résultats, cette opération n'a pas pu faire l'objet d'une révision qualitative, c'est pourquoi nous soulignons qu'il y a surement une marge d'erreur importante à cette étape. Ensuite, nous avons rentré le texte indexé dans Microsoft Excel, où nous avons fait en sorte d'afficher les gloses dans la colonne suivant l'item qu'elles catégorisent, et avons ensuite filtré les résultats sur la base de la glose. Cela nous a permis d'isoler les séquences où [yǒu SN] est suivi par un deuxième verbe, en faisant ainsi abstraction de la nature lexicale des noms comme des V2 en question. Une fois extraites par cette manipulation les structures en yǒu biclausales, nous avons sélectionné les catégories compatibles avec la position post-yǒu, notre intérêt étant de viser les constituants nominaux. Pour écarter les résultats non pertinents nous avons d'abord exclu les éléments de ponctuation (en d'autres termes nous avons dû écarter les structures en yǒu biclausales comportant une pause marquée par une virgule derrière le SN, ce qui relève aussi d'un choix arbitraire). 216 et yǒu rén [AVOIR personne], et en avons extrait manuellement les occurrences de structure biclausale, toujours celles comportant un V2 dont le SN introduit par yǒu est l'agent sémantique. Avec toutes ces précautions, nous avons récolté un nombre réduit mais suffisant d'exemples – 253 occurrences de structure en yǒu biclausale – qui nous donne un aperçu précieux de ses emplois en langue parlée. En particulier, ces manipulations nous ont permis d'observer les instances de structure en yǒu biclausale enchâssant des nominaux nus, autrement impossibles à extraire – sinon avec l'opération chronophage d'effectuer une recherche visant un par un tous les éléments nominaux pertinents de la langue chinoise. Les résultats de cette enquête sont présentés dans les sections qui suivent. 4.6.3. Les noms enchâssés par la structure en yǒu biclausale 4.6.3.1. Restriction de la définitude? Notons tout d'abord que parmi nos résultats nous n'observons pas de noms marqués comme définis (par ex. introduits par un déterminant démonstratif) au sein de la structure en yǒu biclausale. Cela pourrait être dû à une mauvaise manipulation de la recherche du corpus (voir la section 4.6.2). Ainsi, pour vérifier cet aspect, nous avons effectué une recherche ciblée dans le corpus de la séquence yǒu nà-ge 《 [AVOIR + DEMdist-CL], dont nous avons analysé les premiers 200 résultats. Or, dans 109/200 occurrences, nous observons la séquence hái yǒu nà-ge 《 'il y a aussi ça'172, laquelle est utilisée en guise de connecteur pour assurer le lien inter-énoncés (IV.49) ou pour suppléer à une information dont le locuteur ne se souvient pas (IV.50), comme explicitement formulé en (IV. 51) : (IV.49) Wǒ ) jīngcháng yùdào 1SG souvent 《 Hái yǒu (BJKY) zhè-xiē máfan. rencontrer DEMprox-quelques difficulté / nà-ge, wǒ aussi AVOIR DEMdist-CL 1SG yī yùdào zhè máfan ne dès rencontrer DEMprox difficulté PAU 'Je rencontre souvent ces problèmes. Il y a aussi cela, dès que j'ai rencontré cette difficulté' 172 Moins fréquemment yě yǒu nà-ge 《 [aussi AVOIR DEMdist-CL] avec un sens équivalent (13 résultats). Enfin, sur les 200 occurrences de [yǒu + nà-ge] nous ne considérons pas les phrases négatives (40 résultats) lesquelles ne sont pas traitées en général dans notre thèse. 217 (IV.50) Yóu-le ) liù-ge dìfāngr. voyager-PFV six-CL endroit Ng, Hángzhōu le, INT Hangzhou (BJKY) 《 Shànghǎi le, Jiāngsū le, CRS Jiangsu CRS Shanghai qù-le ) liù-ge dìfāngr, wán-de aller-PFV six-CL endroit hái yǒu nà-ge, ng, CRS aussi AVOIR DEMdist-CL INT tǐng hǎode. s.amuser-COMP très bien 'J'ai voyagé (en tant que touriste) dans six endroits. Hangzhou, Jiangsu, Shanghai, et aussi (lit. il y a aussi) Enfin, je suis allé dans six endroits, je me suis amusé beaucoup.' (IV.51) 《 Hái yǒu nà-ge (BJKY) le. ) shénme, wǒ dōu jì-bù-qǐlái jiào aussi AVOIR DEMdist-CL s.appeler comment 1SG tout se.souvenir-NEG-parvenir CRS 'Il y a aussi ce truc, comment ça s'appelle, j'arrive plus du tout à m'en souvenir' Les structures monoclausales ne sont directement ciblées par notre étude ; remarquons toutefois qu'elles peuvent accueillir un SN modifié par le démonstratif nà-ge 《, comme dans l'exemple qui suit. Cependant, il n'est pas clair si nà-ge porte une valeur référentielle dans ces exemples (voir la discussion plus bas)173. (IV.52) (BJKY) 《 Ng, wǒmen dānwèi nà-ge, Ø jiùshì gōnghuì INT 1PL unité ng, duì wǒmen, jiùshì INT à 1PL être.précisement protection.sociale programme SFP 《 yǒu nà-ge, DEMdist-CL être.précisement union.des.travailleurs PAU měi xīngqí DEMdist-CL chaque semaine jīběnshàng jiějué de.base fúlì xiàngmù a, ǹg, xǐzǎo, xǐzǎotáng, AVOIR DEMdist-CL INT bains 《 nà-ge ne, bains.publics kāi jǐ cì, ng, ouvrir quelques fois INT wǒmen xǐzǎo résoudre 1PL se.laver 'Notre unité, c'était l'union des travailleurs Pour nous, il s'agissait d'oeuvre sociale, il y avait ces bains publiques, qui ouvraient quelques fois par semaine, en fait ça nous arrangeait la question de l'hygiène.' 173 La présence d'une pause, ainsi que de l'élément d'interjection emploi non référentiel de nà-ge. ǹg précédant le nom semblent en effet indiquer un 218 Or, seuls trois résultats correspondent à la structure biclausale ciblée par notre travail, où le SN post-yǒu dénote l'agent sémantique du V2 ([yǒu + SNF + VF]), que nous donnons ci-dessous : (IV.53) (La locutrice parle de ses années de formation) 《 《 Ránhòu qù dào tǐ, dào tǐxiào, jiù après Ø ) Yuètán=nàr aller arriver sport arriver école.de.sport alors Yuetan=là.bas 《 《 Zài nàbiānr yǒu à (BJKY) là.bas nà-ge jùtǐ lǎoshī tǐxiào nàbiānr. école.de.sport là.bas jiāo, AVOIR DEMdist-CL spécifique professeur enseigner ) jiàoliàn. yǒu AVOIR coach Wǒ méi cānjiā duō cháng shíjiān, 1SG NEG.AVOIR participer beaucoup long période / yě jiùshì jiānchí-le yì nián duō ba aussi être.précisément tenir-PFV un an plus SFP 'Ensuite, je suis allée à l'école l'école de sport, l'école de sport [qui est] juste près du Temple de la Lune. Là-bas il y avait ce professeur spécifique qui enseignait, il y avait un coach. Je n'ai pas participé très longtemps, en gros j'ai continué un an et quelque' (IV.54) (La locutrice parle de son expérience à la mer) 《 ) tā nà-ge làngtou háishì tǐng dà de. Ø 3SG DEMdist-CL vague après.tout très Wǒ gāng xià-qu / jiù 1SG juste descendre-aller alors ACC 1SG 《 Jiù yǒu ) qīngtái yě nà-ge yě 《 bù grand DE ) bǎ wǒ alors AVOIR DEMdist-CL mousse (BJKY) gěi shuāi-le yí-ge gēntou. CAUS tomber-PFV un-CL chute bǐjiào huá. aussi assez glissant Wán-le wǒ ne, yǐwéi tā néng nàme dà finir-PFV 1SG PAU aussi NEG penser 3SG pouvoir si lìliàng, grand force / jiéguǒ yí-ge làngtou résultat un-CL vague 'Cette vague, elle était vraiment très grande. A peine descendue, je me suis cassé la figure. Il y avait cette mousse qui était assez glissante aussi. C'était fichu, je ne m'attendais pas à une telle puissance, et donc au final une vague' marquons enfin que nà-ge est souvent utilisé comme un mot de remplissage (filler), certains de ses emplois sont donc manifestement non référentiels : 219 (IV.55) (Le locuteur parle de la condition des logements pendant l'été) 《 《 Tāmen jiā nà-ge chuāng qiántou, bú shì yǒu nà-ge 3PL Ø maison DEMdist-CL fenêtre devant 《 Měi tiān dōu yǒu shābù ma? NEG être AVOIR DEMdist-CL gaze 《 ) nà-ge bìhǔr shàng-qu chaque jour tout AVOIR DEMdist-CL lézard (BJKY) nà-ge zhuō wénzi Q qù. monter-aller DEMdist-CL attraper moustique aller 'Devant [NAGE] la fenêtre de leur maison il y avait cet espèce de voilage (servant de moustiquaire), n'est-ce pas? Et bien, tous les jours il y avait [NAGE] lézard qui grimpait dessus pour [NAGE] attraper les moustiques.' Si la séquence [nà-ge + N] porte une valeur référentielle en (IV.53-54), ce qui reste à prouver, le démonstratif ne semble pas renvoyer dans ces exemples à un référent qui est évoqué dans le discours, ni à une entité destinée à jouer un rôle de premier-plan dans le discours (en cela, ces formes se rapprocheraient des énoncés événementiels qui incluent normalement des noms nus, voir la section 4.6.4.2). Evidemment, nous ne disposons pas d'un nombre de résultats assez important pour pouvoir discuter de la « restriction de définitude » caractérisant les structures en AVOIR biclausales du chinois (voir la section 4.5). Cet aspect sera donc abordé dans le cadre de notre expérience de linguistique appliquée (chapitre VI § 6.3.1). 4.6.3.2. Noms nus et noms quantifiés Dans ce qui suit nous considérons la distribution des noms nus et des noms quantifiés au sein des structures en yǒu biclausales recueillies dans le corpus. Tableau IV-4. L'opposition nom nus/noms quantifiés au sein des structures biclausales en yǒu / observées dans le corpus BJKY Types de SN Exemple Nom nu Yǒu Occurrences dans le corpus kèrén yào AVOIR client chē hěn jí 180 (71.1%) vouloir voiture très pressé 'Il y a des clients qui veulent une voiture en toute urgence' Nom quantifié Yǒu yí-ge zhígōng miǎn-le AVOIR un-CL employé yìbǎi duō kuài qián réduire-PFV cent 73 (28.8%) plus pièce argent 'Il y a un employé qui a perdu plus de cent yuan' Total 253 (100%) 220 Comme le montre le tableau IV-4, nous observons 180 occurrences de structure en yǒu incluant un nom nu (IV.56) et 73 occurrences incluant un nom quantifié (IV.57). (IV.56) (Parle des contraintes de son travail) Suǒyǐ zài bùdéyǐ donc à (BJKY) deshíhòur n.avoir.pas.le.choix quand wǒ yě jiùděi 1SG aussi devoir Ø yǒu kèrén lái AVOIR client chuān-zhe bèixinr porter-DUR vêtement.sans.manches caleçon ) gǎnkuài venir rapidement Shì / ) zhèyàngr yī qíngkuàng. être ainsi un kùchǎr, chuān yīshang. porter vêtement è, INT situation 'Donc, quand je n'ai pas le choix, je dois porter une veste et des caleçons, hein, [quand] il y a des clients qui arrivent, [je] dois vite enfiler les vêtements. C'est comme ça que ça se passe.' (IV.57) (Les enfants peuvent être violents) / Bǐrú yǒu yí-cì ba, zài tuō'érsuǒ=li hā, par.exemple AVOIR un-fois SFP à crèche=dans (BJKY) SFP / yǒu yí, AVOIR un.CL jiù 《 wǒmen nà alors 1PL Ø / yǒu yí háizi DEMdist enfant gāng qù deshíhòu, ng, juste aller quand ) xiǎo nǚháir bǎ tā liǎn zhuā-le AVOIR un.CL petit fille INT hā. ACC 3SG visage griffer-PFV SFP 'Par exemple à la crèche, il y a une, au début où le petit commençait juste d'aller à la crèche, il y a une petite fille qui l'a griffé au visage.' Parmi les occurrences de structure biclausale incluant un nom quantifié, 11 énoncés se distinguent puisqu'ils comportent seulement la séquence [numéral + classificateur], sans le nom. Il s'agit d'une construction intéressante notamment car de facto elle remet en question la nouveauté du référent enchâssé par la structure en yǒu. Nous en discuterons dans la section 4.6.4.3. Or, lorsque on regarde de plus près la nature lexicale des noms nus inclus dans les structures en yǒu biclausales observées dans le corpus (tableau VI-5), on s'aperçoit que le nominal rén 221 dénotant le référent humain générique ('personne.s, quelqu'un') est de loin le plus fréquent (136/ occurrences). Nous avons 44 occurrences des autres noms nus. Cet aspect est approfondi dans la section suivante.
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60 d'un cap politique bien défini de combat contre le changement climatique. S'y ajoute la nécessité de diffuser, de partager et de permettre ainsi la compréhension par le plus grand nombre des enjeux climatiques, et l'on en revient donc au travail de conscientisation et à ce rôle dévolu à la métropole pour mobiliser et asseoir une dynamique forte. La planification territoriale doit être cet outil de communication et de concertation qui vient harmoniser les temporalités de chacun des acteurs territoriaux et leurs intérêts. CHAPITRE II : La remise en cause des volontés politiques Il convient maintenant d'éclairer les constats précédents, à la lumière des enjeux récurrents des réformes territoriales et de l'Etat (Section I) pour par la suite relever les controverses qui empêchent d'aller vers une réelle transition énergétique (Section II) Section I : Politique climatique uniforme ou politique climatique localisée? L'affrontement des logiques décentralisatrice et centralisatrice au coeur du débat L'interrogation repose désormais sur la volonté politique initiée. Cela revient au demeurant à souligner une fois de plus les enjeux des réformes territoriales et la réflexion sur le lien entre la décentralisation et le rôle de l'Etat sur le territoire. La logique est-elle à la décentralisation complète de la question climatique? Tel a en tout cas été le mouvement entamé depuis le Grenelle de l'environnement avec une massification territoriale des politiques de lutte contre le changement climatique, une appropriation qui se veut large et progressive. Dans ces conditions, elles font monter en puissance les collectivités locales et leurs groupements de commune. La loi relative à la transition énergétique poursuit et amplifie ce mouvement. Comme on l'a vu précédemment, la lutte contre le changement climatique est devenue à travers la planification une stratégie locale des métropoles. Avec l 'importance des leviers dévolus à ces ECPCI, (les compétences d'urbanisme, d'aménagement du territoire, la prise en charge de l'organisation des déplacements) le traitement territorial du climat devient inévitable. Les métropoles sont également « plébiscitées pour leur proximité avec le terrain tant en termes de connaissances que de capacités d'initiatives [expérimentation] et d'animation »120. Le traitement territorial du climat conduit à s'interroger sur l'appréhension qui est faite de la décentralisation dans ce cas. Les réformes territoriales portent aujourd'hui sur des critères de fond : la répartition des compétences, la rationalisation des moyens matériels et financiers. 62 comme « une politique de la métropolisation dangereuse »121 souffrant de déficit démocratique et induisant l'idée qu'il existe une recentralisation mettant à l'écart le citoyen. Elle apparait cependant comme une solution fonctionnelle et dynamique répondant aux nouveaux défis urbains. Si la décentralisation n'arrive en réalité pas à réduire les niveaux décisionnels et favoriser une gestion locale efficiente, la coopération intercommunale tente de combler ces insuffisances. Celle-ci apparait comme un compromis pour faire face aux difficultés territoriales qui s'accroissent d'années en années. Elle est pour le moins venue donner un nouveau souffle aux questions climatiques, ré harmonisant ainsi la durabilité des territoires en répondant de manière plus concrète aux besoins d'intérêt général. Elle permet de mettre au-devant de la scène les priorités de l'action publique qui dans certaines communes pouvaient souffrir d'obstacles techniques, politiques ou financiers. Au-delà de ces questionnements de légitimité politique, de vision partagée, le tournant métropolitain se révèle être aujourd'hui le plus à même de conduire une action publique accomplie, transversale comme celle de l'action climatique. Pour autant, si l'on parle de décentralisation de la question climatique, cela implique une maîtrise entière qui revient alors à plusieurs organes non-centraux. Si bien que lorsque le législateur effectue un transfert de compétences administratives de l'Etat vers un EPCI et qu'il formalise l'ancrage de la politique publique de lutte contre le changement climatique sous le concept de « territorialisation », en découle par conséquent le dépassement de la politique uniforme pour laquelle les règles s'exercent sur l'ensemble du territoire pour aller vers une politique adaptée aux spécificités locales. Il n'en demeure pas moins que d'un côté, le légis ateur national renforce le mouvement de coopération intercommunal et élargit le transfert de compétences vers les agglomérations, concédant ainsi une palette de leviers à ces nouveaux ensembles politiques locaux constitués, les confortant dans un rôle pivot : la forte implication dans la lutte contre le changement climatique augmente l'autonomie territoriale. D'un autre côté, l'Etat semble reprendre la main sur la prise de décision locale, il impose des contraintes et des objectifs. L'action publique reste ainsi centralisée par le biais de la réglementation. L'Etat possède un rôle moteur et décisionnaire, ce qui le conduit dans le jeu des négociations portant sur les solutions techniques et organisationnelles à adopter, à s'écarter du niveau local vers la seule arène nationale, en amont de l'action législative qui régule. Par sa nature transversale, 121 FAURE (A), « Intercommunalités et métropoles : le tournant politique indicible », in les tabous de la décentralisation, N. Kada (dir.), 2015, p220 63 l'adaptation au changement climatique justifie toutefois que l'Etat possède cette mission particulière qui est d'apporter « des effets de cadrage [contribuant] à une définition dominante à l'échelle internationale, du problème climatique comme un problème global et d'environnement ».122 Si la décentralisation a permis d'améliorer certaines performances environnementales et notamment climatiques par le biais d'initiatives locales, elle est aussi à l'origine d'ambiguïtés relatives « aux rôles respectifs des autorités nationales et régionales, [ce qui a] souvent aggravé les décalages et les incohérences dans la transposition des directives environnementales de l'Union européenne »123. S'en est alors suivi un amenuisement de l'efficacité des actions par « le maintien d'une politique environnementale fragmentaire, largement motivée par l'urgence et axée sur le court terme ». La lutte contre le changement climatique en a subi les effets négatifs. De plus, l'Etat est omniprésent au niveau local. En effet, il possède un réseau d'opérateurs qu'il a mis en place et qu'il contrôle, qu'il s'agisse des services déconcentrés de l'Etat ou de services délocalisés d'agences publiques. Les agences de l'environnement et de maîtrise de l'énergie (ADEME) qui sont des établissements publics industriels et commerciaux financés à 100% par les fonds publics ou les agences locales de l'énergie ont un rôle clé dans l'accompagnement des collectivités sur le territoire. Ce sont des relais opérationnels qui reçoivent des compétences transférées par l'Etat et aident à er et coordonner les activités énergétiques et climatiques sur les territoires. Pour ce faire, l'Etat conclue une convention d'objectifs et de moyens par le biais de laquelle seront portées les mesures phares prises par le gouvernement. Il en a été ainsi après le Grenelle124. La marge de manoeuvre de ces opérateurs reste limitée. L'opérateur se soumet à la volonté unilatérale de l'Etat. Cela permet à celui-ci de garder un oeil sur ce qu'il se fait sur le territoire. 64 celle des SRCAE qui placent l'État en position d'acteur pivot dans la planification énergétique territoriale127. Avec l'intégration du SRCAE dans les SRADDET, la variation des objectifs qui pouvait déjà exister d'une région à l'autre, s'accentue avec l'orientation que peut donner le Conseil régional à ce nouveau schéma, différente selon les priorités territoriales mises en avant par celui-ci. L'uniformisation des objectifs en termes d'atténuation du changement climatique n'est donc pas complète. Par ailleurs, le ministère en charge de la question climatique se modifie au fur et à mesure des évolutions législatives. Il a connu une fusion avec celui de l'équipement, modifiant en profondeur le rôle des services déconcentrés de l'État. Il en résulte de nouvelles missions « Grenelle » dans les directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL, ex DRIRE) et les directions départementales du territoire (DDT, ex DDE), qui se sont mis progressivement en place à partir de début 2009 et construisent et contrôlent désormais les SRCAE et les plans climat obligatoires128. Ainsi, le déploiement de l'Etat sur le territoire rappelle le caractère unitaire de l'Etat et sa volonté de veiller au bon exercice des compétences de la métropole qui demeurent soumises à la loi nationale. Cela pousse à considérer qu'il y une volonté d'uniformiser la politique climatique sur le territoire mais dans le cadre d'une « subordination de principe »129 des collectivités locales. Cette logique est celle d'une mise en cohérence des évolutions entre les territoires afin d'assurer une certaine cohésion nationale. Cela peut se comprendre à l'égard de la production décentralisée de l'énergie renouvelable qui serait exploitée au service du pays et compenserait les situations d'interdépendance énergétique que connait la France130. Toutefois, le rôle fort de l'Etat au niveau local n'est pas sans poser question. La crainte des nouveaux acteurs impliqués dans l'exercice de réduction d'émissions de GES dans leurs différentes activités repose sur cette idée selon laquelle l'Etat ne tiendrait pas compte de la diversité des configurations locales. La péréquation territoriale en deviendrait incohérente au regard de la réalité d'un territoire. De plus, le législateur reste flou quant à la démarche organisationnelle de l'espace qu'il entreprend à chaque étape de la décentralisation « La 127 Association du préfet de région avec le président du conseil régional dans l'élaboration d'un SRCAE cf. CHAP 1- Section 1. 128 Bulletin officiel du MEEDAT n°29, JO, 10 décembre 2009. DURAN (P) et THOENIG (JC), « l'Etat et la gestion territoriale », in Revue française de science politique, no 4, 1996, p580-623. 129 130 BUCLET (N), DEBIZET (G), GAUTHIER(C), FOREST (F), LA BRANCHE (S), MENANTEAU(P), SCHNEWLY(P), TABOURDEAU (A), op cit, p46 65 dimension'spatiale' de ce 'national' et de ce 'local' reste largement impensée par l'acteur public ».131 Les EPCI se voient en effet confrontés à plusieurs difficultés lorsqu'elles élaborent des plans climat. Ces difficultés continuent de creuser le gouffre entre l'investissement local nécessaire pour résoudre la crise climatique et les marges de manoeuvre à la disposition des acteurs locaux. La planification des actions se heurte en effet au cadre légal et au jeu d'acteurs publics mouvants, l'évaluation de leurs missions du territoire est difficile à mettre en oeuvre car ils font face à des difficultés méthodologiques, ils doivent formaliser et prioriser un plan d'action énergie-climat et l'intégrer dans les arbitrages sur les moyens ; ils font évoluer leurs compétences et champs d'intervention comme acteur public auprès des partenaires du territoire. Perdurent ainsi des interrogations quant à l'intérêt d'une forme décisionnelle qui soit toujours à l'image d'un cône. Est-ce que l'on cherche l'uniformité? Ce qui expliquerait cette verticalité toujours présente. Ou au contraire, une finalité qui conduise à l'expérimentation? L'hétérogénéité des territoires contrevient au principe de péréquation territoriale. Chaque EPCI est en effet libre de s'investir ou non. Les moyens humains et financiers peuvent faire obstacle à l'investissement d'une telle démarche. Somme toute, il continue d 'exister des contradictions quant à l'uniformité d'un modèle territorial et plus spécifiquement aux rôles respectifs de l'Etat et des collectivités locales et leurs groupements de communes. Au-delà de la prise en charge intercommunale, l'action publique climatique s'avère aujourd'hui davantage inter organisationnelle. Par sa transversalité, elle se démultiplie à travers un réseau et entretient une certaine flexibilité, qui vient malmener la théorie de l'état unitaire et son degré de centralité. La conjoncture actuelle pousse à amplifier la politique de décentralisation et à faire graviter ces actions autour d'une nouvelle gouvernance. Les questions environnementales amènent en effet à repenser les interactions entre l'Etat et les différents acteurs territoriaux. L'Etat semble se mouvoir dans une appréhension nouvelle où le droit est en action et permet à la société civile d'agir. « L'Etat sans la société civile est un état dangereux » indiquait Gramsci en considérant que l'Etat ne doit pas se déconnecter du réel. La lutte contre le changement climatique est donc une problématique dont la solution dépasse le cadre d'une seule et même logique (décentralisatrice ou centralisatrice). Elle se confronte aux méthodes traditionnelles de débat et aux orientations contradictoires qui peuvent apparaitre dans la gestion d'un tel problème public. Il en va de même pour les évolutions permanentes des directives issues d'organisations administratives concurrentes, agissant séparément, créant ainsi des conséquences dissonantes pour les autres comme pour elles-mêmes. La politique publique de lutte contre le changement climatique reste pilotée par le niveau national, qui constitue un élément de centralité. Il en va de même dans la maîtrise de l'agenda où les acteurs locaux restent cantonnés aux décisions impulsées par le haut. Le ministère de l'Environnement, de l'énergie et de la mer fixe les modalités de définition du problème climatique et produit des programmes d'actions afférents, qui seront par la suite déclinés au niveau territorial. C'est lui à cet égard, qui met en place la démarche d'adaptation au changement climatique et organise de cette manière un programme de mesures opérationnelles. L'interlocuteur sur le territoire reste la Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale (DATAR). Il existe toutefois deux leviers de négociation pour la mise en oeuvre de la politique publique, il s'agit de l'allocation de ressources financières et l'émission de règles juridiques liée au pouvoir réglementaire. Finalement, se pose la question de ce qui reste localisé, au-delà de la représentation politique qui tend à réduire l'autonomie locale. L'enjeu se limite à adapter des politiques nationales à des réalités locales diverses. Les collectivités locales sont impliquées dans le volet opérationnel. Le problème réside dans la complexité de mettre en oeuvre politique que l'on n'a pas définie. A cet égard, il est possible de noter que les pays scandinaves ont décentralisé cette question et ne gèrent que localement la planification climatique. En France, demeure une interpénétration de la sphère locale et de la sphère centrale, rendant obligatoire la cogestion de la question climatique. Section II : La transition énergétique : contradictions et controverses Si la métropole se révèle un échelon pertinent pour la prise en charge de la lutte contre le changement climatique, des obstacles politiques et financiers sont manifestes et rendent difficile le passage à une véritable transition énergétique. Il est assez facile d'imaginer les crispations et inquiétudes lorsque les budgets locaux diminuent de jour en jour. Anne Hidalgo, maire de Paris, rappelait alors cette situation lors du 99ème congrès des maires, en appelant à «rallumer les moteurs de l'investissement public sur des sujets stratégiques qui concernent le logement, la transition énergétique et écologique, les transports, etc » En tant que relai de la politique nationale et régionale, la métropole doit nécessairement disposer de moyens. Pour autant, les budgets et les moyens de financement actuels des collectivités pour leur politique énergie-climat ne semblent pas à la hauteur des responsabilités qui leur sont confiées comme celle de l'obligation de mener un PCET. En effet, comme nous l'avons vu précédemment, le PCET ne se contente pas d'ajouter des actions supplémentaires à l'exercice des autres compétences de la collectivité. Il s'agit plutôt de travailler l'ensemble de ces politiques au travers de ces nouveaux objectifs. « Aujourd'hui nous avons en effet un plan climat basé sur le triptyque : économie de gaz à effet de serre, développement des énergies renouvelables, et désormais protection de la qualité de l'air. C'est donc à travers cela que sont're-moulinées' toutes les politiques publiques avec une entrée lutte contre le changement climatique. »132 Au-delà de l'existence des outils financiers qui ont été mis à disposition, un fonds spécial doté de cinq cent mille euros pour soutenir les projets portés par les communes et leurs groupements en matière de transition énergétique 133, des prêts via la caisse de dépôt, ainsi que les fonds d'aide de l'ADEME134, un arbitrage stratégique dans le budget de la collectivité devient inévitable afin de permettre la conduite de politiques locales de transition énergétique bénéfiques pour le territoire. Il est vrai aussi que le fonds qui a été promu pour financer la transition énergétique sur les territoires, a été seulement pensé dans l'idée d'obtenir des effets significatifs et rapides sur l'investissement local. Les acteurs locaux se retrouvent dès lors dans l'expectative : ils Wuyam en charge de l'animation du plan climat à Grenoble Alpes Métropole Loi n° 2015-1785 du 29 décembre 2015 de finances pour 2016 publiée au Journal Officiel du 30 décembre 2015, rectificatif publié au Journal Officiel du 16 janvier 2016 134 Fonds chaleur : aides aux projets d'investissement afin de promouvoir les énergies renouvelables 133 68 attendent de nouveaux bénéfices liés aux retombées économiques des investissements réalisés pour mener à bien d'autres projets. Cet outil s'avère intéressant dans la mesure où il s'agit d'un projet à long terme. Se pose dès lors la question des projets à courts termes. Les difficultés budgétaires sont bien réelles et confrontent l'EPCI à une position singulière par rapport à la dévolution des ressources. La direction Environnement, espaces naturels, et climat de Grenoble Alpes Métropole le souligne « La seule difficulté que je vois c'est la baisse des budgets. C'est vrai qu'aujourd'hui nous sommes beaucoup plus attentifs aux financements, et on regarde davantage les appels à projets auxquels on peut répondre pour récupérer des subventions. »135 Le traitement territorial décentralisé et approprié de la question climatique est donc limité par la capacité des acteurs locaux à attirer les fonds venus du centre. A cet égard, il a déjà été constaté en travaillant sur la gestion territoriale que « l'autonomie locale est directement liée aux ressources politiques et aux mécanismes de représentation territoriale qui permettent ou non aux unités locales d'utiliser l'Etat à leur avantage ».136 Les appels à projet se rapprochent de ce raisonnement. Les administrations locales regardent désormais la définition de leur projet sous le prisme des conditions de l'appel à projet gouvernemental. La loi relative à la Transition énergétique a par exemple lancé les appels à projet relatifs à « ville respirable en 5 ans » dont la Métropole grenobloise parmi une quinzaine d'autres agglomérations françaises a été déclarée lauréate. A cette fin, elle bénéficie d'un millions d'euros sur la période de 2015 à 2020 pour contribuer à l'amélioration de son plan climat-air-énergie. Le manque de financement joue inéluctablement sur les actions programmées, il en va ainsi avec les objectifs de la loi relative à la transition énergétique « si je prends la réhabilitation thermique de l'habitat, aujourd'hui au niveau régional on est à peu près sur les copropriétés privées à 1000 logements réhabilités par an. La loi relative à la Transition énergétique exige 5000. 135 Entretien M.Wuyam en charge de l'animation du Plan Climat à la métropole Grenoble Alpes. THOENIG (JC) (dir), Les aides financières de l'Etat aux collectivités locales en France et à l'étranger, Paris librairies techniques, 1981 137 Entretien J. Dutroncy Vice-Président en charge de l'Environnement, de la biodiversité, et du climat. 136 69 Les acteurs locaux ne bénéficiant pas d' autonomi e financière effective, les seules ressources dont ils dispos ent dorénavant se retrouvent centralisées en provenance de l'Etat ou de la région. Cela laisse moins de place à l'initiative locale. Les projets territoriaux s'appuient de plus en plus sur de nouveaux financements tels que ceux issus des appels à projet ou les contrats de plan Etat-Région (CPER)138. C'est en effet à travers une logique de cofinancement que les outils financiers se démultiplient et donnent la possibilité aux administrations métropolitaines de concrétiser un projet relatif à leurs engagements environnementaux. Les subventions européennes sont toutefois attribuées en considération d'exigences particulières. Les fonds structurels européens donnent alors des priorités d'investissement aux actions qui soutiennent l'économie à faible émission de carbone et contribuent aux objectifs des 3x20 : réduire les émissions de GES de 20% par rapport à 1990, faire passer la part des énergies renouvelables à hauteur à 20% de notre consommation finale, augmenter de 20% l'efficacité énergétique ; parmi ceux-ci le fonds européen de développement régional soutient les politiques régionales et notamment le SRCAE139. L'enjeu de la coordination entre les territoires devient aussi un enjeu primordial pour relever le défi climatique. A cet égard les fédérations entre communes jouent un rôle décisif même si les jeux d'alliances peuvent s'av complexes. Pour ce faire, il faut qu'existe une cohérence entre les différentes politiques publiques et notamment environnementales pour un même bassin de vie. Si l'échelon métropolitain au regard de son périmètre contribue à renforcer cette cohérence en connectant différentes communes (c'est l'exemple de la mobilité qui façonne un réseau de transports en commun accessible), il n'en demeure pas moins que l'espace métropolitain se confronte à d'autres espaces supra communaux qui peuvent avoir des lignes directrices divergentes sur ces questions-là. Si les intercommunalités sont tenues d'élaborer des plans climat qui soient articulés avec le SCoT, il n'en demeure pas moins que les discordances perdurent. 70 acteurs locaux à se concerter. L'illustration probante est celle de la prime-air-bois qui vient démontrer cette capacité d'agir conjointement. « Le Voironnais et le Grésivaudan140 autour de Grenoble possèdent les deux agglomérations les plus peuplées. Si celles-ci ne portent pas le même message, cette politique publique ne fonctionne pas. Lorsque la métropole lance la prime bois141 pour remplacer les appareils de chauffage au bois non performants, en application de règles particulières et que ces agglomérations frontalières sont régies par d'autres règles, il y a une incohérence et les habitants n'y comprennent rien.» La métropole a cette faculté de subventionner des actions concrètes, avec l'aide de l'ADEME, pour des intérêts publics (de santé publique notamment) outrepassant les divergences politiques. Le cadre métropolitain ou intercommunal a donc été porté par ces finalités-là, fonctionnelles, coopératives « Or cela n'est possible que par le jeu de mécanismes cognitifs qui, dans la modification des représentations collectives, permettent l'émergence progressive de nouvelles solidarités et de nouveaux principes d'action »142Si bien que les seules résistances qui peuvent apparaitre semblent d'ordre politique. Les contradictions qui existent au niveau national et régional renforcent le flou autour des ambitions écologiques. Il s'agit d'une appréhension qui revient très souvent auprès des fonctionnaires dans les administrations publiques locales, qui déjà se sentent la plupart du temps dépassés par le cumul des législations, la réglementation urbanistique qui change environ tous les trois ou quatre ans et ne laissent pas le temps de s'impliquer. Il en va ainsi au sein de l'administration métropolitaine : « Il y a une vision nationale des oppositions graves et puis il y a le territoire, avec ceux comme nous chargés de projet : on mène des choses, et une fois que le projet a été validé, c'est à nous que revient la conduite du projet en question.»143 « Nous avons une politique de réduction des émissions GES et de production d'ENR. Mais si la loi et le règlement ne favorisent pas les ENR par rapport à d'autres énergies, l'Etat entre en contradiction avec ce que nous faisons. Ce fut le cas récemment avec le gaz de schiste qui va peut-être in onder le territoire d ' une énergie à bas coût, mais ce n'est pas du 140 Les intercommunalités : Sud Grésivaudan (43 780 habitants), le Grésivaudan (98 290 habitants), le Voironnais (91 150 habitants) constituant la 2ème aire urbaine de la Région Rhône-Alpes. tout en cohérence avec le souhait d'aller vers un modèle territorial zéro carbone».144 L'Etat et ses différents ministères impulsent des lignes directives qui s'entrecroisent et s'entrechoquent. Les enjeux environnementaux sont souvent multiformes, de ce fait «les décisions sont souvent difficiles à prendre car le pouvoir politique doit arbitrer entre des dimensions et des intérêts différents, et souvent conflictuels »145. C'est ensuite aux agents territoriaux de composer et de s'adapter. D'un ministère à l'autre, les priorités ne sont pas les mêmes, le plus souvent la sphère environnementale se heurte à la sphère économique, alors même que les responsabilités de chacun des acteurs publics y compris économiques la CCI notamment, ont un rôle majeur à jouer et une implication dans le développement du territoire, qui plus est dans la transition énergétique. D'autres difficultés s'ajoutent, lorsque les directives nationales ne vont pas au bout de leurs engagements. Il en va ainsi avec la stratégie bas carbone qui peut manquer d'exigences et de coercition alors même qu'elle a une impulsion et qu'elle doit être reprise et incorporée dans les planifications territoriales : « les budgets carbones sont nationaux, déclinés par grands secteurs et constituent des plafonds pour les émissions de GES. Toutefois la question de l'évaluation et du contrôle de ces objectifs demeure entière et portée au-delà du contrôle annuel du Parlement, lors du vote du projet de loi de finance. Aucune sanction n'est prévue en cas de carence ou à défaut de budget carbone ou en cas de non-respect de la transition énergétique. »146 L'ambigüité des programmes gouvernementaux avec des objectifs parfois trop flous, trop généraux, empilés les sur les autres sans hiérarchie conforte les en êtrements de compétences. L'accumulation des lois ne contribue ainsi pas aux ambitions recherchées et nuit à l'efficacité juridique. Lorsque les lois Grenelle ont vu le jour, elles ont été considérées comme une avancée considérable. Néanmoins ce projet par sa densité et son ambition manquait de réalisme juridique. De telles réformes nécessitent, en effet, un temps long de mise en oeuvre. La plupart des dispositions requéraient des décrets d'application. Ce qui vaut aussi et plus particulièrement pour les outils juridiques de planification, qui demandent pour la plupart des études, des états des lieux avec des bilans de GES, les procédures d'élaboration qui prennent également du temps. 72 détaillé qui vient mettre en exergue les forces et les faiblesses du plan. La construction du programme d'actions d'un PCET est également longue à mettre en place, elle demande une large concertation entre les acteurs locaux. Aujourd'hui, une fois le processus lancé, il s'agit d'une redéfinition de la politique énergie-climat pour 4 ans qui est ensuite votée par la collectivité. A titre de comparaison, les nouveaux plans locaux d'urbanisme issus de la loi SRU du 13 décembre, mettent du temps pour remplacer totalement les plans d'occupation des sols des communes. A cet égard, la question de la sécurité juridique, impératif du droit contemporain, peut être discutée. «Le principe de sécurité juridique implique que les citoyens soient, sans que cela appelle de leur part des efforts insurmontables, en mesure de déterminer ce qui est permis et ce qui est défendu par le droit applicable. Pour parvenir à ce résultat, les normes édictées doivent être claires et intelligibles, et ne pas être soumises, dans le temps, à des variations trop fréquentes, ni surtout imprévisibles»147. Est alors remise en cause la capacité du droit à produire du changement si bien que deux limites reviennent souvent dans la mise en oeuvre : soit l'ineffectivité (la loi a été adoptée mais les décrets d'application tardent, l'absence de transposition de directive européenne, ou les règles sont mal appliquées) soit l'inefficacité ( on constate le manque de prescription, ou l'interprétation de l'agent n'est pas bonne, ou encore les programmes gouvernementaux sont parfois contradictoires). Cela pousse à considérer que le droit comme outil peut être difficile d'appropriation et est source d'instabilité, ce qui ne va pas sans poser de difficultés quant à la mise en oeuvre d 'actions allant dans le sens de la transition énergétique et donne lieu à un arbitrage à l'échelon local. Il peut exister en outre des confrontations entre différentes politiques publiques. « La lutte contre la pollution de l'air ne constitue pas, de fait, une priorité de l'action publique. L'objectif de lutte contre le réchauffement climatique et les mesures négociées au plan international pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre ont en effet été mises au premier rang des préoccupations. La réalité tend ainsi à démontrer que, aussi nombreuses que soient les actions et les prises en charge de la lutte contre le changement climatique à l'échelon intercommunal, il n'en demeure pas moins, que par sa dimension transversale, la territorialisation de la lutte contre le changement climatique impose des modalités spécifiques de décision et de gestion, reposant sur la solidarité, la coopération et le partenariat. Le droit de la décentralisation semblerait en définitive impropre à donner satisfaction en raison de la rigidité de ses règles dans la répartition des compétences. Il ne donne guère lieu, à ce jour, à une réflexion d'ensemble, au droit du partenariat traduisant un partage des responsabilités. Ce partage ne signifierait pas un cloisonnement où chacun agît de son côté, mais davantage une gestion commune permettant d'agir ensemble et de concert. Les collectivités locales et l'échelon métropolitain participent indéniablement à cette implémentation parce que les citoyens s'investissent également et sont de plus en plus soucieux de leur qualité de vie. BIBLIOGRAPHIE Ouvrages : - BADDACHE (F), le développement durable, Eyrolles, 2010 - BADIE (B), La Fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l'utilité sociale du respect, Paris : Fayard, 1995 - TSIOMIS (Y) (dir), Echelles et temporalités des projets urbains, Paris, PUCA, 2007/ Jean-Michel Place p95-96 - BARBIER (R), BOUDES (Ph), BOZONET (J-P), CANDAU (J), DOBRE (M), LEWIS (N), RUDOLF (F) (Dir.) 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Quelles ont été les conséquences de ce changement de statut?  Quels sont pour vous les atouts qui permettent de concrétiser une telle démarche au sein d'une intercommunalité?  Mais quels peuvent être aussi les obstacles qui se présentent à l'égard d'une telle démarche? qu'ils soient pratiques/ politiques/ juridiques  Quelle force donnez- vous au PCET?  Que pensez-vous des dernières législations? Les différentes réformes territoriales ont-elles eu un impact sur vos compétences territoriales et notamment une crainte que soit trop sectorialisées certaines compétences? Que pensez-vous de l'articulation en termes de lisibilité entre les différents niveaux et leurs rôles respectifs dans la lutte contre le changement climatique? Est-ce qu'il y un encadrement suffisant? Ou est –ce qu'au contraire cela vous laisse la liberté de faire? Et finalement c'est l'exercice d'une véritable gestion décentralisée de la question climatique? Il faut toutefois garder en tête les exigences en termes de temps/ d'efficacité Est-ce qu'il y a assez d'incitation/ de sanction qui permettent de réaliser ce type de politique efficacement? (la loi transition énergétique a permis de le faire pour le bilan de GES, mais est-ce suffisant?)  Dans la pratique qu'est-ce qu'il manque fondamentalement?  Comment s'établit l'articulation entre les différentes normes et documents d'urbanisme? PLUi/ SCOT/PDU  Comment se réalise la compatibilité avec les schémas régionaux?  Et plus globalement comment s'établit la relation entre la région et l'intercommunalité? (sentiment d'une tutelle de la région, d'une reprise en main de l'Etat sur les planifications locales à travers la co-  Retour d'expérience (N'y a-t-il pas de doublon vis-à-vis des communes et des différentes intercommunalités? Problèmes de financement? Le suivi arrive-t-il à être effectif? Comment se réalise l'évaluation? )  Atténuation / Adaptation. Les premières critiques qui ont été faites étaient celles d'être trop dans l'atténuation et pas assez dans l'adaptation du territoire, qu'en pensez-vous? Quels ont pu être les obstacles? et qu'est ce qui change aujourd'hui?  En termes de participation, comme se réalise-t-elle? Est-elle assez large? Ne s'agit-il pas seulement d'une planification de mesures publiques (qui concernent les services internes, les bailleurs sociaux)?  Participation aux dynamiques internationales.
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25 Développée entre 1957 et 1959 par une équipe de chercheurs français dirigée par Bernard Roy et représentée par un graphe d'états finis sur lequel les états et les relations représentent respectivement des tâches et des durées d'exécution. Chaque tâche est renseignée par les dates de début et de fin minimum et maximum. (dates au plus tôt, dates au plus tard). On peut ainsi déterminer le chemin critique, la marge totale d'une tâche, la marge libre que l'on peut prendre dans la réalisation d'une tâche, Représentation : Méthode des Potentiels Métra Tâche 1 Départ Tâche 3 Fin Tâche 2 Représente le lien de dépendance qu'il existe entre deux tâches. Avantages : Met en évidence les contraintes entre les tâches. Permet de trouver le chemin critique. N'affiche pas de tâches fictives Inconvénient : Ne permet de pas de visualiser le schéma par rapport à l'axe des temps Méthode née en 1958 et permet de mettre en évidence les relations entre les tâches du projet en ordonnançant celles-ci afin de calculer les délais et les marges (marge totale, marge libre, chemin critique). Marge libre = durée de flottement ou retard maximal d'une tâche sans perturber la date de début au plus tôt de l'événement suivant. Marge totale = durée de flottement ou retard maximal sans perturber la date de fin de projet. Avantages : Met en évidence les contraintes entre les tâches. Permet de trouver le chemin critique. Pert Inconvénient : - Ne permet de pas de visualiser le schéma par rapport à l'axe des temps Représentation : B(2) C(2) A(4) Représente un événement Représente une tâche Représente une tâche fictive de durée nulle. (tâche fictive pour représenter les contraintes) Figure 7 : Tableau comparatif des méthodes de planification des tâches d'un Pour tirer parti des avantages de chacune de ces méthodes, nous allons employer la méthode M.P.M. à laquelle nous adjoindrons l'axe temps en positionnant les tâches dessinées proportionnellement à leur durée. La méthode de P.E.R.T. aurait pu également être utilisée mais l'intégration de tâches fictives risque d'alourdir le schéma et d'en altérer la compréhension visuelle. 2.3.3.4. LE PLAN DE MANAGEMENT PREVISIONNEL DU PROJET. Juin Juillet Prise main projet révision cahier charges en du et du des Aout Septembre Octobre Recueil des besoins utilisateurs Développements Achat, installation et configuration des outils et matériels Audit des solutions commerciales Documentation sur les obligations légales Novembre Consultation d'éditeurs de solutions Décembre Janvier Adaptations Recettes Ouverture service utilisateurs du Ouverture du aux service aux adhérents Définition de la solution technique Figure 8 : Plan de management prévisionnel Ne connaissant pas à priori les solutions à adopter, le planning décrit ici n'est que prévisionnel. Il sera remis à jour au fur et à mesure de l'avancée du projet et des choix techniques qui seront fait (notamment le choix de l'architecture). 2.4. LA PRISE EN COMPTE DES PROJETS CONCURRENTS Afin de planifier au mieux les travaux sur le projet dans une entreprise, il est nécessaire de prendre en compte les projets menés en parallèle. Ne seront décrits ici que les projets dont le périmètre risque de chevaucher celui de la dématérialisation des décomptes. Deux projets concurrents ont ainsi été identifiés. 2.4.1. LA GESTION DES ADRESSES ELECTRONIQUES L'un des projets en cours de réalisation pendant l'étude des décomptes dématérialisés est la qualification des adresses e-mail. En effet, jusqu'à présent, les adresses e-mail étaient stockées en base de données sans que leur exactitude ne soit vérifiée. Avec le développement des services aux adhérents sur Internet, l'usage des adresse mail est appelé à se généraliser et leur fiabilité est devenue une obligation. Ce projet devrait être finalisé en début de réalisation des décomptes dématérialisés. Le contenu du projet de qualification des adresses e-mail est d'ores et déjà connu et aboutira sur une nouvelle procédure de saisie des adresses. Celle-ci consiste à demander à l'adhérent la validation systématique de son adresse et son association avec des codes précisant : - le refus ou non de sollicitation à des fins commerciales. - l'état de son adresse e-mail 27 La gestion de l'état des adresses e-mail relève du domaine de l'Internet. Le système maître en la matière est donc CHRONOS. Or la saisie d'une adresse électronique est possible depuis les applications de gestion (CAPRI, SIPRE). Ici aussi, un système de réplication (passerelle) a donc été créé pour mettre à niveau les deux systèmes (cf. ANNEXE F). 2.4.2. LES MAINTENANCES ET EVOLUTIONS. A côté des projets ponctuels, l'une des activités ré es consiste à assurer les évolutions du S.I. En effet, le système de santé français connaît des changements règlementaires fréquents qu'il faut intégrer dans la gestion quotidienne de la mutuelle. A cet effet, les applications « métier » – et plus généralement l'ensemble du système d'informations – sont mises à jour et font l'objet d'un versioning. Pour les besoins des projets menés à Prévadiès, plusieurs machines sont mises à disposition pour chaque serveur de production: - une pour les développements et tests unitaires - deux pour les recettes utilisateurs. Ces machines – souvent le hardware d'anciens serveurs de production – ont un package logiciel et des bases de données identiques à ceux des machines de production. 3. LES PISTES A EXPLORER Avant de nous lancer dans la recherche d'une solution, nous allons définir plus précisément le sujet de l'étude en cherchant à en définir le périmètre. En effet la dématérialisation n'est qu'une étape du concept de Gestion Electronique de Documents (GED). Après avoir explicité plus encore le projet en précisant quelques notions, nous étudierons les apports de la Gestion Electronique de Documents. 3.1. DEFINITION DE LA DEMATERIALISATION D'après le MINEFI, la dématérialisation « consiste à mettre en oeuvre des moyens électroniques pour effectuer des opérations de traitement, d'échange et de stockage d'informations sans support papier. A priori, elle n'a aucun effet sur le contenu de ces informations qui restent ce qu'elles sont indépendamment de la forme que prend leur support » La dématérialisation peut donc servir à gérer de façon totalement électronique des données ou des documents qui transitent au sein des entreprises ou dans le cadre d'échanges avec des partenaires (administrations, clients, fournisseurs,). Plus généralement, « la dématérialisation a pour objet de rendre immatérielle une chose dans le but de simplification ». Pour plus d'efficacité, il est préférable de définir clairement des règles quant au cycle de vie des documents. 3.1.1. LA GESTION ELECTRONIQUE DE DOCUMENTS La gestion électronique des documents (ou Gestion Electronique de l'Information ou de Documents Existants – GEIDE) recouvre l'ensemble des techniques qui permettent de gérer les flux de documents qui pénètrent, sortent ou circulent à l'intérieur de l'entreprise. Ces techniques ont pour fonction de capturer ou dématérialiser des documents, afin de gérer, indexer, stocker, rechercher, consulter, traiter et transmettre des fichiers numériques de toutes origines. Les apports de la gestion électronique de documents sont multiples : - Maîtriser le flux des innombrables documents papiers et électroniques reçus quotidiennement dans les entreprises. - Augmenter les gains de productivité en réduisant le temps consacré au traitement des processus. - Améliorer la traçabilité des documents et de leur contenu lors de leur traitement. - Améliorer la fluidité de circulation et de traitement de l'information. - Accélérer et développer le partage, la mutualisation et la valorisation des informations. Répondre aux contraintes légales en matière d'archivage. - Répondre plus aisément aux exigences des normes de qualité. - Développer, pour chaque entreprise, un système de traitement de l'information entièrement paramétrable aux besoins réels et à la sécurité des traitements. 3.1.2. L'ARCHIVAGE ELECTRONIQUE Alors que la GEIDE concerne la gestion quotidienne des documents électroniques, l'archivage est le garant du fond sécurisé des documents probants de l'organisation. L'article 1er de la loi du 3 janvier 1979 définit les archives comme l'ensemble des documents, quels que soient leur date, leur forme et leur support matériel, élaborés ou reçus par une personne physique ou morale, un organisme public ou privé, résultant de leur activité et conservées en vue de leur utilisation. La transformation du document En fonction du format d'origine du document, on distingue plusieurs méthodes de transformation vers un format électronique : - Les documents papier, qu'ils soient entrants (courriers, télécopies, factures, bons de livraisons, fiches de paie) ou internes (livres, catalogues, plans, documentations diverses) sont dématérialisés grâce à l'utilisation de scanners dont les fonctions sont plus ou moins étendues : - Identification du document par Lecture Automatique de Documents (LAD) - Traitement de l'image (recadrage, correction des couleurs, etc.) - Prise en charge des différents types de papiers (grammages, formats) et présentations (liasse, documents reliés, collés ou agrafés). - Les microfilms, largement utilisés en archivage peuvent également être numérisés par l'utilisation de lecteurs numériseurs de microfilms. - Les documents créés dès l'origine dans un format électronique que le processus de GED convertit en un format permettant leur traitement ou consultation ultérieure : - Fichiers générés par ordinateur : feuilles de calcul, fichiers textes, listings. - Courriers électroniques. - Pages Internet, formulaires Web. - Fichiers sauvegardés sous DON, ou Bandes magnétiques 30 La création du document peut résulter d'un traitement automatisé ou nécessiter l'intervention d'un agent (par saisie directe par exemple). Dans les deux cas et pour une meilleure exploitation ultérieure, il est préférable que sa mise en forme soit standardisée. 3.1.3.1.2. L'enregistrement consiste à attribuer une référence – en général le nom du fichier informatique – et ses principales caractéristiques – heure, auteur, objet, etc. – conformément aux règles de gestion de l'organisme. L'extraction d'informations du document peut servir au référencement du fichier. Il faut ici distinguer trois types de documents. Pour un, une méthode d'extraction des données peut être envisagée : Type de document Méthode d'extraction des informations documents structurés tels que les formulaires papier ou électroniques. Interprétation des codes barres, ou des cases à cocher. Les documents semi-structurés tels que les factures, les commandes, les bons de livraisons, les devis qui présentent des emplacements et des informations diversifiés. Définition et interprétation de certaines zones du document. Les documents non-structurés tels que les courriers, les documents juridiques qui nécessitent une lecture globale. Lecture automatique des documents ou la reconnaissance optique des caractères y compris manuscrits. Tableau 4 : Les méthodes d'extraction des données L'enregistrement d'un document dématérialisé passe également par le choix d'un format numérique qui définit comment sont organisées et stockées les données décrivant le document à l'intérieur d'un conteneur : le fichier. Parmi tous les formats de fichiers à notre disposition, il faut distinguer : - les formats ouverts, - les formats fermés, dont les spécifications ne sont pas librement accessibles et leur utilisation restreinte ; - les formats propriétaires, établis par un organisme privé dans un but commercial (il peut être ouvert ou fermé selon le choix fait par l'entreprise) ; - les formats standards dont les spécifications font l'objet d'une norme. En matière de gestion électronique de documents, l'usage est d'avoir recours à des formats ouverts de fichiers. La loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour « la confiance dans l'économie numérique » définit le format ouvert comme « [] tout format de données interopérable8 et dont les spécifications techniques sont publiques et sans restriction d'accès ni de mise en oeuvre ». De même au niveau européen, le programme IDABC9 définit en 2004 les critères minimum suivants pour qu'un format soit reconnu ouvert : 8 Capacité que possède un produit ou un système, dont les interfaces sont intégralement connues, à fonctionner avec d'autres produits ou ystèmes existants ou futurs et ce sans restriction d'accès ou de mise en oeuvre. 31 - Le standard est adopté et sera maintenu par une organisation sans but lucratif et ses évolutions se font sur base d'un processus de décision ouvert accessible à toutes les parties intéressées (consensus ou vote à la majorité, etc.). Le standard a été publié et le document de spécification est disponible, soit gratuitement, soit au coût nominal. Chacun a le droit de le copier, de le distribuer et de l'utiliser, soit gratuitement, soit au coût nominal. La propriété intellectuelle – c'est-à-dire les brevets éventuels – sur la totalité, ou une partie, du standard est irrévocablement et gratuitement mise à disposition. Il n'y a pas de restrictions à la réutilisation du standard. Les formats ouverts regroupent donc : - les formats de données indépendants d'un logiciel particulier, d'un système d'exploitation ou d'une société, - les spécifications techniques documentées, publiées, non payantes, sans brevet, sans royalties dessus. Utiliser des formats publics dans l'échange de fichiers présente les avantages suivants : - Garantir l'accessibilité et la pérennité des données : l'auteur a la garantie qu'il sera toujours libre de lire et modifier ses données. Si nécessaire, il a de plus la possibilité de créer un logiciel pour accéder à ses données. - Garantir une transparence parfaite au niveau du contenu des données échangées : les formats propriétaires n'étant pas publiques et souvent codés, l'auteur a la garantie de ne pas diffuser des informations confidentielles. - Limiter la diffusion de virus : expéditeur et destinataire ont la garantie de ne pas se contaminer réciproquement. Pour comprendre l'importance du choix du format de fichier, il faut étudier les caractéristiques de chacun. En fonction de l'information à stocker (texte, image, multimédia, etc.), certains sont plus adaptés que d'autres. Pour nous aider dans notre choix, les formats de fichiers les plus courants sont recensés dans l'ANNEXE C. Parmi eux, le format PDF/A paraît totalement adapté à un système de stockage puisqu'il est non seulement ouvert, mais il fait également l'objet d'une norme. 3.1.3.1.3. L'indexation L'indexation : consiste à déterminer les données qui faciliteront la recherche d'un document en fonction du contenu, que ce soit dans l'axe du système de classement ou dans un axe différent. Cette opération se fait en général par l'association de métadonnées avec le fichier informatique (cf. ANNEXE C : Les métadonnées). L'utilisation des informations extraites lors de l'étape d'enregistrement peut permettre d'attribuer des métadonnées au document, de même que la saisie directe par l'utilisateur. Chaque fichier capturé doit faire l'objet d'un horodatage qui spécifiera la date et l'heure de son intégration dans le système informatique. 3.1.3.1.4. Le classement Il faut ici distinguer le classement logique du classement physique sur un support de stockage. Le premier représente la place du document dans le système de référencement. Il prend la forme de 9 Interoperable Delivery of European Government Services to public Administrations, Businesses and Citizens (fourniture interopérable de services paneuropéens d'administration en ligne aux administrations publiques, aux entreprises et aux citoyens). L'objectif de ce programme est d'améliorer l'efficacité des administrations publiques européennes et la collaboration entre elles. 32 thésaurus10, de lexiques simples ou hiérarchiques en arborescence permettant ainsi de classer le document efficacement et de le retrouver rapidement. Le second vise à ranger le document dans un espace informatique structuré tel qu'une arborescence de répertoires et de fichiers. 3.1.3.2. ETAPE 2 : LA GESTION L'étape de gestion consiste à enregistrer toutes les opérations effectuées sur le document depuis sa création comme : - l'application ou la modification des droits d'accès au document, c'est-à-dire sa visibilité dans le système de stockage, ou aux informations qu'il contient, - l'administration : par exemple l'ajout ou la modification de métadonnées, - la variation : il s'agit de modification de l'état ou de statut du document – et non du contenu de celui-ci. Le passage à un état « validé » d'un document par exemple entre dans cette catégorie, - l'évolution du contenu du document qui consiste à gérer le versioning. A un moment donné, une seule version du document doit être applicable. 3.1.3.3. ETAPE 3 : LA DIFFUSION La diffusion est l'opération par laquelle un document est délivré à son destinataire en fonction de ses droits d'accès au format souhaité – avec compression, chiffrement, révisable ou non, etc. – en fonction du mode de distribution retenu. Deux modes de diffusion sont possibles : - Le mode pull : le destinataire prend lui-même une copie du document directement sur le serveur après connexion. - Le mode push : les documents désignés préalablement sont transférés systématiquement à un destinataire sans intervention de ce dernier (par messagerie électronique par exemple). Dans les deux cas, une restitution puis une réintégration dans le système de classement peut être envisagée pour prendre en compte des modifications qui y sont apportées. 3.1.3.4. ETAPE 4 : LA CON TION La conservation a pour objet de garantir le document - son contenu, sa présentation et sa description – sous forme numérique tout au long de sa vie. Elle doit être conçue de manière à garantir la pérennité, l'intégrité, la sécurité, la traçabilité et la lisibilité du document dans le temps. Le cycle de vie du document ne traite pas uniquement de la période d'existence du document : il envisage également la destruction du document et notamment le moment où le document sort du système de stockage. 33 évolutions technologiques. Cela concerne à la fois les aspects matériels du stockage et l'encodage du document. En fonction de l'utilisation qui est faite de documents stockés, on peut distinguer 3 catégories de stockage : - le service HSM (Hierarchical Storage Manager) : les fichiers sont migrés vers un support bande magnétique pour libérer de la place sur un disque, - l'archivage pérenne assure une triple fonction : la conservation, l'accessibilité et l'intégrité du document électronique, - le stockage définitif qui représente l'ultime étape du stockage des données avant oubli. 3.1.4. NORMES ET LEGISLATION DU DOCUMENT NUMERIQUE 3.1.4.1. LA LEGISLATION Avec le développement des moyens de télécommunication et des échanges dématérialisés, le législateur français a donné un statut et une valeur juridique aux documents électroniques. La loi du 13 mars 2000 précise ainsi que « L'écrit sous forme électronique est admis en preuve au même titre que l'écrit sur support papier, sous réserve que puisse être dûment identifiée la personne dont il émane et qu'il soit établi et conservé dans des conditions de nature à en garantir l'intégrité. () (Article 1316-1 CODE CIVIL -inséré par Loi no 2000-230 du 13 mars 2000 art. 1). Mais la loi ne désigne aucun logiciel ni aucun cadre fonctionnel précis susceptible de produire des archives numériques ayant une valeur probante. En effet, le législateur ne s'est pas engagé dans le domaine technique et ce n'est pas son rôle. Il faut, dès lors, se référer à un état de l'art défini par diverses normes, et notamment la NF Z42-013. 3.1.4.2. LES NORMES Une norme désigne un ensemble de spécifications décrivant un objet, un être ou une manière d'opérer. Il en résulte un principe de règle et de référence technique. Une norme n'est pas obligatoire, son adhésion est un acte volontaire. Certaines sont rendues obligatoires par un texte réglementaire ou décret de loi. Les normes sont définies par des organismes de niveau international, comme l'ISO (International Organization for Standardization), de niveau européen tel que le CEN (Comité Européen de Normalisation) ou encore de niveau national avec l'AFNOR (Association Française de NORmalisation) en France. L'AFNOR étant membre du CEN et de l'ISO, les normes issues de ces deux organismes obtiennent systématiquement le statut de norme nationale. 3.1.4.2.1. La norme NF Z 42-013 La norme Z42-013 a été définie en 2001 pour spécifier les modalités techniques et organisationnelles pour un stockage durable. Les premières versions de cette norme ne traitent que des supports physiques W.O.R.M. Réactualisée en 2009 pour prendre en compte les avancées technologiques, la norme Z42-013 traite aujourd'hui également des systèmes de W.O.R.M. logiques. 34 L'ensemble des prescriptions contenues dans la norme vise à permettre que des documents électroniques soient produits, stockés et restitués, de telle façon que l'on puisse être sûr de leur intégrité et de leur fidélité par rapport aux documents d'origine. Cette norme formalise deux niveaux d'exigence pour la réalisation des différentes fonctionnalités – l'enregistrement, le stockage et la restitution – d'un S.A.E.11 : - le niveau minimal - le niveau complémentaire Bien que non obligatoire, cette norme fait néanmoins référence. « Elle est très importante, car elle établit des règles claires d'archivage, de traçabilité et de conservation », explique Serge Dahan, président de l'AProGED12. « Mais si vous ne la respectez pas, cela ne signifie nullement que vos documents électroniques ne sont pas conformes à la loi du 13 mars 2000. » C'est pourquoi, nous ne chercherons pas à appliquer à la lettre les recommandations de cette norme, mais nous nous appuierons sur les principes édictés comme base technique lorsque nous envisagerons les différentes solutions. 3.1.4.2.2. La norme ISO 19005-1 La norme ISO 19005-1 a été publiée le 28 septembre 2005 et définit le format PDF/A13 comme format des fichiers destinés à être conservé à long terme. Initialement, le format PDF/A est un format propriétaire créé par la société Adobe Systems. Ce format permet d'encapsuler dans un même fichier le contenu textuel, l'ensemble des composants du document, tels que les images, les polices, espaces colorimétrique14 et la mise en forme. Il garantit ainsi que le document pourra être restitué à l'identique dans le temps et ce malgré les évolutions techniques ou les environnements de travail (le format PDF/A est portable). Il n'autorise pas en revanche les références à des ressources externes qui sont susceptibles de disparaître dans le temps. 3.1.4.3. LES RECOMMANDATIONS DE LA C.N.I.L. Les obligations légales imposent souvent aux entreprises de conserver sur les longues périodes des documents contenant des données à caractère personnel et donc protégées par la disposition de la loi du 6 janvier 1978. L'archivage électronique de ces documents doit se faire dans le respect des principes de la loi informatique et libertés, notamment le droit à l'oubli et la finalité. La recommandation adoptée par la CNIL le 11 octobre 2005 fait le point sur les bonnes pratiques en la matière. 3.1.4.3.1. Le droit à l'oubli Face à la mémoire de l'information, seul le principe du droit à l'oubli consacré par la loi du 6 janvier 1978 modifiée en aout 2004 peut garantir que les données archivées ne soient pas conservées pour des durées qui pourraient apparaître comme manifestement excessives. 11 Système d'Archivage Electronique 12 Association des Professionnels de la Gestion Electronique de Documents 13 Portable Document Format/Archivage 14 Association de nombres aux couleurs visibles 35 Les articles 6-5° et 24 de la loi du 6 janvier 1978 modifiée en aout 2004 précisent que les archives courantes et intermédiaires doivent répondre à des durées de conservation spécifiques, proportionnées à la finalité poursuivie, qui doivent être précisées dans le cadre des dossiers de formalités adressés à la CNIL. La CNIL recommande dans cette optique que les responsables de traitements établissent des procédures aptes à gérer des durées de conservation distinctes selon les catégories de données qu'ils collectent et soient en mesure d'effectuer toute purge ou destruction sélective de données à caractère personnel. 3.1. 4.3.2. La finalité En application de l'article 34 de la loi du 6 janvier 1978 modifiée, les mesures techniques et d'organisation appropriées pour protéger les données archivées, notamment contre la diffusion ou l'accès non autorisés ainsi que contre toute autre forme de traitement illicite. Ces mesures doivent assurer un niveau de sécurité approprié au regard des risques présentés par le traitement et de la nature des données à protéger. La CNIL a basé ses recommandations sur le type d'archivage : - les archives intermédiaires doivent être limitées à un service spécifique combiné à un isolement des données archivées au moyen d'une séparation logique (gestion des droits d'accès et des habilitations). - Les archives définitives sont conservées sur un support indépendant, non accessible par les systèmes de production, n'autorisant qu'un accès distinct, ponctuel et motivé auprès d'un service spécifique seul habilité à consulter ce type d'archives. 3.2. ETAT DE L'ART DES COFFRES-FORTS ELECTRONIQUES Le terme coffre-fort électronique, bien que marque déposée de la société CDC Arkhinéo, est devenu un terme marketing largement utilisé pour désigner des offres commerciales diversifiées. La dénomination coffre-fort numérique semble cependant plus adaptée, le qualificatif "électronique" s'appliquant à la fois à des produits analogiques (meubles coffres-forts équipés d'électronique) et numériques. On peut décrire 3 niveaux de service dans le domaine du stockage et de l'archivage des documents numériques : - l'espace de stockage simple : système de sauvegarde de données, sans garantie ni responsabilité particulière de la part du prestataire sur la restitution et l'intégrité des données, - l'espace d'archivage non probatoire : système d'archivage basé sur une infrastructure sécurisée (redondance, accès contrôlé, etc.), garantissant l'intégrité des documents; - l'espace d'archivage "à vocation probatoire" (système d'archivage de données mettant en oeuvre des processus et des mécanismes de sécurité (horodatage, empreinte du document, signature numérique, etc.), de préférence faits par des tiers, permettant d'apporter une valeur juridique à la conservation intègre du document et à sa lisibilité dans le temps). Le domaine des coffres-forts numériques concerne les 2 derniers niveaux de service (espaces d'archivage non probatoire et "à vocation probatoire"). En matière de stockage et d'archivage de documents numériques, il faut distinguer l'architecture du système de stockage des mécanismes de sécurisation des données hébergées. 3.2.1. L'ARCHITECTURE DU SYSTEME DE STOCKAGE Lorsqu'un espace de stockage centralisé est mis en place, son usage définit son architecture globale. Indépendamment du support physique de stockage, on peut opter pour une architecture N.A.S ou S.A.N. 3.2.1.1. LES NAS Un NAS (Network Attached Storage) est constitué d'un ou plusieurs disques durs (RAID ou non), d'une connexion Ethernet, d'un microcontrôleur et d'un système d'exploitation. L'administration se fait directement via une interface Web et se réduit aux droits d'accès des utilisateurs, au paramétrage TCP/IP de la carte réseau, éventuellement du serveur DHCP. Les points forts de ces équipements sont la facilité de mise en route et leur prix. Poste client Serveur Câblage réseau NAS Figure 9 : Positionnement d'un NAS sur un LAN Le N.A.S. se présente sous la forme d'un système de fichiers commun à l'ensemble des machines ou serveurs du réseau, y compris si ceux-ci présentent des environnements hétérogènes. 3.2.1.2. LES SAN Alors qu'un NAS est directement attaché au réseau, le SAN se positionne comme mémoire de masse supplémentaire pour un ou plusieurs serveurs. Dans cette configuration, disques et bibliothèques de bande sont directement connectés à ces serveurs par une connexion en Fibre optique. Normalement, tous les disques et bibliothèques de bande sont visibles par tous les processeurs. La fonctionnalité de Zoning permet d'isoler des ensembles de disques et bibliothèques des autres ensembles. Les disques sont donc accessibles depuis plusieurs serveurs simultanément. Poste client Câblage réseau Serve ur Serveur SAN Liaison haute vitesse Le protocole de communication entre les serveurs et le SAN utilise un support physique de type Fibre Channel. C'est un protocole de communication qui permet d'envoyer des commandes à des disques SCSI – donc très performants – encapsulées dans un protocole réseau. Cette méthode permet des transferts rapides. Pourtant, la difficulté à mettre en place ce type de stockage le réserve uniquement aux grandes entreprises. Figure 10 : Le SAN et sa liaison dédiée La différence entre un NAS et un SAN se situe au niveau des accès : directement via le réseau pour un NAS ; par l'intermédiaire des serveurs pour un SAN. Les mécanismes ci-après assurent la sécurisation des données et des personnes dans la mise en oeuvre d'un coffre-fort électronique. 3.2.2. L'ARCHIVAGE SECURISE NON PROBATOIRE 3.2.2.1. CONNEXION SECURISEE La première fonctionnalité d'un coffre fort électronique est l'accès à son contenu – les documents archivés – de manière totalement sécurisée et depuis n'importe quel ordinateur connecté à Internet. Les documents présents dans le coffre doivent donc circuler sur un réseau public accessible par définition à chacun. 37 Afin de garantir à leur propriétaire la confidentialité des archives circulant sur le réseau, les coffres-forts électroniques font appel à une connexion sécurisé qui passe par la combinaison des protocoles http et SSL : le protocole HTTPs. HTTP15 est un protocole de communication client-serveur utilisé pour la communication sur le web. HTTP agit au niveau de la couche 7 – la couche application – du modèle OSI. Au niveau de la couche transport, HTTP repose sur le protocole TCP pour ce qui est de la navigation SSL est un protocole mis au point en 1994 par Netscape16 en collaboration avec Mastercard, Bank of America, MCI et Silicon Graphics. Suite au rachat du brevet par l'IETF (Internet Engineering Task Force), sa nouvelle appellation est TLS (Transport Layer Security) – le terme SSL étant toujours couramment utilisé. SSL agit telle une couche permettant d'assurer la sécurité des données, située entre les sockets, c'est à dire l'implémentation logicielle, et un protocole de la suite TCP/IP. Cette configuration rend SSL totalement invisible à l'utilisateur et ne demande aucune action complémentaire de la part de l'utilisateur. La majorité des navigateurs indique cependant que la connexion à un serveur sécurisé est établie17. L'URL des serveurs sécurisés commence par https://18 au lieu de http://. Initialisation de la communication Vérification du certificat serveur Certificat serveur X.509 Vérification du certificat client Communication sécurisée Figure 11 : Initialisation d'une communication sécurisée par SSL / TLS 15 HyperText Transfer Protocol (en français : protocole de transfert HyperText) 16 Le brevet de SSL appartenant à Netscape a été racheté par l'IETP en 1999 qui l'a rebaptisé TLS (Transport layer Security). 17 Le symbole de sécurité représentant une clé ou un petit cadenas apparaît dans le coin inférieur droit de la fenêtre du navigateur Internet. De plus une boite de dialogue informe de l'entrée sur un site sécurisé. 18 A ne pas confondre avec le protocole SHTTP. Combinaison des deux protocoles précédents, le protocole HTTPs autorise une communication entre un client et un serveur web de manière sécurisée. SSL agissant sur la couche 5 du modèle OSI, il est ainsi indépendant des protocoles des couches supérieures. Il peut donc sécuriser en plus du protocole HTTP, les protocoles FTP, TELNET ou encore les applications de messagerie électronique en chiffrant les messages qui transitent sur Internet ; Plusieurs types d'accès aux coffres sont possibles, du dépôt seul jusqu'à l'administration, en passant par le téléchargement de document, leur déplacement, leur suppression, etc. 3.2.2.2. AUTHENTIFICATION ET AUTHENTIFICATION FORTE Le second mécanisme de sécurisation d'un coffre-fort électronique repose sur le contrôle des accès aux documents archivés, à partir de l'authentification de l'entité initiant la communication. Le plus fréquemment, cette fonctionnalité se base sur la reconnaissance d'un couple login – mot de passe. Certaines situations ou domaines d'activité requièrent une authentification plus forte que l'usage d'un unique mot de passe. On a alors recours à l'authentification forte. L'authentification est dite forte si le système n'autorise l'accès à une ressource qu'après une double vérification parmi les éléments suivants : - ce que l'entité connaît : mot de passe, phrase secrète, - un élément physique détenu par l'entité : une carte magnétique ou à puce, une clé USB, etc. - une caractéristique physique : empreintes digitales ou rétinienne, forme du visage, etc. - une caractéristique comportementale : signature manuscrite, reconnaissance de la voix 3.2.2.3. L'INTEGRITE L'intégrité permet d'assurer au propriétaire des documents archivés que ni leur forme, ni leur contenu ne sera altéré dans le temps, garantissant ainsi le document consulté est strictement identique au même document déposé dans le coffre. On essaiera donc de préserver, soit par l'usage d'un support de stockage spécifique, soit par une protection logicielle, l'intégrité des documents. Certains supports de stockage possèdent des caractéristiques physiques qui permettent d'assurer nativement l'intégrité des données Il s'agit de supports qui autorisent la lecture et la création, mais pas l'effacement ni la modification (Write Once, Read Many). C'est le support préconisé par la première version de la norme NF Z 42-013. Le tableau ci-dessous recense différents supports W.O.R.M. Support Principe CD-R, DVD-R Support optique UDO (Ultra Density Optical) Support optique avec laser bleu et violet Avantages Inconvénients Utilisation peu coûteuse Durée de vie < 15 ans Débits en lecture/écriture faibles Taille limitée à quelques Go Durée de vie > 50 ans Débits en lecture/écriture faibles Utilisation couteuse Taille limitée à 120Go 39 Worm logique Disque magnétique dont la protection contre la suppression et la modification est assurée de façon logicielle Accès rapide aux données Supports fiables et possibilité de RAID Possibilité de supprimer un fichier Système moins fiable? Tableau 5 : Quelques supports WORM Une alternative aux supports W.O.R.M. consiste à assurer l'intégrité des documents de façon logicielle. Cela passe par l'adjonction au document de sa signature obtenue grâce à un algorithme de hachage. Alors que les WORM assurent l'intégrité tout au long du stockage, l'usage d'un algorithme de hachage vérifie l'intégrité à postériori. 3.2.2.4. LA CONFIDENTIALITE Les informations qui circulent sur le réseau Internet via les protocoles habituels sur Internet – http, FTP, etc. - circulent en clair sur le réseau. Celles-ci encourent donc le risque d'être captées par un tiers qui écoute et enregistre le dialogue initié par les deux correspondants. Cette écoute – appelée sniffing – remet en cause la confidentialité des données qui veut qu'à la fin de l'échange de données, seuls l'expéditeur et le destinataire aient eu connaissance du message ; les autres entités présentes sur Internet n'ayant pas la possibilité de le reconstituer. D'après la norme ISO 7498-2, la confidentialité est la propriété qu'une information n'est ni disponible, ni divulguée aux personnes, entités ou processus non autorisés. Elle est assurée par le chiffrement du message à l'aide de la clé publique du destinataire. De cette façon, seul ce dernier, à l'aide de sa clé privée, est en mesure de retrouver le message en clair (Cf. Figure 38 : Les cryptosystèmes asymétriques). 3.2.3. L'ARCHIVAGE A VALEUR PROBANTE Pour être fiable et avoir une valeur probante, un document doit apporter certaines garanties : - l'expéditeur est authentifié, - le document n'a pas été modifié ou altéré, - pouvoir s'assurer de la date et de l'heure de création du document (horodatage). - vérifier que le destinataire à bien reçu le document (y compris dans le cas où, de mauvaise fois, il nierait l'avoir reçu). 3.2.3.1. LES CERTIFICATS ELECTRONIQUES Définis par l'U.I.T.19 dans la norme X.509, les certificats électroniques sont des fichiers électroniques contenant les informations nécessaires à identifier physiquement une entité numérique. Ces informations sont certifiées par une autorité de certification (C.A. ou Certification Authority) selon plusieurs classes de sécurité définies en fonction des informations fournies par le demandeur Informations à fournir à l'autorité de certification Observations adresse électronique du porteur. Il est gratuit et peut être obtenu sans formalité particulière via Internet. Il n'a aucune valeur juridique et n'est pas reconnu comme ayant une valeur probante. Classe 2 preuve matérielle de l'identité. La demande auprès d'une autorité de certification doit s'ensuivre de la transmission de documents contractuels et officiels. L'abonnement est annuel et reconductible Classe 3 présentation physique du demandeur (appelée face-à-face) L'abonnement est annuel et reconductible une seule fois Classe 4 Idem à classe 3 Idem à classe 3 + le certificat est stocké sur un support matériel (clé USB, carte à puce, etc.) Classe 1 Figure 12 : Classes de sécurité des certificats électroniques Les données portées par le certificat se partagent entre les informations relatives : - au porteur du certificat : ses nom, prénom, entreprise, service, adresse électronique et la clé publique associée à sa clé privée, - à l'autorité de certification, - au certificat lui-même : son numéro de série, ses dates de validité, la signature électronique, les algorithmes de signature et de création des clés, et les usages qui peuvent en être faits. Les certificats qui répondent aux exigences de qualité de le l'article 6 du décret du 31 mars 2001 sont dits certificats électroniques qualifiés. Ils doivent comporter dans ce cas : - La mention « certificat électronique qualifié » - L'identité du prestataire de services de certification électronique ainsi que l'Etat dans lequel il est établi. - Le nom du signataire (ou un pseudonyme celui-ci devant être identifié comme tel) - Le cas échéant, l'indication de la qualité du signataire en fonction de l'usage auquel le certificat électronique est destiné. - Les données de vérification de signature électronique qui correspondent aux données de création de signature électronique 41 - L'indication du début et de la fin de validité du certificat Le code d'identité du certificat La signature électronique sécurisée du prestataire de service de certification électronique qui l' délivré. Un certificat électronique – en particulier le couple clé privée / clé publique (cf. ANNEXE E : La cryptographie) – créé l'ensemble des mécanismes qui sont utilisés de manière pratiquement transparente par les internautes lorsqu'ils se connectent à un site web sécurisé par les protocoles HTTPs et SSL. Ces mécanismes permettent d'assurer les 4 fonctions essentielles que sont la confidentialité, l'intégrité, la non répudiation et l'authentification qui sont les conditions d'un échange électronique sécurisé. 3.2.3.2. LA SIGNATURE ELECTRONIQUE Par analogie avec la signature manuscrite, la signature électronique (ou sceau) accompagne le message à transmettre et remplit les fonctions d'authentification et de contrôle de l'intégrité. Sa mise en oeuvre passe par l'usage d'une fonction de hachage qui permet d'obtenir une empreinte – appelée également condensé – du message. Cette empreinte répond aux contraintes suivantes : - Un texte en clair ne doit produire qu'une et une seule empreinte. - Une modification, même mineure du texte en clair doit modifier en profondeur l'empreinte - Le texte original ne doit pas pouvoir être reconstitué à partir de son empreinte. On parle de « one way function » ou fonction à sens unique. Les algorithmes les plus utilisés sont MD5 (Message Digest 5 ; créé une empreinte de 160 bits) et SHA (Secure Hash Algorithm 1 ; créé une empreinte de 128 bits). La mise en oeuvre de la signature d'un document électronique se décompose en deux étapes : - Une étape de signature qui consiste pour l'expéditeur à créer l'empreinte du message à l'aide d'une fonction de hachage, puis de la chiffrer à l'aide de sa clé privée, - Une étape de vérification où il suffit au destinataire de calcul , à partir du document original reçu, l'empreinte avec la même fonction de hachage et de déchiffrer la signature de l'émetteur avec la clé publique de ce dernier. 3.2.3.3. L'HORODATAGE Utile dans le cadre d'échanges numériques, l'horodatage permet d'apposer une date certaine sur des documents nativement électroniques et ainsi d'associer de façon fiable une date et une heure à des données numériques. Lorsque l'on veut doter les documents numériques d'une valeur probante, la date doit être délivrée par un tiers de confiance – appelée aussi autorité d'horodatage -- respectant des protocoles normalisés tant du point de vue technique, qu'administratifs et juridiques. Pour cela, le tiers fait souvent appel aux services d'horodatage basés sur des horloges atomiques. Outre l'apport d'un datage certain, le tiers garantit la conformité des documents qu'il a horodaté vis-à-vis de ses clients et toute personne amenée à les consulter. C'est grâce à cette solution que l'on peut prouver l'existence de certaines données à dater d'un certain jour ou renforcer les fonctions de non-répudiation, puisque sans jeton d'horodatage, la date de signature n'est pas forcément connue et encore moins fiable et peut donc facilement être contestée. 3.2.3.4. LA TRAÇABILITE Utilisée également par les coffres à vocation probatoire, la traçabilité permet de conserver une trace de l'ensemble des opérations effectuées lors de chaque accès au coffre-fort dans un journal à valeur probante, lui-même conservé dans des conditions de nature à en garantir l'intégrité. L'ensemble des opérations survenues dans le Coffre-Fort Électronique doivent être consignées dans un système sécurisé, à valeur probante. Ce système de journal des évènements conservera la trace de toutes les actions réalisées sur les fichiers archivés, y compris après la destruction des archives. ISTANT Dans cette partie, nous allons étudier plus en détail le domaine des prestations afin d'avoir un aperçu de l'environnement dans lequel va s'insérer le projet de dématérialisation. 4.1. UN DECOUPAGE FONCTIONNEL DU SI Comme nous l'avons déjà vu précédemment, le SI est composé de plusieurs systèmes informatiques indépendants que nous allons étudier ci-après au travers d'un bref historique du S.I. 4.1.1. LE SYSTEME MUTUALINC Historiquement, le système Mutualinc était le centre du S.I. de Préviade, puisqu'il gérait l'essentiel de l'activité de la mutuelle, à savoir principalement le calcul des cotisations, la liquidation des prestations et les échanges informatisés avec les tiers et partenaires (les caisses d'assurance maladie par exemple). Les applications sont développées en Linc, un langage de troisième génération (L3G)20 distribué par le groupe Unisys. Les L3G – tels que C, Cobol, Pascal – se caractérisent par l'utilisation des procédures comme unité de base de programmation. Ces applications sont adossées au SGBD21 hiérarchique DMS22 de la société Unisys. Figure 13 : l'écran Mutualinc de gestion des usagers 20 Un L1G (langage de première génération étant le code machine et un L2G sa représentation humaine : l'assembleur. 21 Système de Gestion de Base de Données 22 Data Management Systems 44 4.1.2. LE SYSTEME SIPRE (S.I. PREVIADE) Afin de compléter les fonctionnalités de Mutualinc et de suivre les avancées technologiques du domaine informatique, le système SIPRE a été développé en 1998. 4.1.2.1. L'APPORT DU N-TIERS ET DE L'OBJET Depuis sa création, le système SIPRE s'est appuyé sur une technologie récente : le n-tiers. Son principe, contrairement à l'informatique centralisée présente sur Mutualinc, est de découper les applications en trois niveaux d'abstraction : - la couche de présentation représentée par l'I.H.M.23 permet l'interaction de l'application avec l'utilisateur (saisies au clavier, évènements de la souris, etc.), - la logique applicative décrit les traitements que l'application doit réaliser. Ceux-ci se répartissent entre le client pour les contrôles simples des actions de saisie de l'utilisateur et le serveur pour les tâches plus lourdes et complexes, - les données regroupant l'ensemble des informations exploitées par l'application. Les applications sont désormais développées en FORTE, un langage de 4ème génération (L4G). Serveur G***** Logique applicative Postes clients Figure 14 : Organisation d'une application 3 tiers classique Le L4G FORTE se caractérise par : - un langage impératif orienté objet autorisant l'héritage et une réutilisation plus aisée du code, d'où des temps de développement réduits, - un langage de description d'interfaces qui se traduit par une I.H.M. plus moderne et conviviale - un langage de programmation évènementielle. Le rôle premier du système SIPRE était d'offrir des possibilités étendues de gestion commerciale avec notamment un suivi de toutes les relations de la mutuelle avec ses clients. Cela concerne les appels aux centres de contacts, les courriers envoyés ou encore le suivi commercial. Par la suite d'autres évolutions sont venues compléter les fonctionnalités offertes. Les évolutions du système SIPRE ont ensuite conduit à la substitution de fonctionnalités déjà existantes sur Mutualinc. La première a été la réécriture du domaine cotisations en lieu et place des traitements Mutualinc. Cette importante mise à jour a également imposé la gestion sur SIPRE des contrats, des données administratives et des défauts de paiements. 4.1.2.2. L'EVOLUTION VERS UN INTRANET Toujours dans la même optique de réécriture des applications Mutualinc et d'adoption des nouvelles technologies, la deuxième évolution majeure de SIPRE s'est concentrée sur la saisie des données administratives et la création de l'équipement des adhérents. L'architecture utilisée est toujours celle du multi-tiers, mais la logique applicative a été déplacée sur un serveur web dédiée pour permettre l'utilisation d'un client léger : un navigateur web. Cela a été rendu possible grâce à une librairie FORTE qui permet la communication entre les applications FORTE et un serveur web. Si les langages de développement web sont les standards HTML et JavaScript, le choix du langage d'exécution de scripts côté serveur s'est porté sur le langage ASP. Celui-ci s'appuie sur le serveur IIS de Microsoft Flux XML Serveur G***** Serveur IntraWeb Logique métier Navigateur Web Logique applicative Figure 15 : Organisation d'une application multi-tiers et client navigateur web 4.1.3. L'ARCHITECTURE INTERNET Parallèlement à la transposition des applications Linc en Forte, la mutuelle a progressivement construit un site web sur lequel il est possible d'obtenir des informations sur les missions et actions de la mutuelle Prévadiès ou encore obtenir un devis en ligne pour l'adhésion à une garantie santé. 4.1.3.1. L'EXTRANET PREVADIES A côté de cet espace accessible au grand public, Prévadiès à renforcé sa relation avec ses clients en leur réservant des services personnalisés via un espace réservé sur lequel sont présents : - les derniers remboursements d'actes médicaux effectués par Prévadiès, - un aperçu du décompte de prestations à venir, - une rubrique individualisée de prévention et de suivi de la santé (par exemple, le programme « la santé de votre enfant »). L'accès à cet espace est conditionné par la saisie d'un login et mot de passe pour en protéger le contenu. L'ensemble des adhérents et des assurés majeurs sur un contrat santé Prévadiès peuvent demander leurs codes d'accès. 4.1.3.2. L'ARCHITECTURE INTERNET L'architecture choisie a été dictée par plusieurs contraintes, à savoir : - un impact minimum sur le fonctionnement des environnements exécutant les applications métier (SIPRE et Mutualinc), - une disponibilité 24h sur 24 et 7j sur 7. Il en résulte que les applications web sont indépendantes des systèmes de production, puisque les données accédées le sont à partir d'une base de données spécifique : InternetDB sur le serveur C.
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des exploit tions es changement tec mique et s t s large ésent c èse entretiens s vons s lo concluston vontage ritique trés remercions vivement tous nos collègues de ITNRA et du CEMAGREF - dont on trouvera les noms en annexe-qui nous ont reçus malgré un emploi du temps fort chargé. (*) INRA : Institut National de la Recherche Agronomique CEMAGREF : Centre National du Machinisme Agricole, du Génie Rural, Eaux et des Forêts. des TABLE DES MATIERES Pages AVERTISSEMBNT RESUME INTRODUCTTON 1 I - MACHINISI\{E, AGRONOMIE ET PRODUCTIONS VEGETALES 3 1) I,-e machiniçme Z) Le so-l 3 et le travail du sol a) l'état des sols b) le drainage c) le travail du sol 3) fanélioration génétigue 4) I,q pbytotechnie (protection des plantes exclue) a) fagrométéorologie b) la fertilisation c) I'utilisation du concept d'itinéraire technique d) la bacténisatioa des cultures 5) I-a lutte phvtosanilaire a) I'apparition de nouvelles maladies et de parasites résistants aux traitements b) les nouvelles orientations de la lutte phytosanitaire c) les progrès en matière de diagnostic. 6) L'arboriculture fnritière a) les modes de conduite des arbres fnritiers b) la phytotechnie c) la production de plants d) ta lutte contre le gel 7) Les cultures sous serres a) fartificialisation crroissante du milieu b) l'évolution des techniques de cultrre c) les investissements et les perspectives dans ce secterns II. PRODUCTIONS ANIMALES 1) Orientation 9 9 11 T2 L4 18 18 18 z0 z0 zz z2 zz z4 z5 z6 a- LI z8 29 30 30 31 3Z 34 des recherches a) I'amélioration de la productivité b) la réduction des coûts de production c) la qualité des produits 2) Lralimentation des aninaux a) les apports énergétiques et azotés 34 34 36 37 40 40 b) vens une plus grande eff,icacité miaobienne 3) danrs de la digestion 4Z la Panse. ou de uoduction Les stimulaterrs de a) les anabolisants et les bêta-agonistes b) fhor:mone de coissance c) les transferts de gènes 43 43 44 46 48 4) La rennoductiou a) techniques nouvelles 3 transferts d'embryons ; gènes de prolificité b) conduite du troupeau et maîtrise de la reproduction 48 49 51 5) La a) la prévention b) te diagnostic et la thérapeutique 51 5Z des élevapes 5Z a) Iélevage des vaches laitières b) l'é'levage des vaches allaitantes c) l'élevage des bovins à viande d) l'élevage ovin (production d'agneaux) e) félevage porcin f) l'élevage des poules pondeuses et la production d'oeufs g) l'élevage des poulets de chair 53 6) Le rnode de III - GESTION DES EXPLOITATIONS, SYSTEMES-EXPERTS ET 55 57 59 60 61 6z 64 INFORIUATIQUE. 1) 65 le 67 2\ 68 3) tion et 4l de 70 7Z CONCLUSION 1) L'optiqqe p.rgductivist-e se maintient 7Z 73 2) mais des ipflexious s'imposent 3) Les innovations les plus annfss oroviendront des et des 4) La qualité des produits agricolesjoue un rôle aoissant 78 5) concerne les acbats des Les conséoueDces en ce asriculterrs à I'agroforn'nittrre 79 6) Oueloues réflexions dans les nrochaines tious de I'information srr la recherche 75 81 REFEREN CES BIBLIOGRAPHIQUES 84 LISTE DES CHERCHEURS RENCONTRES. 85 lmé. RECHERCHES ET INNO A?I Ns EN AGRI TURE I DE BILAN DES CHANGEMENTS TECHN/QUE'S SUSCEPTIBLES DE SE DIFFUSER AU. COURS DES PROCHAINES ANNEES. Ce document, issu dtentretiens avec des chercheurs des différentes disciplfnes de ITINRA et du CEMAGREF, fait un inventaire des innovations techniques en cours dtélaboratûon dans les laboratoires et susceptibles de se diffuser en agriculture dans les prochaines années. Les domaines couyerts concement le machinisme, ltagronomie et les productions végétales, les productfons onfmoles, la gestion des exploitations. Cet inventaire qui constitue la majeure partie du document est ensutte analysé en référence auJc conditrons d.'évotution du secteur agricole. On met notamment en évidence que l'optique t'productivistett caractéristique des recherches condudtes depuis les années 1950 se maintient, mars de façon atténuée, en raison sans doute -cesse des timites à la recherche dtune production sans accrue, mcis cussi du fait de ltavancée des travaux : la connarsscnce de plus en plus fine des mécanismes du vivant, ctnsi que les applications de ttétectronique, permettent une action ptus cibtée et moins aveugle et wte adaptation fine des opports aux besoins..Les techniques biologiques dtoction sur Ie matériel végétat ou animal tendent dcns divers cas à remplacer les interuentions chimiques ou mécanfques : cette importance croissante d.e ttinformation et des biotechnologies entraîne une certaine évolution du modète de modemisation de ltagricwlture. On note également que la qualité des produits cgrfcoles -état ioue un rôle croissant. La poursuite du progrès technique apparaît en tout ae couse comme inétuctable dtoù la nécessité dtinvestigations sur ses consé quences te chnique s, é conomiques AbStTACt - e t socrales. RÊSEARCH AND /NNOYAruON IN AGRIC(]LTIJRE : AN ATTEMPT?O ASSESS THE TECHNICAL CHANGES LIKELY TO TAKE PLACE IN THE NEXT YEARS. Thts docnrnent is the result of interuiews wdth reseorchers in different scientific fields ct /NRA and CEMAGREF (*) ; it presents an inventory of the technical innovations which are being developed in laboratories ond might take place over the next few years or decad.es. The fields covered are mechanization, agronomy and plant production, animal production and farm management. This inventory which makes up the main portion of the text is then analyzed in respect to the condftions of evolution in the agri.cultural sector. The study focuses on the foltowing points the ttproductionisttt point, of view thot hos characterized research d.one since the l950ts is still operating, although to o lesser degree. This is no doubt due to timitations in the search for an ever-increosrng production, as well os cdvonces in resecrch because increasingly detailed lotowled.ge of life mechanisms ond the appticatrons of electronics olloru more specific actions ond precise adaptation of inputsto requirements. Chemical or mechanical operatrons on plants or animals are being increasingly replaced by biological techniques. This growtng importance of information and biotechnologies is leading to an evolution in the modernization model of agriculture. The quality of agricultural products is olso plcying a more tmportant role. In any case, the ineluctable continuation of technologicat progress will require further research into its technical, economic and social consequences. (*) INRA : French National Institute of Agricultr,ral Research CEMAGREF : French National Center for Farm Machinery, Agricultural Engineering, 'vVater and Forestry. 1 INTRODUCTTON La manière dont s'opère la modernisation de I'agriculture est soumise à I'influence d.e nombreux facter:rs économiques, structurels et conjoncturels, qu'il est im.portant de chercher à élucider, notamment d.ans la période actuelle où certaines tendances peuvent apparaître comme inquiétantes (chute de I'investissernent en capital productif), où les contraintes sont fortes (pressions sur les prix, les revenus, le financement) et où les enjeux sont considérables. C'est en effet I'avenir de I'agriculture française qui est en jeu : évolution du nombre d'exploitations et du nombre d'actifs agricoles, mise en valeur du tercitoire, place de I'agriculture française d.ans la compétition internationale, etc. La modernisation de I'agriculture dépend aussi bien sûr des innovations techniques issues de la Recherche (l'orientation de la recherche étant elle-même sous I'influence de multiples facteurs parmi lesquels l'évolution de la société dans son ensemble, mais nous n'entrerons pas ici dans I'analyse de ces interactions). Pour tenter d'appréhender les innovations susceptibles de se diffuser en agriculture d.ans dans les prochaines années, nous avons rencontré des chercheurs des disciplines tech- niques de I'INRA et du CEMAGREtr'. Leurs appréciations sur les nouveautés, 1es découvertes qu'ils élaborent ou qu'ils pressentent d.ans leur champ d'activité sont présentées ici selon un ordonnancement traditionnel c'est-à-dire en distinguant d'un côté les productions végétales et les techniques qui leur sont a"sociées (machinisme) et de I'autre les productions animales. Nous avons essayé le texte de ne pas nous contenter de lister les innovations évoquées mais aussi de mettre en évidence certaines de leurs caractéristiques (*). Mais c'est surtout dans la conclusion que lron tente de dégager les lignes de force des innovations mentionnées en ce qui concernb le modèle de modernisatiôn de I'agriculture. fait la distinction entre les innovade la recherche et du développement, et celles Notons gue nous n'avons pas toujours tions qui resteront dans le domaine qui diffuseront jusque dans les erploitations dans Ia mesure où une innovation technique en amont (une nouvelle méthode de sélection par exemple) se traduit souvent par une innovation technique dans I'agriculture elle-même (une nouvelle variété dans I'exemple cité, laquelle entraîne souvent à son tour des changements induits : plus ou moins de traitements phytosanitaires par exemple). (*) Cependant il n'a pas toujours été facile d'échapper à l'écueil d'une énumération. Le lecteur soucieux de prendre connaissance des innovations en disposant d.'une grille d'analyse préalable (mais ce sera la nôtre!) pourra donc lire la conclusion avant le texte lui-même. 2 Par cette meilleure- connaissance de I'orientation des recherches et des innovations qui se dessinent à I'horizon, on se donne- notamment des moyens supplémentaires pour comprendre I'influence respective des facteurs économiques et des déterminants technologiques dans la combinaison productive (importance relative du travail, de la tetre, du capital fixe et du capital circulant) ; on pottra également ainsi vérifier ies h1ryothèses que I'on peut faire sur la place nouvelle des investissements et des autres achats de biens et services dans les conditions présentes et à venir de la modernisation de I'agriculture. L'approche technologique est en effet nécessaire pour interprêter les évolutions d'achat des biens d'équipement en matériel et bâtiments, pour comprendre Ie partage entre formation de capital fixe et dépenses de consommations intermédiaires, pour distinguer les changements techniques "capital-saving" et "capital-using" (*). (*) C'est-à-dire ceux qui économisent du capital et ceux qui entraînent des investissements supplémentaires. ISME, AGRONOMIE ET PRODUCTIONS VEGETALES. l) L,e machinisme Le machinisme agricole connaît actuellement une crise grave. Des restructurations importantes sont en cours à l'échelle nationale et internationale, Renault Agriculture est en déficit (400 millions d.e pertes en 1985, mais 100 millions seulement en 1986 grâce à Ia diminution du personnel et I'amélioration de la productivité)r et en 1986 pour la première fois depuis 30 ans les immatriculations de tracteurs ont été en France inférieures à 40 000 unités. Renault Agricultwe, filiale de Renault, est en position assez fragile et a manqué des occasions de se développer, de devenir une multinationale ; elle est aussi passée à côté de l'achat de Braud qui a été repris par Fiat (depuis il n'y a plus de constructeur français de moissonneuse-batteuse), et de Huard, repris par Kûhn. Elle a aussi perdu en 1986 la première place sur Ie marché français des tracteurs au profit de Fiat. En effet, la firme française a misé sur le tracteur haut de gamme, puissant, bien équipé mais cher. Fiat au contraire produit plutôt des tracteurs classiques, meilleur marché que les Renault ou les Massey Ferguson et dépense sans doute moins pour Ia recherche. Fiat est ainsi le seul gros constructeur à ne pas connaître de difficultés graves pour les raisons précédentes, mais aussi grâce à I'aide de I'Etat italien en matière de flexibilité du travail notamment' et grâce à sa politique commerciale : il n'a conservé que les concessionnaires "les plus virulents". Un certain nombre de petits constructeurs de matériel réussissent également assez bien dans du matériel spécialisé : ainsi Pellenc et Motte, qui fabrique des sécateurs pneumatiques et des machines à secouer les arbres, exporte sur son cr6neau, de même les fabricants de machines à irriguer. La crise du machinisme agricole doit toutefois être relativisée : elle est moindre gu'en Angleterre ; par ailler:rs tous les secteurs industriels sont en crise. Les restructurations, les relroupements de sociétés ne sont pas gênants en eux-mêmes, et cela d'autant plus que dans ce secteur il y a beaucoup d.'entreprises familiales traditionnelles. Au total I'industrie du machinisme agricole occupe près de 30 000 salariés. Avec 480 entreprises il s'agit essentiellement de PME, de quelques grosses entreprises (Renault-Agriculture, seul constructeur français de tracteurs) et d'implantations locales de firmes multinationales (Massey-Ferguson, Case IH, John Deere, etc). Un des moyens pour les constructeurs pour sortir du marasme est d'améliorer leur productivité et d'abaisser leurs coûts notamment par la conception assistée par ordinateur (CAO), ce qui peut leur permettre d'accroître leur marché ; ils peuvent aussi chercher à exporter ; deux seuls marchés donnent de I'espoir : I'Inde et la Chine, mais pour un matériet différent du français. Ils peuvent aussi proposer une nouvelle gamme d.e matériel. La recherche en matière de machinisme se fait essentiellement au CEMAGREF qui passe parfois des contrats avec des constructeurs. L'orientation des recherches y est décidée par le Comité Supérier:r de la Mécanisation et de la Motorisation Agricoles où siègent la Profession et I'Administration : SYGMA (syndicat des constructeurs de matériel agricole), SEDIMA (syndicat des distributeurs), FNSEA (fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles), Ministères de I'Agriculture et de I'Industrie, etc. Un peu de recherche est également faite par le CETIM' Centre technique des industries métallurgiques, qui dans sa station de Senlis fait des travaux en particulier sur la résistance des matériaux. Les 400 petits constructeurs français ne font pas de recherche, mais font de la mise au point de matériel pour répondre à une demande locale et immédiate. Il semblerait cependant qu'ils ne satisfont pas toujor:rs bien les besoins régionaux. Quelles pourcaient être les nouvelles orientations du machinisme agricole? La tendance de l'évolution actuelle d.u tracter:r est I'augmentation de la puissance et la proportion toujours cr:oissante du tracteur à 4 roues motrices avec tous les progrès techniques concomitants : extension de la gamme de vitessesr changements de vitesse sous charge, attelages rapides associés au relevage, prises de force multiples, automatisation de blocage de différentiel, etc (x). Mais on bute sr:r le gigantisme et le coût de ces tracteurs ou automotrices. Il'faut donc trouver d'autres solutions que les conventionnelles pour allégen le matériel et le rendre moins coûteux. Sur les tracteurs, on peut envisager d'introduire des systèmes plus souples, modulables (on pourrait augmenter ou diminuer la puissance selon le besoin), par exemple des modules roue-moteur de 30-40 ch qu'on pourrait mettre en double ou en triple selon les travaux à effectuer. Les moissonneuses- batteuses actuelles qui absorbent?00 q/h (c'est à dire font 3 ha/h) sont aussi fort encombrantes et on atteint une iimite en matière de niveau de perte en grain acceptable. On a éloigné cette limite en se débarrassant du secoueur alternatif sur les machines haut de gamme ou en remplaçant le batteur rotatif transversal par un rotor longitudinal ("axial flow"). Actuellement le CEMAGREF réfléchit à un système permettant de ne plus faire passer toute la plante à travers la machine, mais seulement l'épi ou le grain : c'est le stripper' déjà utilisé pour le riz. On peigne la céréale, la paille reste au sol et doit être broyée ultérieurement. Pour ce stripper aussi on pou.ryait envisager un concept modulaire. Ces deux exemples sont caractéristiques : l) Il faut sortir des idées conventionnelles qui ont prévalu en machinisme depuis le début du siècle à cause des limites physiques (*) Cf BOURNAS L. 1987 - Evolution BTMEA (15-16)' mars-avril 7987, pp. 9-14 et tendances dans le machinisme agricole. I l rencontr6es. 2) il faut s'adapter à des besoins variés car iI existe plusieurs types d'agriculture (sans parler des agricultures du Tiers-Monde) : il est nécessaire de s'orienter vers des solutions différenciées en fonction des besoins variables des agriculteurs. D'ici l'an Z00O dans I'agriculture "professionnelle" le tracteur tendra vers une puissance maximale de 150 ch, des pneumatiques larges à très basse pression, une transmission de puissance aux outils animés probablement par voie électrique et 4 roues motrices égales. Mais I'aspect le plus important concerne les applications de l'électronique. Celle-ci rend possible une liaison directe souple capteur - conducteur - actionneur. Cela permet aussi de résoudre le problème de la suspension des cabines : si on supprime les liaisons mécaniques entre cabine et tracteur, la cabine est isolée, le confort est donc amélioré et la vitesse d'avancement peut augmenter si les outils le supportent. L'électronique permet aussi de travailler à glissement constant sans avoir les retard.s créés par les transmissions mécaniques (ainsi le tracteur reste en bonnes conditions d'adhérence). Etle permet également ie contrôle des transmissions : selon I'information captée, le différentiel se bloque automatiquement (Massey Ferguson). A plus long terme, pouraient se développer la commande de direction, le guidage du tracteur, Ie réglage automatique des outils par captage d'information. Le guidage automatique pourrait être sans c , ou avec un chauffeur pour plusieurs machines (tracteur-esclave). Mais le développement de l'électronique suppose aussi une baisse des coûts et une bonne fiabilité (donc la formation des réparateurs, et un système de remplacement des composants à bas prix). Notons également que l'électronique ouvre des perspectives nouvelles permettant de sortir des voies de recherche traditionnelles. L'une des applications importantes de l'électronique c'est de rendre le maté- riel plus "intelligent", c'est à dire d'adapter son travail au milieu par le contrôle des procffés. Ce dernier fait appel à un automatisme à 3 niveaux : sensoriel (capter:r), de décision (à i'aide d'une unité centrale à microprocesseur) et d'action (par la commande d'électrovannes actionnant les vérins ou moteurs hydrauliques dans le cas du tracteur). Outre l'électronique, la grande voie d'innovation dans le machinisme agricole c'est bien sûr la robotisation. Les chercheurs du machinisme agricole estiment qu'elle répond à une forte demande sociale potentielle de la part des agriculteurs, notamment pour la cueillette des fruits et ia traite. "S'il n'y a pas de robot cueilleur, il n'y aura plus de fruits en France" (à cause du coût de la main-d'oeuvre). D'ailleurs un des secteurs où il y a eu ces dernières années un accroissement de productivité notable, c'est la viticulture grâce à la machine à vendanger. Les recherches sur Ie robot cueilleur sont bien avancées, celles sur Ie robot de traite un peu moins (cf. infra). Par contre, la robotisation du tracteur n'est pas encore en vue. La recherche sur Ie robot de labour effectuée en 1981 au CEMAGREF a été stoppée car la profession n'était pas prête, et il restait des problèmes de sécurité à r6soudre. Certains estiment que la robotisation demeurera marginale dans ce secteur excepté pour les machines à drainer ; cependant des progrès peuvent être envisagés si I'on anive à mettre au point des systèmes inertiels (au lieu des systèmes radars) pour la localisation. En effet I'une des difficultés est de situer le tracteur de manière précise dans I'environnement (un problème similaire se pose en recherche militaire quand on cherche à faire un robot de combat contre les chars adverses, aussi le CEMAGREF a-t-il contacté la Défense sans grand succès d'ailleurs). En matière de robotisation te CEMAGREF travaille avec certains constructeurs (PELLENC et MOTTE par exemple) et avec les Universités de Montpellier, de Marseille et des instituts comme I'ITMI de Grenoble, également un peu avec le CEA et la SAGEM (*) ( dernière travailie ffi à I'Energie Atomique SAGEM : Société d'applications générales d'éIectricité et de mécanique. pour I'industrie automobile). Mais en agriculture le robot n'a pas besoin de la précision au 1/1gè ou 1/100è de mm qu'il requiert dans I'ind.ustrie, par contre il doit être bon marché et robuste et il doit résoudre de multiples contraintes biologiques. En matière de récolte' en dehors du robot cueilleur pas de révolution à attendre, excepté dans les systèmes maraîchers de plein champ où elle constitue un facteur limitant i on recherche de plus en plus une récolte mécanique. C'est le cas par exemple de la fraise industrieile. Cette mécanisation de la récolte induit des schémas de sélection : forme du fruit, nécessité d'une matr.ration groupée1 etc Le CEMAGREF travaille également sur la robotilation des travaux forestiers ; il por:rsuit une recherche sr:r le bras robotisé d'éclaircies forestières (BREF). La robotisation est considérée un marché porteur. Un chercheur du CEMAGREF envisage à l'échéance de 10-15 ans une production de Z 000 machines par an et un chiffre d'affaires global de près de 750 millions de F. répartis comme suit (x) : Nombre annue I robots Fruits et légumes Traite robotisée 4OO MF 400 Irrigation-drainage 75 MF 12 MF Débroussail lage forestier Z5O MF de 1 000 750 15 D'après les informations dont on dispose, la recherche en machinisme ne serait pas beaucoup plus avancée à l'étranger qu'en France ; il y aurait même moins de recherche à long terme czrr la prudence y serait encore plus grande. En matière d'électronique sur tracteur, c'est Fendt (Allemagne) et Massey Ferguson gui seraient les plus avancés. Aux USA, malgré des moyens importants on observe plutôt I'aménagement immédiat des choses existantes. Ainsi Ia France semble d.ans une position honorable en matière de robotique agricole. (*) Source : MONTALESCOT J .B. 198?. Machinisme agricol e : les plus récents automatismes deviendront-ils robots? Llnformation Agricole (58?), fév. 198?, pp. 49-55 Outre les recherches sur l'électronique et la robotique' un accent impor tant a été mis ces dernières années sur fergonomie du tracteur (pour les automotrices les progrès en ce domaine sont moins avancés). Cela concerrre la sécurité, I'accessibilité aux cabines, le positionnement des pédales, le confort du siège, Ia suspension, I' insonorisation, le conditionnement d' air dans les cabines , etc. L'air conditionné en cabine ne doit pas être perçu comme un luxe ; il s'agit non seulement de rafraîchir ou réchauffer I'air, mais aussi de le filtrer à cause des poussières et des produits chimiques en suspension lors d'épandages. On peut ainsi envisager que la cabine du tracteur de demain soit quasiment un bureau! Finalement les orientations du machinisme aujourd'hui telles qu'elles apparaissaient au d,ernier SIMA (Salon International de la Machine Agricole) sont les suivantes - : pnogrès effectués pour le confaet et la sécurité : suspension des cabines, contrôle électronique de transmissions, automaticité complète des attelages (cf. les médailles attribuées par le Comité pour I'Encouragement à la Recherche Technique). pour le travail hrrynain : épandeur d'engrais ou andaineurs de grande largeur, développement de la mécanisation et de I'automatisation en - productivité accrrue cultures spéciales. - amélioration de la qualité des épandages (et augmentation de ler:r larger:r) - réduction d.u nombre de passage pour la préparation d.es lits de semence grâce à des outils combinés. En défintttve en matière de mc.chinisme agricole, la mécanisatfon se poursuit, atteignant désormais ta récolte des cultures spéciales. Mois le machinisme agricole fortement touché par la crise sero sons doute renouvelé dons les prochaines années ou déeennies par ltélectronique et la robotique. La machine remplacero olors lrlzomme pos seulement au niveau de la force physique comme c'est le cas pour lc mécanisation et la motorisation, mois cussi au ntvec;u de certaines activités intellectuelles. Par aitteurs quelques spécialistes du secteur du rnachinisme mettent Ltaccent sur le Aoncept d'outlls modulaires pouvant stadapter à aifférentes tailles de parcelles ou dtexploitatioru: lo croissance de la taitte des matériels vo-t-elle se ralentir? Z) Le sol et le travail du sol a) fétat des sols On s'est préoccupé ces dernières années d'un certain nombre de problèmes tels la fatigue des sols, la baisse du taux de matière organique, l'érosion, la dégradation de la structure des sols, etc. Certains de ces problèmes apparaissent actuellement comme solubles et la situation en voie d'amélioration. On parle de fatigue des sols quand il y a des baisses mal connues. On va précisément chercher à élucider celles-ci de rendement aux causes : - on a créé à Orléans un laboratoire de diagnostic des sols géré par la Protection des Végétaux, laboratoire qui appliquera les techniques mises au point à I'INRA Dijon : quand on observe de fortes baisses de rendement, ce laboratoire essaiera d'en déterminer les causes (problèmes de toxicité, présence de nématodes ou de parasites, etc). Le diagnostic effectué permettra d'orienter vers un traitement. Certes parfois les solutions sont inexistantes (cas de la rhizomanie de la betterave) ou trop coûteuses (traitements nématicides en sol classique) : on peut cependant alors envisager d'autres rotations. on peut également analyser les substrats utilisés en cultures sous serres en hors sol et leur résistance (un substrat résistant est un substrat où les maladies se développent moins bien). On peut aussi proposer d.es techniques pour rendre les substrats plus résistants (par exemple par un apport de 1ô % de terres résistantes). En ce qui concerne la diminution du taur de matière cganique la situation est moins grave qu'elle n'a été avec les labours profonds (dans le Soissonnais, on a labouré jusqu'à 45 cm de profondeur!). Aujor:rd'hui on est revenu à des labours plus superficiels. Cependant on a I'impression qrr;it y a accroissement de l'6rosion comme c'est le cas pÉrr exemple dans Ie pays de Caux, celle-ci pouvant être liée à la baisse du taux de matière organique. Les avis sont partagés, certains chercheurs étant pessimistes, d'autres non. Un des moyens possible de réduire l'érosion ravinaire, c'est le semis direct, mais il peut entraîner une baisse du rendement. Le non travail du sol peut devenir intéressant en parcelles pentues pour limiter l'érosion, et dans les régions où les temps de travaux sont restreints (climat humide, sols lor.rrds). Il s'est cependant peu développé ces dernières années, car il ne donne pas en France de très bons résultats: problème des débris végétaux, de pénétration dans les sols durs, des déficits de levée, des risgues de maladie et d'une minéralisation trop lente de I'azote. En Angletene, 10 les résultats sont -meilleurs en raison des types de sol et des conditions climatiques entraînant une dégradation moins rapide de la matière organique qui fait que I'on peut brûier les pailles. Le semis direct reste cependant assez attractif dans certaines conditions : système racinaire adéquàt, teneur en argile suffisante, et éventuellement à I'intérier.r de certaines rotations culturales mieux raisonnées. Il est intéressant notamment por.r la rénovation des prairies. Une autre pratique s'est également fort peu développée, futilisation des engrais verts. IIs permettraient d'éviter la percolation de I'azote I'hiver, de lutter contre I'érosion, de créer un couvert végétal pour les oiseaux ; mais en zone à faible pluviométrie ils peuvent affecter les réserves en eau ; par ailleurs le retournement au printemps est parfois difficile. Quant aux légumineuses leur semence est trop coûteuse pour qu'elles soient utilisées comme engrais vert. En ce qui concerne la monoculture on avait eu parfois une vision catastrophique de ses conséquences. Powtant dans les Landes - milieu certes particulier - on obtient 130 q de maîs malgré la monoculture depuis 10-15 ans; cependant, l'érosion y est forte. Ceci pose le problème de I'internalisation de ces coûts externes : érosion, pollution par les nitrates. Toutefois cette dernière n'est pas plus élevée dans les Landes que dans la Beauce car la plante utiiise mieux ce qu'on lui fournit éolienne et par ailleurs une mise en valeur réfléchie conduit à utiiiser la forêt restante comme moyen d'absorption des fertilisants excédentaires Un autre problème fréquemment évoqué aujourd'hui est celui de la dégradation de la sûrrcture des sols à cause du tassement. Cependant en ce qui concerne les opérations cultr:rales Ia situation s'est plutôt améliorée récemment par rapport à ce qu'elle était il y a une dizaine d'années du fait de la largeur plus grande des outils et de la diminution du nombre de passages pour les façons culturales. Comme les tracteurs sont plus lourds on utilise des roues jumelées ; et dans la zone entre les roues "le tasse-avant" (train de pneus à I'avant du tracteur qui couvrent I'intervoie) tasse le sol: on a ainsi sur toute la largeur de travail du. tracteur une pression homogène comme celle que réaliserait un rouleau, autrement dit on utilise le poids du tracteur pour en faire une opération culturale, Sur ce sol tassé de manière il sera ensuite possible de circuler sans créer trop d'ornières et de travailler de façon précise en reprise de labour. Par contre pour les récoltes de mais, bet- homogène teraves, tournesol, pommes de terse, l'évolution a été négative : capacité des bennes a étê multipliée pae 4 ou 5, ce qui fait un poids trop important, surtout si la récolte est tardive. Pour y pallier on pourrait utiliser des bennes aux pneus larges I l! 11 T l l I l mais crest encombrant et cher. Pour rattraper ces dégâts I'agriculteur cherche à travailler les ornières avec une dent lorsque Ie passage des roues est bien localisé, sinon c'est difficile, et les actions curatives sont d,e toute--façon, aléatoires. Por:r améliorer la structure du sol on a aussi pensé à utiliser des polycristaux d'oxyde de fer et d'alumine qui se fixeraient sur les agrégats. L'affranchissement I'a vu il du milieu rencontre toutefois des limites. Comme on ne s'agit pas de "matraquer" un sol parce qu'on dispose désormais de matériel pouvant travailler par tout temps. LZ e) Le travail du sol. Les recherches dans le domaine du travail du so1 sont insuffisantes : à I'INRA il n'existe guère que 10 chercheurs sur le travail du sol, beaucoup moins qu'en Angleterre. Des recherches appliquées sur les relations sol-machines sont donc nécessaires ; jusgu'à présent on a surtout étudié seulement le compactage par les roues. Les fabricants ont un service de recherche peu étoffé, sans agronomes. Quand ils conçoivent un nouveau matériel ils le soumettent au Comité pour la machine nouvelle qui attribue des médailles pour le SIMA, mais pas waiment à des essais agronomiques approfondis. I1 y a parfois des exceptions : Renault a fait appel à un panel d'experts pow la conception d'une nouvelle architecture de tracteurs; Kongskilde a présenté aux chercheurs les prémisses du "germinator" (cf. infra). Par ailleurs le CEMAGREF a mis au point un appareil le pénétromètre-enregistreur gui mesure le degré de tassement et de dr:reté du sol. Les tendances nouvelles en matière de travail du sol sont les suivantes : - réduction des interventions tout en conservant les performances. Une enquête en Béarn a ainsi montré qu'entre 1970 et 1981 on avait diminué le nombre d'opérations sur labour de 12 à 4! Dans I'Oise, on effectue couramment des préparations pour betteraves en un seul passage sur labour alors qu'on en faisait 3 ou 4 ii y a seulement 10 ans. - du nombne de corps de cbarnre (à t'anrière), mais diminution de Ia largeur de prise par cor?s (ae tg pouces à 14 pouces) ; moindre profondeur en labour : accoissement du labour pour ne pas trop diluer les éléments fertilisants ; améiioration des sécurités sur les chanrues ; adaptation de versoirs à des labours rapides (7-8 km/h) ; on cherche désormais à labourer 10 ha par jour. Mais les labours ne sont pas près de disparaitre. - pour le tracteur, développement des équipements pour I'appui au sol développement du combiné travail du soVsemoir, surtout pour le travail d'automne: on essaie de faire labour et semis le même jour - amélioration de la régularité de ia reprise du iabour ; diminution du nombre de Ia profondeur du semis. Pour ies labours de printemps, on cherche une plus grande largeur de travail et un meilleur contrôle de la profondeur plus passages, de que la vitesse. Dans les limons battants, pour implanter le blé d'hiver coffectement, il faut éviter de séparer labour et semis,.mais le faire si possible le même jour. La solution envisagée en 1960-1965 était le "semavator", c'est à dire I'association d'un rotavator et d'un semoir, technigue gui s'apparente au semis direct. Le système a été utilisé pour le mais récolté tardivement, il marche bien dans les terres franches, à textrrre argilolimoneuse ; il ne nécessite pas un équipement très puissant : il suffit d'un tracteur de 80-85 ch, tirant un semavator de 1180 m - 2 m pour emblaver 7-8 ha par jor:r. La technique du semavaton s'est développée entre 1966 et 1976, puis a régressé du fait de la diminution des surfaces en maîs et par là de celles en blé semé tardivement, et des chutes de rendement en année très sèche et en année humide (it y a engorgement d'eau dans la partie travaillée du sol gui est superficielle (5-? cm) et pourzissement des racines au cours de I'hiver). On a préféré revenir au labour traditionnel, plus exigeant en temps de travail à I'hectare, mais aux résultats plus assurés. De plus cette technique ne s'est jamais développée sur d,rautres cultures que le blé d'hiver, les nombreux essais (INRA, ITCF (*)r) sur cultures de printemps, notamrnent mais, ayant montré ses maigres performances. La solution adoptée aujourd'hui demande 2-3 fois plus de travail mais est plus satisfaisante : on cherche à faire labour çt semis le même jour. Potrr les exploitations de moins de 120 ha, on observe le développement de chantiers collectifs, par entraide, comme c'est le cas dans le Thymerais en Eure-et-Loir. Trois tracteurs sont présents simultanément I I'un labourant, I'autre effectuant la reprise de labour et le semis, le troisième les traitements herbicides et le transport des semences. Por.rr le labour il faut disposer d'un tracteur de pius de 100 ch à 4 roues motrices avec des pneumatiques adaptés car la charrue est lourde (5 socs). Le deuxième tracteurr muni d'un tasse-avant, prépare le lit de semences et fait le semis. De la sorte on retasse le labour: de manière homogène, on fait le lit de semences, on sème et on peut ensuite circuler sans difficulté pour pratiquer le désherbage. Mais en ce qui concerne les semis de printemps que aussi satisfaisante. Du il n'y a pas de solution techni- fait de I'humidité du sol accumulée durant I'hiver il est nécessaire d.e décomposer et d.'échelonner les opérations nécessaires. Une des solutions envisageables consiste à pratiquer un labor:r d'automne, à effectuer un prénivellement et à préparer le lit de semences au printemps en en utilisant un appareil tel le "germinator" de Kongskilde, vibroculteur après labour avant I'action du gel un seul passage de grande largeur qui permet une profondeur de travail régulière et maitrisée et qui minimise le nombre d'opérations de reprise de labour. En utilisant un vibrocultetrr classique on doit laisser sécher le sol ensuite, puis passer un autre outil pour détruire les mottes (x) tfCf' : Institut Technique des Céréales et der En matièie de travail du sol d'autres voies paraissent au contraire être des impasses. Ainsi les charrrues à 8 socs (5 à I'artière, 3 à llavant grâce à un relevage avant) : cela a mal fonctionné en raison de la difficulté d'assurer un effort de traction: simultanément à I'avant et à I'arrière. Les reprises profondes de labour par décompacteur, chisel ou sous-soleuse ne donnent pas non plus toujours de bons résultats : elles demandent beaucoup de traction ; Ie tracteur appuie fortement d'où parfois dégradation de la structure en raison d'un travail des dents insuffisant. En définitfve les agronomes ne semblent pas trop pesstmistes sur l'état des sols, molgré tes probtèmes d,e compaction dûs aux chantiers de récotte nota.mmment. En matière de travait du sol, le non labour que lton considérait comme prometteur il y a quelques années ne s'est pas dévetoppé en France matgré l'économie de temps qutil permet, du fait d.e lo baisse de rendement qu'il entraîne sutout sur eultures de printemps. On notera ltimportance que peut avoir ttéquipement collectif bpdicat de drainage, CIJMA (*) gros tracteurs), voire le travail en commun comme cela apparaît pour les labours et semis d'automne. Si Io connctssonce des sols se poursuit, it reste cepend.ant en ce domaine des zones d'ombre où les points de vue des chercheurs ne concordent pas touiours, par ucemple en ce qui concerrle les conséquences de la baisse du taux de matière organique. 3) L'anélioration génétique L'amélioration génétique est une voie importante d'innovation en agriculture ; en effet I'agriculteqr ne trouvant plus progressivement que les nouvelles semences sur le marché est amené à les adopter (**) i or elles sont le vecteur de nouvelles variétés, voire de nouvelles plantes, mais aussi des nouvelles méthodes de culture qu'ellesnécessitent pow exprimer leurs potentialités. Réciproquement aujourd'hui il y a de nombreuses innovations en matière génétique qui permettent d'envisager l'apparition de nouveaux types de semences et de nouvelles variétés. La sélection génétique vise aujourd'hui d'une part à obtenir des variétés plus performantes en terme de rendement, de coût de production et de résistance * CUMA : Coopérative d'utiiisation du matériel agricole. ** Contrairement à une idée répandue, même pour du maîs hybride I'agriculteur potrnait reproduire lui-même ses semences si on introduisait I'apomixie : iI s'agit de la formation de graines sans fécondation préalable, c'est une forme de multiplication végétative. Cependant ceci n'est pas encore fait même au niveau du laboratoire. Il faudrait qu'un obtenteur propose de telles variétés' or aucun obtenteur privé n'a intérêt à ie faire. 15 aux maladies, d'autre part à adapter de manière de plus ea plus pnécise les variétés aux besoins par une spécialisation croissante ; en effet une même plante a souvent plusier:rs utilisations, on cherche désormais à créer des variétés adaptées à chacune d'entre elles. Ainsi autrefois on a sélectionné le mais pour le rendement en grain et on a employé les mêmes variétés pour I'ensilage ; désormais il existe des variétés spécifiques pour cette dernière utilisation. Le rendement reste donc un critère important de sélection, une variété qui nla pas un bon rendement ne passe pas, mais désormais on insiste beaucoup aussi sur les qualités des nôuvelles variétés, notamment sur la résistance aux maladies (cf infra). Traditionnellement celle-ci était obtenue par sélection de variétés résistantes, aujourd'hui on cherche aussi à transférer les gènes de résistance. Dans ce dernier d,omaine la perspective la plus probable à court terme est le transfert du gène de résistance à un herbicide : ce dernier détruira toutes les plantes, sauf les espèces semées résistantes. Les travaux sur ce thème s'expliquent par le fait qu'il est plus facile par génie génétique d'introduire la résistance aux herbicides que Ia résistance aux maladies. De plus pour les firmes qui produisent I'herbicide, c'est un gros avantage car cela permet de prolonger la vie de I'herbicide (au bout de Z0 ans les herbicides tombent dans le domaine public : tout le monde peut en fabriquer) ; aussi les firmes privées notamment Monsanto ont beaucoup investi dans ce domaine, mais également I'INRA. Le transfert de la résistance au glyphosate (herbicide dont le nom commercial est "Round-up") a déjà été réalisé sur le tabac et le pétunia et on cherche à I'introduire dans des plantes cultivées car il s'agit d'un herbicide fort efficace. Il est probable que ces travaux aboutiront dans moins de 10 ans, mais pour le moment on en est au stade des essais en pot. On cherche également à introduire la résistance aux maladies, que I'on trouve soit dans des espèces voisines, soit dans I'espèce elle-même, mais ce n'est pas aisé ; on a notamment besoin de mieux connaître les reiations entre parasite et plante. Des résultats importants ont déjà été us pour: la majorité des plantes cultivées : plantes maraîchères, de grande culture, arbres fruitiers et même pour des plantes fouragères (la luzerne par exemple). Le deuxième grand type d'objectif en amélioration des plantes est donc d'obtenir des variétés mieux ciblées, mieux adaptées aux besoins à satisfaire, par exemple aux diverses utilisations en frais ou industrielles du produit. La diversification peut d'ailleurs prendre des formes très variées. Par exemple pour les espèces potagères, ce peut être la mise au point de variétés adaptées à la transformation de 4ème gamme 16 (il s'agit des légumes qui sont vendus prédécoupés, emballés et prêts à I'emploi : ceci se développe pour la salade, les carottes râpées), mais aussi la recherche de types différents d'espèces bien connues ou I'introduction de légumes peu connus (brocolis, chou chinois, etc). L'amélioration des plantes est caractérisée par I'utilisation de nouvelles techniques qui remplacent les méthodes de sélection plus traditionnelles. Il y a I'hybnidation qui n'est pas r6cente mais que I'on a introduite chez Ie tournesol grâce à la mise au point de lignées mâles stériles et que I'on cherche à introduire chez le blé, mais aussi les techniques du génie génétique notamment le transfert de gène et I'hybridation somatique. Cette dernière technique consiste en la fusion de protoplastes qui permet d'obtenir des hybridations interdites par les voies usuelles. Ces hybridations permettent en particulier des transferts d'organelles (mitochondies, chloroplastes) et de caractères associés (stéritité mâle, résistance à un herbicide, etc). On met également au point de nouveaux types de semences et de multiplication des végétaux. Les semences prégermées en maraîchage permettent de gagner 8 à 10 jours, donc de réduire la durée dtimplantation et simultanément de rendre la plante moins vulnérable et d'améliorer la prôtection phytosanitaire. Les applications de la culture in vitro permettent aussi d'envisager pour demain de fournir à I'agriculteur des "senences artificielles" 3 on multiplie à grande échelle en fermenteur des embryons tous génétiquement identiques et on les enrobe avec une couche protectrice contenant les éléments nutritifs et phytosanitaires nécessaires. (Cette protection p;rr une "coquille" explique le terme de semences artificielles). Elles rendront possibie la culture à grande échelle et dans un délai très court d'une plante extraordinaire obtenue en un seul exemplaire au laboratoire. Cette technique serait aussi intéressante pour des plantes encombrantes en terme de multiplication et difficiles à conserver comme I'igname. Cependant on rencontre encore certaines difficultés pour mettre au point les semences artificielles : si des plantes comme la carotte, Ia luzerne, certains citrus, le colza, sont embryogènes, cela ne marche qu'avec certains génotypes ; d'autre part si I'on sait cultiver des tissus embryogènes, ou même enrober les embryons, il reste à régler la question de la dormance (potrr la conservation) qui semble difficile à maîtriser : il faut abaisser le taux d'humidité sans tuer I'embryon. Une nouvelle technique de multiplication des plantes a commencé à se répandre ces dernières années : la culture in vitro de cellules de tissus végêtaux 77 (cf'encadré sur les vitro-méthodes). Cette technique appliquée aux haploides permet I'accélération des schémas de sélection qui traditionnellement d,emandent une dizaine d,'années, et une multiplication plus rapide de certains végétaux telles les fler:rs, ce qui abaisse les coûts de production. Vitro'méthodes: -. - le micro-bouturage, qui permet la multiplication rapide et en grand nombre de clones (plantes génétiquement identiques) a été appliqué à des especes pour lesquelles la multiplication traditionnelle est longue ou difficile : orchidees, arbustes (rosier), arbres forestiers, arbres fruitiers, palmier à huile; la culture de méristèmes (amas de cellules indifférenciées du bourgeon apical se divisant rapidement pour donner naissance aux organes : feuilles) a permis la guérison de nombreuses especae virosées (pomme de terre,. tomate); - la régénération de plantes à partir de cellules végétales est possible après dédi fférenciation; - la production de plantae haploldes à partir de culture d'anthères ou d'ovaires constitue un outil à la fois pour les physiologistes (étude de mutations récessives) et pour les sélectionneurs : le doublement chromosomique (par rrairement à la colchicine) fournit des homozygotes très utiles dans les programmes de croisement; source! G. FAUCONNEAU in prospectives 2005. paris Economica,!gg?, page zsz. En différenciant de plus en plus de variétés, on aboutit à des semences d,e plus en plus sophistiquées et de plus en plus coûteuses pour lesquelles il faut éviter tout gaspillage. On cherche donc à les utiliser au mieux, avec le minimum d,e pertes, ce qui explique le développement du semis placé1 notamment por,rr les productions maraîchères de ptein champ. on utilise ainsi potrr les endives des semoirs de très grande précision. Progrès mécaniques et progrès variétaux srarticulent.
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Identification et caractérisation des acteurs moléculaires potentiellement responsables pour des propriétés mécaniques du bois de tension
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216 Amra ŠEĆEROVIĆ Identification et caractérisation des acteurs moléculaires potentiellement responsables pour des propriétés mécaniques du bois de tension Résumé: Le but de cette thèse était d’identifier les mécanismes moléculaires responsables des propriétés particulières de la couche G et les propriétés mécaniques remarquables du bois de tension (BT). Trois acteurs moléculaires potentiels (des protéines à arabinogalactane avec domaine fasciclin-like (FLA), une protéine chitinase-like (CTL) et une β-galactosidase (BGAL)) ont été choisis et étudiés dans: analyse phylogénétique, analyses d'expression et caractérisation de peupliers transgéniques affectés dans l’expression de chacun de ces acteurs. La caractérisation fine de ce matériel a révélé que CTL2 et les FLA jouent un rôle dans la régulation de la cristallinité de la cellulose dans le BT. CTL2 apparaît également important dans l'organisation de la paroi cellulaire et des propriétés mécaniques des tiges. BGAL a été avant proposé pour une fonction dans modification de pectine RG-I potentiellement important pour des propriétés mécaniques de BT. Le bois de tension exhibe une activité BGAL plus élevée que dans le bois opposé. L’inhibition par RNAi de l’expression de BGAL7, spécifiquement exprimée dans le BT, n’est pas responsable à lui seul de la forte activité BGAL présente dans le BT. En contrepoint à l’étude menée sur le peuplier, nous avons également évalué la présence d’acteurs moléculaires potentiellement responsables des propriétés mécaniques du BT chez le simarouba qui développe dans leur BT des fibres ayant leurs sous-couches de la paroi intermédiaire entre la G et la S2. Des protéines à arabinogalactanes ainsi que des pectines du type RG-I sont présentes dans fibres de BT de peuplier et de simarouba et pourraient avoir une fonction dans un mécanisme commun de génération des contraintes dans le BT. Finalement, un modèle est proposé sur le rôle présumé des différents acteurs moléculaires étudié dans la régulation des propriétés de la couche G et la génération des fortes contraintes du bois de tension. Mots clés: peuplier, simarouba, couche G, FLA, CTL, BGAL Identification and characterization of molecular players potentially responsible for the mechanical properties of tension wood Summary: The aim of this thesis was to approach the underlying molecular mechanisms responsible for the particular properties of the G-layer and the outstanding mechanical properties of tension wood (TW). Accordingly, three potential molecular players (fasciclin-like arabinogalactan protein (FLA), chitinase-like protein (CTL) and βgalactosidase (BGAL)) were chosen and studied through a phylogenetic analysis, expression analyses and most importantly characterization of RNAi transgenic poplars. This multilevel characterization revealed that CTL2 and FLAs have function in the regulation of cellulose crystallinity in TW. CTL2 was also shown to be important both for the cell wall organization and stem mechanical properties. BGAL was studied in a light of the previously reported modifications of RG-I pectin, potentially important for the mechanical properties of TW. Study of BGAL revealed that the enzyme has higher activity in TW than in opposite wood. BGAL7, whose gene was expressed specifically in TW, does not seem to be responsible for the higher BGAL activity in TW. In comparison to poplar, we analyzed the occurrence of molecular players potentially responsible for TW mechanical properties in simarouba, a tropical species, which develops different TW fiber. Arabinogalactan proteins and RG-I pectin potentially targeted by BGAL were localized in TW fibers both in poplar and simarouba and therefore may be involved in a common mechanism of tensile stress generation in different TW types. A model was finally proposed to elucidate a potential function of the studied molecular players in the regulation of G-layer properties and tensile stress generation. Keywords: poplar, simarouba, G-layer, FLA, CTL, BGAL AGPF , I NRA Val de Loire 2163 Avenue de la pomme de pin, CS 40001 Ard , 45075 Orléans Cedex 2, France.
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Synchronie et Diachronie en Dialectologie
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Revue Traduction et Langues Vol 4 N°1/2005, pp. 79-89 Synchronie et Diachronie en Dialectologie Synchrony and Diachrony in Dialectology Lachachi Djamel Eddine University of Oran –Algeria [email protected] To cite this article: Lachachi, F. (2005). Synchronie et Diachronie en Dialectologie. Revue Traduction et Langues 4(1), 79-89. Résumé : Dans cet article1 intitulée synchronie et diachronie en dialectologie je vais essayer de donner un petit aperçu sur les différentes variétés linguistiques avant de discuter les concepts de diachronie et de synchronie qui sont tous deux en rapport très étroit avec les problèmes de dialectologie. Il sera aussi question des rapports ente norme et variation linguistique, avant de conclure notre réflexion par un point de vue didactique. Je considère que le dialecte ne peut plus être considéré comme handicap à l'apprentissage de langue étrangère ou la langue seconde. Ceci implique une recherche en sociolinguistique et qui concerne aussi l’acquisition du langage pour avoir d’amples informations sur les connaissances des élèves par rapport aux différentes variétés et la manière avec laquelle vont-t-ils réagir face aux exigences linguistiques. Mots clés : variation linguistique, synchronie, diachronie, norme linguistique, dialectologie. Abstract: In my paper entitled Synchrony and diachrony in dialectology I will try to give a small overview of the different linguistic varieties before discussing the concepts of diachrony and synchrony which are both very closely related to the problems of dialectology. It will also be a question of the relationship between norm and linguistic variation, before concluding our reflection with a didactic point of view. I consider that the dialect can no longer be considered as a handicap to learning a foreign language or a second language. This involves research in sociolinguistics and which also concerns language acquisition to have ample information on the knowledge possessed by the pupils in relation to the different varieties and the way in which they will react to linguistic demands. Keywords: Linguistic variation, synchrony, diachrony, linguistic norm, dialectology. 1. La variation linguistique On ne peut parler de perspectives sans avoir au préalable du moins essayer de connaître les tendances de développement de ces différentes variétés, en commençant par déterminer le temps où la variété s'est répandue ou au contraire a 1 Communication présentée lors des Journées scientifiques de Dialectologie Maghrébine du 20 et 21 Avril 1999 à Mostaganem. Pour la terminologie je renvoie à l'article paru dans la revue des Langues de l'ILE n° 10/ 1992,91-103. Corresponding author : Lachachi Djamel Eddine 79 Journal of Translation and Languages Issue 4 N°1/2005, pp. 79-89 commencé à disparaître, en présentant les relations existantes entre ces soussystèmes et les facteurs socio-historiques. Ce qui demande bien entendu toute une recherche. D'un point de vue tout à fait subjectif nous nous permettons d'avancer trois tendances générales, que nous résumons comme suit :    Influence réciproque des variétés s'intensifie, Démocratisation de l'enseignement peut causer le changement linguistique. Position des locuteurs vis à vis des variétés a changé Tous ces changements font que certains ne différencient qu'entre deux variétés: langue littéraire et dialecte ; d'autres trois, càd, plus langue commune ; Avec DITTMAR (1975,134) nous différencions quatre variétés linguistiques :  Variété standard (codifié, normalisé, institutionnalisé). Variété régionale (dialectes).  Variété sociale (sociolectes).  Variété fonctionnelle. (Langues de spécialité, spéciales et particulières (argot, étudiants et soldats)  La terminologie non unifiée complique encore plus la chose ; une unification s'impose donc, ce qui présuppose aussi d'autres recherches. D'où la nécessité d'une théorie générale de la linguistique qui inclurait :  La variation linguistique,  Le changement linguistique, en tant qu'aide pour la planification, la normalisation et la standardisation de la langue,  L’apprentissage des langues sous l'aspect sociolinguistique,  La communication sociale. Nous remarquons déjà la disparition (dans certaines variétés) des marqueurs les plus frappants, comme par exemple du /a/ de Tlemcen, qui est remplacé non pas par le /q/ arabe mais par le /g/ d'Oran qui est voisin géographiquement. Cette variable n'est plus utilisée qu'en famille, même plus entre amis. Beaucoup maîtrisent encore la variété mais ne la parlent plus. Le dialecte ne remplit plus que des fonctions spécifiques dans certaines situations de communication. Son utilisation n'est même plus dépendante du statut social. Ceci contribue à une revalorisation des variétés pas en tant que tel, mais conduit beaucoup plus à un maintien de la culture et des traditions à travers une occupation intense de cette variété et aussi une utilisation tellement fréquente, jusqu'à lui donner un timbre officiel, comme par exemple : Les Suisses veulent que le Schwyzerdeutsch (Suisse allemand) devienne 5° langue nationale, et l'Allemand ISSN : 1112 – 3974 80 Journal of Translation and Languages Issue 4 N°1/2005, pp. 79-89 occuperait ainsi le statut de langue étrangère (cf. Wyler). Ce problème se pose aussi en Algérie. 2. Synchronie et Diachronie La diversité géographique des langues v. idiomes a été la première constatation faite en linguistique (cf. Saussure 1978,262). Qu'il y ait des différences à l'intérieur d'une langue telle que l'Arabe, l'Allemand ou le Français etc., ainsi que des différences dans le comportement linguistique d'une personne d'une certaine communauté linguistique (Sprachgemeinschaft), cela saute aux yeux de quiconque et c'est ce qui forme l'objet de la linguistique diachronique : un vieux thème de la linguistique qui étudie la langue et ses différences dans sa dimension de temps. La dimension Espace est étudiée par ce qu'on appelle "géographie dialectale" ou dialectologie. En général on différencie aujourd'hui entre une approche diachronique et une approche synchronique. On parle alors de grammaire ou de linguistique diachronique et/ou synchronique. Les deux concepts ayant une grande signification pour le domaine de la dialectologie. Cette différence apparaît systématiquement pour la première fois chez Saussure, qui nous résume leur domaine d'occupation comme suit : La linguistique synchronique s'occupera des rapports logiques et psychologiques reliant des termes coexistant et formant système, tels qu'ils sont aperçus par la même conscience collective. La linguistique diachronique étudiera au contraire les rapports reliant des termes successifs non aperçus par une même conscience collective, 2 et qui se substituent les uns aux autres sans former système entre eux." Ainsi, nous remarquons que le concept de synchronie est utilisé chez Saussure de deux manières différentes. D'un côté il dit : L'étude synchronique n'a pas pour objet tout ce qui est simultané, mais seulement l'ensemble des faits correspondants à chaque langue ; dans la mesure où cela sera nécessaire, la séparation ira jusqu'au dialectes et aux sous-dialectes. Au fond le terme de synchronique n'est pas assez précis ; il devrait être remplacé par celui, un peu long il est vrai, de 3 idiosynchronique." (SAUSSURE 1978,128) D'un autre côté : L'objet de la linguistique synchronique générale est d'établir les principes fondamentaux de tout système idiosynchronique, les facteurs 2 3 SAUSSURE (1978,140) cf. aussi comparaison avec le jeu d'échec (p. 124). cf. HJELMSLEV (1928,101). ISSN : 1112 – 3974 81 Journal of Translation and Languages Issue 4 N°1/2005, pp. 79-89 constitutifs de tout état de langue [...] C'est à la synchronie qu'appartient tout ce qu'on appelle la » grammaire générale. (SAUSSURE 1978,141) Les deux conceptions ainsi que la méthode et l'objet de la description ne doivent pas être confondus. Il y a donc risque de confusion quand on sait qu'une langue naturellement elle est un objet historique. L'ahistoricité càd. la synchronicité 4 appartient à l'être de la description et non pas à l'être v. à l'existence de la langue. La relation d'échange entre les deux approches doit être toujours prise en considération. Le concept de Diachronie fut introduit par de Saussure pour désigner la pratique des Néogrammairiens du 19° siècle, la linguistique comparée et historique. Quand on parle de cette dichotomie synchronie - diachronie, on donne toujours à la diachronie une fonction subordonnée, en tout cas complétive ou qui 5 complète le point de vue synchronique. Le concept de Diachronie est défini chez MOUNIN "comme l'étude de la langue considérée d'un point de vue évolutif opposé à la description d'un état de langue à un moment donné". MARTINET de son côté recommande une synchronie dynamique, pour pouvoir comprendre la diachronie : "Pour bien comprendre la nature de la recherche diachronique, il convient sans doute de pratiquer assidûment l'analyse synchronique. [....] A condition, faut-il ajouter de la pratiquer de façon 6 dynamique et non statique[...]." On est ainsi toujours obligé à prendre en considération la synchronie d'une période déterminée : "Tout phénomène diachronique prend sa source dans un état de langue donné et l'on est ainsi renvoyé de la dimension historique à la synchronie." (MIGNOT 1985,39) On retrouve cette même approche aussi chez ARENS , quand il écrit que le temps joue aussi un rôle très important en synchronie et qu'on doit y 7 différencier entre une synchronie statique et une synchronie dynamique. HJELMSLEV voit dans cette Dichotomie Diachronie — Synchronie d'un côté une subdivision de la linguistique, il parle aussi de linguistique statique et de linguistique dynamique, d'autre part il trouve qu'il y a conflit entre elles : Il faut considérer les subdivisions de la linguistique [...] consiste à distinguer l'étude rationnelle des états de langage de celle des évolutions du langage [...]. La distinction une fois établie, il est impossible de maintenir les deux points de vue à la fois, si l'on ne veut pas confondre les méthodes et troubler les résultats [...] On se tromperait cependant si l'on croyait que les deux subdivisions seraient indépendantes l'une de COSERIU D’APRES TIEFENBACH (1984,18). cf. BUßMANN (1990,176). 6 MARTINET (1975,100). 7 ARENS (1974,585): "daß die Zeit, dieses große Hindernis jeder Rationalität, auch innerhalb der Synchronie eine Rolle spielt und daß man in ihr eine statische und eine dynamische unterscheiden muß." 4 5 ISSN : 1112 – 3974 82 Journal of Translation and Languages Issue 4 N°1/2005, pp. 79-89 l'autre. Il y a coïncidence partielle entre elles. Il y a conflit entre elles. Mais c'est la deuxième subdivision qui est influencée par la première." [...] "Il y a évidemment une lacune dans les bases théoriques de la grammaire : on emploie des mots là où il n'y a pas de notions. On ne se rend pas compte de ce dont on parle. On opère sur des quantités inconnues, en leur donnant n'importe quelle valeur arbitraire. C'est par des études d'ordre synchronique qu'il faut combler la lacune. A parler rigoureusement, les systèmes synchroniques ne s'expliquent pas par la 8 diachronie." Et pour expliquer la primauté de la synchronie il cite dans ce contexte GABELENTZ: "Man bildet sich nur zu gern ein, man wisse, warum etwas jetzt ist, wenn man weiss, wie es früher gewesen ist". càd., on s'imagine volontiers savoir pourquoi c'est ainsi maintenant, si ou quand on sait comment c'était avant. HJELMSLEV cite aussi le grammairien danois H.G. WIWEL, qui est du même avis en parlant des catégories : Les catégories grammaticales ont leur origine historique, et selon leur nature, dans la synchronie, et il faudrait examiner d'abord quelle valeur on peut leur attribuer dans un système diachronique. Il parait impossible de transposer les catégories grammaticales dans la diachronie sans les dépouiller de leur contenu. Dans la diachronie, les catégories changent de sens et de fonction. Mais les catégories sont par définition liées à un système de stabilité." (HJELMSLEV 1968,67) DUCROT représente un autre point de vue (surtout en ce qui concerne la dérivation) : La synchronie et la diachronie s'implantent l'une dans l'autre, les mécanismes responsables de l'évolution passée peuvent demeurer à l’œuvre dans les états de langue ultérieurs et leur donner une dynamique qui oriente à son tour l'évolution future. Rien n'interdit donc d'élargir l'emploi du terme dérivation. Il faut toutefois être conscient qu'il ne sauvegarde son unité qu'à une condition: il doit désigner en synchronie des opérations qui sont également à l'origine de successivités 9 diachronique." ANSCOMBRE parle d'un "processus d'évolution diachronique". Cette Evolution se fait en 4 à 5 stades, qui peuvent coexister : 8 9 HJELMSLEV (1968,46f.). D’après MIGNOT (1985,26).. ISSN : 1112 – 3974 83 Journal of Translation and Languages Issue 4 N°1/2005, pp. 79-89 Le passage d'un stade à un autre implique que pendant un temps qui peut être fort long, et durer jusqu'à aujourd'hui, les deux stades subsistent côte à côte. Quand il s'agit d'une dérivation propre, marquée par un affixe, le modèle du mécanisme qui relie la forme dérivée à la forme de base repose sur la dualité des formes et donc de leurs emplois dans un même état de 10 langue." Dans la Synchronie MIGNOT voit une potentialité dynamique, qui permet des innovations (voir le modèle de continuité et discontinuité de KOERNER (1977,169) comme dans l'exemple de la dérivation, dans laquelle on ne peut pas prévoir l'utilisation de certains affixes : "Depuis longtemps, on a observé qu'en matière historique les innovations en général et la dérivation en particulier étaient largement imprévisibles. Pourquoi tel modèle joue-t-il dans tel mot et non dans tel autre, qui a priori devrait s'y prêter aussi bien ? Pourquoi aboutit-on à tel sens et non à tel autre, 11 également possible?" Toutes ces questions sont restées sans réponse jusqu'à ce jour (v. aussi la linguistique de l'énonciation). Nous sommes d'avis que, comme l'approche diachronique et synchronique se complètent mutuellement, la dialectologie a aussi besoin d'une approche diachronique qui permet au dialectologue tout d'abord de comprendre le développement historique des dialectes et aussi de juger à partir d'une certaine distance. 3. Norme et variation linguistique La norme n'est qu'une variété parmi d'autres, de la langue ; c'est une 12 hypercorrection. Elle est définit comme "l'usage statistiquement dominant" . Dans 13 le même contexte, on parle aussi de comportements épi linguistiques. Avec Filippi nous évoquons le concept de convention: "Les seules conventions possibles sont celles qui entérinent la pratique d'une langue, décident d'un choix (ainsi pour celui de la norme ou du bon usage), de l'imposition ou de l'interdiction de telles tournures, de tels mots, voire de telle langue. La convention peut aller jusqu'à prendre alors 14 des allures de coup de force". D'autre part, vouloir restaurer un dialecte, quel qu'il soit et lui attribuer un devoir éducatif càd. qu'il devienne langue d'enseignement et par la même langue nationale relève du domaine de l'utopie, car on ne peut rompre les conventions qu'à ses propres risques et périls. Dans la langue les changements ne portent que sur des D’après MIGNOT (1985,32); cf. SAUSSURE (1978). MIGNOT (1985,40). 12 Définition de Berutto d'après PH. MARÇAIS (1977). 13 cf. FILIPPI (1995, p. 107). 14 FILIPPI (1995, p. 75). 10 11 ISSN : 1112 – 3974 84 Journal of Translation and Languages Issue 4 N°1/2005, pp. 79-89 éléments isolés. Malgré cela le coup a un retentissement sur tout le système. "L'étude diachronique en synchronie (càd. le changement en cours) révèle 15 immédiatement que la variation historique est une variation sociale". La cause de la variation n'est ni dans l'histoire ni dans la structure de la langue. Labov démontre l'influence des facteurs d'ordre ethnique et d'ordre social. Ce qui provoque la variation, c’est le partenaire :    Statut social Refus de la norme dite légitime Revendication de la norme de son propre groupe Ici je me permets de reprendre le passage de mon article sur la "Dialectologie: problèmes de terminologie et perspectives" concernant la variation Linguistique : Mais ces différences ne concernent pas seulement les dimensions Temps et Espace ; il existe d'autres dimensions dont il faut tenir compte comme par exemple : une situation donnée peut faire varier le comportement linguistique, tout dépend de la personne avec qui on parle, de quoi on parle, comment on parle (il est question ici du canal utilisé) et à quelle occasion etc. ... Ces différences peuvent être conditionnées par le social (v. Sociolinguistique). L'acquisition du langage peut aussi être considéré comme une variation ou forme de variations aux différentes étapes du processus. Dans tous ces cas le comportement linguistique varie du point de vue lexical, phonologique, morphologique, syntaxique, sémantique et pragmatique. Ainsi ces dimensions peuvent être de différente nature et forment un ensemble qu'on appellera Espace de variétés (cf. Klein 1976,29 parle de Varietätenraum). Une des composantes de cet ensemble sera nommé Variété vu que c'est une action de langage qui peut être 16 réalisée sous différentes formes linguistiques: Exemple syntaxique : - un café     Apportez-moi un café Donnez-moi un café Kif-kif Encore un Exemple phonologique:/a/..../q/..../g/.... (a) /a/ (b) /q/ /q/ (c) /g/ 15 16 LABOV (1976,16) d'après FILIPPI (1995,p. 115) cf. LACHACHI (1992, 93). ISSN : 1112 – 3974 85 Journal of Translation and Languages Issue 4 N°1/2005, pp. 79-89 Ainsi toute langue possède cette possibilité d'exprimer la même chose autrement, seulement cette différence n'est pas à volonté. C'est pour cela qu'il 17 devient nécessaire d'accepter les règles qui expliquent la variété. Bernstein nous dit que la relation entre langue et parole n'est pas directe ; entre les deux nous avons la structure sociale. Et Labov définit les conditions pour le choix d'une certaine variété : pour reprendre l'exemple phonologique cité plus haut : /q/ devient /a/ sous la condition (a) /q/ devient /g/ " (b) C'est le social qui détermine l'utilisation de la variété ; donc ce ne sont pas seulement des allophones. Ainsi ce ne sont pas des règles linguistiques mais des règles sociales qui expliquent la variété (par règle sociale nous entendons: niveau d'instruction, âge, sexe, statut social et économique, provenance régionale... en un mot c'est ce qu'on appelle norme, qui est définit comme "l'usage statistiquement 18 dominant". Les normes linguistiques ou règles sociolinguistiques déterminent la variété 19 ou comportement linguistique. Donc ce n'est qu'en prenant en considération les variations linguistiques qui étaient mises au compte de la parole et donc délaissées, et en abandonnant les jugements de valeur à propos de la langue ou de ses formes particulières qui n'ont rien de scientifique, et en les faisant passer au compte de la langue que nous pourrions étudier la dialectologie, qui selon MOUNIN (1974,106) fait partie du "domaine de la linguistique concernant l'étude des dialectes particuliers, mais surtout, et plus à propos, de l'étude comparative d'un ensemble de dialectes couvrant une certaine aire linguistique. Ce domaine a été aussi appelé géographie linguistique, et le résultat des recherches peut être consigné dans un atlas linguistique." Selon d'autres la dialectologie est une discipline de la 20 Sociolinguistique. A force d'observer la parole, la sociolinguistique a fini par rencontrer le politique (conséquence naturelle) D'où provient la Glottopolitique qui est défini comme suit: "Influence du politique sur le linguistique", comme par exemple 21 légiférer sur les statuts: langue nationale, langue minoritaire etc.. Les rapports entre les langues sont des rapports de force; la mort d'une langue a toujours des causes non linguistiques : ---> diglossie cf. FERGUSON high speech - langue de prestige 17 cf. Labov et Bernstein in: Dittmar (1975). cf. note 11. 19 v. LACHACHI (1992,92-93). 20 cf. LACHACHI (1992,95). 21 cf. BALIBAR 1985 et CALVET 1987 d'après FILIPPI (1995). 18 ISSN : 1112 – 3974 86 Journal of Translation and Languages Issue 4 N°1/2005, pp. 79-89 Low speech - langue populaire --> bilinguisme est affaire individuelle et non communautaire. La linguistique ne peut ignorer la variation, le quotidien en révèle l'existence. 4. Vers une didactique des dialectes La variation linguistique peut être comprise comme un caractère constitutif d'un style social voire aussi d'une réalité sociale et linguistique devant laquelle la didactique ne peut fermer les yeux. Ici nous nous contentons de nous orienter vers une didactique des dialectes ou variétés qui ne s'oriente pas seulement vers la variété "dialecte », mais surtout vers un multilinguisme interne.  Les variétés linguistiques appartiennent à des situations linguistiques réelles c'est un fait qu'on juge toujours négativement les dialectes. Une didactique des dialectes doit moins penser à la transmission, l'apprentissage des dialectes à l'école, mais beaucoup plus prendre en considération les facultés développées en dialecte pour l'enseignement de la langue (arabe). Cette didactique donc de l'arabe doit s'étendre sur des variétés différentes qui sont à localiser selon les différentes régions et groupes sociaux. Vu que la situation en Algérie montre beaucoup de différences entre régions, il faut chercher des solutions qui sont différentes d'une région à l'autre.  Les vieux concepts n'ont pas pu s'imposer - qu'ils soient contrastifs ou compensatoires - ou n'ont pas été capable de s'imposer, parce qu'ils sont trop orientés vers le système linguistique. Les tendances de régularisation càd., les changements sociaux, régionaux, ainsi que la régionalisation de la langue standard (LS) ont rendu la séparation contrastive des dialectes et de la LS, si ce n'est impossible de plus ou moins difficile. 5. Conclusion Nous sommes d'avis que la compétence dialectale peut servir l'apprentissage (surtout la formation du registre de LS) de la langue arabe. Ainsi le dialecte ne peut plus être considéré comme un frein à l'apprentissage de LS. À titre de comparaison prenons la Suisse allemande : de tradition on utilise le schwyzerdeutsch pour l'acquisition de l'allemand. Ce changement de perspective implique une recherche en sociolinguistique et dans l'acquisition du langage qui nous informera sur les connaissances des élèves par rapport aux différentes variétés et comment ils réagissent par rapport aux exigences linguistiques. Apprendre une langue ne veut pas dire apprendre une seule langue, mais plusieurs langues. Quand nous disons que nous avons une seule langue, nous ne ISSN : 1112 – 3974 87 Journal of Translation and Languages Issue 4 N°1/2005, pp. 79-89 voulons pas dire : nous avons une seule langue. Nous sommes beaucoup plus plurilingues à l'intérieur de cette même langue. Si on accepte ce concept, la répercussion au niveau de l'école sera de ne pas enseigner ou apprendre une langue dans sa normativité (càd. LS dans sa forme écrite), mais au contraire des variétés de la langue. Ainsi le but de l'école sera la formation à un plurilinguisme. Ceci n'est possible que si les enfants et les profs ont une conscience linguistique (Sprachgefühl und Bewusstsein) d'un haut niveau - ce qui n'est pas simple, je le reconnais. Ce serait une conscience de la langue en situation pour tous les êtres qui emploient dans les différentes situations la langue différemment riche en variétés. Pour résumer je dirais que ce fut un plaidoyer pour une plus grande considération de l'approche diachronique en même temps pour un plurilinguisme ou ce qu'on a appelé une didactique des dialectes, qui peut servir à l'apprentissage de la langue standard. Références [1] ARENS, H. (1974). Sprachwissenschaft. Bd. II. Frankfurt/Main (1955). [2] BUßMANN, H. (1990). Lexikon der Sprachwissenschaft. Stuutgart. [3] DITTMAR, N. (1975). Soziolinguistik. Frankfurt. [4] TODOROV, D. (1972) Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage. Paris. [5] FILIPPI, J.-M. (1995). Initiation à la linguistique et aux sciences du langage. Paris. [6] GARMADI, J. (1981). 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French-Science-Pile
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Various open science
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Les manuels scolaires d'histoire du cycle 3 primaire (élèves de 9 à 11 ans) : aller et retour entre lisibilité et compréhension
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En ce qui concerne Henry, la diversité des formules proposées est intéressante et les variables considérées sont novatrices par rapport au travail des formules anglophones, pourtant certains de ces paramètres semblent difficiles à exploiter, comme par exemple les mots concrets. En effet, cette notion de "mots concrets" dont nous discuterons les tenants et aboutissants dans le chapitre 2 sur le lexique n’est pas une variable précise car il existe des mots qui peuvent être à la fois concrets et abstraits (exemple : un chevalier, concret parce qu’il est physiquement un homme en armures et bouclier, faisant la guerre, abstrait par sa fonction dans le monde féodal et les valeurs morales qu’il représente). De plus, si nous nous intéressons à la formule la plus simple, nous remarquons qu’elle est moins précise que toutes les autres formules de lisibilité puisqu’elle ne se base que sur une lecture graphique. Il est intéressant, maintenant, de prendre en compte les possibilités de transfert des méthodes anglo-saxonnes vers le français. 1.2.2.4 De l’anglais au français a) L’adaptation de Kandel et Moles (1958) Mots clés : nombres de mots, nombre de syllabes, difficulté d’un texte L’autre adaptation possible est celle de Kandel et Moles. En 1958, ils ont aussi détaillé leur recherche sur l’application de l’indice de Flesch à la langue française (Kandel et Moles, 1958). Ils ont alors proposé la formule suivante où N est le nombre moyen de mots par phrase et S, le nombre de syllabes pour 100 mots. Le principe de comptage est emprunté à De Landsheere : Lisibilité = 207 − 1, 015 × N − 0, 736 × S 50 Leurs travaux ont consisté uniquement à affiner les valeurs des constantes de la formule Flesch, le reste de la méthode étant la même. b) L’adaptation de De Landsheere (1963) Mots clés : phrase graphique, comptage des syllabes, genres Le passage de l’anglais au français a nécessité la mise en place d’aménagements. L’adaptation la plus connue reste celle mise au point par De Landsheere. En 1963, il propose une méthode de comptage et un système d’équivalence pour adapter la méthode de Flesch à la langue française (De Landsheere, 1963) en gardant la même formule initiale. Concernant le comptage des mots, les formes élidées ne comptent que pour un seul mot (exemple : l’école = 1 mot), tout comme les millénaires, les abréviations ou encore les mots composés. Il définit aussi la notion de phrase en expliquant qu’elle commence par une majuscule et se termine par un point, un point d’interrogation ou un point d’exclamation. Pour compter les syllabes, il faut les prendre toutes en compte, même les "e" muets. Pour les dates ou les abréviations, c’est la prononciation qui en décidera. De plus, il propose une équivalence des scores pour la langue française, la figure I.1.13 suivante rend compte de cet étalonnage. Ce tableau ne donne que des exemples, mais il permet d’avoir une réelle équivalence de l’indice de facilité en fonction du type de document (écrit, audio ou visuel) auquel peut être confronté n’importe quel lecteur. On se rend compte que pour la première fois un auteur établit aussi le niveau de lisibilité de supports oraux (TV par exemple) : Type de support niveau scolaire belge Livre de lecture 2e primaire TV enfantine niveau périscolaire Équivalence classe française Facilité CE1 (7-8 ans) 80 Maternelle (3-6 ans) 65 Bande dessinées : Tintin Spirou 60 Livre de lecture : 5e et 6e primaires CM2 6e (10-12 ans) 50 5e (12-13 ans) 40 TV scolaire enseignement secondaire inférieur 5e-3e (11-15 ans) 35 Leçon d’histoire 1re année de l’enseignement 5e (12-13 ans) 30 Documents historiques 1re année de l’enseignement secondaire secondaire Textes de Saint Exupéry 30 TV scolaire enseignement secondaire supérieur Journaux télévisés Lycée (15-18 ans) 25 15-25 51 Type de support niveau scolaire belge Équivalence classe française Journaux écrits/ Informations (dépêches Facilité 15 d’agence) Emission radio très difficile 0 Texte difficile de Proust -10 Figure I.1.13 – Échelle de facilité adaptée à la langue française (Richaudeau, 1984, p. 66) On remarque que pour un même niveau scolaire les supports proposés n’ont pas le même indice de difficulté. Par exemple pour des enfants de 12-13 ans (en classe de 5e en France) les documents historiques sont plus faciles (facilité = 40) que les leçons les accompagnant (facilité = 30). Cependant, cette échelle est difficile à appréhender car assez floue à cause du décalage entre niveau attendu et niveau réel des élèves au sein d’une même classe (voir discussions p. 66 de la présente étude). Il est aussi intéressant de remarquer que, dans toutes ces équivalences, aucune n’est établie sur les leçons d’histoire à l’école primaire, alors qu’elle est indiquée pour l’enseignement secondaire. Nous allons maintenant nous pencher sur quelques outils informatiques développés pour le français. 1.2.2.5 Logiciels spécifiques : cas du français Avec l’avènement de l’informatique, les formules de lisibilité ont été utilisées pour créer des outils informatiques performants qui peuvent mesurer la lisibilité d’un texte en quelques secondes. Ces logiciels ont intégré, dans certains cas, des fonctionnalités supplémentaires, comme la comparaison avec des listes lexicales. Le but de cette partie n’est pas d’établir un catalogue complet des logiciels de mesure de lisibilité disponibles mais plutôt de s’attarder sur des outils qui pourraient intéresser notre recherche sur les manuels scolaires : Scolarius© , Text Balancer© et Lisi©. a) Scolarius© Scolarius© est un logiciel gratuit d’analyse de lisibilité. L’algorithme de calcul utilise simultanément quatre formules de lisibilité : la formule de Flesch ou Readibility Score (Flesch, 1949), la formule de Gunning ou Fog Index, (Gunning, 1952), the Fry Formula ou Readibility Scores (Fry, 1968) et the Easy Listening Formula (ELF) (Fang, 1966) 15 . Ces quatre formules sont alors combinées pour donner un résultat de lisibilité. 15. Fang et Fry sont cités dans la figure figure p. 37. 52 Le résultat est donné sous forme de score compris en moyenne entre 50 et 190. Une correspondance est établie avec le niveau scolaire, et présentée dans la figure I.1.14 suivante. Score Niveau 50 89 Primaire 90 119 Secondaire 120 149 Collégial 150 189 Universitaire 190 et + Initié Figure I.1.14 – Tableau de correspondance entre le score obtenu avec le logiciel et le niveau de lecture, pour Scolarius© La procédure de soumission est simple : il suffit de copier le texte à analyser dans la zone prévue et d’indiquer le type de texte proposé (articles, éditoriaux, chroniques, communiqués de presse, transcriptions, etc.). La figure I.1.15 présente un exemple d’analyse avec cet outil (nous avons utilisé un extrait de notre corpus). Figure I.1.15 – L’outil Scolarius© L’intérêt de cet outil est sa facilité d’utilisation et son calcul effectué à partir de quatre formules de lisibilité ; le nombre de variables pris en compte est donc important. Cependant aucune information n’est donnée quant à la manière dont sont couplées les quatre formules utilisées, rendant difficile toute exploitation précise. Cet outil ne sera pas utilisé dans notre recherche car nous voulions avoir la main sur les facteurs entrant dans la lisibilité des textes scolaires d’histoire. 53 b) Text Balancer© Text Balancer© est un outil multifonctions. Il permet d’analyser des textes en langue française à l’aide de formules de lisibilité mais aussi de faire des comparatifs avec des bases de données lexicales. Cet outil propose de choisir les paramètres d’étude comme la langue maternelle de l’utilisateur (Italien ou Français), la formule à utiliser (Kandel et Moles, Gunning) et le dictionnaire de comparaison (Gougenheim, Henry, LeXentiel© , etc., pour des explications plus précises de la liste LeXentiel© , voir p. 111 de la thèse). Créé par Spiezia et Annunziata, ce logiciel très complet a été conçu pour l’enseignement et l’apprentissage du FLE et permet d’avoir un grand nombre de résultats statistiques comme le nombre de mots, le nombre de syllabes, le nombre de mots par phrase, le nombre de mots longs ainsi que le nombre et l’identification des mots hors du dictionnaire choisi (Spiezia, 2007). Nous utiliserons cet outil pour faire nos analyses. La figure I.1.16 présente un exemple d’analyse avec cet outil (nous avons utilisé le même exemple que précédemment pour l’outil Scolarius© ) : Figure I. 1.16 – L’ outil Text Balancer© 54 c) Lisi© Elaboré par Mesnager (avec l’aide de Bres), cet outil est adapté pour l’évaluation de la lisibilité des textes pour des élèves entre le CE2 et la 5e et est basé, notamment, sur le travail de Mesnager développé dans son article de 1989 (voir p. 33 de la thèse) et expliqué dans son article de 2007 16 . La formule appliquée est la suivante (1989, p. 36) : Lisibilite = (nb de mots absents de la base × 2 + longueur my des phrases) 3 (1.1) Comme indiqué dans la formule, ce logiciel détermine le nombre de mots absents de la liste lexicale intégrée et redonne la liste des mots qui ne s’y trouvent pas. Il ne prend cependant pas en compte les mots polysémiques. Ce qui fait la particularité de ce logiciel est qu’il donne directement la classe à laquelle un élève peut comprendre un texte en indiquant une phrase du type : « la langue de ce texte est accessible à la plupart des élèves de ... ». Cet outil peut ainsi être utilisé par des enseignants pour connaître le niveau de difficulté du texte qu’ils ont choisi et connaître les mots potentiellement difficiles de compréhension le composant (grâce à la liste des mots que rend le logiciel). L’échelle utilisée est celle présentée figure I. 1.17. Score Niveau <2 niveau CE1/CE2 Entre 2 et 3,5 CE2/CM1 Entre 3,5 et 5 CM1/CM2 Entre 5 et 7 CM2/6ème Entre 7 et 10 6ème/5ème Au dessus de 10 4ème et au-delà Figure I.1.17 – Tableau de correspondance entre le score obtenu avec le logiciel et le niveau de lecture, pour Lisi© La figure I.1.18, page suivante, présente un exemple d’analyse avec cet outil (encore une fois, il s’agit du même exemple pris pour les deux outils précédents, cependant ici, le texte soumis ne reste pas visible après la compilation du logiciel). 16. Outil pon ible de soutenance de ce travail de recherche. Figure I.1.18 – L’outil Lisi© 1.2.3 Mesurer la lisibilité : positionnement de notre recherche Nous avons mis en avant un certain nombre d’outils différents pour mesurer la lisibilité. Du point de vue de notre travail et de par leur facilité d’utilisation, nous nous tournerons vers les formules anglo-saxonnes et plus particulièrement vers les formules de Gunning et Flesch qui semblent plus intéressantes à utiliser que celle de Dale et Chall. En effet, dans cette dernière, l’utilisation d’une liste de fréquence lexicale en langue anglaise est difficilement adaptable au contexte du français. Cependant, nous retiendrons l’idée des listes de fréquence. Toutefois, faire le choix de l’utilisation des formules anglophones implique obligatoirement des adaptations. Au vu des ressemblances entre les formules de Flesch et de Gunning, il nous semble intéressant d’appliquer les règles de comptage des mots de De Landsheere aux deux méthodes. Nous faisons aussi le choix de compléter nos analyses avec des outils informatiques. Ce choix est motivé par la rapidité d’utilisation de ces outils récents et performants. Notre objectif est de comparer les résultats obtenus manuellement par les formules classiques avec des résultats calculés par ordinateur. Au vu de notre recherche, Text Balancer© et Lisi© nous semblent être des outils exploitables. Ils sont un choix judicieux pour obtenir des mesures de lisibilité de manière informatisée. Nous avons donc à présent quatre outils à notre disposition pour mesurer la lisibilité de notre corpus : deux méthodes manuelles et deux outils informatiques. Nous pourrons ainsi comparer les méthodes entres elles, mais aussi comparer l’efficacité et la performance des différents procédés. 1.3 Discussions Ces dernières pages ont permis de mettre en avant les outils disponibles pour mesurer la lisibilité d’un texte et de commencer à penser à nos choix techniques. Il est, en effet, important, pour la présente recherche, de choisir des outils en adéquation avec l’étude de la lisibilité de textes extraits de manuels d’histoire à destination d’élèves entre 9 et 11 ans. Cependant ce choix ne peut pas être validé sans, au préalable, examiner les limites de ces outils à travers l’analyse de leurs avantages et de leurs inconvénients. Dans notre cas, il s’agit de comprendre les limites des paramètres couramment utilisés dans les formules de lisibilité, de faire un état des lieux des indicateurs de lisibilité qui ont été sciemment mis dans l’ombre (car le plus souvent trop difficiles à mesurer) et enfin de mettre en lumière la problématique de la correspondance entre niveau de lisibilité et niveau scolaire. 1.3.1 Regard sur les paramètres utilisés Les différents travaux sur la lisibilité ont été menés pour créer des outils capables de prédire la difficulté d’un texte du point de vue de la compréhension pour un public donné. Cependant, certaines interrogations surviennent sur la manière de définir les variables. En effet, au sein de la linguistique, les terminologies en lien avec les notions de phrase, de mot ou de syllabe sont encore des sujets à discussion. C’est le cas aussi du concept de rareté d’un mot. Nous observons aussi des différences de définitions suivant le domaine d’étude : par exemple, dans les études littéraires ou en psycholinguistique les « unités du texte » ne sont pas conceptualisées de la même manière (Legallois, 2006), et pourtant le vocabulaire employé dans les différentes spécialités navigue souvent entre elles. Dans cette partie, nous nous efforcerons de comprendre ce qui pose problème avec ces notions et en quoi cela peut entraîner des interrogations sur les formules de lisibilité. Nous indiquerons les choix que nous avons faits pour mesurer la lisibilité des textes de notre corpus. 1.3.1.1 Notion de phrase Ce concept linguistique est en réalité assez récent. Jusqu’au XVIIIème siècle, la phrase, au sens syntaxique, n’a aucune réalité. Ce n’est qu’en 1709 qu’une définition est proposée par Buffier (1709) (cité par Béguelin, 2000, p. 52). La phrase est alors conceptualisée à l’écrit comme une unité grammaticale composée d’un sujet et d’un prédicat. Béguelin explique aussi que : « la notion de phrase, comme la lettre, le syllabogramme ou le mot, est avant tout une notion de "savoir pratique" ou de "sens commun", accréditée par certaines habitudes orthographiques » (2002, p. 88). En réalité, la notion de phrase est à la fois un axiome (idée reçue) et une hypothèse de modélisation de l’écrit (idée à démontrer) (Berrendonner, 2017). Cette notion de phrase semble difficile à cerner. Comment 57 peut-on la définir ? Pour mener notre réflexion nous partirons de postulats mis en avant dans l’article La notion de phrase de Berrendonner (2017) disponible dans l’Encyclopédie Grammaticale du Français. Pour extraire une phrase d’un texte, nous pouvons nous appuyer sur quatre caractéristiques : la complétude sémantique, l’autonomie syntaxique, la clôture intonative et la démarcation graphique (Berrendonner, 2017). La complétude sémantique signifie qu’une phrase exprime une idée complète ; l’autonomie syntaxique implique qu’une phrase est syntaxiquement indépendante des autres éléments qui l’entourent ; la clôture intonative fait le lien avec le langage oral et fait correspondre la fin d’une phrase avec l’intonation descendante de la voix lorsqu’elle est lue ; et enfin la démarcation graphique signifie qu’une phrase est encadrée par une majuscule et par un point (ibid.). En théorie, si une suite de mots valide ces quatre postulats, elle peut être définie comme une phrase. Cependant, il existe des situations où la phrase se met en contradiction avec l’un d’entre eux. Dans son article sur la notion de phrase, Berendonner (2017) donne plusieurs exemples : « Madame, la vente va commencer. [ Hugo] » Ici, l’apostrophe Madame est syntaxiquement indépendante mais elle n’est pas complète. « Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis. [ Corneille] » Ici la phrase définie par la ponctuation est composée de plusieurs syntagmes syntaxiquement indépendants. De plus, certaines propriétés définitionnelles sont à discuter. C’est le cas de la considération graphique. A ce propos Béguelin, en 2002, expliquait que : « Les ponctuations majeures et notamment le point [...] peuvent coïncider avec une frontière syntaxique ou discursive majeure, mais ne le font pas forcément. [...] On regrettera que beaucoup d’études linguistiques fassent comme si la normalisation de la ponctuation était réglée, et que celle-ci soit devenue une structure. » (p. 104, p. 106). Béguelin donne plusieurs exemples pour illustrer ce constat, dont le suivant (p. 104) : « (...) j’ai dû comprendre à ce moment-là, vers ce moment-là, donc bien antérieur, qu’un coup de fusil serait vite arrivé, symbolique, un coup de fusil symbolique, et déjà la vie, déjà rester en vie, déjà. Premièrement. Ça. Et que ma passion. Eh bien 58 ma passion. Serait d’autant plus précieuse, serait d’autant plus chèrement payée. » (C. Angot, La peur du lendemain, p. 46-47) Les parties en gras (mises en avant par Beguelin elle-même) montrent une construction du discours où les points ne démarquent pas une vraie frontière syntaxique majeure. Pourquoi ces quatre caractéristiques ne sont-elles pas pertinentes en réalité ? Kliebert, dès 2003, expliquait que la phrase est souvent remise en question comme « catégorie linguistique pertinente », qu’elle n’est « qu’une unité graphique » (p. 17). A l’oral, les difficultés sont aussi présente, la notion de phrase semble volatile (Blanche-Benveniste, 2002) et bon nombre de chercheurs préfèrent considérer d’autres unités d’analyse. Intéressonsnous aux autres unités d’analyse à l’écrit. Nous pouvons, tout d’abord, citer la notion de sous-phrase. En effet, selon Berrendonner (2017), le terme de sous-phrase a été inventé pour « éviter la confusion entre niveaux sémantico-logique et syntaxique » du texte. C’est Richaudeau qui, dans un article de 1969, conceptualise cette nouvelle unité. En 1980, il redéfinit cette notion en : « phrase courte ou [...] portion de phrase autonome sur le plan de la signification, même si elle n’est pas rigoureusement correcte sur le plan de la syntaxe » (1980, p. 25). Richaudeau propose alors l’exemple page suivante (ibid, p. 25). « Mais quand il apprit qu’une dame qui se trouvait près de lui était madame Cottard, il pensa qu’un mari aussi jeune n’aurait pas cherché à faire allusion devant sa femme à des divertissements de ce genre ; et il cessa de donner à l’air entendu du docteur la signification qu’il redoutait ». (A la recherche du temps perdu, Proust, Tome I, p. 203). Quelle sous-phrase proposer pour cet exemple ? Cette phrase (au sens graphique) peut être découpée en deux sous-phrases (Richaudeau, 1980, p. 25) : la première serait « Mais quand il apprit ... de ce genre » et la deuxième « et il cessa ... redoutait ». Ici, le point virgule est le séparateur ; c’est la ponctuation qui permet d’extraire les sous-phrases. Voici un autre exemple (Richaudeau, 1978, p. 17-18) dans lequel la phrase est longue (d’un point de vue graphique) : « Pour nous qui nous trouvons à des milliers de kilomètres du Viêtnam, pour nous qui, après avoir fait là-bas la guerre pendant huit ans, nous sommes retirés sur une cruelle défaite, pour nous qui, depuis, par la voix de nos dirigeants, condamnons avec plus ou moins de délicatesse la politique américaine en Indochine, pour nous qui observons les évènements du Sud-Est asiatique avec une irritation, une impatience ou une indifférence que notre passé ne justifie pas, pour nous, le président du Sud-Viêtnam, le général Nguyen Van Thieu, représente le seul obstacle, et par conséquence un obstacle intolérable à la paix. » (Editorial à RTL du 27.10.72, Jean Ferniot). Cet extrait peut être découpé en cinq sous-phrases comme suit (Richaudeau, 1980, p. 18) : « [Pour nous qui nous trouvons à des milliers de kilomètres du Viêtnam, ] » « [pour nous qui, après avoir fait là-bas la guerre pendant huit ans, nous sommes retirés sur une cruelle défaite,] » « [pour nous qui, depuis, par la voix de nos dirigeants, condamnons avec plus ou moins de délicatesse la politique américaine en Indochine,] » « [pour nous qui observons les évènements du Sud-Est asiatique avec une irritation, une impatience ou une indifférence que notre passé ne justifie pas,] » « [pour nous, le président du Sud-Viêtnam, le général Nguyen Van Thieu, représente le seul obstacle, et par conséquence un obstacle intolérable à la paix.] ». L’organisation des sous-phrases est rythmée par le syntagme « pour nous qui ». Dans un autre exemple, visible page suivante, aucun découpage en sous-phrase possible n’est proposé par l’auteur (Richaudeau, 1980, p. 17). « Comment faire la part de ce qui était faiblesse et nostalgie dans cet attachement à l’enfance et de ce qui fut fidélité à une vérité qui s’était imposée à moi, dont je savais, dès cette époque, que je ne me déprendrais jamais et qui compte tellement pour moi que ceux qui y ont renoncé et quels que soient leur valeur et leurs mérites sont entrés dans un monde où il n’est pas question que je puisse les suivre, mais même m’intéresser à eux, devenus sourds et aveugles à la seule lumière, à la seule voix de Dieu » (Le Figaro littéraire, 6-12 avril 1970, François Mauriac, 102 mots). En effet où est l’autonomie prônée par Richaudeau, étant donné le nombre de subordonnées qui s’enchaînent ? Il est impossible de découper toutes les subordonnées car elles se rattachent les unes aux autres ; la notion de sous-phrase implique aussi une autonomie sur le plan de la signification, or ici les informations sont trop imbriquées les unes aux autres. Une phrase comme celle-ci aura une grande probabilité d’être peu lisible. A partir de toutes ces considérations, Richaudeau a tenté de définir la frontière entre phrase courte et phrase longue. Grâce aux tests de compréhension et de mémorisation effectués (Richaudeau et Conquet, 1973), il a déterminé, pour trois types de lecteurs, la longueur d’une phrase et la longueur d’une sous-phrase idéales. Il a ensuite confronté ces résultats avec ceux obtenus auparavant par Flesch et Gunning qui avaient mené des études similaires. Ces résultats sont regroupés dans la figure I.1.19 page suivante. Unité d’analyse Phrase Sous-phrase Nombre de mots par Type de Nombre de mots sous-phrase selon travaux lecteur par phrase selon de Richaudeau Flesch et Nombre moyen de sous-phrases par phrase Mémorisation Mémorisation Mémorisation Mémorisation Gunning à 100 % à 85 % à 100 % à 85 % 16 8 9 2 1.8 22.5 13 15 1.7 1.5 29 16 19 1.8 1.5 Lecteur lent moyennement cultivé Lecteur moyen assez cultivé Lecteur rapide cultivé Figure I.1.19 – Comparaison des tests de Richaudeau avec ceux de Gunning et Flesch (Richaudeau, 1969, p. 23) Pour Richaudeau, il faut donc travailler à partir de la sous-phrase. En son sein, le nombre de mots doit osciller, suivant le niveau culturel des lecteurs, entre 8 et 16 mots (figure I.1.19). Pour Flesh et Gunning, une phrase qui comporte 16 mots est lisible, Richaudeau (1969) précise donc avec ses résultats qu’elle sera lisible si et seulement si elle est constituée d’au moins deux sous-phrases, de 8 mots chacune au maximum. Il nuance aussi son propos en expliquant que cela n’est valable que si le nombre de mots séparant deux mots corrélatifs au sein d’une sous-phrase, notamment un sujet et un verbe, est faible. Il parle alors d’écran linguistique. En effet, l’éloignement du verbe par rapport au sujet, provoqué par des ajouts de syntagmes prépositionnels ou nominaux par exemple, peut briser « la cohésion syntaxique » (Fabre et Cappeau, 1994, p. 123). Cette notion de sous-phrase a aussi été mise en avant par Kintsch et Van Dijk dans un article de 1978. Dans leur tentative de créer un modèle de compréhension des textes, ils expliquent que chaque phrase peut être découpée en phrases élémentaires 17 , elles-mêmes composées d’un prédicat. Si nous combinons ces phrases élémentaires, nous obtenons une phrase qui a du sens (ibid ). Un texte est donc une combinaison de « phrases élémentaires interreliées » (Racle, 1988, p. 21). 17. Les notions de phrase élémentaire et de sous-phrase se rejoignent car leurs conceptions sont très proches, il s’agit d’une variation de terminologie, l’une est plus utilisée en psycholinguistique, l’autre en linguistique. 61 En quoi choisir la sous-phrase plutôt que la phrase comme unité de mesure changerat-il la donne sur le calcul de la lisibilité ? Pour Flesch et Gunning, si nous nous intéressons à un lecteur lent et moyennement cultivé par exemple, toutes les phrases plus longues que 16 mots auront une grande probabilité d’être illisibles pour le lecteur. Pour Richaudeau la frontière entre lisible et illisible commence à partir d’une sous-phrase de 8 mots. Cela implique qu’au sens graphique, la phrase chez Richaudeau peut être plus longue et donc potentiellement dépasser 16 mots. Prendre une unité de mesure différente aura donc des conséquences directes sur l’évaluation de la lisibilité du texte. Or, une question subsiste : pour un lecteur jeune (à l’école primaire par exemple), une phrase (au sens graphique) très longue sera-t-elle difficile à comprendre même si les sous-phrases qui la composent sont courtes ? C’est une interrogation que nous devons garder en tête pour la suite. Il existe toutefois encore d’autres alternatives. Le Groupe Aixois de Recherches en Syntaxe (GARS) prend en compte la construction verbale. Il est aussi possible de découper le discours analysé en unités rectionnelles (Blanche-Benveniste, Deulofeu et Stéfanini, 1984), ce qui consiste à séparer les unités syntaxiquement autonomes, ou encore en unités illocutoires (chaque unité de texte ne doit comporter qu’un seul « acte illocutoire, soit une assertion, soit une interrogation, soit une injonction » (Berrendonner, 2017)). Dans le cadre de cette étude, il sera donc nécessaire de se positionner : prenons-nous en compte la phrase au sens graphique ou une autre unité ? La réponse se trouve dans les préconisations d’utilisation de l’outil de mesure choisi. Dans la plupart des cas, notamment dans les préconisations de De Landsheere concernant l’application au français des formules anglo-saxonnes, la phrase est définie graphiquement. Cette considération n’est pas inintéressante car dans notre travail, où nous avons décidé de mesurer la lisibilité de textes pour des enfants entre 9 et 11 ans, il s’agit de se mettre à la place d’un élève dans cette tranche d’âge et de comprendre où sont les problèmes de lisibilité. A cet âge, la phrase au sens graphique est l’unité que les élèves repèrent en premier, avant les propositions 18 . En effet, en 2016, Avram a étudié auprès d’élèves de 6e et 5e (entre 11 et 13 ans) comment ils définissaient la phrase. Son premier constat est qu’aucun élève ne parle de la notion de « propositions », malgré le fait que cette notion fasse partie intégrante des programmes et des manuels scolaires de français pour ces classes. La plupart des élèves évoquent le caractère graphique et syntaxique plutôt que sémantique (ibid ). Beaucoup d’entre eux évoquent qu’une phrase « commence par une majuscule et se finit par un point » (ibid, p. 10) alors que d’autres parlent de « sujet, verbe, compléments » (ibid, p. 11). Nous pensons que des élèves plus jeunes auront le même raisonnement. Tomassone 18. Nous considérerons la notion de proposition comme celle définie par la grammaire de l’école : unité syntaxique constituée d’un verbe et de ses dépendants ; elle peut avoir plusieurs qualificatifs comme "coordonnée", "relative" ou encore "indépendante" (voir Chervel (1977) pour les discussions autour de la grammaire scolaire). 62 expliquait en 2002 que la phrase au sens graphique est « sans doute la plus courante et celle qui peut sembler la plus incontestable à première vue [. . . ] : la phrase est une suite de mots délimitée au début par une majuscule et à la fin par un point (un signe de ponctuation forte) » (p. 108). Cette définition est aussi celle la plus largement répandue dans les manuels scolaires (Paolacci et Rossi-Gensane, 2012). De plus, la phrase au sens graphique est intéressante à utiliser dans les formules car plus commode, mais les problèmes de lisibilité ne se réduisent pas à la phrase graphique. Il faut aller regarder comment les éléments s’articulent entre eux à l’intérieur et à l’extérieur de l’énoncé. Nous avons donc décidé de laisser de côté la notion de sous-phrase, pour nous intéresser à la proposition, qui relève plus du niveau syntaxique que du niveau sémantico-logique (ce qui va dans le sens des conclusions d’Avram. Dans nos analyses syntaxiques, il sera intéressant d’alterner les échelles d’observation : se concentrer sur la phrase graphique, sur une échelle plus petite comme la proposition, ou encore d’observer les constructions centrales, ou bien prendre en compte le texte dans sa globalité, le but étant d’examiner la manière dont se construit syntaxiquement le discours. 1.3.1.2 Notion de mot Pour le profane, un mot est un élément situé entre deux espaces blancs d’un texte ; pour les linguistes, la question est plus complexe. Au cours du temps, le mot a été défini comme un élément syntaxique minimal, une unité intonative, un composant significatif en lien avec un emploi grammatical précis et enfin une unité graphique (Fruyt et Béguelin, 1990). Le problème est que le mot semble plutôt se trouver au carrefour de ces quatre aspects que dans une case précise. Tout d’abord, la prise en compte du caractère graphique du mot (Apothéloz (2002) parle de convention orthographique) tend à se questionner sur la place de l’apostrophe (l’abolition : 1 ou 2 mots ?), des tirets (est-ce-que : 1 ou 3 mots ?), de certains blancs (pomme de terre : 1 ou 3 mots ?), des points (29.04.1985 : un seul mot ?) ou encore d’une combinaison de plusieurs signes (c’est-à-dire : 1 ou 3 ou 4 mots ?). Le mot, à première vue, ne semble pas être une entité de mesure fiable : en linguistique, il peut correspondre à un morphème (couronne, roi, reine) ou à plusieurs (inacceptable, proposition) (Apothéloz, 2002). Il est donc important de nous questionner sur ce qu’est un mot. Béguelin, en 2000, explique qu’un mot peut être considéré en tant que tel s’il répond, au moins, à un des critères suivants : « avoir une fonction significative, ou une fonction de balisage (i.e. de marquage d’une frontière de syntagme ou de proposition), être une unité minimale de signification et être un segment d’au moins une syllabe » (ibid., p. 45). Un mot répondant à ces trois critères est alors qualifié de « mot prototypique » (par exemple roi, chevalier ). Ceux ne répondant qu’à une ou deux propriétés sont plus « atypiques », tels que les pronoms ou les articles (l’, le), les mots composés (renversement, symbolisation), qui ne sont pas des unités minimales de signification (Béguelin, 2000). La notion de mot est donc plus complexe qu’il n’y parait. Est-ce aussi le cas pour les 63 élèves ? Ont-ils des difficultés pour définir ce qu’est un mot ? Intéressons-nous donc aux élèves. La notion de mot est tout aussi complexe pour les élèves, surtout quand il s’agit de passer de l’oral à l’écrit. Sabio, 2000, Cappeau et Roubaud, 2005 et Cappeau et Roubaud, 2018, ont analysé des productions d’écrits d’élèves et ont montré les difficultés de segmentation des mots tout au long du primaire (de 6 à 11 ans). Les enfants vont souvent faire des segmentations abusives, comme dans l’exemple, « Le roi a la voir la sorcier » ; ou rajoute des consonnes graphiques, comme ici, « la fée est t’entrain de lui faire un bisou » (ibid.). Qu’en est-il au cours de la lecture ? Comment le lecteur fait-il pour reconnaître ce qu’il voit comme un mot ? Les blancs entre les lettres, le sens, le contexte ? Il semblerait que ce soit à la fois une reconnaissance visuelle et sonore (Le Guay et Robert, 2003). Les élèves mettent donc en relation les lettres pour visualiser les graphèmes, puis les transcrivent en phonèmes qui prennent du sens. La reconnaissance du mot n’est pas qu’une identification d’un ensemble de lettres entrecoupées de blanc, il est aussi « reconnu visuellement, auditivement et sémantiquement » (ibid., p. 28). Dans le cadre de cette étude, nous avons fait le choix de suivre les propositions de De Landsheere concernant l’application des formules anglo-saxonnes au français. Cela impose de considérer le mot au sens graphique, mais pas uniquement : les formes élidées ne comptent que pour un mot, tout comme les millénaires, les abréviations ou encore les mots composés. En faisant ces choix, nous ne perdons pas de vue le mot comme un ensemble de caractères entouré de blanc, en ajoutant quelques particularités. 1.3.1.3 Notion de syllabe A première vue, dans sa conception la plus générale, la syllabe est une unité physique que n’importe quel lecteur serait capable de comptabiliser (travaux de Derwing (1992) cités par Ridouane, Meynadier et Fourgeron, 2011). Toutefois, du point de vue de la linguistique, il faut aller plus loin que cette simple considération. Si nous cherchons la définition de la notion de syllabe dans un dictionnaire spécialisé, nous pouvons lire qu’elle « correspond à la structure fondamentale qui est à la base de tout regroupement de phonèmes dans la chaîne parlée » (J. Dubois et al., 2012, p. 459). Cependant cette vison reste très réductrice, et les linguistes voient plutôt la syllabe comme une unité phonologique composée de segments. En réalité, du point de vue de la recherche, c’est une notion qui fait toujours débat, sa définition que ce soit sur le plan « physique » ou « cognitif » ne fait pas l’unanimité, comme l’explique Meynadier (2001) : « Comme nombre d’autres unités linguistiques de la parole [...], la syllabe pose de réels problèmes de formalisation dans les représentations phonologiques et de détermination physique et/ou psychologique » (p. 102). Dans tous les cas, la syllabe semble être « la manifestation d’une intuition linguistique très forte » (Ridouane et al., 2011, p. 227). Ce problème de définition ne va pas sans difficultés. Labasse explique alors que « le caractère approximatif de la notion de syllabe induit une marge d’erreur très importante pour un 64 évaluateur humain » (Labasse, 1999, p. 95). En effet, en France, par exemple, la notion de syllabe peut varier selon la prononciation du mot dans la région considérée, nous retrouvons aussi des variations entre l’oral et l’écrit (comme expliqué p. 40 de cette thèse). Par exemple, le mot girafe, la majorité des francophones le prononceront [Ziraf], d’autres variantes régionales proposeraient plutôt [Ziraf@]. Comme précédemment, nous devons faire un choix sur la manière de compter les syllabes, et il nous semble intéressant d’aller dans le sens des outils de mesure de la lisibilité et plus particulièrement dans le sens des travaux de De Landsheere : nous compterons toutes les syllabes ("e" muets compris). L’important est d’appliquer les mêmes règles de comptage pour tous les textes que nous allons analyser afin de permettre une étude comparative. 1.3.1.4 Rareté d’un mot Une autre remarque concerne la notion de rareté des mots. Comment peut-on déterminer qu’un mot est rare, plutôt qu’un autre ? Pour Flesch (1949), cette rareté se mesure en prenant en compte la longueur. Pour Mesnager (1989), cet argument ne semble pas fiable. Pour le vérifier, il a décidé d’effectuer deux tests sur son corpus à l’aide de la liste orthographique de Catach (liste décrite plus loin, p. 103) et d’un programme informatique. Il a, tout d’abord, voulu vérifier la corrélation entre longueur et rareté des mots. Après analyse, les résultats montrent une linéarité entre ces deux paramètres : a posteriori « plus un mot est long, plus il est rare ». Ces premiers résultats, bien qu’allant dans le sens de l’hypothèse de Flesch, sont insuffisants. Selon lui, les élèves peuvent aussi avoir des difficultés avec des mots courts. Pour vérifier cela, il a comparé deux méthodes d’évaluation. D’un côté il a classé les textes selon le nombre de mots absents de la liste de Catach, de l’autre, il les a ordonnés selon le nombre de syllabes pour 100 mots. Ses résultats sont édifiants : les deux classements ne sont pas identiques alors qu’ils devraient l’être, s’il y avait un vrai lien entre rareté et longueur (le coefficient de corrélation entre ces deux variables est de 0.6 19 ). En approfondissant son travail, Mesnager démontre qu’il existe un lien entre rareté et longueur des mots (corrélation forte) dès lors qu’il s’agit de mots ayant une fréquence d’apparition faible (Mesnager, 1989). En effet, Caron expliquait en 1989 que le cerveau a tendance à privilégier l’usage de mots courts, les rendant donc plus fréquents dans le langage. Ces facteurs psycholinguistiques sont pourtant discutés par les études de Labasse et Thoiron (2002) : « The relationship between word length and word frequency might come from statistical factors 19. En statistique, étudier la corrélation entre deux ou plusieurs variables, c’est chercher un lien entre celles-ci, le coefficient de corrélation est toujours compris entre 0 et 1 ; 0 veut dire qu’il n’existe aucun lien entre ces deux variables, 1 signifie que le lien est très fort, pour des explications plus poussées, voir p. 228 de cette thèse). 65 as much as (or even more) from psycholinguistic factors » (p. 100). La prise en compte de la rareté d’un mot ne peut être écartée dans l’étude de la lisibilité. Pourtant, dans la suite de notre recherche, nous ne nous concentrerons pas sur le niveau de rareté des mots, mais plutôt sur leur niveau d’opacité (nous définirons cette notion dans la suite de notre travail). 1.3.1.5 Niveau scolaire Un certain nombre de formules de lisibilité ont pris le parti de faire coïncider leurs résultats de mesure avec un niveau scolaire 20. Cependant cette considération peut poser plusieurs problèmes. Le premier est en lien avec l’époque à laquelle a été élaborée la formule. En effet, les modèles, tels ceux de Flesch ou encore de Gunning, ont été développés aux alentours des années 1950 ; les correspondances avec les classes de l’époque ne seraient sûrement pas les mêmes qu’aujourd’hui puisque, par exemple, les exigences scolaires ont évolué avec le temps. Le second problème intervient dans le concept même de niveau scolaire : il implique qu’au sein d’une même classe, tous les élèves ont à peu près le même niveau. Or, comme l’explique Houssaye en 2012 : « l’hétérogénéité cognitive n’a cessé de s’imposer dans les classes, même si l’hétérogénéité sociale et l’hétérogénéité culturelle, elles, ont eu des statuts variables à l’école » (p. 227). La troisième interrogation porte sur les équivalences de niveau scolaire entre pays. En effet, chaque recherche se positionne la plupart du temps dans un pays particulier. Par exemple, lorsque Flesch donne une équivalence entre son score de facilité et un niveau scolaire, il se place dans le cadre de son pays, les États-Unis. Par facilité, il est possible de trouver la classe équivalente en France (exemple : en France le CM2 équivaut au 5th grade américain, élèves de 10 à 11 ans), néanmoins il est difficile de dire si les élèves finissant une classe donnée ont les mêmes acquis dans deux pays différents ; et là encore la question de l’hétérogénéité des classes se pose : les classes aux États-Unis sont-elles plus homogènes en termes de performance qu’en France ? Toutes ces questions restent difficiles à élucider. La plupart des formules de lisibilité précisent cependant qu’il s’agit d’un niveau attendu, c’est-à-dire que l’on considère qu’à un niveau donné, les élèves doivent être efficaces dans telle ou telle tâche ou compétence. Le résultat indiqué par la formule de lisibilité doit donc être pris avec prudence, car il est certain que si elle indique qu’un élève de CM2 comprend le texte analysé, ce ne pas sera le cas pour tous les élèves. Certains seront capables de comprendre des textes plus complexes, d’autres en seront incapables. Pour pallier ces difficultés, des chercheurs proposent une équivalence avec un certain type de textes. le texte est difficile et de niveau fin secondaire, cf figure p. 42). Notre étude s’intéresse aux textes présents dans les manuels scolaires, cette problématique est donc en lien direct avec notre objectif de déterminer si les textes présents dans les livres d’histoire sont lisibles pour des élèves de 9 à 11 ans. Les résultats que nous trouverons seront liés à un niveau scolaire, comme nous l’avons vu avec les tableaux de correspondance entre niveau de lisibilité et niveau scolaire (par exemple figures I.1.7, p. 42). Cependant, ce n’est qu’un niveau donné à titre indicatif, cela ne veut pas dire qu’un élève plus expérimenté aura des facilités pour comprendre le dit texte ou qu’un élève plus jeune aura nécessairement des difficultés. Les résultats seront un niveau moyen possible/théorique. En revanche si les résultats de lisibilité indiquent que le texte est abordable pour des élèves en fin d’enseignement supérieur, il ne fera aucun doute qu’il sera trop difficile à aborder par des élèves en fin d’enseignement primaire. Une nuance sera donc apportée aux résultats que nous obtiendrons. 1.3.2 Regards sur les paramètres laissés dans l’ombre La prise en compte des variables empiriques ne semble pas suffisante et de nombreux paramètres linguistiques devraient être considérés dans la mesure de la lisibilité. Dans cette partie, nous ferons l’inventaire d’un certain nombre de paramètres, absents dans les formules de lisibilité, mais tout aussi importants dans l’étude de la lisibilité des textes. 1.3.2.1 La dimension/organisation du texte Le premier facteur influençant la lisibilité est la syntaxe. Richaudeau, dans ses études sur les phrases des textes littéraires des auteurs classiques, souligne le fait suivant : « Au sein d’une phrase certaines tournures syntaxiques appelleront d’autres tournures ; procédé permettant de construire des phrases longues sans pour autant nuire à leur compréhension. Elles seront jalonnées par des “poteaux indicateurs” grammaticaux : qui sont [des] mots fonctionnels de liaison. » (1988, p. 59), comme dans l’exemple p. 59. Richaudeau donne l’exemple suivant, en le présentant avec une représentation rythmo-typographique et en rhèse (Richaudeau, 1988, p. 46). : « Ensuite il récita le Misereatur et l’Indulgentiam trempa son pouce droit dans l’huile et commença les onctions : d’abord sur les yeux qui avaient tant convoité toutes les somptuosités terrestres ; puis sur les narines friandes de brises tièdes et de senteurs amoureuses puis sur la bouche, 67 qui s’était ouverte pour le mensonge qui avait gémi d’orgueil et crié dans la luxure ; puis sur les mains qui se délectaient aux contacts suaves et enfin sur la plante des pieds si rapides autrefois quand elle courait à l’assouvissement de ses désirs, et qui maintenant ne marchaient plus. » (extrait de Madame Bovary de Flaubert, 1 seule phrase) Pour information, la représentation rythmo-typographique est une manière de représenter un texte à l’écrit qui retranscrit le rythme de la récitation. En effet, pour Jousse, précurseur de la notion, les mécanismes de la connaissance et de la mémoire sont en lien avec la manière de réciter (cela inclut les gestes, la mélodie de la voix, etc.)(Jousse, 1974a et 1974b, mais aussi les travaux de Richaudeau (1986)). Le découpage en rhèse est une « petite phrase ou membre de phrase qui a une signification par elle-même, c’est-à-dire qui peut former une unité de pensée », (définition de Cartier citée par Ehrlich et Tardieu, 1985, p. 96). N’importe quel texte peut être segmenté en rhèses. Ce découpage permet, notamment, d’adapter le texte pour un public spécifique, comme les personnes ayant des troubles dyslexiques. Des méthodes numériques ont même été développées pour permettre un mise en forme automatique des textes en rhèse (Nin, Pineau, Daille et Quiniou, 2016).
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Un nouvel Anophthalmus de l'Ariege
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380 Bulletin de la Société entomologique Observations de France. diverses. Papillon capturé par une fleur. — M. É. Rabaud fait passer sous les yeux de la Société un individu àeCelaena tuatuni Hbn .[Lep.Noctuidae], qui s'étant posé sur un capitule de Bardaue, a été retenu par les crochets des bractées et y est mort après s'être en vain débattu. Communications. Un nouvel Anophthalmus de l'Ariège [Col. Carabidae] par A. Argod- Vallon. Trechus (Anophthalmus) Saulcyi, n. sp. — Long. 3,3 mil!. Forme grêle, peu convexe ; coloration pâle ; téguments glabres entre les grandes soies. Tête aussi longue que large, arrondie, convexe, plus étroite que le prothorax, à sillons frontaux profonds et complets. Pas de trace d'yeux. Antennes fortes, atteignant les deux tiers de la longueur du corps; second article plus court que les suivants. Mandibules fortes, un peu moins longues que la tête. Pro thorax grand, cordiforme, fortement rétréci à la base; disque convexe, à impression longitudinale bien marquée ; angles antérieurs saillants, gouttière marginale très étroite, non interrompue vers la base ; les côtés du prothorax se rétrécissent dès le quart antérieur et se redressent légèrement avant la base, sans former d'encoches; les angles postérieurs sont à peu près droits avec la pointe bien mar- Fig. 1. — Anophthalmus Saulcyi Argod-Vallon, x 10. quée. Impression transversale de la base assez large. Écusson légèrement rugueux, arrondi en arrière. Élytres convexes, glabres, en ova- le arrondi, un peu déprimés vers la suture; stries peu profondes, non ponctuées, effacées en arrière et sur les côtés. Pattes courtes et grêles; tarses intermédiaires un peu plus longs que la moitié du tibia. Séance du 22 octobre 1913. 381 Cette espèce nouvelle est voisine de VA. Vulcanus Ab. dont elle diffère par sa tète plus arrondie, son prothorax dont les angles postérieurs n'ont ni encoche, ni fossettes et dont le pore sétigère postérieur se trouve plus en avant, par ses élytres plus ovalaires et non parallèles, avec des stries plus superficielles et non ponctuées. Elle se distingue encore aisément de l'A. galliciis Delar., autre espèce glabre pyrénéenne, par la forme de sa tète et de son prothorax et par la striation de ses élytres. Cette intéressante espèce, que j'ai soumise à notre collègue le D"" R. Jeannel, qui a bien voulu se charger de la dessiner, a été prise dans les Pyrénées, à l'entrée de la grotte d'Aubert (Ariège), en compagnie des A. Orpheus Dieck et A. Trophonius Ab. (1 exemplaire mâle, ma collection.) Je la dédie à la mémoire de feu mon excellent ami F. de Saulcy, qui m'a fait don de ses riches collections de Coléoptères cavernicoles et hypogés. Description d'un Aphaenops nouveau des Basses-Pyrénées [Col. (^arabidae] par Cil. Fagniez. Aphaenops orionis, n. sp. — Long. : 6,1 mill. — Du groupe des espèces à prothorax glabre et non cordiforme. Corps allongé. Tête forte, en ovale arrondi, convexe, lisse, plus large que le prothorax, présentant sa plus grande largeur vers son milieu, articulée avec le prothorax par un cou rétréci, étranglé; sillons frontaux incomplets, arqués, assez divergents en arrière; six pores sétigères : deux supraorbitaires, deux vers l'extrémité du sillon frontal et les deux autres situés un quart avant la base. Labre légèrement arqué. Antennes de la longueur du corps, très pubescentes, à premier article robuste, les autres grêles. Pro thorax court, arrondi, très convexe, presque globuleux, présentant sa plus grande largeur peu avant le milieu, à ligne médiane entière aboutissant en arrière à une forte dépression basale ; côtés rebordés, portant un pore sétigère au quart antérieur et un autre presque à la base, à angles postérieurs subaigus et légèrement divergents. Élytres ovalaires, à épaules bien accusées ; leur plus grande largeur peu après le milieu, à sommet obtus; côtés entièrement re- 1914. "Un nouvel Anophthalmus de l'Ariege." Bulletin de la Société entomologique de France 1913, 380–381. https://doi.org/10.5962/bhl.part.16303. View This Item Online: https://www.biodiversitylibrary.org/item/36377 DOI: https://doi.org/10.5962/bhl.part.16303 Permalink: https://www.biodiversitylibrary.org/partpdf/16303 Holding Institution Smithsonian Libraries and Archives Sponsored by Smithsonian Copyright & Reuse Copyright Status: NOT_IN_COPYRIGHT This document was created from content at the Biodiversity Heritage Library, the world's largest open access digital library for biodiversity literature and archives. Visit BHL at https://www.biodiversitylibrary.org. This file was generated 22 September 2023 at 02:20 UTC.
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Territoires Numériques Territoires numériques Par Pierre Musso Pierre Musso est professeur à l'Université de Rennes 2, directeur du master « Innovation, réseau et usages des TIC ». Il a récemment publié une Critique des réseaux, PUF, 2003 ; L'actualité du saintsimonisme, colloque de Cerisy (dir.), PUF 2004 ; Le vocabulaire de Saint-Simon, Ellipses, 2005. Il a animé le groupe de prospective « Territoires et cyberterritoire en 2030 » de la DIACT et France Télécom R&D dont les travaux seront publiés en janvier 2008 à La Documentation Française, coll. « Travaux DIACT ». Ce texte, largement inspiré par ces travaux, a été présenté oralement au séminaire "Penser l'espace" de l'École doctorale animée par Jacques Lévy à l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne, au mois de mai 2007. Chapô Qu'est-ce qu'un « territoire numérique »? Un territoire virtuel dans le cyberespace comme l'entendent les adeptes de la cyberculture? Un territoire physique aménagé par des réseaux téléinformatiques comme l'entendent les politiques d'aménagement du territoire? Pierre Musso y voit plut ôt un en chevêtrement complexe de deux mondes, le cyber et le territo ire, où nous sommes désormais appel és à résider. L'étrange notion de « territoire numérique » marque l'extension au territoire de l'adjectif numérique déjà appliqué à l'homme (Nicholas Negroponte), à la ville (Bill Mitchell) 1, au monde, à l'identité même, ainsi qu'à la « fracture numérique ». Si l'extension de la notion fait douter de sa consistance, elle porte en elle une technologisation de l'objet dont elle s'empare. « Territoire numérique » signifie en premier lieu que le territoire est en train d'être – et devrait être – technologisé, voire transformé en bits d'informations, « dématérialisé », liquéfié voire liquidé. Cette affirmation techniciste suggère la fiction d'un cyberespace défini comme une étendue débarrassée des contraintes physiques et institutionnelles de la territorialité. En second lieu, cette notion évoque la superposition de réseaux techniques sur le territoire, réseaux qui l'anamorphosent2. Dans le premier cas, le territoire disparaîtrait au profit du cyberespace destiné à s'y substituer, dans le second deux mondes, l'un physique et l'autre numérique, coexisteraient et s'articuleraient. Évoquer le territoire numérique, c'est bien souvent entretenir la confusion entre ces deux interprétations : l'une simpliste mais séduisante (du point de vue de la « cyberculture, voire de la science-fiction), celle d'un territoire digitalisé ; l'autre, plus complexe et plus problématique, évoque un second monde artificiel noué au territoire existant. Ou bien il s'agit de dissoudre le territoire grâce à la technique, de le « déterritorialiser » au sens où il serait délocalisé dans l'informationnel et le « virtuel » ; ou bien il s'agit d'enrichir et d'augmenter le territoire à l'aide de réseaux techniques et d'outils logiciels. Mais aucune de ces deux interprétations n'est en général retenue dans les politiques publiques, notamment locales, qui usent et abusent de cette terminologie. L'effacement du territoire, socle de 1 Nicholas Negroponte, L'homme numérique, trad. de l'américain par Michèle Garène, Laffont, 1995 ; W. J. Mitchell, City of bits : Space, Place, and the Infobahn. Ed. MIT Press, 1996. L'anamorphose désigne la déformation d'une image à l'aide d'un système optique ou d'un programme informatique. L'anamorphose produit des représentations diverses d'une même réalité. 2 légitimité de tout pouvoir, est tout aussi impensable que la coexistence voire la concurrence de deux territoires quoique Second Life3 intrigue et oblige les acteurs publics à s'y intéresser, et même à s'y installer. Mais ce qui est considéré comme essentiel, constitutif d'un véritable territoire numérique, tangible en quelque sorte, ce sont les réseaux implantés sur le territoire physique et les téléservices associés. Du point de vue des politiques publiques, le territoire numérique est donc d'abord pensé comme un territoire équipé de réseaux téléinformatiques, par analogie avec les réseaux de transport. Il évoque alors immédiatement l'idée de « fracture numérique », car le véritable enjeu serait celui de la couverture homogène d'un territoire par des réseaux techniques indispensables pour le moderniser et renforcer son « attractivité », au même titre que les routes ou les chemins de fer au moment de la révolution industrielle. Pour déconstruire cette notion simpliste, il faut donc examiner sa généalogie de manière à mettre en évidence son ambiguïté (1) pour montrer que le flou de la notion occulte un vrai problème (2), à savoir : comment penser la complexité du cyberspace qui devient un second monde (3). 1. L'ambiguïté de la notion de « territoire numérique » La notion est apparue4 au tournant du millénaire, au moment où naissaient les promesses d'une « nouvelle économie », sous l'influence de trois facteurs majeurs. Le premier est la dérégulation du secteur des télécommunications qui mit fin aux monopoles publics nationaux et aux logiques associées d'égalité d'accès de tous les usagers sur l'ensemble du territoire. Le deuxième facteur, c'est, notamment en France, le rôle croissant des collectivités territoriales en matière de télécommunications. Le troisième facteur est la transformation des politiques aménagement du territoire qui adoptent de plus en plus des logiques économiques de management des territoires dans le cadre de la concurrence internationale, en vue de conserver ou attirer entreprises, compétences et emplois. La libéralisation des télécommunications entraîne un désengagement progressif de l'État et la montée en puissance de nouveaux entrants : opérateurs concurrents de l'opérateur historique et collectivités locales, à la la fois utilisatrices et médiatrices dans l'offre de services sur leur territoire. Dans la France du « colbertisme high-tech »5 où l'État était omniprésent, à la fois exploitant des réseaux et des services, régulateur et pilote des politiques industrielles, cette dérégulation introduit des bouleversements. Dès les années 1990, l'État entreprend de transférer ses responsabilités dans trois directions : vers des autorités de régulation indépendantes, vers le marché par le soutien à la concurrence et vers les collectivités locales dans un contexte de décentralisation. Ce désengagement de l'État s'opère « à coups de lois » dans un processus continu de surréglementation accompagnant souvent des directives européennes, au terme duquel l'opérateur historique (France Télécom) assure un « service universel » téléphonique sur tout le territoire. Mais s'agissant de la téléphonie mobile et des réseaux à haut débit, l'Etat doit corriger les défaillances du marché qui privilégie les zones à forte densité de population où la rentabilité est garantie. Si la concurrence a entraîné une baisse des tarifs, elle a aussi accentué les inégalités territoriales, incitant les collectivités locales à intervenir. Jusque là les collectivités territoriales étaient peu intervenues dans le secteur des télécoms. C'est seulement à la fin de la décennie 1970 (plan télématique, plan câble) que ces collectivités locales, 3 Wikipedia définit ainsi Second Life : « Second Life (SL) est un métavers (ou univers virtuel) en 3D sorti en 2003. Il permet à l'utilisateur (le « résident ») de vivre une sorte de « seconde vie » (second life en anglais). La majeure partie du monde virtuel est créée par les résidents eux-mêmes. L'univers se démarque également par son économie : les résidents peuvent créer et vendre leurs créations (vêtements, immobilier). Les échanges se font en dollars Linden, une monnaie virtuelle qui peut être échangée contre de la monnaie réelle. » Ainsi existe-t-il un « Observatoire des Territoires Numériques » (OTeN) créé à l'initiative des Régions, ainsi que des « Rencontres des Territoires numérique » dont les premières se sont déroulées en juin 2003 à Agen. 4 5 Voir Elie Cohen, Le colbertisme high-tech, Hachette, 1993. 2 notamment les grandes agglomérations, lancent des politiques de communication et que des élus adoptent la posture de « notables communiquants »6. Après les désillusions du plan câble, seules quelques « technopoles » apparaîtront. Mais au début des années 2000, avec l'explosion de la téléphonie mobile et d'internet et l'engouement suscité par la nouvelle économie, la couverture GSM du territoire, le dégroupage de la boucle locale et l'arrivée des réseaux haut débit (notamment l'ADSL) inaugurent l'ère de l' « aménagement numérique des territoires », renforcé par une deuxième vague de décentralisation. L'ampleur des réalisations sera évidemment très variable selon la taille et les orientations des collectivités. A partir de 1999, les politiques publiques territoriales se transforment profondément. Au niveau européen, un Schéma de Développement de l'Espace Communautaire (SDEC) a introduit une nouvelle définition qui combine aménagement, management et ménagement du territoire en visant des objectifs de cohésion sociale, de compétitivité et de développement durable. Orientation confirmée avec la stratégie dite de Lisbonne (2000) et le lancement du programme « i-2010 » dans le domaine des TIC. C'est dans cette perspective que les politiques publique françaises opèrent en une dizaine d'années un glissement majeur, du principe d'égalité au principe d'équité, puis à la notion d'attractivité des territoires. Avec la deuxième vague de décentralisation de 2003, le lancement des « pôles de compétitivité » et « d'excellence rurale » (2005-2006) et la transformation de la DATAR en DIACT (Délégation à l'aménagement et à la compétitivité des territoires), la compétitivité devient le nouveau sésame des politiques territoriales. Dans le contexte de la mondialisation, l'attractivité des territoires vise à relocaliser les industries et l'innovation en suscitant des synergies dans l'« écosystème » territorial considéré comme un quasi-facteur de production plus ou moins favorable au développement des bassins d'emploi. Mais tandis que les TIC deviennent un axe majeur des politiques publiques, l'État transfère ses responsabilités aux collectivités et aux opérateurs, tout en tenant un discours mobilisateur. C'est alors qu'apparaissent les cartes révélant la fracture numérique territoriale, formulée en termes d'infrastructures et d'accès aux réseaux. Les « retards » constatés inspirent une ardente obligation de « rattrapage » et le retrait effectif de l'État s' d'une prolifération rhétorique sur la « société de l'information », la « révolution numérique », « l'économie de la connaissance » ou « l'économie de l'immatériel » : l'Etat impécunieux invite d'autant plus les acteurs territoriaux à investir et s'investir dans les TIC que lui-même cherche à se décharger de ce fardeau. Ainsi, au terme d'une série de textes et de décisions7, le grand virage est opéré avec la loi pour la confiance dans l'économie numérique du 21 juin 2004, dont l'important article 1425-1 du Code général des collectivités territoriales étend sensiblement les compétences. La portée de ces politiques conduites sur une décennie est double. Face au « défi numérique » 8, l'action publique territoriale est invitée à se technologiser pour se renouveler. 6 Jean-Paul Simon, « Petite histoire des politiques de communication locale de 1970 à nos jours », dans Stratégies de communication et territoires, pp. 125-151, sous la dir. de Pierre Musso et d'Alain Rallet, L'Harmattan, 1995. Paris. 7 Depuis les lois du 29 décembre 1990 sur la réglementation des télécommunications modifiée en 26 juillet 1996, jusqu'aux lois de décembre 2003 et du 21 juin 2004 sur la confiance dans l'économie numérique. 8 Titre d'un ouvrage de l'Association des Régions de France. 3 Mais le fait majeur est le sous-investissement financier de l'État dans le secteur des TIC (réseaux et services) comparé à d'autres pays, tandis que les collectivités locales s'engagent dans des projets multiples dont le coût d'investissement s'élève déjà à un milliard d'euros début 2007. Elle trouvent là des « projets mobilisateurs » et, dans certains cas, espèrent conforter leur propriété des réseaux sur le modèle des routes ou des réseaux urbains. 2. Une notion floue et un vrai problème La numérisation engendre ainsi un discours idéologique construit à partir de la technique. Comme le souligne Pierre Legendre, le dogme du Management « est la version technologique du Politique »9. L'enjeu est de définir le territoire numérique comme un territoire compétitif au sens managérial du terme, celui de l'entreprise compétitive. Le numérique est ainsi institué en véritable mythe rationnel s'identifiant à la modernité, au futur, au progrès, au développement économique, à l'innovation sociale et culturelle. Il circule ainsi d'un registre à l'autre pour colmater les brèches des politiques locales en manque de symbolique et de vrais projets mobilisateurs. Le territoire numérique est mis en images, théâtralisé et dramatisé sous la forme de cartes révélant des fractures entre zones « noires », « grises et « blanches ». Ces dernières désignent les territoires délaissés, sortes de nouveaux déserts de l'aménagement du territoire, par référence au célèbre ouvrage de François Gravier, Paris et le désert français, publié en 1947. Mais cette fois, ce sont les collectivités locales qui sont requises pour corriger les défaillances, tant de l'État que du marché. L'image fonctionne par analogie avec les infrastructures de transports. Historiquement, la Révolution française avait imposé une représentation « naturelle » des frontières politiques du territoire national, alors qu'il s'agissait d'une construction juridique singulière liée à la formation de l'Etat nation : le territoire national est « l'espace conquis par l'administration étatique »10. Le Monde en réseau, chapitre d'une étude pour la DATAR de VillEurope et Jacques Lévy, « Jeux de cartes, nouvelle donne ». DATAR, 2002. 11 4 nouent en quelque sorte avec le territoire pour l'augmenter – au sens où l'on parle de « réalité augmentée » – pour l'enrichir et enrichir les actions et les rencontres entre acteurs. La notion de territoire augmenté ou hyperterritoire doit être comprise de manière à la fois extensive (territoire étendu) et intensive (intensification des capacités du territoire et de ses résidents). Le territoire est « augmenté » quand les capacités des personnes, des entreprises et autres institutions se trouvent amplifiées par des ressources auxquelles on accède via le réseau : informations, outils, applications, services. En ce sens, le RET engendre un « hyperterritoire », double du territoire physique, qui accroît les capacités d'actions et d'échanges de ses résidents. Le cyberespace entendu comme l'ensemble des systèmes d'information planétaires dont internet n'est que l'espace public ouvre un deuxième monde parallèle articulé au territoire mais très différent de lui car il obéit à une toute autre logique. Dans l'espace, la rencontre de ces deux mondes ne s'opère que ponctuellement en certains noeuds de commutation, quand le site et le lieu se superposent : par exemple dans la représentation d'une ville et de son site web. Mais ce site ne donne évidemment qu'une image partielle du lieu et des services qui s'y trouvent localisés. Dans le temps, en revanche, nous allons et venons tous les jours et toujours plus durablement entre notre monde ordinaire et celui du cyberespace. Les représentations collectives des espaces qui forment territoire sont donc brouillées et déstabilisées par le cyberspace qui peut agir simultanément, en surimpression sur mêmes référents. Nous habitons et nous habiterons de plus en plus dans deux mondes dont le second est fort mal connu et encore très imparfaitement représenté par Second Life. Comment le comprendre, le cartographier, le mesurer, le représenter? Existe-t-il une hypercarte pour cet hyperterritoire? Les RET entraînent un changement de paradigme, d'autant qu'avec l'« internet des objets » les échanges informationnels, aujourd'hui restreints aux ordinateurs et aux « petits écrans » des téléphones mobiles vont encore se multiplier. En attendant, nous échangeons et nous travaillons de plus en plus dans le cyberespace : comment le caractériser, définir ses attributs, en cerner la logique, voire en définir la « grammaire »? 3. Le défi : affronter la complexité du cyberespace La coexistence ou plutôt l'entremêlement du territoire physique avec le cyberespace aura des implications profondes pour nos représentations sociales et mentales. Les télécommunications contractent l'espace-temps, modifiant notre perception des distances en permettant des relations quasi-instantanées entre acteurs physiquement éloignés. L'indifférence à la distance se combine avec le caractère « immatériel » de ce que transmettent les réseaux d'information pour entretenir l'ubiquité. Nous sommes alors confrontés simultanément à deux logiques, celle du territoire faite de « maillage et de treillage » (selon la formule de Roger Brunet) et celle du cyberespace à « ubiquité logique absolue ». La co-construction de représentations sociales est commune au territoire et au cyberespace mais, dans un cas, elles sont inscrites en un lieu de projection identitaire et, dans l'autre, elles se constituent dans des « réseaux » souvent éphémères fonctionnant sur le mode des essaims, dans un espace mondial abstrait, fluide, instable et non localisé. Le cyberespace n'est pas seulement un espace de l'information, il est devenu un espace multiforme d'actions et de rencontres où s'échangent des représentations sociales et se confrontent des « cartes mentales » d'acteurs. Les points de vue des acteurs, leurs projets, les imaginaires et les valeurs s'y rencontrent, collaborent ou s'y affrontent. Dans cet espace riche d'actions, de simulations et de partage de représentations les « communautés » d'intérêt ou d'affinités sont a-territoriales. Alors que sur le territoire physique l'institution politico-administrative est censée dire le vrai et le droit, le cyberspace obéit à une socio-logique avec des hiérarchies et des conflits fondés sur la réputation et l'image, où 'indicateur d'autorité est la crédibilité et la vraisemblance. 5 Penser le cyberterritoire oblige donc à passer de la topographie à la topologie des représentations sociales des acteurs. Une approche socio-cognitive est nécessaire pour analyser des distances qui dans le cyberspace, ne sont plus physiques, mais sociales, symboliques et mentales. Ne faut-il pas alors, pour le caractériser, construire une hypermétrique à cinq dimensions ajoutant aux quatre dimensions de l'espace et du temps modifiées une cinquième dimension qui serait celle du point de vue des acteurs? En effet, la polarisation dans le cyberespace correspond à un acteur (ou à son avatar) et à sa représentation. La question essentielle est alors de savoir quels sont les « référentiels », les « êtres représentés », quels sont les critères de choix des objets et des êtres, comment leurs attributs sont définis en fonction de leurs projets et de leur activités et comment ils sont identifiés. La nécessité de recourir à des images est l'indice que les concepts et les mots même font encore défaut pour décrire un cyberespace qu'il faut « déterritorialiser » pour le penser. Une piste évoquée dans notre Critique des réseaux et soutenue par Anne Cauquelin12 serait de l'interpréter avec les concepts fournis par le philosophe-ingénieur Leibniz. Dans sa Monadologie il définit un univers abstrait obéissant à une logique multirationnelle et à un ordre multilinéaire en réseau, où chaque monade exprime un point de vue sur le monde et où n'existent que deux types de relations entre monades élémentaires : comparatio ou connexio (comparaison et connexion). Face à une logique virale de dissémination et de prolifération, de connexion et de comparaison entre points de vue, où sont les repères, où sont les références? Certes, les moteurs de recherche et les « agents intelligents » offrent déjà autant de balises logicielles pour aider à s'orienter. Les frontières existent dans le cyberspace, mais elles délimitent des formations culturelles, floues parce que symboliques. En d'autres termes, c'est le sens (la signification et les signes) qui oriente dans le cyberespace. Au-delà des images du réseau faites de polarisations et de flux, il s'agit désormais de manier de nouvelles architectures conceptuelles. Le défi des territoires numériques doit être reformulé : il consiste à interpréter et à créer de nouvelles cartes cognitives permettant à tous les acteurs de collaborer dans le contexte de la mondialisation. Conclusion Traiter des « territoires numériques » selon la logique réticulaire des transports et des « réseaux à agencement partiellement topographiques », c'est se condamner à demeurer dans la « tuyauterie » des réseaux, c'est-à-dire dans des visions de plombier (qui plombent l'analyse). Il faut au contraire reconsidérer l'approche des politiques publiques. Non plus concevoir des territoires numériques comme des espaces dotés de réseaux toujours plus high-tech et à très haut débit, mais comprendre et développer la grammaire et les logiques du seul territoire réellement « numérique » : le cyberespace dont internet est la composante la plus visible et les systèmes d'information des entreprises et des organisations la plus stratégique. Voir notre ouvrage Critique des réseaux, notamment le chapitre 2, PUF, 2003 et la contribution d'Anne Cauquelin au groupe de prospective « Territoire et cyberterritoire 2030 », ouvrage cité, à paraître en janvier 2008. 12.
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Étude et modélisation des courants électriques circulant dans la région F de l’ionosphère. Sciences de la Terre. Université Paris Cité, 2021. Français. &#x27E8;NNT : 2021UNIP7386&#x27E9;. &#x27E8;tel-04351441&#x27E9;
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Étude et modélisation des courants électriques circulant dans la région F de l’ionosphère Martin Fillion HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Thèse préparée à l’INSTITUT DE PHYSIQUE DU GLOBE DE PARIS Université de Paris école doctorale STEP’UP - ED N◦ 560 IPGP - équipe de Géomagnétisme Étude et modélisation des courants électriques circulant dans la région F de l’ionosphère par Martin Fillion présentée et soutenue publiquement le 22 janvier 2021 Thèse de doctorat de Sciences de la Terre et de l’environnement dirigée par Gauthier Hulot devant un jury composé de : Claudia Stolle Professeur (Université de Postdam & GFZ) Erwan Thébault Direct eur de recherche CNRS (Université de Nantes) Vincent Lesur Physicien C NAP (Université de Paris , IPGP) Mioara Mandea Physicienne CNAP (CNES, Paris) Pierdavide Coïsson Physicien Adjoint CNAP (Université de Paris, IPGP) Gauthier Hulot Directeur de recherche CNRS (Université de Paris, IPGP) Rapportrice Rapporteur Président du Jury Examinatrice Invité Directeur de thèse Remerci ements Je tiens, en premier lieu, à remercier Gauthier Hulot pour m’avoir confié cette thèse et pour m’avoir continuellement formé et soutenu au cours de sa réalisation. Merci de m’avoir fait confiance et d’avoir été présent jusqu’au bout. J’ai en particulier apprécié les nombreuses discussions scientifiques que nous avons pu avoir, toujours constructives, et ce malgré plusieurs incertitudes et difficultés qu’il a fallu surmonter. Merci aussi à Arnaud Chulliat et Patrick Alken de m’avoir accompagné au cours de ma thèse ainsi que de m’avoir accueilli à deux reprises à l’université du Colorado à Boulder. Ce fut un véritable plaisir de pouvoir collaborer avec vous et j’espère avoir l’opportunité de poursuivre cette collaboration après ma thèse. Je remercie aussi l’ensemble des membres de mon jury de thèse pour avoir évalué mon travail. Merci à mes deux rapporteurs, Claudia Stolle et Erwan Thébault, ainsi qu’aux autres membres, Vincent Lesur, Mioara Mandea et Pierdavide Coïsson. J’ai trouvé nos discussions au cours de ma soutenance très enrichissantes. Merci tout particulièrement à Pierdavide Coïsson qui m’a soutenu et conseillé au cours de mes années de Master, notamment lors de mes recherches de stage. Merci de m’avoir aiguillé à la fin de mon Master pour que je candidate à cette thèse. Je remercie également l’ensemble des doctorants et chercheurs des équipes de géomagnétisme et paléomagnétisme de l’IPGP. Merci en particulier à Marie, Guillaume, Delphine, Julia, Pierre, Mouloud, Robin, Christian, Tatiana, Olivier, Anohj, Ted, Alex, Théo, Venkatesh et Rémi pour tous ces moments sympas à l’IPGP et en dehors! Merci aussi pour ce magnifique prix ; la compétition fut rude. Venkatesh, en particulier, n’a pas démérité. Merci aussi à mes parents, mon frère et ma grand-mère d’avoir été là durant ces nombreuses années qui, comme vous le savez, n’ont pas été de tout repos. Merci d’avoir toujours cru en moi. Je tiens aussi à adresser un remerciement spécial à mademoiselle Oulé. Cette thèse 3 4 est aussi le fruit de votre infini dévotion et courage. Finalement, merci à toi Roxane (et Kennedy, bien entendu). Merci de m’avoir écouté et soutenu dans les moments difficiles. J’ai une chance immense que tu sois à mes côtés. Résumé Le champ géomagnétique est produit par de nombreuses sources. Parmi les sources les plus importantes, on compte notamment les courants électriques générés par la convection de liquide conducteur dans le noyau externe de la Terre, l’aimantation des roches de la lithosphère, les courants électriques circulant dans l’ionosphère et la magnétosphère, et les courants électriques induits dans le manteau terrestre. Le champ géomagnétique est mesuré en continu à la surface de la Terre dans les observatoires magnétiques et par des magnétomètres embarqués à bord de satellites en orbite basse. Il peut être modélisé de façon empirique en représentant chacune de ses sources par un modèle mathématique paramétré, construit avec les harmoniques sphériques. Les paramètres des modèles sont estimés par inversion de données en utilisant les données magnétiques des observatoires et des satellites. Cependant, ces modèles font en général l’hypothèse que les données magnétiques sont acquises dans des régions sans source, or il est établi que la région F de l’ionosphère - région dans laquelle orbitent les satellites - abrite un système de courants électriques complexe. Le champ produit par ces courants n’est pas pris en compte par la plupart des modèles existants. Dans cette thèse, on se propose d’étudier conjointement les courants électriques qui circulent dans la région F de l’ionosphère et le champ produit par ces courants. Ceux-ci sont étudiés en utilisant les données des observatoires magnétiques du réseau INTERMAGNET et celles des satellites de la constellation Swarm, ainsi que plusieurs modèles empiriques de champ potentiel. Le travail est divisé en deux parties. La première partie correspond à une étude des résidus du champ magnétique - c’est-à-dire le signal restant dans les données magnétiques après avoir soustrait les prédictions des modèles -. Cette étude permet d’identifier plusieurs signaux dans les résidus et de mettre en relation ces signaux avec le champ produit par les courants électriques qui circulent dans la région F de l’ionosphère. La seconde partie utilise ces résidus à travers deux approches. La première se base sur une nouvelle méthode, développée dans le cadre de cette thèse, qui fournit des estimations locales des trois composantes du vecteur de densité de courant électrique en utilisant les trois satellites Swarm. L’algorithme permet en particulier de propager rigoureusement les erreurs à travers le calcul et fournit des barres d’erreur robustes. Cette méthode a été appliquée à la journée du 15 février 2014 aux moyennes et basses latitudes par temps géomagnétique calme. La seconde approche est une étude plus globale. Elle est consacrée au développement d’une série de modèles de champ toroïdal aux altitudes des satellites Swarm. Chacun de ces modèles représente le champ toroïdal moyen sur une sphère, à l’altitude d’un satellite Swarm, et à une heure universelle et une saison Ces modèles permettent d’étudier la climatologie de ce champ et des courants électriques poloïdaux associés. Ils posent les premières bases d’un modèle climatologique du champ toroïdal. Mots clés : Champ géomagnétique ; courants électriques de la région F de l’ionosphère ; satellite s Swarm 8 Abstract The geomagnetic field is produced by many sources. These include the electric currents generated by the convection of conductive liquid in the Earth’s outer core, the magnetization of rocks in the lithosphere, the electric currents flowing in the ionosphere and the magnetosphere, and the currents induced in the Earth’s mantle. The geomagnetic field is continuously measured in magnetic observatories and by magnetometers on board of low Earth orbit satellites. It can be modeled by representing each of its sources with an empirical mathematical model built with spherical harmonics. Model parameters are estimated by data inversion using magnetic data from observatories and satellites. However, these models assume that magnetic data are acquired in regions without any source, yet it is established that the F region of the ionosphere - the region in which the satellites orbit - hosts a complex electric current system. These currents are generally not taken into account by most existing models. In this thesis, we study the F-region electric current system together with the associated magnetic field. We use data from the magnetic observatories of the INTERMAGNET network and from the Swarm satellite constellation, together with several empirical potential field models. The work is divided in two parts. The first one corresponds to a study of the geomagnetic field residuals - i.e. the signal remaining in the magnetic data after substracting the predictions of the models -. This study enables to identify several signals in the residuals and to relate these signals to the field produced by electric currents flowing in the F-region ionosphere. The second part uses these residuals through two approaches. The first one makes use of a new method developed as part of this thesis which provides local estimates of the three components of the electric current density vector using the three Swarm satellites. In particular, the algorithm allows to rigorously propagate errors through the computation. This method has been applied to the day of February 15, 2014 at mid and low latitudes during geomagnetic quiet time. The second approach is a more global study. It is devoted to the development of a serie of toroidal field models at the altitudes of the Swarm satellites. Each of these models represents the mean toroidal field on a sphere, at the altitude of a Swarm satellite, and at a given universal time and season. These models allow to study the climatology of both toroidal field and associated poloidal electric currents. They constitute the first bases for a climatological model of the toroidal field. Keywords : Geomagnetic field ; F-region ionosphere currents ; Swarm satellites Table des matières Avant-propos.................................. 17 1 Les champs principal, lithosphérique, ionosphérique et magnétosphérique 21 1.1 Le champ principal............................ 22 1.2 Le champ lithosphérique......................... 25 1.3 Le champ ionosphérique......... ................ 28 1.3.1 L’ionosphère et ses régions.................... 28 1.3.2 Le champ ionosphérique de la région E aux moyennes et basses la titudes .............................. 30 1.3.3 Le champ ionosphérique de la région F aux moyennes et basses latitudes.............................. 31 1.4 Le champ magnétosphérique....................... 34 2 Données et modèles 2.1 Les données magnétiques........ ................. 2.1.1 Les données des observatoires INTERMAGNET........ 2.1.2 Les indices géomagnétiques Kp et ap.............. 2.1.3 Les données des satellites Swarm................ 2.2 Les équations de Maxwell........................ 2.2.1 Sous la forme différentielle.................... 2.2.2 Sous la forme intégrale...................... 2.3 Les modèles de champ potentiel..................... 2.3.1 Représentation mathématique des champs potentiels..... 2.3.2 Présentation des modèles..................... 11 39 39 39 41 42 45 45 46 48 48 53 12 Table des matières Annexes 2.A Les systèmes de coordonnées magnétiques............... 61 61 3 Étude de la composante Est des résidus du champ géomagnétique 3.1 Calcul des résidus du champ géomagnétique .............. 3.1.1 Les mesures vector i elles des observa toires INTERMAGNET et des satellites Swar m ....... 3.1.2 Formation de deux jeux de modèles............... 3.1.3 Calcul des résidus avec les données des satellites Swarm.... 3.1.4 Calcul des résidus avec les données des observatoires INTERMAGNET............................. 3.2 Étude de la composante Est des résidus le 18 mai 2014........ 3.2.1 Présentation de l’outil...................... 3.2.2 Identification de deux signaux sur la composante Est..... 3.3 Variations diurnes et saisonnières moyennes du signal sur la composante Est des résidus des satellites Swarm............... 3.3.1 Calcul du signal moyen...................... 3.3.2 Variations diurnes du signal moyen en été........... 3.3.3 Variations saisonnières du signal moyen............. 3.4 Discussion................................. 3.4.1 Discussion sur l’origine physique du signal moyen dans les résidus des satellites......................... 3.4.2 Comparaison du signal dans les résidus des observatoires et des satellites dans un même secteur géographique le 18 mai 2014. 3.5 Conclusions................................ 4 Étude locale des courants électriques de la région F de l’ionosphère 93 4.1 Introduction................................ 94 4.2 Data pre-processing and selection.................... 96 4.3 Methodology............................... 97 4.3.1 Formation of prisms....................... 97 4.3.2 Curl-B technique applied to prisms............... 99 4.3.3 Error propagation on the ~p vector............... 100 4.3.4 Inverse problem.......................... 101 4.3.5 Inversion of the Cj matrix.................... 102 4.4 Numerical values of the CR matrix elements.............. 104 4.4.1 Information contained in the scalar residuals.......... 104 4.4.2 Choosing a numerical value for σbias............... 104 4.4.3 Discussion on σerror........................ 105 4.4.4 Chi-square goodness of fit test.................. 107 Table des matières 13 4.4.5 Optimal values of σbias and σerror................ Application to synthetic data ...................... 4.5.1 Synthetic data........................... 4.5.2 Test using error-free synthetic data............... 4.5.3 Impact of errors and biases.................... Application to Swarm data........................ 4.6.1 Interhemispheric field-aligned currents............. 4.6.2 Discussion about the south component............. 4.6.3 Discussion about the east component.............. Conclusion ................................. 109 110 110 111 114 115 122 125 127 128 Annexes 4.A Details on the method algorithm.................... ~ vector and CR matrix............ 4.A.1 Building of the R 4.A.2 Calculation of the ~p vector and error propagation....... 4.A.3 Definition of the G operator................... La source principale du champ géomagnétique est une source interne située dans le noyau externe de la Terre. Ce dernier héberge une dynamo auto-entretenue par les mouvements de convection de liquide conducteur (Hollerbach, 1996 ; Roberts, 2015 ; Aubert, 2019). Le champ magnétique produit par cette dynamo est appelé champ principal ou champ du noyau. Il existe aussi une seconde source interne importante : les roches aimantées de la lithosphère terrestre. Leur aimantation peut être soit induite par le champ principal actuel, soit rémanente, c’est-à-dire acquise à une époque passée et conservée par la roche (D. Dunlop et al., 2015). On considère que les roches aimantées sont contenues en grande partie dans une couche allant de la surface de la Terre à une profondeur appelée profondeur de Curie, qui est de l’ordre de plusieurs dizaines de kilomètres (Thébault et al., 2010 ; Vervelidou & Thébault, 2015). Le champ produit par l’ensemble des roches aimantées est appelé champ lithosphérique. D’autres sources, d’origine externe cette fois-ci, contribuent au champ géomagnétique. Ces sources comprennent tous les courants électriques circulant dans une région s’étendant de la surface de la Terre jusqu’à la limite d’influence du champ principal, appelée la magnétopause (Russell, 2001). Certains de ces courants circulent dans la partie partiellement ionisée de l’atmosphère appelée l’ionosphère. Aux altitudes ionosphériques, la densité est suffisamment importante pour que les collisions entre particules jouent un rôle déterminant dans les processus de génération de ces courants (Kelley, 2009). Ces derniers sont appelés courants ionosphériques et le champ qu’ils produisent champ ionosphérique. D’autres courants circulent au-delà de l’ionosphère, dans la tosphère, où les collisions deviennent négligeables. Celle-ci est définie comme la portion de l’espace où le champ principal domine et où les phénomènes physiques sont régis par ce dernier. Les courants qui y circulent sont générés par des interactions subtiles entre le champ principal, le vent solaire et le champ magnétique interplanétaire (Heikkila, 2011). On les appelle courants magnétosphériques. Le champ associé est lui appelé champ 18 Table des matières Figure 1 – Nature et origine des sources des champs principal, lithosphérique, ionosphérique et magnétosphérique , ainsi que des champs in duit s. magnétosphérique. Les variations temporelles des champs ionosphériques et magnétosphériques produisent aussi des courants électriques secondaires dans le manteau terrestre (Constable, 2015). On appelle ces courants électriques courants ionosphériques induits et courants magnétosphériques induits. On distingue ainsi les champs inducteurs, produits par les courants ionosphériques et magnétosphériques, des champs induits, produits par les courants ionosphériques et magnétosphériques induits. Les premiers sont appelés champs primaires et les seconds champs induits ou champs secondaires. Il est possible de construire des modèles empiriques du champ géomagnétique en représentant le champ de chaque source avec un modèle mathématique paramétré, basé sur les harmoniques sphériques (Hulot et al., 2015 ; Sabaka et al., 2020). Les paramètres de ces modèles peuvent être estimés par inversion de données, en utilisant les mesures du champ par des magnétomètres positionnés sur la surface de la Terre, dans les observatoires magnétiques, ou embarqués à bord de satellites en orbite basse, en particulier à des altitudes entre 300 et 600 km. Ces modèles, cependant, font en général l’hypothèse que les données magnétiques sont acquises dans des régions sans Table des matières 19 source, or les satellites orbitent à l’intérieur de l’ionosphère où circulent les courants ionosphériques (voir la Figure 1). Ces derniers cour sont une des sources d’erreurs majeures dans les modèles existants et comprendre leurs variations spatio-temporelles est donc primordial. Cette thèse s’intéresse spécifiquement aux courants électriques qui circulent aux altitudes des satellites, dans une région de l’ionosphère appelée la région F. Elle s’articule en deux parties. La première consiste en une étude du signal résiduel du champ géomagnétique, c’est-à-dire le signal restant dans les données magnétiques des observatoires et des satellites après avoir soustrait les prédictions des modèles empiriques. Cette étude a abouti à la création d’un outil de visualisation dynamique du signal résiduel. Celui-ci a permis d’identifier des signatures magnétiques claires des courants ionosphériques de la région F. La seconde partie découle quant à elle naturellement de la première. Dans celle-ci, les courants ionosphériques de la région F sont étudiés par le biais de deux approches qui utilisent toutes deux le signal résiduel calculé dans la première partie. La première approche correspond au développement d’une nouvelle méthode permettant d’estimer localement les trois composantes de la densité de courant aux altitudes des satellites. La seconde est une étude plus globale qui utilise une décomposition en harmoniques sphériques du champ toroïdal aux altitudes des satellites pour en déduire le courant. Dans ce manuscrit, nous présenterons au chapitre 1 les caractéristiques morphologiques et temporelles des champs principal, lithosphérique, ionosphérique, magnétosphérique et des champs induits aux altitudes des observatoires et des satellites. Ce chapitre a pour objectif d’introduire un certain nombre de notions importantes, pour ensuite discuter des propriétés de chaque champ. Il est nécessaire de connaître ces propriétés pour pouvoir séparer dans le signal résiduel le champ provenant de la région F de l’ionosphère des autres champs que les modèles empiriques n’auraient pas pris en compte. Les données, les indices géomagnétiques et les modèles empiriques utilisés dans ce travail seront ensuite présentés au chapitre 2. Le chapitre 3 sera consacré à une étude de la composante Est du signal résiduel à l’aide de l’outil de visualisation dynamique. Les signaux que cet outil a permis de mettre en évidence y seront discutés. Les chapitres 4 et 5 traiterons des deux approches utilisées pour étudier les courants de la région F de l’ionosphère. Chapitre 1. Les champs principal, lithosphérique, ionosphérique et magnétosphérique Ce premier chapitre présente les caractéristiques morphologiques et temporelles des champs principal, lithosphérique, ionosphérique et magnétosphérique, ainsi que des champs ionosphériques et magnétosphériques induits, telles que l’on peut les observer dans les mesures des observatoires magnétiques et des satellites. Si l’unité de mesure d’un champ magnétique est le Tesla (T), ces champs sont plus souvent exprimés en nanotesla (nT), qui est plus adapté à la plage de valeurs sur laquelle ces derniers varient. Il convient de présenter les limites de ce chapitre, les sources externes comprenant de nombreux phénomènes dont une description exhaustive sortirait du cadre de cette thèse. De ce fait, on se focalisera sur le champ aux basses et moyennes latitudes terrestres, dont la distinction avec les hautes latitudes est importante pour ce qui concerne le champ ionosphérique. De plus, les sources externes dépendent fortement de l’activité solaire et géomagnétique. Les sections 1.3 et 1.4, qui traitent de ces sources, se concentreront sur les champs par temps géomagnétique calme, dont nous donnerons une définition précise au chapitre 3. Pour discuter ces différents champs, nous utiliserons à plusieurs reprises un concept important en géomagnétisme : l’atténuation géométrique. En effet, tout champ magnétique décroît en intensité lorsque l’on s’éloigne de sa source. En particulier, les petites échelles spatiales sont soumises à une atténuation plus forte que les grandes. Cet effet sera expliqué plus loin au chapitre 2. L’implication importante pour ce chapitre est que les sources les plus proches de la surface de la Terre révèlent plus de Chapitre 1. Les champs principal, lithosphérique, ionosphérique et magnétosphérique détails spatiaux que les sources plus lointaines. 1.1 Le champ principal À la surface de la Terre, le champ principal est constitué d’une composante dipolaire qui représente environ 80% de son énergie totale (Merill, McElhinny, & McFadden, 1998). La Figure 1.1 illustre la géométrie des lignes de champ - les lignes auxquelles le champ est en tout point tangent - de cette composante. Cette dernière présente la particularité d’être axisymétrique. L’axe du dipôle passe par les pôles géomagnétiques Nord et Sud définis comme les points où le champ est purement radial (N et S sur la Figure 1.1). Cet axe est incliné d’environ 11◦ vers l’Amérique du Nord par rapport à l’axe de rotation de la Terre (Turner et al., 2015). Il existe aussi un cercle sur lequel le champ dipolaire est en tout point horizontal. Ce cercle est l’équateur magnétique du dipôle. Figure 1.1 – Croquis des lignes de champ de la composante dipolaire du champ principal (d’après Kelley (2009)). Les pôles magnétiques Nord et Sud sont indiqués par les lettres N et S. Les 20% d’énergie restants représentent la composante non dipolaire du champ principal, qui déforme le champ réel par rapport à celui d’un dipôle idéal. Plusieurs 1.1. Le champ principal 23 caractéristiques morphologiques importantes reflètent la contribution de cette composante. La Figure 1.2 présente l’inclinaison du champ principal - l’angle entre le champ et le plan horizontal - à la surface de la Terre en 2010 telle que prédite par le modèle CHAOS-4α (Olsen et al., 2014). Les contours correspondent aux isoclines, soit les lignes d’inclinaison constante, et sont représentés tous les 2 degrés. Cette figure illustre la distorsion de l’équateur magnétique (en vert sur la Figure 1.2). Celle-ci est particulièrement éloignée de l’équateur du dipôle au-dessus du continent africain, alors qu’elle s’en rapproche au-dessus de l’Amérique du Sud (Campbell, 2003). On note aussi le virage de l’équateur magnétique au-dessus de l’Amérique du Sud. Deux autres caractéristiques importantes sont mises en évidence dans la Figure 1.3, qui présente l’intensité du champ principal à la surface en 2010 telle que prédite par le modèle CHAOS-4α. La première concerne les pôles magnétiques, définis comme les points où le champ est localement vertical. Ces derniers, en effet, ne sont pas antipodaux comme dans le cas du dipôle idéal (Hulot et al., 2015). De plus, le champ au pôle Sud, région dans laquelle ce dernier atteint son maximum d’intensité, audelà de 60000 nT, est plus intense que celui au pôle Nord, autour duquel l’intensité se présente sous la forme d’un double maximum (voir la Figure 1.3). La seconde caractéristique est la zone d’intensité relativement faible au-dessus de l’Atlantique Sud (en bleu sur la Figure 1.3) que l’on appelle malie de l’Atlantique Sud (AAS). Le champ principal y atteint son minimum d’intensité, qui est de l’ordre de 20000 nT. Le champ principal n’est pas statique, mais varie lentement au cours du temps. Ce dernier a une histoire mouvementée qui nous est révélée par l’aimantation des roches de la lithosphère et qui remonte à au moins 3.4 milliards d’années (Tarduno et al., 2015). Tout comme le champ principal actuel, le champ principal ancien était aussi majoritairement dipolaire et a connu des inversions de polarité (Heller, 1980). Ces inversions se sont produites à des périodes allant de plusieurs centaines à plusieurs millions d’années (Cande & Kent, 1995). Le champ principal varie aussi sur des échelles de temps plus courtes, allant de l’année au siècle. Cette variation est connue sous le nom de variation séculaire (A. Jackson & Finlay, 2015). La Figure 1.4 présente la variation séculaire sur les derniers siècles observée dans les mesures de déclinaison - l’angle entre le Nord gé ographique et la projection du champ sur le plan horizontal - et d’ incl inaison à Paris. Sur cet intervalle de temps, celle-ci s’est manifestée par deux aspects : la diminution de l’intensité du dipôle axial - le dipôle orienté dans l’axe de rotation de la Terre - au rythme d’une dizaine de nT.yr−1 (A. Jackson et al., 2000) et la dérive du champ vers l’Ouest (Rochester, 1960). La variation séculaire peut être aussi perturbée par de brusques impulsions appelées sauts de variation séculaire ou geomagnetic jerks en anglais (Alexandrescu et al., 1995). Chapitre 1. Les champs principal, lithosphérique, ionosphérique et magnétosphérique Figure 1.2 – Isoclines (lignes d’inclinaison constantes) du champ principal à la surface de la Terre en 2010 telle que prédites par le modèle CHAOS-4α (d’après Hulot et al. (2015)). Les isoclines sont espacées de 2◦. L ’équateur magnétique est représentée en vert et les points noirs représentent les pôles magnétiques. Figure 1.3 – Intensité du champ principal à la surface de la Terre en 2010 telle que prédite par le modèle CHAOS-4α (d’après Hulot et al. (2015)). Les contours sont tous les 5000 nT. 1.2. Le champ lithosphérique 25 Figure 1.4 – Variation séculaire observée dans les mesures de déclinaison (colonne de gauche) et d’inclinaison (colonne de droite) sur plusieurs siècles à Paris (d’après A. Jackson et Finlay (2015)). 1.2 Le champ lithosphérique De par la proximité de ses sources avec la surface de la Terre, le champ lithosphérique n’est que peu atténué aux altitudes des observatoires et des satellites. Il se manifeste ainsi sur de nombreuses échelles spatiales. Les plus grandes échelles sont difficilement observables, car elles sont masquées par le champ principal (Hulot et al., 2015). Les plus petites, en revanche, sont bien visibles. Elles sont caractérisées par des variations spatiales irrégulières du champ qui reflètent la richesse de l’histoire géologique de la lithosphère (Thébault et al., 2016). Les variations spatiales du champ lithosphérique sont illustrées sur la Figure 1.5, qui présente la deuxième version de la carte WDMAM (World Digital Magnetic Anomaly Map) (Dyment, Lesur, et al., 2015). La quantité représentée sur cette carte est l’anomalie magnétique à la surface de l’ellipsoïde de référence WGS84 (Slater & Malys, 1998). L’anomalie magnétique correspond à la perturbation de l’intensité du champ géomagnétique produite par le champ lithosphérique (Purucker & Whaler, 2015). Les données utilisées pour construire la carte WDMAM proviennent de campagnes marines, aéromagnétiques et de modèles basés sur une décomposition du potentiel du champ en harmoniques sphériques (Dyment, Choi, et al., 2015 ; Lesur et 26 Chapitre 1. Les champs principal, lithosphérique, ionosphérique et magnétosphérique al., 2016). Cette carte montre que le champ lithosphérique peut atteindre des intensités de l’ordre de 500 nT proche de la surface de la Terre. On peut aussi y constater les morphologies très différentes des champs lithosphériques continental et océanique. En particulier, celle du champ océanique se présente sous la forme de stries parallèles aux dorsales océaniques correspondant à une alternance du signe de l’anomalie magnétique. Ces motifs sont liés à l’expansion océanique et sont la manifestation des changements de polarité du champ principal au cours du temps. Le champ lithosphérique diffère significativement en fonction de l’altitude depuis laquelle on l’observe. À la surface de la Terre, les observatoires magnétiques sont non seulement sensibles aux roches aimantées en profondeur, mais aussi à l’aimantation locale des roches de surface des sites sur lesquels ils sont installés. Cette aimantation introduit un biais dans les donnée magnétiques que l’on appelle biais crustal (Hulot et al., 2015). Ce biais peut être très différent d’un observatoire à l’autre et peut atteindre 2000 nT (Mandea & Langlais, 2002). Aux altitudes des satellites, en revanche, les plus petites échelles ne sont plus mesurables du fait de l’atténuation géométrique. En particulier, les satellites ne voient pas de biais crustal. La Figure 1.6 présente une carte de la prédiction de l’anomalie magnétique sur la surface de l’ellipsoïde WGS84 par le modèle LCS-1 (Olsen et al., 2017) qui a été construit à partir des données des satellites Swarm et Champ. On constate effectivement que la résolution spatiale de ce modèle est moins bonne que celle de la carte WDMAM, illustrant le fait que les plus petites échelles ne produisent pas de champ mesurable aux altitudes des satellites. Les variations temporelles du champ lithosphérique peuvent se résumer aux variations de l’aimantation induite, associées à la variation séculaire du champ principal, ainsi qu’à la lente évolution de la surface terrestre associée aux mouvements des plaques tectoniques. La première produit un effet très faible (Thébault et al., 2009) et la seconde n’évolue que sur des temps géologiques (Langel & Hinze, 1998). Par conséquent, le champ lithosphérique est généralement considéré comme statique. 1.2. Le champ lithosphérique 27 Figure 1.5 – Deuxième version de la WDMAM (d’après Dyment, Lesur, et al. (2015)). Cette carte représente l’anomalie magnétique à la surface de l’ellipsoïde WGS84. Elle a été construite à partir de données provenant de campagnes marines, aéromagnétiques et de modèles basés sur une décomposition du potentiel du champ en harmoniques sphériques. 3 0 Figure 1.6 – Prédiction de l’anomalie magnétique à la surface de l’ellipsoïde WGS84 par le modèle LCS-1 (d’après Olsen et al. (2017)). Ce modèle a été construit avec les données des satellites CHAMP et SW 1.3 Chapitre 1. Les champs principal, lithosphérique, ionosphérique et magnétosphérique Le champ ionosphérique Le champ ionosphérique est discuté plus en détail que les autres champs car il est au centre de ce sujet de thèse. Celui-ci est mesuré à la fois de l’extérieur de l’ionosphère, par les observatoires magnétiques, et de l’intérieur, par les satellites (cf. Figure 1). Contrairement aux autres champs, cette configuration spéciale permet de mesurer deux types de signaux : des signaux provenant de sources distantes des magnétomètres, mesurés par les observatoires et les satellites, et des signaux provenant de sources locales situées au niveau des magnétomètres, détectés uniquement par les satellites. Les courants ionosphériques sont de plusieurs types et proviennent de régions bien distinctes de l’ionosphère. Dans cette section, nous présenterons dans un premier temps l’ionosphère et ses régions, qu’il est important de définir pour pouvoir ensuite discuter des différents courants circulant dans celles-ci. Ces derniers seront abordés dans un second temps. On sépare généralement les courants circulant aux hautes latitudes de ceux circulant aux moyennes et basses latitudes car ils sont produits par des mécanismes physiques distincts. Nous ne discuterons que des courants aux moyennes et basses latitudes et de leurs champs magnétiques associés car ce sont ceux qui nous intéressent dans cette thèse. On peut se référer à Milan et al. (2017), Laundal et al. (2018) et Shore et al. (2019) pour une description des courants et du champ aux hautes latitudes. 1.3.1 L’ionosphère et ses régions L’ionosphère est un plasma partiellement ionisé, c’est-à-dire un milieu composé de molécules et d’atomes électriquement neutres ainsi que d’un nombre non négligeable de molécules et d’atomes électriquement chargés. Une particularité des plasmas est que les densités des charges positives et négatives sont sensiblement - mais pas exactement - les mêmes en tout point de l’espace et du temps. Cette propriété résulte du fait que la moindre séparation de charge donne immédiatement naissance à des champs électriques très forts venant s’y opposer (Kelley, 2009). Par conséquent, on peut caractériser l’état de l’ionosphère avec une grandeur appelée densité de plasma qui s’exprime en nombre de charges par unité de volume. Cette dernière représente indissociablement les densités de charges négatives et positives. Le plasma ionosphérique se situe principalement entre 60 et 1000 km d’altitude. La région de l’atmosphère correspondant à ces altitudes est appelée la thermosphère. Elle est caractérisée par une forte augmentation de la température du fait de l’absorption d’une partie du spectre du rayonnement solaire par les atomes et molécules neutres, notamment dans les domaines spectraux ultraviolets extrêmes et X (Rohli & Vega, 2017). Ce rayonnement est aussi la source d’ionisation principale de l’ionosphère. Ce 1.3. Le champ ionosphérique 29 UV+UVE jour nuit 600 O+ km 350 O+ NO+, O2+, N2+ 100 région F2 région F1 région E région D ∼10 3 ∼10 4 ∼105 ∼106 Densité éléctronique, cm-3 Figure 1.7 – Profils types de la densité de plasma dans l’ionosphère aux moyennes latitudes, du côté jour en trait plein et du côté nuit en pointillé Les ions dominants dans chaque région ionosphérique sont indiqués entre les deux profils. dernier ionise les atomes et molécules thermosphériques au travers d’une réaction chimique appelée photo-ionisation. Les produits de cette réaction sont des ions chargés positivement et des électrons que l’on appelle photo-électrons. Les photo-électrons impactent les particules neutres de la thermosphère représentant à leur tour une source d’ionisation non négligeable (Richards & Voglozin, 2011). D’autres sources sont aussi importantes parmi lesquelles on compte le flux de particules solaires, particulièrement efficace aux hautes latitudes, l’effet Joule, associé à la résistance des molécules thermosphériques neutres à la circulation de courants électriques, le rayonnement solaire diffus et le rayonnement cosmique (Velinov et al., 2013 ; Schunk & Nagy, 2009a). L’ionosphère est au premier ordre horizontalement stratifiée. Ses régions peuvent être définies en s’appuyant sur un profil vertical idéalisé de la densité de plasma. La Figure 1.7 présente deux profils verticaux schématiques de la densité de plasma aux moyennes latitudes : en trait plein du côté jour et en pointillés du côté nuit. Pour des raisons historiques, mais aussi physiques et de composition chimique, on distingue trois régions : la région D entre 60 et 90 km, E entre 90 et 150 km et F entre 150 et 1000 km d’altitude (Kelley, 2009). Du côté jour, la région F peut être séparée en deux sous-divisions : les régions F1 et F2. Le maximum de la densité du plasma se trouve dans la région F2 à une altitude d’environ 350 km. Les régions E et F1 contiennent 30 Chapitre 1. Les champs principal, lithosphérique, ionosphérique et magnétosphérique quant à elles des maximums locaux de densité. La distribution du plasma ionosphérique dans l’espace et dans le temps est complexe et dépend de nombreux facteurs. Parmi ceux-ci, on compte les processus d’ionisation, de recombinaison et de transport, mais aussi le couplage avec la basse atmosphère, la magnétosphère, le champ magnétique interplanétaire et le vent solaire (Schunk & Nagy, 2009b). Malgré sa complexité, on peut se faire une représentation schématique de cette distribution en ne considérant que les facteurs les plus importants. Aux moyennes et basses latitudes, la densité de plasma dépend avant tout de l’ensoleillement. Le plasma se concentre ainsi majoritairement du côté jour de la Terre. La densité de plasma dans la région F n’est cependant pas maximum autour de l’équateur magnétique comme on pourrait s’y attendre, mais se présente sous la forme d’un double maximum dont les crêtes sont éloignées de 15◦ de l’équateur magnétique. Ce phénomène est appelé anomalie équatoriale (Balan et al., 2018). Le plasma ionosphérique aux moyennes et basses latitudes est aussi en partie maintenu du côté nuit, notamment dans la région F (voir la Figure 1.7) qui est alimentée la nuit par des flux de plasma descendants provenant d’une région appelée la plasmasphère (Zhong et al., 2019). Aux hautes latitudes, la précipitation de particules d’origine magnétosphérique est une autre source d’ionisation importante (Hunsucker & Hargreaves, 2007). Cette source peut ioniser significativement l’ionosphère du côté nuit résultant en une répartition plus homogène du plasma sur l’ensemble des heures locales. 1.3.2 Le champ ionosphérique de la région E aux moyennes et basses latitudes Une des contributions importantes au champ ionosphérique aux moyennes et basses latitudes mesurable par les magnétomètres est le champ généré par les courants ionosphériques de la région E. Cette dernière occupe une position particulière, car elle se situe au-dessus des observatoires magnétiques et en-dessous des satellites. Les courants qui y circulent sont principalement horizontaux du fait de sa fine épaisseur et du caractère anisotrope de la conductivité électrique du plasma. Le champ de la région E aux moyennes et basses latitudes est produit en majorité par un système de courants électriques appelé courants Solar-quiet (Sq) (Matsushita, 1968). Ce système est généré par les marées atmosphériques thermiques d’origine solaire à travers un mécanisme appelé dynamo ionosphérique (Yamazaki & Richmond, 2013). Comme illustré sur la Figure 1.8, il est constitué de deux vortex : le premier dans l’hémisphère Nord, tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, et le second dans l’hémisphère Sud, tournant dans le sens des aiguilles d’une montre. Ces vortex se joignent au niveau de l’équateur magnétique où le courant est amplifié 1.3. Le champ ionosphérique 31 par un effet appelé effet Cowling (Cowling, 1932). Le courant amplifié est lui appelé électrojet équatorial (EEJ) et circule le long de l’équateur magnétique (Onwumechikli, 2019).
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Forêts méditerranéennes face au changement climatique : les actions ées en forêt publique dier Forêts méditerranéennes face au changement climatique Les actions engagées en forêt publique par Jean LADIER Face aux conséquences des changements climatiques sur les forêts, les propriétaires se posent énormément de questions, notamment sur les choix de gestion. L'Office national des forêts s'est penché depuis plusieurs années sur la question. Si le besoin d'expérimentations et d'observations reste très fort, quelques pistes d'actions sont cependant possibles. Le changement climatique est une préoccupation croissante des gestionnaires des forêts publiques. Cela se traduit par une veille active depuis la canicule de l'été 2003, avec notamment l'organisation, en 2005 et 2015, de deux ateliers avec l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) (cf. article de Myriam Legay, pp 309-318). Cela se concrétise progressivement dans la gestion des forêts, au travers des documents de cadrage que constituent les directives et schémas régionaux d'aménagement (DRA et SRA) rédigés en 2006 pour les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur et Languedoc-Roussillon, les guides de sylviculture et les aménagements forestiers récents. Enfin, l'adaptation au changement climatique constitue maintenant l'axe principal de travail du département « recherche développement et innovation » de l'Office national des forêts (ONF). Le changement climatique est pris en compte à trois niveaux : – les impacts sur les essences et les éco ystèmes, – l'adaptation des forêts par une meilleure appréhension des stations, par le choix des essences, et par l'adaptation des peuplements en place, – l'atténuation, pour laquelle les forêts ont un rôle à jouer en séquestrant le carbone. À chaque niveau, les connaissances acquises permettent d'infléchir la gestion mais des questions de fond demeurent qui nécessitent encore des observations ou des expérimentations. Mon exposé présente des exemples d'actions en cours en matière d'impact et d'adaptation. La stratégie d'atténuation, qui passe d'abord par la pérennisation des forêts existantes, est moins avancée et ne sera pas développée ici, d'autant qu'elle fait l'objet de l'intervention suivante (Cf. pp 299304). Fig. 1 : Évolution du déficit foliaire du sapin pectiné (en haut) et du pin sylvestre (en bas) sur les placettes de l'observatoire départemental des Alpes-Maritimes Impacts du changement climatique L'influence objective du changement climatique sur le comportement des essences est encore insuffisamment connue. En revanche, les dépérissements constatés ces dernières années sont clairement corrélés aux sécheresses cumulées entre 2003 et 2007. Gestion des dépérissements Les sécheresses ont provoqué des mortalités importantes, surtout dans l'arrière-pays. Des coupes sanitaires ont été réalisées dans les peuplements exploitables, souvent en anticipant la mortalité des arbres les plus affaiblis pour limiter les pertes financières qui en découlent. Ces interventions relèvent d'un processus de gestion de crise à court terme, justifié par l'ampleur du phénomène, avec, selon le département, des aides financières pour les communes concernées. Mais on connait encore mal les effets de ces coupes sur les arbres conservés et, plus globalement, sur les écosystèmes. À moyen terme, ces interventions remettent en cause les plans de gestion que sont les aménagements forestiers, lesquels doivent donc être mis à jour et adaptés. Suivi des dépérissements L'ONF a en charge plusieurs dispositifs de suivi dont un au niveau national et un dans le département des Alpes-Maritimes. Le Réseau national de suivi à long terme des écosystèmes forestiers (RENECOFOR) a été créé en 1992 suite aux dégâts causés par les pluies acides dans le nord-est de la France. Constitué de 102 placettes permanentes en France métropolitaine, il fournit des informations très riches, qui vont parfois à l'encontre d'autres résultats et dont voici deux exemples en lien avec les fluctuations climatiques : – le suivi du déficit foliaire sur 52 arbres par site montre une corrélation significative avec le déficit pluviométrique, mais pas avec les températures, alors que le changement climatique se manifeste principalement par l'augmentation des températures. Par ailleurs, l'accroissement en surface terrière est corrélé négativement au déficit foliaire ; – lorsque l'on regarde plus particulièrement le comportement du chêne sessile et du chêne pédonculé, on constate que le chêne sessile a continué à souffrir au moins jusqu'en 2009 des suites de la canicule de 2003, tandis que le chêne pédonculé s'est rétabli plus rapidement. Pourtant, le chêne pédonculé est unanimement considéré comme étant plus sensible que le chêne sessile au stress hydrique. êts méditerranéennes et alpines face au changement climatique Le Conseil départemental des AlpesMaritimes a financé à partir de 2008 un observatoire départemental du dépérissement forestier suite aux dégâts causés par la sécheresse des années 2003 à 2007. Cet observatoire comprend une cartographie périodique de la mortalité et 60 placettes permanentes de suivi dans des peuplements des principales essences du département (sapin pectiné, pin sylvestre, mélèze, épicéa, chênes, pin d'Alep). Les résultats ont révélé un affaiblissement durable des arbres, notamment pour le sapin pectiné et le pin sylvestre : – la carte des mortalités, toutes propriétés confondues, montre une mortalité cumulée de l'ordre de 20 % pour le sapin pectiné et de 10 % pour le pin sylvestre ; – l'évolution du déficit foliaire sur les placettes permanentes montre que celui-ci s'est stabilisé en 2011 pour le pin sylvestre, mais a continué de s'aggraver pour le sapin pectiné. – l'affaiblissement des sapinières des montagnes méditerranéennes est flagrant comme le prouvent les observations faites dans les Alpes-Maritimes. À basse altitude, certaines futaies sont incapables de se régénérer naturellement ; les semenciers sèchent sur pied sans avoir produit de descendance. Dans la mesure où l'accessibilité et les ressources financières le permettent, le gestionnaire envisage la plantation. En l'occurrence, le choix se porte sur le cèdre de l'Atlas, qui conjugue un tempérament plus méditerranéen et un bois de qualité ; – le hêtre est une essence au tempérament montagnard qui s'est étendue spontanément à basse altitude aux dépens du chêne sessile. Bien que les dépérissements de cette essence soient encore limités, on sait qu'il n'aura plus sa place en e dans les décennies à venir. Son remplacement par le chêne sessile est donc entamé sur de grandes surfaces dans le nord-ouest de la France. Expérimentation de nouvelles essences Choix des essences objectifs Le bon sens impose de reconsidérer l'adaptation des essences aux contraintes climatiques et édaphiques actuelles et futures, même si leurs performances étaient bonnes jusqu'à présent. Cela conduit à un changement d'essence objectif dans les situations critiques lors du renouvellement du peuplement et à de nouvelles questions sur l'intérêt d'essences insuffisamment connues. Transformation des peuplements Les substitutions d'essences justifiées par le changement climatique ne concernent encore qu'une minorité des peuplements à renouveler car une inadaptation « théorique » ne condamne pas forcément les populations locales de l'essence considérée et la régénération naturelle généralement privilégiée en forêt publique est une phase clé d'adaptation génétique qu'il ne faut pas négliger. Le choix radical du changement d'essence par plantation est donc fait lorsque l'inadéquation entre l'essence en place et la station est évidente. Deux exemples d'ampleur différente illustrent ce type de situation : La nécessité de trouver des essences de remplacement renouvelle l'intérêt pour les espèces exotiques, dont on connaît souvent mal le comportement hors de leur aire naturelle. L'ONF suit actuellement 95 dispositifs de comparaison d'essences et arboretums, dont 12 situés en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Les plus anciens ont environ 25 ans. Les espèces comparées en région méditerranéenne sont principalement des pins (P. brutia, P. laricio, P. nigra, P. sylvestris) des cèdres (C. atlantica, C. libani), des Douglas et des sapins (A. bornmülleriana, A. cephalonica, A. cilicica). Les feuillus n'ont pas été oubliés mais aucun d'entre eux, hormis l'Aulne de Corse, n'a donné de résultat satisfaisant. On compare aussi plusieurs provenances d'une même espèce : provenances de Douglas, de Pin brutia, de Calocèdre, etc. Le bilan provisoire de ces essais est à la fois intéressant puisqu'il permet une sélection d'espèces d'intérêt, et insuffisant parce qu'on ne dispose pas de suffisamment de références dans des conditions variées pour la plupart d'entre elles. Il faut donc aller plus loin. Tout d'abord, le CNPF, le FCBA, l'INRA possèdent chacun un réseau expérimental et ces réseaux sont plutôt complémentaires que redondants. Un travail 295 Colloque CNPF d'échange de données et d'harmonisation a donc été initié pour mutualiser les informations produites. Mais une première synthèse faite sur le cèdre de l'Atlas montre que ce « méta-réseau » reste insuffisant pour couvrir une gamme de contextes écologiques suffisamment large. C'est pourquoi il faut en même temps continuer à installer de nouveaux essais avec une stratégie concertée. Mieux connaître et préserver les ressources locales Fig. 2 : En-tête du reportage du Monde sur la plantation de hêtres de la SainteBaume à Verdun (capture sur le site internet www.lemonde.fr) Les espèces exotiques ne sont pas le seul salut pour les forêts menacées. Les ressources génétiques locales constituent également une richesse qu'il faut préserver et une potentielle source d'adaptation pour d'autres régions. Cela est particulièrement vrai pour les populations méridionales des principales essences françaises, telles que le hêtre, le chêne sessile, le pin sylvestre et le sapin pectiné. Ces peuplements en limite d'aire recèlent un patrimoine génétique original, bien que parfois appauvri. On suppose qu'ils ont développé de meilleures capacités de résistance au stress hydrique qui pourraient être utiles à l'avenir dans les forêts tempérées. Dans cette optique, l'ONF a lancé un projet baptisé « Giono », basé sur les réseaux d'unités conservatoires et décliné en trois volets : – suivi particulier des unités conservatoires en situation limite. En effet, ces peuplements peuvent montrer des signes dépérissements ou des problèmes de fructification ; – duplication des unités conservatoires les plus menacées par le changement climatique. Ainsi, une plantation de hêtres a été récemment réalisée en forêt de Verdun, à partir de graines récoltées à la SainteBaume. L'objectif est de mettre cette population de hêtres méridionaux à l'abri des excès du climat méditerranéen tout en comparant leur comportement à celui de leurs frères lorrains. Cette migration assistée, si elle réussit, devrait à terme augmenter la diversité génétique et la résilience de la hêtraie de Verdun ; – parallèlement, des plants issus de ces unités conservatoires méridionales ront soumis à des tests en pépinière pour vérifier leurs capacités supposées de résistance au stress hydrique. Modéliser l'aire naturelle des espèces Nous avons besoin d'anticiper l'évolution de la répartition des espèces d'arbres en fonction du changement climatique. Cela passe par des modèles. Il en existe un certain nombre, dont les sorties sont parfois divergentes. Un de ces modèles, nommé IKS, est en cours de validation par l'ONF. Il devrait permettre à la fois d'évaluer la vulnérabilité climatique des essences en place et d'identifier des essences alternatives possibles, indigènes ou exotiques. Adapter la gestion des peuplements en place Compte tenu de la durée des cycles forestiers, on ne peut attendre le renouvellement des peuplements, avec à la clé un changement d'essence possible, pour tenter de les adapter au changement climatique. Des préconisations sont déjà mises en oeuvre dans les aménagements et dans la gestion courante pour limiter la vulnérabilité des forêts. Des expériences de sylviculture adaptatives sont également en cours. Préconisations déjà mises en oeuvre Les mesures déjà mises en oeuvre pour augmenter la résistance ou la résilience des peuplements en place ne sont pas des inno- 296 Forêts méditerranéennes et alpines face au changement climatique vations mais des inflexions qui relèvent du bon sens. – Réduction de l'âge d'exploitabilité. L'âge des arbres est un des principaux facteurs de vulnérabilité au stress hydrique. De fait, les peuplements âgés sont ceux qui ont subi le plus de mortalité ces dernières années. De plus, l'augmentation du taux de gaz carbonique et l'allongement de la saison de végétation ont stimulé la croissance des arbres au cours des dernières décennies, dans les Alpes du Sud comme dans d'autres régions. Exploiter les arbres mûrs plus tôt permet donc de limiter le risque de dépérissement sans perdre beaucoup en production. – Maintien des essences secondaires et des mélanges d'essences. Si les peuplements mélangés sont assez rares dans la région, une essence secondaire est souvent présente aux côtés de l'essence principale. Cette mixité est le gage d'un écosystème plus diversifié et potentiellement plus résilient. Même si cela n'a pas été vérifié dans tous les cas, cela offre une meilleure garantie de santé et de pérennité du peuplement. Expérimentation d'une sylviculture économe en eau L'INRA a montré que l'évapotranspiration d'un peuplement est fonction de sa surface foliaire et qu'un couvert arborescent dense intercepte une part importante des précipitations, surtout pour les conifères. La réduction de la surface foliaire d'un peuplement permet donc d'améliorer son bilan hydrique, en augmentant la quantité d'eau disponible dans le sol et en diminuant la demande des arbres. Ce raisonnement suscite cependant plusieurs questions chez les gestionnaires : – la réduction de la surface foliaire d'un peuplement passe par une éclaircie, mais comment la quantifier et contrôler ensuite l'évolution de cette surface foliaire? – l'ouverture du peuplement stimule le développement du sous-bois, qui va consommer plus l'eau et limiter le bénéfice pour les arbres ; – le maintien d'une surface foliaire faible limite la production ligneuse et a donc un coût qu'il faut évaluer pour le propriétaire. Plusieurs essais de sylviculture à faible densité ont été installés récemment par l'ONF pour expérimenter cette gestion, véri- fier sa pertinence dans l'arrière-pays méditerranéen et servir de référence pour apporter des éléments de réponse aux questions cidessus. Trois sont dans des futaies de sapin pectiné dans les Alpes-de-Haute-Provence, les Alpes-Maritimes et l'Aude, le quatrième dans une plantation de cèdre de l'Atlas dans les Alpes-Maritimes. Il faut noter que ce dernier pourra être associé à d'autres essais sylvicoles en cèdre de l'Atlas, dont plusieurs suivis par l'INRA d'Avignon, qui n'avaient pas été installés dans l'optique du changement climatique. Ces essais sont encore trop jeunes pour fournir les réponses attendues. J.L . Photo 1 : Peuplement mélangé de hêtre et pin sylvestre. Photo J.L./ONF. La gestion forestière dans son ensemble est déstabilisée par le changement climatique. Les connaissances acquises depuis plus de 10 ans justifient d'infléchir la sylviculture des peuplements en place et d'entamer des substitutions d'essences suite à des dépérissements ou par anticipation. Mais il ne s'agit pas pour autant de transformer brutalement la composition des forêts publiques. De nombreuses incertitudes subsistent sur le comportement, la résistance des essences, la résilience des écosystèmes. L'observation et l'expérimentation restent donc plus que jamais nécessaires. Le changement climatique est abordé principalement au travers de ses impacts sur les peuplements forestiers et de la stratégie d'adaptation des forêts. Les actions engagées par l'Office national des forêts sont illustrées par des exemples au niveau national et régional, en montrant la complémentarité des options de gestion mises en oeuvre et des programmes de recherche et développement en cours pour combler nos lacunes de connaissances : gestion et suivi des dépérissements, changement d'essence, expérimentation de nouvelles espèces, préservation des ressources génétiques méditerranéennes, adaptation de la sylviculture. Summary Mediterranean forests faced with climate change: measures undertaken in publicly-owned stands Overall, forestry management has been destabilised by climate change. Knowledge and understanding acquired in the last ten years justifies modifying silviculture in existing stands as well as a start to implanting different species where dying-off occurs or through anticipating future change. But such steps do not imply the brutal transformation of publicly-owned forests: much remains uncertain about species' behavior and resistance, the resilience of ecosystems Observation and experimentation remain more necessary than ever. In this article, the consideration of climate change proceeds via its impact on forest stands and how they adapt to such change. The action undertaken by the French National Forestry Commission is illustrated by examples, at both national and regional levels, which show the complementary nature of the management options adopted as well as the R and D programmes under way to enhance our understanding: monitoring and managing deteriorating stands, changing species, trials of new species, preserving Mediterranean genetic resources, adapting silviculture. Resumen Los bosques mediterráneos frente al cambio climático - Las medidas adoptadas en los montes públicos La gestión forestal en su conjunto está desestabilizada por el cambio climático. Los conocimientos adquiridos durante más de diez años justifican la transformación de la selvicultura de rodales y el comienzo de sustitución de especies como consecuencia del debilitamiento o para anticiparse. Pero no se trata por tanto de transformar brutalmente la composición de los montes públicos. Existen varias incertidumbres sobre el comportamiento, la resistencia de especies, la resiliencia de los ecosistemas. La observación y la experimentación son más necesarias que nunca. El cambio climático se aborda principalmente a través de los impactos sobre los rodales forestales y de la estrategia de adaptación de los bosques. La acciones emprendidas por la Oficina Nacional de los Bosques son ilustradas con ejemplos a nivel nacional y regional, mostrando la complementaridad de las opciones de gestión llevadas a cabo y de los programas de investigación y desarrollo en curso para abordar las lagunas de conocimientos: gestión y seguimiento de debilitamiento, cambio de especies, experimentación de nuevas especies, preservación de recursos genéticos mediterráneos, adaptación de la silvicultura..
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L’immersion pour l’appréhension des outils de modélisation paramétrique en conception architecturale
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SHS Web of Conferences 47, 01010 (2018) SCAN’18 https://doi.org/10.1051/shsconf/20184701010 L’immersion pour l’appréhension des outils de modélisation paramétrique en conception architecturale Adeline Stals1,*, Catherine Elsen2, et Sylvie Jancart1 1LNA, Faculté d’Architecture de l’Université Liège, Belgique 2LUCID, Faculté des Sciences Appliquées de l’Université Liège, Belgique Résumé. L’évolution des besoins des architectes en matière d’outils de conception les a poussés à adopter et adapter des outils d’abord dédiés à d’autres secteurs. Certains de ces outils dits paramétriques sont davantage utilisés dans les grands bureaux d’architecture que dans les petites agences, qui représentent pourtant la majorité des acteurs de la conception architecturale (Stals et al., 2017). Le papier se concentre dès lors sur l’analyse du ressenti d’architectes intégrés à ces plus petites structures et participant à une journée de formation. Leur appréhension des outils de modélisation paramétrique est évaluée comparativement en début et en fin de formation selon trois attributs émergeant tant de la littérature que de leurs propres réponses. L’article développe donc les résultats selon trois attributs : créativité, aspects techniques, fonctionnalités. La pertinence de l’usage de tels outils dans de petites structures est également discutée. Mots-clés. Outil de conception, Modélisation paramétrique, PME. Abstract. The changing needs of architects for design tools have led them to adopt and adapt tools that are initially dedicated to other sectors. Some of these so-called parametric tools are more used in large architectural offices than in small agencies, which represent the majority of architectural design actors (Stals et al., 2017). This article therefore focuses on analyzing the experiences of architects integrated into these smaller structures and participating in a training day. Their apprehension of parametric modeling tools is evaluated comparatively at the beginning and at the end of training according to three attributes emerging from both the literature and their own responses. The article therefore develops the results according to three attributes: creativity, technical aspects, and functionalities. The relevance of using such tools in small structures is also discussed. Keywords. Design tools, Parametric modeling, SME * Corresponding author: [email protected] © The Authors, published by EDP Sciences. This is an open access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution License 4.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/). SHS Web of Conferences 47, 01010 (2018) SCAN’18 https://doi.org/10.1051/shsconf/20184701010 1. Introduction Depuis toujours, les architectes s’interrogent quant à l’usage des outils numériques de conception, principalement en ce qui concerne leur pertinence et leur impact à différents stades du processus de conception. Les outils numériques en conception architecturale ne cessent d’évoluer, et s’avèrent le plus souvent d’efficaces soutiens aux tâches quotidiennes de l’architecte praticien. Cependant, plusieurs difficultés associées à la nouvelle génération d’outils subsistent et résultent essentiellement de la complexité globale de ces logiciels : leur maîtrise minimale est difficile à acquérir, leur logique sous-jacente est largement incomprise, leurs interfaces sont peu attractives. Les outils de modélisation paramétrique en conception architecturale, en particulier, ont d’abord été développés dans d’autres secteurs avant d’être approchés et modifiés pour être adaptés aux besoins des architectes. Les « architectes stars » ont pu s’équiper très tôt de ces outils numériques spécifiques pour surmonter certaines lacunes technologiques (Shelden, 2002). Cependant certaines recherches poussent à constater que l’adoption de ces logiciels par les bureaux d’architecture de plus petite échelle (Petites et Moyennes Entreprises, ou « PME ») reste nettement en deçà (Stals et al., 2017). Comment les architectes au sein de ces structures perçoivent-ils l’usage de ces outils ? Quelle compréhension ont-ils de la modélisation paramétrique ? L’appréhension des outils de modélisation paramétrique pourrait-elle expliquer leur faible taux d’appropriation sur le terrain ? Ces diverses questions trouvent réponse au travers de l’analyse des résultats de deux formations d’une journée dispensées dans le cadre d’une formation continue sur le processus BIM (pour Building Information Modeling). 2. La modélisation, la conception et les outils paramétriques en conception architecturale 2.1 Distinction de deux pratiques architecturales Les récents développements informatiques ont nourri l’émergence de deux logiques de modélisation, ayant toutes deux acquis de la reconnaissance mais induisant parfois aussi certaines formes de confusion (figure 1) entre ces deux pratiques architecturales : la modélisation paramétrique (2) d’une part, et le BIM (Building Information Modeling) (3) d’autre part. Ces deux termes, couramment utilisés, se recoupent et sont parfois employés à mauvais escient. En effet, ces deux logiques de modélisation partagent l’objectif de l’intégration de données diverses dans le projet architectural. Alors que la modélisation paramétrique peut intégrer directement les données dans un processus de morphogénèse également appelé le design computationnel, l’intégration des données dans le processus BIM rime avec adjonction d’une couche supplémentaire d’information au modèle géométrique, cantonnant les données à des éléments statiques complémentaires. Les logiciels permettant de supporter un processus BIM sont, en réalité, en partie des logiciels de modélisation paramétrique (1). Dès lors, pour différencier ces deux logiques de modélisation nous nous référons aux écrits de Janssen et ses collègues. Ils reprennent ces deux types de modélisation paramétrique selon les capacités techniques des outils sous les termes de « modélisation procédurale et de flux de données » (4), utilisés dans les logiciels de design computationnel tels que Autodesk Dynamo©, Mc Neel Grasshopper© ou Bentley GenerativeComponents©, qu’ils discutent selon le type d’itération que les logiciels peuvent supporter (Janssen, 2015 ; Janssen et Stouffs, 2015), en contraste avec la « modélisation associative » (5), utilisée dans les systèmes BIM tels que Autodesk Revit©, Graphisoft ArchiCAD©. 2 SHS Web of Conferences 47, 01010 (2018) SCAN’18 https://doi.org/10.1051/shsconf/20184701010 CONCEPTION PARAMETRIQUE (6) Logiciels de modélisation paramétrique (1) Modélisation paramétrique (2) Design computationnel Processus BIM (3) Modélisation procédurale et de flux de données (4) Modélisation associative (5) Figure 1. Schématisation reprenant les différents termes employés autour de deux logiques de modélisation. De la sorte, nous parlons de manière distincte dans cet article d’une part des logiciels dits « BIM » et, d’autre part, des logiciels de design computationnel, associés ici au terme « d’outils de modélisation paramétrique », plus familier aux architectes débutants dans le domaine et sur lesquels nous nous penchons dans cet article. Les termes étant précisés, nous pouvons alors définir la conception paramétrique (6). Il est important de remonter aux recherches formelles menées par Antonio Gaudi, notamment pour la génération des voûtes à courbure funiculaire de la Sagrada Familia. La conception paramétrique fut jadis analogique et ses recherches peuvent être effectivement considérées comme faisant partie des toutes premières réflexions qui mènent à la conception paramétrique actuelle entendue dans sa version numérique. Dès lors, nous pouvons définir la conception paramétrique comme une méthodologie de conception qui permet, entre autres, de générer des formes à partir de l'exploitation et la manipulation d'une grande quantité de données de type environnemental, acoustique, structurel, social ou encore urbain repris comme « paramètres ». Dans le processus de conception paramétrique, une fois les règles implémentées, un nombre illimité d'alternatives de conception peuvent être générées en parallèle (Woodbury et Burrow, 2006). Ce processus de conception est caractérisé par trois principes définis par Woodbury (2010) : - Les concepteurs conçoivent des règles et définissent leurs relations logiques dans la création de modèles de visualisation 3D ; - Les concepteurs peuvent modifier leur modèle à tout moment, - Des alternatives de conception peuvent être développées en parallèle à n'importe quelle étape du processus. Par ailleurs, la « modélisation paramétrique » sous-jacente à la conception paramétrique doit être définie en regard de la modélisation algorithmique (figure 2). Ces deux types de modélisation se distinguent principalement au niveau des types de modeleurs utilisés. Dans le cadre des logiciels de modélisation paramétrique (7), tels que Rhinoceros© ou Digital Project©, l’utilisateur est amené à lier des paramètres et des dimensions à des contraintes géométriques préprogrammées. Par exemple, pour créer un cercle dans Rhinoceros©, 3 SHS Web of Conferences 47, 01010 (2018) SCAN’18 https://doi.org/10.1051/shsconf/20184701010 l’utilisateur utilise la fonction préprogrammée « cercle » et il lui fournit des paramètres (dont la position du centre et le rayon). Par contre, dans les logiciels de modélisation algorithmique (8), tels que GenerativeComponents© ou Grasshopper©, l’utilisateur est amené à utiliser un langage de programmation textuel ou visuel semblable à un code de programmation informatique qui lui permet de passer outre les limites de l’interface utilisateur (Leach, 2014). Dans la suite de cet article, bien que l’appellation « paramétrique » soit conservée car usuellement employée dans le vocabulaire architectural, nous nous concentrerons uniquement sur les logiciels de modélisation algorithmique et plus précisément sur ceux possédant une interface de programmation visuelle. En effet, ce mode de fonctionnement semble adapté et adopté par les architectes propulsant Grasshopper© au rang de logiciel paramétrique le plus utilisé en général (Cichocka et al., 2017) mais également en Belgique (Stals et al., 2017). CONCEPTION PARAMETRIQUE (6) Logiciels de modélisation paramétrique (1) Modélisation paramétrique (2) Design computationnel Modélisation paramétrique (7) Processus BIM (3) Modélisation algorithmique (8) Figure 2. Schématisation reprenant les différents termes employés autour de deux logiques de modélisation. 2.2 Attributs caractérisant les outils paramétriques Dans la suite de cet article, nous aborderons les outils paramétriques selon trois attributs. Le premier attribut est défini selon un angle pragmatique et recouvre tous les aspects techniques. Plusieurs chercheurs, dont Davis et ses collègues, posent en effet la question de la complexité d’un modèle paramétrique du point de vue de la lisibilité informatique de sa structure, des éléments qui la composent et des relations entre ceux-ci (Davis et al., 2011). Les évocations relatives à ce champ de réflexion décrivant la technicité informatique des logiciels sont résumées par cet attribut. Nous définissons ensuite un second attribut à la lumière des recherches de Sanguinetti et Abdelmohsen (2007) et le nommons créativité, faisant référence à la notion d’exploration formelle. Traditionnellement, le dessin à main levée est associé à la phase de conception conceptuelle tandis que la modélisation paramétrique est considérée comme un outil intervenant plus tardivement lors du développement de la conception détaillée. Or, force est de constater que la modélisation paramétrique est de plus en plus utilisée pour explorer les 4 SHS Web of Conferences 47, 01010 (2018) SCAN’18 https://doi.org/10.1051/shsconf/20184701010 concepts dès le début de la réflexion (Sanguinetti et Abdelmohsen, 2007). En effet, la modélisation paramétrique permet aux architectes de définir un ensemble de paramètres et de contraintes adaptables structurés en règles, et ainsi de générer, modifier, comparer et évaluer très tôt dans le processus de multiples variantes et modèles d’objets conçus à partir de ces règles, elles-mêmes adaptables. La génération de ces multiples variantes, surtout lorsque ces variantes sont maîtrisées en regard de leurs tenants et aboutissants, enrichit considérablement la démarche formelle et conceptuelle, ouvrant un champ d’exploration potentiellement plus large que celui envisagé par la seule conscience humaine. Le dernier attribut, intitulé fonctionnalités, regroupe tous les ressentis quant à l’appréhension du logiciel. Pour expliciter cette catégorie, nous nous référons aux écrits de Yu, Gero et Gu (2015). Il ressort notamment de leurs études que les outils de conception paramétriques permettent aux architectes la génération et la gestion efficaces de formes complexes, l’intégration de paramètres et données externes à la conception pour aboutir à des solutions plus rationnelles, le développement de modèles alternatifs simultanément ainsi qu’à tout moment du processus de conception. 2.3 Questionnement des pratiques paramétriques dans les PME Bien que de nombreuses études (de Boissieu, 2013 ; Shelden, 2002) analysent les apports de ces outils dans le processus de conception, leur usage n’est pas généralisé dans tous les types de bureaux. Une étude sur les pratiques numériques des architectes belges révèle notamment que plus de la moitié des architectes interrogés (51,5%) n’ont jamais entendu parler du terme « modélisation paramétrique » et que seuls 14,4% se sentent concernés par l’arrivée de ces outils dans leur profession (Stals et al., 2017). D’autre part, l’étude confirme que plus la taille du bureau est importante, plus le taux d’intérêt pour ces technologies est élevé. L’intérêt porté, dans la présente recherche, sur les pratiques des petites structures se justifie par ailleurs par le fait que, d’après une étude européenne, le nombre de bureaux de taille moyenne diminue continuellement, au profit de structures encore plus réduites (Architects’ Council of Europe, 2015). Lors de cette étude, 74% des bureaux européens comptaient seulement une seule personne. Par ailleurs, une étude réalisée en 2016 (Stals et al., 2017) démontre la pertinence du cas belge puisque 42,7% des répondants à cette enquête travaillent effectivement dans un bureau d’une ou deux personnes et que près de 80% des participants belges travaillent dans une structure accueillant moins de 10 personnes. La seule étude ayant questionné la façon dont ces plus petites agences traitent de tels outils de conception a été amorcée en Autriche et en Angleterre mais n'a finalement pu être conclue en raison du manque de participation des architectes interrogés (Dokonal et Knight, 2008). Ces divers résultats confirment la nécessité de se concentrer sur la compréhension et l’appréhension des outils de modélisation paramétrique par des cabinets d'architectes de petite et moyenne taille, peu étudiés par ailleurs alors qu’ils constituent pourtant la plus large proportion d’acteurs impliqués au quotidien dans la pratique professionnelle de la conception architecturale. 3. Méthodologie La Faculté d’Architecture de l’Université de Liège organise depuis 2017 un certificat d'université en Building Information Modeling (BIM) pour petites et moyennes structures. Le but de cette formation continue est de former des « BIM coordinateurs » à se confronter au processus collaboratif BIM et à implémenter le processus dans la structure où ils sont 5 SHS Web of Conferences 47, 01010 (2018) SCAN’18 https://doi.org/10.1051/shsconf/20184701010 actifs. Les participants sont de différents horizons dans le secteur du bâtiment : architectes, ingénieurs architectes, ingénieurs spécialisés ou corps de métier. Le corpus est enseigné en 10 demi-journées de cours se répartissant en 6 thématiques d’enseignement, l’une d’elles étant nommée « le BIM et l’architecture paramétrique » et étant encadrée par deux des auteurs de cet article. Deux sessions ont eu lieu sous le même format (avril 2017 et octobre 2017). C’est lors de ces séances que nous avons recueilli des données sur l’impact d’une journée de formation à l’usage d’outils de modélisation paramétrique en architecture. Le logiciel enseigné lors de cette immersion est le plug-in Grasshopper© associé au logiciel Rhinoceros©. Lors de chaque séance « le BIM et l’architecture paramétrique », les participants ont été interrogés sous différentes formes et à deux reprises : une première fois avant d’entamer la journée et ensuite à sa clôture. Toutes les données ont ainsi été récoltées sur place, le jourmême. Un premier questionnaire reprenait deux questions qui ont permis de catégoriser les participants selon deux critères : usage ou non-usage du paramétrique et « bonne définition », « définition incomplète », « définition incorrecte » du paramétrique, répartissant ainsi les participants selon 6 types de profil (tableau 1). En fonction du profil, chaque participant s’est vu attribuer un second questionnaire en ligne interrogeant ses acquis et perceptions en matière de modélisation paramétrique, sa pratique actuelle et la pertinence de l’usage de tels outils dans le processus de conception de projets par des petits bureaux d’architecture. Les différents questionnaires, fondamentalement similaires, questionnaient les participants sur les mêmes thématiques mais adaptées à leur niveau de pratique. Un exemple de question est repris ci-dessous accompagné de la question suivante apparaissant automatiquement en fonction de la réponse sélectionnée par le participant. Ces questionnaires interactifs en ligne, devaient être remplis au moment-même. La formation en tant que telle n’a démarré qu’une fois les questionnaires complétés. Avez-vous déjà essayé d’utiliser des logiciels dits paramétriques ? - Si c’est le cas: y a-t-il des éléments qui vous ont séduit ? Si oui, lesquels ? - Si ce n’est pas le cas : y a-t-il des éléments qui vous ont séduit quand vous avez entendu parler de ce type de logiciels ? Si oui, lesquels ? En fin de journée, les participants ont répondu à un troisième et dernier questionnaire de 6 questions recueillant notamment leur ressenti quant à l’usage du logiciel enseigné, aux connaissances acquises, à la pertinence de l’usage de tels outils dans le processus de conception de projets par des petits bureaux d’architecture. Certaines questions permettent de comparer l’attitude et l’aptitude des participants avant et après cette journée de formation. 4. Description de l’échantillon L’échantillon analysé dans cet article ne prend en considération que les profils d’architecte ou ingénieurs architecte ayant répondu à la totalité des questionnaires. Certains participants à la formation n’ont donc pas été comptabilisés dans l’analyse. Lors des deux sessions dispensées, 27 participants se sont inscrits et 16 ont répondu aux critères de sélection énoncés. Ces 16 participants sont répartis selon leur usage ou nonusage d’outils de modélisation paramétrique mais également selon la définition qu’ils ont donnée à l’expression « modélisation paramétrique ». Une définition a été considérée comme « bonne » lorsque les participants exprimaient nettement le rapport à la gestion de données et à la recherche formelle. Par ailleurs, les définitions ont été catégorisées comme incomplètes lorsque cette distinction était moins 6 SHS Web of Conferences 47, 01010 (2018) SCAN’18 https://doi.org/10.1051/shsconf/20184701010 claire et pouvait faire référence aux logiciels BIM : « Il s'agit de réaliser une maquette 3D, non pas uniquement par le dessin mais également en paramétrant les propriétés des différents objets ». Les définitions considérées comme incorrectes exprimaient généralement la méconnaissance totale du participant face à ce terme : « J'en ai déjà entendu parler mais je ne sais pas de quoi il s'agit exactement ». Le tableau 1 reprend la répartition des profils analysés en considérant leur connaissance et usage des outils paramétriques. Tableau 1. Répartition des profils selon leur usage des outils de modélisation paramétrique et leur connaissance du terme « modélisation paramétrique ». Usage Pas d’usage Bonne définition 2 2 Définition incomplète 1 8 Définition incorrecte 0 3 Cette répartition nette permet de recueillir et de traiter très spécifiquement la perception de non-utilisateurs à ce type de logiciels. 5. Résultats Nous allons à présent analyser comment les trois attributs sont perçus en début et en fin de formation, afin de visualiser l’évolution de la perception des outils de modélisation paramétrique au terme de cette journée d’immersion. Pour cela nous commençons par relever les intérêts et difficultés soulevés par les participants en début de formation, avant même donc d’obtenir toute information complémentaire relative aux enseignements et au déroulement de la journée. Au commencement de la formation, les participants ont exprimé leurs intérêts pour les outils de modélisation paramétriques de manière assez factuelle. Du point de vue des fonctionnalités, il leur semble que les logiciels pourraient leur permettre de gagner du temps et de développer une « meilleure gestion ». Les logiciels apparaissent comme ergonomiques, « user friendly ». Par ailleurs, les participants évoquent la « réversibilité », car les logiciels permettent de « modifier facilement ». Cette « flexibilité via les paramètres » est exprimée comme suit par un des participants : « Quand on change le "code", on voit directement les changements du modèle dans Rhino ». Au-delà de ces aspects fonctionnels, le volet de la créativité est également abordé. La flexibilité évoquée permet en effet « d’acquérir une grande liberté de conception ». Le verbatim suivant exprime ce qui a séduit un des participants : « le champ des possibles dans la création architecturale par l’introduction de paramètres logiques ou mathématiques qui sont plus difficiles à implémenter par une approche dessin ». De manière plus directe, certains contributeurs expriment cela comme « la possibilité de créer des formes non standards » ou des « formes complexes ». La catégorie non-évoquée dans les intérêts de début de journée correspond aux aspects techniques des outils paramétriques. Concernant les difficultés ressenties avant la formation, les propos émis par les participants sont davantage de l’ordre du pressentiment et du questionnement, abordant spontanément les trois attributs définis. Concernant les aspects techniques, on parle de « complexité apparente » et notamment un participant complète : « Quand j’ai vu un aperçu sur le logiciel lors de la modélisation, il me semblait un peu compliqué puisque ça se fait à l’aide des algorithmes mathématiques et non pas des objets prédéfinis ». Cet « encodage de données » est effectivement ressenti comme un frein à son usage. Un autre commentaire se positionne entre une problématique technique et fonctionnelle : « En tant qu’architecte, l’approche est complètement 7 SHS Web of Conferences 47, 01010 (2018) SCAN’18 https://doi.org/10.1051/shsconf/20184701010 différente : il faut décomposer toutes les manipulations, cela engendre beaucoup plus d’étapes. Une ligne est décomposée en 3 (au minimum) : un point A, un point B et une ligne qui les relie ». Il est clair qu’aux yeux de plusieurs interrogés, « une formation informatique est nécessaire ». D’un point de vue fonctionnalité, on peut indiquer que les designers envisagent plutôt d’utiliser ce logiciel « après l’avant-projet ». Un seul autre commentaire aborde les fonctionnalités des logiciels de modélisation paramétrique et stipule de manière tranchée que ceux-ci ne sont « pas pour la pratique classique ». Concernant la perception d’une place renouvelée pour la créativité architecturale, certains non-initiés émettent davantage de réserves : « Ce qui me freine, c’est plus l’intervention de ce type de logiciel dans la conception qui pourrait laisser moins de place à la créativité en amont ». Cela rejoint la remarque suivante : « si ils [les outils paramétriques] sont bien maitrisés et utilisés judicieusement au service du projet, d’une idée… mais risquent de donner trop de facilité à certains architectes de développer facilement tout type de forme sans réflexion de fond sur l’architecture, le projet, le contexte. » Cette réflexion peut être complétée par la suivante : « Même si pour moi la recherche de forme passe en tout premier lieu par le croquis à la main ». La figure 3 permet de visualiser schématiquement la proportion de propos recueillis par attribut, voire la proportion de propos en recouvrement entre deux catégories. Les différentes fonctionnalités perçues par les interrogés sont considérées comme de potentiels atouts tandis que les aspects techniques sont plutôt des difficultés à surmonter. Le volet de la créativité est perçu de manière équilibrée, tantôt comme un intérêt ou tantôt comme une difficulté à prendre en considération. Créativité Créativité Aspects techniques s Fonctionnalités Figure 3. Comparaison des intérêts (à gauche) et difficultés (à droite) perçus avant de débuter la formation. Après avoir développé les attraits et difficultés perçus de l’appréhension d’outils de modélisation paramétrique, les participants ont émis quelques pistes de solution pour favoriser l’usage de ce type d’outils. « Démontrer l’efficacité » de l’outil et le « tester sur un cas réel » sont deux premières hypothèses. Ensuite une « présentation pour débloquer les a priori » ou, plus en amont, « une formation pendant les études » sont proposées par les participants. Sans avoir eu recours à la formation, les participants sont très enthousiastes à l’idée de s’essayer à l’usage de ces logiciels, par exemple par l’intermédiaire d’un stagiaire qui en aurait la maitrise (seul un participant ne désirerait pas y avoir recours). 8 SHS Web of Conferences 47, 01010 (2018) SCAN’18 https://doi.org/10.1051/shsconf/20184701010 A l’issue d’une journée d’immersion dans l’usage d’outils paramétriques, il a été demandé aux participants de décrire en 3 termes le plug-in Grasshopper©. Ces dénominatifs sont classés selon les trois attributs (créativité, fonctionnalités, aspects techniques) et sont accompagnés de leur récurrence au sein de la figure 4. Fonctionnalités Créativité Flexibilité Gain de temps Assistance au dessin 2 User friendly Intuitif Pratique Performant Efficace Rapidité Capricieux Indispensable Complet Professionnel Ergonomie 4 Outils d’aide à la modélisation 3D Temps d’apprentissage Utile Compréhension Rationalisation Intelligent Complexe Recherche d’un objet (forme) Exploration Formelle Riche de possibilités Créativité Libre Perspectives ouvertes Conception Aspects techniques 2 2 Paramétrique Connexion Paramètres Commandes Liaison Complexité Codage Programmation 3 2 2 2 Figure 4. Termes et récurrences définissants le ressenti des participants pour le logiciel Grasshopper© après une journée de formation. Comparons à présent ces dénominatifs avec les intérêts et difficultés explicités par les interrogés en fin de formation. Premièrement, quatorze participants sont d’accord avec le fait qu’une journée de formation leur a permis de mieux cibler les avantages et inconvénients de ce type de logiciel. Onze d’entre eux recommanderaient même une formation sur le paramétrique à leurs collègues (une personne restant mitigée et trois personnes ne recommandant pas la formation car il n’y a « pas d’application directe et quotidienne dans leur secteur professionnel »). En regard du gain de temps évoqué dans les fonctionnalités positives de départ, un participant commente que c’est « un outil supplémentaire permettant d’optimiser au mieux le temps de travail ». On retrouve également la notion de flexibilité dans les modifications permises « pour explorer les possibilités ». Cette « flexibilité permet de faire un grand nombre de tests de façon efficace » mais également d’effectuer des « modifications a posteriori ». Alliant le point de vue technique et la créativité, des commentaires stipulent que ce type d’outils « permet de réaliser des formes complexes et qu’on trouve des difficultés pour les réaliser par les autres logiciels de modélisation », « ça leur [les 9 SHS Web of Conferences 47, 01010 (2018) SCAN’18 https://doi.org/10.1051/shsconf/20184701010 architectes] libère le choix et permet leur réalisation ». « Cela donne une dimension supplémentaire point de vue conception et vitesse » mais également « pour apporter une assistance au développement ». On peut donc voir qu’à l’issue de la journée de formation, la notion de créativité est toujours présente mais accompagnée de commentaires plus techniques, alliant créativité et faisabilité. Concernant les difficultés ressenties en fin de séance, les architectes soulèvent à nouveau l’aspect technique évoqué en début de journée : « la difficulté est que la programmation n’est pas à la portée de tous ». Cela rejoint leur pressentiment de la réussite d’une approche différente avec peut-être la nécessité d’une formation informatique pour l’encodage des données. Par ailleurs, la notion de créativité est nuancée par le commentaire suivant : « risque de copier-coller d’un projet à l’autre différent d’une architecture contextualisée, réfléchie, qui répond aux besoins spécifiques de chaque projet ». On ressent également que la notion de créativité est perçue comme potentiellement aliénée par la fonctionnalité, notamment au travers de ce commentaire : « la recherche formelle doit découler d’un processus de réflexion, d’un contexte, de contraintes… pas d’outils. L’outil doit rester à sa place d’aide à la modélisation, à la rationalisation mais ne pas prendre le pas sur la conception. ». Comme l’illustre schématiquement la figure 5, à l’issue de cette formation les participants perçoivent et défendent toujours l’approche créative procurée par la modélisation paramétrique, vue comme un atout. Les aspects techniques sont discutés aussi bien comme un intérêt qu’une difficulté du logiciel pratiqué. Les fonctionnalités sont quant à elles peu évoquées et uniquement plutôt de manière attrayante. Créativité Créativité Aspects techniques s Figure 5. Comparaison des intérêts (à gauche) et difficultés (à droite) perçus en fin de formation. Au-delà du questionnement sur les intérêts et difficultés des logiciels paramétriques, les architectes présents ont été questionnés quant à la pertinence de l’application de la modélisation paramétrique dans de plus petits bureaux d’architecture. Au premier abord, les architectes sont partagés. Certains évoquent l’usage de ces outils pour modéliser des « projets complexes », de « grands projets », comme des « bâtiments publics ». D’autres les envisagent plutôt pour des « objets de design » ou des « éléments du second œuvre » comme un « bardage, des garde-corps ». Au-delà de cette notion d’échelle, leur application est également controversée. Certains interrogés estiment qu’ils sont pertinents pour des « éléments variables » tandis que d’autres les imaginent pour des « séries », des « auditoires », des « éléments de répétition ». Ce type de logiciels serait, selon ces participants, davantage utile pour les « éléments en série ». 10 SHS Web of Conferences 47, 01010 (2018) SCAN’18 https://doi.org/10.1051/shsconf/20184701010 Enfin, des questions ont été posées quant à la pertinence de l’usage de tels outils dans de petits bureaux d’architecture. Certains soulignent le fait que l’usage de ces logiciels est pertinent pour des « questions d’expérimentation », « ceux qui sont à la recherche d’une conception assistée par logiciel mais pour des petits bureaux cela est rare » ou encore pour des « projets dont certaines contraintes sont inconnues ». En début de session, la pertinence et les applications des logiciels sont envisagées en majorité sous l’angle de la créativité. A l’issue d’une journée de formation, treize architectes sur seize considèrent les outils paramétriques comme pertinents dans des bureaux d’architecture de moins de dix personnes. Ils sont également neuf à l’envisager dans la pratique quotidienne de leur métier. Cependant, les interrogés entrevoient toujours plus de pertinence pour les grands projets. Seuls trois participants estiment qu’il y a un intérêt pour des projets de plus petite échelle. On retrouve notamment des réflexions se référant à la complexité de l’ouvrage. Un participant argumente: « certains projets plus traditionnels n’ont pas d’utilité à travailler avec ces logiciels ». Les logiciels sont pertinents pour tout le projet « si celui-ci est complexe ». Ils le sont également uniquement dans certains éléments du projet « si cela concerne des éléments complexes (garde-corps) ». L’échelle du projet semble avoir moins d’importance en comparaison de sa technicité. La créativité est également impactée : « ça peut servir des bureaux axés sur la recherche formelle complexe comme des tours où la plus-value esthétique est réelle », « les projets dont les contraintes ou volontés initiales risquent de changer et sont facilement paramétrables ». La pertinence de l’usage de ces outils paramétriques reste donc un aspect ouvert à débat. 6. Discussion et conclusion Cette étude a été mise en place dans le cadre d’une formation continue sur le processus BIM. Dès lors, les participants présents à ces deux journées de formation sont a priori des acteurs présentant un intérêt pour l’intégration du numérique dans le processus de projet. Bien que nous ayons pu interroger leur niveau de connaissance concernant la modélisation paramétrique, leur ouverture au numérique de manière générale influence leur réaction face à la prise en main de nouveaux outils et, dans ce cas d’étude spécifique, leur réaction face à la modélisation paramétrique. A l’issue de cette analyse comparative des intérêts et difficultés avant/après la journée de formation, nous constatons que les avis quant aux trois attributs sont davantage tranchés en début de journée et plus nuancés en fin de journée, un propos faisant alors plus souvent appel à deux attributs dans l’argumentaire. Ce chevauchement est visible sur la figure 6, via l’intersection importante des attributs en fin de journée. L’aspect fonctionnel est un attribut largement évoqué en début de journée comme un atout des logiciels paramétriques. Il apparait également de manière prépondérante dans les dénominatifs choisis par les participants pour décrire le logiciel utilisé et de manière positive dans les réflexions finales des participants. Les participants s’y réfèrent de manière similaire au long de la journée : beaucoup discuté comme positif en début et fin de formation, peu discuté comme difficulté en début et fin de formation. Contrairement à cela, l’aspect technique, qui semblait être entièrement une contrainte au premier abord, s’atténue largement dans ses aspects négatifs et est finalement décrit d’un point de vue plus positif en fin de journée. Concernant la créativité, c’est un attribut qui est largement discuté tout au long des commentaires aussi bien de manière positive que négative et ce quel que soit le moment de la journée. En effet, les craintes pressenties en début de formation sont toujours discutées mais colorées d’un point de vue sur les fonctionnalités. Par ailleurs, la créativité est toujours autant discutée de manière positive et ce, en regard de la constructibilité des éléments notamment. En effet, d’une manière globale la technicité informatique de la 11 SHS Web of Conferences 47, 01010 (2018) SCAN’18 https://doi.org/10.1051/shsconf/20184701010 modélisation paramétrique a fortement impacté la perception sur la créativité une fois les logiciels pris en main. INTERETS Matin Soir DIFFICULTES Figure 6. Evolution de la représentativité des attributs pour les intérêts et difficultés avant/après une journée de formation. Par ailleurs, revenant sur les trois caractéristiques du processus de conception paramétrique énoncées par Woodbury (2010), les participants considèrent la première caractéristique, soit la définition des relations logiques pour la création du modèle 3D, comme un frein technique car la « programmation n’est pas à la portée de tous ». Les modifications permanentes et les alternatives de conception développables à n’importe quelle étape sont par contre des atouts perçus par les participants. En effet, la diversité de variantes testables grâce à la flexibilité du logiciel est ressentie positivement par les participants en début de séance et se maintient telle quelle à l’issue de la formation. Nous pouvons également conclure qu’une journée d’immersion dans la pratique d’outils de modélisation paramétrique en conception architecturale ne permet pas d’établir de manière tranchée des typologies de projets spécifiquement adéquates, ni si une diversité morphologique est réellement favorisée par l’usage de ces outils. Cependant la prise en main des outils semble avoir été considérée de manière positive. Les participants font dès lors des liens entre possibilités créatives et potentialités techniques et sont majoritairement favorables à l’idée de s’essayer à l’usage de ces logiciels, en particulier par l’intermédiaire d’un stagiaire qui en aurait la maitrise. Au terme de cette journée d’immersion, il subsiste donc davantage le sentiment d’une complexité cognitive plutôt qu’une complète nonadéquation en regard de la pratique architecturale des petits bureaux d’architecture. Cette expérimentation sera réitérée lors des prochaines séances de formation afin de compléter l’échantillon et ainsi valider ou non les tendances observées. 12 SHS Web of Conferences 47, 01010 (2018) SCAN’18 https://doi.org/10.1051/shsconf/20184701010 Bibliographie Architects’ Council of Europe. (2015). La Profession d’architecte en Europe 2014 : une étude du secteur. Etude réalisée par Mirza & Nacey Research. de Boissieu, A. (2013). Modélisation paramétrique en conception architecturale : Caractérisation des opérations cognitives de conception pour une pédagogie. PhD Thesis, ENSA Paris la Villette. Cichocka, J. M., Browne, W. N., & Rodriguez, E. (2017). Optimization in the architectural practice - An International Survey. Protocols, Flows and Glitches, Proceedings of the 22nd International Conference of the Association for Computer-Aided Architectural Design Research in Asia (CAADRIA) 2017, 387–397. Davis, D., Burry, J., & Burry, M. (2011). 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2010GRENV036_2
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
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Analyse des interactions ADN lésé / protéines : Optimisations méthodologiques et applications aux dommages de l’ADN engendrés par les dérivés du platine
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French
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Précisons également que des recherches sont actuellement menées sur les activités antitumorales de complexes de platine multinucléaires (possédant plusieurs atomes de platine) 22 tel que le BBR3464 (triplatine). Des investigations visant à tester les propriétés d’autres ligands et d’autres configurations (composés trans) sont également en cours, montrant que les ressources en synthèse chimique sont loin d’être épuisées (Coley et al., 2008). 3. Stratégies originales faisant appel à des dérivés du platine Devant la difficulté croissante d’identifier de nouveaux dérivés du platine efficaces, d’autres stratégies ont été expérimentées, faisant appel au couplage de l’un des dérivés ayant déjà fait ses preuves à d’autres molécules susceptibles d’en améliorer l’efficacité, ou à leur utilisation concomitante. De nombreuses molécules et méthodes ont déjà être décrites, et aucune d’entre elle n’a à l’heure actuelle franchi le stade des essais cliniques. Seuls quelques exemples significatifs de ces approches à fort potentiel vont être successivement présentés ici. Les avantages qu’ils possèdent sont de plusieurs natures : augmentation du taux de lésions de l’ADN ; utilisation de prodrogues ciblant certains tissus ; inhibition d’activités de détoxification ; ciblage de la mitochondrie ; potentialisation de la radiothérapie ; utilisation d’autres métaux de transition.  Renforcement de la production de lésions de l’ADN Des analogues fonctionnels Cu(3-Clip-Phen) de la bléomycine (glycopeptide induisant des cassures simpleet double-brin) possèdent la capacité de générer des cassures simple-brin mais pas de cassures double-brin, hautement cytotoxiques. Le couplage d’une espèce proche du cisplatine aux dérivés Cu(3-Clip-Phen) rend la molécule résultante capable de former des adduits semblables à ceux du cisplatine, ainsi que de linéariser des plasmides en conditions réductrices. Plusieurs versions de la molécule hybride ont été évaluées sur des lignées cellulaires cancéreuses, dont certaines présentaient des activités cytotoxiques et antimigratoires intéressantes (inhibant le processus de colonisation qui se manifeste lors de l’installation de métastases) (Ozalp-Yaman et al., 2008).  Utilisation de prodrogues ciblant les cellules tumorales (théorie du « cheval de Troie ») Cette stratégie a pour objectif de concevoir des molécules de platine (IV) qui serviront de prodrogues, converties en molécules platine (II) actives uniquement après avoir atteint leur cible. Plusieurs exemples peuvent être cités. Ainsi, une équipe du laboratoire de Stephen Lippard a généré à partir d’un même précurseur plusieurs complexes platinés conjugués à l’œstradiol (Barnes et al., 2004). Ce concept découle d’une corrélation établie entre la sensibilité au cisplatine de cellules possédant des récepteurs à œstrogènes, et la surexpression par ces cellules de la protéine HMGB1 (He et al., 2000a). Celle-ci, on le verra dans la deuxième partie de cette analyse bibliographique, joue un rôle non négligeable dans la 23 médiation de la toxicité du cisplatine. De ce fait, le triple but d’une telle mol le platinée hybride est de cibler certains types cellulaires (présence des récepteurs), puis délivrer lors de son hydrolyse à la fois une dose de cisplatine générant les adduits cytotoxiques et une dose de stéroïdes afin d’obtenir un effet physiologique recherché, ici la surexpression de la protéine HMGB1 (Figure 8). Figure 8 : L’utilisation d’un complexe œstradiol-platine (IV) permet de cibler préférentiellement des cellules tumorales mammaires surexprimant des récepteurs aux œstrogènes (adapté de Barnes et al., 2004).  Inhibition d’activités de détoxification Ce type d’approche peut par exemple mettre en œuvre un couplage [dérivé du platineacide éthacrynique] (Ang et al., 2005). La molécule résultante libère lors de sa réduction in cellulo deux équivalents d’acide éthacrynique, un diurétique qui est aussi un inhibiteur d’enzymes de la famille de la gluthation-S-transférase (GST). Ces enzymes sont notamment impliquées dans la détoxification de xénobiotiques dans le cytoplasme par transfert sur ceuxci d’une molécule de glutathion réduite, facilitant leur élimination. Les GST sont souvent surexprimées dans des lignées résistantes au cisplatine comme cela sera décrit plus loin. L’activité de plusieurs isozymes de la GST se trouve efficacement inhibée après exposition de cellules tumorales pulmonaires à l’éthacraplatine, confirmant l’intérêt d’une telle molécule. Des analyses par spectrométrie de masse montrent la formation de complexes GSTéthacraplatine ou GST-acide éthacrynique, qui inhibent ces enzymes.  Ciblage de la mitochondrie Plusieurs stratégies ont été imaginées pour cibler cette organelle, et nous n’en aborderons qu’une. La plupart des cellules composant les tumeurs solides, se trouvant dans un 24 environnement hypoxique, se tournent vers la glycolyse en remplacement du cycle de Krebs afin de produire l’énergie nécessaire : c’est l’effet Warburg. L’utilisation de la glycolyse est associée à une diminution de la capacité apoptotique des cellules, notamment en empêchant la translocation du cytochrome C et du facteur pro-apoptotique (AIF) de la mitochondrie vers le cytoplasme. En conséquence, le métabolisme particulier qu’acquièrent les cellules tumorales contribue au processus de cancérisation. Le mitaplatine est une espèce hybride cisplatinedichloroacétate (Dhar & Lippard, 2009) qui permet d’induire des dommages sur l’ADN mais aussi cibler spécifiquement les cellules cancéreuses en s’attaquant à leur activité métabolique particulière. Le dichloroacétate inhibe l’enzyme pyruvate déshydrogénase kinase (PDK). Le rôle de cette dernière est de désactiver la pyruvate déshydrogénase (PDH), qui en temps normal convertit pyruvate en acétyl-CoA et fait donc le lien entre glycolyse et cycle de Krebs. L’augmentation du potentiel membranaire de la mitochondrie résultant de l’afflux d’acétylCoA à l’intérieur de la mitochondrie cause l’ouverture des pores de transition, générant par là un efflux de cytochrome C et d’AIF. Le cytochrome C devient alors membre du complexe Apaf, activant grâce à sa sous-unité caspase-9 d’autres caspases et induisant la mort cellulaire (Cullen et al., 2007).  Utilisation de nanovéhicules Il s’agit de stratégies prometteuses, utilisant un vecteur pour améliorer la pénétration cellulaire, et si possible cibler les tumeurs. Pour illustration l’association du cisplatine avec des « nanocornes » de carbone (single-wall carbon nanohorns) fonctionnalisées permet une amélioration de la pénétration cellulaire, une administration localisée et prolongée du médicament et un pouvoir antinéoplasique accru sur des cellules humaines de cancer bronchique non à petites cellules implantées à des souris immunodéficientes (nude) (Ajima et al., 2008). Un véhicule plus spécialisé a été conçu en fonctionnalisant des nanoparticules poreuses Fe3O4 à l’aide du trastuzumab, un anticorps monoclonal IgG1 humanisé. Après stockage à l’intérieur de la particule (Figure 9), le cisplatine peut être spécifiquement délivré au sein de cellules exprimant le récepteur pour les facteurs de croissance épidermaux humains 2 (HER2) reconnu par l’anticorps, et initier une cytotoxicité supérieure à celle du cisplatine (Cheng et al., 2009).  Potentialisation de la radiothérapie L’efficacité de la radiothérapie pour traiter certains types de tumeurs passe par la formation de lésions sur l’ADN (cassures) grâce à un dépôt d’énergie localisé ainsi que par la formation d’espèces réactives de l’oxygène (reactive oxigen species, ROS) qui vont à leur tour endommager l’ADN. Il est établi depuis plusieurs années que la présence d’adduits du platine augmente les effets de la radiothérapie par une inhibition de la réparation des lésions qu’elle génère ainsi que par la production de lésions secondaires par conversion des cassures 25 simple-brin en cassures double-brin (Amorino et al., 1999). Afin d’ajouter à cet effet, des nanoparticules d’or peuvent également être employées en combinaison avec le cisplatine et la radiothérapie. La cause de ce phénomène serait l’émission d’électrons secondaires de basse énergie, favorisée par le platine et l’or, qui induit un dépôt de dose local très important. À doses cliniquement pertinentes, et sur des films secs d’ADN plasmidique, la présence de nanoparticules d’or près du site de platination augmente le nombre de cassures double-brin par un facteur de plus de sept par rapport à l’ADN seul, et de plus de trois par rapport à l’ADN platiné (Zheng & Sanche, 2009). Figure 9 : Véhicule constitué de nanoparticules d’or poreuses qui permettent de délivrer le cisplatine de façon ciblée à des cellules tumorales mammaires exprimant le récepteur HER2 (adapté de Cheng et al., 2009).  Utilisation d’autres métaux de transition Le succès des dérivés du platine a aussi amené la communauté scientifique à s’intéresser au potentiel d’autres métaux pour la production de molécules thérapeutiques. C’est surtout le cas du ruthénium, qui forme des complexes stables et permet dans certains cas d’atteindre préférentiellement les tumeurs. Ainsi, elles peuvent être ciblées par des complexes de ruthénium (III) qui seront réduits et activés par les conditions réductrices de ce type de 26 tissu. De plus, ces complexes peuvent être aussi captés par le transporteur du fer transferrine, dont le récepteur se trouve surexprimé chez les cellules possédant une forte activité de division et nécessitant donc un plus grand apport en fer (Sanchez-Cano & Hannon, 2009; Antonarakis & Emadi, 2010). Deux dérivés se trouvent actuellement en phase d’essais cliniques. Le premier, KP1019, s’associe à la transferrine pour atteindre les cellules cancéreuses puis interférer avec la chaîne de transport des électrons au sein de la mitochondrie, mais aussi cibler l’ADN. Il possède une activité intéressante contre le cancer colorectal. Le second, NAMI-A, agit d’une toute autre manière puisqu’il démontre des effets anti-angiogéniques et anti-invasifs, tout en étant peu efficace sur la tumeur primaire. Des complexes de titane (Oberschmidt et al., 2007) et de gallium (Rudnev et al., 2006) sont aussi, à l’heure actuelle, en cours d’essais cliniques. Les dérivés du platine représentent donc une classe majeure d’anticancéreux utilisée pour le traitement de tumeurs très variées. Les efforts de recherche liés à cette classe ont connu un essoufflement suite au peu de succès rencontré dans la mise sur le marché de nouvelles molécules. Malgré tout, un regain d’intérêt se manifeste aujourd’hui, notamment grâce aux progrès réalisés dans la compréhension des paramètres cytotoxiques des dérivés platinés et des résistances tumorales. Preuve de cette attention constante de la communauté scientifique, un symposium international sur les composés coordonnés du platine pour les chimiothérapies anticancéreuses (International Symposium on Platinum Coordination Compounds in Cancer Chemotherapy) se tient périodiquement afin de faire un point complet sur les différents aspects de la synthèse et de l’utilisation de ces médicaments (Muggia, 2009). Nous allons maintenant voir plus en détail les aspects pharmacologiques de l’utilisation des dérivés du platine (cytotoxicité, résistances), en décrivant les mécanismes chimiques et biologiques sous-jacents. B) Données pharmacologiques sur les dérivés du platine Il est possible de décomposer le mode d’action des dérivés du platine en cinq grandes étapes : administration systémique ; accumulation active et passive à l’intérieur de la cellule ; activation du complexe platiné ; entrée dans le noyau et réaction avec certaines bases de l’ADN pour former des adduits ; élicitation d’une réponse cellulaire à ces dommages. Les paramètres et acteurs de chacun de ces mécanismes vont être abordés dans les paragraphes qui suivent. 1. Données pharmacocinétiques Le cisplatine, le carboplatine et l’oxaliplatine sont administrés par voies intraveineuse ou intrapéritonéale. Suite à l’injection dans le système circulatoire, ils ont accès à l’ensemble des tissus. La demi-vie du cisplatine plasmatique (total) est longue, de deux à huit jours 27 (données AFSSAPS), et la clairance rénale importante. Cependant, la demi-vie du cisplatine ultrafiltrable (non associé à des macromolécules) dans l’organisme est courte, de l’ordre de 30min, en raison de sa forte réactivité avec les protéines : il se fixe tout d’abord (lors des deux premières heures après injection) à des protéines de bas poids moléculaire (< 25kDa) contenants des groupements sulfhydryle, telles que complexes du glutathion et surtout protéines riches en L-méthionine. Par la suite, ce sont les protéines de plus haut poids moléculaire, albumine, globulines et transferrine, qui sont atteintes, alors que la fixation aux protéines à groupement sulfhydryle n’est plus détectable. Lors de cycles de chimiothérapies, il s’accumule rapidement dans les tissus et n’atteint un équilibre plasmatique qu’au bout de plusieurs injections. La demi-vie du carboplatine total est équivalente (cinq jours). Peu réactif avec les protéines plasmatiques (il se lie uniquement à de petites protéines possédant des groupements thiol), le carboplatine est rapidement éliminé (95% avant la 25ème heure postinjection). L’oxaliplatine, enfin, présente une demi-vie dans l’organisme égale à celle du carboplatine et possède un spectre de liaison aux protéines plasmatiques très similaire à celui du cisplatine. Il voit sa concentration d’équilibre atteinte dès le premier cycle du aitement. Très peu de temps (02h00) après le début de l’injection, l’ensemble de la forme ultrafiltrable a disparu et 85% du platine se retrouve déjà distribué dans les tissus. L’oxaliplatine ne paraît pas s’accumuler d’un cycle à l’autre lors d’un programme de traitement chimiothérapeutique (Boisdron-Celle et al., 2001). Une méthode très sensible telle que la spectrométrie de masse couplée à un plasma inductif (inductively coupled plasma mass spectrometry, ICP-MS) permet de déceler la présence de platine dans le plasma jusqu’à trois semaines après injection de cisplatine ou d’oxaliplatine. Le cisplatine et surtout l’oxaliplatine, mais pas le carboplatine, s’avèrent capables de s’accumuler dans les érythrocytes, par fixation covalente sur l’hémoglobine (Boisdron-Celle et al., 2001). Les dérivés du platine ne sont pas métabolisés par le foie et leur élimination passe principalement par la voie rénale, ce qui explique en partie leur toxicité pour ce tissu. 2. Pénétration à l’intérieur de la cellule La propriété majeure autorisant la molécule à toucher une cible difficile d’accès telle que l’ADN est sa haute stabilité, due à une capacité d’échange de ligands réduite, à l’inverse d’autres complexes de coordination (Bloemink & Reedijk, 1996). Le cisplatine a donc le temps de subir les processus de transport successifs qui le mèneront jusqu’au noyau. Son passage à travers la membrane cellulaire est encore aujourd’hui l’objet d’un débat. Le cisplatine, le carboplatine et l’oxaliplatine sont des molécules hautement polaires, qui ne passent pas aisément à travers la membrane plasmique. Cependant des arguments expérimentaux penchaient en faveur d’une diffusion passive, notamment car l’entrée du cisplatine n’est ni saturable (Hromas et al., 1987; Binks & Dobrota, 1990) ni inhibée par la présence d’analogues structuraux (Gately & Howell, 1993). Un certain nombre de travaux 28 plus récents suggèrent maintenant un rôle pour des transporteurs spécialisés dans ’internalisation des dérivés du platine. Il s’agit surtout du transporteur du cuivre copper transporter receptor 1 (CTR1) (Howell et al., 2010). L’homéostasie du cuivre est un processus important qui permet à la fois d’assurer la présence de ce métal (cofacteur pour de nombreuses enzymes) dans la cellule mais aussi de la protéger contre ses effets nocifs (production de radicaux libres par réaction avec l’oxygène moléculaire ou le peroxyde d’hydrogène). CTR1 est le principal (mais non le seul) transporteur responsable du passage du cuivre à travers la membrane. L’absence de CTR1 rend levures et cellules de mammifères résistantes à des concentrations élevées de cuivre, cisplatine, carboplatine et oxaliplatine, alors que sa surexpression produit l’effet inverse pour ces mêmes composés métalliques. L’étude de tumeurs et lignées cancéreuses a cependant mis à jour bien peu de cas où CTR1 se trouve sous-exprimé. Une hypothèse vient fournir une explication à ce phénomène : l’absence de glycosylation en T27 de CTR1 inactive la protéine par protéolyse de la partie N-terminale, mais permet à celle-ci de rester en place au sein de la membrane. Plusieurs types cellulaires résistants au platine présentent une voie de glycosylation défectueuse, et la transfection de telles cellules avec un gène de CTR1 intact produit une protéine de taille inférieure à la normale qui ne permet pas d’abolir la résistance au cisplatine (Howell et al., 2010). CTR1 se trouve aussi modulé par le cisplatine : l’exposition de cellules de cancer de l’ovaire humaines à cet agent engendre une rapide élimination de CTR1 par macropinocytose, un mécanisme empêché par les inhibiteurs du protéasome bortezomib et lactacystine ; la protéine se trouve aussi polyubiquitinylée suite à exposition au cisplatine et au bortezomib, et se trouve ainsi adressée pour dégradation. Le mécanisme exact de transport du cisplatine à travers CTR1 est envisagé de la façon suivante (Figure 10) : un empilement de structures en forme de cercle riches en méthionine (côté extracellulaire) permettrait le transfert séquentiel du cuivre Cu+, et donc potentiellement du cisplatine, d’un cercle à l’autre par transchélation jusqu’à un dernier cercle riche en cystéine à l’extrémité cytoplasmique du transporteur. Ce mode de passage s’explique par le fait que l’ion Cu+ et le cisplatine, acides faibles, sont capables de former des interactions faibles avec les acides aminés soufrés (Howell et al., 2010). Remarquons enfin que si CTR1 contribue à l’accumulation intracellulaire du cisplatine, du carboplatine et de l’oxaliplatine, il paraît également exister pour ce dernier dérivé d’autres mécanismes car son entrée est moins affectée par la suppression de l’expression de CTR1 (Holzer et al., 2006). En revanche, nous avons déjà évoqué plus haut, dans le cas de l’oxaliplatine, le rôle d’autres transporteurs qui tendent à favoriser l’entrée du dérivé dans la cellule (Zhang et al., 2006). La transfection de cellules rénales avec des plasmides portant les gènes des transporteurs SLC22A1 et SLC22A2 confère des sensibilités 8 et 74 fois plus importantes, respectivement, pour l’oxaliplatine alors que la sensibilité au cisplatine et au carboplatine n’est pas significativement modifiée. C’est le ligand non labile organique présent sur 29 l’oxaliplatine mais pas sur le cisplatine et le carboplatine après activation, qui permettrait l’interaction avec ces deux transporteurs. SLC22A1, et dans une moindre mesure SLC22A2, ont été détectés au sein de lignées cellulaires issues de cancers du colon, suggérant leur rôle actif dans la médiation de la toxicité de l’oxaliplatine dans ces tissus particuliers. La variabilité de sensibilité pourrait d’ailleurs être liée à la variation d’expression de SLC22A2, mais sa faible présence au sein d’échantillons de tumeurs ovariennes sensibles ne permet pas de corréler son influence aux effets cliniques généralement observés pour ces tissus (Burger et al., 2010). Figure 10 : Mécanisme envisagé pour le transport actif du cisplatine à travers la membrane plasmique via le transporteur du cuivre CTR1 et un phénomène de transchélation (adapté de Holzer et al., 2006). 3. Activation intra-cytoplasmique Le cheminement du dérivé du platine de l’extérieur de la cellule vers le noyau est présenté sur la Figure 11. Une fois parvenus dans le cytoplasme, les dérivés du platine doivent être activés pour agir sur leur cible privilégiée. Dans le cas du cisplatine, les ions chlorure sont remplacés en solution par des molécules d’eau. C’est ce qui se passe à l’intérieur de la cellule où la concentration en ions chlorure est plus basse ([Cl-] = 2-30mM). Cette aquation n’est pas possible dans les fluides extracellulaires (par exemple dans le sang) où la 30 concentration en ions chlorure est plus élevée ([Cl-] ≈ 100mM). Il se produit une activation analogue pour les autres dérivés, dont les substituants labiles sont également remplacés par des molécules d’eau. Les groupements aqua du cation nouvellement formé sont bien plus réactifs à l’encontre des groupes nucléophiles de macromolécules (ADN, ARN, protéines). En conséquence, 75 à 85% des molécules de cisplatine pénétrant dans une cellule réagissent directement avec les protéines (Fuertes et al., 2003) puis 14 à 24% avec d’autres biomolécules, dans le cytoplasme ou au sein du noyau. Au final, seulement 1% du cisplatine est capable d’atteindre l’ADN génomique (Arnesano & Natile, 2009). Bien qu’à doses pharmacologiques, son association avec l’ARN ou les protéines intracellulaires ne paraît pas capable d’inactiver directement ces molécules, il faut malgré tout garder à l’esprit que les effets du cisplatine sur d’autres molécules que l’ADN ont été à ce jour assez peu étudiés et qu’une modulation de sa cytotoxicité via ces cibles n est pas à exclure. 4. Formation d’adduits sur l’ADN génomique L’identité du phénomène principal responsable de l’activité cytotoxique des dérivés du platine a longtemps fait débat. Il est cependant aujourd’hui admis que ce sont ces adduits à l’ADN qui en sont la cause majeure, en agissant de façon négative sur les processus normaux de réplication et transcription comme nous allons le voir. Après l’étape initiale d’activation, le cisplatine forme dans un second temps des adduits monofonctionnels avec l’azote 7 du cycle imidazole des guanines ou adénines (dans une moindre mesure pour ces dernières) accessibles à l’intérieur du grand sillon (Figure 11, encadré rouge). Enfin, plus de 90% de ces adduits réagissent de nouveau afin de former des adduits bifonctionnels. Dans le cas du cisplatine, les temps observés in vitro pour chacune de ces trois étapes sont, respectivement : t1/2 = 1,9h ; t1/2 = 0,1h ; t1/2 = 2,1h (Bancroft et al., 1990). On constate ainsi que l’étape de remplacement des ions chlorure est limitante par rapport à celle de formation de l’adduit à proprement parler. Le carboplatine, l’oxaliplatine et le satraplatine suivent des schémas réactionnels identiques. Les liaisons générées entre les bases sont irréversibles. Les adduits bifonctionnels résultants comprennent différents types de liaisons intraou interbrin qui perturbent la structure tridimensionnelle de l’ADN en causant courbure et torsion de la double hélice. Il est important de noter que la formation des lésions du platine dépend de l’accessibilité de l’ADN, autrement dit de son état de compactage au sein du nucléosome et, plus largement, de la chromatine. Une forme plus ouverte, et donc plus accessible, favorise la fixation d’ platinants, ce qui est d’ailleurs illustré par leur préférence pour l’ADN de liaison internucléosomal. 31 Figure 11: Mécanismes de transformation du cisplatine dans la cellule. La perte des ligands chlore remplacés par des groupements aqua rend le composé réactif vis-à-vis des sites nucléophiles de molécules telles que l’ADN, l’ARN et les protéines . Il peut alors réagir avec l’ADN génomique pour former des adduits monofonctionnels et bifonctionnels, notamment en réag issant avec l’a zote N7 des purines (adapté de Kartalou & Essigmann, 2001b et Wang & Lippard, 2005). 5. Proportions des différentes lésions de l’ADN Sept années après la mise sur le marché de la molécule, les différentes formes d’adduits du cisplatine sur l’ADN étaient identifiées (Fichtinger-Schepman et al., 1985). Les proportions relatives de ces adduits sont indiquées dans le Tableau 2. La lésion la plus courante induite in vivo par le cisplatine, et aussi la plus étudiée, est l’adduit intrabrin 1,2d(GpG)-[Pt(NH3)2]2+, représentant environ deux tiers du total des adduits constatés (voir Tableau 2). Le carboplatine forme les mêmes adduits que le cisplatine, mais dans des proportions différentes. L’oxaliplatine, quant à lui, forme aussi les mêmes adduits mais là encore dans des proportions très différentes, y compris en fonction des types cellulaires (Hah et al., 2010). Il semble que pour ce dérivé les monoadduits soient légèrement majoritaires par rapport aux autres espèces (voir Tableau 2). Le JM118 (métabolite actif du satraplatine), enfin, génère majoritairement des pontages entre deux guanines adjacentes. Comme cela a été indiqué précédemment, du fait de la structure asymétrique de la molécule, les adduits formés par ce dérivé possèdent une isomérie d’orientation, le ligand cyclohexylamine étant dirigé soit 32 vers l’extrémité 5’ soit vers l’extrémité 3’. Il semble que, dans l’ADN double brin, le rendement penche en faveur de l’orientation 3’ pour un ratio proche de 2:1. En effet, la présence du phosphate en 5’ autorise la formation d’une liaison hydrogène avec le ligand amine, entraînant la formation préférentielle de cet adduit. Une plus faible quantité d’adduits 1,2-d(ApG) est également formée en comparaison avec le cisplatine alors que la lésion 1,3d(GpG) est au contraire plus présente (Hartwig & Lippard, 1992). DÉRIVÉ Cisplatine TYPE D’ADDUIT FRÉQUENCE Intra-1,2-d(GpG) Intra-1,2-d(ApG) Intra-1,3-d(GpNpG) Inter-d(G*pC)/d(G*pC) 65% 25% 5-10% 2% cis-[Pt(NH3)2(dG)2] Carboplatine Oxaliplatine (= intra-1,3-d(GpNpG) ou inter-d(G*pC)/d(G*pC)) 36% Intra-1,2-d(GpG) Intra-1,2-d(ApG) Interbrin ou monoadduit Non déterminé 30% 16% 4% 14% Intra-1,2-d(GpG) Intra-1,2-d(ApG) Intra-1,3-d(GpNpG) Inter-d(A*pT)/d(A*pT) Monoadduit Non déterminé 3-8% 1-3% 4-11% 4-17% 6-10% 60-77% Tableau 2 : Proportion des différents types d’adduits formés par les dérivés du platine d’importance clinique sur l’ADN in vivo (d’après Blommaert et al., 1995; Todd & Lippard, 2009; Hah et al., 2010). 6. Répercussions des lésions sur la structure de l’ADN Des études structurales en cristallographie aux rayons X et spectroscopie par résonance magnétique nucléaire (RMN) ont permis de déterminer la géométrie des modifications tridimensionnelles de l’ADN engendrées par la présence de l’adduit. D’une façon générale, on remarque que cette structure est altérée de sorte que la présence de la lésion induit une forte courbure ainsi qu’une torsion de la double hélice, et qu’au site du dommage le petit sillon est élargi et aplati alors que le grand sillon se trouve rétréci. Chaque type d’adduit cause un changement unique de conformation de l’ADN puisque les angles de courbure et de torsion (déroulement) de la double hélice sont variables. Pour l’adduit majeur du cisplatine, l’angle de courbure est de l’ordre de 60-80° alors que l’angle de torsion est de 20-25°, comme déterminés par RMN sur de courts oligonucléotides en solution (ADN de forme B) (Yang et al., 1995; Gelasco & Lippard, 1998). La courbure induite par la lésion 1,2- 33 d(ApG) est d’environ 55° et serait plus déroulée que la lésion 1,2-d(GpG). Dans les deux cas, la déformation est plus marquée en 5’ de l’adduit, rompant uniquement l’appariement avec la cytosine ou la thymine complémentaire. Des données déjà anciennes penchent en faveur d’un pouvoir mutagène supérieur de la lésion 1,2-d(ApG) par rapport à la lésions 1,2-d(GpG) (Burnouf et al., 1990). Toujours à propos du cisplatine, la courbure de la lésion 1,3d(GpNpG) est de 20°, avec une torsion de 20° également (Kartalou & Essigmann, 2001b). Dans le cas des pontages interbrins entre deux guanines, les liaisons hydrogène entre celles-ci sont rompues, permettant un rapprochement des azotes 7 de la molécule coordonnée de cisplatine qui va alors lier les deux bases. Les cytosines non appariées sont quant à elles dirigées à l’extérieur de la molécule, vers le solvant (Lilley, 1996). La courbure est moins prononcée (20-40°) mais la torsion de la double hélice est sévère (70-90°). En conséquence, la déformation se trouve étendue sur une distance de 4 à 5 bases autour de la lésion. Les déformations créées par les adduits de l’oxaliplatine et du satraplatine ont une structure tridimensionnelle très proche de celles observées pour le cisplatine (Todd & Lippard, 2009). Cela peut d’ailleurs être constaté à l’aide d’anticorps ciblant les lésions majoritaires du cisplatine : ceux-ci sont également capables de reconnaître les adduits générés par d’autres dérivés dont l’oxaliplatine (Sundquist et al., 1987). Les principales déformations de l’ADN induites par les dérivés du platine qui nous intéressent sont présentées sur la Figure 12, où l’on peut constater cette similarité de structure pour les adduits 1,2-d(GpG) engendrés par le cisplatine, l’oxaliplatine et le satraplatine. 7. Cytotoxicité des différents types de lésions Il reste à identifier clairement, parmi ces différents types de lésions causées par les dérivés du platine, celles qui sont responsables de la cytotoxicité. Un faisceau de résultats permet de pencher en faveur des adduits 1,2-intrabrin. En effet, ils ne sont pas formés par l’isomère trans du cisplatine (transplatine), et ce composé est non toxique quoiqu’intéressant puisque possédant des capacités de radiosensibilisateur (Turchi et al., 1999). Par ailleurs, ce type d’adduit présente une demi-vie plus longue que les adduits 1,3-interbrins car ceux-ci sont plus efficacement éliminés par les enzymes de réparation (Moggs et al., 1997). Ces constatations ajoutées au rôle protecteur de certaines protéines pour ces dommages (voir plus bas) ont amené à considérer les adduits 1,2-intrabrin comme ceux responsables de l’activité antitumorale de ce complexe platiné (Fuertes et al., 2003). Cela n’exclut cependant pas un rôle important pour les autres types d’adduits. 34 Figure 12 : Déformations de la double hélice d’ADN induites par la présence d’adduits du platine : (A) adduit cisplatine 1,2-d(GpG) intrabrin ; (B) adduit cisplatine 1,3-d(GpNpG) intrabrin ; (C) adduit cisplatine interbrin ; (D) adduit oxaliplatine 1,2-d(GpG) intrabrin ; (E) adduit satraplatine 1,2-d(GpG) intrabrin (adapté de Todd & Lippard, 2009). C) Conséquences biologiques de la présence d’adduits du platine sur l’ADN 1. Conséquences directes Les dommages platinés interfèrent avec les mécanismes nécessitant la séparation des deux brins complémentaires, tels que nscription et réplication. Les cellules présentant une forte activité de prolifération, comme c’est le cas pour les cellules cancéreuses, sont activement engagées dans des processus de synthèse d’ADN et d’ARN que les adduits du platine sont à même de déstabiliser, ce qui explique leur sensibilité particulière à ce type d’agents génotoxiques. 35  Influence sur la transcription Trois mécanismes participent à l’inhibition de la transcription par les adduits du platine. Ils sont illustrés par la Figure 13. Le premier d’entre eux concerne le blocage de l’ARN polymérase II lors du processsus de transcription. Les adduits déformants tels que ceux formés par les dérivés du platine (les adduits bifonctionnels sont alors plus efficaces pour bloquer l’enzyme que les adduits monofonctionnels, moins déformants) altèrent les bases concernées de sorte qu’elles ne peuvent plus être prises en charge par l’enzyme au sein de son site actif. Ce blocage interrompt l’activité d’élongation de la polymérase, mais induit la formation d’un complexe stable immobilisé sur le site du dommage. L’enzyme subit une étape d’ubiquitination causant sa dégradation. Elle fait ainsi place aux acteurs des systèmes de réparation (Jung & Lippard, 2006; Damsma et al., 2007). Figure 13 : Trois mécanismes participant à l’inhibition de la transcription par les adduits du platine : (A) le blocage physique de l’ARN polymérase II lors de la transcription ; (B) le détournement de facteurs de transcription de leurs fonctions naturelles ; (C) la rigidité du nucléosome qui diminue l’accessibilité des gènes (adapté de Todd & Lippard, 2009). En amont de la transcription, ce sont les protéines initiatrices de celle-ci qui peuvent être directement touchées par les adduits du platine. Le mécanisme de détournement de facteurs de transcription (transcription factor hijacking) implique la fixation de certains de ces facteurs sur les adduits du platine. Cette séquestration a pour effet de réduire leur disponibilité, ce qui les empêche de remplir leurs fonctions naturelles (Kartalou & Essigmann, 2001b). L’exemple le plus connu est celui du facteur de transcription des ARN ribosomaux hUBF (également un enhancer de la transcription par l’ARN polymérase II), dont l’affinité pour les adduits du platine n’est que trois fois inférieure à celle pour sa séquence cible naturelle (Guminski et al., 2002). En dernier lieu, l’inhibition de la transcription peut être causée par l’augmentation de la rigidité du nucléosome suite à la formation des adduits du platine sur l’ADN. Cette perte de 36 mobilité rend également l’ADN moins accessible à la machinerie de transcription (Todd & Lippard, 2009).  Influence sur la réplication Les ADN polymérases, quant à elles, subissent un blocage analogue à celui de l’ARN polymérase II lorsqu’elles rencontrent un adduit platiné sur la séquence dont elles réalisent la copie (Harder et al., 1976), ce qui a pour effet de figer la fourche de réplication. Cependant, un certain degré de tolérance existe via un mécanisme dit de synthèse translésionnelle (replicative bypass) : des polymérases spécialisées sont alors recrutées, peut-être par l’intermédiaire de PCNA, sur le site de blocage afin de poursuivre la réplication de l’ADN (Jung & Lippard, 2007). La cellule évite ainsi les effets délétères résultant de la présence de l’adduit et augmente le temps disponible pour une réparation ultérieure des lésions. Bien sûr, cette tolérance peut s’effectuer au détriment de la parfaite fidélité de copie du génome, et est donc un contributeur important dans l’apparition de mutations. Les lésions déformantes telles que les dimères induits par les UV ou les pontages causés par les agents platinés sont particulièrement difficiles à contourner, en raison de la taille du dommage qui met en jeu deux bases adjacentes. Contrairement aux polymérases α, δ et ε (famille B) qui sont bloquées par l’adduit, les polymérases de la famille Y, telles que Pol β et Pol η, sont capables d’effectuer une synthèse translésionnelle, ignorant ainsi sa présence (Hoffmann et al., 1996; Alt et al., 2007), parfois aux dépends de la fidélité de réplication. La faible processivité de ces polymérases leur permet de se dissocier rapidement, laissant la place à celles de la famille B qui poursuivent la réplication. Au bilan, ce mécanisme autorise la pour du processus de synthèse d’ADN mais est susceptible d’engendrer la formation de lésions complexes, c'est-à-dire l’adduit en lui-même et la présence sur le brin complémentaire d’une seconde lésion de type mésappariement. Les contraintes imposées au nucléosome, rendant celui-ci moins mobile et participant à l’inhibition de la transcription, ont également une influence sur les mécanismes de réplication (Todd & Lippard, 2009). Les premiers indices expérimentaux montrèrent qu’après traitement au platine, les cellules se retrouvent bloquées en phase G2 du cycle cellulaire : après une période de latence (dont on sait maintenant qu’elle reflète le délai pris par la cellule pour tenter de réparer les dommages), certaines se réengagent dans le cycle cellulaire alors que d’autres meurent. L’arrêt en phase G2 est initié par certains points de contrôle du cycle cellulaire consécutivement à la détection des dommages (Sorenson & Eastman, 1988; Siddik, 2003). Le cisplatine induit très rarement le point de contrôle en G1/S, pourtant crucial puisqu’il prévient une réplication de l’ADN endommagé. C’est donc plutôt le point de contrôle en G 2/M qui se trouve déclenché afin de permettre la réparation des dommages formés en S ou en G2. La présence des lésions sur l’ADN inhibe l’action de la protéine CDK, ce qui a pour conséquence 37 d’empêcher l’accumulation des cellules en G1 (Siddik, 2003). Plusieurs mécanismes de réparation des dommages de l’ADN rentrent ensuite en ligne de compte pour traiter les lésions générées par les dérives du platine. 2. Réparation des lésions Parmi toutes les voies de réparation de l’ADN existantes, deux sont prépondérantes dans la médiation de la toxicité des dérivés du platine. Elles ont pourtant des conséquences opposées. Le système NER, tout d’abord, contribue à l’élimination des adduits platinés. La voie MMR, en second lieu, est capable de reconnaître ces lésions mais ne peut les réparer : elle va alors participer au déclenchement de l’apoptose en réponse aux adduits platinés. Nous allons maintenant décrire les étapes de chacune de ces voies, en lien avec la prise en charge des adduits du platine.  Cas de la voie NER D’une manière générale, ce mécanisme est responsable de la réparation des lésions volumineuses causant une distorsion de la double hélice de l’ADN. Celles-ci peuvent par exemple résulter de l’addition de molécules (hydrocarbures aromatiques polycycliques tels que le B[a]P), de pontages intrabrins par exposition aux rayonnements UV – dimères de pyrimidine (CPD) et photoproduits pyrimidine (6-4) pyrimidone ((6-4)-PP) – ou à divers agents chimiques électrophiles tels que les agents platinants, les moutardes azotées ou les psoralènes. Il s’agit d’un processus très étudié mais qui recèle encore de nombreuses zones d’ombre. Le schéma général est une identification de la lésion, suivie par son excision, et enfin la resynthèse du fragment d’ADN éliminé. Une trentaine de protéines possédant un rôle dans ce mécanisme ont été identifiées à l’heure actuelle. Elles agissent selon deux sous-voies, dont la principale différence se situe à l’étape de la reconnaissance des lésions. En effet, celleci peut se faire lors de la transcription (transcription-coupled repair, TCR) pour des zones transcriptionnellement actives, ou durant la surveillance générale du génome (global genome repair, GGR) pour des zones exprimées ou non. Cette discrimination est possible car la reconnaissance des dommages est effectuée par des protéines se cantonnant à ce rôle : elles n’interviennent pas dans l’étape d’excision-resynthèse qui suit, elle-même intégralement réalisée par d’autres protéines sans rôle connu dans la reconnaissance. Ces deux sous-voies sont détaillées ci-dessous et dans la Figure 14. GGR : la grande diversité chimique des dommages reconnus par la NER étonne, dans la mesure où la machinerie de reconnaissance doit être capable de détecter de façon spécifique des lésions dont la nature varie largement, parmi un très large excès de bases normales. Il ne paraît pas exister de complexe préformé de type « réparosome » dans la cellule. Au contraire, l’assemblage des différents facteurs impliqués est séquentiel (Feuerhahn & Egly, 2008). Le 38 complexe initiateur du processus varie selon les lésions. Les plus grosses lésions (incluant les adduits du platine) sont reconnues par XPC-HR23B. Les lésions induites par le rayonnement ultraviolet (UV), de plus petites taille , sont détectées par UV-DDB (XPE), un complexe qui recrute ensuite XPC-HR23B, lui-même responsable de l’assemblage des autres facteurs de réparation. TFIIH est le premier de ces facteurs recruté suite à la fixation de XPC-HR23B. L’activité hélicase de ses sous-unités XPB et XPD permet de déshybrider localement l’ADN. L’ensemble ainsi formé s’étend sur 20 à 30 paires de bases autour de la lésion. RPA (replication protein A), capable de se fixer sur l’ADN simple-brin non endommagé et de le protéger des attaques nucléasiques, et XPA (xeroderma pigmentosum group A-complementing protein), se positionnant grâce à un motif doigt de zinc sur le brin lésé, stabilisent l’ouverture de la double hélice. La présence de RPA et XPA permet aux endonucléases XPG (côté 3’) et ERCC1/XPF (côté 5’) de se positionner au niveau des jonctions ADN simple brin/double brin, générant une double coupure et donc l’excision d’un oligonucléotide de 24 à 32 paires de bases contenant la lésion à éliminer. C’est XPF (xeroderma pigmentosum group Fcomplementing protein) qui, au sein de l’hétérodimère, détient l’activité nucléase. ERCC1 (excision repair cross-complementing 1) contient un domaine de liaison à l’ADN et pourrait être responsable du positionnement correct de XPF (Nouspikel, 2009). Après l’incision, tous les facteurs à l’exception de RPA se détachent du site de réparation afin de permettre le recrutement de la machinerie de resynthèse (RFC et PCNA puis les polymérases δ et ε) et ligation (ADN ligase I pour les cellules en phase S, XRCC1/ADN ligase III pour les cellules se trouvant aux autres étapes du cycle cellulaire) (Fousteri & Mullenders, 2008). Enfin, la structure chromatinienne est restaurée. L’oligomère éliminé est ensuite très probablement dégradé dans le noyau, et le devenir du e inconnu : il n’a en effet pas été possible, jusqu’à présent, de le suivre à travers la cellule après la réparation (Jung & Lippard, 2007). TCR : il s’agit d’un mécanisme plus rapide que le précédent, n’agissant qu’au niveau du brin transcrit d’un gène en cours d’expression. Ses étapes successives sont pour le moment bien moins connues que celle de la GGR. De son efficacité dépendent la bonne poursuite de la transcription et, en cas d’échec, l’initiation des voies apoptotiques. Sa découverte provient de l’observation que la réparation au sein des gènes activement transcrits est plus rapide que pour les régions silencieuses du génome. De plus, cette rapidité se vérifie aussi lorsque l’on compare, au sein d’un gène exprimé, la réparation du brin transcrit avec celle du brin non transcrit (Friedberg, 2001). Au cours de l’élongation, l’ARN polymérase II interagit constamment avec CSB, protéine possédant des activités hélicase et de remodelage de la chromatine, et XPG. Lorsque la polymérase se retrouve bloquée par des bases anormales, dont celles possédant un adduit, l’interaction avec CSB se stabilise. L’ARN polymérase pourrait alors être déplacée, voire même dégradée, avant le recrutement de CSA-DDB1/CSN, HAT p300 puis des facteurs d’incision de la NER induit par CSB (Nouspikel, 2009). Ensuite, le mécanisme procède globalement de la même façon que la GGR. 39 Les propriétés de certains des acteurs de ce mécanisme, notamment leurs capacités d’interaction avec les adduits du platine, seront plus précisément décrites dans le chapitre suivant. Figure 14 : Les étapes principales des deux voies de la réparation par excision de nucléotides. Le GGR détecte les lésions au sein de régions non activement transcrites de la chromatine, en faisant appel au complexe de reconnaissance XPCHR23B (lésions platinées) ou au complexe UV-DDB (lésions UV-induites). Le TCR , quant à lui, est enclen ché lorsque l’ARN polymérase II se trouve bloquée par la présen ce d’ une lésion sur le brin qu’elle est en train de transcrire . Le recrutement des fa cteurs CSA et CSB permet d’assembler ensuite la machinerie de réparation (adapté de Nouspikel, 2009). Précisons que l’efficacité de la réparation des adduits majoritaires par la voie NER est en temps normal équivalente pour le cisplatine, l’oxaliplatine et le satraplatine. En effet, la détection radioisotopique de fragments lésés excisés in vitro suite à l’action des facteurs du 40 NER montre que l’essentiel des dommages induits par les trois dérivés est réparé 30 à 60min après la mise en contact avec des extraits cellulaires. Dans le cas de cellules cultivées, les taux maximum d’excision sont observés 06h00 à 24h00 après le début de l’expérience. La reconnaissance de la lésion se produit de la même manière pour les trois molécules platinées, le groupement transporteur n’ayant que peu d’influence sur leur identification (Reardon et al., 1999). La présence d’un mésappariemment en face de l’adduit (introduit par la synthèse translésionnelle) renforce la déformation de la double hélice et augmente l’efficacité de la réparation par le système NER (Moggs et al., 1997).
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Modélisation analytique et simulation numérique de la nucléation et de la propagation de la fissure cohésive couplée avec la plasticité la présent et soutenu à l'École Polytechnique, le COMPOSITION DU JURY M. M. M. M. M. La structure et le chargement appliqué. Densité d'énergie surfacique et contrainte cohésive dans le modèle cohésif de Dugdale Trois types possibles de l'état de fissure : (i) sans fissure, (ii) fissure purement cohésive, (iii) fissure partiellement non-cohésive. 2.4 Dépendance typique de a, b et t à α = b/a. Ces courbes correspond au cas où dc /` = 0.1. 2.5 Le graph e typique des trois branches sur le diagramme (t, a). La courbe grise représente l'évolution de la pointe de la zone non-cohésive b pour la branche partiellement non-cohésive. Ces courbes correspondent au cas où dc /` = 0, 1. 2.6 Dépendance des branches d'évolution de fissure à la longueur caractéristique du matériau dc = ` pour la longueur caractéristique de gradient de contrainte ` fixée 2.7 Dépendance des branches d'évolution de fissure à la longueur caractéristique de gradient de contrainte ` = dc / pour la longueur caractéristique du matériau dc. 2.8 Évolution de la longueur de la fissure sous un chargement croissant monotonement dans le cas où dc /` = 0, 1. Le saut de la longueur de la fissure a lieu à l'instant t = ti. 2.9 Évolution de la longueur de fissure a sous un chargement croissant monotonement pour différentes valeurs a0 de la fissure non-cohésive centrée initiale. Ici, dc /` = 0, 1 and a0 = 0; dc /2; dc ; 2dc ; 4, 15 dc ; 6 dc. 2.10 Comparaison entre les branches de Dugdale les celles de Griffith pour = dc /` = 0, 1. En noir, la réponse associée au modèle de Griffith sous un chargement croissant monotonement lorsque la structure contient une sure initiale de -longueur a0 < aG. iii 10 12 24 32 33 43 46 50 60 61 62 63 64 66 68 Liste des figures 2.11 Dépendance typique de a, b et t à α = b/a. Ces courbes correspond au cas où dc /` = 0, 1. 2.12 Le graphe typique des trois branches sur le diagramme (t, a). La courbe grise représente l'évolution de la pointe de la zone non-cohésive b pour la branche partiellement non-cohésive. Ces courbes correspondent au cas où dc /` = 0, 1. Introduction générale L'enjeu industriel important des études de nocivité chez EDF concerne la sûreté des installations et des moyens de production dans le cadre de son activité de production d'électricité. Une meilleure compréhension des phénomènes de fissuration permet à l'entreprise de mieux appréhender les risques et les marges de dimensionnement associés au moment de la construction des ouvrages et également tout au long de leur vie. En plus, l'extension de la durée de fonctionnement des tranches du parc nucléaire de 40 ans à 60 ans nécessite d'appréhender la nocivité de défaut en service en revisitant des méthodes mécaniques existantes et en proposant des approches plus représentatives des phénomènes physiques. Les effets liés au vieillissement (irradiation, thermique, etc.) et à l'évolution des caractéristiques variées des matériaux peuvent conduire à des critères de nocivité plus restrictifs que EDF doit justifier auprès de l'Autorité de Sureté Nucléaire (ASN). Outre les conséquences sur les marges de dimensionnement, cela peut amener l'entreprise à adapter les stratégies d'inspection. Par ailleurs, le suivi des évolutions réglementaires et des demandes de l'ASN sur les hypothèses à considérer sur les défauts constituent également un enjeu important. Ces travaux sont liés à l'évolution des méthodes, des pratiques de l'ingénierie et des données d'entrée utiles pour les études de justification de l'aptitude des composants à assurer leur fonction. Dans ce domaine, EDF se doit d'être vigilant afin d'accompagner les évolution réglementaires et y participer en utilisant les résultats scientifiques les plus avancés. Ces derniers sont le plus souvent portés par la R&D et ont pour but de rendre compte de façon plus réaliste des différents phénomènes mécaniques, thermiques dynamiques, etc. Les études avancées permettent également de caractériser le conservatisme des approches codifiées. Les résultats des études avancées de R&D sont plutôt appliqués sur les parcs nucléaires existants. L'objectif principal de ces études est de justifier de la poursuite de l'exploitation des installations avec l'évolution des caractéristiques des matériaux, en particulier la ténacité, dont la marge de sécurité ne peut plus être justifiée par les méthodes codifiées. Par conséquent, les nouveaux modèles, qui sont toujours conservatifs mais plus physiques et nous permettent de gagner la marge de sécurité, doivent être proposés et étudiés. Plusieurs composants du parc nucléaire peuvent être concernés par la mécanique de la rupture au regard des domaines dont ils relèvent (ruine plastique, rupture fragile, rupture ductile) et au regard de la complexité des études de nocivité qu'ils nécessitent. Par exemple, les viroles du coeur de la cuve se fragilisent au cours du temps avec l'irradiation tandis qu'en fonctionnement nominal, on reste bien dans le domaine ductile. Certains transitoires thermomécaniques peuvent conduire à vérifier l'intégrité de la cuve dans le domaine fragile. Des études ont été menées depuis de nombreuses années pour mettre en évidence certains effets bénéfiques sur le risque à 1 Introduction générale l'amorçage liés à ce type de transitoire thermomécanique, tels que l'effet de pré-chargement à chaud («WPS : Warm Pre-Stressing» en anglais), l'effet de petits défauts. D'autres études ont été engagées pour étudier l'effet des zone ségrégées qui sont localement fragiles ou encore pour évaluer la stabilité et la longueur d'une fissure propagée. De nombreux calculs sont également menés pour le développement d'un modèle de passage non empirique de la résilience à la ténacité. Par ailleurs, d'autres composants, dont les plaques de partition de générateur de vapeur, sont fortement plastifiés lors des épreuves hydrauliques. Plusieurs modes de ruine peuvent intervenir, dont la déchirure ductile ou la ruine plastique. Il est nécessaire de discriminer lequel de ces deux mécanismes est en jeu en fonction du type de défaut. L'utilisation des approches critères permet de fournir des justifications supplémentaires aux approches codifiées d'analyse limite mais présente des limitations essentielles en présence de plastification importante. Ainsi, une modélisation fine de la rup ductile est nécessaire. D'autres composants du parc admettent un amorçage de fissure en ductile suivi d'une propagation de celle-ci en fragile. Ce type de rupture est nommé transition ductile-fragile. Du fait que le domaine de la transition est difficile à rendre compte, et par souci de conservatisme, le matériau est considéré comme fragile. Des travaux de R&D au sein du groupe d'EDF ont pour but principal de faciliter les études de nocivité de défaut et de maîtriser le phénomène de fissuration couplé avec d'autres phénomènes complexes, dont la dissipation plastique, les effets d'échelle, les évolutions dynamiques. En se basant sur le modèle de zone cohésive proposé premièrement par [Dugdale, 1960] et [Barenblatt, 1962], l'objectif de cette thèse est d'apporter des modélisations analytiques et des simulations numériques de la fissuration fiable et robuste concernant deux phénomènes mécaniques particuliers importants, dont le couplage fissuration-plasticité et les effets de la nonuniformité du champ de contrainte sur la nucléation de fissure. Ces deux piliers s'appuient sur des bases théoriques solides en gardant une description macroscopique des phénomènes. D'une part, les formulations variationnelles unidimensionnelles et multidimensionnelles avec les dissipations d'énergie par fissuration cohésive et par plasticité permettent de fournir des résultats analytiques intéressants et de premiers résultats numériques prometteurs. D'autre part, les calculs analytiques utilisant l'approche à deux échelles et l'analyse complexe apportent une réponse originale et détaillée sur les effets du champ de contrainte non uniforme dans plusieurs cas de figure de fissuration. Ces travaux de thèse sont présentés de la façon suivante. Dans le premier chapitre, on construit les formulations énergétiques en prenant en compte le couplage entre la fissuration adoptant les hypothèses de zone cohésive de [Barenblatt, 1962] et la plasticité de type Von-Mises. Les résultats obtenus dans [Charlotte et al., 2000; Charlotte et al., 2006] sont généralisés en présence de la plasticité. Les conditions de stabilité locale d'énergie nous permettent de réunir l'équilibre, les critères de plasticité et d'amorçage de fissure cohésive, ainsi que la stabilité de la solution dans un formalisme énergétique unique. La réponse de la barre élastoplastique unidimensionnelle sous traction avec la présence de fissure est abordée entièrement. L'effet d'échelle est mis en évidence par l'introduction d'une ur critique Lc de la barre au delà de laquelle la solution au seuil cohésif est instable. On démontrera également que la plasticité n'influence pas la longueur critique Lc qui ne dépend que du module de Young et de la dérivée seconde à l'origine de la densité d'énergie de fissuration. L'approche variationnelle est également établie pour le problème généralisé multidimensionnel. Ainsi, on pourra exprimer les 2 Introduction générale critères de plasticité et d'amorçage cohésif sous la forme de courbes dans le plan des contraintes de Mohr. La comparaison de ces deux critères est présentée et discutée dans certains cas particuliers. L'effet de la triaxialité des contraintes sur l'amorçage de fissure cohésive à partir de la structure saine sera mis en évidence. Le deuxième chapitre présente les résultats analytiques originaux concernant les effets du gradient du champ de contrainte sur la nucléation de fissure au sein de structures bidimensionnelles de comportement purement élastique. La non-uniformité de contrainte, associée à une longueur caractéristique `, a un effet de stabilisation sur l'évolution de fissure. La fissure cohésive adopte les hypothèses de Dugdale dans un premier temps et de Barenblatt dans un deuxième temps. On distingue deux phases de l'évolution de la fissure : une première phase où toute la fissure est soumise à des forces cohésives, suivie d'une seconde phase où une zone libre de contrainte est présente au centre de la fissure. En supposant que la longueur caractéristique dc du modèle cohésif est beaucoup plus petite que les dimensions du domaine, l'approche à deux échelles peut être utilisée. Les solutions analytiques complètes de fissure cohésive de type Dugdale et semianalytiques de celle de type Barenblatt sont mises en évidence. En particulier, on montrera que l'évolution de fissure est stable dans un premier temps puis instable avec un saut brutal de la longueur de fissure dès que la zone libre de contrainte apparaît. Cette évolution se traduit par la présence d'un snap-back sur la courbe chargement-longueur de fissure. La sensibilité de la solution à la taille de l'imperfection préexistante pourra être également exploitée. Dans le troisième chapitre, l'implémentation numérique et la validation des résultats analytiques par des simulations numériques sont présentées. La courbe cohésive intrinsèque est mise en oeuvre dans Code_Aster pour étudier l'initiation et la propagation de fissure cohésive en mode mixte au sein du matériau élastoplastique. Les calculs d'implémentation s'appuyant sur la méthode énergétique lagrangien augmenté sont détaillés. L'effet de la triaxialité de contrainte sur la position du site d'amorçage est mis en discussion. Les résultats présentés dans [Lorentz, 2008] se basant sur le modèle cohésif de type [Talon et Curnier, 2003] sont généralisés en prenant en compte deux contraintes critiques distinguées (σc, τc ). Par ailleurs, la simulation numérique sur une structure bidimensionnelle nous permet de valider des résultats analytiques du chapitre précédent. Dans le dernier chapitre, on s'intéresse à un essai de déchirure sur un tronçon de tuyauterie de composant de centrale nucléaire sollicité en flexion 4 points. Ce tronçon est en acier ferritique revêtement d'acier inoxydable en paroi interne. Cette maquette comporte un défaut semi-elliptique circonférentiel débouchant en paroi interne. La sollicitation en flexion fait propager la fissure radialement jusqu'au percement de la paroi externe, puis la propagation continue circonférentiellement jusqu'à un point critique où la rupture est brutale. On utilise le modèle cohésif pour simuler les différentes phases de la propagation du défaut. La mise en place des éléments cohésif d'interface dans le maillage et le choix des paramètres cohésifs ont pour but de fournir la réponse globale force appliquée-ouverture de fissure la plus proche des résultats d'essai. En comparant avec des modèles des autres équipes de recherche, on met en évidence de premiers résultats encourageants, des avantages et également des difficultés de l'utilisation de l'approche cohésive dans l'ingénierie. 3 Chapitre 1 Initiation et propagation de la fissure cohésive couplée avec la plasticité Sommaire 1.1 Introduction. 6 1.1.1 Du modèle classique de la mécanique de la rupture à l'approche variationnelle. 6 1.1.2 Minimisation locale d 'énergie - Modèles de zone cohésive . 7 1.1.3 Modèles de plasticité . 8 1.1.4 Couplage entre la plasticité et la mécanique de la rup ture. 9 1.2 Étude d'une barre unidimensionnelle sous traction. 10 1.2.1 Comportement élastoplastique de la barre, loi cohésive et chargement. 10 1.2.2 Formulations énergétiques. 12 1.2.3 Condition de stabilité locale d'ordre 1. 14 1.2.4 Condition de stabilité locale d'ordre 2. 15 1.3 Formulations du cas tridimensionnel. 24 1.3.1 Comportement élastoplastique de la structure tridimensionnelle et formulation énergétique. 24 1.3.2 Condition de stabilité locale d'ordre 1. 28 1.3.3 Condition de stabilité locale d'ordre 2. 32 1.4 Conclusion du chapitre. 36 Object ifs du chap itre En se basant sur l'approche variationnelle et le critère de stabilité locale présentés dans [Francfort et Marigo, 1998] et [Del Piero, 1999], le chapitre a pour but d'étudier quement les effets de la plasticité sur la nucléation et la propagation de la fissure cohésive. Afin d'aborder ce but, on construit dans ce chapitre les formulations en implémentant l'énergie dissipée par la plasticité et la densité d'énergie surfacique de fissure cohésive dans le potentiel d'énergie total. L'évolution de la fissure cohésive couplée avec la plasticité dépend du rapport entre la 5 1.1. Introduction contrainte critique σc du modèle de zone cohésive et la contrainte critique σy du comportement de plasticité (ou dans le cas général tridimensionnel, entre la courbe cohésive intrinsèque et la zone limite d'élasticité dans le plan des contraintes). 1.1 1.1.1 Introduction Du modèle classique de la mécanique de la rupture à l'approche variationnelle Depuis longtemps, le modèle présenté dans [Griffith, 1920] est le modèle le plus utilisé dans la mécanique de la rupture grâce à sa simplicité concernant le comportement du matériau. Ce modèle est basé sur le concept du taux restitution d'énergie G et ainsi le critère de propagation de fissure s'écrit sous la forme G ≤ Gc, où Gc dénote la valeur critique du taux de restitution d'énergie relié à la ténacité du matériau. Dans le cas de l'évolution régulière (i.e. au moins continue) de la fissure, le modèle de Griffith peut s'écrire sous une forme plus synthétique de la loi-G («G-law» en anglais), voir [Marigo, 2010]. Définition 1 (loi-G). Une fonction continue t 7→ `(t) satisfait (ou est la solution de) la loi-G dans l'intervalle [t0, t1 ] avec la condition initiale `(t0 ) = `0 (où `0 est une longueur admissible de la fissure) si les trois propriétés suivantes sont validées 1. Irréversibilité : t 7→ `(t) n'est pas décroissante 2. Critère du taux de restitution d'énergie : G(t, `(t)) ≤ Gc ∀t ∈ [t0, t1 ] 3. Balance d'énergie : `(t) est strictement croissante lorsque G(t, `(t)) = Gc Néanmoins, ce critère classique présente des lacunes importantes lors de la√considération des phénomènes de fissuration. D'une part, la singularité de contrainte de l'ordre 1/ r est présente au voisinage de la pointe de la fissure. Cette singularité n'est pas admissible physiquement. D' autre part, l'amorçage d'une fissure à partir d'une structure saine ne peut pas être mis en évidence par le critère de Griffith. Suite à ces lacunes du modèle classique de Griffith, plusieurs modèles analytiques et numériques ont été proposés dans la littérature. Parmi ces modèles, [Francfort et Marigo, 1998] ont développé un modèle analytique, intitulé loi-FM dans la littérature («FM-law» en anglais), basé sur la minimisation globale de l'énergie en gardant l'hypothèse de Griffith sur la densité d'énergie surfacique de fissure. On présente ici les définitions du principe de minimisation globale d'énergie et de la loi-FM. 6 Chapitre 1. Initiation et propagation de la fissure cohésive couplée avec la plasticité Définition 2 (Minimisation globale d'énergie). Supposons que l'énergie totale E du système est une fonction régulière du champ de déplacement u. 1.1.2 Minimisation locale d'énergie - Modèles de zone cohésive Afin de s'affranchir des difficultés de la minimisation globale avec la densité d'énergie surfacique de fissure de Griffith, les modèles de zone cohésive basés sur les travaux de [Dugdale, 1960] et [Barenblatt, 1962] présentent des résultats très prometteurs. Dans ce type de modèles, la densité d'énergie surfacique de fissure cohésive Φ(JuK) est une fonction non-triviale continue, croissante, concave du saut de déplacement à travers la fissure. Par exemple, Φ du modèle de Dugdale en mode I est une fonction linéaire du saut de déplacement normal Jun K à condition que le dernier soit plus petit que la valeur critique δc, et prend la valeur Gc dès que Jun K est plus grand que δc   si Jun K < 0 +∞ Φ(Jun K) = Gc Jun K/δc si 0 ≤ Jun K < δc  Gc si Jun K ≥ δc La grandeur σc := Gc /δc joue le rôle de la contrainte critique cohésive. Ainsi, les lèvres de la fissure sont en interaction par les forces cohésives. En mettant en place la densité d'énergie surfacique de fissure cohésive dans la formule énergétique du système et utilisant le principe de minimisation locale d'énergie, le phénomène d'initiation de fissure peut être expliqué par un 7 1.1. Introduction critère en contrainte (soit une contrainte critique σc dans le problème unidimensionnel, soit une courbe cohésive intrinsèque dans le cas tridimensionnel, voir [Del Piero, 1999; Bourdin et al., 2008; Charlotte et al., 2000; Charlotte et al., 2006]). La définition du principe de minimisation locale d'énergie s'exprime comme suit. Définition 4 (Minimisation locale d'énergie). Supposons que l'énergie totale E du système est une fonction régulière du champ de déplacement u. Un champ de déplacement cinématique admissible u correspond à un état d'équilibre localement stable s'il existe un voisinage de u (dans le sens de la norme choisie) pour que l'énergie totale correspondant au champ u soit inférieure à l'énergie totale correspondant à tous les autres états cinématique admissible dans ce voisinage ∃ h(u), ∀v admissible tel que v − u ≤ h(u) (1.1) E(u) ≤ E(v) Dans cette définition, un champ de déplacement est dit «cinématiquement admissible» seulement s'il est régulier par morceau et satisfait les conditions cinématiques aux limites et la condition de non-pénétration à travers la fissure. 1.1.3 Modèles de plasticité La plasticité est un phénomène non-linéaire particulièrement important de la mécanique de résistance des matériaux. Plusieurs travaux expérimentaux, analytiques et numériques dans la littérature ont pour but de modéliser le comportement élasto-plastique du matériau. La phénoménologie de plasticité et sa modélisation sont étudiées dans [Lubliner, 2008]. Les modèles mathématiques de la plasticité sont proposés, comparés et discutés dans les travaux de [Nguyen, 2000; Han et Reddy, 2012]. L'implémentation numérique du comportement élasto-plastique du matériau est référencée à [Simo et Hughes, 2006]. A travers ces travaux, les concepts du matériau standard généralisé, de l'équilibre thermodynamique, des procédures irréversibles avec les variables internes sont introduits pour la plasticité. En particulier, le critère de plasticité est souvent modélisé par une limite d'élasticité dans le plan des contraintes. Évidemment, plusieurs choix de cette limite d'élasticité sont possibles. Parmi ces choix, le critère de plasticité de Von-Mises, 1 concernant la partie déviatorique du champ de contrainte s = σ − (trσ)I, est le plus utilisé 3 dans la mécanique d'ingénieur. Concrètement, le critère de Von-Mises dans le cas de plasticité parfaite s'écrit sous la forme r 3 f (σ) := s − σy ≤ 0 (1.2) 2 où σy, étant une constante positive correspondant à la contrainte critique de plasticité. Si on prend en compte l'écrouissage linéaire cinématique ou isotrope, le critère en contrainte (1.2) 8 Chapitre 1. Initiation et propagation de la fissure cohésive couplée avec la plasticité devient  r  3  s − Kc εp − σy r2 f (σ, εp, p) :=  3  s − σy − Ki p 2 (écrouissage linéaire cinématique) (1.3) (écrouissage linéaire isotrope) Dans cette formulation, (Kc, Ki ) représentent respectivement le tenseur d'ordre 4 de module d'écrouissagercinématique et le module d'écrouissage isotrope, εp désigne la déformation plasZ 2 t ε̇p (τ ) dτ désigne la déformation plastique cumulée. Les formulations du tique, p := 3 0 critère de Von-Mises (1.2)-(1.3) s'écrivent pour chaque point matériel. Afin d'implémenter la plasticité dans l'approche variationnelle, il faudrait exprimer l'énergie libre élastique (récupérable) et l'énergie dissipée par la plasticité (non-récupérable) sous la forme d'intégrale sur toute la structure. En particulier, dans le cas de la déformation infinitésimale où la déformation totale ε s'écrit comme une somme de la déformation élastique εe et la déformation plastique εp, l'énergie libre élastique récupérable s'exprime comme suit Z 1 Ee (u, εp, p) := A(ε − εp ) * (ε − εp ) + H(εp, p) dΩ (1.4) Ω 2 où A représente le tenseur d'ordre 4 d'élasticité, H(εp, p) correspond aux effets d'écrouissage 1 durcissant ou adoucissant. Cette fonction est égale à Ki p2 dans le cas de l'écrouissage isotrope 2 1 linéaire ou à Kc εp * εp dans le cas de l'écrouissage cinématique linéaire. Par ailleurs, l'énergie 2 dissipée par la plasticité (non-récupérable) s'écrit sous la forme suivante D(εp ) : = σy 1.1.4 Z tZ 0 ε̇p dΩ dτ = σy Ω Z p dΩ (1.5) Ω Couplage entre la plasticité et la mécanique de la rupture Même si plusieurs modèles de plasticité et de rupture sont proposés et développés depuis longtemps dans la littérature, le couplage entre ces deux phénomènes mécaniques non-linéaires est encore en débat. Les résultats prometteurs sont obtenus dans les travaux concernant le couplage entre la plasticité et les modèle continus d'endommagement. Dans la première approche, [Lemaitre et Chaboche, 1994; Mazars et Pijaudier-Cabot, 1989] ont introduit le concept de la contrainte effective afin de coupler les mécanismes de plasticité et d'endommagement interne. Néanmoins, cette approche conduit en général aux matrices de rigidité tangentes nonsymétriques. La deuxième approche du couplage plasticité-end ommagement consiste à faire varier les critères de plasticité et d'endommagement en fonctions des variables internes. [Einav et al., 2007] montrent que le problème de couplage peut être formulé par deux potentiels dépendant des variables d'état. [Alessi et al., 2014; Alessi et al., 2015] étudient les influences de la plasticité sur le modèle d'endommagement à gradient dans le cadre variationnel. Dans ces travaux, la contrainte critique de plasticité est une fonction décroissante de la variable interne d'endommagement. 1.2. Étude d'une barre unidimensionnelle sous traction Une autre famille de modèles de couplage plasticité-rupture considère la présence d'une surface de discontinuité au sein de la structure et construit une solution élastoplastique en fond de fissure afin de s'affranchir la question concernant la singularité de contrainte. [Hult et McClintock, 1956; McClintock et Irwin, 1984] supposent que le √ champ de contrainte dans le matériau est borné par le critère de plasticité. 1.2 1.2.1 Étude d'une barre unidimensionnelle sous traction Comportement élastoplastique de la barre, loi cohésive et chargement u(0) = 0 JuK u(L ) = U0 L Figure 1.1 – Barre unidimensionnelle sous chargement en déplacement imposé Considérons une barre de longueur naturelle L et de section normale S. Son comportement élastoplastique est caractérisé par ses coefficients de Lamé (λ, μ) (ou de manière équivalente, son module Young E et son coefficient de Poisson), son module d'écrouissage plastique isotrope Ki et la contrainte critique de plasticité σy. Dans le cas unidimensionnel, le champ de contrainte σ est scalaire, donc la barre est plastifiée dès que la contrainte dans la barre atteint la valeur critique de plasticité σ = σy. Ce matériau adopte la loi de zone cohésive de type Barenblatt dont les ingrédients principaux sont rappelés par la suite. Avant d'être soumise au chargement, Chapitre 1. Initiation et propagation de la fissure cohési ve couplée avec la plasticité la barre est supposée saine et sans déformation. Sa configuration de référence est dénotée par Ω := [0, L]. Lorsque la fissure est présente dans la barre, le champ de déplacement scalaire u est discontinue à x ∈ [0, L] et sa limite à droite (respectivement, à gauche) est dénotée par u+ (x) (respectivement, u− (x)). Le principe de non-pénétration induit que le saut de déplacement à tous les points n'est pas négatif JuK(x) := u+ (x) − u− (x) ≥ 0 (1.6) L'ensemble des points de discontinuité du champ u est dénoté par Su Su := {x ∈ [0, L] : JuK(x) > 0} On considère seulement le cas où le champ u admet un nombre fini des points de discontinuité, .e. card(Su ) < +∞. La barre est bloquée à l'extrémité x = 0 et soumise à un chargement en déplacement imposé U à l'autre extrémité x = L qui est croissant en temps. La force volumique est ignorée. Uad (U ) dénote l'ensemble des champs de déplacement cinématiquement admissible, i.e. l'ensemble des champs scalaires satisfaisant les conditions aux limites cinématiques et admettant le saut non négatif le long de la barre Uad (U ) = {u∗ ∈ H 1 ( Ω \ Su ∗, R) : u∗ (0) = 0, u∗ (L) = U, Ju∗ K(x) ≥ 0 ∀x ∈ [0, L]} où H 1 désigne l'espace vectoriel de Sobolev associé à la norme naturelle * 1. Afin d'avoir la formulation de l'énergie surfacique de la fissure, on devrait étudier des propriétés de la densité d'énergie surfacique de fissure cohésive Φ(JuK) étant une fonction du saut de déplacement. Cette fonction est croissante, concave et tend vers la valeur critique du taux de restitution d'énergie Gc lorsque le saut de déplacement tend vers l'infini. La dérivée de cette fonction à 0, dénotée par σc := Φ0 (0), joue le rôle de la contrainte critique cohésive. En prenant en compte de la condition de non-pénétration du champ de déplacement, on peut écrire les propriétés de Φ(JuK) sous une forme plus synthétique   Φ(JuK) = +∞ si JuK < 0, Φ (0) = 0, Φ(JuK) → Gc lorsque JuK → +∞ Φ0 (JuK) > 0, Φ00 (JuK) < 0, Φ000 (JuK) > 0 pour JuK ≥ 0  0 Φ (0+) = σc > 0 (1.7) La figure (1.2) représente la densité d'énergie surfacique de fissure cohésive Φ en fonction du saut de déplacement JuK. Remarque 1. Dans la construction de la densité d'énergie surfacique de la fissure (1.7), on introduit trois conditions essentielles de ses dérivées pour JuK ≥ 0. Ces conditions relient étroitement aux hypothèses de régularité du modèle de zone cohésive et également facilitent notre analyse de la barre unidimensionnelle. Concrètement • La dérivée première Φ0 (JuK) > 0 : cette inégalité présente la monotonie (strictement) croissante de la fonction Φ de la loi cohésive. Ainsi, Φ croît monotonement de 0 à valeur critique Gc du taux de restitution d'énergie. 11 1.2. Étude d'une barre unidimensionnelle sous traction Φ Gc σc JuK Figure 1.2 – Densité d'énergie surfac ique de fissure cohésive en fonction dusaut de déplacement • La dérivée seconde Φ00 (JuK) < 0 : la concavité de la fonction Φ désigne le comportement adoucissant du matériau dès que la fissure apparaît. En plus, on en déduit que la contrainte dans la barre ne peut pas dépasser la contrainte critique σc = Φ0 (0) et donc la modèle cohésif n'admet pas de singularité de contrainte. La présence d'une contrainte critique est la plus importante contribution du modèle cohésif par rapport au modèle classique de Griffith. • La troisième dérivée Φ000 (JuK) > 0 : cette condition est une hypothèse supplémentaire dans le problème unidimensionnel qui nous permet d'étudier plus facilement la stabilité de la solution globale de la barre fissurée. 1.2.2 Formulations énergétiques Pour un déplacement imposé U donné, l'énergie totale de la barre E(u, εp, p) étant fonction du déplacement scalaire u ∈ Uad (U ), déformation plastique εp et déformation plastique cumulée Z t p= |ε̇p |dτ s'exprime comme une somme de l'énergie libre, l'énergie dissipée par plasticité et 0 l'énergie surfacique de fissure (sachant que la barre n'est pas soumise à la force imposée) E(u, ε p, p ) = Ee (u, εp , p ) + Ep ( p) + Es ( u) (1.8) En utilisant (1.4) pour le cas unidimensionnel avec l'écrouissage isotrope linéaire, on obtient Z 1 1 0 2 2 Ee ( u, εp, p) = E(u − εp ) + Ki p Sdx (1.9) 2 2 Ω\Su Comme dans le cas général présenté précédemment (voir (1.5)), l'énergie dissipée par plasticité s'exprime comme suit Z Ep (p) = σy p Sdx (1.10) Ω\Su 12 Chapitre 1. Initiation et propagation de la fissure cohésive couplée avec la plasticité Aussi, l'énergie surfacique de la fissure cohésive s'écrit comme suit X Es (u) = Φ(JuK)S (1.11) Su Selon Définition 4, le triple (u, εp, p) est la solution du problème d'évolution de fissure cohésive au sein de la barre unidimensionnelle élastoplastique si et seulement s'il minimise localement l'énergie totale de la barre dans l'espace des champs admissibles des variables d'état. Pour h > 0 suffisamment petit, considérons les champs tests suivants u∗ := u + hv, où ( v ∈ D := {v ∈ H 1 (Ω, R) : ζ arbitraire ε∗p := εp + hζ, p∗ := p + h|ζ| (1.12) v(0) = v(L) = 0, JvK arbitraire sur Su, JvK ≥ 0 sur Sv \ Su } (1.13) En injectant les champs (1.12) dans la Définition 4 et développant jusqu'au deuxième ordre, on obtient l'inégalité h2 hE 0 (u, εp, p)(v, ζ, |ζ|) + E 00 (u, εp, p)(v, ζ, |ζ|) ≥ 0 (1.14) 2 Dans la formulation (1.14), les premier et deuxième termes concernent respectivement les dérivées première et seconde directionnelles de l'énergie totale de la barre par rapport au triple des variables d'état. Cette inégalité devrait être validée pour tous les (v, ζ) admissibles dans le sens de (1.13). Remarque 2 (Les conditions de stabilité locale). La condition de stabilité locale d'ordre 1 s'exprime comme la non-négativité de la dérivée première directionnelle de l'énergie totale de la barre par rapport aux variables d'état E 0 (u, εp, p)(v, ζ, |ζ|) ≥ 0 pour tous les champs (v, ζ) admissibles. Cette condition est nécessaire mais pas suffisante pour que la minimisation locale (1.14) soit validée. En particulier, pour les champs (v, ζ) tels que E 0 (u, εp, p)(v, ζ, |ζ|) > 0, i.e. inégalité stricte, (1.14) est automatique validée du fait que h > 0 suffisamment petit. Par contre, pour les champs (v, ζ) tels que E 0 (u, εp, p)(v, ζ, |ζ|) = 0, on devrait étudier la positivité de la dérivée seconde directionnelle de l'énergie totale de la barre E 00 (u, εp, p)(v, ζ, |ζ|). Cela déduit la condition de stabilité locale d'ordre 2. En résumé, on a 1. Condition de stabilité locale d'ordre 1 : E 0 (u, εp, p)(v, ζ, |ζ|) ≥ 0 ∀v ∈ D, ∀ζ (1.15) E 00 (u, εp, p)(v, ζ, |ζ|) ≥ 0 (1.16) 2. Condition de stabilité locale d'ordre 2 : ∀v ∈ D, ∀ζ tels que E 0 (u, εp, p)(v, ζ, |ζ|) = 0 : On considère dans les sous sections suivantes les conditions de stabilité locale au cours de l'évolution de fissure cohésive au sein de la barre unidimensionnelle. 13 1.2. Étude d'une barre unidimensionnelle sous traction 1.2.3 Condition de stabilité locale d'ordre 1 En injectant (1.8)-(1.11) dans (1.15), la condition de stabilité locale d'ordre 1 s'écrit sous la forme explicite ∀v ∈ D , ∀ζ Z X E(u0 − εp )(v 0 − ζ) + (σy + Ki p)|ζ| Sdx + Φ0 (JuK)JvKS ≥ 0 (1.17) [0,L]\Su∗ Su ∗ Considérons les différents champs (v, ζ) suivants (i) Choisissons des champs réguliers v ∈ D tels que JvK = 0 sur [0, L] et ζ = 0. Sachant que la signe de v est arbitraire, on obtient les équations d'équilibre classiques  d E(u0 − ε ) = 0 sur [0, L] \ S p u (1.18) dx JE(u0 − ε )K = 0 sur S p u En conséquence, la contrainte dans la barre σ := E(u0 − εp ) est homogène et donc F = ES(u0 − εp ) est une constante à déterminer. (ii) Choisissons ζ = 0. Sachant que JvK peut être choisi arbitrairement sur Su tandis que JvK devrait être non-négatif sur Sv \ Su, on obtient les relations entre F et la densité d'énergie surfacique de fissure cohésive Φ ( F ≤ Sσc sur [0, L] \ Su (1.20) 0 F = SΦ (JuK) sur Su (iii) Choisissons v tel que l'ensemble des points de discontinuité de v appartient dans celui de u, i.e. Sv \ Su = ∅, on en déduit que S(σy + Ki p)|ζ| ≥ F ζ ∀ζ (1.21) L'inégalité (1.21) n'est rien d'autre que l'un critère de plasticité de Von-Mises avec l'écrouissage isotrope linéaire f (F ) = |F | − Sσy − SKi p ≤ 0 (1.22) Remarque 3. La condition de stabilité locale d'ordre 1 nous donne des résultats importants concernant l'équilibre de l'état, ainsi les critères de plasticité et de zone cohésive 14 Chapitre 1. Initiation et propagation de la fissure cohésive couplée avec la plasticité • Les équations d'équilibre et le critère de plasticité de Von-Mises peuvent s'exprimer comme des résultats naturels du principe de minimisation d'énergie. La formulation du critère de plasticité est en fait cohérente avec les formes de l'énergie libre et de l'énergie dissipée par plasticité écrites dans (1.9) et (1.10). • La condition (1.20) déduite de la condition de stabilité d'ordre 1 contient non seulement la contrainte cohésive sur les lèvres de fissure donnée par la dérivée de la densité d'énergie surfacique mais également le critère en contrainte d'amorçage de fissure cohésive. Du fait que la densité d'énergie surfacique de fissure cohési ve est une fonction concave du saut de déplacement, la contrainte cohésive est toujours inférieure ou égale à la contrainte critique σc. En conséquence, la contrainte homogène dans la barre est bornée par σc à tous les instants. • Dans le cas où la contrainte critique cohésive σc est plus petite que la contrainte critique de plasticité σy, la contrainte dans la barre est ainsi plus petite que σy à tous les points et à tous les instants. Donc, la phase purement élastique est suivie de l'évolution de fissure cohésive et la plasticité n'est jamais présente. Dans ce cas, on retrouve les résultats concernant l'évolution de fissure cohésive dans un milieu purement élastique présenté dans [Charlotte et al., 2000; Charlotte et al., 2006]. 1.2.4 Condition de stabilité locale d'ordre 2 La condition de stabilité locale d'ordre 1 est nécessaire mais pas suffisante pour que la stabilité locale (1.14) soit validée, donc on devra prendre en compte la condition de stabilité locale d'ordre 2 donnée dans (1.16). L'étude de cette condition consiste à deux questions suivantes qui devraient être répondues l'une après l'autre • Avec quelles conditions et/ou correspondant à quels champs tests (v, ζ), la dérivée première directionnelle de l'énergie totale par rapport aux variables d'état E 0 (u, εp, p)(v, ζ, |ζ|) s'annule, i.e. l'inégalité (1.17) devient une égalité? • En admettant telles conditions et/ou choisissant tels champs tests, la dérivée seconde directionnelle de l'énergie totale E 00 (u, εp, p)(v, ζ, |ζ|) est-elle non-négative? Avant de répondre concrètement à ces questions, on démontre la proposition suivante concernant le comportement de la barre unidimensionnelle fissurée. Proposition 1. Lorsque la fissure cohésive évolue au sein de la barre unidimensionnelle sous ̇ > 0, le comportement de la barre est en décharge élastique, traction simple, i.e. JuK > 0 et JuK i.e. = 0. En conséquence, la phase élastique de la barre est suivie de la phase élastoplastique, puis la fissure cohésive apparaît et la barre est en décharge élastique. Démonstration. A partir des critères de zone cohésive et de plasticité écrits respectivement dans (1.20) et (1.22), les deux lois de dissipation (cohésive et plastique) s'écrivent sous les formes suivantes contenant le principe d'irréversibilité (ir), la stabilité (st) et la balance d'énergie (be) 15 1.2. Étude d'une barre unidimensionnelle sous traction • Loi cohésive • Loi de plasticité  ̇   (ir) JuK ≥ 0 0 (st) F − SΦ (JuK) ≤ 0   ̇ =0 (be) F − SΦ0 (JuK) JuK    (ir) ≥ 0 (st) F − Sσy − SKi p ≤ 0   (be) F − Sσy − SKi p = 0 (1.23) (1.24) où on remplace |F | dans (1.22) par F du fait que la barre est en traction. Supposons que le comportement de la barre soit toujours élastoplastique, i.e. > 0, lorsque la ̇ > 0. Ainsi, les deux critères de zone cohésive et de fissure est présente dans la barre, i.e. JuK plasticité sont atteints. En utilisant (1.23) et (1.24), cela déduit que ( F = SΦ0 (JuK) F = Sσy + SKi p D'où Φ0 (JuK) = σy + Ki p. En dérivant cette égalité par rapport au temps, on obtient Par ailleurs, on a ̇ = Ki Φ0 (JuK) (1.25) 2 2 ̇ <0 ̇ = ∂ Φ = ∂ Φ JuK Φ0 (JuK) ∂JuK∂t ∂JuK2 du fait que la fonction Φ(JuK) est strictement concave pour JuK > 0. En conséquence, (1.25) conduit à une absurde et la Proposition est démontrée. Grâce à la Proposition 1, on va répondre à deux questions de la condition de stabilité locale d'ordre 2 dans deux configurations suivantes : barre plastifiée sans fissure et barre fissurée en décharge élastique. 1.2.4.1 Barre plastifiée sans fissure Dans ce cas, à partir de (1.19), (1.20) et (1.21), la dérivée première directionnelle de l'énergie totale par rapport aux variables d'état E 0 (u, εp, p)(v, ζ, |ζ|) s'annule seulement si   Su ≡ ∅ (1.26) F = Sσc  F = Sσy + SKi p et ζ ≥ 0 A cet instant, les deux critères cohésif et de plasticité sont atteints et la déformation plastique cumulée p atteint sa valeur critique suivante p = p0 := 16 σc − σy H (1.27) Chapitre 1. Initiation et propagation de la fissure cohésive couplée avec la plasticité D'où, le déplacement à l'extrémité de la barre unidimensionnelle (autrement dit, le déplacement imposé) u(x = L) = U0 à cet instant s'exprime comme suit Z Z F σc σc − σy 0 U0 = u (x)dx = (1.28) + p0 dx = L + E H [0, L ] [0, L ] ES L'espace des champs tests admissibles introduit dans (1.13) devient ( Dp := {v : v(0) = v( L) = 0, JvK ≥ 0 sur Sv } ζ≥0 Les conditions aux limites affectant les champs tests de déplacement v déduisent que Z X v 0 dx + JvK = 0 [0,L]\Sv (1.29) Sv En injectant (1.8)-(1.11) dans (1.16), la condition de stabilité locale d'ordre 2 s'écrit sous la forme d'intégrale ∀v ∈ Dp, ∀ζ ≥ 0 Z i h X SΦ00 (0)JvK2 ≥ 0 (1.30) E(v 0 − ζ)2 + Ki ζ 2 Sdx + [0,L]\Sv Sv Introduisons la grandeur suivante " λ= min ζ≥0, v∈Dp P 2 Sv JvK =1 F(v, ζ) := Z [0,L]\Sv E(v 0 − ζ)2 + Hζ 2 d x # (1.31) Afin de considérer la stabilité locale d'ordre 2, il nous faudrait identifier λ, ensuite comparer cette valeur critique avec −Φ00 (0). Nous cherchons la valeur minimale de la fonction de deux variables F(v, ζ) par la minimisation alternative. Tout d'abord, en fixant ζ ≥ 0, la fonction F(v, ζ) est considérée comme une fonction d'une seule variable v ∈ Dp paramétrée par ζ, dénotée par gζ (v). La dérivée de gζ (v) par rapport à v dans la direction v̄ ∈ Dp s'écrit comme suit gζ0 (v)(v̄) = Z [0,L]\Sv 0 0 2E(v − ζ)v̄ dx = − Z [0,L]\Sv 2E(v 0 − ζ)0 v̄dx (1.3 2) L'intégrale par partie est réalisée en prenant en compte la condition limite du champ de déplacement admissible v̄(0) = v̄(L) = 0. Pour que gζ (v) atteigne sa valeur minimale, gζ0 (v)(v̄) = 0. Donc, cela déduit que (v 0 − ζ) est constant par morceau. Supposons que l'ensemble des points de discontinuité du champ v contient n points, i.e. Sv = {x1, x2,, xn } pour xi ∈ [0, L] et utilisons les notations conventionnelles x0 = 0, xn+1 = L. En conséquence, sur tous les morceau continus de la barre, on a (v 0 − ζ)(x) = Ci, ∀x ∈ (xi, xi+1 ), 17 ∀i ∈ {0, 1,, n} (1.33) 1.2. Étude d'une barre unidimensionnelle sous traction où (Ci ) sont n constantes à identifier. En injectant (1.33) dans (1.32), on en déduit que gζ0 (v)(v̄) = 2E n X i=0 (Ci − Ci+1 )v̄(xi ) Cette dérivée directionnelle s'annule seulement si toutes les constantes Ci sont identiques le long de la barre unidimensionnelle. Cette constante unique est dénotée par C. En conséquence (v 0 − ζ)(x) = C, ∀x ∈ [0, L] \ Sv (1.34) En intégrant le long de la barre privée de l'ensemble des points de discontinuité de v, on obtient l'égalité suivante Z Z 0 v dx − ζdx = CL [0,L]\Sv [0,L]\Sv En injectant (1.29) dans cette égalité, on a − X Sv JvK − Z ζdx = CL [0,L]\Sv Du fait que le saut du champ test de déplacement JvK ≥ 0 sur son ensemble des point de discontinuité Sv et ζ ≥ 0, cela déduit que la constante C est non-positive. Donc, la fonction (v 0 − ζ)(x) est homogène et égale à une constante non-positive sur toute la barre privée des points de discontinuité de v (v 0 − ζ)(x) = C ≤ 0 ∀ x ∈ [0 , L ] \ Sv (1.35) Pour v ∈ Dp donné, F(v, ζ) est maintenant considérée comme une fonction d'une seule variable ζ ≥ 0 paramétrée par v, dénotée par fv (ζ). La dérivée de la dernière par rapport à ζ dans la direction ζ̄ ≥ 0 s'exprime comme suit Z fv0 ( ζ)(ζ ̄) = 2 − E(v 0 − ζ ) + Hζ ζ̄dx (1.36) [0, L ] \Sv Suite à (1.35) et la non-négativité du champ test ζ̄, nous déduisons de (1.36) que fv0 (ζ)(ζ̄) ≥ 0 Par conséquent, fv (ζ) est une fonction monotone croissante de ζ ≥ 0. D'où sa minimisation correspond à ζ = 0 Z min fv (ζ) = fv (0) = Ev 02 dx (1.37) ζ [0,L]\Sv En injectant ζ = 0 dans (1.35), on en déduit que v 0 (x) = C ≤ 0. Ainsi on peut écrit la formulation de minimisation λ sous le forme plus explicite λ = min min fv (ζ) = min EL v 02 v v ζ 18 Chapitre 1. Initiation et propagation de la fissure cohésive couplée avec la plasticité En injectant (1.29) et sachant que v 0 (x) est homogène le long de la barre privée de l'ensemble des points de discontinuité de v, cette formulation devient!2 X E λ = min JvK L v Sv Du fait que JvK ≥ 0 sur Sv, on a l'intégrale élémentaire suivante X Sv!2 JvK ≥ X Sv JvK2 = 1 En conséquence, la grandeur de minimisation λ peut se calculer tout simplement λ= E L (1.38) Selon (1.30), la condition de stabilité locale d'ordre 2 est validée seulement si λ donnée par (1.38) est plus grande que −Φ00 (0). Cela conduit à une condition suivante sur la longueur de la barre unidimensionnelle E L ≤ Lc := − 00 (1.39) Φ (0) Donc, la condition stabilité locale d'ordre 2 d'une barre unidimensionnelle plastifiée sans fissure est équivalente à un critère de longueur de la barre : si la longueur de la barre est inférieure à la longueur critique Lc donnée par (1.39), la solution correspondant à E 0 (u, εp, p)(v, ζ, |ζ|) = 0 est stable ; dans le cas contraire, la solution est instable. Remarque 4. Ce cas est en fait correspondant à l'initiation de la fissure cohésive au sein de la barre plastifiée où la contrainte élasto-plastique (homogène) dans la barre atteint la valeur critique σc = Φ0 (0). Donc, la solution au seuil cohésif est localement stable si la longueur de la barre est plus petite que la longueur critique Lc donnée par (1.39) mais localement instable dans le cas contraire. Par ailleurs, la déformation plastique cumulée atteint la valeur critique p0 calculée dans (1.27) à l'instant d'initiation de la fissure. 1.2.4.2 Barre fissurée en décharge élastique Dans ce cas, à partir de (1.19), (1.20) et (1.21), la dérivée première directionnelle de l'énergie totale par rapport aux variables d'état E 0 (u, εp, p)(v, ζ, |ζ|) s'annule seulement si   F = SΦ0 (JuK) sur Su    F ≤ Sσ sur [0, L] \ Su c (1.40)  Sv ⊂ Su    F ≤ Sσ + SK p et ζ = 0 y i Le champ test ζ est identique à 0 du fait que le comportement de la barre est en décharge élastique, i.e. la déformation plastique n'évolue pas dans cette phase ε̇p = 0. Cette dernière 19 1.2. Étude d'une barre unidimensionnelle sous traction est seulement une fonction de x (peutêtre constante dans le cas pratique), dénotée par εp (x). Rappelons que F = ES u0 (x) − εp (x) est homogène le long de la barre privée l'ensemble des points de discontinuité de u (mais dépend évidemment du temps). Ainsi, on a u0 (x) = F + εp (x) ES sur [0, L ] \ Su (1.41 ) Par ailleurs, du fait Φ(JuK) est concave, la fonction Φ0 (JuK) est monotone décroissante sur l'ensemble des points de discontinuité de u. Ainsi, cette fonction est inversible. Donc on peut réécrit la première équation dans (1.40) comme suit F JuK = Φ0−1 (1.42) S En conséquence, le déplacement à l'extrémité de la barre unidimensionnelle (autrement dit, le déplacement imposé) u(x = L) = U s'exprime comme suit Z Z X F 0 0−1 F JuK = L u dx + U= εp (x)dx + card(Su )Φ (1.43) + ES S [0,L]\Su [0,L]\Su Su où card(Su ) désigne le nombre d'éléments de l'ensemble Su. L'équation (1.43) est la réponse globale de la barre qui fait lien entre le déplacement imposé à l'extrémité x = L et la contrainte (homogène) dans la barre. Voyons que F et εp (x) sont indépendantes, du fait que F est une constante par rapport à x mais dépend du temps (ainsi, du chargement), par contre εp (x) dépend de x mais n'évolue pas avec le temps. La dérivée de la fonction U (F ) se calcule facilement U 0 (F ) = L + ES card(Su ) F 00 0−1 SΦ Φ S (1.44) Par ailleurs, l'espace des champs tests admissibles introduit dans (1.13) devient Df = {v : v(0) = v(L) = 0, Sv ⊂ Su } En injectant (1.8)-(1.11) dans (1.16), la condition de stabilité locale d'ordre 2 s'écrit sous la forme d'intégral ∀v ∈ Df Z X ESv 02 dx + Φ00 (JuK)JvK2 S ≥ 0 (1.45) [0,L]\Su Su On utilise l'inégalité (1.45) pour démontrer la proposition suivante concernant une propriété très importante concernant le nombre d'éléments de l'ensemble des points de discontinuité du champ u qui satisfait la condition de stabilité d'ordre 2. Proposition 2 (Nombre d'éléments de Su ). Tous les champs de déplacement d'équilibre u avec plus d'un point de discontinuité, i.e. card(Su ) > 1 est instable. Seulement la solution d'équilibre située sur la branche décroissante de U (F ) avec un et seulement un point de discontinuité est stable. 20 Chapitre 1. Initiation et propagation de la fissure cohésive couplée avec la plasticité Démonstration. Considérons le champ de déplacement u avec n > 1 discontinuités, i.e. l'ensemble des points de discontinuité contient n > 1 éléments Su = {x1, x2,, xn }. On choisit le champ test de déplacement v tel que v(x) = 0 ∀x 6∈ [ x1, xn ] et v(x) = 1 ∀x ∈]x1, xn [ Ce champ v est évidemment admissible dans le sens de Df. En effet, les conditions aux limites sont satisfaites et l'ensemble des points de discontinuité de v est Sv = {x1, xn } ⊂ Su. Ce champ test v est constant par morceau sur [0, L]\Su. En injectant ce champ test dans (1.45), la condition de stabilité locale d'ordre 2 est récrite comme suit h i S Φ00 JuK(x1 ) + Φ00 JuK(xn ) ≥ 0 La concavité de la fonction Φ(JuK) induit la négativité de Φ00 JuK(x1 ) et Φ00 JuK(xn ). En conséquence, la validité de la condition de stabilité locale d'ordre 2 est impossible pour le champ de déplacement v choisi. Donc, la solution u avec plus d'un point de discontinuité est instable (localement). On considère maintenant un champ d'équilibre u avec un seul point de discontinuité Su = {x1 } où x1 est arbitraire dans l'intervalle (0, L). L'espace des champs tests admissibles devient D1 = {v : v (0) = v (L) = 0, Sv ⊂ { x 1 }} La condition de stabilité locale d'ordre 2 s'exprime comme suit Z 02 00 ESv dx + Sφ JuK(x1 ) JvK2 ≥ 0 [0,L]\{x1 } Introduisons la grandeur suivante λ= min v∈D1, JvK=1 ( h(v) = Z 02 ) Ev dx [0,L]\{x1 } Afin d'étudier la stabilité locale d'ordre 2, nous devons identifier λ, ensuite comparer cette valeur 00 avec −Φ JuK(x1 ). La dérivée de la fonction h(v) par rapport à v dans la direction v̄ ∈ D1 s'exprime Z h0 (v)(v̄) = −2E v 00 v̄dx (1.46) [0,L]\{x1 } Pour que la fonction h(v) atteigne sa valeur minimale, h0 (v)(v̄) = 0. Cela déduit que v 00 (x) = 0. Donc v 0 (x) est constante par morceau sur [0, L] \ {x1 } = [0, x1 ) ∪ (x1, L]. Introduisons deux constantes telles que ( C1 pour x ∈ [0, x1 ) v 0 (x) = C2 pour x ∈ (x1, L] En injectant les constantes dans (1.46), on obtient h0 (v)(v̄) = 2 E(C1 − C2 1.2. Étude d'une barre unidimensionnelle sous traction L'égalité h0 (v)(v̄) = 0 déduit que C1 = C2. En conséquence, la dérivée du champ v qui minimise h(v) devrait être homogène sur [0, L] \ {x1 }. Par ailleurs, les conditions aux limites sur v nous donnent Z v 0 dx = −JvK (x1 ) = −1 [0,L]\{x1 } 1 D'où, h(v) est minimisée lorsque le champ test de déplacement v satisfait v 0 (x) = − le long de L la barre unidimensionnelle privée le point de discontinuité x1. Donc λ= min v∈D1, JvK=1 h(v) = E L (1.47) Selon (1.45), la condition de stabilité locale d'ordre 2 est validée seulement si λ donnée par (1.47) est plus grande que −Φ00 JuK(x1 ). Cela déduit que E + Φ00 JuK(x1 ) L ≥ 0 (1.48) En injectant (1.42) dans cette inégalité, on obtient 00 0−1 F E+Φ Φ L≥0 S (1.49) Par ailleurs, la dérivée de la fonction U (F ) donnée par (1.44) dans le cas d'un seul point de discontinuité s'exprime comme suit U 0 (F ) = L + ES 1 SΦ00 Φ0−1 F S (1.50) Sachant que la fonction Φ(JuK) est concave, i.e. Φ00 (JuK) ≤ 0 et combinant la condition (1.49) avec la formulation de la dérivée U 0 (F ) exprimée dans (1.50), on en déduit que U 0 (F ) ≤ 0 Donc la solution stable (localement) se situe sur la branche décroissante de U (F ). La Proposition est ainsi démontrée complètement. Voyons que la stabilité de la solution dépend éventuellement de la longueur de la barre. En effet, l'inégalité (1.49) peut être réécrite sous la forme d'un critère en longueur L ≤ Lc (F ) := − Φ00 E Φ0−1 F S (1.51) Donc, à chaque instant donné, la réponse de la barre unidimensionnelle est stable seulement si la longueur de la dernière est plus petite que l'une longueur critique qui dépend du chargement (ou de manière équivalente, de F ), et instable dans le cas contraire. En particulier, juste après 22 Chapitre 1. Initiation et propagation de la fissure cohésive couplée avec la plasticité l'amorçage de la fissure cohésive, l'ouverture de la fissure est très proche de zero JuK'0 et la force F est très proche de la force cohésive F'Sσc, le critère en longueur (1.51) devient L ≤ Lc (Sσc ) = − E (1.52) Φ00 (0) On démontre la proposition suivante Proposition 3 (Critère de longueur). Si la longueur de la barre est inférieure à la longueur critique Lc (Sσc ) définie dans (1.52), la réponse de la barre unidimensionnelle est toujours stable dès que la fissure est présente dans la barre. Dans le cas contraire, si la longueur de la barre est supérieure à la longueur critique Lc (Sσc ), la réponse de la barre est instable juste après l'initiation de la fissure cohésive et la contrainte chute brutalement dans la barre. Démonstration. Deux cas de la longueurs de la barre sont considérés successivement E (i) Si L ≤ Lc (Sσc ) = − 00 : par construction de la densité d'énergie surfacique Φ(JuK) Φ (0) donnée dans (1.7), on a Φ000 (JuK) > 0 pour toutes les valeurs non-négatives du saut de déplacement. On en déduit que Φ00 (0) ≤ Φ00 (JuK) ∀JuK ≥ 0 En conséquence, L≤− E Φ00 (0) ≤− E Φ00 (JuK) ∀JuK ≥ 0 Donc le critère de stabilité en longueur (1.51) est toujours validé au cours de l'évolution la fissure. Ainsi la réponse de la barre est toujours localement stable dès que la fissure cohésive s'initie. L'évolution de la fissure cohésive au sein de la barre unidimensionnelle est dite continue. E (ii) Si L > Lc = : Juste après l'initiation de la fissure cohésive à un point x1 ∈ [0, L], −Φ00 (0) le critère de stabilité en longueur n'est pas validée, ainsi la réponse de la barre se situe sur la branche croissante de la courbe U (F ) et est instable localement. En conséquence, un snap-back devra apparaître sur la courbe de réponse globale U (F ). La contrainte dans la barre, et également F, chutent immédiatement après l'amorçage de la fissure lorsque l'on continue à augmente le déplacement imposé U. L'évolution de la fissure cohésive au seine de la barre unidimensionnelle est dite discontinue. La Proposition est ainsi démontrée. Remarque 5. La longue ur critique Lc (Sσc ) donnée dans (1.52) est identique au résultat obtenu dans le cas de la barre plastifiée sans fissure (1.39). En particulier, cette longueur critique est indépendant du module d'é crouissage Ki mais dépend du module Young E et la dérivée seconde de l'énergie d'énergie surfacique de fissure cohésive par rapport au saut de déplacement à l'origine Φ00 (0). Nous déduisons que si la barre est suffisamment courte L ≤ Lc = Lc (Sσc ), une et seulement une fissure apparaît à un point arbitraire dans la barre x1 ∈ [0, L], ensuite le saut de 23 1.3. Formulations du cas tridimensionnel déplacement u croît et la contrainte dans la barre F/S décroît continument lorsque l'on augmente le déplacement imposé. La barre est en décharge élastique dès que la fissure s'initie. La réponse de la barre unidimensionnelle est stable. F Sσc Sσ0 S EH L E+ H S LE Lp0 U0 U Figure 1.3 – La réponse globale de la barre F (U ) dans les cas stable et instable avec un seul point de discontinuité 1.3 1.3.1 Formulations du cas tridimensionnel Comportement élastoplastique de la structure tridimensionnelle et formulation énergétique Considérons une structure de dimension N = 3 en matériau élasto-plastique isotrope. Le système cartésien (x1, x2, x3 ) avec sa base orthonormée (e1, e2, e3 ) sont utilisés. La configuration de référence de la structure est un ouvert borné, connect Ω de RN avec un bord régulier ∂Ω. Le comportement élastoplastique isotrope du matériau est caractérisé par ses coefficients de Lamé (λ, μ) (ou de manière équivalente son module Young E et son coefficient de Poisson ν), le module d'écrouissage isotrope Ki et la contrainte critique de plasticité σy. La structure est soumise à la force volume de densité f. La partie ∂D Ω de la borne du domaine est soumise au déplacement imposé U, tandis que la partie ∂N Ω de la borne du domaine est soumise à la force imposée F. Les chargements (U, F) sont fonctions croissantes monotonement du temps. Lorsque la fissure est présente au sein de la structure, le champ de déplacement u admet un ensemble des discontinuités dénoté par Su. Cet ensemble est un hyperplan de N − 1 dont le vecteur normal au dimension point x est dénoté par ν(x) ∈ S2 = {n ∈ R3 : n = 1}. Le vecteur u+ (x) (respectivement, Chapitre 1. Initiation et propagation de la fis co ve coup lée avec la plastic ité u− (x)) désigne la limite du u(x) sur la lèvre supérieure (respectivement, inférieure) de la fis sure u± (x) = lim y→0: y*ν(x)>0 u(x + y) Le saut de déplacement à ce point s'exprime comme suit JuK(x) = u+ (x) − u− (x) (1.53 ) Le principe de non-pénétration induit que le saut normal de déplacement devrait être non-négatif sur l'ensemble des discontinuité u(x) * ν(x) ≥ 0 sur Su Le saut de déplacement normal est dénoté par Jun K := JuK*ν et le saut de déplacement tangentiel est dénoté par Jut K := JuK − JuK * νν. Dans l'ensemble des de discontinuités Su du champ de déplacement u, Sun (respectivement, Sut ) dénote la partie où le saut de déplacement est purement normal (respectivement, purement tangentiel) Sun := {x ∈ Su : Jut K(x) = 0}, Sut := {x ∈ Su : Jun K(x) = 0} En particulier, Jun K > 0 sur Su \ Sut. Notons Uad (U) l'ensemble des champs de déplacement cinématiquement admissible, i.e. l'ensemble des champs vectoriel satisfaisant les conditions aux limites cinématiques et admettant le saut normal non négatif à travers l'ensemble des discontinuité Uad (U) = {u∗ ∈ H 1 (Ω \ Su, RN ) : u∗ = U sur ∂D Ω, Jun K(x) ≥ 0 sur Su } (1.54) où H 1 désigne l'espace vectoriel de Sobolev associé à la norme naturelle * 1. Correspondant au déplacement imposé U et à la force imposée F donnés, chaque triple composé rduZdéplacement 2 t u ∈ Uad (U), déformation plastique εp et déformation plastique cumulée p = ε̇p (τ ) dτ 3 0 associe à l'énergie totale de la structure E(u, εp, p) étant une somme de l'énergie libre, l'énergie dissipée par plasticité, l'énergie surfacique de fissure et le potentiel des effort extérieurs E(u, εp , p ) = Ee (u, εp, p) + Ep (p) + Es (u) + Fext (u) En utilisant (1.4) avec la densité d'énergie élastoplastique récupérable ωp (p) = (1.55) Ki p1+1/m 1 + 1/m où m est une constante du matériau, on obtient Z 1 Ki 1+1/m Ee (u , εp, p) = A(ε(u) − εp ) * (ε(u) − εp ) + p dΩ 2 1 + 1/m (1.56) Ω\Su L'énergie dissipée par plasticité garde la même forme donnée dans (1.5) Z Ep (p) = σy pdΩ Ω\Su 25 (1.57) 1.3. Formulations du cas tridimensionnel Le potentiel des efforts extérieurs correspondant à la force volumique de densité f et la force surfacique imposée F sur ∂N Ω s'écrit comme suit Z Z F * udS (1.58) Fext (u) = − f * udΩ − ∂N Ω Ω Par ailleurs, l'énergie de surface de fissuration s'exprime comme suit Z Es (u) = Φ(JuK, ν)dS (1.59) Su Suite à l'isotropie du matériau, la densité d'énergie surfacique de fissure Φ(JuK, ν) dépend seulement des invariants de (JuK, ν). Du fait que ν = 1, deux invariants de (JuK, ν) sont le saut de déplacement normal Jun K = JuK * ν et la norme du saut de déplacement tangentiel Jut K = JuK − JuK * νν. En conséquence, il existe une fonction φ définie sur [0, +∞)2 telle que la densité d'énergie surfacique de la fissure s'écrit sous la forme Φ(JuK, ν) = φ Jun K, Jut K ν ∈ S2, u ∈ Uad (U) (1.60) La densité d'énergie surfacique s'annule quand JuK = 0, donc φ(0, 0) = 0. Du fait que la densité d'énergie surfacique Φ(JuK, ν) est une fonction continue positive, φ est également une fonction continue positive. Néanmoins, elle n'est pas nécessairement différentiable, en particulier à l'origine (0, 0). On fait l'hypothèse que la fonction (α, β) 7→ φ(α, β) est une fonction continue sur [0, +∞)2 avec des propriétés suivantes (i) φ est différentiable continûment en tout point (α, β) 6= (0, 0). φ,n et φ,t dénotent les deux dérivées partielles de φ ∂φ ∂φ φ,n =, φ,t = ∂α ∂β (ii) φ est dérivable directionnellement à l'origine, i.e. il existe une fonction φ homogène de degré 1 telle que ∀(α, β) : α ≥ 0, β ≥ 0, (α, β) 6= (0, 0) 1 φ(hα, hβ), φ(λα, λβ) = λφ(α, β) h→0 h 0 < φ(α, β) = lim (1.61) σc et τc désignent les dérivées partielles de φ à l'origine : σc = φ(1, 0) > 0, τc = φ(0, 1) > 0 Dans le cas où φ est dérivable à l'origine, φ est linéaire φ(α, β) = σc α + τc β Dans cette formulation, (σc, τc ) sont les constantes du matériau qui ont la dimension des contrainte. En fait, ils jouent les rôles des contraintes critiques du modèle de zone cohésive que l'on discutera plus en détails par la suite. Chapitre 1. Initiation et propagation de la fissure cohésive couplée avec la plasticité En injectant (1.56)-(1.60) dans (1.55), on obtient la formulation explicite de l'énergie totale de la structure Z 1 Ki 1+1/m E(u, εp, p) = A(ε(u) − εp ) * (ε(u) − εp ) + p + σy p dΩ 1 + 1/m Ω\S Z u 2 + φ Jun K, Jut K dS (1.62) ZSu Z − f * udΩ − F * udS ∂N Ω Ω Selon Définition 4, le triple (u, εp, p) est la solution du problème d'évolution de fissure cohésive au sein de la structure tridimensionnelle élastoplastique si et seulement s'il minimise localement l'énergie totale de la structure dans l'espace des champs admissibles des variables d'état. Pour h > 0 suffisamment petit, considérons les champs tests suivants r 2 ∗ ∗ ∗ u := u + hv, εp := εp + hζ, p := p + h ζ (1.63) 3 où ( v ∈ D := {v ∈ H 1 (Ω, R) : ζ arbitraire v = 0 sur ∂D Ω, Jvn K ≥ 0 sur Sv \ Su ∪ Sut } (1.64) En injectant les champs (1.63) dans la Définition 4 et développant jusqu'au deuxième ordre , on obtient l'inégalité r r h2 00 2 2 0 ζ ) + E (u, εp, p)(v, ζ, ζ )≥0 (1.65) hE (u, εp, p)(v, ζ, 3 2 3 Dans la formulation (1.65), les premier et deuxième termes concernent respectivement les dérivées première et seconde directionnelles de l'énergie totale de la structure par rapport au triple des variables d'état. Comme dans le cas unidimensionnel, cette inégalité conduit à l'étud e des conditions de stabilité locale d'ordres 1 et 2 1. Condition de stabilité locale d'ordre 1 0 E (u, εp, p)(v, ζ, r 2 ζ )≥0 3 ∀v ∈ D, ∀ζ (1.66) 2. Condition de stabilité locale d'ordre 2 0 ∀v ∈ D, ∀ζ tels que E (u, εp, p)(v, ζ, r 2 ζ )=0: 3 00 E (u, εp, p)(v, ζ, r 2 ζ )≥0 3 (1.67) On considère dans les sous sections suivantes les conditions de stabilité locale au cours de l'évolution de la fissure au sein de la structure tridimensionnelle. 1.3.
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Analyse automatisée des données 3D+t d'imagerie par résonance magnétique de vélocimétrie. Quantification de l'apport du 3D+t Sophia Houriez–Gombaud-Saintonge G SAINTONGE Thèse de doctorat en Imagerie Biomédicale Dirigée par Nadjia KACHENOURA et codirigée par Yasmina CHENOUNE Présentée et soutenue publiquement le 6 février 2020 Devant un jury composé de : Stéphane AVRIL Professeur de classe exceptionnelle, Mines Saint-Etienne Rapporteur Alexis JACQUIER Professeur des universités-Praticien hospitalier, Université Aix-Marseille Rapporteur Jean-Michel SERFATY Professeur des universités-Praticien hospitalier, CHU de Nantes Examinateur José FULLANA Professeur des universités, Institut Jean Le Rond D'Alembert Examinateur Elie MOUSSEAUX Professeur des universités-Praticien hospitalier, HEGP Invité Yasmina CHENOUNE Enseignante-chercheuse, ESME Research Lab Nadjia KACHENOURA Chargée de recherche, Laboratoire d'Imagerie Biomédicale Directrice de thèse Sommaire Chapitre 1. Introduction et état de l'art 1 1.1 1.1.A. Contexte de la thèse 2 1.1.B . Déroulement de la thèse 3 1.1.C. Structure de la thèse 5 1.2 Context clinique : système et pathologies cardiovasculaires 6 1.2.A. Le système cardiovasculaire 6 1.2.A.a Le coeur 6 1.2.A.b L'aorte 10 1.2.B. Altérations aortiques et cardiaques 13 1.2.B.a La rigidité artérielle 13 1.2.B.b La dilatation aortique 34 1.2.B.c La dysfonction ventriculaire gauche 39 1.3 Évaluation hémodynamique et non-invasive par IRM 43 1.3.A. Principe de l'imagerie par résonance magnétique 44 1.3.A.a Principes généraux 44 1.3.A.b IRM cardiovasculaire 47 1.3.A.c Imagerie de flux sanguin en deux dimensions 47 1.3.B. Imagerie de flux 3D+t (flux 4D) 48 1.3.B.a Acquisition des images d'IRM de flux 4D 49 1.3.B.b Corrections des données IRM de flux 4D 53 1.3.B.c Indices d'IRM 4D quantitatifs de l'atteinte aortique et ventriculaire 58 1.4 Objectifs de la thèse et organisation du manuscrit 61 Chapitre 2. Matériel et Méthodes 64 2.1 2.2 Acquisition et données cliniques 66 2.2.A. Protocole d'acquisition 66 2.2.B. Pressions et tonométrie 66 ii 2.2.C. Séquences d'IRM cardiaque 67 2.3 Traitement des données aortiques 70 2.3.A. Segmentation des données aortiques en IRM de flux 4D 70 2.3.A.a Segmentation manuelle de l'aorte : Lattido 70 2.3.A.b Segmentation semi-automatique de l'aorte : Mimosa 72 2.3.A.c Extraction des courbes de vitesses et de débit 75 2.3.B. Biomarqueurs en IRM de flux 4D 76 2.3.B.a Méthode d'estimation de la vitesse de propagation 76 2.3.B.b Paramètres fonctionnels de désorganisation du flux aortique 87 2.4 Étude de la fonction de remplissage du ventricule gauche 93 2.4.A. Segmentation du flux dans le ventricule gauche 93 2.4.B. Biomarqueur en IRM de flux 4D 96 2.4.B.a Paramètres du flux de remplissage du ventricule gauche 96 2.4.B.b Vitesse de propagation dans le ventricule gauche 98 2.5 Analyses statistiques 98 Chapitre 3. Applications aux données cliniques et résultats de la thèse 99 3.1 3.2 Étude de la rigidité aortique 100 3.2.A. Problématique clinique 100 3.2.B. Étude 1 : Comparaison de méthodologies de calcul de VOP aortique en IRM de flux 4D 101 3.2.B.a Matériels et méthodes 101 3.2.B.b Résultats 104 3.2.B.c Discussion 112 3.2.B.d Conclusion de l'étude 117 3.2.C. Étude 2 : Estimation de la VOP aortique chez des patients coronariens 117 3.2.C.a Matériels et méthodes 117 3.2.C.b Résultats préliminaires et discussions 118 3.2.C.c Conclusion 120 3.3 Étude du flux chez les patients avec une dilatation aortique 121 iii 3.3.A. Problématique clinique 121 3.3.B. Étude 1 : Estimation de la rigidité aortique chez des patients avec une aorte dilatée 121 3.3.B.a Matériels et méthodes 122 3.3.B.b Résultats 123 3.3.C. Étude 2 : Mesures d'organisation du flux chez des patients avec une aorte dilatée 127 3.3.C.a M s et méthodes 128 3.3.C.b Résultats 129 3.3.D. Discussion des études 1 et 2 137 3.4 Évaluation de la fonction de remplissage du ventricule gauche 141 3.4.A. Problématique clinique 141 3.4.B. Matériels et méthodes 141 3.4.C. Résultats et discussion 143 3.4.C.a Liens avec l'âge 143 3.4.C.b Liens avec la vitesse d'onde de pouls aortique (aoVOP) 144 3.4.C.c Effets intriqués du vieillissement et de la rigidité aortique 144 3.4.D. Conclusion de l'étude 146 Chapitre 4. Avec le vieillissement de la population et l'évolution du mode de vie en matière de nutrition, de stress et de pollution, la prévalence des maladies cardiaques et métaboliques (hypertension artérielle, obésité, diabète, insuffisance cardiaque, ) ne cesse d'augmenter. En effet, les maladies cardiovasculaires restent à ce jour la première cause de décès dans la plupart des pays de l'OCDE1. Les principaux composants du système cardio-circulatoire central, à savoir l'aorte et le coeur, subissent des altérations physiopathologiques qui peuvent à terme se révéler mortelles. Ces altérations se traduisent par une modification de la constitution de la paroi aortique entraînant une perte de son élasticité. Cette perte d'élasticité est fréquemment associée à des variations géométriques et hémodynamiques, elles-mêmes intriquées avec des turbulences des flux sanguins et des modifications des pressions artérielles. Ces dégradations induisent une augmentation de la charge artérielle imposée sur le ventricule gauche cardiaque pendant sa phase d'éjection ainsi que de la pulsatilité globale, qui sont délétères pour le coeur et les organes périphériques très vascularisés comme le cerveau ou les reins. Ainsi, il existe un lien étroit de remodelage adaptatif puis d'altération mutuelle entre différents organes partageant le même régime hémodynamique fortement associé à la rigidité des différentes artères qui les connectent et en particulier de l'aorte, artère principale du corps. Le développement de nouvelles techniques d'imagerie (ultrasons standards ou ultrarapides, scanner, imagerie par résonance magnétique-IRM) permet aujourd'hui de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à ces maladies pour les diagnostiquer de manière non-invasive. Dans le cadre de ma thèse, je m'intéresse à l' , modalité non-invasive et non-irradiante, qui permet d'étudier à la fois l'anatomie et l'hémodynamique cardiaque et aortique. Alors que l'apport de coupes IRM en deux dimensions (2D), acquises au cours du cycle cardiaque est aujourd'hui reconnu et associé à des valeurs de référence dans la littérature, il n'en est pas de même pour l'IRM de flux 4D. Cette technique d'imagerie plus récente permet pour la première fois d'imager non seulement l'anatomie, mais aussi les 1 Source : http :// www .oecd.org/health/health-systems/hcqi-cardiovascular-disease-and-diabetes.htm 2 1.1 Introduction général e vitesses des flux sanguins dans les trois dimensions de l'espace durant tout le cycle cardiaque, offrant ainsi de nouvelles perspectives de visualisation, de compréhension et de me sure de paramètres quantitatifs . De plus, cette acquisition peut englober le coeur et l'aorte, permettant ainsi leur étude dans les mêmes conditions hémodynamiques. Cette thèse, a été dirigée par Nadjia Kachenoura, responsable de l'équipe d'Imagerie Cardiovasculaire (iCV) du Laboratoire d'Imagerie Biomédicale (LIB) et co-encadrée par Yasmina Chenoune enseignante-chercheuse à l'ESME Research Lab. Elle a débuté en octobre 2016 et a été financée par l'ESME Sudria, école d'ingénieurs pluridisciplinaire dans laquelle j'ai pu superviser des travaux dirigés d'algorithmique, de programmation en Python et d'intégration de bibliothèques OpenCV avec des étudiants ingénieurs de niveaux allant de Bac+1 à Bac+4. L'ensemble des développements réalisés sous Matlab avait pour objectif de répondre à des problématiques cliniques précises. Ceci a été rendu possible grâce à la collaboration étroite de l'équipe iCV avec le Professeur Elie Mousseaux, de l'Hôpital Européen Georges Pompidou (HEGP) qui nous a permis un accès aux données IRM acquises dans le cadre de différents protocoles de recherche ainsi qu'à des problématiques cliniques spécifiques. De plus, grâce à un financement ECOS-SUD obtenu par Nadjia Kachenoura, des échanges ont pu être réalisés avec l'équipe de l'Université de Favaloro dirigée par Damian Craiem, à Buenos Aires en Argentine qui m'a accueillie pour deux séjours d'un mois (juillet 2017 et août 2018). Ainsi, cette thèse se concentre principalement sur le développement de biomarqueurs quantitatifs d'IRM de flux 4D et leur évaluation dans le contexte de trois problématiques cliniques (Figure 1-1). 3 1.1 Introduction générale La première étude s'intéressait à la vitesse d'onde de pouls (VOP) en IRM de flux 4D, un marqueur de la rigidité aortique dont l'association au risque cardiovasculaire a été largement établie en tonométrie d'aplanation et en IRM 2D. Cette étude a consisté à implémenter et à comparer trois méthodologies de calcul de la vitesse d'onde de pouls dans l'aorte en IRM de flux 4D afin de déterminer celle qui était la plus adaptée pour cette technique d'imagerie. Ces méthodes ont été évaluées sur les données de 47 sujets sains, principalement grâce aux critères suivants : 1) lien avec la VOP carotido-fémorale mesurée par tonométrie, 2) lien avec l'âge et 3) lien avec le remodelage cardiaque mesuré à partir de données Ciné-IRM 2D. Après avoir déterminé la meilleure méthodologie, le calcul de la VOP en IRM de flux 4D a été réalisé par une interne en cardiologie de l'HEGP sur 35 patients avec une atteinte coronarienne provenant de l'unité du Pr. Elie Mousseaux, pour étudier le lien entre rigidité aortique et infarctus du myocarde chez le sujet jeune. Dans un deuxième temps, l'apport de l'IRM de flux 4D chez les patients atteints d'un anévrysme de l'aorte ascendante a été étudié. En effet, des études ont montré qu'entre 20 et 30% des aortes des patients anévrismaux disséquaient avant d'atteindre le seuil de diamètre chirurgical, entraînant un taux élevé de morbi-mortalité dans cette population. Dans un premier temps, la rigidité aortique de ces patients a été étudiée. N'ayant pas u de résultats significatifs avec ce marqueur « régional », une seconde étude a été menée afin de caractériser la désorganisation « locale » du flux chez ces mêmes patients. L'ensemble de ces travaux a été mené en collaboration avec l'HEGP et l'Université de Favaloro (Buenos Aires, Argentine). Enfin, puisque l'IRM 4D permet d'imager le coeur et l'aorte dans les mêmes conditions hémodynamiques, une troisième étude a été menée sur la faisabilité de l'étude de la fonction diastolique ventriculaire gauche en IRM de flux 4D. Il s'agit en effet d'une composante manquante de l'IRM qui se démarque cependant par une excellente évaluation de la fonction systolique ainsi que des volumes et masses ventriculaires. Afin de quantifier l'apport du 3D+t par rapport au 2D+t dans le vieillissement et les altérations physiologiques citées précédemment, dans chacune de ces études, les résultats obtenus en IRM 3D+t ont été comparés avec la méthode de référence ainsi qu'aux résultats d'IRM 2D+t lorsqu'ils étaient disponibles. 1.1.C. Dans ce chapitre, les éléments anatomiques et fonctionnels nécessaires à la compréhension des différentes problématiques cliniques abordées et donc de l'enjeu des travaux de cette thèse, sont présentés dans un premier temps. Ensuite, la technique d'IRM de flux 4D est détaillée, suivie des biomarqueurs existants dans la littérature et pertinents pour les problématiques cliniques exposées ci-dessus. Enfin, les objectifs de cette thèse seront précisés en fin de chapitre. Dans le deuxième chapitre, les données cliniques ainsi que les paramètres d'acquisition sont présentés. Ils sont suivis par l'ensemble des aspects méthodologiques qui ont été développés et/ou utilisés pour réaliser ces travaux de thèse. Un choix a été fait de présenter quelques résultats intermédiaires lorsque ceux-là étaient nécessaires pour motiver nos choix méthodologiques. Ceci est détaillé dans l'introduction du Chapitre 2. Le troisième chapitre présente et discute l'ensemble des résultats provenant de l'application des méthodologies développées sur différentes populations. Le quatrième chapitre résume l'ensemble des résultats obtenus et ouvre sur les perspectives à venir. 5 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires 1.2.A. Dans cette sous-partie, sont présentées l'anatomie et les principales fonctions du coeur puis de l'aorte. 1.2.A.a Le coeur (1) Anatomie du coeur et cycle cardiaque Le coeur est au centre de la circulation sanguine et peut être assimilé à une pompe pulsatile. Il se situe au sein du thorax, entre les deux poumons et est composé de quatre cavités formant deux couples oreillettes-ventricules appelés communément « coeur droit » et « coeur gauche », séparés par le septum. Figure 1-2 Le coeur (en vert les parties étudiées dans cette thèse)2. 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires  Le « coeur droit » (en bleu sur la Figure 1-2) est responsable de la circulation pulmonaire et contient du sang non oxygéné. Le sang arrive par les veines systémiques dans l'oreillette droite. Il transite vers le ventricule via la valve tricuspide pour être ensuite envoyé vers les poumons via l'artère pulmonaire grâce à la contraction du ventricule droit afin de permettre au sang de s'oxygéner.  Le « coeur gauche » (en rouge sur la Figure 1-2) s'occupe lui du sang oxygéné qui arrive des poumons dans l'oreillette gauche puis transite vers le ventricule par la valve mitrale et est envoyé dans l'aorte suite à la contraction du ventricule gauche (VG). Les valves sont composées de feuillets appelés cuspides qui permettent de séparer les oreillettes des ventricules (valves auriculo-ventriculaires). Elles sont différentes entre le coeur droit et le coeur gauche. La valve du coeur droit est tricuspide et possède donc trois feuillets alors que celle du coeur gauche (la valve mitrale) est composée de deux feuillets. En revanche, les valves de sorties des ventricules (droite : pulmonaire, gauche : aortique) sont similaires et sont composées de trois feuillets. Ce sont les ouvertures et fermetures des valves qui rythment le cycle cardiaque et que l'on entend lorsque l'on « écoute » le coeur avec un stéthoscope. Le passage du sang du VG vers l'aorte est rythmé par le cycle cardiaque qui se définit par la répétition de deux phases, la systole et la diastole :  La systole ventriculaire (1/3 du cycle cardiaque – en sur la Figure 1-3) est la phase de contraction du coeur. Les deux ventricules se contractent et éjectent le sang des ventricules vers les artères pulmonaires (par le ventricule droit) et l'aorte (par le VG). Plus précisément pour le coeur gauche, le sang intraventriculaire se trouve compressé par la contraction du VG qui conduit à une augmentation de la pression à l'intérieur de celui-ci. Lorsque la pression devient plus grande que la pression aortique la valve aortique s'ouvre provoquant l'éjection du sang par gradient de pression.  La diastole ventriculaire (2/3 du cycle cardiaque– en bleu sur la Figure 1-3) est la phase de relaxation des ventricules qui se remplissent en deux étapes. Durant la première étape, le sang passe des oreillettes aux ventricules grâce au gradient de pression. 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires Diastole RIV CIV Systole Aorte Ventricule gauche Pressions Oreillette gauche R ECG Q P T S Valve Aortique Ouverte Valve Mitrale Fermée Fermée Ouverte Onde E Onde A Flux de remplissage du ventricule gauche Illustration du passage du sang dans le coeur Relaxation Contraction Flux aortique Cross-section de l'Aorte Figure 1-3 Diagramme de Wiggers du cycle cardiaque et illustration des flux sanguins dans le coeur gauche ainsi que de la variation de l'aire de l'aorte ascendante. CIV : contraction iso-volumique, RIV : relaxation iso-volumique. Figure inspirée de (Mitchell and Wang 2014). 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires Le nombre de répétitions de ces deux cycles, défini le nombre de battements cardiaques par minute appelé fréquence cardiaque qui peut aller de 45 à 200 battements/minute lors d'un effort. Ces deux phases provoquent un mouvement régulier du coeur, qui entraîne le mouvement de l'aorte et en particulier celui de l'aorte ascendante. (2) Fonction cardiaque Ces deux phases sont provoquées par une activité électrique qui synchronise le rythme de contraction et de relaxation des cavités ventriculaires entraînant des modifications de volumes et de pressions qui conduisent mécaniquement à l'ouverture et la fermeture des valves et au passage ou non du sang. On parle alors de :  la pré-charge qui dépend du volume de sang qui entre dans les ventricules avant que celui-ci ne se contracte (volume du ventricule au repos)  la post-charge qui est l'opposition due au volume de sang/pression dans les vaisseaux sanguins lors de l'éjection du sang contenu dans les ventricules. À noter que l'on peut normaliser les volumes cardiaques par la surface corporelle (BSA) qui peut être calculée selon plusieurs formules. Toutefois la plus utilisée, et celle considérée dans cette thèse, est celle de Du bois & Du bois (Bois and Bois 1916) BSA = 0.007184 * Taille0.725 * Poids0.425 Équation 1BSA La pression artérielle varie donc au cours du cycle cardiaque en diastole ou en systole, ses valeurs optimales ainsi que les valeurs correspondant à de l'hypertension (Mancia et al. 2018) sont données dans le Tableau 1. Ces valeurs sont établies à partir de mesures brachiales. Tableau 1 Valeurs normales de pression. Traduit de (Mancia et al. 2018) Catégorie Optimale Normale Normale haute Grade 1 Hypertension Grade 2 Hypertension Grade Hypertension Pression systolique (mm Hg) <120 120-129 130-139 140-159 160-179 ≥180 9 Et Et/ou Et/ou Et/ou Et/ou Et/ou Pression diastolique (mmHg) <80 80-84 85-89 90-99 100-109 ≥110 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires En effet, ces seuils sont établis en utilisant un sphygmomanomètre constitué d'un brassard gonflable que l'on place au niveau du bras et d'un stéthoscope, on parle alors de pression brachiale. La tonométrie artérielle d'aplanation au niveau de la carotide peut également être utilisée, on parle alors de pression centrale. La pression systolique (Ps) et la pression diastolique (Pd) qui sont égales aux deux extrema de la courbe mesurée peuvent par la suite être extraites (Figure 1-4). Pression brachiale Pression Pression Systolique Fermeture de la valve aortique Pression Pulsée Pression Moyenne Pression Diastolique Temps Figure 1-4 Mesure des courbes de pression. Figure réalisée à partir d'images de la base de données Servier Art Médicale. 1.2.A.b L'aorte (1) Anatomie de l'aorte L'aorte est la plus grande artère du corps située en amont de toutes les autres. Elle part du VG (Figure 1-5), descend dans le thorax puis se divise en deux au niveau de l'abdomen ce qui lui permet d'irriguer toute la partie inférieure du corps en sang oxygéné. Elle possède également des bifurcations au niveau de la crosse ou arche aortique qui irriguent la partie supérieure du corps. Ces bifurcations sont dans l'ordre le tronc brachiocéphalique, l'artère carotide commune gauche puis l'artère sous-clavière gauche. En fonction de la localisation du segment aortique considéré le diamètre artériel varie : dans le cas d'un e sain, plus on s'éloigne du VG, plus le diamètre artériel diminue, on parle de « tapering Figure 1-5 Schéma de l'aorte inspiré de (Nienaber et al. 2016). Figure réalisée à partir d'image de la base de données Servier Art Médicale. La paroi aortique est composée de trois couches tout comme l'ensemble des grosses artères :  L'intima, composée de cellules endothéliales, ce qui permet d'obtenir une surface lisse, nécessaire à l'écoulement normal du sang.  Le media, très riche en fibres d'élastine et de cellules musculaires lisses disposées en spirale qui permettent à l'aorte de se dilater.  L'adventia, riche en collagène et en fibroblaste ce qui permet de renforcer la structure de l'aorte. La composition de ces trois couches qui forment la paroi aortique est propre à chaque individu et évolue avec l'âge et les altérations physiologiques, en association avec les propriétés élastiques et hémodynamiques internes à l'aorte comme on le verra par la suite. 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires (2) Fonction aortique L'aorte est connectée au coeur ou plus exactement au VG par la valve aortique. Elle joue ainsi un rôle majeur dans le système cardiovasculaire central. Elle possède deux fonctions principales :  La première est la conduite du sang oxygéné provenant du VG vers le reste du corps en systole (Figure 1-3),  La deuxième est une fonction d'amortissement de l'onde de pression provenant du VG, toujours au moment de l'éjection du sang en systole. Ceci est possible grâce aux propriétés élastiques (London and Pannier 2010) de l'aorte qui lui permettent d'adapter sa géométrie au gradient de pression (Laurent et al. 2006). On parle d'effet Windkessel (Frank 1990; Westerhof, Lankhaar, and Westerhof 2009) qui peut se traduire par « chambre à air ». En effet, dans ce modèle, le débit pulsé en systole venant du coeur est transformé en débit continu par le système artériel grâce à une fonction réservoir. L'analogie usuellement faite pour décrire cet effet est celle d'un système de pompe hydraulique, utilisé par un pompier qui accumule l'eau qui arrive avec un débit discontinu dans un réservoir. C'est grâce à ce réservoir que le pompier aura par la suite un débit continu à la sortie du tuyau : le coeur est alors assimilé à la pompe et l'aorte au réservoir (Figure 1-6). Canal Pompe Réservoir (Windkessel) Veines Coeur Artères élastiques (Aorte) Lance Résistance périphérique Figure 1-6 Illustration de l'effet Windkessel. Figure inspirée de (Westerhof et al. 2009). 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires Il s'agit toutefois d'un modèle qui ne représente pas complètement la réalité. En effet, ce modèle fait l'hypothèse que toutes les artères se dilatent au même moment. Or, le maximum de pression n'arrive pas de manière synchrone dans l'ensemble de l'aorte. En effet, le ventricule gauche éjecte le sang, à l'entrée de l'aorte, entraînant sa dilatation momentanée pour absorber l'onde de pression qui va décroître au cours du temps après avoir atteint son maximum (ou pic systolique). L'inertie du fluide, lui permet de continuer à aller du coeur vers le reste des organes périphériques ce qui permet à l'aorte de reprendre sa forme initiale. Ainsi, l'onde se propage à travers le système artériel sous la forme d'une onde de pression. Le modèle le plus accepté (Laurent et al. 2006) de l'arbre artériel est donc un modèle de propagation. L'arbre artériel est assimilé à un tube avec des propriétés viscoélastiques dont la distribution conduit à la formation d'une onde de pression antérograde (qui se propage du coeur vers les organes périphériques) et d'une onde de pression rétrograde ou onde de réflexion (qui se propage vers le coeur) qui serait due aux nombreuses bifurcations et variations de rigidité et de diamètre chez les sujets sains. 1.2.B. Altérations aortiques et cardiaques La partie précédente présentait le fonctionnement des constituants du système cardiovasculaire et leurs propriétés. Avec l'âge ou la maladie, ces propriétés biomécaniques et viscoélastiques peuvent s'altérer. Cette partie présentera trois altérations qui ciblent le système cardio-circulatoire central : la rigidité aortique, la dysfonction diastolique du ventricule gauche et la dilatation anévrismale et pathologique de l'aorte afin d'introduire l'intérêt d'étudier l'apport de l'IRM de flux 4D dans ces pathologies. Ces problématiques cliniques ont été à l'origine des développements méthodologiques réalisés pendant cette thèse. 1.2.B.a La rigidité artérielle Avec l'âge ou d'autres facteurs de risque (comme le tabagisme), le tissu aortique peut perdre sa propriété « élastique », on parle alors de rigidité aortique. Cette dernière est le reflet de la résistance de la paroi aortique à la déformation. Les méthodes précédemment décrites pour l'estimation de la rigidité sont présentées ci-après avant d'aborder ses conséquences physiopathologiques. 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires (1) Estimation de la rigidité artérielle (i) Mesure de l'onde de pression La combinaison de l'onde antérograde générée par le coeur et la somme de nombreuses réflexions provenant de divers sites distaux donne ainsi naissance à l'onde de pression mesurée (Safar and London 2000; Safar Michel E. and Frohlich Edward D. 1995). Les variations des propagations des ondes rétrogrades et antérogrades se reflètent par des variations des pressions systoliques et diastoliques, amenant à des modifications de la pression pulsée (PP), usuellement calculée ainsi comme la différence entre la pression systolique et la pression diastolique (Figure 1-7). La pression moyenne est, elle, égale à la moyenne de valeurs de l'onde de pression mesurée au cours du cycle cardiaque. PP = Ps − Pd Équation 1 Ps : Pression systolique Pression Pulsée Avec : Pd : Pression diastolique Pression Pression Systolique Pression Augmentée Fermeture de la valve aortique Pression Pulsée Pression Moyenne Pression Diastolique Temps Onde de pression antérograde Onde de pression rétrograde Figure 1-7 Schématisation d'une onde de pression antérograde et rétrograde. 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires Ainsi, la PP est considérée comme un marqueur de la dégradation des propriétés viscoélastiques de la paroi artérielle, étroitement liée au vieillissement tant elle augmente de manière significative avec l'âge. En effet, la forme de cette onde, qui correspond à la force mécanique ressentie par l'artère, dépend de l'ampleur de la réflexion et de sa temporalité (Figure 1-8). La réflexion est plus tardive chez les sujets jeunes, du fait d'une plus grande élasticité des parois artérielles, ce qui engendre une augmentation de la pression diastolique. En revanche, dans l'aorte plus rigide, d'un sujet âgé et/ou hypertendu, l'onde réfléchie revient pendant la systole, car l'onde de pression rétrograde se propage plus rapidement dans les artères plus rigides, ce qui induit une augmentation de la pression systolique et une réduction de la pression diastolique et donc finalement une augmentation de la PP (Chae 1999; Greenwald 2007; Laurent et al. 2006). Patient Jeune Patient Agé/Hypertendu Réflexion précoce: Augmente la pression systolique Reflexion tardive: Augmente la pressions diastolique. Onde de pression mesurée Onde de pression antérograde (provenant du coeur) Onde de pression rétrograde (réfléchie) Figure 1-8 Modification des ondes de pression antérogrades et rétrogrades chez un témoin jeune (à gauche) et âgé ou hypertendus (à droite). Figure adaptée et traduite de (Greenwald 2007). En particulier, Chae et al. (Chae 1999) ont montré sur 1621 patients âgés de 78±5 ans, une augmentation significative, après ajustement à l'âge, du risque de crise cardiaque chez les patients ayant une PP augmentée (Figure 1-9). À noter que est également vrai pour la pression systolique. Hazard Ratio 1.2 Contexte clinique : s ystème et pathologies cardiovasculaires Pression Systolique (mmHg) Pression Diastolique (mmHg) Pression Pulsée (mmHg) Figure 1-9 Rapport des risques instantanés ou hazard ratio en fonction de la pression. Étude réalisée sur 1621 patients. Figure traduite et extraite de (Chae 1999). La pression augmentée (ΔP) évalue également les modifications de l'onde de pression (Figure 1-7) et son augmentation a été associée l'augmentation du risque cardiovasculaire (Benetos et al. 1997; Chae 1999; Jondeau et al. 1999; Millar, Lever, and Burke 1999). Elle est définie comme la différence entre la pression systolique et la pression au point d'inflexion créé par les ondes réfléchies (Figure 1-7). L'indice d'augmentation (Aix) intègre ces deux informations et est égal au rapport entre la pression augmentée et la pression pulsée. Cet indice augmente ainsi avec la rigidité. (Aydin et al. 2011; Nürnberger et al. 2002; Patvardhan et al. 2011; Warner et al. 2013a). ∆P Aix = PP Aix : Indice d'augmentation Équation 2 Indice d'augmentation ∆P : Pression augmentée Avec : PP : Pression pulsée (i i ) Mesure de la vitesse de l'onde de pouls L'une des méthodes de référence de l'estimation de la rigidité artérielle est la mesure de la vitesse de propagation de l'onde de pouls (VOP) ou pulse wave velocity (PWV) (Latham et al. 1985; Laurent et al. 2006; Lehmann 1999), née du choc entre le sang et la paroi aortique au moment de l'éjection. Elle est directement reliée à l'élasticité/rigidité artérielle par l'équation de Moens- Korteweg (Isebree Moens 1878) comme démontré ci-après : Contexte clinique : système et pathologies c ardiovasculaires E. h VOP = √ D. ρ. Équation 3 Avec : E : Module d'élasticité de Young Équation de Moens- h : épaisseur de la paroi artérielle Korteweg D : le diamètre artériel ρ: la masse volumique du En effet, on peut considérer le sang comme un liquide Newtonien3 en émettant l'hypothèse qu'il s'agit d'un écoulement (bien que cela soit une approximation) :  Incompressible (la masse volumique du sang ρ ne varie pas dans le temps).  Stationnaire.  Isotherme À partir des tenseurs de contraintes exercées sur un fluide, on peut montrer qu'on obtient l'équation de Navier-Stokes pour un écoulement incompressible à viscosité constante : ⃗ δV ⃗ p + ρg + μ∇2V ⃗ ρ δt = −∇ ⃗.V ⃗ =0 ∇ Équation 4 ρ : Masse Volumique Avec : Équation de Navier- ⃗ : Vecteur vitesse V Stokes pour un fluide p: Pression incompressible g: Accélération gravitationnelle μ : Viscosité Pour simplifier la démonstration, celle–ci est réalisée en 1D, comme dans le cas illustré par la Figure 1-10, mais peut être généralisée en 3D (Brown et al. 1998). On émet l'hypothèse que Vz(z, t), la vitesse du fluide ne varie pas le long de la surface dont l'aire est notée A(z,t). La pression est ainsi également une fonction des coordonnées axiales et du temps. 3 Fluide Newtonien : fluide pour lequel la contrainte de cisaillement (contrainte mécanique appliquée tangentiellement à la surface d'un matériau) varie linéairement avec le taux de cisaillement 17 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires Figure 1-10 Propagation d'une onde dans un tube élastique En négligeant la gravité et la viscosité du fluide, on obtient alors l'équation en 1D sur l'axe z : Équation 5 Équation de Navier- ρ δVz(z,t) δt ⃗p=− = −∇ δp(z,t) Stokes simplifiée 1D δz pour un fluide incompressible En appliquant les conditions de continuité dérivées de la loi la conservation de la masse au système illustré dans la Figure 1-10 et en notant Q le débit, on a : É quation 6 δA(z,t) δt + δQ(z,t) δz =0 É quation de continuité dans le système considéré Or, le débit est par définition égal au produit de la surface A(z,t) et de la vitesse du fluide traversant cette même surface. De plus, la dérivée partielle du produit de deux fonctions est égale à la somme du produit de chacune des fonctions avec la dérivée partielle de l'autre. D'où : δQ(z,t) δz = δ(A(z,t)Vz(z,t)) δz = A(z, t) δVz(z,t) δz + Vz(z, t) δA(z,t) δz En remplaçant dans l'Équation 6, on obtient : δA(z, t) δVz ( z , t ) δA(z, t) + A(z, t) + Vz(z, t) =0 δt δz δ z On émet l'hypothèse que la variation de surface le long du tube est négligeable comparée aux autres 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires δA(z,t) + A(z, t) δt δVz(z,t) δz Équation 7 =0 On émet à présent l'hypothèse que le fluide s'écoule à l'intérieur d'un tube élastique et on suppose que la pression (p) à n'importe quelle section peut être calculée à partir des propriétés élastiques et de la forme du tube à cette section. Ainsi, p(z,t) est exprimée comme une fonction de A(z, t) : p(z, t)=P(A). Cette hypothèse a deux principales conséquences :  Pas de prise en compte de la rigidité des sections adjacentes,  Pas de prise en compte du comportement viscoélastique de la paroi. On peut ainsi écrire : on a : δp(z,t) δA(z,t) δt δp(z,t) + A(z, t) δA ( z , t ) = δt δVz(z,t) δz δp(z,t) δA(z,t) δt δp(z , t ) et donc en remplaçant dans l'Équation 3, =0. On obtient ainsi les deux équations suivantes : Équation de Navier et δVz(z,t) Stokes δt 1 δp(z,t) = −ρ δz Équation 5 Continuité δVz(z,t) δz Continuité 1 δA(z,t) δp(z,t) = − A(z,t) δp(z,t) Équation 8 δt En dérivant chacune de ces deux équations, on obtient : = δ2Vz(z, t) 1 δ 2 p(z, t) Équation 5 − ρ δz 2 δzδt = 1 δA(z, t) δ2p(z, t) − Équation 8 A(z, t) δp(z, t) δt2 Équation 9 δ2p(z,t) Soit : δt2 = A(z,t) δP(A) δ 2 p(z,t) ρ δA(z,t) δz 2 Équation de d'Alembert On reconnaît dans l'Équation 9 la forme de l'équation d'onde de d'Alembert en 1D qui modélise le phénomène de propagation des ondes. On pose c2 tel que c2 δ 2 p(z,t) δz 2 δ2p(z,t) δt2 = : Dans la notation qui suit, on note [SI] les dimensions du système international et # signifie « homogène à » : On a donc c2# [m2 ] [kg.m−1.s−2 ] [kg.m−3 ] [m2 ] 19 # [m2. s −2 ]#Vitesse2 1.2 Context e clinique : système et pathologies c ardiovasculaires Finalement, on considère que l'épaisseur h de la paroi est fine et est très inférieure au rayon r (h<r/20), avec une pression circulaire et constante comme illustrée sur la Figure 1-11. On peut montrer que la contrainte mécanique (stress : σ) sur la paroi est égale à : σ = le strain δs est relié au stress mécanique par la formule δs = σ pr h. Or où E est le module élastique E de Young. On a donc: δs = pr Eh. Figure 1-11 Stress sur la paroi 4 Par définition, le strain correspond au changement de dimension par unité de cette même dimension qui peut être radiale, circonférentielle ou longitudinale. Dans notre cas, on considère le changement de rayon δr induit par l'onde de pression et on a donc : δr r pr = δs Soit δr = r Eh = pr2 Eh Ainsi la variation de l'aire de la section en extension peut s'écrire : 2 pr2 pr 2 δA = 2π(r + δr) = 2π (r + ) = 2πr2 (1 + ) Eh Eh 2 On fait hypothèse que Eh >> pr, on a (avec un développement limité en 0) : pr 2 pr pr 2 pr 2r (1 + Eh) = 1 + 2 Eh + o (Eh ) Soit δA ≈ 2πr 2 (1 + 2 Eh) ≈ 2 π r 2 + 2 π r 2 Eh p 4 Source : http://www.bu.edu/moss/mechanics-of-materials-combine -loading/ 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires En posant d=2r, le diamètre et en dérivant par rapport à p puis en combinant : δA δp 2r ≈ 2πr 2 Eh = A d Eh et donc c2 = A(z,t) δP(A) ρ δA(z,t) ≈ A(z,t) Eh ρ d A(z,t) Finalement, on a bien : c2 = VOP2 ≈ Eh Eh soit VOP ≈ √ ρd ρd Le lien entre la VOP et la rigidité de ce modèle vient ainsi du fait que plus les artères sont élastiques, plus elles amortissent la vitesse de propagation de l'onde de pouls en se déformant, induisant une faible valeur de la VOP. À l'inverse, si la paroi de l'aorte est rigid , l'onde de pouls n'est pas amortie entraînant une valeur plus élevée de la VOP. La VOP est par définition la vitesse de propagation d'une onde dans le système artériel. Soient deux ondes A et B (de pression ou de débit) calculées en un site artériel A et un site artériel B. La VOP est alors égale au ratio entre la distance δD calculée entre A et B et le temps de transit (TT) mis par l'onde pour aller de A à B, calculé comme le décalage temporel entre les ondes mesurées A et B. 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires Courbe de pression Artère carotide Sonde δD** TT* Récupération des courbes de pressions Artère fémorale Courbe de pression Mesure la distance VOP = δD/TT * TT ** δD : Temps de transit : Distance Figure 1-12 Mesure de la VOP par tonométrie d'aplanation entre la carotide et la fémorale Plusieurs études ont montré que la Cf-VOP est un important prédicteur des événements cardiovasculaires (Alecu et al. 2008; Boutouyrie et al. 2002; Bramwell and A. V Hill 1922; Collaboration 2010; Cruickshank et al. 2002; Laurent et al. 2001, 2003; Mackenzie, Wilkinson, and Cockcroft 2002; Mancia et al. 2018; Taquet et al. 1993) indépendamment des autres facteurs de risque comme l'hypertension ou le diabète, notamment sur 1678 patients âgés de 40 à 70 ans (Willum-Hansen et al. 2006). Lorsque la valeur de VOP (calculée par tonométrie d'aplanation) est supérieure à 12 m.s-1, le patient est considéré à risque élevé d'après les recommandations de la société européenne d'hypertension (Mancia et al. 2018). Cette mesure présente l'avantage d'être rapide et peu onéreuse, cependant elle présente trois grandes limitations (Boardman et al. 2017; Cecelja and Chowienczyk 2009; Weber et al. 2009) :  Tout d'abord, en plus du segment aortique à caractériser, elle prend en compte la rigidité des artères périphériques, qui sont plus rigides que l'aorte en particulier chez le sujet jeune. Il s'agit donc d'une mesure de rigidité globale qui ne prend pas en compte l'absence d'homogénéité de la rigidité artérielle. Elle introduit ainsi une surestimation de la rigidité aortique non 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires  Deuxièmement, la mesure de la distance le long de l'abdomen n'est pas précise, puisqu'elle néglige la tortuosité artérielle. Elle ne reflète donc pas l'anatomie réelle des vaisseaux et est variable en fonction de la corpulence. Cette variabilité est accrue notamment chez les patients obèses (Canepa et al. 2014; Laurent et al. 2006).  Troisièmement, sa mesure peut être à risque et/ou difficile chez les patients présentant des plaques d'athérome au niveau de l'artère carotide. Enfin, comme toute mesure intégrative, son interprétation n'est pas immédiate. En effet, elle nécessite la prise en compte d'un ensemble de facteurs de risque. Ainsi, les recommandations européennes (Piepoli, MF et al. 2016) conseillent de se reporter à un score intégrant divers facteurs tels que le sexe, la pression artérielle, le taux de cholestérol et le tabagisme. (iii) Mesure de la distensibilité Un autre paramètre de rigidité, plus local, est la distensibilité, calculée à partir d'images anatomiques de lumière artérielle résolues dans le temps. Elle traduit la capacité de l'aorte à modifier sa géométrie entre la systole et la diastole, normalisée par la dimension au repos et pondérée par la pression pulsée (Figure 1-13). Elle est généralement mesurée à partir d'images ultrasonores au niveau de la carotide ou d'images IRM au niveau de l'aorte proximale. A −A Distensibilité = Ads.PPd As : Aire aortique systolique Équation 11 Distensibilité Avec : Ad : Aire aortique diastolique PP : Pression pulsée 23 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires Systole Diastole As Ad Aire (m2) Evolution du diamètre de l'aorte au cours du cycle cardiaque Distensibilité = PP: Pression pulsée A: Aire S: Systole D: Diastole Temps (ms) Figure 1-13 Calcul de la distensibilité. S : Systole, D : diastole On peut relier la distensibilité à la VOP grâce au modèle théorique de Bramwell-Hill (Bramwell and A. V. Hill 1922) comme démontré en Annexe 1 – Démonstration de l'équation de Bramwell-Hill. Ceci a été revérifié expérimentalement chez les sujets sains en IRM 2D+t (Dogui, Kachenoura, et al. 2011; Westenberg et al. 2012). VOP = √ 1 ρ. Distensibilité Équation 12 Bramwell-Hill Avec : VOP : Vitesse d'onde de pouls ρ: Masse volumique du sang La distensibilité, mesurée en IRM au niveau de l'aorte ascendante, a été montrée comme étant un prédicteur de la mortalité toute cause. En effet, cet indice a été utilisé, entre 24 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires autres, sur 3675 patients dans l'étude MESA, suivis sur une durée de 8 ans (Multi-Ethnic Study of Atherosclerosis Study, (Redheuil et al. 2014) ) qui indique que la distensibilité est un marque ur prédicteur de mortalité toute cause (Figure 1-14), au-delà des marqueurs de risque conventionnels, tels que l'épaisseur intima média carotidien, le cholestérol total, le diabète et le score Agat ston5 . B 1 Dist Q5 Dist Q4 Dist Q3 Dist Q2 Dist Q1 1 Dist Q5 Hazard ratio Hazard ratio A 0.85 Dist Q4 Dist Q3 Dist Q2 Dist Q1 0.85 0 Temps d'analyse (en jours) 4000 0 Temps d'analyse (en jours) Dist: distensibilité de l'aorte ascendante Q1-5: Quintile 1 à 5 (5 étant la valeur de distensibilité la plus élévée) Figure 1-14 La distensibilité dans la prédiction de la mortalité toute cause dans l'étude MESA. Les hazards ratio de la mortalité toute cause (A) et de survie en l'absence de survenu d'un incident cardiovasculaire (B) présentent des tendances similaires selon les quintiles extrêmes de distensibilité de l'aorte ascendante. En pratique, la mesure de la distensibilité se fait en deux temps :  Premièrement, la pression pulsée est mesurée à partir d'un brassard ou idéalement en central par tonométrie d'aplanation,  Deuxièmement, l'aire d'une section aortique définie anatomiquement est estimée sur des séquences IRM Ciné 2D+t (Resnick Lawrence M. et al. 1997). Le laboratoire d'Imagerie Biomédicale dans lequel cette thèse a été effectuée, a développé un logiciel nommé Artfun (Cesare et al. 2009; Herment et al. 2010) pour ARTerial FUNction. Il a été validé dans de nombreux centres de recherche étrangers, dans lesquels sa licence a été distribuée (Figure 5 Score utilisé pour quantifier le dépôt de plaques calcifiées dans les artères coronaires (Agatston et al. 1990). Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires 1-15). C'est à partir de celui-ci que les valeurs de distensibilité sont mesurées dans ces travaux de thèse. Sélection de la ROI et initialisation du contours Image initiale Aire Systolique Aire (cm2) Aire systolique Aire diastolique Aire Diastolique Exemple de segmentations obtenues pour plusieurs phases temporelles Temps (Phases) Figure 1-15 Illustration obtenue à partir du logiciel Artfun utilisé pour calculer la distensibilité aortique à partir d'images IRM dynamiques. (iv) Autres estimateurs de la rigidité aortique Enfin, d'autres indices de rigidité, résumés dans le Tableau 2 ci-après, peuvent être calculés à partir des paramètres d'imagerie et ou de tonométrie (Laurent et al. 2006; Mackenzie et al. 2002; Whitlock and Hundley 2015) en plus des paramètres exposés précédemment eux aussi présentés dans ce tableau. 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires Tableau 2 Table récapitulative des indices de rigidité artérielle Formule Mesure Stress Module Élastique mm Hg Module de Young mmHg.cm-1 Compliance m2.mmHg-1 Distensibilité mmHg-1 Vitesse d'onde de pouls m.s-1 ∆P Aix = PP As − Ad Strain = Ad Stress = |Ey|Strain PP. Dd Ee = Ds − Dd PP. Dd Ey = (Ds − Dd )h As − Ad Compliance = PP Strain Distensibilité = PP Distance VOP = Temps de transit Équation de Moens m.s-1 Ey. h VOP = √ D. ρ. Bramwell-Hill m.s-1 1 ρ. Distensibilité Ps Ds β = ln ( ) × Pd ∆D Ps 2ρ CAVI = a ln ( ) VOP2 Pd ∆P +b Indice d'augmentation Strain Index de rigidité Cardio-ankle vascular index (CAVI)6 Impédance caractéristique7 dyne.s.cm-5 Résistance périphérique totale dyne.s.cm-5 VOP = √ Zc = RPT = dP dQ Pmoy VQmoy Lien Courbe de pression ↑ Imagerie ↓ Imagerie Imagerie et courbe de pression Imagerie et courbe de pression Imagerie et courbe de pression Imagerie et courbe de pression Imagerie ou courbe de pression ↓ Imagerie ↑ Imagerie et courbe de pression ↑ Imagerie et courbe de pression ↑ Imagerie et courbe de pression ↑ Imagerie et courbe de pression ↑ Imagerie et courbe de pression ↑ ↑ ↑ ↓ ↓ ↑ Ey : Module de Young (mmHg.cm-1), h : Épaisseur de la paroi aortique (mm), S : Systole, D : Diastole, P : Pression, PP=PS – PD : Pression pulsée (mmHg), ∆P : Pression augmentée (mmHg), D : Diamètre (m), A : Aire artériel (m2); ρ≈1060 Kg.m-3 : Masse volumique du sang. Q : débit, Pmoy : Pression artérielle moyenne, VQmoy : Valeur moyenne du volume de débit, Imagerie : IRM (Imagerie par résonance magnétique) ou Ultrason. Lien : augmentation (↑) ou diminution (↓) de l'indice avec l'augmentation de la rigidité 6 7 Voir Anne xe 2 – CAVI Index ( Sun 2013 ) (B ollache et al. 2015 ; Chirinos et al. 2009) 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires (2) La rigidité artérielle, les effets du vieillissement Redheuil et al. (Redheuil et al. 2010) ont montré sur 122 sujets, sans maladies cardiovasculaires avérées, âgés de 20 à 90 ans, que la VOP et la distensibilité, ne variaient pas de manière équivalente avec l'âge. En effet, la distensibilité diminue drastiquement entre 20 et 50 ans avant d'arriver à un « plateau » chez le sujet de plus de 50 ans alors que la VOP augmente plus fortement entre 50 et 90 ans comparée à la période comprise entre 20 et 50 ans, Différence de pente p<0.05 Distensibilité de l'Aorte ascendante (kPa-1. 10-3 Vitesse d'onde de pouls de l'arche aortique (cm/s) comme illustré dans la Figure 1-16. Age (années) c Différence de pente p<0.001 Age ( année s) Figure 1-16 Variation de la vitesse d'onde de pouls et de la distensibilité avec l'âge. Figure traduite et extraite de (Redheuil et al. 2010) De plus , la rigidité artérielle est inconstante dans le vaisseau le long de l'arbre artériel. Ce gradient de rigidité, pourrait générer des ondes de réflexion et conduire à une augmentation des ondes de pressions (Learoyd and Taylor 1966). Chez les sujets jeunes, les artères centrales sont en moyenne plus élastiques que les périphériques. L'aorte est donc a priori plus souple chez un sujet jeune que l'artère fémorale par exemple. Ce gradient est toutefois moins important chez les sujets plus âgés où la rigidité tend à s'égaliser (Figure 1-17). Il a également été montré que la VOP et la distensibilité varient en moyenne différemment chez les hommes et les femmes (Nethononda et al. 2015). Les femmes ont des artères plus souples que les hommes jusqu'à l'âge de 50 ans, ce phénomène tend à s'égaliser entre 50 et 59 ans, puis les femmes ont en moyenne des artères plus rigides. 70 50 Rigidité dynamique (dynes cm-2 10-6) 30 10 2 4 6 8 Carotide 10 2 4 6 8 10 Thoracique 2 4 6 8 10 Abdominale 2 4 6 8 10 Iliaque 2 4 6 8 10 Fémorale Figure 1-17 Figure traduite de (Learoyd and Taylor 1966) Rigidité dynamique des segments artérielles de sujets « jeunes » : 17±3.4 ans (Y) et « âgés »: 45±5.6 ans (O) en fonction de la fréquence cardiaque. Toutes les mesures ont été réalisées à une pression moyenne de 100 mm Hg Ce vieillissement des artères accompagné d'une augmentation de la rigidité n'est pas homogène chez tous les sujets, ce qui pourrait permettre de détecter des sujets à risques plus Vieillissement vasculaire moyen Vieillissement vasculaire supranormal Pression élevée Vieillissement vasculaire précoce Sains Rigidité Artérielle Très rigide Dommage Dommage infra clinique cardiovasculaire ou moins élevés d'atteinte artérielle précoce (Laurent Stephane et al. 2019). Souple Enfance Début de l'âge Âge moyen adulte Âge avancé Personnes âgée (>80) Figure 1-18 Différentes dynamiques de vieillissement des artères. Figure réalisée à partir de (Laurent Stephane et al. 2019) Ce phénomène est illustré sur la Figure 1-18. Ainsi , pour un âge donné (rond bleu) la mesure de la rigidité artérielle peut aider à estimer si un patient souffre d'un vieillissement prématuré des artères (flèche rouge entre la courbe bleue et la courbe rouge) ou au contraire bénéficie d'un vieillissement supranormal (flèche verte entre la courbe bleue et la courbe verte), s'accompagnant d'une diminution du risque cardiovasculaire. Les causes sous-jacentes à ces courbes de tendances sont à la fois génétiques et environnementales. 1.2 Contexte clinique : système et pathologies cardiovasculaires (3) La rigidité artérielle, un marqueur infra-clinique Plusieurs études (Alecu et al. 2008; Collaboration 2010; Lehmann 1999) ont montré que la VOP augmentait significativement avec l'âge. Une étude menée par un consortium européen sur une large population de 11092 sujets (Collaboration 2010) a démontré que la VOP, calculée par tonométrie d'aplanation, et donc la rigidité artérielle augmentait non seulement avec l'âge, mais aussi la présence d'une hypertension artérielle, prouvant son intérêt clinique.
4,227
dumas-04243658-THESE%20MARCHAL%2013-10-23%20%282%29.txt_2
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,023
Impact pronostique du temps d'éjection systolique sous-aortique dans l'insuffisance mitrale dégénérative. Sciences du Vivant [q-bio]. 2023. &#x27E8;dumas-04243658&#x27E9;
None
French
Spoken
7,332
14,114
III.2. Post‐opératoires Ces variables cliniques ont été collectées 6 mois après l’intervention et incluaient : ‐ Stade de la dyspnée selon la classe NYHA, ‐ Survenue d’un épisode de décompensation cardiaque dans les 6 premiers mois postopératoires (25), ‐ Survenue d’une arythmie supraventriculaire, ‐ Mortalité cardiovasculaire. IV. Données échographiques IV.1. Pré‐opératoires - Caractéristiques du prolapsus : localisation, caractère mono ou bivalvulaire, présence ou non d’une ou plusieurs ruptures de cordage (confirmée(s) par le compte rendu opératoire) - Sévérité de la fuite mitrale basée sur une approche multiparamétrique (23) associant des paramètres qualitatifs (valve mitrale flottante ‐flail leaflet‐définie par le capotage d’un segment dans l’OG avec diastasis), semi‐quantitatifs et quantitatifs (surface de l’orifice régurgité (SOR) supérieure ou égale à 40 mm 2 et/ou un volume régurgité (VOR) supérieur ou égal à 60 ml). - Diamètre de la chambre de chasse ventriculaire gauche (CCVG) mesuré en coupe parasternale grand axe (Figure 3) - Dimensions VG : diamètres télédiastolique (DTDVG) et télésystolique (DTSVG) ventriculaires gauches non indexés et indexés, volumes télédiastolique (VTDVG) et télésystolique (VTSVG) ventriculaires gauches non indexés et indexés, - FEVG calculée en Simpson Biplan - Fraction d’éjection antérograde (FEA en %) calculée par le ratio du VES/VTDVG (méthode Dumesnil) (37) - Volume de l’oreillette gauche indexé (VOGi), - Pressions artérielles pulmonaires systémiques (PAPs), présence et sévérité d’une fuite tricuspidienne associée. 11 - ITV sous‐aortique mesuré en doppler pulsé (Figure 4) et volume ’éjection systolique (VES) non indexé (dont le calcul est détaillé Figure 5) et indexé à la surface corporelle (VESi en ml/m2) (38). - Temps d’éjection systolique sous aortique ( TEA ) défini comme le délai entre l’ouverture et la fermeture de la valve aortique. (33) ( Figure 5) - Temp s d’accélération a or tique (TAA) défini comme le délai entre l’ouverture de la valve aortique et le pic de vitesse aortique. (Figure 6) - Période pré‐éjectionnelle aortique (PPE) correspondant à la phase de contraction isovolumétrique et définie comme le délai entre le début du QRS et le début du flux d’éjection aortique/ouverture de la valve aortique (33). (Figure 7) Figure 3 : Mesure de la chambre de chasse du ventricule gauche (CCVG, cm) en coupe para sternale longue axe. 12 Figure 4 : Mesure de l’ITV sous aortique en doppler pulsé et calcul du volume d’éjection systolique. Figure 5 : Mesure du temps d’éjection systolique sous aortique (TEA) en doppler pulsé. 13 Figure 6 : Mesure du temps d’accélération aortique (TAA) en doppler pulsé. Figure 7 : Mesure de la période pré‐éjectionnelle aortique (PPE) en doppler pulsé. 14 IV.2. Post‐opératoires ‐ Présence d’une fuite mitrale résiduelle et quantification ‐ FEVG post‐opératoire. V. Analyses statistiques Le critère de jugement principal était la survenue d’une dysfonction systolique ventriculaire gauche post‐opératoire, définie par une FEVG inférieure ou égale à 50% à 6 mois de la plastie mitrale. Pour l’analyse descriptive, les variables quantitatives ont été présentées sous forme de moyenne et écart‐type (l’hypothèse de distribution normale a été évaluée graphiquement à l’aide d’histogrammes et de diagrammes Q‐Q) et comparées à l’aide du test de Student ou du test de Mann‐Whit selon les conditions d’application. Les variables catégorielles ont été présentées sous forme d’effectifs et leur pourcentage, et comparées à l’aide du test du Chi‐ deux ou du test exact de Fisher selon les conditions d’application. Une analyse univariée été réalisée et consistait en un modèle de régression logistique pour quantifier l’association entre chaque facteur et la survenue d’une dysfonction ventriculaire gauche (FEVG à 6 mois post opératoire 50%), avec des odds ratios (OR) et leurs intervalles de confiance à 95% (IC 95%). Une analyse multivariée a ensuite été réalisée et consistait en un modèle de régression logistique pour quantifier l’association entre les facteurs et le critère d’évaluation principal avec des odds ratios ajustés (aOR) et des intervalles de confiance à 95% (IC 95%). Les variables incluses dans le modèle multivarié étaient des variables choisies en fonction de leur pertinence clinique. Tous les tests étaient bilatéraux et les valeurs de p < 0,05 ont été considérées comme statistiquement significatives. Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel RStudio version 2023.03.0 (RStudio, Boston, MA). 15 Résultats I. Données pré‐opératoires I.1. Caractéristiques cliniques pré‐opératoires Deux‐cent‐un patients, remplissant les critères d’inclusion ont été prospectivement inclus entre le 1er janvier 2016 et le 28 février 2023. L’âge moyen était de 62 ± 13 ans, la majorité́ des patients étaient des hommes, un tiers présentait un antécédent de FA mais étaient en rythme sinusal au moment de l’échographie diagnostique (cf critères d’exclusion), la majorité́ des patients était a‐ ou paucisymptomatique au moment du diagnostic. Le NT‐pro BNP moyen pré‐opératoire était de 226 ± 371 ng/l (Tableau 2). I.2. Caractéristiques échographiques pré‐opératoires La SOR moyenne et le VR moyen se situaient très au‐delà des seuils de sévérité témoignant du caractère massif de la majorité des fuites mitrales. Tous les patients présentaient un prolapsus valvulaire et les 3⁄4 étaient porteurs d’au moins une rupture de cordage confirmée par la chirurgie. La localisation la plus fréquente du prolapsus mitral était la portion moyenne du feuillet postérieur ‐ P2 ‐ et le prolapsus n’était bivalvulaire que chez une minorité de patients. La FEVG préopératoire moyenne était de 71 ± 7%, 16 patients (8%) présentaient une FEVG ≤ 60% et 1 (0,5%) une FEVG ≤ 50%. Le DTSVG moyen était de 33±7mm, et 26 patients (13%) présentaient un DTSVG ≥ 40 mm. Le VTDVG moyen était de 188 ± 44 ml. Le VOGi moyen était de 72 ± 24 ml/m2, et 133 patients (66%) avaient un VOGi ≥ 60 ml/m2. Les PAPs moyennes étaient de 36 ± 17 mmHg et 34 patients (17%) présentaient des PAPs > 50 mmHg. L’ITV sous aortique moyen était de 17 ± 3 cm, 30 patients (15%) avaient un ITV < 15 cm. Le VESi moyen était de 39 ± 8 ml/m2, 55 patients (27%) avaient un VESi < 35 ml/m2, 26 (13%) un VESi < 31 ml/m2. Le TEA moyen était de 275 ± 29 ms (Tableau 3). Aucune corrélation n’était observée entre le TEA et la présence d’une hypertension artérielle (p=0,305). (Figure 8) 16 Tableau 2 : Caractéristiques cliniques pré ‐ opératoires. Popula on totale n=201 FEVG6 Mois 50% n= 158 FEVG6 Mois 50% n= 43 Age (ans) 62 ± 13 62 ± 13 62 ± 12 Femme, n (%) 60 (31) 48 (30) 12 (28) Surface corporelle (kg/cm2) 1,84 ± 0,21 1,84 ± 0,21 1,82 ± 0,23 Fibrilla on atriale, n (%) 33 (16) 28 (18) 5 (12) Coronaropathie, n (%) 14 (7) 11 (7) 3 (7) AOMI, n (%) 1 (0,5) 1 ( 0,6) 0 (0) Hypertension artérielle, n (%) 52 (26) 35 (22) 17 (40) Diabète, n (%) 4 (2) 3 (2) 1 (2) Tabac, n (%) 47 (23) 37 (23) 10 (23) ATCD familiaux, n (%) 5 (2) 3 (2) 2 (5) Dyslipidémie, n (%) 20 (10) 17 (11) 3 (7) AVC, n (%) 2 (1) 1 (0,6) 1 (2) MTEV, n (%) 10 (5) 7 (4) 3 (7) BPCO, n (%) 10 (5) 7 (4) 3 (7) Insuffisance rénale chronique, n (%) 2 (1) 1 (0,6) 1 (2) Cancer, n (%) 21 (10) 17 (11) 4 (9) I, n (%) 67 (33) 53 (34) 14 (33) II, n (%) 106 (53) 82 (52) 24 (56) III, n (%) 27 (13) 22 (14) 5(12) IV, n (%) 1 (0,5) 1 (0,6) 0 (0) Episode d’insuffisance cardiaque, n (%) 29 (14) 22 (14) 7 (16) Euroscore II (%) 1,3 ± 1,1 1,3 ± 1,1 1,4 ± 1,1 226 ± 371 223 ± 390 241 ± 309 Variables pré‐opératoires Caractéris ques démographiques Antécédents : Clinique Dyspnée classe NYHA, n (%) Biologie NT pro BNP (ng/l) 17 Tableau 3 : Caractéristiques échocardiographiques pré‐opératoires. II. Données opératoires Les indications opératoires étaient les suivantes : ‐ Indications de classe I (symptômes ou FEVG ≤ 60% ou DTSVG ≥ 40mm): 70 patients soit 35%. ‐ Indications de classe IIa « classiques » (Asymptomatiques + FEVG > 60% + DTSVG < 40 mm + FA ou PAPs > 50mmHg): 22 patients soit 11%. ‐ Indications de classe IIa « précoces » selon les recommandations américaines (asymptomatiques + rythme sinusal + FEVG > 60% + PAPs 50 mmHg + DTSVG < 40 mm): 109 patients soit 54%. ‐ Indications de classe IIa « précoces » selon les recommandations européennes (asymptomatiques + rythme sinusal + FEVG > 60% + PAPs 50 mmHg + DTSVG < 40 mm + Volume OGi ≥ 60 ml/m2): 69 patients soit 34%. (Figure 9) Le délai moyen entre l’échographie pré‐opératoire et la chirurgie était de 135 ± 8 jours. L’ensemble des patients de l’étude ont bénéficié d’une plastie mitrale associée à une annuloplastie. Neuf patients ont subi un pontage coronaire associé, 6 dans le groupe FEVG6mois >50%, et 3 patients dans le groupe FEVG6mois50% (p non significatif). 19 Figure 9 : Indications opératoires. III. Données post‐opératoires III.1. Pronostic post‐opératoire Aucun patient n’est décédé en période opératoire ni au cours des 6 mois post‐opératoires compte tenu des critères d’exclusion. Tous les patients ont été revus à la fin du sixième mois post pour un examen clinique et une ETT. Six patients (3%) ont présenté un épisode de décompensation cardiaque (insuffisance cardiaque ou dyspnée NYHA 3‐4) au cours des 6 premiers mois post‐opératoires. Au dernier suivi, 198 patients (98%) étaient a ou paucisymptomatiques (137 en classe NYHA I et 61 en classe NYHA II). Une arythmie supra ventriculaire est survenue chez 32 patients (16%). Une fuite mitrale résiduelle modérée était observée chez 26 patients (13%), sévère chez 4 patients (2%). Cent soixante‐et‐onze patients (85%) n’avaient aucune fuite ou une fuite minime résiduelle au dernier suivi. La FEVG moyenne lors de l’échographie de contrôle post‐opératoire était de 58 ± 7%, et 43 patients (21%) présentaient une FEVG post‐opératoire ≤ 50% (Tableau 4). Tableau 4 : Caractéristiques cliniques post‐opératoires. Popula on totale FEVG6 Mois 50% FEVG6 Mois 50% n=201 n= 158 n= 43 I, n (%) 137 (68) 111 (70) 26 (60) II, n (%) 61 (30) 45 (28) 16 (37) III, n (%) 3 (1) 2 (1) 1 (2) IV, n (%) 0 (0) 0 (0) 0 (0) Épisode d’insuffisance cardiaque, n (%) 3 (2) 3 (2) 0 (0) Décès de cause cardio‐vasculaire 0 (0) 0 (0) 0 (0) 32 (16) 22 (14) 10 (23) 58 ± 7 61 ± 6 48 ± 4 Absente n (%) 91 (45) 76 (48) 15 (35) Minime n (%) 80 (40) 60 (38) 20 (47) Modérée n (%) 26 (13) 20 (13) 6 (14) Sévère n (%) 4 (1) 2 (1) 2 (5) Variables Critères cliniques Dyspnée classe NYHA, n (%) Critères rythmiques Arythmie supra ventriculaire post op Critères échographiques FEVG à 6 mois post opératoire IM résiduelle 21 III.2. Facteurs prédictifs de dysfonction systolique VG post‐opératoire III.2.1. Analyse univariée Aucun facteur clinique n’était associé à la survenue d’une dysfonction ventriculaire gauche. Parmi les indices échographiques classiques, seul le DTSVG a confirmé́ son impact pronostique (OR 1,05 [IC95% 1,00‐1,10], p = 0,03). La FEVG, le volume OG, la SOR préop, de même que la présence d’une fuite résiduelle au moins modérée (OR 1,56 [IC95% 0,52‐4,30], p = 0,41), n’étaient pas associés à la survenue d’une dysfonction VG post opératoire. La présence d’un prolapsus complexe de type bivalvulaire en revanche était associée à la survenue d’une dysfonction systolique VG post opératoire (p < 0,01). Les indices de débit aortiques antérogrades étaient significativement associés à la survenue d’une dysfonction systolique VG : ITV sous aortique : OR 0,73 [IC95% 0,63–0,83], p<0,01 ; VESi : OR 0,84 [IC95% 0,78–0,89], p < 0,01. Les indices temporels systoliques étudiés étaient tous significativement associés à une dysfonction VG post opératoire : TEA : OR 0,93 [IC95% 0,91–0,95], p <0,01 ; PPE : OR 1,02 [IC95% 1,00–1,04], p=0,05 ; TAA : OR 0,97 [IC95% 0,95‐0,99], p < 0,01. (Tableau 5) Tableau 5 : Facteurs de risque de dysfonction systolique ventriculaire gauche post‐ opératoire : analyse univariée. Variables OR IC p value Age 1,00 0,97‐1,03 0,92 Sexe 1,11 0,54‐2,38 0,79 FA 0,65 0,22‐1,64 0,38 Coronaropathie 1,11 0,27‐3,54 0,88 HTA 2,30 1,12‐4,66 0,02 Diabète 1,57 0,15‐9,84 0,66 NYHA 1,10 0,53‐2,33 0,81 Épisode d’IC 0,99 0,42‐2,17 0,99 NT pro‐BNP 1,00 1,00‐1,00 0,64 FEVG pré opératoire 0,97 0,93‐1,02 0,24 DTSVG 1,05 1,00‐1,10 0,03 DTSVG indexé 1,02 0,97‐1,08 0,36 VOLTSVG 1,01 0,99‐1,02 0,38 VOLTSVG indexé 1,02 0,99‐1,06 0,17 VOL OG indexé 1,02 0,99‐1,02 0,62 SOR 1,01 0,98‐1,03 0,63 VR 1,00 0,99‐1,01 0,80 PAPs 1,00 0,98‐1,03 0,75 IM résiduelle 1,56 0,52‐4,30 0,46 ITV sous Aor que 0,73 0,63‐0,83 <0,01 VES 0,93 0,90‐0,96 <0,01 VESi 0,84 0,78‐0,89 <0,01 PPE 1,02 1,00‐1,04 0,05 TAA 0,97 0,95‐0,99 <0,01 TEA 0,93 0,91‐0,95 <0,01 Variables cliniques Variables échographiques Indices classiques Indices de débit antérograde Indices temporels systoliques 23 III.2.2. Analyse multivariée En analyse multivariée, après ajustement aux variables classiquement associées au pronostic de ces patients malgré l’absence de significativité en analyse univariée, c’est à dire à l’âge, le sexe, la classe NYHA pré‐opératoire, la FEVG pré‐opératoire, le DTSVG, les PAPs, l’ITV sous aortique, le VESi, et le TAA, seuls le TEA (OR 0,93 [IC95% 0,89–0,96], p < 0,01), le VESi (OR 0,85 [IC95% 0,73–0,96], p=0,01) et la PPE (OR 1,05 [IC95% 1,01–1,09], p < 0,01 étaient significativement associés à la survenue d’une dysfonction VG post‐opératoire (Tableau 6). Tableau 6 : Facteurs de risque de dysfonction systolique ventriculaire gauche post‐opératoire : analyse multivariée. Variables OR IC p value Age 1,03 0,99‐1,088 0,92 Sexe 1,99 0,47‐10,5 0,36 NYHA pré‐opératoire 1,11 0,30‐4,26 0,87 FEVG 0,96 0,87‐1,05 0,38 DTSVG 0,97 0,86‐1,10 0,68 PAPs 1,01 0,96‐1,05 0,76 VOGi 1,01 0,99‐1,04 0,31 ITV sous‐aor que 0,94 0,66‐1,31 0,70 VESi 0,85 0,73‐0,96 0,01 TAA 1,01 0,98‐1,04 0,55 PPE 1,05 1,01‐1,09 <0,01 TEA 0,93 0,89‐0,96 <0,01 24 III.3. Valeur seuil du TEA Une courbe ROC a été réalisée afin d’évaluer, au sein de notre population, la valeur la plus sensible et la plus spécifique du TEA pour prédire une dysfonction systolique ventriculaire gauche post opératoire. (Figure 10) La valeur seuil retenue était de 255 ms (Se 72%, Sp 92%). Figure 10 : Courbe ROC du TEA pré‐opératoire prédictif d’une FEVG post‐opératoire 50%. IV. Valeurs ajoutées du TEA IV.1. Analyses en sous‐groupe IV.1.1. Analyses univariées Parmi les 109 patients asymptomatiques avec une FEVG > 60%, un DTSVG < 40 mm, ne présentant pas de FA pré‐opératoire ni de PAPs > 50mmHg, 23 patients (21%) ont développé une dysfonction systolique VG « inattendue », avec une FEVG moyenne de 48 ± 3%. Leur ITV moyen était de 16 ± 3 cm, leur VESi de 35 ± 7 ml/m2, leur TEA moyen de 241 ± 26 ms, leur PPE moyenne de 67 ± 20 ms et leur TAA moyen de 77 ± 18 ms.(Tableau 7) IV.1.2. Analyses multivariées En analyse multivariée, et après ajustement sur l’age, le sexe, la classe NYHA pré‐opératoire, la FEVG pré‐opératoire, le DTSVG, le volume OG, les PAPs, l’ITV sous aortique, le VESi, et le TAA, seuls le TEA (OR 0,92 [IC95% 0,85–0,96], p < 0,01) et la PPE (OR 1,05 [IC95% 1,00–1,10], p=0,03) étaient significativement associés à la survenue d’une dysfonction VG post‐ opératoire. Le VESi perdait sa significativité dans ce sous‐groupe de patients (OR 0,83 [IC95% 0,63–1,00], p=0,06). (Tableau 8) 26 Tableau 7 : Analyses univariées en sous‐groupe chez patients NYHA 1 ou 2 sans IC avec FEVG pré‐opératoire > 60%, DTS < 40mm, et PAPs 50 mmHg, en l’absence de FA préo‐pératoire (n=109). FEVG6 Mois 50% FEVG6 Mois 50% n= 86 n= 23 Sexe féminin n(%) 18 (20) Age (ans) Variables OR IC p value 5 (22) 1,01 0,36‐3,23 0,98 58 ± 12 58 ± 13 1,00 0,96‐1,04 0,99 Euroscore 2 0,95 ± 0,67 1,05 ± 0,70 1,25 0,62‐2,33 0,48 NT‐ProBNP (ng/l) 116± 162 183 ± 157 1,00 1,00‐1,00 0,10 FEVG (%) 73 ± 6 48 ± 3 1,02 0,93‐1,12 0,63 DTSVG (mm) 31 ± 5 32 ± 5 1,02 0,92‐1,13 0,71 DTSVG ind (mm/m2) 17 ± 3 18 ± 2 1,08 0,93‐1,25 0,31 VOLTSVG (mm) 52 ± 17 51 ± 19 1,00 0,97‐1,03 0,98 VOLTSVG ind (mL/m2) 28 ± 8 28 ± 9 0,99 0,93‐1,06 0,94 VOL OG ind (mL/m2) 70 ± 23 73 ± 18 1,01 0,98‐1,03 0,64 SOR (mm2) 57 ± 23 53 ± 13 1,00 0,95‐1,03 0,90 VR (mL) 80 ± 24 82 ± 28 1,00 0,98‐1,02 0,73 ITVS ss Ao (cm) 18 ± 3 16 ± 3 0,80 0,65‐0,96 0,01 VES (mL) 77 ± 14 64 ± 02 0,93 0,89‐0,97 <0,01 VES ind (mL/m2) 42 ± 6 35 ± 7 0,84 0,76‐0,92 <0,01 PPE (ms) 57 ± 19 67 ± 20 1,02 1,00‐1,05 0,05 TEA (ms) 284 ± 23 241 ± 26 0,92 0,89‐0,965 <0,01 TAA (ms) 87 ± 17 77 ± 18 0,97 0,94‐0,99 0,02 27 Tableau 8 : Analyses multivariées en sous‐groupe chez patients NYHA 1 ou 2 sans IC avec FEVG pré‐opératoire > 60%, DTS < 40mm, et PAPs 50 mmHg, en l’absence de FA pré‐ opératoire (n=109). Variables OR IC p value Age 1,04 0,96‐1,14 0,30 Sexe 0,41 0,42‐3,54 0,40 NYHA pré opératoire 0,23 0,02‐1,53 0,14 FEVG pré opératoire 1,00 0,87‐1,15 0,99 DTSVG 0,89 0,68‐1,09 0,28 PAPs 1,03 0,95‐1,14 0,49 VOGi 1,00 0,95‐1,04 0,86 ITV sous aor que 0,86 0,47‐1,41 0,58 VESi 0,83 0,63‐1,00 0,06 TAA 1,03 0,98‐1,09 0,22 PPE 1,05 1,00‐1,10 0,03 TEA 0,92 0,85‐0,96 <0,01 IV.2. Valeur ajoutée du TEA dans la stratification pronostique Parmi les 23 patients présentant une dysfonction ventriculaire gauche inattendue : ‐ 6 patients avaient un VESi < 31 ml/m2. ‐ 16 patients avaient un TEA < 255 ms. Parmi les patients avec dysfonction VG post‐opératoire inattendue et ayant un VESi > 31 ml/m2, 12 patients (52%) avaient un TEA < 255 ms. Parmi les patients avec dysfonction VG post‐opératoire inattendue, 18 patients (78%) avaient soit un TEA < 255 ms soit un VESi < 31 ml/m2. 28 Discussion Notre travail prospectif mené chez 201 patients ayant bénéficié d’une plastie mitrale pour IM primaire dégénérative sévère par PVM a montré́ que : 1) La survenue d’une dysfonction systolique post‐opératoire inattendue définie par une FEVG post‐opératoire inférieure ou égale à 50% à plus de 6 mois de l’intervention chirurgicale était observée chez près d’un quart des patients chez qui nous retrouvions des paramètres VG pré‐opératoires considérés comme normaux. 2) Cette dysfonction systolique VG pouvait être prédite par les indices éjectionnels, à la fois les indices de débits comme précédemment rapportés mais aussi par les indices temporels indépendamment des facteurs pronostiques classiques et notamment chez les patients sans indication de classe I ou de classe ia classiques. 3) 2/3 des patients avec dysfonction VG inattendue, c’est‐à‐dire non prédite par les indices classiques, pouvaient être identifiés par le TEA et 78% en combinant TEA et débit sous aortique, qui semblent identifier des patients différents. L’absence d’essai clinique randomisé dédié à ce jour, nourrit depuis près de 3 décennies un débat animé autour de la prise en charge chirurgicale des patients porteurs d’une IM sévère dégénérative, restant encore asymptomatiques et sans dysfonction ventriculaire gauche avérée. Dans ce débat, s’affrontent les défenseurs d’une stratégie précoce (7)(18)(39), et ceux en faveur d’une attitude plus conservatrice (19)(21). Cette dernière appelée « Watchful waiting » soutient qu’un suivi étroit jusqu’à l’apparition de symptômes ou d’une atteinte ventriculaire gauche selon les paramètres échographiques classiques avant de poser l’indication chirurgicale n’est pas associée à un impact pronostique défavorable, se basant sur deux études observationnelles incluant de petites populations. (19)(21) La correction chirurgicale précoce de l’IM dégénérative repose sur de nombreuses études observationnelles, qui ont rapporté une forte association entre les symptômes graves pré‐ opératoires, la diminution de la FEVG (8), l’augmentation du DTSVG (26), la présence d’une FA (40) ou d’une hypertension pulmonaire, et la survenue de nombreux évènements cardio‐ vasculaires à la fois sous traitement conservateur et après correction chirurgicale. (41) 29 De plus, une prise en charge chirurgicale plus précoce serait associée à une préservation de la fonction VG et de l’OG (14)(41), des conséquences post‐opératoires moindres (42)(16), et la restauration d’une meilleure qualité de vie (43). La dysfonction ventriculaire gauche est l’ultime conséquence de l’IM primaire, et la première cause de mortalité. Il s’agit d’onc de l’objectif premier en termes de prévention dans le traitement de l’IM dégénérative. (44) Dans l’IM chronique, le remodelage du VG survient en tant que réponse compensatoire à la surcharge volumique, favorisant les perturbations de la matrice extracellulaire, notamment la dissolution des fibres de collagène et le réarrangement des fibres myocardiques.(45) L’enjeu d’une prise en charge adaptée de l’IM sévère dégénérative serait donc de préserver les propriétés systoliques ventriculaires gauches en évitant de façon précoce l’apparition d’une surcharge volumique prolongée. Cependant, l’évaluation de la fonction systolique VG par les indices échocardiographiques traditionnels est rendue difficile par les modifications des conditions de charge induites par l’IM. Les marqueurs classiques comme la FEVG et le DTSVG sont évidemment des indicateurs pertinents d’altération myocardique (46), mais ils semblent manquer de sensibilité en termes de détection précoce de dysfonction systolique VG, qui peut être présente malgré la normalité des marqueurs actuellement recherchés, et être démasquée en post‐opératoire. Ce phénomène est appelé la dysfonction post‐opératoire inattendue. (26) Dans notre étude évaluant des patients porteurs d’une IM dégénérative sévère avec des volumes régurgités (85 ± 30 mL) et des surfaces d’orifice régurgitant (60 ± 23 mm2) bien supérieurs aux valeurs diagnostiques actuellement proposées, et bien que 86% de ces patients étaient asymptomatiques (NYHA 1‐2), nous observons une dysfonction ventriculaire gauche post‐ opératoire dans 21% dans cas. Par conséquent, de nouveaux signaux plus précoces indiquant la nécessité d’une prise en charge chirurgicale sont actuellement recherchés, mais peu ont déjà été validés. Entre autre la déformation myocardique pré‐opératoire a été étudiée (47), retrouvant en effet une altération pré‐opératoire du strain global longitudinal (SGL) chez les patients présentant une dysfonction ventriculaire gauche post‐opératoire, dans les limites de la nécessité d’images échographiques de bonne qualité, une sensibilité imparfaite et une variation des valeurs de référence selon la marque de l’appareil d’échographie. 30 La détection de fibrose myocardique par T1 mapping à l’IRM cardiaque est un critère actuellement étudié et semblant prometteur (29). Malheureusement l’IRM cardiaque est encore peu accessible en routine dans certains centres et de façon commune moins accessible que l’échocardiographie. Par ailleurs, en dehors des critères ventriculaires gauches, le volume atrial semble aussi être un facteur de risque d’événements indépendant chez les patients bénéficiant d’un traitement conservateur, avec un risque d’événements moindres et un pronostic post‐opératoire conservé en cas de volume OG < 60 ml/m2 (48). Bien que le remodelage atrial gauche pré‐ pératoire soit physiologiquement relié à la survenue de fibrillation atriale, qui a elle‐même des conséquences aussi bien en cas de traitement conservateur qu’en post‐opératoire, et que le volume atrial moyen de notre cohorte (72 ± 24 ml/m2) était au‐dessus des indices proposés dans les recommandations européennes de classe Iia, l’association d’une dilatation atriale gauche et la survenue d’une dysfonction ventriculaire gauche post‐opératoire n’a pas été démontrée dans notre étude (OR 1,00 [IC95% 0,99–1,02], p=0,62). En l’absence de nouveau marqueurs, les recommandations actuelles se basent toujours sur les paramètres plus classiques, mais ouvrent leurs portes à des stratégies plus précoces chez les patients asymptomatiques ne présentant pas les critères de classe I, en proposant des critères de classe Iia (23) (24). Il semble cependant licite de penser que chez les patients asymptomatiques avec FEVG préservée et sans remodelage important des cavités cardiaques, il convient de proposer à certains un suivi rapproché, mais à d’autres une chirurgie plus précoce chez qui elle pourrait être bénéfique. C’est dans ce contexte que nous avons voulu étudier les indices temporels systoliques, afin de définir des signaux précoces et stratifier le risque de ces patients afin de trouver un timing chirurgical optimal. En effet en présence d’une fuite mitrale et malgré la surcharge volumique, la post charge ventriculaire gauche n’augmente pas du fait de la distribution double antérograde aortique et rétrograde mitrale. Le flux d’éjection antérograde aortique semble être un bon reflet de la capacité du myocarde à éjecter contre la postcharge aortique au lieu d’éjecter de manière rétrograde dans l’OG à basse résistance. 31 On peut ainsi supposer que les marqueurs de débit antérogrades sont un meilleur reflet des performances systoliques intrinsèques VG que la FEVG et le DTSVG, qui intègrent implicitement les deux flux antérograde et rétrograde, et tendent à surestimer la fonction systolique VG en cas d’IM sévère (49). Dans notre étude évaluant des patients ayant tous bénéficié d’une plastie mitrale, les critères classiques de FEVG et dilatation VG pour prédire la dysfonction VG post‐opératoire ont été dépassés d’une part par les indices de débit antérogrades, et d’autre part par les intervalles de temps systolique dont le temps d’éjection sous‐aortique. Ce nouveau critère pourrait donc être un critère pertinent de détection précoce de dysfonction systolique. Ces résultats sont concordants avec l’étude précédente menée par notre équipe évaluant l’ITV sous‐aortique et le VESi, proposant ces paramètres comme des critères robustes et précoces de dysfonction systolique ventriculaire gauche (31). La puissance prédictive de ces indices persistait quel que soit le niveau de FEVG et DTSVG pré‐opératoires et était aussi observée dans le sous‐groupe sans indication de classe I. Par ailleurs dans notre étude, parmi les patients avec dysfonction VG post‐opératoire inattendue et ayant un VESi > 31 ml/m2, 12 patients (52%) avaient un TEA < 255 ms, alors que 18 patients (78%) avaient soit un TEA < 255 ms soit un VESi < 31 ml/m2, suggérant que ces deux indices ne visent pas la même catégorie de patients, et qu’il serait intéressant d’utiliser l’ensemble de ces indices afin d’optimiser la détection précoce d’une dysfonction VG post‐ opératoire. Une étude parue en 2011 avait évalué l’impact du temps d’éjection aortique dans l’insuffisance cardiaque à FEVG altérée (33). Un temps d’éjection abaissé, et une PPE allongée étaient le reflet d’une altération de la contractilité du VG chez les patients porteurs d’une insuffisance cardiaque à FEVG altérée. Cela correspond à un allongement du temps de contraction isovolumique (représentée par la PPE) nécessaire pour entamer l’éjection systolique (représentée par le TEA), ainsi qu’à d’éventuelles augmentations compensatoires de la fréquence cardiaque qui entraînent un raccourcissement inévitable des intervalles de temps systolique. Un temps d’éjection plus court était lié à d’autres indicateurs cliniques évoquant un pronostic moins favorable dans le cas de l’insuffisance cardiaque, tels ’une fraction d’éjection plus basse, un index cardiaque abaissé, une contrainte longitudinale globale accrue et une fréquence cardiaque plus élevée. Une étude plus récente avait étudié ce TEA chez des patients asymptomatique porteurs d’une IM dégénérative modérée à sévère, et avait observé une corrélation entre un TEA raccourci et la survenue d’événements cardiovasculaires, avec une augmentation du risque de 50% en cas de TEA < 260 ms (34). Le TEA est le temps durant la systole ventriculaire gauche et donc la durée durant laquelle le VG éjecte le sang dans l’aorte. Un TEA raccourci pourrait aussi correspondre à un raccourcissement de la durée durant laquelle les organes sont irrigués par l’aorte (50). D’autres études avaient observé la corrélation entre la sévérité d’une fuite mitrale et un TEA raccourci (51)(52), suggérant la facilité et la rapidité pour le VG d’éjecter le sang à travers la valve mitrale plutôt que la valve aortique du fait d’une résistance moindre (32). Les paramètres échocardiographiques examinés dans cette analyse permettent d’approfondir notre compréhension de l’évolution naturelle et de la physiopathologie de l’insuffisance mitrale dégénérative. Bien que la fraction d’éjection (FE) soit largement utilisée comme indicateur substitut de la fonction systolique, et ait des implications cliniques importantes pour le diagnostic, le pronostic et le traitement de l’IM, il est important de noter qu’il existe une variabilité significative entre les observateurs dans la mesure de la FE. En outre, la fraction d’éjection (FE) est influencée par les conditions de charge du cœur, et il peut exister un retard entre les altérations observées dans d’autres paramètres échocardiographiques de la fonction systolique, comme la tension longitudinale globale, et la diminution cliniquement perceptible de la fonction systolique VG ou l’apparition de signes et de symptômes liés à l’IM. Cette étude met en évidence de manière convaincante que le TEA peut être mesuré de manière précise et reproductible. De plus, il est associé de manière indépendante à un risque accru de dysfonction systolique ventriculaire gauche post‐opératoire même après avoir tenu compte de la fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG), du DTSVG, et de la fréquence cardiaque. Ces résultats suggèrent que la mesure du TEA peut avoir une utilité clinique importante lorsqu’elle est intégrée dans une évaluation globale de la fonction systolique ventriculaire gauche, en particulier avec les indices de débit antérogrades déjà étudiés auparavant (31), et ce quel que soit le niveau de la FEVG et du DTSVG préopératoire. En effet, lorsque l’on ajustait par l’âge, le sexe, la FEVG, le DTSVG, la classe NYHA pré‐ opératoire, les PAPs, le VOGi, l’ITV sous‐aortique, le VESi, le TAA, et le PPE, le TEA restait un facteur prédictif robuste de dysfonction systolique VG post‐opératoire. 33 Ainsi, le TEA pourrait intégrer et traduire la sévérité de l’insuffisance mitrale, mais aussi de façon précoce la dysfonction systolique VG avant même que les signaux actuels proposés ne soient présents, et guider nos attitudes thérapeutiques en vue d’une chirurgie plus précoce. Limites La mesure du TEA, du PEE et du TAA pouvaient être sujettes aux variabilités inter et intra‐ observateurs, qu’il serait intéressant d’étudier dans des analyses futures. La mesure du TEA et sa précision dépendaient de l’échogénicité du patient et des conditions de réalisation d’échocardiographies pré‐opératoires. Par ailleurs le calcul du VESi reposait sur la mesure de la CCVG et de l’ITV sous‐aortique ETT, pouvant chacun être sujet à un biais de mesure potentiel. De plus, seuls les patients dont le TEA était disponible ont été inclus, majorant le risque de biais de sélection. La FEVG post‐opératoire n’était dans la majorité des cas pas évaluée dans notre centre, mais récupérée de manière rétrospective auprès des cardiologues traitants. Tous les patients n’ont pas bénéficié d’un enregistrement holter pour la recherche d’une arythmie supra ventriculaire post‐opératoire. Les évènements secondaires post‐opératoires (épisode de décompensation cardiaque, décès, fibrillation atriale) n’ont pu être analysés car ils étaient trop peu fréquents au sein de notre cohorte. De plus, notre étude portait uniquement sur l’IM primaire sévère par PVM, ne pouvant donc être extrapolée aux autres types d’IM. 34 Conclusion Ce travail prospectif suggère que l’altération des indices éjectionnels temporels est un marqueur précoce et indépendant de dysfonction ventriculaire gauche systolique en présence d’une IM dégénérative sévère, permettrait d’affiner la stratification du pronostic notamment chez les patients asymptomatiques sans facteur de risque échographique classiques. Dans ce groupe de patients, au cœur du débat entre chirurgie précoce et attente armée, la combinaison de ces indices éjectionnels temporels aux indices éjectionnels de débit pourrait permettre d’optimiser les indications chirurgicales. 35 Bibliographie 1. Nkomo VT, Gardin JM, Skelton TN, Gottdiener JS, Scott CG, Enriquez‐Sarano M. Burden of valvular heart diseases: a population‐based study. Lancet Lond Engl. 16 sept 2006;368(9540):1005-11. 2. Masson E. EM‐Consulte. [cité 12 juin 2023]. 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Am J Cardiol. juin 1965;15:809-14. 39 Liste des abr éviations BNP : Brain Natriuretic Peptid CCVG : Chambre de Chasse Ventriculaire Gauche DTDVG : Diamètre Télé‐Diastolique Ventriculaire Gauche DTSVG : Diamètre Télé‐Systolique Ventriculaire Gauche ETT/ETO : Échocardiographie Trans‐Thoracique / Échocardiographie Trans‐Oesophagienne FA : Fibrillation Atriale FEA : Fraction d’Éjection Antérograde FEVG : Fraction d’Éjection Ventriculaire Gauche HTP : HyperTension Pulmonaire IM : Insuffisance Mitrale ITV sous Ao : Intégrale Temps Vitesse sous Aortique PAPs : Pressions Artérielles Pulmonaires systoliques PVM : Prolapsus Valvulaire Mitral PPE : Période pré éjectionnelle SOR : Surface de l’Orifice Régurgitant VES : Volume d’Éjection Systolique VESi : Volume d’Éjection Systolique indexé VOGi : Volume de l’Oreillette Gauche indexé VR : Volume Régurgité VTDVG : Volume Télé‐Diastolique Ventriculaire Gauche VTSVG : Au moment d’être admise à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité. J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences. Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. Admise dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçue à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les moeurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés. J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité. Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonorée et méprisée si j’y manque. Résumé Introduction : L’insuffisance mitrale (IM) par prolapsus valvulaire mitral (PVM) est une valvulopathie fréquente associée à une importante morbi‐mortalité, et dont le traitement repose majoritairement sur la réparation par plastie mitrale. Les avis quant au moment optimal de prise en charge divergent entre les recommandations Européennes, plus réticentes, et les recommandations Nord‐Américaines qui tendent à une prise en charge plus précoce, en particulier chez les patients porteurs d’une IM sévère, asymptomatiques, sans indication de classe I, en rythme sinusal et sans hypertension pulmonaire. Cette controverse incite à rechercher des indices précoces de dysfonction systolique ventriculaire gauche (VG) afin d’affiner la stratification du risque et l’indication chirurgicale chez les patients asymptomatiques, et dont les critères actuels de remodelage ventriculaire (FEVG, DTSVG) et atriaux ne sont pas atteints. L’objectif de notre étude était d’évaluer l’impact pronostique du temps d’éjection sous‐aortique (TEA) pré‐opératoire sur l’apparition d’une dysfonction systolique VG post‐ opératoire. Matériels et méthodes : Il s’agit d’une étude prospective observationnelle ayant inclus tous les patients consécutifs porteurs d’une IM primaire sévère par PVM ayant bénéficié d’une plastie mitrale entre janvier 2016 et janvier 2023, dont le TEA était disponible et dont le suivi post‐opératoire était supérieur à 6 mois. Le critère de jugement principal était la survenue d’une dysfonction systolique VG post‐opératoire définie par une FEVG 50% plus de 6 mois après la plastie mitrale.
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13,383
figure II.53 : reconfiguration du circuit de puissance après isolement du bras défaillant II.7.3.1 Mode diphasé 120 ° L'alimentation de la machine en mode diphasé consiste à réguler le courant dans deux enroulements décalés entre eux de 120°. Avec une approximation au 1er harmonique, les expressions de ces courants sont les suivantes :  i phA = ˆ I ph ⋅ cos ( t + A )   I ph ⋅ cos  t + − + i phB = ˆ 3  B ( II-8)    est la pulsation électrique et est le déphasage entre le courant et la force électromotrice d'une même phase. La puissance peut être exprimée à partir du produit vectoriel des courants et des forces électromotrices. Pem = Eˆ⋅ ˆ I ph  cos 2  A + cos B + cos (2 t + A ) + cos  2  t+ B +   3  (II-9) Sans reconfiguration de la commande, ces enroulements sont parcourus par des courants également décalés de 120° ( A B) ; c'est la raison pour laquelle ce mode de fonctionnement est qualifié ici de "diphasé 120°". L'expression de la puissance fait alors apparaître un terme fluctuant. Pem = 1 Eˆ⋅ ˆ I ph   2cos − cos  2 t + 2   −   3  (II-10) Les aspects transitoires de cette reconfiguration sont détaillés dans la partie expérimentale (chapitre III). Topologies d'onduleur à tolérance de panne Le couple électromagnétique produit en mode diphasé 120° présente donc une pulsation à fréquence double de la fréquence de modulation, comme le montre la simulation de la figure II.54. C em120 ° = 2 3 1  ⋅ p ⋅ Φ m ⋅ Iˆph ⋅  cos - cos  2 t − 2 3 3   −   3  (II-11) A même courant, l'amplitude crête de l'ondulation de couple vaut 50% de la valeur moyenne. Quant au couple moyen produit en mode diphasé 120°, il est réduit de 33% par rapport au mode triphasé. C em 3φ = 3 ⋅p⋅ 2 m ⋅ˆ I ph ⋅ cos (II-12) Après reconfiguration, il est donc nécessaire d'augmenter l'amplitude du courant pour maintenir l'intégralité de la puissance mécanique moyenne fournie en fonctionnement normal. figure II.54 : fonctionnement secours en mode diphasé 120 ° La plage de vitesse de la machine est inchangée en fonctionnement secours, car l'onduleur peut appliquer aux enroulements de la machine les mêmes niveaux de tension. De plus, le principe de défluxage reste applicable [BIA03]. Enfin, les asservissements de position et de vitesse ne sont pas pénalisés par ce fonctionnement dégradé tant que l'inertie mécanique permet de filtrer les ondulations de couple au niveau de la réponse mécanique pour limiter ainsi les ondulations de vitesse. Ces ondulations impliquent un dimensionnement approprié de la chaîne cinématique afin de ne pas induire une fatigue mécanique qui pourrait être dommageable à long terme. II.7.3.2 Mode diphasé 60° Pour obtenir une répartition spatiale sinusoïdale du champ magnétique et ainsi minimiser l'ondulation de couple, les vecteurs courant doivent être décalés de 60° [FAN93] ; ce fonctionnement est alors qualifié de "mode diphasé 60°". A = B − 3 (II - 13) Chapitre II Le couple électromagnétique produit vaut alors : C em 60° = 1 ⋅p⋅ 2 m  ⋅ˆ I ph ⋅ cos  A  + cos   A −   3  (II-14) Il est maximal pour des courants déphasés de 30° par rapport aux forces électromotrices dans le référentiel statorique (figure II.55). A = 30° ⇒ C em 60° = 3 ⋅p⋅ 2 m ⋅ Iˆph = C em 3φ 3 (II-15) A amplitude de courant donnée, le couple maximal produit en mode diphasé 60° est donc limité à 57% de sa valeur en mode triphasé. figure II.55 : diagrammes vectoriels des modes d'alimentation triphasés et diphasés (phase C défaillante) La simulation présentée à la figure II.56 montre l'évolution des grandeurs électriques et mécaniques dans les phases successives de fonctionnement normal, d'auto-isolement sur une défaillance de transistor de type basse impédance et de reconfiguration en mode diphasé 60°. Pour maintenir la puissance nominale lors du fonctionnement secours, le courant dans les phases est majoré d'un facteur 3 par rapport à sa valeur avant la défaillance et le courant dans le bras secours, étant la somme des courants de phase, est augmenté d'un facteur 3. figure II.56 : fonctionnement normal puis défaillance et reconfiguration en mode diphasé 60° Dans les simulations présentées, les bras d'onduleur connectés aux phases sont commandés en courant, avec une spécificité par rapport au fonctionnement normal qui est présentée plus loin (cf. II.7.3.4). Le bras secours règle la tension homopolaire et il est commandé en tension avec un rapport cyclique =1/2 pour assurer en valeur moyenne une d'onduleur à tolérance de panne tension nulle entre le neutre et le point milieu fictif du bus continu. Il est également possible de lui appliquer une surmodulation. II.7.3.3 Courants homopolaires en mode diphasé Il peut être observé sur la simulation précédente que l'ondulation haute fréquence du couple est légèrement accrue par ce mode de fonctionnement. En effet, l'une des spécificités du mode diphasé est l'apparition d'une tension homopolaire aux bornes de la machine. vA + vB - vN = 2 hom (II-16) dt hom est le flux homopolaire correspondant dans les enroulements statoriques. Sur le schéma électrique équivalent de la figure II.57, l'inductance L des phases englobe l'inductance propre et l'in ance de fuite, et M est la mutuelle inductance entre deux phases. figure II.57 : schéma électrique équivalent de la machine Il en résulte une ondulation de courant homopolaire à la fréquence de découpage, comme le présente la simulation de la figure II.58. di hom 1 = ⋅ dt L+M hom dt (II-17) figure II.58 : tension homopolaire et ondulation de courant homopolaire Cette composante homopolaire de courant ne crée pas de couple, elle génère seulement des pertes. Comme l'inductance mutuelle a une valeur généralement de l'ordre de la moitié de l'inductance propre, l'inductance qui limite l'ondulation de courant homopolaire vaut donc environ le tiers de l'inductance cyclique (L-M) de la machine, ce qui explique l'augmentation de l'ondulation des courants de phase. Cette impédance est toutefois assez importante pour qu'il ne semble pas nécessaire d'introduire un filtre de mode commun additionnel ou de spécifier un bobinage particulier de la machine. Chapitre II II.7.3.4 Commande en mode diphasé avec découplage des phases Pour une alimentation triphasée de la machine avec neutre isolé, le flux total d'une phase est proportionnel au courant dans cette phase.     A = L ⋅ i phA + M ⋅ i phB + M ⋅ i phC = (L − M) ⋅ i phA B = L ⋅ i phB + M ⋅ i phA + M ⋅ i phC = (L − M) ⋅ i phB C = L ⋅ i phC + M ⋅ i phB + M ⋅ i phA = (L − M) ⋅ i phC (II-18) La tension simple de chacune des phases i={A, B, C} peut s'écrire sous la forme : v i − v N = e i + R ph ⋅ i ph_i + (L − M) ⋅ d(i ph_i ) (II-19) dt La tension aux bornes d'un enroulement n'est donc fonction que du courant circulant dans cette phase et de sa force électromotrice. En mode diphasé, l'expression des flux fait apparaître un couplage entre les deux phases. En supposant la phase C déconnectée :  A = L ⋅ i phA + M ⋅ i phB B = L ⋅ i phB + M ⋅ i phA (II-20 ) La tension simple d'un enroulement dépend alors également du courant parcourant l'autre enroulement. ( )= L M M L ( ) ⋅ i ph → ( ′) = L+M 0 0 L−M ( ) ⋅ i ′ph (II-22) Selon le schéma de principe de la figure II.59, le système découplé est caractérisé par la matrice de passage P et la matrice inverse P-1. La contribution des résistances statoriques est ici négligée. P= 1 1 1 -1 P -1 = (II-23) 1 1 1 ⋅ 2 1 -1 (II-24) Cela revient donc à réguler la somme et la différence des courants. i ′phA = i ′phB = 90 i phA + i phB 2 i phA − i phB 2 (II-25) (II-26) Topologies d'onduleur à tolérance de panne figure II.59 : régulation des courants découplés en mode diphasé II.7.3.5 Performances des modes dégradés II.7.3.5.a Fonctionnement secours à puissance nominale La reconfiguration du mode triphasé au mode diphasé s'accompagne d'une majoration de courant de phase et de neutre pour maintenir l'intégralité des performances statiques et dynamiques. Les conséquences sur le dimensionnement des convertisseurs sont récapitulées dans le Tableau II-1. Les pertes sont calculées par simulation pour un profil de mission dimensionnant, avec les caractéristiques des modules utilisés dans le cadre de l'application expérimentale et sans prendre en compte les pertes dans les interrupteurs d'isolement. Il apparaît que le fonctionnement secours à puissance nominale pénalise le dimensionnement électrique et thermique de manière importante pour le mode diphasé 60° et plus modérément pour le mode diphasé 120°. Le cas du mode diphasé 60° est illustré à la figure II.60. Triphasé Diphasé 120° Diphasé 60° Courant bras de phase In 1,5.In 1,73.In Courant bras secours Ø 1,5.In 3.In Ondulation crête de couple BF 0 0,5.<Cem> 0 651W (+55%) 1009W (+140%) Pertes Tableau II-1 : caractéristiques en fonctionnement normal et en fonctionnement secours à puissance nominale figure II.60 : simulation d'un EHA avec alimentation en mode triphasé (en noir/foncé) et en mode diphasé 60° (en vert/clair) 91 Chapitre II II.7.3.5.b Fonctionnement secours à puissance réduite En l'absence de surdimensionnement électrique de l'onduleur, la réduction de puissance en fonctionnement secours qui en découle est définie dans le Tableau II-2. La comparaison des pertes est effectuée pour un courant de 50Aeff, toujours sans prendre en compte la puissance dissipée dans les interrupteurs d'isolement. Triphasé Diphasé 120° Diphasé 60° Cm 0,67.Cm 0,57.Cm Ondulation crête de couple BF 0 0,5.<Cem> 0 Courant bras de phase In In In Courant bras secours Ø. In 1,73.In 100%. 100% 127% Couple moyen maximal Pertes Tableau II-2 : caractéristiques en fonctionnement normal et en fonctionnement secours à puissance réduite Selon l'équipement considéré, la reconfiguration impacte alors les performances statiques et/ou dynamiques de l'actionneur en fonction de ses spécifications. • Les performances dynamiques fixent généralement le calibre en courant des interrupteurs. Alors, la limitation de courant en fonctionnement secours se traduit par une réduction du couple moteur maximal Cm et, de par le principe fondamental de la dynamique, par une accélération maximale plus faible qu'en fonctionnement normal. dt = C m + Cch J (II-27) Le fonctionnement secours s'accompagne donc d'une augmentation du temps de réponse de l'actionneur, comme l'illustre la simulation de la figure II.61 : la position du vérin présente une erreur de traînage. Par contre, comme la plage de vitesse est quasiment inchangée, le régime dégradé n'implique pas de réduction de vitesse et les points de fonctionnement statique les plus contraignants peuvent encore être atteints. Les EHA de commandes de vol ont un fonctionnement impulsionnel ; ils requièrent donc rarement les pics de puissance nécessaires aux accélérations dimensionnantes des spécifications. La réduction de performances en fonctionnement secours pourrait être acceptable car l'impact sur la contrôlabilité de l'avion reste très modéré. Ce principe est déjà appliqué pour certaines gouvernes ayant deux actionneurs en parallèle, puisque les régimes transitoires les plus contraignants en termes de couple produit ne sont obtenus que par un fonctionnement conjoint des deux actionneurs. Pour des équipements plus "rustiques" tels que des ventilateurs ou des pompes, cet aspect semble peu pénalisant car les performances dynamiques sont généralement de second ordre. Topologies d'onduleur à tolérance de panne figure II.61 : réduction des performances dynamiques d'un actionneur en mode secours • D'autre part, pour notre application de référence, le dimensionnement thermique est déterminé par les performances statiques et en particulier par la charge d'arrêt spécifiée. En conservant le dimensionnement thermique nominal, l'intégralité de la charge d'arrêt ne peut plus être maintenue et l'actionneur ne peut donc pas compenser seul les forces aérodynamiques les plus importantes. Dans le cas d'actionneurs en parallèle sur une surface de commande de vol, la puissance manquante peut être fournie par le (ou les) actionneur(s) redondant(s). Pour les applications plus "rustiques", les performances sont souvent peu influentes devant les objectifs de disponibilité. En conséquence, en régime statique, les modes dégradés devraient être profitables même sans surdimensionnement de l'onduleur. Par exemple, dans le cas d'un actionneur dont la caractéristique de la charge mécanique est de type Cch=k. 2, une réduction du couple d'un rapport n (n>1) se traduit par une limitation de sa vitesse de rotation d'un rapport n1/2. Ainsi, pour le mode diphasé 60°, la vitesse de rotation n'est réduite que de 25% par rapport à sa valeur nominale. La perturbation sur la fonction assurée pourrait donc être acceptable pour ce type d'application. Chapitre II II.8 Onduleur double II.8.1 Association série et différentielle de cellules de commutation II.8.1.1 Structures multi-niveaux Pour exploiter la modularité des éléments de conversion génériques afin d'atteindre une puissance d'alimentation plus élevée tout en permettant une tolérance de panne, il a été proposé auparavant d'associer des cellules de commutation en parallèle (cf. II.5). Une autre configuration consiste à les associer en série, ce qui préfigure d'autre part des niveaux de tension continue plus élevés (cf. I.1.2.8). Les topologies multi-niveaux qui en résultent possèdent certains avantages par rapport à un onduleur 2 niveaux conventionnel. L'accroissement du nombre d'états de tension permet d'étager la tension de sortie et dans certains cas d'augmenter la fréquence de découpage apparente. De plus, une diminution de l'amplitude des fronts de commutation génère une réduction des courants de mode commun. Pour une qualité spectrale donnée des ondes en sortie, les pertes par commutation sont réduites par rapport à un onduleur 2 niveaux. Par contre, l'augmentation du nombre de composants occasionne une majoration des pertes par conduction. Une topologie classique d'onduleur NPC 3 niveaux [MEY92] [KIM93] est représentée à la figure II.62, où les pointillés délimitent le module de conversion générique. Dans le contexte de cette étude, elle présente un manque de compatibilité avec l'approche modulaire envisagée, en particulier à cause des diodes additionnelles. D'autre part, l'équilibrage du point milieu du bus continu par un diviseur capacitif présente une difficulté supplémentaire qui nécessite une solution appropriée telle qu'une commande spécifique [LEE96] [LIU91]. Il est aussi envisageable d'associer les cellules en cascade pour obtenir un onduleur 3 niveaux, comme dans [SOM03], mais dimensionnement de cette topologie n'est pas avantageux. Ce type de structure requiert deux sources de tension continue isolées. En l'absence d'une architecture de réseau de bord adaptée (réseaux de distribution continue haute tension), il faut recourir par exemple à un transformateur redresseur à deux enroulements secondaires, ce qui peut pénaliser la compacité du convertisseur. Une topologie de type "flying capacitor" (figure II.63) ne requiert qu'une source de tension continue, au prix de condensateurs supplémentaires [MEY06] [BAU00]. figure II.62 : topologie classique d'onduleur 3 niveaux figure II.63 : onduleur 3 niveaux "flying capacitor" Aux niveaux de tension continue imaginés (270V-800V), le calibre en tension des interrupteurs n'est pas un critère de dimensionnement critique. Aussi, le partitionnement des 94 Topologies d'onduleur à tolérance de panne interrupteurs offert par ces structures multi-niveaux ne constitue pas un avantage majeur. Par contre, il est plus intéressant d'associer les cellules de commutation de manière à appliquer des niveaux de tension de sortie supérieurs, à tension continue imposée, et à faciliter ainsi la couverture de plages de vitesse plus élevées. II.8.1.2 Onduleur double La topologie de la figure II.64, que nous nommerons onduleur double, constitue un moyen d'association différentielle des cellules de commutation en redondance active pour augmenter la tension et donc la puissance d'alimentation de la machine, dont les six bornes statoriques doivent être accessibles. Cette structure présente un degré de redondance élevé à plusieurs niveaux (cellules de commutation, enroulements de la machine, bus continus), ce qui peut être exploité pour accroître la disponibilité fonctionnelle de l'onduleur. figure II.64 : onduleur double à sources de tension continue isolées Pour VDC1=VDC2, les états de tension de sortie sont ceux d'un onduleur 3 niveaux. Pour les raisons évoquées précédemment, cette topologie est surtout intéressante si les deux sources de tension continue isolées sont naturellement mises à disposition par l'architecture du réseau. En ce cas, cette structure permettrait d'envisager de nombreuses possibilités de reconfiguration, et éventuellement de secourir les charges d'un réseau continu défaillant en transférant une composante continue de courant via l'alimentation de la machine (figure II.65) [BAU05]. préfigure des architectures de distribution par réseaux continus à disponibilité élevée. Toutefois, comme les études présentées dans ce mémoire sont basées sur des architectures de réseau classiques, ces aspects ne sont pas développés davantage. figure II.65 : alimentation d'un réseau continu en défaut par transfert de puissance à travers un ensemble convertisseur-machine Cette topologie d'onduleur double est donc envisagée pour un bus continu unique (figure II.66). Par rapport à une topologie d'onduleur triphasé classique, à calibre en courant et en tension identique des interrupteurs, le même couple peut être fourni et les tensions différentielles appliquées aux phases peuvent être augmentées d'un facteur 1,9 (ou 2 sans Chapitre II considérer de surmodulation). En effet, la pleine tension du bus continu peut être appliquée aux enroulements de la machine. Par contre, la tension homopolaire doit être contrôlée pour minimiser le courant homopolaire. Or une commande pleine onde produit des tensions qui contiennent des harmoniques à fréquence triple du fondamental et ces harmoniques introduisent des composantes de courant homopolaires indésirables qui se rebouclent à travers le bus continu. La zone de surmodulation est donc restreinte : la tension de sortie est limitée à 1,1VDC [WEL03-2]. figure II.66 : onduleur double à source de tension continue unique avec interrupteurs d'isolement (représentés par les rectangles vides) figure II.67 : représentation des états de tension dans le plan ( ) Comme les courants de phase peuvent présenter une composante homopolaire, le système d'équation (II-18) est couplé. Il doit donc être découplé par un changement de base adapté, par exemple en utilisant la transformation de Concordia [MEI04]. En négligeant la résistance statorique : i  e   v 0   L + 2M 0 0      d  0  0 v  =  0 L−M 0 ⋅ i  + e  dt        i  e  0 L − M      v   0 (II-28) Il apparaît dans cette équation que le courant homopolaire n'est limité que par l'inductance de fuite Lf de la machine (figure II.68). v0 = v A + v B + v C v A' + v B' + v C'  2VDC V ,± DC,0 − = ± VDC,± 3 3 3 3  L f = L + 2M (II-29) (II-30) Ainsi, si l'inductance de fuite du moteur est faible, l'ondulation des courants est importante. Comme la composante homopolaire de courant ne participe pas à la génération du couple, cette ondulation ne se reporte pas sur le couple mais cela implique une valeur efficace de courant majorée et des pertes supplémentaires. Pour minimiser cette composante, la commande ne devrait utiliser que les 7 états parmi 27 pour lesquels la tension homopolaire est théoriquement nulle (figure II.67) ; cela devrait également améliorer les aspects CEM. Toutefois, comme la commutation des bras ne peut être contrôlée parfaitement (disparités de caractéristiques des interrupteurs, temps mort), la machine doit être dimensionnée pour avoir une inductance de fuite suffisante. Pour le modèle de simulation, la machine a une inductance de fuite qui vaut 20% de l'inductance de phase. En passant à 40%, l'ondulation de courant est réduite (figure II.69). Topologies d'onduleur à tolérance de panne figure II.68 : courant homopolaire dans l'onduleur double figure II.69 : ondulation de courant homopolaire pour Lf=20%L et Lf=40%L La commande de l'onduleur est semblable à celle d'un onduleur monophasé en pont en mode unipolaire. Comme la somme des courants de phase n'est plus nulle, il est nécessaire d'alimenter séparément les trois phases de la machine et donc de réguler le courant dans chacune des phases. Dans les simulations, les trois cellules de l'un des onduleurs triphasés sont commandées en courant par MLI intersective. Chacune des cellules du second onduleur est commandée en tension, en lui appliquant une modulante inverse de celle de la cellule en vis-à-vis. L'effet est identique à celui d'un déphasage de 180° des porteuses entre les deux onduleurs puisque les butées de modulante sont égales en valeur absolue. Cette commande diagonale permet de doubler la fréquence de découpage apparente vue par le courant de phase, comme le représente la simulation de la figure II.70, sur laquelle F1 et F2 sont les fonctions de modulation appliquées aux transistors supérieurs de deux cellules en vis-à-vis. F1-F2 est donc représentative de la tension différentielle 3 niveaux appliquée à l'enroulement de la machine. Ainsi, pour un même niveau d'ondulation de courant, la fréquence de découpage peut être réduite de moitié, ce qui occasionne une diminution des pertes par commutation et des contraintes de CEM. figure II.70 : commande diagonale de l'onduleur double par MLI intersective Chapitre II II.8.2 Procédures d'isolement sur défaut Les modes de défaut de l'onduleur double ont des conséquences semblables à celles de l'onduleur triphasé, mais le niveau de redondance élevé procure des degrés de liberté supplémentaires. Ainsi, une défaillance de transistor de type haute impédance occasionne une distorsion des courants générant une ondulation de couple, mais la dégradation du fonctionnement peut être limitée par une adaptation de la commande. Par contre, dans le cas d'une défaillance d'un transistor de type basse impédance, l'ouverture des autres transistors connectés à l'enroulement concerné ne permet pas d'isoler le défaut puisqu'il subsiste un chemin de court-circuit avec la diode antiparallèle de la cellule en vis-à-vis du transistor défaillant. Même si la contrôlabilité de l'actionneur n'est pas totalement perdue, le courant de court-circuit présente des amplitudes élevées et le couple subit en conséquence de fortes ondulations (figure II.72). Pour assurer l'isolement, cette topologie doit donc comporter un dispositif d'isolement par enroulement machine, soit trois dispositifs (figure II.66). figure II.71 : blocage de l'onduleur double –chemin du courant de court-circuit La procédure d'isolement consiste à bloquer l'ensemble des transistors sains de l'onduleur (figure II.71), ce qui provoque l'annulation des courants des deux phases non impactées par le défaut. Ainsi, l'évolution du courant de défaut ne dépend plus que de la force électromotrice servant de source d'excitation ; il est de type courant redressé mono-alternance et son amplitude est limitée principalement par l'inductance propre de la machine. Par consé , l'annulation de ce courant ne peut être attendue pendant une trop longue durée. La simulation confirme ce comportement (figure II.73) : l'isolement peut être effectué en moins d'une période électrique. figure II.72 : défaut basse impédance avec blocage des autres transistors de l'enroulement concerné 98 figure II.73 : défaut basse impédance avec blocage de tous les transistors sains Topologies d'onduleur à tolérance de panne Enfin, un avantage supplémentaire de l'onduleur double est de pouvoir isoler un défaut de court-circuit entre phases du moteur, ce que ne permet aucune des autres topologies proposées. Il est en effet possible de supprimer le chemin de court-circuit en ouvrant symétriquement les bras des deux phases concernées. L'actionneur peut alors être mis à l'arrêt de manière sécurisée. II.8.3 Fonctionnement secours de l'onduleur Suite à l'isolement d'une cellule de commutation et au blocage de la cellule opposée, le fonctionnement est maintenu sur les deux phases restantes (figure II.74). figure II.74 : reconfiguration de l'onduleur double pour un fonctionnement secours en mode diphasé Pour les mêmes raisons qui ont été exposées dans le cas de l'onduleur 4 bras (cf. II.7.3.1), le fonctionnement en mode diphasé sans reconfiguration de la commande se traduit par une ondulation de couple importante. Les consignes de courant sont donc décalées de la même manière que pour le mode diphasé 60° de l'onduleur 4 bras (figure II.75). Le couple maximal produit est alors réduit d'un facteur 0,67 par rapport au fonctionnement normal de l'onduleur : C em 60° = C em 3φ 3 ⋅p⋅Φ m ⋅ˆ I ph = 2 3 (II-31) En laissant de côté les différentes surmodulations envisageables, la plage de vitesse couverte reste identique en mode secours. figure II.75 : fonctionnement normal, isolement et reconfiguration de l'onduleur double Chap itre II En ce qui concerne la commande, l'onduleur double requiert, comme l'onduleur 4 bras, un découplage des courants pour un fonctionnement optimum en mode diphasé (cf. II.7.3.4). De plus, l'ondulation de courant homopolaire est limitée par le terme (L+M) en mode diphasé (cf. II.7.3.3), et non plus uniquement par l'inductance de fuite de la machine comme en fonctionnement normal. Enfin, la simulation de la figure II.76 représente les pertes de l'onduleur double en fonctionnement normal et secours, dans les mêmes conditions que l'onduleur triphasé : même profil de mission et paramètres identiques pour la machine et les interrupteurs. Cependant, pour un même niveau d'ondulation du courant, la fréquence de découpage de l'onduleur double est réduite de moitié (Fd=5kHz). Le détail des pertes dans un interrupteur est donné par la figure II.77 pour chacune des topologies. • En fonctionnement normal, l'onduleur double présente des pertes moyennes majorées de 56% par rapport à l'onduleur triphasé. Si les pertes par commutation par composant sont réduites d'environ 50% pour l'onduleur double, l'augmentation du nombre de composants est logiquement à l'origine de la dissipation de puissance globalement plus élevée puisqu'aux "faibles" fréquences de découpage considérées, les pertes par commutation ne sont pas prépondérantes. D'autre part, les pertes des interrupteurs d'isolement ne sont pas représentées ici, mais elles sont identiques pour les 2 topologies en mode triphasé puisqu'autant d'interrupteurs conduisent les mêmes courants. • A l'inverse, pour le fonctionnement secours en mode diphasé 60°, la puissance dissipée par l'onduleur double est réduite de 18% rapport à l'onduleur 4 bras puisque les pertes par conduction sont davantage équilibrées entre les deux topologies, en particulier à cause du courant plus important qui passe dans le bras secours de l'onduleur 4 bras. La contribution des pertes par commutation est donc plus significative. De plus, si l'on prend en compte les pertes des interrupteurs d'isolement, qui ne sont pas représentées ici, la puissance dissipée en mode secours par l'onduleur double est encore réduite par rapport à l'onduleur 4 bras puisqu'il n'y a que deux interrupteurs qui conduisent le courant pour la première topologie contre trois pour la seconde. figure II.76 : pertes dans l'onduleur double en mode normal et en mode secours 100 figure II.77 : comparaison des pertes entre l'onduleur double et l'onduleur 4 bras avec neutre relié Topologies d'onduleur à tolérance de panne II.9 Synthèse comparative des topologies Pour faciliter la comparaison des topologies d'onduleur à tolérance de panne en fonction de l'application envisagée, une synthèse de leurs caractéristiques conclut ce chapitre. Les critères comparatifs généraux sont les performances en mode normal et en mode secours, le dimensionnement silicium, la fiabilité, la disponibilité et le dimensionnement thermique. Une défaillance est définie ici par la perte fonctionnelle d'un bras d'onduleur. Dans les sous-chapitres précédents, les topologies d'onduleur ayant le niveau de redondance le plus élevé (6 bras) ont été proposées dans le but d'utiliser les modules de conversion génériques pour couvrir des applications sur une plus large gamme de puissance. Or, pour assurer l'homogénéité de ce comparatif, le dimensionnement de chaque topologie est établi pour une même puissance nominale, en prenant comme référence un onduleur triphasé 2 niveaux classique. A tension continue imposée, le calibre en courant des topologies à 6 bras est donc réduit de moitié. Une autre topologie que celles décrites précédemment est traitée dans ce sous-chapitre. Celle-ci est considérée ici à titre de comparaison extrême du point de vue de la redondance puisqu'elle présente une redondance active totale onduleur-bobinage, comme ce peut être le cas de deux ensembles onduleur-machine couplés au niveau de l'arbre moteur ou de deux onduleurs alimentant une machine double étoile [MEI04]. En cas de défaut, différents principes sont envisageables pour l'isolement, mais pour assurer l'homogénéité de ce comparatif il est utilisé le même d'interrupteur d'isolement que pour les autres topologies. Ainsi, la topologie considérée comprend deux ensembles onduleur-machine à arbres solidaires non débrayables, chacun comportant deux interrupteurs d'isolement disposés sur les phases de la machine (figure II.78). Cette configuration permet ainsi d'isoler les modes de défaut envisagés pour que l'ensemble onduleur-machine sain puisse assurer le fonctionnement secours sans avoir à compenser la contribution d'un couple de défaut. figure II.78 : topologie à redondance active totale onduleur-bobinage Les valeurs numériques calculées pour les différents critères de comparaison sont consignées ci-dessous (Tableau II-3) pour chacune des topologies décrites. Nsc est le nombre d'interrupteurs 3 segments constitués d'un transistor et d'une diode antiparallèle. Nis est le nombre minimum d'interrupteurs d'isolement 4 segments pour assurer un arrêt sécurisé sur le dernier défaut. Ndef est le nombre de défaillances internes pouvant être tolérées pour autoriser un fonctionnement secours. Les autres critères de comparaison sont définis et commentés par la suite. Nsc Nis Ndef FSi (deg) FSi (nom) Ims Pdn Pds deg Pds nom Onduleur triphasé1 6 0 0 ∅ 0 100% ∅ 3.10-5 Onduleur 6 bras parallélisés 12 6 1 3 1+6ds 2+12ds 0,5 Ims 1,5 Ims 3 109% 55% 100% 3,1.10-7 Onduleur 4 bras redondant 8 6 1 1,3+12ds 1 100% 100% 4,6.10-7 Onduleur 4 bras à neutre relié 8 3 4 1 Onduleur double 12 3 1 1,6+9,5ds 1,3+8ds 2,7+16,4ds 1+3ds 1+3ds 1,7+5,2ds 0,57 (60°) 0,67 (120°) 1 (60°) 0,57 (60°) 0,67 (120°) 1 (60°) Redondance onduleur-bobinage 12 4 6 1 1+4ds 2+8ds 0,5 1 Topologies 100% 79% 109% 126% 100% 235% 52% 52% 89% 55% 100% ond 4,6.10-7 12,1.10-7 9,1.10-7 Tableau II-3 : caractéristiques opérationnelles comparées des topologies d'onduleur à iso-puissance nominale II.9.1 Le fonctionnement de l'actionneur est caractérisé ici par les plages de tension et de courant délivrées par l'onduleur en fonctionnement normal et secours, qui définissent les caractéristiques mécaniques (couple et vitesse). En fonctionnement normal, les topologies d'onduleur à 4 bras couvrent les mêmes plages tension-courant que l'onduleur triphasé. L'onduleur à bras parallélisés permet une réduction de moitié du courant nominal pour une même amplitude de couple, comme la topologie à redondance totale onduleur-bobinage. Quant à l'onduleur double, il peut doubler la tension différentielle appliquée aux enroulements de la machine ; le courant est ainsi réduit de moitié à iso-puissance. Les topologies sont difficilement comparables uniformément sur ces critères dans la mesure où la démarche suivie dans ce mémoire propose d'exploiter la ité des éléments de conversion génériques plutôt que d'effectuer de la segmentation de puissance. Alors, puisque le choix d'une topologie dépend en premier lieu de la puissance requise pour l'application, l'influence des spécifications de l'actionneur sur la définition des caractéristiques de l'ensemble machine-convertisseur ne peut intervenir qu'entre topologies de même puissance nominale. Par conséquent, pour que cette synthèse conserve son uniformité quel que soit l'équipement envisagé, les topologies sont comparées ici au niveau de l'impact du fonctionnement secours sur le dimensionnement électrique et thermique. 1 Pour être représentative des convertisseurs industriels considérés du point de vue du dimensionnement électrique et thermique, la topologie d'onduleur triphasée de référence ne comporte pas d'interrupteurs d'isolement. Mais il faudrait qu'elle en comporte au moins deux pour disposer, comme les autres topologies, de la même capacité d'isolement sur le dernier défaut. II.9.2 Dimensionnement électrique Le facteur de dimensionnement silicium F Si de l'onduleur est le rapport du dimensionnement silicium de l'ensemble des interrupteurs de la topologie par rapport à celui d'un onduleur triphasé classique sans tolérance de panne. FSi = ∑ Vˆ⋅ ˆI + d ⋅ ∑ Vˆ ⋅ ˆI s 6 ⋅ VDC is ⋅ˆ I ph is (II-32) Ce paramètre intègre de manière spécifique la présence des interrupteurs d'isolement (indice is). En effet, ceux-ci ne sont pas soumis aux mêmes contraintes puisqu'ils ne commutent que lors des reconfigurations et leur dimensionnement n'est donc pas identique à celui des interrupteurs 3 segments des cellules de commutation. Pour prendre en compte cette distinction, le facteur de dimensionnement silicium calculé pour les interrupteurs d'isolement 4 segments est multiplié par un gain ds, qui doit être représentatif de cette différence. D'autre part, pour le calcul des tensions d'isolement, seule la plage de vitesse à couple constant est considérée : les forces électromotrices restent limitées aux valeurs accessibles sans défluxage. Le critère FSi donne une indication de la différence de coût silicium relative entre les topologies, en considérant le coût des composants proportionnel aux contraintes qu'ils doivent supporter. L'inverse de FSi représente donc le facteur de surcoût de la topologie : son dimensionnement est d'autant plus optimisé que ce nombre est proche de l'unité. Les éléments annexes tels que le circuit de puissance, la logique de commande et les capteurs n'interviennent pas ici. Le dimensionnement silicium des topologies est établi pour un fonctionnement secours à puissance nominale et à puissance réduite, ce que traduit la valeur correspondante du paramètre Ims, l'indice de disponibilité qui représente la réduction de puissance disponible après une défaillance. Pour les topologies pouvant tolérer plusieurs (k) pannes, la puissance en mode secours est sommée pour chacune des défaillances successives. ∑P max ( reconf k I ms = k ) (II-33) Pmax (normal) Pour une seule panne tolérée, ce critère traduit la marge de dimensionnement lors de l'utilisation des composants en fonctionnement normal. D'autre part, un indice de coût technologique I ct est établi pour synthétiser l'impact de la tolérance de panne sur le potentiel d'intégration des topologies. Il est défini par le produit du facteur de dimensionnement silicium par le nombre d'interrupteurs (3 segments et 4 segments) de la topologie, lui-même normalisé par rapport au nombre d'interrupteurs de l'onduleur classique non reconfigurable. I ct = FSi ⋅ (N sc + N is ) 6 (II-34) Plus l'indice évalué est faible, plus le potentiel d'intégration de la topologie est élevé. Dans le cas d'interrupteurs de même type que ceux utilisés pour les études expérimentales, il peut être remarqué que chaque interrupteur est associé à une commande rapprochée. Enfin, un facteur mérite Fm peut être défini pour résumer les caractéristiques des topologies pour les différents critères de dimensionnement et de disponibilité. Fm = N def ⋅ 6 (N sc + N is ) ⋅ 1 Pmax ( secours) ⋅ FSi Pmax (normal ) (II-35) Pour la plupart des topologies, ce critère est redondant avec l'indice de coût technologique et il n'est par conséquent pas représenté. figure II.79 : critères de dimensionnement électrique des topologies d'onduleur Les différentes données sont reportées dans le graphe de la figure II.79, dont découlent les observations suivantes. • Les écarts entre les dimensionnements des topologies étant proportionnellement plus importants que les écarts entre les quantités d'interrupteurs, l'indice de coût technologique suit globalement l'évolution du facteur de dimensionnement silicium. • L'onduleur à bras parallélisés peut tolérer entre 1 et 3 défaillances. Cependant, dans le pire cas (une seule panne tolérée), le rapport entre dimensionnement et disponibilité n'est pas des plus avantageux, en particulier car cette topologie possède le plus grand nombre de composants. • L'onduleur à bras secours redondant est surtout pénalisé par le nombre d'interrupteurs d'isolement. Par contre, c'est la seule topologie pour laquelle le fonctionnement secours à puissance nominale ne nécessite pas de surdimensionnement électrique ; son indice de coût technologique est donc particulièrement intéressant pour cette condition de fonctionnement. • L'onduleur 4 bras avec neutre relié a le dimensionnement électrique le plus contraignant, et il le devient encore davantage pour un fonctionnement secours à puissance nominale. Cela est dû en particulier à la contrainte en courant du bras secours en fonctionnement diphasé 60°. Par contre, cette topologie est celle qui comporte le moins d'interrupteurs. • L'onduleur double a le facteur de dimensionnement silicium et l'indice de coût technologique les plus faibles, que ce soit pour un fonctionnement secours dégradé ou nominal. Cela provient à la fois du faible nombre d'interrupteurs d'isolement et des contraintes électriques réduites. Le principal inconvénient par rapport à un onduleur 4 bras est le nombre élevé de cellules de commutation, qui peut se répercuter sur la compacité du convertisseur. • La redondance ondul -bobinage est, sur le plan électronique, assez semblable à l'onduleur à bras parallélisés. Par rapport à celle-ci, elle présente l'avantage de ne nécessiter que 4 interrupteurs d'isolement. Par contre, la redondance de bobinage a forcément un impact important sur la masse, le volume et le coût de l'actionneur, ce qui n'apparaît pas à travers les paramètres exposés ici. Topologies d'onduleur à tolérance de panne II.9.3 Le rendement de l'onduleur est un autre critère important car le système de refroidissement peut avoir une importance considérable sur la compacité de l'actionneur. Dans le tableau de comparaison présenté plus haut sont répertoriés les calculs de puissance dissipée par les semi-conducteurs pour chaque topologie en fonctionnement normal (Pdn) et secours (Pds). figure II.80 : puissance dissipée par chaque topologie selon le mode de fonctionnement Les constatations suivantes sont établies à partir de la figure précédente, sans tenir compte de la contribution des interrupteurs d'isolement. • En fonctionnement normal, les pertes sont logiquement inchangées pour les onduleurs 4 bras (références 2 et 3) par rapport à la topologie de référence. Les différents onduleurs 6 bras (1,4,5) présentent une majoration des pertes de 9%, hormis l'onduleur double (4) pour lequel la plus faible puissance dissipée (-21%) est due principalement à la réduction de moitié de la fréquence de découpage que permet cette topologie. • En fonctionnement secours, les topologies reconfigurées en onduleur triphasé classique (onduleur à bras parallélisés (1), onduleur à bras redondant (2) et ensemble onduleur-machine redondant (5)) ne présentent logiquement pas de majoration de la puissance dissipée en mode nominal (Pds nom=100%). • L'onduleur à bras additionnel relié au neutre (3) dissipe davantage de puissance en mode dégradé diphasé 60° (Pds deg=126%). Le fonctionnement secours à puissance nominale est beaucoup plus pénalisant pour le dimensionnement thermique car les pertes sont alors majorées de 135%, en particulier à cause des pertes dans le bras connecté au neutre. • A l'inverse, l'onduleur double présente par rapport à la topologie de référence des pertes réduites (-11%) pour un fonctionnement post-défaillance sans réduction de puissance. C'est donc la topologie qui requiert le dimensionnement thermique minimal, pour les paramètres considérés et en particulier une fréquence de découpage apparente de 20kHz. Ces éléments de réponse permettent d'envisager les contraintes de dimensionnement pour la dissipation thermique. En particulier, le fonctionnement à puissance constante est assez représentatif de certains EHA de surfaces de commande de puisque ceux-ci peuvent avoir à tenir en permanence une charge d'arrêt spécifiée, qui est dimensionnante thermiquement. Toutefois, déterminer l'impact sur la masse et le volume d'un équipement requiert une analyse plus complète des cycles de fonctionnement imposés et du système de refroidissement. En particulier, le mode d'évacuation de la chaleur influe de manière déterminante sur la compacité du convertisseur. II.9.4 Fiabilité et disponibilité La fiabilité est l'aptitude d'une entité à accomplir une fonction requise, dans des conditions et pour une durée données. C'est une caractéristique des convertisseurs déterminante pour respecter les spécifications imposées aux équipements et donc un critère important pour la comparaison des topologies. Les redondances introduites dans les onduleurs occasionnent implicitement un accroissement du taux de défaillance. Par conséquent, le temps moyen entre défaillances, ou MTBF (Mean Time Between Failure), est réduit par rapport au convertisseur de référence. Par contre ces topologies permettent une amélioration de la disponibilité, qui est la probabilité moyenne qu'une entité puisse accomplir une fonction requise dans des conditions et à un instant donnés [RIC04]. Il est proposé ici de comparer la fiabilité prévisionnelle des différentes topologies (Tableau II-5). Pour cela, un arbre de défaillance simplifié est établi pour chacune (figure II.81) : dans ces diagrammes de fiabilité, une association série représente une somme des taux de panne (condition ET) tandis qu'une association parallèle traduit l'indépendance des taux de panne (condition OU). Topologies d'onduleur à tolérance de panne figure II.81 : arbres de défaillance des topologies d'onduleur Pour chaque topologie, il est estimé un taux de défaillance équivalent ond, qui est la probabilité moyenne de panne active par heure de vol. La seconde grandeur calculée est le taux de défaillance interne au convertisseur d, qui représente la probabilité d'occurrence de la première défaillance en marche normale. Il convient de rappeler que les applications numériques sont effectuées essentiellement pour permettre une comparaison relative ; les grandeurs absolues ne sont pas représentatives car elles ne sont pas corrélées aux conditions de fonctionnement des composants dans leur environnement. Les définitions et les différentes hypothèses de calcul sont récapitulées ci-dessous. • Une panne active est une panne qui ne peut pas rester sur un avion plus longtemps que la durée du vol. Elle est, de par ses conséquences, toujours détectée avant le prochain vol. Dans le cas de l'onduleur, il est considéré ici qu'il s'agit simplement de la perte de la fonction assurée. • Une panne passive (ou cachée) caractérise une panne qui, en mode simple, n'a pas d'effet décelable sur le fonctionnement de l'avion et ne peut être détectée par une surveillance [AM2616]. Elle ne peut être détectée et réparée que par une tâche de maintenance (test avant chaque vol ou intervention préventive) : l'intervalle de temps (en heures de vol) entre deux tâches de maintenance est noté TM, il est nécessairement supérieur ou égal à la durée du vol T0 (A.N. : TM=1000h, T0=8h). • Les différents modes de panne sont indépendants. • Les pannes triples ont une probabilité d'occurrence suffisamment faible pour pouvoir être négligées par rapport aux pannes simples et doubles. • Les défaillances répondent à une loi de probabilité exponentielle (e t) et le taux de défaillance est donc constant dans le temps (processus de nature aléatoire) ; par conséquent, les défaillances ayant pour cause un défaut intrinsèque (qualité) ou un processus de vieillissement sous contraintes sont exclues. • Comme les durées de vie sont d'un ordre de grandeur de 10000h, la condition t<0,3 est respectée, ce qui permet de linéariser les fonctions exponentielles (e t - t). • Les défaillances considérées ici sont limitées aux interrupteurs semi-conducteurs de l'onduleur et elles sont supposées complètes et permanentes (défaillances catalectiques). Le taux de panne d'un bras d'onduleur avec son driver est noté C (A.N. : C=10-5/hdv). La défaillance de type haute impédance d'un interrupteur d'isolement est associée à un taux Ico (A.N. : Ico=10-7/hdv). La somme de ces deux valeurs est notée B, elle représente le taux de perte fonctionnelle d'un bras d'onduleur. • Comme il n'est pas considéré de surdimensionnement pour le fonctionnement secours, les taux de panne sont identiques à ceux pris en compte pour le fonctionnement normal. Par contre, dans le cas de l'onduleur 4 bras avec neutre relié, l'impact de la majoration du courant dans le bras secours sur la fiabilité est introduite par le coefficient a (cf. figure II.81). • Le calcul du taux de défaillance d du convertisseur ne tient compte que des interrupteurs qui conduisent le courant, la contribution des autres interrupteurs étant supposée faible. Comme les interrupteurs d'isolement fonctionnent essentiellement en régime de conduction, leur taux de défaillance IS est supposé petit devant B (A.N. : IS=10-6/hdv). La tolérance de panne apporte une continuité de fonctionnement en cas de défaillance, à condition que le convertisseur puisse être reconfiguré. Le fonctionnement secours est donc associé dans les arbres de défaillance à une panne cachée PC (A.N. : PC=10-7/hdv), qui traduit en réalité le taux d'échec de la reconfiguration. Il est supposé que cette notion de panne cachée couvre l'ensemble des cas susceptibles d'empêcher le fonctionnement secours. Par exemple, la protection de court-circuit intégrée dans le d'un IGBT n'intervient qu'en cas de reconfiguration ; si elle est défaillante, le confinement de ce type de défaut est compromis et par voie de conséquence le fonctionnement secours également. De même, la défaillance de type basse impédance d'un interrupteur d'isolement constitue une panne cachée si elle n'est pas détectable en fonctionnement normal, car elle ne permet plus l'isolement du bras concerné et donc la reconfiguration du convertisseur. Dans les topologies à 4 bras, le terme BS représente la panne cachée du bras additionnel ainsi que du dispositif d'isolement associé1. D'autre part, en définissant TS comme la durée pendant laquelle il est admis de maintenir le fonctionnement secours, une défaillance dans le convertisseur en fonctionnement normal peut être formalisée mathématiquement comme une panne cachée dont la durée maximale entre réparation vaut TS (A.N. : TS=1000h). 1 Pour l'onduleur 4 bras avec neutre relié, il est supposé que le bras additionnel est inactif en fonctionnement normal ; ainsi, pour ces topologies à redondance passive, le bras secours est peu contraint car chaque interrupteur ne supporte que la moitié de la tension continue et ne commute pas. Le taux de défaillance associé est donc considéré faible (A.N. : BS=10-7/hdv). Topologies d'onduleur à tolérance de panne Topologies ond B Onduleur 6 bras parallélisés Onduleur 4 bras redondant B Onduleur 4 bras à neutre relié B B  ⋅    ⋅ 3  B  ⋅ (2 + a ) ⋅  B TS + T0 + 2 TS + T0 +( 2 B Onduleur double B  ⋅   B Redondance onduleur-bobinage B  ⋅   B PC TS + T0 +( 2 TS + T0 + 2 TS + T0 + 2 PC TS + TM   2  + BS PC + PC PC ) TS + TM   2  BS ) TS + TM   2  A.N. (hdv-1) d 3.10-5 B=3.10 3,1.10-7 B+6 IS=6,6.10 4,6.10-7 B+3 IS=3,3.10 4,6.10-7 B+3 IS=3,3.10 -5 -5 -5 -5 TS + TM 2    12,1.10-7 B+3 IS=6,3.10 TS + TM 2    9,1.10-7 B+4 IS=6,4.10 -5 -5 Tableau II-5 : taux de défaillance et taux de panne des topologies d'onduleur figure II.82 : taux de défaillance et taux de panne des topologies d'onduleur Les applications numériques pour les topologies à tolérance de panne sont répertoriées à la figure II.82. • La topologie présentant la plus grande disponibilité est naturellement l'onduleur à bras parallélisés (1) puisqu'il peut tolérer jusqu'à 3 pannes : le taux de panne est réduit de 2 décades par rapport à la topologie de référence. • Si, de par la construction de la fiabilité adoptée, la tolérance à une seule panne semble suffisante, les topologies à 4 bras (2,3) présentent alors un meilleur compromis entre taux de panne et taux de défaillance, ce dernier étant directement é à la quantité de composants. • La topologie onduleur double (4) présente un taux de panne et un taux de défaillance accrus par le nombre de bras d'onduleur qu'elle comporte. Le gain en disponibilité par rapport à la topologie de référence est nettement moins intéressant. • Enfin, la redondance onduleur-bobinage (5) est également moins intéressante sur ces critères de disponibilité. Elle n'est donc surtout profitable que si la fiabilité de la machine est proche de celle de l'onduleur, ce qui n'est généralement pas le cas dans le contexte étudié (cf. II.1). ologies d'onduleur à tolérance de panne II.10 Conclusion Afin de développer le concept de module de conversion générique, une première étape a consisté à définir, dans le chapitre I, les topologies de convertisseurs statiques les plus appropriées dans le réseau électrique considéré. La modularité permet d'envisager des applications sur une plage de puissance aussi large possible en définissant des modes d'association adaptés. De plus, elle constitue une prédisposition à l'introduction de redondances qu'il est proposé d'exploiter pour améliorer la disponibilité des convertisseurs en leur conférant une tolérance de panne. Dans ce chapitre, des topologies d'onduleur à tolérance de panne avec différents niveaux de redondance active ou passive ont été envisagées et certaines de leurs caractéristiques de fonctionnement ont été développées, notamment les aspects concernant les procédures d'isolement et les performances après reconfiguration. Ainsi, l'impact sur le dimensionnement électrique et thermique a pu être quantifié selon le mode de fonctionnement secours acceptable pour l'actionneur considéré. Le chapitre suivant expose les études expérimentales de certains des principes qui ont été traités théoriquement. Il a été choisi de s'attacher plus particulièrement au cas de l'onduleur 4 bras avec neutre relié, en particulier car cette topologie, moins aisée à caractériser que les autres, présente des avantages au niveau de la disponibilité et du nombre de composants. Elle peut de plus procurer des fonctionnalités annexes en fonctionnement normal et lors de la reconfiguration. Quant aux topologies à fort niveau de redondance (6 bras), elles sont envisagées, conformément à l'approche développée dans ce rapport, pour augmenter la plage de puissance couverte par les modules de conversion, avec en particulier des essais de mise en parallèle avec de faibles inductances additionnelles.
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Méthodes D'Analyse Sémantique De Corpus De Décisions Jurisprudentielles
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§ 3.2.3.2) Tableau 5.8 – Terminologies des circonstances factuelles découvertes en combinant les K-medoïdes et la distance cosinus sur Dconcdel. meuble pour le cluster 1, de toit dépassant la limite entre deux habitations pour le cluster 2, et d’ouvrage dépassant la hauteur limite autorisée pour le dernier cluster. Ces analyses sont naturellement sujettes à interprétation. 5.5 Conclusion Les circonstances factuelles organisent les décisions d’une même catégorie de demande mais sont illimitées car elles correspondent aux faits courants de la vie. Leur découverte est indispensable afin de rapprocher les litiges non décidés des cas similaires de la jurisprudence. Ce chapitre aborde ce problème comme une tâche de catégorisation non supervisée de documents. La proposition faite ici est double : (i) l’apprentissage d’une métrique de dis-similarité en considérant qu’un document est obtenu par transformation de tout autre document, (ii) l’exploitation de la faible quantité de catégorisations manuelles pour sélectionner la représentation de texte qui correspond au mieux à la sémantique des circonstances factuelles. Le schéma sélectionné permet de transformer de nouveaux corpus non annotés afin d’y découvrir les circonstances factuelles par catégorisation non supervisée. Les expérimentations montrent une amélioration considérable par rapport au modèle de base TF-IDF. La silhouette reste néanmoins faible, ce qui signifie que la réduction de dimension par FNM est efficace mais il faudrait la combiner avec de meilleurs modèles vectoriels ou mieux l’intégrer au processus de catégorisation. Une approche sem- Chapitre 5. Découverte des circonstances factuelles 134 Cluster 0 Termin ologie excéder inconvénient, inconvénient normal, excéder inconvénient normal, normal voisinage, inconvénient normal voisinage, incon vén ient, trouble excéder inconvénient, trouble excéder, excéder, normal 1 copropriétaire, syndicat copropriétaire, syndicat, condamner in, anormal voisinage, trouble anormal voisinage, in, trouble anormal, syndic, jouissance subir 2 deux fond|fonds, séparatif deux fond|fonds, limite séparatif deux, ordonner démolition, séparatif deux, implanter, condamner démolir, devoir établir toit, devoir établir, toit manière 3 manière plus, chose manière plus, chose manière, usage prohiber loi, prohiber loi règlement, prohiber loi, absolu, usage prohiber, manière plus absolu, plus absolu 4 situer zone, hauteur @card@ mètre, hauteur dépasser, appel contester, vitrer, dont hauteur dépasser, urbaniser, recevabilité <unknown> appel, cahier charge lotissement, charge lotissement 10 premiers termes de 1 à 3 mots sélectionnés à l’aide du coefficient de corrélation ngl (cf. § 3.2.3.2) Tableau 5.9 – Terminologies des circo nstance s fa ctuelle s découvertes en combinant les K-medoïdes et la distance cosinus sur Ddoris. blable à celle proposée par Xie & Xing [2013], basée sur l’allocation latente de Dirichlet, mériterait d’être étudiée. Néanmoins, cette sélection de représentation permet d’obtenir une assez bonne efficacité de catégorisation sur le corpus annoté. En effet, nous obtenons, avec respectivement les Kmoyennes et les K-medoïdes, 0.599 et 0.551 de F1 -mesure, correspondant à 0.407 et 0.398 de ARI, et 0.423 et 0.421 de NMI pour un nombre de clusters déterminé automatiquement. Ces résultats se traduisent aussi sur la largeur moyenne de la silhouette autant pour le corpus annoté (0.438 et 0.526 respectivement) que pour les six corpus non annotés utilisés (entre 0.403 et 0.770 au maximum pour toutes les catégories). La métrique apprise s’accorde mieux avec les K-moyennes que les autres distances selon différents indices de validation, et même pour la détermination du nombre de clusters. Par ailleurs, la représentation vectorielle n’est sélectionnée que sur un seul corpus dans ce chapitre. Il serait intéressant à l’avenir d’annoter plusieurs corpus pour sélectionner la meilleure représentation en moyenne sur l’ensemble de ces catégorisations manuelles. De plus, les expérimentations doivent être étendues au regroupement à chevauchement pour les affaires concernant plus d’une circonstance factuelle. Chapitre 6 Application à l’analyse descriptive d’un grand corpus de décisions jurisprudentielles Ce chapitre décrit des résultats statistiques observés sur un corpus de décisions d’appel formé de la base CAPP de la DILA [2019] (65k décisions en XML) et 10k décisions de cour d’appel de formats divers collectés à partir d’autres sources. La base CAPP fournit un ensemble de méta-données de référence pour chaque décision notamment la juridiction, la date, la ville. De nouvelles décisions y sont régulièrement ajoutées dans le dépôt en ligne 1. Il est donc facile d’observer la répartition des décisions entre les villes (Figure 6.1 page 135) et entre les années (Figure 6.2 page 136). Figure 6.1 – Répartition des décisions de la base CAPP entre villes. 1. Le dépot de CAPP est accessible à partir de https://www.data.gouv.fr/fr/ datasets/capp/ 135 136 Chapitre 6. Application à l’analyse descriptive d’un grand corpus Figure 6.2 – Nombre de décisions de la base CAPP par année. 30 villes sont couvertes pour des décisions qui s’étalent entre 1996 et 2019. La répartition n’est pas égale entre les villes. 6 villes ont moins de 100 décisions : Carcassonne (1), Chambéry (50), Nancy (52), Besançon (87), Amiens (97), et Bourges (99). Les cinq (5) villes qui fournissent le plus de décisions fournissent chacune plus de 600 décisions : Paris (14.6%), Versailles ( 9.2 %), Lyon (9.2%), Angers (6.5%), et Limoges (6.0%). La base CAPP couvre par ailleurs des juridictions de nature autre que les cours d’appels qui représentent néanmoins plus de 97% de CAPP. On y retrouve par exemple des décisions du conseil de prud’hommes, du tribunal de grande instance, du tribunal d’instance, de juridiction de proximité, du Tribunal Supérieur d’Appel, du tribunal de commerce, du tribunal de première instance, etc. Les connaissances jurisprudentielles ont été extraites à partir de ce corpus non structuré à l’aide des approches proposées dans cette thèse. Après cette extraction, les décisions de la base de données sont réparties entre les villes identifiées automatiquement comme sur la Figure 6.1 page 135 et dans le temps comme sur la Figure 6.2 page 136. Les demandes extraites se répartissent comme suit : 476 acpa, 409 concdel, 160 danais, 0 dcppc, 34 doris, et 45928 styx. La structuration des données dans la base de données permet de mieux comprendre la jurisprudence à l’aide de graphiques appropriés. Une application de visualisation dédiée a notamment été développée par PRYSIAZHNIUK [2017]. Les analyses des sections suivantes sont restreintes à 6.1. Analyse du sens du résultat 137 Figure 6.3 – Evolution du sens du résultat des demandes styx dans le temps (années) à Paris, Lyon, Versailles, Angers, Bastia. 5 villes parmi celles ayant les plus grands nombres de décisions : Paris, Lyon, Versailles, Angers, Bastia ; sur la période 2000-2019. 6.1 Analyse du sens du résultat A partir des données extraites, l’évolution du pourcentage de demandes acceptées peut être observée sur une courbe. En traçant une telle courbe pour chaque ville, il est possible de comparer les villes. Par exemple, pour les dommages intérêts sur l’article 700 du Code de Procédure Civile (styx), la Figure 6.3 page 137 compare l’évolution du sens du résultat entre les villes citées précédemment. On remarque que les demandes sont beaucoup plus souvent rejetées qu’acceptées. Pour chaque année, le nombre total de demandes doit être associée pour savoir si le pourcentage de succès est réellement interprétable et comparable à celui des autres années. La visualisation par l’application de PRYSIAZHNIUK [2017] permet de comparer les villes en observant sur un arbre l’épaisseur des branches associées aux catégories de demande (Figure Figure 6.4 page 138). On peut ainsi facilement observer quelles villes acceptent les demandes d’une cer- Chapitre 6. Application à l’analyse descriptive d’un grand corpus 138 taine catégorie plus que d’autres par exemple. Figure 6.4 – Comparaison de Paris, Lyon, Versailles, Angers, Bastia sur l’acceptation des demandes styx à partir d’une visualisation arborée. 6.2 6.2.1 Analyse des quanta Evolution dans le temps Figure 6.5 – Evolution des quanta moyens par année des demandes styx entre 2000 et 2019. 6.2. Analyse des quant a 139 De même l’évolution des quanta demandés et accordés peut être facilement visualisée par un diagramme en barre comme celui de la Figure 6.5 page 138 qui correspond aux demandes styx entre 2000 et 2019. Même si le nombre total de demandes est à prendre en compte, un tel diagramme donne un aperçu des sommes d’argent moyennes demandées et accordées chaque année. Malheureusement, une seule valeur aberrante très élevée a un impact négatif sur l’interprétation de la moyenne. On observe par exemple une moyenne particulièrement haute en 2013 (Figure 6.5 page 138). On préfèrera des diagrammes boîtes (box plot) comme celui de l’évolution des quanta accordés de moins de 10k e à Bastia (Figure 6.6 page 140). Par exemple, même si les médianes en 2001 et 2002 sont presque égales, les quanta accordés non nuls ont été très proches en 2001 par rapport à 2002 où la distribution est plus large. 6.2.2 Variabilité dans les territoires Pour avoir une idée du montant que l’on peut recevoir pour une catégorie de demande, l’évolution des valeurs généralement accordées peut être comparée entre deux villes en visualisant les diagrammes boîtes des quanta accordés dans ces villes. La Figure 6.6 page 140 permet d’effectuer des comparaisons entre Bastia et Lyon. En 2008 par exemple, les quanta accordés sont plus proches entre eux à Lyon qu’à Bastia. 6.2.3 Quantum demandé vs. quantum accordé La prédiction du quantum résultat doit définir un modèle dont la forme s’accorde avec celle du nuage de points (x = quantum demandé, y = quantum accordé) correspondant. D’après les nuages de points observés pour Paris, Bastia, Angers et Lyon (Figure 6.7 page 141), le quantum demandé ne semble pas suffisant seul pour déterminer le quantum accordé 2. Il sera ainsi nécessaire de tenir compte des circonstances factuelles et autres spécificités du cas traité qui permettront de filtrer les décisions sur lesquelles se basera l’apprentissage. On remarque néanmoins une ressemblance de forme entre les nuages de points des différentes villes. On observe empiriquement une caractéristique du droit qui est « l’impossibilité d’accorder plus qu’une somme demandée ». 2. Différentes valeurs de quantum résultat sont observées pour la même valeur de quantum demandé. 140 Chapitre 6. Application à l’analyse descriptive d’un grand corpus Figure 6.6 – Evolution des quanta accordés (< 10k e) par année sur les demandes styx entre 2000 et 2016 à Bastia et à Lyon. 6.3 Conclusion Les démonstrations de ce chapitre donnent quelques exemples de statistiques qui informent de l’état de la jurisprudence à partir d’informations extraites à l’aide des approches proposées dans cette thèse. Les analyses du sens du résultat et des quanta sont les principales applications directes des propositions développées. Ce chapitre se limite aux filtres sur l’année, la ville, et la catégorie de demande, mais les analyses peuvent déjà être affinées en associant d’autres filtres comme des mot-clés, les normes appliquées, ou le type de juridiction. Les analyses pourront être enrichies grâce l’extraction future de nouvelles informations comme les motivations des juges et de meilleurs modèles d’identification de circonstances factuelles. 6.3. Conclusion 141 Figure 6.7 – Nuages de points (quantum accordé, quantum demandé) pour les demandes styx entre 2000 et 2019 à Paris, Bastia, Angers et Lyon (quantum demandé < 10000). 142 Chapitre 6. Application à l’analyse descriptive d’un grand corpus Conclusion générale i Synthèse des contributions Cette thèse porte essentiellement sur la proposition et l’exploration d’approches adressant des problèmes d’analyses de données textuelles rencontrés lors de l’étude de corpus jurisprudentiels par des experts juristes. Trois problèmes principaux y sont abordés. Premièrement, l’annotation, dans les documents, des sections de textes et des entités juridiques, est traitée afin d’aider les experts à se repérer dans le document et à améliorer leur recherche de décisions judiciaires. Le chapitre 2 démontre empiriquement, sur des documents annotés manuellement, l’efficacité de l’application de modèles probabilistes d’étiquetage de séquences, HMM et CRF, sur les deux tâches. Par la suite, l’extraction de données relatives aux demandes, suivant leur catégorie juridique, est discutée dans les chapitres 3 et 4. Le problème impose d’effectuer les extractions pour une catégorie de demandes à la fois car il est impossible d’annoter suffisamment de données pour toutes les catégories prédéfinies. Pour cela, nous proposons de filtrer à l’entrée les documents de la catégorie à traiter par une classification binaire. Ensuite, nous proposons une approche identifiant les attributs des demandes à l’aide de termes-clés prédéfinis et appris. Cette méthode, bien que dépendante d’heuristiques, parvient à reconnaître un grand nombre de demandes avec plus ou moins de difficultés selon les catégories traitées. Ensuite, la classification de documents est expérimentée comme approche plus généraliste. Sur l’ensemble des algorithmes explorés, les extensions de l’analyse PLS, appliquées ici pour la première fois sur du texte, démontrent une efficacité proche de celle du meilleur algorithme testé, l’arbre de décision. L’ é de la restriction des documents à des passages relatifs à la catégorie est aussi observée empiriquement. Enfin, le chapitre 5 aborde la problématique de similarité entre deux textes dans un contexte de catégorisation non supervisée des documents. Le but est ici de révéler les circonstances factuelles faisant appel à une catégorie de demande particulière. Une approche d’apprentissage de distance est proposée : elle repose sur le coût d’une transformation d’un des deux textes en l’autre. Cette distance est comparée à d’autres métriques avec l’algorithme 143 Conclusion générale 144 des K-moyennes dans des expérimentations qui explorent différents aspects des problèmes de regroupement comme la détermination du nombre de clusters ou la représentation de documents. En somme, les problèmes abordés sont variés et très importants dans le métier des experts juristes. Le chapitre 6 illustre en l’occurrence l’application des propositions de cette thèse à l’analyse descriptive d’un corpus de décision. ii Critique du travail Cette thèse est limitée par la faible quantité des données employées pour les expérimentations. Cette dernière est révélatrice de la lenteur et de la pénibilité liée à l’annotation manuelle des jeux de données d’évaluation. Par conséquent, il est difficile d’avoir une estimation du taux de données manquées par l’expert ou du degré de différence entre son annotation manuelle et celles qu’auraient pu réaliser d’autres juristes. De plus, ne disposant la plupart du temps que d’un expert, l’annotation manuelle n’a été évaluée que pour le problème de détection des sections et entités juridiques. Par ailleurs, un grand nombre de méthodes de la littérature n’ont pas été expérimentées pour deux raisons principales. D’une part, la littérature regorge de très nombreuses méthodes répondant aux divers problèmes traités ici. D’autre part, certaines méthodes intéressantes ne sont pas adaptées à nos conditions expérimentales. Par exemple, les réseaux neurones profonds sont réputés gourmands en données annotées mais nous n’en disposons que de très peu. Nous avons aussi expliqué par exemple que les méthodes proposées pour l’extraction des évènements exploite une annotation manuelle qui renseigne sur la position exacte où se trouve les données ciblées dans le texte. Les données d’apprentissage pour l’identification des demandes sont répertoriées, au contraire, dans un tableau à l’extérieur des documents d’origine. iii Travaux futurs de recherche Les propositions partagées dans la conclusion des chapitres 2 à 6 pour poursuivre les travaux peuvent être résumées en 4 catégories s. En premier, l’exploration de méthodes plus récentes que celles étudiées dans ce manuscrit permettra d’étendre les résultats expérimentaux. Ensuite, la formalisation des problèmes abordés permettra de définir des approches plus théoriques. Par exemple, la formalisation des demandes comme des relations, entre quantum demandé et quantum accordé, per- iii. Travaux futurs de recherche 145 mettra d’explorer le cadre probabiliste et neuronal de la littérature en matière d’extraction de relations. Puis, l’exploration d’autres formulations des problèmes permettra probablement de découvrir des méthodes plus efficaces. Par exemple, on peut percevoir la détermination des circonstances factuelles comme une tâche de modélisation de thématiques (topic modeling). Enfin, les études menées méritent d’être étendues sur d’autres aspects. Par exemple, la détection d’entités juridiques doit être étendue à la tâche de résolution qui unifie automatiquement les différentes occurrences d’une entité sous un identifiant unique. Cette résolution est importante pour l’automatisation d’autres tâches du métier comme l’anonymisation des décisions judiciaires. Il faut aussi remarquer qu’il reste encore des types d’information dont le problème d’extraction n’est pas abordé par cette thèse. Par exemple, les raisons qui font pencher les juges en faveur d’une décision sur une demande, sont indispensables pour être capable d’anticiper la prise de décision des juges. L’extraction des raisons concernera l’identification et l’analyse des arguments des parties et les motivations des juges. Par ailleurs, il faudra aussi mieux évaluer la qualité des annotations manuelles expertes ce qui révélera le niveau d’accord non seulement sur les données annotées mais aussi sur leur perception des informations ciblées comme les circonstances factuelles qui semblent être subjectives. Cette thèse est l’un des premiers travaux de recherche d’une telle diversité de problèmes sur les décisions de justice françaises. Ainsi, elle ouvre la voie à bien des problématiques comme l’analyse des réseaux de normes, l’anonymisation des décisions, ou l’analyse des arguments, déjà largement étudiés dans d’autres pays, notamment aux États-Unis. En cela, cette thèse encourage la recherche en analyse de données textuelles à s’intéresser à l’analyse automatique de la jurisprudence française dont les défis, la disponibilité d’un grand volume de données et la richesse du domaine judiciaire rendent les applications attractives. Les cas d’utilisation des données extraites sont très nombreux pour la recherche en droit, pour l’aide à la décision des juristes, pour l’enseignement du droit, mais aussi et surtout pour l’accessibilité des profanes au droit par une estimation automatique de leurs risques judiciaires. 146 Conclusion générale Bibliographie Afanador, Nelson Lee, Smolinska, Agnieszka, Tran, Thanh N., & Blanchet, Lionel. 2016. Unsupervised random forest : a tutorial with case studies. Journal of Chemometrics, 30(5), 232–241. Afzali, Maedeh, & Kumar, Suresh. 2018. An Extensive Study of Similarity and Dissimilarity Measures Used for Text Document Clustering using K-means Algorithm. International Journal of Information Technology and Computer Science (IJITCS), 9, 64–73. Aggarwal, Charu C., Hinneburg, Alexander, & Keim, Daniel A. 2001. On the surprising behavior of distance metrics in high dimensional space. Pages 420–434 of : International Conference on Database Theory. Springer. 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FAQ INPN-Espèces. PatriNat (OFB-MNHN-CNRS-IRD). 18 p., 2023. &#x27E8;mnhn-04144987&#x27E9;
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HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. L’application INPN Espèces...................................................................................................................... 2 • Qu’est-ce que l’application mobile INPN Espèces?................................................................... 2 • Quelles sont les fonctionnalités de l’application?..................................................................... 2 • À quoi correspondent les icônes?.............................................................................................. 2 • Qu’est-ce qu’un défi?................................................................................................................. 3 • Qu’est-ce qu’une quête?............................................................................................................ 4 Accueil...................................................................................................................................................... 4 Découvrir.................................................................................................................................................. 4 • Comment découvrir les espèces de ma commune?.................................................................. 4 • Comment changer de ville?....................................................................................................... 4 • Comment chercher une espèce?............................................................................................... 4 Une espèce présente dans ma commune n’apparait pas dans l’application, pourquoi?.............. 5 •............................................................................................................................................................ 5 Observations............................................................................................................................................ 5 • Où retrouver mes observations?............................................................................................... 5 • Comment partager une observation?........................................................................................ 5 • Je ne trouve pas le nom de l’espèce dans la liste proposée?.................................................... 6 • À quoi servent mes observations?............................................................................................. 7 Quêtes...................................................................................................................................................... 8 Profil......................................................................................................................................................... 8 • À quoi sert mon pseudonyme?.................................................................................................. 9 Validation des observations..................................................................................................................... 9 • Comment les observations sont-elles validées?........................................................................ 9 • Pourquoi mon observation a-t-elle été refusée?..................................................................... 10 • Comment les points et les niveaux sont-ils attribués?............................................................ 10 • Pourquoi certaines de mes observations restent non validées?............................................. 11 Questions diverses................................................................................................................................. 11 • Pourquoi certaines de mes observations ne sont pas visibles?.............................................. 11 • Pourquoi faut-il éviter la manipulation d’espèces?................................................................. 12 • Je participe à d’autres suivis, j’utilise d’autres applications naturalistes y a-t-il un risque de doublons?.......................................................................................................................................... 12 • À quelle fréquence dois-je partager une observation de la même espèce au même endroit? 12 Vidéos, documentation autour d’INPN Espèces.................................................................................... 14 F.A.Q INPN ESPÈCES 1 • Réseaux sociaux........................................................................................................................ 14 • Vidéos........................................................................................................................................ 14 • Documents disponibles............................................................................................................. 14 Comment puis-je contacter l’équipe d’INPN Espèces?......................................................................... 14 Annexe 1 : barème de points INPN Espèces.......................................................................................... 15 Annexe 2 : liste des tags......................................................................................................................... 16 L’application INPN Espèces • Qu’est-ce que l’application mobile INPN Espèces? L’application mobile INPN Espèces permet de découvrir la diversité des espèces présentes autour de moi et de participer à l'inventaire de la biodiversité de ma commune en transmettant mes observations naturalistes aux experts validateurs. Elle est gratuite, téléchargeable sur smartphones et tablettes et fonctionne sur l’ensemble du territoire français, en métropole et outre-mer. • Quelles sont les fonctionnalités de l’application? L’application INPN Espèces se décline en trois fonctionnalités principales : • • • Un volet consultatif qui me permet de découvrir les espèces présentes autour de moi en renseignant ma position ou en me géolocalisant. Un volet participatif via le partage d’observations opportunistes permettant de faire remonter dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) mes observations d’espèces sauvages (animales, végétales ou champignons). Les photographies d’animaux domestiques, en captivité ou de plantes cultivées ne sont pas prises en compte. Seules les espèces sauvages le sont. Une nouvelle partie « quêtes » orientant le partage d’observations. Les quêtes sont proposées par les partenaires de PatriNat (le centre d’expertise et de données sur le patrimoine naturel) et permettent de répondre à des besoins spécifiques relatifs à une espèce (ou groupe d’espèces) ou une zone d’étude en particulier. Voir rubrique « Qu’est-ce que qu’une quête? ». • À quoi correspondent les icônes? Accueil Découvrir les espèces qui m’entourent Affichage en grille Affichage en liste F.A.Q INPN ESPÈCES 2 Mettre en favori Partager une observation de cette espèce Partager cette espèce sur les réseaux, par mail, etc. Observations Tri descendant Tri descendant Observation validée jusqu’au dernier niveau Observation en cours de validation Observation refusée Identification de l’espèce corrigée par un expert Commentaire d’un expert Photographie taguée en tant qu’image de qualité parfaite Observation avec une mise à jour de validation non vue Marquer toutes les observations comme vues Quêtes Mon profil Nombre de points accumulés Place au classement des contributeurs F. A.Q INPN ESPÈCES 3 Accueil Lorsque j’ouvre l’application INPN Espèces, j’arrive sur la page d’accueil plusieurs fonctionnalités. sur laquelle se trouve En haut de cette page se trouve un bandeau de recherche sur lequel je peux rechercher une ville mais également le nom d’une espèce. Les villes correspondantes à la recherche arrivent en haut de la liste, suivies par les espèces associées à la recherche. En cliquant sur une ville, l’onglet « découvrir » se met directement à jour en renseignant les espèces présentes dans cette ville. En cliquant sur une espèce dans la liste, cela renvoie directement à la fiche espèce associée. Sur la page d’accueil se trouve l’espèce à la une, une espèce mise en avant afin d’en apprendre plus la biodiversité française. Cette page contient également ma dernière observation envoyée, mes espèces et quêtes favorites mais également le guide utilisateur, le guide des bonnes pratiques de photographie et la FAQ. Déc ouvrir • Comment découvrir les espèces de ma commune? Lorsque je suis dans l’onglet « découvrir », je peux renseigner ou changer ma ville en cliquant sur le bouton « choisir une ville » en bas de la page. Je peux, si je le souhaite, étendre ma recherche au département. Une fois la ville sélectionnée, les espèces connues sur cette commune (ou ce département) s’affichent. Je peux afficher les espèces sous forme de grille ou de liste. Je peux également filtrer les résultats par filtre simple ou avancé. Je peux également rechercher une espèce en particulier sur ma commune en cliquant sur le bouton « rechercher », à côté de l’option de filtre. Seules les espèces présentent dans la commune et possédant une illustration dans l’INPN sont répertoriées ici. • Comment changer de ville? Pour changer de ville il suffit de cliquer sur le bouton « choisir une ville » en bas de la page. • Comment chercher une espèce? Si je veux rechercher une espèce sur l’ensemble du territoire français je dois cliquer dans la barre de recherche sur la page d’accueil et taper le nom de cette espèce. Si elle dispose d’une photo, je peux avoir accès à sa fiche synthétique directement sur l’application ou cliquer sur « en savoir plus sur cette espèce » pour être redirigé vers sa fiche espèce sur le site de l’INPN. Si elle n’a pas de photo, l’application me proposera d’aller directement sur le site de l’INPN. F.A.Q INPN ESPÈCES 4 Si je veux rechercher une espèce dans la commune que j’ai renseignée, je clique sur le bouton « rechercher », présent en haut de la page « découvrir » et tape le nom de l’espèce. De la même manière, je peux avoir accès à sa fiche synthétique si elle dispose d’une photo et a été inventoriée dans ma commune. • Une espèce présente dans ma commune n’apparait pas dans l’application, pourquoi? Si une espèce recherchée n’apparait pas dans l’onglet découverte : • • • Soit elle n’a pas encore de photographie disponible pour l’illustrer, auquel cas elle n’apparait pas dans la grille de consultation, Soit elle n’a pas encore été répertoriée dans le Système d’Information de l’iNventaire du Patrimoine naturel (SINP) qui centralise les données naturalistes au niveau national. Auquel cas l’information est manquante et l’observation que je pourrais faire via INPN Espèces sera très utile pour améliorer la connaissance sur cette espèce. Je peux préciser dans la partie commentaire de mon observation qu’elle n’est pas proposée dans la liste et faire une proposition de nom si je connais l’espèce. Observations • Où retrouver mes observations? L’ensemble de mes observations est consultable sur mon téléphone ou ma tablette (lorsque je suis connecté à internet) dans la partie « observations » et sur le site Détermin’Obs. Dans l’onglet « observations », je peux voir les observations envoyées mais aussi celles enregistrées, je peux choisir l’ordre de préférence d’affichage selon la date de partage, la date de validation, le statut de validation ou encore le nombre de points. Je peux également rechercher une observation en particulier en cliquant sur le bouton « rechercher ». Je peux suivre les différentes étapes de validation de mes observations en cliquant sur chacune d’elle ou en me rendant sur mon profil sur le site Détermin’Obs. Sur ce dernier, il m’est également possible de consulter les observations des autres utilisateurs, mais uniquement celles qui ont été validées par les experts. • Comment partager une observation? Pour partager une observation, je clique sur le bouton « nouvelle observation ». Trois informations sont obligatoires pour envoyer mon observation aux experts : • La photographie de l’espèce sauvage observée. Elle est indispensable et constitue la preuve de la présence de l’espèce qui permettra l’identification par les experts. Une à trois F.A.Q INPN ESPÈCES 5 • • photographies peuvent être envoyées. Il doit s’agir d’une espèce sauvage (animale, végétale ou fonge = champignons au sens large). Les photographies d’animaux domestiques, de plantes cultivées, d’images issues d’internet sont systématiquement refusées. Voir la rubrique « Pourquoi mon observation a-t-elle été refusée ». La date et le lieu de l’observation (en renseignant le nom de la commune ou à l’aide de la géolocalisation). Ces informations sont particulièrement importantes pour l’utilisation future des observations. L’INPN étant un inventaire national, les observations doivent se faire sur le territoire français, en métropole ou en outre-mer. Généralement la date sera automatiquement renseignée après avoir ajoutée la première photo si l’option de format de fichier (EXIF) est activée. Si elle ne l’est pas, il faudra dans ce cas renseigner la date manuellement. Il est, dans tous les cas, important de la vérifier. Le groupe simple (oiseau, champignon, plante, etc.) illustré par des petites vignettes, qui permet d’organiser les différentes étapes de validation de l’observation. Si les informations précédentes sont complètes, il est possible de s’arrêter là et de partager l’observation. Mais la détermination peut être poussée plus loin ou des précisions peuvent être apportées concernant : • • • Le groupe taxonomique. Quand il est connu, il est possible de le renseigner : papillons, chauvesouris, cactus, etc. Ce groupe est plus précis que le groupe simple. L’espèce ou le genre. Une détermination de l’observation jusqu’au nom de l’espèce ou jusqu’au genre peut être proposée, soit en saisissant le nom de l’espèce ou du genre, soit en la cherchant dans liste d’espèces ou de genres connus pour la commune. Le commentaire. Il est possible d’ajouter un commentaire pour apporter des précisions sur l’espèce photographiée, le lieu, ou toute information jugée utile pour aider l’expert validateur. Une fois la fiche remplie, je peux envoyer mon observation aux experts en cliquant sur l’icône, l’observation entre dans la phase de validation. Je peux également enregistrer mon observation en cli quant sur l’icône, l’observation est encore modifiable à ce stade puisqu’elle est enregistrée seulement sur mon téléphone. • Je ne trouve pas le nom de l’espèce dans la liste proposée? Plusieurs possibilités pour expliquer cela : • • • Je me suis trompé(e) en sélectionnant le mauvais groupe taxonomique. Je change le groupe et je recherche à nouveau le nom de l’espèce. Je peux également chercher l’espèce sans remplir le groupe taxonomique. Je passe par la liste d’espèces connues dans ma commune. Si je ne trouve pas l’espèce, il est possible qu’elle ne soit pas listée dans les propositions car elle n’est pas encore référencée dans ma commune. Je dois alors saisir le nom de l’espèce. Je connais l’espèce et je saisis directement son nom scientifique français (nom commun) ou son nom latin. Si je ne trouve pas le nom et que je suis dans le bon groupe taxonomique, je renseigne peut-être un synonyme. Le nom latin de l’espèce peut avoir évolué, je peux me rendre sur le site de l’INPN pour connaître le nouveau nom latin valide en tapant la barre de recherche le nom que je connais. F.A.Q INPN ESPÈCES 6 • Il est possible que l’espèce ne soit pas encore connue de France! L’espèce ne figure pas dans l’application si elle est inconnue du référentiel taxonomique national Taxref, je dois partager mon observation sans renseigner le nom de l’espèce. Je peux laisser un commentaire à l’expert. Dans tous les cas, il m’est toujours possible de partager mon observation même si je ne trouve pas le nom de l’espèce. • À quoi servent mes observations? L’INPN Espèces, programme de sciences participatives, participe au recueil d’observations scientifiques afin qu’elles soient diffusées via l’INPN, plateforme nationale du SINP. Les données de l’ INPN sont publiques, celles recueillies grâce à INPN Espèces le sont également. Une fois validées par les experts, les données attachées à une observation (espèce, pseudonyme, date et coordonnées) sont standardisées et rejoignent régulièrement l’INPN. Ces données sont consultables par tous (en dehors des données sensibles) au sein du jeu de données INPN Espèces et par les autres utilisateurs sur la plateforme Détermin’Obs. En partageant mes observations, j’accepte l’utilisation sous licence Creative Commons CC-BY-NC-SA de mes photos : . Mes photographies, créditées à mon pseudonyme, peuvent être utilisées pour illustrer des actualités, des lettres d’information, des brochures, et pour compléter l’iconographie de l’INPN et des fiches espèces. L’ensemble des mentions légales sont consultables en bas de la page d’accueil de Détermin’Obs rubrique « Données personnelles ». Les observations partagées par les utilisateurs d’INPN Espèces permettent d’améliorer les connaissances sur la répartition des espèces en : • ajoutant de nouvelles occurrences (espèces rares, introduites, etc.), • mettant à jour d’anciennes observations, • complétant les cartes de répartition des espèces, • permettant de détecter de nouvelles espèces pour la France. Ces observations permettent également d’améliorer les connaissances sur la biologie et la phénologie des espèces (apparition précoce, tardive, déplacement des populations, etc.) et contribuent aux rendus d’expertise en lien avec les programmes nationaux de conservation de la biodiversité, à la recherche fondamentale ou appliquée et à la gestion des espèces et des milieux. Mes observations envoyées dans le cadre d’une quête ont également une util , à la fois pour enrichir les données de l’INPN mais également pour les activités de la structure partenaires ayant proposé cette quête. Cela peut correspondre à un projet de recherche, d’animation du territoire ou encore d’un inventaire réalisé pour un Atlas de la Biodiversité Communal. F.A.Q INPN ESPÈCES 7 Quêtes • Qu’est-ce qu’une quête? Les quêtes INPN Espèces sont un dispositif de collecte de données permettant de répondre à des besoins de connaissances spécifiques sur la répartition de certaines espèces sauvages pour lesquelles la participation citoyenne représente un levier majeur. Les pages descriptives des quêtes ont pour objet de présenter le contexte scientifique ainsi que le porteur de l’étude (structure de recherche, association, collectivité locale, opérateur de l’état, etc.) et elles me permettent le partage d’observations dans un cadre dédié. Pour certaines quêtes des informations supplémentaires peuvent parfois m’être demandées dans le formulaire de partage, notamment pour préciser le contexte de l’observation (nombre d’individus, mort ou vivant, milieu, etc.). Je peux également gagner des points supplémentaires en remplissant des objectifs parfois proposés dans le cadre des quêtes. • Comment participer à une quête? En cliquant sur cette icône, je retrouve toutes les quêtes en cours listées. Il est également possible de filtrer les quêtes selon leur localisation, la mise en favoris, groupes simples, statuts (terminées, en cours, etc.) et leur niveau territorial. En cliquant sur une quête, apparaît la fiche quête avec une description, la localisation, les cibles taxonomiques, les objectifs et les récompenses. À partir de cette page, je peux ajouter une observation pour participer à la quête. Il m’est également proposé de participer à une quête lorsque je rentre un nom d’espèce dans le formulaire et que celle-ci est associée à une quête ou encore lorsqu’on clique sur l’icône dans la fiche espèce. Le formulaire de nouvelle observation est le même que pour les autres observations. Si la quête ne cible qu’une seule espèce, son nom sera déjà prérempli dans le formulaire. Pour certaines quêtes, des informations supplémentaires peuvent parfois m’être demandées dans le formulaire de partage, notamment pour préciser le contexte de l’observation (ex : état de l’individu, le nombre d’individus, le milieu d’observation, etc.), ce qui permet d’en apprendre plus sur l’écologie de l’espèce. • Qu’ est-ce qu’un défi ? Les défis INPN Espèces, qui peuvent être proposés à plusieurs moments de l’année, m’invitent à partager des observations pour un groupe taxonomique ou une espèce en particulier. Ils ont une dimension uniquement ludique mais peuvent me permettre de gagner facilement des points supplémentaires. Profil Vous retrouverez sur cette page « profil » toutes les informations liées à votre compte. F.A.Q INPN ESPÈCES 8 • À quoi sert mon pseudonyme? Pour chaque observation d’espèce transmise via INPN Espèces, sont associés à minima un lieu, une date et un observateur. L’observateur est le contributeur ayant partagé sa découverte. Dans l’INPN, c’est le pseudonyme du contributeur qui est utilisé pour identifier l’observateur de la donnée. Lorsqu’un utilisateur souhaite partager des observations dans le cadre d’INPN Espèces, il lui est demandé de créer un compte. Un pseudonyme par défaut lui est attribué : Anonyme XXXXX. L’utilisateur peut définir un pseudonyme lors de la création de son compte ou le faire plus tard. Il peut mettre à jour les informations de son compte à tout moment, via l’application ou sur le site de l’INPN. Si je souhaite voir mon nom associé à mes données, je devrai le renseigner comme pseudonyme. Mes données personnelles sont stockées sur les serveurs du Muséum national d’Histoire naturelle jusqu’à clôture de mon compte. Je peux modifier celui-ci ou le supprimer à tout moment sur le site de l’INPN. • Comment modifier les données liées à mon compte? Lorsqu’un utilisateur souhaite partager des observations dans le cadre d’INPN Espèces, il lui est demandé de créer un compte. Un pseudonyme par défaut lui est attribué : Anonyme XXXXX. L’utilisateur peut définir un pseudonyme lors de la création de son compte ou le faire plus tard. Il peut mettre à jour les informations de son compte à tout moment, via l’application dans l’onglet Profil (en cliquant sur « Modifier mon profil » ou directement sur le site de l’INPN. Si je souhaite voir mon nom associé à mes données, je devrai le renseigner comme pseudonyme. Mes données personnelles sont stockées sur les serveurs du Muséum national d’Histoire naturelle jusqu’à clôture de mon compte. Je peux modifier celui-ci ou le supprimer à tout moment sur le site de l’INPN. Validation des observations • Comment les observations sont-elles validées? La validation des observations se fait en quatre étapes depuis la plateforme Détermin’Obs : • • • • Validation des photos. Cette étape permet de supprimer les photos qui ne permettent pas l’identification ou qui sont inappropriées. Voir rubrique « Pourquoi mon observation a-t-elle été refusée ». C’est également à cette étape que le validateur peut « taguer » une photographie. Voir la liste des tags possibles en Annexe 2. Validation du groupe simple. Elle permet de confirmer le groupe sélectionné par le contributeur ou de rediriger une observation qui n’est pas dans le bon groupe simple. Validation du groupe taxonomique. Ce niveau permet de confirmer ou corriger le choix du contributeur et d’attribuer un groupe taxonomique aux observations qui n’en ont pas. Cette étape classe les observations plus finement pour faciliter la validation des experts. Validation de l’espèce. Cette dernière étape est faite par les experts naturalistes (experts de PatriNat, du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) ou externes). Ils peuvent laisser un F.A.Q INPN ESPÈCES 9 commentaire à propos de l’observation. Parfois, une validation jusqu’au niveau espèce, n’est pas possible sur photo. Dans ce cas, l’observation peut être validée à un rang taxonomique supérieur (genre, famille, ordre, etc.). • Pourquoi mon observation a-t-elle été refusée? Les photographies sont les premières informations qui parviennent aux experts validateurs. Si elles ne sont pas appropriées, l’observation sera rejetée. La photographie constitue une preuve que le contributeur a bien observé l’espèce. Il existe différentes raisons pour lesquelles, les photographies peuvent être refusées : • • • • • • l’image est trop floue pour bien distinguer l’espèce, l’individu photographié est trop petit pour être identifié, la photographie est sur ou sous-exposée, l’image contient un visage ou une information sensible (plaque d’immatriculation, etc.) il s’agit d’une photographie d’animal de compagnie, domestique ou en captivité ou d’une plante d’intérieur ou cultivée, l’image envoyée provient d’internet et l’observateur n’en est pas le propriétaire. • Comment les points et les niveaux sont-ils attribués? Outre le fait de participer activement à l’amélioration de la connaissance des espèces des territoires français, je reçois des points à chaque observation validée. Vous retrouverez le barème des points en Annexe 1. Je peux obtenir des points pour : • • • • • • la validation d’au moins une photographie, le groupe d’espèce bien identifié, le groupe taxonomique bien identifié, l’espèce bien identifiée, une première observation de l’espèce depuis au moins 10 ans dans la commune, l’observation d'une espèce menacée, • • • • • l’observation d'une espèce ayant moins de 5000 données sur l'INPN, la première observation de l’espèce sur la commune, l’observation d'une espèce ayant moins de 100 données sur l'INPN, la première observation de l’espèce sur le département, etc. D’autres points peuvent être attribués dans le cadre des défis ou des quêtes : voir les rubriques « Qu’est-ce qu’un défi » et « Qu’est-ce que qu’une quête ». L’acquisition de points permet un classement général des contributeurs. Celui-ci est consultable sur le site Détermin’Obs. Je peux ainsi y retrouver ma place dans le classement général ou par groupe d’espèces. Les niveaux sont attribués en fonction des points obtenus. Plus vous accumulez de points, plus vous atteignez un niveau élevé. Vous débutez au niveau « Citoyen naturaliste » lorsque vous envoyez votre première observation. • Pourquoi certaines de mes observations restent non validées? La validation des observations peut prendre du temps. Voir la rubrique « Comment les observations sont-elles validées? ». Plusieurs facteurs entrent en compte : • • • La validation finale des observations par les experts naturalistes est un processus scientifique qui nécessite du temps. Certaines observations mettent plus de temps que d’autres à être validées car les experts interviennent sur leur temps libre. Les validations peuvent prendre du retard lorsque les experts sont en attente de confirmation pour une observation. Pour certains groupes, comme les diptères, nous manquons d’experts, ce qui explique que certaines observations restent non validées. Il est prévu de renforcer l’équipe d’experts validateurs. Si vous êtes experts d’un groupe d’espèces et que vous souhaitez valider bénévolement des observations, merci d’envoyer un mail à : [email protected] et nous prendrons contact avec vous. La forte affluence des observations a un impact sur la durée de validation. À titre d’exemple, au printemps et en été, le flux d’observations qui arrive à la première étape de validation est plus important et prend plus de temps à être traité. De plus, la période estivale correspond à la période de terrain pour la plupart des experts, qui sont par conséquent moins disponibles. Questions diverses • Pourquoi certaines de mes observations ne sont pas visibles? En mode hors connexion, toutes mes observations ne sont pas visibles. Je dois me connecter à internet pour avoir accès à l’ensemble de mes observations. Les données partagées via l’application INPN Espèces sont publiques. Elles peuvent être visualisées sur la plateforme Détermin’Obs. Cependant, certaines observations ne sont pas visibles par les autres observateurs hormis le contributeur concerné car certaines concernent des espèces sensibles. Ces données ne doivent pas être diffusées pour éviter de porter atteintes aux espèces. Une espèce peut être considérée comme sensible si elle est menacée, si elle risque d’être prélevée, détruite volontairement, si elle attire des observateurs risquant de la déranger ou de détériorer son habitat. Si une espèce est considérée comme sensible, les données concernant sa localisation seront diffusées de manière « floutée » (à la commune, sur une maille 10x10km ou au département). Seuls les acteurs impliqués dans la conservation de la biodiversité pourront avoir accès à la donnée précise sur demande. Pour en savoir plus. D’autres observations ne sont visibles que par leur auteur. La manipulation d’espèces sauvages doit être évitée ; c’est pourquoi, les observations montrant des espèces manipulées (prise en main, piégeage, pêche, chasse, etc.) ne sont visibles que par le contributeur ayant partagé cette observation. Voir la rubrique suivante « Pourquoi faut-il éviter la manipulation d’espèces ». L’application INPN espèces ayant un but de conservation / protection et de sensibilisation à la préservation de la biodiversité. • Pourquoi faut-il éviter la manipulation d’espèces? De nombreuses espèces sont protégées en France : la totalité des chauves-souris, la majorité des amphibiens/reptiles, de nombreuses espèces d’oiseaux, de plantes, etc. La protection de ces espèces est réglementée par la loi qui interdit entre autres les prélèvements, la manipulation, la destruction, le transport de ces espèces ainsi que la détérioration de leur habitat. Ces principes sont à appliquer pour l’ensemble des espèces, il faut éviter toute manipulation qui peut être une source de stress, d’autant plus que si l’on ne la connaît pas, il est difficile de savoir si une espèce observée est protégée ou non. Il faut donc limiter au maximum notre impact sur les espèces que nous observons, pour leur bien-être mais également car certaines de ces espèces peuvent être venimeuse, vénéneuse ou porteuse de virus. Si vous trouvez un animal sauvage blessé, vous devez prendre contact avec un centre de sauvegarde de votre commune ou département ou contacter les services vétérinaires. De nombreuses associations naturalistes pourront également vous conseiller sur les précautions à prendre. • Je participe à d’autres suivis, j’utilise d’autres applications naturalistes y a-t-il un risque de doublons? Oui, il faut que j’évite de saisir mes observations sur des outils différents. La plupart des autres programmes naturalistes régionaux, nationaux ou internationaux permettent une remontée de mes données au niveau du SINP (Système d’Information de l’iNventaire du Patrimoine naturel). Si je transmets une même observation à travers plusieurs programmes qui participent au SINP et transmettent mes données naturalistes au niveau national, mon observation sera transmise plusieurs fois et il y aura création de doublons dans la base de données nationale. Avant de partager à nouveau mon observation sur INPN Espèces et pour éviter la création de doublons, je me renseigne auprès du programme auquel je participe pour savoir si mes données sont bien remontées au niveau national au SINP. Si c’est le cas, je ne partage mon observation que sur un seul outil. • À quelle fréquence dois-je partager une observation de la même espèce au même endroit? F.A.Q INPN ESPÈCES 12 Il est conseillé de ne pas partager plusieurs fois l'observation d'une même espèce à un même endroit et à une même date afin d’éviter la création de doublons dans le SINP. Le partage, à une fréquence raisonnable (environ 1 fois tous les trimestres), d’une même espèce à un même endroit peut être intéressant pour suivre l'évolution de certaines espèces. • Puis-je participer activement à la diffusion de l’application INPN espèces? Je souhaite être actif pour sensibiliser les personnes à la connaissance de la biodiversité et je souhaite devenir ambassadeur-ambassadrice de l’application INPN espèces, je prends contact avec l’équipe projet par mail : [email protected] en mettant dans l’objet du mail : « Je souhaite être ambassadeur.drice de l’application INPN espèces ». L’équipe prendra contact avec moi et me posera quelques questions sur mes motivations. Je gagnerai 8000 points après acceptation par l’équipe projet. Chaque personne parrainée me permettra de remporter 100 points supplémentaires. J’enverra chaque mois les pseudos des personnes parrainées pour bénéficier des points supplémentaires. F.A.Q INPN ESPÈCES 13 Vidéos, documentation autour d’INPN Espèces • Réseaux sociaux Je peux suivre les nouveautés de l’application INPN Espèces sur Facebook et Twitter. https://fr-fr.facebook.com/InventaireNationalPatrimoineNaturel/ https://twitter.com/inpn_mnhn?lang=fr https://www.linkedin.com/in/patrinat-ofb-mnhn-cnr -63a / • Vidéos Plusieurs vidéos de présentation sont à retro uver dans l’onglet Documentation de Détermin’Obs : - INPN Espèces – Rejoignez les explorateurs de la nature : https://www.youtube.com/watch?v=aOnmucUbDUw Découvrez les quêtes INPN Espèces : https://www.youtube.com/watch?v=0O9T24QnqrY Divers interviews, etc. • Documents disponibles D’autres documents sont disponibles dans l’onglet Documentation de Détermin’Obs tels que : - des bilans annuels, des synthèses de quête, la F.A.Q, des consignes, etc. Comment puis-je contacter l’équipe d’INP N Espèce s? Je peux contacter directement [email protected] l’équipe projet d’INPN F.A.Q INPN ESPÈCES Espèces sur l’adresse mail : 14 Annexe 1 : barème de points INPN Espèces. Critères d’attributions des points Votre première observation a été transmise Votre 5ème observation a été transmise Votre 10ème observation a été transmise Votre 30ème observation a été transmise Votre 50ème observation a été transmise Votre 100ème observation a été transmise Votre 500ème observation a été transmise Votre 1000ème observation a été transmise Votre 2500ème observation a été transmise Votre 5000ème observation a été transmise Votre 10000ème observation a été transmise Votre 25000ème observation a été transmise Votre 50000ème observation a été transmise Votre 100000ème observation a été transmise Des observations sur 3 communes différentes ont été transmises Des observations sur 5 communes différentes ont été transmises Des observations sur 10 communes différentes ont été transmises Des observations sur 20 communes différentes ont été transmises Des observations sur 50 communes différentes ont été transmises Des observations sur 100 communes différentes ont été transmises Des observations sur 250 communes différentes ont été transmises Des observations sur 500 communes différentes ont été transmises Des observations sur 1 000 communes différentes ont été transmises Des observations sur 2 500 communes différentes ont été transmises Des observations sur 5 000 communes différentes ont été transmises Des observations sur 10 000 communes différentes ont été transmises Des observations sur 36 000 communes différentes ont été transmises Une photographie a été validée Merci d'avoir partagé votre observation. Malheureusement aucune photographie n'a été acceptée (qualité insuffisante, sujet inapproprié, espèce non sauvage, etc. ). Le groupe d'espèce a été correctement identifié Le groupe taxonomique a été correctement identifié L'espèce a été correctement identifiée Première observation de l'espèce sur la commune Première observation de l'espèce sur le département Première observation de l'espèce depuis au moins 10 ans dans la commune Observation d'une espèce menacée Espèce ayant moins de 100 données sur l'INPN Espèce ayant moins de 5000 données sur l'INPN F.A.Q INPN ESPÈCES Points 15 50 100 500 1000 2000 10000 25000 50000 100000 200000 500000 1000000 15000000 100 250 500 1000 2000 5000 100000 300000 1000000 2000000 5000000 10000000 15000000 10 0 5 10 300 1000 5000 100 100 1000 100 15 Annexe 2 : liste des tags. • Spécimen non sauvage (domestique, en captivité, cultivé) Le spécimen présent sur la photographie n’est pas sauvage. Il peut être domestique, en captivité ou cultivé. Pour rappel, l’application INPN Espèces a pour objectif de recenser la biodiversité française sauvage (animale, végétale ou fongique). Les spécimens tagués non sauvages sont invalidés par l’expert validateur. • Manipulation d’espèce La manipulation, pouvant entraîner du stress pour un spécimen, est à limiter au maximum pour son bien-être mais également pour votre santé car certaines espèces peuvent être venimeuses, vénéneuses ou porteuses de virus. De plus, de nombreuses espèces en France sont protégées et la loi interdit notamment de les manipuler, de les prélever ou encore de les transporter. Plus d’infos dans la rubrique « Pourquoi faut-il éviter la manipulation d’espèces ». Si votre photographie est taguée « manipulation d’espèce », celle-ci pourra être validée mais elle ne sera pas visible auprès des autres utilisateurs afin de ne pas influencer les observateurs dans pratique. • Photo issue d’internet, écran d’ordinateur, etc. Ce tag signifie que l’image envoyée provient d’internet et que vous n’en n’êtes pas le propriétaire ou que la photographie représente un écran d’ordinateur ou autre écran numérique (téléphone portable, appareil photo, etc.). L’observation est alors invalidée par l’expert validateur. • Individu mort, chassé ou pêché Ce tag signifie que le spécimen présent sur la photographie est mort, chassé ou pêché. Certaines images pouvant être sensibles pour le grand public, l’observation est alors masquée auprès des utilisateurs mais elle peut être validée. • Espèce hors territoires français (marin ou terrestre) L’espèce représentée sur la photographie n’est pas présente sur le territoire français, qu’il soit marin ou terrestre. Pour rappel, l’application INPN espèces vise à ne recenser que la biodiversité française afin d’enrichir l’INPN (l’Inventaire national du Patrimoine naturel). L’observation est alors invalidée. • Image de qualité parfaite La photographie transmise a été jugée de qualité parfaite par l’expert validateur que ce soit pour son esthétisme ou encore sa netteté. Les photographies ayant reçues ce tag peuvent notamment servir à la communication du projet INPN Espèces. F Q ÈCES • Image inexploitable (sous/sur-exposée, floue, sujet trop petit, paysage, etc.) Votre photographie a reçu ce tag car elle a été jugée inexploitable pour la détermination, le spécimen n’étant pas assez visible et identifiable. L’image peut être sous ou sur-exposée, floue, l’individu trop petit, ou encore l’image peut représenter un paysage trop large. L’observation est alors invalidée par l’expert. • Contenu inapproprié : visage, informations personnelles, contenu non naturaliste, etc. Le contenu de la photographie a été jugée approprié. Il peut représenter un visage, des informations personnelles (telles qu’une plaque d’immatriculation ou les coordonnées d’une personne), ou tout autre contenu non naturaliste. L’observation est alors invalidée par l’expert. F.A.Q INPN ESPÈCES 17.
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Open Science
Various open science
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11,473
4.4. DISCUSSION Figure 4.13 – Représentation des rochers isolés sur du sable. On considère que la géométrie ne dépend pas de l'échelle (rapport hauteur/largeur fixée à 3/5). Les blocs représentent une part variable de la surface. La durée du jour est de 12.33 h. Figure 4.14 – Calcul de l'inertie thermique à partir de la température mesurée en début de nuit (1.67h après le coucher du soleil) sur une surface martienne composée d'une proportion variable de roches, avec les modèles 1D lisse, et 1D avec auto-chauffage. Pour comparer ces valeurs avec le modèle 2D, la moyenne arithmétique de l'inertie thermique a été représentée. Le modèle lisse a tendance à surestimer l'inertie thermique réelle. Le modèle avec auto-chauffage montre une bonne correspondance avec le modèle 2D pour des proportions très faibles ou très élevées de roches, mais surestime de 10% environ l'inertie thermique pour une densité moyenne de roches. CHAPITRE 4. RUGOSITÉ ET INERTIE THERMIQUE 4.5 Conclusion Cette étude montre que négliger les effets de la rugosité peuvent amener à des erreurs importantes (jusqu'à un facteur 2) dans l'estimation de l'inertie thermique à partir des images infrarouges. L'utilisation du facteur d'auto-chauffage donne une première approximation de son effet, mais uniquement pour les rugosités de tailles importantes. La taille des objets mesurés est donc une donnée essentielle à considérer pour la correction de l'inertie thermique. Cette rugosité peut être estimée par le biais de la photométrie, mais d'autres techniques peuvent être envisagées, notamment l'utilisation de radars (Rogers et al., 1970) ou les prises de vue multiangulaires (Mushkin et Gillespie, 2006). Cependant, toutes ces mesures de rugosité ne donnent pas explicitement la taille des objets mesurés. De plus, il est préférable de mesurer l'inertie thermique durant la nuit, les pires moments pour la mesure étant l'aube et le crépuscule pour lesquels les rayons rasants amènent une très grande hétérogénéité de température. 4.A Calcul de l'équation de la chaleur avec le coefficient d'auto-chauffage L'émissivité ε représente respectivement la proportion du flux radié par une surface par rapport au flux B(T ) que radierait un corps noir à la même température. Dans la même gamme de longueurs d'onde, la loi de Kirchhoff stipule qu'une fraction (1 − ε) du flux incident à une surface est réfléchie. En considérant une surface rugueuse Sr à une température T, le flux radié par la surface sera Sr * ε * B(T ). Or, puisque la surface est isotherme, le flux effectivement perdu vers l'espace sera le même que celui que radierait une surface lisse équivalente à la même température T, soit Sl * ε * B(T ) où Sl est la surface lisse équivalente à la surface rugueuse (Sl < Sr ). On en déduit qu'une proportion du flux radié est recapté par une surface en vis à vis. Seule une proportion (1 − ξ) du flux réfléchi est effectivement perdue vers l'espace. Le reste est redirigé vers une surface en vis-à-vis, et ainsi de suite. Au final, le flux effectivement radié par une surface rugueuse est la somme de l'ensemble des flux dirigés vers l'espace après n réflexions s'écrit : 102 4.B. φ r = +∞. CALCUL DES INTER-RÉFLEXIONS S r * ε * B(T ) * (1 − ξ) * ξ n * (1 − ξ)n (4.12) n=0 Soit, en calculant la somme : φr = ε * (1 − ξ) * B(T ) * Sr 1 − ξ * (1 − ε) (4.13) On peut tenir le même raisonnement avec l'albédo : le flux solaire capté par la surface sera : φs = +∞. φs,inc * (1 − ξ) * (1 − A) * ξ n * An (4.14) n=0 Soit : φs = φs,inc * (1 − ξ) * (1 − A) 1 − (ξ * A) (4.15) 4.B Calcul des inter-réflexions Toute surface capte une partie du flux radié par les surfaces en vis-à-vis. Pour calculer la proportion du flux radié qui est captée par une surface en vis-à vis, on utilise le facteur de Sparrow (1963), défini par : Fij = cos(ı̂) * cos(̂) * Sj 2d (4.16) Ce facteur mesure la proportion du flux émis par l'élément i et reçu par l'élément j représentés par leur pente ı̂ et ̂. Sj est la longueur de l'élément de surface j et d est la distance entre le centre des deux éléments considérés. 103 CHAPITRE 4. RUGOSITÉ ET INERTIE THERMIQUE Ainsi, si on considère la matrice R contenant l'ensemble des Rj, flux radiés par l'élément j et F la matrice constituée de l'ensemble des facteurs de Sparrow Fij, le flux provenant des inter-réflexions au premier ordre I1 s'écrit : I1 = F ×t R (4.17) où t représente la transposée et × la multiplication matricielle. Sur ce flux provenant des interréflexions au premier ordre, une proportion ε est captée par la surface et une proportion (1 − ε) est réfléchie. Par récurrence, en considérant la surface comme étant parfaitement diffusive, on peut calculer le flux provenant des inter-réflexions au n-ième ordre : In = (1 − ε) * F × tIn−1 (4.18) La même formule est utilisée pour modéliser les réflexions multiples du flux solaire, en considérant la surface comme un diffuseur parfait : Sn = A * F × tSn−1 (4.19) Sn représente la n-ième réflexion d'un rayon solaire et S0 correspond au flux solaire incident sur une surface. Ces deux séries sont convergentes. Toutefois, étant données les valeurs typiques de l'émissivité (supérieure à 0.8), de l'albédo (inférieur à 0.3) et de la rugosité (pente moyenne maximale de 30◦ ), l'effet devient négligeable dès les premières réflexions. Post -propos Cette étude a permis de démontrer l'influence de l'état de surface sur les flux de chaleur à l'interface roche / atmosphère. On peut séparer ces effets en deux catégories. CALCUL DES INTER-RÉFLEXIONS 1. Si l'image est à une résolution plus fine que la rugosité, cette dernière crée une hétérogénéité des températures de surface. Celle-ci est dépendante de l'orientation de la surface par rapport au soleil, de son éventuel ombrage, et des effets de l'interréflexion. Tous ces effets sont difficiles à prendre en compte sur une image réelle, car la température d'un point dépend des flux de chaleur qu'il a reçus, ceux-ci pouvant être très variables dans le temps et dans l'espace. De manière générale, l'heure idéale pour réaliser des mesures est donc la fin de nuit, juste avant le lever du soleil. On s'affranchit ainsi au maximum des effets de l'éclairement différentiel du soleil. Les prises de vue dans la journée sont également possibles, mais dans ce cas, il faut éviter l'éclairement rasant. Ces précautions permettent de réduire les effets de l'ombrage et de l'angle d'incidence local du soleil, mais ne permettent pas de négliger les effets de l'interréflexion. Finalement, il reste une certaine incertitude sur la température mesurée. 2. Pour s'affranchir de ces effets, on réalise généralement une moyenne spatiale. Notre étude montre que, pour interpréter la valeur absolue de la température de surface, il est essentiel de prendre en compte les effets de la rugosité, au moins au premier ordre, grâce au facteur d'auto-chauffage. Sommaire Avant-propos................. 56 3.1 Introduction 56 3.2 Context of the study............................... 59 3.3 The TWM : Thermal waterline method.................... 61 3.4 3.3.1 Theoretical background............................... 61 3.3.2 Description of the experiments........................... 63 3.3.3 Waterline extraction................................. 64 3.3.4 Orthorectification step................................ 67 Results........................................ CHAPITRE 5. MESURE DU FLUX GÉOTHERMIQUE 3.5 3.4.1 DEM validation : Comparison with Terrestrial Laser Scanner (TLS ) ...... 68 3.4.2 Differential DEM... ................................ 71 Conclusion 72 Post-propos........................ ................ 74 Avant-propos Dans les parties précédentes, j'ai montré les différentes étapes du traitement d'une image thermique infrarouge et de son intégration dans un modèle, à savoir la correction radiométrique de l'image (Chapitre 2), sa correction géométrique et son intégration à d'autres jeux de données (Chapitre 3), et enfin, son utilisation dans des modèles physiques (Chapitre 4). La présente partie montre un travail réalisé dans le cadre de l'étude du système hydrothermal de la Soufrière. L'objectif de ce volet du projet DOMOSCAN, mené par Olivier Coutant, est de quantifier le flux de chaleur et de masse de chaque manifestation de l'activité du volcan. Cette étude se focalise en particulier sur les zones sub-fumerolliennes, c'est-à-dire les zones d'anomalies thermiques. L'objectif de ce travail est de proposer un protocole complet d'estimation de ce flux à partir d'images infrarouges thermiques, mais aussi de comparer cette méthode à la méthode de mesure directe par des thermocouples. Cette comparaison est bas ée à la fois sur la facilité d'installation du dispositif de mesure, mais également sur les incertitudes observées et les limitations de la méthode. 5.1 Introduction Le dégagement de chaleur est caractéristique de l'activité volcanique. Cette chaleur provient du manteau ou de la croûte terrestre, et est principalement transportée jusqu'à la surface par la convection de liquides silicatés, ou de gaz (Hurwitz et al., 2003; Antoine et al., 2009). Le transport de chaleur peut être également assuré par de l'eau en phase liquide (Ildefonse et Semet, 1998; Pashkevich et Taskin, 2009) ou vapeur (McGetchin et Chouet, 1979; Allard et al., 1998). L'eau constituant ces systèmes 108 5.1. INTRODUCTION hydrothermaux, principalement d'origine météoritique, est réchauffée par la chaleur dégagée par le volcan. Elle peut alors être vaporisée. A l'approche de la surface, la vapeur d'eau se condense. En fonction du lieu de cette condensation, on distingue les zones fumerolliennes (zones de sorties de vapeur d'eau) et les zones sub-fumerolliennes (Aubert, 1999). Les zones sub-fumerolliennes correspondent aux zones pour lesquelles le flux de chaleur n'est pas suffisamment intense. La vapeur d'eau se condense alors sous la surface, et la chaleur est transportée par conduction dans les couches superficielles (Aubert, 1999). La surveillance en continu de ces flux est essentielle pour des motifs académiques de connaissance des phénomènes volcaniques (Sekioka et Yuhara, 1974) ainsi que pour des motifs de prévention du risque (e.g. Pieri et Abrams (2005)). Les mesures de flux de chaleur sont classiquement réalisées à partir de la mesure de température à différentes profondeurs dans le sous-sol par des thermocouples. Le flux de chaleur local est calculé à partir du gradient de température et des paramètres thermiques intrinsèques des roches (Aubert, 1999; Aubert et al., 2007 Cette méthode a été appliquée avec succès au Mont Hood (Friedman et al., 1982), au Mount Rainier (Frank, 1985), à l'Etna (Aubert, 1999) ou encore au Vulcano (Aubert et al., 2007). Les flux mesurés atteignent plusieurs centaines de W * m−2 (Aubert, 1999), ce qui est plusieurs ordres de grandeurs supérieurs au flux géothermique moyen (de l'ordre de 0.05 W * m−2 ), et du même ordre de grandeur que le flux en surface généré par l'ensoleillement. Toutefois, cette méthode est difficile à mettre en oeuvre. Elle nécessite une infrastructure lourde dont l'installation de stations de mesure permanentes. De plus, le coût du système rend délicates les études à grande échelle. Finalement, les mesures restent limitées à quelques points. Or, pour connaître l'ensemble de la dynamique thermique d'un édifice volcanique, il est nécessaire de pouvoir cartographier précisément ces flux. Le flux de chaleur se manifeste en surface par une élévation locale de la température. Cette anomalie peut être mesurée par des caméras thermiques infrarouges (7.5 - 14 μm) installées sur des plate-formes aéroportées (avion, hélicoptère, drone) pour optimiser la couverture spatiale, ou bien transportées directement sur le terrain par l'opérateur pour des mesures à plus haute résolution. Pour estimer le flux de chaleur à partir de ces images, il faut donc connaître sa relation entre l'anomalie de température en surface et le flux géothermique. Cette conversion a été réalisée pour estimer le flux de lave sur des volcans actifs à partir d'images satellites (Wright et al., 2001; Harris et Rowland, 2009). En outre, des études ont été réalisées à plus petite échelle pour estimer le flux de chaleur provenant de dômes de lave, par exemple au volcan Poás (Costa Rica) (Oppenheimer, 1993). Cependant, ces études sont difficiles à transposer pour l'étude des 109 CH APITRE 5. MESURE DU FLUX GÉOTHERMIQUE zones sub-fumerolliennes. En effet, les anomalies de flux de chaleur et donc de températures de surface sont plus faibles en intensité et en surface, ce qui a pour effet d'augmenter les incertitudes relatives des mesures. De plus, ces anomalies de température de surface sont très dépendantes des conditions météorologiques, notamment la vitesse du vent, ainsi que de l'état de la surface (rugosité et émissivité). Des travaux réalisés par Sekioka et Yuhara (1974) ont permis d'estimer le flux de chaleur sur l'île Satsuma Iwo (Yuhara et al., 1978) et sur le volcan Unzen, au Japon (Yuhara et al., 1981), à partir des estimations de température du sol et de la mesure de vitesse du vent. Ces études prennent en compte la dynamique atmosphérique de manière très simplifiée sans tenir compte des effets de surface, ce qui peut générer des erreurs importantes. De plus, elles produisent une estimation des flux sans en caractériser l'incertitude. Or, dans le cadre du suivi d'un volcan, la précision de la mesure ainsi que sa répétabilité sont essentielles pour distinguer l'évolution réelle du volcan de la variabilité intrinsèque à la mesure. Il est donc important de connaître l'incertitude produite par chaque paramètre dans le résultat final. 5.2 Contexte géodynamique La Guadeloupe est un archipel volcanique localisé dans l'arc des petites Antilles. Cet arc est constitué d'un double alignement d'îles (figure 5.1) situées à quelques centaines de kilomètres de la zone de subduction du plancher atlantique sous la plaque Caraïbes (Rodriguez, 1998; Feuillet et al., 2001, 2002). Dans l'archipel de la Guadeloupe, l'île de Basse-Terre est formée d'une chaîne volcanique 110 5.2. CONTEXTE GÉODYNAMIQUE globalement orientée WNW/ESE comprenant de cinq à sept complexes d'âge décroissant du Nord au Sud. L'activité volcanique a débuté dans le nord de l'île il y a 3.5 Ma. Elle est actuellement localisée au niveau de la caldeira de la Grande Découverte dont les manifestations les plus anciennes datent de 200 ka. L'édifice de la Soufrière (16◦ 02'N, 61◦ 39'S), appartenant à ce complexe, s'est mis en place en 1530 (Boudon et al., 2008). Il a un rayon de 300 m environ et culmine à 1467 m, soit environ 200 m plus haut que le plateau environnant. Cet édifice est affecté par la faille normale de la Ty de direction N140 qui affecte la partie sud du dôme (figure 5.2). Figure 5.1 – Localisation de la Soufrière de Guadeloupe dans l'arc antillais 111 CHAPITRE 5. MESURE DU FLUX GÉOTHERMIQUE Figure 5.2 – Répartition des zones présentant ou ayant présenté une anomalie thermique (en rouge) et des points de sortie des fumerolles (étoiles bleues) autour du dôme de la Soufrière. Ceux-ci sont situés au sommet et à la périphérie du dôme, le long des grandes zones de fracture (en vert). La zone d'étude est représentée par le rectangle bleu (Beauducel, 2001; Nicollin et al., 2006). Le profil de la figure 5.3 est représenté pointillés noirs. Depuis l'éruption magmatique de 1530, au moins six éruptions phréatiques ont eu lieu. La dernière date de 1976 et a été largement documentée (e.g. Pozzi et al. (1979); Le Guern et al. (1980); Sheridan (1980); Feuillard et al. (1983)). Après cette éruption, l'activité des sources hydrothermales et des fumerolles a très fortement diminué. Seules deux zones sont restées actives pendant cette période de quiescence : la faille de la Ty et les fumerolles sommitales (Cratère Sud, Tarissan, Napoléon) (OVSGIPGP, 2012). L'activité fumerollienne a repris en 1991, avec la réactivation de l'activité sur le plateau sommital. Pendant ce temps, l'activité fumerollienne de la zone de la faille de la Ty a augmenté notablement, avant de décroître depuis quelques années. Nous nous sommes concentrés sur la zone d'anomalie thermique de la faille de la Ty. Depuis quelques années, cette zone présente deux anomalies thermiques en bordure de route, présentant . activité fumerollienne faible d'une trentaine de mètres d'extension (figure 5.3). Elles sont localisées à l'aplomb de la faille et espacées de 50 m environ. Ces anomalies sont marquées par une forte concentration en gaz volcaniques (CO2, CH4, SO2 ) preuve d'un dégazage diffus (Allard et al. (1998); Brombach et al. (2000) et figure 5.3). L'anomalie a été instrumentée par des capteurs de température à différentes profondeurs, permettant une mesure indépendante du flux de chaleur. A la surface, les anomalies de température ne dépassent jamais 100◦ C. En outre, quelques dégagements d'eau condensée à faible température (inférieures à 40◦ C) sont observables. CHAPITRE 5. MESURE DU FLUX GÉOTHERMIQUE Figure 5.3 – Mesures de températures (à 30 cm de profondeur) et de concentration en CO2 réalisées en janvier 2008 le long de la faille de la Ty. Les deux zones en grisé présentent une anomalie thermique en profondeur, avec un fort enrichissement en CO2, montrant l'existence d'un flux de chaleur associé à un dégazage diffus. La zone d'étude est représentée par le rectangle magenta, et correspond à une zone de fort flux. 5.3. ANOMALIES DE TEMPÉRATURE ET FLUX DE CHALEUR 5.3 Anomalies de température et flux de chaleur La mesure du flux géothermique à partir d'images infrarouge est basée sur le fait que le flux géothermique excédentaire d'origine volcanique génère une anomalie de température de surface. Cet excès d'énergie est évacué par l'atmosphère via plusieurs mécanismes qui sont (1) un excès de rayonnement par rapport au flux incident, (2) la convection atmosphérique, et (3) l'émission de vapeur d'eau. A l'état stationnaire, la somme de ces flux est égale au flux géothermique. Dans cette partie, après avoir explicité la relation entre la température mesurée par la caméra infrarouge et la température réelle de la surface, nous évaluerons les flux de chaleur évacués par ces trois mécanismes. Pour chaque processus, nous décrirons les paramètres physiques à prendre en compte dans les mesures. 5.3.1 Correction de la temp érature de brillance : Une caméra thermique permet la mesure de la température d'une surface à partir de l'intensité du rayonnement électromagnétique qu'elle émet. Dans le cas idéal, il existe une relation directe entre le rayonnement mesuré et la température de la surface (loi du corps noir de Planck (1901)). Or, pour une température donnée, le signal électromagnétique mesuré est généralement différent du signal théorique. En effet, une partie du signal peut ne pas provenir du rayonnement de la surface mais être réfléchie à partir de l'environnement. En outre, le signal peut être dégradé le long de son trajet à travers l'atmosphère. Ces différences provoquent des erreurs dans la mesure de la température, qu'il faut estimer. Correction des phénomènes de réflexion : Le flux électromagnétique total provenant d'une surface est la somme du flux effectivement radié et d'un flux réfléchi par cette surface. Le flux réfléchi est une fraction du flux incident. Le rapport entre le flux réfléchi et le flux incident dépend de la surface. Il est appelé "coefficient de réflexion de la surface". Dans cette étude, nous considérons qu'il est constant dans toutes les directions. Pour un objet dont la surface ne réfléchirait pas le flux incident, le flux radié ne dépendrait que de la température. Cet objet théorique est appelé "corps noir". Kirchhoff a montré que le rapport entre le flux rayonné par une surface et le flux radié par la surface d'un corps noir qui aurait la même température est une constante, que l'on nomme émissivité ε. Le coefficient ÉOTHERMIQUE de réflexion de la surface est égal à (1 − ε) (loi de Kirchhoff (1860)). La température mesurée par une caméra thermique Tc est donc : T c = ε8−14 * T + (1 − ε8 −14 ) * Tinc ( 5.1 ) où ε8−14 est l'émissivité moyenne dans les longueurs d'onde infrarouges thermiques et Tinc est la température moyenne de l'environnement mesurée par la caméra thermique. Correction des effets atmosphériques Une fois le signal émis, celui-ci voyage à travers l'atmosphère vers le capteur. Or, l'atmosphère n'est pas totalement transparente aux longueurs d'ondes infrarouges. Cette opacité partielle fait que seule une partie du signal initial arrive au capteur, ce qui diminue les contrastes de température mesurés. La proportion du signal qui arrive au capteur est la transmittance (τ ). Pour calculer la transmittance et corriger des effets atmosphériques, nous avons utilisé le programme MODTRAN4 version 2 (Kneizys et al., 1983; Berk, 1989; Berk et al., 1999b). L'absorption atmosphérique dépend en premier lieu de la distance entre le capteur et la cible. Plus le trajet du signal électromagnétique est long, plus la dégradation du signal est importante. Les effets de la non-transparence atmosphérique se font ressentir dès quelques dizaines de mètres (figure 5.4). Un deuxième facteur important est la pression atmosphérique. En effet, plus la pression est importante, plus le nombre de molécules susceptibles d'interagir avec le signal électromagnétique est important. Le signal est donc plus dégradé. La pression atmosphérique est dépendante de l'altitude de la mesure et des conditions météorologiques régionales. Enfin, la transmittance atmosphérique dépend des espèces chimiques composant l'atmosphère. Parmi elles, la vapeur d'eau est un puissant absorbant du rayonnement électromagnétique thermique. Contrairement aux autres gaz dont la proportion est relativement constante, la teneur en eau peut varier du simple au quadruple pour une variation de température d'une vingtaine de degrés. La transmittance atmosphérique et donc la qualité du signal sont par conséquent très influencées par la pression partielle en vapeur d'eau. Celle-ci est dépendante (1) de la température atmosphérique, qui conditionne la pression de vapeur e qui peut être contenue dans l'atmosphère (pression de vapeur saturante), et (2) de l'humidité relative qui représente la fraction de cette pression maximale de vapeur d'eau qui est effectivement contenue dans l'atmosphère (degré hygrométrique). La figure 5.4 montre une forte dépendance de la température sur la transmittance atmosphérique. Plus la température 5.3. ANOMALIES DE TEMPÉRATURE ET FLUX DE CHALEUR est élevée, plus l' atmosphère pourra contenir de l'eau, et, à humidité relative constante, plus elle sera opaque. Il est donc essentiel de mesurer, en plus de la distance cible/capteur, la température et l'humidité relative de l'atmosphère. Figure 5.4 – Valeur de la transmittance atmosphérique dans le domaine infrarouge thermique en fonction de la distance d'observation, pour différentes températures et à une humidité relative de 75 %, d'après MODTRAN4 version 2. Une transmittance de 0.8 signifie que le contraste de température entre l'anomalie et une zone sans anomalie est diminué d'un facteur 0.8. Plus la température augmente, plus l'humidité spécifique de l'atmosphère augmente, ce qui fait baisser la transmittance. Les corrections de la réflexion et de l'opacité atmosphérique permettent d'obtenir, à partir de l'image thermique infrarouge, une carte des températures de surface corrigées. Les anomalies de températures de surface sont la signature d'un flux géothermique anormal. La chaleur excédentaire est vers atmosphère 5.3.2 Excès de flux radié Une partie du flux géothermique est évacuée par la surface par radiation : l'augmentation locale de la température de surface provoquée par le flux géothermique induit un excès de flux radié. Dans le cas d'un corps noir, l'équation de Stefan-Boltzmann relie le flux total radié par une surface φB à la température T de cette surface φB = σ * T 4 (5.2) où σ est la constante de Stefan-Boltzmann qui vaut 5.67 × 10−8 W * m−2 * K−4 et T est la température en Kelvin. Sur les surfaces naturelles, seule une fraction de ce flux est effectivement radiée (voir partie 5.3.1). Cette fraction est l'émissivité moyenne de l'ensemble du spectre électromagnétique (ε). Pour calculer la part interne du flux radié, on lui soustrait au flux radié total le flux radié par une surface de référence. Finalement, le flux géothermique évacué par radiation φB,g s'écrit : φB,g = ε * σ * [(T0 + ∆T )4 − T04 ] (5.3) où ∆T est l'anomalie de température de surface mesurée au niveau de l'anomalie et T0 la température de référence, mesurée sur une surface équivalente non soumise au flux géothermique. La relation entre l'anomalie de température et l'excédent de flux radié est donnée par la figure 5.5. 5.3.3 Excès de flux sensible Le flux sensible correspond au flux de chaleur transporté par l'atmosphère sans prendre en compte la vapeur d'eau. La chaleur est principalement transportée par la convection de l'atmosphère. Si 118 5.3. ANOMALIES DE TEMPÉRATURE ET FLUX DE CHALEUR Figure 5.5 – Excédent de flux radié [en W * m−2 ] par une surface présentant une anomalie thermique par rapport à une surface de référence. L'excédent de flux radié augmente avec l'excédent de température, mais aussi avec la température de référence qu'aurait une surface non soumise au flux géothermique. la température de l'atmosphère est plus fa ible que la température de l'anomalie , le sol réchauffe l'atmosphère. Le mouvement d'air créé par la convection permet ensuite l'évaluation de cette chaleur. Ce mouvement peut être causé par : – Le vent d'origine régionale, qui est un forçage externe (convection forcée). – Le mouvement des masses d'air dû à l'expansion de l'air réchauffé au contact du sol par rapport à l'atmosphère ambiante (convection libre). L'efficacité du transport est contrôlée (1) par la capacité de transport de l'atmosphère, (2) par la vitesse du déplacement de l'atmosphère et (3) par les turbulences générées à proximité de la surface. Ces turbulences sont générées par l'interaction de l'atmosphère et du relief de surface. Pour un relief donné, plus la rugosité de surface est importante, plus les turbulences dans la couche limite sont importantes et plus l'évacuation de chaleur par le flux sensible est efficace. 119 CHAPITRE 5. MESURE DU FLUX GÉOTHERMIQUE L'étude de la relation entre la température de surface et le flux sensible a été réalisée à la fois dans le cadre des études physiques et des étud météorologiques. Les modèles décrits ici présentent ces deux approches différentes. Modèle physique de Schlichting (1968) et Neri (1998) Schlichting (1968) et Neri (1998) proposent une formule empirique pour le calcul du flux sensible dans le cadre de la convection forcée. Leur raisonnement est basé sur l'étude des nombres adimensionnels (Nombre de Reynolds, nombre de Nusselt, etc.). La prise en compte de la rugosité est une relation empirique, déterminée à partir d'expériences de laboratoire sur un milieu rugueux. In fine, le flux sensible s'écrit : # φs ≈ 1500 * u * ( T (z) − Ts ) * 0.27 + 1.62 * log ( z z0 M ) $− 2.5 (5.4) où T (z) est la température de l'atmosphère mesurée à une hauteur, u la vitesse du vent z au-dessus du sol, Ts est la température de surface, z est l'altitude de la mesure et z0M est la rugosité. Modèle micrométéorologique Les modèles météorologiques sont basés sur la définition de grandeurs caractéristiques de la dynamique atmosphérique. On définit ainsi la vitesse caractéristique ou vitesse de friction (u⋆ ), la température caractéristique (T⋆ ), et la longueur caractéristique ou longueur de Monin-Obukhov (L) par les formules suivantes : u⋆ = T⋆ = κ * u(z) 1 log! 1 z z0M 0.74 * log! " − ψM! z LM O " + ψM! z0M LM O κ * (T (z) − Ts ) z z0H " LM O = − − ψH! z LM O u2⋆ * T (z) κ * g * T⋆ 120 " + ψH! (5.5) "2 z0H LM O "2 (5.6) (5.7) 5.3. ANOMALIES DE TEMPÉRATURE ET FLUX DE CHALEUR où κ est la constante de Von Kármán (qui vaut 0.41) et ψM et ψH sont des fonctions d'ajustement, appelées fonctions de similitude, et dont l'expression est discutée dans HoÈgstroÈm (1988). Le flux de chaleur sensible s'écrit alors : (5.8) φs = ρair * cair * u⋆ * T⋆ où ρair et cair représentent respectivement la masse volumique et la chaleur massique de l'air (ρair * cair ≈ 1200 J * K−1 * m−2 à 20 ◦ C). Dans ce modèle, chaque grandeur caractéristique est définie en fonction des autres. Lors du calcul, on procède donc par itérations successives (Garratt, 1994). Il est possible d'utiliser l'approximation polynômiale de Mascart et al. (1995), reliant directement le flux aux variables mesurées (rugosités, vitesse du vent et températures de l'atmosphère et du sol). Dans le cas où le vent est faible ou nul, les é quations 5.4 et 5.8 donnent un flux de chaleur nul. Dans la réalité, si la température du sol est plus élevée que la température de l'atmosphère, un régime de convection libre se met en place : l'air est chauffé près de la surface, sa masse volumique diminue et il remonte dans l'atmosphère. Il existe de nombreux modèles empiriques liant le contraste de température et le flux de chaleur évacué par la convection libre. La plupart ne prennent pas en compte la rugosité de surface. Or, il a été montré que la rugosité pouvait induire une augmentation du flux de chaleur sensible d'un facteur 4 (e.g. Rao et al. (1996); Kondo et Ishida (1997); Neri (1998)). Comparaison des deux modèles La figure 5.6 montre une grande proximité de résultats entre les deux modèles. Pour les vents faibles, le modèle de Schlichting (1968) et Neri (1998) qui ne prend pas en compte la convection libre sous-estime le flux de chaleur sensible. CHAPITRE 5. MESURE DU FLUX GÉOTHERMIQUE Les deux modèles présentent des différences pour les fortes rugosités, en particulier pour les forts flux de chaleur et les fortes rugosités. Ces conditions particulières sont situées hors des domaines d'application de ces deux modèles. En effet, les modèles micrométéorologiques ont été réalisés uniquement pour des faibles contrastes de température, et le modèle physique de Schlichting (1968) et Neri (1998) n'a été validé que pour des rugosités millimétriques à centimétriques. En fonction des conditions d'observation, on utilisera donc l'un ou l'autre. (a) Valeur du flux sensible (en W * m2 ) calculée d'après Schlichting (1968) et Neri (1998) (eq 5.4) pour une rugosité de 1 mm (b) Valeur du flux sensible (en W * m2 ) calculée d'après les équations 5.5 à 5.8 pour une rugosité de 1 mm Figure 5.6 – Comparaison des modèles physiques et météorologiques, pour le calcul du flux sensible en fonction de la vitesse du vent et du contraste de température entre le sol et l'atmosphère à 2 m. Le flux augmente avec la vitesse du vent. Pour les faibles vitesses, seul le modèle micro-météorologique prend en compte la convection libre et donne un flux non nul. Finalement, le calcul du flux sensible fait appel (1) à la différence de température entre le sol et l'atmosphère, (2) à la vitesse du vent et (3) à la rugosité de surface. Les modèles physiques ne prenant pas en compte cette rugosité (e.g. Al-Arabi et El-Refaee (1978); Holman (1990); Bejan (2004)) sous- 122 5.3. ANOMALIES DE TEMPÉRATURE ET FLUX DE CHALEUR évaluent de manière importante le flux sensible (d'un facteur 4 pour les vents importants sur des rugosités décimétriques). Comme pour le flux radié, l'excédent de flux sensible produit par le flux géothermique est calculé par la différence de flux entre la zone étudiée et une surface de référence. 5.3.4 Flux de vapeur d'eau Dans le cas des zones fumerolliennes, une partie de la chaleur est transportée par la vapeur d'eau. En effet, le refroidissement et la condensation de cette vapeur dans l'atmosphère libèrent de l'énergie, qui est donc contenue sous forme d'énergie potentielle dans la vapeur d'eau. La chaleur transportée par la vapeur d'eau est libérée soit par la condensation, soit par le refroidissement du panache de vapeur. L'énergie qui est libérée par le refroidissement du panache est quasiment égale à l'énergie nécessaire au réchauffement de l'eau condensée qui redescend (Aubert, 1999). La chaleur transportée par la vapeur d'eau est donc le produit de la quantité de vapeur d'eau contenue dans l'atmosphère et de la chaleur latente de condensation. La chaleur latente de condensation étant une constante, le flux de chaleur transporté par les gaz est proportionnel à la quantité maximale de vapeur d'eau que peut contenir l'atmosphère. La pression partielle en vapeur d'eau est une fonction directe de la température. ( 5120 P = 10 * exp 13.72 − T 5 ) (5.10) En profondeur, la pression partielle de vapeur d'eau est égale à la pression atmosphérique. A proximité de la surface, la température du sol diminue ; la pression partielle en vapeur d'eau, et donc le flux de vapeur d'eau diminue. A proximité de la surface, la chaleur est transportée majoritairement par conduction (Aubert, 1999; Aubert et al., 2007). Pour calculer le flux de vapeur d'eau, on utilise le fait que la conduction est négligeable en profondeur. Par conséquent, le flux de chaleur (φ) y est uniquement transporté par la vapeur d'eau (φv ) (Aubert, 1999). A une profondeur donnée, on peut donc exprimer le flux transporté par la vapeur d'eau comme une fonction du flux géothermique total (φ) et de la température à cette profondeur 123 CHAPITRE 5. MESURE DU FLUX GÉOTHERMIQUE φ v = φv , prof * P sat Psat,prof = φ * exp ( 5120 5120 − Teb T ) ( 5.11) où Teb est la température d'ébullition de l'eau à l'altitude considérée. La proportion du flux de chaleur qui est transporté par la vapeur d'eau est représentée sur la figure 5.7. Pour une surface à 30◦ C, ce flux correspond à 4% du flux total, et pour une surface à 50◦ C, il correspond à 11.7% du flux total (figure 5.7). Figure 5.7 – Proportion du flux géothermique qui est transporté par la vapeur d'eau, en fonction de la température. Plus la température est élevée, plus la pression partielle en vapeur d'eau est importante et plus la proportion du flux géothermique est importante. 5.4. EXPÉRIENCE À LA FAILLE DE LA TY 5.4 Expérience à la faille de la Ty 5.4.1 Cadre expérimental Le calcul du flux de chaleur surfacique nécessite donc, outre la mesure de la température de surface, l'évaluation d'un certain nombre de paramètres. 1. Les paramètres atmosphériques (température, humidité et vitesse du vent) ont une influence sur sa transparence aux longueurs d'onde infrarouges (partie 5.3.1), mais aussi sur la vigueur du flux sensible (partie 5.3.3). 2. L'état de surface (rugosité et émissivité) influe à la fois sur la mesure de la température de surface (partie 5.3.1) et sur l'évaluation des flux radiés (partie 5.3.2) et sensibles (partie 5.3.3). Entre le 08/03/2012 et le 17/03/2012, nous avons réalisé six mesures du flux thermique dans des conditions météorologiques variables. Pour cela, la température de la surface a été mesurée par imagerie thermique infrarouge. Parallèlement, les paramètres atmosphériques ont été mesurées à 2 m d'altitude (figure 5.8). Pour valider notre méthode, nous avons mesuré indépendamment le flux géothermique grâce à un profil vertical de température. Celui-ci est mesuré grâce à une série de thermomètres implantés à différentes profondeurs (figure 5.8). Pour limiter les incertitudes dues aux hétérogénéités horizontales et aux erreurs intrumentales, deux thermocouples ont été utilisés à chaque profondeur. 5.4.2 Mesure infrarouge Les mesures thermiques sur la faille de la Ty (Figure 5.9) ont été réalisées grâce à une caméra thermique non refroidie à microbolomètres, sensibles aux émissions du signal électromagnétique des objets dans les longueurs d'onde 8 à 14 μm. La caméra Fluke Ti32 comporte, en plus de son objectif thermique de 320 × 240 pixels, et de résolution 0.045 ◦ C, un objectif optique de 640 × 480 pixels. L'objectif infrarouge, de fauchée 23×17◦, permet d'obtenir, à 15 m de distance, des images thermiques avec une résolution spatiale de 2 cm et une couverture de 6 m de largeur environ. La température de la surface a été mesurée en moyennant l'ensemble des pixels de la zone d'étude (figure 5.10) 125 CHAPITRE 5. MESURE DU FLUX GÉOTHERMIQUE Figure 5.8 – Dispositif expérimental de mesure du flux de chaleur. Le flux est à la fois mesuré par un profil vertical de température, réalisé grâce aux thermocouples, et par imagerie thermique infrarouge. Le vent et la température de l'atmosphère sont mesurés en continu. La calibration des caméras permet d'améliorer la précision des mesures. La correction de nonuniformité, réalisée toutes les minutes par la caméra, permet de corriger la dérive individuelle de chaque détecteur et d'obtenir une image homogène. De plus, les caméras sont calibrées avant et après l'expérience ( parti e 2.3 ). La pré cision de la mesure thermique annoncée par les constructeurs des caméras est de 2 ◦ C, ce qui correspond à l'erreur observée lors de la calibration des caméras (voir partie 2.3 et la figure 2.11). L'incertitude sur l'anomalie de température est plus limitée grâce à la correction de non-conformité (inférieure à 0.5 ◦ C). 5.4.3 Mesure des paramètres atmosphériques Nous avons vu précédemment que la correction de l'opacité atmosphérique fait appel à l'humidité et à la température tout au long du trajet du rayon infrarouge (partie 5.3.1). Le calcul du flux sensible 126 5.4. EXPÉR IENCE À LA FAILLE DE LA TY 1m (a) Prise de vue rapprochée de la zone d'étude, prise le 17/03/2012 par la caméra FlukeTi32. 36 ◦ C 1m 21 ◦ C (b) Image infrarouge thermique correspondante. On note une grande hétérogénéité spatiale de l'anomalie de chaleur Figure 5.9 – Prises de vue de la faille de la Ty sur le volcan de la Soufrière de Guadeloupe par une caméra au sol, lors de la mission DOMOSCAN, montrant les anomalies thermiques générées par l'anomalie de flux géothermique. Ces images sont les images brutes, c'est-à-dire non corrigées des effets de l'émissivité et de l'absorption atmosphérique. La zone encadrée en magenta pointillée correspond à la zone instrumentée par des thermocouples (voir fig 5.10). La zone encadrée en trait vert continu correspond à la zone de référence avec un flux géothermique négligeable. 127 CHAPITRE 5. MESURE DU FLUX GÉOTHERMIQUE 31 ◦ C 10 cm 22 ◦ C Figure 5.10 – Vue rapprochée en infrarouge thermique de la zone d'étude montrant l'anomalie de chaleur et les thermocouples (plus froids que le reste de l'image). Les numéros correspondent à la profondeur en centimètres des thermocouples. La température de surface est moyennée dans la zone en pointillé bleue. On note une forte hétérogénéité de température (écart-type de 1.5◦ C) sur la surface étudiée. requiert pour sa part la mesure de la température et de la vitesse du vent à une altitude donnée (partie 5.3.3). La température, la vitesse du vent et l'hygrométrie ont été estimées à 2 m d'altitude par un thermomètre-anémomètre-hygromètre, le Testo 410-2, donnant une précision de 0.2 m * s−1 pour le vent, de 0.5 ◦ C pour la température et de 2.5% pour l'humidité de l'air, ainsi que par la station météorologique du sommet de la Soufrière. La météorologie locale étant très variable dans le temps, lors du calcul du flux sensible, la vitesse du vent et la température de l'atmosphère sont moyennés sur les 3 dernières heures. Pour la correction des images infrarouges, le profil est extrapolé en altitude en considérant une humidité relative constante et un gradient thermique de 6 ◦ C * km−1, caractéristique des domaines tropicaux. 5.4. EXPÉRIENCE À LA FAILLE DE LA TY 5.4.4 Mesure de l'état de surface L'état de la surface est représenté par (1) la rugosité, correspondant au relief moyen de la surface et influençant la vigueur de la turbulence, et (2) par l'émissivité, décrivant le flux radié par la surface. Ces deux paramètres peuvent être estimés sur le terrain. Dans le cas d'une surface granulaire, la rugosité z0M est une fonction directe du diamètre moyen des grains qui la composent. Dans le cas où le milieu n'est pas granulaire, des ajustements ont été proposés (e.g. Schlichting (1968); Lettau (1969); Counehan (1971); Macdonald et al. (1998)). Les différentes formules présentent des disparités assez importantes, mais sont généralement basées sur le rapport entre l'aire frontale des obstacles Af et la surface qu'ils occupent Ad. Nous avons utilisé la formule de Lettau (1969) pour avoir un ordre de grandeur de la rugosité : z0M ≈ 0.5 * H * Af Ad (5.12) où H est la hauteur moyenne des obstacles. On montre que dans le cas d'un milieu granulaire, z0M ≈ 0.2 * H. Une discussion sur les différentes formules pour le calcul de z0M peut être trouvée dans Macdonald et al. (1998). La longueur z0H a longtemps été considérée comme étant égale à z0M (e.g. Louis (1979)). Or, les processus moléculaires impliqués pour la diffusion de la température et de la quantité de mouvement étant différents, le rapport entre z0H et z0M peut être très différent de 1. Il a été montré que faire cette approximation mène à d'importantes erreurs dans l'estimation du flux de chaleur (Mascart et al., 1995; Verhoef et al., 1997; Su et al., 2001). Le rapport entre z0H et z0M est très documenté dans la littérature, sous la forme du facteur kB −1 (e.g. Owen et Thomson (1963); Cahill et al. (1997); Verhoef et al. (1997); Blümel (1999); Su et al. (2001)). Pour un sol rugueux, on peut écrire (Brutsaert, 1982; Verhoef et al., 1997) :! z0H ≈ z0M * exp −60 * (u⋆ * z0M )0.45 " (5.13) où u⋆ est une la vitesse de friction, définie dans les équations 5.5 et 5.9. L'émissivité, elle, peut être mesurée directement sur le terrain par la méthode présentée par Rubio et al. (1997) en utilisant une boîte réfléchissante (Appendice A). Toutefois, l'inexistance de matériaux 5.4.5 Mesure du profil thermique Pour valider notre protocole, nous avons comparé nos mesures à la méthode de calcul traditionnelle, qui consiste à déduire le flux géothermique du profil vertical de température. Deux séries de thermocouples ont été installés dans le sol, à 5, 10, 15, 20, 30, 40 et 50 cm de profondeur. Dans le sol, le flux géothermique est transporté soit par convection de la vapeur d'eau, soit par conduction. En considérant une vitesse constante d'ascension de la vapeur d'eau, on peut écrire que le flux transporté par vapeur d'eau est proportionnel à la pression de vapeur saturante, le reste étant transporté par conduction (voir partie 5.3.4) : φ = −k * ( 5120 5120 dT − + φ * exp dz Teb T ) (5.14) k représente la conductivité thermique de la roche, de l'ordre de 1 W * m−1 * K−1 et Teb la température ébullition de l'eau. Le profil mesuré sur la figure 5.2 correspond à un flux de chaleur de 275 W * m−2 environ (figure 5.11).
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Les conflits armés ouest-africains : Sénégal, Mali et Côte-d'Ivoire. Lecture des guerres pour la reconnaissance. Science politique. Université Paris-Saclay, 2021. Français. &#x27E8;NNT : 2021UPASU013&#x27E9;. &#x27E8;tel-04587618&#x27E9;
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Implications morales et politiques de l’acte de reconnaissance Le comportement expressif signale sous une forme symbolique le type d’action ultérieure dans lequel l’acteur ou le sujet est prêt à s’engager248 (dans un geste de bienvenu, on s’attend à des actions bienveillantes). Les gestes expressifs – qui peuvent aussi être considérés comme des méta-action selon Honneth – signalent symboliquement des types de comportements auquel le partenaire peut logiquement s’attendre. En « accomplissant un geste de reconnaissance envers une autre personne, nous lui faisons prendre conscience que nous nous sentons obligés d’agir envers elle d’une façon qui soit bienveillante ». L’absence de geste de reconnaissance signifie que la personne doit s’attendre à des actions hostiles (exemples : le 245 Idem p.141 Idem p141 247 Idem p.144 248 Idem p.145 246 218 manque d’hospitalité, le refus d’accueil, pas de salutation). Les actes expressifs sont un élément moral de la reconnaissance. Ils matérialisent le respect qui chez Kant est « la représentation d’une valeur qui contrarie mon amour-propre ». En d’autres termes, le sujet s’interdit toutes les actions qui seraient le résultat d’impulsions égocentriques. En outre, sous l’angle moral il faut considérer que « dans l’acte de la reconnaissance, un décentrement s’opère chez le sujet parce qu’il concède à un autre sujet une « valeur » qui est la source d’exigences légitimes qui contrarient son amour-propre. « Confirmation » ou « affirmation » signifie alors que le partenaire dispose d’autant d’autorité morale sur ma personne que j’ai conscience d’en avoir moi-même en ce que je suis obligé d’accomplir ou de m’abstenir de certains types d’action »249. Cependant, les gestes expressifs peuvent avoir des significations différentes selon le contexte social. De nombreuses et différentes appréciations peuvent correspondre une multitude de gestes. Ainsi l’acte de reconnaissance est : « l’expression visible d’un décentrement individuel que nous opérons en réponse à la valeur d’une personne. Nous affirmons publiquement, par des gestes appropriés et des expressions du visage, que nous concédons à l’autre personne une autorité morale sur nous, sur la base de sa valeur ; ce qui impose des limites à la réalisation de nos envies spontanées et de nos inclinations » (Honneth, p 150). Vu sous cet angle, nous pouvons considérer que les conflits intergroupes voire les conflits armés qui opposent un groupe social à un Etat central sont des processus d’interactions à travers lesquels les actes de connaissances de l’altérité ont été, sous leur dimension expressive, mal formée, pas du tout formée voire déformée – la reconnaissance négative est proportionnelle au niveau graduel des atteintes aux expressions de la connaissance. L’absence des propriétés morales (respect, dignité humaine) dans le rapport à l’altérité – qui est une relation de connaissance, d’identification, d’affirmation d’autrui en tant qu’être pleinement humain – conditionne les déformations dans l’acte de reconnaissance, détermine la formation des expressions décalées par rapport aux identités réelles et imaginées (être humain avec des propriétés sociales propres), et créent des réactions d’humiliations, de honte, de déclassement, de dévalorisation. Tout procédé de neutralisation du processus de reconnaissance, est susceptible de créer les conditions du conflit. Les implications de l’acte de reconnaissance se retrouve aussi dans le problème des libertés. Quel est le cadre politique et social dans lequel les individus et groupes d’individus peuvent s’épanouir librement? Quelles sont les institutions sociales à travers lesquelles les sujets peuvent interagir et faire l’expérience d’une liberté qui ne soit ni simplement « négative », c’est-à-dire non-contrainte, ou « positive » (autonomie de la volonté) mais bien plus « objective », c’est-à-dire liée aux institutions sociales250. Par « liberté objective » Hegel entend « une certaine liberté individuelle qui permet à l’individu de se reconnaître lui-même dans les pratiques institutionnelles en interaction avec d’autres »251. Les sujets selon Hegel ne peuvent dans les temps modernes réaliser leurs fins qu’en s’engageant dans des pratiques intersubjectives. Cette liberté implique le droit offert aux individus d’avoir des possibilités dans toutes les interactions, y compris de pouvoir se retirer de certaines obligations et contraintes, de contester certaines pratiques. Selon Honneth, en raison d’une prédominance intellectuelle de la tradition libérale, et en raison de l’absence d’une idée socialiste forte, nous avons tendance à comprendre de nos jours nos « libertés institutionnalisées en termes individualistes et par là-même nous ignorons que ces libertés n’existent que dans une mutuelle reconnaissance »252. Il faut comprendre les phénomènes sociaux (marché, les relations interpersonnelles, relations intergroupes) en termes de liberté sociale plutôt qu’en termes de libertés égocentrées. En déclarant le primat de la reconnaissance sur la connaissance, Honneth souligne les problèmes que posent certains rapports marchands qui conduisent à des formes de réifications des relations sociales. Cette réification est une pathologie sociale. Et c’est lorsque les individus s’observent et se considèrent, en oubliant de mettre au centre de cette interaction « la reconnaissance préalable » de l’autre comme sujet humain, qu’émergent des formes de mépris social. Ce mépris social est déni de reconnaissance. Et c’est ce qui reste du social, lorsque dans des situations guerrières, le regard du chercheur nous guide sur les processus et mécanismes de discriminations et d’exclusion qui peuvent sous-tendre des conflits armés. Et lorsque certains procédés de réification affectent les fondements d’une justice sociale, d’une confirmation de la contribution sociale des uns et des autres, les luttes pour la reconnaissance peuvent être le signe que des individus ou des groupes d’individus considèrent certaines de leurs propriétés sociales méconnues, ignorées, déniées. Considérer que des individus peuvent être motivés à ce que 250 Honneth p.155 Honneth, p.155 252 Axel Honneth et Cohen Joseph, « Liberté et reconnaissance », Cités, 2013/2 n°54, p. 154 251 220 certaines de leurs capacités individuelles, collectives soient reconnues, nous fait reconsidérer la lecture des motivations à la guerre. Dans le cadre des conflits armés intra-étatiques, des mouvements rebelles, ou des groupes sociaux peuvent être motivés par la quête de confirmation de leur contribution sociale, par leur dignité, par le respect. « La grammaire morale » que propose Honneth, peut être insuffisante dans l’appréhension de certaines violences politiques. Honneth conceptualise le mépris social comme une forme d’atteinte et une cause certaine de conflit pour la reconnaissance. Cependant, tous les acteurs ne sont pas sensibles au mépris ou à l’offense. De même tous les acteurs ne peuvent être sensibles à un mépris social au même degré, de la même façon. Le mépris social ne conduit donc systématiquement pas aux conflits. Il peut faire l’objet de négociations, d’arrangements. Les luttes pour la reconnaissance sont aussi à observer dans les résistances non violentes. Les phénomènes de résistances à la domination, à l’humiliation, à l’oppression, à l’offense, dépendent de multiples facteurs dont le cadre intersubjectif, l’image que revendiquent les belligérants, les formes de mépris. Quelles sont donc les conditions du déni de reconnaissance? 3. Conditions du déni de reconnaissance? Honneth et Taylor ont démontré que l’expérience de la reconnaissance positive – entendons reconnaissance mutuelle, reconnaissance réciproque - chez l’individu et le groupe contribue à construire une expérience sociale « heureuse » pour ces derniers, en ce sens qu’ils ont un rapport positif à eux-mêmes, une conscience d’eux-mêmes comme être autonomes dignes de respect. Faire donc l’hypothèse des dénis de reconnaissance, que nous considérons comme une cause probable de conflictualités, c’est d’abord et avant tout reconnaître la possibilité et l’existence de reconnaissances positives qui se traduiraient en des expériences dont le rapport de l’individu ou du groupe d’individus avec la communauté de vie est positif au sens des images renvoyées voire de la confirmation des attentes de reconnaissance des uns et des autres. Les « formes de reconnaissances négatives »253 se caractérisent par la production de « blessures morales » (Axel Honneth [2000], Tugendhat[1998], Renault [2000]. Les conditions de production de ces blessures sont multiples autant que le sont les contextes ou « cadres 253 (Lazzeri et Caillé 2004) 221 moraux »254 qui les sous-tendent. Selon Alain Caillé et Christian Lazzeri trois conditions sont à la source des blessures morales, la première comportant trois variantes. D’abord, ils soulignent que pour que « la dépréciation puisse se produire, il faut que le mécanisme de la reconnaissance ait déjà fonctionné et qu’il ait pu produire des effets d’estime de soi, c'est-à-dire celui qui subit la dépréciation dispose déjà d’une représentation positive de soi et soit doté à ses propres yeux d’une certaine valeur »255. Trois variantes à cette condition. D’une part, la capacité d’un agent, reconnue dans certaines circonstances se retrouve affectée d’une valeur négative. Dans ce premier cas de figure ce sont les valeurs des capacités qui sont en jeu, plutôt que l’agent lui-même qui les possède. D’autre part, la dépréciation peut aussi consister dans le fait de ne pas admettre que l’agent en question possède une capacité qui fait l’objet de reconnaissance. Ce qui est donc en cause c’est plus l’agent que les valeurs des capacités256. Enfin l’ignorance ou l’indifférence257 des capacités de l’agent peuvent constituer la troisième variante. Dans ce cas de figure, les acteurs s’abstiennent d’attribuer une valeur aux capacités et aux qualités de l’agent. Ensuite, le contexte culturel de la reconnaissance reste en soi et pour la reconnaissance une condition déterminante. Le contexte permet de comprendre l’acte de mépris. Pour qu’il existe un sentiment de mépris, il faut que « ceux qui en font l’objet comprennent la signification sociale de la valeur négative affectant telle ou telle capacité ou affectant son absence ; sans cela ils ne peuvent vraiment pas comprendre de quoi ils sont exclus, pourquoi ils sont exclus ou à quoi ils sont assimilés »258. Les groupes sociaux qui s’estiment exclus de l’Etat affichent des attentes non satisfaites par les gouvernements. En outre, toujours dans la perspective du satisfecit sur le fonctionnement de l’Etat, la connaissance de l’Etat peut conduire ces groupes sociaux à le rejeter ou le défier, au regard des attentes qu’ils ont d’eux-mêmes. Enfin, pour que le mépris existe il faudrait qu’il n’y ait pas de résistance assez forte au sens axiologique et idéel pour permettre la vulnérabilité. Selon les termes de Alain et Christian, il « faut que les agents en question ne possèdent pas de communauté réelle ou idéelle de référence dont la reconnaissance positive vienne compenser intégralement la première, ou bien 254 (Taylor et al. 2019) Lazzeri et Caillé, 2004, op cit., p.104 256 Op, cit., p 104 257 Selon nos auteurs l’indifférence n’est pas une dénégation directe. 258 Idem p.105 255 222 que la reconnaissance qu’elle leur fournit ne soit pas assez intense pour contrebalancer efficacement la première »259. Dans une logique de cause à effet – le déni de reconnaissance étant ici l’effet- il y a besoin que les conditions de productions des blessures morales soient réunies pour que la reconnaissance négative prenne forme. Les effets du processus de dépréciation sont quant à eux manifestes sous plusieurs formes : conflits de représentation de soi. L’individu dans le rapport conflictuel à soi doute d’abord avant de chercher à s’affirmer par des moyens divers d’expressions que lui offre son espace de vie sociale et politique. L’infinité des propriétés crée du même coup une pluralité de préférences et de désirs. Ce qui ajoute de la difficulté à ce qu’il convient d’appeler reconnaissance. Qu’est-ce qu’on souhaite en effet voir être reconnu, « appartenance civique, culturelle ou religieuse, des compétences ou encore des particularités individuelles etc...? Comment considérer une reconnaissance qui n’est envisageable que dans son aspect pluriel et infini? Hegel a prétendument développé dans ces travaux à titre d’hypothèses quelques formes fondamentales de reconnaissance qui tout en prenant en compte la variété des attentes et des demandes de reconnaissances, n’épuisent pas pour autant l’infinité des propriétés et des préférences de reconnaissance260. Ces formes correspondent à trois types de rapports sociaux indispensables à la vie humaine : d’une part, les rapports sociaux liés à la distribution des formes d’estime sociale aux individus (ethnicité sociale), le travail prend une grande place dans cette forme de reconnaissance ; d’autre part les relations juridiques liées au statut de la propriété et de la citoyenneté (le droit) ; enfin les rapports interpersonnels propres aux rapports familiaux et amicaux (l’amour). La compétence, l’appartenance et l’amour sont les trois espaces de reconnaissance qui découlent selon Caillé et Lazzeri, des travaux du maître Hegel. B- Violences symboliques et conflits armés ouest-africains La lecture des conflits armés sous le prisme des luttes des reconnaissances antagoniques (Caillé et Lindemann 2016a, 2016b; Epstein et Lindemann 2016) permet dans un premier temps de prendre des distances par rapport à une grille classique d’analyse de ces conflits qui surestime les rationalités matérielles dans l’engagement violent. Dans les configurations de conflictualités entre les armées nationales de l’État central et les mouvements rebelles, les 259 260 Idem p.105 (Hegel 2006) 223 derniers ont de légères garanties de gagner la guerre et d’obtenir l’indépendance revendiquée par les armes - dans le cas d’espèce des mouvements rebelles sécessionnistes. En outre, les justifications morales de recours à la violence, relatives aux revendications de justice sociale, de considération égalitaire, de valorisation des contributions des uns et des autres, ne sont pas à mettre dans le compte des « caprices » des rébellions, ou encore sous le sceau du besoin pour les leaders rebelles voire politiques d’instrumentaliser pour mobiliser. Il est vrai que toute guerre nécessite des justifications irriguées par des doléances. Il n’est pas moins vrai que toutes les justifications n’ont que pour seule finalité la mobilisation collective. Les émotions qui contribuent à faciliter les mobilisations rebelles, et qui sont liées à des traitements particuliers – absence ou déni de reconnaissance – doivent faire l’objet d’une attention particulière. Cet intérêt pour les attentes de reconnaissance, les formes de déni ou de méconnaissance, permet de décentrer la question de l’étude des conflictualités longtemps demeurée sur la criminalisation des mouvements rebelles, vers un regard sur les rapports sociaux de groupes, les rapports Etats/groupes sociaux, et mieux les rapports sociaux de reconnaissance. Il n’y a d’intérêt pour une telle démarche que si nous nous accordons que la reconnaissance est un besoin vital pour l’individu mais aussi pour le groupe, voire l’Etat luimême. 1- Les limites des explications classiques des conflits armés internes La lecture des conflits armés internes est dominée principalement par deux interprétations. L’explication de ces conflits met au centre de l’analyse d’une part les écarts entre les doléances des groupes sociaux et leur satisfaction par le gouvernement étatique. Plus l’écart est important plus la probabilité de violence l’est aussi. La « frustration relative » serait ainsi le moteur de la violence (Cederman, Gleditsch, et Buhaug 2013; Gurr 2015). D’autre part, un accent particulier est mis sur les facteurs socioéconomiques et politiques qui concourent à créer des conditions permissives au recours à la violence pour des gains matérielles économiques et politiques (Fearon 2009, 2011; Taydas, Peksen, et James 2010). Les mouvements rebelles seraient motivés par le gain matériel (Collier 2005; Collier et Hoeffler 2004). Ces deux ensembles d’interprétation se rejoignent dans la lecture rationaliste et matérialiste des conflictualités, et rencontrent des limites. Soulignons qu’il faille tout de même distinguer les conditions dans lesquelles le recours à la violence prend forme et , et les motivations des acteurs à recourir à la violence pour quelque finalité que ce soit. La « frustration » suffit-elle à expliquer l’engagement violent contre l’autorité centrale étatique? Selon la thèse de la « frustration relative », les groupes sociaux, les mouvements rebelles recourent à la violence lorsque leurs attentes ou doléances ne sont pas satisfaites par les gouvernements. Plus l’écart entre les revendications, doléances et leurs satisfactions est grand, plus la frustration ressentie est aussi grande. Des inégalités horizontales - entre les groupes sociaux- peuvent par exemple constituer des sources de frustrations. Les explications des causes et origines des conflits armés qui opposent les mouvements rebelles de Casamance à l’Etat du Sénégal, depuis le début des années 80, s’articulent principalement autour des approches économiques et sociologiques des inégalités entre des régions du Nord du Sénégal qui jouiraient d’une meilleure santé économique et de meilleures conditions socioéconomiques, et un Sud (la Casamance) en mal de développement, en manque d’infrastructures, de services sociaux de qualité. Les inégalités régionales expliqueraient les conflits armés qui opposent le MFDC au gouvernement du Sénégal. Dans le même ordre d’idée, ces inégalités régionales seraient le fait de politiques discriminatoires volontaires de l’État central, si l’on en croit le discours du MFDC et de certaines populations casamançaises. La cartographie du Sénégal nous présente deux grands espaces régionaux. D’un côté, une région dite « naturelle » au Sud du Sénégal, qui jouit d’une végétation relativement généreuse. Cette Casamance elle-même, caractérisée par une diversité culturelle et linguistique, s’offre au reste du pays comme une sorte de mosaïque culturelle. De l’autre côté, le Nord du pays se « désolidarise » géographiquement du Sud à partir de la région de Kaolack, porte d’entrée vers la Gambie. La Casamance est représentée, et de manière objective, comme un territoire naturellement plus riche que le reste du pays. Les revendications quant aux inégalités économiques renvoient plus aux besoins d’investissements qu’au manque de ressources. Dans l’histoire du pays, la Casamance a été un lieu de refuge lors des crises économiques – les années de sècheresses. Elle est une région où de nombreux sénégalais font des affaires. Les habitants du Sud comme du Nord du pays se représentent cette région comme une verte région nourricière, le grenier du Sénégal. Au même moment elle est très peu dotée en infrastructures : le tissu industriel meurt progressivement depuis les années 80. Mais elle n’est pas la « région naturelle » du pays le plus à plaindre, même si les régions administratives de Kolda et Sédhiou demeurent économiquement pauvres. Les régions de l’extrême Nord du Sénégal à savoir le Fouta, ne semble pas mieux dotées que celle de la Casamance. Pour ainsi dire l’argument des 225 inégalités contribue entre autres aux éléments de construction d’un discours politique du MFDC. L’engagement guerrier du MFDC ne peut s’expliquer exclusivement par une frustration liée aux inégalités économiques. Pas plus que dans l’Azawad, on peut considérer les mouvements rebelles touareg s’engagent exclusivement dans la violence du fait d’inégalités horizontales, dans un pays très généralement pauvre sur l’ensemble du territoire national. Deux schémas sont possibles dans la lecture des conflictualités ivoiriennes des années 2000-2002, 2010-2011. Une lecture des origines des conflits armés autour des antagonismes des groupes sociaux polarisés entre le Sud et le Nord. Cette lecture demeure réductionniste et caricaturale. Elle oppose des chrétiens aux musulmans, des autochtones à des allochtones. Une deuxième lecture possible est celle qui met à la source des conflictualités les responsabilités des leaders politiques et de leur formation politique. L’enjeu du conflit demeure la conquête du pouvoir central par la violence. Dans les faits les deux schémas s’imbriquent. On observe une instrumentalisation par les formations politiques des groupes sociaux, des masses populaires. Ces dernières trouvent aussi un intérêt à être mobilisées pour des conquêtes politiques et économiques. Les frustrations sont donc instrumentalisées par des entrepreneurs politiques. La thèse sur les frustrations relatives de Ted Robert Gurr repose entre autres, sur les dimensions économiques, sur les inégalités sociales. Cette thèse interroge moins les ressentiments qui émergent des écarts entre l’image positive que revendiquent des individus et l’image qui leur est renvoyée. Dans le cas des conflits armés en Casamance et dans l’Azawad, les inégalités objectives ou perçues sont interprétées comme des facteurs qui contribuent à faire des résidents de ces territoires des « citoyens de seconde zone ». Les frustrations liées aux inégalités socioéconomiques ne suffiraient à elles seules pour expliquer le recours à la guerre. En d’autres termes, les situations d’inégalités objectives ou perçues peuvent ne pas être lues comme des formes de mépris. De même que des inégalités socio-économiques verticales peuvent être bien considérées comme allant de soi, il n’est pas rare que des groupes sociaux ne se sentent pas injustement traités lorsqu’il existe des écarts de traitements entre eux et les autres groupes. Cependant une chose est de se sentir méprisé parce qu'inégalement traité, une autre est de s’indigner et de lutter par les armes pour rétablir une dignité. Les inégalités socioéconomiques comme déterminant des conflictualités sont à voir sous deux angles : selon qu’elles existent objectivement et qu’elles soient des sources potentielles des violences ou encore selon qu’elles soient faussement perçues et qu’elles soient de 226 potentielles sources de violences. Sur ce dernier aspect, la construction discursive est très importante. Et même quand elles existent, faisons remarquer que les inégalités socioéconomiques traversent de nombreuses sociétés qui ne connaissent pourtant pas de conflits armés. Dans le cas où elles existent donc, elles font aussi l’objet de construction discursive. Les perceptions y jouent donc un rôle important. Il est difficile d’établir objectivement les discriminations d’un gouvernement – du Sénégal, du Mali – sur tels groupes ou tels autres. Il est encore moins facile de déterminer que les discours de dénonciation d’injustice, de discrimination qu’on retrouve chez les mouvements rebelles, ne sont pas que des récits instrumentalisés de mobilisation. Dans tous les cas de figures, nous savons avec les travaux de Robert Jervis, de Thomas Lindemann, que des croyances collectives peuvent reposer sur de fausses perceptions et conduire à la violence (Jervis Robert 2017; Lindemann 2008, 2010a). Il est important de distinguer des frustrations que peut nourrir un groupe social, qui peuvent faire l’objet de revendications politiques, des dénis de reconnaissance dont peut souffrir ce groupe d’individus lorsque l’image qu’il a ou se fait de lui-même et de sa relation aux autres ne lui est pas renvoyée. Ainsi des inégalités qui peuvent être lues par tout observateur comme une forme de déni de droits peuvent ne pas être perçues comme des facteurs qui déforment leur identité, ou les empêchent d’interagir en toute autonomie et dignité avec les autres. Ces inégalités peuvent même être lues comme une situation normale. Elles peuvent aussi être interprétées par les acteurs concernés comme un déni de reconnaissance, lorsqu’elles sont intégrées comme la source d’une condition de leur infériorité, de leur dévalorisation, de leur manque d’autonomie. Ce serait faire un mauvais procès à la théorie de Ted Robert Gurr sur la frustration relative, que de résumer cette dernière à des questions d’inégalités socioéconomiques horizontales. La répression politique est aussi un élément fondamental de la frustration des groupes sociaux. Des conditions sociopolitiques dissuasives au recours à la violence rebelle? Nous savons que l’engagement rebelle violent contre l’État central, dépend principalement de l’organisation rebelle, des motivations des rebelles, de l’identité collective du mouvement, mais encore de l’environnement sociopolitique (Cefaï 2007, 2020; CRETTIEZ 2010; Ferree et al. 2004; Gurr 2000; Tilly, Castañeda, et Wood 2020). La thèse de la structure des opportunités considère les facteurs qui contribuent à créer ou empêcher des conditions de la violence. Ces facteurs peuvent être internes et externes. Dans le cas des conflits armés internes, l’État constitue un élément déterminant dans la structure des opportunités à recourir à la violence. Plus l’État est considéré comme faible ou fragilisé, plus la probabilité pour le mouvement rebelle de défier l’autorité de l’État est forte. La thèse de la structure des opportunités est éminemment rationaliste. Elle considère que les combattants calculent le ratio coûts/bénéfices avant de s’engager violemment. Elle est en cela limitée. Comment en effet comprendre l’engagement violent des combattants du MFDC, des mouvements rebelles touareg contre des gouvernements dont les armées nationales sont a priori mieux équipées. Ces mouvements sont a priori plus sûrs des coûts et conséquences importantes de leur acte de rébellion face à des États jaloux de leur souveraineté, que du gain de toute indépendance par les armes. L’idée principale d’une telle thèse est que le recours à la violence est possible parce qu’il existerait un cadre sociopolitique qui le permet, ou du moins qui ne constitue pas une entrave à l’engagement violent. Dans la perspective de notre thèse nous considérons que les acteurs méprisent les considérations dissuasives lorsque leur image est en jeu. Ils peuvent ainsi défier le gouvernement aux dépens de calculs rationalistes. Ou encore leur rationalité est ici immatérielle à savoir s’engager en guerre pour restaurer un respect, une dignité, retrouver une autonomie ou encore venger, laver un affront. Les leaders du MFDC, au premier rang desquels, l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, se sont toujours défendu d’avoir été les initiateurs des violences contre l’État du Sénégal. Les attaques contre les garnisons de la gendarmerie sénégalaise en 1983, la formation d’une branche armée Atika en 1986, sont autant d’indices du choix du MFDC de mener la guerre contre le gouvernement du Sénégal sur le territoire casamançais. Si le cadre environnemental des forêts de Casamance demeure favorable à des guérillas contre les forces armées nationales du Sénégal, il ne peut être omis que les rapports de forces entre les belligérants sont asymétriques, et largement en faveur du gouvernement du Sénégal et de sa force armée. Cette même observation est valable pour les conflits armés asymétriques qui opposent les mouvements rebelles touareg aux régimes successifs du Mali depuis 1963. Les violences rebelles sont des formes de guérilla épisodique. Des conditions environnementales, géophysiques et socio-identitaires sont favorables à la formation des mouvements rebelles et à la lutte armée contre l’autorité étatique en Casamance et dans l’Azawad. Des facteurs géopolitiques non négligeables vont aussi constituer de véritables atouts dans la lutte du MFDC et des mouvements rebelles touareg. La situation 228 géographique de la Casamance, frontalier aux deux Guinée (Bissau et Konakry), coupée du reste du Sénégal par la Gambie, constitue un véritable atout que Atika n’aura de cesse d’exploiter. Les mouvements rebelles touareg quant à eux, bénéficieront d’un terrain – les montagnes des ifoghas, les espaces frontaliers Algérie/Mali, Mali/Niger – auquel ils se sont acclimatés depuis des siècles, pourtant hostiles, surtout pour les autorit politiques et militaires maliennes. Les premiers soutiens politiques, militaires et financiers des mouvements rebelles sont tirés des États frontaliers qui déroulent leur agenda politique. La plupart des conflits armés intraétatiques se nourrissent aussi des soutiens extérieurs. Le rôle des frontières étatiques est à mettre en relief dans la dynamique des conflictualités. En Casamance, dans l’Azawad, comme en Côte-d’Ivoire, l’usage des frontières a été déterminant pour les mouvements rebelles. Audelà des frontières c’est le rôle des solidarités transnationales, qu’il est opportun d’observer pour lire certaines conflictualités. Là aussi, les problématiques relatives aux frontières nourrissent le récit des conflits notamment dans le cas d’espèce des violences sécessionnistes. Les soutiens politiques et économiques dont peuvent bénéficier les mouvements rebelles demeurent des indicateurs pertinents de l’analyse de l’organisation de ces mouvements. Des aspects de la géographie physique complètent la lecture géopolitique des conflictualités. La littérature montre que les régions qui ont des reliefs accidentés (montagnes, collines) ont plus de probabilité de faire l’expérience de violences. L’enclavement de certaines régions, leur éloignement des centres économique et politique peut constituer de véritables carburants aux frustrations. Le Nord du Mali est comme coupé du reste du Mali avec le manque criant d’infrastructures routières, lorsqu’au Sénégal, le Sud du pays est séparé du Nord par un État (Gambie). D’un point de vue des régimes politiques, alors que l’État du Sénégal se caractérise par une stabilité politique durable des institutions centrales, le Mali connaît quatre coups-d ’États qui ont, à chaque fois, considérablement fragilisé les institutions, créant ainsi des opportunités au recours à la violence pour les mouvements rebelles touareg en 1990 et 2012. Il est à noter que les violences rebelles en Casamance et dans l’Azawad ne se sont pas manifestées au niveau de l’État central, dans les capitales nationales. Elles demeurent des violences, parfois marginales, dans les périphéries et les zones frontalières. D’autres conditions sociales, favorisent-elles le déclenchement des conflits armés? Les thèses de Paul Collier et Anke Hoeffler mettent en avant la probabilité de conflictualité en 229 fonction du PIB du pays : plus le PIB est bas plus la probabilité que le pays connaisse un conflit armé est élevé. En considérant l’indice de développement humain261 (IDH - PNUD) qui nous semble beaucoup plus pertinente que le PIB/habitant ou le PNB/habitant pour faire l’état des conditions sociales, on observe sa nette progression et un déclin général des conflits armés en Afrique occidentale. Il est difficile de considérer que l’amélioration de l’IDH soit la cause du déclin des conflictualités. Les deux États qui ont l’IDH le plus élevé sur le continent, à savoir le Cap-Vert et le Ghana, ne connaissent pas de conflits armés depuis un bon nombre d’année, c’est-à-dire depuis au moins 2000. Graphique : Indice de Développement Humain des États de la CEDEAO en 2009 et 2018 2009 Entre 2009 et 2018 l’IDH des États 2018 de la CEDEAO (+ la Mauritanie dans 0,7 l’échantillon) a progressé passant de 0,464 à 0,494 (source 0,6 PNUD). Ces chiffres sont largement 0,5 en dessous de la moyenne mondiale 0,4 qui est de 0,731 en 2018, et en 0,3 dessous de la moyenne Afrique 0,2 subsaharienne (0,541 en 2018). Les 0,1 États d’Afrique occidentale font 0 partie en moyenne des États les BÉNIN BURKINA-FASO CAP-VERT CÔTE-D'IVOIRE GAMBIE GHANA GUINÉE GUINÉE - BISSAU LIB ÉRIA MALI MAU RITA NIE N IGER NIG É RIA SÉNÉGAL SIERRA-LÉONE TOGO Indice de Développement Humain (IDH) 0,8 moins développés d’Afrique. Seuls le Cap-Vert et le Ghana affichent des IDH proches de la moyenne mondiale (en 2018 : 0,651 pour le Cap-Vert ; 0,596 pour le Ghana). En 2018, 11 États de la CEDEAO font partie des 25 États qui ont l’IDH le plus bas (par ordre croissant : Niger, Burkina-Faso, Sierra-Léone, Guinée-Bissau, Libéria, Guinée, Gambie, Sénégal, Togo, Côted’Ivoire) (Source PNUD 2019). 261 L’IDH mesure en effet le niveau de développement des pays. C’est un indicateur qui vient corriger la synonymie établie entre la croissance de la productivité désignée par le PIB et le développement – entendons par là l’amélioration des conditions de vie des populations. En tant qu’indicateur de développement, l’IDH fait la synthèse de trois variables. Il mesure à la fois le niveau de vie économique, la santé à travers l’espérance de vie à la naissance, l’éducation par la mesure du niveau d’instruction. Le PNUD présente cet indicateur une valeur comprise entre 0 et 1. Plus on tend vers 1 plus l’IDH est élevé, plus donc le pays est considéré comme ayant un niveau de développement élevé. Graphique : Dépenses militaires en % du PIB262 Part des dépenses militaires en % du PIB 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 1975 BENIN 1980 1985 CAP-VERT 1990 1995 2000 2005 2010 CÔTE-D'IVOIRE MALI SENEGAL 2015 2020 SIERRA-LÉONE Dans le rapport de force militaire, les mouvements rebelles constituent moins de trois milles hommes dans leurs rangs263. Ces mouvements ont des capacités opérationnelles limitées sur les territoires disputés. Le rapport de force en faveur des armées nationales, conduit les combattants rebelles à choisir des formes de guérilla pour tenter de peser sur les confrontations. Les effectifs militaires et les dépenses militaires (en % du PIB) des armées nationales264 attestent des rapports de forces asymétriques. Les conflits armés sécessionnistes émergent dans des États où les rapports de force militaire sont principalement en faveur du gouvernement qui possède les institutions sociales, politiques, économiques et sécuritaires qui peuvent déterminer le cours des confrontations. L’insuffisance de la thèse de la prédation? La prédation des ressources naturelles explique-t-elle le déclenchement des conflits armés? Une des thèses fortes de la littérature sur les conflits armés est que l’abondance des ressources naturelles exportables dans un État, détermine le déclenchement des conflits armés (Collier 2017; Collier, Hoeffler, et Rohner 2009). Selon cette thèse, les mouvements rebelles s’engageraient dans une guerre pour s’accaparer les ressources naturelles. 262 Sources : Base de données Banque Mondiale. Selon les sources croisées des entretiens et de la littérature. Ce chiffre est approximatif. 264 Ces données de la banque mondiale peuvent poser problème quand nous savons que les institutions militaires demeurent une grande muette, et que des considérations sécuritaires et stratégiques peuvent conduire les agences nationales des statisti ques à ne jamais véritablement communiquer les vraies données. S’il est vrai que les conflits armés en Côte-d’Ivoire recèlent d’important motifs de recours à la guerre pour les gains économiques et politiques, il est difficile de conclure à un lien de causalité entre les ressources naturelles et le déclenchement des conflits armés en Casamance et dans l’Azawad. Ou encore, d’expliquer l’engagement violent de certains acteurs contre l’État central, pour la prédation de ressources naturelles. De nombreuses objections peuvent en effet être formulées par rapport à une thèse des guerres pour la prédation en Casamance et dans l’Azawad. D’abord, il est difficile de prouver la présence de ressources naturelles abondantes et de justifier une connaissance de ces ressources par les mouvements rebelles dans les années de déclenchement des rébellions. Les ressources naturelles peuvent ne pas constituer une source de conflictualité, mais elles sont nécessairement des moyens de la guerre. Si elles existaient, ces ressources ne sont pas connues de tous les combattants. La connaissance que peuvent avoir des leaders de la présence de ressources naturelles ne suffit pas à justifier l’engagement des combattants dans la rébellion. Ensuite, l’argument de la prédation n’est pas celui qui mobilise les acteurs à s’engager en guerre. Il est donc difficile d’être catégorique sur les motivations des individus à recourir à la guerre pour la prédation. De tels comportements sont souvent inscrits dans le registre du banditisme, de la criminalité transnationale. Les organisations rebelles ont souvent des agendas politiques complexes qui ne sauraient être réduits aux fins de guerre pour l’accaparement ou la spoliation de ressources. S’il est vrai que les ressources sont le nerf de la guerre, leur acquisition n’est pas à détacher d’ bjectifs politiques. Nous ne pouvons ainsi pas défendre que les mouvements rebelles s’engagent dans la violence pour acquérir des gains économiques. Comme nous ne pouvons non plus pas de manière catégorique affirmer que tous les individus ont des besoins symboliques à satisfaire en recourant à la violence contre l’État central. La thèse de la guerre pour les ressources est plausible lorsqu’il s’agit d’interpréter le positionnement politique des acteurs au niveau des institutions locales et nationales. De nombreux individus au Mali, après les accords de paix bénéficient de postes politiques, d’avantages économiques, qu’ils n’ont pas sans le recours à la violence. Cependant, à considérer que le gain de postes politiques soit un motif de conflit, un tel argument suscite moins une adhésion collective, parce qu'individualiste. La guerre n’est pas une affaire d’individu. Elle émerge des structures sociales et constitue un fait social total. Mais surtout, il faut considérer que certains positionnements permettent d’améliorer les conditions de vie, de 232 valoriser un statut ou une image. L’accès aux ressources par la guerre peut finalement être un moyen pour des individus ou groupes d’individus de valoriser leur rôle et statut au niveau local/national. Par exemple, la nomination de ministre ou de gouverneur touareg agit positivement sur l’image du groupe touareg. Les programmes de développement en Casamance dans la perspective du peacebuilding constitue des avantages économiques qui permettent de reconsidérer la place de la région sur la scène nationale. Enfin la littérature sur les ressources met l’accent sur certaines ressources telles le pétrole, le gaz, l’or, le diamant, le coltan. L’exploitation de ses ressources nécessite des moyens considérables. Le conflit pour les ressources ne saurait donc être exclusivement l’affaire des mouvements rebelles mais encore des entreprises économiques multinationales, des États, du marché mondial. La perspective d’une recherche sur les liens entre les marchés locaux de l’économie de la guerre et la mondialisation des affaires ne peut être qu’heuristique. Il serait opportun de lire les nombreuses interventions militaires et humanitaires hors des justifications morales de la « guerre juste ». L’exploitation des ressources et leur marchandage répondent très souvent dans des États tels le Sénégal à des dispositif de contrôle et de transaction qui n’échappent pas aux autorités étatiques. Dans l’Azawad, dans des espaces où le contrôle de l’État est moins dense voire inexistant, l’hypothèse de la prédation des ressources par des bandes armées est plausible, sans que de tels comportements puissent être formalisés et institutionnalisés. Il est souvent question de ressources qui nécessitent des investissements techniques et financiers, qui ne peuvent prendre la forme de pratiques informelles et clandestines méconnues des autorités étatiques. Cependant de manière générale au cours du conflit, l’exploitation et la production de certaines ressources servent à l’activité guerrière, notamment en Casamance. Dans l’Azawad, le développement des activités de criminalité économique est à mettre avec la marginalisation de la région, sans que le lien systématique entre mouvement rebelle touareg et prédation économique ne soit justifié. Nous considérons que même lorsque les mouvements rebelles recourent à la guerre pour la prédation, ils trouvent le besoin de rendre acceptable l’idée de la violence. Cela n’équivaut pas à dire que toutes les guerres sont des guerres « moralement déguisées » pour les gains politiques et économiques. Nous attirons juste l’attention sur le fait que l’acte de recourir à la violence, l’acte de donner la mort et le choix de s’engager dans une lutte violente à mort, ne sont pas des décisions banales. Toute violence demeure émotionnellement chargée. L’acte de 233 donner la mort pour le gain politique, économique ne peut être exclusivement expliqué comme un acte naturel ou normal. S’engager en guerre, avec tout ce que cela implique, suppose un minimum de travail sur les émotions, l’image de soi, la représentation de l’autre. L’acte de déni, de refus, de non-reconnaissance de l’autre peut constituer un moteur de la violence. Des justifications morales de l’engagement violent sont sous-estimées dans la grille de lecture des conflictualités ouest-africains. Comme Philippe Braud, nous considérons que les violences symboliques sont des violences qui portent « atteintes à l’estime de soi ou à l’image de soi », aux « représentations qui donnent sens à l’existence » ( (Braud 2004, 161). La dépréciation est par exemple une violence symbolique. Les causes et origines des conflits armés internes sont aussi à chercher dans les justifications morales du recours à la violence. Nous estimons ainsi qu’il faut élargir la grille de lecture classique des conflits armés en postulant que les individus et groupes d’individus peuvent recourir à la violence pour des gains symboliques. Dans les rapports sociaux entre les gouvernements centraux et les mouvements rebelles, les blessures morales causées par des formes de répressions – policières, judiciaires – sont susceptibles de conduire aux violences – le cas de la Casamance et de l’Azawad. Le refus de considérer des groupes sociaux comme d’égale dignité, l’invisibilité de ces groupes sociaux dans l’ensemble national, le manque d’empathie et l’indifférence quant aux expériences douloureuses de certains groupes notamment touareg dans leurs territoires sont autant d’atteintes dont il ne faut faire fie dans la lecture des conflits armés ouest-africains. L’atteinte des individus et groupes d’individus dans leurs droits d’expression politique, donc l’exclusion d’individus par des rhétoriques nationalistes – le cas de la Côte-d’Ivoire – est susceptible de porter des justifications morales de recours à la violence. La lecture des guerres sous le prisme de la reconnaissance, loin de remettre en cause la pertinence de la grille classique de lecture des conflictualités, complète notre compréhension de certains conflits armés dont les logiques morales de lutte violente constituent de forts ressorts. 2- Expliquer les guerres pour la reconnaissance Les guerres se nourrissent aussi des dénis de reconnaissance qui peuvent directement ou indirectement (via la formation des identités exclusives) conduire à la guerre (Lindemann 2008). 234 Les conflits armés internes en Afrique Occidentale ont parfois, exagérément, été lus sous le prisme des problématiques « économicistes » – les motivations économiques – des intégrations politiques et socioculturelles, ou encore sous le prisme des thèses « ethnicistes ». Nous proposons une lecture des conflictualités qui prend en compte les interactions complexes entre les groupes sociaux, les mouvements rebelles et les gouvernement des États centraux. Nous estimons que la quête du respect, de la dignité, de l’’estime sociale constituent des sources importantes de conflictualités. L’engagement violent de certains mouvements pour exister, peut être lu sous le prisme des luttes pour la reconnaissance. L’analyse de ces sources de violences complètent et englobent les interprétations classiques des conflits armés. C’est pourquoi, l’ambition de notre thèse n’est nullement d’invalider quelques interprétations que ce soit. Nous contribuons à élargir la grille de lecture des conflits armés internes, notamment des guerres civiles, dans l’ambition de renforcer les mécanismes de leur gestion/prévention. La littérature est en effet dominée par deux principales interprétations des engagements rebelles violents : une première interprétation matérialiste et économique qui considère que les acteurs rebelles qui s’engagent dans la violence sont motivés par les gains économiques et politiques (Collier 1999, 2017; Fearon 2005b) ; deuxièmement, des « frustrations relatives » liées à la mal gouvernance sont susceptibles de motiver l’action violente des acteurs rebelles (Fearon 2009; Gurr 2000, 2015). Nous considérons qu’il n’existe pas de causalité systématique entre la motivation au gain économique et politique des individus et le recours à la force, encore moins de linéarité entre la mal gouvernance, la frustration des acteurs et l’engagement violent. L’engagement dans un séparatisme violent au sein d’un État-nation, ici le Sénégal et le Mali, a des coups importants. Dans une configuration de guerres asymétriques entre les combattants rebelles et les forces armées nationales, l’avantage militaire a souvent été en faveur du second. Pourtant, en Casamance comme dans l’Azawad, l’engagement des mouvements rebelles pour l’ ce s’est fait au mépris de ces considérations rationalistes. La guerre pour l’égale dignité dans les violences sécessionnistes A travers des régimes politiques divers et variés, l’engagement violent sécessionniste en Casamance et dans l’Azawad est conditionné par un cadrage cognitif et moral. Nous postulons que des violences symboliques (Braud 2004; Caillé et Lindemann 2016a; Epstein, Lindemann, et Busekist 2016; Lindemann 2010a) ont déterminé le séparatisme violent dans ces territoires. Ces violences symboliques renvoient aux mépris, aux humiliations, aux dénis. L’expérience d’humiliation, de déni, de mépris, vécue par certains groupes sociaux des régions 235 disputées, a conduit au séparatisme violent pour la dignité, mais de manière différenciée, en Casamance et dans l’Azawad. Dans les rapports sociaux, certains groupes se sont perçus en marge de l’État-nation. Pour les groupes sociaux Diola de Casamance, les touareg de l’Azawad, qui ont largement participer à la massification des rébellions, l’enjeu de la défiance contre le gouvernement central, est de gagner en respectabilité. Pour ces groupes lutter pour la reconnaissance de la valeur de leur contribution dans l’ensemble national est la garantie du respect qui leur est dénié. Toujours vu sous l’angle des rapports sociaux de groupes, la marginalisation ou la perception d’être marginalisé par l’État-central peut avoir eu d’importants coûts matériels. La recherche de la respectabilité par la guerre participe aussi d’une logique d’accès aux ressources économiques, politiques et symboliques. Par ailleurs les violences ne sont pas le seul moyen d’accès aux ressources. Étude de cas 1 : des violences sécessionnistes du MFDC contre l’État du Sénégal265 pour le respect. Au-delà des frustrations relatives (Cederman, Gleditsch, et haug 2013; Gurr 2000, 2015) que nourrissent certaines populations de Casamance, parmi lesquelles des combattants du MFDC, c’est le statut social de la Casamance et des groupes sociaux qui le composent, qui est en jeu dans l’ensemble du territoire national. Les rapports entre la région de Casamance et le reste du pays, notamment les régions Centre et Nord sont vus principalement par les citoyens comme des rapports marchands. La représentation dominante sur la Casamance est celle d’une région naturelle pourvoyeuses de biens marchands. Cependant, cette représentation de la Casamance comme pilier important de l’économie nationale ne permet pas d’améliorer son statut social dans l’ensemble national. Au contraire, alors qu’il lui est reconnu une contribution économique indéniable à la nation sénégalaise, les biens non-marchand tels l’identité, la culture, les langues, ne sont pas autant reconnues d’égale dignité avec celles des autres régions dans l’ensemble national. Ce qui est en jeu c’est la sous-valorisation de l’entité Casamance du point de vue politique et culturel dans l’ensemble national. La question de certains casamançais sur leur sénégaléité renvoie à celle d’une potentielle autonomie des casamançais dans le cadre État- 265 Il faut comprendre ici l’État au sens de gouvernement.
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Il peut exister un chevauchement phénotypique des syndromes associés à ces gènes dont les mutations ont des conséquences épigénétiques. Par exemple, des mutations de novo des gènes MBD5, KMT2C, SMARCB1, et NR1I3 ont été identifiés chez des patients atteints du syndrome de Kleefstra dont le gène principal en cause est EHMT1. Ces gènes sont tous impliqués dans la régulation épigénétique : MBD5, KMT2C et NR1I3 interagissent avec EHMT1 et SMARCB1 interagit avec KMT2C 128. Le syndrome de Kleefstra se caractérise par une DI de sévérité variable, un retard de croissance, une brachydactylie, des anomalies génitales chez le garçon, des troubles du comportement et du sommeil 129. A l'inverse, parfois certains gènes peuvent être responsables de différents syndromes en fonction du type ou des conséquences des mutations. Par exemple EHMT1 a pu également être impliqué dans un phénotype de DI et syndrome marfanoïde (cf. chapitre 1.3.4). De même, selon les types de mutations, le gène SMARCB1 peut être responsable de syndrome de Coffin-Siris ou de Kleefstra (figure 11). 29 Figure 11 : Illustration du réseau épigénétique des gènes impliqués dans la DI. A. Réseau protéique. B. Exemple d'illustration de corrélation entre un groupe de gènes donné un des syndromes reconnaissables cliniquement 127. A noter qu'un nombre significatif de gènes associés à une DI, un excès de croissance et une macrocéphalie ont aussi un rôle dans ces voies de régulation épigénétique : NSD1 (syndrome de Sotos), EZH2 (syndrome de Weaver), DNMT3A (syndrome de Tatton-Brown-Rahman), EED (syndrome de Cohen-Gibson), CHD8, HIST1H1E ( syndrome de Rahman) (les autres gènes impliqués étant des facteurs de transcription NFIX, GPC3, BRWD3 ou faisant partie de la voie de signalisation mTOR déjà décrite précédemment au chapitre 1.2.3.4.e PTEN, AKT3, PIK3CA, MTOR, PPP2R5D) 130. Grâce aux progrès technologiques, des analyses épigénétiques génome entier sont possibles chez les patients atteints de syndromes génétiques et porteurs de variations dans ce type de gènes impliqués dans la régulation épigénétique. Des épi-signatures spécifiques de certains syndromes ont ainsi pu être identifiées, comme pour l'état de méthylation de l'ADN dans les syndromes de Sotos (par mutation NSD1) 131, ATRX (α-thalassémie liée à l'X par mutation du gène ATRX/XNP) 132, de ClaesJensen par mutation de KDM5C 133, ou du spectre Coffin-Siris - Nicolaides-Baraitser 134. 30 Des progrès majeurs dans la compréhension de la régulation épigénétique de la plasticité neuronale dans les troubles du développement neurologique ont été permis grâce aux études fonctionnelles dans le syndrome de Rett 135 (figure 12) : il est dû à des mutations perte de fonction du gène MECP2 situé sur le chromosome X, touche principalement des filles, et se caractérise par une régression psychomotrice survenant entre 1 et 3 ans, faisant suite à un développement quasi normal au cours de la 1ère année de vie, une microcéphalie secondaire, une perte de l'utilisation volontaire des mains, des stéréotypies manuelles, une quasi absence de langage, et des traits autistiques. La protéine MeCP2 a un rôle de liaison aux groupements méthyl-CpG spécifiquement dans le cerveau 136. On retrouve des répétitions de dinucléotides CpG (5'-CG-3') réparties de façon non uniforme dans le génome, avec un enrichissement au niveau des régions promotrices et/ou du premier exon de 60% des gènes humains, ce qui reflète l'importance de ces répétitions dans la régulation de l'expression génique. L'hyperméthylation des îlots CpG entraîne une inhibition de l'expression des gènes. Ces 137 régions méthylées sont reconnues par des protéines du groupe des MBP (Methyl Binding Proteins), auquel MeCP2 appartient, dont le rôle est de recruter des complexes de remodelage chromatinien empêchant l'accès des facteurs de transcription à l'ADN 138. 31 Figure 12 : Illustration des différentes fonctions de MeCP2 comme répresseur transcriptionnel par le recrutement de cofacteurs répresseurs (A), comme activateur transcriptionnel (B), comme interagissant avec l'histone H1 pour coordonner l'expression génique (C), comme régulateur des cellules gliales (D), comme impliqué dans la morphologie neuronale (E), et régulation par les microARN qui ont notamment un rôle dans les phénomènes d'addiction (F) 139. Sur le plan morphologique, cela s'accompagne d'anomalies de densité et de maturation dendritique, et sur le plan fonctionnel d'une altération de la plasticité synaptique des neurones excitateurs et d'une inhibition accrue, la baisse d'activité de MeCP2 entraîne la dérégulation des gènes cible dans les neurones matures 136,140–142. Cependant, des études complémentaires ont montré que MeCP2 a également un effet d'activation de la transcription 143 et jouent par ailleurs d'autres fonctions nucléaires comme la régulation et la liaison à des ARN via leurs protéines d'interaction 139. MeCP2 est aussi exprimé dans les cellules gliales et joue également un rôle dans ces cellules pour la morphogenèse dendritique des neurones, ce qui pourrait aussi participer à la progression de la maladie 141,142,144. 32 1.2.3.3. Autres voies biologiques et métaboliques impliquées dans la DI a. Voie de biosynthèse du cholestérol Elle est essentielle pour l'organogenèse. Un défaut d'une enzyme dans cette voie est responsable d'une DI avec microcéphalie et malformations diverses. Par exemple, le déficit en 7-DHCR (7-dehydrocholesterol réductase), dernière enzyme de la voie, est responsable du syndrome de Smith-Lemli-Opitz, qui est caractérisé par un retard de croissance pré et post-natal, des malformations cardiaque, des extrémités (polydactylie post-axiale des et des pieds, syndactylie II-III des orteils), fente palatine, anomalies génitales chez le garçon. Il s'agit de l'affection la plus fréquente touchant cette voie. D'autres pathologies plus rares touchant des enzymes en amont ont des phénotypes chevauchant comme la desmostérolose et la lathostérolose qui sont dues à des déficits des enzymes 3-betahydroxysterol-delta-24-reductase et 3-beta-hydroxysteroid-delta(5)-desaturase (lathosterol 5- desaturase) respectivement. b. Maladies de surcharge lysosomale Cette entité regroupe de très nombreuses pathologies dont certaines peuvent s'associer à des troubles cognitifs et fréquemment des anomalies de substance blanche, le plus souvent il existe une dégradation progressive des symptômes notamment des troubles cognitifs avec une DI qui s'installe dans les formes à début précoce. La maladie de Tay-Sachs représente un exemple de ce groupe de pathologies, il existe un spectre de sévérité variable dû à un déficit en hexosaminidase A. c. Maladies peroxysomales Le spectre des maladies peroxysomales est large, allant de troubles neurodéveloppementaux légers à très sévères. La forme la plus sévère correspond au syndrome de Zellweger : les patients ont souvent des signes précoces dont une hypotonie, des troubles de déglutition, il peut exister des traits morphologiques particuliers, notamment une fontanelle large, des anomalies de migration neuronale comme une polymicrogyrie, des anomalies osseuses comme une chondrodysplasie ponctuée, des kystes rénaux et une insuffisance hépatique ; le décès est précoce. Les formes plus légères ne sont pas associées à des malformations mais ont des altérations progressives de certains organes ou systèmes (dystrophie rétinienne, déficit auditif de perception, avec ataxie, polyneuropathie, leucodystrophie, dysfonction hépatique, insuffisance surrénalienne, lithiase des voies urinaires de type oxalique, amélogenèse imparfaite) ; il existe souvent une hypotonie et un retard neurodéveloppemental mais les fonctions cognitives peuvent ne pas être touchées. Il s'agit le plus souvent de maladies autosomiques récessives. Des mutations dans 13 gènes impliqués dans les fonctions peroxysomales (biogenèse et assemblage, voie métabolique incluant import et recyclage) ont été décrites : PEX1, PEX2 (PXMP3), PEX3, PEX5, PEX6, PEX10, PEX11b, PEX12, PEX13, PEX14, PEX16, PEX19, PEX26 155. d. Maladies congénitales de la glycosylation Plus de 130 types de maladies de glycosylation ont été répertoriées comme associées à un défaut dans une voie de glycosylation, les voies principales étant celles de la N-glycosylation, de la Oglycosylation, des glycosylphosphatidylinositols et des dolichols. 34 La majorité de ces maladies se manifestent dès l'enfance avec des troubles de déglutition, un retard neurodéveloppemental, une atteinte hépatique, des anomalies neurologiques dont une hypotonie, des hypoglycémies, une entéropathie avec perte protéique, des anomalies ophtalmologiques, des anomalies immunologiques, des atteintes cutanées et des signes squelettiques ; cependant, certaines maladies ont une expression isolée à un organe ou un système comme EXT1, 2, 3 dans la maladie des exostoses multiples. De nombreux types concernent très peu de patients et l'étendue du spectre phénotypique n'est pas bien connue. d1. Anomalie de la voie de la N-glycosylation Elle correspond à l'ajout par lien covalent d'une chaîne de sucres à la chaine latérale d'un groupe amide d'une asparagine dans un motif peptidique Asn-X-Ser/Thr. Elle fait intervenir plusieurs enzymes successives au niveau du réticulum endoplasmique avec des modifications dans l'appareil de Golgi. Les gènes impliqués uniquement dans cette voie sont : PMM2, MPI, ALG6, ALG3, DPM1, MPDU1, ALG12, ALG8, ALG2, DPAGT1, ALG1 (HMT-1), ALG9, DOLK (DK1), RFT1, DPM3, ALG11, SRD5A3, DDOST, MAGT1, TUSC3, ALG13, PGM1, MGAT2, STT3A, STT3B, SSR4, MOGS (GCS1), SLC35C1, B4GALT1, SLC35A2, GMPPA. Certains gènes jouent un rôle dans plusieurs voies métaboliques dont celle de la N-glycosylation : COG7, SLC35A1, COG1, COG2, COG8, COG5, COG4, TMEM165, COG6, DPM2, DHDDS, MAN1B1, PGM3. En dehors de MAGT1, ALG13 et SLC35A2 associés à une hérédité liée à l'X, et GANAB et PRKCSH associés à une hérédité autosomique dominante, tous les autres gènes sont associés à un mode de transmission autosomique récessif. 156 Le diagnostic biochimique consiste à étudier la glycosylation de la transferrine qui contient habituellement une chaîne de 2 ramifications de groupements carbohydrates reliés par une asparagine avec 4 groupes d'acide sialique. Dans l'anomalie de profil de type 1, on observe une diminution de tetrasialotransferrine et une augmentation des formes asialotransferrine et disialotransferrine, ce qui correspond à un défaut dans les étapes précoces de la voie métabolique. Dans l'anomalie de profil de type 2, il existe une augmentation des formes trisialo- et monosialo-transferrine par défaut de ramification, correspondant à des étapes avancées de cette voie 157,158. Une des maladies les plus fréquentes est le déficit en phosphomannomutase de type 2 (gène PMM2) et dont les signes caractéristiques sont des mamelons ombiliqués, une anomalie de la répartition des graisses avec aspect de lipodystrophie de la région fessière, une hypoplasie cérébelleuse avec parfois malformation de Dandy-Walker, des anomalies de coagulation, des déformations squelettiques, un vieillissement prématuré. Les formes très précoces conduisent généralement au décès dans les 35 premiers mois à années de vie et celles débutant dans l'enfance sont associées à une DI de degré variable 159. d2. Anomalie de la voie de la O-glycosylation Cette voie comprend plusieurs étapes d'ajout de sucres à des sérines, thréonines, ou hydroxylysines par des glycosyltransférases situées dans l'appareil de Golgi. Il existe 7 différents types de chaînes sucrées rajoutées qui sont classées en fonction du 1er sucre ajouté à l'acide aminé : O-Nacetylglucosaminyl (GlcNAc), O-N-acetylgalactosaminyl (GalNAc), O-galactosyl (Gal), O-xylosyl (Xyl), O-mannosyl (Man), O-glucosyl (Glc), O-fucosyl (Fuc). Plusieurs gènes sont associés à des maladies humaines. Par exemple le groupe des αdystroglycanopathies correspond à un défaut dans la O-mannosylation (cf. chapitre 1.2.3.1.b, figure 5C). Un autre exemple est représenté par les variations pathogènes du gène OGT (codant pour O-linked beta-N-acetylglucosamine, O-GlcNAc transferase, gène situé sur le chromosome X) qui ont été incriminées dans un tableau de DI, avec signes associés variables comme une microcéphalie, des signes pyramidaux et des signes morphologiques (hypertélorisme, oreilles basses implantées, nez large, lèvres épaisses, mamelon surnuméraire, rétrognatisme, doigts longs et fins) chez 5 garçons de 3 familles différentes 160,161. d3. Voie de synthèse du glycosylphosphatidylinositol (GPI) et glycosylation des lipides L'ancre GPI correspond à une chaîne de glycolipides formée d'une structure principale d'éthanolamine phosphate, permettant la liaison aux protéines, suivie de 3 mannoses, un résidu glucosamine, un résidu phosphatidylinositol (PI), et une queue lipidique saturée permettant l'incorporation des GPI dans la bicouche lipidique des membranes (figure 13). L'assemblage se fait de façon séquentielle grâce à de multiples enzymes successives débutant sur le versant cytosolique du réticulum endoplasmique. La 1ère étape est le transfert de GlcNAc à partir de l'UDP-GlcNAc au phosphatidylinositol (PI) pour former GlcNAc-PI ; cette étape de GPI- GlcNAc transférase est médiée par 6 enzymes (PIG-A, PIG-C, PIG-H, PIG-P, PIG-Q, PIG-Y). La 2ème étape est la dé-N-acétylation en GlcN-PI par PIG-L ce qui intègre la chaîne à l'intérieur du réticulum endoplasmique. Puis le GlcN-PI est acylé par PIG-W pour former GlcN-(acyl)PI et des chaines de sucres dérivées du Mannose sont ajoutées par PIG-M et PIG-V. PIG-N modifie un Mannose avec un groupe ethanolamine phosphate et PIG-B, PIG-O et PIG-F permettent d'obtenir un groupement GPI mature. Cette voie permet à termes d'amarrer des centaines de protéine à la membrane plasmique qui auront de multiples fonctions. Désormais, la plupart des gènes codant pour ces protéines ont été impliqués dans une anomalie du développement associant DI, hypotonie épilepsie, malformations (squelettiques notamment des pouces, ophtalmologiques et cardiaques) dû à des mutations perte de fonction avec un mode de 36 transmission autosomique récessif pour tous les gènes sauf PIGA lié à l'X. Un des marqueurs de la maladie est l'hyperphosphatasie (élévation des phosphatases alcalines par défaut de son accrochage à la membrane plasmique qui se retrouve dans le sang circulant) et des tests ont été développés par cytométrie en flux pour détecter des perturbations de l'exposition de protéines à la surface des cellules sanguines notamment immunitaires 162–164. Figure 13 : Structure du glycosylphosphatidylinositol pour permettre l'amarrage des protéines aux membranes cellulaires. Les glycosphingolipides et leurs dérivés sialylés nommés gangliosides sont exprimés principalement dans les neurones. Les défauts de leur dégradation sont responsables d'accumulation et sont inclus dans les maladies lysosomales. A l'inverse, le défaut de biosynthèse des gangliosides comme ST3GAL5-CDG et B4GALNT1-CDG est exceptionnel et est responsable de maladies neurodégénératives sévères. Les patients présentent une para parésie spas tique, une DI sévère, une é pilepsi e et des signes extra-neurologiques comme une dysplasie squelettique, des signes morphologiques et des anomalies pigmentaires 165,166. 1.2.3.4. DI syndromique avec malformation cérébrale a. Holoprosencéphalie : voie SHH Il s'agit d'une malformation relativement fréquente estimée à 1/250 des grossesses et 1/8000 des naissances vivantes 167,168, la plupart des cas conduisant à une fausse couche, étant détecté pendant la grossesse ou pouvant conduire à des demandes d'interruption de grossesse pour raison médicale devant le pronostic réservé. Il existe 3 grades de sévérité décroissante : forme alobaire (un seul ventricule et absence de scissure inter-hémisphérique), forme semilobaire (séparation partielle des 2 hémisphères cérébraux avec un seul ventricule), et forme lobaire (ventricules séparés mais séparation 37 incomplète des régions frontales des hémisphères) ; il existe également une forme mineure où il peut exister une hypoplasie du corps calleux, un hypotélorisme, et une incisive supérieure médiane 169. En dehors de la trisomie 13 qui représente la cause la plus emblématique, de nombreuses variations chromosomiques, le plus souvent pour des cas isolés (1q43q44, 3p25.2p22.1, 2p15, 2p11.2, 16p13.11, 3p22, 20q11.2, 3q25.32, 4q12, 5q35.3, 5q35.3, 7p22.1, 7p22.1, 8q23.3q24.11, trisomie 8 en mosaïque, 10p15.3p14, 11q13.4, 12q21.32, 14q23.1, 14q23.1, 15q11.2, 16p13.11, 16p11.2, 18q22.1, 19q13.42q13.43, 22q11.21, Xq25q28), et de nombreux gènes (SHH, ZIC2, GLI2, SIX3, FGF8, FGFR1, DISP1, DLL1,TGIF1,SUFU,STIL, GAS1, TDGF1, CDON , FOXH1, NODAL, BOC) ont été impliqués avec possibilité de pénétrance incomplète, variabilité d'expression, et parfois une hérédité complexe oligogénique 170. Tous ces gènes sont impliqués dans la régulation de la voie sonic hedgehog qui définit un gradient morphogénétique de la ligne médiane du diencéphale pour permettre une séparation normale des hémisphères cérébraux et des régions optiques 171,172. b. Lissencéphalie ou agyrie et pachygyrie Il s'agit d'une malformation pour laquelle le cerveau a des gyri et sillons absents ou très grossiers, le cortex est souvent anormalement épais avec 4 couches primitives et il existe parfois une hétérotopie sous-corticale en bande, séparée du cortex par une fine zone de substance blanche. Cette dernière malformation peut être isolée et représente un équivalent mineur de lissencéphalie ; les ventricules cérébraux ont souvent une morphologie anormale et le corps calleux est souvent hypoplasique Cela est dû à une anomalie de migration des neurones entre la 9ème et la 13ème semaine de grossesse. De nombreux gènes sont en cause dont le mode de transmission est variable, soit dans une forme syndromique (syndrome de Miller-Diecker par délétion hétérozygote de la région 17p13.3 incluant les gènes PAFAH1B1 et YWHAE, syndrome de Proud ou XLAG - X-linked lissencephaly and ambiguous genitalia - par mutation du gène ARX, CTU2) soit non syndromique (PAFAH1B1, RELN, TUBA1A, NDE1, LAMB1, KATNB1, CDK5, TMTC3, MACF1, DCX, ARX). La plupart des gènes ont un rôle dans la migration en jouant en particulier sur le positionnement du noyau dans la cellule (PAFAH1B1, NDE1) ou sur le cytosquelette (tubulinopathies comme TUBA1A) 173. Le syndrome de Baraitser-Winter constitue une forme syndromique de pachygyrie et regroupe un hypertélorisme souvent marqué, un nez large, un ptosis, une saillie de la suture métopique, des sourcils très arqués, un colobome irien et/ou rétinien, un déficit auditif de perception, un aspect proéminent de la ceinture scapulaire, une raid articulaire évolutive et une pachygyrie à prédominance postérieure (rarement une vraie lissencéphalie ou des hétérotopies neuronales). On peut parfois retrouver une fente labiale et/ou palatine, une duplication des hallux, une malformation cardiaque, du tractus urinaire, une microcéphalie évolutive, et/ou une arthrogrypose. Le degré de DI et d'épilepsie est variable et dépend de la sévérité des malformations cérébrales 174. 38 Le spectre des α-dystroglycanopathies correspond à une lissencéphalie pavimenteuse par migration excessive d'éléments neurogliaux, au-delà de la limite fixée habituellement par la barrière gliale, dans les espaces méningés, ce qui entraîne un épaississement de la leptoméninge qui adhère fortement au cortex et une obstruction des espaces sous-arachnoïdiens responsable d'une hydrocéphalie constante. Il s'agit d'un spectre malformatif incluant le syndrome de Walker-Warburg (WWS) le plus sévère, le syndrome MEB (muscle eye brain) et un type de dystrophie musculaire congénitale. c. Microcéphalie prima ire (figure 5A) Ce signe correspond à un petit périmètre crânien < -3DS congénital avec défaut de croissance post-natale, sans malformation cérébrale associée lorsqu'elle est isolée. Elle s'accompagne de troubles des apprentissages variables pouvant inclure une DI. La cause principale est un défaut de fonction des microtubules et/ou du centrosome, une fonction ciliaire altérée, ou une anomalie dans les voies de réparation de l'ADN qui aboutissent à une diminution de prolifération des progéniteurs entraînant donc une diminution du nombre de neurones et une plus petite taille du cerveau 50,176. Les gènes les plus fréquemment impliqués codent pour des protéines du centrosome et de la région pericentriolaire et plus de 25 sont connus ou suspectés : MCPH1, CDK5RAP2, CASC5, ASPM, CENPJ, STIL, CEP135, CEP152, ZNF335, PHC1, CDK6, CENPE, SASS6, MFSD2A, ANKLE2, CIT, WDFY3, COPB2, KIF14, NCAPD2, NCAPD3, NCAPH, NUP37, MAP11 177. d. Hétérotopies nodulaires péri-ventriculaires Il s'agit d'une anomalie de migration neuronale où certains neurones ne migrent pas normalement vers le cortex entrainant la persistance de certains foyers de substance grise dans la zone périventriculaire. Le gène majeur impliqué dans ce type de malformation est FLNA, situé dans la région Xq28 dont les variations perte de fonction sont en cause. Cette malformation touche principalement des filles, l'atteinte étant létale chez le garçon dans la grande majorité des cas. L'épilepsie est assez fréquente mais la pénétrance est incomplète allant de personnes asymptomatiques à d'autres ayant plus rarement une épilepsie pharmaco-résistantes et une DI. Ce type d'atteinte peut être associé à une dilatation de l'aorte, un syndrome d'Ehlers-Danlos, une thrombopathie 178. (A noter qu'il existe une corrélation génotype-phénotype puisque les variants faux sens gain de fonction de ce gène sont responsables d'un spectre malformatif de type oto-palato-digital avec dysplasie osseuse, fente palatine postérieure, déficit auditif et plusieurs atteintes malformatives selon la gravité touchant les garçons 39 plus sévèrement que les filles, avec rarement une DI mais des troubles dans les apprentissages sont possibles 179). D'autres causes plus rares ont été décrites : ARFGEF2 (autosomique récessif, associé à une DI et une microcéphalie), ERMARD, NEDD4L, ARF1, anomalies chromosomiques dans la région 5p ou 5q. e. Macrocéphalie/mégalencéphalie et polymicrogyrie La mégalencéphalie correspond à une augmentation du périmètre crânienne >+2/+3DS avec augmentation de taille proportionnelle des structures cérébrales. Elle a été décrite comme associée à plusieurs formes syndromiques avec excès de croissance comme le syndrome de Sotos par mutation du gène NSD1 mais peut aussi être au 1er plan d'un tableau de DI sévère comme pour les variants perte de fonction des gènes HERC1 qui code pour une protéine impliquée dans la voie de croissance mTOR 19 ou NONO / NRB54 qui joue un rôle dans le métabolisme des ARNm au niveau du noyau cellulaire 180. La maladie d'Alexander représente une autre cause de DI avec macrocéphalie. Il existe différents degrés de sévérité de la maladie avec une DI ou une détérioration cognitive, une hydrocéphalie et des anomalies de substance blanche. La maladie se transmet selon une hérédité autosomique dominante et est due à des mutations du gène GFAP codant pour la glial fibrillary acidic protein, un des composants principaux des filaments intermédiaires exprimé dans les astrocytes matures du système nerveux central. La protéine a notamment un rôle important dans la morphologie et la mobilité des astrocytes 115,181,182. La polymicrogyrie consiste en une anomalie de lamination corticale et des circonvolutions cérébrales par la présence d'un excès de petits gyri dans tout ou partie du cortex ; il s'agit d'une des malformations les plus fréquentes (environ 20% des malformations corticales). Elle peut être uni ou bilatérale, symétrique ou non, isolée ou associée à d'autres malformations cérébrales comme des hétérotopies de substance grise, une ventriculomégalie, des anomalies de substance blanche, du corps calleux, du tronc cérébral /ou du cervelet. f. Schizencéphalie, porencéphalie La majorité des causes de schizencéphalie/porencéphalie est clastique par accident vasculaire, mais une des causes génétiques classiques est la collagénopathie de type 4 par mutation des gènes COL4A1 ou COL4A2. La variabilité d'expression est très importante et ce groupe de pathologie peut se présenter par ce type de malformation cérébrale mais aussi une leucoencéphalopathie, des lacunes cérébrales par infarctus, des hémorragies intra-parenchymateuses, des atteintes oculaire (anomalie du segment antérieur de type Axenfeld-Rieger, cataracte congénitale, tortuosité des artères rétiniennes), crampes musculaires, élévation des CK, atteinte rénale, phénomène de Raynaud, arythmie cardiaque, anémie hémolytique. La sévérité de la DI et de l'épilepsie est corrélée à l'atteinte cérébrale 185. D'autres causes peuvent être impliquées dans ce type de malformation, qu'elles soient génétiques ou non, comme les coagulopathies (maladie de Willebrand), les thrombopénies et thrombopathies. g. Hydrocéphalie Elle correspond à une augmentation du volume du LCR, responsable d'un élargissement des cavités ventriculaires. Elle peut être obstructive, l'exemple le plus caractéristique est la sténose de l'aqueduc du mésencéphale associée aux mutations du gène L1CAM dont le phénotype comprend une DI avec altération franche du langage, une spasticité, une agénésie partielle ou complète du corps calleux, des pouces en adduction. Il s'agit d'une pathologie liée à l'X touchant principalement les garçons 186. D'autres gènes sont identifiés régulièrement comme associés à des formes d'hydrocéphalie importante sur un mode autosomique récessif MDPZ, CCDC98, EML1, WDR81) ou lié à l'X (AP1S2) 187. 41 h. Anomalies en mosaïque - hémimégalencéphalie et dysplasie corticale focale Des mutations somatiques dans la voie PI3K-AKT-mTOR ont été identifiées comme la cause de dysplasie corticale, d'épilepsie avec ou sans DI et d'hémimégalencéphalie (figure 10). Cette malformation cérébrale est caractérisée par un hémisphère cérébral élargi et malformé. La présentation clinique comprend généralement une DI et une épilepsie sévère et pharmacorésistante nécessitant souvent une intervention chirurgicale 188,189. La dysplasie corticale focale correspond à un versant plus atténué du spectre avec la même voie et les mêmes gènes impliqués, et une présentation clinique plus marquée sur le plan épileptique que sur la DI. Un des exemples caractéristiques est l'implication du gène DEPDC5 dont des variations hétérozygotes se transmettant selon une hérédité autosomique dominante sont responsables d'épilepsie focale sans malformation cérébrale de pénétrance incomplète ; il a pu être identifié des individus dans certaines familles qui présentaient une dysplasie corticale focale qui correspond en fait à un 2ème événement consistant en une perte d'hétérozygotie en mosaïque dans une région cérébrale. Ce gène code pour une protéine inhibant la voie mTOR et on retrouve comme précédemment une activation excessive de cette voie, cette fois-ci par levée d'inhibition 190. Les tubers corticaux représentent également des éléments corticaux focaux de type hamartome pourvoyeurs d'épilepsie, en rapport avec la sclérose tubéreuse de Bourneville (STB), une maladie génétique due à des variations perte de fonction des gènes TSC1 et TSC2 dont les protéines forment un complexe inhibant la voie mTOR. Contrairement au gène précédent dont les variations entraînent une expression principalement cérébrale, la STB se manifeste par d'autres symptômes neurologiques (DI et/ou troubles autistiques dans 20 à 30% des cas, nodules sous-épendymaires, astrocytomes à cellules géantes), ophtalmologiques (hamartomes rétiniens), rénaux (angiomyolipomes, kystes, cancers), cutanéo-phanériens (fibromes faciaux, unguéaux, buccaux, tâches cutanées achromiques, zones cutanées en peau de chagrin), pulmonaires (lymphangioléiomyomatose), cardiaques (rhabdomyomes, arythmie) 191. Une suractivation de la voie mTOR peut être ciblée par la rapamycine (ou sirolimus et molécules apparentées comme everolimus) qui a montré son efficacité dans plusieurs des pathologies précédentes 190,192. i. Anomalies de la fosse postérieure i1. Hypoplasie vermienne Ce signe consiste en une diminution marquée de la taille du vermis sans élargissement des sillons et fissures qui délimitent les régions de cette structure. Certaines anomalies vermiennes peuvent être relativement isolées en association avec une DI comme pour les mutations du gène OPHN1 193 ou bien s'intégrer dans un syndrome malformatif comme le syndrome de Joubert (dû à des mutations dans de multiples gènes de ciliopathie impliqués dans la 42 fonction du cil primaire et qui associe ataxie, apraxie oculomotrice, troubles respiratoires, troubles des apprentissages variables pouvant inclure une DI, avec le signe classique de la dent molaire par horizontalisation des pédoncules cérébelleux supérieurs 194 ) ou le syndrome COACH qui est une variante du syndrome précédent et inclut une fibrose hépatique et parfois des kystes rénaux et un colobome 195. i2. Malformation de Dandy-Walker Il s'agit d'une malformation comprenant une agénésie partielle ou complète du vermis, une dilatation kystique de la fosse postérieure communiquant avec le 4ème ventricule, et une surélévation de la tente du cervelet. Cette malformation peut être isolée et est responsable dans ce cas de troubles neurologiques, notamment une ataxie et une hypotonie, et dans la moitié des cas un retard des acquisitions et une DI. Dans d'autres situations, elle s'intègre dans une forme syndromique comme des variations chromosomiques, le groupe des ciliopathies (oro-facio-digital/OFD), des α-dystroglycanopathies ou des syndromes plus complexes (PHACES). Le syndrome de Pettigrew en est un exemple, dû à des mutations du gène AP1S2 qui code pour une protéine faisant partie du complexe adaptateur entre le versant cytoplasmique des vésicules de l'appareil de Golgi et la clathrine, ce qui entraînerait un défaut de développement et de fonction synaptique 196. Le syndrome 3C aussi appelé Ritscher-Schinzel est un syndrome malformatif comprenant des anomalies crânio-faciales (front et occiput proéminents, fentes palpébrales en bas et en dehors, dépression de la racine du nez, micrognatisme, oreilles basses implantées), une malformation cardiaque (communication inter-auriculaire ou inter-ventriculaire, sténose aortique), et une malformation cérébelleuse correspondant à un Dandy-Walker ; le retard neurodéveloppemental et les troubles cognitifs sont sévères 197. i3. Hypoplasie ponto-cérébelleuse Cette malformation consiste en une hypoplasie à la fois du tronc cérébral, en particulier du pont, et du cervelet et est responsable d'un retard neurodéveloppemental très sévère avec neurodégénérescence fréquente. De nombreux gènes sont en cause : VRK1, EXOSC3, EXOSC8, EXOSC9, TSEN54, TSEN2, TSEN34, SEPSECS, PCLO, RARS2, TOE1, CHMP1A, AMPD2, CLP1, TBC1D23, COASY 198. Parmi eux, certains codent pour des sous-unités d'endonucléase pour l'épissage d'ARN de transfert, très exprimés dans ces régions du système nerveux (gènes TSEN) 199. Les protéines codées par les gènes EXOSC font partie d'un complexe impliqué dans la régulation et la dégradation rapide des ARN riches en éléments AU des exosomes par leur activité exonucléase 3'-5' 200,201. 43 VRK1 a été surtout étudié sur le versant de la prolifération cellulaire et de la tumorigenèse car il existe une boucle de régulation avec p53 qui est altérée dans certaines tumeurs. VRK1 phosphoryle aussi d'autres facteurs de transcription comme c-JUN, ATF-2, et CREB et est important pour la progression de la phase G1 à S du cycle cellulaire. Par ailleurs, VRK1 joue un rôle au niveau de l'enveloppe nucléaire pour la formation des pores et dans l'organisation de la chromatine en phosphorylant l'histone H3 et BAF au cours de la mitose ce qui entraîne la perte d'interaction de cette dernière avec les protéines de l'enveloppe dont l'emerine. Tous ces éléments indiquent un rôle dans le développement et la maintenance du système nerveux central 202. j. Anomalies de la myéline et leucodystrophie Un nombre important de pathologies ayant entre autres pour signes des anomalies de substance blanche peut s'accompagner de DI. Ces anomalies peuvent correspondre à : - une atteinte dysmyélinisante comme pour les mutations ou duplications du gène PLP1 associées au syndrome de Pelizaeus-Merzbacher incluant des signes neurologiques notamment une spasticité et une ataxie. D'autres gènes sont associés à une atteinte plus syndromique comme le syndrome 4H dû à des mutations des gènes POLR3A, POLR3B, POLR1C qui associe hypodontie, hypomyélinisation et hypogonadisme hypogonadotrope). Les autres gènes pouvant être impliqués sont : GJC2/GJA12, AIMP1, HSPD1, FAM126A, TUBB4A, RARS, PYCR2, VPS11, HIKESHI, UFM1, EPRS, TMEM106B, AIMP2, DEGS1 203. - à une atteinte progressive après myélinisation normale : ce champ regroupe un nombre très important de pathologies dont les maladies métaboliques par trouble des fonctions lysosomales et peroxysomales (chapitre 1.2.3.3.b/c) ; un autre type d'atteinte consiste en une leucodystrophie avec perte de la substance blanche (Vanishing White Matter) dû à des mutations bialléliques des gènes EIF2B1-5 entraînant un trouble des fonctions astrocytaires et qui s'accompagne de signes neurologiques variables comme une ataxie, une spasticité, une altération des fonctions cognitives ayant un début également variable 204. Au total, les gènes impliqués dans la DI peuvent être responsables d'atteinte cognitive isolée en jouant un rôle dans le fonctionnement du système nerveux central (DI non syndromique) mais ils peuvent aussi avoir un rôle dans la morpho èse cérébrale et de multiples organes et entraîner une forme syndromique (signes neurologiques, syndrome malformatif associé). Un article publié en 2016 illustre notamment le rôle des 818 gènes impliqués dans la DI (figure 14). 44 Figure 14 : Analyse pour les 818 gènes impliqués dans la DI en 2016 des processus biologiques (a) et des compartiments cellulaires (b) mis en cause grâce au logiciel REViGO (Reduce + Visualize Gene Ontology) et à la base de données DAVID (Database for Annotation, Visualization, and Integrated Discovery) 40. 1.3. Autres pathologies et manifestations cliniques associées à la DI abordées dans le cadre de cette thèse 1.3.1. Les troubles du spectre autistique (TSA) : définition et causes Cette dénomination est apparue dans la 5ème version du DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), édition actualisée en 2013. Les critères diagnostiques sont les suivants 205: A - Des déficits persistants dans la communication sociale et les interactions sociales dans de multiples contextes : Déficits de la réciprocité socio-émotionnelle, allant, par exemple, de l'approche sociale anormale et l'incapacité d'échanger dans une conversation ; au partage réduit d'intérêts, d'émotions, ou d'affect ; à l'échec d'engager ou de répondre à des interactions sociales. Déficits dans les comportements de communication non verbaux utilisés pour l'interaction sociale, allant, par exemple, de la communication verbale et non verbale mal intégrée ; à des anomalies dans le contact visuel et le langage du corps ou des déficits dans la compréhension et l'utilisation de gestes : à un manque total d'expressions faciales et de communication non verbale. Déficits dans le développement, le maintien et la compréhension des relations, allant, par exemple, de difficultés à adapter le comportement en fonction de divers contextes sociaux à des difficultés à partager les jeux imaginatifs ou à se faire des amis ; à l'absence d'intérêt pour les pairs. B - des modes restreints et répétitifs de comportements, d'intérêts ou d'activités : Mouvements moteurs, utilisation d'objets, ou parole stéréotypés ou répétitifs (par exemple, stéréotypies motrices simples, aligner des jouets ou retourner des objets, écholalie, phrases idiosyncrasiques (hors contexte)). Insistance sur l'a sion inflexible à des habitudes ou modes ritualisés de comportement verbaux ou non verbaux (par exemple, une détresse extrême en cas de petits changements, difficultés avec les transitions, modes de pensée rigide, rituels de salutation, besoin de prendre le même itinéraire ou de manger la même nourriture tous les jours). Intérêts très restreints et circonscrits qui sont anormaux dans leur intensité ou leur orientation (par exemple, un fort attachement à des objets inhabituels, des intérêts excessivement circonscrits ou poursuivis avec une persévération excessive). Hyper- ou hyporéactivité à des stimuli sensoriels ou niveau d'intérêt inhabituel pour les aspects sensoriels de l'environnement (par exemple, indifférence apparente à la douleur/température, réaction négative à des sons ou des textures spécifiques, sentir ou toucher excessivement des objets, fascination visuelle pour des lumières ou mouvements). C - Les symptômes doivent être présents dans la période de développement précoce (mais peuvent ne devenir pleinement manifestes qu'après que les exigences sociales dépassent les capacités limitées, ou peuvent être masqués par des stratégies apprises plus tard dans la vie). 46 D - Les symptômes causent une altération cliniquement significative du fonctionnement actuel dans les domaines sociaux, scolaires ou professionnels, ou d'autres domaines importants. E - Ces perturbations ne sont pas mieux expliquées par la déficience intellectuelle (trouble de développement intellectuel) ou un retard global de développement. La déficience intellectuelle et le trouble du spectre de l'autisme surviennent fréquemment ensemble ; pour poser les deux diagnostics de trouble du spectre de l'autisme et de déficience intellectuelle, la communication sociale devrait être inférieure à celle prévue pour le niveau de développement général. Une étude visant à comparer les critères de l'édition précédente DSM-IV-TR avec le DSM-5 a évalué 773 enfants remplissant les critères dont 288 qui présentaient un autre trouble neurodéveloppemental combiné. La concordance pour les troubles autistiques était bonne (0,78) et celle pour les troubles envahissant du développement non spécifié moyenne (0,57 et 0,59). Les enfants remplissant les critères DSM-IV-TR mais pas ceux du DSM-5 (71 enfants) avaient plus souvent des symptômes plus légers ou des symptômes en rapport avec une autre affection. Les enfants qui remplissaient les critères de TED du DSM-IV-TR mais pas du DSM-5 (66 enfants) ou inversement (120 enfants) avaient moins souvent une DI et étaient plus souvent des filles. La sensibilité et la spécificité du DSM-5 étaient donc meilleures (95% et 78% respectivement) 206. La prévalence est estimée actuellement à 1 personne/59 du fait d'une meilleure sensibilisation du dépistage et des modifications des critères diagnostiques, avec un sex ratio homme/femme autour de 3 207. Les causes de l'autisme sont très variables, avec des facteurs environnementaux et génétiques, et une certaine redondance avec les voies physiopathologiques de la DI mais une architecture génétique plus complexe traduite par le fait que le rendement diagnostique dans les troubles autistiques sans DI est bien plus faible que dans la DI avec ou sans traits autistiques. Les facteurs génétiques combinent des variations de novo, des variations héritées rares et des variations communes. Figure 15 : Illustration des différentes voies cellulaires et facteurs génétiques pouvant être en cause dans les troubles du spectre autistique 209. 1.3.2. Epilepsie : définition et causes La « maladie épileptique » est définie par des crises récurrentes et sans facteur déclenchant majeur transitoire (comme un traumatisme ou une infection) à type de décharges neuronales synchronisées au niveau du cerveau. Elle touche jusqu'à 4% de la population générale dans les pays 48 occidentaux 212. Environ 20-30% des cas concernent des pathologies acquises primaires ou séquellaires comme des AVC, des tumeurs, des traumatismes et le reste est fortement suspect d'être d'origine génétique 213. Il s'agit en fait d'un groupe de pathologies très hétérogènes au pronostic très variable. De nombreux syndromes épileptiques ont été définis qui se caractérisent par l'âge de début, le type de crise, le profil évolutif, l'association ou non à d'autres symptômes ou signes (comme des troubles neurodéveloppementaux ou des malformations. La classification de l'épilepsie a été révisée par l'ILAE (International League Against Epilepsy) en 2010 214. Les figures 16 et 17 suivantes résument la classification proposée par catégories et par syndromes électro-cliniques : Figure 16 : représentation schématique de la classification de l'épilepsie selon l'ILAE en 2010 215. Figure 17 : Représentation schématique des syndromes électro-cliniques selon l'ILAE en 2010 215. Le changement dans la classification inclut notamment le fait que le groupe des « crises généralisées idiopathiques » (sous-entendu présumées génétiques) devient crises généralisées génétiques, renforçant cette hypothèse étiologique. De nombreuses revues sont disponibles reprenant les causes associées à différents types d'épilepsie 216–219. Un consortium international Epi4k s'attache à démembrer les causes génétiques de l'épilepsie notamment grâce à l'apport du séquençage pangénomique. De la même façon que pour la DI et les TSA, les causes génétiques de l'épilepsie sont très hétérogènes : - les variations de nombre de copies chromosomiques expliquent 5-10% des épilepsies de l'enfant, certaines variations impliquant des gènes connus en pathologies sont souvent associées à des troubles neurodéveloppementaux (sévères dans les encéphalopathies ou plus modérés) et d'autres étant clairement des facteurs de prédisposition aux troubles neurodéveloppementaux et à l'épilepsie déjà décrits dans les chapitres 1.2.3 et 1.3 au sujet de la DI et des TSA (notamment délétions récurrentes des régions 15q13.3, 16p13.11 et 15q11.2 retrouvées pour chacune d'elles chez 0,5-1% des patients, odds ratio = 7,5) 220–222. - les variations intragéniques peuvent être somatiques, constitutionnelles, et touchent des voies similaires aux pathologies neurodéveloppementales, résumées sur les figures 18 à 20. 50 Figure 18 : représentation des syndromes épileptiques par rapport aux périodes de début de l'épilepsie et aux gènes associés 217. Figure 19 : précisions sur la classification des causes génétiques des crises convulsives néonatales 223. 51 Figure 20 : Illustration du rôle au niveau neuronal des différents gènes impliqués dans l' pilepsie 217. La meilleure compréhension de ces voies physiopathologiques permet d'adapter l'utilisation des médicaments anti-épileptiques et représente un exemple de médecine personnalisée comme cela est illustré pour certains gènes dans le tableau 1 ci-dessous. 52 Tableau 1 : Illustration d'exemples d'adaptation thérapeutique en fonction du canal impliqué dans l'épilepsie 219 . Gène SCN1A Syndrome épileptique Dravet Encéphalopathie SCN8A précoce Encéphalopathie KCNQ2 précoce Epilepsie partielle KCNT1 migrante Encéphalopathie GRIN2A précoce SCL2A1 Déficit en GLUT-1 Sclérose tubéreuse de TSC1/TSC2 Bourneville Epilepsie sensible à la ALDH7A1 pyridoxine Possible(s) traitement(s) Eviction des inhibiteurs de canaux Na+ Inhibiteurs d'ouverture de canaux Na+ (carbamazépine, phenytoïne) Activateurs d'ouverture de canaux K+ (retigabine) ou inhibiteurs d'ouverture de canaux Na+ (carbamazépine) Activateurs de l'ouverture de canal K+ (quinidine) Antagonistes du récepteur NMDA (N-methyl-daspartate) (memantine) Régime cétogène Rapamicine et analogues Vitamine B6 Par ailleurs, il est aussi décrit un risque d'épilepsie plus important chez les patients atteints de DI syndromique ou non, estimée à environ 15-20% avec certains syndromes génétiques avec DI particulièrement caractérisés par une épilepsie Des études ont aussi évalué les caractéristiques de l'épilepsie dans des syndromes génétiques bien connus. Une revue reprend les données disponibles au sujet de l'épilepsie pour 4 syndromes bien caractérisés (X fragile, Rett, Angelman, sclérose tubéreuse de Bourneville) (tableau 2) 224. Tableau 2 : Exemple de caractéristiques de l'épilepsie dans des syndromes génétiques associés à la DI et aux TSA, adapté de Leung et al, 2011 224. Syndrome Gène Fréquence X fragile FMR1 G : 14-14,5% F : 6-8,3% Rett MECP2 60-94% Empreinte Angelman 15q11q13 / 86% UBE3A STB TSC1, TSC2 82,6% Âge de début 4-10 ans 3-5 ans Variable, médiane 2,9 ans Variable, médiane 2,4 ans Type de crise si épilepsie CGTC + CP (pour 23% G, 11% F) CGTC + CP pour 31,5% Crises multiples pour 60% Sévérité Légère à modérée, 85% pharmacosensibilité 34-54% pharmacorésistance 77% pharmacorésistance Crises multiples 56-63% pour 53% pharmacorésistance 53 1.3.3. Chevauchement des causes génétiques de pathologies neurodéveloppementales et de l'épilepsie Tous les éléments indiqués ci-dessus montrent le chevauchement des causes génétiques dans les troubles neurodéveloppementaux dont la DI, les TSA, et l'épilepsie et explique pourquoi la prévalence de l'épilepsie dans ces pathologies neurodéveloppementales est supérieure à celle de la population générale. La figure 21 suivante représente un exemple illustrant le chevauchement des causes génétiques dans ces pathologies. Figure 21 : diagramme montrant le chevauchement des troubles neurodéveloppementaux causés par des variations perte de fonction de novo dans des gènes identifiés par séquençage d'exome en trio 225. 1.3.4. Syndrome de Marfan et syndromes marfanoïde Ce syndrome est une pathologie du tissu conjonctif responsable de l'atteinte de 3 systèmes : système cardio-vasculaire notamment dilatation de l'aorte, atteinte oculaire (ectopie du cristallin et myopie sévère) et le système squelettique. Les critères cliniques de Ghent initialement établis en 1996 ont été révisés en 2010 226 : A. En l'absence d'antécédents familiaux: (1) Ao (Z ≥2) et EC = MFS* (2) Ao (Z ≥2) et FBN1 = MFS (3) Ao (Z ≥2) et Syst (≥7pts) = MFS* (4) EC et FBN1 connu pour être associé à Ao = MFS 54 - EC avec ou sans Syst et avec FBN1 non connu pour être associé à Ao ou sans FBN1 = SEC - Ao (Z < 2) et Syst (≥5 avec au moins un signe squelettique) sans EC = MASS - PVM ET Ao (Z <2) et Syst (<5) sans EC = SPVM B. En présence d'antécédents familiaux: (5) EC et HF = MFS (6) Syst (≥7 pts) et HF = MFS* (7) Ao (Z≥2 après 20 ans, ≥3 avant 20 ans) + HF de MFS (comme défini par les critères précédents) = MFS* Ao: dilatation de l'aorte au sinus de Valsalva ; EC : ectopie du cristallin ; FBN1 : variation pathogène du gène ; MASS : myopie, PVM, Ao limite Z<2, stries atrophiques, signes squelettiques ; PVM : prolapsus valve mitrale ; SEC : syndrome d'ectopie cristallinienne ; Syst : score systémique ; Z: Zscore. * : en l'absence de signes en veur d'un diagnostic différentiel (syndrome Loeys-Dietz ou EhlersDanlos notamment). Dans le cadre de la DI, de nombreux patients ont été décrits comme porteurs de morphotypes empruntant des critères squelettiques du syndrome de Marfan et ces patients ont été regroupés dans le groupe des syndromes marfanoïdes (Habitus Marfanoïde - DI). Il s'agit d'un groupe hétérogène génétiquement avec de multiples causes génétiques. L'étude de 100 patients ayant une atteinte du spectre HM-DI ont été explorés par CGH array et séquençage des gènes décrits comme associés à ce type de phénotype (MED12, ZDHHC9, UPF3B, FBN1, TGFBR1 et TGFBR2). Parmi ces patients, 80 remplissaient les critères squelettiques et 20 présentaient des critères évocateurs sans que le score systémique soit au moins égal à 7. Le rendement de la CGH array dans le 1er groupe de 80 patients était de 12 variations chromosomiques, 1 variation FBN1 et 1 variation de signification inconnue de MED12 soit un rendement potentiel de 17%. Le rendement dans le 2ème groupe de 20 patients était de 4 variations FBN1, 4 variations chromosomiques (et 2 patients avaient à la fois une variation FBN1 et une variation chromosomique) soit un rendement de 29%. Aucune variation chromosomique n'était récurrente et certaines concernaient des facteurs génétiques prédisposant aux troubles neurodéveloppementaux. Cette étude indiquait également la possibilité qu'une variation soit responsable de l'ensemble du phénotype mais aussi que parfois, le phénotype clinique puisse être dissocié avec la contribution d'un type de variation expliquant l'aspect marfanoïde et une autre variation en cause dans la DI 229. Une étude en cours de finalisation vise à évaluer l'apport du séquençage d'exome pour le diagnostic des patients présentant un phénotype HM-DI. Une cohort de 64 patients a pu être recrutée grâce à un PHRC national avec l'inclusion de quelques patients étrangers. L'exome a été interprété en solo pour 31 patients et en trio pour 33 patients. Le rendement des trios était de 22/33 avec un gène supplémentaire fortement candidat (70%) et celui des solos était de 13/31 (42%) avec un patient parmi les précédents également porteur d'une variation de signification indéterminée. Cette stratégie a donc permis d'obtenir un diagnostic moléculaire dans 56% des cas, 8 gènes étant mis en cause chez au moins 2 patients (EHMT1, ARID1B, NFIX, NSD1, ZEB2, DLG4, ATP1A1 et NUP205). 1.4. Intérêt des modèles animaux pour étudier les voies physiopathologiques de la DI Les modèles cellulaires et animaux permettent d'apporter de nombreux éléments pour la compréhension des voies biologiques et physiopathologiques. Parmi les stratégies envisageables, l'utilisation d'un modèle animal permet d'accéder à de multiples informations incluant un phénotypage clinique (malformatif/anatomique, comportemental), et l'étude de voies biologiques cellulaires ou moléculaires. Différentes méthodes sont utilisées pour générer des animaux transgéniques qui sont choisies selon le mécanisme mutationnel ou le type de variants à explorer. Parmi les critères importants orientant vers le choix d'un modèle, on doit retenir la faisabilité de la construction en conformité avec le mécanisme sous-tendant la maladie, la validité clinique où des caractéristiques de la maladie humaine sont retrouvées chez le modèle et la validité prédictive permettant de prédire l'apparition des symptômes ou l'identification de nouveaux traitements 230,231, mais aussi la possibilité de traçabilité génétique pour confirmer le résultat des manipulations faites, l'utilisation d'outils pour visualiser et manipuler les neurones in vivo, et la possibilité de transférer les découvertes vers les patients sur la base de la conservation des voies biologiques. Au final, cela permet de contribuer à la recherche translationnelle pour aider à l'interprétation et la classification des variations génétiques et le développement de molécules thérapeutiques ou de thérapie génique pour tenter d'améliorer le phénotype voire rétablir un phénotype normal.
38,331
2003AIX22061_5
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,003
Localisation et concentration de la marche de Sinai
None
French
Spoken
6,978
14,007
On un ensemble de maximisants et minimisants (à droite de m̃0 ) : M0 ≡ o n obtient par cette construction m̃0, M̃r, m̃r, · · ·, M̃1, m̃1, M̃0, de cardinal 2r + 3, (voir figure 4.3). De même on construit l’ensemble M′0 en effectuant de façon équivalente des raffinements à gauche de la vallée {M̃0′, m̃0, M̃0 } : on effectue un premier raffinement ce qui donne les points {m̃′1, M̃1′ }, on raffine ensuite {M̃1′, m0 } et ansi de suite jusqu’à obtenir 61 Chap itre 4. Description du milieu aléatoire sous H.1, H.2 et H.6 {m′r′, Mr′ ′ } tels que m̃0 − M̃r′ ′ −1 ≥ bn ln et m ̃ 0 − M ̃r ′ ′ ≤ bn ln ( on note M′0 cet ensemble de maximisants et minimisants à gau che de m̃0 ). On obtient ainsi un ensemble de minimisants et maximisant s que l’on notera M ≡ M′0 ∪ M0 = {M0′, m′1, M1′, · · ·, Mr′ ′, m0, Mr, · · ·, M1, m1, M0 }. n St t ∈ R m̃0 M̃r m̃r m̃2 M̃2 M̃1 m̃1 M̃0 Fig. 4.3 – La construction que l’on a effectuée ci-dessus n’a de sens que si M̃0 − m̃0 ≥ bn ln et m̃0 − M̃0′ ≥ bn ln. On montre (en probabilité) que l’on a mieux que cela, en effet : Lemme 4.2.15. Supposons3H.1, H.2 et hsoit κi ∈]0, ́κ+ [ tel que H.6 soit vérifiée, pour tout R > 1, tout γ > 0 et 3 tout ǫ > 0, il existe n0 ≡ n0 ǫ, γ, R, σ, E |ǫ0 |, C tel que pour tout n > n0 : (4.160) (4.161) ̧ · (ln n)2 ≤ Q M̃0 − m̃0 ≤ 65σ 2 (ln ln n) · ̧ (ln n)2 Q m̃0 − M̃0′ ≤ ≤ 65σ 2 (ln ln n) où C = EQ [eκǫ0 ] ∨ EQ [e−κǫ0 ], E = 24R2 | ln σ 2 ǫ2 R ǫ | 4E 6ǫ +, R (ln n)1/33 4E 6ǫ +, R (ln n)1/33. R est un paramètre libre que nous choisirons le moment venu.. Preuve. La preuve de ce lemme utilise la même idée que la preuve duh lemme 3 i ́ 4.1.5. D’après la proposition 4.2.14 on sait 3 ′ ′ que pour tout R > 1 et tout ǫ > 0, il existe n0 ≡ n0 ǫ, σ, E |ǫ0 | tel que pour tout n > n′0 : h i 6ǫ, Q M̃0 ≥ E(ln n)2, M̃0′ ≤ −E(ln n)2 ≤ R n o 24R2 | ln R 2 ′ 2 ǫ |. Notons A =, soit un une suite d’entiers et vn une M̃ ≥ E(ln n), M̃ ≤ −E(ln n) avec E = 0 0 0 σ 2 ǫ2 (4.162) seconde suite toutes deux positives et croissantes en n et telles que un × vn = [E(ln n)2 ] + 1, par 4.162 on a : (4.163) h i h i 6ǫ Q M̃0 − m̃0 ≤ un ≤ Q M̃0 − m̃0 ≤ un, A0 +, R 62 4.2. Découpage ordonné en vallées or par définition SM̃0 − Sm̃0 ≥ ln n, on en déduit : h i (4.164) Q M̃0 − m̃0 ≤ un, A0 · (4.165) ≤ Q max 2 2 max max −[E(ln n) ]−1≤m≤[E(ln n) ]+1 m≤l≤m+un m≤j≤m+un (|Sl − Sj |) ≥ l n n ̧, par définition, v n vérifie ([vn ])un ≤ [E(ln n)2 ] + 1 ≤ ([vn ] + 1)un ainsi : (4.166) (4.167) max max max −[E(ln n)2 ]−1≤m≤[E(ln n)2 ]+1 m≤l≤m+un m≤j≤m+un ≤ max max max (|Sl − Sj |) max 0≤q≤un −[vn ]−1≤i≤[vn ]−1 (i)un +q≤l≤(i+1)un +q (i)un +q≤j≤(i+1)un +q (|Sl − Sj |), on obtient donc par un calcul similaire à celui effectué dans la preuve du lemme 4.1.5 : h i Q M̃0 − m ̃0 ≤ un , A 0 (4 .168 )  Ã! 2 [ vn ]+2  £ ¤ Q |Sun | > ln4n . ¢ ¡ ≤ (un + 1) 1 − 1 − (4.169) 1 − sup1≤j≤un |Sun − Sj | > ln4n ¡ ¢ 3 4 κ 3 un ́ Par le lemme 4.1.4, pour tout κ ∈]0, κ+ [ tel que H.6 soit vérifiée, si ln4n < σ 2 κun ∧ σ 2C on a : ̧ · 3 ́ (ln n)2 ln n ln n − 1− σ2C 4 κ3 un ≤ 2e 32σ2 un Q |Sun | > (4.170), 4 h i n)2 où C = EQ [eκǫ0 ] ∨ EQ [e−κǫ0 ], en prenant un = 65σ(ln + 1 on montre qu’il existe n1 ≡ n1 (σ, C, κ) tel que 2 (ln ln n) 3 4 3 ́ ¡ ¢ κ un, on obtient donc pour tout n > n1 : pour tout n > n1, ln4n < σ 2 κun ∧ σ 2C ̧ · 2 ln n ≤ (4.171). Q | Sun | > 2+1/32−O ( lnlnlnnn ) 4 ( ln n) En prenant p = un, s = 0 et ln k = (4.172) ((ln n)/4)2 32σ 2 un, dans 4.15, il existe n2 ≡ n2 (σ, κ) tel que pour tout n > n2 : ln k ≤ ln ln n < 32σ 2 κ2 un, on obtient donc par 4.15 que pour tout n > n2 : μ · ̧¶ ln n sup Q |Sun − Sj | > (4.173) ≤ 4 1≤j≤un k − ln k+ ln 64 + 2e (ln k)3/2 32σ 2 κ3 p1/2, de plus il existe n3 ≡ n3 (σ, κ) tel que pour tout n > n3 (4.174) ln k (ln k)3/2 1 ln ln n ≤ ln k + +. 10 64 32σ 2 κ3 p1/2 On déduit de 4.173 et 4.174 que pour tout n > n2 ∨ n3 : ̧¶ μ · ln n (4.175) sup Q |Sun − S j | > 4 1≤j≤un ≤ 1. ( ln n) 1/10 En remarquant que (1 − x)a ≥ 1 − ax pour tout 0 ≤ x ≤ 1 et a ≥ 1, on déduit de 4.171 et 4.175 que pour tout n > n 1 ∨ n2 ∨ n3 :!2[vn ]+2 à ¤ £ Q |Sun | > ln4n ¡ ¢ (4.176) 1− 1 − sup1≤j≤un |Sun − Sj | > ln4n μ μ ¶¶ 1 2(vn + 1) 1 + O (4.177), ≥ 1− ln ln n (ln n)1/10 (ln n)2+1/32−O( ln n ) 63 Chapitre 4. Description du milieu aléatoire sous H.1, H.2 et H.6 en remplaçant 4.177 dans 4.169 et en remplaçant un vn par E(ln n)2, on obtient qu’il existe n4 ≥ n1 ∨ n2 ∨ n3 tel que pour tout n > n4 : h i Q M̃0 − m̃0 ≤ un, A0 ≤ (4.178) 4E, (ln n)1/33 en remplaçant ceci dans 4.163 et en prenant n0 = n′0 ∨ n4 on obtient 4.160. On effectue des calculs similaires pour obtenir 4.161. ¥ 4.3 4.3.1 Propriétés de l’ensemble des "bons" environnements Écart minimal entre les deux points issus d’un raffinement Le lemme suivant est fondamental : il donne un lien entre le découpage ordonné en vallées de [M̃0′, M̃0 ] (paragraphe 4.2.3) et le découpage déterministe en blocs de taille bn de l’ intervalle [M̃0′, M̃0 ] ⊂ [−E(ln n)2, E(ln n)2 ] (voir proposition 4.2.14 et équation 4.157). Lemme 4.3.1. Supposons H.1, H.2 et £soit κ¤ ∈]0, κ+ [ tel que H.6 soit vérifiée, pour tout R > 1, tout ǫ > 0 et tout γ > 0 il existe n0 ≡ n0 (ǫ, R, σ, κ, E |ǫ0 |3, C, γ) tel que pour tout n > n0 : (4.179)  r [ " r [ Q ′ i=1 (4.180) Q i=1  18ǫ +O R μ 1 (ln n)1/33 ¶, # 18ǫ +O R μ 1 (ln n)1/33 ¶, {Mi′ − m′i ≤ bn } ≤ {Mi − mi ≤ bn } ≤ £ ¤ 24R2 | ln R ǫ |, C = EQ [eκǫ0 ] ∨ EQ [e−κǫ0 ], r et r′ ont été définis au où bn = E(ln n)3/2 (σγ ln ln n)1/2 + 1, E = σ 2 ǫ2 paragraphe 4.2.3. R et γ sont des paramètres libres qui seront choisis le moment venu. Preuve. Soient ǫ > 0, R > 1, E = 24R2 | ln σ 2 ǫ2 R ǫ | n o et γ > 0, en notant A0 = M̃0′ ≥ −E(ln n)2, M̃0 ≤ E(ln n)2, par la £ ¤ proposition 4.2.14 il existe n1 ≡ n1 (ǫ, R, σ, E |ǫ0 |3 ) tel que pour tout n > n1 on a : (4.181) Q [A0 ] ≥ 1 − 6ǫ. R On rappelle que l’on a effectué le découpage suivant, pour tout n ≥ 3 : (4.182) E(ln n)2 = kn × bn avec : (4.183) et (4.184) i h bn = E(ln n)3/2 (γ ln ln n)1/2 + 1, kn = E(ln n)2. bn Nous verrons que pour obtenir ce lemme on fixera la suite ln introduite au paragraphe 4.2.3 de la façon suivante : (4.185) ln = Dσ 2 (ln kn )2 avec D = 1000. 64 4.3. Propriétés de l’ensemble des "bons" environnements Mont rons 4.179. Notons : ′ (4.186) A1 = r [ i=0 (4.187) A2 = {Mi′ − m′i ≤ bn } [kn ]+1 [kn ]+1 [ [ l=−[kn ]−1 j=l+[ln ] 1⁄2 max (l+1)bn ≤w<z≤jbn (Sz − Sw ) ≤ max max lbn ≤m ≤(j+1)bn m≤u<v≤m+bn 3⁄4 (Sv − Su ), £ ¤ on va montrer qu’il existe n′0 ≡ n′0 (ǫ, R, σ, κ, EQ |ǫ0 |3, C, γ) tel que pour tout n > n′0 : 4E 1. Q [ A 1 ] ≤ Q [A2 ] + 18ǫ R + (ln n)1/33, 3 ́ ln n)5/2 2. Q [A2 ] ≤ O (ln. 1/2 (ln n) Montrons 1. Notons ′ (4.188) C1 = [kn ]+1 r [ j=0 l=−[kn ]−1 n o M̃j′ ∈ [lbn, (l + 1)bn ], [kn ]+1 (4.189) [ C2 = l=−[kn ]−1 (4.190) C3 = ′ r −1 i=0 {m̃0 ∈ [lbn, (l + 1)bn ]}, {Mi′ ≥ m̃0 − ln bn }, On commence par les remarques suivantes : A) pour tout n > n1 : (4.191) Q [C1 ] ≥ 1 − 6ǫ, R en effet, on a : (4.192)   r′ n o −([kn ] + 1)bn ≤ M̃i′ ≤ ([kn ] + 1)bn  Q [C1 ] = Q  j=0 (4.193)  r′ n o −E(ln n)2 ≤ M̃i′ ≤ E(ln n)2  ≤ Q  j=0 (4.194) or par construction (voir page 61) on a : (4.195) M̃0′ ≥ −E(ln n)2, M̃0 ≤ E(ln n)2 ⇒ ∀i, 0 ≤ i ≤ r′, −E(ln n)2 ≤ M̃i′ ≤ E(ln n)2 ainsi (4.196) Q [C1 ] ≥ Q [A0 ], on obtient donc la remarque A) par 4.181. B) pour une raison similaire à celle évoquée pour A) pour tout n > n1 : (4.197) (4.198) Q [C2 ] = Q [−([kn ] + 1)bn ≤ m̃0 ≤ ([kn ] + 1)bn ] 6 ǫ ≥ 1−. R 65 Chapitre 4. Description du milieu aléatoire sous H.1, H.2 et H.6 i ́ 3 h 3 C) D’après le lemme 4.2.15 il existe n2 ≡ n0 ǫ, R, σ, E |ǫ0 |, c tel que pour tout n > n2 :  ′ r −1 (4.199) Q  ( 4.200) i=0  {Mi′ ≥ m̃0 − ln bn } ≤ ≤ Q [M0′ ≥ m̃0 − ln bn ] 6ǫ 4E + , R (ln n)1/33 où c = EQ [e κǫ0 ] ∨ EQ [e −κ ǫ 0 ]. On a d’après la remarque A), pour tout n > n1 : (4.201) Q [A1 ] ≤ (4.202) ≤ (4.203) = 6ǫ Q [A1, C1 ] + R   ′  r n n ]+1 o [k[ n o [ ′  + 6ǫ M̃i′ − m′i ≤ bn, M̃i−1 ∈ [lbn, (l + 1)bn ] Q  R i=1 l=−[kn ]−1  ′  [kn ]+1 n r o [ [ 6ǫ ′, Q M̃i′ − m′i ≤ bn, M̃i−1 ∈ [lbn, (l + 1)bn ]  + R i=1 l=−[kn ]−1 on utilise maintenant la remarque C) on obtient pour tout n > n2 :  (4.204) Q ′ [kn ]+1 r [ [ i=1 l=−[kn ]−1 (4.205) ≤ =  o n ′ M̃i′ − m′i ≤ bn, M̃i−1 ∈ [lbn, (l + 1)bn ]   o n 6ǫ 4E ′ M̃i′ − m′i ≤ bn, M̃i−1 ∈ [lbn, (l + 1)bn ], C3  + Q + R (ln n)1/33 i=1 l=−[kn ]−1   ′ [kn ]+1 n r o [ [ ′ ′ ∈ [lbn, (l + 1)bn ], M̃i−1 ≤ m̃0 − ln bn  Q M̃i′ − m′i ≤ bn, M̃i−1  ′ [kn ]+1 r [ [ i=1 l=−[kn ]−1 (4. 206) + 6ǫ 4 E , + R ( ln n)1/33 enfin on utilise la remarque B) pour tout n > n1 :  (4.207) Q ′ r [ [kn ]+1 [ i=1 l=−[kn ]−1 (4.208) ≤  Q ′ r [ [kn ]+1 i=1 l=−[kn ]−1 [kn ]+1 (4.209) [ [ j=−[kn ]−1  n o ′ ′ M̃i′ − m′i ≤ bn, M̃i−1 ∈ [lbn, (l + 1)bn ], M̃i−1 ≤ m̃0 − ln bn  n ′ ′ M̃i′ − m′i ≤ bn, M̃i−1 ∈ [lbn, (l + 1)bn ], M̃i−1 ≤ m̃0 − ln bn,  o 6ǫ. {m̃0 ∈ [bn j, bn (j + 1)]}  + R On remarque maintenant que : (4.210) n o ′ ′ M̃i−1 ≤ m̃0 − ln bn, M̃i−1 ∈ [lbn, (l + 1)bn ] ⊂ {m̃0 ≥ lbn + ln b n }, 66 4.3. Propriétés de l’ensemble des "bons" environnements on en déduit : ′ [kn ]+1 r [ (4.211) [ i=1 l=−[kn ]−1 n ′ ′ M′i − m′i ≤ bn, M̃i−1 ∈ [lbn, (l + 1)bn ], M̃i−1 ≤ m̃0 − ln bn, [kn ]+1 (4.212) [ j=−[kn ]−1 ′ (4.213) r [ ⊂ {m̃0 ∈ [bn j, bn (j + 1)]} [kn ]+1 [kn ]+1 [ [ i=1 l=−[kn ]−1 j=l+[ln ] (4 .214) o n ′ M̃i′ − m′i ≤ bn , M ̃ i −1 ∈ [ lbn , ( l + 1)b n ], m ̃0 ∈ [bn j, bn (j + 1)] o, de plus, si on effectue un raffinement de {M̃i−1, m̃0 } on obtient les point M̃i′ et m̃′i tels que : (4.215) SM̃ ′ − Sm̃′i = i max ′ M̃i−1 ≤w<z≤m̃0 (Sz − Sw ), on en déduit : (4.216) (4 .217) ⊂ n o ′ M̃i′ − m′i ≤ bn, M̃i−1 ∈ [lbn, (l + 1)bn ], m̃0 ∈ [bn j, bn (j + 1)] n (Sv − Su ), max (Sz − Sw ) ≤ max max lbn ≤m≤(j+1)bn m≤u<v≤m+bn ′ M̃i−1 ≤w<z≤m̃0 ′ M̃i−1 ∈ [lbn, (l + 1)bn ], m̃0 ∈ [bn j, bn (j + 1)] (4.218) ainsi : o, o n ′ M̃i′ − m′i ≤ bn, M̃i−1 ∈ [lbn, (l + 1)bn ], m̃0 ∈ [bn j, bn (j + 1)] 3⁄4 1⁄2 max (Sv − Su ). (Sz − Sw ) ≤ max ⊂ max (4.219) (4.220) lbn ≤m≤(j+1)bn m≤u<v≤m+bn (l+1)bn ≤w<z≤jbn En remplaçant 4.220 dans 4.214, on obtient : ′ [kn ]+1 r [ (4.221) [ i=1 l=−[kn ]−1 n ′ ′ M′i − m′i ≤ bn, M̃i−1 ∈ [lbn, (l + 1)bn ], M̃i−1 ≤ m̃0 − ln bn, [kn ]+1 [ (4.222) j=−[kn ]−1 ⊂ (4.223) = {m̃0 ∈ [bn j, bn (j + 1)]} [kn ]+1 [kn ]+1 [ [ l=−[kn ]−1 j=l+[ln ] A2, 1⁄2 max o (l+1)bn ≤w<z≤jbn (Sz − Sw ) ≤ max max lbn ≤m≤(j+1)bn m≤u<v≤m+bn 3⁄4 (Sv − Su ) on déduit de cette de rnière inclusion, de 4 .209, 4.206 et 4.203 le 1. Montrons 2. on introduit l’événement : (4.224) A3 = max max max −([kn ]+1)bn ≤m≤([kn ]+1)bn m≤l≤m+bn m≤j≤m+bn (|Sl − Sj |) ≤ ((1 + s)32σ 2 bn ln kn )1/2, on a : (4.225) Q [A2 ] ≤ Q [A2, A3 ] + Q [Ac3 ]. 67 Chapitre 4. Description du milieu aléatoire sous H.1, H.2 et H.6 On applique maintenant l’inégalité 4.36 en prenant [L] ¤+ 1 = ([kn ] + 1)bn et ln K = ln(k n ) dans cette inégalité, £ pour tout s > 0 il existe n3 ≡ n3 (ǫ, R, σ, s, κ, E |ǫ0 |3, C ) tel que pour tout n > n3 : (4.226) où e0 = (4.227) 3 1 32(1+s) ln(kn ) < σ 2 κ2 e0 bn, ́ σ 6 κ4 ∧ 128C 2 (1+s) ∧ (32κ(1 + s)). On en déduit par 4.36 que pour tout n > n3 :    1 2(bn + 1)  . 1+O Q [Ac3 ] ≤ kn 1/2 kn 1/2 1 −O ( lnbn s−O ( lnbn 1− 64 ) ) kn kn Pour simplifier cette expression on choisie n4 ≥ n3 tel que pour tout n > n4 : Q [Ac3 ] ≤ (4.228) 4bn s kn2. En remplaçant ceci dans 4.225, il vient pour tout n ≥ n4 : (4.229) Q [A2 ] ≤ Q [A2, A3 ] + Il reste donc à estimer Q [A2, A3 ], on a :  (4.230) [kn ]+1 [kn ]+1 [ [ Q [A2, A3 ] ≤ Q  l=−[kn ]−1 j=i+[ln ] où gn = ((1 + s)32σ 2 bn ln kn )1/2, de plus :  [kn ]+1 [  (4.231) Q [kn ]+1 [ i =−[ kn ] −1 j = i +[ ln ]  [kn ] +1 (4.232) ≤ X i=−[kn ]−1 [k n ]+1 [ Q j = i + [ln ] 1⁄2 1⁄2 1⁄2 4bn s kn2. max (l+1)bn ≤w<z≤jbn max (i+1)bn ≤w<z≤jbn max (i+1)bn ≤w<z≤jbn  3⁄4 (Sz − Sw ) ≤ gn ,  3⁄4 (Sz − Sw ) ≤ gn   3⁄4 (Sz − Sw ) ≤ gn . On remarque que l’événement {maxibn ≤w<z≤jbn (Sz − Sw ) ≤ gn } est décroissant en j, ainsi :   3⁄4 [kn ]+1 [kn ]+1 1⁄2 [ [ Q (4.233) (Sz − Sw ) ≤ gn  max i=−[kn ]−1 j=i+[ln ] [kn ]+1 (4.234) ≤ X Q i=−[kn ]−1 · (i+1)bn ≤w<z≤jbn max (i+1)bn ≤w<z≤(i+[ln ])bn (Sz − Sw ) ≤ gn ̧. On effectue le nouveau découpage suivant, [ln ] = dn × an où an ∈ N∗ ainsi : · ̧ (Sz − Sw ) ≤ gn Q max (4.235) (i+1)bn ≤w<z≤(i+1+ln )bn   [dn ]−1 © a (4.236) S(an j+i+1)bn − S(an (j+1)+i+1)bn ≤ gn , ≤ Q j=0 par indépendance et stationnarité du milieu on a :   [dn ]−1 © a (4.237) S(an j+i+1)bn − S(an (j+1)+i+1)bn ≤ gn  Q j=0 (4.238) [dn ] = (Q [San bn ≤ gn ]) μ · ̧¶[dn ]−1 San bn gn = Q. ≤ (an bn )1/2 (an bn )1/2 68 4.3. Propriétés de l’ensemble des "bons" environnements On utilise maintenant le résultat de Berry-Essen (voir par exemple [22] page 299) : pour 0 < δ ≤ 1 il existe une constante universelle H ≡ H(δ) > 0 telle que : £ ¤ · ̧ Z +∞ 2 Hgn EQ | ǫ0 |2+δ San bn e−x gn √ dx + Q ≤1− (4.239) ≤ . gn (an bn )1/2 (an bn )1/2 (an bn )δ/2 σ 2+δ 2π 1/2 (an bn ) £ ¤ De plus comme on travaille sous l’hypothèse H.6 on a EQ |ǫ0 |3 < ∞, on peut donc prendre δ = 1, A. C. Essen montre dans ce cas que H ≤ 7, 5. On a gn = ((1 + s)32σ 2 bn ln kn )1/2 en prenant an = [(1 + s)32σ 2 ln kn ] + 1 on obtient : £ ¤ Z 1 −x2 7.5EQ |ǫ0 |2+δ e √ dx + Q [San bn ≤ gn ] ≤ 2 (4.240), (gn )1/2 σ 3 2π 0 en remplaçant 4.240 dans 4.238 puis en remplaçant le résultat dans 4.234 on obtient :   3⁄4 [kn ]+1 [kn ]+1 1⁄2 [ [ Q (Sz − Sw ) ≤ gn  max (4.241) (i+1)bn ≤w<z≤jbn i=−[kn ]−1 j=i+[ln ] (4.242) ≤ R1 on rappelle de plus que 0 ÃZ (2[kn ] + 2) 2 −x e√ 2π 1 0 £ ¤![dn ]−1 2 7.5EQ |ǫ0 |3 e−x √ dx +, gn σ 3 2π £ ¤ dx < 0, 7 donc il existe n5 ≡ n5 (σ, ǫ, R, EQ |ǫ0 |3, γ) tel que pour tout n > n5 : Z (4.243) 1 0 £ ¤ 2 7.5EQ |ǫ0 |3 e−x √ dx + <1. gn σ 3 2π On a : (4.244) (2[kn ] + 2) ÃZ 1 0 où rn = £ ¤![dn ]−1 2 7.5EQ |ǫ0 |3 e−x √ dx + gn σ 3 2π 7.5EQ [|ǫ0 |2+δ ], R −x2 (gn )1/2 σ 3 01 e√2π dx on prend dn = −(1 + s2 )  Q [kn ]+1 [kn ]+1 [ [ i=−[kn ]−1 j=i+[ln ] (4.245) De plus dn rn = O ≤ 3 3 ln kn bn ́1/4 (4.246) 1 dn r n. e kns2 =O  Q 3 (ln ln n)5 (ln n)3 ́1/8 (4.247) ≤ ≤ (2[kn ] + 2)e μ ln(kn +2) R 1 e−x2 √ dx 0 2π 1⁄2 −x2 e√ 2π dx +rn, + 2 avec s2 > 0, on en déduit que : max (i+1)bn ≤w<z≤jbn 3⁄4  (Sz − Sw ) ≤ gn , donc il existe n6 ≡ n6 (n5, s2 ) ≥ n5 tel que pour tout n > n6 : [kn ]+1 [kn ]+1 [ [ i=−[kn ]−1 j=i+[ln ] 2. kns2 ln μ μ R (dn −2) ln 01 1⁄2 max (i+1)bn ≤w<z≤jbn 3⁄4  (Sz − Sw ) ≤ gn  En remplaçant 4.247 dans 4.230 puis le résultat obtenu dans 4.229, on obtient pour tout n > n4 ∨ n6 : (4.248) Q [A2 ] ≤ 4bn 2 s2 + kn (kn )s/2 69 Chapitre 4. Description du milieu aléatoire sous H.1, H.2 et H.6 £ ¤ n)2 si l’on prend s = 4 et s2 = 1, on obtient qu’il existe avec bn = E(ln n)3/2 (σγ ln ln n)1/2 et kn = E(ln bn £ 3¤ n7 ≡ n7 (ǫ, R, σ, κ, EQ |ǫ0 |, C, γ) ≥ n4 ∨ n6 tel que pour tout n > n7 : μ ¶ (ln ln n)5/2 Q [A2 ] ≤ O (4.249), (ln n)1/2 ce qui donne 2. On obtient 1. et 2. en prenant n′0 = n7 ∨ n2 ∨ n1, ce qui donne 4.179 en prenant n0 = n7 ∨ n2 ∨ n1. En effectuant des calculs similaires on montre que ce résultat est aussi vrai pour l’ensemble des raffinements à droite de {M0′, m0, M0 } ce qui donne le lemme. Contrainte sur ln : on voit que la partie de la preuve que l’on vient d’effectuer impose la valeur de ln, +2) R n + 1, avec s = 4 et s2 = 1, on a : [ln ] = an × dn avec an = ([(1 + s)32σ 2 ln kn ] + 1) et dn = −(1 + s2 ) ln ln(k ( 01 γ(x)dx) on a donc : ln = Dσ 2 (ln kn )2 £ ¤ n)2 avec D = 1000, bn = E(ln n)3/2 (γ ln ln n)1/2 et kn = E(ln. ¥ bn (4.250) On déduit du lemme 4.3.1 le résultat suivant : Corollaire 4.3.2. Supposons H.2 et soit κ ∈]0, κ+ [ tel que H.6 soit vérifiée, pour tout R > 1, tout ǫ > 0 ¤ £ 3H.1, il existe n0 ≡ n0 (ǫ, R, σ, E |ǫ0 |, C, γ) tel que pour tout n > n0 μ 1 24ǫ ′ −O (4.251), Q [r ≤ 2kn + 1] ≥ 1 − R (ln n)1/33 ¶ μ 1 24ǫ (4.252). −O Q [r ≤ 2kn + 1] ≥ 1 − R (ln n)1/33 £ ¤ 24R2 | ln R ǫ | où kn = E(ln n)2 /bn, avec bn = E(ln n)3/2 (σγ ln ln n)1/2 + 1 et E =. C = EQ [eκǫ0 ] ∨ EQ [e−κǫ0 ], r σ 2 ǫ2 ′ et r ont été définis au paragraphe 4.2.3. R et γ sont des paramètres libres qui seront choisis le moment venu. Preuve. Soit ǫ > 0, R > 1. Montrons 4.251, par construction : (4.253) M̃0′ ≥ −kn bn, m̃0 ≤ kn bn ⇒ ∀ 0 ≤ j ≤ r′, M̃j′ ∈ [−kn bn, kn bn ], m̃′j ∈ [−kn bn, kn bn ], de plus : (4.254) ∀j 0 ≤ j ≤ r′, Mj′ − m′j > bn, M̃j′ ∈ [−kn bn, kn bn ], m̃′j ∈ [−kn bn, kn bn ] ⇒ r′ ≤ 2kn, donc : ∀j, 0 ≤ j ≤ r′, Mj′ − m′j > bn, M̃0′ ≥ −kn bn, m̃0 ≤ kn bn ⇒ r′ ≤ 2kn, (4.255) On en déduit : (4.256) (4.257) Q [r′ ≤ 2kn + 1] ≥ ≥  Q  ′ r © j=0 Mj′ − m′j > bn, M̃0′ ≥ −kn bn, m̃0 ≤ kn bn  a  ′  r i h [ © a Q M̃ 0′ ≥ − kn bn , m ̃ 0 ≤ kn bn − Q  Mj′ − m′j ≤ bn , j=0 la seconde inégalité est obtenue en remarquant que pour tout A et B : Q[A, B] ≥ Q[B] − Q[Ac ]. On £ 3événement ¤ sait d’après le lemme 4.3.1, qu’il existe n1 ≡ n1 (ǫ, R, σ, E |ǫ0 |, C, γ) tel que pour tout n > n1 :   ′ μ r [ 18ǫ 1 Q  {Mi′ − m′i ≤ bn } ≤ (4.258). +O R (ln n)1/33 i=1 70 4.3. Propriétés de l’ensemble des "bons" environnements £ ¤ De plus par le lemme 4.403 il existe n2 ≡ n2 (ǫ, R, σ, E |ǫ0 |3 ) tel que pour tout n > n2 : h i h i (4.259) Q M̃0′ ≥ −kn bn, m̃0 ≤ kn bn ≥ Q M̃0′ ≥ −kn bn − Q [m̃0 > kn bn ] h i h i (4.260) ≥ Q M̃0′ ≥ −kn bn − Q M̃0 > kn bn h i h i ≡ Q M̃0′ ≥ −E(ln n)2 − Q M̃0 > E(ln n)2 (4.261) 6 ǫ. R En remplaçant 4.258 et 4.262 dans 4.257 on obtient 4.251 en prenant n0 = n1 ∨ n2. On fait un calcul similaire pour obtenir 4.252. ¥ (4.262) 4.3.2 ≥ 1− Conséquences du découpage ordonné en vallées On adopte les notations suivantes : (4.263) Si 0 ≤ i, j ≤ r : n n, − Sm̃ δi,j = SM̃ j i n n − SM̃, ηi,j = SM̃ i j n n. − Sm̃ μi,j = Sm̃ j i Si 0 ≤ i, j ≤ r′ : ′ n n δi,j = SM̃ ′ − Sm̃′, j i ′ n n ηi,j = SM̃ ′ − SM̃ ′, i j i j n n μ′i,j = Sm̃ ′ − Sm̃′. Premières remarques D’après la construction que l’on a effectuée page 61, sans calcul supplémentaire, on a : (4.264) (4.265) δ0,0 > δ1,1 > · · · > δr,r ≥ 0, δ1,0 > δ2,1 > · · · > δr,0 ≥ 0, de même : (4.266) (4.267) ′ ′ ′ δ0,0 > δ1,1 > · · · > δr,r ≥0, ′ ′ δ1,0 > δ2,0 > · · · > δr′ ′, 0 ≥ 0. De plus par la définition d’une vallée de profondeur supérieure à 1 + γ(n) on a : (4.268) (4.269) δ0,0 ≥ 1 + γ(n), ′ δ0,0 ≥ 1 + γ(n), on a aussi : (4.270) (4.271) 0 ≤ i ≤ r − 1, ηi,i+1 ≥ 0, ′ 0 ≤ i ≤ r′ − 1, ηi,i+1 ≥0. Distance minimale entre deux maximums relatifs successifs + Proposition 4.3.3. Supposons H.1, H.2 £ et 3soit ¤ κ£ ∈]0, ¤ κ [ tel que H.6 soit vérifiée, pour tout R > 1, tout ǫ > 0, 4 tout γ > 0 il existe n0 ≡ n0 (ǫ, R, σ, κ, E |ǫ0 |, E ǫ0, C, γ) tel que pour tout n > n0 : "r−1 #! à μ ǫ ln ln n (12π)1/2 Q {ηi,i+1 ≥ γ(n)} ≥ 1 − − O 24 + ̄ (4.272), ̄ R (ln n)1/4 ̄ln ǫ ̄1/2 i=0 R  ′ Ã! ¶ μ r −1 © ′ a (12π)1/2 ln ln n ǫ   24 + ̄ (4.273), −O ηi,i+1 ≥ γ(n) ≥1− Q ̄ R (ln n)1/4 ̄ln ǫ ̄1/2 i=0 R ′ où γ(n) = γ lnlnlnnn, C = EQ [eκǫ0 ] ∨ EQ [e−κǫ0 ], les v.a. r et r′ ont été définies au paragraphe 4.2.3, η.,. et η.,. ont été définis 4.263. R et γ sont des paramètres libres qui seront choisis le moment venu. 71 Chapitre 4. Description du milieu aléatoire sous H.1, H.2 et H.6 Preuve. Mont rons 4.273 Pour montrer cette proposition on va se servir du découpage en blocs bn de l’intervalle [−E(ln n)2, E(ln n)2 ] ainsi que du lemme 4.3.1. Soient n > 3, R > 1, ǫ > 0 et γ > 0, on rappelle les notations suivantes : 24R2 | ln R ǫ |, 2 2 h σ ǫ (4.274) E= (4.275) i bn = E(ln n)3/2 (σγ ln ln n)1/2 + 1, (4.276) kn = E(ln n)2. b n On note : ′ r n o −E(ln n)2 ≤ M̃i′ ≤ E(ln n)2, A= (4.277) i=0 ′ (4.278) A1 = r [ [kn ]+1 r [ [kn ]+1 [ i=1 j=−[kn ]−1 ′ (4.279) A2 = [ i=1 j=−[kn ]−1 (4.280) A3 = ′ r[ −1 i=0 © {m′i ∈ [bn j, bn (j + 1)], Mi′ ∈ [bn j, bn (j + 1)]}, © a ′ Mi′ ∈ [bn j , bn (j + 1)], Mi +1 ∈ [ bn j, bn (j + 1)], a ′ 0 ≤ ηi,i+1 ≤ γ(n). En se plaçant sous £ les¤hypothèses et notations du lemme 4.3.3 on a : 1) par la proposition 4.2.14, il existe n1 ≡ n1 (ǫ, R, σ, E |ǫ0 |3 ) tel que pour tout n > n1 : (4.281) Q [A] ≥ 1 − 6ǫ, R (en effet A est égal à l’événement C1 dans la preuve du lemme 4.3.1).n o Sr ′ 2) Par définition des raffinements on a A2 ⊂ A1, de plus A1 ⊂ i=1 M̃i′ − m̃′i ≤ bn, ainsi par 4.179, il existe £ ¤ n2 ≡ n2 (ǫ, R, σ, E |ǫ0 |3, C, γ) tel que pour tout n > n2 : μ 1 18ǫ (4.282). +O Q [A2 ] ≤ R (ln n)1/33 Par 1) et 2) on a donc pour tout n > n1 ∨ n2 : Q [A3 ] ≤ Q [A3, Ac1 , A] + (4.283) 24ǫ +O R μ 1 (ln n)1/33 . Notons : [kn ]+1 ( 4.284) A4 = [ [kn ]+1 1⁄2 [ i=−[kn ]−1 j=i+1 0≤ max bn i≤k≤bn (i+1) (Skn ) − max bn j≤l≤bn (j+1) 3⁄4 (Sln ) ≤ γ(n), par définition des raffinements , on a : (4.285) ′ M̃i′ < M̃i+1 et SM̃ ′ > SM̃ ′, ∀i 0 ≤ i ≤ r′ − 1, i i+1 a insi : (4.286) {A3, Ac2, A} ⊂ A4. 72 4.3. Propriétés de l’ensemble des "bons" environnements Ainsi Q [A3, Ac2, A] (4.287) (4.288) ≤ (4.289) Q [A4 ]  ≤ (4.290) [kn ]+1 1⁄2 [kn ]+1 Q [ [ 0≤ i=−[kn ]−1 j=i+2  + [kn ]+1 [ Q i=−[kn ]−1 1⁄2 0≤ max bn i≤k≤bn (i+1) max bn i≤k≤bn (i+1) (Skn ) − (Skn ) − max bn j≤l≤bn (j+1) max bn (i+1)≤l≤bn (i+2)  3⁄4 (Sln ) ≤ γ(n)  3⁄4  (Sln ) ≤ γ(n)  . On veut maintenant estimer les deux probabilités 4.289 et 4.290 ceci fait l’objet (respectivement) des lemmes 4.3.4 et 4.3.5. Pour la preuve de ces lemmes on a utilisé les notes en préparation de [20]. ¡ £ ¤¢ Lemme 4.3.4. Supposons H.1, H.2 et H.6, pour tout E > 0, tout γ > 0 il existe n′0 ≡ n′0 σ, γ, E ǫ40 tel que pour tout n > n′0 :  [kn ]+1 [ Q [kn ]+1 1⁄2 [ i=−[kn ]−1 j=i+2 (4.291) max bn i≤k≤bn (i+1) (Skn ) − max bn j≤l≤bn (j+1) (Sln ) 3⁄4 3 π ́1/2 γ ln ln n 3/2 10 2 ([kn ] + 1) σ (bn )1/2 ≤ £ ¤ n)2 où kn = E(ln, bn = E(ln n)3/2 (σγ ln ln n)1/2 + 1 et γ ( n ) = bn le moment venu . γ ln ln n ln n.  ≤ γ(n) γ est un paramètre libre qui sera choisi Preuve. On a :  (4.292) [kn ]+1 [kn ]+1 1⁄2 [ Q [ i=−[kn ]−1 j=i+2 (4.293) ≤ [kn ]+1 [kn ]+1 X X i=−[kn ]−1 j=i+2 0≤ ·1⁄2 Q 0≤ max bn i≤k≤bn (i+1) (Skn ) − (Skn ) max bn i≤k≤bn (i+1) − max bn j≤l≤bn (j+1) max bn j≤l≤bn (j+1)  3⁄4 (Sln ) ≤ γ(n)  (Sln ) 3⁄4 ̧ ≤ γ(n ). On partitionne la double somme de la façon suivante : (4.294) [kn ]+1 [kn ]+1 X X i=−[kn ]−1 j=i+2 (4.295) = −2 X 0 X −2 X [kn ]+1 i=−[kn ]−1 j=i+2 (4.296) + X i=−[kn ]−1 j=1 (4.297) + −1 [kX n ]+1 X i=−2 j=i+2 ·1⁄2 Q 0≤ max bn i≤k≤bn (i+1) Q [· · · ] Q [· · · ] Q [· · · ] [kn ]+1 [kn ]+1 (4.298) + X i=0 X j=i+2 Q [· · · ]. 73 (Skn ) − max bn j≤l≤bn (j+1) (Sln ) 3⁄4 ̧ ≤ γ(n) Chapitre 4. Description du milieu aléatoire sous H.1, H .2 et H. 6 4.295 correspond aux termes : i < 0 et j ≤ 0, 4.296 et 4.297 correspondent aux termes : i < 0 et j ≥ 1 enfin 4.298 correspond aux termes : i ≥ 0. On veut maintenant écrire maxbn i≤k≤bn (i+1) (Sk ) − maxbn j≤l≤bn (j+1) (Sl ) comme somme de deux blocs indépendants. Selon les valeurs de i et j on obtient : • pour i ≥ 0 : (4.299) max bn i≤k≤bn (i+1) (4.300) max bn j≤l≤bn (j+1) donc pour i ≥ 0 (4.301) max bn i≤k≤bn (i+1) 1 − ln n = (Skn ) − bn j X l=bn (i+1)+1 • Pour i < 0, j ≥ 1 : (4.302) max bn i≤k≤bn (i+1) = 1 ln n bn j X (4.303) max 1 ln n = bn j X (Sln ) = 1 ln n max bn (j) X l=0 max jbn +1≤k≤(j+1)bn 1 ln n k X ibn ≤k≤(i+1)bn bn j≤l≤bn (j+1) (i+1)bn 1 1 X ǫm − max ln n ln n jbn +1≤k≤(j+1)bn m=k max bn j≤l≤bn (j+1) k X ǫm. m=jbn +1 (Sln ) (j+1)bn k X 1 X 1 ǫm. ǫm + min ibn ≤k≤(i+1)bn −1 ln n jb +1≤k≤(j+1)bn ln n max m=k m=ibn l=bn (i+1) ǫm. m=jbn +1 max (Skn ) − k X (Sln ) (i+1)bn 1 1 X ǫm − max jbn +1≤k≤(j+1)bn ln n ibn ≤k≤(i+1)bn −1 ln n ǫl + ǫm, m=jbn +1 (Sln ) min max ǫl + m=k l=bn (i+1) bn i≤k≤bn (i+1) m=k l=0 ǫl − ǫl + bn (i+1) (i+1)bn 1 X 1 X = ǫm, ǫl − min ln n ibn ≤k≤(i+1)bn ln n bn j≤l≤bn (j+1) (Skn ) − • Pour i < 0, j ≤ 0 (Skn ) £ ¤ On va maintenant estimer la probabilité Q 0 ≤ maxbn i≤k≤bn (i+1) (Skn ) − maxbn j≤l≤bn (j+1) (Sln ) ≤ γ(n). Pour le cas i ≥ 0, on a par 4.301 : · ̧ n n Q 0≤ max (Sk ) − max (Sl ) ≤ γ(n) bn i≤k≤bn (i+1) bn j≤l≤bn (j+1)   (i+1)bn bn j k X X X ǫm ≤ γ(n) ln n ǫm − max = Q 0 ≤ − ǫl − min ibn ≤k≤(i+1)bn l=bn (i+1)+1 (4.304) = Z R  Q 0 ≤ − o ù Y = − minibn ≤k≤(i+1)bn obtient : bn j X l=bn (i+1)+1 P(i+1)bn m=k Z (4.305) R (4.306) = Z R (4.307) ≤ ǫl − x ≤ γ(n) ln n, Y ∈ dx, ǫm − maxjbn +1≤k≤(j+1)bn  bn j X Q 0 ≤ − l=bn (i+1)+1 Q 0 ≤ − l=bn (i+1)+1    m=jbn  sup Q x ≤ − x jbn +1≤k≤(j+1)bn m=k bn j X bn j X m=jbn ǫm par indépendance des v.a. (ǫi )i∈Z on  ǫl − x ≤ γ(n) ln n, Y ∈ dx  ǫl − x ≤ γ(n) ln n Q [Y ∈ dx] l=bn (i+1)+1 74 Pk  ǫl ≤ γ(n) ln n + x. 4.3. Propriétés de l’ensemble des "bons" environnements Pour estimer ce dernier terme on utilise l’inégalité de concentration (voir [18]), ce résultat donne :    bn (j−i−1) X 2(π)1/2 ǫl ≤ γ(n) ln n + x ≤ sup Q x ≤ − (4.308), Z x l=1 i Pbn (j−i−1) ǫs où Z 2 ≡ Z 2 (γ(n)) = l=1 E 1 ∧ ( γ(n)lln n )2 et ǫ s l la variable symétrisée associée à (ǫl 4 ). On a : " # "μ μ ̧ ¶2 # ¶2 · ǫsl 1 ǫsl s 2 s (4.30 9). E 1∧ = ≥E I E (ǫ ) I ǫs ǫ l 1> γ(n)lln n 1> γ(n)lln n γ(n) ln n γ(n) ln n (γ(n) ln n)2 h Par l’inégalité de Schwarz et l’inégalité de Markov on a : · ̧ · h i 2 s 2 s 2 s E (ǫl ) I (4.310) = E (ǫl ) − E (ǫsl ) I ǫ l 1> γ(n) ln n ǫs 1≤ γ(n)lln n ̧ i1/2 i h h 4 2 Q1/2 [ǫsl > γ(n) ln n] E (ǫsl ) − E (ǫsl ) i h h i h i1/2 (E (ǫsl )2 )1/2 2 4 (4.312) ≥ E (ǫsl ) − E (ǫsl ) γ ln ln n i1/2 h 4 E (ǫsl ) (2σ 2 )1/2 2 (4.313). ≡ 2σ − γ l n ln n ¡ £ ¤¢ où γ > 0 par hypothèse. On déduit qu’il existe n′0 ≡ n′0 σ, γ, E ǫ40 tel que pour tout n > n′0 : · ̧ 3σ 2 s 2 s E (ǫl ) I ≥ (4.314). ǫ l 1> γ(n) ln n 2 (4.311) ≥ En rempl açant ceci dans 4.309 on obtient pour tout n > n′0 : " ¶2 # μ 3σ 2 ǫsl (4.315 ). ≥ E 1∧ γ(n) ln n 2(γ(n) ln n)2 Ainsi pour tout n > n′0 : (4.316) Z≥ r 3 2 σ 2 p bn (j − i − 1). γ(n) ln n En remplaçant ceci dans 4.308 puis le résultat obtenu dans 4.307 et dans 4.304 on en déduit pour n > n′0 : · ̧ (4.317) Q 0≤ max (Skn ) − max (Sln ) ≤ γ(n) bn i≤k≤bn (i+1) (4.318) ≤ μ 8π 3σ 2 ¶1/2 bn j≤l≤bn (j+1) γ(n) ln n 1/2 (bn )1/2 (j − i − 1). On peut maintenant estimer la somme 4.298 en utilisant 4.318, pour tout n > n′0 : [kn ]+1 [kn ]+1 (4.319) X i=0 (4.320) 4 on X j=i+2 Q [· · · ] ≤ μ 8π 3σ 2 ¶1/2 ≤ μ 8π 3σ 2 ¶1/2 prend ǫsl = ǫl − ǫ′s où ǫ′l et ǫl sont i.i.d.. [kn ]+1 [kn ]+1 γ(n) ln n X X 1 1/2 1/2 (bn ) i=0 j=i+2 (j − i − 1) γ(n) ln n 4 5 3 π ́1/2 γ ln ln n 3/2 3/2 ([k + 1]) ≤ ([kn ] + 1) n 2 σ2 (bn )1/2 3 (bn )1/2 75 Chapitre 4. Description du milieu aléatoire sous H.1, H.2 et H.6 En effectuant des calculs similaires pour les autres sommes 4.295 à 4.297, on montre que l’on peut borner chacune d’elle par 4.320 ce qui nous donne le lemme 4.3.4. ¥ Contrainte sur kn et bn : Ce dernier calcul impose des contraintes sur kn et bn, on rappelle que l’on a imposé : kn × bn = E(ln n)2, on veut que 3 π ́1/2 γ ln ln n 3/2 10 2 (4.321) ([kn ] + 1), σ (bn )1/2 soit le plus proche de 0 possible, et bn le moins grand possible. Pour cela on prend : h i bn = E(ln n)3/2 (γ ln ln n)1/2 + 1, (4.322) kn = E(ln n)2 bn donc : 3/2 3 π ́1/2 kn (1 + k1n )3/2 γ ln ln n σ2 (bn )1/2 3 π ́1/2 E 3/2 (ln n)3 (1 + k1n )3/2 (4.324) ≤ 10 2 γ ln ln n σ (bn )2 3 π ́1/2 (1 + 1 )3/2 kn ≤ 10 2 (4.325), σ E 1/2 on remarque que kn ≡ kn (E, γ), soit n3 ≡ n3 (E, γ) tel que pour tout n > n3, k1n ≤ 1/5. On ob tient donc pour tout n > n3 : 3 π ́1/2 1 3 π ́1/2 γ ln ln n 3/2 (4.326) ([k ] + 1) ≤ 12.
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Les rires et sourires du Jingju et Kunqu. Contribution à l'analyse de la notion et de la représentation du rire dans le théâtre chanté chinois. Littératures. Institut National des Langues et Civilisations Orientales- INALCO PARIS - LANGUES O', 2022. Français. &#x27E8;NNT : 2022INAL0010&#x27E9;. &#x27E8;tel-04148484&#x27E9;
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Dans la pièce La Prise de Luoyang1191 le général Ma Wu (jing), humilié par Deng Yu, a reçu la bastonnade. En route, il réalise soudainement que ses cicatrices vont lui permettre de pénétrer le camp ennemi : Ma Wu: Aïe ! Regard ez -moi ça! (Tapote sa jambe à l#endroit des bless ures) Aïe! Ouille! On ne ve ut pas d#un valeureux militaire comme moi, quelle injustice! Il ne me reste qu'à partir vers les Monts Taihang et m'y faire chef d’un repaire de rebelles . Roi des rebelles je sera i ! (Ma Wu se retourne vers 1190 Expression tirant son origine de l’acte 2 de L’Orphelin de la famille Zhao (Zhaoshi guer (趙氏孤兒)) de Ji Junxiang 紀君祥 (dates inconnues, époque Yuan) 1191 Livret du Jingju xuanbian, vol. 3, p. 58 350 l'étendard où est écrit « Abandonner ses fonctions et s’en retourner dans les montagnes », comprend soudainement, mime avec ses mains. « Trois rires ») ha ha, ha ha, Ah ! ha ha ha ..... (Vidéo)1192 馬武:哎呀,着哇!(拍腿,觸痛傷處)喔呼哟!嘿!將軍雖好,人家不用,可也是枉然。俺 還是回至太行山坐我那草莽皇帝,坐我那草莽皇帝。(邊念邊走,轉身瞧見2棄職歸山”旗,猛 省,作手勢,三笑)哈哈,哈哈,啊哈哈哈... Quatre soldats : Mon général, pourquoi riez-vous? 四兵丁:將軍為何發笑? Ma Wu : Le croirez-vous, ces quarante coups de bâton ont fait germer un plan dans ma vieille caboche. 馬武:你們哪里知道,元帥這四十軍棍,打出你馬武老子的計來了。 Quatre soldats : Général, quel est donc cet ingénieux stratagème? 四兵丁:將軍有何妙計? Ma Wu : Dans ma retraite vers montagnes je vais devoir passer par Luoyang. Su Xian va immanquablement chercher à me rallier à lui. Par ruse, je lui ferai ouvrir les portes de la ville, le tuerai, et Luoyang sera à nous en un tour de main. 馬武:此番棄職歸山,必打洛陽城下經過,那蘇獻必然勸我歸降;那時詐開城門,殺了蘇獻, 洛陽豈不唾手而得! Le « stratagème des sévices corporels » se pratique seul par automutilation (comme Wang Zuo dans les Huit massues) ou d’un commun accord (tel Huang Gai dans La Réunion des héros). Ma Wu en a été l’instrument sans être prévenu et sa perspicacité est ainsi mise à l’épreuve. Dans la pièce La Perte du sceau sauvée par l’incendie1193, un père, Bai Huai, apprenant que son fils, le fonctionnaire Bai Jian, a perdu son sceau, est choqué au point d#en perdre connaissance. Un stratagème permettant de récupérer le sceau va germer dans son esprit lors de cette phase d’inconscience et il rit dès l'instant où il revient à lui. Bai Jian et Bai Qi : Réveille z - vous ! 白簡,白起:( 同時 ) 爹爹醒來! 老太爺 醒來! (Bai Huai revient lentement à lui, se frotte les yeux, mime avec ses mains le fait d’être envoyé , d’en quête r ; il se lève) (Trois rires) Ha ha ! Ha ha ! Ah! Ha ha ha..... (Vidéo)1194 白懷:(漸漸蘇醒,揉眼,手势示意被派來打探,訪查,站起)(三笑)哈哈, 哈哈 , 啊哈哈 哈 ... 1192 Dans cet extrait sur la bannière n’est écrit que le caractère Ma du nom du héros. Extrait vidéo d’une représentation dont la date n’est pas indiquée avec Shang Changrong 尚長榮 dans le rôle de Ma Wu. (Shanghai jingjuyuan) 1193 Shiyin jiuhuo 失印救火, dont l’histoire est adaptée d’une pièce de genre chuanqi intitulée Yanzhixue 胭脂雪, écrit par Sheng Jishi 盛際時 (fin Ming, début Qing). (Jingju jumu cidian, p. 813). Livret du Jingju xuanbian, vol 7, p. 111. 1194 Extrait vidéo d’une représentation dont la date n’est pas indiquée avec Zhu Qiang 朱強 (né en 1961), acteur classé en première catégorie, du courant Bai Huai : Père, pourquoi riez-vous? 白簡:爹爹為何發笑? Bai Huai : Mon fils, je sais comment récupérer ton sceau. 白懷: 兒啊,你的印信有了 。 Nous retrouverons ce même schéma dans la tra duction de la pièce La Ré union des héros, Zhou Yu riant en apprenant l’arrivée de Jiang Gan, élaborant immédiatement un piège dans lequel Jiang Gan va tomber. Abordons à présent cette pièce dans son intégralité afin de mettre en lumière l’importance du rire dans le rythme dramaturgique d’une œuvre. Chapitre 4 : Rire une histoire La réunion des héros 群英會 Le choix de cette pièce, outre sa célébrité, n’est pas justifié par la quantité de ses rires mais par l’intérêt qu’ils représentent au sein d’une œuvre dominée par la stratégie « où s’affrontent les intelligences (]群英會》... 是一場智慧的鬥爭)1195» dans la tromperie et la manipulation. Les personnages y jouent souvent un double jeu, valant à cette œuvre la réputation d’être « une pièce dans la pièce (戲中有戲) ». Les rires viennent s’articuler au sein d’une relation trompeur-trompé. Il sera peu cas de rires spontanés. Les seules joies sincères, montrées de façon ouverte ou cachée, proviennent du succès de la stratégie, l’adversaire tombant dans le piège. L’œuvre est longue, et, afin de faciliter sa lecture, nous proposons en introduction un résumé des 21 scènes qui la constituent en y mentionnant les rires importants. 1. Présentation de la création de la pièce L’histoire est inspirée des chapitres 45 et 46 du roman historique Les Trois Royaumes déjà présenté. Elle retrace les événements qui précèdent la bataille de la Falaise rouge, célèbre combat qui eut lieu l’hiver de l’année 208 sur le fleuve Yangzi, où les royaumes alliés de Wu et de Shu battirent la flotte de Cao Cao, seigneur de Wei. Cet épisode de l’histoire chinoise est adapté au théâtre depuis les Song (genre yuanben, pièce pour maison de courtisanes) ainsi que plus tard sous les Ming (genre chuanqi) mais les livrets sont perdus1196. La Réunion des héros est adaptée au Jingju par Lu Shengkui1197 盧勝奎 (1822-1889) aussi appelé « Lu le fils de la scène » (Lutaizi 盧台 子) : Il est né dans la province du Jiangxi, ou peut-être du Anhui, dans une famille de lettrés fonctionnaires. Dès son plus jeune âge, il mène des études tout en étant passionné par le théâtre. Ayant échoué aux examens mandarinaux, il reste à Pékin où il voit beaucoup de pièces, se lie avec le milieu des acteurs qu’il intègre finalement en tant que professionnel. Sa voix est vite remarquée par Cheng Changgeng 1195 Article de Niu Biao à partir de l’interview de son maître Xiao Changhua, ((« Propos de Xiao à propos de la version théâtrale filmée de La Réunion des héros » (Xiaolao tan wutai yishupian Qunyinghui 蕭老談舞台藝術片)《群英會》) in Xiao Changhua yishu pinglun p. 249 1196 Jingju jumu cidian p. 253 1197 Zhongguo jingjushi, shangjuan p. 398-399 353 qui le fait entrer dans la troupe des Trois célébrations1198. Devenu acteur, il cache son véritable nom et adopte Lu Shengkui comme pseudonyme. À l’époque, Zhang Erkui était au sommet de sa gloire, ce qui explique ce pseudonyme de « Lu qui l’emporte sur Erkui... Dans l’histoire du Jingju, il n’est pas seulement un célèbre acteur de laosheng, c’est aussi un des premiers auteurs de pièces. Les pièces des Trois Royaumes jouées en série par la troupe des Trois célébrations sont écrites de sa main1199. ^江西 人(一說安徽人)。出身仕宦之家,幼年讀書,喜好戲曲,因考試不中而流落北京,常入戲園 觀劇,日久得與劇界人士相熟識,旋即入梨園行以演劇為業。初唱即為程長庚所賞識,遂被約 入三慶班。盧入劇界後隱去真名,勝奎是其藝名,當時正值張二奎紅極之時,故取“勝奎”之 名... 在京劇歷史中,盧勝奎不 時一位著名的老生演員,而且是京劇最早期劇作家之一。三 慶班所演出之連台本戲《三國志》,就出自他的手筆。,» Les livrets des pièces des Trois Royaumes sont rédigés durant les règnes de Tongzhi (1856-1875. Fils de Ci Xi) et de Guangxu (1875-1908. Neveu de Ci Xi)1200. « Ils comprennent en tout trente-six pièces (三國志共三十六本)1201», dont huit racontent l’histoire de la bataille de la Falaise rouge (Chibi aobing 赤壁鏖兵). La Réunion des héros est la quatrième de ces huit pièces1202. Xiao Changhua (fils adoptif de Lu Shengkui) possédait une version manuscrite de ces huit pièces. Selon Xiao, Lu avait offert une version manuscrite des livrets à Zhou Changshan, un acteur d’homme à barbe (homme âgé) de la troupe des Trois célébrations, et les manuscrits que possède Xiao sont ceux qu’il a recopiés de ceux de Zhou1203. Après avoir beaucoup joué ces pièces en y apportant diverses corrections, une version est imprimée en lithographie en 1957 sous le titre La Bataille de la Falaise rouge.1204 (蕭長華(蕭為盧勝奎義子)藏有八部手抄本。據蕭云:盧之手本,曾贈與三慶唱鬚 生之周長山,蕭之藏本係當年從三慶班周長山處手抄而來。該本有經蕭長華多次排演,幾經修 飾,最後與1957年石印成冊,劇名《赤壁鏖兵》) » Le livret traduit ici est celui adapté par Ma Lianliang, qui fut un élève de Xiao Changhua et avec qui il garda de proches relations1205. Nous disposons du livret édité en interne par le NACTA pour les élèves de l’institut, imprimé en février 1988 sous le titre La Réunion des héros. Emprunter le vent d’est, l’emprunt du vent d’est étant le dernier événement avant la bataille et l’élément crucial 1198 Sanqingban, déjà présentée, une des quatre troupes venues du Anhui en 1790 pour l’anniversaire de Qianlong. 1199 Zhongguo jingjushi, shangjuan, p. 399 1200 Préface du livret de La Bataille de la falaise rouge (Chibi aobing 赤壁鏖兵) du xikao https://scripts.xikao.com/ play/70601104 1201 Zhongguo jingjushi, shangjuan, p. 399 1202 Jingju jumu cidian p. 252 "群英會:盧勝奎《赤壁鏖兵》第四本) 1203 Zhou fut un des professeurs de Xiao (Zhongguo jingjushi, zhongjuan, p. 536) 1204 Zhongguo jingjushi, shangjuan. p. 399 1205 Zhongguo jingjushi, zhongjuan, p. 537 et 766 354 dont dépend la victoire. La préface de cette édition mention ne que : « Ma Lianliang a appris cette pièce du répertoire traditionnel il y a cinquante ans (et donc dans les années 1930) lorsqu’il était dans la troupe des Bonheurs continus1206,... » (馬連良先生的這個劇目是他在五十年前喜連成科 班學習的傳統劇目,... ». Xiao Changhua enseigne dans cette troupe depuis 1904 non seulement des pièces de chou qui sont sa spécialité mais également des pièces pour rôles masculins, féminins et de visages peints. Tout laisse à penser que la version de Ma Lianliang est tirée de celle de Xiao Changhua. Ce même livret est également disponible sur internet1207. La pièce est filmée en 1957 dans sa version théâtrale sur scène (舞台版) : Si aujourd’hui nous pouvons apprécier cette magnifique œuvre qu’est La Réunion des héros, nous le devons à Xiao Changhua qui assura la direction artistique de la version filmée de cette pièce. Durant plusieurs décennies, il est celui qui à la fois a conservé le livret, en a fixé le texte, et en a interprété l’œuvre. Il l’a également enseignée durant plus de quarante ans. la version filmée, les principaux acteurs sont Ma Lianliang dans le rôle de Zhuge Liang, Tan Fuying dans le rôle Lu Su, Qiu Shengrong dans celui de Huang Gai, Ye Shenglan dans celui de Zhou Yu, Yuan Shihai dans celui de Cao Cao. Tous sont des élèves de Xiao Changhua.1208 (今天能欣賞到《群英會》這樣的好戲,我們倒是應該感謝這部影片的藝術指導蕭長華先生。 數十年來,他是這齣戲劇本的珍藏著、訂撰者、演出者,又是教授了四十多年這齣戲的老師 ___ 這次影片的主要演員馬連良(飾諸葛亮)、譚富英(飾魯肅) 、裘盛戎(飾黃蓋) 、葉 盛蘭(飾周瑜) 、袁世海(飾曹操)等各位先生就都是他的學生。) » Xiao Changhua joue également dans la pièce, campant le rôle de Jiang Gan. Cette version filmée est disponible sur Youtube. Il existe par ailleurs sur internet différentes vidéos de représentations théâtrales, mais aucune, même dans les versions de plus de trois heures, ne présente la version intégrale des 21 scènes. Sa représentation s'étalait autrefois sur une durée de vingt jours, initialement avant le nouvel an, et uniquement à cette période, puis sans restriction par la suite1209. 1206 Xiliancheng 喜連成, troupe fondée en 1904 par l’acteur Ye Chunshan et financé par Niu Zihou 牛子厚, un commerçant venu de Jilin. En 1912 elle prend le nom de Fuliancheng 富連成. (Zhongguo Jingju baike quanshu, p. 149) 1207 Qunyinghui. Jiedongfeng 群英会·借东风. Nous nous sommes servis de la version internet (totalement identique à la version du NACTA) pour la traduction par un copier-coller . https :// scripts. x ikao. com / play /7000 2101 1208 NIU Biao, Xiaolao tan wutai yishupian 蕭老談舞台藝術片《群英會》(Propos de Xiao sur la version filmée de la pièce La Réunion des héros) in Xiao Changhua yishu pinglun, p. 250 1209 Niu Biao, entretien du 21/09/1993. 355 Les extraits filmés présentés en hyper-li en viennent d’une version en playback avec des enregistrements vocaux de 1954 jouée en avril 2002 à Beijing1210. 2. Le contexte de l’intrigue Au IIIe siècle de notre ère, la Chine est divisée en trois royaumes : au nord, le royaume de Wei, sous le contrôle du ministre Cao Cao, au sud-ouest, le royaume de Shu, gouverné par Liu Bei, descendant de l’ancienne dynastie des Han, et au sud-est, le royaume de Wu, gouverné par Sun Quan, dont l’armée est dirigée par Zhou Yu. Les royaumes de Wu et de Shu se sont alliés contre Wei et le grand stratège Zhuge Liang du pays de Shu se rend à Wu pour lui prêter main forte. Wei finit vaincu lors de la bataille de la Falaise rouge où la flotte de Cao Cao périt par le feu. 3. Résumé des scènes Scène I : Présentation de Gan Ning et Huang Gai. Scène II : Zhou Yu, jaloux du stratège Zhuge Liang, l’envoie en mission à Wei, pensant qu’il s’y fera tuer. Zhuge Liang n’est pas dupe (rire froid ). Lu Su (politicien de Wu) rapporte à Zhou Yu que Zhuge Liang riait en quittant le camp. Zhou Yu, comprenant que son plan est démasqué, fait rappeler Zhuge Liang. Zhou Yu apprend que Jiang Gan (stratège de Wei) vient lui rendre visite. Ils sont amis d’enfance, mais Zhou Yu sait qu’il vient en tant qu’espion. Germe en son esprit un stratagème (il a alors un « trois rires »). Il va forger une lettre faisant croire à une alliance secrète entre lui et les amiraux de Wei et fait en sorte que Jiang Gan vole cette lettre pour l’apporter à Cao Cao. Quand Jiang Gan arrive chez Zhou Yu, celui-ci organise un banquet qu’il baptise « la réunion des héros ». A mots couverts, il tente d’impressionner Jiang Gan. Il utilise également pour cela des rires (frénétique et froid), auxquels Jiang Gan répond par d’autres rires (gêné et flagorneur). Scène III : Lu Su cache la lettre dans la chambre de Zhou Yu. Jiang Gan, invité à dormir, fouille durant la nuit, trouve la lettre et prend la fuite. (Zhou Yu rit de ce succès). Scène IV : Jiang Gan, de retour à Wei, donne la lettre à Cao Cao qui fait immédiatement décapiter les deux amiraux . Il envoie les deux frères d’un des amiraux au camp de Wu en tant que faux trans fuge . Scène V : Les alliés doivent arrêter une stratégie pour vaincre Wei. Zhou Yu et Zhuge Liang écrivent chacun dans la paume de leur main un caractère chinois qui correspond à la stratégie 1210 Avec certains des grands acteurs de l’époque, dont la plupart ont participé à la version filmée de 1957 : la voix de Ye Shenglan 葉盛蘭 dans le rôle de Zhou Yu (joué par son fils Ye Shaolan 葉少蘭), la voix de Li Shaochun 李少春 dans le rôle de Lu Su (joué par Tan Yuanshou 譚元壽), la voix de Yuan Shihai 袁世海 (1916-2002) dans le rôle de Cao Cao (joué par Wu Yushang 吳鈺璋), la voix de Li Hezeng 李和曾 dans le rôle de Zhuge Liang (joué par Xin Baoda 辛 寶達), la voix de Sun Shengwu 孫盛武 dans le rôle de Jiang Gan (joué par Kou Chunhua 寇春華), Jing Rongqing 景 榮慶 dans le rôle de Huang Gai. (Beijing jingjuyuan). 356 choisie et montrent leur main en même temps à Lu Su. Les trois hommes réagissent alors avec des rires différents. Le camp de Zhou Yu manque de flèches pour l’attaque. Zhuge Liang s’engage à lui fournir cent-mille flèches en trois jours. Huang Gai s’engage auprès de Zhou Yu à aller au camp de Wei en tant que faux transfuge. Il lui faudra pour cela subir des châtiments corporels dont les marques le rendront crédible aux yeux de l’ennemi. Scène VI : Lu Su craint que Zhuge Liang ne puisse tenir sa promesse quant à la livraison des flèches. Zhuge Liang lui commande trente bateaux et des bottes de foin qui lui serviront à récupérer les flèches du camp ennemi. Scène VII : Des mannequins en foin sont à poste sur les bateaux. Zhuge Liang emmène Lu Su contre son gré pour une virée sur le Yangzi jusqu’au camp de Wei. Cao Cao croyant à une attaque surprise ordonne à ses archers de tirer. Une pluie de flèches s’abat sur les mannequins en foin. Scène VIII : Cao Cao réalise encore une fois qu’il s’est fait berner. Scène IX : Lu Su et Zhuge Liang se réjouissent du succès de leur virée à Wei (rires) Scène X : Huang Gai feint de provoquer Zhou Yu afin que celui-ci le condamne à un châtiment. Seul Zhuge Liang n’est pas dupe et sait qu’il s’agit d’une mise en scène au service d’un stratagème pour berner l’ennemi. Scène XI : Huang Gai demande à son ami Kan Ze d’aller à Wei porter de sa part une fausse lettre de reddition. Scène XII : Kan Ze arrive à Wei. Il est capturé et conduit devant Cao Cao. Il lui donne la lettre de Huang Gai. Cao Cao n’est pas dupe et condamne Kan Ze à mort. Kan Ze fait alors entendre un grand rire qui retourne la situation. Par tout un argumentaire empreint de raillerie il parvient à convaincre Cao Cao de la véracité de la lettre et de la sincérité de Huang Gai. Jiang Gan est de nouveau envoyé en mission d’espionnage à Wu. Scène XIII : Zhou Yu, apprenant l’arrivée de Jiang Gan, imagine immédiatement un nouveau plan. Le stratège Pang Tong devra attendre Jiang Gan dans une chaumière. Zhou Yu reçoit froidement Jiang Gan, l’accusant de venir encore l’espionner. Il l’envoie en résidence surveillée dans la chaumière. Scène XIV : Jiang Gan y fait la connaissance de Pang Tong. Ce dernier lui fait croire qu’il est victime du mépris de Zhou Yu faisant fi de ses talents de stratège. Jiang Gan convainc alors Pang Tong se se mettre au service de Cao Cao. Les deux hommes fuient la chaumière en direction de Wei. Scène XV : Cao Cao est ravi d’accueillir Pang Tong. Ce dernier le convainc d’attacher tous ses bateaux avec des chaînes de fer lors de la bataille contre Wu. Scène XVI : Zhou Yu est très inquiet car les vents soufflent à l’ouest ce qui compromet son projet d’attaque par le feu. Il lui faut du vent d’est. Il est si inquiet qu’il en tombe malade. 357 Scène XVII : Lu Su fait part de la maladie de Zhou Yu à Zhuge Liang. Scène XVIII : Zhuge Liang vient voir Zhou Yu. Il a le moyen de résoudre le problème en faisant souffler le vent d’est par une cérémonie religieuse qu’il effectuera dans une montagne. Zhou Yu ordonne à deux de ses hommes de tuer Zhuge Liang une fois le vent d’est venu. Scène XIX : Zhao Yun prépare un bateau pour ramener Zhuge Liang en lieu sûr après la cérémonie. Scène XX : Zhuge Liang exécute le rituel, demande à un jeune taoïste de porter son costume et prend ensuite la fuite. Les deux hommes surgissent, se saisissent du jeune moine et s’aperçoivent que ce n’est pas Zhuge Liang. Ils se lancent à sa poursuite. Scène XXI : Les deux hommes en bateau arrivent à la hauteur du bateau de Zhao Yun et Zhuge Liang. Zhao Yun décoche une flèche et fait tomber la voile de leur bateau. 358 4. Traduction de la pièce Scène I【第一场】 (Huang Gai1211 entre en scène et exécute une danse martial Qiba) (黄盖上,起霸) Huang Gai : (Psalmodie) La guerre depuis des décennies sévit, tel un tigre s’acharnant sur un troupeau de moutons. Le temps file et nous vieillit, mes cheveux aux tempes déjà blanchissent! 黄盖:(念)数十年来摆战场,恰似猛虎赶群羊。日月穿梭催人老,不觉两鬓白如霜! (Gan Ning1212 entre en scène et exécute une danse martiale Qiba)(甘宁上,起霸) Gan Ning : (Psalmodie) Je me souviens du temps où, sur les bords du lac Poyang1213, au maniement des hallebardes je n’avais de rival. Le cœur plein haine envers ce bandit de Huang Zu1214, moi le brave, de colère je fis allégeance au pays de Wu. (Percussions1215 Ils prennent place) 甘宁(念)忆昔当年鄱阳湖,手使双戟盖世无。心中恼恨贼黄祖,豪杰一怒投东吴。 (〖大锣归位〗) Huang Gai et Gan Ning : (Ensemble) Nous voici! 黄盖、甘宁(同白)俺! Huang Gai : (Parle) Mon nom est Huang et Gai est mon prénom, Gongfu mon nom social. 黄盖( 白 ) 姓 黄 ,名 盖 ,字 公覆。 Gan Ning : (Parle ) Mon nom est Gan, Ning est mon prénom, Xingba mon nom social. 甘宁(白 ) 姓甘 , 名宁 , 字兴霸。 Huang Gai : (Parle) Général , je vous en prie 黄盖(白) 将军请了。 1211 Huang Gai 黃蓋, nom social Zifu 公覆, dates inconnues. Général au service du clan des Sun, de Sun Jian, Sun Ce puis de Sun Quan. 1212 Gan Ning 甘寧, nom social 興霸, dates inconnues. D’abord au service de Liu Biao (cousin de Liu Bei), il changea de camp pour ne pas avoir été traité à sa juste valeur et se rallia à Sun Quan. 1213 Situé dans l’actuelle province du Jiangxi. C’est là que Zhuge Liang entraine quotidiennement ses forces navales. (Chapitre 39 du roman. Tome II, p. 307, Éditions Youfeng, traduit par Chao-ying Durand-Sun) 1214 Huang Zu 黄祖 (?-208). « Huang Zu était un des hommes de confiance et lieutenants de Liu Biao (cousin de Liu Bei) chargé du commandement de la défense du Jiang-xia. » (ND T de Chao -ying Durand-Sun , Epopée des Trois Royaumes, Tome II, p. 538 ). Gan Ning était un des lieutenants de Huang Zu. « Ce dernier put sauver Xia-kou grâce aux efforts de Gan Ning. Seulement, loin de lui en être reconnaissant, Huang Zu s’obstinait à traiter Gan Ning avec dédain. » (Tome II, chapitre 38, p. 299, Chao-ying Durand-Sun). Gan Ning quitte alors Xia-kou pour se mettre au service de Sun Quan. 1215 Les phrases de percussions sont nombreuses et nous ne les mentionnerons avec précisions que lorsqu’elles accompagnent un rire. Le reste du temps nous ne les indiquerons que sous le terme de « percussions » 359 Gan Ning : (Parle) Je vous en prie 甘宁(白)请了。 Huang Gai : (Parle) Le gouverneur Zhou Yu va tenir une réunion dans sa tente, tenons-nous prêts à le servir. 黄盖(白)都督升帐,两厢伺候。 Gan Ning : (Parle) Je vous en prie. (Air de « l’ouverture de porte » au suona1216. Huang Gai et Gan Ning sortent chacun par un côté de la scène) 甘宁(白)请。(〖大开门〗。黄盖、甘宁自两边分下) Scène II_第二场` (L’air « ouverture de porte » se poursuit. Huit soldats et intendants entrent en scène. S’étant arrêtés un instant face au public, ils se mettent en ligne de chaque côté de la scène perpendiculairement au public . Percussions. Zhou Yu entre en scène, percussions1217, fait un tour de scène, s’avance audevant de la scène, percussions). (接大开门。八军士、中军站门同上。〖四击头〗。周瑜上,回头,走圆场。周瑜走到台 又,归位) Zhou Yu : (Chante sur l’air du « passage en revue des généraux »1218 ) Je détiens le pouvoir de commandement1219, les passes et voies principales sont sous mon contrôle. Déployant la force de 1216 Le suona 吶 est un instrument à bouche dit aussi hautbois chinois. La musique de Jingju présente plusieurs arias au suona. « Celle-ci s’appelle dakaimen [大開門] (ouverture de porte) ou shuilongyin [水龍吟] (Chant du dragon dans l’eau) ou fadian [發點] (Passer les troupes en revue avant l’assaut). C’est un aria au suona non accompagné d’autres instruments. Il est joué à l’occasion de rencontres entre de hauts dignitaires de l’armée ou de hauts fonctionnaires civils (水龍吟 通稱大開門或發點(發兵點將之意)。 京劇吶曲牌,屬清曲牌。多用於軍中主帥升帳,或職 位較高的文官升堂。) ». (Jingju zhishi cidian p. 24) 1217 Le nom de cette phrase musicale aux percussions s’appelle huitou 回頭, littéralement « regarder derrière soi », appelé également, entre autres, yichuiluo 一錘鑼. « Il existe (pour ce terme) de nombreuses appellations, de nombreuses variantes, et des utilisations très diverses (...名稱很多,形勢變化也很多,用途也很廣泛) ». (Jingju zhishi cidian p. 47-48) 1218 « L’aria dianjiangchun 點絳唇 au suona, fait partie des arias mixtes (accompagné des percussions).... Il accompagne en général le début d’une scène, introduisant une réunion de grands militaires ou des braves des milieux interlopes. (京劇吶曲牌, 屬混曲牌。...相當於上場引子,多用於元帥升帳,江湖豪客的排山。)» (Jingju zhishi cidian p. 26) 1219 Littéralement « Je tiens en main les bingfu (兵符) » bingfu étant « un insigne servant de preuve de mission lors d’une expédition militaire (調遣軍隊的符節憑證) » (Ciyuan). Faits en bronze, ivoire, en bois ou en pierre, ils peuvent être en forme de tigre et sont alors appelés « insigne-tigre », ils sont composés de deux parties, la partie droite reste en possession du prince et la partie gauche est donnée au général en mission. (Baike.Baidu, article bingfu) 360 mes armées, j’assure la puissance du royaume de Wu. Qui pourrait résister à l’élan de mes troupes! (Air « d’ouverture de porte ». Il entre dans sa tente et s’assoit derrière la table1220) 周瑜(点降唇)手握兵符,关当要路;施英武,扶立东吴。师出谁敢阻!(〖大开门〗。周 瑜进入大帐坐) Zhou Yu : (Psalmodie) Liu Biao1221, faute de stratégie, n’a su gagner la suprématie. La conséquence fut que Cao Cao ce bandit fondit sur le Jiangdong1222. Le seigneur de Wu a fait le choix de montrer sa force. Par ma puissance, je vaincrai sur le champ de bataille. (Percussions) 周瑜(念)刘表无谋霸业空,引来曹贼下江东。吴侯决策逞英武,本帅扬威显战功。 (〖大锣归位〗) Zhou Yu : (Parle) Mon nom est Zhou, Yu est mon prénom, Gongjin mon nom social. 周瑜(白)鲁大夫进帐。 L’intendant : (Parle) Son excellence Lu Su est attendue! 中军(白)鲁大夫进帐。 1220 Seule une table est installée au centre de la scène avec, derrière elle, un montant portant une bannière de brocart, symbolisant la tente. Être assis derrière une table s’appelle dazuo 大座 ou neichangyi 内场椅, être assis devant la table s’appelle xiaozuo 小座 ou waichangyi 外场椅 (Cong Qiang interview du 2/11/2020 et Yin Peixi le 17/11/2020) 1221 Liu Biao 劉表 (142-208), nom social Jingsheng 景升. Il est nommé par l’empereur Xiandi des Han censeur impérial à Jingzhou. (Ciyuan). Cousin de Liu Bei, il est décrit dans le roman comme « incapable d’accomplir une entreprise de grande envergure » (Chao-ying Durand-Sun, Tome II, p. 299) 1222 À savoir la zone sud-est du fleuve Yangzi. A la mort de Liu Biao, sa veuve, Dame Cai (sœur de l’amiral Cai Mao) falsifie le testament du défunt, déshérite l’ainé Liu Qi, et fait du cadet Liu Zong l’héritier du gouverneur de Jingzhou. Sous influence, ce dernier fait soumission à Cao Cao (Chapitre 40 du roman, dont le prologue est « La dame Cai décide d’offrir le Jing-zhou à Cao Cao ») (op. cit p. 324) 1223 Nom social de Liu Bei 361 Lu Su : (Des coulisses) Hum hum1224! (Percussions. Il entre en scène, percussions) (Psalmodie) Dans le but de soutenir le pouvoir du clan des Han, il faut préserver la sécurité du royaume de Wu. (Percussions. Il passe la porte1225) Je vous salue gouverneur! 鲁肃(内白)嗯哼!(〖小锣帽儿头〗。鲁肃上,归位)( 念)运筹扶汉室,参赞保东吴。 (〖小锣五击头〗。鲁肃进门。白)参见都督! Zhou Yu : (Parle) Point de politesse! Où est Kongming1226? (Lu Su se tient côté cour) 周瑜(白)大夫少礼。孔明安在?(鲁肃站大边) Lu Su : (Parle) Il est dehors. 鲁肃(白)现在帐外。 Zhou Yu : (Parle) Dites-lui que je souhaite le voir. 周瑜(白)说我有请。 Lu Su : (Parle) Bien. Faites entrer Monsieur Zhuge Liang. 鲁肃(白)是。有请诸葛先生。 Zhuge Liang : (Des coulisses) Hum hum! (Percussions. Il entre en scène. Psalmodie) Le hardi ne craint pas d’explorer l’antre du tigre. Le sage ne redoute pas de pénétrer le repaire du dragon. (Air « soufflé et frappé »1227) 诸葛亮(内白) 嗯哼!(〖小锣一锤锣〗。诸葛亮上。念) 胆壮何妨探虎穴,智高哪怕 入龙潭。〖吹打〗) Lu Su : (Parle) Kongming est là. 鲁肃(白)孔明 到。 Zhou Yu : (Parle) Je vais l’accueillir. (Zhou Yu sort de la tente suivi de Lu Su). Ah, cher monsieur! 周瑜(白)有请。(周瑜出门,鲁肃随出门)(白)啊先生。 Zhuge Liang : Cher Gouverneur! 诸葛亮(白)都督! 1224 Il to usse des coulisses, ce qui est courant avant une première entrée en scène. 1225 Il fait le geste d’enjamber un pas de porte signifiant qu’il entre dans un espace clos, ici la tente. 1226 Nom social de Zhuge Liang. 1227 « Aria appelé chuida 吹打 ou Xiaopang zhuangtai 小傍妝台, est un aria joué en solo au suona. (京劇吶曲牌, 屬於清曲牌,(Jingju zhishi cidian p. 25) « Un aria clair (qingpai 清牌) est un aria mixte (hunpai 混牌) à qui on a enlevé les percussions et qui n’est joué qu’avec le suona . On l ’appelle également Gongchi qupai et Chuida » 3 (清牌 子 1 凡混 牌 減去鑼鼓,僅由吶吹奏的曲調,名為清牌子。又名清曲牌 、公尺曲牌、吹打曲牌) Jingju zhishi cidian p. 19 362 (Zhou Yu, Zhuge Liang et Lu Su passent la porte. Zhuge Liang est assis côté cour1228, Zhou Yu s’assoit côté jardin, Lu Su est assis à côté de Zhou Yu) (周瑜、诸葛亮、鲁肃同进门。诸葛亮坐大边,周瑜坐小边,鲁肃小边跨椅) Zhuge Liang : (Parle) De quel sujet militaire souhaitez-vous débattre? 诸葛亮(白)唤山人进帐,有何军情议论? Zhou Yu : (Parle) Selon vous , quelle est la priorité dans une opération militaire? 周瑜(白)先生,兴军之际,何事当先? Zhuge Liang : (Parle) Eh bien? Avant de déployer soldats et chevaux, il va de soi qu’il faut d’abord se préoccuper du ravitaillement. 诸葛亮(白)这?军马未动,自然是粮草先行。 Zhou Yu : (Parle) Voilà qui est bien dit. 周瑜(白)足见高明。 Lu Su : (Parle) Ah oui! Fort bien dit! 鲁肃(白)啊,高明得很哪! Zhou Yu : (Parle) Jadis, les troupes de Yuan Shao dépassaient en nombre celles de Cao Cao. Pourtant, ce dernier battit Yuan Shao grâce au stratagème de Xu You qui, à Wuchao, intercepta les réserves en céréales. A présent, Cao Cao est à la tête d’une puissante armée. C’est en coupant ses voies d’approvisionnement que nous pourrons le vaincre. Je me suis déjà renseigné. Ses provisions en fourrage et en vivres sont entreposées à la Montagne de fer. Vous qui avez longtemps vécu dans cette région en amont de la rivière Han en connaissez bien la topographie. Pourrais-je vous demander d’aller nuitamment avec Guan Yu, Zhang Fei et Zilong1229 à la Montagne de fer pour vous emparer de ses provisions. Je vous fournirai également une armée de mille hommes. C’est une affaire essentielle pour nos deux camps, vous ne saurez la décliner. 周瑜(白)啊,先生,昔日曹操兵少,袁绍兵多,而操反胜绍者,因用许攸之谋,先断乌巢 之粮。今曹操势众,必须先断曹之粮道,然后可破。吾已探明,曹军粮草屯于聚铁山。先生 久居汉上,熟知地理,敢烦先生,带领关、张、子龙等,吾亦助兵千人,星夜往聚铁山劫 粮。彼此各为主人之事,先生幸勿推却。 Zhuge Liang : (Parle) Je m’exécuterai selon les besoins de votre excellence. À vous de me remettre l’ordre de commandement. 诸葛亮(白)都督委用,亮自当效劳。就请都督传令 Zhou Yu : (Parle) Je vous prie donc de prendre la route. (Zhou Yu transmet à Zhuge Liang l’ordre de commandement1230) 周瑜(白)如此,就请先生一往。(周瑜将令旗交诸葛亮) 1228 À savoir le côté droit pour le public et à gauche du maître des lieux, côté appelé « le grand côté », place des invités. (Cong Qiang interview du 2/11/2020) 1229 Nom social de Zhao Yun 1230 Se présentant sous forme de drapeau. 363 Zhuge Liang : (Parle) À vos ordres. (Psalmodie) Il est clair que Zhou Yu use de la stratégie du couteau emprunté. Faisons mine de ne rien savoir. (Il sort, rire froid1231 percussions : xiaoluo wujitou) (Zhou Yu retourne s’assoir devant la table, Lu Su est debout côté cour) 诸葛亮(白)得令!(念)明知周郎借刀计,佯装假作不知情。 (诸葛亮出门,冷笑。〖小锣五击头〗。诸葛亮下 。 周瑜归小座,鲁肃站 大边) Lu Su : (Parle) Ah, Gouverneur, pourquoi donc envoyer Kongming s’emparer des réserves? 鲁肃(白)啊,都督,为何单用孔明劫粮,是何意也? Zhou Yu : (Parle) Le tuer moi-même m’exposerait aux critiques1232. C’est pour cette raison que je me sers de Cao Cao pour m’en débarrasser. Allez écouter ce qu’il dit et faites m’en vite un rapport. 周瑜(白)大夫,我欲杀孔明,恐人谈论,今借曹之刀杀之。你可前去听他讲些什么,速报 我知。 Lu Su : Heu, oui, b...bien bien. (Percussions. Lu Su sort et quitte la scène) 鲁肃(白)哦哦,是、是、是。(〖小锣五击头〗。鲁肃出门下) Zhou Yu : (Parle) J’ai toujours entendu dire que ce bandit de Cao Cao était accoutumé à couper les voies d’approvisionnement en céréales. De nombreux soldats doivent monter la garde à la Montagne de fer et Zhuge Liang se fera tuer en arrivant là-bas. Ah! Zhuge Liang! Tu es tombé dans mon piège! (Percussions. Zhou Yu se tient au centre de la scène) 周瑜(白)久闻曹贼惯绝人之粮 道,聚铁山必有重兵把守,孔明此去,必为曹兵所杀。孔明 哪,孔明,你中我之计也!(〖闪锤〗。周瑜站当中) Zhou Yu : (Chante en xipi yaoban) Cao Cao a coutume d’envoyer des cavaliers s’emparer des vivres de ses ennemis. Des braves doivent être en embuscade à la Montagne de fer. Zhuge Liang ne s’en sortira pas vivant. Sans avoir à manier la dague, je le tue secrètement1233. (Zhou Yu s’assoit devant la table. Percussions. Lu Su entre en scène) 周瑜(西皮摇板)曹孟德领人马惯劫粮道,聚铁山必埋伏将士英豪;诸葛亮此一去性命难 保,这是我暗杀他不用钢刀。(周瑜坐小座。〖小锣抽头〗。鲁肃上) Lu Su : (Chante en xipi yaoban) Zhuge Liang quittant le camp riait bien fort1234. Il se moquait du piètre stratège qu’est notre gouverneur Zhou. (Percussions. Lu Su entre et se tient côté cour) 1231 Zhuge Liang se parle ici à lui-même. Par ce rire froid, il montre au public qu’il n’est pas dupe des machinations de Zhou Yu. 1232 Le roman dit « je m’exposerais aux rires"恐惹人笑,» 1233 Selon Xiao Runde, il est possible d’ajouter ici un rire : « Dans La Réunion des héros, il y a un rire exprimant la satisfaction à l’idée de nuire, mais il n’est pas dans le livret. Sa représentation n’est pas obligatoire. Il se situe lors de la stratégie du couteau emprunté : « pour le tuer inutile de le faire moi-même », après avoir chanté il rit, on peut dire que c’est une sorte de rire sournois. (害人的得意《群英會》裡有但是劇本裡沒寫,不一定要表演,借刀殺人,“殺了 他都不用我自己”, 唱完後笑,可以說是陰笑) ». (Xiao Runde, annexe, p. 46) 1234 Ici l’onomatopée du rire est citée dans le texte : « il riait fort en he he ». Lu Su va spécifier quelques tirades plus loin qu’il s’agissait d’un rire froid. Ce rire est simplement décrit sans le texte sans être jou sur scène. De nature stratégique, il va jouer un rôle important puisqu’il va faire changer d’avis Zhou Yu. 鲁肃(西皮摇板)诸葛亮出大营他是呵呵地大笑,他笑我周都督用计不高。 (〖小锣五击头〗。鲁肃进门站大边) Zhou Yu : (Parle) Alors, qu’a dit Kongming? 周瑜(白)那孔明可曾讲些什么? Lu Su : (Parle) En quittant le camp il riait bien fort! (Percussions) 鲁肃(白)那孔明出得营去,是呵呵地大笑哇!(〖撕边一击〗) Zhou Yu : (Parle) Hein? Mais de quoi riait-il? 周瑜(白)啊?他笑什么? Lu Su : (Parle) Il riait froidement en disant : « j’ai entendu les enfants du sud du fleuve chanter la ritournelle « Pour les embuscades et la garde des passes, il y a Zijing1235. Pour les batailles navales, il y a Zhou Yu ». Lu Su ne maîtrise que les voies terrestres par des embuscades et la gardes des passes, Zhou Yu ne s’y entend qu’en bataille navale, mais est incompétent pour ce qui est des opérations terrestres. Comment peut-il se mesurer à moi qui excelle autant dans la guerre sur l’eau, sur terre, à cheval et en char? A quoi bon craindre une défaite! Dommage pour Zhou Yu que ses compétences soient limitées aux batailles navales1236. (Percussions. Zhou Yu, de colère, fait tournoyer les plumes de son casque) 鲁肃(白)他冷笑曰:吾闻江南童谣云:“伏路把关饶子敬,临江水战有周郎。”公等于陆路 但能伏路把关;公瑾但堪水战,不能陆战。怎及得我水战、陆战、马战、车战各尽其妙,何 愁功绩不成,可惜周郎只习水战一能耳。(〖撕边一击〗。 周瑜绕翎气忿) Zhou Yu : (Parle) Ah! Zhuge Liang me traite d’incompétent en bataille terrestre? 周瑜(白)噢!那孔明欺我不能陆战么? Lu Su : (Parle) Hé hé, oui! (Percussions) 鲁肃(白)嘿嘿,然也。(〖软撕边一击〗) Zhou Yu : (Parle) Eh bien, qu’il n’aille pas intercepter les vivres! Faites-le revenir! (Percussions) 周瑜(白)哼!我不用他劫粮!原令追回!(〖大锣一击〗) Lu Su : (Parle) Bien, bien, entendu. (Lu Su sort) Pourquoi se compliquer autant la vie! (Il frappe une fois dans ses mains. Percussions. Il sort de scène) 鲁肃(白)是、是、是。(鲁肃出门)哼,这是何苦哇!(鲁肃双手一拍。〖大锣五击 头〗。鲁肃下) Zhou Yu : (Parle) Rustre de Kongming! Je jure sur ma vie que je te tuerai! Ce rire apparaît également dans le roman : Lu Su vient trouver Zhuge Liang qui lui dit en riant ce que les enfants de la région ont l’habitude de chanter. Zhuge Liang sous-entend par cette moquerie que Zhou Yu l’envoie dans cette mission car il est incapable de la mener lui-même. Il le dit d’ailleurs dans le roman : « Si Zhou Yu y va, il sera sans doute capturé » (Durand-Sun, Tome 2 p. 435). C’est en piquant Zhou Yu dans son orgueil qu’il le fait changer d’avis. 1236 365 (Chante en xipi yaoban) J’espérais le berner avec le stratagème du couteau emprunté. Qui aurait prédit qu’il le démasquerait. 周瑜(白)孔明哪,村夫!我不杀你,誓不为人也!(西皮摇板)实指望借刀计将他瞒过, 又谁知这机关被他识破。 (Percussions. Lu Su entre en scène par le côté cour, il tient à la main le drapeau de commandement enroulé et entre dans la tente) (〖大锣长丝头〗。鲁肃持卷着的令旗自下场门上,进门) Lu Su : (Parle) J’ai récupéré l’ordre de commandement. 鲁肃(白)原令追回。 Zhou Yu : (Parle) Posez-le. (Percussions. Lu Su le remet à l’intendant. Il se tient debout côté cour) 周瑜(白)放下。(〖软撕边一击〗。鲁肃把令旗交中军,站大边) Zhou Yu : (Parle) Excellence, savez-vous qui sont les amiraux en charge de la flotte de Cao Cao? 周瑜(白)啊,大夫,曹营水军,何人掌管? Lu Su : (Parle) Ce sont Cai Mao et Zhang Yun, deux généraux déserteurs de Jingzhou et Xiangyang. 鲁肃(白)荆 襄降将蔡瑁、张允。 Zhou Yu : ( Parle ) Hein? Cai Mao et Zhang Yun? Ils ont longtemps vécu à Jingzhou et Xiangyang; ils sont aguerris aux tactiques de combat naval. S’ils dirigent la flotte de Cao Cao, il me sera difficile de les vaincre. (Chante en xipi yaoban) Il ne sera pas aisé de dominer ces maîtres du combat naval. Pour gagner la guerre, je dois me débarrasser de ces deux bandits. 周瑜(白)噢!蔡瑁、张允?我闻此二人久居荆襄,惯习水战,今曹操用此二人统领水军, 看来本督大功难成也。(西皮摇板)他二人习水战难敌难破,除非是杀二贼方定干戈。 (Percussions. Gan Ning entre en scène) (〖大锣圆场〗。甘宁上) Gan Ning : (Parle) Gouverneur, Jiang Gan passe le fleuve. 甘宁(白)启都督:蒋干过江。 Zhou Yu : (Parle) Ah! Jiang Gan passe le fleuve? 周瑜(白)噢!蒋干过江? Gan Ning : (Parle) C’est cela même 甘宁(白)正是。 (Zhou Yu réfléchit, roule des yeux, percussions, Percussions : sibian suivi d’un jiaotou lent, Zhou Yu a un trois rires1237) (Vidéo) 1237 « D’un froncement de sourcil, le stratagème jaillit dans l’esprit », Zhou Yu fait partie de ce type de personnage. Dès qu’il apprend que Jiang Gan passe le fleuve, il bouge les yeux et rit (avec un trois rires »). Les rires de Zhou Yu ont tous un aspect calculateur. (眉頭一皺,計上心來”,周瑜是屬於這麽一角色。他的笑,聽了蔣幹過江,眼睛一動,笑 (用三笑)。周瑜的笑都很有心計。)» (Xiao Runde, annexe p. 41) 366 (周瑜闻言,思考,转眼睛。〖撕边接慢叫头〗。周瑜三笑) Lu Su : (Parle) Gouverneur, pourquoi cette nouvelle vous fait-elle tant rire? 鲁肃(白)都督,闻得蒋干过江,都督为何这样大笑? Zhou Yu : (Parle) Je ne savais pas comment me débarrasser des deux amiraux de Cao Cao. Si Jiang Gan vient me voir, c'est certainement comme agent pour le compte de Cao Cao. Je vais mettre en place un petit plan grâce auquel Cao Cao va tuer lui-même ses deux amiraux. 周瑜(白)我破曹贼水军,无计可施;蒋干此番过江,必是为曹操作说客而来,待我略施小 计,管叫曹操自杀水军。 Lu Su : (Parle) Comment allez-vous faire? 鲁肃(白)计将安出 ? Zhou Yu : (Parle) Approche-toi (il lui chuchote à l’oreille et s’apprête à prendre un pinceau pour écrire) 周瑜(白)附耳上来。(周瑜耳语,欲提笔写信 ) Lu Su : (Parle) Attendez! Vous avez étudié ensemble durant votre jeunesse ; il va reconnaître votre écriture. Je vais écrire la lettre à votre place. 鲁肃(白)慢来,慢来!都督与蒋干同窗契友,恐识笔迹,肃来代笔。 Zhou Yu : (Parle) Dans ce cas, excellence, je vous en prie. 周瑜(白)就请大夫写来。 Lu Su : (Parle) Oui, oui, oui, écrivons... (Percussions. Lu Su écrit) 鲁肃(白)好,好,好!书信呵──(〖小锣急三枪〗。鲁肃修书) Zhou Yu : (Parle) Cachez cette lettre dans ma tente. Approchez-vous! (Lui chuchote à l’oreille) 周瑜(白)你可将此书信,暗放我之帐中。附耳上来! (周瑜耳语) Lu Su : (Parle) oui, oui, oui (Lu Su sort, rire. Percussions : xiaoluo wujitou. Il sort de scène) 鲁肃(白)是、是、是。(鲁肃出门,笑。〖小锣五击头〗。鲁肃下) Zhou Yu : (Parle) Gardes! 周瑜(白)来。 Gan Ning : (Parle) Votre excellence. 甘宁(白)有。 Zhou Yu : (Parle) Faites ouvrir en grand les portes du camp et faites entrer monsieur Jiang Gan. 周瑜(白)大开营门,有请蒋先生。 Gan Ning : (Parle) Monsieur Jiang Gan est attendu! (Gan Ning sort de scène. « Air au suona ». Jiang Gan entre en scène. Zhou Yu sort l’accueillir) 367 甘宁(白)有请蒋先生。(甘宁下。〖吹打〗。蒋干上,周瑜出迎) Jiang Gan : (Parle) Ah! Cher Gongjin! 蒋干(白)啊,公瑾。 Zhou Yu : (Parle) Ziyi, mon frère! 周瑜(白)子翼兄。 Jiang Gan et Zhou Yu : (Ensemble) Cela fait si longtemps! (Ils rient ensemble)1238 蒋干、周瑜(同白)久别了哇!(周瑜、蒋干同笑) Zhou Yu : (Parle) Mon frère, je vous en prie 周瑜(白 )仁兄请。 Jiang Gan : Après vous, cher frère. (Ils passent la porte ensemble. Zhou Yu est assis côté jardin. Jiang Gan est assis côté cour) 蒋干(白)贤弟请。(周瑜、蒋干同进门,周瑜坐小边,蒋干坐大边。) Jiang Gan : (Parle) Cher Gongjin, comment allez-vous depuis tout ce temps? 蒋干(白)啊,公瑾,别来无恙啊? Zhou Yu : (Parle) Cher Ziyi, vous avez pris la peine de faire ce long voyage, viendriez-vous par hasard en tant qu’agent au service de Cao Cao? (Percussions) 周瑜(白)啊,子翼良苦,远涉江湖,敢是与曹操作说客么?(〖撕边一击〗) Jiang Gan : (Parle) Heu... Non, non, non! Cela fait si longtemps que je ne vous ai vu, je venais parler avec vous du passé, comment pouvez-vous me suspecter d’être un agent au service de Cao Cao! 蒋干(白)啊,不,不,不!我久别足下,特来叙旧,奈何疑我与曹氏作说客耳! « Il s’ agit ici de deux vieux amis qui se retrouvent après une longue séparation . De plus, Jiang Gan arrive très sûr de lui, confiant de pou voir réussir à convaincre Zhou Yu . En voyant Zhou Yu, il a l’impression que c ’est déjà gagné , donc c’est un vrai rire avec un souffle énergique, retentissant, venant du champ de cinabre, allant du bas vers le haut. (這裡 是故友久別重逢的心情,而他又是懷著“順說周郎必能成功”的信心昂然而至的,見到周瑜仿佛大功告成,因此 這是真笑,要氣足聲響,發自丹田,由低而高。) » (Xiao Changhua, Luetan Jiang Gan 略談蔣幹 (Quelques propos sur Jiang Gan) in Zhang Jian Yanyuan bidu 演員必讀, p. 307). « Lors de sa pre mière rencontre avec Zhou Yu, Jiang Gan a un rire sincère. Le cas de Zhou Yu est différent. Il sait que Jiang Gan vient comme espion. « Avec ce rire je viens t’accueillir, il ne faut pas que tu devines mes intentions. Tu viens du camp ennemi mais nous sommes amis, camarades d’étude ». Ils ne sont pas dans le même état d’esprit. Jiang Gan se dit « je viens pour te convaincre de te rallier à Cao Cao », et Zhou Yu pense : « te voilà, je vais t’utiliser pour mon stratagème ». (第一次跟周瑜見面了,笑 是發自心裡的,但是周瑜和他的心情不一樣,周瑜知道他來了,要用他去做間諜。這個笑是我歡迎你,不要讓 你看出來,雖然是敵人但我們還是朋友,同學。兩個人的心情不一樣。不一樣在哪兒?蔣幹是:我來說服你投 降周瑜是:你來了,我要用你試我的計策。) » (Niu Biao annexe p. 22) 368 (Zhou Yu fait entendre à dessein un rire froid1239. Percussions : sibian yiji) "Vidéo) (周瑜故作冷笑。〖撕边一击〗) Zhou Yu : (Parle) Je n’ai certes pas l’oreille de Shi Kuang1240, mais je sais reconnaître le ton de la chanson! 周瑜(白)我虽不及师旷之聪,闻弦歌而知雅意! Jiang Gan : (Parle) Oh non vraiment! Si c’est ainsi que vous traitez un vieil ami, eh bien, je m’en vais. 蒋干(白) 哎呀呀呀......足下待故人如此啊,我便告辞。 (Jiang Gan se lève pour partir. Zhou Yu se lève) (蒋干欲行,周瑜站起身) Zhou Yu : (Parle) Mon cher frère, puisqu’il n’en est rien, pourquoi partir si vite? 周瑜(白)啊,子翼兄既无此意,为何去心忒急? Jiang Gan : (Parle) Mais vous doutez tant de moi! 蒋干(白)不是哟,贤弟的疑心忒大呀! Zhou Yu : (Parle) Je plaisantais! 周瑜(白)弟乃戏言。 Jiang Gan : (Parle) Permettez-moi d’en douter. 蒋干(白)我倒多疑了。 Zhou Yu : (Parle) Asseyons-nous et parlons. 周瑜(白)请坐叙话。 Jiang Gan : (Parle) Après vous. 蒋干(白)请。 Zhou Yu : (Parle) Il est bien lieu de dire (Psalmodie) Passer le fleuve en pensant à son bon ami, 周瑜(白)正是:(念)江上思良友, Jiang Gan : (Psalmodie) et retrouver au campement une veille connaissance. (Percussions. Ils s’assoient) 1239 « Jiang Gan a l’intention d’encourageant Zhou Yu à se soumettre à Cao Cao ; à peine a-t-il abordé la question que Zhou Yu se met à rire : « N’essaie pas de me berner, je sais quelles sont tes intentions. Le rire se fait avec sons xi.» (]群英會》裡面,剛一見面。蔣幹準備提勸投降的事,還沒說出那話,周瑜就笑,你別蒙我,我知道你什麼 意思,用唏音。) (Xiao Runde, annexe p. 43). Nous voyons dans l’extrait vidéo que les son s employés par Ye Shenglan (qui fut le maître de Xiao Runde) sont des heng. Ceci témoigne de nouveau de la liberté d’interprétation et des variantes suivant les acteurs. 1240 Shi Kuang, grand musicien du pays de Jin durant l’époque des Printemps et Automnes. Il était aveugle et avait une très bonne oreille. (Baike.Baidu) 369 蒋干(念)军中会故知。(〖大锣五击头〗。周瑜、蒋干同坐) Zhou Yu : (Parle) Faites entrer les généraux! 周瑜(白)传众将进帐! L’intendant : (Parle) Que les généraux entrent sous la tente! 中军(白)众将进帐! Gan Ning, Taishi Ci, Huang Gai, Cheng Pu (des coulisses) Nous voici! (Percussions. Gan Ning et Taishi Ci entrent en scène par le côté jardin, Huang Gai et Cheng Pu entrent en scène par le côté cour1241) 甘宁、太史慈、黄盖、程普(内同白)来也。(〖大锣圆场〗。甘宁、太史慈自上场门同 上,黄盖、程普自下场门同上) Les généraux : (Ensemble) Gouverneur, nous vous saluons. 甘宁 、 太史慈 、 黄 盖 、程 普 (同 白)参 见 都 督 Zhou Yu : (Parle) Je vous présente monsieur Jiang. 周瑜(白)见过蒋先生。 Les généraux : (Ensemble) Monsieur Jiang? Mais c’est un agent au service de Cao Cao! (Percussions) 甘宁、太史慈、黄盖、程普(同白)蒋先生。呔!敢是与曹操作说客吗?(快撕边一击) Jiang Gan : (Parle) Non, non, non... 蒋干(白)喏喏喏...... Zhou Yu : (Parle) GénérauxZ 周瑜(白)众位将军。 Les généraux : (Ensemble) GouverneurZ 甘宁、太史慈、黄盖、程普(同白)都督。 Zhou Yu : (Parle) Jiang Ziyi est un vieux camarade d’étude. Il a traversé le fleuve pour me rendre visite et non pas comme agent de Cao Cao, ne vous méprenez pas s’il vous plait. 周瑜(白)蒋子翼乃本督同窗契友,虽从江北而来,亦非曹氏说客,公等不要多疑。 Les généraux : (Ensemble) Puisqu’il est votre vieil ami, trinquons avec lui! 甘宁、太史慈、黄盖、程普(同白)既是都督同窗契友,待我等侍席把盏。 Zhou Yu : (Parle) Joignez-vous à nous. 周瑜(白)帐中陪侍。 1241 Ces deux côtés sont mentionnés ici sous les termes de « côté d’entrée en scène » pour jardin, et « côté de sortie de scène » pour cour. 370 Les généraux : (Ensemble) Bien. 甘宁、太史慈、黄盖、程普(同白)是。 Zhou Yu : (Parle) Tenons un banquet. Cher frère Ziyi, je veux vous inviter à boire! 周瑜(白)看宴来,我与子翼兄把盏 。 Jiang Gan : (Parle) C’est trop d’honneur, merci de votre hospitalité. 蒋干(白)岂敢,到此就要叨扰。 Zhou Yu : (Parle) Buvons! 周瑜(白)看酒! Jiang Gan : (Parle) Cela me gêne ; eh bien, buvons alors. (Air au suona. Zhou Yu dispose les coupes. Jiang Gan salue poliment les généraux. Tous s’assoient de chaque côté de la scène derrière des tables placées symétriquement à l’oblique) 蒋干(白) 不敢,摆下就是。(〖傍妆台〗。周瑜安席,蒋干与众将叙礼,同入八字桌大 坐) Zhou Yu : (Parle) Taishi Ci, écoutez-moi bien! 周瑜(白)太史慈听令! Taishi Ci : (Parle) Oui. 太史慈(白)在。 Zhou Yu : (Parle) Je vous confie mon épée, vous serez le gardien de ce banquet. Nous buvons aujourd’hui ensemble pour célébrer une vieille amitié. Si quelqu’un évoque le conflit entre Sun Quan et Cao Cao, qu’il soit décapité sur le champ! (Zhou Yu donne son épée à Taishi Ci) 周瑜(白)公可佩吾剑,以为监酒令官,今日酒席筵前,但叙朋友旧交;有人提起孙曹军旅 之事者,即席斩之!(周瑜将剑交太史慈) Taishi Ci : (Parle) A vos ordres! (Il prend l’épée. Trois rires1242. Percussions : sijitou, sibian yiji. Jiang Gan, surpris, est éberlué. Percussions) 太史慈(白)得令!(太史慈接剑,三笑。〖四击头〗,〖撕边一击〗。蒋干吃惊,发呆。 〖软撕边一击〗。) Zhou Yu : (Parle) Ziyi! Eh...! Mon frère! 周瑜(白)子翼兄......喂,子翼兄! 1242 « Taishi Ci veut d’une part menacer Jiang Gan, le manipuler, le maintenir sous contrôle pour qu’il n’aborde pas de sujets militaires. En apparence, il est traité en invité, mais il est averti qu’il ne doit pas aborder ces questions. Il s’agit de lui clouer le bec. « Tu es venu pour nous convaincre et nous ne te laisserons pas parler, voilà ce que nous décrétons ». (太史慈一個是為了威脅蔣幹,再擺佈蔣幹,壓住他,不要讓他去講軍事的事情,表面上,拿他當客人,警告 他不要講軍情的事,把他嘴給著上,你來最說客,你不要說話,我們規定這樣。) » (Niu Biao, annexe p. 41) Le rire peut être accompagné par un grognement en waya comme nous le voyons dans la vidéo ici présentée. Ce grand rire tonitruant produit un effet sur Jiang Gan. Il est éberlué, pétrifié, ne réagissant pas aux premiers appels de Zhou Yu. L’état de Jiang Gan suscite un rire caché de Zhou Yu dans certaines représentations. Jiang Gan : (Parle) Hein... Ah oui... 蒋干(白)啊、啊...... Zhou Yu : (Parle) À votre santé! 周瑜(白)请。 Jiang Gan : (Parle) À votre santé! (Zhou Yu et Jiang Gan boivent ensemble) 蒋干(白)请。(周瑜、蒋干同饮酒) Zhou Yu : (Chante sur l’air des « Beaux jardins »1243) Au son de l’orgue à bouche, ensemble, dégustons la liqueur ; en ce jour au camp, j’accueille mon vieux camarade ; d’une main de fer, je tiens un pouvoir confié par mon bon Seigneur ; mes généraux sont mis l’épreuve d’une grande rigueur. 周瑜(园林好)笙歌起同饮佳酿,我今日营中会同窗。蒙主恩权衡独掌,为大将恐难当。 Jiang Gan : (Chante sur l’air des « Beaux jardins ») C’est un grand honneur de servir sous vos ordres. 蒋干(园林好)拜大将正相当。 Zhou Yu : (Parle) Ziyi, mon frère.
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C'est la partie prédominante dans l'activité des employés qui est ainsi soulagée par l'artefact. D'autres auteurs interprètent classement 347 et systèmes comme des « outillages » qui permettent de se substituer au travail humain. Pour Maurice Ponthière, les systèmes de classement visent à transformer le travail intellectuel en réalités matérielles. La mobilité des fiches et des feuillets détachables permet finalement de réaliser « cette opération désignée par les philosophes sous le nom d'"associations d'idées". Ainsi, pour un employé chargé d'un travail de correspondance, « le système moderne le dispense d'effort cérébral et lui présente matériellement associées toutes les idées utiles sans lui permettre d'en oublier aucune. Il opère donc par son mécanisme propre des associations d'idées qui échappent au cerveau humain. Dans un article consacré à « la technique des systèmes, appareils et machines de sélection », M. Desaubliaux** fait voisiner les notions d'« outillage du cerveau » et d'« outillage de bureau ». Les systèmes y sont présentés comme des appendices, des auxiliaires ou des succédanés de la pensée et de la mémoire et comme moyen d'assurer la « mémoire collective de l'entreprise ». Les mécanismes de remémoration sont ainsi décrits : « au secours de la mémoire défaillante », la fiche doit « conserver les impressions reçues », elle doit ensuite « faire revivre le souvenir » en permettant de procéder par « associations d'idées ». [] la fiche remédie donc au problème de la mémoire : « On a créé un système d'associations d'idées, le même que celui édifié par la mémoire, mais combien plus sûr et durable. » * F. Maurice, « Classements et système », dans J. Wilbois, Études d'organisation commerciale, Chambre syndicale de l'organisation commerciale, G. et M. Ravisse : Paris, 1924, p. 100-226. ** M. Desaubliaux, « La technique des systèmes, appareils et machines de sélection », dans G. Ravisse (dir.), La technique du travail de bureau. Compte rendu des cours et conférences donnés pendant la semaine d'organisation commerciale de 1927, Langlois et cie : Paris, 1928. Cet ouvrage explique ce qu'est la « science du classement à la française » (consultable sur Gallica). tagging Social tagging generally means the practice whereby internet users generate keywords to describe, categorise or comment on digital content. Tagging allows users to record their individual responses to the information objects. Tagging tools are generally formed of a triplet of user, information object and keyword. GLOSSAIRE PRATIQUE Ce glossaire a pour objectif, lors des enquêtes de terrain, d'aider à décrire les ressources, outils, instruments, objets ou encore dispositifs mobilisés par les enseignants. Contrairement à nos attentes, ce lexique fut plus difficile à élaborer que son homologue conceptuel. Cette difficulté réside dans le fait qu'il s'agit de décrire des pratiques, or ces dernières ne se laissent pas saisir aisément, et il serait vain de 348 vouloir les réduire à des catégories – en ce point, il est intéressant de voir comme la construction d'un tel glossaire fait écho à notre sujet. Au fil de son élaboration, il nous a paru évident de privilégier une entrée par usages plutôt que par mobilier ou outils, car la multiplicité de ces derniers rendait difficile tout recensement. Une autre difficulté est celle de la polysémie : le bureau par exemple s'emploie tout autant pour désigner le meuble, l'espace de travail, le travail lui-même (Je vais au bureau), et l'interface informatique ; cette difficulté est d'autant plus forte qu'elle est corrélée à des pratiques spécifiques : nous pouvons imaginer l'enseignant travaillant dans son bureau (espace) où se trouve l'ensemble de son outillage de travail (ordinateur, manuels, imprimante, stylos, clés USB) disposé sur son bureau (meuble), ou encore dans les tiroirs de ce dernier. Mais l'enseignant pourrait très bien travailler sur la grande table à manger de son salon afin de pouvoir y étaler tous ses livres, ou encore s'installer dans son lit avec son ordinateur portable, et utiliser la table de chevet pour y déposer ses manuels. Doit-on alors considérer la table à manger ou le lit comme des « bureaux »? Nous avons ainsi opté pour reprendre les verbe s de notre schéma concernant les outils, instruments et ressources utilisés par les enseignants : préparer-concevoir, partager-échanger, transporter, ranger, classer, sauvegarder, stocker, archiver, supprimer – ce dernier verbe pouvant être associé au verbe « trier » (séparer, dans un ensemble de ressources, ce que l'on doit conserver de ce que l'on doit éliminer). Nous aurions pu nous en tenir aux verbes « ranger », « classer » et « trier » que nous avons employés pour délimiter l'activité d'organisation, cependant cette délimitation ne permettait pas de tenir compte des autres activités liées à celle d'organiser, et ainsi de rendre compte de la complexité du métier enseignant. 349 de Brigitte Guyot (2000) : [La notion] de bureau [] forme le cadre immédiat de travail et [] assemble des éléments tant matériels que symboliques, étagères, boîtes à dossiers, papiers et documents, la surface du bureau de travail, l'ordinateur et ses fichiers, la pièce elle-même, partie de l'espace du service qui intègre aussi bien le couloir que les collègues. Une part de la marge d'autonomie dont dispose la personne se matérialise dans sa façon d'organiser et de gérer cet espace étroitement associé à l'organisation de son travail proprement dit. (p. 51). de Leslie Thomson (2012) : Les trois types de bureau selon le modèle "office continuum" ou encore en référer à la description que donne Béatrice Fraenkel dans Lieux de savoir 2 : les mains de l'intellect (Jacob, 2011 ) de la table à écrire : La table appar tient à la catégorie très fermée des "biens corporels insaisissables" : le législateur lui a reconnu le statut de meuble essentiel, comme le lit, la chaise ou la commode pour ranger le linge. Cependant, on peut s'interroger : si la table de cuisine est précisément nommée dans le texte de loi, qu'en est-il de la table à écrire? Elle est insaisissable car elle relève de plusieurs ensembles considérés comme "nécessaire[s] à la vie et au travail de débiteur" : de même que les livres, elle est reconnue comme un objet nécessaire à la poursuite des études et proté gée à ce titre. Comme instrument de travail, elle sera aussi épargnée. On le voit, la table à écrire est à la jonction de deux lignées d'objets : l'une générique, qui s'attache au corps et à ses fonctions principales, l'autre spécifique, qui englobe les objets d'écriture et de lecture (p. 117). Nous pourrions aussi prendre l'exemple de la bibliothèque – qui pourrait faire l'objet d'une entrée dans le glossaire conceptuel – qui a un statut bien spécifique, et en particulier dans l'enseignement : bibliothèque personnelle de l'enseignant, à la jonction entre travail et loisir – traduisant en cela la passion pour la matière enseignée –, bibliothèque que constitue en partie le CDI, bibliothèque du cabinet disciplinaire (ou armoire qui en fait office, du moins en partie), bibliothèque numérique, la bibliothèque est omniprésente. En empruntant les mots de Christian Prigent (2012) dans L'archive e(s)t l'oeuvre e(s)t l'archive (Supplément à la Lettre de l'Imec, coll. 350 Entrées : Préparer-Concevoir Partager-Échanger Transporter Ranger – Classer – Trier > pour : • Sauvegarder : par sauvegarder, nous entendons toute intention de conserver une copie de ses ressources • Stocker : par stocker, nous entendons toute opération visant à garder les ressources. • Archiver • Supprimer Pour chaque entrée, il s'agit de décrire : 1. le lieu et les espaces où s'effectue l'action : • lieu : établissement scolaire o espace : ▪ bureau des enseignants d'EPS ▪ cabinet disciplinaire ▪ cantine ▪ CDI (Centre de documentation et d'information) ▪ espace détente ▪ salle de cours (classe) ▪ salle de reprographie ▪ salle de réunions ▪ salle des profs ▪ salle informatique ▪ etc. • lieu : domicile o espace : ▪ bureau ▪ cave ▪ chambre ▪ cuisine ▪ garage ▪ grenier ▪ salle à manger ▪ salle de bains ▪ salon ▪ etc. • lieu : lieux de formation : à préciser autres lieux : à préciser • 2. le mobilier, les éléments de mobilier et les objets utilisés : il est important de tenir compte, (1) du type et du style du meuble dont l'ancienneté peut témoigner d'un héritage familial – ainsi le meuble utilisé en dit beaucoup du vécu de l'enseignant, et nous invite à penser les liens affectifs aux objets, (2) des éléments composant le meuble : est-il doté de tiroirs, de portes (vitrées, pleines), etc.? Ces éléments n'invitent pas aux mêmes gestes car les objets ne sont pas présentés de la même manière (notion d'étagère – lexique conceptuel) • mobilier scolaire o meubles : ▪ armoire 351 ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ o • 352 > préciser le type d'armoire : de ressources disciplinaires, informatique (spécialement conçue pour y stocker les ordinateurs portables et les tablettes), de rechargement (classe mobile), etc. bureau (chaire du professeur) charriot classe mobile étagère placard table > préciser le type de table : table à dessin, table élève, table marguerite informatique (avec écran escamotable), table informatique (spécialement conçue pour y déposer un ordinateur et ses éléments), etc. tableau > préciser le type de tableau : tableau noir, tableau blanc, TBI/TNI (Tableau blanc/numérique interactif) etc. éléments de mobilier scolaires ▪ cadre d'affichage ▪ casier ▪ étagère > employé pour (1) le(s) rayonnage(s) d'une armoire ou d'une bibliothèque, (2) une ou des planches fixées au mur, sans cadre, pouvant ou non être superposées, supportant et/ou servant à présenter des objets et/ou des documents. > cf. lexique conceptuel ▪ siège : chaise (à piètement, avec tablette-écritoire, de bureau), tabouret technique, etc. ▪ porte-affiche ▪ vitrine > préciser le type de vitrines (vitrines murales, vitrines sur pied) ▪ etc. mobilier personnel > frontière poreuse entre le personnel et le professionnel : manuels rangés dans le placard de l'entrée, avec les manteaux et les chaussures (voir le portrait d'Élisa, livret Dis-moi, comment tu ranges?!) o meubles ▪ armoire ▪ bibliothèque ▪ buffet ▪ bureau > distinguer les bureaux pour le travail intellectuel d'un meuble ou d'un support utilisé comme bureau (table à manger, tapis) ▪ canapé ▪ chaise > préciser le type de chaise : chaise de bureau, etc. ▪ coffre ▪ commode ▪ console ▪ dressing ▪ étagère ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ o fauteuil lit placard table > préciser le type de table : table à manger, table basse, table de chevet, etc. tabouret etc. éléments de mobilier personnel ▪ caisson pour bureau ▪ étagère ▪ tiroir > préciser le type de tiroirs : tiroirs pour dossiers suspendus, etc. > pour ranger quoi? Et comment : utilisation d'un organisateur, en vrac, etc.? ▪ etc. 3. les outils, instruments et objets qui la soutiennent • informatiques, numériques - baladodiffusion - bureau (interface) - clé USB - disque dur - dossier/sous-dossier - étagère (virtuelle) - imprimante - Internet - langage de programmation - logiciel/application > préciser le type de logiciel/d'application > faut-il classer Pronote à part? - messagerie (emails) - ordinateur > préciser le type d'ordinateur : fixe, portable, hybride (ordinateur/tablette) > arborescence > dans l'établissement : session du lycée - scanner - smartphone - système d'exploitation - tablette - vidéoprojecteur - web Ici se pose la question de la catégorisation du cloud* et des ENT (Espace numérique de travail) : doivent-ils être compris comme des dispositifs/outils ou appréhendés comme des espaces? * préciser le type de solutions : Dropbox, Google Drive, One Drive, etc. • tangibles, papiers : > s'agit-il de consommables en attente d'utilisation? > penser également aux détournements d'objets : enveloppe ou bout de papier qui sert de pense-bête, etc. 353 > enfin, il peut être intéressant de décrire les objets qui ne sont pas du ressort du professionnel – comme par exemple de la vaisselle entreposée dans l'armoire de ressources disciplinaires pour les déjeuners entre collègues – mais qui témoignent du quotidien des enseignants (le repas du midi est aussi un lieu de témoignage d'expériences, d'échange de pratiques et d'héritage de ressources) - outils d'écriture : craie, crayon, feutre, stylo, etc. > donner des détails - agenda - agrafeuse - bloc-notes (Post-it) - boîte (d'archive) - cahier - calculette - carton d'archives - chemise - classeur - compas - copie simple / copie double (lignées, à petits ou grands carreaux) - feuille - pochette > préciser le type de pochettes : à rabats, à élastiques, pochette coin en plastique transparente, etc. - porte-vues - règle - sac > préciser le type de sac : sac à dos, sacoche (en tissu, en cuir), etc. - scotch - trieur - etc. 4. les ressources éducatives : > payantes, gratuites, libres (REL) > penser à leur scénarisation (clé en mains) > donner les sources (voir le lexique conceptuel) • ressources brutes o ressources par destination : ▪ affiche ▪ carte ▪ image ▪ jeu ▪ kit pédagogique ▪ logiciel/application ▪ mallette pédagogique ▪ manuel scolaire ▪ maquette ▪ vidéo/capsule vidéo ▪ etc. o 354 ressources par opportunité : ▪ image ▪ jeu ▪ livre ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ o > préciser le type : album jeunesse, bande dessinée, roman, théâtre pierre (utilisée en SVT par exemple) plante manuel scolaire page web site web /capsule vidéo etc. ressources raffinées ▪ document-élève ▪ dossier documentaire ▪ etc. Quid des documents annexes : programmes scolaires, référentiels, ou encore des supports de cours : document-enseignant? 356 ANNEXE II : GRILLE D'OBSERVATION DE L'INFRASTRUCTURE INFORMATIONNELLE D'UN ÉTABLISSEMENT SCOLAIRE. document de travail élaboré en mai 2017. Observer l'activité professionnelle des enseignants autour des ressources éducatives nécessite que l'on s'interroge sur le lieu d'exercice de cette activité qu'est l'établissement scolaire afin de mieux comprendre les interactions entre les pratiques enseignantes et l'environnement. Il s'agit notamment de faire une description physique de l'établissement mais également de percevoir son organisation, et plus précisément de détailler l'infrastructure disponible, c'est-à-dire l'ensemble des installations et des équipements (outils, ressources) présents au sein de l'établissement et que les enseignants sont susceptibles d'utiliser dans le cadre de leur activité, en tenant compte des contraintes d'espace et des contraintes techniques. Les potentialités de développement, en particulier de l'expérience professionnelle, des enseignants, dépendent également des milieux de travail qu'offrent les établissements scolaires, qui peuvent alors être des lieux structurants pour l'activité, en particulier des néo-titulaires ; la présence ou l'absence de telle ou telle ressource (TBI, vidéoprojecteurs, etc.) pouvant amener à investir ou à abandonner certaines façons de faire la classe ou encore certains types d'interactions. L'équipement d'un établissement peut également nous donner des informations sur les politiques éducatives, les relations didactiques et les pratiques pédagogiques souhaitées et prescrites par l'institution. Objectif de la grille : relever les éléments composants l'architecture informationnelle d'un établissement scolaire (contexte institutionnel français) Cadres thé oriques et méthodologiques : • Personal information management (PIM), en particulier les recherches de Diekema et Olsen (2012, 2014) sur les modes de gestion des ressources par les enseignants ; • ANR-ReVEA : recherches sur les pratiques enseignantes autour des ressources, avec un travail de redéfinition de la notion de « ressources éducatives » ; • The Discipline of Organizing (Glushko, 2016) sur la notion de système organisé/organisant : interrogation sur les principes organisationnels et comment les expliciter ; • Théorie de l'activité (Leontiev), approche ergonomique de l'activité enseignante (Amigues) et contextual design : observations et enquêtes contextuelles pour décrire le comportement des usagers (habitudes, pratiques de travail) et tenir compte de leurs besoins. Il s'agit d'aborder la situation avec une vision holistique de la personne dans son environnement. Nous pouvons poser les questions suivantes : • Quoi? Quelles sont les ressources qui ont été organisées? • Pourquoi? Pourquoi les ressources sont-elles organisées? • Jusqu'où? Jusqu'à quel point les ressources sont-elles organisées? • Quand? Quand les ressources ont-elles été organisées? • Comment? Comment, et par qui, les ressources ont-elles été organisées? • Où? Où les ressources sont-elles organisées? • Combien? Combien coûtent les ressources? Il est également important de tenir compte de la notion d'affordance à laquelle Glushko fait référence, suite aux travaux de J. Gibson et D. Norman, pour souligner que le design des ressources a une conséquence immédiate sur les interactions avec les utilisateurs. Les interactions peuvent donc découler de ou être influencées par l'organisation des ressources, mais elles peuvent également être souhaitées par les utilisateurs qui vont alors commander et organiser des ressources spécifiques, ou encore modifier l'organisation initiale des ressources en fonction de leurs besoins. Glushko utilise aussi l'architecture trois-tiers (ou trois niveaux : données, application, présentation) des informaticiens, et distingue donc trois moments de l'organisation du système : • le niveau de présentation, qui concerne les modalités d'accès aux ressources ; • le niveau logique, qui concerne les règles qui arrangent les ressources ; • et le niveau de stockage des ressources. La définition d'un système et des unités qui seront analysées doit aussi attirer notre attention sur la granularité, c'est-à-dire le niveau de détails (découpage) contenus dans un système analysé, et dont voici quelques critères de distinction : • le domaine : mobilier, livres, documents, musique • le format : physique, numérique • l'agencement : ressources actives (qui peuvent initier des actions sur ellesmêmes) ou passives (objets non intelligents), • le focus : ressources primaires (un livre) ou de description (le résumé d'un livre). Enfin, l'analyse de l'infrastructure informationnelle de l'établissement doit aussi tenir compte des spécificités disciplinaires et des différents statuts des enseignants : contractuels, néo-titulaires ou encore TZR (qui peuvent être en marge de l'établissement), de même que des différents statuts des établissements, comme par exemple les REP, où la rotation des enseignants est très fréquente, ce qui rend difficile la stabilisation des équipes. Nous devons aussi penser le lien entre l'établissement et le domicile (dont les espaces devraient également être observés : pièces, accès à un ordinateur personnel, connexion internet) des enseignants : transport des ressources, connexion (réseaux) entre les différents espaces NB : la loi de refondation de l'école de 2013 trace une ligne de séparation entre l'État et les collectivités : le premier est désormais pleinement responsable des ressources (contenus) alors que les secondes sont responsables des infrastructures (y compris logiciels et services d'infrastructure). Description Description détaillée des espaces : mobilier et éléments de mobilier (organisation), matériel, ressources (nature, modes de circulation : public/privé, gratuit/payant) Activités de maintenance? Gestion des collections? Utilisation( s) Notes Que font les Remarques enseignants? particulières Quels sont les usages (prescrits, personnels, détournés)? Qui? Tous ou quelques-uns? Comment? Seuls ou à plusieurs? Quand le font-ils (fréquence, durée) Les espaces physiques Cabinets disciplinaires, laboratoires , salles de cours , salle des profs , etc . ; tierslieux / autres lieux (cantine) Les espaces numériques Description Structuration et contenus (onglets, rubriques, pages, liens) Sécurisation Stockage Mises à jour et correctifs de sécurité (quand, comment, et par qui ?) Liste blanche, restrictions * Penser les? possibilités vers les Wifi? mobiles : synchronisation, affichage, etc. ENT Intranet Matériels/outils (imprimantes et scanners - reliés au réseau?), prises, tablettes, etc. LMS (penser au lien avec l'ENT) Ordinateurs (faire une Ordinateurs : les description pour chaque dénombrer et spécifier le ordinateur) type de postes (administratifs, pédagogiques) Serveurs de session Site web de l'établissement Autres (cloud) Les acteurs Statut Supports? Services? Décideurs? Chef d'établissement, chef des travaux, CPE, documentaliste, enseignants (PP, stagiaires, TZR), gestionnaire, PRI, techniciens de labos, etc. Distributeurs (KNE), sociététierce, etc. Autres (associations de parents, infirmiers scolaires) Liens avec les collectivités Les instances décisionnelles CA, conseil pédagogique, commission numérique, équipes pédagogiques Service(s) Notes Rôle(s) et mission(s) Remarques Sont-ils sollicités? particulières Pourquoi? Comment? Achats de ressources spécifiques (éducation à la santé) Statut Rôle(s) et mission(s) Notes Budget Remarques particulières * Projet d'établissement (volet numérique), politique documentaire Autres Concernant l'observation du CDI, étant donné qu'il s'agit bien souvent d'un espace bien délimité, un tableau spécifique nous paraît plus pertinent pour y détailler l'ensemble des éléments. Pour autant, il ne s'agit pas d'une entité fermée ; et la nouvelle circulaire de missions des professeurs-documentalistes confère à ces derniers un rôle à l'échelle de l'ensemble de l'établissement (en particulier via l'intervention sur les réseaux) en en faisant des « maîtres d'oeuvres de l'organisation des ressources documentaires et de leur mise à disposition ». Il est ainsi important de comprendre comment est élaboré la politique documentaire au niveau des instances , mais également de voir l'articulation du CDI avec les différents lieux de vie et de travail des enseignants (et aussi regarder du côté des liens avec l'extérieur, à la fois de l'extérieur vers le CDI – en passant par les instances de l'établissement – mais aussi du CDI vers l'extérieur dans une politique d'ouverture de l'établissement). Le CDI Bureau de prêt Coin lecture Espaces élèves Espaces documentalistes Espaces enseignants Archives Autres L'équipement Réseaux, ordinateurs, tablettes, imprimantes, etc. Description Description détaillée de l'espace : mobilier et éléments de mobilier (organisation), matériels, ressources, etc. Utilisation(s) Que font les enseignants? Quels sont les usages (usages prescrits, personnels, détournés)? Qui? Tous ou quelques-uns? Comment? Seuls ou à plusieurs? Quand le font-ils (fréquence, durée) Notes Remarques particulières Les espaces Structuration et contenus : effectuer la même description que pour les espaces numériques . Le fonds Papier : romans, manuels, kiosque Onisep, etc. Numérique : dictionnaires, orientation (Onisep), logiciels, jeux, etc. Le mobilier Étagères, présentoirs, fauteuils, etc. Liens avec l'extérieur PEB (prêt entre Médiathèques/bibliothèques, bibliothèques)? librairies, réseau Canopé, établissements supérieurs, associations culturelles, service public, médias locaux et monde professionnel. 361 La politique documentaire : > Quelle situation/réflexion quant à la politique documentaire** suite à la nouvelle circulaire de missions 2017 des professeurs-documentalistes? Des changements sont-ils prévus/ en visagés? > Quel s sont ac tuellement les grand s axes de la politique documentaire ? • Li en avec le projet d'établissement? Participation à la définition du volet numérique? • Comment s'effectue la gestion des ressources (papiers/numériques) au niveau de l'établissement (conseil, choix, organisation, intégration, stockage, désherbage, etc.)? Y a t-il une gestion des ressources e nseignant es ? • Au sein du CDI : quel est le budget et sa répartition (abonnements, livre s, logiciels)? • Comment la politique d'acquisition est-elle discutée? • Quelle est la politique en matière de désherbage? Est-il discuté avec les enseignants? • Y a t-il un espace CDI sur l'ENT? • Veille? pour qui? Comment? ** Sur ce point, il nous paraît nécessaire de faire un entretien avec le chef d'établissement. ANNEXE III : INTERROGÉS PROFILS DES ENSEIGNANTS Cette annexe présente les profils des enseignants interrogés dans le cadre de notre enquête de terrain au lycée La Fontaine, auquel nous ajoutons trois entretiens exploratoires menés avec deux collègues du laboratoire STEF de l'ENS Paris-Saclay, également enseignants en BTS (enseignant B et C), et un enseignant de S2i (enseignant A) rencontré via le laboratoire STEF. Méthodologie et terrains : • Entretiens semi-directifs (utilisation d'une trame) réalisés pendant l'année scolaire 2016-2017 et 2017-2018 au lycée Jean de La Fontaine (terrain principal d'enquête) • Entretiens exploratoires menés avec deux collègues du laboratoire STEF de l'ENS Paris-Saclay (enseignants B et C), et un enseignant de S2i (enseignant A) rencontré via le laboratoire STEF • Lieux : établissement (salle de cours, salle des profs) ; domicile de l'enseignant ; laboratoire de recherche du doctorant ; via Skype • Terrains : 3 lycées en région Île-de-France, 1 lycée en région Auvergne-Rhône-Alpes • Enregistrement audio : enregistreur + smartphone • Durée : entre 45 min. et 2h env. Remarques générales : Tous les enseignants se positionnent par rapport à une norme supposée (Lahire, 2012) : se considérant comme étant bien ou mal organisé. Les enseignants semblent suivre une logique qui apparaît plutôt comme personnelle que documentaire (outils, langages, classement spécifique). Ils travaillent sur leur ordinateur personnel et sur ceux de la salle des profs. On retrouve beaucoup de points communs dans les pratiques avec celles recensées dans PIM et ReVEA. • ReVEA : dossiers organisés par classes, niveaux et années, et par chapitres o remani des documents (ressources web, sources extérieures, cours des collègues) pour élaborer les cours. Les enseignants créent leurs propres exercices (mathématiques) o ressources brutes « en l'état » et ressources transformées (enseignant B en BTS Bâtiment – lycée 3) o anglais, « documents authentiques » : ressources non modifiées (audio, vidéos, articles de journaux) o 4 processus : collection (« depuis le temps que j'en amasse [des documents] » : enseignant B – lycée 3), confiance (pairs, carnet d'adresse des entreprises : enseignant B – lycée 3), héritage (enseignante C – lycée 4), et participation (groupe de pairs, collectifs enseignants) o • PIM : « pillers », « messy » VS « folders » o classement par chapitres du manuel ou par sujet du cours o fichiers « en vrac » sur le bureau (ordi) o dossiers « fourre-tout » (ordi) o ressources papiers et numériques : ▪ livres et manuels scolaires ▪ ressources du web ▪ cours/séquences/séances écrits à la main et conservés dans des classeurs ou pochettes o 363 o o o o o o duplication stockage sur la clé USB (plutôt pour transporter les ressources du domicile à l'établissement) ou sur un disque dur externe (plutôt pour stocker durablement les ressources) travail et partage avec les pairs (collègues d'une même discipline) abondance de ressources > problème de doublons / stockage / sauvegarde ; notion de refinding. ressources des pairs (souvent des collègues proches ; parfois stockés mais pas exploités) difficultés en matière de recherche d'information sur le web (RIW) mais pas forcément liées à l'évaluation des ressources, plutôt à leur surabondance et à la pertinence (non adaptées) importance de la planification > réorganisation des cours, des contenus (cré /suppression) Lycée 1 : Lycée Jean de La Fontaine Lycée d'enseignement général et technologique, labellisé lycée des métiers du management, de la gestion et des services. Filières générales, technologiques et professionnelles : • 2ndes GT et 2ndes pros (enseignements d'exploration : Biotechnologie ; LITTSO ; SANTESSO) • une classe de 1ère ES ouverte à la rentrée 2016 • bacs technos : STMG (GF ; Mercatique ; RHC ; SIG), STL Biotechnologies ; ST2S • bacs pros : GA ; Commerce ; Ventes • BTS : CG ; AM - mention européenne ; CI ; SP3S ; BioAC • DCG et DSCG en apprentissage • licence professionnelle Révision comptable (en partenariat avec l'Université de Cergy-Pontoise et le CFA SACEF)333 Nombre d'élèves : 1350 élèves en moyenne Nombre d'enseignants : 134 NB : nous ne mentionnons pas les cas d'Élisa, Noémie et Tristan, puisque que ces derniers ont fait l'objet de portraits (voir le livret : Dis-moi, comment tu ranges?!). Nous avons également volontairement écarté les cas de Lucas, Nelly, Quentin et Sylvain pour lesquels nous n'avons pas recueilli suffisamment d'informations quant à l'activité d'organisation personnelle des ressources. Alicia Statut : certifiée ; ancienneté : 6 ans Discipline : ST2S Niveaux : 1ère, BTS 1ère et 2e année Expériences professionnelles précédentes : diététicienne ; a travaillé 5 ans dans un centre de formation et dans une association Acronymes détaillés par ordre d'apparition. GT : générales et technologiques. ES : Économique et sociale. LITTSO : Littérature et société, SANTESSO : Santé et social. STMG : Sciences et technologies du management et de la gestion – GF : Gestion et finance, RHC : Ressources humaines et communication, SIG : Systèmes d'information de gestion. STL : Sciences et technologies de laboratoire. ST 2S : Sciences et technologies de la santé et du social. GA : gestion-administration. BTS : Brevet de technicien supérieur – CG : Comptabilité gestion, AM : Assistant de manager, CI : Commerce international, SP3S : Services et prestations des secteurs sanitaire et social, BioAC : BioAnalyses et Contrôles. DCG : Diplôme de comptabilité et de gestion, DSCG : diplôme supérieur de comptabilité et de gestion. CFA SACEF : Centre de formation d'apprentis – Sections d'apprentissage créées par les entreprises franciliennes. Ressources principales : sites institutionnels, articles de journaux, livre pour les ST2S (pas de livres en BTS), cours des collègues Outils : 1 ordi portable Organisation : • 2 clés USB : 1 pour le lycée et 1 pour le BTS > transporter + sauvegarder les ressources • arborescence (ordi) : dossiers par niveaux, puis sous-dossiers par « activités » (ATM : Activités technologiques méthodologiques, et ATT : Activités technologiques thématiques) • mobilier scolaire : armoire de ressources disciplinaires de la salle des profs > ranger les ressources (mais peu utilisée) • position/norme : se présente comme n'étant pas bien organisée : « je suis comme ça j'avoue », arborescence : « fouillis ». Chez elle, elle travaille dans son salon car son bureau est encombré. Anthony Statut :? ; en poste au lycée la Fontaine depuis 8 ans Discipline : lettres et histoire-géographie (enseignement professionnel) Niveaux : 1ère et BTS Ressources principales :? Outils : 1 ordi + 3 clés USB dont une « principale » Organisation : • cahier, « surtout pour les BTS » > noter ses idées de plans de cours – possibilité de revenir en arrière (consultation) si besoin + ranger ses photocopies : « J'y gagne sur le côté organisation » • porte-vues > transporter ses « feuilles volantes » pour les 1ères ; ces dernières seront ensuite conservées dans des chemises • classeur (stocker dans son armoire perso) > conserver les documents de son année d'IUFM + documents reçus en formation • 1 disque dur > stocker + sauvegarder les ressources • arborescence (ordi) : fichiers classés par classe, puis par chapitres ou thématiques • éléments de mobilier scolaire : utilise 1 étagère de l'armoire de ressources disciplinaires de la salle des profs > ranger ses affaires Arnaud Statut :? ; ancienneté : 21 ans Discipline : physique-chimie Niveaux :? Ressources principales : utilise parfois des objets ou de la nourriture (bouteilles en plastique, citrons) pour ses expérimentations en classe, RIW (+ « vieux TP » du labo de physique-chimie?) Outils : 1 ordi portable Organisation : • 1 disque dur > stocker et sauvegarder les ressources • 1 clé USB > transporter les ressources : « tout est sur ma clé » car « pour le transport, c'est beaucoup plus facile » • a priori, n'utilise plus de classeurs Aimerait bien s'organiser pour corriger uniquement les copies au lycée. Cé dric Statut : agrégé ; ancienneté : 10 ans Discipline : maths Rentrée 2016-2017 : membre du CA, coordonnateur des maths (pilot e des projets, etc.) Niveaux : 1ère ES, Tale STMG, Tale STL, BTS BioAC. A déjà été professeur en BTS comptagestion (2 années), en 2nde option IGC et option STL (il y a 7 ans), et en S 365 Ressources principales : manuels scolaires, annales du Bac, cours des collègues (en particulier ceux de Tristan), RIW (mais peu de ressources pertinentes) ; questions spécifiques à des « copains ingénieurs » qui travaillent dans le privé Outils : • 2 ordis portables + 1 tablette • 1 disque dur externe en réseau (cloud externe) • logiciel : LaTeX > mise au propre, échange et partage (avant : cours manuscrits car n'avait pas le temps de s'organiser) Organisation : • 1 clé USB > transporter + travailler sur les documents • « 1 ou 2 classeurs » > conserver les fiches distribuées aux élèves + « portions de cours » manuscrits + exercices de ses 2/3 premières années d'enseignement • arborescence (ordi) : dossiers par années scolaires, puis sous-dossiers par classe, puis sous-sous dossiers « cours », « exercices », « devoirs maisons », « interros », « test » et à l'intérieur : fichiers LaTeX et PDF générés (parfois « variante élève » si besoin) : « je compartimente à mort » • nomme + date les fichiers (refinding) ; à son entrée en seconde, en 1997 (il avait 15 ans), son père, qui travaille dans l'informatique, lui a conseillé d'organiser ses dossiers, d'organiser le contenu (profondeur de l'arborescence). • position/norme : déclare que son ordinateur est « bien rangé » ; conserve ses anciens cours : « À proprement parler, je ne réutiliserai jamais mes cours de 2006-2007, c'est ma première année, mais je les garde! C'est un peu mon côté : "Puisque c'est bien rangé, je peux les laisser là " » A tenu un blog pendant 1 an (Free, puis CRDP de l'Académie de Versailles ; arrêt de l'activité). Célia Statut :? ; a enseigné au collège Discipline : anglais Niveaux : 1ère ES, Tale ES, BTS Ressources principales : vidéos (YouTube), RIW Outils : 1 ordi portable Organisation : • 1 clé USB > notamment pour récupérer les fichiers audio des élèves (baladodiffusion) • 1 trieur > transporter ses photocopies (rangées par classe) • 1 pochette > transporter les copies à corriger • 1 classeur > ranger les chapitres des séquences terminées • arborescence (ordi) : fichiers classés par thèmes (avant – au collège –, classait par niveaux) ; a un dossier « Méthodologie » • éléments de mobilier scolaire : utilise 1 (ou plusieurs?) étagère de l'armoire de ressources disciplinaires de la salle des profs > ranger ses affaires • position/norme : au sujet de son arborescence (fichiers classés par activité et/ou par niveaux) elle déclare : « la raison pour laquelle c'est un peu le bazar, enfin pas le bazar mais le bazar organisé » Clarisse Statut :? ; ancienneté : 3 ans Discipline : éco-gestion, spécialité mercatique Niveaux : 1 classe de 2 nde ( économie ), 1 classe de Tale STMG (mercatique), 1 classe de 1ère STMG (management), 1 classe de BTS AM 1 ère année (management ) Rentrée 2017-2018 : PP des Tale STMG Expériences professionnelles précédentes : a travaillé dans une agence de publicités ; assistante marketing dans une PME ; commerciale dans une entreprise Ressources principales :? 366 Outils : • 1 ordi + cloud : One Drive (Microsoft) + Google Drive = son « outil de travail » • 2 clés USB : 2016-17 et 2017-18 Organisation : • 1 classeur > ranger ses cours par matière • pochettes cartonnées par classe > ranger les copies • emails > partager des documents avec les collègues • position/norme : se déclare comme « conservatrice » ; transporte beaucoup de ressources au lycée : 2 sacs à mains + 1 sorte de valise : « j'ai besoin d'avoir un max de choses voilà pour me rassurer » Travaille un maximum au lycée (a une fille en bas âge) Emmanuel Statut : agrégé ; ancienneté : 11 ans Discipline : histoire-géographie Niveaux : 2nde, 1ère ES, 1ère STL, Tale STMG Expériences professionnelles précédentes : petits jobs étudiants (vendangeur, poseur tireur de câble) dont deux postes pendant ses études d'histoire à Paris 4 : assistant administratif (inscription des étudiants) et tuteur pour des étudiants en licence (actuelle L3) Ressources principales : ouvrages scientifiques d'histoire et de géographie, manuels scolaires, cours de Noémie (avec laquelle il partage la classe de Tale STMG), RIW (images > présentations PowerPoint) Outils : 2 ordis portables : 1 « gros VAIO » (Sony) pour préparer ses cours et 1 « petit Asus pour ne plus avoir à imprimer » : il l'utilise en classe pour lire ses supports de cours Organisation : • 1 clé USB > stocker tous ses cours • 1 « ancien » trieur > stocker des documents (croquis, « montages de photocopies », etc.) • pochettes de cours par niveau > ranger les documents à distribuer aux élèves • arborescence : fichiers classés par années, par classes et par niveaux puis par matières (ordi) ; classe également « par pôles d'activité » (clé USB) • éléments de mobilier scolaire : utilise trois étagères de l'armoire de ressources disciplinaires de la salle des profs > ranger ses affaires Faïza Statut :? ; ancienneté : 5 ans ; a enseigné 1 an en 4e et 3e SEGPA dans le cadre d'un atelier vente (6h en 4e ; 12h en 3e) Discipline : éco-gestion Niveaux : 1ère et Tale Commerce Rentrée 2017-2018 : PP depuis 3 ans de la classe de 2nde Ressources principales : référentiels, cours personnels + cours des collègues, livres de fiches détachables utilisés « soit pour faire les TD, soit pour monter la base du cours » Outils : 1 ordi portable Organisation : • 1 classeur > ranger ses cours : « mes trois premiers intercalaires, c'est pour les Terminales, les deux derniers c'est pour les Premières » • 1 disque dur > stocker et sauvegarder les ressources • 1 clé USB sur laquelle elle travaille directement ; elle déclare en avoir « besoin » d'une clé car « c'est [s]a manière d'organiser » • 1 classeur + des portes-vues > transporter les cours + documents • 1 classeur > stocker ses « cours annuels » • pochettes + sous-chemises > distribuer les documents « élèves » • arborescence : fichiers classés par années, par classes et par niveaux puis par matières (ordi) ; classe également « par pôles d'activités » (clé USB) 367 • • session du lycée : à chaque fin d'année scolaire, supprime les dossiers nominatifs liés aux élèves, mais garde les cours éléments de mobilier scolaire : utilise 2 étagères de l'armoire des ressources disciplinaires de la salle des profs > ranger ses livres de fiches détachables, ses pochettes de cours, les conventions de stage, les grilles d'évaluation, tout ce qui est Parcours Sup', tous les documents d'orientation, « je stocke tout dans mon armoire » position/norme : conserve les documents papier (cours, TD, évaluations + corrigés, synthèses) : « Mais je pourrais jeter hein?! Je ne sais même pas pourquoi je les stocke en papier mais bon peut-être rassurant, je ne sais pas?! » Hélène Statut : certifiée ; ancienneté : 20 ans ; en détachement de 1998 à 2000 à Singapour pour donner des cours de français pour adultes et des cours pour enfants dans une école anglaise, puis a travaillé, de 2000 à 2001, dans une structure privée pour enseigner l'anglais pour enfants précoces, avant de réintégrer l'EN en 2007 Discipline : histoire-géographie Niveaux : 2 Tales ST2S, 2nde + enseignement exploratoire « Découverte de civilisation européenne » Rentrée 2017-2018 : PP des 2nde Ressources principales : manuels scolaires Outils : 1 « petit » portable + 1 MacBook pro Organisation : • sous-chemises > distribuer les dossiers documentaires aux élèves • porte-vues : 1 pour ses cours + 1 pour les « ressources attachées à ses cours » • 3 ou 4 clés USB « en circulation » > transporter et sauvegarder ses cours ; enregistre tout sur sa clé, jamais sur sa session professionnelle (ordi lycée) • emails > envoyer des documents à imprimer au lycée • éléments de mobilier scolaire : casier > ranger ses photocopies ; 1 étagère de l'armoire de ressources disciplinaires > ranger ses affaires • mobilier personnel : armoire > ranger ses manuels ; bureau : situé dans un coin du salon, il « sert [] de fournitures [] pour les enfants, quand ils ont besoin d'un truc, ils vont chercher dans mes tiroirs et ils me piquent des choses », ainsi Hélène n'a « pas vraiment de sentiment d'avoir un endroit hyper perso, ni ici, ni chez moi » pour travailler, mais elle explique que « cela [l]'oblige à être fonctionnelle » • a conservé ses anciens cours, des trombinoscopes et ses carnets de notes : c'est « sentimental » ; critères pour tout jeter? « Est-ce que je peux tout garder? » : elle « garde pas mal » car ça peut resservir, mais fait en fonction de la place • position/norme : se déclare « bordélique » Jeanne Statut : agrégée ; néo-titulaire (vient de prendre son poste suite à une année sabbatique à laquelle se sont succédées trois années de thèse) ; doctorante à l'EHESS (son contrat doctoral vient de se terminer) Discipline : SES Rentrée 2016-2017 : TZR > travaille dans 2 lycées Niveaux : 1ère ES Expériences professionnelles précédentes : petits jobs étudiants (a travaillé pendant 3 mois dans une librairie, etc.) ; a travaillé à l'EHESS et au CNRS (rédaction de rapports, etc.) ; a travaillé 2 ans, entre 2013 et 2015, comme moniteur à l'université Ressources principales : Éduscol, manuels scolaires, livres, RIW : site de l'INSEE + sites des administrations + site de l'APSES (gain de temps, qualité), cours des collègues (mais peu utilisés) Outils : 1 ordi portable + Dropbox Organisation : • 1 clé USB > transporter, sauvegarder les fichiers 368 • • • • • • 1 pochette > transporter ses cours 1 classeur > ranger les « trames » de cours + documents « enseignant » + reliquats des documents « élèves » + fiches Éduscol 1 cahier > noter des idées pour préparer ses cours éléments de mobilier personnel > envisage d'acheter 1 étagère pour ranger ses classeurs de cours espace professionnel : salle de cours de son autre établissement > stocker ses ressources position/norme : organisation : « pas très très bien » Joey Statut : agrégé ; néo-titulaire (vient de prendre son poste après son doctorat et deux années en post-doctorat) ; docteur en mathématiques Discipline : maths Niveaux : 1 classe de 2nde, 1 classe de 1ère ST2S Expériences professionnelles précédentes : petits jobs étudiants (pendant l'été) ; a donné des cours particuliers ; a fait de l'aide individualisée en lycée professionnel ; a fait du monitorat pendant sa thèse : a enseigné en L1, L2 et L3 en mathématiques et géologie ; a travaillé dans un IREM334 pendant sa thèse Ressources principales : cours personnels, échange de cours avec ses collègues, manuel scolaire de 2nde pour les exercices, sites web « m@ths et tiques » (Yvan Monka, académie de Strasbourg) Outils : • 1 ordi portable « dédié à tout » (travail + loisirs) • logiciel : LaTeX > rédiger les énoncés des exercices et des devoirs + rédiger les corrections Organisation : • 1 porte-vues > ranger ses documents • 1 classeur « qui sert de lutin » > ranger ses cours manuscrits (dans des pochettes plastiques perforées) • 1 clé USB > « pour transférer de chez moi [au lycée] pour imprimer » • emails > envoyer des documents à imprimer au lycée • utilise un code couleur « mais qui est classique » : souligne les « gros titres en rouge » et les « plus petits titres en bleu », le cours est écrit en bleu, les exemples en noir ; concernant les définitions : les mots nouveaux sont en vert, les mots importants sont soulignés en rouge • position/norme : déclare qu'il a « tendance à tout garder » mais se force à jeter le papier « autant que possible » (conserve notamment ses brouillons d'ébauches de cours dans un tiroir de son bureau : « j'arriverais à me forcer [à jeter] qu'une fois qu'il y en aura suffisamment (rires) ») Julie Statut : certifiée (stagiaire en 2012 mais report pour préparer l'agrégation) ; ancienneté : 4 ans ; TZR, mais affectée seulement à La Fontaine ; doctorante (en 3e année de thèse) Discipline : Niveaux : 2nde, 3 classes de ST2S, 1 BTS BioAC ; AP pour les 2nde. 369 Outils : • 1 ordi portable qu'elle utilise en cours notamment pour projeter des documents • 1 clé USB >mais ne l'utilise jamais avec les ordinateurs du lycée suite à un virus : « je n'utilise plus jamais une clé USB sur des ordis qui ne sont pas les miens » Organisation : • 1 trieur + 1 porte-vues par niveau + 1 pochette par niveau > ranger ses cours • classeurs à levier, 1 par niveau > ranger ses ressources • 1 porte-vues par niveau > ranger ses cours • 1 trieur par niveau > ranger et transporter ses cours • 1 « énorme classeur à levier » par niveau > ranger ses cours • utilise 1 « cahier de préparation » pour préparer, chaque lundi, la semaine suivante (méthode héritée de sa tutrice) : « Ça me rassure, le cahier est là, même si je sais que je pourrais photocopier ce qui est sur mon ordi, le plan de séquence » • éléments de mobilier personnel (domicile) : bibliothèque > ranger ses ressources • utilise les favoris • emails > partager des documents avec les collègues • arborescence (ordi) : documents > documents pédagogiques > supérieur ou lycée > dossiers par classes > sous-dossiers par années ; année en cours « que sur le bureau » • position/norme : elle déclare à propos de ses fichiers : « De toute façon, j'avais tellement bossé la première année qu'ils ne sont pas trop mal organisés » Lucile Statut : néo-titulaire ; TZR, mais affectée plein-temps au lycée Discipline : EPS Niveaux :? Rentrée 2017-2018 : est syndiquée au SNEP-FSU Ressources principales : fiches d'évaluation (par activité sportive) des élèves, fiches d'activités (séances déjà prêtes) des courses d'orientation en forêt (partagées avec les collègues et rang ées dans le bureau des enseignants d'EPS), référentiels d'évaluation du bac (rangés dans des classeurs stockés dans le bureau des enseignants d'EPS), programmes officiels, matériel et équipement sportif de l'établissement, notes d'observation de situations prises pendant ses études et sa première année de stage Outils : 1 ordi portable Organisation : • 1 disque dur > stocker et sauvegarder les ressources • 1 clé USB > transporter, imprimer et sauvegarder ses fichiers • 1 classeur > ranger ses « préparations de leçons » + documents à imprimer pour les élèves (fiches d'évaluation) • arborescence : fiches d'évaluation classés par « niveaux de classe » ; documents classés en fonction des 5 niveaux définis « comme les programmes l'exigent » + dossiers par APSA (Activités physiques, sportives et artistiques) dans lesquels elle « essaie de classer des situations d'apprentissage » pour chaque groupe de niveaux • élément de mobilier personnel : étagère (rayonnage) > ranger ses affaires d'études (collège, lycée, université) : cahiers, livres, notes, etc. • espace professionnel : bureau des enseignants d'EPS • position/norme : se déclare « assez organisée » A laissé toutes ses affaires à La Réunion, d'où elle est originaire ; en apprenant sa mutation en Île-de-France, elle s'est dit : « Tu y vas comme ça, et tu reprendras tout à zéro, en t'aidant des sites Internet et tout » Mickaël Statut : certifié (stagiaire en 2012 dans l'établissement) ; ancienneté : 4 ans ; poste spécifique dans l'établissement + dé taché dans un internat Discipline : anglais Niveaux : lycée : Tale STL, Tale ST2S, BTS CI 1 ère année ; internat : 5e et 2nde + projet : atelier « English Club » 370 Ressources principales : YouTube (vidéos), sites web : BBC, VOA, chaînes TV américaines, ressources de collègues Outils : 1 ordi portable Organisation : • 1 pochette > ranger ses cours de l'internat (un peu le « fouillis ») • 1 disque dur > stocker et sauvegarder les ressources (le prend pour travailler au lycée) • mobilier scolaire : armoire de ressources disciplinaires de la salle des profs > entreposer du matériel, des dictionnaires et des manuels • utilise les favoris, mais « pour plus tard » (sorte de pense-bête) • arborescence (ordi) : organisait par classes mais depuis la rentrée, organise par année (mais est « obligé de faire des allers-retours ») ; beaucoup de fichiers sur le bureau de l'ordinateur • tri > pas de suppression : écrase les anciens fichiers • position/norme : se déclare « pas très organisé » Nadège Statut : agrégée (stagiaire en 2010 dans l'établissement) ; ancienneté : 7 ans ; docteure en sciences de la vie Discipline : BGB Niveaux : Tale STL, BTS BioAC 1e et 2e année Rentrée 2017-2018 : PP des BTS BioAC 2e année ; depuis 4 ans : membre du jury des concours d'assistants ingénieur d'étude et de techniciens de laboratoire Expériences professionnelles précédentes : a été moniteur à l'université, en biologie Ressources principales : cours personnels, manuels de Tale + spécimens de 1ère S (demande aux éditeurs), livres de l'agrégation, RIW (préparer les cours), abonnée à la liste de discussion de l'UPBM ; travaille en binôme pour les cours Outils : 1 PC fixe (+1 tablette mais pour les loisirs) + Dropbox Organisation : • 4 « gros classeurs » : ranger les cours • 1 clé USB : « Je ne travaille que sur ma clé parce qu'il y a des choses qui sont confidentielles jusqu'à la fin de l'année [] » ; déclare avoir la même arborescence sur sa clé que sur son ordi perso • 1 disque dur > stocker et sauvegarder les ressources • arborescence (ordi) : fichiers classés par années puis par classes, puis par thèmes des référentiels ou par chapitres (cours + devoirs) • éléments de mobilier scolaire : casier > stocker ses photocopies • éléments de mobilier personnel : étagères (rayonnage) > ranger ses manuels + classeurs + pochettes • position/norme : se déclare comme « très psychorigide par rapport au rangement » Steven Statut : stagiaire ; a travaillé 2 ans comme contractuel dans un ensemble scolaire (collège + lycée) Discipline : espagnol Niveaux :? Ressources principales : presse, vidéos, possède très peu de manuels scolaires, cours personnels (déjà prêts car était contractuel), groupe Facebook de mutualisation de ressources pour l'enseignement de l'espagnol (350 membres), Dropbox partagée avec 4 collègues (hors établissement) ; sollicitation d'un collègue universitaire Outils : 1 ordi portable Organisation : • pochettes > ranger ses cours • 1 disque dur > stocker et sauvegarder les ressources • 1 clé « assez grande » (16 Go ~) pour les cours • arborescence (ordi) : dossier par niveau + sous-dossiers par thématiques 371 • tri : pendant les vacances scolaires Essa ie de travailler le moins possible à la maison Lycée 2 Lycée d'enseignement général et technologique – Académie de Versailles (Hauts-deSeine) Filières général es et technologiques : • bacs généraux : o S (SVT ou SI ; enseignements de spécialité : ISN ; maths ; PC ; SVT) o L (enseignements de spécialité en Terminale : Anglais approfondi ; LV3 chinois ou italien ; Latin ; Droit et grands enjeux du monde contemporain) o ES (enseignements de spécialité : Économie approfondie ; Sciences politiques et sociales ; maths) ; • 1 bac techno STI2D (option SIN ou EE). • enseignements d'exploration en 2nde : TSI, ICN, MPS, LITTSO et SANTESSO, LCAD, CHID et ITAD335 Nombre d'élèves : 1044 Nombre d'enseignants :? Enseignant A Statut : certifié? (concours 2014 session exceptionnelle) Discipline : S2i (Sciences industrielles de l'ingénieur) Niveaux : 1ère et Tale S et STI2D + 4h d'enseignements technologiques transversaux (ETT) ; intervention en IUT mais pas cette année scolaire 2016-17. Autre expérience professionnelle : a travaillé 1 an dans l'entreprise Vibrachoc (grand groupe sur le contrôle et le paramétrage des cockpits d'avion, située dans le 91) Ressources principales : travaille beaucoup sur des systèmes (a de la documentation pédagogique fournie), Éduscol, sites académiques (notamment celui de Lyon), livres de Sciences de l'ingénieur, RIW mais difficultés pour trouver des ressources pertinentes, ressources de collègues (notamment 2 collègues) + sites de collègues (mais y va peu car il n'y a pas la correction avec les exercices, or « ça c'est chronophage ») + Google Drive partagé avec 3 collègues dont 1 du lycée (le recommande aussi à ses élèves pour ranger les ressources) Outils : logiciel SolidWorks Organisation : • 1 disque dur + clé USB > sauvegarder ses ressources • modification d'un cours « en direct » sur le « board » ou le disque dur • suppression des activités si nécessaire, mais dans ce cas, garde le document supprimé dans son disque dur, car ça pourrait servir : « on ne sait jamais, peut-être qu'un jour, je ne sais pas » • problème de refinding (doublons) ; fait attention aux doublons pour l'espace commun (sessions) des élèves • arborescence (ordi) : deux dossiers pour ranger ses ressources : o dossier « Mes cours » > « Terminale » > « Documents pédagogiques » > ressources pédagogiques (séquences, ressources de collègues, etc.) : « alors c'est un petit peu un fourre-tout de pas mal de choses tout est dedans en fait et je puise dedans, j'essaie de ranger un peu mes ressources mais c'est un petit peu l'anarchie et il y a Acronymes détaillés par ordre d'apparition (excepté ceux détaillés note 1). S : scientifique – SVT : Sciences de la vie et de la terre, SI : Sciences de l'ingénieur, ISN : Informatique et sciences du numérique, PC : Physique-Chimie ; L : Littéraire - LV3 : Langue vivante 3. STI2D : Sciences et technologies de l'industrie et du développement durable – SIN : Système d'information numérique, EE : Énergie et environnement. TSI : Technologie et Sciences de l'ingénieur, ICN : Informatique et création numérique, MPS : Méthodes et pratiques scientifiques, LCAD : Langues et cultures antiques pour débutants, CHID : Chinois grand débutant, ITAD : Italien grand débutant. 335 372 o des fois où je ne retrouve pas certaines ressources, je me dis : "Mince, elles sont où?!", et je ne les avais pas rangées au bon endroit » (position/norme) dossier « Ressources » (ressources de collègues et des « activités un peu tampons ») : « j'ai un autre dossier qui s'appelle ressources, c'est mal rangé » (position/norme) > Distinction des 2 dossiers? : « c'est juste que je sais que c'est dedans » ; « c'est mal rangé hein?!, j'ai essayé de ranger, quand j'ai fait la Première Terminale SI, tout ce qui se rapportait à la SI dans les documents péda, les ressources péda aussi, et ça, "Ressources", c'est un petit peu un fourre-tout de plein de choses de ressources de lycée de sciences de l'ingénieur et de STI2D, et ça faut aussi que je range un petit peu tout ça » (position/norme) Lycée 3 Lycée général et technologique – Académie de Créteil (Seine-Saint-Denis) Filières générales, technologiques et professionnelles : • bacs généraux : o S (option SVT ou SI ; enseignements de spécialité : ISN ; maths ; PC ; SVT) o L (enseignements de spécialité en Terminale : arts ; latin ; LV3 Italien ; LV1 ou LV2 approfondies) o ES (enseignements de spécialité : Économie approfondie ; Sciences politiques et sociales ; maths) • bacs technos : STMG (GF), et STI2D (SIN ; AC) • BTS Systèmes électroniques ; Bâtiment. • 1 CPES-CAAP336 Nombre d'élèves : 1252 Nombre d'enseignants :? Enseignant B Statut : agrégé (concours de lycée professionnel en 1983, 3 années de formation pédagogique dans les écoles normales, puis CAPET et agrégation interne de génie civile) ; ancienneté : 34 ans ; doctorant en Sciences de l'éducation Discipline : BTS Bâtiment (depuis plus de 20 ans) Niveaux : BTS 1ère et 2e année Autre expérience professionnelle : a travaillé 5 ans dans l'industrie puis a fait de la formation Ressources principales : • travaille beaucoup avec des documents techniques (normes, etc. > supports variés) qu'il va chercher dans les entreprises + prend des photos ou fait des croquis quand il se rend dans les entreprises ou sur les chantiers > ressources « anecdotes » ; à noter : peut rencontrer des problèmes de droits pour les documents (propriétés intellectuelles, sources confidentielles) • travail avec ses pairs ; ouvrages récupérés au CDI + ouvrages achetés (budget disciplinaire) Outils : 1 ordi portable (+ 1 fixe?) Organisation : • a un code graphique de présentation en fonction du type de documents (fiches pédagogiques, évaluations, documents professionnels, etc.) • doublons papier ; pochettes à rabats et plusieurs classifications en fonction des activités pédagogiques : « un peu comme les fichiers informatiques » • dépôt de documents numériques pour les élèves (sans que ce soit imprimé) Acronymes détaillés par ordre d'apparition (excepté ceux des notes précédentes). AC : Architecture et construction. CPES-CAAP : Classe préparatoire aux études supérieures - Classes d'approfondissement en arts plastiques. 336 373 • • 1 disque dur externe pour « tout ce qui vient du monde professionnel » + 1 clé USB pour « le temporaire » et pour transporter les documents arborescence (ordi) : o procède par dossiers : « j'essaie de structurer » (position/norme) o copie des fichiers dans plusieurs dossiers o stocke dans des dossiers projets « tout ce qui n'est pas transformé » nettoyage régulier de ses dossiers : « d'un point de vue psychologique, je ne suis pas un conservateur » (position/norme) ; « avant je conservais les choses par habitude » tri du papier : « j'élimine beaucoup plus » imprime ce dont il a besoin numérisation d'un document uniquement si c'est nécessaire problème de stockage (beaucoup de ressources) méfiant par rapport au cloud : « impression que ça disparaît quelque part » ; pour les données sensibles : « Je veux en gérer complètement la diffusion. Acronymes détaillés par ordre d'apparition (excepté ceux des notes précédentes). SPCL : Sciences physiques et chimiques en laboratoire, STD2A : Sciences et technologies du design et des arts appliqués. CCD : Création et culture design. 337 374 Organisation : • espace professionnel : petite salle dans son établissement où a été recréé 1 banque > armoire avec des documents (plutôt pour les élèves) • 6 enseignants de BTS banque : 2 équipes de 3 > échange plutôt avec son équipe car l'ambiance est conflictuelle entre les 2 équipes : les enseignants n'ont ainsi pas l'habitude de partager • utilise son ordi perso dans l'établissement plutôt que les ordis du lycée car « je ne sais pas où sont les choses » ; cela lui permet également d'utiliser son ordi en cours, et donc de mobiliser ses ressources pour répondre à des questions ou rebondir sur des remarques des élèves et étudiants en allant chercher le(s) document(s) dont elle se souvient (refinding) • 1 classeur par discipline ou sujet > ranger les documents ; tri des classeurs au mois de juillet ; les examens en BTS banque sont une « vraie mine d'or » donc elle les conserve dans ses classeurs qu'elle range sur 1 étagère ; garde aussi les examens de droit, mais « moins précieux » • garde tous ses cours dans l'idée que cela peut toujours servir : « manie de petite grand-mère » (position/norme) • arborescence (ordi) : dossier pour chaque année scolaire • renomme les dossiers des collègues + précise l'année en cours • document pour les cours, document pour les élèves, séquences numérotées • imprime tout (sauf les diaporamas : c'est du « visuel ») car c'est plus pratique d'avoir les cours sur format papier • transfert fichiers sur 1 disque dur qui est nettoyé 1 fois par an • ne numérise pas car ça prend trop de temps • ne dépose pas sur la plateforme nationale des BTS Banque • position/norme : déclare que son arborescence est « mal rangée » 375 376 ANNEXES IV : LIVRET « DIS-MOI, COMMENT TU RANGES?! » Ce livret (version mise à jour en novembre 2020) est placé à la suite du présent manuscrit.
6,062
2012PA020106_53
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,012
Le pacte fédératif européen
None
French
Spoken
7,185
11,648
Jean-Paul Jacqué indiquait en outre en 1995 que la première solution apparaissait la plus plausible, compte tenu de la jurisprudence sur le principe de proportionnalité dont le test n’est effectué qu’ "à partir des données actuelles et prévisibles" 798. Nous soulignerons également en 789 Ibid. Ibid., p.112. 791 M OLSBERGER (P.), Das Subsidiaritätsprinzip...(op.cit. note 612), p.20 792 Voir pour une illustration des difficultés à ce stade : ESTELLA (A.), The EU...(op.cit. note 10), pp.108-111. 793 M ILLION -D ELSOL (C.), La subsidiarité dans les idées politiques, in : D’O NORIO (J.-B.), La subsidiarité...(op.cit. note 75), p.54. 794 Ibid., pp.54-55. 795 Ibid., p.55. 796 H IRSCH (G.), Le principe...(op.cit. note 782), p.52. 797 En ce sens : ZULEEG (M.), in : GROEBEN (H. von der), SCHWARZE (J.) (hrsg.), Kommentar zum Vertrag über die Europäische Union und zur Gründung der Europäischen Gemeinschaft, Bd.I, 6. Auflage, 2003, p.632 ; FROWEIN (J.), Konkurrierende Zuständigkeit und Subsidiarität. Zur Kompetenzverteilung in bündichen Systemen, in : B ADURA (P.), S CHOLZ (R.) (Hrsg.), Wege und Verfahren des Verfassungsleben, Festschrift für Peter Lerche, München, C.H. Beck, 1993, p.408 ; C ALLIES (C.), Subsidiaritäts...(op.cit. note 87), p.98 ; LAMBERS (H.-J.), Subsidiarität in Europa – Allheilmittel oder juristische Leerformel, EuR, 1993, p.236 ; TOTH (A.), Is subsidiarity...(op.cit. note 76), p.1099. 798 J ACQUE (J.-P.), La subsidiarité op.cit. note 75), p.105 : l'auteur cite en ce sens un passage des 790 578 - DECHATRE Laurent | Thèse de doctorat | décembre 2012 ce sens la position de Karlsruhe dans le contexte de l'application de l'art.72§2 LF en vertu de laquelle l'action potentielle commune ou parallèle des Länder ne permet pas d'exclure la nécessité d'intervention du législateur fédéral 799. Enfin, se pose la question du moment de l'intervention : faut-il laisser intervenir l’UE dès que l’incapacité a été constatée de l’extérieur ou quand l’Etat se dit lui-même incapable et réclame de l’aide? Dans le premier cas un risque d’ingérence indue de l’autorité supérieure est pris, et dans le second, le risque consiste dans un appel à l’aide qui ressemblerait à une paresse plutôt qu’à une incapacité. c) La précision des critères apportée par les textes européens 774. Dans ses conclusions d'Edimbourg, le Conseil européen a donné des lignes directrices pour préciser ces critères 800 que le protocole n°7 d’Amsterdam a reprises, leur assurant par ce biais une valeur juridique contraignante. La 1 ère ligne directrice invitait à contrôler l'existence d'aspects transnationaux qui ne pourraient "pas être réglés de manière satisfaisante par l'action des Etats membres". La 3e invitait à se demander si une action au niveau européen "présenterait des avantages manifestes, en raison de ses dimensions ou de ses effets, par rapport à une action au niveau des Etats membres". La 2 nde précisait qu' "une action au seul niveau national ou l'absence d'action communautaire [...] lèserait grandement d'une autre manière les intérêts d'un Etat membre". Par rapport à ces lignes directrices, une comparaison avec l'art.72§2 LF se révèle ici encore intéressante. Dans sa version antérieure à 1994, cette disposition visait le cas où la résolution d'une question par une loi d'un Land pourrait porter atteinte aux intérêts d'autres Länder ou à l'intérêt général allemand, ce qui se rapprochait de la 2 nde ligne directrice du protocole d'Amsterdam, mais ce fondement a été considéré inutile et supprimé en 1994. De même, le fondement de l'art.72§2 LF selon lequel une question n'était pas résolue de manière effective par l'action individuelle des Länder a été supprimé, seul le fondement visant l'exigence de maintien de l'unité économique et juridique ayant été considéré comme permettant en pratique de justifier l'action du niveau fédéral 801. On pourrait s'en étonner à première , étant donné qu'il se rapprochait du premier critère de l'art.5§3 TUE. Il est toutefois possible de le comprendre dès lors que l'on remarque que le but d'unité économique est en réalité également un critère essentiel de justification de l'action de l'Union européenne dans le domaine des compétences partagées. Une référence indirecte à ce but se trouve d'ailleurs dans le protocole d'Amsterdam, mais seulement comme cas particulier de la 2 nde ligne directrice 802. Philippe Molsberg considère à cet égard que cette référence est contraire au souhait des Etats d'encadrement de l'exercice des compétences concurrentes, servant plutôt une large intervention de l'UE, rejoignant une remarque comparable de Christoph Neumeyer pour le cas allemand 803. 775. Au-delà de leur impact respectif, l'interprétation des lignes directrices a fait l'objet de conclusions de l’avocat général Jacobs dans les affaires jointes C-133/93, C-300/93 et C-362/93 Crispoltoni). Voir aussi en ce sens : M OLSBERGER (P.), Das Subsidiaritätsprinzip...(op.cit. note 612), p.52 ; B OGDANDY (A. von), N ETTESHEIM (M.), art.3b EGV, in : GRABITZ (E.), H ILF (M.) (Hrsg.), Recht der Europäischen Union, Altband I, München, Beck, 1999, pt.33 et pt.37. 799 BVerfGE 106, 62 (pt.339) ; repris dans BVerfGE 111, 226 (pt. 101). 800 pt.II, précisions sur le 2 e alinéa, ii. 801 Voir déjà en ce sens : Schlußbericht...(op.cit note 103), BT-Drs.7/5924, p.131. 802 Celle-ci ne visait pas l'unité économique mais plus indirectement les possibilités de contrariété aux exigences du traité et notamment la "nécessité de corriger les distorsions de concurrence, d'éviter des restrictions déguisées aux échanges". Voir infra sur l'importance de ce fondement : §3. 803 Pour Christoph N EUMEYER, la disparition des deux premiers buts n'a pas d'impact étant donné la faible portée en pratique et la réforme est paradoxale en tant qu'elle vise à une plus grande efficacité de la clause tout en conservant le but qui avait été ajouté par le Conseil parlementaire pour laisser une marge importante au législateur et empêcher un contrôle juridictionnel (Der Weg...(op.cit. note 31), p.157). 579 - DECHATRE Laurent | Thèse de doctorat | décembre 2012 débats. Antonio Estella estimait que dimension transnationale et distorsions de concurrence étaient des conditions cumulatives 804. Cette assertion est à réfuter puisque, comme nous le verrons, la Cour considère comme alternatifs les fondements comparables dans le cas d'une harmonisation sur la base de l'art.95 CE (114 TFUE). Le même auteur considérait par ailleurs que la première ligne pouvait être vue comme l’énonciation générale de la troisième. Mais cela revenait à déduire le critère de la valeur ajoutée du critère de l'insuffisance étatique dont a déjà souligné le caractère erroné. La Commission a, plus justement, rattaché dans son rapport "mieux légiférer" de 2003 les deux premières lignes directrices du protocole d'Amsterdam au critère de l'insuffisance étatique qu'elle qualifie de critère de nécessité, et la troisième au critère de la valeur ajoutée 805. Enfin, la formulation de la première ligne directrice a été critiquée en ce qu'elle visait le caractère non "satisfaisant" de l'action des Etats membres alors même que le terme utilisé à l'art.5§2 CE était celui d'"insuffisance", ce qui en modifiait le sens. 776. La Commission a précisé et complété ces lignes directrices dans un document de 2009 concernant l’analyse d’impact de ses propositions 806. Elle y donne pour exemple d'aspects transnationaux ne pouvant être traités de manière satisfaisante par le biais d'une action des États membres la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, le traitement discriminatoire de parties prenantes dans le cas de l'atteinte aux intérêts des États membres, ou encore une action entravant la libre circulation des biens pour le cas de violation des exigences du traité. Même si les lignes directrices ont disparu du nouveau protocole, le cadre de justification qui a été peu à peu précisé ne s'en est pas ressenti. §2. Des garanties politiques plus efficaces 777. Guy Braibant avait devant le constat de l'absence de définition du principe de subsidiarité en droit de l'Union européenne, appelé à une clarification pour permettre de résoudre le problème de son contrôle 807. Certes, comme l'a souligné Claude Blumann lors des discussions sur le projet de Traité constitutionnel, "l’ambiguïté même du principe paraît le meilleur garant de son succès, et ceci peut expliquer l’inaptitude ou le manque de volonté des [...] constituants européens à en mieux déterminer le contenu tout en affichant une intention sans faille d’en faire le principe fondamental de l’Union en matière de compétences" 808. Mais dans le même temps, la volonté au sein de la Convention était clairement celle d'un renforcement du contrôle politique, volonté qui a été relayée bien avant que le Traité de Lisbonne, qui en reprend les avancées, ne soit entré en vigueur. En effet, le contrôle du respect du principe de subsidiarité par les institutions européennes avait été jugé insuffisant. Nous rejoignons cependant Claude Blumann quand il souligne que "les insuffisances [...] sembl[ai]ent dans une large mesure relever plus du fantasme que de la réalité", et que les Etats eux-mêmes ne soulèvent que rarement ce moyen 809. Claire-Françoise Durand relevait par exemple en ce sens en 2002 que les remarques du Bundesrat concernant la conformité des projets de textes législatifs au principe de subsidiarité ont eu tendance à diminuer 810. Le problème relève plus de la question de légitimité de l'Union européenne, le rôle des parlements nationaux pouvant alors avoir un impact très positif permettant de renforcer la légitimité de cette intervention par une plus grande précision dans sa justification. A cet égard, 804 ESTELLA (A.), The EU...(op.cit. note 10), p.107. COM (2003) 770 final, 12.12.2003, p.17. 806 SEC(2009) 92, p.25. 807 BRAIBANT (G.), in : C OHEN -J ONATHAN (G.), D UTHEIL DE LA R OCHERE (J.), Constitution...(op.cit. note 616), p.154- 155 808 B LUMANN (C.), Démocratie...(op. cit. note 616), p.141. 809 Ibid., p.146 et p . 147. 810 D URAND (C.-F.), La mise en œuvre du principe de subsidiarité, in : D ELPEREE (F.)(dir.), Le principe...(op.cit. note 631 ), p.370 . 805 580 - DECHATRE Laurent | Thèse de doctorat | décembre 2012 le complément du contrôle exercé par les institutions européennes (A) par un contrôle des parlementaires nationaux s'est, après de longues discussions sur sa forme, révélé un moteur du renforcement de la motivation des actes européens au regard du principe de subsidiarité, mais aussi par extension des principes d'attribution des compétences et de proportionnalité (B), et pourrait permettre de lutter contre une partie des reproches de déficit démocratique de l'Union européenne. Un autre choix a été fait, comme nous l'avons vu dans le contexte allemand dans le but de renforcer les Länder 811. Enfin, ultime garantie politique pour les Etats membres, le principe de réversibilité de l'exercice des compétences par le niveau fédéral a été affirmé, avec force dans le contexte allemand, avec plus de retenu dans le contexte européen (C). A. Un contrôle par les institutions européennes renforcé... 778. Il est possible, à l'instar d'Antonio Estella 812, de distinguer en droit de l'Union européenne la subsidiarité matérielle de la subsidiarité procédurale. La première renvoie au respect d'un certain nombre de conditions substantielles qui aident les institutions de l'Union européenne à déterminer si l’action au niveau européen est appropriée. La seconde implique le respect par les institutions de conditions procédurales, en premier lieu desquelles l’obligation de motiver de façon explicite. Les deux sont intimement liés puisque la subsidiarité procédurale a pour but de prouver que le versant matériel de la subsidiarité a bien été respecté, d'où l'importance de la motivation effectuée par la Commission dans ses propositions législatives 813 (1). Le contrôle politique du législateur peut alors permettre d'assurer une bonne effectivité. A cet égard, le Parlement européen est toutefois, comme le résume un rapport du Sénat de 2001, "non seulement tenté d’intervenir dans des domaines qui n’entrent pas dans ses attributions, mais [...][encore] porté à adopter une démarche centralisatrice qui lui permet d’être au cœur du dispositif" 814. Quant au Conseil, il peut apparaître, en tant que représentant de l'intérêt de Etats, comme l'institution appropriée pour pousser à une plus grande motivation une Commission qui tournée vers l'intérêt général européen pourrait avoir tendance à la négliger, mais la pratique montre qu'il n'a pas réellement joué ce rôle (2). 1) Un renforcement de la motivation des propositions législatives 779. L'art.2 du protocole n°2 annexé au Traité Lisbonne impose tout d’abord à la Commission de procéder à des consultations aussi larges que possibles, là où le terme "devrait" utilisé dans le protocole d'Amsterdam pouvait aller à l'encontre de ce caractère obligatoire 815. Sans préciser la qualité des consultés, il ajoute simplement par rapport au protocole d'Amsterdam que les dimensions régionale et locale doivent être prises en compte, mais seulement "le cas échéant", conformément à la mention des niveaux régional et local à l'art.5§3 TUE. La dernière phrase de l'art.5 impose ensuite une motivation de ses propositions au regard du principe de subsidiarité et précise qu'une note jointe "devrait" apporter des précisions à cet égard en cas de nécessité. Le terme "devrait" suggère certes l'absence d'obligation, mais une pression s'exerce sur la Commission pour une justification de plus en plus précise. La 4e phrase de l'art.5 ajoute que le test de la valeur ajoutée doit "s'appuyer sur des indicateurs qualitatifs et, chaque fois que c'est 811 Cf. supra section I §1 A 1) b). ESTELLA (A.), The EU...(op.cit. note 10), p.105. 813 Même si on ne visera dans la suite des développements que la Commission comme auteur d'une proposition d'acte législatif, cela peut être, selon l'art.3 du protocole n°2 de Lisbonne, le Parlement européen, un groupe d'Etats membres, la CJUE, la BCE et la Banque européenne d'investissement. On notera toutefois que l'art.2 concernant les consultations ne vise expressément que la Commission. 814 S ENAT, Une deuxième chambre européenne, Rapport d’ information (Rapporteur : HOEFF (D.)), 13 juin 2001, p.15 : http://www.senat.fr/rap/r00-381/r 00 -381.html. 815 Le §9 2e tiret du protocole n°7 d'Amsterdam précisait : "la Commission devrait [...] procéder à de larges consultations avant de proposer des textes législatifs". 812 581 - DECHATRE Laurent | Thèse de doctorat | décembre 2012 possible, quantitatifs", reprenant l'énoncé du §4 du protocole d'Amsterdam. Cette disposition impose par ailleurs de rechercher la mesure ayant la charge administrative et financière le plus faible pour les Etats au niveau national, local et pour les citoyens ou opérateurs économiques 816. En outre, en dépit de son impact limité puisqu'une bonne partie de l’action européenne est uniquement législative et n’entraîne pas de coût pour le budget européen 817, la même disposition impose à la Commission de faire une estimation du coût et l’affecter à un chapitre du budget de l'UE. Enfin, l'art. 9 reprend l'obligation pour la Commission de réaliser un rapport annuel sur la mise en œuvre du principe de subsidiarité, ajoutant simplement les parlements nationaux à la liste des destinataires prévue au §9 dernier tiret Amsterdam 818. 780. George Bermann écrivait en 1994 que si le principe de subsidiarité était simplement évoqué ("pure lip service"), le renforcement de la confiance auprès des Etats et l'opinion publique européenne que l'on cherchait à promouvoir par son biais ne serait pas atteint, et appelait pour cette raison à "une réelle enquête législative sur les conséquences d'une absence d'action de la Communauté" 819. Il encourageait l'UE à faire évoluer la subsidiarité d'un principe substantiel vers un principe procédural, à obliger les institutions à un contrôle minutieux car il soulignait que la Cour de justice n'avait pas les moyens d'opérer elle-même un contrôle substantiel, et ne peut que vérifier le sérieux de l'étude menée par les institutions 820. Le Parlement européen indiquait encore en 2004 que s'il reconnaissait "que la Commission [avait] déplo[yé] des efforts pour démontrer la conformité avec les principes de subsidiarité et de proportionnalité, [...] [il] estim[ait] que l’utilisation d’un considérant standard refl[était] le caractère quelque peu mécanique de l’approche de la Commission" 821. Il poursuivait en considérant "opportun, bien que la jurisprudence de la Cour de justice ne le considère pas comme une obligation juridique une référence explicite au principe de subsidiarité". De nombreux commentateurs estimaient de même que la Commission devait améliorer les éléments de fondement du respect du principe de subsidiarité 822. Ils soulevaient notamment que la Commission se focalisait trop sur le critère de la valeur ajoutée sans étudier suffisamment le critère de l'insuffisance étatique 823, et que le recul du nombre de propositions de la Commission s'expliquait en grande partie par la réalisation du marché intérieur et non par une amélioration de la prise en compte de la subsidiarité 824. 781. Il peut être constaté que la Commission a fait beaucoup d'effort pour répondre à ces critiques et recommandations. Ainsi, dès 2006, elle décide de "transmettre directement toutes 816 Reprise du §9 2 e tiret du protocole d'Amsterdam Souligné par Antonio E STELLA au sujet de la même disposition inclus e au § 9 3 e tiret du protocol e d' Amsterdam pour lequel ( The EU ...(op. cit . note 10), p. 116 ). 818 Celui prévoyait une remise au Conseil européen , au Parlement européen, au Conseil ainsi qu'au Comité des régions et au Comité économique et social. 819 BERMANN (G.), Taking...(op.cit. note 7), p.335 et p.391. 820 Ibid., p.336 et p.391. 821 P ARLEMENT EUROPEEN, Résolution sur le rapport "mieux légi férer 2000" (COM(2000) 772) et sur le rapport "mieux légiférer 2001" (COM(2001) 728), P5_TA(2003)0143, JOUE, 12.03.2004, p.135 : pts.17-18. 822 Voir en ce sens : MELLEIN (C.), Subsidiaritätskontrolle durch nationale Parlamente : eine Untersuchung zur Rolle der mitgliedstaatlichen Parlamente in der Architektur Europas, Baden-Baden, Nomos, 2007, p.133. L'auteur donne dans la note 532 des exemples où la Commission s'est contentée d'affirmer que les critères sont remplis sans préciser. Voir aussi : BOGDANDY (A. von), B AST (J.), die vertikale Kompetenzverteilung der EU, EuGRZ, 2001, p.455 ; B UNDESRAT, Stellungnahme zum Subsidiaritätsbericht der Bundesregierung des Jahres 2002, 12.03.2004, Drs. 922/03, pt.3 et s. Voir a contrario, déjà positif, CRAIG (P.), Competence : clarity, containment and consideration, ELRev, 2004, n°29, p.343. 823 A LTMAIER (P.), Die Subsidiaritätskontrolle der nationalen Parlamente nach dem Subsidiaritätsprotokoll zum EU-Verfassunsgs-vertrag, in : D ERRA (H.-J.) (Hrsg.) Freiheit, Sicherheit und Recht. Festschrift für Jürgen Meyer zum 70. Geburtstag, Baden-Baden, Nomos, 2006, p.305.. 824 G UILLOUD (L.), Le principe...(op.cit. note 617), p.57 817 582 - DE CHAT RE Laurent | Thèse de doctorat | décembre 2012 ses nouvelles propositions et ses documents de consultation aux parlements nationaux en les invitant à réagir, de façon à améliorer le processus d’élaboration des politiques" 825. La Commission a par ailleurs créé un comité d'analyses d'impact 826 en 2006 dont elle met en avant la contribution à un "contrôle de qualité indépendant" 827 et renforcé les informations relatives au respect des principes de subsidiarité et de proportionnalité avec ses lignes directrices de 2009 sur l'étude d'impact de ses propositions législatives 828. La Commission se soumet en outre à un exercice de rationalisation de la législation communautaire qui est à la croisée des principes de subsidiarité et de proportionnalité 829. Ainsi, elle a par exemple avec le règlement n°1/2003 830, qui concerne l'interdiction des ententes anticoncurrentielles et des abus de position dominante, redonné une large responsabilité aux autorités nationales, développant un système de réseau conformément à l'esprit du livre blanc sur la gouvernance 831. Elle donne un certain nombre d'autres exemples de ce qu'elle qualifie de "subsidiarité instrumentale" dans son rapport "Mieux légiférer 2003". Ainsi, elle a proposé en matière de sécurité routière que les Etats intègrent dans leur plan d'action national les meilleures pratiques mises en évidence via un échange d'informations, et de ne prendre des mesures plus contraignantes qu'en cas d'insuffisance pour atteindre les buts fixés 832. Autre exemple, elle a 825 C OMMISSION EUROPEENNE, Communication au Conseil européen Un projet pour les citoyens Produire des résultats pour l’Europe, 10.5.2006, COM/2006/0211 final, p.10. 826 Organe indépendant , sous l'autorité directe du président de la Commission, créé en 2006 sous la direction du secrétaire général adjoint chargé de l'amélioration de la lé gislation , ses membr es ne dépendent pas de services particuliers et sont des fonctionnaires nommés en raison de leur expertise. 827 C OMMISSION EUROPEENNE, Rapport "Mieux légiférer 2008 " (16 e Rapport), 25.09.2009, COM(2009)0504 final, p.4. Le comité d'analyses d'impact a ainsi relevé dans son rapport de 2011 la " nécessité de fournir une justification plus probante de la valeur ajoutée de l'action de l'UE" (C OMMISSION EUROPEENNE, Rapport "Mieux légiférer 2010" (18 e Rapport), 10.6.2011, COM(2011) 344 final, p.3 : Ren voi à : ID., Rapport 2010 du comité d'analyses d'impact, document de travail des services de la Commission, SEC(2011) 126 final. Il a par exemple "émis des doutes concernant la valeur ajoutée de mesures" incluses dans "la proposition relative à la création d'un label pour les produits de montagne". La Commission précise que ses services concernés ont alors effectué une analyse d'impact complémentaire avant de transmettre sa proposition. Le comité d'analyse d'impact a par ailleurs recommandé de faire une "analyse plus approfondie de la subsidiarité pour les initiatives qui étendent le champ d'intervention de l'UE". 828 SEC(2009) 92, p.4. Elles donnent notamment les questions types précises que ses agents doivent se poser en les préparant. L'Analyse dans ce cadre est réalisée par le service de la Commission chef de file responsable de la proposition avec le soutien d'autres services intéressés et du comité d'analyse d'impact (Ibid., p.11). 829 Dans ce sens, Julien B ARROCHE note que le principe de subsidiarité est "devenu synonyme de rationalisation de la pratique légistique de l’Union" (Discours...(op.cit. note 615), p.16). Voir pour des précisions sur ce point : Ibid., pp.20-21. 830 Règlement no 1/2003 du 16 décembre 2002 relatif à la mise en œuvre des règles de concurrence prévues aux articles 81 et 82 du traité, JOUE, n°L 1 du 4 janvier 2003, p.1. Un système très central isé d 'autorisation des accords existait depuis 1962 . Les autorités nationales de la concurrence pouvaient constater la violation de l'interdiction mais n'avaient pas le pouvoir d'exemption qui restait le monopole de la Commission à laquelle les entreprises devaient notifier l'accord ou la pratique restrictive de concurrence. Le système établi par le règlement n°1/2003 conserve à la Commission un rôle de cohésion de l'application du droit de la concurrence de l'UE et dans le développement de la politique de la concurrence de l'UE. Mais au-delà, les accords remplissant les conditions de l'art.81§3 CE (101§3 TFUE) sont considérés comme licites et ne sont plus à lui notifier. S'est par ailleurs mis en place un système de réseau entre les autorités nationales chargées de la concurrence, chapeauté par la Commission, opérant notamment des échanges d'informations. 831 Voir : chantier 3 intitulé "mieux exercer les responsabilités européennes par la décentralisation. Système de réseau" in : C OMMISSION EUROPEENNE, Gouvernance européenne : travaux préparatoires au livre blanc, Luxembourg, OPOCE, 2002. 832 COM (2003) 770 final, p.23. 583 - DECHATRE Laurent | Thèse de doctorat | décembre 2012 conclu, grâce à une analyse d'impact examinant une série d'approches possibles, qu'une directive-cadre permettant de combiner législation traditionnelle et corégulation devrait suffire à atteindre les objectifs de l'Union concernant les pratiques commerciales déloyales des entreprises à l'égard des consommateurs. Cette imbrication des principes de subsidiarité et de proportionnalité conduit toutefois à une certaine confusion dans un certain nombre de textes. Dans son rapport "Mieux légiférer 2003", la Commission indique que le principe de proportionnalité l'a amené "à proposer des mesures de décentralisation vers les Etats Membres, [...] dans des domaines relevant de la compétence exclusive de l'Union", et qu'il faut "recourir à des moyens adéquats qui ne vont pas au delà de ce qui est nécessaire" 833. Prenant l'exemple de la politique de la concurrence, elle poursuit pourtant en indiquant qu'étant donné l'élargissement de l'UE et le développement de règles nationales de la concurrence et d'un contrôle par des autorités particulières au sein des Etats, "il était urgent de moderniser les règles existantes, conformément à l'application dynamique du principe de subsidiarité" 834. Cette confusion dans l'usage des deux principes est un exemple supplémentaire de la difficulté déjà évoquée à les différencier en pratique. 782. Dans le cas allemand, il n'existe pas d'obligation de motivation s'imposant au législateur fédéral dans la Loi fondamentale. Markus Kenntner estimait en 2002 qu'appliquer la proposition de Joseph Isensee, d'introduire une telle nécessité de motivation pour la législation concurrente et la législation cadre 835, conduirait à passer d'une volonté objective transparaissant dans la norme à une volonté subjective du législateur. Il craignait surtout que le juge se contente du caractère insuffisant de la motivation d'une loi fédérale pour conclure à sa contrariété à l'art.72§2 LF, sans même vérifier si son contenu est compatible avec la Loi fondamentale, ou inversement qu'il valide une loi sur la seule base d'une bonne motivation 836. Il s'agit toutefois d'une interprétation pessimiste, la motivation doit permettre de faciliter le contrôle en donnant à la Cour des éléments qu'elle n'aurait pas la capacité d'aller chercher. Par ailleurs, si aucune obligation textuelle de motivation n'est posée pour justifier l'existence d'une compétence fédérale ou l'exercice d'une compétence partagée, la jurisprudence Altenpflegegesetz en fait toutefois office depuis 2002 837, en posant un cadre procédural et matériel strict au législateur fédéral. L'efficacité de cette jurisprudence démontre, s'il était nécessaire de le faire, l'importance d'une exigence de motivation stricte. 2) Le Conseil : contrôleur naturel? 783. Contrairement aux attentes, l'effectivité du contrôle du respect du principe de subsidiarité par le Conseil n'est pas assurée 838. La Commission relève ainsi dans différents rapports que le Conseil n'exige qu'à la marge des modifications sur cette base 839. Plusieurs explications ont été apportées à la faiblesse de ce contrôle. La première est que les membres des gouvernements cèdent devant la pression des lobbies. Ils demandent ainsi parfois, sur la base de l'art.241 TFUE, à la Commission de proposer un texte qu'elle avait renoncé à présenter au regard du principe de subsidiarité 840. Par ailleurs, il est parfois dans 833 COM (2003) 770 final, pp.21-22. Ibid., p.22. 835 ISENSEE (J.), Mit blauem Auge davongekommen – das Grundgesetz . Zu Arbeit und Resultat der Gemeinsamen Verfassungskommission, NJW, 1993, p.2586. 836 KENNTNER ( M . ), Justi tiabler...(op.cit. note 8), p.39. 837 BVerfGE 106, 62 (2e sénat, 24 octobre 2002 Altenpflege gesetz). Voir infra §3. B. 2) . 838 En ce sens : S ENAT, Rapport H OEFFEL (op.cit. note 814), p.15. 839 C OMMISSION EUROPEENNE, Rapport "mieux légiférer 2004" (12 e rapport), 21.03.2005, COM(2005)98final, pp.6-7 ; C OMMISSION EUROPEENNE, Rapport "mieux légiférer 2006" (14ème Rapport), 6.6.2007, COM(2007)0286 final, p.9. 840 A la suite de l'entrée en vigueur du Traité de Maastricht, la Commission décide de retirer certaines de ses 834 584 - DECHATRE Laurent | Thèse de doctorat | décembre 2012 l’intérêt des gouvernements de faire passer des réformes au sein du Conseil des ministres qui auraient du mal à être acceptées au niveau national en raison de leur impopularité, d'un risque de blocage parlementaire, ou simplement pour ne pas subir les conséquences possibles d'une prise de décision nationale isolée en termes de concurrence pour leur pays et/ou leurs entreprises. George Bermann estimait ainsi en 1994 que "les représentants des Etats vot[aient] au Conseil en fonction des avantages économiques et politiques de leur Etat qu'ils voient dans le contexte de la question en jeu", et rappelait que les négociations de type diplomatiques et les votes réciproques pour des mesures importantes pour chacun des pays l'emportaient sur le souci de prise de décision au niveau adéquate. 841. Daniel Hoeffel écrit aussi dans un rapport du Sénat de 2002 que les "ministres font prévaloir leurs idées en s'affranchissant tout à la fois du contrôle des parlements nationaux et des contraintes des arbitrages interministériels au niveau national" 842. Il ajoute que le Conseil n'a en pratique jamais voulu élaborer une véritable doctrine de la subsidiarité, et a toujours privilégié des motifs d'opportunité. Enfin, les négociations au sein du Conseil de l'UE sont faites entre spécialistes techniques qui se connaissent bien 843. Or, comme le résume Daniel Hoeffel, "dès lors que les fonctionnaires des Quinze se sont accordés sur un texte et qu’aucun des ministres n’est gêné politiquement par ce texte lorsqu’il vient devant le Conseil, à quoi bon [...] le remettre en cause au nom du principe de subsidiarité ?" 844. On retrouve ce reproche dans le cas allemand où les exécutifs de l'Etat fédéral et des Länder sont les acteurs majeurs du fédéralisme coopératif. Christian Callies estime ainsi que "la bureaucratie de coordination monopolise les éléments de connaissance, à l'exclusion des parlements et donc de la publicité", qu'elle forme une "confrérie verticale des spécialistes d'une matière" ("vertikale Fachbruderschaft") à laquelle "il manque l'intérêt à un [...] contrôle" de l'art.72§2 LF 845. Ces éléments n'invalident pas la logique de construction du Conseil comme représentation des différents intérêts étatiques mais relativise son rôle de défense du niveau de compétence étatique, George Bermann écrivant même que la garantie que les décisions politiques essentiellement locales seront laissées aux Etats est encore moins bien assurée que par le Congrès 846. 784. Dans le contexte allemand, une minorité importante de la commission d'enquête de révision constitutionnelle de 1976 847 et la majorité de la commission commune de réforme constitutionnelle de 1993, estimait que le Bundesrat devait être l'instance arbitrale de contrôle de l'art.72§2 LF à la place de la Cour constitutionnelle. Elles soutenaient pour cela une extension de la codécision 848. Cependant, outre que l'extension déjà effectuée de cette procédure propositions dont une directive sur la détention des animaux dans les zoos, mais sous la pression du Conseil, elle a dû présenter une recommandation que le Conseil à l’unanimité et le Parlement ont modifié en directive (Voir : D URAND (C.-F.), La mise...(op.cit. note 810), p.369). Même s'il ne dispose que du pouvoir de demander à la Commission de faire une proposition selon l'art.241 TFUE, celle-ci cèdera dès lors qu'elle 'y voit pas une atteinte à l'intérêt général européen. 841 B ERMANN (G.), Taking...(op.cit. note 7), p.396 . Dans le même sens voir Jean-Paul JACQUE qui ajoute que cela "donn[e] au citoyen l’impression d’une frénésie réglementaire de la Communauté" (La subsidiarité...(op.cit. note 75), p.88 ). 842 S ENAT, Rapport H OEFFEL (op.cit. note 814), p.15. 843 Voir les développements : infra chap.II. 844 S ENAT, Rapport H OEFFEL (op.cit. note 814), p.15. 845 CALLIES (C.), Subsidiaritäts...(op.cit. note 87), p.897. 846 BERMANN (G.), Taking...(op.cit. note 7), p.337. 847 La majorité de la commission de 1976 a refusé cette solution en raison de la perte de poids du Bundestag contraire au système parlementaire de la Loi fondamentale, le Bundesrat n'étant pas issu d'élections au suffrage universel direct (Schlußbericht...(op.cit note 103), BT-Drs.7/5924, p.129 et p.132). Mais l'argument doit être remis dans son contexte celui d'un Etat fédéral dans lequel le principe démocratique l'emporte sur le principe fédéral. 848 Ibid., pp.136-137. Bericht...(op.cit. note 104), BT-Drucks.12/6000, p.40 et p.91. 585 - DECHATRE Laurent | Thèse de doctorat | décembre 2012 a été critiquée comme compliquant la prise de décision, et poussant à des compromis entre les principaux partis politiques, le Bundesrat pensé à l'origine comme un frein fédéral pour la protection de l'indépendance des Etats s'est développé plutôt comme un soutien de l'unification 849. Par ailleurs, une telle réforme aurait signifié un renforcement des gouvernements face aux parlements des Länder déjà affaiblis. Au-delà de l'importance en matière de contrôle de la répartition de l'exercice des compétences, se pose en effet la question des rapports de force des parlements par rapport aux gouvernements au sein des entités fédérées, seuls ces derniers participant au processus de décision fédérale 850, problématique que l'on retrouve au niveau européen. Plus généralement, selon Daniel Hoeffel, "la logique même du fonctionnement des institutions européennes amène chacun des acteurs du triangle institutionnel à ne se plier que difficilement à ce principe et [...] Conseil, Commission et Parlement européen ont naturellement tendance à exercer [...] une poussée de même sens vers un développement des interventions communautaires" 851. Dans le même sens, Christian Koenig et Ralph Lorz parlent de "dilemme de l'auto-interprétation", les organes étant plus ou moins appelés à se contrôler eux-mêmes 852. A cet égard, la possibilité d'un contrôle par le Comité des régions ne présentait pas les mêmes risques. Créé en 1992 par le Traité de Maastricht, il concilie le désintéressement de ses membres et la légitimité démocratique d’élus qui, de surcroît, connaissent le terrain par leur mandat local, et sont donc à même de défendre le principe de subsidiarité. Par ailleurs sa charge de travail assez limitée lui permet de se pencher de manière plus approfondie sur le contrôle du respect par les textes communautaires du principe de subsidiarité. Les rédacteurs du Traité de Lisbonne se sont toutefois contentés, avec l'art.8§2 du protocole n°2 de Lisbonne, de lui conférer un recours en annulation pour violation du principe de subsidiarité dans les cas où les traités prévoient sa consultation. D'autres structures ont été proposées. Guy Braibant conseillait ainsi de recourir à la Convention dans une version plus resserrée, soulignant qu'elle "réussit l'association intelligente des niveaux national et européen, juridique et politique, exécutif et parlementaire" 853. Dans une perspective comparable, Ingolf Pernice proposait une enceinte hybride "Comité parlementaire de la subsidiarité", composé de membres du Conseil et du Parlement européen, ainsi que de représentant des assemblées aux niveaux national et régional 854, enceinte qui aurait notamment eu en outre un pouvoir d'avis conforme en cas de recours à l'art.308 CE (352 TFUE) ou à l'art.95 CE (114 TFUE) 855. L'essentiel des réflexions s'est toutefois focalisé sur une meilleure association des parlementaires nationaux, et c'est cette solution qui a finalement été retenue par le Traité de Lisbonne. 849 Voir notamment : SCHWANENGEL (W.), Die Malaise...(op.cit. note 42), p.558. Voir en ce sens : LERCHE (P.), Aktuelle föderalistische Verfassungs fragen , p.39 ; SCHWANENGEL ( W .), Ibid., p.558. 851 S ENAT , Rapport H OEFFEL (op.cit. note 814), p.15. 852 KOENIG (C.), LORZ (R.), Starkung des Subsidiaritatsprinzips, JZ, 2003, p.168 ; expression reprise par : C ALLIES (C.), Kontrolle...(op.cit. note 151), p.182. 853 BRAIBANT (G.), in : C OHEN -J ONATHAN (G.), D UTHEIL DE LA R OCHERE (J.), Constitution...(op.cit. note 616), p.157-158. 854 Voir : P ERNICE (I.), Kompetenzabgrenzung im Europäischen Verfassungsverbund, JZ, 2000, p.876 ; C ONSTANTIN ESCO ( V .), P ER NICE (I.), La question...(op.cit. note 137), p.12. Voir pour une critique de cette proposition : BAST (J.), B OGDANDY (A. von), Die vertikale Kompetenzordnung der Europäischen Union, p.456. 855 CONSTANTINESCO (V.), PERNICE (I.), Ibid., p.26. 850 586 - DECHATRE Laurent | Thèse de doctorat | décembre 2012 B.... sous l'influence du contrôle des parlementaires nationaux 785. Si les gouvernements ont pu compenser leur perte de pouvoir au niveau national par une participation à la prise de décision européenne, les parlements n'ont fait que perdre de leur pouvoir de décision et aussi reculer dans leur rapport avec le gouvernement 856. La déclaration de Laeken demandait notamment de s'interroger sur la question de savoir si les parlements nationaux devaient "être représentés dans une nouvelle institution, à côté du Conseil et du Parlement européen?" ou s'ils devaient "se concentrer sur la répartition des compétences entre l’Union et les Etats membres, par exemple par un contrôle préalable du respect du principe de subsidiarité ". Le choix s'est finalement porté sur un contrôle direct par les parlements nationaux (1), plutôt que par une chambre spéciale (2), même si comme le notait Claude Blumann en 2002, "il n’est pas certain que les parlements nationaux y trouvent la satisfaction à leur désir de représentativité à l’intérieur de l’édifice communautaire" 857. 1) Le rejet du contrôle par une chambre spéciale a) Les justifications de la proposition 786. La solution d'une chambre composée au moins pour une part de parlementaires nationaux ne visait pas à "créer en Europe un système à deux Assemblées, où tout ce qui passerait devant la première devrait également passer devant la seconde" 858, mais à mettre en place une chambre spécialisée dans le domaine du contrôle de subsidiarité. L'objectif était à la fois de permettre un contrôle extérieur au système institutionnel européen et d’offrir la possibilité que se développe une culture de la subsidiarité et de renforcer la légitimité de l'UE. L'idée d'un congrès composée de parlementaires nationaux et européens chargé d'une étude périodique sur l'application générale du principe de subsidiarité 859, est reprise par plusieurs membres de la Convention sur l'avenir de l'Europe dont son Président, Valéry Giscard d'Estaing, qui souhaitait en faire une instance parallèle au Conseil européen. Le contrôle par une structure déjà existante s'en rapprochant, la COSAC (conférence des organes spécialisés dans les affaires communautaires), a elle aussi été proposée 860. Dans un rapport du Sénat de 2002, il était indiqué que "cette assemblée, qui serait une sorte de « COSAC renforcée » devrait pouvoir saisir la Cour de justice des Communautés européennes, conduisant ainsi la Commission, le Conseil et le Parlement à se montrer plus vigilants qu’aujourd’hui sur le respect de la subsidiarité" 861. Pour comprendre le système proposé, il faut revenir un instant sur ce qu'est la COSAC. Créée à la suite de la conférence des présidents des parlements des Etats membres de Madrid du 18 au 20 mai 1989 862, la COSAC a pour but de favoriser les échanges entre les parlementaires nationaux, et entre ces derniers et les députés européens. Il a été prévu lors de la première réunion en novembre 1989 qu'ils "se rencontrer[aie]nt, en principe chaque semestre, dans le 856 Par exemple en ce sens : DE W ITTE (B.), Community Law and national constitutional values, Legal Issues of European Integration, 1991, n°2, p.8. Voir aussi infra chap.II. 857 B LUMANN (C.), Démocratie...(op. cit. note 616), p.147. 858 Souligné par : S ENAT, Rapport d'information sur la réforme de 1996 des institutions de l'Union européenne (rapporteurs : GUENA (Y.)), t 1, 15 février 1995, p.38. 859 Voir : JACQUE (J.-P.), La subsidiarité...(op.cit. note 75), p.96. 860 Sören Lekberg, WG IV/WD 21 13.09.2002. 861 S ENAT, Rapport sur la répartition des compétences (op.cit. note 156), p.7. 862 Voir les Conclusions de la Conférence des Présidents des parlements des pays membres de la Communauté économique européenne et du Parlement européen (Madrid, 20 mai 1989) sur le site de la COSAC : http://www.cosac.eu/fr/cosac/. 587 - DECHATRE Laurent | Thèse de doctorat | décembre 2012 pays qui exerce la présidence du Conseil de la Communauté pour traiter ensemble des grands thèmes d'actualité communautaire et en décider conformément à leurs compétences respectives". Le protocole n°13 sur le rôle des parlements nationaux dans l’UE annexé au Traité d'Amsterdam officialise son existence et précise dans §6 que "la COSAC peut adresser toute contribution qu’elle juge appropriée sur les activités législatives de l’Union, notamment en ce qui concerne l’application du principe de subsidiarité". A cet égard, un rapport du Sénat français du 9 octobre 1996 863 suggérait que la COSAC puisse être saisie de l'étude de textes, soit à la demande du Conseil, soit à la demande des organes spécialisés dans les affaires communautaires d’au moins deux assemblées d'Etats différents. Il proposait par ailleurs qu’elle débatte de la manière dont pourrait être précisée et complétée, pour chaque grand domaine d’action, la répartition des compétences entre l’UE et les Etats, dans la perspective d'une révision des traités. La COSAC s’est progressivement institutionnalisée 864. Elle est composée de six parlementaires au plus, provenant du ou des organe(s) spécialisé(s) dans les affaires de l'UE des parlements de chaque Etat membre, et de six parlementaires européens. 787. Mais la solution qui a réuni le plus de soutien, même si peu de conventionnels l'ont finalement défendue 865, a été la création d’une chambre uniquement composée de parlementaires nationaux. Il devait s’agir, d’une assemblée qui "ne se mêlerait pas de la négociation législative au quotidien" 866. Le mécanisme proposé par le rapport Hoeffel lui donnait la possibilité d'examiner au regard de la subsidiarité tout texte communautaire en cours d'élaboration et de décider que sa mise en œuvre était subordonnée à un contrôle de conformité par la Cour de justice. Dans le cas d’une saisine, cette dernière aurait été amenée à se prononcer dans un délai de six semaines. Enfin, cette chambre aurait donné son avis sur le rapport annuel de la Commission européenne au sujet de l’application du principe de subsidiarité 867. Le but étant de veiller à la protection de l’autonomie des Etats, les partisans de cette chambre ajoutaient à son soutien que "le vote des Etats membres de petite taille aurait le même poids que celui des grands" 868. En effet, un système de vote pondéré à l’instar du Conseil ne se justifie pas dans la perspective de l’étude du respect du principe de subsidiarité, tous les Etats ayant une légitimité égale à le voir respecter. 788. En dépit d'une absence de participation des parlementaires européens dans cette proposition de chambre comme c'est le cas dans la COSAC, les problèmes de fonctionnement rencontrés par cette dernière permettent d'expliquer en partie le rejet final de la proposition. b) Les difficultés de fonctionnement de la "deuxième" chambre 789. Le premier problème est relatif à sa composition. En effet, tous les parlementaires 863 S ENAT, Comment organiser l’action collective des parlements nationaux au sein de l’Europe, Rapport d’information (rapporteurs : E STIER (C.), G ENTON (J.), GUENA (Y.)), 9 octobre 1996 : la 2 e partie du rapport présente tour à tour le système de la COSAC, les nécessités de réforme et le rôle qu'elle pourrait jouer : http://www.senat.fr/rap/r96-24/r96-24_mono.html. 864 Le règlement n°2008/C 27/02 de la conférence des organes spécialisés dans les affaires communautaires et européennes des parlements de l'Union européenne (JOUE, n°C 27 du 31.1.2008, p.6) précise les différents éléments de son organisation. 865 M ELLEIN (C.), Subsidiaritäts kontroll e ...( op.cit. note 822 ), p.104 . Voir pour des exemples : Ha en el ( H.), CONV 12/02 19.03.2002, pp . 5 et s. (composé de parlementaires nationaux) ; Severin ( A. ), CON V 41/02 24.04.2002 , p.7 (composé de parlementaires nationaux, régionaux et locaux ). 866 S ENAT, Rapport HOEFFEL (op.cit. note 814), p.10. 867 Ibid., p.27. 868 Vaclav Havel cité dans : S E NAT, Ibid., p.9. 588 - DECHATRE Laurent | Thèse de doctorat | décembre 2012 nationaux participant actuellement à la COSAC sont issus des commissions parlementaires chargées des affaires européennes, et non des commissions spécialisées. Si le souci de continuité dans la participation des membres permet de l'expliquer, il n'est, comme le notait Andreas Maurer en 2001, "guère concevable de voir comment des parlementaires traitant principalement les questions horizontales des affaires européennes pourraient devenir capables de réfléchir effectivement sur des sujets précis " 869. Ce problème aurait cependant pu être résolu en demandant que les commissions spécialisées de chaque assemblée aident leurs représentants à préparer chacune des questions étudiées. Toutefois cela aurait soulevé un problème d'augmentation des délais de procédure législative. Par ailleurs, le souci de réduire ce délai devait conduire à des réunions fréquentes de la chambre, soulevant une nouvelle difficulté de disponibilité des membres. La solution de réunions thématiques ne résout pas non plus le problème de fréquence des réunions. 790. Par ailleurs, le Parlement européen a toujours vu d'un œil critique la création d'une telle chambre. Il l'indiquait ainsi déjà dans une résolution de 1990 870. Comme le résume Christine Guillard, s'il "est favorable à l’extension de l’influence des parlements nationaux [...] il la conçoit à l’intérieur des seules frontières nationales afin de préserver le pré-carré de ses propres attributions" 871. Il ne conçoit l’existence européenne des parlements nationaux que dans l’optique d’un contrôle de leur gouvernement national lorsque celui-ci joue son rôle au sein du Conseil, estimant qu'il revient aux députés européens de contrôler l’action des autres institutions de l’Union.
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Parodie et création romanesque dans les littératures européennes (Antiquité-XVIIIe siècle) : essai de poétique historique
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UNIVERSITÉ DE REIMS CHAMPAGNE-ARDENNE ÉCOLE DOCTORALE SCIENCES DE L’HOMME ET DE LA SOCIETE (555) THÈSE Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE REIMS CHAMPAGNE-ARDENNE Discipline : LITTERATURE GENERALE ET COMPAREE Présentée et soutenue publiquement par STEPHANE POUYAUD Le 8 décembre 2018 PARODIE ET CRÉATION ROMANESQUE DANS LES LITTÉRATURES EUROPÉENNES (ANTIQUITÉ-XVIIIe SIÈCLE) ESSAI DE POÉTIQUE HISTORIQUE Thèse dirigée par JEAN-LOUIS HAQUETTE JURY M. Thomas PAVEL, Professeur, à l’Université de Chicago, Président M. Jean-Louis HAQUETTE, Professeur, à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, Directeur de thèse Mme Guiomar HAUTCOEUR, Maître de Conférences HDR, à l’Université Paris 7-Denis Diderot, Rapporteur M. Vincent JOUVE, Professeur, à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, Examinateur REMERCIEMENTS La tentation de remerciements parodiques est grande, mais la volonté de manifester ma gratitude à tous ceux sans qui ce travail n’aurait pas été possible l’est encore plus. Le travail de (très) longue haleine qu’a été cette thèse a été permis par nombre de personnes qui m’ont épaulée et encouragée pendant ces années. Je remercie les membres de mon jury de thèse qui m’ont fait l’honneur d’accepter d’en faire partie. Mon directeur de thèse, monsieur le Professeur Jean-Louis Haquette de m’avoir fait confiance et d’avoir su me rassurer et me conseiller les nombreuses fois où j’en ai eu besoin. Sa gentillesse et son aide précieuse m’ont été indispensables dans ce travail. Monsieur le Professeur Thomas Pavel, Monsieur le Professeur Vincent Jouve, Madame Guiomar Hautcœur dont les écrits m’ont soufflé mon sujet de thèse et inspirée pendant toutes ces années passées à l’approfondir. C’est une grande fierté pour moi d’avoir l’occasion de m’entretenir avec eux de mon travail Je remercie également Monsieur le Professeur François Lecercle qui a dirigé mon Master 2 sur un sujet avoisinant et m’a conseillé de poursuivre mon doctorat avec Jean-Louis Haquette. Merci à Monsieur le Professeur Alain Billault de m’avoir encouragée à travailler sur Leucippé et Clitophon. Merci enfin à Madame Yen-Mai Tran-Gervat de m’avoir donné un exemplaire de sa thèse qui a été une grande inspiration pour la mienne. Merci aux universités de Reims Champagne-Ardenne et de Rouen qui, en m’accordant des contrats d’enseignement, m’ont permis de faire cette thèse dans les meilleures conditions. Plus précisément, merci à mes amis Cécile Gauthier, Sylvie Mougin, Alexis Lévrier et Xavier Giudicelli, de l’URCA, de leur indéfectible soutien, et à Ariane Ferry, Florence Fix et Sylvain Ledda, de l’Université de Rouen, de la confiance qu’ils m’ont accordée et de l’amicale bienveillance dont ils ont toujours fait preuve à mon égard. Merci également à tous les étudiants avec qui j’ai l’occasion de parler parodie et d’affiner, par le dialogue, mes idées et d’apprendre à les formuler. Ils m’ont convaincue du fait que parler de son travail est la meilleure manière de le faire progresser. Merci à ma famille qui, en me faisant grandir entourée de gens qui avaient un doctorat, m’a naturellement poussée dans cette voie. Merci aussi à eux, de ce fait, d’avoir su mieux que quiconque la difficulté de ces années et d’avoir donc soigneusement évité le fameux : « Alors, où en est ta thèse? » Enfin, merci à eux de m’avoir permis de ne pas faire de droit. Merci à mes parents de m’avoir donné le goût des mots et de la littérature. À mon père, qui aurait certainement apprécié un travail sur la parodie (et pour qui j’aimerai un jour Joyce). Merci à ma mère de m’avoir donné envie, toute petite, d’être un jour, comme elle, captivée par Le Rouge et le Noir, de m’avoir communiqué sa passion de la lecture – d’Arsène Lupin à Proust – et, plus concrètement, de ses précieuses et minutieuses relectures ayant redressé mon incontournable penchant pour la familiarité. Merci à Bruno de m’avoir donné 3 cet exemple si rare et inspirant d’une thèse faite pour le seul amour de l’art, et d’avoir toujours été là. Merci aussi de toutes les impressions qu’il m’a autorisée à faire derrière son dos. Merci à mon frère non seulement d’avoir survécu à sa thèse avant et devant moi, mais aussi de ses références littéraires toujours à propos qui m’ont donné envie d’égaler un jour sa culture. Sans lui, Flaubert aurait un autre goût. Merci à Anne-Laure de sa capacité toujours bien mesurée de sonder où j’en étais de mon travail et de s’y intéresser avec son habituelle admirable pondération ; des nombreuses discussions que nous avons eues cet été sur ma rédaction ; de sa lecture parallèle et, il faut le dire, courageuse, de certaines de mes œuvres, ainsi que de son aide précieuse de traduction et de son soutien dans les dernières heures. Merci à Matthieu et Mathilde de m’avoir laissé la possibilité de rédiger dans le calme cet été, tout en m’offrant des intermèdes musicaux plus ou moins délassants. Je remercie mes amis fidèles, qui m’ont supportée toutes ces années au gré de mes découragements et enfermements. Merci à Mélanie Adda, sans qui je n’aurais pas fait de la Littérature comparée et me serais certainement perdue dans une spécialité qui n’était pas la mienne. Merci d’être là au quotidien, de me permettre de travailler et de tant et tant de choses encore. Merci à Manon Garcia, grâce à laquelle j’ai pu comprendre ce que les imitateurs de Cervantès ont dû ressentir face à leur modèle... Sa présence quotidienne, même outreAtlantique, sa capacité à me rassurer, à me motiver et à me montrer l’exemple ont été indispensables à ma réussite, qui lui doit beaucoup plus qu’elle ne croit. Merci de son soutien et de son amitié indéfectibles. Merci à Charline Bourgeois-Tacquet de son intérêt régulier pour mon sujet de thèse. Merci de notre amitié si spontanée née sur les bancs d’un certain cours extraordinaire sur le roman moderne (avec des bonbons, « fil rouge » de notre amitié), de nos discussions littéraires et parfois – souvent – moins littéraires, mais tout aussi fécondes. Merci à Vanessa Gennari, ma partner in crime, de son coaching efficace, de son amitié toutes ces années qui m’ont permis de découvrir et redécouvrir tant de choses – notamment notre chère Agatha. Merci de sa patience, de sa bienveillance et de sa douceur – et du paquet remonte-moral trois jours avant la fin de rédaction. Merci aussi d’être capable de s’enthousiasmer pour un projet de publication de Pamela. Merci à Mikaël Demets, qui sait combien cette thèse lui doit. Sans son coaching et sa capacité à me stimuler tout en me bousculant quand il le fallait, je ne serais probablement pas arrivée à finir ce travail. Merci aussi d’être disponible à toute heure pour puiser dans l’encyclopédie qu’est son cerveau et épondre à mes questions les plus diverses. Merci à Marc Douguet de son amitié pendant toutes ces années, de nos discussions sans fin sur la littérature potentielle et de cette soirée d’octobre à mettre en page ma thèse, de sa veille téléphonique des dernières heures de mise en forme. Merci aux Padouanes, Anne Boutet, Fanny Eouzan, Céline Fournial, Hélène Gautier et Tiphaine Rolland que j’ai rencontrées dans le cadre de ce doctorat qui nous a toutes vues le terminer. Elles ont été un soutien solide et précieux, et pas seulement académique. Merci particulièrement à Tiphaine Rolland de ses conseils réguliers de lecture et à Anne Boutet de m’avoir donné des conseils bibliographiques dont j’avais bien besoin. 4 Merci à Alexandre Fillon, mon partenaire de thèse rémois, d’avoir été un si bon collègue et ami. Merci à Cécile Toublet de ses précieux conseils sur le roman comique et de m’avoir évité une crise de nerfs à un moment critique de ma thèse. Merci à François Crozemarie et de sa présence quotidienne à mes côtés (à cent mètres près), de son indulgence et de me connaître si bien. Notre incroyable amitié a été un refuge fréquent et indispensable à mon équilibre. Merci à Yeshe de son indulgence et de sa force. Merci à Valentine Planes de ces nombreuses décennies d’amitié. On a peu parlé littérature et pourtant on a beaucoup parlé... J’espère inspirer l’amour de la lecture au petit être qui est dans son ventre en tant que tante spirituelle. Merci à Lionel Menasché de sa présence délicate dans ma vie et à Catherine Bontemps de leur amitié. À Maxime Rovere de sa présence réconfortante, à Maureen Attali de s’être si régulièrement enquise de l’avancée de ma thèse et de m avoir régulièrement encouragée. Merci à Hélène Monsacré de la confiance qu’elle m’a témoignée et d’avoir contribué à enrichir mes connaissances dans de si nombreux domaines. Elle n’est pas non plus étrangère à un certain amour de la forme qui a guidé ma mise en page. Merci à Elena Roso, dont j’aurais aimé qu’elle sache que j’ai fini cette thèse, largement grâce à son soutien. 5 SOMMAIRE 1 INTRODUCTION.................................................................................................................... 7 PRÉAMBULE : LA NO TION DE PARODIE ................................................................... 27 I. L’HISTOIRE DE LA PARODIE : NOTION ET PRATIQUE .............................................................. 28 II . PROPOSITION DE DÉFINITION ............................................................................................. 74 PREMIÈRE PARTIE : LA PRATIQUE PARODIQUE.................................................... 79 CHAPITRE 1 : L’INTENTION PARODIQUE....................................................................... 81 I. JEUNESSE ET GENÈSE DE LA PRATIQUE PARODIQUE............................................................. 81 II. L’INTENTION POLÉMIQUE DE LA PARODIE.......................................................................... 95 III. LA PARODIE COMME HOMMAGE..................................................................................... 132 CHAPITRE 2 : LA FABRICATION PARODIQUE............................................................. 155 I. TYPOLOGIE DES CIBLES PARODIQUES................ ................ ................................................ 155 II. UN INTERTEXTE PARTICULIER : DON QUICHOTTE............................................................ 200 III. LES OUTILS DE LA PARODIE............................................................................................ 212 CHAPITRE 3 : LA RÉCEPTION PARODIQUE.................................................................. 240 I. LES SIGNAUX DE LA PARODIE ............................................................................ ................ 240 II. L’ EXPÉRI ENCE PARODI QUE : LE LECTEUR COMPÉTENT.................................................... 280 III. LE LECTEUR INCOMPÉTENT............................................................................................ 296 IV . LA RÉCEPTION DES ŒUVRES DE JEUNESSE DE MARIVAUX AU XVIIIE SIÈCLE................... 302 DEUXIÈME PARTIE : LES FORMES DE LA PARODIE........................................... 324 CHAPITRE 1 : LECTEURS FOUS....................................................................................... 327 I. LE LECTEUR FOU , UN VÉHICULE COMMODE DE LA PARODI E ROMANESQUE....................... 327 II. LES AMBIGUÏTÉS DE LA FOLIE LECTRICE : L’HÉRITAGE CERVANTIN................................. 346 III . IMITATIONS.................................................................................................................... 365 IV. VARIATION SUR LE LECTEUR FOU : L’AUTEUR FOU................................ ......... ................ 384 CHAPITRE 2 : LE ROMAN PARODIQUE À LA PREMIÈRE PERSONNE..................... 400 I. JE EST UN AUTRE : LEUCIPPÉ ET CLITOPHON..................................................................... 401 II. LE « JE » RÉVÉLÉ............................................................................................................. 428 III. LA VOITURE EMBOURBÉE : LES EFFETS SURPRENANTS DE L’ANTIPATHIE........................ 438 IV. ENCLAVES ROMAN ES QUES À LA PREMIÈRE PERSONNE................................................... 447 CHAPITRE 3 : LE MÉTANARRATEUR............................................................................. 452 I. VISAGES DU MÉTANARRATEUR......................................................................................... 454 II. MÉTANARRATEUR, PARODIE ET RÉFLEXION ROMANESQUE.............................................. 474 TROISIÈME PARTIE : LA PARODIE COMME LABORATOIRE............................ 491 1 Une table des matières détaillée figure à la fin de l’ouvrage, p. 777. 6 CHAPITRE 1 : LA PARODIE THÉORICIENNE................................................................ 494 I. PARODIE ET LÉGITIMATION DU GENRE ROMANESQUE........................................................ 494 II. PARODIE ET PENSÉE DU GENRE ROMANESQUE.................................................................. 538 CHAPITRE 2 : L’INFLUENCE DE LA PARODIE............................................................. 581 I. LA PARODIE COMME LABORATOIRE DES AUTEURS............................................................ 581 II. L’INFLUENCE DE LA PARODIE SUR LE GENRE ROMANESQUE............................................. 618 CHAPITRE 3 : LA PARODIE COMME AUTRE HISTOIRE LITTÉRAIRE..................... 675 I. LE MODÈLE EXISTE-T-IL?................................................................................................. 675 II. PARODIE ET LECTEUR...................................................................................................... 704 CONCLUSION..................................................................................................................... 724 BIBLIOGRAPHIE............................... ................ ................................................................ 728 ANNEXES ............................................................................. ................................ ................ 750 INDEX NOMINUM............................................................................................................. 763 TABLE DES MATIÈRES................................................................................................... 766 7 INTRODUCTION 8 « Parodie, laboratoire ouvert aux petits esprits malins qui n’ont d’autres talents que celui de savoir gâter et défigurer les belles œuvres2 », « genre impuissant, valable seulement pour le cabaret3 », « rabaissement [au] caractère purement négatif, privé d’ambition régénératrice4 » : nul besoin de poursuivre la litanie des citations pour comprendre que la parodie est une pratique qui suscite le mépris. Elle n’a pas à attendre ses détracteurs pour cela, puisque le dédain qu’elle soulève provient aussi de ceux qui la pratiquent5 ou l’étudient6. Ces quelques jugements laissent deviner quel est son tort : la parodie est considérée comme facile et gratuite, comme une attaque déloyale visant à détruire sans pitié un modèle supérieur. Pourtant, loin de cette conception négative de la parodie, on peut au contraire plaider pour son pouvoir habilement corrosif et régénérateur : la parodie, en critiquant une esthétique, en dénonce les défauts et invite à la renouveler. La critique sous-tend une promotion ; la destruction prépare une reconstruction. La parodie ne serait alors pas une « parole classique7 », monovalente, comme Barthes le lui en fait le reproche, mais au contraire un discours polyvalent, ambigu, dont les contradictions ne se laissent pas facilement résoudre, soit parce que son opération repose sur un paradoxe en soi : critiquer un objet en le pratiquant, soit parce que le parodiste éprouve souvent de l’estime pour la cible qu’il se choisit. Cette capacité de la parodie de régénérer par-delà la critique est particulièrement nette – et utile – dans le cas du roman. En effet, parmi ceux que nous considérons aujourd’hui comme les grands genres8, il est le seul à ne pas être théorisé avant la fin du 2 XVII e siècle. Ce Alexis Piron , L’Antre de Trofonius , cité par Gustav e Lan son , « La parodie dramatique au XVIIIe siècle », in Hommes et livres [1895], Genève, Slatkine , 1989, p. 262. 3 Jean-Paul Sartre, Entretien paru dans Les Lettres françaises, 19 novembre 1953, cité par Geneviève Idt, « L’autoparodie dans Les Mots de Sartre », Cahiers du 20e siècle, 1976, p. 53. 4 Mikhaïl Bakthine, L’Œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Âge et sous la Renaissance [1965], trad. fr. Andrée Robel, Paris, Gallimard, NRF, Bibliothèque des Idées, 1970, p. 30. 5 Alexis Piron (1689-1773), auteur de parodies dramatiques du XVIIIe siècle. 6 Bakhtine dans L’Œuvre de François abelais... ouvrage étudie la parodie postérieure à l’époque médiévale. Son opinion sur la parodie antique et médiévale est au contraire positive, porteuse de tout ce dont il prive la parodie « moderne ». 7 Roland Barthes, S/Z, Paris, Seuil, coll. Points essais, 1970, p. 47. Par l’emploi de cet adjectif, Barthes signale que la parodie s’oppose aux discours multivalents, qu’elle est une « citation » qui ne se fait pas « transgression » en étant fondamentalement monovalente (cf. infra p. 546). 8 Comme on le sait, les systèmes génériques ont varié selon les époques. De la Renaissance au romantisme, les grands genres sont l’épopée et la tragédie, auxquelles s’ajoutera la poésie lyrique au XVIIIe siècle avec l’abbé Batteux et sa lecture – fautive comme le montre Genette (Introduction à l’architexte, Paris, Seuil, Poétique, 1977) –, d’Aristote. Ce n’est qu’au XIXe siècle que se pérennise la triade, épique, dramatique, lyrique ; ensuite, le roman détrônera l’épopée comme modèle narratif, pour léguer une nouvelle triade « empirique », roman, poésie, théâtre. Sur ces questions, souvent abordées par la critique, voir la mise au moint de Laurent Jenny, Méthodes et problèmes : les genres littéraires, 2003, disponible à l’adresse suivante [dernière consultation le 7 septembre 2018] : https://www.unige.ch/lettres/framo/enseignements/methodes/genres/glintegr.html. Nous nous situons 9 statut particulier fait qu’il s’est largement défini par la parodie. Le roman parodique9, qui a connu un grand succès aux XVII e et XVIII e siècles, mais dont on trouve l’origine dans l’Antiquité, a modelé l’histoire du roman en offrant simultanément la critique d’un texte ou d’une hétique et la promotion de nouvelles orientations. Loin de considérer la parodie comme un processus purement ludique, cette thèse se donne pour objet de prouver la valeur (ré)génératrice qu’a eue la parodie pour le genre romanesque : elle apparaît comme le véritable laboratoire d’un genre qui n’est pas officiellement reconnu comme tel10. On peut considérer l’histoire du roman comme celle d’une acceptation progressive d’une nature qu’il avait tenté de nier pour se légitimer. Cette nature, c’est celle de « bâtard11 », selon l’expression de Marthe Robert, celle d’un « enfant de Bohême » en ce qu’« il n’a jamais connu de loi »12, d’après la jolie formule de Michel Raimond, un enfant rebelle qui, pour se faire accepter dans le monde des Lettres, devra feindre des ascendances fictives et se conformer à des conventions qui ne sont pas les siennes, étouffer cette « liberté honteuse13 » dont parle Alain Montandon. Ce faisant, il reniera sa véritable nature, qui est celle du polymorphisme, de la polyphonie. Tel un écornifleur, il emprunte à tous les registres et se construit hors des réglementations. La liberté qui le caractérise, qui en fit le genre dominant ces deux derniers siècles, est aussi ce qui a pendant des siècles empêché, malgré son succès auprès des lecteurs14, son éclosion et sa reconnaissance critique. Les débuts du roman sont caractérisés par l’absence de discours critique à valeur de légitimation. Le roman occidental naît en Grèce, peu après le début de notre ère15. Son donc ici d’un point de vue moderne et rétrospectif, certes, mais qui n’est pas sans valeur : le goût durable et massif du public pour ce genre rend surprenante son absence de théorisation et explique le recours à la parodie, qui nécessite une connivence textuelle. 9 Yen-Mai Tran-Gervat, in Le Roman parodique au XVIIIe siècle en Angleterre et en France, de Marivaux à Jane Austen, Thèse soutenue à Paris IV-Sorbonne, sous la direction de Yves Chevrel et Jean Dagen, 2000, p. 11, qualifie le roman parodique de « rencontre singulière entre un genre en quête d’identité et de repères et une pratique polymorphe à la fois intertextuelle et réflexive ». 10 Du moins par la critique, car le public, comme on le verra, en a une conception implicite . 11 Marthe Robert, Roman des origines et origines du roman, Grasset, Paris, 1972, p. 41 sq. 12 Michel Raimond, Le Roman [1987], Paris, Armand Colin, Cursus Lettres, 2000, p. 17. 13 Alain Montandon, Le Roman au XVIIIe siècle en Europe, Paris, PUF, Littératures européennes, 1999, p. 8. 14 Succès favorisé précisément par cette liberté, comme le montre Thomas Pavel : « L’absence de loi écrite, loin d’empêcher le développement du genre, a en réalité permis aux écrivains de réfléchir à courte échéance et à portée limitée sur la meilleure manière de plaire au public. [...] Pendant la période où chaque sous-genre narratif répondait à un besoin spécifique des lecteurs en les faisant rêver, pleurer, rire ou méditer, les écrivains pouvaient donc passer facilement d’un type de prose narrative à un autre, parfois en imaginant de nouvelles manières de raconter. Les dramaturges de l’époque étaient loin de bénéficier d’une telle liberté. » (Thomas Pavel, La Pensée du roman, Paris, Gallimard, Folio, Essais, 2014, p. 29.) 15 Nous retraçons à grands traits l’histoire du roman, sur laquelle nous reviendrons largement infra p. 499 sq. Pour une vision surplombante du sujet, voir Thomas Pavel, La Pensée du roman, Paris, Gallimard, NRF Essais, 2003 ou Paris, Gallimard, Folio, Essais, 2014. Pour ce titre, nous citerons tantôt l’édition grand format et tantôt 10 existence, qui n’est pas toujours acceptée ou commentée, se signale par un schéma récurrent16, qui atteste la filiation entre plusieurs auteurs, Xénophon d’Éphèse, Chariton d’Aphrodise, Achille Tatius et Héliodore. Postérieur à Aristote, il n’est logiquement pas théorisé dans la Poétique, pas plus qu’il n’engendre de discours critiques durant l’Antiquité, ni même de terme pour le désigner. De cette absence de légitimation aristotélicienne découle son discrédit jusqu’au XVIIIe siècle, malgré les efforts pour lui trouver une ascendance antique. Le roman byzantin relaiera la vision idéaliste que lui lègue le roman grec, tandis que se développe le roman médiéval, tiraillé entre l’idéalisme courtois et chevaleresque et le goût carnavalesque. L’heure de sa théorisation est loin d’être arrivée. Au cours du XVII e siècle, la vitalité du roman éclate, lui que l’épopée et la tragédie, genres réguliers, avaient jusque-là étouffé de leur poids. Plusieurs sous-genres se développent simultanément, le roman pastoral, héroïque, galant, la nouvelle historique, en parallèle desquels le roman comique, positionné contre eux. Les premiers ont en commun le goût du romanesque, de la profusion des aventures, de l’extrême noblesse sociale et morale des personnages. La théorisation tarde à s’emparer de ce genre protéiforme, dépourvu de lettres de noblesse et de figure antique tutélaire, malgré les efforts d’Amyot puis de Huet pour fonder la généalogie du roman à partir du roman et de l’épopée grecs. La théorisation reflète assez rarement le caractère protéiforme du genre pour se concentrer sur des sous-genres, jugés dignes de donner lieu à une entreprise théorique17. Le tournant des années 60 tend à définir un nouveau roman, qui n’a pas grand-chose à voir avec le précédent, sous la forme de la nouvelle historique. Le XVIII e siècle, approfondissant la tentative d’inscription contemporaine du petit roman, étend son champ aux différentes couches de la société, à un réel appréhendé selon un prisme plus quotidien. L’héroïsme ou l’aventure ne disparaissent pas, mais, selon l’expression de Thomas Pavel18, l’idéal s’intériorise et l’individu prend le pas sur le héros abstrait, symbole de toutes les vertus. Progressivement, la multiplication des discours sur le roman, les celle de poche, car cette dernière a élargi le propos de la première. On peut aussi consulter Daniel-Henri Pageaux, Naissances du roman, Paris, Klincksieck, 50 questions, 2006. 16 On peut emprunter à Rear sa définition : « Le roman grec présente, dans sa forme typique, le plan suivant. Un jeune homme et une jeune fille, tous les deux d’une beauté extraordinaire et comptant parmi les premiers de leur pays, tombent amoureux l’un de l’autre. Un dieu s’intéresse à eux. Tous les deux se retrouvent embarqués, soit ensemble soit séparément, pour un long voyage à travers tout le monde grec et les pays adjacents ; voyage qui leur fait courir des dangers de toute sorte, et en particulier met leur chasteté en péril à tout moment. L’aide divine les soutient, cependant, et à la fin ils regagnent leur patrie, où ils sont réunis pour mener désormais une vie heureuse et tranquille. » (Bryan P. Reardon, Courants littéraires grecs du IIe et IIIe siècles avant J.C., Paris, Annales de l’Université de Nantes 3, 1971, p. 310.) 17 Sur ces points, voir les deux ouvrages de Camille Esmein-Sarrazin, Poétiques du roman, Scudéry, Huet, Du Plaisir et autres textes théoriques et critiques du XVIIe siècle sur le genre romanesque, Champion, Paris, 2004 et L’Essor du roman : discours théorique et constitution d'un genre littéraire au XVIIe siècle, Paris Champion, 2008. 18 Pavel , La Pensée du roman, op. cit. 11 tentatives pour ne pas le réduire à un sous-genre, l’engouement jamais démenti du public, alliés à des conditions socio-économiques favorables à son développement mènent sinon à l’acquisition de lettres de noblesse, du moins à sa reconnaissance. Parallèlement, le roman évolue vers une prise en compte croissante du réel, vers une pente plus « réaliste19 », qui le conduit à son triomphe au XIXe siècle. Or, dans ce processus de reconnaissance progressif, heurté et malaisé, la parodie joue un rôle déterminant. Non seulement parce que le roman lui-même – sans qu’il soit nécessairement parodique – a longtemps été le lieu premier de réflexion sur le genre, que ce soit par le rôle des préfaces, des discours métanarratifs ou la mise en œuvre romanesque ellemême, mais aussi et surtout parce que la parodie, par le travail qu’elle opère sur le texte ou le genre qu’elle prend pour référence, engage une entreprise théorique qui est une manière privilégiée de penser le roman et de suggérer les évolutions qu’il doit embrasser. Étudier la parodie dans le roman jusqu’au XVIII e siècle revient donc à faire face à un double mépris de ses contemporains : mépris pour une pratique jugée déshonorante, mépris pour un genre longtemps considéré comme inexistant ou au mieux inférieur. De façon corollaire, étudier la parodie dans le roman revient aussi à mettre au jour une double légitimité du genre : montrer les stratégies internes de légitimité d’un genre bâtard et oublié de la théorisation, mais dont la vitalité est éclatante avant même l’époque jugée comme son âge d’or ; légitimité d’une pratique dont les vertus ne sont pas seulement celles de la critique et de la négation, mais aussi celles de la réflexion et du renouvellement. C’est là l’objectif de ce travail : penser l’histoire du roman à une époque où il n’a pas encore acquis ses lettres de noblesse, voire où il est nié, à travers sa contestation/reconstruction en actes par la parodie, loin d’une théorisation officielle. La parodie bouscule le genre du roman mais permet par ce geste même de le constituer comme genre, de faire prendre conscience des traits génériques qui le caractérisent. Son étude permet, rétrospectivement, de montrer au lecteur moderne quelle conception du genre on s’en faisait à l’époque de sa production : la parodie romanesque a donc une double importance du point de vue de la généalogie du genre. À l’époque où elle est pratiquée, elle lui permet de réfléchir sur lui-même et d’évoluer ; dans une perspective diachronique, elle révèle une conscience de genre et la forme qu’elle revêtait. Qui veut penser une histoire du genre du 19 Avec tous les guillemets de rigueur : le roman avant le XIXe siècle ne peut pas être appelé réaliste, mais il cultive une avancée dans la représentation de la réalité – corporelle, sociale puis psychologique – qui permet de 12 roman ne peut donc qu’être intéressé par la parodie, pratique qui nous offre une histoire littéraire vue du côté du lecteur. Le parodiste n’est en effet rien d’autre qu’un lecteur lassé par des esthétiques répétitives, qui décide d’offrir la vision que son époque avait du roman et les voies de renouvellement qui lui paraissent possibles et souhaitables. La parodie est un laboratoire du genre, mais aussi un conservatoire des opinions sur celui-ci. Elle dessine une certaine histoire du roman, celle de la contestation, celle de la proposition, en décalage avec les tentatives normatives ou de légitimation des rares théoriciens. Finalement, par son opposition, la parodie apparaît comme un lieu de légitimation bien plus décisif que les discours théoriques qui refusent de reconnaître la réalité du roman. En travaillant sur la constitution du genre romanesque, nous savons à quelles délicatesses terminologiques nous nous confrontons : la notion même de « genre » peut susciter des réserves, a fortiori quand il s’agit d’un genre aussi large que celui du roman, et ce d’autant plus qu’il n’est ni théorisé ni nommé aux époques que nous étudions et bénéficie donc largement d’une valeur toute rétrospective. La situation se complique encore s’agissant du roman parodique, dont le statut générique pose problème20. Le genre est une catégorie qui est d’une certaine manière artificielle, comme le remarquait Genette : L’histoire de la théorie des genres est toute marquée de ces schémas fascinants qui informent et déforment la réalité souvent hétéroclite du champ littéraire et prétendent découvrir un système « naturel » là où ils construisent une symétrie factice à grand renfort de fausses fenêtres21. Nous en avons conscience, mais c’est précisément cela qui nous intéresse : il nous semble que la parodie est le lieu qui met en évidence la conscience du genre. Peut-être ne se formule-t-elle pas consciemment en termes de genre, peut-être transcende-t-elle la catégorie du roman pour s’intéresser à celle du romanesque22. Il demeure néanmoins que la seule parler, avec grande précaution, d’une évolution vers plus de réalisme. Chaque fois que nous emploierons les mots de « réalisme » ou « réaliste », les guillemets seront sous-entendus. 20 Le roman parodique appartient-il au roman? À la parodie? La parodie est-elle même un genre? Nous reviendrons sur cette question dans le cours du développement, mais notre postulat est que le roman parodique est avant tout un roman, seule manière pour lui d’avoir une influence générique. C’est cela aussi qui distingue la parodie comme trope et comme genre (cf. notre préambule). Certes le roman parodique perturbe l’horizon d’attente du lecteur qui entend lire un roman – même si les indices paratextuels lui font attendre un roman d’un certain type – mais la reprise des conventions romanesques, même détournées, fonctionnent comme des indices de genre. 21 Gérard Genette, Fiction et diction précédé de Introduction à l’architexte [1979], Paris, Se uil , Points Essais, 2004, p. 47. 22 Nous reviendrons largement sur la question du romanesque comme catégorie du roman. Nous verrons que si le romanesque n’est pas l’apanage du genre qui lui donne son nom, la définition qu’en donne Jean-Marie Schaeffer suffit à englober tous les hypotextes que nos parodies critiquent. Le romanesque est constitué d’un réservoir de 13 pratique parodique révèle une conscience que nous sommes tentée d’appeler générique, qui suffit à rendre valide la notion de genre. Elle est particulièrement nette dans le cas d’auteurs qui composent des parodies dans leur jeunesse avant d’en tirer les enseignements dans les œuvres de leur maturité. En cela, la parodie est un lieu de transition générique, à l’échelle de l’œuvre des parodistes, mais aussi plus largement, dans l’histoire littéraire23. Qui plus est, la parodie œuvre d’une autre manière dans la théorie des genres, puisqu’elle constitue, dans sa critique, une sorte de modèle idéal du genre, que l’on chercherait en vain réalisé dans un texte, mais qui détermine l’image léguée à l’histoire littéraire. Peut-être le genre n’est-il qu’affaire de conventions, mais alors la parodie est son meilleur allié, « un des facteurs de la dynamique générique24 » pour parler comme Jean-Marie Schaeffer : la « généricité auctoriale » influence la « généricité lectoriale »25, ce qui signifie non seulement que la conception du genre de l’auteur influence celle du lecteur, mais qu’elle la reconfigure. La parodie lègue une image du genre déformée, mais qui s’est souvent imposée aux consciences. Notre travail est dominé, pour parler comme Antoine Compagnon, par une tentative de soustraction au démon de la théorie qui tente de museler « les préjugés du sens commun »26. « L’impasse rhétorique27 » dont parle Jean-Louis Backès nous semble menacer tout travail sur la parodie et sur le roman. Pour cette raison, nous satisferons la plupart du temps au sens commun pour ce qui est des notions abordées. Les définitions que nous en donnons ont une valeur heuristique : quand nous employons « roman », nous n’entendons par là guère plus qu’une œuvre d’imagination en prose, narrative, d’une certaine longueur, qui fait vivre des personnages donnés comme réels. Quant à la parodie, elle est affaire de pratique et, à ce titre, topoi qui constitue la continuité du genre (Jean-Marie Schaeffer, « La catégorie du romanesque », in Gilles Declerc et Michel Murat [dir.], Le Romanesque, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2014, p. 291-302). 23 Alastair Fowler, dans Kinds of Literature, voit dans la transformation générique le principal moteur de l’histoire littéraire. Il énumère des processus qui permettent cette transformation, comme la satire, l’hybridation, la combinaison... Il n’accorde pourtant pas de place explicite à la parodie qui, selon nous, est précisément un facteur majeur de transformation générique. (Alastair Fowler, Kinds of Literature. An introduction to the theory of genres and modes, Oxford, Clarendon Press, 1982.) 24 Jean-Marie Scha effer, Qu’est-ce qu’un genre littéraire?, Paris, Seuil, Poétique, 1989 , p . 68. Schaeffer utilise cette expression à propos de l’Introduction à la littérature fantastique de Todorov et glose ainsi : « à savoir une proposition spécifique pour un regroupement textuel spécifique et donc pour un modèle générique spécifique ». De la même manière, la parodie œuvre à la définition du genre romanesque, à rebours et pour l’avenir. 25 Ibid . , p . 154. 26 Antoine Compagnon, Le Démon de la théorie. Littérature et sens commun, Paris, Seuil, Points Essais, 1998. 27 Jean-Louis Backès, L’Impasse rhétorique, Paris, PUF, Perspectives littéraires, 2002. Nous envisagerons ainsi, pour la parodie notamment, de « non pas ramener la polysémie à la belle unité primitive, mais au contraire ne cesser de la faire apparaître dans toute son ampleur – et cette ampleur peut s’étaler sur plusieurs siècles – et la protéger sans relâche contre les tentatives de réduction » (p. 32). À l’inverse de Backès, toutefois, c’est en allant vers l’usage commun que nous entendons contourner l’impasse rhétorique. 14 il nous semble que le plus intéressant est d’épouser les pratiques sans cherche r à les circonscrire par une terminologie trop restrictive. Nous en donnerons plus loin 28 une définition plus précise, mais l’on peut provisoirement la présenter comme la réécriture d’un texte ou la reprise d’un genre à des fins comiques et critiques. Notre recherche s’appuie sur un corpus resserré. Son établissement a été guidé par des choix et un principe de sélection, indispensables pour un sujet dont la perspective nécessite d’embrasser une période qui va de l’Antiquité au XVIIIe siècle. Notre premier critère de sélection est générique : notre travail se proposant de montrer l’influence de la parodie dans la constitution du genre romanesque par les orientations esthétiques qu’elle propose en creux, il faut nécessairement que toutes nos œuvres soient évidemment des romans, mais encore des romans qui parodient des romans, des sous-genres romanesques ou le genre romanesque lui-même, c’est-à-dire des romans qui s’inscrivent consciemment dans une généalogie romanesque. C’est pour cela que nous excluons de notre corpus un texte comme Le Virgile travesti de Scarron29, œuvre pourtant centrale pour la parodie, mais qui entend parodier le genre épique sous une forme versifiée. Pour ce qui est des bornes chronologiques, il a paru fécond du point de vue heuristique de faire commencer cette étude du genre romanesque non pas avec le Moyen Âge ou la modernité comme le font beaucoup d’ouvrages, mais au contraire de réhabiliter l’importance du roman grec dans l’histoire du roman, non seulement par lui-même, mais aussi comme modèle, celui qui contribuera à la naissance, grâce à la traduction d’Amyot des Éthiopiques, au roman du XVII e siècle. Ainsi, notre étude s’ouvre avec le roman grec et notamment le seul des romans grecs qui soit parodique, Leucippé et Clitophon d’Achille Tatius, le seul roman grec aussi à proposer un narrateur à la première personne30. Nous montrerons au cours de ce travail non seulement qu’il existait de toute évidence un genre du roman grec, mais surtout, et c’est ce qui est intéressant pour nous, qu’il en existait une conscience générique, qui ne se formulait pas comme romanesque, mais qui embrassait des principes esthétiques communs 28 Cf. infra p. 75 sq. Ce critère nous fait aussi exclure les textes de Lucien, notamment L’Histoire véritable, récit imaginaire qui parodie la littérature géographique et fonde le genre de l’utopie. 30 Malgré plusieurs études tendant à prouver le caractère parodique du roman d’Achille Tatius (Donald Durham, « Parody in Achilles Tatius », Classical Philology, vol. 33, n° 1, 1938 ou, plus récemment, Kathryn Chew, « Achilles Tatius and parody », The classical Journal, vol. 96, n° 1, oct-nov 2000, p. 57-70), on sent encore de nombreuses résistances du côté des exégètes du roman grec à accepter la qualification, pour Leucippé et Clitophon, de roman parodique. Même les deux articles cités parlent de la parodie chez Achille Tatius ou d’Achille Tatius et la parodie, sans aller jusqu’à qualifier le texte de roman parodique. Ce sera l’un des enjeux de ce travail que de montrer la pertinence de cette qualification. 29 15 formant comme un genre. La borne ultime de notre corpus répond à un objectif démonstratif : comme nous entendons montrer l’importance de la parodie dans le développement du genre romanesque et sa définition, il est logique de nous arrêter au moment où le genre est accepté et admis dans sa réalité, ce que nous datons de la fin de la première moitié du XVIII e siècle. Nous y reviendrons, mais la première tentative de réflexion théorique sur le roman, celle de Pierre-Daniel Huet, ne prend pas en compte l’intégralité du genre romanesque et possède encore une dimension prescriptive qui fait qu’on ne peut pas dire qu’avec lui le roman soit réellement accepté pour ce qu’il est. Au milieu du XVIII e siècle, l’essor de la production et le développement du lectorat impose le roman qui continue de jouer sur sa véracité, mais selon une modalité qui est davantage celle du jeu avec les conventions que celle de la honte. Surtout, avec Defoe et Richardson, puis Fielding en Angleterre et Marivaux ou Prévost en France, et malgré le recours aux faux mémoires, il semble que le roman s’impose comme un lieu de révélation de l’être, se ménageant ainsi l’espace qu’il occupera en tant que genre légitimé31. L’influence du roman anglais, son importance en France, son développement sans précédent en Angleterre, mais aussi l’interdiction du roman en 173732 qui prouve que le genre n’est toujours pas accepté, nous poussent à élargir les bornes chronologiques jusqu’à la querelle paméliste qui pose les enjeux de cette nouvelle esthétique romanesque, les années 1740 apparaissant en cela comme un tournant 33, notamment avec la préface de Joseph Andrews, qui détermine l’installation définitive du roman dans la deuxième partie du siècle et instaure un autre rapport au genre, conscient et réflexif. À la fin du XVIII e siècle, un ouvrage comme La Bibliothèque universelle des romans atteste le fait que le genre a été cerné et que sa diversité a été reconnue. Mais, même avant cela, les travaux de Lenglet-Dufresnoy, De l’usage des romans et La Bibliothèque des romans, de 1734, nous semblent prouver, par leur effort de classement qui reconnaît le caractère protéiforme du genre 34, le fait que la conscience du roman comme genre a véritablement émergé, même si par maints aspects Lenglet-Dufresnoy se fait le porte-parole d’une vision du roman qui manque de modernité. C’est pourquoi nous étudions les œuvres parodiques de cette première moitié du XVIIIe siècle : celles de Marivaux, ses œuvres de jeunesse – La Voiture embourbée, Pharsamon ou les 31 Cf. sur le sujet Pavel, La Pensée du roman, op. cit., ou Ian Watt, The Rise of the novel. Studies in Defo e, Richardson and Fielding, Berkeley et Los Angeles, University of California Press, 1957. 32 Cf. Georges May, Le Dilemme du roman au XVIIIe siècle, Paris-New Haven, PUF, 1963. 33 Cf. sur ce point Baudoin Millet, « Ceci n’est pas un roman ». L’évolution du statut de la fiction en Angleterre de 1652 à 1754, Louvain-Paris-Dudley MA, Peeters, La République des Lettres 31, 2007. Dans son introduction, l’auteur montre l’importance pour l’évolution du goût du tournant de 1740, époque de parution de Pamela. 34 Il donne une liste de trois mille titres européens, qu’il classe en fonction de leur époque et de leur sous-genre : roman grec et latin, d’amour, héroïque, historiques. À n’en pas douter, on a là une preuve de la conscience du genre romanesque. 16 nouvelles folies romanesques, et Le Télémaque travesti –, qui parodient, pour le dernier, Les Aventures de Télémaque et, pour les autres, le roman héroïque et, de manière plus large, le roman romanesque du XVII e siècle ; et celles de Fielding – Shamela et Joseph Andrews – qui, dans le cadre de la querelle entourant Pamela de Richardson, s’opposent à l’essor du roman richardsonien en montrant que ce pour quoi on le crédite – son mélange de teneur morale et d’inscription dans les couches sociales inférieures – ne constitue qu’un avatar de l’idéalisme traditionnel et qu’il peut exister un roman moral qui s’émancipe des carcans de l’idéalisme. Entre ces deux bornes temporelles, il est indispensable de parler de Don Quichotte, qui, par son invective contre les romans de chevalerie, constitue la première réflexion parodique en acte sur le genre romanesque, de la part d’un auteur qui, rappelons-le, a été influencé par le roman grec. Il est indispensable d’en parler aussi parce qu’il devient le modèle de toute production parodique dans les années qui suivent, notamment d’une autre de nos œuvres, Le Berger extravagant de Sorel, qui parodie la vogue du roman pastoral, elle aussi héritée de l’Antiquité. Un siècle plus tard, Don Quichotte constitue encore le modèle parodique des œuvres de jeunesse de Marivaux et de Joseph Andrews de Fielding. Récapitulons donc ce corpus primaire : dans l’Antiquité35, Leucippé et Clitophon d’Achille Tatius ; au XVII e siècle, Don Quichotte de Cervantès (1605-1615) et Le Berger extravagant (1627-1634) de Charles Sorel ; au XVIII e siècle, La Voiture embourbée (1713) Pharsamon ou les nouvelles folies romanesques (1713, publié en 1737), Le Télémaque travesti (1714, publié en 1736) de Marivaux, Shamela (1741) et Joseph Andrews (1742) de Fielding. On le voit, il s’agit d’étapes qui permettent de mesurer le rôle de la parodie dans l’évolution de la conscience générique. À ce corpus primaire s’en ajoute un secondaire, d’œuvres parodiques que nous évoquons de façon moins systématique, mais qui nous paraissent intéressantes à aborder : Le Chevalier hypocondriaque de Du Verdier (1632) et La Fausse Clélie de Subligny (1670), deux romans comiques comme Le Berger extravagant, qui imitent Don Quichotte, le premier en imaginant un lecteur fou qui se croit chevalier et l’autre une lectrice folle qui pense être l’héroïne de Mlle de Scudéry ; et aussi l’Anti-Pamela d’Eliza Haywood (1741), un autre roman de la querelle paméliste et The Female Quixote de Charlotte Lennox (1752), qui transfère à une femme la folie quichottesque, appliquée au roman français du XVIIe siècle. Ces romans nous serviront souvent de référence, même s’ils ne sont pas centraux dans notre analyse, soit qu’ils soient un peu redondants avec d’autres œuvres de notre corpus (c’est le cas 17 du Chevalier hypocondriaque qui croise de nombreuses problématiques du Berger extravagant, ou de l’Anti-Pamela qui, malgré certaines spécificités, repose sur les mêmes procédés que Shamela), qu’ils soient composés à une époque où le roman est un peu trop dominant pour être vraiment décisifs (The Female Quixote) ou que la parodie n’y occupe pas une place assez importante (La Fausse Clélie). L’une des cohérences de notre corpus nous semble résider dans le fil rouge que forme le roman grec : c’est en effet lui qui, redécouvert avec la traduction d’Amyot, permet de renouveler la production romanesque en la séparant du roman de chevalerie 36 et de l’influencer au XVII e siècle37. C’est cette tradition contre laquelle se battent nos parodistes français, qu’ils soient du XVII e ou du XVIII e siècle, mais c’est aussi elle qui influence l’évolution du roman anglais, marqué par les traductions des œuvres de La Calprenède et Scudéry38. Une autre cohérence est le rôle que joue Don Quichotte, aussi bien du côté français que du côté anglais dans la réappropriation parodique. La troisième, la plus englobante et la plus importante probablement, est celle qui provient d’une cible commune à tous nos romanciers : la veine idéaliste, telle que l’a mise en évidence Thomas Pavel dans La Pensée du roman, qui se manifeste aussi bien – quoique différemment – dans le roman de chevalerie que parodie Don Quichotte que dans Pamela de Richardson et même chez Achille Tatius. Une autre raison qui nous a déterminée à configurer ainsi notre corpus est la variété des cibles qu’il offre : des hypotextes d’abord. C’est le cas du Télémaque travesti qui parodie Les Aventures de Télémaque de Fénelon. Shamela et Joseph Andrews – mais aussi l’AntiPamela – parodient quant à eux Pamela de Richardson. La Fausse Clélie parodie Clélie de 35 Après de nombreux débats sur la date de ce roman, les spécialistes s’accordent à considérer que Leucippé et Clitophon a été rédigé au IIe siècle. 36 Cf. sur ces points Laurence Plazenet, L’Ébahissement et la Délectation. Réception comparée du roman grec en France et en Angleterre aux XVIe et XVIIe siècles, , Champion , 1997.
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Les données socio-économiques proviennent de la base de données « Cambridge Econometrics ». Les données sur la répartition régionale des fonds structurels proviennent du 11eme rapport annuel sur les fonds structurels (1999). Nous avons utilisé les données de « European Election Database » pour la construction des variables politicoéconomiques afin de prendre en compte les hypothèses présentées dans la section précédente. La typologie des structures de gestion des fonds structurels est issue des travaux de Bachtler (2008). Bien que cette typologie est sujette à débat, elle nous permet toutefois de tester les deux régimes extrêmes de notre modèle. Les variables socio-économiques sont : – le produit intérieur brut par habitant en 1995 euro (PIB p.c.). Selon la logique redistributive de la politique de cohésion, nous attendons un effet négatif sur le montant des fonds. – le taux de chômage en pourcentage de la population active régionale (tx chômage). Une région caractérisée par un fort taux de chômage devrait recevoir une somme élevée de fonds. Nous nous attendons à obtenir un effet positif. ques – la part de la population active dans la population totale en pourcentage de la population totale (pop. active). Cette variable nous permet de contrôler la structure démographique de la population régionale. – la part de l'emploi agricole dans l'emploi total en pourcentage (emp. agricole). Cette variable est un proxy des fonds versés à une région au titre de la PAC. Nous souhaitons contrôler l'idée selon laquelle les régions à emploi agricole élevé reçoivent moins de FS pc puisque nous supposons qu'elles auront reçu des aides au titre de la PAC. Nous introduisons les variables politico-économiques suivantes afin de contrôler des éventuelles manipulations de l'allocation des fonds par les Etats Membres et les institutions européennes : – nous utilisons l'intensité de la compétition électorale au niveau régional lors des élections parlementaires nationales (en pourcentage) afin de contrôler pour l'hypothèse de « l'électeur indécis ». Nous nous attendons à un effet positif de cette variable (plus l'intensité de la concurrence électorale est élevée dans une région, plus elle devrait recevoir une quantité élevée de FS pc). Cette variable est construite à partir de la différence en valeur absolue des votes reçus par les deux principaux partis (cdiff ). – Afin de contrôler des phénomènes liés à la surreprésentation au sein des parlements, nous introduisons une variable mesurant le nombre total de sièges régionaux par habitant au sein de la majorité parlementaire de chaque Etat Membre (majreppc). Nous nous attendons à un impact positif de cette variable. Malheureusement, nous n'avons pas la possibilité de contrôler l'hypothèse partisane car nous ne disposons pas des données nécessaires sur les élections locales. 3.4 Analyse empirique Nous considérons plusieurs définitions pour la construction de la matrice de pondération spatiale (W ). La première est définie à partir de la notion de contiguı̈té :      wij = 1        w=0      si i et j ont une f rontière commune ∀ i 6= j     sinon    si i = j La définition précédente peut apparaı̂tre trop générale sur la façon dont l'information sur les montants des fonds reçus est disponible à l'égard des citoyens. En effet, la simple contiguité ne rend pas compte de facteurs socioculturels pouvant limiter la diffusion de l'information nécessaire. La barrière linguistique, ou plus généralement les frontières des Etats Membres peuvent être un exemple de ces facteurs limitant la diffusion de l'information. De ce fait, nous définissons l'interaction spatiale à partir de l'appartenance au même Etat Membre :     w ij = 1 si i et j appartiennent au même EM ∀ i 6= j    w = 0 sinon Cette définition reste toutefois très discutable car elle peut également capter des effets liés à un processus de concurrence entre régions au sein du même Etat Membre dans leurs demandes de fonds. Néanmoins, nous utiliserons cette matrice afin de contrôler des effets du niveau moyen par état membre des différentes variables de contrôle. Finalement, nous construisons une matrice combinant les deux matrices précédentes. Allocation des fonds structurels européens et interactions stratégiques 3.4.4 Résultats Dans la table 3.1, nous présentons les estimations de l'equation (3.4.1), sans prendre en compte les interactions stratégiques. Comme attendu, le niveau de richesse par habitant (taux de chômage) affecte négativement (positivement) le montant des fonds reçus par une région. On peut également noter que la sur-représentation d'une région au sein de la majorité parlementaire de son Etat Membre est associée positivement avec le montant des fonds. Ces résultats sont consistants avec les logiques présentées par Kemmerling et Bodenstein (2006), ou encore Bouvet et Dall'erba (2010), puisque le processus d'allocation des fonds semble être affecté aussi bien par des déterminants socio-économiques que par des facteurs politico-économiques (surreprésentation de certaines régions au sein des majorités). Ces derniers facteurs relèvent de caractéristiques institutionnelles et politiques au sein de chaque Etat Membre qui viennent distordre l'allocation des montants reçus par rapport à la logique redistributive. Cependant, nous détectons la présence d'autocorrélation spatiale à partir d'un test de Moran sur les résidus (table 3.1). Ce résultat soutient notre hypothèse faite sur l'existence d'interactions entre régions dans l'allocation des fonds structurels. Afin d'en savoir davantage sur la forme de cette autocorrélation, nous appliquons la stratégie proposée par Anselin (1995). Cette stratégie consiste à détecter la forme d'autocorrélation spatiale la plus appropriée à notre modèle. Le test SARMA confirme les résultats du test de Moran et l'omission à tort d'une forme inconnue d'autocorrélation spatiale (table 3.2, p. 84). 3.4 Analyse empirique MCO PIB p.c. -0.28* -2.46*** (-1.61) (-5.41) (-5.41) 1.45*** 0.83** 0.83** (6.01) (2.90) (2.90) 8.76*** 11.03** 11.03** (2.76) (3.14) (3.14) 8.77 1.91 1.91 (5.97) (1.13) (1.13) cdiff 0.17 0.17 (1.33) (1.33) majreppc 0.67*** 0.67*** (3.83) (3.83) 1.08 21.69*** 21.69*** (1.24) (5.02) (5.02) tx chômage pop. active emp. agricole constante -2.46*** R2 0.41 0.59 0.59 Imoran 5.7126 2.3716 2.3716 p.c.Imoran (<0.01) (0.01) (0.01) N 152 152 152 Tab. 3.1: Estimations sans interactions spatiales Wcont LMe RLMe LMlag RLMlag SARM A 1.50 3.95 2.44 4.58 4.594 probabilité critique 0.22 0.05 0.11 0.03 0.03 H0 λ=0 λ=0 ρ=0 ρ=0 ρ=λ=0 Tab. 3.2: Tests de spécifications spatiales Allocation des fonds structurels européens et interactions stratégiques Nous privilégions une forme avec une variable spatialement autorégressive (SAR) pour deux raisons. En nous appuyant sur la règle de décision proposée par Anselin (1995), nous rejetons la forme pour laquelle les probabilités critiques associées au LM et RLM sont les plus significatives. La comparaison de ces résultats sur un processus où les erreurs sont spatialement autorégressives (LM-e et RLM-e) avec ceux obtenus avec une variable spatialement autorégressive (LM-lag et RLM-lag) indique que cette dernière forme est la plus adéquate dans notre cas (table 3.2). Le choix de la forme d'autocorrélation spatiale à partir de ces tests reste toutefois très fragile. Dans notre cas, nous suspectons la possibilité de plusieurs sources d'autocorrélation spatiale. Ces sources peuvent revêtir des formes différentes. Par exemple, nous ne pouvons négliger l'impact des caractéristiques du voisinage sur le montant des fonds reçus par une région donnée (W X). Les résultats fournis par l'estimation de l'équation (3.4.1) sont plus surprenants (table 3.3). En premier lieu pour une région donnée, le montant des fonds reçus par une région semble négativement lié ( ̃-0.1) avec ceux reçus par son voisinage (table 3.3, colonnes 1,2,4 et 5). Le signe d'une telle relation apparaı̂t à première vue en contradiction avec l'hypothèse de concurrence par comparaison. L'introduction des variables explicatives spatialement décalées modifie à la fois le signe de cette relation (qui devient significativement positive) et l'intensité de l'interdépendance, puisque les coefficients sont désormais compris entre 0.2 et 0.5. Nous interprétons cette instabilité du signe de l'interaction comme la possibilité que l'estimation de celle-ci résulte de la combinaison de plusieurs sources : – un effet négatif lié à un mécanisme de compétition entre les régions pour une ressource rare (ici l'aide au développement), 85 3.4 Analyse empirique – un effet positif lié au mécanisme de concurrence par comparaison entre décideurs locaux dans la demande d'aide au développement. Afin déterminer si le second effet est effectivement à l'oeuvre, nous introduisons la stratégie décrite en section 3.4.1. Avant toute chose, nous pouvons noter que l'interprétation des résultats reste similaire, quelle que soit la méthode d'estimation employée (produit croisé ou modèle à deux régimes spatiaux). Toutefois, les résultats du test de Sargan sur la méthode du produit croisé impliquent le rejet d'une bonne identification par les instruments utilisés (probabilité critique associée égale à 0.01). Par conséquent, nous nous concentrerons sur les résultats fournis à l'aide de la seconde méthode. L'estimation de deux régimes pour la variable spatialement autorégressive (l'un pour les régions où la gestion est déléguée à un gouvernement local, l'autre non) apporte des résultats en faveur de l'existence d'un mécanisme de concurrence par comparaison entre régions dans la demande d'aide au développement. En effet, l'interaction n'est pas significative dans le cas où la gestion n'est pas déléguée à des gouvernements locaux alors que celle-ci est significativement positive dans le cas d'une gestion décentralisée (0.26). La différence entre les coefficients des deux régimes est toujours significative (table 3.4, « Diff »). L'introduction des W X (table 3.4, colonnes 3 et 4) n'affecte ni le signe ni la significativité du coefficient associé au second régime. L'intensité de l'interaction est toutefois plus modeste, le coefficient varie entre 0.22 (lorsque les W X sont construites à partir de la matrice de contiguité) et 0.13 (lorsque les W X sont construites en fonction de l'appartenance à un même Etat Membre). SOCIO-ECO VI sans contrôle PIB p.c. POLITICO-ECO MV VI MV sans contrôle contrôle Wcont X sans contrôle sans contrôle contrôle Wcont X -2.20*** -0.30* 0.07 -3.15*** -1.88*** -1.94*** (-6.67) (3.08) (0.20) (-5.17) (14.59) (14.18) tx chômage 0.66*** 1.44*** 1.82*** 0.54** 0.99*** 1.33*** (2.68) (33.13) (38.44) (1.97) (12.91) (16.60) pop. active 8.14*** 8.70*** 1.26 9.51** 10.92*** 6.01 (3.05) (7.69) (0.20) (2.95) (11.04) (2.89) emp. agricole 4.86*** 8.43*** 6.92*** 3.38** 3.39** 3.09** (3.28) (30.33) (25.53) (2.05) (4.45) 4.03 cdiff majreppc W SF pop constante -0.09* 0.07 0.15 -0.04 (1.52) 0.09) 0.16 0.96*** 0.39** (1.49) (25.18) 4.14) -0.27 -0.10** 0.2** (-1.81) (1.97) (29.71) (-1.26) (3.86) (3.85) 22.53*** 1.01 0.44 31.63 15.30 18.98 W PIB p.c. W tx chômage R2 0.49*** 0.40*** (3.28 -0.52*** -0.11 (5.73) (0.18) -1.45*** -1.10 (12.66) (5.44) 0.44 0.44 log-likehood -247.51 Sargan 14.76 (0.002) N 135 -215.38 -148.97 -141.81 104 104 19.96 (0.001) 152 152 135 Tab. 3.3: Estimations de l'équation (3.4.1) L'utilisation d'une matrice « appartenance à un même Etat Membre » permet de déterminer dans quelle mesure les variables mesurées en moyenne nationale peuvent affecter les résultats (table 3.4, colonne 4). Nous observons que le niveau de PIB pc moyen d'un Etat Membre affecte négativement le montant des fonds reçus par ses régions (0.57). Le taux de chômage moyen par Etat Membre semble affecter négativement le montant des fonds reçus par les régions (-0.83). 3.4 Analyse empirique Produit croisé Deux régimes VI MV sans contrôle PIB p.c. sans contrôle contrôle Wcont X contrôle CX -2.26*** -0.19 -0.12 0.19 (-3.84) (-1.33) (-0.86) (0.75) tx chômage 0.78*** 1.51*** 1.26*** 1.54*** (2.94) (6.15) (5.05) (5.23) pop. active 7.60*** 10.23*** 9.06*** 0.26 (2.67) (3.37) (3.06) (0.06) emp. agricole 3.63** 8.32*** 6.48*** 4.91*** (2.42) (5.81) (4.20) (2.87) cdiff majreppc 0.16 0.10 0.14 (1.62) (1.10) (1.11) 0.14 0.29*** 0.39 (1.12) (2.70) (1.52) spatial lag GDP -0.57* (-1.81) W tx de chômage -0.83* (-1.87) W W SF pop SF pop ∗reg 0.78** (2.35) non -0.16 -0.04 0.26*** (-0.69) (3.16) (-0.47) Diff constante R2 N non -0.05 (-0.81) oui 0.22*** (2.71) non oui -0.06 0.13* (-1.08) 1.71) -0.30 (-2.89) -0.27 (-2.63) -0.20 (-2.02) -3.78** -1.67*** -1.84*** -1.42*** 0.57 0.45 0.49 0.54 -243.33 -238.30 -228.52 log-likehood Sargan oui 49.69 (0.01) 135 72 80 72 80 72 80 Tab. 3.4: Estimations des équations (3.4.2) et (3.4.3) Les W X construites à partir de la matrice de contiguité n'affectent pas significativement le processus d'allocation des fonds structurels (table 3.4, colonne 2). Allocation des fonds structurels européens et interactions stratégiques Pondération EM (C) Pondération mixte (Wmixed ) sans contrôle contrôle CX sans contrôle contrôle Wmixed X 0.06 0.18 -0.08 0.23 (0.40) (0.82) (-0.54) (0.92) 1.13*** 1.68*** 1.17*** 1.48*** (4.85) (6.43) (4.66) (4.96) PIB p.c. tx chômage pop. active emp. agricole 4.05 -1.44 7.87*** -0.99 (1.48) (-0.40) (2.65) (-0.24) 5.89*** 5.20*** 6.58** 4.93** (4.07) (3.44) (4.23) (2.85) 0.05 0.19* 0.12 0.19 (0.68) (1.68) (1.30) (1.41) 0.28*** 0.40** 0.28*** 0.36 (2.75) (1.79) (2.58) (1.37) cdiff majreppc W PIB p.c. W tx chômage -0.18 -0.60* (-0.61) (-1.88) -1.29*** -0.83* (-3.19) (-1.84) décentralisation W SF pop Diff non oui non oui non oui non oui 0.05 0.57*** 0.02 0.60*** -0.02 0.15** -0.02 0.07 (0.40) (6.49) (0.07) (6.15) (-0.29) (2.02) (-0.35) -0.58 (-2.42) -0.16 (-1.73) -0.10 (-1.05) -3.18*** -3.37*** -1.27*** -0.89** constante R2 log-likehood N (1.08) -0.53 (-3.77) 72 0.56 0.64 0.47 0.54 -229.72 -271.11 -239.90 -229.86 80 72 80 72 80 72 80 Tab. 3.5: Sensibilité des résultats à la définition de la matrice de pondération spatiale (équation (3.4.3)) Afin de tester la sensibilité de l'interaction à la définition de la matrice de pondération spatiale, nous effectuons les estimations avec une variable spatialement autorégressive construite à l'aide des matrices « appartenance à un même Etat Membre (C) » et une combinaison de celle-ci matrice de contiguité (Wmixed ). L'interaction au sein d'un Conclusion même Etat Membre est plus intense pour les Etats Membres qui ont délégué la gestion des fonds à des gouvernements locaux (table 3.5). 3.5 Conclusion Ce chapitre propose une explication institutionnelle de l'interaction spatiale de l'allocation des fonds structurels européens. Nous mettons en oeuvre une stratégie d'estimation permettant d'identifier la part des interactions causées par un mécanisme de concurrence par comparaison entre les régions dans leur demande d'aide au développement. Nous étayons notre identification empirique sur les résultats issus d'un modèle d'agence politique (Sand-Zantman, 2003), dans lequel nous endogénéisons la décision de l'électeur d'utiliser le mécanisme de concurrence par comparaison par l'acquisition d'une information sur la réalisation des chocs économiques du voisinage. Nous démontrons que cette décision est affectée positivement par le degré de décentralisation de la politique. Dans le cadre de la politique de cohésion, cette proposition permet d'identifier si l'interaction est due à un mécanisme de concurrence par comparaison en utilisant le choix des Etats Membres de décentraliser ou pas la mise en oeuvre de cette politique. A l'aide d'une spécification spatialement autorégressive à deux régimes, nous montrons que la différence entre les deux régimes (l'un pour les régions où la gestion est déléguée à un gouvernement local, l'autre non) est toujours significative et en faveur de l'existence d'un mécanisme de concurrence par comparaison entre régions dans la demande d'aide au développement. Annexes : démonstrations A. Lemme 1 Démonstration. La condition de premier ordre (CPO) donne : 2 2 ∂Vi! λ 0 λ(li −li ) √ e−(λ(li −li )) /2σ − 1 = 0 = 0 ⇔ −R − σ Φ − 1 = σλR ∂li σ 2π La condition de second ordre (CSO) s'écrit : λR √ λ(li σ 3 2π − li )e−(λ(li −li )) 2 /2σ 2 Le signe de la dérivée seconde dépend du signe du deuxième terme ((li − li )). Si li ≥ li la CSO est positive, ce qui implique que la fonction est convexe Le gouvernement local choisit donc entre un niveau d'effort nul et un niveau li Si la fonction est croissante alors li 0 = li. Si la fonction est décroissante alors li 0 = 0. Pour un effort nul, la fonction objectif du gouvernement s'écrit : ∂Vli =0 ∂li = ∂Vli =0 ∂li √ e−(λ(li )) ≤ 0 => σλR 2π −(λ(li ))2 2σ 2 √ Si σλR2π Si σ ≤ 2 2 λR √ e−(λ(li )) /2σ σ 2π ≤ ln √ σ 2π λR 2 /2σ 2 λR √ σ 2π alors on a toujours −(λ(li ))2 ≥ ln 2σ 2 r √ σ 2ln σλR2π λ on a On pose L = ≤1 > 1 i.e. σ ≥ λR √ σ 2π −1 ∂Vli =0 ∂li < 0 et li 0 = 0. √ σ 2π λR Si li est grand (supérieur à L) alors ∂Vli =0 ∂li < 0 et li 0 = 0. Si li ≤ li la CSO est négative, la fonction est concave. La CPO s'écrit : 2 2 2 λR √ e−λ (li −li ) /2σ σ 2π −1=0 91 3.5 Conclusion 2 (l √ e−λ ln( σλR 2π ln λR √ σ 2π 2 2 i −li ) /2σ )=0 2 (l + ln e−λ λ2 (li − li )2 = 2σ 2 ln 2 2 i −li ) /2σ λR √ σ 2π =0 Posons X = λ2 (li − li )2 r Nous obtenons 2 solutions λ(li − li ) = +/ − 2σ 2 ln λR √ σ 2π On a λ > 0 mais aucune information sur le signe de (li − li ). Si l'on pose une aversion au risque du gouvernement local, ceci implique λ(li − li ) < 0. r λ(li − li ) = − 2σ 2 ln λR √ σ 2π Comme λ(li − li ) < 0 on a une solution unique : √ √ ) ⇔ li0 = li + λ1 A en posant A = 2σ 2 ln( σλR 2π On a λR √ σ 2π λR √ 2π ≤ 1 pour σ ≥ et donc on peut résumer le comportement du gouver- nement local en fonction du seuil de réélection et conclure dans tous les cas : li0 = 0 pour σ ≥ √λR 2π √ li0 = li + λ1 A pour σ ≤ λR √ 2π B. Proposition 1 Dé monstration. Le niveau d'effort qui détermine la règle de décision est défini par : Vli =li? ≥ Vli =0 (IC(A, σ)) ce qui revient à : R 1−Φ √ − A σ √ − li − A λ ≥R 1−Φ λl i σ On tient en réorganisant : −Φ √ − A R σ √ − A λ ≥ li − Φ λl i σ R On cherche li qui incite le gouvernement local à produire un effort positif. On pose : F (li ) = −li + Φ 92 λl i σ R−Φ √ − A R σ √ − A λ Al location des fonds structure ls européens et interactions stratégiques Notre objectif est d'analyser la fonction F (li ) afin de déterminer une valeur de li > 0 qui sature IC(A, σ). On remarque que : F (li ) = 0 pour li = ∂F ∂li = −1 + 2 2 2 λR √ e−λ li /2σ σ 2π λ2 li 2 = 2σ 2 ln ⇔ l?i = √ − A λ √ − A λ λR √ σ 2π =0 √ ou A λ La CSO d2 F d2 li √ λli e−λli = − σ3λR 2π 2 /2σ 2 d2 F λR −li 2 /2σ 2 √ = − λl e i {z } | d2 li σ 3 {z2π } | ∀li ≤ 0 ≥0 ≥0 ∀li ≥ 0 ≤0 ≥0 ∀li ≤ 0 la fonction F est convexe, et atteint un minimum en √ − A. λ De plus, on sait que la valeur de ce minimum est nulle (F (li ) = 0). Par conséquent F ≥ 0 pour li ≤ 0 et F (0) > 0. ∀li ≥ 0 F est strictement concave, il existe donc une seule solution √ à l'équation F (li ) = 0 pour li ≥ 0. Nous savons que cette valeur est supérieure à A λ (puisque F atteint un maximum pour cette valeur). Il existe une valeur li > 0 solution de l'équation F (li ) = 0 i.e. qui sature la contrainte √ d'incitation. On sait que cette valeur est supérieure à A. λ 93 3.5 Conclusion C. Proposition 2 Démonstration. L'effet d'une variation de σ sur la variation de la règle réélection, et du niveau d'effort du gouvernement central est donnée par (théorème des fonctions implicites) : ∂li ∂σ ∂F/∂σ = − ∂F/∂l i De plus, on sait que ∂F/∂li < 0 autour de l'équilibre. √ 0 2 l 2 /2σ 2 2 A(σ,.) − ∂F R −λ i = − σ2 √2π λli e −R. √12π e−A/2σ − ∂σ σ 2 √ 2 √ 0 −2σ σ λR √ √ ln +√ + A − A(σ,.) σ 2π A A = 2 σ σ = = ∂F ∂σ ∂F ∂σ ∂F ∂σ ∂F ∂σ A0 (σ,.) √ A(σ,.) 2λ √ −A σ2 √ +√ + A A A σ2 √1 A 2 l 2 /2σ 2 i R = − σ2 √ λl e−λ 2π i 2σ 2 ln( 2 l 2 /2σ 2 i R = − σ2 √ λl e−λ 2π i 2 l 2 /2σ 2 i R λl e−λ = − σ2 √ 2π i − 2 l 2 /2σ 2 i √ λRσ 2π = − σ2 ∂F ∂σ ∂li ∂σ <0 2π = λli e ∂F/∂σ − ∂F/∂l i − σ √ σ λR √ ) 2π λ λ σ 2σ(2ln( σ σ λR √ )−1) 2π q λ2 2σ 2 ln( 2π λR − q (2ln( 2ln( σ σ − q q 2ln(. √12π e| −A/2σ {z } − σ(2ln( λR √ ) σ 2π λR 1−2ln( √ )+1 σ 2π λ −λ2 li 2 /2σ 2 2ln( 2ln( q R √ λR √ ) 2π 1 − q − σ √ Rσ q 2π λ R = − σ2 √ λl e−λ 2π i ∂F ∂σ 2 1 − Rq σ λR √ ) 2π λR √ )−1) 2π 2σ 2 ln( σ λR √ ) 2π λR √ )−1) 2π 2ln( σ λR √ ) 2π λ √ ) 2π λR √ ) 2π λ <0 La variation de σ a un effet négatif sur li. De plus, l'effet de la variation de la variance du choc sur le niveau d'effort s'écrit : ∂li ∂σ = ∂li ∂σ + 1 λ 0 A (σ,.) √ 2 A(σ,.) Si A0 (σ,.) < 0 alors ∂li ∂σ <0 Si A0 (σ,.) > 0 quel effet domine l'autre? On multiplie le tout par ∂li ∂σ 94 = 1 − ∂F/∂l i ∂F ∂σ − ∂F 1 ∂li λ ∂F/∂li ∂F/∂li : A0 (σ,.) √ 2 A(σ,.) Allocation des fonds structurels européens et interactions stratégiques ∂F ∂li = 2 2 λR √ e−λli /2σ σ 2π −1  ∂li ∂σ 1 R − √ = − ∂F/∂l λl e σ 2 2π i i  ∂li ∂σ 1 R − √ = − ∂F/∂l λl e σ 2 2π i i  ∂li ∂σ R 1 − √ λl e = − ∂F/∂l σ 2 2π i i λli 2 − 2 2σ − q λ λli 2 − 2 2σ − q λR √ ) σ 2π 1 √ 2ln( λR ) σ 2π λ λli 2 − 2 2σ 1 2ln( − − A0 (σ,.) √ A(σ,.) 2λ A0 (σ,.) √ A(σ,.) 2λ − − λR √ e−λli σ 2π A0 (σ,.) √ A(σ,.) 2λ 2 /2σ 2 −1 A0 (σ,.) √  − q 1 √ 2ln( λR ) σ 2π λ − A0 (σ,.) √ A(σ,.) 2λ − A0 (σ,.) √ 2λ 2 2 λR √ e−λli /2σ A(σ,.) σ 2π + A0 (σ,.) √ 2λ     λli 2 R 1 λR −λli 2 /2σ2  A0 (σ,.)   − 2 √ e − √ λli e 2σ − q  − q λR  σ 2 2π  √ σ 2π λ 2ln( ) 2λ A(σ,.)  σ 2π | {z } | {z } <0 <0 | {z } 1 =− ∂F/∂li <0 D. Proposition 3 Démonstration. L'effet d'une variation de λ sur la variation de la règle de réélection, et du niveau d'effort du gouvernement central est donnée par (théorème des fonctions implicites) : ∂li ∂λ ∂F/∂λ = − ∂F/∂l i De plus, on sait que ∂F/∂li < 0 autour de l'équilibre. ∂F ∂λ = R √ le σ 2π i λ2 li 2 − 2σ 2  + A0 (λ,.) √ 2σ √ e A(λ,.) 2π A(λ,.) − 2σ 2 − 0 A (λ,.) √ 2 A(λ,.) √ λ− A(λ,.)   λ2    2σ 2 = R √ le σ 2π i λ2 li 2 − 2σ 2 2σ 2 λ + 2σ q 2σ 2 ln( √ λR √ ) σ 2π √ 2σ 2 ln( λR ) σ 2π − 2σ 2 e 2π λ−  q  2λ 2σ2 ln( λR √ )  σ 2π −  λ2    = R √ l e− σ 2π i λ2 li 2 2σ 2 + 2σ 2 q 2σ 2 λ 2ln( σ λR √ 2π    −1  >0 ∂li ∂σ A(σ,.) 2 2 2 λR √ e−λli /2σ σ 2π  ∂li ∂σ 1 λ √ e ) 2π −ln( σ λR √ ) 2π q2σ  2σλ  −  2λ −σ √ 2ln( λR ) σ 2π λ2 q 2ln( σ q 2σ 2 ln( λR √ ) 2π σ λR √ ) 2π             95 A(σ,.)  3.5 Conclusion  = = = = R √ l e− σ 2π i R √ le σ 2π i R √ le σ 2π i R √ le σ 2π i λ2 li 2 2σ 2 + q λ λ2 li 2 − 2σ 2 λ2 li 2 − 2σ 2 λ2 2 − 2σ 2 1 2ln( σ √ λR √ ) 2π eln( σ √ 2π ) λR q 2ln( √ λR √ ) σ 2π 2π − q λ2  σ + λ2 R q 2ln( λR √ ) σ 2π σ λ2 R q 2ln( λR √ ) σ 2π − σ 2ln( λR √ ) σ 2π λR √ ) σ 2π λ2 λR √ ) σ 2π 2ln(  + σ σ−σ2ln( − q σ(1−2ln( λ2 q 2ln( σ λR √ ) 2π −      q 2ln( λ2 σ λR √ ) 2π     λR √ )) σ 2π 2ln( q λ2  σ 2π λ2 R −σ √ ) 2ln( λR σ 2π    − 2π √ + σ q λR √ ) σ 2π   √ )). Le signe dépend directement de −(1 − 2ln( σλR 2π Nous étudions pour quelles valeurs des paramètres (σ puis R) l'effet est toujours positif. L'effet est toujours positif pour : √ ) ≤ 0 1 − 2ln( σλR 2π √ ) ≥ 1 2ln( σλR 2π √ ) ≥ ln( σλR 2π 1 2 1 λR √ σ 2π ≥ e2 √ 1 λR ≥ σ 2πe 2 σ≤ ∂F ∂λ λR 1√ e2 2π >0∀σ≤ λR 1√ e2 2π Cette valeur de σ couvre une grande partie du domaine de définition de l'équilibre définie par le comportement du gouvernement local (σ ≤ On peut également montrer que cet  effet est positif  pour : ∂F ∂λ λ li 2 = R √ l e− 2σ2 σ 2π i + λli 2 = R √ l e− 2σ2 σ 2π i + λ2 R λli 2 = R √ l e− 2σ2 σ 2π i 1−R≥0 96 + λ2 R σ−σ2ln( σ λ2 R q 2ln( qσ−σR 2ln( σ λR √ ) 2π σ(1−R) q 2ln( σ λR √ ) σ 2π λR √ ) 2π + + − q λ2 2σln( λ2 2ln( λR √ ) 2π q 2ln( 2σln( λ2 σ σ σ σ λR √ ) 2π λR √ ) 2π q 2ln( σ λR √ ) 2π λR √ ) 2π λR √ ) σ 2π  λR √ ). 2π Allocation des fonds structurels européens et interactions stratégiques ∂F ∂λ >0∀R≥1 ∂li ∂λ Par consèquent, >0 On obtient l'effet sur le niveau d'effort à partir de : ∂li ∂λ = ∂li ∂λ + 1 λ A(λ,.) 0  ∂li ∂λ = ∂li ∂λ A (λ,.) √ = ∂F/∂λ ∂F/∂li √ λ−  ∂li ∂λ ∂F/∂λ = − ∂F/∂l i 0 A (λ,.) √ A(λ,.) 2 + √ A(λ,.) λ− 0  1 ∂F/∂λ − ∂F/∂li  = − ∂F/∂l i    λ2  1 = − ∂F /∂l i  A(λ,.) λ2 Ce qui donne  : ∂li ∂λ A(λ,.) 2 + on sait que : i0 h q A (λ,.) √  σ + λ2 R p 2ln( λR √ ) σ 2π Nous savons également que : ∂F ∂li − = En remplaçant, nous obtenons :   σ√R2π li e− 2σ2  1 = − ∂F /∂l i  + −  σ√R2π li e  λ− σ + λ2 R p 2ln( λR √ ) σ 2π − σ + λ2 R √ A(λ,.) p 2ln(   − λ2 λR √ ) σ 2π λ− − √ ∂li ∂λ  σ√R2π li e− 2σ2 > 0 ∀σ ≤ λ2 R p 2ln( λR √ ) σ 2π √ A(λ,.)     − ∂F/∂li  λ− √ A(λ,.) λ− λ− √ A(λ,.)   λ2   − −1 √ A(λ,.) h −λli 2 /2σ 2 λR √ e σ 2π i −1  λ− √ A(λ,.)   h −λli 2 /2σ 2 λR √ e σ 2π λ2 λ− √ A(λ,.) i   h  −λli 2 /2σ λR √ e σ 2π i 2  λR 1√ e2 2π Corrolaire : La fonction d'utilité de l'électeur est strictement croissante avec l'effort produit par le gouvernement local. ∂yi ∂λ   λ2  λ2  − λ− λ2   σ +  λ2 λli 2 λ2 A(λ,.) Ce qui donne finalement :  1 = − ∂F /∂l i 2 2 λR √ e−λli /2σ σ 2π  λli 2 2σ 2  A(λ,.)    λli 2 1 = − ∂F /∂l i √ λ− λ2 λli 2  σ√R2π li e− 2σ2 A(λ,.) 2 i = li (λ,.) + λ ∂l ∂λ 97 3.5 Conclusion E. Pro position 5 Démonstration. Afin de prouver la première partie de cette proposition, il nous suffit de déterminer si σ ≥ ν, puisque cette inégalité implique une hausse du niveau d'effort produit par le gouvernement et déterminé par l'électeur dans la règle i de réélection( ∂l < 0). Enfin le dernier terme est également négatif pour λ ≤ √ σ 2π R−1 e 2. R Par définition, 0 < λ < 1 : nous pouvons donc rechercher un intervalle de σ (fonction des autres paramètres) pour lequel conséquent, 98 ∂2F ∂λ∂σ est toujours négative. Par − Allocation des fonds structurels européens et interactions stratégiques  √    σ 2π e R−1 2 ∂ 2F 2 R <0 ∀ ≤λ≤ λR  ∂λ∂σ 2ln( σ√2π ) + 3   2σ3 | {z ≤0 ∀ 3 σ≤ √λR e− 2 2π } li2 (R−1) R λ ≤ 1 ∀ σ ≥ √ e− 2 2π Nous cherchons à montrer que cet intervalle n'est pas vide. √ Nous savons par la proposition 1 que li > λ≤ 1≤ 2σ 3 2 λ A <=> 1 ≤ σ ln( λR √ ) σ 2π A λ donc 1 li 2 < λ2. A 2σ 3 λ A √ ) ≥ 0 λ <=> λσ − ln( σλR 2π <=> λ2 ln( σσ ) ≤ σ <=> λ2 ln(σ) ≤ σ + λ2 ln(σ) 2 2ln( λR √ )+3 σ 2π 1 √ ln( λR ) σ 2π 3 2 + ≤0 2 3 ≤ 0 <=> 1 ≤ √ ) <=> e ≤ ln( σλR 2π √ ln( σ 2 3 λR √ ) 2π √ ) ln( σλR 2π 3 ≥ e2 R−1 Enfin λ ≤ σ R2π e 2 ≥ 1 pour σ ≥ √R2π e− √ 3 3 λR ≥ σ 2πe 2 <=> σ ≤ √λR e− 2 où σ = 2π e− (R−1) 2 ≤ σ σ (R−1) 2 λR √ 2π 3 ≤ e− 2 Cet intervalle n'est pas vide pour R ≥ 4. F. Proposition 6 Démonstration. La condition d'acquisition du signal (I) est saturée pour un coût d'ach i quisition du signal : Eχi yiC − CI − yi0 = 0 ce qui donne : h i CI = Eχi yiC − yi0 99 3.5 Conclusion G. Proposition 7 Démonstration. Nous cherchons à connaitre l'effet de la variation du degré de décentralisation de la politique sur la décision de l'électeur d'acquérir de l'information (I? ) : ∂yi1 ∂yi 0 ∂I? = − ∂λ {z } {z } |∂λ |∂λ li1 +λ = = li1 li1 ∂l1 i ∂λ +λ − li0 ∂li1 ∂λ li0 +λ +λ − li0 ∂li1 −λ − ∂λ ∂l0 i ∂λ ∂li0 ∂λ ∂li0 ∂λ | {z } >0  ∂li1 = li1 − li0 + λ  ∂λ − ∂li0 ∂λ ν 1−2ln( + | {z } σ λR √ ) 2π λ2 >0 q −σ 1−2ln( 2ln( λR √ ) σ 2π  σ λR √ ) 2π            1 √ )   ∂l ∂li0 σ(1 − ρ) 1 − 2ln( σλR   i 2π 1 0 q − +  = li − li + |{z} λ  λR   ∂λ 2 | {z } ∂λ √ λ 2ln( )   | {z } >0  σ 2π >0 | {z } >0     Si ∂ 2 F ≤0 >0 ∂λ∂σ 1 λR e− 2 ∀ σ≤ √ 2π Nous savons à partir de la précédente proposition que termédiaire de σ ∀ (R−1) √R e− 2 2π ≤σ≤ ∂2F ∂λ∂σ ≤ 0 pour un niveau in- λR − 32 √ e. 2π Pour ce même intervalle, la décision d'acquisition de l'information est monotone croissante avec le degré de décentralisation. Chapitre 4 Renforcer le potentiel de développement des régions européennes : Quels effets de la politique de cohésion sur la convergence des régions? 1 « Il est impossible de se tenir debout en ce monde sans jamais se courber. » Proverbe japonais 4.1 Introduction Les investissements subventionnés par la politique de cohésion européenne visent à améliorer la position concurrentielle des régions en les encourageant à fournir des biens et services publics. Les investissements destinés à accroı̂tre le potentiel de développe1 Ce chapitre est issu d'un working paper (en collaboration avec Salima Bouayad-Agha et Nadine Turpin) en révision. Je remercie les participants de « International Conference of the Regional Studies Association »(Pécs, mai 2010), du « 9eme Workshop of Spatial Econometrics »(Orléans, Juin 2010) ainsi que les deux relecteurs anonymes pour leurs commentaires. 4.1 Introduction ment d'une région, tels que les réseaux de transports et d'énergie, l'environnement, la recherche et développement, l'éducation et la formation professionnelle sont prioritairement ciblés par cette politique. En d'autres termes, la politique de cohésion favorise le développement régional par divers moyens, comme l'amélioration de la compétitivité des entreprises et des infrastructures publiques, l'accès au marché du travail, le soutien à l'innovation ou bien encore le développement durable. Cette politique trouve son origine dans l'accroissement des disparités de développement consécutif aux différentes vagues d'élargissements de l'Union européenne. La politique est utilisée comme un moyen de réduire ces disparités. De ce fait, elle oriente ces fonds sur un nombre limité « d'interventions » et privilégie une concentration des investissements vers les régions les moins développées. En effet, le budget qui est alloué aux régions les moins développées (régions de l'Objectif 1) représente 79% des fonds totaux alors que ces régions ne représentent qu'environ 25% de la population européenne (période 2000-06). La politique de cohésion ne finance que partiellement les biens publics fournis, la contrepartie devant être financée par des investissements publics nationaux ou privés. Par ce schéma d'intervention, la politique ne cherche pas à se substituer aux investissements nationaux, mais à permettre le financement de projets qui n'auraient pas pu être financés par ailleurs. Au delà d'une simple aide à l'investissement, elle vise à impliquer fortement les acteurs locaux publics et privés dans la conception et l'exécution de la politique de développement régional. Ce modèle de gouvernance permet aux régions de sélectionner les « projets » ou « investissements » qu'elles jugent les plus appropriés pour favoriser leur développement économique (« -based » policy). La politique a été renouvelée pour 7 ans en 2007. Un débat a été lancé en vue de l'amélioration de sa mise en oeuvre, basée sur une consultation publique, sur le réexamen du budget et de la stratégie territoriale de la politique de cohésion (Commission 102 Impact de la politique de cohésion et convergence au sein de l'UE-15 européenne, 2008). Elle a en effet fait l'objet de nombreuses critiques en raison de son coût budgétaire important comparé à son efficacité apparente. Ce chapitre évalue l'impact de la politique de cohésion sur le processus de convergence des régions européennes sur la période 1980-2005. En dépit d'une littérature croissante traitant de l'efficacité de la politique de cohésion sur le développement économique, on observe des résultats divergents. Cette divergence peut être expliquée par les données utilisées, la spécification empirique du modèle ainsi que par la stratégie d'estimation (Arbia et al. (2008) ; Esposti et Bussoletti (2008)). Dans certains cas, les résultats sont conditionnés par des déterminants du développement économique autres que l'investissement ou le taux de croissance démographique : par exemple la qualité des institutions des états membres (Ederveen et al., 2006) ou le choix dans le type d'investissement subventionné (Rodriguez-Pose et Fratesi, 2004). En outre, les résultats sont sensibles à la stratégie d'estimation. Dans l'ensemble, les études en coupes ont tendance à surestimer l'impact de la politique de cohésion. Dans ces études, l'omission de la dépendance spatiale conduit à des résultats peu fiables (Abreu et al., 2005). De plus, cette approche en coupe ne tient pas compte de l'hétérogénéité non observée entre les régions. La première lacune est traitée par les analyses spatiales en coupes, tandis que l'hétérogénéité non observée peut être contrôlée par l'utilisation de données de panel. Si les études empiriques utilisant les modèles dynamique en données de panel (Esposti et Bussoletti, 2008) semblent prendre convenablement en compte ce problème d'hétérogénéité non observée, elles ignorent le plus souvent la question de l'autocorrélation spatiale entre régions européennes. D'autre part, une partie de la littérature s'est intéressée au problème de la concentration spatiale des activités économiques sur l'efficacité de la politique de cohésion en se concentrant sur l'analyse 103 4.1 Introduction des effets spatiaux en coupe transversale, mais en ignorant les propriétés dynamiques du processus de convergence. Nous analysons successivement l'effet de l'omission de la dynamique spatiale et temporelle sur la mesure de l'effet de la politique de cohésion ( section 4.3.1 , p. 115). En effet, observer un accroissement de la vitesse de convergence n'est pas suffisant pour conclure que la politique de cohésion favorise la croissance économique des régions les moins développées. Nous devons concevoir une approche empirique appropriée afin de déterminer l'impact réel de cette politique. Il n'est pas aisé d'identifier l'impact d'une politique publique : il faudrait pouvoir comparer le résultat d'une région bénéficiaire de la politique au résultat que cette même région aurait connu si elle n'avait pas bénéficié de cette même politique. Dans notre étude, le critère d'éligibilité à l'Objectif 1, et dans une moindre mesure l'attribution des fonds structurels, sont fortement corrélés avec le revenu régional par habitant (Commission européenne, 2004). De plus, la non prise en compte des effets de débordements économiques entre les régions de notre échantillon peut conduire à une erreur de spécification : si la politique de cohésion affecte le processus de croissance d'une région particulière, ce changement peut également affecter la croissance des régions voisines par l'intermédiaire d'un mécanisme de diffusion spatiale. L'omission de cette dynamique peut produire des résultats biaisés de l'impact de la politique. Enfin, la multiplicité des leviers par lesquels l'effet des fonds pourrait contribuer à un accroissement de l'activité économique complique l'étude de ces effets sur le long terme. La principale contribution de ce chapitre est de combiner l'étude des dynamiques spatiales et temporelles liées au processus de convergence à la mesure de l'efficacité de la politique de cohésion sur le développement régional. Dans ce contexte, nous utilisons une approche économétrique basée sur l'étude d'un modèle dynamique spatial en données de la politique de cohésion et convergence au sein l' de panel (SDPD). Bien que son développement soit à un stade précoce, nous pouvons estimer cette spécification à l'aide d'une stratégie d'estimation utilisant la méthode des moments généralisés (GMM). Nos résultats indiquent que la politique de cohésion affecte le développement des régions bénéficiant du programme Objectif 1. Nous interprétons ce résultat comme une réelle valeur ajoutée des programmes Objectif 1, par rapport aux effets des fonds attribués aux autres programmes. Les résultats de notre approche suggère que la prise en compte des effets spatiaux réduit l'effet mesuré de la politique pour ce programme. Le reste du chapitre est organisé comme suit. La section 4.2 propose une revue de la littérature sur l'impact des fonds structurels sur la convergence et introduit quelques considérations sur l'analyse de l'efficacité de la politique de cohésion. La section 4.3 décrit les problèmes économétriques propres aux spécifications dynamiques spatiales ainsi que les moyens que nous mettons en oeuvre pour les « résoudre ». La section 4.4 présente les données utilisées. La section 4.5 est réservée aux commentaires de nos résultats empiriques et la section 4.6 conclut. 4.2 Quelques points de littérature sur l'analyse de l'impact des fonds structurels sur la convergence 4.2.1 Impact de la politique de cohésion et évolutions des disparités économiques : une présentation de la littérature Trois cadres théoriques apportent des éclaircissements sur les effets de la politique de cohésion sur la croissance économique. Le modèle de croissance néoclassique est le plus 105 Le cadre de référence des théories de la croissance est le modèle néoclassique qui décrit le processus d'accumulation du capital par tête. Solow (1956) et Swan (1956) décrivent de quelle façon une politique économique peut favoriser la croissance par l'intermédiaire de l'accroissement du taux d'épargne et/ou de l'investissement. La principale prédiction de ce modèle est la convergence de la production entre régions ayant une économie similaire. Une économie converge vers un état stable en raison de la décroissance de la productivité marginale du capital par tête. Lorsque le capital est rare, il est très productif, de sorte qu'il bénéficie d'un rendement élevé, incitant les agents économiques à épargner davantage. En raison de cette décroissance de la productivité marginale, le taux de croissance du stock de capital dépend de la distance entre son niveau initial et sa valeur à l'état régulier. A cet état régulier, le revenu régional continue de croı̂tre, mais cette croissance est déterminée par des facteurs exogènes (changement technologique, taux de croissance démographique) que nous définirons comme les caractéristiques structurelles de l'économie. Des régions avec les mêmes caractéristiques structurelles vont nécessairement converger vers des états stationnaires similaires. Dans cet environnement, la politique de cohésion, qui finance un accroissement du stock de capital physique, devrait avoir deux effets : elle affecte la convergence de l'économie vers son état régulier et elle induit un changement des caractéristiques structurelles modifiant à terme le niveau de développement à l'état régulier des régions les plus Impact de la politique de cohésion et convergence au sein de l'UE-15 pauvres. Cependant, la manière dont la politique de cohésion peut induire un changement structurel n'est pas endogène au modèle de Solow, qui explique le sentier de croissance d'une économie pour une technologie donnée. Malgré les nombreuses extensions de ce modèle, notamment celle proposée par Bajo-Rubio (2000), l'intervention publique ne joue aucun rôle dans la dynamique décrite par le modèle. Romer (1986), Barro (1990) et Lucas (1988) entre autres, ont proposé un nouveau cadre pour saisir le rôle primordial de la productivité globale des facteurs et la manière dont les politiques publiques peuvent influer sur ce sentier de développement. La politique de cohésion peut influencer les taux de croissance régionaux à long terme par l'amélioration de la formation de la main d'oeuvre (modèle basé sur le développement du capital humain, Lucas (1988)), le soutien à la recherche et le développement (Romer, 1986) ou, plus généralement, les investissements en infrastructures publiques (Barro, 1990). De ce fait, les politiques publiques peuvent être directement considérées comme des intrants du processus de production ou en tant que déterminant améliorant la productivité des autres facteurs de production (de manière similaire au changement technologique ou au capital humain).
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6.1.2.1.6 Recherche de signaux contradictoires Outre l'affectation des verbatim concernés dans le noeud correspondant à ce premier éclairage, nous avons par ailleurs répertorié tout ce qui est dit par les managers interrogés sur l'usage des chiffres en entreprise hors éclairage, et nous avons vérifié qu'aucun signal contradictoire éventuel quant à ce premier éclairage ne s'y trouvait : nous avons ainsi relu deux sous-noeud, susceptibles d'être concernés : « signes de distance aux chiffres » et « l'usage du chiffre, oui, mais le chiffre doit être questionné ». Dans le cadre des verbatim concernant les « signes de distance aux chiffres », se trouvent des verbatim relevés dans le premier éclairage et éventuellement une remarque laissant penser que le manager concerné s'interroge sur les chiffres qu'il utilise ; il répond ainsi à notre demande quant à son ressenti général sur l'usage des chiffres dans les organisations : « un handicap parce qu'on doit y passer du temps pour le décortiquer, pour l'analyser, même si on a des contrôleurs de gestion, même si on a des tableaux tout faits qui nous redescendent et des outils qui permettent de le faire ; donc c'est toujours revenir en arrière, en fait, on est toujours avec un rétroviseur plutôt que de regarder ce qui se passe devant, même si on a des tableaux de « pipeline » aussi. Ce sont des missions qui se profilent et l'activité qui se profile. » (Entretien du 10/02/14, top manager, formation au management). 291 Le fait de devoir décortiquer les chiffres est toutefois vécu comme une contrainte, et la notion de chiffres qui arrivent « clé en main » est soulignée également. Les huit verbatim du noeud « l'usage du chiffre, oui mais le chiffre doit être questionné », ne font que renforcer 'éclairage toile de fond de notre thèse. 6.1.2.17 Synthèse L'analyse du contenu des retranscriptions des entretiens des trente managers sollicités dans le cadre de notre recherche fait apparaitre un consensus quant au premier éclairage toile de fond de notre thèse : le manager utilise de manière générale la représentation chiffrée sans questionnement sur sa construction, parce qu'il doit faire face à trop de chiffres et qu'il n'a pas le temps de faire autrement, ou parce que la production des chiffres qu'il utilise est automatisée et qu'il n'en connait pas le mode de construction, et/ou qu'il a confiance dans les systèmes qui participent à la création de ces chiffres, parce que le chiffre est considéré par certains comme vrai, incontestable, parce que certains font preuve de fétichisme à l'égard du chiffre, parce que c'est dans leur culture et pour d'autres raisons ou pour plusieurs de ces raisons. 6.1.2.2 Second éclairage : l'usage de la représentation chiffrée (sans questionnement) est légitimé par la formation au management. Ce second éclairage correspond de même, dans l'arborescence des noeuds thématiques, à un noeud principal direct et ce noeud principal est décliné en trois sous-noeuds qui sont les suivants : • La formation est une boite à outils plus qu'un encouragement à la réflexion et au débat. • La formation encourage la soumission volontaire au chiffre • L'usage de la représentation chiffrée fait partie de ce que les managers pensent maitriser grâce à leur formation. Vingt-deux managers, à qui nous avons demandé d'une part les apports et /ou les lacunes de leur formation, et d'autre part, leur ressenti quant à l'usage d'un test visant à vérifier des compétences mathématiques, dans le cadre de la sélection d'étudiants à l'apprentissage du 292 management, se sont exprimés sur cet éclairage, mais finalement de manière assez peu « fournie», puisque nous n'avons relevé au total que trente-deux références en lien avec cet éclairage et ses éclairages déclinés. 6.1.2.2.1 La formation est une boite à outil plus qu'un encourage ment à la réflexion et au débat. Ce thème est le plus partagé des trois sous-thèmes, puisque vingt sources le soulignent au travers de vingt-huit références. Parmi ces vingt managers, un est autodidacte mais a suivi ensuite des formations continues au management, quatre sont issues d'écoles d'ingénieurs, complétées par un MBA pour d'eux d'entre eux et par Sciences Po et un master en mathématiques pour le troisième, trois sont issus de formations plus universitaires et douze ont fait des écoles de commerce. Tous partagent le point de vue selon lequel leur formation, quelle qu'elle ait été, a été essentiellement technique, académique ou théorique, ainsi que l'attestent ces quelques verbatim : « j'étais vraiment dans le formatage de l'audit » (Entretien du 21/04/14, manager intermédiaire, école de commerce), « on apprend beaucoup de théorie » (Entretien du 29/04/14, top manager, ingénieur + MBA), « la formation initiale, son caractère très technique, très pratique m'a été très utile » (Entretien du 27/05/14, top manager, école de commerce), « qu'est-ce qui m'a le plus manqué? Sur la partie technique, franchement rien. » (Entretien du 13/02/14, top manager, formation universitaire au management), « la formation était une formation très académique et très classique » (Entretien 2 du 4/04/14, top manager, formation universitaire au management), « si on ne fait que de la théorie, on n'est plus dans le réel d'une certaine manière, donc quelque part peut-être, c'est ça qui manque le plus dans cette formation-là, c'est que parfois on reste vraiment très très très théorique, souvent en fait on reste trè s théorique! » (Entretien du 28/03/14 , top manager, formation d' ingénieur ). Pour neuf d'entre eux, dont deux ont été cités précédemment, c'est du reste ce côté technique qui leur a été très utile et ils sont parfaitement satisfaits de leur formation à l'image de ces deux témoignages : « par contre, des trucs où je n'aurais jamais pu l'apprendre moi-même, pas vraiment, ou ça aurait pris un temps fou et des efforts surhumains, sans avoir eu des cours dessus, c'est la compta de base, des trucs de base, qu'il faut savoir, pour aller plus loin, et j'en avais besoin quoi! Après moi je fais de la finance, donc c'est le 293 cours technique qui me sert » (Entretien du 2/01/14, manager intermédiaire, école de commerce), « en formation initiale, moi ce qui m'a le plus apporté au départ, c'est effectivement, il faut apprendre un métier je trouve moi c'était celui effectivement, la partie comptabilité, donc celle-ci, elle s'acquière quand même au travers de connaissances, donc ça, ça apporte beaucoup » (Entretien du 7/04/14, top manager, école de commerce). Les profils de ces neufs managers, sont variés, trois sont de jeunes managers issus de formations au management, les six autres ont entre quinze et quarante ans d'expérience, cinq ont suivi une formation au management, mais un, une formation d'ingénieur ; l'un est actuellement dirigeant de PME, un est manager intermédiaire, les quatre autres sont top managers. D'autres managers, parmi les vingt qui se sont exprimés, évoquent des manques quant à leur formation, cinq considèrent que la partie « terrain » manque ou que finalement, ils se sont plus formés en entreprise : « je pense que dans ma formation, il aurait fallu plus de terrain, parce que, on a beau 'aspect théorique, la comptabilité etc., cela reste de la théorie quand tu es à l'école. » (Entretien du 27/08/13, manager intermédiaire, école de commerce), « après le passage au monde pragmatique ben c'est chacun qui le fait, en fait c'est laissé à » (Entretien du 28/03/14, top manager, formation d'ingénieur), « le côté technique m'a servi un peu au début. Mais après de toute façon, on se forme en entreprise. » (Entretien du 10/01/14, manager intermédiaire, école de commerce). Un seul manager évoque l'importance du relationnel, en ces termes : « on ne se rend pas compte quand on a 20,25 ans de la place du relationnel dans l'entreprise et on reste persuadé, c'est le discours qui est à la fois dans les écoles et aussi des recruteurs, c'est aussi pour que les gens viennent, on valorise, on fonctionne beaucoup sur les capacités techniques des gens, pur savoir comptable ou autre, si ce sont des commerciaux mais je pense que le discours n'est jamais clair sur la place du relationnel » (Entretien du 29/11/13, manager intermédiaire, formation d'ingénieur complétée). Un autre évoque le manque de bon sens et d'intuition de certains jeunes managers : « il y a beaucoup de nos collaborateurs, surtout les jeunes, qui essaient d'utiliser ce qu'on leur a appris en formation : par exemple, pour calculer un échantillonnage, on a toute une méthode, en fonction du seuil de signification etc. donc on perd peut-être 294 une demi-heure à déterminer le nombre de tests à faire, et là parfois je dis : « écoute franchement, regarde, c'est évident, tu vas tester ces dix-là, ils ressortent par rapport à tous les autres! ». Il faut qu'il y ait en plus de l'intuition et du bon sens, ça vient après, enfin pas chez tout le monde! (rires) » (Entretien du 18/03/14, top manager, formation au management). Il n'est jamais question dans les discours, à l'exception de ce dernier exemple, d'esprit critique, d'encouragement à la réflexion et au débat, ni dans les faits, ni dans les souhaits. Une seule personne évoque la notion d'esprit critique, c'est un autodidacte, qui se trouvant au milieu d'un groupe d'étudiants formés, s'est fait la réflexion suivante : « je disais ah! Mais des élèves de 5ème année d'école de commerce, je vais passer pour un pignouf au milieu d'eux, je ne vais rien y comprendre, et je me suis aperçu que l'expérience que j'ai acquise dans les divers postes, je ne serais pas capable de faire une analyse financière, comme ils le font, mais je suis capable par contre d'être critique sur l'apport d'analyse financière en disant : « mais non, attendez, alors ça, ça ne sert à rien, ce que vous êtes en train de me raconter » » (Entretien du 3/04/14, top manager, autodidacte). 6.1.2.2.2 La formation encourage la soumission volontaire aux chiffres Deux top managers, tous deux issus d'écoles de commerce, constatent l'importance et la priorité accordée au chiffre à travers les mathématiques, au niveau de leur formation au management : l'un évoque à propos de la mise en avant d'aptitudes mathématiques, dans le cadre de la résolution de problèmes : « Je pense que l'aptitude mathématique, elle est probablement une condition nécessaire à l'évaluation de la résolution de problèmes, mais elle est loin d'être 295 suffisante. Donc je pense que là, on est plus pour moi, sur quelque chose qui est plus de l'ordre du dogme et en fait, il y avait un mythe. » (Entretien du 5/03/14). L'autre dit à propos des cours de mathématiques dispensés dans sa formation : « on m'aurait expliqué que ça avait un intérêt Alors qu'on faisait ça de manière bête et méchante. Déjà expliquer un petit peu l'intérêt, à fortiori quand on est en prépa ou à fortiori quand on est en école de commerce ». Il ajoute à propos de la formation continue que suit un de ses amis : un « trium global executive MBA, LSE, NYU and HEC Paris » : « il est à mi-parcours, il dit « ouais bof, la première semaine, c'étaient que des stats », vous voyez il a eu l'impression de retourner au cours de stats, voilà!.Et la moyenne d'âge est quand même plutôt de 40 ans » (Entretien du 13/09/13). Ces trois remarques soulignent la mise en avant des mathématiques dans les formations, sans aucune réflexion autour ; les deux managers concernés font preuve de recul par rapport à cet aspect, mais ces trois remarques sont isolées. 6.1.2.2.3 L'usage de la représentation chiffrée fait partie de ce que les managers pensent maitriser grâce à leur formation Nous n'avons pas trouvé d'écho à cet éclairage, dans le cadre de l'analyse de nos retranscriptions : un seul top manager mentionne le fait que la formation peut aider à maitriser l'usage des chiffres, ce n'est pas tout à fait l'idée de l'éclairage et la remarque est hésitante : « la formation peut leur donner des clés et des portes pour mieux retranscrire ce qui éventuellement existe derrière les chiffres. » (Entretien du 27/05/14, top manager, formation au management). Finalement, par rapport au second éclairage, nous ne pouvons conclure que par rapport au premier sous-éclairage, c'est-à-dire au fait que la formation des managers semble essentiellement technique et que l'encouragement à la réflexion et au débat n'est pas au centre des préoccupations. Ayant très peu de résultats quant à ce second éclairage, nous avons poursuivi le codage par rapport au sujet de la formation, en créant un noeud indirect, « à propos de la formation », dans lequel nous avons essayé de classer les grandes idées émanant de notre matériau. 6.1.2.2.4 Que disent de de manière plus générale les managers interrogés sur la formation ? Les deux idées qui dominent sont les suivantes : - La formation initiale est théorique, l'expérience est indispensable - La formation initiale ne forme pas au savoir être et au management des hommes La première idée est partagée par quatorze managers, aucune des références ne mentionne l'usage des chiffres, elle est donc en marge de notre sujet, et contribue uniquement à appuyer le fait que la formation initiale des managers est théorique. La seconde idée, partagée par douze managers, est susceptible de modifier et d'enrichir notre toile de fond, dans le sens d'une formation qui ne forme pas à la responsabilité, car cette formation qui encouragerait plus à utiliser des techniques et des recettes (dont l'usage de chiffres sans questionnement pourrait faire partie), ne formerait pas aux aspects humains de la fonction de manager. Nous avons extrait de ce noeud quelques verbatim regroupant des idées diverses mais très parlantes au regard du ressenti des personnes interrogées : « la perception que j'ai de mon temps à Sup de Co Reims, c'est qu'en fait, on nous bassinait avec le fait qu'on était la future élite de la France, qu'on serait évidemment des chefs, et on ne nous avait jamais appris à être équipier » (Entretien du 5/03/14, top manager, formation au management), « Donc ça, ça m'a manqué, apprendre à se mettre en avant, mais sans marcher sur les autres, parce qu'il y en a beaucoup qui marchent sur les autres, pour se mettre en avant! » (Entretien du 18/03/14, top manager, formation au management), « je pense que le plus manqué, peut-être c'est tout ce qui s'approche de la politique d'entreprise en fait, à tout ce qui est capacité à discut er avec sa direction, de ce qu'on veut faire, de son évolution personnelle dans l'entreprise et tout ça » (Entretien du 5/07/14, manager intermédiaire, formation au management), « voilà la partie management, c'est bien, je pense qu'il y a des éléments qui s'enseignent et après il y a beaucoup de choses qui se pratiquent. Tout n'est pas recette, ça c'est l'humain n'est pas voilà ne se décrète pas complétement quoi » (Entretien du 7/04/14, top manager, formation au management), « ce qui nous manque un peu à l'école, c'est du comportement, c'est de l'envie et c'est le côté un peu entreprenariat, on en parle, on a des idées sur tout, mais euh » (Entretien du 29/04/14, top manager, formation d'ingénieur + MBA), « dans mes études, pas une seule fois, on a eu une discussion sur : comment donner un sens à sa carrière? Comment agir de 297 manière aussi responsable et éthique? » (Entretien du 13/02/14, top manager, formation universitaire au management), « c'est complétement nié encore aujourd'hui, il y a des gens très brillants qui peuvent être normaliens et qui ne vont pas du tout voir le sens de cet aspect de communication, de relationnel, de comment les choses sont dites aux gens » (Entretien du 29/11/13, manager intermédiaire, formation d'ingénieur complétée), « à l'école, je dois être sensibilisé non pas à devenir un bon de ça, mais être sensibilisé de la difficulté du métier de manager » (Entretien du 17/01/14, top manager, formation au manager). Il découle de ces verbatim et de manière générale des vingt et une références qui composent ce noeud, que la formation des managers n'est pas tournée vers l'humain, ce qui nous parait susceptible d'enrichir notre toile de fond qui deviendrait plutôt : « une formation technique au détriment de l'humain ». La notion de recettes à appliquer n'a été évoquée clairement qu'une seule fois mais nous semble sous-jacente. L'origine des managers qui se sont exprimés sur ce thème est très variée : d'un point de vue formation , sept ont fait des écoles de commerce, trois des écoles d'ingénieurs et deux ont reçu une formation plus universitaire. Le nombre d'années d'expérience s'étale entre trois et trente-six ans, sept sont des top managers, quatre des managers intermédiaires et un est dirigeant de PME. Une autre idée est soulignée par neuf managers dans quatorze références : - La formation contribue à un formatage des futurs managers Un manager avait évoqué pour lui-même, un « formatage de l'audit », d'autres managers mentionnent un formatage concernant la formation, en réponse à une question sur un test de la FNEGE, visant à vérifier l'aptitude à la résolution de problèmes par « la maîtrise de savoirs mathématiques élémentaires » et « la capacité à formuler un problème sous forme mathématique. » : un manager nous a demandé « comment on veut formater vous voulez sortir quoi de votre école? » (Entretien 3 du 20/03/14 top manager, formation au management), un autre évoque « on n'est plus concentré dans les moules un peu de préparation » (Entretien du 29/04/14 top manager, formation d'ingénieur + MBA), ou encore « c'est difficile moi qui suis un pur produit du système d'ingénieur, j'ai du mal à m'extraire » (Entretien du 29/11/13 manager intermédiaire, formation d'ingénieur), « on sélectionne, vous sélectionnez des cadres dirigeants. Des gens qui sont disciplinés, résistants, tout ce qu'on veut » (Entretien 2 du 28/02/14), « je suis un pur produit Dauphine » (Entretien 2 du 4/04/14, top manager). 298 Une autre idée a émergé en marge de ces propos, un manager suggère que la formation au management met le futur manager sur un piédestal « j'ai l'impression qu'ils se font bourrer le mou, de dire, vous valez tant et c'est comme ça » De même, les profils des managers qui ont soulevé cette idée sont variés : aucune caractéristique ne domine. En lien avec une formation qui ne forme pas à la responsabilité, le second éclairage pourrait être enrichi de cet aspect également. Nous pourrions envi sager, au vu de ce qui ressort spontanément de nos retranscriptions, sans signaux contradictoires, une modification du second éclairage de : « L'usage de la représentation chiffrée (sans questionnement) est légitimé par la formation au management » à « la formation des managers valorise la technique au détriment de l'humain et du développement du jugement et l'esprit critique ». Il y a effectivement convergence des remarques, quelles que soient les formations d'origine des managers, la seule personne ayant mentionné la notion « d'esprit critique » est un autodidacte. 6.1.2.2.5 Synthèse Finalement, il n'y a pas de divergence entre les managers concernant cet éclairage, ni de contradiction. Il y a réelle convergence quant au fait que la formation des managers, quelle qu'elle soit, est essentiellement une boite à outils théorique, avec quelques plus ou quelques bémols. Il y a plutôt convergence quant au fait que les aspects humains, relationnels n'y sont pas valorisés, mais ce point n'est relevé que par douze managers interrogés, aux profils divers, l'idée d'une formation qui formate est très présente elle aussi et soulevée par des managers aux profils variés. Par contre quasiment aucun manager n'évoque le débat, le développement de l'esprit critique et du jugement : il y a un réel trou dans les discours à ce niveau. De même que la formation à l'usage des chiffres en particulier, est peu commentée. Au vu de ce que disent les managers, notre second éclairage toile de fond, pourrait donc devenir plutôt : « La formation des managers valorise essentiellement la technique au détriment de l'humain et du développement du jugement et de l'esprit critique. » 6.1.3 Analyse de contenu par variable explicative 6.1.3.1 VE1 L 'usage privilégi é de la représentation chiffrée légitime une représentation de la réalité 300 Les sous-éclairages de ce noeud principal direct, utilisés pour faciliter notre compréhension de cette idée et faciliter le classement, sont les suivants : • Disparition de ce qui ne se mesure pas - Exemples recueillis - Déclaratif (dont deux sous-thèmes « ce qui ne se mesure pas disparait » et « les chiffres ne peuvent pas tout mesurer ». • On peut faire dire aux chiffres ce que l'on veut - Déclaratif - Exemples recueillis • Toute puissance des valeurs du capitalisme financier • Idéologie gestionnaire • La représentation chiffrée est établie selon des conventions De manière générale, ce noeud est très fortement documenté, puisque quatre-cent-soixantedeux références vont dans le sens de cet éclairage, les trente managers interrogés sont concernés. 6.1.3.1.1 Disparition de ce qui ne se mesure pas Au total, vingt-sept managers s'expriment sur ce thème, dans le cadre de cent-trente-sept références. Parmi ces vingt-sept managers, vingt-deux managers appuient ce phénomène par des déclarations à titre personnel, mais aussi parfois par des exemples du monde de l'organisation. Cinq ne l'expriment qu'à travers des exemples, mais les exemples fournis sont là pour appuyer cette idée, dont ils ont conscience. Finalement vingt-sept managers sur trente constatent ce phénomène dans le monde des organisations et en ont conscience. Quelques exemples recueillis : « c'est mon prédécesseur qui a résisté à la dictature des chiffres qui lui annonçaient que forcément, la production en France était quelque-chose de périmé, du temps passé Donc en fait, on a gardé les usines, parce que ce sont des gisements de savoir-faire et que grâce à ce savoir-faire, on est capable de mieux acheter, en termes de qualité. » « Et en plus, on a la particularité d'être très rentables. » (Entretien du 5/03/14, top manager), 301 « Quand on ne raisonne que financier, si on néglige les autres aspects, ça ne peut rien donner de bon! Je pense. Ils ont négligé la dépendance vis à vis du soustraitant, je crois qu'il faut effectivement éviter toute dépendance, que ce soit vis à vis d'un client, d'un sous-traitant, d'un fournisseur, d'un homme clé dans l'entreprise Il faut se diversifier. On n'a pensé qu'au chiffre, qu'à la rentabilité » (Entretien du 18/03/14, top manager), « Donc, je dirais, l'utilisation de chiffres ben ils sont passés complétement à côté d'un nouveau champ technologi que, et puis, en même temps, ils ont démotivé une partie de leurs employés. » (Entretien du 13/02/14, top manager). Au niveau du déclaratif, deux idées différentes ont émergé : il y a l'idée principale qui est sous-jacente dans une de nos questions : « ce qui ne se mesure pas (ou n'est pas valorisé) disparait », appuyée par quinze managers dont, « comme c'est difficile de quantifier, c'est difficile de communiquer dessus et du coup on va se focaliser sur ce qui est facile à expliquer, et à communiquer, sans vraiment fixer des objectifs, pour pour la motivation par exemple. Certains savent que « ce qui n'est pas mis en chiffres (volontairement ou pas), disparait ou n'est pas pris en compte », et déplorent l'usage excessif de la représentation chiffrée qui pousse à négliger certains aspects de la vie de l'entreprise, comme par exemple : « ce qui marchait vachement bien, c'était de voir régulièrement son client, c'est de l'appeler quand il est débiteur, c'est ça qu'il recherchait le client, qu'il recherche encore, on a laissé tomber ça, grosse période de développement avec l'ancien DG, il fallait développer à outrance, pan pan pan, il ne fallait pas rater un prêt » (Entretien 2 du 23/01/14, manager intermédiaire, autodidacte). D'autres le constatent mais ne sont pas nécessairement conscients des conséquences, ils ne les évoquent pas ou apparaissent résignés comme : « en fait, mise à part la ressource humaine, je ne vois pas! Est-ce qu'il y aurait d'autres situations où on passe à côté d'une donnée parce qu'elle n'est pas chiffrée et qu'on l'aurait zappée? Le truc, c'est que l'entreprise, au final, le but, il est quand même de gagner de l'argent et donc est-ce qu'on doit donner de l'importance à des données non chiffrées? J'avouerais que d'emblée, comme ça, je n'ai pas de » (Entretien du 21/04/14 manager intermédiaire, formation au management) ou « mais c'est parce que, on sait un certain nombre de choses sur les entreprises qui ne sont pas dans les chiffres » (dans le cadre d'une méthodologie de notation, on le sait donc on en tient compte d'une façon ou d'une autre et ce n'est pas un souci) ou encore « on se dit que peut-être il faut développer un outil supplémentaire ou un indicateur qui fait qu'on prenne en compte ces exigences-là. » (Entretien du 19/09/13, manager intermédiaire). La prise de conscience du fait que ce qui n'est pas mesuré, n'est pas pris en compte, ne correspond donc pas nécessairement à une prise de distance par rapport à l'usage privilégié des chiffres. Nous analyserons toutefois ce point dans une section ultérieure. Enfin, nous avons relevé, dans l'objectif de vérifier d'éventuelles divergences dans les discours, que trois managers n'évoquent pas le thème « ce qui ne se mesure pas, disparait », et que d'autre part, dix-huit managers estiment qu'il y a une volonté d'essayer de tout quantifier dans les organisations, voire que c'est possible. La volonté d'essayer de tout quantifier serait un remède pour certains managers au phénomène constaté, comme le formule le dernier manager cité. « Peut-être il faut développer un outil supplémentaire ou un indicateur qui fait qu'on prenne en compte ces exigences-là. » (Entretien du 19/09/13). 303 En outre, parmi les dix-huit personnes qui mentionnent une volonté de tout quantifier dans le monde des organisations, dix estiment que la quantification de toute chose, est possible : « c'est « pas quantifié », plus que « pas quantifiable » (Entretien du 13/09/13, top manager, formation au management), « alors « n'a pas pu » (être quantifié), moi je ne suis absolument pas d'accord avec ne pas pouvoir » (Entretien du 17/01/14, top manager, formation au management), « je dis qu'on cotait les entreprise, mais heu, on ne les cote pas seulement aux vues d'éléments quantitatifs, on les cote aussi avec une appréciation sur le qualitatif ». (Entretien 1 du 4/04/14, manager intermédiaire, formation universitaire). Deux des managers qui ne se sont pas exprimés sur le thème analysé, expliquent l'un et l'autre, que tout peut se quantifier, l'un à travers d'exemples se voulant convaincant dont en particulier : « j'ai dit qu'on a rajouté des chiffres pour aller mesurer le comportement des gens par rapport à des situations de danger ou pas ; heu, je trouve que cette approche est extrêmement intéressante parce que dans une entreprise, ce n'est pas naturel de faire ça. » (Entretien du 28/03/14, top manager, formation d'ingénieur). L'autre estime que « ce qui peut ne pas être quantifiable peut être de l'ordre de tous les facteurs externes qui peuvent vous impacter, ce qui sera plus difficilement non quantifiable, c'est tous les facteurs internes que vous êtes censé mai r ». (Entretien du 27/05/14, top manager, formation au management). Ces deux managers n'envisagent donc certainement pas la possibilité qu'un aspect ne soit pas pris en compte, faute d'être mesuré. Finalement, un seul manager ne s'est pas exprimé du tout sur ce phénomène, nous pensons que deux managers considérant que tout peut se quantifier, ne l'envisagent même pas. Finalement, vingt-sept managers constatent que ce qui ne se mesure pas, disparait , mais parmi ces vingt-sept, certains pensent qu'il sera possible d'y remédier en essayant de quantifier plus, la conscience de ce phénomène n 'im plique pas nécessairement une distance par rapport à la représent ation chiffrée. 6.1.3.1.2 On peut faire dire aux chiffres ce que l'on veut 304 Vingt-huit managers s'expriment sur ce point au travers de cent-quarante-deux références et le confirment, soit par une déclaration, soit par un ou plusieurs exemples, voire les deux. Quelques déclarations claires : « on peut faire dire tout et n'importe quoi aux chiffres » (Entretien du 27/08/13, manager intermédiaire, formation au management), « il y a une capacité parfois, à tordre les indicateurs, parce que comme on est persuadé qu'on réussit, on a tendance à écarter en fait, finalement les porteurs de mauvaises nouvelles » (Entretien du 5/03/14, top manager, formation au management), « je vais vous donner une bonne série de chiffres dans un domaine que je connais, et vous allez voir, comment je vais les faire parler, vous pouvez lui faire dire ce que vous voulez! » (Entretien 2 du 20 03 14, top manager, formation d'ingénieur complétée), « c'est dangereux de laisser partir des chiffres tout seul, parce que sans explication, ça peut vouloir dire ce qu'on veut et donc » (Entretien du 2/01/14, manager intermédiaire, formation au management), « la comptabilité n'est pas une science exacte, contrairement à ce qu'on pourrait croire et qui a trait à énormément de jugement dans tout ce qui est chiffre. Vous pouvez leur faire dire ce que vous voulez. Un budget : dites-moi ce que vous voulez et je vous fais le budget qui va bien! » (Entretien 2 du 4/04/14, top manager, formation universitaire au management). Il y a finalement deux idées, l'utilisateur peut interpréter le chiffre de différentes façons, d'où la nécessité d'un commentaire, et une seconde idée plus forte, celui qui utilise la représentation chiffrée, peut la faire parler comme il le souhaite. De manière générale, les managers évoquent les deux aspects sauf un manager qui se limite à la seule idée suivante : « un chiffre pas commenté, pour moi n'a absolument aucun sens, vraiment aucun sens! » (Entretien du 3/04/14, top manager, autodidacte). Nous avons recueilli de nombreux exemples sur ce phénomène : - « Le bénéfice etc., les free-cash-flow, je ne veux pas dire : « c'est n'importe quoi! » mais pour moi, ça ne vaut vraiment plus grand-chose en termes de fiabilité. - Ou encore, pour justifier le développement d'une activité de distribution de crédits : notre banque, « c'est 50 % du crédit du marché du crédit du territoire, c'est énorme aucune banque en France ne fait ça ». Et ce qui n'est pas mis en avant : « Euh pour autant on fait les 50 meilleures » (Entretien du 29/04/14, top manager, formation d'ingénieur complétée). Il y a consensus entre les managers sur ce phénomène, il est possible de faire dire aux chiffres, ce que l'on veut. Deux managers ne se sont pas exprimés, l'un qui ne s'était pas exprimé sur le précédent phénomène et qui semble considérer par ailleurs que tout est quantifiable, et l'autre qui quant au précédent phénomène, a exprimé une certaine distance au chiffre. Aucune opposition, ni divergence ne sont exprimées par ailleurs. 6.1.3.1.3 Une représentation dans laquelle les « valeurs » du capitalisme financier dominent. Dix-neuf managers soulèvent ce thème, avec deux grandes idées sous-jacentes : l'une correspond au fait que les chiffres de l'entreprise sont tournés vers la satisfaction des actionnaires et le cours en bourse (quinze managers concernés), et l'autre plus généralement vers le profit maximum, « faire de l'argent », et la spéculation (quatre managers). Par contre, les avis divergent totalement dans le sens où certains déplorent cet état de fait, parce que, en particulier, la maximisation du cours en bourse peut se faire au détriment de la pérennité de l'entreprise à long terme, ou d'aspects plus sociaux ; c'est le ressenti de sept managers comme par exemple : un manager évoque dans les sociétés cotées « une politique de terre brulée », c'est-à-dire que les managers 306 «maximisent en fait le résultat court terme, le résultat de la structure, en sachant pertinemment qu'ils sont en train de monter les stocks chez les clients ou qu'il sont en train de prendre le risque de faire exploser en vol, en fait, des personnes dans la structure, pour un profit personnel, et en espérant aussi quelque part, quitter cette structure là avant que les problèmes n'arrivent! » (Entretien du 5/03/14, top manager, formation au management). Un autre explique : « il n'y a qu'à voir les boites qui annoncent leurs résultats et un plan de licenciement, le cours de bourse monte. Bon est-ce qu'on fait ça pour redresser les comptes ou est-ce qu'on fait ça pour faire plaisir au marché financier et que l'action monte? » (Entretien du 21/02/14, top manager, formation au management). Un autre l'évoque dans le cadre d'une grosse entreprise familiale, une filiale française est au bord de la faillite : « Et le groupe leur dit : « « vous pouvez (vous en sortir), si vous continuez à progresser, mais à vous d'être meilleurs commerciaux, de vendre mieux » et ils tirent la sonnette d'alarme au niveau de la filiale française en disant : « là, on est au bout là, là, ça va casser! ». 6.1.3.1.4 Idéologie gestionnaire Vingt-quatre managers ont soulevé l'idée selon laquelle, l'usage des chiffres dans les entreprises vise à encourager une idéologie gestionnaire, évoquée de diverses manières : - Une priorité donnée au profit et à la rentabilité de l'entreprise (sans que ne soit évoqué l'actionnariat, il s'agit plutôt d'idées comme la rentabilité permet la pérennité, la rentabilité permet de payer les salariés) - Un objectif essentiel de baisse des coûts en interne - Une volonté d'efficacité et d'accroissement de la productivité La plupart des managers interrogés considèrent que c'est quelque chose d'évident et de normal, comme le confirment ces quelques verbatim : « Je pense que c'est vraiment clair que ça marche comme ça, ça a toujours marché comme ça, ça marchera toujours comme ça! A partir du moment où on a décidé de faire du management en entreprise, on est là pour augmenter les revenus, enfin maximiser les profits et diminuer un maximum les coûts et que ça reste le but de la gestion d'entreprise, encore une fois, c'est gagner de l'argent! A partir de là, c'est comme ça que ça marche! » (Entretien du 21/04/14, manager intermédiaire, formation au management), 308 « une entreprise, elle est quand même là pour faire des bénéfices ; c'est l'objectif, enfin c'est la raison d'être d'une entreprise et c'est ce pour quoi les managers ou les dirigeants sont payés objectivement, il y a un consensus pour dire ça » (Entretien du 13/09/13, top manager, formation au management), « il faut aller au bout du raisonnement et après il faut lui donner une dimension humaine, mais vous ne pouvez la donner que si votre entreprise est profitable, sécurisée, remplit tous ses ratios, en disant voilà j'en prends une petite partie et je la redistribue au territoire sous différentes formes. » (Entretien du 29/04/14, top manager, formation d'ingénieur complété), « chez nous, on va chercher chaque poste de coût et puis après on fait le calcul à la troisième décimale » (Entretien du 27/04/14, dirigeant de PME, formation d'ingénieur : démonstration assez caricaturale), « il y a une forte pression sur les marges, heu les recettes sont beaucoup plus difficiles à aller chercher » (Entretien du 27/05/14, top manager, formation au management), « ça de toute façon chaque année euh au niveau des budgets, on vous demande de réduire les coûts, ça c'est une tendance classique » (Entretien du 18/12/13, actuellement dirigeant de PME, formation d'ingénieur complétée), « l'idée, voilà c'était d'optimiser le temps chargé par rapport au budget initial de la mission et gare à celui qui ne respectait pas son taux de réalisation » (Entretien du 19/09/13, manager intermédiaire, formation au management). Nous avons pu percevoir tout de même quelques prises de recul, le dernier manager cité a remarqué ensuite : « on privilégie finalement la rentabilité de la mission par rapport à la qualité » (Entretien du 19/09/13, manager intermédiaire, formation au management). Deux top managers prennent également du recul, dont, dans le cadre d'une activité de conseil, « donc la logique économique, elle va à l'inverse de enfin la logique économique, il y a des indicateurs qui sont proposés, va à l'inverse de ce qu'on veut faire percevoir au client » ou par rapport à un exemple cité : « elles avaient des oeillères pendant des années, et l'aspect finalement R&D, c'était perçu comme un coût, et non pas comme une opportunité future. Finalement c'était le business de demain quoi, et dans la culture de ces entreprises là, c'était vraiment un centre de coût quoi. » (Entretien du 10/02/14, formation au management). Une seule remarque est tout à fait dissonante : il s'agit de la remarque d'un dirigeant de PME, de formation ingénieur, qui se qualifie comme étant un entrepreneur : 309 « Je pense que c'est une différence entre les entrepreneurs et les cadres dirigeants. Je pense que quand on est entrepreneur, il y a une certaine fierté à à avoir des salariés Après je pense que c'est quel est l'objectif de l'entreprise. Au moment où nous, on a payé tout le monde à la fin du mois, moi je suis content. 6.1.3.1.5 La représentation chiffrée est établie selon des conventions Cette vision est susceptible de regrouper tous les thèmes inclus dans cet éclairage ; en effet, les conventions vont faire que tel aspect va être mis en avant, au lieu de tel autre, et appuie notre variable explicative de manière générale : quatre managers font état de conventions qui remettent en question le mythe de l'objectivité du chiffre : « voilà ensuite, de manière générale, le chiffre, oui il est surtout, il est souvent conventionnel » (Entretien du 7/04/14, top manager, formation au management), « comment on peut améliorer notre classement, sans changer la méthodologie de classement, ben je dis on ne peut pas si la méthodologie est mauvaise » (Entretien 1 du 4/04/14, manager intermédiaire, formation universitaire). Ces deux managers avaient évoqué une objectivité de certains chiffres seulement par rapport à une réalité comme la trésorerie, comme le chiffre d'affaires (ce qui reste à prouver), les salaires ou les dividendes versés, et ne se contredisent pas vraiment. Un troisième qui dit « ce sont les hypothèses qui ont servi à la préparation de ce chiffre, qui sont clés », a fait preuve de recul vis-à-vis de l'objectivité du chiffre dans tout son discours. (Entretien 2 du 4/04/14, top manager, formation universitaire au management). Le quatrième par contre, a évoqué à plusieurs reprises un chiffre exact et vrai, notamment à propos de la « fair value », et se contredit en mettant cette fois en avant « les référentiels de construction du chiffre » : « le chiffre s'il n'est pas calculé à une manière, ou s'il n'a pas le même référentiel, l'analyse n'est pas assez robuste pour moi » (Entretien du 29/04/14, top manager, formation ingéni complétée). Ces contradictions révèlent, nous semble-t-il une certaine perplexité par rapport à notre questionnement. 6.1.3.1.6 L'usage de la représentation chiffrée légitime UNE représentation de la réalité Cette variable explicative est éclairée par ailleurs par trente-neuf références issues de dix-sept sources que nous n'avons pas pu classer dans les sous-éclairages précédents. Les idées sont variées, les principales sont les suivantes : - La représentation chiffrée est établie en fonction d'un objectif, qui oriente l'utilisateur. - Elle s'inscrit dans un référentiel, dans une culture - Sa signification dépend du crédit qu'on lui donne - Il faut être vigilant à la façon dont les choses sont valorisées, à ce qu'elle permet de mesurer, à son objectif - Elle s'inscrit dans une tendance simplificatrice - Elle est parfois difficile à utiliser, il faut la rendre compréhensible Une question quant à la terminologie « charges de personnel » en comptabilité occidentale et « profit redistribué » en comptabilité chinoise, a suscité des réactions très diverses et illustre notre éclairage : - « oui du coup, cela ne donne pas du tout la même place aux salariés dans l'entreprise, en tous cas, quand on regarde un bilan, la place des salariés est vraiment dévalorisée dans la comptabilité anglo-saxonne par rapport à une comptabilité chinoise, ça c'est sûr. » (Entretien du 27/08/13, manager intermédiaire, formation au management) - « Comment on revalorise finalement les employés? Ben aujourd'hui, on les valorise juste au prix que ça coute à une société, mais finalement on ne valorise pas du tout la qualité des employés, leur motivation, tout ce qui peut être finalement l'aspect humain. » (Entretien du 13/02/14, top manager, formation universitaire) - « La terminologie chinoise, c'est le côté poétique des Chinois. Mais c'est mieux, on devrait s'en inspirer, profit redistribué aux salariés, ça interroge comme représentation, c'est bien. » (Entretien du 29/11/13, manager intermédiaire, formation au management) - « Moi j'aime bien la notion de profit redistribué, c'est-à-dire que globalement, enfin pour moi, si vous voulez, la richesse de l'entreprise, ce n'est pas le capital, c'est la 311 valeur ajoutée produite par les hommes » (Entretien 1 du 4/04/14 , manager intermédiaire, formation universitaire) - « Profit distribué, je veux dire, on a vraiment l'impression qu'on est, qu'on travaille tous ensemble dans l'entreprise (Entretien 2 du 23/01/14, manager intermédiaire, autodidacte) - « C'est vrai que les salariés sont considérés comme des coûts, et pas comme des richesses, et ça c'est » (Entretien 1 du 20/03/14, manager intermédiaire, formation au management) - « C'est vrai mais on le voit bien, on a une approche où on considère effectivement que les hommes sont un coût dans nos civilisations, alors que pour nous, c'est un actif! » (Entretien 2 du 4/04/14, top manager, formation universitaire). - « Les salariés, c'est quand même une matière première de l'entreprise. Je suis plus quand même sur la vision occidentale, parce qu'on a tellement d'entreprises qui ont des salariés et qui n'ont pas de profit » (Entretien du 10/02/14, top manager, formation au management). Les ressentis sont variés, la représentation chiffrée comptable véhicule quoi qu'il en soit, une représentation de la réalité, qui si elle peut paraitre objective, ne l'est absolument pas. 6.1.3.1.7 Synthèse La variable explicative « L'usage privilégié de la représentation chiffrée légitime une représentation de la réalité », est très documentée ; chaque individu a un ressenti et une prise de conscience qui lui sont propres, mais il y a consensus pour dire qu'une réalité particulière est légitimée dans le monde des organisations, dans laquelle ce qui n'est pas quantifié n'est pas pris en compte, et dans laquelle les valeurs du capitalisme financier et de la gestion dominent. Il y a consensus également sur le fait qu'il est possible de faire parler les chiffres dans un objectif plutôt qu'un autre, ou d'utiliser des conventions de construction, permettant de configurer une réalité particulière. Toutefois, si plusieurs managers montrent dans leurs discours une distance aux chiffres, d'autres ne le laissent pas paraître, estimant par exemple que tout peut se quantifier et qu'en quantifiant plus, le phénomène de non prise en compte par exemple, sera éliminé. Certains déplorent le fait qu'une vision gestionnaire de l'entreprise domine, d'autres le ressentent comme quelque chose de normal, d'intériorisé. Dans un même discours, les opinions peuvent être opposées et contradictoires quant à la distance aux chiffres, il est donc difficile de 312 déterminer, dans le cadre de cet éclairage, quelle est la prise de distance réelle, mais 'éclairage en soi, fait consensus. 6.1.3.2 VE2 L'usage privilégié de la représentation chiffrée par le manager, l'isole des conséquences de ses actes Les sous-éclairages de ce noeud principal direct, utilisés pour faciliter le classement des références, sont les suivants : • Par une désincarnation du réel • Par une désincarnation de l'interlocuteur • Car la représentation chiffrée fait écran devant l'humain • Car la représentation chiffrée donne une vision abstraite et déshumanisée du monde Chaque sous-éclairage a été décliné entre ce qui est du déclaratif, et ce qui correspond à des exemples appuyant le phénomène décrit. A travers les différents sous-éclairages, le phénomène a été évoqué par vingt-cinq managers, dans le cadre de cent-six références, certains sous-éclairages sont fort proches et pourront peut-être être regroupés. 6.1.3.2.1 L'usage privilégié de la représentation chiffrée désincarne le réel. Dix-huit managers s'expriment en faveur de cet éclairage, dans des exemples et/ou des déclarations. Les idées qui dominent sont les suivantes : - Les dirigeants d'entreprises, dont les informations leur parviennent essentiellement par des données chiffrées, sont coupés du terrain : « c'est bien d'avoir, comme un pilote, d'avoir des instruments mais en même temps, c'est aussi très nécessaire d'avoir une ouverture sur le ciel et de temps en temps de décoller le nez des instruments pour regarder en fait ce qui se passe et pour évaluer la distance avec l'avion suivant ou avec le sol ; » et « quand on voit les gens au quotidien qu'on va devoir licencier si on se trompe etc., ce doute quelque part, par 313 rapport aux outils, il est plus fort ; » (Entretien du 5/03/14, top manager, formation au management). - Concernant certaines activités, comme le trading algorithmique, ou la spéculation, il y a une perte totale de sens, d'utilité, de concret, une déconnection totale avec la réalité, comme l'expliquent ces deux exemples : « Donc, ce n'est pas compliqué, aujourd'hui, on cherche à expliquer un petit nombre de vraies données, (par exemple le cours des actions, des données tangibles), par un nombre infini de séries, quasiment infini de séries, en tous cas, très grand, et on n'a aucune difficulté à la faire! Il suffit de choisir la bonne série, la bonne période etc. Donc l'approche consistant à dire : « à l'évidence, la croissance s'améliore parce que : regardez tel et tel chiffre », ça n'a à peu près aucune valeur, parce que moi, je peux vous expliquer n'importe quelle série, avec n'importe quelle explication de ce type-là. » (Entretien 2 du 20/03/14, top manager, formation d'ingénieur complétée) ou « Le trading algorithmique, il y en a dans ma division à moi. Et on trouve que c'est une bonne chose, parce que même si, effectivement, elle est quelque part désincarnée, elle ne correspond pas forcément à une réalité économique ou une réalité d'investissement, c'est vraiment de l'arbitrage il y a une part de spéculation quelque part. Mais en même temps, ça apporte énormément de liquidités au marché. » (Entretien du 7/04/14, top manager, formation au management). - Le fait d'utiliser systématiquement des chiffres fait oublier ce qu'il y a derrière : « Il y a forcément des cas où on ne voit plus, peut-être par habitude, ce qui est derrière. Pour l'activité de marché c'est quelque chose qu'on n'interroge pas, on le prend comme une matière première brute et peut être qu'on n'interroge pas assez, le handicap, c'est peut-être moins le chiffre que notre relation au chiffre. Il n'y a vraiment peut-être pas assez d'interrogation par rapport au chiffre. » (Entretien du 29/11/2013, manager intermédiaire, formation d'ingénieur complétée). - L'éloignement de la source de la donnée chiffrée utilisée et l'escalade en volume font que les chiffres perdent leur sens. - La réalité qui parvient à l'utilisateur est parfois faussée. A nouveau, le ressenti quant aux conséquences qui en découlent sont très différentes (lorsqu'elles sont évoquées) : deux managers estiment qu'un dirigeant éloigné du terrain est susceptible de prendre de mauvaises décisions, deux autres estiment qu'il faut pour y 314 remédier se déplacer sur le terrain ; un jeune manager pense que le fait de ne pas soupçonner la réalité derrière les chiffres est une bonne chose, car cela rend le travail faisable (Entretien du 2/01/14, manager intermédiaire, formation au management). Un autre jeune manager soutient qu'il est normal de ne pas faire de lien, dans certaines activités, entre l'activité de l'entreprise et les chiffres manipulés, il dit à propos des comptables d'une entreprise : « ils n'ont aucune idée de ce qui se passe chez le client, ils savent juste que c'est du conseil en Système d'Iformations Et ils n'ont pas besoin d'en savoir plus, au sens où eux, on leur demande de gérer des tableaux de bord etc. mais on ne leur demande pas de savoir le faire Après est-ce que c'est anormal, non! » (Entretien du 21/04/14, manager intermédiaire, formation au management). Enfin, par rapport aux activités plus liées au marché financier, la déconnection avec toute réalité peut entrainer des excès selon les uns, ou alors il s'agit quoi qu'il en soit d'une activité nécessaire pour assurer les liquidités du marché, selon les autres. La désincarnation du réel via l'usage privilégié ou excessive du chiffre est cependant clairement soulignée par les managers interrogés. 6.1.3.2.2 L'usage privilégié de la représentation chiffrée désincarne l'interlocuteur Ce phénomène est très peu documenté au niveau de nos retranscriptions. Un manager le souligne très clairement, mais le limite aux grandes entreprises : « Il y a une dictature quantitative dans les grandes organisations, beaucoup plus que dans les TPE ou dans les PME, parce que dans les PME, en fait il y a un lien physique qui fait que, on voit tout de suite sur la tête des gens, si ça va, si ça ne va pas et quand on leur dit quelque chose, s'ils sont d'accord ou pas d'accord, et donc finalement, il y a des filets de sécurité. », complété par : « Et ça, dans les grandes entreprises, moi ce que j'ai observé, c'est que ce côté humain, ce côté un peu contact direct etc., il est parfois fui ou faible. Et il est fui ou faible parce que dans la pratique, quand on est patron dans une business unit ou dans une grande structure, en fait finalement on devient une sorte d'intermédiaire qui collecte finalement des données en amont et qui derrière, les synthétise, les oriente etc. et les fait passer en aval, ou du bas vers le haut, et on a également des éléments qui viennent du haut et qu'on doit décoder etc. pour le faire passer, et donc, dans la mesure où on perd ce contact direct, physique, ce côté un peu tribu, et bien du coup, certains peuvent en 315 fait considérer qu'ils font bien leur travail en fait en ne se concentrant plus que sur la partie quantitative » (Entretien du 5/03/14, top manager, formation au management). Trois managers l'illustrent par ailleurs par des exemples : « si vous réalisez 100 alors que c'était une performance importante, on vous demandera 110 l'année d'après », l'homme derrière la performance attendue est complètement o
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DISTRIBUTION SPATIALE D'UNE ESPÈCE BENTHIQUE ÉPITOQUE EN ZONE INTERTIDALE : RÔLE DE L' HYDRODYNAMISME? A Caron, M Olivier, G Desrosiers , E Hudier, S Côté, V Koutiton sky, G Miron , C Retière DISTRIBUTION SPATIALE D'UNE ESPÈCE BENTHIQUE ÉPITOQUE EN ZONE INTERTIDALE : RÔLE DE U HYDRODYNAMISME? Spatial distribution of an epitokous estuarine species in a tidal flat : the rôle of hydrodynamic processes? A. CARON \ M. OLIVIER \ G. DESROSIERS \ E. HUDIER \ S. CÔTÉ \ V. K. KOUTITONSKYl, G. MIRON2 et C. RETIÈRE3 1 Centre Océanographique de Rimouski, Université du Québec à Rimouski et INRS-Océanologie, 310 Allée des Ursulines, Rimouski Québec, Canada, G5L 3A1 2- GIROQ, Département de Biologie, Université Laval, Ste-Foy, Québec, Canada, G1K 7P4 3 Laboratoire maritime de Dinard, Muséum National d'Histoire Naturelle, 17 Avenue George V, B. P. 28, 35801 Dinard, France DISTRIBUTION SPATIALE LARVE HYDRODYNAMISME NEREIS VIRENS INTERTIDAL SPATIAL DISTRIBUTION LARVAE HYDRODYNAMIC NEREIS VIRENS TIDAL FLAT RÉSUMÉ - Sur la base des travaux réalisés sur le site de l'Anse-à-1'Orignal, estuaire maritime du Saint-Laurent (Québec, Canada), nous avons évalué l'importance des sollicitations hydrodynamiques sur la distribution spatiale des individus d'une population intertidale de la Polychète Nereis virens Sars (Polychaeta : Nereidae). La répartition spatiale de cet Annélide repose sur une ségrégation édaphique des individus matures et immatures qui est corrélée à la texture du substrat, à sa teneur en matière organique et, en ce qui concerne les Vers de plus grandes tailles, à l'épaisseur de la couche colonisable des sédiments. Dans la partie supérieure de la zone intertidale, les densités maximales de larves sont observées dans les secteurs où les courants de marée sont les plus faibles entraînant le dépôt de fines particules sédimentaires. Par contre, les plus fortes concentrations d'adultes sont observées dans les zones du niveau inférieur qui correspondent au panache de diffusion des eaux de vidange de la baie. INTRODUCTION L'hydrodynamisme du domaine intertidal est fonction essentiellement des effets combinés des houles dues aux vents et des courants générés par les marées. Les processus hydrodynamiques influencent plusieurs facteurs responsables de la répartition spatiale des espèces et des individus des populations benthiques (Bhaud et al., 1981; Keough & Downes, 1982; Eckman, 1983; Hannan, 1984; Banse, 1986; Butman, 1987). En outre, l'hydrodynamisme contrôle la distribution spatiale des particules sédimentaires (Wieser, 1959; Leeder, 1984; Pethick, 1984). En règle générale, les courants de flot possèdent une capacité de transport plus grande que ceux du jusant ce qui se traduit par une accumulation de particules dans le haut de plage (Leeder, 1984; Reise, 1985). Dans un environnement semi-protégé comme le site de la présente étude, on observe ainsi un envasement dans les zones abritées (fond de baie) et des dépôts sableux dans les parties ouvertes aux houles du large (bas de la zone intertidale). De cette façon, les processus hydrodynamiques vont agir sur la répartition spatiale des organismes benthiques en limitant l'accès à certains types de sédiments (Bellan, 1977). L'hydrodynamisme contribue bien évidemment au transport de larves chez les espèces benthiques à développement larvaire pélagique. Dans ce cas, l'influence des processus hydrodynamiques dépendra principalement de la durée de la phase larvaire pélagique et de la capacité des larves au déplacement. Dans la région choisie pour cette étude, la communauté boréo-atlantique à Macoma balthica (L.) domine la zone intertidale où les processus hydrodynamiques sont importants (Desrosiers et al, 1980; Desrosiers & Brêthes, 1984). Cette communauté comporte un faible nombre d espèces, dont un Annélide Polychète, Nereis virens. Cette Polychète préfère habituellement les sédiments sablo-vaseux, les moulières et les réseaux de racines des marais salés, où l'hydrodynamisme est relativement faible (Pettibone, 1963; Bellan, 1977). N. virens peuple également les fonds de baie et serait l'espèce caractéristique du groupement annélidien lagunaire eurytherme et euryhalin (Bellan, 1978). Pour apprécier les effets de l'hydrodynamisme sur la distribution spatiale de cette espèce, nous devons connaître assez bien son cycle de vie. D'abord, cette Polychète présente un développement indirect avec une brève phase pélagique au stade larvaire (Bass, 1970; Bass & Brafield, 1972; Desrosiers et al, 1991b). Les premières larves trochophores deviennent planctoniques à la fin du 6ème jour de leur développement pour une période de 12 à 15 h (Bass & Brafield, 1972). Caractéristiques du site d'étude L'Anse-à-1'Orignal se localise à une vingtaine de km à l'ouest de Rimouski, Québec, Canada (Long. : 68° 33' W; Lat. : 48° 20'N). Elle s'oriente vers le nord et est abritée des vents dominants (sud et sud-ouest) et des courants résiduels de surface (El-Sabh, 1988). Cette baie possède une zone intertidale d'une superficie supérieure à 2 km2 avec une faible pente de 0,40 % (Miron & Desrosiers, 1990; Caron, 1991; Caron et al., sous presse). Les caractéristiques granulométriques, la RÉPARTITION SPATIALE ET RÔLE DE L'HYDRODYNAMISME 87 teneur en matière organique du substrat ainsi que l'épaisseur de la couche colonisable des sédiments varient significativement selon le niveau hypsométrique (Miron & Desrosiers, 1990; Caron, 1991). Dans la partie supérieure de la zone intertidale de l'Anse-à-l'Orignal (Fig. 1), nous observons un sédiment hétérogène de sables graveleux vaseux et riche en matière organique (7 à 15 %). Au niveau inférieur, les sédiments plus homogènes possèdent une faible teneur en matière organique (1 à 2 %) et sont constitués principalement de sables. Le centre de la plage présente des caractéristiques granulométriques intermédiaires dont la variabilité spatiale à petite échelle (de l'ordre du 100 m) est importante. L'épaisseur de la couche colonisable des sédiments diminue du bas vers le haut de plage en relation avec la présence d'une argile indurée. Cette argile correspond aux dépôts d'une ancienne mer glaciaire, la Mer de Goldthwait (14 000 ans AA), que l'on observe à une profondeur inférieure à 10 cm dans le haut de î'estran (Dionne, ). Description sommaire du modèle hydrodynamique Le modèle numérique utilisé pour la simulation des courants de marée dans la baie est décrit par Bauer et Stroud (1978). C'est un modèle à couches tridimensionnelles qui résout les équations de continuité et de mouvement selon un schéma aux différences finies. A l'origine, ce modèle a été conçu spécialement pour l'étude des processus hydrodynamiques côtiers. A cet effet, il inclut les termes non-linéaires des équations du mouvement ainsi qu'un terme de friction quadratique, permettant une meilleure estimation des courants en zone peu profonde. De plus, il permet de simuler le découvrement/recouvrement périodique de I'estran par la marée selon un processus de fermeture de cellules sèches. Cette caractéristique est particulièrement intéressante dans le cas de l'Anse-à-l'Orignal, une partie importante de sa surface se découvrant périodiquement. Dans le cadre de cette étude, une seule couche fut imposée pour l'étude de la baie. hydrodynamique. Nous avons utilisé deux méthodes de prélèvements afin d'obtenir les larves, les juvéniles et les adultes de cette espèce. L'échantillonnage s'est déroulé en juin 1990. Pour le prélèvement des individus ayant moins de 8 segments sétigères, 50 échantillons ont été positionnés de façon aléatoire afin d'obtenir une bonne représentativité de l'ensemble de la zone intertidale (Fig. 3). Le nombre de stations a été déterminé d'après Elliot (1971) avec les données de l'étude de Desrosiers et al. (1991b). A chaque station, nous avons prélevé le premier centimètre des sédiments sur une surface de 0,0625 m2. Les échantillons ramenés au laboratoire ont été congelés (-20°C) jusqu'à leur analyse, soit le tri des larves. La méthode de tri consiste, tout d'abord, à passer les échantillons sur une maille de 150 p,m de côté dans le but de retenir la grande majorité des larves de cette Polychète (Desrosiers et al., 1991b). Par la suite, les débris organiques et les larves étaient séparés des particules sédimentaires en utilisant le principe de flottaison dans une solution concentrée de saccharose d'après une méthodologie développée par Heip & Hautekeit (1974). Chaque individu ainsi récolté était classé selon le nombre de segments sétigères. ron et al., sous presse), ont été aléatoirement choisies parmi les 50 sites de prélèvement que nous avons décrits auparavant. A chaque station, nous avons récolté, aléatoirement et à 3 reprises, 20 à 30 cm de sédiments sur une surface de 0,10 m2. Nous avons fixé les résidus d'un pré-tamisage sur une maille de 1 mm2 d'ouverture dans une solution formolée tamponnée (4 %). Au laboratoire, tous les individus furent triés et comptés. Nous avons déterminé le poids total formolé essuyé de chacun des individus. Nous avons réparti les individus dans 3 classes de taille : 0 à 250 mg, 250 à 1 000 mg et > 1 000 mg. RESULTATS Processus hydrodynamiques Dans l'Anse-à-l'Orignal, les marées sont de type semi-diurne (M2) et génèrent des courants supérieurs à 20 cm s1. Le modèle hydrodynamique à deux dimensions couvrant-découvrant utilisé par Côté (1991) nous permet d'intégrer les énergies moyennes liées à ces courants lors d'un cycle complet de marée (Fig. 2). Les secteurs de faible énergie se localisent presque uniquement le long du rivage. Elles coïncident avec les plus fortes teneurs en matière organique et les plus grandes L'échantillonnage des plus gros individus s'est déroulé à la même époque alors que 30 stations, déterminées d'après Elliot (1971) selon les données antérieures (Miron et Desrosiers, 1990; Ca- Fig. 2. - Contours d'énergie moyenne exprimée en m2 s 2 x 10 4 lors d'un cycle de marée Chaque ligne représente une augmentation ou une diminution de 5,0 X 10~4 m2s 2. Contour Unes of intégration current energy (x 10"4 m2 an increase or decrease of 5.0 x 10"4 m2s 2. 2 M2 d'après Côté, 1991). ) over one tidal cycle (Mj). Each contour line represents RÉPARTITION SPATIALE ET RÔLE DE L'HYDRODYNAMISME concentrations en particules fines (Fig. 1A et 1B). Les contours d'énergie moyenne nous indiquent également un site dont l'hydrodynamisme du aux marées est particulièrement intense et variable. Ce secteur se situe entre les deux principales îles de l'Anse-à-l'Orignal où les sédiments sont plus grossiers et contiennent une plus faible quantité de matière organique. La position géographique de F Anse-à-l'Orignal la rend sensible à l'influence des vagues générées par des vents du nord et du nord-est. La distance sur laquelle agissent de tels vents (« fetch ») dans l'estuaire maritime du Saint-Laurent est bien supérieure à 40 km permettant le développement de vagues d'intensité moyenne à forte. La figure 3 illustre les aires potentiellement protégées lors des conditions de tels vents. Entre les mois de mai et d'août, les vents soufflant du nord et nord-est possèdent une fréquence de 15 % alors que les vents du sud et sud-ouest dominent avec 25 %. L'estimation de ces pourcentages est basée sur un échantillonnage journalier pendant plus d'une trentaine d'années (Environnement Canada, 1984). La variabilité inter-annuelle est étonnamment faible pendant la même saison. Les vents peuvent ainsi devenir un facteur très important puisque les résultats d'un échantillonnage menés sur un cycle mortes-eaux vives-eaux au printemps 1991 montre des courants de houle pouvant atteindre 50 cm s-1 89 pour une période de 4 secondes. Cette vitesse représente 2,5 fois celle générée par les marées. Répartition spatiale des individus La figure 4 montre une distribution spatiale des individus de l'espèce N. virens suivant évolution selon la taille. D'abord, nous observons l'arrivée des larves trochophores à la surface des sédiments entre mai et juin (Desrosiers et al, 1991b). Les larves se déposent ensuite préférablement dans les secteurs nord-ouest de la baie et de chaque côté du chenal passant entre les deux îles où nous avons identifié des énergies moyennes particulièrement intenses et variables. Les plus fortes densités d'individus de 3 segments sétigères sont observées à l'extrême nord-ouest de l'Anseà-1'Orignal, secteur riche en matière organique. Les individus de plus forte taille, les post-larves (6 segments sétigères) et les juvéniles (0 à 250 mg) colonisent à plus faible densité une bande plus large s'étendant vers l'est. Les densités maximales d'individus ayant 6 segments sétigères s'observent dans les mêmes secteurs que les larves trochophores. Fig. 3. - Aires potentiellement protégées (hachures) lors des conditions de tempête. Les points représentent l'emplacement des stations d'échantillonnage. Map of potential sheltered areas (hachuring) during storm conditions. Dark circles represent sampling stations. 90 A. CARON et al. Fig. 4. - Densités (ind. m"2) des individus de l'espèce Nereis virens de l'Anse-à-l'Orignal. A, 3 segments sétigères; B, 6 segments sétigères; C, 0 à 250 mg de poids total; D, poids total > 1 000 mg. Densities (individuals.m'2) of Nereis virens. A, Three chaetigerous segments. B, Six chaetigerous segments. C, 0 to 250 mg total weight and D, Total weight > 1 000 mg. Parmi les trois classes de taille précédentes, aucune ne s'observe dans le bas de la zone intertidale de l'Anse-à-l'Orignal. Les résultats montrent que ce sont des individus de forte taille (>1 000 mg) qui habitent le bas de plage. Une proportion importante de ces individus possède des gamètes différenciées. Ces individus matures forment une bande étroite fermant l'ouverture de la baie. C'est, par conséquent, le seul secteur de relâchement des larves. La distribution particulière des adultes sera déterminante dans l'analyse des effets des processus hydrodynamiques sur la répartition spatiale et le transport des larves. DISCUSSION La Polychète N. virens ne se reproduit qu'une fois au cours de son cycle de vie. La reproduction est relativement courte et synchrone. Elle est déclenchée par l'action conjointe d'une élévation de la température de l'eau et d'une phase lunaire. Dans nos régions, la durée de la reproduction dépend des conditions climatiques allant d'une semaine à presqu'un mois. Les mâles sortent de leur terrier et nagent à la recherche d'ouvertures de terrier femelle. Les femelles de cette espèce expul- sent leurs gamètes à l'embouchure de la galerie. Les gamètes mâles sont relâchées dans la colonne d'eau où la fécondation se produit. Après une certaine période d'incubation à la surface des sédiments, les larves éclosent et passent directement dans la colonne d'eau. Les larves demeurent pélagique durant 12 à 15 h. Elles arrivent à la surface des sédiments par pulsations dont le nombre dépend probablement de la durée de la reproduction. Les larves de 3 sétigères marquent le début du recrutement benthique. La durée de la phase larvaire peut aider ou nuire à la dissémination de l'espèce puisque les larves sont susceptibles d'être entraînées par les courants de marée (Bass, 1970). Desrosiers et al. (1991b) ont déjà montré que, malgré sa courte durée, la vie pélagique de N. virens semble suffisante pour que les larves soient amenées vers la partie supérieure de la zone intertidale durant la marée montante. Nos résultats abondent dans le même sens malgré l'observation d'importantes et significatives variations spatiales de la densité des très jeunes individus (Fig. 4A et 4B). Les plus fortes densités de larves se retrouvent dans secteurs où l'on observe une faible « énergie moyenne » des courants de marées, une forte concentration de particules fines et des teneurs élevées en matière organique. L'ensemble de ces facteurs in- RÉPARTITION SPATIALE ET RÔLE DE L'HYDRODYNAMISME fluence, sans aucun doute, la distribution spatiale des larves (Pratt, 1953; Tyler & Banner, 1977; Butman, 1987; Desrosiers et al, 1991b). Dans l'Anse-à-l'Orignal, nous avons également remarqué une absence de larves et de jeunes individus dans la partie inférieure de la plage. Dans ce secteur, on retrouve des sédiments de sable grossier à faibles teneurs en matière organique. Les contours d'énergie moyenne nous suggèrent un hydrodynamisme plus important que celui du haut de plage rendant difficile le dépôt des larves. 91 les tous premiers stades de vie représenterait une cause probable de cet écart. A cet effet, les travaux sur le recrutement larvaire de cet Annélide (Desrosiers et al, 1991b) démontrent des taux de mortalité variant de 89 à 91 % entre les stades à 3 et 8 segments sétigères. Selon ces derniers auteurs, les variations de la température à la surface des sédiments et/ou la prédation par les espèces endobenthiques expliquent une part importante de la mortalité dans les tous premiers stades. D'autres auteurs arrivent aux mêmes conclusions chez N. virens (Commito & Shrader, 1985) et chez d'autres espèces (Mileikovsky, 1974; Woodin, 1976; Fauchald & Jumars, 1979; Hunt, 1980). Bien que la différence entre la distribution des larves à 3 et 6 sétigères puisse être expliquée par les processus hydrodynamiques, cela n'exclue nullement une mortalité différentielle des post-larves. En revanche, la distribution spatiale des jeunes individus n'explique pas celle des adultes (Fig. 4 D). Pour ces derniers, nous remarquons une inversion de la distribution des plus hautes densités d'individus entre le haut et le bas de la zone intertidale. Les plus fortes densités d'adultes (> 1 000 mg) coïncident avec les zones de diffusion du panache des eaux de vidange de la baie. Ces observations suggèrent une migration des juvéniles du haut vers le bas de plage qui est certainement non-reliée à la reproduction. Le déclenchement de cette phase migratoire n'a pas encore été élucidé mais selon certaines observations, il serait dépendant de la densité (Miron & Desrosiers, 1990; Caron, 1991; Miron, 1991). A partir des études sur la variabilité temporelle des structures dimensionnelles de la population, la migration se produirait à la fin 'octobre ou au début de novembre juste avant la prise des glaces (Caron, 1991). Ce type de migration a déjà été observé chez cette Polychète (Dean, 1978). De plus, Dean (1978) signale la présence des individus nageant à la surface de l'eau pendant la phase descendante de la marée mais n'observe jamais ces mêmes individus combattant le courant de marée. Une migration des jeunes a été également observée par Bass & Brafield (1972) dans le sens inverse puisque la grande majorité de la population est subtidale sur les côtes orientales d'Angleterre. Cette observation serait due principalement à la différence de température sur les zones intertidales dans ce secteur. CONCLUSION La présente étude montrent également une différence importante des densités entre le stade à 3 segments et à 6 segments sétigères. Les densités sont de 3 400 ind./m2 et 350 ind./m2 respectivement ce qui correspond à une variation de 90 % des effectifs. La forte mortalité des individus dans Malgré la capacité natatoire des jeunes individus, l'hydrodynamisme semble jouer un rôle dans la migration des juvéniles tout comme dans la distribution des larves. Initialement, après la repro- 92 A. CARON et al. duction, les larves (3 segments sétigères) se retrouvent dans la colonne d'eau pendant une brève période. Incapable de combattre les courants de marées, les larves sont entraînées vers les secteurs à faible énergie en accord avec le modèle hydrodynamique couvrant-découvrant utilisé par Côté (1991). On ignore cependant si ces individus nouvellement métamorphosés sont remis en suspension dans la colonne d'eau. Par la suite, un étalement de la population vers l'est amène à la distribution des juvéniles. Ces derniers migreraient vers le bas de plage mais toujours sous l'influence des processus hydrodynamiques. En effet, la répartition spatiale des adultes semble suivre les zones de diffusion du panache des eaux de vidange de la baie. L'hydrodynamisme devient probablement un des déterminants importants de la distribution spatiale de cet Annélide dans la zone intertidale. Par contre, une étude de la variabilité temporelle des distributions en fonction des processus hydrodynamiques devrait confirmer cette hypothèse. - Cette étude a été réalisée avec l'aide financière du Conseil de Recherche en Sciences Naturelles et en Génie du Canada (CRSNG). Nous désirons aussi remercier les membres du laboratoire d'écologie benthique du Centre Océanographique de Rimouski pour leur entière collaboration lors de l'échantillonnage et de l'analyse des prélèvements. Nous remercions aussi le Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui nous a permis d'effectuer nos échantillons dans le Parc Provincial du Bic. MM A. Caron, S. Coté et G. Miron tiennent à remercier pour son support financier le Conseil de Recherche en Sciences Naturelles et en Génie du Canada (CRSNG). M. M. Olivier remercie le Programme d'Action Structurante du Ministère de l'Enseignement Supérieur du Québec pour l'aide financière accordée Les auteurs tiennent également à remercier Mme J. Noël pour son travail lors de l'élaboration des figures. REMERCIEMENTS.
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La transposition du pouvoir administratif exorbitant en droit de la régulation économique. Droit. Université Panthéon-Sorbonne - Paris I, 2021. Français. &#x27E8;NNT : 2021PA01D046&#x27E9;. &#x27E8;tel-03651946v2&#x27E9;
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2617 LACABARATS A., « Le rôle du juge », LPA, 31 juill. 2003, n° 152, p. 43. 2618 CASSINI S., « Une fusion entre l’Arcep et le CSA à nouveau sur la table », 25 juill. 2019, disponible à l’adresse suivante : https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/25/une-fusion-entre-l-arcep-et-le-csa-a-nouveausur-la-table_5493435_3234.html. (Consulté le 03/12/2019). 624 La transposition du pouvoir administratif exorbitant en droit de la régulation économique balkanisation, de féodalisation, de réorganisation ou de " modernisation " selon la connotation négative ou positive que l’on veut prêter à cette évolution »2619. 1221. Tout l’enjeu du contrôle exercé par le juge sur le pouvoir régulateur des autorités indépendantes, tant en droit national que communautaire, réside dans le fait de pouvoir tendre vers un « meilleur équilibre»2620 entre l’efficacité de la régulation économique et le respect des droits fondamentaux des acteurs, pris en ce cas, comme des « opérateurs- justiciables »2621. L’efficacité est une notion indissociable de la régulation économique d’autant plus que les acteurs économiques ne sont pas, s’agissant du respect des règles juridiques qui régissent leurs activités, d’une obéissance systématique. C’est seulement une régulation efficace, en ce sens qu’elle est en mesure d’imposer une certaine coercition, bien que proportionnée et justifiée, qui pourrait permettre une meilleure conciliation entre exorbitance du régulateur et liberté économique des acteurs. Jean-Marc Sauvé n’hésite pas à parler de « phénomène de juridictionnalisation »2622 lorsqu’il évoque ce qui est devenue comme impérative : la stricte observation des principes relatifs au procès équitable par les autorités de régulation. En faisant cela, le juge ne joue-t-il pas, ne serait-ce qu’indirectement, un rôle économiquement politique? §3- Le juge de la régulation économique comme un juge politique? 1222. Si le juge administratif est considéré comme un « facteur de résistance aux changements »2623, il ne doit être d’un quelconque dogmatisme, il devrait au contraire et surtout être celui qui trouve les moyens de circonscrire ces changements. De toutes les manières, les changements sont inéluctables. La régulation économique est souvent présentée, à raison mais souvent aussi avec outrance, comme une conséquence du libéralisme à l’américaine. Face aux contradictions que peuvent engendrer la polysémie de la conception et de l’économie et du droit, le juge se retrouve à devoir « décider » de ce qui est conforme à sa philosophie de l’ordre public, de l’intérêt général et de la protection effective des droits des acteurs économiques, y compris les plus cruciaux d’entre eux. 2619 HANNOUN C., « Comment interpréter le désordre des autorités administratives indépendantes? » in DECOOPMAN N. (dir.), Le désordre des autorités administratives indépendantes : l’exemple du secteur économique et financier, op. cit., p. 9. 2620 SAUVE J.-M., « Propos introductifs » du Colloque Autorités administratifs, droits fondamentaux et opérateurs économiques, art. cit., p. 15. 2621 Ibid., p. 18. 2622 Ibid., p. 16. 2623 LOCHAK D., Traité des sciences administratives, op. cit., p. 297. 625 La transposition du pouvoir administratif exorbitant en droit de la régulation économique 1223. Pour remplir un rôle à la fois sensible et fondamental, la conciliation d’objectifs est si prégnante qu’on ne peut s ’ empêcher d’y voir un certain rôle politique du juge de la régulation économique . Le versant politique de son rôle ne doit cependant en aucun cas laisser entendre qu’il rend des décisions politiques. Car la politique partisane et même la politique administrative ne peuvent ni ne doivent guider le Droit et encore moins le juge (A). Ce rôle est davantage dû au fait qu’il fasse constamment appel, dans la préservation de l’ordre public économique, à l’interprétation téléologique (B). Bien évidemment, une telle interprétation se fait dans les limites que lui fixe le législateur quand bien même le juge peut-être un acteur incontournable de l’évolution de la législation vers tel ou tel conception conservatrice ou progressiste du Droit. A- Sens et délimitation du rôle « politique » du juge de la régulation économique 1224. Aborder le rôle politique du juge dans la régulation économique implique de s’intéresser à son interprétation pragmatique (1) quoiqu’avec raison gardée (2). Le juge de la régulation économique a une fonction qui demeure d’abord et avant tout juridique mais qui, dans sa téléologie, peut être objectivement politique (3). Ce qui le place à équidistance entre le juridique et la politique (4), eu égard aux finalités de sa mission (5). 1- Interprétation pragmatique du rôle politique du juge de la régulation économique 1225. La notion politique, telle qu’ille est entendue dans ce travail, renvoie à l’influence des juges sur l’élaboration et la mise en œuvre des règles de conduite de la société non en tant qu’organe exécutif, ce qui le cas échant, serait par nature aux antipodes du rôle qu’ils incarnent. Les juges participent à l’exercice du pouvoir « entendu au sens politique du terme »2624 en ceci qu’ils imposent « des injonctions socialement légitimes »2625 voire même « étatiquement légitimes »2626. Les propos de Lucien François et de Nicolas Thirion raisonnent ici avec une certaine pertinence puisqu’ils considèrent que le rôle du juge dans la politique renvoie à cet 2624 G. GRANDJEAN, « Les fonctions politiques des juges. Propos introductifs sur le pouvoir politique des juges dans l’exercice de leur fonction », in GRANDJEAN G., WILDEMEERSCH J. (dir.), Les juges : décideurs politiques?, Bruxelles, Bruylant, 2016, p. 18. 2625 Ph. BRAUD, « u pouvoir en général au pouvoir politique », in GRAWITZ G., LECA J. (dir.), Traité de science politique. La science politique, science sociale. L’ordre politique, Paris, PUF, 1985, t. 1, p. 372. Cf GRANDJEAN, « Les fonctions politiques des juges. Propos introductifs sur le pouvoir politique des juges dans l’exercice de leur fonction », art. cit., p. 18. 2626 FRANCOIS L., THIRION N., « Les juges dans la politique », in GRANDJEAN G., WILDEMEERSCH J. (dir.), Les juges : décideurs politiques?, op. cit., p. 53 et s. 626 La transposition du pouvoir administratif exorbitant en droit de la régulation économique « art de conduire des conduites »2627. Le juge s’y adonne très bien et pour notre part, cela n’est rien d’autre qu’un rôle éminemment politique. En édictant, du moins en imposant des règles de conduite à partir de l’interprétation de la loi, les juges imposent une dé marche, donc une injonction dont l’irrespect et l’inobservation sont suivis de sanctions y compri s pécuniaires pour les acteurs économiques. Mais bien au-delà, dans un monde où les notions de « guerre du droit » et d’extraterritorialité font désormais partie d’un langage habituel, il est indéniable que le juge, en défendant un idéal face à un autre, en interprétant les textes en fonction d’une telle ou d’une telle autre considération, fait de la politique. Ou plus exactement il fait « sa politique » dans le sens où il impose une conduite tant aux autorités qu’aux acteurs. Pour d’autres, cette fonction politique des juges se manifeste surtout « à travers les fonctions de régulation »2628. Mais une parcimoine dans l’interprétation d’un tel rôle est primordial. Il faut néanmoins tempérer un tel rôle ou tout le moins le préciser. 2- Raison gardée dans l’interprétation du rôle politique du juge 1226. L’on ne peut néanmoins aller jusqu’à présenter le juge et son rôle « politique » dans les termes américains de judicial policy making qui l’envisagent « comme un acteur politique, c’est-à-dire comme un acteur capable de prendre des décisions ayant la même portée, le même effet que celles prises par les organes de décisions classiques que sont les organes exécutifs ou législatifs »2629. Le Conseil d’État a, par exemple, « minimisé la portée des décrets lois de 1926 relatifs à la création des services publics par les collectivités locales, et fait prévaloir ainsi le dogme du libéralisme économique sur la volonté manifeste des auteurs de ce texte »2630. Replacé dans son contexte des années 30, lendemain d’un jeudi 1929, on peut aisément comprendre la position du juge et son « hostilité » à une interprétation trop libérale. Ceci semble être de mise aujourd’hui, une dizaine d’années après une autre crise, celle des subprimes, et 80 ans après 1929 et au moment même ou se déroule une crise sanitaire aux repercussions économiques colossales. Daniel Lochak considère toutefois, au régard de tous ces aspects, que 2627 Ibid. DUMOULIN L., « Les juges sont-ils des décideurs politique? Libres propos sur ce qui apparait comme un oxymore mais n’en est peut- être pas un... », in GRANDJEAN G., WILDEMEERSCH J. (dir.), Les juges : décideurs politiques?, op. cit., p. 79 et s. 2629 L’auteur insiste ici dans les caractéristiques de ce judicial policy making sur le fait que les juges cherchent à rendre des décisions les moins impopulaires possible, ils recherchent un soutien social favorable à leurs décisions, au même titre que les administrations. Cf. SULPICE O., « Le juge administratif dans l’analyse juridiques des politiques publiques », Université de Grenoble, 2017, 6 au 7 juill. 2017, p. 3, acessible à l’adresse suivante : https://ddd.uab.cat/pub/poncom/2017/176354/Intervention_Oriane_Sulpice.pdf. (Consulté le 15/07/2018). 2630 C’est du moins, selon cet auteur, ce qui ressort de la lecture de l’arrêt CE, sect. du contentieux, 30 mai 1930, Chambre syndicale du commerce en détails de Nevers, supra. Cf. aussi LOCHAK D., Traité des sciences administratives, op. cit., p. 313. 2628 627 La transposition du pouvoir administratif exorbitant en droit de la régulation économique le dirigisme s’accroit mais que le Conseil d’État résiste en maintenant le principe de la liberté de commerce et de l’industrie comme la base. 3- Une fonction juridique objectivement politique 1227. Si l’on se fie à la mission du Conseil d’État en tant que juge de l’administration, on ne peut que partager l’affirmation selon laquelle « le juge administratif, parce qu’il est le juge de l’exécutif, donc du pouvoir, est amené, par la force des choses, à jouer un rôle politique, qui s’exprime autant par la diffusion de certaines valeurs que par des interventions plus directes dans la vie politique »2631. Tout comme lorsqu’on prend en compte la téléologie de sa mission dans la régulation économique, on ne peut que souscrire au postulat en vertu duquel « le juge a également participé à la consolidation d’un ordre libéral conciliant la protection des droits des individus avec les prérogatives reconnues à l’État pour maintenir la paix civile et faire prévaloir l’intérêt général »2632. Alors, en jugeant la régulation, le juge ne le fait que dans la stricte mesure que sa conception de l’ordre public économique soit préservée, que l’intérêt général ne soit pas sacrifié au profit d’un quelconque autre intérêt particulier mais qu’il lui soit transcendant. Tout doit tendre vers la protection d’un ordre libéral, désormais bien ancré, mais qui doit en contrepartie participer à la promotion et à la protection des valeurs non-économiques contemporaines. 4- D’incontournables interrogations sur le rôle politique du juge de la régulation 1228. On pourrait même être plus audacieux en s’interrogeant en formulant autrement. Quel juge politique ou alors quelle politique du juge dans la mondialisation économique? Quel rôle doit-il jouer pour la préservation d’un ordre public économique qui n’est pas nécessairement celui auquel croient des acteurs appartenant, ne serait-ce qu’en partie mais de manière prépondérante, à une ou d’autres conceptions d’un tel ordre? Le juge ne peut répondre à ces questions que par le biais de la politique et non du droit strict o sensu. Il ne devrait pas y avoir un tabou entre la notion politique et les juges quand bien même ces derniers sont tenus d’être indépendants du politique. Ce dernier étant l’homme ou la femme politique qui défend un projet de société au nom d’une idée ou d’une formation politique. Le rôle politique du juge, tel qu’il l’exerce au nom de l’État, s’avère plus large et plus transcendant que celui d’une personne 2631 2632 LOCHAK D., « Le Conseil d’État en politique », Pouvoirs, avr. 2007, n°123, p. 19-32, spéc. p. 19. Ibid., p. 19-20. La transposition du pouvoir administratif exorbitant en droit de la régulation économique appartenant à un gouvernement donné et dont il défend la politique2633. D’ailleurs, le fait de pouvoir jouer un rôle politique n’est pas tout à fait nouveau pour le juge, car même en cas de conflits des lois, l’exclusion d’une loi au profit d’une autre est souvent plus proche d’un choix politique que juridique. Pour Danièle Lochak, « en cas de conflit entre deux normes de même valeur, il arrive que le juge fasse un choix entre elles. Dans ce choix, il garde un pouvoir discrétionnaire (...) Le choix qu’il effectue fait place à des considérations politiques qui l’emportent sur les considérations juridiques »2634. S’il est vrai qu’il ne faut pas aller jusqu’à entériner « l’emprise croissante des juges dans la société »2635, il n’en reste pas moins que ceuxci jouent un rôle déterminant dans la défense de l’ordre public économique et l’orientation, ne serait qu’indirectement, de la politique économique d’un État. 5- Equidistance entre fonction juridique et finalité politique 1229. Même si l’on ne peut, eu égard à la polysémie du mot politique, vertement affirmer que le juge de la régulation économique est un juge politique en ce sens qu’on n’est pas en présence de ce que certains avaient surnommé « le gouvernement des juges »2636, notion « antienne »2637 ; il n’en demeure pas moins que le juge-régulateur se trouve à équidistance entre la politique et le droit. Or le droit de la régulation, comme l’a souligné Guy Canivet, est indéniablement caractérisé par sa « finalité politique »2638. L’aboutissement à cette finalité se manifeste de différentes manières. Le régulateur « vise à modifier un marché, à l'ouvrir à la concurrence ou à privatiser, libéraliser, déréguler un service public. Il a, par conséquent, une finalité propre, spécifique, expresse »2639. En conséquence, dans son contrôle de l’action et des décisions du régulateur « le juge intervient dans le cadre de la mise en œuvre d'une politique de régulation »2640. Laquelle politique de régulation demeure un inévitable corolaire de la politique économique telle qu’elle est encadrée par la politique juridique définie par l’État. 2633 Toutefois, le pouvoir politique dans le sens étatique du terme demeure plus large est incorpore tous les autres pouvoirs (militaire, administratif, judiciaire...). C’est le « pouvoir politique prééminant dans l’État », Cf. LOCHAK D., Le rôle politique du juge administratif français, Paris, LGDJ, 2015, p. 21. 2634 LOCHAK D ., Traité des sciences administratives , op. cit ., p. 126. 2635 GRANDJEAN G., « Les fonctions politiques des juges. Propos introductifs sur le pouvoir politique des juges dans l’exercice de leur fonction », art. cit. 2636 TROPER M., Le gouvernement des juges. Mode d’emploi, Dalloz, 2006, 52 p. ; LAMBERT E., MODERNE F., Le gouvernement des juges et la lutte contre la législation sociale aux États-Unis: l’expérience américaine du contrôle judiciaire de la constitutionnalité des lois, Paris, Dalloz, 2005, XIX-276 p. ; TERRE D., « Le gouvernement des juges », in TERRE D. (dir.), Les questions morales de droit, Paris, PUF, coll. « Ethique et philosophie morale », 2007, 167-191. 2637 MARTUCCI F., « Les ‘’Mesures anti-crise’’ et le droit de la stabilité financière », art. cit., p. 261. 2638 CANIVET G., « Régulateurs et juges : conclusions générales », art. cit., p. 50 et s., spéc. p. 54 2639 Ibid. 2640 Ibid., p. 50 et s., spéc. p. 54. 629 La transposition du pouvoir administratif exorbitant en droit de la régulation économique B- L’interprétation téléologique comme politique de préservation de l’ordre public économique 1230. Au point où en est la mondialisation économique, il n’y a rien de rédhibitoire à évoquer une politique de régulation économique, d’autant plus que le juge s’inscrit dans une logique de préservation d’un ordre public économique dont la prétention n’a rien d’étranger à la politique économique. Cette dernière étant elle-même inspirée d’une conciliation entre, d’une part l’ouverture dictée par la mondialisation é conomique et, d ’ autre part par la conservation jalouse des principes acquis de puis les siècles des lumi ères et conservés dans des textes aussi fondamentaux que la Constitution ou la CESDH. Cette interprétation téléologique participe de plusieurs manières à l’encrage et à la préservation du rôle politique juge économique. 1231. L’interprétation téléologique du juge n’a jamais eu autant de singification qu’en matière de régulation économique. Son rôle politique se manifeste avant tout dans sa participation à la production des normes (1), se révélant ainsi comme la « bouche » d’une régulation profondément politique (2). Cependant, il faut d’emblée écarter l’idée d’une quelqconque transformation de son rôle en une politique partisane. Tel un rempart infranchissable, il garde sa souveraineté erga omnes (3), tant sur le plan national (4) que communautaire (5). Le rôle politique du juge de l’Union est d’ailleurs si intense qu’il s’impose de le nunancer (6). 1- Manifestation du rôle politique par la production jurisprudentielle des normes 1232. Il faut souscrire à la considération selon laquelle « l’allocation autoritaire des valeurs »2641, autremendit la production des normes, à travers des décisions et des actes, se présente comme « la première fonction politique des juges »2642. On peut même dire que la démarche qui consiste à opposer un ordre public à un autre demeure un processus hautement politique dans la mesure où la fonction du juge ne se limite pas à « une application mécanique de la règle de droit à un fait brut, [elle] implique des choix de politique juridique »2643. Qu’il s’agisse de 2641 EASTON D., A Systems Analysis of Political Life, New York, John Wiley & Sons, 1965, p. 21 cité par GRANDJEAN G., « Les fonctions politiques des juges. Propos introductifs sur le pouvoir politique des juges dans l’exercice de leur fonction », art. cit., p. 24. 2642 Ibid. 2643 THUNIS X., « La sagesse du juge : le devoir avant la vertu », in MIES F., Toute la sagesse du monde, Hommage à Maurice Gilbert,, s.j. pour le 65e anniversaire de l'exégète et du recteur, Namur, Lessius - Presses universitaires de Namur, coll., « Connaître et croire », vol. 4, 1999, p. 229 et s. ; PAQUES M., « L’action politique du juge. En particulier celle du juge de l’administration », in GRANDJEAN G., WILDEMEERSCH J. (dir.), Les juges : décideurs politiques?, op. cit., p. 134. La transposition du pouvoir administratif exorbitant en droit de la régulation économique « combler les lacunes de la loi »2644 ou d’interpréter des textes « obscures ou imprécis »2645, le juge participe à l’élaboration des normes. En faisant cela, il joue un rôle tout aussi fondamental que celui de juger et cela revient in fine à jouer un rôle politique dans le sens où il réorganise les comportements des acteurs concernés par son interprétation souveraine. Mais si, selon Danièle Lochak, l’on ne peut affirmer avec netteté que le juge administratif, à la tête duquel se trouve le Conseil d’État, est « une institution libérale », il n’en reste pas moins qu’il n’exclut pas l’idée et préfère qualifier sa position de « libéralisme républicain »2646. C’est-à-dire celui qui concilie le libéralisme et les principes issus de 1789. Et contrairement à ce qu’on pourrait attendre, cet auteur estime que le Conseil d’ État fait preuve « d’un conservatisme libéral » qui se manifeste par sa « résistance aux changements économique et sociaux »2647. Il estime que le Conseil d’État manifeste souvent son hostilité à l’interventionnisme économique de l’État. Or, il n’en reste pas moins que la Haute juridiction administrative fait preuve de parcimonie et ne sacrifie pas l’ordre public économique, de surcroit lorsque l’intervention de l’État est nécessaire, au profit du laisser faire. La justice demeure politique par « sa fonction normative »2648. D’autant plus que le fondement libéral de l’union économique fait que désormais l’évidente évocation du rôle politique du juge, en ceci qu’il opère des choix d’orientation et de conception par rapport à d’autres philosophies ques, politiques et juridiques, relève à la fois d’un « pléonasme » et de « la plus grande des banalités »2649. 2- Le juge comme la « bouche » d’une certaine politique de régulation 1233. Le juge est d’une certaine façon l’interprète d’ un système politique . C’est dans ce sens que David Easton indique que son rôle consiste « à garantir la continuité, voire la persistance, d’un système politique »2650. Il se pourrait que cet auteur ait affirmé ceci sous l’influence empirique du système politique et judicaire américain lequel, à certains égards, est très différent du système européen et notamment français. Toutefois, que l’on soit dans un système ou dans Danièle Lochak précise tout de même que la notion de « lacune dans l’ordre juridique est essentiellement relative et subjective » car souvent brandit en fonction des « propres conceptions politico-morales » du juge. Chaque juge semble l’évoquer en fonction de ses convictions péronnelles. Cf. LOCHAK D., Traité des sciences administratives, op. cit., p. 83. 2645 LOCHAK D., Le rôle politique du juge administratif français, op. cit., p. 83. 2646 Ibid., p. 158. 2647 L’auteur souligne par exemple que le Conseil a « minimisé la portée des décrets-lois de 1926 relatifs à la création de services publics par les collectivités, et ait prévaloir ainsi le dogme du libéralisme économique sur la volonté manifeste des auteurs de ce texte ». Cf.: ibid., p. 313. 2648 POIMEUR Y., « Comprendre la « justice politique » au niveau européen », in CLEMENT-WILZ L. (dir.), Le rôle politique de la Cour de justice de l’Union européenne, op. cit., p. 67 et s. 2649 DUBOUT E., « Le libéralisme politique de la Cour de justice-Le cas de la liberté d’entreprise », in CLEMENT-WILZ L. (dir.), Le politique de la Cour de justice de l’Union européenne, ibid., p. 145. 2650 EASTON D., A Systems Analysis of Political Life, op. cit., p. 38. La transposition du pouvoir administratif exorbitant en droit de la régulation économique un autre, exception faite de quelques revirements ou évolutions jurisprudentiels, le juge, via ses décisions et ses avis, sans faire de la politique dans le sens de la conquête du pouvoir, se fait légitimement le porte-parole d’un système politique. « Les juridictions contribuent à l’établissement et au maintien d’un ordre politique, c’est-à-dire d’un ensemble structuré de valeurs, de principes et d’intérêts par lesquels s’exerce la domination politique, ce mélange de contrainte et d’acceptation de la contrainte »2651. Dans le domaine économique et ce pendant longtemps, le juge administratif n’appréhendait les activités économiques que par un « travail discret d'annexion »2652. Mais les choses ont changé puisque depuis lors, il semble avoir fait « une entrée en force dans la matière de régulation économique »2653. En matière de concurrence économique par exemple, le rôle politique du juge ressort avec un certain intérêt dans la mesure où ses décisions « répartissent les ressources à l’intérieur des collectivités humaines et opèrent donc des fonctions de régulation »2654, voire des choix politiques. 3- L’impérissable souveraineté du juge dans son rôle politique comme singulier rempart 1234 . Si juger c’est « agir selon l’esprit des lois en demeurant conscient que la loi n’est pas la seule source de sagesse à laquelle le juge peut puiser les solutions qui répondent au besoin d’équité des justiciables »2655, la reconnaissance de l’existence d’une certaine subjectivité objective, au demeurant acceptable pourvu qu’elle soit justifiée pour et par le Politique, n’enlève en rien l’objectivité indispensable à toute autorité de jugement, qu’elle soit juge ou régulateur. C’est ainsi que pour certains auteurs, juger consiste alors et surtout « dans l’exercice, par une autorité saisie d’un conflit, d’un ensemble de capacités dont aucune ne peut faire défaut : savoir écouter et chercher à comprendre, savoir s’astreindre à s’incliner devant une règle qu’on n’eût pas voulu faire et imaginer toutes les possibilités laissées par les règles Cette référence à la contrainte n’est pas sans rappeler « le monopole de la violence légitime » tel que Hobbes l’avait décrit. Qui pourrait être mieux placé que les juges pour incarner une telle violence légitime au nom de l’État? La réponse est sans équivoque. Cf. DUMOULIN L., « Les juges sont-ils des décideurs politique?», art . cit., p. 79. 2652 BRECHON-MOULENES Ch., « La place du juge administratif dans le contentieux économique public », in Le juge administratif et le contentieux économique, AJDA, sept. 2000, p. 679-686. Cf. aussi FRISON-ROCHE M.A., « Brèves observations comparatives sur la considération des situations économiques dans la jurisprudence administrative », art. cit., p. 408. 2653 Ibid. 2654 DUMOULIN L., « Les juges sont-ils des décideurs politique? », art. cit., p. 91. 2655 SLACHMUYLDER L., « Juger c’est pacifier », Juger, n° 1, printemps 1991, p. 18, in JONGIN F., La police de l’audiovisuel : analyse comparée de la régulation radio et de la télévision en Europe, thèse, Université de Louvain, 1993, p. 100. 2651 632 La transposition du pouvoir administratif exorbitant en droit de la régulation économique à observer, savoir hésiter avant de choisir, savoir résister aux pressions venant de l’opinion publique ou d’ailleurs et savoir enfin se garder de ses propres préventions »2656. 1235. Sans qu’il soit nécessaire de s’orienter vers des « nouvelles loyautés »2657, la vocation doit demeurer la même : réguler, juger et impulser l’évolution de la législation et de la jurisprudence vers davantage de protection de l’humain par le Politique et par le Droit. Dans ce sens, une certaine dose de « politique » des juges pourrait être la bienvenue. « Lorsque le juge administratif se comporte comme auxiliaire des autorités politiques en cas de crise grave, son attitude est dictée en partie par le souci de préserver les fondements du régime ou l’existence des institutions. De même lorsqu’il refuse de céder à des mouvements éphémères de l’opinion, c’est par fidélité à une certaine tradition modérée qu’il entend maintenir »2658. De toute les façons, face à un modèle politique, une régulation juridique partant d’une idéologie politique ne doit pas poser de débats particuliers dès lors que la mondialisation, triomphe du libéralisme sur les autres modèles économiques, entériné entre autres par la chute du mur de Berlin, « n’était pas [seulement] économique, mais encore politique et idéologique »2659. Il ne faudrait cependant pas céder à une conception économiste du droit en réduisant le juge en un « bras armé d’une politique économique qui vise à réduire les coûts, désengorger les tribunaux, bref à gouverner et penser par la loi des chiffres et des nombres »2660. 1236. Sur le paradoxe que pose la question de savoir si le juge devrait avoir un rôle politique, puisqu’il n’est pas une autorité élue, n’ayant donc pas de rôle exécutif, pour prétendre à une telle fonction, Danièle Lochak lève un peu plus le voile en affirmant que « le juge administratif français n’est pas un juge comme les autres »2661. L’une des manifestations les plus éloquentes du rôle politique du Conseil d’État ou même de la Cour de cassation se constate dans sa fonction de gardien de l’intérêt général qui est « éminemment une construction politique progressive dont il ne peut pas être indépendant »2662. Pour Eisenmann, « il est évident que la justice, qui est un service public destiné à trancher des litiges, et qui contribue à l’établissement de l’ordre 2656 FRANÇOIS L., « Le rôle du juge », Juger, n° 1, printemps 1991, p. 8. OST F., « Le rôle du juge. Vers de nouvelles loyautés? », in Institut d’études sur la justice, Le rôle du juge dans la cité : actes du Colloque, 12 oct. 2001, Université catholique de Louvain, Bruxelles, Bruylant, coll., « Cahiers de l’Institut d’Études sur la Justice », 2002, 186 p., spéc. p. 15-45. 2658 LOCHAK D., Le rôle politique du juge administratif français, op. cit., p. 297. 2659 CHEVALLIER J., L’État post-moderne, op. cit., p. 160. 2660 ROUVIERE F., « Les valeurs économiques de la réforme du droit des contrats », art. cit., p. 9. 2661 LOCHAK D., Le rôle politique du juge administratif français, Paris, LGDJ, 1972, p. 9. 2662 ALLIER H., HEIDSIECK Ch.-B., LAVIGNE L., Inter et general : nouveaux enjeux, nouvelles alliances, nouvelle gouvernance, Rapport, préc., p. 14. La transposition du pouvoir administratif exorbitant en droit de la régulation économique juridique dans l’État, est une activité d’intérêt politique »2663. Une autre auteure rencherit : « étant juge des rapports entre le pouvoir et les citoyens, entre le gouvernants et les gouvernés, il est amené par la force des choses à rendre des sentences dont la répercussion se fera sentir sur le plan politique »2664. Ce serait donc un nihilisme quelque peu risible que de s’en excuser. 4- Lucidité du juge économique national dans la mise en œuvre de son rôle politique 1237. En ce qui la concerne, la Haute juridiction judiciaire n’hésite pas, dans l’encadrement de la mondialisation économique, à écarter des lois étrangères qui heurteraient l’ordre public du droit français. Elle procède également, par le biais de la loi de police, à « la sauvegarde de l’organisation politique, sociale ou économique »2665. Cette opposition entre diverses conceptions de l’ordre public et l’interprétation de ce qui relève du fondamental ou non a également pu, dans l’emblématique affaire Erika, être mise en œuvre par la Cour de cassation. Dans cette affaire, la Cour « impose la compétence du juge français [...] pour englober dans la répression des comportements d’imprudence en apparence délaissés par les instruments internationaux [...] pour indemniser les victimes »2666. Un auteur a d’ailleurs pu affirmer que « la relation du juge au pouvoir politique est de nature dialectique : le pouvoir a besoin du juge pour consacrer sa légitimité—car l’existence du juge atteste que les citoyens ne vivent pas sous l’arbitraire ; mais il craint en même temps les empiètements éventuels de ce dernier sur un domaine qu’il considère comme le sien propre »2667. Il en découle que, en dépit de la nécessité de ne pas confondre le juge et le politique, le fait que le premier puisse remplir ne serait-ce que partiellement le rôle du second est beaucoup moins intolérable voire plus souhaitable2668, que le second ne soit amené à jouer ne serait qu’une petite portion du rôle du premier. 5- Quid du rôle politique de la Cour de justice de l’Union européenne? 1238. La doctrine prend moins de pincette quand il s’agit de reconnaître le rôle politique du juge communautaire. Certains estiment que considérer la CJUE « comme un acteur politique » Ch. EISENMANN, « La justice dans l’État », in Centre des sicences politiques de l’Institut d’études juridiques de Nice, La justice, p. 26. Cf. aussi LOCHAK D., Le rôle politique du juge administratif français , op. cit., p. 9. 2664 WEIL P., « Le Conseil d’État statuant au contentieux : politique jurisprudentielle ou jurisprudence politique? » Annales de la Faculté de droit d’Aix, 1959, p. 281. 2665 Cour de cassation, Le juge et la mondialisation dans la jurisprudence de la Cour de cass ation , Etu de annu elle, Paris, La Doucmentation française, 2017, p. 13. 2666 Cass. crim., 25 sept. 2012, Sté. Rina, Total e. a., n°10-82.938, pt. 14. 2667 LAVAU G., « Le juge et le pouvoir politique » in Centre des sicences politiques de l’Institut d’études juridiques de Nice, La justice, op. cit., p. 62. 2668 Pour peu qu’on ne tombe pas dans un indésirable gouvernement des juges. 2663 634 La transposition du pouvoir administratif exorbitant en droit de la régulation économique est non seulement « pas nouveau » mais que c’est surtout « extrêmement banal »2669. Selon Laure Clément-Wilz, cette vision envisage la Cour soit comme « un acteur politique rationnel, au même titre que les autres acteurs politiques »2670, soit comme « un acteur différent des autres, en raison spécialement du contexte juridique, qui encadre et limite le rôle du juge »2671. Qualifier la fonction du juge de l’Union de «‘’politique’’ n’implique pas qu’elle est en dehors du droit. Bien au contraire, le rôle politique du juge repose avant tout sur sa fonction normative ». Même si ce rôle politique « cherche aussi à dépasser l’analyse de sa fonction normative et en cela s’en distingue »2672. Il est cependant indéniable que le juge conserve trois rôles politiques fondamentaux. Celui portant sur une « politique d’orientation », un autre considéré comme « politique critique » et un troisième désigné comme « politique-choix »2673. Tout comme le Conseil d’État, la CJUE est amenée, « par la force des choses »2674, à exercer un rôle politique. Tout jugement peut s’avérer politique dans la mesure où il opère des choix entre deux conceptions juridiques d’un fait précis. On peut même partager l’affirmation selon laquelle « tout acte de juger, qu’il soit interprétatif plus franchement ‘’légiférant’’, est toujours et fondamentalement politique »2675. 6- Une interprétation nuancée du rôle politique du juge communautaire 1239. À l’instar du juge national, on peut reconnaître un rôle « politique » au juge de la CJUE, mais sans le confondre avec le Politique ou le gouvernement des juges. Ceci est d’autant plus important que toute interprétation sans nuance ni délimitation de ce qu ’on entend par rôle politique du juge risque de porter atteinte non pas seulement à l’institution judiciaire mais aussi et surtout à la crédibilité de ses décisions, au demeurant liées par son indépendance et son CLEMENT-WILZ L., « Introduction : Analyser juridiquement le rôle politique de la Cour de justice de l’Union européenne », in CLEMENT-WILZ L., (dir.), Le rôle politique de la Cour de justice de l’Union européenne, op. cit., p. 13-14. 2670 ALTER K.-J., HELFER R.-L., « Nature ou Nurture? Judicial lawmaking in the European Court of Justice and the Andean Tribunal of Justice », International Organisation, 2010, vol. 64, n° 4, p. 563-592. 2671 DEHOUSSE R., The european Court of Justice : the politics of judicial intégration, Basingstoke : Palgrave Macmillan, 1998, 228 p.; GRIMMEL A., « Judicial interpretation of judicial activism-The legacy of rationnalism in the studies of the European Court of justice », European Law Journal, vol. 18, n° 4, 2012, p. 518-535 ; VAUCHEZ A., « The transnational politics of judicialization. Van Ged en Loos and the making of UE polity », European Law Journal, vol. 16, n° 1, p. 1-28, in CLEMENT-WILZ L., Le rôle politique de la Cour de justice de l’Union européenne, op. cit., p. 14. 2672 Ibid., p. 16. 2673 Ibid., p. 17, 18 et 19. 2674 BOULOUIS J., « A propos de la fonction normative de la jurisprudence », in Mélanges en l’honneur de Marcel Waline :le juge et le droit public, Paris, LGDJ, 1974, p. 149-162, spéc. p. 152. 2675 DE BECHILLON D., « Le gouvernement des juges, une question à dissoudre », in BRONDEL S., FOULQUIER N., HEUSCHLING L. et al. (dir.), Gouvernement des juges et démocratie, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Série science politique », 2001, p. 349. Exclure et/ou choisir une vision de société au détriment ou au profit d’une autre, c’est politique (mentionné par nous). La transposition du pouvoir administratif exorbitant en droit de la régulation économique impartialité. Antoine Vauchez souligne à cet effet que « dire d’une cour qu’elle est ‘’politique’’, ce n’est pas en effet simplement donner une définition abstraite de son rôle, c’est aussi toucher l’un des éléments clés de sa légitimité ou, pour le dire autrement, de sa capacité à convaincre de la qualité proprement judiciaire (et non pas politique) de ses actes et de la qualité proprement juridictionnelle de l’institution elle-même »2676. La valeur d’une telle nuance réside dans le fait que toute tentative hasardeuse de requalification de la Cour, et du juge de la régulation de manière globale, en « en acteur politique (...) risquerait immanquablement d’apparaître comme une opération de disqualification »2677 du juge et de son rôle dans la société. Ceci tient au fait que son impartialité doit être erga omnes. La régulation économique restitue avec véhémence l’importance d’une telle impartialité dans la mesure où les décisions du juge doivent être triplement indépendantes : à l’égard des acteurs régulés, des autorités publiques et du régulateur lorsque ce dernier agit auprès de lui en tant que partie. La capacité et la multiplication des remises en cause des décisions du régulateur par le juge en font foi. Par ailleurs, le rôle politique du juge prend encore davantage d’ampleur lorsqu’on s’intéresse aux mesures dites « anti-crise » qu’il est amené à prendre dans le domaine économique et financière. Pour Francesco Martucci, dès lors que « crise et politique » entretiennent d’étroites relations, la jurisprudence de la Cour de justice ne demeure-t-il pas en conséquence « nécessairement politique? »2678. 1240. S’agissant de son rôle politique tel qu’il est défini et circonscrit plus haut, aussi bien sur le plan national que communautaire, il s’avère indispensable d’un autre point de vue, au regard de la proportion prise par la mondialisation économique, que ce rôle se renforce avec vigueur mais sans que le juge ne devienne un politique dans le sens courant du terme. Cette parcimonie ressort d’ailleurs de façon approfondie dans le contrôle juridictionnel opéré par la CJUE en matière de régulation économique. 1241. Aussi complexe que cela puisse paraître, l’ordre public économique, pour le maintien duquel le pouvoir administratif exorbitant est mis en œuvre, est « lié consubstantiellement à une certaine liberté de la liberté »2679. Il se trouve que l’exercice effectif d’une telle liberté se mesure aussi par la lisibilité du recours juridictionnel offerte aux acteurs économiques. Le VAUCHEZ A., « Le travail politique du droit ou comment réfléchir au ‘’rôle politique’’ de la Cour? », in CLEMENT-WILZ L. (dir.), Le rôle politique de la Cour de justice de l’Union européenne, op. cit., p. 39. 2677 Ibid., p. 43. 2678 MARTUCCI F., « Les ‘’Mesures anti-crise’’ et le droit de la stabilité financière », art. cit., p. 259. 2679 MARCOU G., « L’ordre public économique aujourd’hui. Un essai de redéfinition », art. cit., p. 95. Cf. aussi. BAILLET O., « La notion d’ordre public économique dans la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme », art. cit., p. 201. La transposition du pouvoir administratif exorbitant en droit de la régulation économique recours contre les décisions des autorités de régulation demeure totalement ouvert aux acteurs régulés mais il se doit tout de même d’être « organisé et respecté »2680. C’est-à-dire que les motifs de saisines doivent être valables et soutenus par des arguments fondés. Pour qu’une telle organisation harmonieuse puisse demeurer, il est temps, eu égard à la prolifération des régulateurs indépendants, que le contrôle juridictionnel en droit interne devinne plus intelligible. Il va de son effectivité, de son efficacité ainsi que de sa crédibilité et de sa simplicité aux yeux des acteurs économiques, surtout les plus faibles d’entre eux. 2680 Cons. const., décis. du 9 avr. 1996, relative à la Loi organique portant statut d'autonomie de la Polynésie française, supra. Cf. DELVOLVE P., « Le pouvoir de sanction et le contrôle du juge », LPA, 17 sept. 2001, n° 185, p. 18. 637 La transposition du pouvoir administratif exorbitant en droit de la régulation économique Chapitre II- Un contrôle juridictionnel plus intelligible du pouvoir administratif exorbitant en droit de l’Union européenne 1242. Le contrôle juridictionnel de la régulation économique en droit communautaire a ceci de distinctif par rapport au droit national qu’il est plus lisible et moins imbriqué. Une telle intelligibilité résulte à la fois du simple double degré de juridiction tel qu’il s’opère entre la Cour de justice, comprenant le Tribunal, et de l’harmonie dudit contrôle résultant de l’unicité du régulateur européens, en l’occurrence la Commission. Il résulte de ce double degré de juridiction que le justiciable saisit en premier recours le Tribunal et, le cas échant, la Cour de justice en ultime re . Il en découle un contrôle moins enchevêtré qu’en droit national2681. L’alinéa 4 de l’article 263 du TFUE dispose que « toute personne physique ou morale peut former (...) un recours contre les actes dont elle est le destinataire ou qui la concernent directement et individuellement, ainsi que contre les actes réglementaires qui la concernent directement et qui ne comportent pas de mesures d'exécution »2682. La jurisprudence pose quant à elle clairement, et ce de façon constante, que le principe selon lequel toutes les décisions des institutions, y compris et surtout celles qui sont concernées ici--celles de la Commission--sont attaquables devant le juge, en vertu du principe de la protection juridictionnelle effective, dès lors qu’elles produisent des effets juridiques2683. Ce qui implique, en vertu de cette protection juridictionnelle effective, l’irrecevabilité du recours en annulation à l'encontre de mesures ne produisant pas d'effets juridiques obligatoires. Ces dernières sont néanmoins attaquables sur le fondement du recours en responsabilité non contractuelle de l’Union2684. 1243. Le contrôle juridictionnel des actes et décisions de la Commission effectué par le juge européen se justifient doublement. D’une part, il faut préserver le droit des entreprises à être 2681 Cf. Le Chapitre précédent.
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De l'influence du type d'humus sur le développement des plantules de sapins dans les Vosges Louis Rousseau DE L'INFLUENCE DU TYPE D'HUMUS SUR LE Développement des Plantules de Sapins DANS LES VOSGES PAR L. Z. ROUSSEAU AVANT-PROPOS En orientant mes recherches vers l'étude d'un problème qui lui était particulièrement cher, M. DucnxurouR, Chef du Laboratoire de Pédologie de la Station de Recherches et Expériences forestières, a manifesté une confiance à mon égard dont je lui suis très reconnaissant. Pendant dette( années. il m'a guidé par ses enseignements, ses conseils et ses critiques, malgré de multiples occupations, me prodiguant à chaque instant, par l'intérêt qu'il portait à ce travail, l'encouragement nécessaire à son achèvement. je le remercie de l'accueil chaleureux qu'il m'a réservé dans son laboratoire. M. Rot., Directeur de l'1?cole Nationale des Eaux et Forêts, ne m'a pas seulement fait profiter de ses vues sur l'Écologie: il n'a cessé de s'intéresser à nies recherches. et a su faciliter mon séjour à Nancy d'une manière dont je lui suis tout à fait redevable. C'est grâce â son intervention que j'ai pu bénéficier de toute l'aide matérielle désirable, et que l'impression de ma thèse a pu être ée par le service des publications de I' l?cole. j'exprime aussi ma gratitude à M. É( ï IEv 1y, professeur à la Faculté des Sciences <°t Directeur de l'École Nationale Supérieure Agronomique, peur l'intérêt qu'il accorda à mon travail et pour avoir accepté, en dépit de kurdes taches administratives, la présidence du jury. Ses collaborateurs, Al. G.vRNIER, également membre du jury. et At. AMxoI NoT, tous deux professeurs à l'E.N.S.A., n'ont toujours accueilli avec bienveillance et conseillé efficacement dans l'orientation de mes recherches. L'aide efficace de l'ensemble du personnel enseignant de l'École Nationale des Eaux et Forêts m'a été particulièrement précieuse: je tiens à remercier M. VTNEY, Sous-Directeur, dont les conseils éclairés m'ont été d'une grande utilité. je dois aussi une reconnaissance toute spéciale à M. Si t.vv-LEEIGots, pour m'avoir montré (l'une façon concrète la sylviculture française ; au cours des sorties en forêt que j'ai effectuées en sa compagnie, il m'a indiqué des stations particulièrement typiques. je remercie également M. POURTET, directeur des recherches sur les repeuplements artificiels, (le l'intérêt qu'il a manifesté pour nies recherches, ainsi que M. BOUVAREL et M. LEMO NE, de la section (le génétique forestière, qui m'ont aidé à réaliser certaine partie de ce travail, en plaçant à ma disposition le personnel et le matériel de leur laboratoire. 16 DE L'INFLUENCE DU TYPE D'HUMUS SUR LE DEVELOPPEMENT MM. JACAMON et DESAZAC, du laboratoire de botanique, m'ont rendu de précieux services dans l'identification dti matériel botanique; je les remercie de leur dévouement inlassable. Je tiens à souligner l'amabilité des Ingénieurs du Service Forestier des Vosges, en particulier M. le Conservateur 13áRARD et M. l'Ingénieur CHENAL, qui m'ont guidé pour les recherches de terrain. C'est la justesse de leurs observations qui m'a permis de réaliser rapidement une partie de ce travail. J'éprouve aussi beaucoup de gratitude pour le dévouement de Mlle DuvzcNACO, assistante au laboratoire de pédologie, ainsi que pour tout le personnel du laboratoire, qui pendant deux ans a participé à mes recherches, m'aidant à en réaliser les parties techniques et analytiques. Je remercie enfin l'Université Laval de Québec et le Ministère des Affaires Etrangeres de France : ce sont les subventions qu'ils m'ont accordées qui out rendu possible ce séjour à Nancy. En terminant, je dédie ce travail à mon père, mon premier maître en Pédologie. DES I'LANI'ULES 1? SAPIN I)-\NS LES \"OSGES 17 INTRODUCTION Dans tout pays, le Forestier engage pour l'avenir sa réputation A résoudre les problèmes posés par la gestion du domaine boisé qui lui est confié. Il n'a pas de meilleur guide clans ses opérations culturales que l'expérience (les générations précédentes, mais au moment d'assurer la pérennité de sa forêt, il est souvent obligé de faire preuve (l'initiative. On peut s'étonner à juste titre que la régénération naturelle des essences forestières soit encore aujourd'hui subordonnée à certaines pratiques empiriques qui relèvent beaucoup plus de Fart du sylviculteur qu'elles ne doivent à la science du spécialiste. 11 serait donc particulièrement injuste de rejeter sur les épaules du forestier tout le blâme d'une régénération planquée, alors qu'on commence à peine à débrouiller la complexité des phénomènes mis en cause à la, naissance d'un arbre. Ici comme ailleurs, le patrimoine forestier constitue pour tous une source de beauté et de richesse. Voilà pourquoi on ne se résigne pas au remplacement d'un capital de grande valeur par des étendues enherbées ou colonisées par les morts-huis. JTeureusement, beaucoup de peuplements forestiers échappent à cette règle et leur parterre se couvre de semis qui assurent la relève. Nombreuses sont les observations relatives aux conditions (le régénération naturelle, et il serait assez long d'en dresser une liste. Celle du sapin clans les Vosges présentait un intérêt tout particulier, d'abord en raison de l'importance de la Sapinière en France, environ 400 000 hectares (Pion i c, 1954), ensuite à cause de sa répartition sur (les rochesmères, sur des sols et sous des climats variés. F ssencc de bassen u )utagne, le sapin qui constitue 58 `4 des forets résineuses d'Alsace et (le Lorraine (Isst.ER, 1923) s'étage entre 400 et 1 100 mètres d'altitude (1):OL, 1037), formant des peuplements tantot pars, tantot mélangés de hêtre. Ce terrain de chois a donné récemment lieu à des études des types de sapinières, qui ont fait ressortir la liaison étroite entre le sol et la régénération (DUCIIM)rov1 et 1111.1.1sciien, 1954 ; Tb:CHAUFOUR, 1956). Nous avons donc pu profiter (le précieuses observations dans l'orientation de notre travail. 11 était déjà bien établi que la régénération du sapin ne pose pas de problème sur les humus acides, alors quo les humus doux, 18 où le peuplement trouve les meilleurs sols pour sa croissance, sc montraient tout à fait rebelles au réensemencement naturel. Si on connait des remèdes à cet état, comme l acidification superficielle du sol par des coupes, ou la plantation généralement trop onéreuse, on ignorait encore la cause du phénomène. Dans la mesure où l'on peut prétendre à une certaine homogénéité de milieu à l'intérieur d'une aire donnée, nous avons recherché la cause de l'absence de semis dans les humus doux de la sapinière vosgienne. C'était là traiter d'un problème d'envergure dont l'intérêt scientifique et pratique est indéniable. Il importait avant tout de rester en liaison étroite avec le terrain, tirant tous les renseignements possibles des faits de la nature. Ainsi, nous avons été amené à reproduire artificiellement certaines conditions du milieu, pour obtenir une vérification d'hypothèses, niais le travail d'interprétation et de synthèse n'a été possible qu'en tenant compte des données recueillies en forêt. SITUATION GI?OGRAI'IHOUE ET CLIMATIQUE Les sapinières que nous avons étudiées appartiennent à deux régions naturelles bien distinctes : les Hautes-Vosges granitiques et les Basses-Vosges gréseuses. Leur altitude s'échelonne par conséquent de 400 à 1 000 mètres environ. Si l'on excepte le groupe septentrional de la Forêt de la 1\'i essig sur versant alsacien, les autres groupes sont tous sur versant lorrain quoique la série entière des Vosges, granitiques rejoigne presque la ligne de crête. Une telle disparité géographique et topographique engendre nécessairement des variations assez prononcées clti climat local. Soumis aux vents dominants de l'Ouest, le versant lorrain des Vosges reçoit une plus forte proportion des précipitations que le versant d'Alsace. Ainsi, l'indice pluviométrique augmente progressivement (l'ouest en est, passe par un niaxin n uli vers la zone des crêtes, puis s'abaisse brusquement par la suite du coté alsacien. Le tableau suivant nous en donne une idée nette (R()L, 1958): TAI3LEAU 1 Localité (Ouest) Saint-Dié Gérardmer Retournemer (Crete) Col de la Schlucht (Est) Munster Colmar Altitude Pluviosité 350 mètres 687 - 780 - 1 080 cm 1 530 cm 1939 cm 1 154 - 1 526 cm 392 - 200 - 944 cm 540 cm 20 Malheureusement, les chiffres fournis par l'O.N.M., représentant des moyennes relevées clans des stations souvent éloignées des massifs forestiers, ont un intérêt moindre pour des études précises. Dans son ensemble, le climat vosgien forme transition entre le climat lorrain sous influence atlantique et le climat nettement continental d'Alsace La température moyenne annuelle des Vosges se situe entre 6 et 8° et les moyennes des extrém atteignent 0° en janvier et 18° en juillet. Les hivers sont donc froids et pluvieux et les étés chauds avec de brusques variations de température. Mais à l'intérieur de la chaîne vosgienne, ces données de pluviosité et de température sont localement modifiées par l'exposition des versants et la situation des massifs par rapport à l'axe de la chaîne. C'est ainsi que l'état hygrométrique, relativement élevé en moyenne, s'abaisse fortement sur les versants sud et ouest au printemps et à l'été, mettant ainsi la végétation en danger. On a d'ailleurs eu connaissance des méfaits que les étés de 1945, 47 et 49, exceptionnellement chauds et secs, ont eu pour la végétation forestière clans l'est de la France. G1?OLOCIE ET SOLS Géé.Nf:RALITáS La géologie des Vosges est assez bien connue ; aussi nous limiterons-nous à opposer les caractéristiques des roches qui ont engendré les sols de nos sapinières. Le granite des Hautes-Vosges, d'âge hercynien, habituellement riche en amphiboles et en plagioclases et dépourvu de quartz, constitue une roche-nièce imperméable. Sa composition n'est cependant pas homogène: la région du col de Sainte-Marie-aux-Mines présente des zones de microgranulites très micacées, à amphiboles, et particulièrement riches en apatite et eu feldspaths. Localement, notis aurons des sols plus favorables à la végétation en vertu de l'altération rapide et de la teneur en calcium et en potassium de ces minéraux ; la région du col de Luschpach est plutôt caractérisée par un granite à biotite accompagné de muscovite, à structure souvent granulitique. En raison de sa teneur élevée en éléments minéraux variés, le granite ne s'acidifie pas autant que le grès sous l'influence de la végé- DES PLANTULES D)11 s.v'tN uavs Li; VOSGES 21 tation et du lessivage. Il engendre (les sils bruns et bruns acides, aussi (les sols Ocre p(:dzO1iqu es, niais jamais (le véritable pudzol. Les 1)béHOmènes de colluvionncment (tonnent sur les pentes des sole très profonds plus cu moins infiltrés de blues granitiques. Le,Très (les basse'-Vosges, d'origine sédimentaire triasique, est formé (l'éléments quartzeux grossiers, liés par un ciment ferrugineux qui lui confère une couleur ruse très typique. Les faciès y sent varies. suivant la teneur (les ouches en argile ou en cailloux roulés de quartz, mais ils sont tous très perméables. i,e mélange (les éléments des différents farcies, causé par l'érosion et le colluvvionnement sur les pentes, donne naissance ìl, (les sols habituellement très profonds et très meubles. :Assez dépourvu d'éléments assimilables par les végétaux, le gres s'acidifie facilement en surface et forme des sols de types brun et brun acide à ocre podzolique on nettement p.dzolique. Sur les versants sud, on y rencontre mcnle des podzols à alios homo-ferrugineux lorsque la roche-mère est grossière et très filtrante. Malgré tune disparité prononcée de roche-mere, les sols des Vosges granitiglles et gréseuses manifestent (lolic dans certains cas une analogie morphologique. Les sa.l'inières qui font l'Objet de notre étude appartenaient soit au groupe des sols bruns o u bruns acides, soit au groupe des sols ocre podzo liques. FIG. 2. Sol brun. Sol ocre podzolique . à la fois intense et prolongée. Le sol ocre podzolique peut soutenir d'excellentes forêts parce que l'horizon assez meuble d'accumulation du fer se laisse bien pénétrer par les racines des arbres qui peuvent puiser en profondeur l'eau et les éléments nutritifs. A la faveur d'un peuplement feuillu pur ou mélangé dont la litière se décompose rapidement et libère une grande quantité d'éléments minéraux, le sol ocre podzolique retourne vers un sol brun à profil homogène. C'est ce qu'on observe à la suite d'une régénération manquée de la sapinière suivie de l'envahissement d'une espèce enrichissante comme le hêtre. DES PLANTULES DE S.U'1S DANS LES VOSGES 3. Les facteurs qui président à la formation de l'humus, fraction organique du sol. sont multiples et leur ro)le complexe:, parmi ceuxci la végétation est sans contredit la source la plus importante de matière carbonée puisqu'elle lui apporte continuellement ses débris. On conçoit aisément c a le ces déchets végétaux s'intègrent à la partie minérale du sol d'autant phis vite qu'ils sont une proie de choix pour les organismes ou les facteurs (l'humification. La composition chimique des végétaux joue dans les l.rocessus (le dégradatien de la matière organique abandonnée au sol et en particulier clans la synthèse du type meule d'humus un r6le de premier plan. En effet, h richesse relative en azote et en carbone (C/N) des débris control•e leur vitesse d'altération et l'activité biologique de l'humus. La teneur en calcium des débris a C/N faible stimulerait leur transformati(ii, _lors qu'elle serait sans effet l o rsque cc même rapport est très élevé (Dccii yev,ff a et \[.'.XGENOT, 1956: DUcu_vLrocR, 1956). Le calcium et lcs autres cléments minéraux du sol ont ceI)endant un role ldiitñt sec. r idaire oie saturation et de neutralisation (les acides organiques libérés et des composés humiques synthén des organismes les plus actifs tisés à caractere acide: la prcli pour la décol11l:ositien et (gui demandent en général un pII relative ment élevé. se trouvant favorisée de ce fait. L'humidité, lié, au ;liant et a l'exposition, ainsi que la nature chimique pie la roche-mèrr Interviennent non seulement dams l'établissement de 1a vci!.,:(' -it.timn, mais encore dans la vitesse d'altération de ses débris. Luis a c-, s facteurs, le froid et l'insolation ralentissent eu stimulent selon le cas l'activité biologique et chimique du sol. l?u réalité un tvl c (l'humus giii apparaît sur un sol est la résultante d'interventions très diverses en qualité comme en quantité. Malgré une activité plus ou moins intense au sein même de l'humus, celui-ci tend vers un équilibre avec le milieu qui dure aussi longtemps qu'aucune modification d'un des facteurs n'intervient pour le rompre ou le déplacer. Bien qu'il se forme aux dépens du milieu, l'humus exerce sur celui-ci, en particulier sur le sol et la végétation, une action qui peut être tres favorable cu au contraire catastrophique (DucrinrFOUR, 1957). I?n effet, en constate dans les humus à C/\ bas, de type « Mull u, que les c x mlposés humiques de synthèse agrègent l'argile et le fer et lisent les cations minéraux libérés par la décomposition de la litière ou (lt la roche-mère. Une structure stable et aérée en résulte qui s'oppose à la migration des éléments nutritifs et (les constituants colloïdaux du sol vers ses profondeurs. Ceci n'exclut cependant pas un certain entraînement mécanique parti- 24 culierement en climat d(ux à forte pluviosité. Ln équilibre dynamique s'établit en définitive entre les phénomènes qui tendent à appauvrir les horizons supérieurs du sol et ceux qui, ait contraire, l'alimentent en éléments assimilables. On assiste mense à` un véritable enrichissement du sol dît à la capacité d'échange élevée de la matière organique saturée de cations minéraux. C'est le cas des « mull eutrophes » formés stir roche-mère granitique des Hautes-Vosges lorsqu'elle est riche en éléments assimilés par la végétation oit encore sur les grès à faciès très argileux (les Basses-Vosges. Le profil sous-jacent est alors celui du sol brun légèrement lessivé, très fertile. Stir les granites difficilement altérables oit moins bien pourvus en calcium, comme aussi sur les faciès gréseux en,général, la saturation (les acides humiques et du complexe absorbant est incomplète: le pH s'abaisse légèrement, niais la minéralisation demeure rapide vu Ela Meneur relative élevée en azote des débris végétaux. Le mull est o oligotrophe » et le sol prend l'allure du type brun acide. C'est donc dire (Rie sous l'effet (les produits acides de l'humus, l'argile et les oxydes de fer sont moins bien agglomérés et migrent légèrement. Cet effet peut cependant être masqué par un drainage latéral important lorsque la pente est rapide. TABLEAU II • PRINCIPAUX CARACTERES DES TYPES D'HUMUS DE LA SAPINIERE VOSGIENNE 'Type d'humus Structure pH C/N Mull Moder Mor Grumeleuse fine Faiblement dohérenite Fibreuse 4à5 3,5 à 5 3 à 4,5 20 15 à 30 30 10-60 5-20 % 10 % L'augmentation de l'acidité de l'humus entraîne clans bien des cas une diminution de l'activité biologique du sol, en particulier des phénomènes responsables de l'humification. Les débris organiques tendent à s'accumuler sur une faible épaisseur, la structure des horizons supérieurs manque d'agrégation ; les cations qui ne sont plus totalement retentis migrent en profondeur et s'accumulent avec le fer et l'argile clans l'horizon B. Le type d'humus est alors un o Moder » et le sol, selon son degré (l'évolution, brun acide ou ocre podzolique. Enfin, si le rapport CSN (le la litière est élevé, la minéralisation et l'humification tendent vers des valeurs très faibles par suite de la DES PLANTULES DE SAPIN DANS LES VOSGES 75 disparition (le l'activité ''biologique du sol. C'est souvent le fait des roches-meres naturellement pauvres et qui supportent une végétation peu exigeante, ou encore le fait du sel qui s'est fortement acidifié. La litière s'accumule alors sur une grande épaisseur et les phénoménes de podzolisation et (le dégradation du sol s'accentuent. Dans les sapinières que nous avens étudiées, nous n'avons pas eu l'occasion de rencontrer ce type d'hutnus. 26 DE L'INFLUENCE DU TYPE D'IIUMUS SUR CHAPITRE II LES TYPES DE SAPINIÈRES ÉTUDIÉS 1. - NOTES SUR L'ÉCOLOGIE DES DIFFÉRENTS TYPES La flore des basses montagnes de l'Europe est mieux représentée sur les, dômes granitiques que sur leur auréole de grès pauvre en éléments nutritifs et en réserves d'eau. Mais à la qualité des roches, d'autres facteurs viennent s'ajouter qui modifient localement la répartition des espèces et en particulier des types écologiques. Nous ne passerons en revue que ceux qui étaient propres à cette étude. L'exposition du versant au midi occasionne généralement le dessèchement et l'acidification du sol par la végétation xérophile qui s'y installé. Cependant, un couvert de forte densité, qui comporterait une certaine proportion de feuillus à litière riche en azote, ou encore une roche-mère à perméabilité réduite peuvent fort bien neutraliser les effets d' ensoleillement trop violent. C'est le cas de la parcelle 18 de la forêt de \Visembach, sur granite, dont la majeure partie est abritée par un peuplement mélangé de sapin (Abies pectinata) et de hêtre (Pages selvatica). Les trouées sont colonisées par des touffes de Myrtille (T'anclrziale 1nVrtiIltifS) sur sol acidifié, niais le couvert forestier favorise dans l'ensemble une flore de mull où abondent le genre Robes, l'Oz -alis acetosella, l'Anerxonc nemorosa et l'Asperela odorata. L'acidité due à l'exposition diminue sur les versants ouest et nord-ouest où l'on rencontre tantôt la flore du mull à Festuca silvatica (forêt des Hospices de Nancy, parcelle 5), à laquelle s'ajoute le Séneçon de Fuchs (forêt de la Mossig, parcelle 73), ou à Rubus (forêt du Ban d'Etival, parcelle 4 du Rein des Boules) ; tantôt la flore acidiphile du ioder à myrtille et mousses (Hypinent sp.) comme c'est le cas de la parcelle 6 de la forêt des Hospices de Nancy. La teneur élevée en argile de la parcelle 4 citée ici, s'oppose à la perméabilité élevée du grès et contribue à créer un mull. Par contre, la densité du couvert nous parait être le facteur déterminant clans les autres cas. Sur les versants face au nord, la richesse en éléments nutritifs nous a permis de distinguer deux types sur roches granitiques im- DES PLANTULES 1)E SAI'IN DANS LES \( SGES 77 perméables : a) le tutti! c'utroplte (parcelle 10 de la foret de Gemaingoutte), où la mercuriale plIc'rcurialis pyrennis), l'ortie (f rtica itrens) et la ronce (hublots sp.) et autres plantes indicatrices d'un sol actif abondent ; b) le mull (Vigo/ro/lie, plus acide avec la balsamine (Impatiens noli-tanyerc') et le lamier (Lou/juin yal(ohdolon) comme espèces dominantes (forêt (le Wiscnlbach, parcelle 17). Ces cieux parcelles renferment une bonne proportion de hêtre. Deux autres sapinières étaient exposées au nord, cette fois sur grès très filtrant, dont l'une, à mousses et my ille (forêt de la Voivre, parcelle 33), occupait le liant et le flanc du versant: le sol, trop lessivé et déjà podzolique est trop dépourvu de. cations pour soutenir le hêtre; l'autre sapinière (forêt du ban d'ittival, parcelle 7 de Naufragoutte) sise au bas (le la pente, profite du ruissellement et de l'entraînement des substances nutritives, favorisant ainsi la présence d'un peu de hêtre : elle est caractérisée par la fétuque et les ronces, ainsi que par ces mousses typiques dut (pull telles que caIpm-ioea undxhte et Po- lV'trichHnF formOsnITi. L'orientation du versant, la pente et les réserves d'eau semblent donc e x ercer une influence marquée sur la composition floristique et la répartition des types de la sapinière. c.; N 4: N N •-1 ( C=7 -Recouvr e men t en % N cc cc 30 Strate I : étage forestier dominant. Strate II : sous-étage forestier et frutescent. Strate III : plantes herbacées et régénération forestière. Strate IV: muscinées. Nous avons utilisé la notation en usage à l'Ecole forestière de Nancy pour exprimer l'abondance et le recouvrement (le chaque espèce. ECIIELLE D'ABONDANCE 5 = espèce 4 = espèce 3 = espèce 2 espèce 1 espèce très abondante dans l'association. abondante dans l'association. peu abondante clans l'association. rare clans l'association. très rare dans l'association. ÉCUELLE DE RECOUVREMENT 5 = plus de 75 '^o de 4 = de 50 à 75 c/c de 3 = de 25 à 50 % (le 2 = de 5 à 25 % de 1 de 1 à 5 'r%, (le } = moins de 1 /c (le la surface de la surface de la surface de la surface de la surface (le la surface de strate. strate. strate. strate. strate. strate. On constate à l'examen du tableau que le hêtre n'est pas fidèle aux types à mull. Sans vouloir faire de la sapinière sans hêtre un Abieto-fagetuni, on peut tout (le même affirmer qu'il y serait à sa place et que le forestier est responsable de cet état par la chasse impitoyable qu'il lui livre. Aussi dans la parcelle 5 des Hospices de Nancy, il s'est installé en sous-étage bien que absent de la strate dominante. Il exerce donc une pression continuelle sur la sapinière à l'état pur et aussi sur le sol qu'il peut enrichir par ses débris à décomposition rapide. Si sa présence peut paraître bénéfique pour le sol qu'il aide à maintenir à l'état (le mull, par contre il favorise une condition tout à fait défavorable à la régénération du sapin. Celle-ci n'est abondante, en effet, que clans les stations à humus acide de type moler (Hospices de Nancy, parcelle 6; forêt de la Voivre, parcelle 33), où les hypnes forment un tapis quasi continu. Un inventaire de la régénération (lu sapin, plus précisément des brins de moins de 30 cm, met bien en évidence dans chacune de nos stations le lien qui semble unir le type d'humus à la quantité (le semis au mètre carré. Les résultats que nous consignons au tableau suivant ont été obtenus par des comptages effectués d'octobre 1957 à aoîit 1958, et représentent les semis survivants depuis une dizaine d'années. Le nombre de relevés (le 1 in )X 1 m était aug- 31 DES PLANTULI:S DE SANN DANS LES VOSGES monté dans chaque type jusqu'à l'obtention (l'une valeur moyenne stable. TABLEAU JV Station Végétation Semis/m2 N° de relevés 32 4 6 I - Humus de type moiler. Voivre, Parcelle 33 a) plages de mousses b) colonies (le myrtille Hospices de Nancy, parcelle 6 a) idem b) idem II. 8 Naufragoutte, parcelle 7 a) lacis de ronces 1 Rein des Boules, parcelle 4 Wisembach, parcelle 17 Hospices de Nancy, parcelle 5 Mossig, parcelle 73 h) touffes (le fétuque ronces balsamine fétuque fétuque et séneçon 0 0,2 0 0 0 3 3 15 25 25 20 Gemaingoutte , parcelle 10 La myrtille qui s'installe de préférence dans les trouées fortement ensoleillées semble nuire à première vue à la régénération du sapin. Ce sont plutôt les conditions physiques qui empêchent la graine, retenue dans l'enchevêtrement des tiges (le myrtille et des hypnes, (le trouver l'eau nécessaire à sa germination: lorsque par hasard l'humidité devient abondante dans ce milieu, elle peut germer, trais la radicule n'atteint pas alors le sol minéral et la plantule est vite desséchée par le premier coup de soleil. C'est ce que nous avons constaté clans la parcelle.33 de la forêt de la Voivre au cours de nos relevés. Nous sommes tenté de rapprocher nos chiffres de ceux obtenus par CERDtt. (1906) clans les sapinières (lu Jura, car malgré la grande disparité de la roche-mère avec celles des Vosges, il semple que les phénomènes (le la régénération du sapin présentaient à cette époque, et certainement à l'heure actuelle, une grande similitude avec ceux (le nos sapinières. Nous (levons cependant nous permettre (le déduire la nature de l'humus des indications données par les espèces qui composent les strates herbacées et muscinées ; à cet égard, il est regrettable que l'auteur n'ait pas distingué entre les mousses du mull et celles du moder : cela aurait contribué à écarter une certaine incertitude qui empêche d'utiliser avec plus grand profit son remar- 32 quable travail. Il le reconnaît d'ailleurs avec une franchise cligne de la valeur de son étude: Assez tardivement nous avons remarqué que les places où la régénération marche bien sont tapissées de mousses différentes de celles qui vivent aux endroits stériles où la régénération est arrêtée. » (GERDIL, 1906, page 152). L'analogie entre ses relevés et les nôtres est si évidente que nous adoptons d'emblée sa conclusion: « le sol de la vieille sapinière [sans régénération] possède la « plupart des caractères (lu terreau [ou mull] D'après MULLER, « les vers de terre (luinbricus terrestris) sont les agents indispensa« bles de l'élaboration du terreau, leur absence est absolument ca« ractéristique des formations de tourbe [moder ou mor]. Or, dans « toutes les coupes de régénération rebelles au réensemencement en • sapin, nous avons toujours trouvé des vers de terre. » (GERDIL, 1906, p. 154). Il y a donc une relation très nette entre le type d'humus et la réussite d'un ensemencement. Les forestiers des Vosges et d'ailleurs l'ont souvent constaté au cours de leurs activités, et des travaux précis en ont confirmé récemment la réalité (DUCtiAuFouR et MILLIscHER, 1954), (DUCHAUFOUR et al., 1958). Puisque l'humus semblait le facteur clef, de la régénération du sapin, il convenait d'en étudier a fond tout d'abord, les propriétés et les caractères physico-chimiques. DES TYPES DE SAPINIERES Certains facteurs, tels l'exposition, l'éclairement, le régime hydrique, la nature de la roche-Mère, sans parler des traitements forestiers peuvent être reliés ft l'absence ou à da présence de semis stir le parterre de la forêt. Alois alors qu'on parviendrait à. établir une corrélation étroite entre un ou plusieurs de ces facteurs et la réussite d'un ensemencement, le forestier ne pourra modifier ni la topographie de son territoire, ni la nature géologique du sous-sol, ni les conditions météorologiques ; tout au plus peut-il jouer stir la lumière reçue par le sol, et avec quelle imperfection. Nous avons néanmoins donné certains détails qui permettront de bien situer dans son contexte propre chacune des,sapinières étudiées ici. Il est maintenant Bien admis, par ailleurs, que l'humus forestier et le sol synthétisent les influences qui créent le milieu. On aura donc tout avantage fi simplifier l'étude du problème en recherchant clans cet humus et aussi dans le sol la raison de l'échec de la forêt à assurer sa eontiuuité. L'étude pédologique classique, c'estdire la description morphologique du sol et de ses horizons sur le terrain, complétée par des analyses physiques et chimiques en laboratoire, s'imposait donc en tout premier lieu. I)EscRiI'TI ON DES PROFILS Nous avons adopté le mode proposé par DUCIIAL'FOUR (1956) pour les sols forestiers: Désignation de,s IioriwoHs du profil: A o : horizon organique de surface ou litière. A I : horizon superficiel composé d'humus incorporé au sol minéral. A2 : horizon éluvial sans matière organique, souvent appauvri en cations, en fer et en argile. Aa : horizon souvent absent ; en réalité, partie inférieure de l'Horizon :A_, niais encore colorée par les oxydes de fer. (B) : horizon structural, plus altéré que la roche-mère et plus compact que l'horizon A. B : horizon illuvial, enrichi en argile et en fer, quelquefois en humus. C : roche-mère en voie d'altération. 34 DE L'INFLUENCE DU TYPE D'HUMUS SUR Les horizons A et B ont parfois été subdivisés, - A' 1, A"1, B', B" -, soit que sur le terrain ils présentaient de légères différences de coloration ou de texture, soit que leur épaisseur justifiait une analyse plus détaillée. Chaque horizon était prélevé en une dizaine de petites fractions d'un volume approximatif de 25-30 cc. Cailloux et graviers: La proportion d'éléments supérieurs à 2 mm a été estimée oculairement et exprimée en % du volume du sol en place. MÉTHODES ANALYTIQUES UTILISÉES Sauf indication contraire, les analyses au laboratoire ont porté sur la terre fine, fraction du sol inférieure à 2 mm, obtenue par tamisage du prélèvement séché à l'air. L'humidité résiduelle était déterminée, au moment des analyses, après dessiccation à l'étuve pendant une période de 24 heures à 105° C. Tous les résultats analytiques sont rapportés au poids de 100 grammes de terre fine séchée à 105° C. Mesure du pH. L'acidité du sol à l'époque du prélèvement a été déterminée au laboratoire sur une fraction non tamisée et non séchée, au moyen d'un pH-mètre Tacussel branché sur secteur alternatif de 110 volts, muni d'une électrode au calomel et d'une électrode de verre. Chaque sol était humecté avec deux fois son volume d'eau distillée fraîche, et agité de façon intermittente pendant une heure avant la mesure du pH. Analyse granuloinétrique - Texture: 1° Argiles: éléments possédant un diamètre inférieur à 2 μ. 2° Limons fins: éléments compris entre 2 et 20 μ. 3° Limons grossiers: éléments compris entre 20 et 50 tt. 4° Sables fins: éléments compris entre 50 et 200 μ. 5° Sables grossiers: éléments compris entre 200 et 2 000 μ. Après destruction de la matière organique de l'échantillon par l'eau oxygénée, et dispersion dans l'eau distillée par addition d'hexamétaphosphate de sodium, nous avons déterminé les catégories inférieures à 50 μ par les méthodes pipette de Robinson et densimètre de Mériaux (1953). Les sables ont été fractionnés par tamisage. Contrairement à la pratique courante, les résultats de l'analyse DES PLANTULES DE SAPIN DANS LES VOSGES 35 granulométrique sont exprimés en grammes pour 100 grammes de terre fine débarrassée (le la matière organique. La détermination (les textures s'est faite avec l'abaque américain. -17atière organique: Exprimée en grammes, elle est obtenue en multipliant la quantité de carbone par 1,72 pour les horizons bien humiliés et par 2 pour les horizons dont la teneur en carbone dépasse 10 %. Carbone: Méthode au bichromate (:1 NN E, 1956). Résultats en grammes de carbone. ^1,rote total: Pour quelques sols nous avions adopté la méthode Kjedahl avec catalyseur au sélénium (¡ L el!ALroUR, 1956). Nous avons par la suite préféré l'attaque (lu sol à l'acide sulfurique concentré avec l'eau oxygénée comme oxydant (ROUSSEAU, 1959). Distillation de l'ammoniac par entraînement à la vapeur clans l'appareil Parnas-\Vaguer. Résultats en grammes d'azote. Rapport C/N: Ce rapport détermine la vitesse de minéralisation (le la matière organique du sol et l'activité biologique de l'humus. Il est caractéristique du type (l'humus: 1llull forestier : C/N < 20. Moder : C/N = 15 à 30. Mor : C/N > 30. Complexe absorbant: Détermination des cations échangeables stir le percolat à l'acétate d'ammonium N à pH 7, de 10 grammes (le sol sec à l'air. Dosages de Ca++, 7(+ et N a+ par photométrie de flamme. Dosage de 1\Ig++ au jaune (le titane par spectro-colorimétrie (11IAZOYER, 1953). Dosage de A[n++ à l'état de KllnO 4 par spectrocolorimétrie. Résultats en milliéquivalents de chaque élément. Somme des cations échangeables: u S »: Les analyses ordinaires de fertilité du sol portent généralement sur Ca++, K+, Mg++ et Na+ ; leur somme donne la valeur « S » exprimée en milliéquivalents (me). L'INFLUENCE DE 36 DU TYPE D'HUMUS SUR Le manganèse échangeable, qui n'est pas dosé habituellement dans les analyses courantes de fertilité, n'a donc pas été inclus dans la valeur de « S ». Capacité totale d'échange à pH 7: « T »: Obtenue par dosage des ions NH. r+, déplacés par NaC1 après lavage à l'alcool du sol déjà percolé à l'acétate d'ammonium N à pH 7. Résultats en milliéquivalents. Taux de saturation du complexe absorbant: « S/T »: Cette valeur est une mesure de l'accessibilité des cations aux plantes. Etant donné que la partie du complexe absorbant du sol qui n'a pas fixé de cations tels Ca++, K+ ou. Mg++, est saturée d'ions H+, la racine,éprouvera d'autant plus de difficulté à absorber des cations qu'ils seront plus.énergiquement retenus à la surface des colloïdes du sol : les ions minoritaires ayant tendance à être masqués par une enveloppe d'ions H+. Fer libre: Cette analyse permet de caractériser l'évolution du sol, par dosage du fer susceptible de migrer d'un horizon à l'autre. Nous avons utilisé la méthode DES (1950) modifiée (llucnnuFouR, 1956). Résultats en grammes. L'indice d'entraînement s'établit en faisant le rapport du fer de l'horizon B au fer de l'horizon A2, ou Ai dans le sol brun. Phosphore: Méthode TRUOG (1930) pour l'acide phosphorique assimilable. Résultats en grammes de P20 r, pour 1000 grammes de sol sec à 105° C. A - Sapinières dépourvues de régénération naturelle Comme nous venons de le voir précédemment, le sol des sapinières sans régénération est toujours accompagné d'un humus du type mull. Au point de vue du peuplement adulte, on considère généralement qu'il est le plus apte à assurer sa nutrition à cause de la rapide minéralisation des débris végétaux, de sa structure qui maintient la fertilité élevée en s'opposant à l'action du lessivage des éléments libérés, enfin de l'activité biologique intense des lomb rics qui remontent des profondeurs les éléments minéraux et aèrent le profil, et aussi des micro-organismes abondants dont les rôles va- TULES DE SAPIN VOSGES niés - fixation (l'azote, synthèses et dégradations diverses - sont hen connus. Nous n'avons pas recherché le sol « moyen » de chaque sapinière, ce qui nous aurait conduit à analyser des dizaines de profils par station. Il était plus logique (le trouver dans le peuplement un endroit représentant plutôt la condition « médiane » du milieu, c'estit-dire celle dont la fréquence était maximum. Pour cela, la végétation herbacée a été notre guide et nous avons creusé le sol à l'endroit où la plupart des espèces caractéristiques étaient présentes, évitant toutefois la proximité d'un arbre ou d'une trouée. Cette parcelle située à une altitude de 800 ni,, près du col de Sainte-Marie-aux-Mines, dans la forêt communale de Wisembach, occupe tine pente assez rapide (30 %,.) à face nord, sur une assise granitique. Les phénomènes de colluvion_Ienient sont particulièrement marqués vers le bas de la pente et actuellement une érosion intense aux endroits des chemins de halage creuse des rigoles très étroites qui atteignent pal - place 0,5 ft 1 ni de profondeur. Cette parcelle traitée en futaie régulière a été exploitée pendant nos relevés et contenait environ 20 /2 de hâve; la hauteur des sapins dominants atteignait 25 m. Caractérisée par l'absence totale de régénération du sapin, elle comprend comme végétation herbacée typique la balsamine (Impatiens noli-tanficre L.) et le lamier (Laiuiuíii galeobdolon. (L.) Crantz) répartie uniformément dans toute la parcelle. Quoique le recouvrement de la strate herbacée atteigne 60 70, ces deux espèces dominantes exercent peu de concurrence à l'égard du semis de sapin en raison de leur port dressé qui laisse le sol très dégagé. La litière, composée en majeure partie de feuilles de hêtre de la saison précédente ne couvrait que 25 ^o de la surface du sol: celui-ci était donc à peu près nu, et le sapineau aurait normalement pu y trouver toute la place qu'il requiert pour son développement. On trouvera au tableau III une description détaillée (le la végétation. 38 DE L'INFLUENCE DU TYPE D'HUMUS SUR LE D1:VELOPPEMENT b) Profils types. Les deux profils, distants d'une dizaine de mètres sont situés vers le haut de la parcelle, aux trois-quarts de la pente. Profils 1 2. Al (0-10 cm) : Mull très meuble, de couleur brun-noir, à structure grenue, bien aérée. Fins agrégats dus aux lombrics. Transition peu marquée avec les horizons suivants. Cailloux anguleux de 0,2 à 3 cm abondants (25 %). (B) (10-50 cm) : horizon brun légèrement ocre, un peu plus compact que A l mais à fins grumeaux. Nombreux cailloux anguleux de 0,2 à 10 cm (30 Jo). Grosses racines de hêtre et de sapin. (B)C (en dessous (le 50 cm) : roche-mère en cours de décomposition; gros fragments de granite gris légèrement rose (40 %). Fragments d'hématite (Horizon non prélevé dans le profil 1). c) Analyses (°Jo de la terre fine sèche à 105° C). Profil 1. Granulométrie Hor. pH Arg. Lf. L.g. S.f. S.g. M.O. C N C/N A, 4,2 18,4 8,3 1,3 12,5 59,5 10,5 6,12 0,43 14,2 (B) 4,6 12,2 12,2 5,1 13,2 57,3 2,6 1,57 0,13 12,1 Fer P,O, Complexe absorbant (me.) K Mg Na 1,94 0,46 0,58 0,04 0,18 0,05 0,19 0,03 Hor. Ca A, (B) T S/T Mn libre 0/00 3,02 27,36 11,0 '0,143 1,35 0,16 0,45 21,93 2,0 0,019 1,47 0,17 S Commentaire. Sol limono-sableux, relativement argileux ; noter la forte proportion de sables grossiers, composés de cristaux d'orthose. Mull très désaturé, pH 4,2, mais minéralisation très rapide : C/N inférieur à 20. Capacité d'échange élevée en raison de la forte quantité d'argile (18 %) et de matière organique (10 %), mais sol extrêmement pauvre en cations échangeables. Forte accumulation de Ca, K, Mg et Mn en A i. - Lessivage à peu près nul du fer : indice d'entraînement = 1,1. - 39 DES PLANTULES DE SAPIN DANS LES VOSGES Profil 2. Gran ulométrie Hor. L.f. L.g. 20,2 9,5 4,2 18,5 7,3 4,3 4,5 18,0 10,5 6,1 13,9 Hor. Ca K Mg Na S T S/T A, 2,41 0,57 0,77 0,05 3,80 30,33 (B) 1,07 0,19 0,25 0,10 1,61 (B)C 0,78 0,11 0,14 0,10 1,13 pH Arg. A, 4,0 (B) 4,2 (B)C S.f. S.g. M.O. C 10,1 56,0 11,7 6,79 0,94 7,2 11,8 58,1 5,5 3,22 0,26 12,4 51,5 3,4 1,97 0,15 13,1 Fer P0 0 Mn libre 0/00 12,5 0,277 1,60 0,15 25,49 6,3 0,078 1,64 0,19 22,33 5,1 ;0,026 1,31 0,30 Complexe absorbant (me.) N C/N Commentaire. Bien que la richesse en argile (le l'horizon supérieur en fasse tout juste tm limon ardilo-sableux, l'ensemble du profil possède les mêmes caractéristiques que le profil n° 1: c'est un sol limoaso-sableux, L'humus est un mull très acide, pH 4,0. Noter le C/N de l'horizon A,, extrêmement bas (7,2) pour un humus forestier. Comme le prélèvement a été effectué au début (le l'hiver, alors que le profil 1 avait été creusé au printemps précédent, il est plausible que ce soient les végétaux de la strate herbacée retournés au sol, qui aient augmenté ainsi la quantité d'azote de cet horizon. Par contre, les horizons inférieurs ont tin C/N très voisin (le celui (le (B) du profil 1. Ce sol possède tous les caractères du sol brun à mull oligotrophe. Malgré sa pauvreté chimique, il a maintenu un peuplement à bonne croissance à cause de la transformation rapide (les débris végétaux assurant un prompt retour des cations assimilables. Cependant la très faible saturation du complexe,absorbant (11 12 e/.) laisse entrevoir une nutrition difficile ; il faudrait réduire la quantité de matière organique (lu sol pour l'améliorer. Par contre, grande richesse en phosphore. Il faut toutefois faire une réserve importante au sujet de ce sol : quoique assez bien pourvu (l'argile et de matière organique, la présence d'une quantité très forte (le sables et d'éléments supérieurs à 2 mmin fait qu'il manque (le cohésion et peut être très filtrant. Ses réserves en eau, abondantes au printemps, qui permettent à 40 la balsamine de s'installer, doivent devenir très faibles à l'été par manque de remontée capillaire. Les rigoles d'érosion augmentent dangereusement le drainage au' point qu'un nouveau peuplement aura beaucoup de peine à s'y constituer. 2. - SAPINIàRE DE GEMAINGOUTTE, PARCELLE 10 a) Caractères de la station. La parcelle 10 borde presque la route du col de Sainte-Marie-auxMines, à une altitude (le 650 m. Elle couvre une pente de 20 à 25 ¡ (o exposée au nord. La composition de la sapinière y est très variable : traitée en futaie régulière, elle est éclaircie à la suite des coupes où le hêtre resté seul forme des bouquets purs. Stir la, moitié de sa surface, le sapin subsiste en mélange avec le hêtre (40 %), et au bas de la pente quelques érables et frênes viennent compléter le mélange. Les sapins dominants atteignent environ 25 m de hauteur. La station où furent creusés les profils reposait presqu'au bas de la pente, sur un colluvium de granite à amphibole, très micacé, et nettement plus riche en éléments nutritifs si l'on juge d'après la flore à base de mercuriale, d'aspérule, de fétuque, de géranium, de ronces et d'orties, plantes indicatrices (l'un mull particulièrement fertile. Cette strate herbacée qui couvrait environ 70 % du sol avait cependant tendance à se grouper, laissant par endroit le sol nu ou légèrement recouvert d'un feutrage de feuilles (le hêtre en décomposition. Les rares sapineaux (1/m 2), décelés surtout au pied des gros semenciers ne pouvaient assurer le remplacement du peuplement en raison (le leur aspect minable et défolié. b ) Profils tVes. Les deux profils étaient (listants d'environ cinq mètres sur un axe perpendiculaire à la pente. A 1 (0-5 cm) : Mull à structure grumeleuse fine. Couleur noire. Peu caillouteux (5 %). Nombreux lombrics. La transition n'est pas nette avec l'horizon suivant. Réseau intense de racines des plantes herbacées. (B) (5-30 cm) : horizon brun-noir de transition. Agrégats plus fins que dans l'horizon A l, niais plus de cailloux (10 %). Grosses racines de sapin et de hêtre. C (au-dessous de 30 cm) : horizon gris brun, assez compact. Rochemère en décomposition. Fragments importants de granite micacé (10 %). Nombreuses grosses racines. DES PLANTULES DE SAP] N DANS LES VOSGES 41 r) zina/yses (r( de la terre fine sèche à 105° C). Profil 1. Granulométrie T1 or. pH Arg. C.f. L g. S.f. S.g. M.O. C N C/N A, 4,7 10,6 10,0 4,2 10,9 64,3 7,3 4,24 0,31 13,7 (R) 4,7 7,6 12,6 4,3 11,4 64,1 5,7 3,33 0,28 11,9 C 4,6 6,3 15,4 10,4 11,3 56,6 3,3 1,94 0,13 14,9. Complexe absorbant (me.) Fer Hor. Ca K Mg Na S T S/T Mn libre 0/00 A 5,17 0,55 0,36 0,05 6,13 21,53 28,5 0,143 1,02 0,13, (B) 3,26 0,19 0,12 0,04 3,61 20,59 17,5 0,077 0,97 0,10 C 0,55 0,10 0,02 0,03 0,70 18, 09 3,9 0,021 0,87 0,12 Co111171CHtaire. S 1 limono- sableux. Proportionn élevée ale sable; grossiers composés de cristaux (l'orthosé. La fraction fine contient beaucomp (le micas. Mull it pl I 1.7 assez saturé, en particulier pear le calcium; 13, 7 indiquant une excellente minéralisation. C/N Sol riche en I'_( ),-,; concentration importante de Ca, 1X, Mg et Mn en;> > et(N). Profil 2. Granulométrie Hor. pH Arg. C. f. L.g. S.f. S.g. M.O. C N A, 4,4 13,8 11,9 6,7 9,6 58,0 13,3 7,72 1,06 7,3 (11) 4,5 13,8 9,9 6,7 11,0 58,6 2,8 1,61 0,15 10,7 C 4,7 10,1 8,6 4,4 12,4 64,5 1,2 0,71 0,07 10,1 Per P.,O, Mn libre 0/00 Complexe absorbant (me.) Mg T S/T 12,46 32,29 38,6 0,474 0,98 0,08 1,39 15,91 8,7 0.015 1,16 0,07 1,20 11,42 10,5 traces 1,10 0,23 Na S 1,63 0,14 0,31 0,12 0,16 Hor. Ca K A, 10,00 0,69 (B) 0,85 0,11 C 0,75 0,07 0,22 C/N DE L'INFLUENCE DU TYPE D'HUMUS SUR LE VELOPPEMENT Les horizons A l et (B) sont un peu plus riches en argile que ceux du profil n° 1. Teneur élevée en sables grossiers. M tull plus acide que celui du profil 1, bien que très riche en Ca et Mg. Ceci.est dû à la' plus forte quantité d'H+ échangeabic (Pour le C/N = 7,3, voir l'explication au profil 2, de la forêt de Wisemhach, page 39. Capacité d'échange plus élevée que dans le profil 1, en raison de la grande quantité (l'argile et de matière organique. Pas d'entraînement du fer. L'analyse des deux profils nous indique bien qu'il s'agit lit d'un sol brun extrêmement jeune, comme aussi celui de la forêt de \Visetnhach : l'entraînement du fer et de l'argile n'existe presque pas. Au contraire, les horizons supérieurs sont même plus riches en argile que les horizons (B) et C, ce qui implique une phase plus active d'altération des minéraux en surface qu'en profondeur, donc un sol jeune. Ce mull est remarquable par sa teneur élevée en calcium : la saturation du complexe absorbant atteint en effet 28 ft 39 %, soit 17 à 27 %` de plus que le mull oligotrophe de la parcelle 17 de \Visembach. C'est bien le mull eutrophe que 11 7ercnrialis perenvis nous avait indiqué. Bien.que ce sol soit très fertile, là encore on doit s'attendre it l'absence de remontées capillaires (le l'eau en raison de la proportion trop élevée d'éléments grossiers. Le bas de la pente mieux alimenté en eau que le reste (le la parcelle, pourrait cependant y maintenir des conditions plus favorables si la sécheresse estivale n'est pas trop accentuée. C'est peut-être la raison qui explique la présence de quelques semis de sapin alors que le reste de la parcelle, situé audessus, n'en comporte pas. SAPINIfmE DES HOSPICES DE NANCY, PARCELLE 5 a) Caractères de la station. Exposée à l'ouest, cette parcelle, située près du col de Luschpach, à une altitude de 900 mètres, voisine la crête des Hautes-Vosges. Sa pente très rapide (65 %) ne s'est stabilisée que par la facilité d'altération du granite qui a donné un sol profond, très meuble, rapidement envahi par la végétation. A l'heure actuelle, la sapinière est pure, mais un peu de hêtre a commencé à s'y glisser par le haut. Les dominants de cette futaie régulière atteignent 20 mètres environ. La flore assez pauvre en espèces (voir tableau III), forme un tapis continu, très serré, de Festuca siilvatica, avec quelques pieds DES PLANTULES DE SAPIN DANS LES VOSGES 43 isolés (l íthyrixn/ fili.e-femina. Le semis (le sapin se trouve donc très désavantagé par la concurrence pour l'espace et l'eau (lue lui livre la strate herbacée. FIG. 3. A>pect hivernal de la Sapinière à Fétuque. (Forets des H,-pices de Nancy). Profils 1 '»cs. Deux profils creusés a mi-pente et distants d'une vingtaine (le mètres. b) Profils l ci 2. ft gros grumeaux, mais aussi avec particules (0-3 cm) : M (le granulite. Prélevé dans le lacis (les racines (le fétuque. Couleur noire. :Tendance (30 e/) (le cailloux anguleux (le granite. (3-10 cm): Partie inférieure du mull, moins riche en matière organique. 13e couleur brun noir ; riche en lombrics. Présence des racines de fétuque. Cailloux anguleux (30 (/ ). (B) (10-50 cm) : Horizon légérement compact, niais (lent la structure est encore trés meuble et grenue. Couleur brune. Racines de sapin. Cailloux anguleux (30 (/). Gros blocs de granite. Transition peu marquée entre.1", et (B)C ou C. (T,)C (au-dessous de 50 cm) : Structure plus compacte à cause (lu poids (lu sol mais grenue. I,e sol se localise entre les blocs de roche-mère. Cailloux anguleux abondants (30 % ). Couleur brune. Grosses racines de sapin. " L'INFLU c) Analyses (c/c de la terre fine sèche à 105' C). Profil 1. Matière organique Granulométrie Hor. pH Arg. L.f. L.g. S.f. S.g. M.O. C N C/N A', 4,7 11,4 10,3 1,9 6,9 69,5 9,6 5,61 0,36 15,6 A", 4,8 16,4 12,6 8,1 16,0 46,9 5,1 2,97 0,24 12,4 (B) 4,9 9,7 15,7 5,6 13,8 55,2 3,5 2,03 0,14 14,5 C 4,9 9,5 11,7 6,7 15,6 56,5 2,2 1,28 0,09 14,2 Fer P,,O„ Complexe absorbant (me.) Hor. Ca K Mg Na S T S/T Mn libre 0/00 A', 3,73 0,52 0,97 0,03 5,25 21,22 24,7 0,496 1,39 0,09 A", 1,70 0,39 0,36 0,01 2,46 19, 57 12,6 0,065 1,96 0,12 (B) 0,46 0,06 0,04 0,03 0,59 14,66 4,0 0,009 2,14 0,16 C 0,26 0,04 0,05 0,03 0,38 12,31 3,1 0,009 1,44 0,18 .
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Calcul de l'accroissement de l'énergie interne de l'unité de masse d'un gaz qui passe de la pression p à la pression p' sans travail extérieur et sans variation de température Jules conséquent, par Il ou en résulte que bien En mettant, pour la valeur on de i, trouve c'est-à-dire la formule de Boitel et de Mascart. CALCUL DE L'ACCROISSEMENT DE L'ÉNERGIE INTERNE DE L'UNITÉ DE MASSE D'UN GAZ QUI PASSE DE LA PRESSION P A LA PRESSION P' SANS TRAVAIL EXTÉRIEUR ET SANS VARIATION DE TEMPÉRATURE; PAR M. JULES LEMOINE. le travail extérieur est nul, l'accroissement d énergie égal au produit de la quantité de chaleur AQ cédée au corps par l'équivalent mécanique de la chaleur Puisque interne est Pour calculer trois périodes : AQ, nous décomposerons en ~ ° Le gaz se détend adiabatiquement de la pression P à la pression P'. Sa température s'ahaisse de z°. La valeur de z est donnée par l'expérience classique de Thomson et Joule. Dans cette première période de la transformation, la quantité de chaleur mise en jeu est nulle. 2° On réchauffe le gaz de z° sous pression constante. On lui fournit donc la quantité de chaleur C1'. 3° Le volume du gaz surpasse le volume prévu par la loi de Mariotte d'une quantité AV qui est donnée par les expériences de Regnault. On comprime le gaz à température constante, de manière à lui faire éprouver la diminution de volume 0-V. Si 1 représente la chaleur de dilatation du gaz, cette compensation lui fait perdre la quantité de chaleur làv. Nous aurons donc atteint l'état final en communiquant au gaz la quantité de chaleur C~ -- Z ~V. On trouve donc, pour l'expression cherchée de l'accroissement d'énergie interne (1), 1"oN HELMHOLTZ. - Beitrâge zur Therlnodynamik der chemischen Processe (Contributions à la thermodynamique des phénomènes chimiques); Ber. der Berl. Akad., p. 3j3 ; 1883. Le Journal de Physiqite a donné (z ~ une traduction de la première partie du Mémoire de M. von ~Ielmholtz ; l'objet du présen t Mémoire est de développer, pour le cas de l'électrolyse, les conséquences des formules établies précédemment; partant de la relation ~ qui donne l'expression de l'énergie totale système matériel U et de la température 9 l'illustre en fonction de son énergie libre J physicien arrive à la relation dans laquelle 5g composée ( 1) Cette dans et ses $aq représentent l'énergie éléments démonstration est et de l'eau identique au lement dans les devers Cours de Physique. Elle se présente peut-être sous une forme ( S) 2e série, t. III, p. d'un 3g6 ; ~ i884. libre de l'eau déliquide, C une constante, fond à celle que l'on adopte généra- ( Voir LIPP~tANN, jaermod,ynamique.) plus simple..
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étui Famotidine (DCI) • 20 mg 600 mg FJ.motidine (OC!) 40mg 600mg Excipients : amidon de maïs prégélatinisé, cellulose microcristalline, stéarate de magnésium, talc hydroxypropylméthylcellulose, hydroxypropylcellulose, dioxyde de titane, oxyde de fer jaune, oxyde fer rouge. PROPRIETES PEPDINE est un nouvel antagoniste des récepteurs H2 à l'histamine, à durée d'action relativement longue. Son action est rapide et il possède un haut degré d'affinité pour les récepteurs H2.PEPDINE réduit la production d'acide et de pepsine, ainsi que le volume de la sécrétion gastrique, basale et stimulée. Les études cliniques ont montré que PEPDINE soulage habituellement la douleur de l'ulcère digestif dès la première semaine de t,'aitement, et inhibe la sécrétion acide gastrique en prise unique quotidienne le soir. Après administration orale, le délai d'action est d'environ 1 heure, avec un maximum dose-dépendant survenant en 1 à 3 heures. Des doses orales uniques de 20 à 40 mg inhibent la sécrétion acide basale nocturne chez tous les sujets ; la sécrétion acide gastrique moyenne est inhibée à 86-94% respectivement, pour une période d'au moins 10 heures. Des doses similaires matinales diminuent la sécrétion acide gastrique stimulée par les repas chez tous les sujets, avec une moyenne d'inhibition de 76-84% respectivement 3 à 5 heures après l'administration, et de 25-30% respectivement 8 à 10 heures après la prise. Toutefois, chez quelques sujets, après admi ni stration de 20 mg de PEPDINE, l'effet anti-sécrétoire se dissipe plus tôt, dans les 6 à 8 heures. Il n'y a pas d'effet cumulatif lors de doses répétées. Le pH intra-gastrique nocturne basal atte1nt, après des doses vespérales de 20 mg et 40 mg de famotidine, des valeurs moyennes de 5 et 6,4 respectivement. ELEMENT DE PHARMACOCINETIQUE PEPDINE obéit à une pharmacocinétique de type linéaire. ADMINISTRATION PAR VOIE ORALE PEPDINE est rapidement absorbée et les pics plasmatiques qui sont dose-dépendants, surviennent entre 1 et 3 heures. La biodisponibilité moyenne après administration orale est de 40-45 %. Elle n'est pas modifiée lors d'une prise perprandiale. L'effet du premier passage est minime. Il n'y a pas d'accumulation du médicament à la suite de doses répétées. La liaison aux protéines plasmatiques est relativement faible (15 à 20 %). La demi-vie plasmatique, après une dose orale unique ou des doses répétées multiples (pendant 5 jours), est d'environ 3 heures. Le métabolisme du médicament est hépatique, et s'accompagne de la formation d'un métabolite inactif, le sulfoxyde. Après administration orale, l 1 élimination urinaire moyenne de la PEPDINE est de 65-70 % de la dose absorbée, dont 25-30 % sous forme inchangée. La clairance rénale est de 250-450 ml/min, ce qui laisse supposer une sécrétion tubulaire. Une petite quantité peut être éliminée sous forme de sulfoxyde. INDI CATIONS THERAPEUTIQUES -Ulcère duodénal. - Ulcère gastrique bénin. - Etats hypersécrétoires tels que le syndrome de Zollinger-Ellison. - Prévention des récidives de l 1 ulcère duodénal. CONTRE-INDICATION -Hypersensibilité à ce produit ou à l 1 Un de ses constituants. MISE EN GARDE La tolérance et l 1 efficacité de PEPDINE n 1 ont pas été étudiées chez l 1 enfant. PRECAUTIONS D'EMPLOI Cancer gastrique Son existence doit être éliminée avant l 1 administration de PEPDINE. L1 amélioration symptomatique d 1 un ulcère gastrique sous PEPDINE n 1 exclut pas une malignité éventuelle. Insuffisance rénale La famotidine étant excrétée principalement par le rein, il faut observer des précautions chez l 1 insuffisant rénal. Si la clairance de la créatinine est égale ou inférieure à 30 ml/mn, il convient de diminuer la posologie habituelle de moitié Cl comprimé à 20 mg le soir). Insuffisance hépatique Les concentrations plasmatiques et l 1 élimination urinaire de la famotidine chez les patients mâles cirrhotiques ont été retrouvées simila*ires à celles des sujets à foie sain. Grossesse Chez la femme enceinte l 1 innocuité de PEPDINE n 1 a pas été établie, cependant les études réalisées chez l 1 animal n 1 ont pas montré d 1 action tératogène ou foetotox . Par mesure de prudence et comme pour tout médicament nouveau : • il est conseillé de ne pas l 1 utiliser au cours du premier trimestre de la grossesse ; • on s 1 abstiendra de le prescrire pendant les autres trimestres, sauf en cas de nécessité absolue. Allaitement On ignore si la famotidine est sécrétée dans le lait maternel. Les femmes qui allaitent arrêteront le traitement ou cesseront d 1 allaiter. 221 Utilisation chez le sujet âgé Quand PEPDINE a été administrée à des patients âgés, il n'a pas été observé une fréquence accrue des effets indésirables en rapport avec le produit, ni de modifications de ceux-ci. Aucune adaptation de posologie ne paraît nécessaire. INTERACTIONS MEDICAMENTEUSES ET AUTRES INTERACTIONS D'une manière générale les antihistaminiques H2 se fixent sur le cytochrome P450 et réduisent le flux sanguin hépatique. Des publications, certaines contradictoires, ont fait état d'interactions pharmacocinétiques entre ces substances et d'autres médicaments. Ces interactions, dans l'état actuel des connaissances, ne semblent pas significatives au plan clinique. PEPDINE n'interfère pas avec le système oxydasique du cytochrome P450 hépatique et ne modifie pas de façon significative le flux sanguin hépatique et/ou l'extraction hépatique des médicaments, mesuré par la méthode du vert d 1 i ndocyanine. Il n'a pas été noté d'interactions pharmacocinétiques des médicaments suivants: warfarine, propranolol, théophylline, phénytoïne, diazépam, amidopyrine, antipyrine. EFFETS INDESIRABLES PEPDINE est généralement bien tolérée. Céphalées, vertiges, constipation et diarrhées ont été rapportés rarement. Les autres effets indésirables, enore plus rares, comprennent : sècheresse de la bouche, nausées et/ou vomissements, rash cutané, gêne ou ballonnement abdominal, anorexie et asthénie. POSOLOGIE ET MODE D'ADMINISTRATION ULCERE DUODENAL Traitement de la poussée. La posologie recommandée de PEPDINE est d'un comprimé de 40 mg par jour, le soir. La durée du traitement sera prévue pour 4 à 8 semai nes, mais pourra être écourtée si l'endoscopie montre la cicatrisation de l'ulcère. Dans la plupart des cas, la cicatrisation de l'ulcère duodénal intervient dès les quatre premières semaines de traitement en suivant ce schéma. Pour les malades dont l'ulcère n'est pas cicatrisé après 4 semaines de traitement, celui-ci devra être poursuivi pendant 4 semaines supplémentaires. PREVENTION DES RECIDIVES Pour la prévention des récidives del 'ulcère duodén , il est recommandé que la poursuite du traitement avec PEPDINE se fasse à la posologie quotidienne d 1 un comprimé à 20 mg, pris le soir. ULCERE GASTRIQUE BENIN La posologie préconisée de PEPDINE est d'un comprimé dosé à 40 mg par jour, le soir. La durée du traitement sera prévue pour 4 à 8 semaines, mais pourra être écourtée si l 1 endoscopie montre que l'ulcère est cicatrisé. SYNDROME DE ZOLLINGER-ELLISON Les mal ades sans thérapeutique ant i -sécrétai re antérieure seront traités au départ à la dose de 20 mg toutes les 6 heures. 222 La posologie sera adaptée à chaque cas et poursu1v1e aussi longtemps que l'exigera l'état sécrétoire. Des posologies allant jusqu'à 480 mg/jour ont été utilisées pendant un an, sans que l'on ait pu observer l'apparition d'effets i nd és i rab l es not ab l es, ni d'épu i s erne nt de l'e f fe t. Les malades ayant reçu un autre antagoniste des récepteurs H2 peuvent être mis immédiatement sous PEPDINE, à une posologie initiale supérieure à celle recommandée pour les cas exempts de traitement antérieur ; cette posologie de départ sera fonction de la gravité de la pathologie et de la posologie de l'antagoniste des récepteurs H2 utilisé précédemment. SURDOSAGE A ce jour, aucun cas de surdosage n'a été rapporté. Des malades présentant un syndrome de Zollinger-Ellison ont toléré la posologie de 480 mg/jour pendant un an sans que l'on ait observé l'apparition d'effets indésirables notables. Les mesures thérapeutiques habituelles de lavage gastrique, la surveillance clinique, et le traitement symptomatique seront toutefois mis en oeuvre. TABLEAU C Pepdine 40 Pepdine 20 Remb. 70% Mis sur le mg : A.M.M. 329 332-7 (1987) 15 comprimés. mg : A.M.M. 329 327-3 (1987) 30 comprimés. Sée. Soc. Collectivités. marché en 1988.* Prix : Pepdine 40 mg : 148,50 F + S.H.P. -Coût du traitement journalier dans l'ulcère gastroduodénal 9,90 F. Pepdine 20 mg : 148,50 F + S.H.P. - Coût du traitement journalier dans la prévention des récidives de l'ulcère duodénal : 4,95 F. Laboratoires MERCK SHARP et DOHME-CHIBRET 3, Avenue Hoche 75008 PARIS 223 NIZAXIDR FORMES ET PRESENTATIONS NIZAXID 300 mg, gélules (jaune clair et marron clair) : boîte de 14. NIZAXID 150 mg, gélules (jaune clair et jaune foncé) : boîte de 28. COMPOSITION p. gélule nizatidine 300,00 mg Excipients : amidon de mais, polyvidone, carboxyméthylcellulose sodique, diméticone, talc. p. gélule zatidine 150,00 mg Excipients : amidon de mais, diméticone, stéarate de magnésium. SORT DU MEDICAMENT L'absorption de nizatidine après administration orale est rapide et les pics de concentration plasmatique (700-1800 ng/ml après une dose de 150 mg ; 1400-3600 ng/ml après une dose de 300 mg) sont habituellement atteints en moins de deux heures après administration (intervalle de 0,5 à 3 heures). La biodisponibilité orale dépasse 90 % et la demi-vie d'élimination est de 1,6 * heure environ. Une très faible partie subit un premier passage hépatique (6 %), mais la nizatidine est excrétée principalement par les reins, 60 % sous forme inchangée, la clairance rénale étant de 500 ml/mn environ. Les métabolites de la nizatidine comprennent : la nizatidine déméthylée (7 %), sulfoxyde (6 %) et n-oxyde (5 %). La nizatidine déméthylée est un métabolite peu actif. - La nizatidine ne peut être prescrite que si 1 1 ulcère a été authentifié par endoscopie et/ou radiographie. - L1 existence d 1 un cancer gastrique doit être éliminée avant 1 •administration de nizatidine. L1 amélioration symptomatique d 1 un ulcère sous nizatidine n•exclue pas une malignité éventuelle. - Insuffisance rénale : La nizatidine est excrétée principalement par les reins. La posologie sera réduite en cas d 1 insuffisance rénale en tenant compte de la clairance de la créatinine. (cf. Posologie et Mode d 1 administration). -Insuffisance hépatocellulaire sévère : La nizatidine étant partiellement métabolisée par le foie, il est préférable, surtout s 1 il existe une insuffisance rénale associée, de réduire la posologie (cf. Posologie et Mode d 1 administration). - Sujet âgé : L1 efficacité et 1 •innocuité de la nizatidine ne sont pas influencées significativement par 1 1 âge. Il n•est normalement pas nécessaire de modifier la posologie chez les sujets âgés, sauf dans le cas d 1 une insuffisance rénale modérée ou sévère. - Grossesse : Chez la femme enceinte, 1 1 innocuité de la nizatidine n•a pas été établie. Les études réalisées chez 1 1 animal n•ont pas montré d 1 action tératogène ou foetotoxique. Par mesure de prudence et comme pour tout nouveau médicament : • il est déconseillé de 1 1 utiliser au cours du premier trimestre de la grossesse, • on s•abstiendra de le prescrire pendant les autres trimestres, sauf en cas de nécessité absolue. INTERACTIONS MEDICAMENTEUSES ET AUTRES INTERACTIONS o•une manière générale, les anti-histaminiques H2 se fixent sur le cytochrome P450 et duisent le flux sanguin hépatique. Des publications, certaines contradictoires, ont fait état d 1 interaction pharmacocinétique entre ces substances et d 1 autres médicaments. Ces interactions, dans l 1 état actuel des connaissances ne semblent pas significatives au plan clinique. La nizatidine interfère peu avec le système enzymatique du cytochrome P450. Les médicaments étudiés chez l 1 homme et pour lesquels il n•a pas été noté d 1 interaction, sont : 1 •aminophylline, le chlordiazépoxide, le diazépam, le lorazépam, le métoprolol, la warfarine. 225 L'absorption concomitante d'aliments, d'agent cholinergique n'influence pas de façon significative l'absorption de la nizatidine. Le charbon actif et les anti-acides (notamment le gélusil) diminuent de 25% et de 12,5% l'absorption orale. EFFETS INDESIRABLES Au cours des essais cliniques comparant la nizatidine au placebo, la fréquence des effets indésirables a été trouvée légèrement supérieure chez les patients traités par la nizatidine, mais cette différence n'est pas statistiquement significative. Ces effets ont consisté en : céphalées, asthénie, douleur thoracique, myalgie, rêves anormaux, somnolence, rhinite, pharyngite, toux, rash et prurit. Une hypersudat ion a été observée avec une fréquence si gnifi cati vement supérieure dans le groupe nizatidine (1,1 %). Les patients traités avec la nizatidine ont montré une légère élévation des transaminases, transitoire et asymptomatique ; les rares cas d'élévation marquée (supérieure à 500 UI/l) ont été observés chez les patients sous nizatidine, mais l'imputabilité de cette variation n'a pas été clairement établie. Ces élévations étaient asymptomatiques et rapidement réversibles après arrêt du traitement. Ont également été notées : une élévation de la cholestérolémie chez des patients traités de façon prolongée et une élévation modérée de l'uricémie. MODE D'EMPLOI ET POSOLOGIE Les gélules de nizatidine doivent être avalées avec un peu de liquide. - Ulcère duodénal : La dose journalière recommandée est de 300 mg (1 gélule de 300 mg) au coucher. La durée du traitement est généralement de quatre semaines, mais cette période peut être diminuée si la cicatrisation est vérifiée plus tôt par endoscopie. La majorité des ulcères ci ca tri sent en quatre semai nes, mais en cas de ci ca trisa ti on incomplète, le traitement devra être poursui vi pendant quatre autres semaines. Coût du traitement journalier : 9, 93 F. - Ulcère gastrique bénin : La dose recommandée journalière est de 300 mg (1 gélule de 300mg) au coucher. Le traitement devra être poursuivi pendant 4 semaines, ou 8 semaines si nécessaire, mais cette période peut être diminuée si la cicatrisation est constatée plus tôt par endoscopie. Coût du traitement journalier : 9, 93 F. - Prévention des récidives de l'ulcère duodénal * La dose recommandée est de 150 mg par jour (1 gélule de 150 mg) au coucher. Le traitement peut être poursuivi pendant 1 an. Coût du traitement journalier : 4, 97 F. * Posa l agie chez l'insuffisant rénal (cf. Précautions d'emploi). 1. traitement de l ' ulcère duodénal et de l'ulcère gastrique : • clairance de la créatinine comprise entre 50 et 20 ml/mn la posologie est réduite de 50 % : soit 150 mg au coucher. chronopharmacologie. Collection "Les Grands Médicaments", Ellipses, 19B4 BI BRUGUEROLLE B. Rythmes biologiques et chronopharmacologie. Ann. Gastroentérol. Hépatol., 19B4, 20 (2), B7-91 9/ CAPURSOL., DAL MONTE P. R., MAZZEO F., MENARDO G., MORETTINI A., SAGGIORO A., TAFNER G. Comparison of cinetidine BOO mg once only daily and 400 mg twice daily in acute duodenal ulceration. British Médical Journa 19B4, 2B9, 141B-20 10/ CHRONOBIOLOGIE, CHRONOPHARMACOLOGIE Impact± Le Praticien P.P.P., 19B7, 136 11/ NICE : LES 3es JOURNEES DE CHRONOPHARMACOLOGIE Le Quotidien du Pharmacien, 19BB, 653 12/ CYTOTEC 200 microgrammes R, dossier technique, Laboratoires SEARLE 13/ DALL'AVA-SANTUCCI J., BENOIT O., TOUITOU I., REINBERG A., LESTRADET H., LEVI F. De la chronobiologie à la chronothérapie. 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La ry thm i c i t éc o n n u ed el ap a tho log i eu l c é r eu s eg a s t r o d u o d é n a l eain c i t él e s ch ronob io log i s t e s, àr é a l i s e rd e sé tud e sapp ro fond i e s,d a n sc ed om a i n e. MOTS CLES -ch ronob io log i e -c h r o n o p h a rm a c o l o g i e -u l c è r eg a s t r o d u o d é n a l JURY P r é s id t du u r y:
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7,410
12,568
Vitesse de réaction [Buxton et al., 1988] Réactions (M −1 s−1 ) 3.2 · 109 OH + HCOO− − → H2 O + COO− 2.1 · 108 H + HCOO− → H2 + COO− Table 5.2.: Réactions dues à l’utilisation de l’ion fromiate comme scavenger Sur la Figure 5.3 sont reportés les mesures directes et indirectes du rendement de l’hydroxyle. Les mesures indirectes sont représentées en fonction du temps de demi-vie τ = ln(2) . Les auteurs de [LaVerne, 2000] ont constaté qu’à 200 ps, le rapport entre les mesures s directes et les mesures indirectes est d’environ 12 %. En réduisant les mesures directes par ce rapport, l’ensemble des mesures semblent suivre une même tendance. Pourtant notons que la mesure directe, réalisée par les auteurs de [Jonah et Miller, 1977], fut obtenue avec un faisceau d’électrons de 20-22 MeV pulsé. La qualité de l’irradiation est donc bien différente de celle de la mesure indirecte. 5.4.1.3. Application : mesure du rendement de l’électron solvaté Plusieurs mesures du rendement de l’électron solvaté ont été obtenues avec la technique de la transformée de Laplace à l’aide de différents scavengers. Le travail que nous avons choisi de présenter dans cette section est la détermination du rendement de l’électron solvaté pour différents LET de protons et d’ions (hélium et carbone) de différentes énergies. En 204 5.4 Détection indirecte Figure 5.3.: Le rendement radiolytique de l’hydroxyle en fonction du temps après irradiation (source : LaVerne [2000]) obtenu par mesure directe (Jonah et Miller [1977] : , Chernovitz et Jonah [1988] : #) ; mesure directe ×0.88 ( , ) ; par mesure indirecte où l’acide formique est utilisé comme scavenger, dans ce cas de figure, l’abscisse correspond au temps de demi-vie des réactions avec le scavenger (LaVerne [2000] : ). La courbe en trait plein représente le résultat obtenu par transformée de Laplace. ` 0 6 particulier, la question posée par cette étude [Laverne et al., 2005] est quelle est l’évolution des rendements à fort LET. Le parcours des ions dans la matière est composé de deux régimes. Le premier régime, à une énergie suffisamment élevée (loin du pic de Bragg où l’essentiel des dépôts d’énergie est concentré), les interactions avec la matière sont distantes les unes des autres, le LET est relativement faible. La chimie est d’une certaine manière comparable à celle des électrons de haute énergie. Avec la perte de vitesse de l’ion et l’entrée de le domaine du pic de Bragg, les dépôts sont de plus en plus rapprochés, le LET augmente. Habituellement, les simulations ne simulent qu’une portion de la trace incidente où l’énergie et le LET de la particule restent à peu près constants. De plus, les sections efficaces des ions ne sont pas calculées jusqu’à thermalisation mais jusqu’à quelques centaines de keV dans le meilleur des cas. A l’opposé, les rendements mesurés regroupent la totalité de la trace et sont donc une moyenne des deux régimes de LET. Comparer les résultats des Monte-Carlo à ceux obtenus par l’expérience est donc une opération délicate. Les auteurs ont donc proposé d’extraire le rendement correspondant à une portion de la trace à partir du rendement moyenné. Pour cela, le rendement dépendant du pouvoir Figure 5.4.: Rendements de l’ion ammonium issus de la réaction entre l’électron solvaté et le scavenger. La radiolyse est initiée par un faisceau de protons. L’ajustement numérique ( ) de la mesure ( ) est comparé aux résultats obtenus par Monte-Carlo. La droite noire sur la figure à gauche représente la limite du rendement obtenu à partir des faisceaux d’électrons et de gamma. (source : Laverne et al. [2005]) 0 ` scavenger G0 (s) est exprimé empiriquement en fonction de l’énergie initiale E0 et de l’énergie où commence le domaine du pic de Bragg EB : G0 (s, E0 , EB )E0 = GB E0 + ( G∞ − GB ) (E0 − EB ) F (s, E0 , EB ) Les hypothèses sont : – Dans le régime où le LET est faible, le rendement est limité par le rendement primaire G∞ des électrons solvatés obtenus par les faisceaux d’électrons de haute énergie ; – Dans le régime du pic de Bragg, le rendement a une réponse linéaire GB E0. La forme choisie pour F (s, E0 , EB ) est : a (E0 − EB )m F (s, E0 , EB ) = (1 + a ( E 0 − EB ) m ) où a(s) et m(s) sont des paramètres à ajuster. Les auteurs supposent qu’il est possible d’extraire le rendement d’un segment de la trace à partir de la dérivée Gi de G(s, E0 , EB ). Ces concepts sont appliqués à la cinématique de l’électron solvaté par l’utilisation du glycylgylcine en tant que scavenger : − + − Glycylgylcine + e− aq + H2 O → CH2 CONH CH 2 CO2 + NH4 + OH Le rendement de l’ion ammonium est caractéristique de cette réaction. Dans le cas des protons, la Figure 5.4 présente le rendement en fonction de l’énergie et de la concentration 206 5.4 Détection indirecte Figure 5.5.: Rendement de l’électron solvaté pour une portion de trace en fonction du LET. Le rendement est directement rapporté à sa valeur temporelle. (source : Laverne et al. [2005]) en glycylgylcine. L’extraction du rendement en fonction du LET, Figure 5.5, montre que pour un même LET, les rendements obtenus sont différents selon le type d’ion considéré. En comparant une série de mesures expérimentales, aux résultats de simulation pour différents types d’ions (proton, hélium et carbon), Laverne et al. [2005] observent que la divergence entre les simulations et l’expérience sur la détermination de G0 devient plus importante lorsque la masse de l’ion (et donc le LET) augmente. Leurs hypothèses est que d’une part, les sections efficaces des ions les plus lourds peuvent manquer de précision. En effet, dans la plupart des Monte-Carlo, une extrapolation des sections efficaces des protons est réalisée pour les ions les plus lourds. D’autre part, lorsque la concentration des radicaux devient importante, les forces s’exerçant entre les réactifs peuvent être suffisamment intenses pour que l’approximation des paires indépendantes (la réaction se fait entre deux molécules isolées, ne subissant donc pas le champ de force d’autres molécules) sur laquelle repose implicitement la théorie de Smoluchowski-Noyes n’est plus valide. 5.4.1.4. Discussions De nombreux rendements ont été étudiés par cette technique qui nécessite de prendre un certain nombre de précautions. En effet, il faut s’assurer que le scavenger puisse difficilement réagir avec d’autres solutés. Sans quoi, la concentration apparente de l’espèce étudiée a tendance à augmenter. Heureusement, pour une même qualité d’irradiation, le 207 Chapitre 5 Aspects expérimentaux recoupement des études effectuées avec différents scavengers, permettent de clarifier les éventuelles erreurs. Mais l’erreur systématique pour chacun des scavengers provient du choix de la fonction F(S) à ajuster. La modélisation des conditions d’irradiation n’est pas évidente. D’une part, l’irradiation continue de l’échantillon sur une minute entraîne la simulation d’un grand nombre de particules. Et d’autre part, l’activité de la source nécessite d’être caractérisée. Ceci dit, si l’irradiation de l’échantillon est suffisamment étendue spatialement, on peut considérer que la chimie résultant de particules incidentes différentes est relativement isolée. Le rendement observé (normalisé par l’énergie déposée) peut donc être approximé à celui d’une trace unique. La méthode de la transformée de Laplace est une technique ingénieuse qui a permis d’étudier l’évolution cinématique d’un grand nombre d’espèces avant même que la résolution temporelle des appareils ne le permette. Il serait intéressant d’utiliser cette technique avec une irradiation très brève et avec une résolution spatiale étendue. Par ailleurs, pour pouvoir sonder les temps les plus courts, la concentration en scavenger doit être élevée, augmentant dans le même temps les interactions directes entre le rayonnement et le scavenger et faussant les résultats. Pour remonter aux temps les plus courts, il est donc plus judicieux de choisir une autre approche que celle basée sur la dissolution de scavengers (cf. méthodes directes). 5.4.2. Technique du temps de demi-vie Certaines espèces radiolytiques comme l’hydroxyle, ne sont pas facilement détectables par mesure directe (cf section suivante). Une méthode alternative consiste donc, comme dans le cas de la technique de la transformée inverse de Laplace, à sélectionner un scavenger dont le produit formé par réaction avec le radical pourra être facilement détecté. Baldacchino et al. [2009] et Maeyama et al. [2011] ont choisi l’acide coumarin-3-carboxyl (3 − CCA) comme scavenger de l’hydroxyle dont la réaction : 3 − CCA + OH −→ 7 − OH − CCA forme un composé stable, l’acide 7-hydroxyle-coumarin-3-carboxylique, dont la détection est réalisée par fluorescence. Le temps de demi-vie de la réaction scavenger-hydroxyle est : τ= ln(2) kOH+S [S] Plutôt que de faire appel à la transformée de Laplace, l’idée appliquée par les auteurs est de faire varier la concentration du scavenger, afin de sonder le temps de demi-vie sur un intervalle prédéterminé. Les concentrations utilisées sont comprises entre 0.1 et 26 mM. 5.4 Détection indirecte Étant donné que kOH+3−CCA = 6.8 · 109 M−1 s−1 , ces concentrations correspondent à des échelles de temps de 6.4 ns à 1.6 μs. D’après les résultats illustrés sur la Figure 5.6, le rendement G(7-OH-CCA) augmente avec la concentration de 3−CCA et donc lorsque l’on se rapproche de l’évènement primaire (cf technique de la transformée inverse de Laplace). Figure 5.6.: Rendement de 7-OHCCA déterminé en solution aqueuse de 3-CCA irradiée par les rayons gamma de la décroissance de 60 Co (+), et les ions 4 He2+ (carré), 12 C6+ (cercles), 20 Ne10+ (triangles droits), 40 Ar18+ (diamands) et 56 Fe26+ (triangles penchés). Le rendement est tracé en fonction de la concentration de 3-CCA et du temps de demivie (cf. texte) correspondant. Les symboles ouverts présentent les données pour les LET les plus hauts, tandis que les symboles pleins, les LET 0.3 les plus faibles. Les valeurs du LET sont 60 Co (0.3) ; 4 He2+ (2.3 et 6.7 ) ; 12 C6+ (11 et 22) ; 20 Ne 10+ (48 et 103 ) ; 40 Ar18+ (98 et 148) ; 56 Fe26+ (205 et 441). Les LET sont exprimés en eV/nm. Seulement, la totalité des radicaux hydroxyle en réaction avec 3−CCA ne sont pas convertis en 7 − OH − CCA. Afin d’établir une correspondance entre le rendement mesuré de 7 − OH − CCA et celui de OH, les auteurs ont donc comparé les rendement obtenus pour G(7 − OH − CCA) à ceux de G(OH) [Yamashita et al., 2008a,b] obtenus en utilisant les est approximêmes qualités de faisceau. Ils démontrent que le rapport R = G(7−OH−CCA) G( OH) mativement constant, de l’ordre de 4.7 ± 0.6 %, pour différents LET et ions incidents (cf. Figure 5.7). Les auteurs concluent qu’à partir de la détermination de G(7-OH-CCA), il est possible d’en déduire le rendement du radical hydroxyle. Le rendement radiolytique de G(7-OH-CCA) est représenté en fonction du temps pour différentes qualités d’irradiation et comparé aux résultats des simulations Monte-Carlo 209 Aspects expérimentaux Figure 5.7.: Rendement de 7-OHCCA déterminé en solution aqueuse de 3-CCA irradiée par les rayons gamma de la décroissance de 60 Co (+), et les ions 4 He2+ (carré), 12 C6+ (cercles), 20 Ne10+ (triangles droits), 40 Ar18+ (diamands), 56 Fe26+ (triangles oranges), 132 Xe54+ (triangles bleus marines). Le rendement est tracé en fonction du LET des particules incidentes. Les données expérimentales de G(OH) [Yamashita et al., 2008a,b] sont reportées sur le graphique par les symboles ouverts. Les données sont comparées aux résultats obtenus par Monte-Carlo. Le panneau supérieur est le rapport entre G(7OH-CCA) et G(OH) (cf. texte). de JP Jay-Gerin lorsque cela est possible (cf. Figure 5.7). Sur la Figure 5.8, les résultats sont normalisés par rapport à la valeur supposée du rendement de l’acide 7-OHCCA à 100 ns. Plus le LET est plus important, plus la différence du rendement à court terme par rapport à sa valeur 100 ns augmente, certainement du fait du recoupement des produits radiolytiques issus de dépôts distincts. Au-delà de cette valeur, le rendement semble suivre la même tendance. 5.4.2.1. Discussion L’avantage de cette méthode est qu’elle ne repose pas sur la forme numérique d’une fonction à ajuster. En supposant que l’évolution de la concentration du radical hydroxyle 210 5.4 Détection indirecte Figure 5.8.: Rendement radiolytique de G(7-OH-CCA) normalisé à 100 ns. Le LET des particules incidentes est 0.3 eV · nm−1 pour 60 Co ; 2.3 eV · nm−1 pour4 He2+ ; 11 eV · nm−1 pour 12 C6+ ; 48 eV · nm−1 pour 20 Ne10+ ; 98 eV · nm−1 pour 40 Ar18+ ; 205 eV · nm−1 pour 56 Fe26+ . Dans l’incrusté, les rendements sont comparés à ceux des simulations Monte-Carlo pour l’hélium et l’argon. est de la forme : [OH](tmes ) = [OH]t=0 · exp (−tmes kOH+3−CCA [CCA]) Elle pourrait permettre de remonter aux rendements primaires [OH]t=0 sous réserve de pouvoir déterminer le temps tmes auquel la mesure de la concentration de G(7-OH-CCA) est effectuée. Sur la Figure 5.6 représentant G(7-OH-CCA) par rapport aux temps caractéristiques du eV ) est la particule se rapprochant le plus des caractérisscavenger, l’hélium (LET ∼ 6.7 nm eV tiques des protons (de 5 MeV dont le LET est proche de 8 nm ) utilisés pour les simulations du chapitre précédent. A une microseconde, le rendement mesuré (en prenant R = 4.8 %) est d’environ 2.3 molécules/(100 eV), légèrement supérieur à celui obtenu dans le cas des protons de 5 MeV soit 1.8 molécules/(100 eV). Ce résultat est cohérent avec la décroissance du rendement lorsque le LET augmente. L’hypothèse sous-jacente à cette méthode est que le radical hydroxyle ne peut interagir qu’avec le scavenger. Cette hypothèse n’est valable que si, à la fois, la constante de réaction entre l’hydroxyle et le scavenger, et la concentration du scavenger par rapport aux autres réactifs possibles, sont élevées. Dans le cas où le LET devient trop important, la 211 spects expérimentaux recombinaison entre produits radiolytiques proches peut entrer en compétition avec la réaction du scavenger. En excès, le scavenger peut subir l’interaction directe des particules ionisantes, les résultats de la chimie peuvent en être affectés. 5.5. Détection directe 5.5.1. Electron solvaté 5.5.1.1. Caractéristiques Figure 5.9.: Absorbance de l’électron solvaté (a) dans une solution de 0.05 M de N a2 CO3 (b) dans l’eau liquide ; après une dose déposée d’environ 70 Gy observée par (source : Hart [1962]) L’électron solvaté est le radical le plus élémentaire. Dans l’eau liquide (alors appelé électron hydraté), il présente une bande d’absorption large et intense, marquée par un coefficient d’extinction molaire important. En effet, à son maximum d’absorption, situé dans le proche infra-rouge à 718 nm (cf. Figure 5.9), la valeur de son coefficient d’extinction molaire généralement admise est d’environ : 718 nm = 19130 M−1 · cm−1 C’est pourquoi il fut la première espèce radiolytique à être étudiée par spectroscopie d’absorption. 212 5.5 Détection directe La bande d’absorption correspond à la transition entre un état de type 1s vers et un état de type 2p, auquel il faut ajouter la contribution de l’excitation vers le continuum d’énergie, expliquant l’asymétrie du spectre (Figure 5.9). La longueur d’onde du maximum d’absorption dépend de la nature du solvant et de sa constante diélectrique , elle augmente lorsque diminue. La position de cette bande dépend également de la température. Lorsque la température du milieu augmente, la bande d’absorption subit un déplacement vers le rouge (la longueur d’onde d’absorption maximale augmente). Ce phénomène est dû à l’augmentation de la cavité de l’électron solvaté, celui-ci devenant moins confiné. Lorsque les électrons solvatés subissent des réactions, l’intensité de la bande d’absorption diminue. Cette cinématique permet à partir de l’équation 5.1 de remonter à l’évolution temporelle de la concentration des électrons solvatés présents dans l’échantillon. En déterminant l’énergie déposée, il devient alors possible de mesurer le rendement radiolytique dépendant du temps. 5.5.1.2. Réactivité L’une des stratégies employée pour évaluer une vitesse de réaction entre l’électron aqueux et un soluté quelconque est d’introduire dans le milieu une quantité suffisamment importante de ce soluté et d’observer la décroissance de l’électron solvaté par spectroscopie d’absorbance dont le temps de demi-vie caractérise la vitesse de réaction. Seulement, l’électron solvaté réagit aussi bien avec les espèces radiolytiques que le soluté de l’étude. L’hypothèse alors émise consiste à supposer que la concentration introduite est suffisamment élevée pour que la décroissance observée ne soit attribuable en première approximation qu’aux réactions avec le soluté et que toute autre réaction est négligeable. A titre d’exemple, la Figure 5.10 compare les décroissances de l’absorbance à 800 nm de l’eau liquide pure et après l’ajout de l’ion hydronium. Dans ce dernier cas, la décroissance de l’absorbance est ajustée par une exponentielle dont le temps de demi-vie est d’environ 40 ps. A partir de la connaissance de la concentration en ion hydronium, il est possible de remonter, en première approximation, à la vitesse de réaction, soit 1.7 · 1010 M−1 .s−1. Une seconde approche, plus difficile à mettre en œuvre, consiste à ajouter, en plus du soluté en question, des scavengers (en forte concentration) des autres espèces radiolytiques afin de les convertir rapidement (quasiment à leur création), en électron solvaté (par exemple). Ces scavengers ne doivent pas être en mesure de réagir avec l’électron solvaté. Cette approche est plus intéressante pour l’étude d’espèces radiolytiques secondaires comme l’hydrogène ou le peroxyde d’hydrogène générées à faible rendement par la radiolyse. itre 5 Aspects expérimentaux Figure 5.10.: Absorbance à 800 nm de l’eau liquide pure et avec une concentration initiale d’ion hydronium à 1.5 M après irradiation par un laser à 266 nm [Pommeret et al., 2001]. 5.5.1.3. Cinématique Les expériences de radiolyse pulsée, débutées dans les années 70, ont permis de mettre en évidence la cinématique de l’électron solvaté. Parmi celles-ci, les mesures menées par Buxton et Famming utilisaient des faisceaux d’électrons pulsés de quelques nanosecondes et permettaient de mesurer la décroissance de l’électron solvaté au delà d’une dizaine de nanosecondes. Sur la Figure 5.11, aux temps les plus élevés, la chute observée par Famming est attribuée au chevauchement des dépôts d’énergie issus des différents électrons du faisceaux de haute densité de courant [Fanning et Trumbore, 1977]. Les observations expérimentales aux temps les plus brefs sont complétées par une série d’expériences de Jonah et ses collaborateurs [Jonah et Matheson, 1976]. La résolution des premières mesures de Jonah et al., permettait d’obtenir la cinématique pour les temps supérieurs à 200 ps. Pour cette première observation, la source d’irradiation est un linac délivrant des électrons pulsés de 19 MeV. La durée d’une impulsion est au maximum de 50 ps et la charge transportée est de 7 nC par impulsion soit environ 4.4 · 1010 électrons. La surface balayée par le faisceau est de 5 mm. En faisant l’hypothèse que la distribution des électrons du faisceau est homogène, cela revient à une densité 214 5.5 Détection directe Figure 5.11.: Rendement radiochimique dépendant du temps de l’électron solvaté après radiolyse de l’eau par des électrons de haute énergie. La ligne en pointillé est obtenue par la technique de la transformée inverse de Laplace [LaVerne et Pimblott, 1991]. La ligne pleine est un ajustement numérique des données obtenues par la méthode directe. Les données par la méthode directe sont obtenues par technique laser (♦,Buxton [1972]),(O,Jonah et al. [1973] ),( , Thèse de J.E. Famming) ou stroboscopique ( , Jonah et Matheson [1976]), ( ,Sumiyoshi et Tsugaru [1985]), (+, Chernovitz et Jonah [1988]). Les (X) représentent la prédiction du rendement radiochimique obtenu par simulation Monte-Carlo de la radiolyse de l’eau par des électrons de 1 MeV sur un segment de 10 keV d’énergie déposée. 0 C A d’environ 874 électrons par nm. D’après les auteurs, la dose délivrée est d’environ .20 Gy par impulsion. L’impulsion du système optique est plus large et inclut l’impulsion de la pompe. Le signal est mesuré par une photodiode couplée à un oscilloscope. Le volume de l’échantillon irradié est d’environ 3 cm3 et comprend un système de circulation de milieu aqueux dont le flux est d’environ 200 ml/min. Entre deux prises de mesure, l’échantillon est purgé en injectant de l’hélium, ce qui réduit la concentration en dioxygène à 2 μM et laisse une concentration résiduelle de peroxyde d’hydrogène inférieure à 20 μM . Un résultat est obtenu pour une série de 20000 impulsions. Afin de déterminer la dose délivrée, plusieurs séries de mesures sont obtenues avec différents dosimètres. Pour les temps compris entre 100 ps et 3 ns [Jonah et Matheson, 1976], plutôt que d’utiliser un flux continu pour le dispositif de la sonde, les auteurs ont mis au point un système stroboscopique basé sur celui de Hunt et ses collaborateurs [Wolff et al., 1973]. L’idée est d’augmenter la résolution temporelle en réalisant une succession de “clichés” après irradiation. Une partie du faisceaux d’électrons (30 %) de 20 à 22 MeV traverse une Figure 5.12.: Décroissance de l’électron solvaté entre 100 ps et 40 ns normalisée par rapport à l’absorbance à 100 ps mesurée par Jonah et al.. (source : Jonah et Matheson [1976]) chambre remplie de xénon, leur passage génère de la lumière Cerenkov utilisée pour la sonde stroboscopique. Les 70 % des électrons restants sont utilisés pour l’irradiation. Le délai entre deux clichés est réalisé en allongeant le parcours du faisceau lumineux avant qu’il n’atteigne l’échantillon. Pour cette mesure, les auteurs n’ont pas utilisé de dosimètre mais seulement enregistré la décroissance de l’absorbance relative à la valeur à 100 ps (cf. Figure 5.12). La comparaison des résultats de simulation à ceux de ce type de mesure, serait réalisée en superposant la courbe d’absorbance (qui décrit l’évolution du nombre d’espèces) au rendement calculé à partir de 100 ps. Plus récemment, des résolutions de quelques dizaines de femtosecondes ont été atteintes. Bien que la technologie a évolué, le principe reste relativement similaire au stroboscope utilisé par Jonah. L’une des publications les plus récentes [Gauduel et al., 2010], reporte la mesure des électrons solvatés générés par un paquet polychromatique d’électrons pulsés (< 50 fs) dont l’énergie est comprise entre 2.5 et 15 MeV. Ces électrons sont générés par le passage d’un laser femtoseconde à travers un gaz d’hélium (cf. Figure 5.13). Les électrons de plus basse énergie (< 2 MeV) sont arrêtés par une épaisse plaque de cuivre. Le faisceau traverse l’échantillon, situé à quelques millimètres de la source, dont la longueur est de 10 mm. Le laser de 820 nm qui a initié le paquet d’électrons, sert également à sonder l’échantillon avec une impulsion de 30 fs perpendiculairement au faisceau d’électrons. A cette longueur d’onde, le coefficient d’extinction molaire déterminé par les expérimentateurs est de 14300 ± 300 M−1 · cm−1 . L’absorbance est mesurée grâce à une caméra CCD. Le résultat principal de cette mesure est la valeur du rendement des électrons solvatés de 6.5 ± 0.5 molécules/eV à environ 5 ps (cf. Figure 5.14). Ce calcul est effectué en prenant une dose moyenne de 16 ± 1 Gy (calculée à partir de l’énergie moyenne du faisceau et un pouvoir d’arrêt constant sur tout le domaine en énergie du faisceau) et une concentration 216 5.5 Détection directe Figure 5.13.: Schéma d’un dispositif expérimental pour la mesure de l’électron solvaté pour les temps les plus précoces issus de l’irradiation par des électrons de haute énergie. Le laser à 820 nm est à la fois responsable de la génération des électrons pulsés et est dévié et retardé par un jeu de miroirs pour servir de sonde de l’échantillon. L’absorbance est mesurée à l’aide d’une caméra CDD et un coupe champ-magnétique/détecteur silicone permet d’évaluer la distribution énergétique du paquet d’électrons. (source : Gauduel et al. [2010]) itre 5 Aspects expérimentaux Figure 5.14.: Observation expérimentale du rendement radiochimique de l’électron solvaté (source : Gauduel et al. [2010]) de (11 ± 1) · 10−6 M. Il s’agit donc d’un rapport de moyennes. Comme nous l’avons déjà mentionné, dans les simulations, le rendement radiochimique n’est pas calculé de la même manière. Un rendement radiochimique est déterminé pour chaque évènement. Le rendement final est alors calculé comme la moyenne des rendements de chaque évènement. Il s’agit donc de la moyenne des rapports. Les auteurs constatent que ce rendement est plus important que celui généralement calculé par les Monte-Carlo. Cependant, peu de Monte-Carlo basé sur l’approche pas-à-pas simulent le parcours des électrons de plus de 1 MeV dans l’eau liquide. Au-delà de cette énergie, les sections efficaces d’interactions radiatives doivent être prises en compte. De plus les calculs sont réalisés sur une petite portion de l’espace. Dans notre travail, les évènements de la trace primaire n’étaient plus considérés dès lors qu’au moins 10 keV avaient été déposés. Ce qui correspond à quelques micromètres, alors que les mesures expérimentales sont réalisées sont avec des échantillons de plusieurs millimètres où la particule incidente, en perdant de l’énergie par les interactions successives, peut parcourir un large domaine en énergie. 5.5 Détection directe 5.5.2. Hydroxyle 5.5.2.1. Caractéristiques Contrairement à l’électron solvaté, à son maximum d’absorption, l’hydroxyle possède, à son maximum d’absorption situé dans l’UV, un coefficient d’extinction molaire faible ( OH : 230 nm = 575 M−1 cm−1 ) rendant sa détection plus délicate. L’absorbance est proportionnelle au coefficient d’extinction molaire mais également à la concentration du soluté dont on cherche à étudier la cinématique. Aussi, si la concentration en hydroxyle est élevée, sa détection en est facilitée. Or, du fait des propriétés de la radiolyse pulsée (forte dose sur un temps bref), le nombre de radicaux hydroxyle générés doit être important sur une échelle extrêmement courte (supposée inférieure à la microseconde). Seulement deux équipes se sont intéressées à la mesure directe de l’hydroxyle [Jonah et Miller, 1977, El Omar et al., 2011]. La méthode entre les deux équipes, similaire à celle de la mesure directe de l’électron solvaté par stroboscopie, ne change pas. 5.5.2.2. Mesures Figure 5.15.: Absorbance à 782 nm de l’eau pure (en noire), de la cellule en verre de silice (en rouge) obtenue avec des pas à 15 ps et à 5 ps (dans l’incrusté) (source : El Omar et al. [2011] ) Dans la publication [El Omar et al., 2011], la mesure du rendement de l’hydroxyle est réalisée à 263 nm, donc pas exactement au maximum d’absorption de l’hydroxyle situé à 230 nm. A cette longueur d’onde, comme sur l’intégralité du spectre, le coefficient d’extinction molaire de l’électron solvaté est supérieur à celui de l’hydroxyle (e− aq : 263 nm = −1 −1 −1 −1 620 M cm , OH : 263 nm = 420 M cm ). Chapitre 5 Aspects expérimentaux Figure 5.16.: Absorbance à 263 nm de l’eau pure (en noire), de la cellule en verre de silice (en rouge) obtenue avec des pas à 15 ps et à 5 ps (dans l’incrusté) (source : El Omar et al. [2011] ) L’idée est alors de soustraire la contribution de l’électron solvaté à 263 nm en déterminant sa concentration à une autre longueur d’onde. Les mesures de l’absorbance dans le proche −1 −1 infra-rouge à 782 nm (e− aq : 782 nm = 17025 M cm ), proche du maximum d’absorption de l’électron solvaté, et dans l’UV à 263 nm sont effectuées de façon synchrone. Le rendement de l’électron solvaté est alors déduit à partir de la mesure de l’absorbance à 782 nm. Par ailleurs, la cellule en silice, de 1 mm d’épaisseur, dans laquelle est plongé le liquide, absorbe une partie non négligeable du rayonnement à 263 nm (cf. Figure 5.16). En effet, Jonah et al. avaient remarqué que des espèces transitoires étaient initiées dans le verre sous l’effet de l’irradiation [Jonah et Miller, 1977]. Afin de déterminer uniquement l’absorption des hydroxyles, la contribution de la cellule d’irradiation doit donc être retirée. De même, il est à noter que la cellule absorbe une toute petite partie de la lumière à 782 nm (cf. Figure 5.15). L’évolution temporelle de l’absorbance à 263 nm est donc décrite par la somme de ses différentes contributions : − λ=263nm Aλ=263nm (t) = Gt (e− (t) obs aq ) · 263 nm (eaq ) + Gt ( OH) · 263 nm ( OH) · D · L + Ac.v. où D est la dose déposée par impulsion, L est la longueur traversée par le laser sonde soit 0.5 cm, Gt est le rendement radiochimique dépendant du temps exprimé en mol.J−1 et Aλ=263nm est l’absorbance en fonction du temps de la cellule vide à 263 nm (cf. c.v. Figure 5.16). L’irradiation est réalisée avec un faisceau d’électrons de 7 MeV générés par l’impulsion d’un laser femtoseconde (∼ 100 fs). L’évolution de l’absorbance de l’électron solvaté permet de 220 5.6 Conclusions Figure 5.17.: Evolution normalisée de l’hydroxyle mesurée par [El Omar et al., 2011] et [Jonah et Miller, 1977] (dans l’incrustré, la décroissance de l’électron solvaté est comparée à celles disponibles dans la littérature) (source : El Omar et al. [2011] ) déterminer la dynamique du rendement mais sans information sur la dose délivrée, le calcul du rendement n’est pas possible. Aussi en connaissant le rendement et la concentration à une valeur en temps donnée, il est possible de calculer la dose et l’ensemble des points − de Gt (e− aq ). A partir de la littérature, les auteurs ont sélectionné la valeur de Gt (eaq ) = (4.2±0.2)·10−7 mol · J−1 à 20 ps. La mesure du rendement du radical hydroxyle à environ 10 ps est d’environ (4.8±0.12)·10−7 mol · J−1 . La valeur du coefficient d’extinction molaire de l’électron solvaté à 782 nm étant controversée, les auteurs ont calculé le rendement en prenant en compte une variation de plus ou moins 10 % par rapport à la valeur initiale. Le rendement de l’hydroxyle à 10 devient (5.0 ± 0.5) · 10−7 mol · J−1 . La décroissance normalisée de l’électron solvaté et de l’hydroxyle est représentée sur la Figure 5.17. Notons que l’évolution de l’hydroxyle est plus rapide que celle précédemment reportée par Jonah. 5.6. Conclusions Différentes techniques (directes et indirectes) de mesure de rendement radiochimique ont été présentées. Les résultats expérimentaux pourraient servir de validation du module de chimie développée avec cette thèse, comme par exemple, l’évolution des rendements radiochimiques en fonction du pouvoir scavenger ou encore, les mesures directes des rendements radiochimiques dépendants du temps. Cependant, plusieurs obstacles rendent difficiles ces comparaisons. Premièrement, aucune simulation Monte-Carlo n’a tenté de 221 calculer les rendements radiochimique par la radiolyse avec des électrons de haute énergie et les modèles des ions actuellement pris en charge par les Monte-Carlo ne permettent pas de couvrir les faibles énergies. Par ailleurs, les simulations sont limitées par leur capacité à simuler un grand nombre de radicaux simultanément. Il sera nécessaire d’améliorer les modèles théoriques de la partie physique et la méthode de calcul de la partie chimie. En attendant, sur la gamme en énergie non traitée par Geant4-DNA, il est possible d’utiliser les modèles physiques des sous-catégories “standard” et “low energy” de Geant4. Seules les molécules d’eau ionisées ou excitées sur la gamme en énergie couverte par Geant4-DNA sont simulées. Jusqu’à récemment, de nombreux papiers comparaient les rendements radiolytiques entre expériences sans pour autant prendre en compte la qualité de l’irradiation (énergie, durée d’irradiation, quantité d’évènements ...). Le rendement initial (à une picoseconde) d’une espèce chimique était considéré comme une constante. L’évolution du rendement radiochimique dépendant du temps est souvent interprété comme dépendant essentiellement du LET. Cependant, de récent travaux [Gervais et Olivera, 1998] ont montré qu’à même LET mais pour des particules de nature différente, le rendement radiochimique pouvait varier. En effet, si l’on considère deux particules de différente nature, de même LET mais d’énergie différente, nous pouvons facilement imaginer que la vitesse conférée aux électrons secondaires augmentera avec l’énergie de la particule primaire, modifiant ainsi la réaction de la matière irradiée. Au-delà du LET, c’est donc plus le nombre, la distribution spatiale des dépôts, ainsi que la nature de la modification électronique (du fait des différents canaux de relaxation) qui importent. Par ailleurs, comme les résultats du chapitre précédent l’ont montré, les rendements primaires, au même titre que leur évolution temporelle, peuvent varier selon l’énergie de la particule. Par conséquent, le volume de l’échantillon a aussi un impact sur les rendements observés. En effet, plus le volume irradié est important, plus le domaine en LET couvert par la particule initiale augmente. L’étude expérimentale regroupera donc un ensemble de composantes en LET qui ne sont généralement pas pris en compte dans les études MonteCarlo, à la fois pour des raisons de temps de calcul mais aussi, lorsque le LET devient trop important (et donc le nombre de molécules à simuler), de mémoire disponible (RAM). La validation rigoureuse des résultats simulés devra passer soit par l’utilisation d’échantillons de faibles épaisseurs, soit par une amélioration des techniques de simulation. A ce titre, et comme nous l’avons déjà proposé dans le chapitre précédent, une combinaison entre une approche basée sur un calcul analytique de l’évolution temporelle des concentrations, lorsque les concentrations deviennent trop importantes et difficilement gérables en mémoire, avec une approche Monte-Carlo à bas LET pourrait être envisageable. Bien que la radiolyse pulsée (forte dose délivrée dans un laps de temps extrêmement bref) permette d’étudier les évènements précoces, il est nécessaire de prendre certaines précau- 5.6 Conclusions Figure 5.18.: Rendement radiochimique dépendant du temps du radical hydroxyle (a) et du peroxyde d’hydrogène (b) produits par des Hélium2+ de 5 MeV/u avec une séparation spatiale fixe de 1 nm et différentes séparations temporelles ∆t. Le symbole ∞ désigne le cas sans effet inter-trace. (source : Kreipl et al. [2009a]) Chapitre 5 Aspects expérimentaux tions avant de comparer les résultats obtenus à ceux issus des Monte-Carlo (ou seulement une seule particule primaire est simulée) ou de la radiolyse à l’état quasi-stationnaire (irradiation continue). En effet, la densité de courant de la radiolyse pulsée est souvent très importante pouvant entraîner un effet inter-trace (à la fois temporelle et spatiale) dont le résultat est le chevauchement des grappes de dépôt d’énergie de traces différentes et donc pour une espèce chimique donnée, l’augmentation des réactifs disponibles. Depuis récemment, ces effets peuvent être étudiés par des simulations Monte-Carlo [Kreipl et al., 2009a] mais seulement sur un petit domaine spatial. Ce type d’étude a permis de mettre en évidence l’impact de l’effet inter-trace sur l’évolution temporelle des rendements. Sur la Figure 5.18, l’effet du passage successif d’une paire d’ion 2+ He est simulé. De même direction d’incidence, leur séparation spatiale est fixée à 1 nm alors que plusieurs simulations de 1000 particules incidentes sont réalisées avec une séparation temporelle ∆t variable. Le rendement est initialement normalisé au dépôt d’énergie du premier ion, puis après un laps de temps ∆t, une nouvelle normalisation est effectuée en prenant en compte le dépôt de la seconde trace. Le résultat est une brusque modification du rendement observé à ∆t. L’effet inter-trace favorise la décroissance du rendement de l’hydroxyle en faveur du peroxyde d’hydrogène. En effet, la superposition des dépôts d’énergie favorise la recombinaison des espèces radiolytiques. Cet effet devrait être d’autant plus marqué que le LET des particules incidentes est important, augmentant ainsi la probabilité de superposition des dépôts. Les développements introduits avec cette thèse permettent également la synchronisation entre traces, c’est à dire, la possibilité de synchroniser des évènements générés à des temps distincts. L’effet inter-trace peut donc être étudié avec Geant4-DNA. 224 5.6 Conclusions Bibliographie G. Baldacchino, T. Maeyama, S. Yamashita, M. Taguchi, A. Kimura, Y. Katsumura et T. Murakami : Determination of the time-dependent OH-yield by using a fluorescent probe. Application to heavy ion irradiation. Chemical Physics Letters, 468(4-6):275–279, janvier 2009. ISSN 00092614. URL http://linkinghub.elsevier. W. G. Burns et H. E. Sims : Effect of radiation type in water radiolysis. Journal of the Chemical Society, Faraday Transactions 1 : Physical Chemistry in Condensed Phases, 77(11):2803–2813, 1981. ISSN 0300-9599. 203 G. V. Buxton : Nanosecond Pulse Radiolysis of Aqueous Solutions Containing Proton and Hydroxyl Radical Scavengers. Proceedings of the Royal Society A : Mathematical, Physical and Engineering Sciences, 328(1572):9–21, mai 1972. ISSN 1364-5021. 215 G. V. Buxton, C. L. Greenstock, A. B. Helman, W. P.and Ross et W. Tsang : Critical Review of Rate Constants for Reactions of Hydrated Electrons, Hydrogen Atoms and Hydroxyl Radicals in Aqueous Solution. Journal of Physical and Chemical Reference Data, 17(2):513, 1988. ISSN 00472689. 202, 204 A. C. Chernovitz et C. D. Jonah : Isotopic dependence of recombination kinetics in water. The Journal of Physical Chemistry, 92(21):5946–5950, 1988. 205, 215 I. Draganic : Radiolysis of HCOOH+ O2 at pH 1.3-13 and the yields of primary products in. gamma. radiolysis of water. The Journal of Physical Chemistry, 78(8):2564–2571, 1969. URL http://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/j100842a018. 203 A. K. El Omar et al. : Time-dependent radiolytic yield of OH radical studied by picosecond pulse radiolysis. The Journal of Physical Chemistry. A, 115(44):12212–6, novembre 2011. ISSN 1520-5215. 219, 220, 221 J. E. Fanning et C. N. Trumbore : Evidence for Spur Overlap in the Pulse Radiolysis of Water. The Journal of Physical Chemistry, 81(13):1264–1268, 1977. 214 Y. A. Gauduel, Y. Glinec, J.-P. Rousseau, F. Burgy et V. Malka : High energy radiation femtochemistry of water molecules : early electron-radical pairs processes. The European Physical Journal D, 60(1):121–135, juin 2010. ISSN 1434-6060. 216, 217, 218 B. Gervais et G. H. Olivera : Étude de la radiolyse de l’eau par simulation Monte Carlo. Effet de la vitesse du projectile. Journal de Chimie Physique et de PhysicoChimie Biologique, 95(4):772–777, avril 1998. ISSN 0021-7689. 222 N. J.B. Green et S. M. Pimblott : Scavenger kinetics and the laplace transform relationship. Molecular Physics, 74(4):811–832, 1991. 200 225 Chapitre 5 Aspects expérimentaux E. J. Hart : Gamma-ray induced oxidation of aqueous formic acid-oxygen solutions. Effect of oxygen and formic acid concentrations. Journal of the American Chemical Society, 76:4312–4315, 1954. URL http://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/ ja01646a016. 203 E. J. Hart : Absorption spectrum of the hydrated electron in water and in aqueous solutions. Journal of the American Chemical Society, 84(21):4090–4095, janvier 1962. ISSN 0028-0836. URL http://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/ja00880a025. 212 C. D. Jonah, E. J. Hart et M. S. Matheson : Yields and decay of the hydrated electron at times greater than 200 picoseconds. The Journal of Physical Chemistry, 77 (15):1838–1843, 1973. 215 C. D. Jonah et M. S. Matheson : Yield and decay of the hydrated electron from 100 ps to 3 ns. The Journal of Physical Chemistry, 80(12):1267–1270, 1976. 214, 215, 216 C. D. Jonah et J. R. Miller : Yield and Decay of the Hydroxyl Radical from 200ps to 3ns. The Journal of Physical Chemistry, 81(21):1974–1976, 1977. 204, 205, 219, 220, 221 M. S. Kreipl, W. Friedland et H. G Paretzke : Interaction of ion tracks in spatial and temporal proximity. Radiation and environmental biophysics, 48(4):349–59, novembre 2009a. ISSN 1432-2099. 223, 224 J. A. LaVerne : Detection of gaseous products in the radiolysis of aqueous solutions. The Journal of Physical Chemistry, 92(10):2808–2809, 1988. URL http://pubs.acs. org/doi/abs/10.1021/j100321a022. 203 J. A. LaVerne : The production of OH radicals in the radiolysis of water with 4He ions. Radiation research, 118(2):201–210, 1989. 202 J. A. LaVerne : OH radicals and oxidizing products in the gamma radiolysis of water. Radiation research, 153(2):196–200, 2000. 202, 203, 204, 205 J. A. LaVerne et S M. Pimblott : Scavenger and time dependences of radicals and molecular products in the electron radiolysis of water : Examination of experiments and models. The Journal of Physical Chemistry, 95(8):3196–3206, 1991. 215 J. A. Laverne, I. Stefanić et S. M. Pimblott : Hydrated electron yields in the heavy ion radiolysis of water. The journal of physical chemistry. A, 109(42):9393–401, octobre 2005. ISSN 1089-5639. 205, 206, 207 T. Maeyama, S. Yamashita, G. Baldacchino et al. : Production of a fluorescence probe in ion-beam radiolysis of aqueous coumarin-3-carboxylic acid solution : Beam quality and concentration dependences. Radiation Physics and Chemistry, 80(4):535– 539, avril 2011. ISSN 0969806X. 208 226 5.6 Conclusions C. Matthews et C. Favard : Théorie, principes et applications des techniques de fluorescence en biologie cellulaire et cancérologie. Bulletin du cancer, 94(1):115–125, 2007. 196 L. Monchick : Note on the Theory of Diffusion Controlled Reactions : Application to Photodissociation in Solution. The Journal of Chemical Physics, 24(2):381, 1956. ISSN 00219606. 199 S. M. Pimblott et J. A. LaVerne : Scavenger concentration dependences of yields in radiation chemistry. The Journal of Physical Chemistry, 96(2):746–752, 1992. 202 S. M. Pimblott, J. A. LaVerne, D. M. Bartels et C. D. Jonah : Reconciliation of transient absorption and chemically scavenged yields of the hydrated electron in radiolysis. The Journal of Physical Chemistry, 100(22):9412–9415, 1996. 202 S. Pommeret, F. Gobert, M. Mostafavi, I. Lampre et J.-C. Mialocq : Femtochemistry of the Hydrated Electron at Decimolar Concentration. The Journal of Physical Chemistry A, 105(51):11400–11406, décembre 2001. ISSN 1089-5639. 214 R. H. Schuler et B. Behar : Scavenging studies of OH radicals within radiation tracks. Proceedings of the Fifth Tihany Symposium on Radiation Chemistry, 1:183–187, 1983. T. Sumiyoshi et K. Tsugaru : Yields of solvated electrons at 30 picoseconds in water and alcohols. Bulletin of the Chemical Society of Japan, 58(11):3073–3075, 1985. 215 R. K. Wolff, M. J. Bronskill, J. E. Aldrich et J. W. Hunt : Picosecond pulse radiolysis. IV. Yield of the solvated electron at 30 picoseconds. The Journal of Physical Chemistry, 77(11):1350–1355, 1973. 215 S. Yamashita, Y. Katsumura et al. : Water radiolysis with heavy ions of energies up to 28 GeV. 1 : Measurements of primary g values as track segment yields. Radiation Physics and Chemistry, 77(4):439–446, avril 2008a. ISSN 0969806X. 209, 210 S. Yamashita, Y. Katsumura et al. : Water radiolysis with heavy ions of energies up to 28GeV. 2 : Extension of primary yield measurements to very high LET values. Radiation Physics and Chemistry, 77(10-12):1224–1229, octobre 2008b. ISSN 0969806X. 209, 210 227 Aspects expérimentaux 6. Discussions et Perspectives Les systèmes biologiques sont des systèmes dynamiques dont les conditions initiales sont difficilement caractérisables et rarement homogènes d’un système à l’autre. Cette donnée rend l’unification de la modélisation des mécanismes élémentaires et la prédiction des conséquences médicales à long terme, complexe et délicate. Dans cette optique, la modélisation d’un système biologique telle qu’une cellule au sein d’un outil de simulation, ne doit pas seulement prendre en compte l’aspect aléatoire des interactions élémentaires des processus physico-chimiques mais devrait également intégrer les fluctuations des conditions initiales du milieu, à savoir, la taille et la forme de la cellule, les concentrations des scavengers et des protéines d’intérêt, la distribution des molécules d’ADN etc... Bien que la méthode Monte-Carlo soit naturellement adaptée à ce type de modélisation, cette approche diffère des simulations menées jusqu’alors avec Geant4 où le milieu est immuable et parfaitement défini a priori. Cela dit, la plateforme multidisciplinaire qu’est Geant4-DNA pourrait permettre la prise en compte de l’hétérogénéité et la variabilité des conditions initiales du système biologique. Le deuxième obstacle majeur auquel la plateforme devra faire face est la gestion de la simulation sur différentes d’échelle de temps et d’espace, cela implique la cohabitation, au sein de la plateforme, de modèles ayant différentes représentations du milieu biologique. Aussi, un point essentiel est l’architecture logicielle qui permettra de coordonner ces différentes échelles de représentation. La plateforme est actuellement pensée sous forme de modules à la fois indépendants et interconnectés. Par exemple, en terme d’interconnexion, contrairement à d’autres outils de simulation, la géométrie du milieu biologique (noyau, brins d’ADN) est prise en considération au moment de la simulation et non superposée a posteriori aux dépôts d’énergie prenant place dans un volume d’eau infini. Cette modélisation fait la force de Geant4-DNA mais aussi son handicap car, la simulation requiert plus d’espace mémoire. Bien que le cœur du projet ait été amorcé par une poignée de chercheurs, le maintien régulier et le développement rapide de ses ressources demanderont un travail collaboratif à moyenne (échelle de la collaboration) et grande échelle (échelle des utilisateurs). En effet, premièrement, il n’est pas possible d’intégrer un module sans créer les ramifications qui lui permettront d’être amorcé par l’architecture actuelle. De plus, l’optimisation du module de chimie demandera des compétences spécifiques en structure de données (comme par exemple pour la conception d’algorithme de recherche de la paire la plus proche). Deuxièmement, le meilleur moyen de tester et d’améliorer un module est de le rendre public. Par ailleurs, il faut noter que si le projet a eu un développement si rapide et avec un “minimum” de contraintes techniques, c’est qu’il est en parti basé sur un outil open-source existant, et bénéficie donc d’une part, de méthodes éprouvées (telle que la navigation dans des géométries complexes) et d’autre part, d’un excellent support technique. Nous citerons le “nightly build” -qui consiste à la compilation quotidienne sur différents systèmes d’exploitation de Geant4, des tests et des exemples-, l’analyse mensuelle du code par l’outil Coverity®, le système de tests et bien sûr le dynamisme et le soutien des collaborateurs de Geant4.
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French-Science-Pile
Open Science
Various open science
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Sénologie interventionnelle : du diagnostic à la thérapeutique – Acquis et limites. 34° Journées de la Société Française de Sénologie et de Pathologie Mammaire (SFSPM), Paris, 2012. Acquis et limites en Sénologie, Nov 2012, Paris, France. pp.59. &#x27E8;hal-03575782&#x27E9;
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Sénologie interventionnelle : du diagnostic à la thérapeutique – Acquis et limites J.-Y. Séror, B. Scheuer-Niro, F. Scetbon, C. Ghenassia-Vidal, A. Duval, G. Elfersi-Zemmour HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Sénologie interventionnelle : du diagnostic à la thérapeutique – Acquis et limites Interventional breast imaging: from diagnosis to treatment: Acquired knowledge’s and limits J.-Y. Séror, B. Scheuer-Niro, F. Scetbon, C. Ghenassia-Vidal, A. Duval et G. Elfersi-Zemmour1 Mots clés : cancer du sein, biopsies mini-invasives, cytologie, microbiopsie, macrobiopsie Keywords: breast cancer, FNAB, core biopsy, vacuum assisted breast biopsy, excision lesion La sénologie interventionnelle est proposée comme alternative à la chirurgie diagnostique. Les biopsies permettent d’éviter des chirurgies inutiles et de rassurer les patientes en cas de bénignité. En cas de malignité, elles permettent de confirmer rapidement le diagnostic, d’obtenir les principaux éléments pronostiques et l’élaboration du projet thérapeutique. Si les biopsies ont un rôle essentiel pour « le diagnostic », certaines techniques, telles que les macrobiopsies, par leur capacité d’exérèse volumique peuvent également avoir un rôle « thérapeutique », ce dernier restant encore limité à l’exérèse de lésions bénignes telles que les fibroadénomes ou les papillomes. Depuis plusieurs années, chirurgiens et radiologues proposent des techniques interventionnelles mini-invasives, fondées sur l’hyperthermie ou la cryothérapie, dans un rôle exclusivement thérapeutique sans exérèse de la lésion mais fondées sur sa destruction in situ. Centre de Sénologie Paris Du roc, 75006 Paris, France 1. Acquis et limites en sénologie Aujourd’hui, le recul sur toutes ces techniques de prélèvement nous permet d’en préciser les acquis, mais également d’en rappeler les limites technologiques et cliniques. Cytoponctions écho-guidées et microbiopsies écho-guidées Elles représentent des méthodes diagnostiques de choix pour les lésions échographiques. Les cytoponctions représentent des techniques simples, peu coûteuses mais demandent une grande expérience pour le prélèvement et pour les interprétations par les cytologistes aujourd’hui moins nombreux. Si plusieurs publications ont insisté sur le risque de prélèvements non significatifs des cytoponctions, une méta-analyse récente comparant cytoponctions et microbiopsies et portant sur 29 études [1] a retrouvé, pour les anomalies probablement bénignes (98-100 %), une précision diagnostique équivalente. Les microbiopsies écho-guidées bien mises en œuvre ont une précision diagnostique de plus de 97 % avec les aiguilles de 14G, avec un taux de faux négatif de 2-3 % et sont recommandées en première intention en cas de lésions palpables ou non palpables, Bi-Rads 4 et 5 et dans certains cas Bi-Rads 3, et avant tout geste opératoire [2]. La concordance radioclinique et histologique représente une étape diagnostique essentielle. Les limites des microbiopsies sont liées au type de cible (microcalcifications ou parfois zone de désorganisation architecturale) et à certains types histologiques. Les macrobiopsies avec aspiration permettent un échantillonnage tissulaire plus important, un diagnostic plus précis avec moins de sous-estimation et dans certains cas une exérèse complète de la cible. Ces techniques fiables permettent de limiter de moitié le nombre de biopsies chirurgicales pour lésions bénignes et une meilleure prise en charge des lésions en cas de cancer [3]. Acquis et limites des macrobiopsies Les indications validées : Bi-Rads 5, Bi-Rads 4 et dans certaines situations particulières les Bi-Rads 3 qui en représentent une limite. Les acquis techniques : nombre de prélèvements (12 en cas de sonde de 11 ou 10 Gauge) [4] ; la pose d’un clip en cas d’exérèse complète du signal radiologique 17/10/2012 09:31:46 Biopsies mammaires : du diagnostic à la thérapeutique 61 avec comme limites les possibilités de migration du clip (13 à 21 % des cas) [5] ; les radiographies des prélèvements en cas de microcalcifications. La gestion des résultats : le prélèvement est considéré comme représentatif en cas d’exérèse de la cible à plus de 50 % [6]. En cas de prélèvement non significatif ou non concordant, ces informations seront clairement énoncées et une décision en RCP définira la conduite à tenir. Il est acquis qu’une reprise chirurgicale est recommandée en cas de malignité, d’atypie ou de lésions frontières en raison des risques de sous-estimations évaluées de 10 à 25 % après macrobiopsies [7]. L’exérèse complète du signal radiologique après macrobiopsie 11 Gauge est fréquente (46 à 97 %) et permet un diagnostic histologique plus précis et une diminution des sous-estimations. L’exérèse complète d’un carcinome après macrobiopsie est notée dans 8 % à 20 % des cas dans la littérature [8] et ne doit en aucun cas être interprétée comme geste thérapeutique [9]. Les macrobiopsies écho-guidées ont un rôle diagnostique et potentiellement thérapeutique en cas de lésions bénignes. De nombreuses publications ont confirmé la faisabilité et l’efficacité des macrobiopsies écho-guidées dans la prise en charge des fibroadénomes et des lésions probablement bénignes [10]. L’exérèse complète des nodules bénins centimétriques est obtenue dans 96 % à 99 % [11]. En cas d’adénofibrome typique ou de papillome bénin, l’exérèse thérapeutique par macrobiopsie est proposée dans la littérature en raison du risque de sous-estimation estimé à moins de 5 %. Le système de macrobiopsie Intact System® est fondé sur une technique de radiofréquence permettant une excision tissulaire monobloc (BLES pour Breast Lesions Excision System). Il pourrait répondre aux insuffisances des macrobiopsies caractérisées par le caractère fragmenté des prélèvements à l’origine de 7 à 23 % de sous-estimation [13] et l’impossibilité d’évaluation de la qualité des marges. L’examen est réalisé en ambulatoire sous anesthésie locale [14]. Entre janvier 2008 et avril 2009, nous avons exploré 163 patientes [15] avec le système BLES Intact®. Nous n’avons enregistré aucune sous-estimation pour les cas de lésions atypiques suivies d’une biopsie chirurgicale. L’exérèse complète après chirurgie a été confirmée pour les carcinomes in situ dans 40,1 % avec berges saines sur la biopsie. Si ces résultats étaient confirmés dans le futur, la reprise chirurgicale pour lésions atypiques, pourrait dans certains cas (lésions atypiques avec berge saine sur le prélèvement monobloc) ne plus être systématique avec un impact économique réel. Aujourd’hui, en attendant d’autres publications, la reprise chirurgicale est recommandée. Acquis et limites en sénologie Sénologie interventionnelle exclusivement thérapeutique [16] De nombreuses équipes radiologiques et chirurgicales ont proposé des techniques à but thérapeutique, sans exérèse, fondées sur la destruction in situ de la lésion. Différentes techniques seront présentées : techniques d’ablation par le chaud par radiofréquence (RFA), laser interstitiel, ablations par micro-ondes et ultrasons (HIFU pour High intensity focused ultrasound) et les techniques d’ablation par le froid : cryoablation. Ces techniques sont pratiquées en ambulatoire parfois sans anesthésie générale. L’HIFU est non invasive, uniquement par l’application ultrasons sous guidage échographique par voie transcutanée. De nombreux travaux ont confirmé l’intérêt de ces techniques pour les lésions bénignes en particulier les adénofibromes mais toutes ces techniques ne permettent pas de diagnostic histologique. Conclusion Aujourd’hui, il est acquis que la sénologie interventionnelle permet au quotidien une amélioration de la prise en charge diagnostique des lésions infracliniques, à condition de connaître et de respecter les limites. La place dans la thérapeutique n’est pas acquise mais intéressante pour les lésions bénignes avec dans le futur des progrès technologiques qui permettront de reconsidérer ce dernier point. Références 1. Willems SM, Van Deurzen CH, van Diest PJ (2012) Diagnosis of breast lesions: fine-needle aspiration cytology or core needle biopsy? A review. J Clin Pathol 65: 287-92 2. Hukkinen K, Kivisaari L, Heikkila PS et al. (2008) Unsuccessful preoperative biopsies, fine needle aspiration cytology or core needle biopsy, lead to increased costs in the diagnostic workup in breast cancer. Acta Oncol 47: 1037-45 3. Wallis M, Tardivon A, Helbich T et al. (2007) Guidelines from the European Society of Breast Imaging for diagnostic interventional breast procedures. Eur Radiol 17: 581-8 4. Lomoshitz FM, Helbich TH, Rudas M et al. (2004) Stereotactic 11-gauge vacuum-assisted breast biopsy: influence of number of specimens on diagnostic accuracy. Radiology 232: 897-903 5. 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Fine RE, Boyd BA, Whitworth PW et al. (2002) Percutaneous removal of benign breast masses using a vacuum-assisted hand-held device with ultrasound guidance. Am J Surg 184: 332-6 11. Fine RE, Boyd BA, Whitworth PW et al. (2002) Percutaneous removal of benign breast masses using a vacuum-assisted hand-held device with ultrasound guidance. Am J Surg 184: 332-6 12. Liberman L, Tornos C, Huzjan R et al. (2006) Is surgical excision warranted after benign, concordant diagnosis of papilloma at percutaneous breast biopsy? AJR Am J Roentgenol 186: 1328-34 13. Sie A, Bryan DC, Gaines V et al. (2006) Multicenter evaluation of the breast lesion excision system, a percutaneous, vacuum-assisted, intact-specimen breast biopsy device. Cancer 107: 945-9 14. Killebrew LK, Oneson RH (2006) Comparison of the Diagnostic Accuracy of a VacuumAssisted Percutaneous Intact Specimen Sampling Device to a Vacuum-Assisted Core Needle Sampling Device for Breast Biopsy: Initial Experience. Breast J 12: 302-8 15. 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Conséquences pour l’action publique Chaque cellule de la grille conceptuelle peut être utilisée pour analyser un large éventail d’aspects sous différentes perspectives pertinentes pour l’action publique. Les perspectives retenues sont classées dans les trois catégories qui constituent la troisième dimension du cadre des indicateurs de l’éducation : • la qualité de l’offre d’enseignement et du rendement de l’apprentissage ; • l’égalité des chances dans l’enseignement et la répartition uniforme des résultats de l’apprentissage ; et • l’adéquation des ressources et l’efficacité de leur gestion. Aux dimensions décrites ci-dessus vient s’ajouter la perspective temporelle qui permet de modéliser également les aspects dynamiques de l’évolution des systèmes d’éducation. Les indicateurs de cette édition de Regards sur l’éducation se répartissent dans la grille contextuelle, mais chevauchent souvent plusieurs cellules. La plupart des indicateurs du chapitre A « Les résultats des établissements d’enseignement et l’impact de l’apprentissage » correspondent à la première colonne de la grille contextuelle : « Le rendement et les résultats de l’apprentissage et de l’enseignement ». Certains indicateurs du chapitre A, dont ceux qui se rapportent à la variation du niveau de formation entre générations, donnent un aperçu des résultats des systèmes d’éducation et décrivent aussi le contexte des politiques actuelles en matière d’éducation, ce qui permet d’orienter les politiques sur l’apprentissage tout au long de la vie, par exemple. Le chapitre B « Les ressources humaines et financières investies dans l’éducation » regroupe les indicateurs en rapport avec des aspects qui sont soit des leviers politiques, soit des contraintes, voire les deux dans certains cas. Les dépenses unitaires d’éducation sont par exemple un levier politique majeur : elles ont un impact on ne peut plus direct au niveau individuel puisqu’elles conditionnent l’environnement d’apprentissage à l’école et en salle de classe. Le chapitre C « Accès à l’éducation, participation et progression » propose un éventail d’indicateurs en rapport avec les résultats de l’apprentissage, les leviers politiques et des aspects contextuels. L’internationalisation de l’éducation et le parcours scolaire des individus sont des indicateurs de résultats, dans la mesure où ils montrent l’impact des politiques et pratiques à l’échelle de la salle de classe, de l’établissement et du système d’éducation, mais ils sont révélateurs aussi de certains aspects contextuels, car ils identifient des domaines dans lesquels il serait utile de prendre des mesures pour progresser sur la voie de l’égalité des chances, par exemple. Le chapitre D « Environnement pédagogique et organisation scolaire » présente des indicateurs en rapport avec le temps d’instruction, le temps de travail et les salaires des enseignants. Ces Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 19 Introduction indicateurs décrivent des leviers politiques ainsi que certains aspects contextuels en rapport avec la qualité de l’apprentissage dans le cadre scolaire et les résultats des apprenants au niveau individuel. Ce chapitre présente également pour la première fois des données issues de l’enquête TALIS (Enquête internationale de l’OCDE sur les enseignants, l’enseignement et l’apprentissage) sur les pratiques pédagogiques des enseignants, leur manière de penser leur métier et leur satisfaction professionnelle, ainsi que sur le rôle de l’évaluation du travail des enseignants, de son compte rendu et du système d’évaluation des établissements. 20 Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 Guide du Lecteur Champ couvert par les données Faute de données suffisantes, le champ couvert par les indicateurs reste limité dans de nombreux pays. Cependant, les données portent en principe sur le système d’éducation dans son ensemble (sur le territoire national), quels que soient le statut ou le mode de financement des établissements d’enseignement à l’étude et les mécanismes selon lesquels l’enseignement est dispensé. À une exception près (décrite ci-dessous), les catégories d’élèves/étudiants et les groupes d’âge sont en principe tous inclus : les enfants (y compris les enfants ayant des besoins d’éducation spécifiques), les adultes, les ressortissants nationaux, les ressortissants étrangers, ainsi que les élèves/étudiants qui suivent une formation à distance, un enseignement spécialisé ou adapté ou encore une formation organisée par un ministère autre que le ministère de l’Éducation, à condition que l’enseignement dispensé ait pour principal objectif de former les individus. Toutefois, les données sur les dépenses de formation initiale et les effectifs scolarisés excluent l’enseignement technique et la formation professionnelle dispensés en entreprise, sauf s’il s’agit de formations en alternance considérées comme faisant explicitement partie du système d’éducation. Les formations qui s’adressent aux adultes ou qui sont de type extrascolaire sont prises en considération pour autant qu’elles comportent des cours ou des matières analogues à ceux de l’enseignement « ordinaire » ou qu’elles soient sanctionnées par des diplômes équivalents à ceux délivrés à l’issue de formations relevant de l’enseignement ordinaire. Sont exclues les formations que les adultes suivent essentiellement par intérêt personnel, dans un souci d’épanouissement ou à des fins récréatives. Calcul des moyennes internationales La plupart des indicateurs présentent la moyenne des pays de l’OCDE et, dans certains cas, le total des pays de l’OCDE. La moyenne de l’OCDE est la moyenne non pondérée de tous les pays de l’OCDE dont les données sont disponibles ou peuvent être estimées. La moyenne des pays de l’OCDE correspond donc à la moyenne des valeurs obtenues au niveau des systèmes scolaires nationaux et peut être utilisée pour comparer l’indicateur d’un pays avec celui du pays « type » ou moyen. Elle ne tient pas compte de la taille absolue du système d’éducation de chaque pays. Le total de l’OCDE est la moyenne pondérée des données de tous les pays de l’OCDE dont les données sont disponibles ou peuvent être estimées. Il correspond donc à la valeur de l’indicateur dans toute la zone de l’OCDE. Il permet par exemple de comparer le montant des dépenses de divers pays à celui de toute la zone de l’OCDE, une entité unique constituée de tous les pays de l’OCDE dont les données disponibles sont fiables. Il convient de souligner que le manque de données peut biaiser considérablement les moyennes et totaux de l’OCDE. Étant donné le nombre relativement faible de pays étudiés, aucune méthode statistique n’est appliquée pour corriger ces biais. Dans les cas où une catégorie n’existe pas (code « a ») ou que sa valeur est d’un ordre de grandeur négligeable (code « n ») dans un pays, cette valeur est remplacée par une valeur nulle lors du calcul de la moyenne de l’OCDE. Si le numérateur et le dénominateur d’un ratio n’existent pas dans un pays (code « a »), la moyenne de l’OCDE est calculée abstraction faite de ce pays. Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 21 Guide du lecteur Dans les tableaux sur le financement qui contiennent les données de 1995 et de 2000, les moyennes et totaux de l’OCDE sont calculés sur la seule base des pays dont les données de 1995, de 2000 et de 2006 sont disponibles. Cette méthode a été retenue, car elle permet de comparer l’évolution des moyennes et totaux de l’OCDE pendant la période de référence, abstraction faite de la variation due à l’exclusion de pays dont les données de certaines années ne sont pas disponibles. Un grand nombre d’indicateurs présentent également la moyenne des 19 pays de l’OCDE qui sont membres de l’Union européenne (UE-19) dont les données sont disponibles ou peuvent être estimées, en l’occurrence l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République slovaque, la République tchèque, le Royaume-Uni et la Suède. Classification des niveaux d’enseignement La classification des niveaux d’enseignement s’inspire de la Classification internationale type de l’éducation de 1997 (CITE-97). Le principal changement apporté à la CITE-97 par rapport à l’ancienne version (CITE-76) est la mise en place d’un cadre de classification multidimensionnel, qui permet de mettre en concordance le contenu d’enseignement des programmes sur base de critères de classification multiples. La CITE est un instrument conçu pour recueillir des données statistiques sur l’éducation à l’échelle internationale. Elle distingue six niveaux d’enseignement. Le glossaire (www.oecd.org/edu/eag2009) décrit les niveaux de la CITE de manière détaillée et l’annexe 1 indique les âges typiques d’obtention des diplômes correspondant aux principaux programmes d’enseignement par niveau de la CITE. Symboles remplaçant les données manquantes Six symboles sont utilisés dans les tableaux et les graphiques pour signaler les données manquantes. a Les données de la catégorie sont sans objet. c Les observations sont trop peu nombreuses pour calculer des estimations fiables (par exemple les données portent sur moins de 3 % des élèves ou les établissements ne sont pas suffisamment nombreux pour faire des déductions valides). Néanmoins ces valeurs sont incluses dans le calcul des moyennes. Er.T. Erreur type. m Les données ne sont pas disponibles. n L’ordre de grandeur est négligeable ou nul. w Les données ont été exclues à la demande du pays concerné. x Les données sont incluses sous une autre rubrique/dans une autre colonne du tableau (par exemple, « x(2) » signifie que les données sont incluses dans la colonne n° 2). ~ La moyenne n’est pas comparable aux autres niveaux d’enseignement. Autres références Le site www.oecd.org/edu/eag2009 décrit de manière détaillée les méthodes utilisées pour calculer les valeurs des indicateurs, explique comment interpréter ces valeurs dans les différents contextes nationaux et donne des renseignements sur les sources de données sollicitées. Les données sur lesquelles se fondent les indicateurs et le glossaire détaillé des termes techniques utilisés dans cette publication peuvent également être consultés sur ce site. 22 Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 Guide du lecteur Tout changement introduit dans l’édition de 2009 de Regards sur l’éducation après impression sera indiqué sur le site www.oecd.org/edu/eag2009. Le site du Programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves (PISA) (www.pisa.oecd.org) décrit cette enquête, dont les résultats sont à la base de nombreux indicateurs de cette publication. Le site de l’Enquête internationale sur les enseignants, l’enseignement et l’apprentissage (TALIS) (www.oecd.org/edu/TALIS) décrit ce programme, dont certains résultats sont présentés dans les deux indicateurs D5 et D6. Cette édition de Regards sur l’éducation applique « StatLinks », la solution de publication en ligne de l’OCDE : tous les graphiques et tableaux de la présente édition de Regards sur l’éducation 2009 sont accompagnés d’un lien hypertexte (URL) qui donne accès à un classeur au format Excel contenant les données de référence. Ces liens sont stables et ne seront pas modifiés à l’avenir. De plus, il suffit aux lecteurs de la version électronique de Regards sur l’éducation de cliquer sur ces liens pour ouvrir les classeurs correspondants dans une autre fenêtre. Codes des entités territoriales Les codes suivants sont utilisés dans certains graphiques. Les noms des pays ou entités territoriales sont repris dans le texte. À noter que dans la publication, les communautés flamande et française de Belgique peuvent apparaitre comme « Belgique (Fl.) » et « Belgique (Fr.) », respectivement, par souci de concision. DEU Allemagne ENG Angleterre AUS Australie AUT Autriche BEL Belgique BFL Belgique (Communauté flamande) BFR Belgique (Communauté française) BRA Brésil CAN Canada CHL Chili KOR Corée DNK Danemark SCO Écosse ESP Espagne EST Estonie USA États-Unis RUS Fédération de Russie FIN Finlande FRA France GRC Grèce HUN Hongrie IRL Irlande ISL Islande ISR Israël ITA Italie JPN Japon LUX Luxembourg MEX Mexique NOR Norvège NZL Nouvelle-Zélande NLD Pays-Bas POL Pologne PRT Portugal SVK République slovaque CZE République tchèque UKM Royaume-Uni SVN Slovénie SWE Suède CHE Suisse TUR Turquie Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 23 Chapitre A Les résultats des établissements d’enseignement et l’impact de l’apprentissage Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 25 INDICATEUR A1 Quel est  le niveau de  formation de  la population adulte ? Cet indicateur décrit le niveau de formation de la population adulte sur la base des qualifications acquises dans le cadre éducatif institutionnel, pour montrer le volume de connaissances et de compétences à la disposition des économies et des sociétés. Cette année, l’indicateur propose aussi des données tendancielles sur la variation des proportions d’individus à chaque niveau de formation, afin d’évaluer l’évolution des compétences disponibles. Enfin, il analyse l’offre et la demande de travailleurs qualifiés dans les pays de l’OCDE. Points clés Graphique A1.1. Croissance annuelle moyenne de la population de titulaires d’un diplôme de niveau tertiaire (1998-2006) Ce graphique montre la croissance annuelle moyenne de la proportion de diplômés de l’enseignement tertiaire dans la population âgée de 25 à 64 ans et en précise la part imputable, d’une part, à l’accroissement démographique en général et, d’autre part, à l’élévation du niveau de formation. Croissance annuelle moyenne du nombre de titulaires d’un diplôme de l'enseignement tertiaire due à : Accroissement de la proportion de titulaires d’un diplôme de niveau tertiaire Accroissement général de la population L’augmentation généralisée du nombre de diplômés de l’enseignement tertiaire est un indicateur complémentaire de l’évolution du niveau de formation. Les pays en croissance démographique doivent faire face non seulement à la progression de la demande de formations tertiaires sous l’effet de l’augmentation du nombre de jeunes désireux d’investir dans des études à ce niveau, mais également à la progression de la demande globale d’éducation sous l’effet de la croissance démographique. Le nombre de diplômés de l’enseignement tertiaire a augmenté dans une mesure égale ou supérieure à 7 % par an en Espagne, en Irlande, en Pologne, au Portugal et en Turquie. Déjà sous pression, le système d’enseignement tertiaire a subi l’impact de la croissance démographique en Espagne, en Irlande et enTurquie. Ce phénomène n’est pas aussi préoccupant dans d’autres pays, en Allemagne et au Japon, par exemple. 8 7 6 5 4 3 2 1 0 -1 Turquie Espagne Irlande Mexique Rép. slovaque Corée États-Unis Canada Portugal Rép. tchèque Australie Moyenne de l’OCDE Grèce Nouvelle-Zélande Hongrie Suisse Pologne France Suède Autriche Belgique Royaume-Uni Italie Danemark Pays-Bas Islande Allemagne Japon % Les pays sont classés par ordre décroissant de la croissance annuelle moyenne du nombre de diplômés de l’enseignement tertiaire imputable à l’accroissement général de la population. Source : OCDE. Tableaux A1.4 et A1.5. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/eag2009). 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/682006210314 26 Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 Autres faits marquants INDICATEUR A1 • Entre 1998 et 2006, le nombre d’individus qui n’ont pas terminé leurs études secondaires a diminué, parfois nettement, parmi les actifs à la disposition du marché du travail dans tous les pays, si ce n’est en Allemagne, aux États-Unis, au Japon, au Mexique, en Pologne et en Turquie. • Le diplôme de fin d’études secondaires est devenu la norme chez les jeunes dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, la proportion de diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire chez les 25-34 ans est supérieure de 22 points de pourcentage à celle des 55-64 ans. • En moyenne dans les pays de l’OCDE, la proportion de diplômés de l’enseignement tertiaire chez les jeunes adultes a sensiblement progressé depuis 1998, pour atteindre 34 % chez les 25-34 ans. Ce constat donne à penser que cette proportion devrait continuer à augmenter dans les années à venir. En Corée, en France, en Irlande et au Japon, l’écart de taux d’obtention d’un diplôme de fin d’études tertiaires représente plus de 25 points de pourcentage entre la tranche d’âge la plus jeune étudiée et la tranche d’âge la plus âgée. • Les jeunes diplômés de l’enseignement tertiaire gardent de bonnes chances de trouver un emploi à la hauteur de leur qualification en Hongrie, en Islande, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en République slovaque et en République tchèque et, dans les pays partenaires, en Slovénie. Dans ces pays, le groupe d’âge des 25-34 ans compte 85 % au moins de diplômés de l’enseignement tertiaire qui occupent un emploi qualifié, ce qui atteste de la forte demande de ces profils sur le marché du travail. • Depuis 1998, les jeunes diplômés de l’enseignement tertiaire ont vu leurs chances de trouver un emploi à la hauteur de leur qualification s’améliorer en Allemagne, en Autriche, en Finlande et en Suisse. Il apparaît par ailleurs que les jeunes actifs qui n’ont pas fait d’études tertiaires ont aussi de meilleures chances de trouver un emploi qualifié que leurs aînés, ce qui fait craindre une inadéquation entre l’offre et la demande de profils hautement qualifiés dans ces pays. Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 27 Chapitre A A1 Les résultats des établissements d’enseignement et l’impact de l’apprentissage Contexte Le bien-être social et la prospérité économique des pays et des individus dépendent dans une grande mesure du niveau de formation et de compétence de la population adulte. L’éducation est essentielle, car elle donne aux individus l’occasion d’acquérir les savoirs, savoir-faire et compétences dont ils ont besoin pour participer activement à la vie sociale et économique de la société. Elle contribue également à enrichir les connaissances scientifiques et culturelles. Le niveau de formation de la population adulte est souvent utilisé comme indicateur du « capital humain », c’est-à-dire du niveau de compétence de la population et de la main-d’œuvre. Pour comparer le niveau de formation de la population adulte entre les pays, on fait l’hypothèse que les connaissances et compétences enseignées à chaque niveau d’enseignement sont équivalentes dans tous les pays. La composition du capital humain en termes de compétences varie considérablement d’un pays à l’autre en fonction du tissu industriel et du degré global de développement économique. Il est important de cerner cette composition et d’en évaluer la variation entre les groupes d’âge, pour déterminer l’offre des compétences actuelle et à venir sur le marché du travail. En ces temps de crise économique, il est difficile de prévoir l’évolution de la demande de compétences, mais cette conjoncture défavorable est plus propice pour investir dans l’éducation, car les coûts d’opportunité, dont le manque à gagner durant les études, diminuent lorsque les perspectives se ferment sur le marché du travail. Comme la demande globale d’éducation devrait augmenter, entraînant un afflux de travailleurs plus qualifiés sur le marché du travail, il sera essentiel de suivre l’évolution de la demande de ces profils de compétence dans les prochaines années. La Classification internationale type des professions (CITP) permet de mettre en rapport le rendement du système d’éducation et la demande sur le marché du travail. Par nature, les classifications de professions sont établies à partir du degré de développement économique et de la demande de compétences pour évaluer le besoin global d’éducation. L’alimentation du marché du travail et l’offre du niveau de formation et de la diversité de compétences dont les employeurs ont besoin est l’un des enjeux majeurs des systèmes d’éducation. Le degré d’adéquation entre le niveau de formation et les emplois peut donc être considéré comme un indicateur de la demande d’éducation. Observations et explications Le niveau de formation dans les pays de l’OCDE En moyenne, dans les pays de l’OCDE, moins d’un tiers des adultes ne sont pas allés au-delà de l’enseignement primaire ou du premier cycle de l’enseignement secondaire (30 %), un peu moins de la moitié d’entre eux ont terminé leurs études secondaires (44 %) et plus d’un quart d’entre eux ont suivi des études tertiaires (27 %) (voir le tableau A1.1a).Toutefois, la répartition de la population adulte entre les niveaux de formation varie fortement d’un pays à l’autre. Dans 23 des 29 pays de l’OCDE considérés ici et, dans les pays partenaires, en Estonie, en Fédération de Russie, en Israël et en Slovénie, la proportion d’adultes âgés de 25 à 64 ans qui sont au moins allés au terme de leurs études secondaires atteint ou dépasse 60 % (voir le tableau A1.2a). Toutefois, la situation est différente dans d’autres pays. Ainsi, au Mexique, au Portugal et en Turquie et, dans les pays partenaires, au Brésil, plus de deux tiers des individus âgés de 25 à 64 ans ne sont pas titulaires d’un diplôme de fin d’études secondaires. La comparaison des niveaux de formation chez les adultes les plus jeunes et les plus âgés révèle, dans tous les pays sauf aux États-Unis, une augmentation 28 Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 Quel est le niveau de formation de la population adulte ? – INDICATEUR A1 Chapitre A sensible du pourcentage d’individus qui ont au moins terminé leurs études secondaires (voir le graphique A1.2). En moyenne, dans les pays de l’OCDE, la proportion de diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire est supérieure de 22 points de pourcentage chez les 25-34 ans que chez les 55-64 ans. Cette progression a été particulièrement forte en Belgique, en Corée, en Espagne, en Grèce, en Irlande, en Italie et au Portugal et, dans les pays partenaires, au Chili, où la proportion de diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire a augmenté dans une mesure égale ou supérieure à 30 points de pourcentage. Graphique A1.2. Proportion de titulaires d’un diplôme égal ou supérieur au deuxième cycle du secondaire dans la population (2007) En pourcentage, selon le groupe d'âge % De 25 à 34 ans De 55 à 64 ans 100 90 80 70 60 50 40 30 20 0 Corée Rép. tchèque Rép. slovaque Slovénie Pologne Canada Suède Féd. de Russie1 Finlande Suisse États-Unis Autriche Estonie Israël Hongrie Danemark Allemagne Irlande Norvège France Pays-Bas Belgique Australie Nouvelle-Zélande Moyenne de l’OCDE Luxembourg Grèce Royaume-Uni Islande Italie Espagne Chili2 Brésil Portugal Mexique Turquie 10 1. Année de référence : 2002. 2. Année de référence : 2004. Les pays sont classés par ordre décroissant du pourcentage d'individus âgés de 25 à 34 ans dont le niveau de formation est supérieur ou égal au deuxième cycle du secondaire. Source : OCDE. Tableau A1.2a. Voir les notes à l'annexe 3 (www.oecd.org/edu/eag2009). 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/682006210314 En pourcentage, selon le groupe d’âge Dans les pays où le niveau de formation est élevé dans l’ensemble de la population adulte, les différences de niveau de formation sont moins marquées entre les groupes d’âge (voir le tableau A1.2a). Dans les 10 pays de l’OCDE où plus de 80 % des individus âgés de 25 à 64 ans ont au moins terminé leurs études secondaires, le taux d’obtention d’un diplôme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire varie seulement de 13 points de pourcentage en moyenne entre la génération des 25-34 ans et celle des 55-64 ans. En Allemagne et aux États-Unis, la proportion d’individus ayant un niveau de formation au moins égal au deuxième cycle du Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 29 A1 Chapitre A secondaire est pratiquement équivalente dans tous les groupes d’âge. Dans d’autres pays où la marge d’amélioration est plus grande, l’élévation du niveau de formation entre ces deux groupes d’âge est plus sensible, mais la situation varie considérablement d’un pays à l’autre. Ainsi, la différence de proportion d’individus titulaires d’un diplôme de fin d’études secondaires entre les 25-34 ans et les 55-64 ans s’établit à 7 points de pourcentage en Norvège, mais atteint 59 points de pourcentage en Corée. Dans la quasi-totalité des pays, les diplômés de l’enseignement tertiaire sont plus nombreux parmi les individus âgés de 25 à 34 ans que parmi les individus sur le point de prendre leur retraite (c’està-dire ceux âgés de 55 à 64 ans). En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 34 % des individus sont diplômés de l’enseignement tertiaire dans le groupe d’âge des 25-34 ans, contre 20 % chez les 55-64 ans et 28 % dans l’ensemble de la population âgée de 25 à 64 ans. Le développement de l’enseignement tertiaire varie sensiblement d’un pays à l’autre. En Corée, en France, en Irlande et au Japon, la différence de proportion de diplômés de l’enseignement tertiaire entre les plus jeunes et les plus âgés atteint ou dépasse 25 points de pourcentage (voir le tableau A1.3a). Graphique A1.3. Proportion de titulaires d’un diplôme de niveau tertiaire dans la population (2007) En pourcentage, selon le groupe d'âge De 25 à 34 ans % De 55 à 64 ans 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Canada Corée Féd. de Russie1 Japon Nouvelle-Zélande Irlande Norvège Israël France Belgique Australie États-Unis Danemark Suède Finlande Espagne Royaume-Uni Pays-Bas Luxembourg Suisse Estonie Moyenne de l’OCDE Islande Slovénie Pologne Grèce Allemagne Hongrie Portugal Mexique Autriche Italie Chili2 Rép. slovaque Rép. tchèque Turquie Brésil A1 Les résultats des établissements d’enseignement et l’impact de l’apprentissage 1. Année de référence : 2002. 2. Année de référence : 2004. Les pays sont classés par ordre décroissant du pourcentage d'individus âgés de 25 à 34 ans dont le niveau de formation est égal ou supérieur à l'enseignement tertiaire. Source : OCDE. Tableau A1.3a. Voir les notes à l'annexe 3 (www.oecd.org/edu/eag2009). 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/682006210314 30 Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 Quel est le niveau de formation de la population adulte ? – INDICATEUR A1 Chapitre A Sous l’effet du développement rapide de l’enseignement tertiaire, la Corée et le Japon ont rejoint le Canada et, dans les pays partenaires, la Fédération de Russie, en tête du classement, avec une proportion supérieure à 50 % de diplômés de l’enseignement tertiaire parmi les individus âgés de 25 à 34 ans (voir le graphique A1.3). L’écart de taux d’obtention d’un diplôme de fin d’études tertiaires entre les plus jeunes et les plus âgés est quasi nul, voire négatif en Allemagne et, dans les pays partenaires, en Israël et ne représente pas plus de 5 points de pourcentage en Autriche, aux États-Unis et en République tchèque et, dans les pays partenaires, au Brésil. Le taux de diplômés de l’enseignement tertiaire, toutes générations confondues, reste très supérieur à la moyenne de l’OCDE aux États-Unis et, dans les pays partenaires, en Israël, mais est inférieur à la moyenne dans les quatre autres pays de ce groupe. Évolution du niveau de formation dans les pays de l’OCDE Les indicateurs du niveau de formation par groupe d’âge décrivent à grands traits l’évolution du capital humain dans les différents pays. Les tendances d’évolution de ces niveaux de formation permettent de brosser un tableau plus nuancé, qui se prête à une analyse plus précise de l’évolution du niveau de formation dans le temps. Ces tendances révèlent parfois de légères différences par rapport aux indicateurs par groupe d’âge, car la répartition des individus par niveau de formation varie dans un même groupe d’âge. Le niveau de formation a également augmenté parce que parmi les individus âgés de 25 à 64 ans, certains ont acquis de nouvelles qualifications après leur formation initiale. Dans certains pays, les flux migratoires peuvent de surcroît avoir un grand impact sur l’évolution du niveau de formation au fil du temps. L’évolution du niveau de formation dans le temps permet de décrire sous un autre angle l’évolution du capital humain à la disposition de l’économie et de la société. Le tableau A1.4 montre l’évolution du niveau de formation chez les adultes, soit la population âgée de 25 à 64 ans. En 1997, on comptait en moyenne, dans les pays de l’OCDE, 37 % d’individus n’ayant pas terminé leurs études secondaires, 43 % de diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire et de l’enseignement post-secondaire non tertiaire et 20 % de diplômés de l’enseignement tertiaire. Ces proportions ont fortement évolué ces dix dernières années sous l’effet des efforts consentis pour accroître les taux de scolarisation aux niveaux plus élevés de l’enseignement. La proportion d’adultes qui n’ont pas terminé leurs études secondaires a fortement diminué et s’établit désormais à 30 %, la proportion de diplômés de l’enseignement tertiaire a augmenté pour atteindre 27 % et, enfin, la proportion de diplômés de l’enseignement secondaire et postsecondaire non tertiaire est restée inchangée à 43 %. L’évolution très sensible du niveau de formation de la population adulte qui a été enregistrée ces dix dernières années se concentre donc aux niveaux le plus faible et le plus élevé de qualification. La proportion de diplômés de l’enseignement tertiaire a augmenté à raison de plus de 5 % par an en moyenne en Italie, en Pologne et au Portugal, où cette proportion était relativement faible, il est vrai, il y a dix ans. La proportion d’individus n’ayant pas terminé leurs études secondaires a diminué de 5 % au moins par an en Finlande, en Hongrie, en Pologne et en République tchèque. L’Espagne et le Portugal sont les seuls pays où la proportion de diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire et de l’enseignement post-secondaire non tertiaire a progressé à raison de plus de 5 % par an. Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 31 A1 Chapitre A A1 Les résultats des établissements d’enseignement et l’impact de l’apprentissage Le niveau de formation est un indicateur probant de la répartition des compétences dans la population et de son évolution au fil du temps. Toutefois, comme le précise le graphique A1.1, le produit réel des systèmes d’éducation peut souvent s’écarter sensiblement des taux mesurés dans cet indicateur. Le tableau A1.5 estime la croissance annuelle moyenne de la proportion d’individus à chaque niveau de formation dans la population adulte entre 1998 et 2006. Pendant cette période, la proportion de diplômés de l’enseignement tertiaire à la disposition du marché du travail a augmenté de 4.5 % par an en moyenne dans les pays de l’OCDE. Cette progression s’explique en partie par le fait qu’un certain nombre d’individus dont le niveau de formation était inférieur sont maintenant retraités. Toutefois, les investissements dans le capital humain et l’évolution globale de l’offre d’individus hautement qualifiés au cours de cette période sont impressionnants. La proportion de diplômés de l’enseignement secondaire et post-secondaire non tertiaire n’a pas évolué à un rythme aussi soutenu que la proportion de diplômés de l’enseignement tertiaire durant cette période. Les diplômés de ces deux niveaux d’enseignement sont déjà proportionnellement nombreux dans la population adulte. Le nombre total d’individus qui ne sont pas arrivés au terme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire a diminué de 1.9 % par an en moyenne entre 1998 et 2006. Durant cette période, leur proportion parmi les travailleurs à la disposition du marché du travail a diminué dans la plupart des pays, nettement même dans certains d’entre eux. Échappent à ce constat l’Allemagne, les États-Unis, le Japon, le Mexique, la Pologne et la Turquie. La relation entre le niveau de formation et les emplois hautement qualifiés Parmi les gouvernements qui œuvrent au développement de l’enseignement tertiaire, nombreux sont ceux qui estiment que l’économie du savoir a besoin d’une main-d’œuvre plus qualifiée et nécessite encore plus de travailleurs ayant un niveau de formation supérieur au deuxième cycle de l’enseignement secondaire. La capacité du marché du travail à absorber le nombre croissant de diplômés de l’enseignement tertiaire dépend du tissu industriel et du degré global de développement économique. La répartition de l’emploi entre les catégories professionnelles permet de mieux cerner ces facteurs, dans la mesure où elle montre l’importance des différents secteurs et des compétences pointues dans l’économie. La CITP permet ainsi d’examiner de manière plus approfondie le degré d’adéquation entre le système d’éducation et le marché du travail dans les différents pays. Pour les individus plus qualifiés, les perspectives de trouver un emploi dépendent en grande partie du rapport entre le nombre de diplômés de l’enseignement tertiaire et le nombre d’emplois qualifiés, ainsi que de l’évolution de ces deux facteurs de l’offre et de la demande au fil du temps. Le tableau A1.6 montre la proportion de diplômés de l’enseignement tertiaire et d’individus qui ne sont pas diplômés de l’enseignement tertiaire, qui occupent un emploi qualifié par groupe d’âge. Les trois grands groupes de la CITP retenus dans la catégorie des emplois qualifiés sont les suivants : les membres de l’exécutif et des corps législatifs, cadres supérieurs de l’administration publique, dirigeants et cadres supérieurs d’entreprise (grand groupe n° 1), les professions intellectuelles et scientifiques (grand groupe n° 2) et les professions intermédiaires (grand groupe n° 3). L’édition de 2008 de Regards sur l’éducation décrit la classification de ces professions de manière plus détaillée. Le tableau A1.6 confirme que l’élévation du niveau de formation ouvre davantage l’accès à l’exercice de professions plus 32 Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 Quel est le niveau de formation de la population adulte ? – INDICATEUR A1 Chapitre A qualifiées. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, environ 25 % des individus qui ne sont pas titulaires d’un diplôme de fin d’études tertiaires réussissent à trouver un emploi qualifié, alors que plus de 80 % des diplômés de l’enseignement tertiaire y parviennent. Les proportions d’actifs occupant un emploi qualifié sont restées relativement stables entre 1998 et 2006, tant parmi les individus qui ne sont pas diplômés de l’enseignement tertiaire que parmi les diplômés de l’enseignement tertiaire, ce qui donne à penser que la demande est restée élevée, malgré l’afflux d’individus plus qualifiés. Graphique A1.4. Proportion de diplômés de l’enseignement tertiaire occupant un emploi qualifié dans le groupe d’âge des 25 à 34 ans en 2006 et évolution de cette proportion entre 2006 et 1998 Proportion de diplômés de l'enseignement tertiaire (CITE 5/6) occupant un emploi qualifié (CITP 1-3) (2006) 78 % 80 % 83 % 74 % 87 % 76 % 85 % 79 % 79 % 89 % 79 % 73 % 93 % 90 % 96 % 59 % 63 % 64 % 81 % 75 % 80 % 82 % 79 % 81 % 73 % 65 % 85 % 77 % % 100 80 60 40 20 Évolution de la proportion de diplômés de l'enseignement tertiaire (CITE 5/6) occupant un emploi qualifié (CITP 1-3) entre 1998 et 2006 -13 % Suède1 Pologne -11 % Portugal -8 % France -5 % Hongrie -4 % Royaume-Uni3 -3 % Pays-Bas2 -2 % -2 % Moyenne de l’OCDE -1 % Norvège -1 % Rép. slovaque Italie3 -1 % -1 % Israël Rép. tchèque 0% Slovénie 0% Luxembourg1 0% Espagne 0% 0% États-Unis4 1% Canada Danemark 1% Belgique 2% Autriche 4% Suisse 5% 5% Allemagne1 Finlande Turquie Irlande Islande Australie 0 -15 -10 -5 0 5 9% 10 % 1. Année de référence : 1999 (et non 1998). 2. Année de référence : 2000 (et non 1998). 3. Italie : une modification de la méthodologie d’enquête entre 1998 et 2006 affecte la comparabilité des données. Royaume-Uni : une modification du cadre de codification nationale des professions en 2000 affecte la comparabilité avec la CITP. 4. Les groupements 3 et 9 de la CITP ne sont pas séparés et sont donc répartis dans les autres catégories. Les pays sont classés par ordre décroissant de la variation de la proportion des 25 à 34 ans titulaires d’un diplôme de niveau tertiaire et occupant un emploi qualifié entre 1998 et 2006. Source : OCDE. Tableau A1.6. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/eag2009). 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/682006210314 Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 33 A1 Chapitre A A1 Les résultats des établissements d’enseignement et l’impact de l’apprentissage Les jeunes ressentent plus que leurs aînés les fluctuations de l’offre et de la demande de compétences lorsqu’ils tentent d’entrer dans la vie active. La colonne n° 6 du tableau A1.6 montre la variation, en points de pourcentage, de la proportion de diplômés de l’enseignement tertiaire exerçant un emploi qualifié dans le groupe d’âge des 25-34 ans entre 1998 et 2006. Elle révèle une diminution marginale de cette proportion d’individus qui ont réussi à trouver un emploi qualifié pendant cette période, mais l’évolution est très variable suivant les pays. Le graphique A1.4 décrit cette évolution dans la partie de droite et indique le pourcentage d’individus occupant un emploi qualifié en 2006 dans le groupe d’âge des 25-34 ans dans la partie de gauche. Les jeunes diplômés de l’enseignement tertiaire ont vu leurs perspectives de trouver un emploi qualifié s’assombrir entre 1998 et 2006 en Suède, où la proportion d’individus occupant un emploi qualifié a diminué de 13 points de pourcentage dans le groupe d’âge des 25-34 ans, en Pologne (diminution de 11 points de pourcentage) et au Portugal (diminution de 8 points de pourcentage). À l’autre extrême, leurs perspectives de trouver un emploi qualifié ont augmenté dans une mesure comprise entre 4 et 9 points de pourcentage pendant cette même période en Allemagne, en Autriche, en Finlande et en Suisse. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 79 % des plus jeunes diplômés de l’enseignement tertiaire occupent un emploi qualifié. Les valeurs de ces deux groupes de pays se confondent dans la moyenne de l’OCDE ou la dépassent de justesse. Les jeunes diplômés de l’enseignement tertiaire gardent de bonnes chances de trouver un emploi qualifié en Hongrie, en Islande, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en République slovaque et en République tchèque et, dans les pays partenaires, en Slovénie. Dans ces pays, 85 % au moins des diplômés de l’enseignement tertiaire âgés de 25 à 34 ans occupent un emploi qualifié, ce qui montre que leur profil reste très demandé. Dans l’ensemble, les diplômés de l’enseignement tertiaire éprouvent plus de difficultés à trouver un emploi à la hauteur de leur qualification au Canada, en Espagne, aux États-Unis et en Irlande. L’analyse de la variation de l’accès aux emplois qualifiés entre les groupes d’âge permet d’évaluer l’offre et la demande de main-d’œuvre qualifiée. Comme les individus se constituent leur capital humain au fil du temps, il serait logique de constater que l’âge aidant, ils sont plus nombreux à accéder à un emploi qualifié. Cette hypothèse semble s’appliquer surtout aux pays dont le système de formation professionnelle est bien développé. La colonne n° 12 du tableau A1.6 montre la différence de proportion d’individus qui ne sont pas diplômés de l’enseignement tertiaire, mais qui occupent un emploi qualifié entre les 25-34 ans et les 45-54 ans. Il serait logique d’observer que les jeunes sont moins nombreux que leurs aînés à occuper un emploi qualifié, sachant que les individus acquièrent de l’expérience et suivent des formations tout au long de leur carrière. Cependant, il n’est pas à exclure que les employeurs soient contraints d’engager des individus plus jeunes et moins qualifiés si le nombre d’individus plus qualifiés qui entrent sur le marché du travail est insuffisant, ce qui aurait pour effet d’atténuer l’avantage de l’âge chez les individus moins qualifiés, voire de le détourner en faveur des plus jeunes. Inversement, si l’afflux d’individus plus qualifiés est trop massif sur le marché du travail, les jeunes moins qualifiés éprouveront davantage de difficultés à trouver un emploi qualifié, et les individus plus âgés seront plus avantagés. 34 Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 Quel est le niveau de formation de la population adulte ? – INDICATEUR A1 Chapitre A En moyenne, dans les pays de l’OCDE, la proportion d’individus qui ne sont pas diplômés de l’enseignement tertiaire, mais qui occupent un emploi qualifié est plus élevée de 3 points de pourcentage chez les 25-34 ans que chez les 45-54 ans, ce qui montre que les travailleurs plus expérimentés bénéficient d’un certain avantage lorsqu’il s’agit de trouver un emploi qualifié. Graphique A1.5. Offre et demande d’emplois qualifiés (CITP 1-3) pour les jeunes de 25 à 34 ans (1998-2006) Différence entre la proportion d'individus âgés de 25 à 34 ans et la proportion de ceux âgés de 45 à 54 ans titulaires d'un diplôme inférieur au niveau tertiaire (CITE 0 à 4) mais exerçant une profession à niveau de qualification élevé 8 Quadrant haut droit : demande croissante pour les individus hautement qualifiés ; demande satisfaite par l’embauche de jeunes individus qui ne sont pas diplômés de l’enseignement tertiaire. Quadrant haut gauche : demande ralentie pour les individus hautement qualifiés ; préférence pour les individus plus jeunes par rapport aux individus plus âgés qui ne sont pas diplômés de l’enseignement tertiaire. 6 Finlande 4 Autriche Israël 2 Hongrie 0 Suisse Slovénie Royaume-Uni3 Répulique tchèque -2 Allemagne1 République slovaque Luxembourg1 Moyenne de l’OCDE Canada Pays-bas2 -4 États-Unis4 Belgique Portugal Pologne Danemark Australie Norvège -6 Italie3 Suède1 -8 Espagne France Quadrant bas gauche : demande ralentie pour les individus hautement qualifiés ; préférence pour les individus plus âgés (et plus expérimentés) par rapport aux individus plus jeunes qui ne sont pas diplômés de l’enseignement tertiaire. -10 -15 -10 -5 Quadrant bas droit : demande croissante pour les individus hautement qualifiés ; demande satisfaite par le vivier existant d’individus hautement qualifiés. 0 5 10 15 Variation (en points de pourcentage) de la proportion d'individus exerçant une profession à niveau de qualificatrion élevé (CITP 1-3) et titulaires d'un diplôme de niveau tertiaire dans la population âgée de 25 à 34 ans, entre 2006 et 1998 1. Année de référence : 1999 (et non 1998). 2. Année de référence : 2000 (et non 1998). 3. Italie : une modification de la méthodologie d’enquête entre 1998 et 2006 affecte la comparabilité des données. Royaume-Uni : une modification du cadre de codification nationale des professions en 2000 affecte la comparabilité avec la CITP. 4. Les grands groupes 3 et 9 se confondent ; en l'absence de distinction, ils sont répartis entre les autres groupes de la CITP. Source : OCDE. Tableau A1.6. Voir les notes à l'annexe 3 (www.oecd.org/edu/eag2009). 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/682006210314 Regards sur l’éducation   © OCDE 2009 35 A1 Chapitre A A1 Les résultats des établissements d’enseignement et l’impact de l’apprentissage Les travailleurs plus expérimentés ne sont en revanche pas avantagés en Hongrie, en République slovaque et en Suisse. En Allemagne, en Autriche et en Finlande et, dans les pays partenaires, en Israël, ce sont les jeunes qui sont avantagés dans la recherche d’un emploi qualifié. Le graphique A1.5 combine ces deux approches pour rapporter l’évolution du degré d’adéquation entre l’offre de diplômés de l’enseignement tertiaire âgés de 25 à 34 ans et l’offre d’emplois qualifiés entre 2006 et 1998 (axe horizontal) à la différence de proportion d’individus qui ne sont pas diplômés de l’enseignement tertiaire, mais qui occupent un emploi qualifié entre les 25-34 ans et les 45-54 ans (axe vertical). L’avantage de l’âge, pourcentage moyen calculé à l’échelle de l’OCDE (les individus occupant un emploi qualifié sont en moyenne 3 % de moins parmi les plus jeunes que parmi les plus âgés) sert de point de référence (et correspond au point d’intersection de l’axe horizontal et de l’axe vertical). L’avantage de l’âge (expérience) est supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE dans les pays situés sous l’axe horizontal et inférieur dans les pays situés au-dessus de cet axe. Durant la période de référence, les jeunes diplômés de l’enseignement tertiaire ont vu leurs perspectives de trouver un emploi s’assombrir dans les pays situés à gauche de l’axe vertical et s’améliorer dans les pays situés à droite de cet axe. Durant la période de référence, la probabilité de trouver un emploi qualifié a diminué pour les jeunes diplômés de l’enseignement tertiaire en France, en Pologne, au Portugal et en Suède.
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Lors de la dissection d'un Lacerta lepida Daudin 1802 (= Lacerta ocellata Daudin 1802, non Forkâl 1775) à Banyulssur-Mer (Pyrénées-Orientales), le Dr Alain CHABAUD (27-4-1950) a trouvé, dans l'intestin, 5 individus d'un Distome qu'il m'a aimablement prié d'examiner (1), ce dont je le remercie. Ces 5 individus sont des immatures d'un Brachylaemus. Le corps est déprimé et à bords latéraux subparallèles, brusquement arrondi aux extrémités. La cuticule est très finement spinulée antérieurement; la ventouse orale est nettement plus grande que l'acetabulum, il n'y a ni prépharynx, ni oesophage, le pharynx est subsphérique, plutôt gros, les caeca intestinaux (1) Il était naturel de comparer tout d'abord ces spécimens aux espèces connues comme parasitant des Lacerta et genres voisins d'Europe, mais cette comparaison ne donna aucun résultat. Je rappelle que, chez les Lacerta d'Europe, on a décrit : 1° Dans la vésicule biliaire : Paradistoma mutabile (R. Dollfus 1923 (synonyme Distoma simplex A .F. Polonio 1859). Molin 1859) R.-Ph. 2° Dans le tube digestif : Lepoderma mentulatum (Rudolphi 1819); Lepoderma molini (H. Lent et J.F.T. de Freitas 1940); « Distoma (Brachycoeiium) arrectum » F. Dujardin 1845; Distoma Nardoi A.F. Polonio 1859; Distomum megaloon O. von Linstow 1879. Il faut ajouter « Distoma arrectum » sensu R. Molin 1859, non Dujardin 1845 (= Cercolecithos arrectus M. Perkins 1928), si H. LENT et J.F.T. de FREITAS ont eu tort d'attribuer leur espèce « molini > à l'espèce de MOLIN. Ce qui empêche d'admettre en toute certitude que molini est l'espèce de MOLIN, c'est que MOLIN a précisé que les 2 testicules sont l'un derrière l'autre, presque contigus, dans le 4me cinquième de la longueur du corps, alors que molini a les testicules plus antérieurs, un peu éloignés obliquement l'un de l'autre (l'antérieur est au début de la seconde moitié de la longueur du corps, le postérieur au début du 4me cinquième). Je rappelle que Lepoderma molini Lent et Freitas, de l'intestin de Lacerta vivipara Jacquin à Hambourg (Allemagne), diffère de Lepoderma mentulatum (Rud.), (de l'intestin de diverses espèces de Lacerta et Natrix d'Europe) seulement parce qu'il possède un oesophage. Des renseignements précis manquent sur l'Allocreadium sp. T. Odhner (1910 p. 72, note), trouvé chez Lacerta vivipara Jacquin au Danemark. - 285 - atteignent l'extrémité postérieure du corps. L'ovaire, un peu plus petit que les deux testicules, est situé entre eux deux, les touchant presque ; le reste de l'appareil génital n'est encore développé, sauf une faible ébauche utérine s'étendant un peu en avant du testicule antérieur. Fig. i. - Un des spécimens du Brachylaemus immature récolté à Banyuls par Alain Chabaud, 27-4-1950, chez un Lacerta. - 286 - Pour deux individus, les dimensions (en mm.) sont : 0.874 0.319 0.160 0.096 0.149 1.045 0.298 0.165x0.197 0.080 0.133 Ventouse ventrale Le seul caractère qui puisse guider pour une identification spécifique est celui de la ventouse orale nettement plus grande que la ventrale, mais, parmi les Brachylaemus susceptibles d'être rencontrés dans le sud de la France, il y a au moins 4 espèces qui ont V O > V V et il n'est pas possible de décider à laquelle les immatures du Lacerta pourraient être attribuables. Ces 4 espèces sont : Brachylaemus advena F. Dujardin, des musaraignes ; B. erinacei E'. Blanchard, du hérisson ; B. fuscatus (Budolphi) de la caille, des pigeons et du moineau. Naturellement, aucun Brachylaemus n'avait, jusqu'à présent, été signalé chez un Beptile et l'on peut se demander comment les spécimens trouvés par CHABAUD ont pu parvenir et se maintenir dans l'intestin d'un Lézard. Comme tous les Brachylaemus aux stades cercaire et métacercaire parasitent seulement des Gastropodes terrestres, il faut admettre que le Lacerta a ingéré un gastropode porteur de métacercaires. Le milieu intestinal du Lacerta n'étant pas favorable, la maturité sexuelle n'a pas été atteinte, néanmoins il est remarquable que les métacercaires y soient restées vivantes et aient progressé dans leur développement. BIBLIOGRAPHIE.
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1.4.2 Argentière Présentation du site Le glacier d'Argentière est situé dans le massif du Mont-Blanc, il s'étend sur une dizaine de kilomètres entre 1600 m et 3600 m d'altitude, pour une superficie de 19 km2. La partie située entre 1600 m et 2100 m d'altitude est déconnectée du reste du glacier depuis l'été 2005 et est uniquement alimentée en glace par la chute de sérac présente en amont. Au-dessus de cette chute de sérac, le glacier est dominé en rive droite par l'Aiguille du Chardonnet (3824 m) et en rive gauche par l'Aiguille Verte (4122 m) ainsi que le sommet des Droites (4000 m). En amont la source du glacier se trouve dans un vaste cirque formé par le Mont Dolent (3823 m) et l'Aiguille du Triolet (3808 m) (voir figures 1.13 et 1.12). Le glacier présente des affluents notables : à l'amont ce sont les glaciers des Améthystes et du Tour Noir et plus en aval le glacier des Rognons. Il s'agit d'un glacier tempéré. Au niveau de la chute de sérac, les eaux sous-glaciaires sont captées à l'aide de galeries creusées sous le glacier. L'eau captée alimente ensuite le lac de barrage d'Emosson sur le versant opposé. Les eaux sont ensuite turbinées pour produire de l'énergie hydroélectrique. Son ampleur, son accessibilité et ses galeries sous-glaciaires en font un des glaciers les plus étudiés en France et dans l'arc alpin. Des mesures y sont réalisées depuis le début du 20e siècle et son bilan de masse est relevé depuis 1975 (Vincent et al., 2009). Le glacier fait l'objet d'un large panel d'instrumentation, de relevés terrain et de méthodes de suivi permettant d'étudier la dynamique des glaci ers et fait figure d'un véritable laboratoire de recherche et d'expérimentations variées. On peut mentionner l'utilisation de différentes méthodes pour caractériser les vitesses de surfaces du glacier par photogrammétrie, imagerie satellitaire radar, géocubes, GPS (Ponton et al., 2014; Benoit et al., 2015). Mais aussi 22 1.4. Présentation des sites d'étude Figure 1.10 – Carte d'installation du dispositif stéréo time-lapse pour le glacier rocheux du Laurichard. 23 Chapitre 1. Contexte (a ) (b) Figure 1.11 – Vues gauche et droite des appareils photo de Laurichard. 24 1.4. Présentation des sites d'étude de l'utilisation d'une roue codeuse située sous le glacier afin de déterminer la vitesse basale du glacier (Vincent et Moreau, 2016). Entre les mesures de surface et basales , il est aussi possible de mesurer à travers la glace par écoute des signaux sismiques (Helmstetter et al., 2015). L'ensemble de ces mesures permettent de mieux comprendre la dynamique du glacier et ainsi de pouvoir prédire l'avenir de celui-ci. Ainsi, la zone d'étude actuelle de cette thèse, autour du profil 4 (figure 1.13), sera probablement remplacée par un lac dans quelques dizaines d'années (Magnin et al., 2020) et le glacier aura disparu à l'horizon 2100 si les projections climatiques s'avèrent exactes (Vincent et al., 2019). L'autre avantage de ce grand nombre de mesures par différents instruments sur un même glacier est la possibilité de comparer les mesures provenant de nouveaux outils et méthodes afin de déterminer l'apport de celles-ci. C'est pour cette raison que nous avons choisi ce site pour installer notre dispositif stéréo time-lapse. Figure 1.12 – Partie supérieure du Glacier d'Argentière vue depuis les abords du refuge éponyme en septembre 2016. Dispositif stéréo time-lapse Au cours de l'été 2017, nous avons pu installer un dispositif similaire à celui du glacier rocheux du Laurichard en rive droite du glacier d'Argentière. L'objectif de ce dispositif étant de suivre la zone autour du profil 4 du glacier (voir figure 1.13). La présence de nombreux couloirs d'avalanche, la rareté de points d'ancrage solides et la proximité de la voie normale du col du Passon, itinéraire très emprunté par les skieurs de randonnée au printemps, ont fortement contraint la localisation des appareils photo, au détriment d'une installation optimale d'un point de vue numérique. La nature du terrain impose l'utilisation de trépieds comme support des appareils photo. Les trépieds sont directement fixés au sol rocheux à l'aide de spits. Les appareils sont situés autour de 2650 m d'altitude, soit 250 m de dénivelé au-dessus du glacier et à une distance moyenne du glacier de 1 km. L'écart entre les appareils est de 155 m avec une direction de visée convergente de 8.8◦. L'axe de visée des appareils est orienté vers le sud et l'angle d'incidence avec la surface du glacier est autour de 15◦. Le glacier présente une pente relativement faible autour de 5◦ par rapport à l'horizontale et un écoulement préférentiel vers le nord-ouest. Nous verrons par la suite que cette configuration n'est pas optimale afin de reconstruire la surface en trois dimensions et de mesurer les vitesses de surface du glacier. Une carte représentant l'installation est Chapitre 1. Context e Figure 1.13 – Carte du glacier d'Argentière tirée de (Vincent et Moreau, 2016). La zone d'étude dans le cadre de cette thèse se situe autour du profil 4. 1.4. Présentation des sites d'étude présente dans la figure 1.14. Les appareils photo utilisés sont des Nikon D810 possédant un capteur plein format (de taille 24 mm par 36 mm) de 36 millions de pixels, pilotés par une station d'acquisition. Cette dernière déclenche la prise de 5 images par jour, entre 10 h et 19 h qui sont ensuite enregistrées avec la compression JPEG la plus faible sur une carte SD de 64 Go. Le poids de chaque image est autour de 30 Mb. De juillet 2017 à juillet 2019, la focale des optiques montées sur les appareils était de 20 mm, résultant d'une taille de pixel autour de 25 cm sur le glacier. A partir de début juillet 2019 la focale était de 50 mm, améliorant la résolution des images avec un pixel représentant 10 cm au sol. C'est sur les données de l'été 2019 que nous nous sommes concentrés pour développer et valider les méthodes. La meilleure résolution peut laisser envisager de meilleurs résultats et nous disposons de mesures de comparaison provenant d'autres méthodes pour cette période de mesure. Les vues gauche et droite pour la focale de 50 mm sont présentées dans la figure 1.15. Figure 1.14 – Carte d'installation du dispositif stéréo time-lapse pour le glacier d'Argentière. Chapitre 1. Contexte (a) (b) Figure 1.15 – Vues gauche et droite des appareils photo d'Argentière (focale 50 mm). 1.5. Conclusion 1.5 Conclusion Les mouvements de versant, tels que les glissements de terrain, glaciers et glaciers rocheux présentent des enjeux variés. Ils peuvent être d'ordre opérationnel, pour la protection des populations et des infrastructures, ou d'ordre scientifique afin de mieux comprendre les processus liés à leurs mouvements. Afin de répondre à ces enjeux, il est nécessaire d'effectuer un suivi de ces mouvements de versant. Plus particulièrement, il est primordial de suivre les mouvements et changements de leur surface, afin de mieux appréhender leur dynamique. Pour cela différentes solutions existent, cependant, il n'existe pas de solution permettant un suivi avec une haute résolution spatiale et temporelle et à moindre coût. C'est pourquoi ce travail de thèse propose une solution basée sur deux appareils photo fixes, enregistrant des images de façon quotidienne, et ce depuis deux points de vue différents. De façon à développer et tester les méthodes de traitements des images issues du dispositif, celui-ci a été installé sur deux sites d'études : le glacier rocheux du Laurichard et le glacier d'Argentière. Ces sites présentent des dynamiques et un aspect de surface différents. Par ailleurs, il s'agit de sites faisant l'objet d'un suivi depuis de nombreuses années à l'aide de différents instruments. Ces mesures pourront permettre d'effectuer une comparaison avec le dispositif que nous proposons et ainsi valider les méthodes utilisées. Calcul et caractérisation de la variabilité spatiale des déplacements 2.3 2.4 2.5 2.6 Introduction.............................. Etat de l'art............................... 2.2.1 Suivi monoscopique......................... 2.2.2 Suivi stéréoscopique......................... Méthodes et résultats......................... 2.3.1 Sélection des images......................... 2.3.2 Article I : Détection automatique de zones en mouvement dans des séries d'images non recalées : Application à la surveillance des mouvements gravitaires....................... 2.3.3 Article II : Monitoring mountain cryosphere dynamics by timelapse stereo photogrammetry............ ........ 2.3.4 Temps d'exécution.......................... Sources d'erreurs............................ 2.4.1 Influence de la détermination des paramètres intrinsèques.... Perspectives d'a méliorations..................... Conclusion............................... Chapitre 2. Calcul et caractérisation de la variabilité spatiale des déplacements 2.1 Introduction Le dispositif stéréo time-lapse a été présenté d'un point de vue matériel dans la section 1.3. Afin de réaliser un suivi de la surface des mouvements de versant, il est nécessaire de traiter les images issues du dispositif. La première étape consiste à développer des méthodes permettant de calculer des déplacements de la surface entre deux dates. Comme nous le verrons dans le chapitre 3, du fait du besoin de répéter ces calculs un grand nombre de fois, l'obtention des séries temporelles de déplacements repose sur des procédures automatisées et optimisées afin de s'exécuter dans des temps raisonnables. Nous commencerons ce chapitre par une revue de la littérature des méthodes de suivi des mouvements de versant à l'aide d'une ou plusieurs caméras. Cette revue, présentée dans la section 2.2, posera les bases des grandes étapes nécessaires afin d'obtenir des champs de déplacements et des modèles 3D du site d'étude à partir des images. Ensuite, nous présenterons les méthodes que nous avons retenues dans la section 2.3, ainsi qu'une analyse de la précision des résultats obtenus. Cette présentation se fera à travers deux articles publiés et un complément sur les sources d'incertitudes ainsi que sur les temps d'exécution des méthodes. 2.2 Etat de l'art Comme mentionné dans la section 1.2.7, la mesure de variables d'intérêts en milieu naturel par l'image est largement utilisée par les différentes communautés des géosciences : géomorphologues, glaciologues, hydrologues, etc. Dans le cadre du suivi de surface de la cryosphère, on peut noter une utilisation d'appareil photos avant même l'ère du numérique (Harrison et al., 1986; Krimmel et Rasmussen, 1986). Ainsi, le travail de Krimmel et Rasmussen (1986) pose les premières bases et recommandations pour l'utilisation de caméras afin de suivre un glacier. Ils conseillent notamment l'installation de la caméra de telle façon que la direction principale d'écoulement du glacier soit perpendiculaire à l'axe de visée de l'appareil et que celui-ci présente un angle d'azimut (angle d'incidence par rapport à la surface) suffisamment important par rapport à la surface du glacier, sans toutefois en être trop éloigné. Les auteurs abordent la calibration d'un tel système, en indiquant que des points de contrôle, dont les coordonnées 3D sont connues, doivent être visibles. Avec un système composé d'une caméra ayant une focale de 35 mm, à une distance du glacier de 1 km et une hypothèse sur la topographie du glacier, ils sont capables de mesurer une vitesse journalière du glacier de 5 m/j avec une incertitude de 1 m/j. À l'ère du numérique, la nature digitale des images et la puissance de calcul offerte par les ordinateurs permettent le développement d'algorithmes pouvant réaliser un tel suivi de manière automatique et avec une précision bien plus importante. Dans la suite de cette revue de la littérature, deux approches seront séparées : une approche mono-caméra et une approche multi-caméra. La première nécessite connaitre a priori la géométrie de la surface, par exemple grâce à un modèle numérique de terrain (MNT), afin d'obtenir des déplacements métriques, alors que la seconde permet de s'affranchir de cette Etat de l'art connaissance a priori. 2.2.1 Suivi monoscopique Lorsqu'aucune information métrique sur le déplacement observé n'est attendue, ou qu'un MNT à haute résolution est disponible, le suivi mono-caméra est le plus simple et le moins coûteux à mettre en oeuvre. En effet, l'effet de perspective intervenant dans la formation de l'image ne permet pas de dériver des informations métriques à partir des pixels de l'image. De tels systèmes sont utilisés afin de suivre les déplacements de surface de glaciers blancs (Maas et al., 2013; Lenzano et al., 2014; Benoit et al., 2015; Schwalbe et Maas, 2017) ou pour de glaciers rocheux (Neyer, 2016; Kenner et al., 2018) et enfin pour des glissements de terrain (Gance et al., 2014; Liu et Huang, 2016; Gabrieli et al., 2016; Desrues et al., 2019). Dans ces différents travaux, on distingue le plus souvent les étapes suivantes pour réaliser le suivi (voir figure 2.1) : - (A) la sélection des images à traiter afin d'écarter les images non traitables ; - (B) le recalage des images ; - (C) le calcul du déplacement dans l'image ; - (D) la conversion du déplacement pixellique en mètres ; Figure 2.1 – Chaine de traitement classique pour le calcul de déplacements à l'aide d'un appareil fixe et d'un modèle numérique de terrain. Sélection des images La plupart des systèmes cités précédemment ont une fréquence d'acquisition des images bien supérieure au pas de temps désiré entre deux mesures. En effet, les conditions météorologiques ne permettent pas toujours d'obtenir des images pouvant être traitées : la présence de brouillard, de pluie ou de neige en sont les causes les plus courantes. Il est donc important d'écarter ces images pour se focaliser sur les images traitables. Comme dans les travaux de Neyer (2016), nous proposons dans un premier temps de sélectionner manuellement les images. Des pistes pour une approche automatique seront données dans la section 2.6. Recalage Bien que la caméra soit fixe, la plupart des auteurs reportent de légers déplacements dans les séries d'images. Ce phénomène provient de la dilatation des appareils ou du support de la caméra, entrainant un léger mouvement de celle-ci (Gance et al., 2014; Neyer, 2016; Roncella et al., 2014; Schwalbe et Maas, 2017). Avant de calculer un déplacement, il est donc nécessaire d'appliquer une étape consistant à estimer une transformation mathématique reliant entre elles les deux images à recaler. Si l'on fait l'hypothèse que le déplacement des ographie ley man Cette hypothèse de rotation de la caméra est réaliste, étant donné la distance entre la caméra et la scène et que les appareils sont fixés au sol. Afin d'estimer cette transformation, plusieurs méthodes sont possibles : des méthodes basées sur l'intensité de régions d'images (Hadhri et al., 2019) ou méthodes visant à extraire des points de correspondance entre les deux images à recaler (Schwalbe et Maas, 2017). Afin d'extraire ces points de correspondance, il existe différentes méthodes : - utilisation de descripteur de points caractéristiques comme SIFT (Lowe, 2004) ou des détecteurs de type Harris (Harris et Stephens, 1988) sur les zones supposées fixes comme proposé par Gance et al. (2014) ; - corrélation de différentes zones supposées fixes (Benoit et al., 2015) ; - extraction manuelle de points de correspondances (Roncella et al., 2014). On préférera les méthodes basées sur la mise en correspondance de points caractéristiques extraits automatiquement sur les zones fixes, qui, lorsqu'ils sont en nombre suffisamment important, permettent d'utiliser des méthodes d'estimation robustes aux éventuelles valeurs aberrantes (Gance et al., 2014). Calcul du déplacement L'étape qui suit le recalage d'images est l'extraction du déplacement entre deux images. Deux approches sont possibles : la première vise à mettre en correspondance des pixels ou des groupes de pixels entre les deux images et la seconde vise à estimer le flux optique. La première peut se faire par corrélation : une sous-partie d'une image est extraite et est recherchée dans une zone de la seconde image de façon à maximiser le coefficient de corrélation entre les deux images. Plusieurs paramètres rentrent en compte dans cette approche de mise en correspondance de pixels : - le nombre de pixels sur lesquels la mise en correspondance est effectuée (il est possible de faire la mise en correspondance pour l'ensemble des pixels de l'image, mais au prix d'un temps de calcul élevé) ; - la taille de la fenêtre extraite autour du pixel considéré ; - la taille de la zone de recherche dans la seconde image ; cette taille doit être fixée en fonction du mouvement maximum attendu. Cette méthode est employée, par exemple, par Benoit et al. (2015); Gabrieli et al. (2016). Bien que pouvant produire des résultats avec une précision sous-pixellique, elle se limite au suivi de points suivant une translation pure. De plus, le choix de la taille de fenêtre utilisée pour la corrélation est un paramètre critique : si la fenêtre est trop grande, il est possible que l'ensemble des pixels contenus dans la fenêtre ne subisse pas le même déplacement, conduisant à un coefficient de corrélation faible. Si la fenêtre est trop petite, elle n'est pas assez caractéristique et peut conduire à un calcul de déplacement erroné, ceci est d'autant plus probable du fait de la nature des images utilisées ; sur les glaciers enneigés, les images sont peu texturées, et dans le cas de glissements de terrain ou des glaciers rocheux, les textures peuvent être répétitives. Une autre catégorie de méthodes vise à calculer un flux optique éparse (Lucas et Kanade, 1981) par une méthode basée sur une mise en correspondance selon les moindres carrés (Gruen, 1985), permettant d'obtenir une précision sous-pixellique. Ces outils permettent de choisir le modèle mathématique de déplacements (translation, affine, homographie, etc.) 2.2. Etat de l'art ainsi que l'ajout de termes corrigeant la radiométrie. Ainsi, Neyer (2016) propose d'utiliser un modèle de déplacement affine ainsi que deux termes de correction radiométrique (gain et contraste) afin de suivre le déplacement de rochers en surface d'un glacier rocheux. Ces méthodes de flux optique éparse sont cependant limitées à un déplacement faible (de l'ordre du pixel), c'est pourquoi elles doivent être initialisées. Une première approche consiste à utiliser une approche multi-échelles, où une pyramide d'images est générée et le flux optique des niveaux de faible résolution dans la pyramide sert à l'initialisation des niveaux hauts (Bouguet et al., 2001). On notera cependant qu'une erreur dans le premier niveau de pyramide se propagera aux niveaux supérieurs. Dans le cas des glaciers, Schwalbe et Maas (2017) proposent d'utiliser une approche par corrélation comme initialisation. Alors que Neyer (2016) utilise la mise en correspondance de descripteurs SURF (Bay et al., 2006) pour le suivi d'un glacier rocheux et ce afin de réduire le temps de calcul de la phase d'initialisation tout en réduisant les points suivis à des points caractéristiques de l'image (zones présentant suffisamment de texture). Enfin, il est possible de calculer le déplacement pour l'ensemble des pixels de l'image afin d'obtenir un flux optique dense (Horn et Schunck, 1981). Ainsi, Hadhri et al. (2019) proposent d'initialiser un calcul de flux optique dense (Weinzaepfel et al., 2013) à l'aide d'une mise en correspondance quasi-dense via une méthode basée sur de la corrélation, mais répliquant l' des réseaux de neurones afin de relaxer les contraintes de rigidité sur le déplacement à l'intérieur d'une fenêtre de corrélation (Revaud et al., 2016). Le principal avantage de l'estimation d'un flux optique dense est la cohérence spatiale du déplacement calculé, permettant de réduire l'étape visant à supprimer les valeurs aberrantes de déplacement. Cependant, l'inconvénient majeur se trouve dans le temps de calcul, qui est plusieurs ordres de grandeur supérieurs au flux optique éparse. C'est pourquoi, au final, le choix méthodologique de ce travail s'est porté sur un calcul du flux optique éparse. Conversion du déplacement pixellique en un déplacement métrique Une fois le déplacement pixellique extrait des images, il peut être nécessaire de le convertir eu un déplacement métrique afin de supprimer l'effet de perspective. Or, une vue monoscopique ne permet pas d'obtenir l'information de profondeur pour les pixels de l'image. Il est donc nécessaire d'utiliser des informations complémentaires sur la surface vue par la caméra. La première étape consiste à calibrer la caméra, c'est-à-dire à déterminer comment un point du monde 3D est transformé en un point 2D sur l'image. Pour cela, il est nécessaire de déterminer les paramètres intrinsèques de la caméra – centre optique, distance focale, distorsion – et les paramètres extrinsèques : position et orientation de la caméra dans l'espace. Pour la calibration des paramètres intrinsèques, il est possible de réaliser une calibration en laboratoire, consistant à prendre une série d'images d'un objet de dimensions connues et d'identifier cet objet dans les images, la série de correspondances monde-image permettant de déterminer les paramètres intrinsèques (Hartley et Zisserman, 2003). Le plus souvent, un damier plan est utilisé comme objet de référence pour effectuer cette calibration. Les paramètres extrinsèques peuvent être ensuite déterminés lors de l'installation en spécifiant des angles et une position de la caméra, ou alors a posteriori en utilisant des correspondances entre des points 3D connus visibles dans l'image (Hartley et Zisserman, 2003). Il est aussi possible de réaliser une estimation conjointe des paramètres intrinsèques et extrinsèques à partir de correspondances de points 3D-2D. Cette méthode est préférée dans le cas d'un suivi par caméra sur le long terme, car les changements d'humidité et de température peuvent modifier légèrement les paramètres intrinsèques au cours du temps. Dans le travail de Liu et Huang (2016) et Travelletti et al. (2012), la calibration ("Direct Linear Transform") (Hartley et Zisserman, 2003) en utilisant des cibles visibles dans l'image dont la position est mesurée à l'aide d'un GPS. Cependant, la DLT estime une transformation linéaire des points 3D vers les pointsimage et émet donc l'hypothèse d'une distorsion nulle (distorsion le plus souvent modélisée par une distorsion radiale polynomiale (Hartley et Zisserman, 2003)). Cette hypothèse peut être applicable pour des optiques de bonne qualité avec des focales relativement longues, cependant, pour des focales grand-angle, il est souvent utile de réaliser une calibration non linéaire estimant aussi les paramètres de distorsion. 2.2.2 Suivi stéréoscopique Dans le cas où le suivi du versant étudié nécessite une mesure métrique des déplacements et qu'un relevé numérique de terrain à haute résolution n'est pas disponible, ou que la géométrie de la surface évolue dans le temps, il est nécessaire d'utiliser une ou plusieurs caméras supplémentaires afin d'obtenir les informations tri-dimensionnelles requises à la conversion pixels-mètres. Dans la littérature on trouve de tels systèmes pour suivre les glaciers (Mallalieu et al., 2017; Hadhri et al., 2019), glacier rocheux (Kaufmann, 2012; Neyer, 2016) et les glissements de terrain (Roncella et al., 2014; Gance et al., 2014). Il est là aussi nécessaire de calibrer les caméras soit par une calibration individuelle des caméras comme celles présentées dans la section 2.2.1, ou via l'utilisation de points de correspondances entre les images prises depuis des vues différentes et l'utilisation de points de contrôle au sol (Hartley et Zisserman, 2003). Une fois les deux caméras calibrées, dans la mesure où un point est visible dans deux images et qu'il est mis en correspondance, il est possible de retrouver ses coordonnées dans le monde 3D. Afin de faciliter cette mise en correspondance de points entre différentes vues, il est possible de s'appuyer sur le fait que chaque pixel d'une image est lié à l'autre image par la géométrie épipolaire (Hartley et Zisserman, 2003), plus précisément chaque pixel d'une image se trouve selon une ligne de la seconde image (voir figure 2.2). Ainsi, les algorithmes de reconstruction 3D à partir de deux ou plusieurs vues exploitent cette propriété pour contraindre le problème de mise en correspondance de points. Ainsi Neyer (2016), de la même façon que pour le calcul du déplacement entre deux dates depuis la même vue, utilise une méthode de mise en correspondance basée sur les moindres carrés en utilisant un modèle de déplacement basé sur la géométrie épipolaire. Afin de dériver des champs de déplacement tridimensionnels pour chaque couple de paires d'images, il suffit d'effectuer une reconstruction 3D pour les deux couples d'images et réaliser le calcul du déplacement dans une paire et utiliser les deux reconstructions 3D pour projeter le déplacement 2D en 3D. C'est cette approche qui est utilisée par Neyer (2016); Roncella et al. (2014) et Hadhri et al. (2019). 2.3. Méthodes et résultats Figure 2.2 – Principe de la géométrie épipolaire : un pixel d'une image se trouve selon une ligne dans la seconde image. 2.3 Dans cette section, nous proposons de détailler les méthodes utilisées dans cette thèse pour déterminer le champ de vecteurs déplacements 3D à l'aide de deux paires d'images stéréo séparées dans le temps. Comme nous l'avons vu dans la section 2.2, plusieurs étapes sont nécessaires. Il faut sélectionner les images, les calibrer, corriger les mouvements de l'appareil photo dans le temps, calculer le déplacement dans les images et effectuer une reconstruction 3D à l'aide des deux images pour obtenir un déplacement métrique. À l'exception de l'étape de sélection des images, les méthodes sont détaillées dans deux articles. Le premier présente la méthode utilisée pour effectuer le recalage des images et le second présente la chaine complète, comprenant la calibration, le recalage, le processus de reconstruction 3D et le calcul du déplacement. 2.3.1 La première étape de sélection des images est effectuée manuellement. Pour cela, en plus d'écarter les images où l'objet d'étude n'est pas visible à cause des conditions météo, nous écartons celles où la surface du sol présente une couverture neigeuse importante. En effet, avec la fonte de cette dernière, l'aspect de surface change au cours du temps et vient perturber les calculs de déplacement. Enfin, nous sélectionnons uniquement les images sans soleil direct sur l'objet d'étude. Le soleil direct provoque des ombres portées dans la scène qui varient au cours de la journée et de la saison, perturbant les algorithmes. Comme le dispositif enregistre plusieurs images par jour, il est facile de trouver, au cours de la journée, une ou plusieurs images, le soir ou le matin, ou encore en cas de ciel couvert. Cette sélection manuelle des images est relativement rapide puisque la sélection d'une image par jour dans une série de 4 mois d'images prend moins de 30 minutes. 37 Chapitre 2. Calcul et caractérisation de la variabilité spatiale des déplacements 2.3.2 Article I : Détection automatique de zones en mouvement dans des séries d'images non recalées : Application à la surveillance des mouvements gravitaires Comme le montrent les travaux antérieurs utilisant des caméras fixes, il est nécessaire de corriger les légers mouvements de la caméra au cours du temps. Afin de mettre en lumière ce phénomène et le corriger, cet article propose une méthode originale, permettant de détecter automatiquement les zones en mouvement dans des séries d'images non recalées. Cette détection se base sur une analyse temporelle des champs de vecteurs déplacements dans une série d'images. Une fois les zones en mouvement détectées, il est possible de corriger le déplacement dans les images provenant des mouvements de la caméra. Cette correction est effectuée en considérant uniquement les déplacements observés sur les zones fixes. Dans l'article, la méthode proposée est testée sur une série d'images du glacier rocheux du Laurichard, au cours de l'été et de l'automne 2016. 38 Détection automatique de zones en mouvement dans des séri es d' images non recalées : Application à la surveillance des mouvements gravitaires Objectifs Problématiques ▪ Mettre en lumière l'importance de l'étape de recalage des images ▪ Proposer une méthode automatique pour corriger le mouvement de la caméra ▪ Evaluer la performance de cette correction. ▪ Comment l'étude du champ de vecteurs déplacements entre les images d'un time lapse peut mettre en lumière des mouvements de l'appareil photo? ▪ Comment cette étude peut être utilisée pour corriger automatiquement ce mouvement? Données de test utilisées ▪ 469 images issues de l'appareil photo gauche du glacier rocheux du Laurichard au cours de l'été 2016. ▪ 612 champs de déplacements entre des images séparées d'au moins 40 jours. Les déplacements sont calculés à partir de la mise en correspondance de points d'intérêts. Principaux résultats ▪ Le déplacement sur les zones fixes connues n'est pas négligeable sans correction du mouvement de la caméra : on y observe un déplacement moyen autour de 4 pixels sur les données de test. ▪ L'indicateur VVC dans sa version spatialisée est un bon indicateur pour détecter automatiquement les zones en mouvement. ▪ L'homographie est un modèle adapté pour corriger les mouvements de caméras. ▪ Le masque des zones fixes issu de la carte des VVC est suffisant pour déterminer l'homographie: les résultats sont identiques à ceux obtenues à l'aide d'un masque expertisé. ▪ Après correction le déplacement moyen sur les zones fixes est inférieur au pixel. Contexte ▪ Article initialement accepté à la conférence française de photogrammétrie et télédétection (CFPT) à Marne la Vallée en juin 2018. Soumission avec comité de lecture et accepté pour un oral. ▪ Article ensuite enrichi pour le numéro spécial de la revue de la société française de photogrammétrie et télédétection (SFPT), 2018, pp. 25-31. DÉTECTION AUTOMATIQUE DE ZONES EN MOUVEMENT DANS DES SÉRIES D'IMAGES NON RECALÉES : APPLICATION À LA SURVEILLANCE DES MOUVEMENTS GRAVITAIRES Guilhem Marsy1,2,3, Flavien Vernier1, Xavier Bodin2, William Castaings3, Emmanuel Trouvé1 1: Univ. Savoie Mont Blanc, LISTIC, 74000 Annecy, France 2: CNRS, EDYTEM, 73000 Chambéry, France, France 3: TENEVIA 38240 Meylan, France Résumé Dans le domaine des géosciences, l'utilisation d'appareils photographiques automatiques fixes pour la surveillance des mouvements gravitaires est de plus en plus courante. Les séries d'images ainsi acquises permettent de suivre dans le temps l'évolution du mouvement étudié. Bien que les appareils soient fixes, on observe que les conditions du milieu extérieur peuvent entraîner un déplacement/décalage des images qui peut dépasser le déplacement dû au phénomène étudié. Nous proposons ici une méthode automatique qui analyse le déplacement apparent sur toute l'image afin de segmenter la scène en séparant les zones du terrain en mouvement des zones fixes. Nous illustrons la méthode sur une série d'images, acquises au cours de l'été 2016, du glacier rocheux du Laurichard (Hautes Alpes, France), dont les mouvements sont par ailleurs bien connus et étudiés. Mots clés : Recalage d'images, Série temporelle d'images, Mouvements gravitaires, Segmentation de déplacements Abstract Within Geosciences, it is now common to use fixed time -lapse photographic cameras for studying mass movement. The series of images these equipment produce allow to monitor in time the evolution of the surface displacements. Though the device is supposed to be immobile, it is often observed that the conditions of the environment can cause a random shift of the images that may overpass the displacement amplitude of the studied phenomena. We propose here an automated method to analyze the apparent displacement over the whole image in order to segment the scene and separate between moving terrain and fixed terrain. We illustrate the method with an image series that covers the summer 2016 of the Laurichard rock glacier (France), whose dynamics and movement are well known. Keywords : Image registration, Time-lapse, Slope movement, Displacement segmentation 1. Introduction On trouve dans la littérature un grand nombre d'utilisations d'une ou plusieurs caméras fixes pour suivre des mouvements gravitaires tels que l'avancement de glaciers (Hadhri et al., 2017), glaciers rocheux (Neyer, 2016) et les glissements de terrain (Roncella et al., 2014). Ce type de dispositif permet à la fois une bonne résolution spatiale (taille du pixel au sol) et une bonne résolution temporelle (pas entre deux acquisitions d'images), et ce à moindre coût et sans installation de matériel sur le terrain en mouvement. Bien que les caméras soient le plus souvent fixées solidement à un point fixe, comme le montre la figure 1, on observe que les variations des conditions du milieu extérieur (vent, humidité, température, rayonnement solaire) peuvent modifier les paramètres de prise de vue, entraînant un décalage des images les unes par rapport aux autres. Selon la configuration optique du système et la distance à l'objet d'étude, ces mouvements liés à la caméra peuvent dépasser le déplacement dû au phénomène étudié. C'est pourquoi la plupart des chaînes de traitements visant à extraire un déplacement de ces séries d'images commencent par une étape de recalage d'images (Gance et al., 2014; Roncella et al., 2014; Pham, 2015; Neyer, 2016; Hadhri et al., 2017). Cette étape vise à supprimer le déplacement dû à la modification des paramètres extrinsèques et intrinsèques par le milieu extérieur. Pour ce faire, plusieurs stratégies basées sur la mise en correspondance de points peuvent être mises en oeuvre : - extraction et mise en correspondances de descripteurs ou points d'intérêts de type « Scale-Invariant Feature Transform » (SIFT) (Lowe, 2004) ou Harris (Harris et Stephens, 1988) sur les zones supposées fixes (G et al., 2014), - corrélation de différentes zones supposées fixes (Pham, 2015), - extraction manuelle de points de correspondances (Roncella et al., 2014). Une fois la mise en correspondance de points réalisée, une homographie (matrice 3x3) est estimée afin de recaler l'image sur une image de référence. L'ensemble de ces méthodes sont basées sur une expertise visant à déterminer manuellement les zones fixes et mobiles. Or sélectionner les couples sur lesquels le traitement est effectué, nous choisissons des images suffisamment espacées dans le temps afin que le déplacement étudié soit au moins du même ordre de grandeur que le déplacement provenant du mouvement de la caméra. Nous réalisons donc le traitement sur le maximum de paires d'images disponibles satisfaisant ce critère. 2.2. dans certains cas, il peut être difficile d'affirmer que des zones sont fixes ou mobiles. Les auteurs de (Dehecq et al., 2015), proposent un coefficient permettant de juger de la cohérence d'un champ de vecteurs vitesse « Velocity Vector Coherence » (VVC) et notamment de l'utiliser comme indicateur du bon recalage d'images satellites optiques. Dans cet article, nous proposons d'utiliser ce coefficient de cohérence de champ de vecteurs vitesse afin de déterminer automatiquement les zones fixes et les zones mobiles. La suite de cet article est organisée comme suit : dans un premier temps, nous présentons la stratégie retenue afin d'extraire les champs de vecteurs vitesse dans une série d'images, puis nous détaillons l'utilisation du coefficient VVC pour la segmentation automatique du champ de vecteurs vitesse. Puis nous montrons comment cette segmentation peut être utilisée pour obtenir un champ de vecteurs vitesse représentant uniquement le déplacement étudié. Enfin, nous présentons les résultats de ces méthodes sur une série d'images du glacier rocheux du Laurichard, tout en justifiant les paramètres utilisés. 2. Calcul du champ de vecteurs déplacement et segmentation 2.1. Calcul du champ de déplacement De façon similaire à (Neyer, 2016), nous proposons d'extraire des points caractéristiques, mais en choisissant les descripteurs « Oriented Fast and Rotated Brief » (ORB) (Rublee et al., 2011) sur l'intégralité des deux images entre lesquelles nous souhaitons calculer le champ de déplacement. Le choix s'est porté sur les descripteurs ORB pour leur robustesse à la rotation, et leur rapidité en termes de temps de calcul comparé aux autres méthodes de l'état de l'art comme SIFT (Lowe, 1999) ou « Speeded Up Robust Features » (SURF) (Bay et al., 2006). Ces points caractéristiques sont ensuite mis en correspondance par une méthode « brute force », puis filtrés de façon à garantir une cohérence locale. Afin de Le coefficient de cohérence de champ de vecteurs vitesse « Velocity Vector Coherence » (VVC) introduit dans (Dehecq et al., 2015), est défini par : P ~ (i, j, t)|| || t∈T V V V C(i, j) = P, (1) ~ (i, j, t)|| ||V t∈T ~ (i, j, t) le vecteur déplacement au pixel de cooravec V données i, j de l'image prise à l'instant t. Ainsi sous l'hypothèse que le mouvement dû aux conditions extérieures entraînant une dilatation des lentilles de la caméra ou de la structure sur laquelle elle est fixée varie autour d'une position d'équilibre, sur un grand nombre d'images le coefficient VVC va tendre vers zéro tandis que pour des zones suivant un mouvement ne changeant pas de direction le VVC sera proche de 1. En pratique, cette hypothèse est le plus souvent vérifiée, mais il arrive que dans certains cas, le versant de montagne auquel la caméra est fixée bouge de façon significative, par exemple dans (Neyer, 2016), où l'auteur indique que le versant où se trouve une caméra surveillant un glacier rocheux se déplace de plus de 10 cm par an. Ainsi, dans de pareils cas, il n'est pas possible d'appliquer la méthode que nous présentons. À partir du calcul de ce coefficient sur l'ensemble de l'image à l'aide d'une série importante d'images, on peut segmenter simplement les zones fixes des zones mobiles en appliquant un seuil sur le coefficient VVC. Cependant, dans notre cas nous ne possédons pas une mesure assez dense de déplacement pour calculer le coefficient de cohérence de façon fiable pour l'ensemble des pixels de l'image. 3. Application au glacier rocheux du Laurichard 3.1. Glacier rocheux Caractéristiques des milieux à permafrost, les glaciers rocheux sont très fréquents sur les versants alpins situés au-delà de 2500 m d'altitude. Ils sont constitués de masses de débris rocheux contenant en leur sein de la glace en quantité suffisante pour que l'ensemble soit animé d'un mouvement lent et continu (de l'ordre de quelques cm à quelques m/a) vers l'aval (Haeberli et al., 2006). Cette déformation confère aux glaciers rocheux une morphologie caractéristique, avec un aspect général d'une langue rayée de sillons arqués et délimités par des talus raides. La présence de débris rocheux en surface crée, sur les photos, une texture caractéristique facilement reconnaissable par les algorithmes de traitement d'images. La dynamique dans le temps et dans l'espace du glacier rocheux du Laurichard (figure 2.1 ; parc national des Écrins, Hautes Alpes) est relativement bien connue, grâce à un suivi en cours depuis 1984 (Bodin et al., 2009) ainsi que par des levés par LiDAR terrestre et par photogrammétrie (Bodin et al., 2018). La vitesse moyenne annuelle observée là où le glacier présente la plus grande pente est de l'ordre du mètre par an. 3.2. Segmentation du champ de déplacement Le glacier rocheux du Laurichard (600 m de long pour 80 à 200 m de large) est instrumenté avec un appareil photo reflex Nikon D800 (capteur plein format, 36 Mp, 7360 x 4912 pixels) avec une focale de 85mm, situé à 300 mètres du glacier et enregistrant 8 images par jour. Ici, nous exploitons une série de 469 images prises entre le 7 juillet et le 22 septembre 2016, les images comportant trop d'artefacts (brouillard, neige, ombres trop s) ayant été retirées de la série. Ensuite une image par jour est sélectionnée manuellement en choisissant la plus favorable à l'algorithme calculant le déplacement. Il s'agit le plus souvent d'une image sans soleil direct ne comportant pas d'ombres projetées, qui au cours de la journée peuvent dramatiquement changer l'aspect du glacier dans les images. Les couples d'images pour le calcul du déplacement selon la méthode présentée dans la section 2.1 sont sélectionnés de manière à ce que le déplacement du glacier soit équivalent ou supérieur aux déplacements causés par le mouvement de la caméra. Dans le cas de Laurichard, une analyse empirique des déplacements dans les images a montré que le pas de temps minimum pour que le déplacement du glacier soit supérieur au déplacement provenant du mouvement de la caméra est d'une quarantaine de jours. Ainsi nous avons formé 612 couples d'images différents respectant un intervalle de temps supérieur à 40 jours. Le coefficient de cohérence du champ de vecteurs déplacements est ensuite calculé selon l'équation 2, le résultat obtenu est ensuite binarisé de façon à conserver uniquement les pixels où le coefficient VVC supérieur à un seuil, seuil déterminé par une méthode de Huang. Enfin des opérations morphologiques de type fermeture et ouverture sont appliquées afin de réduire le bruit dans le masque formé après l'étape de binarisation. Nous obtenons ainsi un masque indiquant les zones en mouvement, correspondant bien à l'expertise géomorphologique proposée par (Bodin et al., 2009). Les résultats de ces différentes étapes sont présentés dans la figure 2. La section suivante présente l'influence des paramètres que sont la taille de fenêtre pour le calcul du coefficient VVC discret et la valeur du seuil pour discriminer les zones en mouvements des zones fixes. 3.3. Influence de la taille de fenêtre et de la valeur du seuil Comme indiqué dans la section 3.1, le glacier rocheux du Laurichard est étudié depuis plus de 30 ans, il nous est donc possible de fournir une vérité terrain (déterminée manuellement) des zones en mouvements dans les images prises par l'appareil photo. La vérité terrain est présentée dans la figure 2.4. Grâce à cette vérité terrain il est donc possible de tester notre algorithme avec différents paramètres de taille de fenêtre w pour le calcul discret de VVC et du seuil sur le coefficient VVC pour réaliser la segmentation et ainsi déterminer leur influence sur la qualité résultat. Les courbes de sensibilité/spécificité, ou courbes « Receiver Operating Characteristic » (ROC) sont l'outil idéal dans le cas d'un classificateur binaire dépendant d'un seuil, afin de déterminer l'influence du seuil et des paramètres du classificateur. Cette courbe représente le taux de vrais positifs en fonction du taux de faux positifs, chaque point de la courbe étant obtenu pour un seuil donné. F IGURE 3: Courbes ROC de la segmentation de zones en mouvements à l'aide du coefficient VVC pour différentes tailles de fenêtres sur la série d'images du Laurichard. Le point rouge correspond à la configuration sélectionnée pour obtenir le masque des zones en mouvements utilisé pour estimer le déplacement réel du glacier. la figure 3. Pour des tailles de fenêtres trop faibles (autour de 10 pixels) les opérations morphologiques appliquées ne permettent pas d'obtenir un taux de vrais positifs satisfaisant (taux inférieur à 0,4). Pour des tailles trop importantes (100 pixels) le taux de faux positifs est supérieur pour un taux de vrais positifs identiques à des tailles plus faibles (20, 30 pixels), cela indique que la segmentation est moins performante. Cela peut s'expliquer par le moyennage spatial trop important lors du calcul de VVC : les zones situées à la frontière entre les zones en déplacements et les zones fixes auront tendance à avoir un VVC moins important. Ces courbes montrent qu'une taille de fenêtre autour de 30 pixels semble adaptée dans le cas des images du Laurichard. Cela représente en moyenne une densité de 12 vecteurs déplacements par fenêtre pour chaque calcul de déplacement entre deux couples. 3.4. Calcul du déplacement réel Pour corriger les déplacements de la caméra, une homographie est le plus souvent utilisée (Gance et al., 2014; Roncella et al., 2014; Hadhri et al., 2017). En effet l'homographie est le modèle mathématique adapté pour modéliser une transformation projective (Hartley et Zisserman, 2004). La caméra étant fixe, on peut supposer que le déplacement observé des images provient principalement d'une rotation de la caméra. Ainsi dans le cas où une caméra est en rotation autour de son centre optique, l'ensemble des points des pixels des images avant et après rotation sont liés par une homographie, et ce quelque que soit la géométrie de la scène (Hartley et Zisserman, 2004). Une fois le masque obtenu, on peut donc utiliser les déplacements des zones fixes afin d'estimer une homographie (matrice H 3x3) de telle sorte que, pour chaque pixel de correspondance de onnées (x, y), subissant un déplacement (∆uc, ∆vc ) du fait du mouvement de la caméra entre les images prises à t0 et tn, on obtienne :     x x + ∆ uc     (3) H y  =  y + ∆vc . 1 1 tn t0 Le champ de vecteurs déplacements étant bruité la méthode « RANdom SAmple Consensus » (RANSAC) (Fischler et Bolles, 1987) est utilisée afin d'écarter les déplacements aberrants. Le modèle utilisé pour le calcul du RANSAC est basé sur une estimation à l'aide de quatre points de correspondance, utilisant l'erreur de reprojection suivante, pour déterminer les déplacements aberrants : e= PN 11 xi +h12 yi +h13 2 + ∆uc i − hh31 ) xi +h32 yi +h33 h21 xi +h22 yi +h23 2 +(yi + ∆vc i − h31 xi +h32 yi +h33 ), i=0 (xi hij : co efficient s de la matrice H. N : nombre de points de correspondance. Une fois les déplacements aberrants détectés à l'aide du RANSAC l'ensemble des déplacements corrects sont utilisés pour estimer l'homographie finale par moindres carrés. Une fois l'homographie estimée elle est appliquée à l'ensemble des coordonnées des pixels de correspondance de l'image prise au temps t0 afin de compenser le déplacement capteur (∆uc, ∆vc ) et d'obtenir uniquement le déplacement du glacier (∆u, ∆v ) :     ∆u x + ∆ uc + ∆ u      ∆ v  =  y + ∆ vc + ∆ v  1 1 tn   x   − H y  1 t0   0   + 0 . 1 (4) La figure 4 présente le résultat d'un calcul de champ de déplacement brut et ce même champ de déplacement après estimation de l'homographie et correction du champ de déplacement à l'aide de l'homographie. On remarque que les zones fixes ont un déplacement moins important après correction. 3.5. Étude du déplacement du capteur Afin de mettre en évidence l'importance de l'étape de correction du déplacement, il est possible d'étudier le déplacement à l'intérieur de petites fenêtres situées sur des zones fixes et des zones mobiles. Pour des fenêtres suffisamment petites pour s'affranchir de l'effet de perspective dû à l'acquisition de l'image par une caméra, on s'attend à ce que la norme du déplacement brut moyen sur une fenêtre située sur une partie fixe soit non nulle à l'intérieur de la série et que son orientation varie au cours du temps. À l'inverse sur une série de déplacements recalés, la norme du vecteur moyen de cette même fenêtre doit être nulle, et ce pour l'intégralité de la série. Concernant une fenêtre sur le glacier, on s'attend à ce que la norme et la direction varient dans une série non recalée et soient peu significatives par rapport au déplacement des zones fixes pour une série non recalée, alors que dans le cas d'une série recalée, le déplacement du glacier doit être significatif au vu du déplacement des zones fixes. Afin de mettre cela en évidence, nous avons sélectionné quatre zones de l'image pour lesquelles nous avons analysé le déplacement moyen au cours de la série d'images. Les zones sont représentées par les rectangles de couleurs de la figure 4, deux étant situées sur des zones fixes (vert en haut et rose en bas) et deux sur le glacier qui est mobile (orange en haut et rouge en bas). Un zoom sur le déplacement de ces zones pour différentes images de la série est présent dans la figure 5. Nous avons ensuite analysé la variation de la norme du vecteur moyen de la fenêtre pour chaque fenêtre, dans différentes stratégies de correction du déplacement : - sans correction, - correction en estimant une homographie sur l'ensemble du champ de vecteurs, - correction en estimant une homographie sur le champ de vecteurs masqués à l'aide du masque des zones mobiles issu du calcul du coefficient VVC, - correction en estimant une homographie sur le champ de vecteurs masqués à l'aide du masque des zones mobiles issu de la vérité terrain. Les résultats sont présentés dans le tableau 1. Dans le cas non recalé le déplacement moyen des zones fixes est de 4 pixels avec un écart type autour de 2 pixels, alors que le déplacement moyen du glacier et autour de 7 pixels, cela met bien en évidence l'importance de l'étape de correction du déplacement. Concernant la correction à l'aide d'une homographie estimée sur l'ensemble du champ de vecteurs, on observe une diminution du placement moyen de la zone fixe basse (de 4,2 à 1,4 pixels) mais une augmentation pour la zone fixe haute (de 4,0 à 9,1 pixels). Il ne semble donc pas possible d'utiliser l'intégralité du champ de vecteurs pour estimer une homographie. 4. Conclusion Nous avons présenté une méthode permettant, à partir d'une série d'images non recalées, d'extraire automatiquement un masque indiquant les zones fixes des zones en mouvement. Une fois les couples d'images sélectionnés, les déplacements sont calculés sur l'ensemble de l'image pour chaque couple avec une méthode basée sur les détecteurs ORB. Une fois les champs de vecteurs calculés, leur cohérence temporelle est analysée à l'aide du coefficient VVC. Les zones de l'image ayant une forte cohérence correspondent à des zones en mouvements. Un masque indiquant les zones mobiles peut ainsi être calculé à l'aide du coefficient VVC. Afin de valider la méthode, nous avons analysé une série de 612 paires d'images du glacier rocheux du Laurichard entre juillet et septembre 2016. Une fois le masque extrait par la méthode présentée, nous avons compensé le déplacement de la caméra au cours de la série d'images en estimant une homographie à partir des déplacements des zones fixes. En analysant la chronique de déplacements moyens sur des fenêtres centrées sur des zones fixes et mobiles, nous avons montré que le déplacement de la caméra au cours du temps est une réalité et que l'étape de correction du déplacement est essentielle pour effectuer un suivi d'un versant de montagne. Par ailleurs, le masque des zones fixes et zones mobiles calculé par notre méthode est suffisant pour ensuite réaliser cette étape de correction. Nos futurs travaux porteront sur l'évaluation de la précision du calcul du déplacement en se confrontant à une vérité terrain. Afin de pouvoir comparer notre méthode à une vérité terrain, nous devrons convertir le déplacement pixellique en un déplacement métrique, en utilisant un modèle numérique de terrain ou en faisant appel à un second appareil photo. Références Bay, H., Tuytelaars, T., Gool, V., 2006. Surf : Speeded up robust features. Dans : European Conference on Computer Vision. Graz, Austria. pp. 404–417.
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Projet OCDE/G20 sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices Prévention de l’utilisation abusive des conventions fiscales – Troisième rapport d’examen par les pairs sur le chalandage fiscal LE CADRE INCLUSIF SUR LE BEPS : ACTION 6 Projet OCDE/G20 sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices Prévention de l’utilisation abusive des conventions fiscales – Troisième rapport d’examen par les pairs sur le chalandage fiscal LE CADRE INCLUSIF SUR LE BEPS : ACTION 6 Ce document, ainsi que les données et cartes qu’il peut comprendre, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région. Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international. Note de la Turquie Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Ile. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Ile. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations Unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de l’Union européenne La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations Unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre. Merci de citer cet ouvrage comme suit : OCDE (2021), Prévention de l’utilisation abusive des conventions fiscales – Troisième rapport d’examen par les pairs sur le chalandage fiscal : Le Cadre Inclusif sur le BEPS : Action 6, Projet OCDE/G20 sur l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/bcdc38c0-fr. ISBN 978-92-64-31937-0 (imprimé) ISBN 978-92-64-64840-1 (pdf) Projet OCDE/G20 sur l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices ISSN 2313-2620 (imprimé) ISSN 2313-2639 (en ligne) Crédits photo : Couverture © ninog-Fotolia.com. Les corrigenda des publications sont disponibles sur : www.oecd.org/about/publishing/corrigenda.htm. © OCDE 2021 L’utilisation de ce contenu, qu’il soit numérique ou imprimé, est régie par les conditions d’utilisation suivantes : http://www.oecd.org/fr/conditionsdutilisation. 3 Avant-propos L’intégration des économies et des marchés nationaux a connu une accélération marquée ces dernières années, mettant à l’épreuve le cadre fiscal international conçu voilà plus d’un siècle. Les règles en place ont laissé apparaître des fragilités qui sont autant d’opportunités pour des pratiques d’érosion de la base d’imposition et de transfert de bénéfices (BEPS), appelant une action résolue de la part des dirigeants pour restaurer la confiance dans le système et faire en sorte que les bénéfices soient imposés là où les activités économiques sont réalisées et là où la valeur est créée. À la suite de la parution du rapport intitulé Lutter contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices en février 2013, les pays de l’OCDE et du G20 ont adopté en septembre 2013 un Plan d’action en 15 points visant à combattre ces pratiques. Les 15 actions à mener s’articulent autour de trois principaux piliers : harmoniser les règles nationales qui influent sur les activités transnationales, renforcer les exigences de substance dans les standards internationaux existants, et améliorer la transparence ainsi que la sécurité juridique. Après deux ans de travail, des mesures en réponse aux 15 actions ont été présentées aux dirigeants des pays du G20 à Antalya en novembre 2015. Tous ces rapports, y compris ceux publiés à titre provisoire en 2014, ont été réunis au sein d’un ensemble complet de mesures, qui représente le premier remaniement d’importance des règles fiscales internationales depuis près d’un siècle. La mise en œuvre des nouvelles mesures devrait conduire les entreprises à déclarer leurs bénéfices là où les activités économiques qui les génèrent sont réalisées et là où la valeur est créée. Les stratégies de planification fiscale qui s’appuient sur des règles périmées ou sur des dispositifs nationaux mal coordonnés seront caduques. La mise en œuvre est désormais au centre des travaux. L’application des mesures prévues passe par des modifications de la législation et des pratiques nationales ainsi que des conventions fiscales. La négociation d’un instrument multilatéral visant à faciliter la mise en œuvre des mesures liées aux conventions a abouti en 2016, et plus de 90 pays sont couverts par cet instrument multilatéral. Son entrée en vigueur le 1er juillet 2018 ouvrira la voie à une mise en œuvre rapide des mesures liées aux conventions. Les pays de l’OCDE et du G20 ont également décidé de poursuivre leur coopération en vue de garantir une application cohérente et coordonnée des recommandations issues du projet BEPS et de rendre le projet plus inclusif. La mondialisation exige de trouver des solutions de portée mondiale et de nouer un dialogue mondial qui va au-delà des pays de l’OCDE et du G20. Une meilleure compréhension de la manière dont les recommandations issues du projet BEPS sont mises en pratique pourrait limiter les malentendus et les différends entre États. Une attention accrue portée à la mise en œuvre des actions et à l’administration de l’impôt pourrait être bénéfique tant pour les États que pour les entreprises. Enfin, des solutions sont proposées pour améliorer les données et les analyses, ce qui permettra d’évaluer et de quantifier régulièrement l’impact des mécanismes d’érosion de la base d’imposition et transfert de bénéfices et les effets des mesures issues du projet BEPS appliquées pour lutter contre ces pratiques. PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 4 De ce fait, l’OCDE a établi le Cadre inclusif sur le BEPS de l’OCDE et du G20 (Cadre inclusif), rassemblant sur un pied d’égalité tous les pays et juridictions intéressés et engagés dans le Comité des affaires fiscales et ses organes subsidiaires. Le Cadre inclusif, qui compte déjà plus de 135 membres, contrôle la mise en œuvre des standards minimums à travers des examens par les pairs, et finalise actuellement l’élaboration de normes pour résoudre les problèmes liés au BEPS. En plus des membres du projet BEPS, d’autres organisations internationales et organismes fiscaux régionaux sont engagés dans les travaux du Cadre inclusif, et les entreprises et la société civile sont également consultées sur différentes problématiques. Ce rapport a été approuvé par le Cadre inclusif le 17 février 2021 et préparé pour publication par le Secrétariat de l’OCDE. PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 5 Table des matières Avant-propos 3 Résumé 9 Notes 11 1 Difficultés de mise en œuvre, standard minimum et IM Ratification de l’IM : la clé de la mise en œuvre effective du standard minimum Lacunes dans la couverture de l’IM Soutien aux juridictions pour renforcer leur réseau de conventions Notes 2 Données agrégées sur la mise en œuvre du standard minimum Notes 3 Difficultés liées à la mise en œuvre du standard minimum Notes 4 Conclusion et prochaines étapes 12 13 14 15 15 17 18 19 19 20 Prochaines étapes pour certains membres du Cadre inclusif Prochaines étapes pour le Cadre inclusif Rappel des faits concernant le standard minimum établi par l’Action 14 du BEPS et le mécanisme d’examen par les pairs Notes 20 20 5 Données correspondant à chacune des juridictions membres du Cadre inclusif 26 Albanie Andorre Angola Anguilla Antigua-et-Barbuda Argentine Arménie Aruba Australie Autriche Bahamas Bahreïn Barbade 21 25 30 32 33 34 35 36 38 40 41 44 48 49 51 PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 6 Belgique Belize Bénin Bermudes Bosnie-Herzégovine Botswana Brésil Îles Vierges britanniques Brunei Darussalam Bulgarie Burkina Faso Cabo Verde Cameroun Canada Îles Caïmanes Chili Chine (République populaire de) Colombie Congo Îles Cook Costa Rica Côte d’Ivoire Croatie Curaçao République tchèque République démocratique du Congo Danemark Djibouti Dominique République dominicaine Égypte Estonie Eswatini Îles Féroé Finlande France Gabon Géorgie Allemagne Gibraltar Grèce Groenland Grenade Guernesey Haïti Honduras Hong Kong (Chine) Hongrie Islande Inde Indonésie 53 56 57 58 59 61 62 64 65 66 69 70 71 72 75 76 78 81 83 84 85 86 88 90 91 94 95 98 99 100 101 103 105 106 107 110 114 115 117 120 121 123 124 125 127 128 129 131 134 136 139 PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 7 Irlande Île de Man Israël Italie Jamaïque Japon Jersey Jordanie Kazakhstan Kenya Corée Lettonie Libéria Liechtenstein Lituanie Luxembourg Macao (Chine) Malaisie Maldives Malte Maurice Mexique Monaco Mongolie Monténégro Montserrat Maroc Namibie Pays-Bas Nouvelle-Zélande Nigéria Macédoine du Nord Norvège Oman Pakistan Panama Papouasie-Nouvelle-Guinée Paraguay Pérou Pologne Portugal Qatar Roumanie Fédération de Russie Saint-Kitts-et-Nevis Sainte-Lucie Saint-Vincent-et-les-Grenadines Saint-Marin Arabie saoudite Sénégal Serbie 142 145 146 148 153 155 158 159 161 163 164 167 169 170 172 175 178 179 182 183 186 188 190 191 192 194 195 197 198 201 203 204 206 210 212 215 216 217 218 220 225 228 231 234 237 238 239 240 242 244 246 PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 8 Seychelles Sierra Leone Singapour République slovaque Slovénie Afrique du Sud Espagne Sri Lanka Suède Suisse Thaïlande Trinité-et-Tobago Tunisie Turquie Îles Turques et Caïques Ukraine Émirats arabes unis Royaume-Uni États-Unis Uruguay Viet Nam Zambie 248 250 251 258 261 263 266 269 271 274 278 280 282 284 287 288 291 294 298 303 305 308 TABLEAUX Tableau 1.1. L’Action 6 du projet BEPS mentionne l’utilisation abusive des conventions fiscales et, en particulier le chalandage fiscal, comme l’une des principales sources de préoccupation dans le domaine de l’érosion de la base d’imposition et du transfert de bénéfices (BEPS). En raison de la gravité du chalandage fiscal, les juridictions ont convenu d’adopter, comme standard minimum, des mesures de lutte contre cette pratique et de soumettre leurs efforts à un examen annuel par les pairs. Ce rapport d’examen par les pairs de 2020 réunit les résultats du troisième examen annuel par les pairs, des informations générales sur le chalandage fiscal, tandis que les sections ventilées par juridiction, qui fournissent des renseignements détaillés sur la mise en œuvre du standard minimum par chaque membre du Cadre inclusif. 2. L’examen par les pairs de 2020 met en lumière les efforts réalisés par la plupart des membres du Cadre inclusif pour lutter contre le chalandage fiscal, et notamment par ceux qui ont ratifié la Convention multilatérale pour la mise en œuvre des mesures relatives aux conventions fiscales pour prévenir l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices (l’Instrument multilatéral ou IM). Alors qu’il ressortait des deux premiers examens par les pairs réalisés en 2018 et 2019 que très peu des conventions examinées étaient conformes au standard minimum1, l’IM, le principal outil utilisé pour appliquer le standard minimum, commence à produire un effet important et renforce désormais le réseau de conventions fiscales bilatérales des juridictions qui l’ont ratifié. L’IM ne permettait pas aux juridictions de substituer à la règle du critère de l’objet principal (COP) la clause détaillée de limitation des avantages pour mettre en œuvre le standard minimum. 3. Aussi, grâce à la ratification de l’IM par ces juridictions, le nombre de conventions conformes 2 couvertes par l’IM a augmenté de près de 500 % depuis le dernier examen par les pairs. Toutefois, le rapport de l’examen par les pairs de cette année révèle un écart important entre les juridictions qui ont ratifié l’IM et celles qui ne l’ont pas ratifié relativement aux progrès dans la mise en œuvre du standard minimum. 4. De fait, les juridictions qui n’avaient pas signé ou ratifié l’IM n’ont guère voire nullement progressé dans la mise en oeuvre du standard minimum. Toutefois, ce rapport reconnaît que le point de départ de l’exposition d’une juridiction au chalandage fiscal peut être différent selon que ses conventions existantes ou ses dispositions législatives internes contiennent déjà des outils de lutte contre le chalandage fiscal. 5. Une des nouveautés du rapport de cette année est qu’il livre des informations complémentaires sur les progrès accomplis par certaines juridictions pour mettre en œuvre le standard minimum et qu’il encourage les signataires de l’IM à le ratifier le plus rapidement possible. Ces informations ne donnent pas lieu à des recommandations formelles. Les informations complémentaires relatives aux progrès des juridictions sont réunies dans la section intitulée « Difficultés de mise en œuvre » dans le chapitre 5 consacré à chaque juridiction. 6. Les principaux objectifs de l’examen par les pairs de cette année et des informations complémentaires fournies dans la section « Difficultés de mise en œuvre » sont d’encourager les signataires de l’IM à le ratifier, de combler les lacunes dans la couverture de l’IM et d'aider les autres juridictions à renforcer leur réseau de conventions fiscales. PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 10  Ratification de l’IM 7. Environ 30 % des réseaux de conventions des juridictions qui ont ratifié l’IM et pour lesquelles l’IM a pris effet en janvier 20203 étaient conformes au standard minimum en 2020. Par comparaison, celles qui n’avaient pas signé ou ratifié l’IM avant cette date n’ont généralement guère accompli de progrès dans la mise en œuvre du standard minimum (en moyenne, 1.5 % de leurs réseaux de conventions étaient conformes au standard minimum). 8. Le rapport d’examen par les pairs de 2020 montre que la ratification de l’IM est importante pour permettre une mise en œuvre effective du standard minimum, et tous les signataires de l’IM qui ne l’ont pas encore ratifié sont invités à le faire. Lacunes dans la couverture de l’IM 9. Le rapport d’examen par les pairs de 2020 révèle également des lacunes dans la couverture de l’IM, car des conventions de signataires ou de parties à l’IM ne sont ni couvertes par l’IM ni soumises à des renégociations bilatérales4. Bien que l’IM n’offre pas la possibilité aux juridictions de mettre en œuvre le standard minimum au moyen d’une clause détaillée de limitation des avantages, il couvre désormais 94 juridictions5 et permettra de mettre en oeuvre le standard minimum dans plus de 1 700 conventions une fois qu’il sera pleinement en vigueur (passé un certain délai après sa ratification par l’ensemble des signataires). Toutefois, environ 200 conventions conclues entre deux signataires de l’IM qui sont membres du Cadre inclusif ne seraient toujours pas modifiées par l’IM parce qu’au stade actuel, au moins un partenaire à la convention bilatérale n’a pas notifié la convention aux fins de l’IM. 325 conventions supplémentaires ont été conclues entre deux juridictions dont une seule d’entre elles a signé l’IM ; actuellement, aucune de ces conventions ne serait modifiée par l’IM. 10. Dans le cadre des informations complémentaires communiquées sur les progrès réalisés par les juridictions, les sections ventilées par juridiction identifient ces « conventions non couvertes » conclues entre deux signataires de l’IM qui sont membres du Cadre inclusif et qui ne font pas l’objet de négociations bilatérales. 11. Notifier ces conventions aux fins de l’IM 6 ou engager des renégociations bilatérales dans le but de mettre en œuvre le standard minimum permettrait de transposer le standard minimum dans ces conventions non couvertes. Soutien aux juridictions pour renforcer leur réseau de conventions 12. Le Secrétariat de l’OCDE est disposé à s’entretenir avec toutes les juridictions membres du Cadre inclusif qui n’ont pas signé l’IM ni déployé des mesures de lutte contre le chalandage fiscal dans leurs conventions afin de réfléchir aux moyens de les aider à mettre ces conventions en conformité avec le standard minimum. 13. La section « Difficultés de mise en œuvre » qui se trouve dans les sections ventilées par juridiction dans le chapitre 5 du présent rapport renseigne sur les progrès accomplis par les juridictions dans la mise en œuvre du standard minimum, et identifie les juridictions avec lesquelles le Secrétariat souhaite réfléchir à un plan de mise en œuvre du standard minimum. Cette réflexion pourrait éclairer utilement la révision en cours de la méthodologie de l’examen par les pairs. 14. Conformément au paragraphe 14 des Documents pour l'examen par les pairs 7, la méthodologie pour l’examen de la mise en œuvre du standard minimum sera réexaminée à la lumière des enseignements tirés de l’expérience acquise au cours des trois premiers examens par les pairs de 2018, 2019 et 2020. PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021  11 15. Le Cadre inclusif sur le BEPS, en collaboration avec le Groupe de travail n° 1, se chargera de de cette révision de la méthodologie, et le suivi de la mise en œuvre du standard minimum se poursuivra. La prochaine session d’examen par les pairs débutera au cours du premier semestre de 2021. Notes 1 L’IM n'avait pas commencé à produire ses effets au moment où les examens par les pairs de 2018 et 2019 ont été effectués. 2 Aux fins du présent rapport, une convention conforme contient des dispositions qui respectent le standard minimum établi par l’Action 6. Comme l’indique le paragraphe 23 du rapport final sur l’Action 6, il est convenu que les juridictions ne doivent mettre en œuvre ces dispositions que si une autre juridiction membre du Cadre inclusif le leur demande. 3 Généralement, l’IM a commencé à prendre effet pour les conventions conclues par les juridictions qui l’ont ratifié avant fin septembre 2019. 4 L’IM autorise ses signataires et parties à notifier les conventions qu’ils souhaitent modifier via l’IM. Différentes raisons peuvent expliquer pourquoi une juridiction refuserait de signer l’IM ou de notifier une convention spécifique aux fins de l’IM (par exemple, une juridiction souhaite mettre en œuvre le standard minimum au moyen de règles détaillées de limitation des avantages, les partenaires de convention ont convenu de renégocier une convention au niveau bilatéral, ou la convention est trop ancienne et contient trop de dispositions atypiques pour être aisément modifiée par l’IM). Les parties à ces conventions, bien qu’elles ne soient pas notifiées aux fins de l’IM, restent tenues de mettre en œuvre le standard minimum si elles sont toutes deux membres du Cadre inclusif, mais cette mise en œuvre interviendra au moyen de renégociations bilatérales. 5 91 de ces juridictions sont actuellement membres du Cadre inclusif. 6 De cette manière, si l’autre partenaire signe l’IM et notifie cette convention aux fins de l’IM, elle deviendrait une convention fiscale couverte. 7 Paragraphe 14, OCDE (2017), Action 6 du BEPS : Empêcher l'utilisation abusive des conventions fiscales lorsque les circonstances ne s'y prêtent pas - Documents pour l'examen par les pairs, Projet OCDE/G20 sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices (BEPS), OCDE, Paris. https://www.oecd.org/fr/fiscalite/beps/beps-action-6-empecher-utilisation-abusive-conventions-fiscalesdocuments-examen-par-les-pairs.pdf PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 12  1 Difficultés de mise en œuvre, standard minimum et IM Le standard minimum impose aux juridictions d’inclure deux éléments dans leurs conventions bilatérales : une déclaration explicite sur la volonté d’éliminer la double imposition sans créer de possibilités de non-imposition (généralement dans le préambule) ; et une des trois méthodes permettant de lutter contre le chalandage fiscal. Le standard minimum ne précise pas comment ces deux éléments doivent être mis en œuvre (via l’IM ou via des instruments bilatéraux). 1 L’IM s’est révélé être un moyen efficace de mettre en œuvre le standard minimum. Cependant, une juridiction préférant mettre en œuvre le minimum standard au moyen d’une clause détaillée de limitation des avantages ne peut pas utiliser l’IM à cette fin. 94 juridictions ont adhéré à l’IM, 54 l’ont ratifié et, une fois pleinement en vigueur, l’IM mettra en œuvre le standard minimum dans environ 1 700 conventions bilatérales (de sorte qu’il modifiera la majorité des conventions conclues entre les membres du Cadre inclusif). Les efforts consentis par la plupart des membres du Cadre inclusif pour combattre le chalandage fiscal ont commencé à porter leurs fruits en 2020 pour ceux qui ont ratifié l’IM. Le nombre de conventions conformes couvertes par l’IM a augmenté de près de 500 % depuis le dernier examen par les pairs. Les juridictions qui n’ont pas signé ou ratifié l’IM n’ont guère voire nullement progressé dans la mise en oeuvre du standard minimum. Toutefois, ce rapport reconnaît que le point de départ de l’exposition d’une juridiction au chalandage fiscal peut être différent selon que ses conventions existantes ou ses dispositions législatives internes contiennent déjà des outils de lutte contre le chalandage fiscal. Les sections ventilées par juridiction dans le chapitre 5 fournissent des informations complémentaires sur les progrès accomplis par les juridictions dans la mise en œuvre du standard minimum. Comme indiqué précédemment, ces informations ne donnent pas lieu à des recommandations formelles. Les informations figurant dans la partie « Difficultés de mise en œuvre » dans certaines des sections ventilées par juridiction dans le chapitre 5 mettent en exergue les faits suivants :  Étant donné que les conventions notifiées aux fins de l’IM par les juridictions membres du Cadre inclusif signataires de l’IM mais qui ne l’ont pas encore ratifié ne commenceront à être conformes au standard minimum qu’après ratification de l’IM, ces juridictions sont invitées à ratifier l’IM le plus rapidement possible (section 2.1 ci-dessous) ;  Les « conventions non couvertes » par l’IM (conventions conclues entre deux signataires de l’IM dont l’un des partenaires n'a pas notifié la convention aux fins de l’IM ; et conventions conclues entre des juridictions dont une seule a signé l’IM) 2 ne seront conformes qu’à condition d’être notifiées aux fins de l’IM ou uniquement si les deux parties engagent des renégociations bilatérales en vue de mettre en œuvre le standard minimum (section 2.2 ci-dessous).  Le Secrétariat de l’OCDE est disposé à s’entretenir avec toute juridiction membre du Cadre inclusif qui n’a pas signé l’IM ni déployé des mesures de lutte contre le chalandage fiscal dans ses PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021  13 conventions pour réfléchir aux moyens de l’aider à mettre ces conventions en conformité avec le standard minimum (section 2.3 ci-dessous).  Les juridictions qui ont adhéré à la Convention de la CARICOM sont invitées à actualiser cette convention en entamant des discussions avec l’ensemble de leurs partenaires (section 4 cidessous). Ratification de l’IM : la clé de la mise en œuvre effective du standard minimum L’IM a commencé à produire ses effets et à renforcer le réseau des conventions fiscales bilatérales des juridictions qui l’ont ratifié en 2020. Le nombre de conventions qui sont devenues conformes à l’IM est passé de 60 à plus de 350. Toutefois, l’examen par les pairs révèle un écart important entre les juridictions qui ont ratifié l’IM et celles qui ne l’ont pas ratifié relativement aux progrès dans mise en œuvre du standard minimum. En moyenne, environ 30 % des réseaux de conventions des juridictions pour lesquelles l’IM a pris effet à compter du 1er janvier 20203 étaient conformes au standard minimum en 2020, comme l’indique le tableau ci-dessous. Tableau 1.1. Par conséquent, l’IM n’avait pas encore commencé à prendre effet pour leurs conventions en juillet 2020. En effet, l’IM ne peut commencer à prendre effet pour une convention qu'après expiration d’une certaine période qui suit la dernière des dates à laquelle l’IM entre en vigueur pour chacun des partenaires ayant conclu une convention. Cette période pourrait correspondre à environ un an à compter de la dernière ratification7. Alors que les juridictions qui ont ratifié l’IM ont beaucoup progressé dans l'application du standard minimum, ce n’est pas le cas de celles qui n’ont pas signé ou ratifié l’IM. En moyenne, 1.5 % de leurs conventions sont conformes au standard minimum. Aussi, l’examen par les pairs de 2020 illustre l’importance d’une ratification rapide de l’IM. Dès lors, tous les signataires de l’IM qui ne l’ont pas encore ratifié sont invités à le faire. Le Secrétariat de l’OCDE s’est rapproché des signataires de l’IM qui, au moment de la rédaction de ce rapport, ne l’avaient pas encore ratifié, et constate que l’Afrique du Sud, la Bulgarie, le Cameroun, la Colombie, la Croatie, l’Espagne, l’Estonie, la Grèce, la Hongrie, la Jamaïque, la Malaisie, le Mexique, le Maroc, la Macédoine du Nord, la Roumanie, le Sénégal et la Turquie comptent déposer leur instrument de ratification de l’IM d’ici la mi-2021 ou dans les plus brefs délais. Lacunes dans la couverture de l’IM L’examen par les pairs de 2020 a mis en évidence des lacunes dans la couverture de l’IM. Ces lacunes s’expliquent par le fait que l’IM est un instrument flexible qui autorise chaque signataire à choisir parmi ses conventions celles qu’il souhaite soumettre à l'IM. Ainsi, au moment de la signature, les signataires sont tenus de déposer des listes de conventions qu’ils souhaitent modifier. L’IM modifie uniquement les conventions bilatérales notifiées par les deux partenaires des conventions. Conventions unilatérales L’examen par les pairs de 2020 révèle qu’environ 200 conventions bilatérales, conclues entre deux signataires de l’IM qui sont membres du Cadre inclusif, ne seraient pas modifiées par l’IM parce qu’au stade actuel, une seule juridiction a notifié la convention aux fins de l’IM (« conventions unilatérales »)8. Au cours de l’examen par les pairs, le Secrétariat de l’OCDE a pris contact avec certaines des juridictions qui sont parties à ces « conventions unilatérales » et leur a demandé pourquoi elles ne les avaient pas notifiées. L’absence de notification de ces « conventions unilatérales » s’explique principalement car les juridictions envisagent d’engager des renégociations qui vont au-delà de la question de la mise en œuvre des mesures BEPS se rapportant aux conventions. PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021  15 Les sections ventilées par juridiction identifient ces conventions unilatérales et disposent qu’à partir du moment où des renégociations bilatérales ne sont pas prévues ou envisagées pour la mise en œuvre du standard minimum, ces conventions ne seront pas conformes, à moins d’être notifiées aux fins de l’IM ou que leurs parties engagent des renégociations bilatérales visant à appliquer le standard minimum. Conventions en attente L’examen par les pairs de 2020 révèle qu’il y a environ 325 conventions conclues entre deux juridictions membres du Cadre inclusif pour lesquelles une seule d’entre elles a signé l’IM (« conventions en attente »). Au stade actuel, aucune de ces conventions ne serait modifiée par l’IM parce que l’un des partenaires de convention n'a pas signé l’IM. Presque toutes ces conventions seraient couvertes par l’IM si le partenaire qui ne l’a pas encore signé y adhère et notifie la convention. Les sections ventilées par juridiction identifient ces « conventions en attente » et expliquent qu’à partir du moment où des renégociations bilatérales ne sont pas prévues ou envisagées, ces conventions ne seront pas conformes, à moins d’être notifiées aux fins de l’IM 9 ou que leurs parties engagent des renégociations bilatérales visant à appliquer le standard minimum. Au cours de cet examen par les pairs, le Secrétariat de l’OCDE a communiqué avec certaines des juridictions qui se préparaient à signer l’IM. Il s'agissait notamment de Bahreïn, de la Mongolie, de la Thaïlande et du Viet Nam, liés par plus de 125 conventions en attente qui deviendront des conventions couvertes aux fins de l’IM une fois celui-ci signé10. Aussi, la signature de l’IM par des juridictions disposant de réseaux de conventions étendus permettrait d’améliorer sensiblement la couverture de l’IM. Soutien aux juridictions pour renforcer leur réseau de conventions L’examen par les pairs de 2020 montre que les juridictions membres du Cadre inclusif qui n’ont pas signé l’IM ou qui n’ont pas intégré d'autres mesures de lutte contre le chalandage fiscal dans leurs conventions n’ont guère voire nullement progressé dans la mise en œuvre du standard minimum. Ces juridictions sont invitées à prendre contact avec le Secrétariat de l’OCDE pour obtenir de l’aide afin de mettre en œuvre le standard minimum dans leurs réseaux de conventions, y compris le cas échéant en vue de signer et de ratifier l’IM. PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 16  Notes 1 Voir le Rapport final sur l’Action 6 du BEPS (2015). Le rapport final sur l'Action 6 indique en outre que : (i) une juridiction est tenue d’appliquer le standard minimum dans une convention uniquement si un autre membre du Cadre inclusif le lui demande ; (ii) la décision d’adopter l’une des trois méthodes doit être convenue entre les parties (une solution ne peut être imposée) ; et (iii) en raison du caractère bilatéral des conventions, il n’y a pas de date limite à laquelle une juridiction doit avoir atteint le standard minimum. 2 Les conventions non couvertes identifiées dans ce rapport désignent des conventions conclues entre des deux signataires de l’IM membres du Cadre inclusif qui ne font pas l’objet de négociations bilatérales dont l’un des partenaires n'a pas notifié la convention aux fins de l’IM ; et les conventions conclues entre des juridictions qui sont membres du Cadre inclusif dont une seule a signé l’IM. 3 En général, l’IM a commencé à prendre effet au 1er janvier 2020 pour les conventions conclues par les juridictions qui l’ont ratifié avant fin septembre 2019. 4 La Fédération de Russie a formulé une réserve conformément à l'article 35(7) de l’IM afin de reporter la prise d’effet de l’IM après l’accomplissement de certaines de ses procédures internes. 5 La Suède a formulé une réserve conformément à l'article 35(7) de l’IM afin de reporter la prise d’effet de l’IM après l’accomplissement de certaines de ses procédures internes. 6 La Suisse a formulé une réserve conformément à l'article 35(7) de l’IM afin de reporter la prise d’effet de l’IM après l’accomplissement de certaines de ses procédures internes. 7 L'article 35 de l’IM énonce les règles de prise d’effet et répartit les modifications en deux catégories en fonction du type d’impôts auxquels elles s’appliquent. En général, en vertu de l'article 35(1)(a), s'agissant des impôts prélevés à la source sur des sommes payées ou attribuées à des non-résidents, l’IM prend effet à partir du premier jour de l'année civile qui commence à compter de la dernière des dates à laquelle la Convention entre en vigueur pour chacune des Juridictions contractantes ayant conclu une Convention fiscale couverte. Concernant tous les autres impôts prélevés par une juridiction, l'article 35(1)(b) dispose que l’IM prend généralement effet au titre de périodes d’imposition commençant à l’expiration ou après l’expiration d’une période de six mois calendaires à compter de la dernière des dates à laquelle la Convention entre en vigueur pour chacune des Juridictions contractantes ayant conclu une Convention fiscale couverte. 8 L’IM ne peut modifier que les conventions bilatérales qui ont été notifiées par les deux partenaires aux fins de l’IM. 9 De cette manière, si l’autre partenaire signe l’IM et notifie cette convention aux fins de l’IM, elle deviendrait une convention fiscale couverte. 10 Bahreïn a depuis signé l’IM le 27 novembre 2020 et notifié 44 de ses conventions aux fins de l’IM. PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021  17 2 Données agrégées sur la mise en œuvre du standard minimum Il ressortait des données recueillies sur la mise en œuvre du standard minimum qu’au 1er juillet 2020, 98 juridictions du Cadre inclusif comptaient des conventions déjà conformes au standard minimum ou qui, parce qu’elles faisaient l’objet d’un instrument de mise en conformité, allaient bientôt l’être1. Sept autres juridictions ne disposaient d’aucune convention fiscale complète en vigueur soumise à l’examen par les pairs2. Trente-sept juridictions n’avaient pas mis en oeuvre de mesure anti-abus dans leur réseau de conventions fiscales. Comme indiqué précédemment, ces juridictions sont encouragées à se rapprocher du Secrétariat pour s’entretenir sur leurs projets concernant la mise en œuvre du standard minimum. Au total, les 137 juridictions membres du Cadre inclusif ont fait état de 2 295 conventions en vigueur entre membres du Cadre inclusif et d’environ 905 conventions entre des membres et des nonmembres3. Les conventions conclues entre des membres et des non-membres du Cadre inclusif ne sont pas soumises à l’examen par les pairs et les résultats agrégés présentés dans ce chapitre portent sur les 2 295 conventions conclues entre membres du Cadre inclusif. Les données afférentes à chaque juridiction figurant dans le chapitre 5 font apparaître les cas dans lesquels des conventions non couvertes par l’examen par les pairs sont conformes au standard minimum ou font l’objet d’un instrument de mise en conformité4. Conventions conformes Au 1er juillet 2020, plus de 350 conventions bilatérales conclues entre membres du Cadre inclusif étaient conformes au standard minimum. Vingt autres conventions non soumises à cet examen (i.e. conventions conclues entre des membres du Cadre inclusif et des non membres) étaient également conformes au standard minimum. Dans toutes les conventions conformes au standard minimum, la déclaration du préambule et le critère des objets principaux (COP) ont été appliqués pour satisfaire au standard minimum. Dans 31 de ces conventions conformes, le critère des objets principaux est complété par une clause de limitation des avantages. Conventions fiscales faisant l’objet d’un instrument de mise en conformité De nombreuses juridictions membres du Cadre inclusif disposent de conventions qui font actuellement l’objet d’un instrument de mise en conformité non encore entré en vigueur, mais qui mettra en œuvre le standard minimum. Le 1er juillet 2020, plus de 1 300 des 2 295 conventions bilatérales entre membres du Cadre inclusif devaient devenir des conventions fiscales couvertes aux fins de l’IIM (i.e. les deux juridictions PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 18  contractantes ayant formulé une notification au dépositaire indiquant que ces conventions sont visées par l’IM, qui les modifiera dès son entrée en vigueur) et devaient donc devenir conformes au standard minimum5. Les conventions, qui ont vocation à être modifiées par l’IM, seront conformes au standard minimum une fois que ses dispositions auront pris effet, soit après ratification par les deux juridictions contractantes6. Dix-sept conventions supplémentaires font l’objet d’un instrument bilatéral modificatif qui n’est pas encore entré en vigueur7. Le nombre de conventions faisant l’objet d’un instrument bilatéral modificatif, comparé au nombre de conventions modifiées par l’IM, atteste de l’efficacité comparative avec laquelle celui-ci met en œuvre le standard minimum. Concernant les conventions notifiées aux fins de l’IM, tous les membres du Cadre inclusif qui sont parties à l’IM et signataires de l’IM mettent en œuvre la déclaration du préambule et le critère des objets principaux. Treize juridictions ont également choisi d'appliquer la règle simplifiée de limitation des avantages via l’IM en complément du critère des objets principaux lorsqu’il était possible de le faire. Six juridictions supplémentaires ont accepté une règle simplifiée de limitation des avantages dans des conventions conclues avec des partenaires qui ont opté pour la règle simplifiée. Notes 1 Au 1er juillet 2020, 94 juridictions étaient signataires de l’IM ou parties à l’IM, mais trois d’entre elles (Chypre, Fidji et le Koweït) ne sont pas membres du Cadre inclusif. À cette date, 91 membres du Cadre inclusif étaient signataires de l'IM ou parties à l’IM. Sept autres membres du Cadre inclusif (Angola, Brésil, Gibraltar, Groenland, Îles Féroé, Paraguay et Zambie), bien qu’ils ne soient pas signataires de l’IM ou parties à l’IM, ont conclu un ou deux protocoles portant modification afin de mettre en œuvre le standard minimum. 2 Aucune convetion n'était en vigueur dans les pays suivants : Bahamas, Djibouti, Haïti, Îles Caïmanes, Îles Cook et Îles Turques-et-Caïques. 3 En 2018, le Cadre inclusif faisait mention de 1 940 conventions entre membres. Les 205 conventions supplémentaires examinées en 2019 incluent les nouvelles conventions conclues entre membres du Cadre inclusif entre le 30 juin 2018 et le 30 juin 2019, et surtout les conventions existantes concernées des 13 nouveaux membres du Cadre inclusif, qui n’avaient pas été soumises à l’examen par les pairs de 2018. 4 Un « instrument de mise en conformité » peut désigner l’IM ou un nouveau protocole portant modification qui n’est pas encore entré en vigueur. Il peut également s’agir d’une convention entièrement nouvelle qui n’est pas encore entrée en vigueur. 5 Le 1er juillet 2020, les positions au regard de l’IM de la plupart des signataires, y compris la liste des conventions fiscales notifiées, étaient provisoires et susceptibles d’être modifiées à l’avenir. 6 L’article 35 de l’IM régit sa prise d’effet. Les dispositions de l’IM prennent effet à des dates différentes selon les conventions fiscales couvertes. 7 Certaines conventions faisant l’objet d’un instrument bilatéral de mise en conformité ont également été notifiées aux fins de l’IM car celui-ci autorise les juridictions à mettre en œuvre d’autres mesures BEPS relatives aux conventions fiscales (qui ne se rattachent pas à un standard minimum). PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021  19 3 Difficultés liées à la mise en œuvre du standard minimum L’examen par les pairs permet également aux juridictions qui se heurtent à des difficultés pour obtenir l’accord d’une autre juridiction en vue d’appliquer le standard minimum de l’Action 6 de soumettre la question par écrit au Secrétariat de l’OCDE. Ce processus, qui est décrit au paragraphe 19 des Documents pour l'examen par les pairs, a été mis en place pour recenser les situations dans lesquelles une juridiction se retrouve face à un partenaire conventionnel membre du Cadre inclusif qui n’a pas la volonté de respecter son engagement de mettre en œuvre le standard minimum. Au cours de l’examen par les pairs mené en 2019, une juridiction a exprimé une inquiétude concernant la Convention entre les États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), convention multilatérale conclue entre 11 juridictions, dont 10 membres du Cadre inclusif. Cette inquiétude reste d’actualité cette année car les parties à la convention de la CARICOM ne l’ont pas encore modernisée. La Convention de la CARICOM a été conclue en 1994 afin d’encourager le commerce régional et l’investissement au sein de la Communauté des Caraïbes et contient plusieurs particularités absentes1 du Modèle de Convention fiscale de l’OCDE ou du Modèle de Convention des Nations Unies concernant les doubles impositions. Ces particularités pourraient mener à une non-imposition de certains flux de revenus. Il est possible qu’à l’époque, ces dérogations aux dispositions type des conventions fiscales aient encouragé une plus grande intégration économique au sein de la Communauté de la CARICOM, mais il se peut aussi qu’elles aient rendu la Convention de la CARICOM plus vulnérable au chalandage fiscal et à d’autres formes d’abus. Les précédentes tentatives de renégociation de la Convention de la CARICOM se sont révélées difficiles. Des événements récents (ouragans dans la région, pandémie de COVID-19, notamment) ont également compliqué l’amorce de discussions sur la modernisation de la Convention. Sous l’impulsion du Cadre inclusif et au vu de la volonté des membres de celui-ci de mettre en œuvre les standards minimums du BEPS, le moment pourrait être opportun pour moderniser la Convention. Le processus par lequel une juridiction peut faire part de difficultés à obtenir l’accord d’une autre juridiction pour modifier une convention existante afin de mettre en œuvre le standard minimum devrait également être examiné dans le cadre du réexamen en cours de la méthodologie des examens par les pairs. Notes 1 La Convention de la CARICOM prévoit une imposition à la source quasi-exclusive de tous les revenus, gains et bénéfices. Par ailleurs, certains revenus, les dividendes par exemple, sont entièrement exonérés d’impôt en application de cette convention. PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 20  4 Conclusion et prochaines étapes L’examen par les pairs de 2020 montre que l’IM, principal outil utilisé pour appliquer le standard minimum, commence à produire un effet important et vient désormais renforcer le réseau de conventions fiscales bilatérales des juridictions qui l’ont ratifié. L’examen par les pairs de cette année révèle toutefois que le standard minimum établi au titre de l’Action 6 n’est pas appliqué de façon homogène et, en particulier, qu’il existe une nette différence, en termes de progression dans la mise en œuvre du standard minimum, entre les juridictions qui ont ratifié l’IM et celles qui ne l’ont pas ratifié. Il montre surtout que les juridictions qui n’ont pas signé ou ratifié l’IM n’ont encore généralement que très peu voire nullement progressé dans l'application du standard minimum. L'examen par les pairs de 2020 met en évidence le fait que la ratification de l’IM est un outil efficace pour les juridictions souhaitant appliquer le standard minimum au moyen de la règle COP. Il révèle également des lacunes dans la couverture de l’IM car certaines conventions de signataires ou de parties à l’IM ne sont ni couvertes par l’IM, ni soumises à des renégociations bilatérales. Au total, plus de 500 conventions conclues entre des juridictions membres du Cadre inclusif ne seront pas modifiées à ce stade par l’IM parce qu’un partenaire soit n’a pas notifié la convention aux fins de l’IM, soit n’a pas signé l’IM. Enfin, l'examen par les pairs de 2020 recense les juridictions qui n’ont que très peu progressé, voire nullement progressé, dans la mise en œuvre du standard minimum et ce, afin que ces dernières puissent recevoir le soutien dont elles ont besoin. En règle générale, ces juridictions n’ont pas signé l’IM ou n’ont pas intégré de mesures de lutte contre le chalandage fiscal dans leurs conventions. L’examen par les pairs de 2020 et les questions de mise en œuvre qui sont soulevées apportent un éclairage précieux pour le réexamen en cours de la méthodologie de l’examen par les pairs. Prochaines étapes pour certains membres du Cadre inclusif L’examen par les pairs de cette année contient d’autres informations sur les progrès accomplis par certaines juridictions s’agissant la mise en œuvre du standard minimum. Ces informations pourraient aider les juridictions à identifier clairement les prochaines étapes à court terme pour la mise en œuvre du standard minimum. Celles-ci pourraient notamment consister à ratifier l’IM, pour les signataires ne l’ayant pas encore fait, à combler les lacunes dans la couverture de l’IM ou à établir un plan de négociation pour la mise en œuvre du standard minimum. Prochaines étapes pour le Cadre inclusif La mise en œuvre du standard minimum continuera à faire l'objet d'un suivi et, comme mentionné dans les Documents pour l’examen par les pairs, la prochaine session d’examen par les pairs débutera au cours du premier semestre de l’année 2021. PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021  21 Conformément au paragraphe 14 des Documents pour l'examen par les pairs, la méthodologie pour l’examen de la mise en œuvre du standard minimum sera réexaminée à la lumière des enseignements tirés de l’expérience acquise au cours des trois premiers examens par les pairs réalisés en 2018, 2019 et 2020. Au moment de la rédaction du présent document, la révision de la méthodologie était en cours d’examen par le Groupe de travail n°1 et nous pouvons penser que l’examen par les pairs de 2021 sera conduit selon une méthodologie révisée que les membres du Cadre inclusif auront la possibilité d’approuver au premier semestre 2021. Rappel des faits concernant le standard minimum établi par l’Action 14 du BEPS et le mécanisme d’examen par les pairs Contexte de l’examen par les pairs Ces dernières décennies, les conventions fiscales bilatérales, conclues par la plupart des juridictions dans le monde, ont permis d’empêcher une double imposition préjudiciable et de lever les obstacles aux échanges internationaux de biens et de services, ainsi qu’aux mouvements de capitaux, de technologies et de personnes. Néanmoins, ce réseau étendu de conventions fiscales a aussi donné lieu à des mécanismes de « chalandage fiscal ». Ainsi que l’explique le rapport final sur l’Action 6, le chalandage fiscal désigne habituellement le fait pour une personne de tenter de bénéficier indirectement des avantages prévus par une convention conclue entre deux États sans être résident de l’un de ces États1.
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2016ANGE0085_10
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
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L’approche du texte littéraire de langue française en contexte universitaire égyptien. : Quelle place pour le sujet lecteur ?
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Les plus modérés craignent, selon Bettega (2013 : 154), un risque de « formatage » dans les productions des apprentis écrivains (écrivants ?) vu leur soumission aux mêmes directives de l’animateur, ce qui risque de brimer leur créativité. De toute façon les idées d’inspiration et de prédisposition naturelle ont la vie dure et constituent l’une des premières entraves à la créativité littéraire. Autre que le don et les facilités qu’on aurait naturellement, certains pensent qu’écrire c’est transcrire ce qu’on a déjà en tête. Neumayer penche plutôt pour l’idée contraire : « c’est à partir d’un manque ressenti que nous écrivons, et non à partir de ce que nous savons et disons déjà. » affirme-t-il (2013 : 86). Parfois, on se lance dans un projet d’écriture sans en connaître l’issue et le résultat obtenu est pour le moins surprenant. « Si écrire n’était que transcrire, quelle place resterait-il pour tous ceux qui prétendent ne pas avoir de pensée propre, ne rien avoir à dire, ne rien avoir vécu qui mériterait que l’on s’y attarde ? » se demande Neumayer (2003 : 87). Aux principaux présupposés cités ci-dessus s’ajoute un dernier qui se rapporte à la formation des enseignants qui ne prête pas à la pratique artistique de la littérature vu que cette dernière demande des compétences et un investissement de la part de l’enseignant qui dépassent un cours de littérature traditionnel : « (...) certains animateurs ne sont, selon moi, pas assez outillés. J’en connais qui n’ont aucune formation, qui n’écrivent pas, qui n’ont guère lu, j’en connais qui n’ont pas les compétences minimales pour animer un groupe, et d’autres qui en sont encore à raturer les pages de rouge ou à « forcer » l’écriture des participants » s’indigne Kavian (2007 : 23) Ainsi, Houdart-Merot (2013 : 20) se demande-t-elle pertinemment si l’enseignantchercheur de littérature et le didacticien sont les mieux placés pour animer les ateliers RAGAB ALI ZAGHLOUL Dalia | L’approche du texte littéraire de langue française en contexte universitaire égyptien. Quelle place pour le sujet lecteur ? 149 d’écriture dans le cadre universitaire, et s’il existerait des moyens incontournables pour être aptes à animer ce genre d’ateliers. Cependant, Séoud voit qu’il ne s’agit là que de prétextes qui ne peuvent expliquer vraiment l’évincement de la pratique de la littérature au profit de son commentaire. Si on l’a voulu, on aurait pu former les enseignants aux ateliers d’écriture, combattu les présupposés de don, de prédisposition et de manque de sérieux. Selon lui, les vraies raisons du paradoxe sont beaucoup plus profondes et résident dans « le caractère « institutionnel » de l’Ecole [et] sa dimension (...) d’appareil idéologique d’Etat » (Séoud, 1997 : 160). Privilégier la lecture à l’écriture revient à privilégier la réaction à l’action, la réponse à l’initiative : « Dans l’enseignement de la littérature, ce qui intéresse l’école en tant qu’institution c’est de former non de grands écrivains mais de « bons » lecteurs, parce que les bons lecteurs, ce sont ces « bons » citoyens qui permettent à l’ordre établi de se reproduire, et aux valeurs dominantes de se perpétuer. (...) l’école a fait le choix de la lecture aux dépens de l’écriture vraisemblablement parce qu’elle peut mieux contrôler la première que la seconde (...). Bref l’école a fait le choix, sans doute lucide, de ne programmer que ce qui est « programmable » » (Séoud, 1997 : 161) 3. Pourquoi introduire des ateliers d’écriture littéraire dans les départements de Lettres ? 3.1. Répondre au désir d’écrire : Les ateliers d’écriture littéraire ne doivent pas for cément avoir pour objectif de former des écrivains et ne sont pas uniquement destinés aux apprentis écrivains mais pour répondre à un désir d ’écrire que peut éprouver tout un chacun. Séoud souligne que dans le contexte d’apprentissage d’une langue étrangère, ce désir peut être encore plus vif et pleinement justifié : « on comprend qu’un apprenant en FLE par / exemple, qui n’aime pas forcément apprendre à disserter, à analyser un texte, puisse aimer, davantage en tout cas, apprendre à écrire et à créer lui-même des textes » (1997 : 162-163). En dehors des obligations scolaires, il arrive rarement qu’un étudiant s’amuse à rédiger une dissertation ou le commentaire composé d’un texte littéraire ; mais il est plus fréquent d’en trouver qui s’amusent à s’essayer d’écrire le texte même : on préfère normalement écrire qu’écrire sur, s’essayer à un genre littéraire que d’en faire l’analyse critique. 3.2. Passer à l’acte : En répondant au désir d’écrire des étudiants, l’atelier d’écriture littéraire leur permet de dépasser « l’intimidation fascinée devant l’Ecriture avec un grand E » (Roche et al, 1998 : 2), celle des écrivains, les « vrais », inimitables et imbattables dont l’image écrasante empêche de passer à l’acte, de s’essayer à un domaine réservé aux « inspirés ». De simples consommateurs, ils deviennent, en quelque sorte, producteurs. 3.3. Enseigner quelque chose c’est apprendre à le faire : Quand enseigner le dessin consiste à dessiner, enseigner la musique à jouer, les mathématiques à calculer et la chimie à expérimenter, bref à pratiquer concrètement ces diverses disciplines, enseigner la littérature exclut la pratique de cette dernière au profit de sa critique. L’apprentissage de la littérature se réduit ainsi à l’apprentissage de son interprétation critique. Séoud, à la suite de Todorov (1971) et de Ricardou (1977), dénonce « la béance pédagogique entre procès de compréhension et procès de production, entre discours sur la littérature et pratique de la littérature » d’où le paradoxe de l’enseignement littéraire « qui ne consiste jamais à enseigner la littérature (1997 : 163-164) 3.4. Modifier le rapport à l’apprentissage : L’écriture inventive permet de dépasser le simple apprentissage d’une langue à son usage comme « outil de jeu, de plaisir et de partage » (Bara et al, 2011 : 39). Le caractère souvent obligatoire de l’apprentissage d’une langue cède la place au plaisir source indéniable de motivation. Nombreux sont les animateurs d’ateliers d’écriture qui affirment que les participants sont souvent surpris par le résultat, surpris par un potentiel de créativité dont ils ignoraient jusque l’existence. Nous rapportons le témoignage de Neumayer à propos des ateliers d’écriture : « J’ai ainsi pu mesurer à chaque fois quel élément formidable ils (les ateliers d’écriture) représentaient pour modifier les représentations des participants sur la langue et les textes aussi bien que sur leurs propres capacités à s’approprier l’écrit. J’ai également observé que cela n’était possible que parce que s’instaurait en atelier un climat d’écoute et de partage aux antipodes des relations scolaires habituelles de jugement et de compétition » (2003 : 11) Ce climat qui caractérise un atelier d’écriture a également l’avantage, selon Bara, de lever « la barrière affective qui freine tout apprentissage » (2011 : 40). Cependant, il conviendrait de modérer l’optimisme car si l’imagination et la créativité sont RAGAB ALI ZAGHLOUL Dalia | L’approche du texte littéraire de langue française en contexte universitaire égyptien. Quelle place pour le sujet lecteur ? 151 normalement source de motivation pour les apprenants, elles sont parfois perturbatrices surtout lorsqu’elles ne sont pas habituelles : « Beaucoup pensent qu’apprendre, c’est « sérieux » et que la créativité, ce n’est pas apprendre. Il arrive aussi qu’une activité échoue, soit parce que les participants n’ont pas trouvé l’inspiration, soit parce qu’ils n’ont pas réussi à se libérer des contraintes d’apprentissage ou à trouver un intérêt personnel à l’exercice proposé. » (Bara et al, 2011 : 46) 3.5. Modifier le rapport à la littérature L’atelier d’écriture littéraire est une autre approche de l’enseignement littéraire, une manière différente moins « traditionnelle » d’aborder le texte littéraire : « L’atelier est un laboratoire, un terrain d’expérimentation. Un lieu, parmi tant d’autres, pour prendre les risques d’écrire, pour goûter au plaisir de la création, avec des mots, les siens, trop souvent enfouis. Une occasion de se surprendre, de découvrir l’écriture autrement, de faire émerger son style, de trouver la singularité de son écriture. » (Houdart-Merot, 2013 : 50) Utiliser le texte littéraire comme support introducteur à l’écriture et non uniquement comme objet d’analyse modifie le rapport au texte et permet, selon Houdart-Merot, « une réelle interaction entre lecture et écriture et rend la lecture beaucoup plus féconde. » (2003 : 51) 3.6. Articuler écriture et lecture : L’écriture est une pratique « organiquement liée » à la lecture pour reprendre l’expression de Séoud (1997 : 164) qui parle même d’un concept fondateur « lectureécriture » (1997 : 174) tellement la réussite de l’une comme de l’autre dépend de la manière dont elles sont articulées entre elles. L’atelier d’écriture littéraire permet de dépasser la séparation « théoriquement contestable et pédagogiquement condamnable » (1997 : 165) entre pratique d’écriture et pratique de lecture. Ecrire en atelier permet de lire autrement, de porter un intérêt particulier à ce qu’on lit, de le voir d’un nouvel œil, voire d’accroître le désir de lire. Ce changement dans le rapport à la lecture est un objectif que l’on passe souvent sous silence, selon Kavian (2007 : 23), malgré son évidence. Une évidence partagée par Séoud pour qui « l’accès au " textuel " passe par la pratique réelle d’une production scripturale » (1997 : 165) et vice versa, puisqu’il est plus facile à admettre que la lecture prépare le terrain à l’écriture. De simple consommateur, le lecteur se transforme en producteur de textes, ce qui en fait par la suite un meilleur « consommateur ». L’indissociabilité de la lecture et de l’écriture s’illustre par le rapport qu’entretiennent, par exemple, le structuralisme et les exercices d’écriture à caractère ludique : « Ces jeux se sont développés (...) à la faveur de la mouvance structurale, dont ils découlent directement. Or l’on sait que les lectures structurales, au nom de l’irréductible exigence d’objectivité, de la sacro-sainte idée d’immanence du texte, se cantonnent dans des analyses formelles, poussant la rigueur jusqu’à l’équation mathématique, mais repoussant tout discours sur la place du sujet et son rapport au monde, toute référence du texte au réel : on voit bien enfin comment cette position de lecture pourrait donner lieu à des formules d’écriture – celles des jeux poétiques – qui en seraient le simple corollaire » (Séoud, 1997 : 174) 3.7. Articuler langue et littérature : L’interaction lecture/écriture que permet l’introduction de l’écriture littéraire inventive dans le cours traditionnel de littérature conçu uniquement comme cours de lecture est doublée d’une interaction langue/littérature presque inexistante à cause du clivage entre les cursus universitaires de lettres et de linguistique. L’atelier d’écriture littéraire permet de dépasser ce clivage en sa qualité de « cadre privilégié pour explorer la langue à travers l’écriture » : « L’écriture littéraire (...) suppose une activité métalinguistique. Les ateliers universitaires donnent en effet la possibilité de travailler sur cette fonction métalinguistique inhérente au langage, non pas à partir de la lecture, mais à partir des pratiques d’écriture des étudiants, donnant lieu dans un deuxième temps à une posture réflexive, à une observation des processus de langage qui ont été mobilisés dans le texte produit.» ((Houdart-Merot, 2013 : 51) En fait, écrire donne accès au fonctionnement interne des textes mieux que l’analyse théorique seule et permet une meilleure sensibilisation aux processus langagiers mis en œuvre dans un texte littéraire. 4. Déroulement : Généralement les ateliers d’écriture créative ne partent pas du vide. Les propositions prennent appui sur des textes modèles ou textes – références que l’on imite, transforme, parodie, etc. Les pratiques sont diverses selon les strates du texte auxquelles elle touche : « strate générique, énonciative, stylistique, ... » (BiseniusPenin, 2013 : 93) RAGAB ALI ZAGHLOUL Dalia | L’approche du texte littéraire de langue française en contexte universitaire égyptien. Quelle place pour le sujet lecteur ? 153 Cert aines propositions à caractère ludique servent à débloquer le participant et à lui faire apprendre à manier le verbe , elles peuvent ou non prendre appui sur un texte de référence, d’autres stimulent l’imagination, les sens ou la mémoire et demandent juste une écriture spontanée et d’autres encore exigent un travail plus élaboré et la maîtrise de techniques précises. 4.1. L’écriture à caractère ludique : L’intérêt du jeu provient du fait qu’il définit des règles qui entraînent une sorte de compétition, qui entraîne à son tour l’investissement personnel des apprenants. L’écriture créative ludique s’inspire des ateliers d’écriture du type oulipien proposant des exercices d’écriture à contraintes. L’idée est de créer des textes en prenant appui sur des contraintes formelles comme les auteurs de l’Oulipo60 ou sur des techniques aléatoires. « Le rôle de l’animateur consiste à chercher des « situations porteuses » de surprise, des contraintes déroutantes, afin d’emmener les participants sur des pistes qui ne sont pas traditionnellement les leurs. On joue avec les mots, les situations : on crée des situations incongrues ou fantaisistes qui stimulent l’imagination ; on transforme des situations banales. » (Pimet, 1999 : 66) 4.1.1. La contrainte : L’écriture de type ludique fonctionne essentiellement avec des contraintes formelles. Bara définit la contrainte comme « un obstacle dont le contournement nécessaire débloque la créativité » (2011 : 65). Face à une contrainte et afin de pouvoir la surmonter, l’apprenant fait appel à des tournures lexicales et syntaxiques qu’il n’utilise pas habituellement, voire dont il n’avait même pas la conscience de connaître ; il se découvre des capacités insoupçonnables en matière d’imagination. La contrainte peut être purement formelle : graphique, syntaxique, lexicale, phonétique mais aussi plus sophistiquée comme les contraintes générique, sémantique, symbolique, etc.61 a) La contrainte débloque : La contrainte aide à surmonter l’angoisse devant la page blanche. Quand l’inspiration fait défaut, que le silence s’installe, la contrainte débloque. Quand on n’arrive pas à aller de l’idée au mot, on va du mot à l’idée. « Qui de nous n’a pas éprouvé l’angoisse 60 OUrvoir de LIttérature Potentielle, mouvement co-fondé en 1960 par Raymond Queneau et François Le Lionnais, est composé d’écrivains et de mathématiciens qui ont trouvé dans la contrainte un puissant stimulant pour la création. Le mouvement comprend de grands écrivains comme Georges Perec, Italo Calvino,... 61 Le site de l’Oulipo propose un index des contraintes inventées par les Oulipiens : http://oulipo.net/fr/contraintes RAGAB ALI ZAGHLOUL Dalia | L’approche du texte littéraire de langue française en contexte universitaire égyptien. Quelle place pour le sujet lecteur ? 154 de la page blanche, se demande Roche, qu’il s’agisse d’une rédaction à l’école, d’un texte dit libre, ou d’une tentative pour répondre à l’injonction paradoxale « Soyez spontané ! » la « liberté » qui nous est ainsi offerte – imposée ? – n’a pour effet, le plus souvent, que de nous paralyser. » (Roche et al, 1998 : 7) b) La contrainte stimule : Loin de décourager, les contraintes stimulent donc et permettent d’écrire alors que l’on pensait ne jamais y parvenir et n’avoir rien à dire. La consigne est lancée à l’apprenant comme un défi qu’il s’agit de relever ce qui est de nature à le motiver. c) La contrainte libère : En manque d’inspiration, certains écrivains confiaient s’imposer des contraintes pour faire démarrer leurs textes : « au fond, je me donne des règles pour être totalement libre » dit Georges Perec (cité par Bara et al. 2011 : 19), vu que la liberté totale paralyse parfois. Le paradoxe n’est donc que de façade parce que la contrainte, en permettant de sortir du vocabulaire habituel, de dépasser les discours convenus et les automatismes langagiers, libère l’imaginaire et stimule la créativité. Pour contourner la contrainte, on invente des mots, on joue avec la ponctuation, ... bref, on puise dans son imagination. « Le jeu incite (...) à aller puiser dans son imagination des mots de vocabulaire, des formules atypiques que l’on ne convoquerait pas sans lui » (Bara et al, 2011 : 64) d) La contrainte est une pratique de l’anti hasard : Toute tentative de définition de la littérature potentielle insiste sur son caractère « anti aléatoire » comme cette triple anti-définition que se donne l’OuLiPo (la littérature potentielle, p.8) : ce n’est pas un mouvement littéraire, ce n’est pas un séminaire scientifique, ce n’est pas de la littérature aléatoire. Queneau fait le point sur la différence entre le pur hasard et le hasard né de la contrainte : « Une autre bien fausse idée qui a également cours actuellement, c'est l'équivalence que l'on établit entre inspiration, exploration du subconscient et libération, entre hasard, automatisme et liberté. Or cette inspiration qui consiste à obéir aveuglément à toute impulsion est en réalité un esclavage. Le classique qui écrit sa tragédie en observant un certain nombre de règles qu'il connaît est plus libre que le poète qui écrit ce qui lui passe par la tête et qui est l'esclave d'autres règles qu'il ignore. » (Le Voyage en Grèce, 39) Dalia | L’approche du texte littéraire langue française en contexte universitaire égyptien. Quelle place pour le sujet lecteur ? 155 La contrainte est génératrice d’incertitude qui génère à son tour la création. Cette dernière est donc fille de la contrainte et non du pur hasard. Les exercices d’écriture à contraintes présentent l’avantage d’être parfaitement exploitables à tous les niveaux, en prenant soin de varier les contraintes et de les échelonner des plus simples pour les niveaux élémentaires aux plus sophistiquées et complexes pour les niveaux avancés. 4.1.2. Apprivoiser les mots en premier : Les exercices ludiques varient entre des exercices purement formels qui servent juste à sensibiliser à la matérialité de la langue, à travailler le signifiant et d’autres qui allient au travail sur le signifiant « la contrainte d’un feed-back sémantique » (Séoud, 1997 : 173). Ils ont l’avantage, les uns comme les autres, d’ « apprivoiser le mot » avant d’aborder « le texte » : A tous ceux que nous avons rencontrés lors des stages, disant leur difficulté à se projeter dans l’univers de l’écrit et de l’écriture, notre réponse a toujours été qu’avant de penser « texte », il faut apprivoiser les mots. Les mots nous contraignent et nous libèrent. Ils sont souffrance et bonheur, retour sur le passé et promesse de l’avenir ; la meilleure et la pire des choses. Il faut jouer avec, et finalement, on se surprend à les aimer. » (Neumayer, 2003 : 85) Nous retenons quelques exercices dont certains sont directement inspirés des contraintes proposées par l’OuLiPo : Le lipogramme : il s’agit d’écrire un texte en éliminant une lettre comme dans La disparition de Perec. la boule de neige : il s’agit de composer une phrase la plus longue possible en commençant par un mot d’une seule lettre, puis deux, puis trois et ainsi de suite. L’homosyntaxisme : il s’agit de composer un texte en respectant une certaine structure syntaxique : VVSSSASSVVSSSASVVVVSAVVSSASSV ( V verbe, S substantif, A adjectif) en intercalant les articles, prépositions et conjonctions dont on a besoin. Dans ces quatre exercices, il s’agit de construire des textes sans se préoccuper du sens mais juste en respectant une contrainte précise. Les suivants, par contre, exigent un travail sur le signifié : L’anadiplose : écrire un texte en veillant à commencer chaque phrase par le dernier son (ou la dernière syllabe) de la phrase précédente. RA ZAGHLOUL Dalia | L’approche du texte littéraire de langue française en contexte universitaire égyptien. Quelle place pour le sujet lecteur ? 156 Tautogramme : est « un poème dont tous les vers commencent par la même lettre, ou d’un vers dont tous les mots commencent par la même lettre » (Roche, 12). L’enseignant peut suggérer aux apprenants de se servir d’un dictionnaire pour faire leur « stock » de mots de toutes catégories commençant par la même lettre puis de les combiner en réduisant au minimum l’emploi de mots outils commençant par d’autres lettres. Poème anaphorique : est un poème qui reprend le même mot ou expression au début de chaque vers. L’enseignant peut suggérer aux apprenants de jouer avec les formes grammaticales en faisant suivre l’anaphore de diverses conjonctions de coordination ou d’autres classes grammaticales et fonctions syntaxiques telles que les adjectifs, participes présent ou passé, compléments de temps ou de lieu. (Blaise Cendrars, Iles, au cœur du monde) Certains exercices visent des productions plus importantes. Nous en retenons deux exemples : Le logo-rallye Le logo-rallye est un exercice consistant à écrire un texte dans lequel apparaît obligatoirement dans l’ordre, une liste de mots donnée à l’avance. Dans Exercices de style, Queneau ajoute un défi : « aussi hétéroclite que possible ». L’animateur propose plusieurs listes de mots, chaque participant en choisit une, laisse résonner les mots en lui puis rédige un texte par lequel il essaiera de restituer autant que possible l’atmosphère que lui a suggérée la liste de mots. Si les participants s’y prennent mal, l’animateur peut prévoir un assouplissement de contrainte en leur permettant de ne pas respecter l’ordre dans lequel les mots ont été donnés. Odile Pimet (1999 : 70) propose une variante à cet exercice : tout comme on peut faire « cohabiter des éléments disparates dans une histoire improbable », on peut également proposer des mots provenant d’un texte existant, puis le donner à lire après le temps d’écriture. Une rencontre en combinatoire : Il s’agit de créer une histoire de rencontre entre deux personnages avec des données imposées ; tout en prenant soin de justifier ces données par l’établissement de liens logiques. Pimet (1999) s’inspire d’une contrainte que Perec s’est imposée, entre autres, pour la rédaction de son chef d’œuvre La vie mode d’emploi ; l’auteur a utilisé une figure mathématique dite « bi-carré latin», d’ordre dix dans son cas, pour distribuer et combiner les éléments classés par catégories en fiches. Le projet de Pimet se fait plus modeste, elle se contente d’un bi-carré d’ordre 2 pour attribuer un certain nombre d’attributs classés en deux séries à deux personnages ; les éléments constituant les RAGAB ALI ZAGHLOUL a séries d’attributs sont : l’allure, d’où il /elle vient, ce qu’il /elle a, le lieu de rencontre ; ces éléments peuvent être attribués à l’un des deux personnages au choix, le tout s’insérant dans une histoire plus ou moins vraisemblable où tout se justifie. Manipuler des textes déjà existants : Certaines propositions d’écriture ludique consistent juste à manipuler un texte déjà existant : La méthode s+7 : prendre un texte et procéder au remplacement d’une catégorie de mots (substantifs / verbes / adjectifs) par le 7ème de la même catégorie leur succédant dans le dictionnaire. Emprunter une phrase : Bara (2011) propose dans Ecritures créatives un exercice consistant à emprunter quelques phrases d’un écrivain, en l’occurrence Quelques-uns des cent regrets de Philippe Claudel. L’exercice consiste à repérer tous les éléments se rapportant à l’Asie et de les substituer par d’autres. Les participants garderaient ainsi le « squelette » du texte en remplaçant tous les noms de fleuves, pays, animaux, bruits, couleurs, etc. par d’autres pour obtenir un nouveau texte greffé sur le premier. La chimère : cette créature fantastique et hybride avec une tête et un corps qui ne se correspondent pas a donné son nom à un exercice qui consiste à allier deux textes de deux écrivains différents. Roche (29-30) suggère de faire usage de la syntaxe de l’un et du vocabulaire de l’autre et de les combiner pour obtenir un texte insolite. Le centon ou Kodak : consiste à composer un texte généralement poétique en puisant dans des écrits antérieurs. Pour construire son texte, le participant doit recopier en organisant des fragments de vers ou phrases de textes antérieurs. Son invention ne consistera donc pas à créer du nouveau, mais à agencer entre eux de façon nouvelle des fragments d’autres auteurs. Bara et al, dans Ecritures créatives, proposent plusieurs stratégies d’emprunt possibles : la stratégie du chiffre, du hasard et du thème. La première consiste à choisir un chiffre entre un et dix, soit cinq et de prendre la cinquième phrase ou vers de la 5ème page puis de la 15ème, etc. la deuxième stratégie consiste à ouvrir le livre au hasard pour recopier la première phrase ou finalement choisir un thème comme la description d’un lieu par exemple et ne retenir que les fragments de vers ou de phrases qui s’y rattachent. De leur côté, Roche et al. proposent de réunir les fragments de vers de préférence classiques par leurs rimes. L’objectif est non de produire des textes de qualité mais juste de manipuler autrement les textes des grands auteurs tout en s’amusant : « amusez-vous à " fabriquer " un petit poème de votre cru en puisant sans vergogne dans le stock des poètes français les plus consacrés. Si votre poème n’est pas un chef d’œuvre, il vous aura au moins appris RAGAB ALI ZAGHLOUL Dali a | L’approche du texte littéraire de langue française en contexte universitaire égyptien. Quelle place pour le sujet lecteur ? 158 une autre forme de manipulation des textes, et peut-être une autre forme de lecture » (Roche, 1998 : 33). 4.1.3. Des je ux sans enjeux ? Les résultats des jeux poétiques dépassant généralement ce qui était prévu en termes d’originalité et d’imagination redonnent confiance aux apprenants, décrispent les grands timides, suscitent le plaisir et la bonne humeur en classe. Cependant, ils restent majoritairement des exercices purement formels qui s’apparentent plus au jeu qu’à l’écriture et qui à la longue peuvent devenir source de lassitude : « Si ces jeux peuvent susciter un certain plaisir langagier, sans doute favorable à la poétique de la poésie, cela ne va pas plus loin : ils ne permettent pas un / investissement de soi du sujet, ne s’ouvrent pas à ses émotions, à ses désirs : on s’en lasse très vite, comme on se lasse de tout jeu sans enjeux. » (Séoud, 1997 : 172-173) Les jeux poétiques constituent juste un bon départ. Dépasser les jeux pour une écriture à enjeux, chercher « au-delà des cadavres exquis, le sang du poème » (Georges Jean cité par Séoud, 1997 : 172), aller au-delà du plaisir immédiat s’avère nécessaire au bout d’un moment ; ceci en prenant « le parti de l’écriture » celle qui « implique tout l’être du sujet et son rapport au monde » (Séoud, 1997 : 173), qui lui permet d’exprimer ses émotions, de déployer sa mémoire, son imaginaire, de tirer parti de la manière avec laquelle il appréhende le monde. 4.2. Après le verbe ? Une fois le mot apprivoisé, il est temps d’apprivoiser ce dont il est porteur : « En fréquentant les mots, nous pouvons renouer avec ce dont ils sont porteurs pour nous : souvenirs, expériences, projets, images, imaginaire. En les combinant, en les dépliant, nous produisons des textes. (...) En écrivant, nous nous autorisons à construire une pensée, portée par nos récits, notre imagination » (Neumayer, 2003 : 85) Il est question d’aider les apprenants à exercer leur imagination et à puiser dans leur mémoire pour ne pas se trouver démunis devant un texte à écrire. 4.2.1. Le travail de l’imagination : Neumayer propose un exercice d’écriture collective d’un poème rien qu’avec des verbes à l’infinitif. Il s’agit de trouver des verbes qui correspondent au titre donné comme « parler » ou « déménager ». Pour ce dernier, on pourrait, par exemple, trouver « cartonner, recoller, ficeler, scotcher, trier, jeter, déplacer, casser, transporter, suer, protéger, envelopper, nettoyer trier, ... » (2003 : 141) Bien que l’ayant proposé parmi sa gamme d’exercices à caractère ludique, nous voyons dans l’exercice que Pimet a baptisé « la demande d’augmentation » (1999 : 87-89) un secours à ceux qui sont à court d’idées et qui manquent d’imagination. L’exercice consiste à choisir une situation puis à envisager toutes les possibilités relatives à toutes les étapes. On peut se servir d’un organigramme à la manière de Perec dans L’art et la manière d’aborder son chef de service pour lui demander une augmentation (cf. Pimet, 1999 : 87-89) Pour venir au secours des apprenants qui manquent d’imagination, l’animateur peut les faire partir sur des associations libres ; ceci en leur proposant un mot à partir duquel ils seront amenés à écrire par enchaînement d’idées : mots de la même famille, expressions imagées, puis rêver à partir de ces mots. Les apprenants auront ainsi un « stock » dans lequel ils pourront puiser pour écrire leurs textes. Les apprenants peuvent exercer leur imagination également à partir des incipits des ouvrages littéraires : l’enseignant en propose plusieurs, de préférence d’ouvrages non lus par ses apprenants, chacun d’eux en choisit un qu’il laisse raisonner en lui avant de partir sur une ébauche d’histoire. Les démarrages de récit ainsi obtenus peuvent servir plus tard à des exercices plus sophistiqués. Relater une scène vécue de deux points de vue différents : en fait, l’exercice de réécriture d’une scène d’un autre point de vue est souvent proposé lors des ateliers d’écriture littéraire et consiste à relater différemment une scène tirée d’un ouvrage littéraire en changeant de focalisation. Nous y reviendrons plus loin, mais nous en proposons ici une version qui ne prend appui que sur l’imaginaire de l’apprenant : nous retenons à cet effet deux exercices proposés par Pimet : o « Une soirée par quelqu’un qui connaît tout le monde et par quelqu’un qui « débarque » ; la perception des personnages de ce moment est simultanée et ils se voient, se rencontrent, plus ou moins à votre gré ; o Un lieu qui ne porte pas les mêmes connotations pour l’un et l’autre : un café, un coin de rue qui représente pour l’un une étape du travail, pour l’autre un lieu de rendez-vous affectif ; leur perception ne sera pas celle du même moment » (1999 :207) 4.2.2. Le travail de la mémoire : Les listes et énumérations dressées à partir de début de phrases qui rythment le texte sont devenues comme le souligne Pimet (1999 : 124) un classique des ateliers RAGAB ALI ZAGHLOUL Dalia | L’approche du texte littéraire de langue française en contexte universitaire égyptien. Quelle place pour le sujet lecteur ? 160 d’écriture : « j’aime ..., je n’aime pas ... » , « je me souviens ... »62 (à la manière de Georges Perec), « je regrette ... », « j’aurais aimé ... », « c’est la dernière fois que ... »etc. ou celles classées par catégories : « choses dégoûtantes », « choses contrariantes », « choses élégantes », « Choses qui font battre le cœur », « Choses sans valeur », etc. (à la manière de Sei Shônagon, Notes de chevet, Gallimard, 1985) ; Liste des peurs de l’enfance (Charles Juliet, L’inattendu, P.O.L, 1992). Ces listes hétéroclites ont l’avantage d’inciter au souvenir, à l’autofiction, voire à la fantaisie, et de libérer l’expression sur les goûts, les choix sans avoir besoin d’interpréter ni d’expliquer, mais aussi sans se soucier de la composition du texte et de son architecture. Bon résume bien les avantages des inventaires qui justifient leur grand succès auprès des animateurs et des participants aux ateliers d’écriture : « Les inventaires ont deux qualités : la première, c’est de ne pas en appeler à l’imaginaire mais à la mémoire effective, disponible, et donc de pouvoir lancer l’écriture sans créer de peur particulière sur ce qu’on a à dire : chacun dispose d’un matériau énorme et très riche, dont le mot même d’inventaire suppose la préexistence. La seconde qualité est moins apparente, mais plus essentielle : la coupe, d’un item à l’autre de l’inventaire, entraîne que la phrase ne s’interroge pas sur ce qui la précède et ce qui la suit. » (Bon, 2000 : 23) Néanmoins, le résultat peut être poétique, comme le poème de Perec « De la difficulté qu’il y a d’imaginer une cité idéale », (Penser / classer, Hachette, 1985) dont le canevas fort simple est rien qu’un inventaire : « Je n’aimerais pas vivre en Amérique mais parfois si Je n’aimerais pas vivre à la belle étoile mais parfois si J’aimerais vivre vieux mais parfois non » 62 En voici un bref extrait : 2 Je me souviens que mon oncle avait une 11CV immatriculée 7070 RL2. 110 Je me souviens de Paul Ramadier et de sa barbiche. 211 Je me souviens d'un fromage qui s'appelait "la Vache sérieuse" ("la Vache qui rit" lui a fait un procès et l'a gagné). Dans le même esprit, Georges Perec avait entrepris un projet resté inachevé auquel il a donné le titre Lieux où j’ai dormi, et dont des fragments ont été publiés de son vivant. Comme son titre l’indique, le projet se propose d’être un inventaire exhaustif de tous les endroits où l’auteur avait dormi dans le but de « mettre en branle un vaste travail mémorial » (Constantin, 2007). L’objectif avoué est partir du travail de la mémoire pour aboutir à une écriture autobiographique. Les éclats de souvenirs ramènent à la surface de la mémoire d’autres bribes encore qui, une fois bien organisées et classées peuvent donner lieu à un vrai projet autobiographique. Ceci nous mène à la question du vécu personnel de l’apprenant et de la possibilité et des limites d’y puiser dans un atelier d’écriture. Bon (2000 : 10) est favorable au fait de laisser l’apprenant choisir librement dans son vécu sans pour autant atteindre le dévoilement total ; la fiction comblera les vides et les non-dits. Jongler avec le réel et le fictif est également le parti pris de Pibarot : « on peut imaginer des personnages et leur attribuer des autobiographèmes, comme on peut à l’inverse faire semblant de parler de soi et affabuler » (2013 : 180). Il trouve dans cette posture autofictionnelle une double solution pour les personnes qui sont à court d’imagination et ne peuvent donc écrire qu’à partir d’expériences vécues et celles, au contraire qui n’aiment rien dévoiler de leur vécu. Il en conclut « qu’il fallait se centrer sur le texte et que peu importait l’endroit où chacun plaçait le curseur qui va du pur récit de soi à la création imaginaire. » (2013 : 180). 4.2.3. Le travail des sens : Perceptions d’enfance : Dans son livre L’atelier d’écriture, Roche (1998 : 112-113) propose un exercice qui s’appuie sur les perceptions et non les souvenirs d’enfance. Plutôt que d’évoquer les souvenirs de l’adulte que l’on est devenu, il s’agit d’évoquer les perceptions de l’enfant que l’on a été. Plutôt que de raconter des anecdotes, il s’agit d’évoquer des sons, des odeurs, des saveurs, des peurs, des plaisirs, des couleurs, etc. Plutôt que d’adopter la forme du récit, il s’agit du flash « qui évoque en image, sans trop s’attarder et surtout sans interpréter », car interpréter reviendrait à faire du « souvenir d’adulte reconstruit ». Dans Ecritures créatives, Bara el al. proposent une variante de cet exercice où plutôt un préalable facilitateur : il s’agit de demander aux participants de faire l’inventaire des choses qu’ils aiment ou qu’ils n’aiment pas liées à l’un des 5 sens. Ensuite, ils lisent à haute voix leurs inventaires pour que les autres puissent s’en inspirer. Enfin, chacun évoque en quelques lignes un souvenir d’enfance en privilégiant un sens précis. Pour ce qui est de la vie quotidienne, Roche (1998 : 124) propose un autre exercice pour en saisir ses détails infimes, il s’inspire des haïkus, petits poèmes japonais de trois, cinq vers maximum qui saisissent « la trace fuyante d’un instant de bonheur, d’une pensée mélancolique ». Un haïku ne cherche donc pas à expliquer ou à émouvoir, il se contente de rapporter un instant ou un petit détail de la vie, y compris la plus triviale, « trouver de la poésie » même dans les banalités de la vie qui peuvent passer facilement inaperçues. Sur ma porte de branchages Une perle de rosée Au petit matin. http://www.unhaiku.com/ Fragments du vécu à l’Apollinaire : François Bon (2000 : 42) propose un dispositif d’écriture inspiré d’Alcools d’Apollinaire dont ce dernier se sert pour introduire sa biographie et qui consiste à utiliser le tu par lequel le narrateur s’interpelle lui-même et qui revient comme un refrain au début de chaque phrase pour introduire des fragments de récit. Maintenant tu es au bord de la Méditerranée Sous les citronniers qui sont en fleurs toute l’année [...] Tu es dans le jardin d’une auberge aux environs de Prague Tu te sens tout heureux une rose est sur la table [...] Te voici à Coblence à l’hôtel du Géant Te voici à Amsterdam avec une jeune fille que tu trouves belle et qui est laide Guillaume Apollinaire, « Zone », in Alcools, Mercure de France, 1913. Evoquer un lieu et l’atmosphère qui s’en dégage : L’idée que propose Roche (1998 : 114) est de s’installer dans un endroit « sollicitant », de délimiter un champ de vision avant de commencer à en faire une description minutieuse en ayant recours aux cinq sens : formes, couleurs, odeurs, dispositions et dimensions des objets, bribes de conversations, etc., relire ensuite son texte et se laisser imprégner par ses détails. En dernier lieu, il s’agit de rendre compte de l’atmosphère qui s’est dégagée du texte initial et des sensations que le lieu en question a pu déclencher en soi. François Bon (2000 : 93) propose une variante : le narrateur est immobile. Il note, dans un temps délimité, l’ensemble de ce qui parvient aux cinq sens. Il n’est pas appelé à s’interroger sur le sens de ce qu’il écrit mais juste de noter, « à chaque déclenchement du métronome intérieur », la perception qui lui parvient. Il propose RAGAB ALI ZAGHLOUL Dalia | L’approche du texte littéraire de langue française en contexte universitaire égyptien. Quelle place pour le sujet lecteur ? de faire cet exercice à l’extérieur, « dans un lieu du quotidien, mais du quotidien qui se refuse au langage, ou que la tradition du langage n’a pas atteint. » (2000 : 94) comme un centre commercial, un marché, une place. 4.3. Réécrire des textes existants : Dans son ouvrage Guide pratique de l’écrivain, Jean Guénot conseille le copiage pour vaincre l’angoisse de la page blanche : « que vous vous pensiez incapable d’écrire ou indigne d’entreprendre un livre, le remède est le même : paraphrasez (...). Allez au Louvre, vous y verrez des peintres qui copient des chefs-d’œuvre pour se faire la main. Tout a toujours été dit, pour peu que l’on ait lu (...) Copiez donc à votre mode, avec vos mœurs et selon votre démarche » (1998 : 56-57). En fait, il est plus facile de partir d’un texte préexistant qu’il s’agit de modifier ou de transformer que d’en inventer un. Pour dépanner les apprentis-écrivains, les manuels d’écriture littéraire proposent majoritairement des consignes qui partent d’extraits de romans et de nouvelles avec l’objectif d’y apporter des transformations touchant tantôt le registre, tantôt la focalisation, tantôt la cadre spatio-temporel ou portant même sur la longueur du texte source et les prolongements envisageables. Guénot (1998) propose par exemple un exercice consistant à changer la focalisation de la Vénus d’Ille de Mérimée : la nouvelle ayant pour narrateur un archéologue sera racontée par la Vénus elle-même. Alors que les exercices qui appartiennent à la culture du commentaire (les prolongements fonctionnels comme le commentaire et l’explication) relèvent de la métatextualité, les exercices d’invention prenant appui sur des textes littéraires préexistants (la parodie, le pastiche, l’imitation, la transposition) relèvent de l’intertextualité et de l’hypertextualité.
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2.2 | Fonctionnement de l'écosystème et gouvernance du centre 2.2.1 | Principe de fonctionnement : créer des interactions entre membres pour faciliter leur intégration et pouvoir in fine en sortir Afin de comprendre en quoi le Centre d'innovation de Skolkovo constitue un projet innovant, nous nous sommes attardés sur son fonctionnement pour examiner la manière dont ses différentes entités interagissent entre elles et avec les structures extérieures. Comment les différents acteurs intègrent-ils le centre et comment les participants « en sortent-ils », sachant que leur présence sur le centre ne doit pas excéder dix ans? Nous avons identifié trois niveaux de lecture pour répondre à cette question. –– Des modalités diversifiées d'intégration au centre d'innovation de Skolkovo Une multitude d'acteurs peuvent intégrer le Centre d'innovation de Skolkovo : des jeunes entreprises nationales, des multinationales, des institutions publiques, des acteurs fédéraux et territoriaux, des établissements d'enseignement et de recherche nationaux et internationaux. Dans cette section, nous allons examiner la manière de devenir membre de Skolkovo. - Participants : les participants peuvent intégrer le centre de deux manières, soit par initiative personnelle (en s'inscrivant sur le site du Centre d'innovation de Skolkovo), soit en passant par le programme start-up village ou le start-up tour. La Figure (10) ci-contre montre les étapes d'intégration du centre pour un candidat libre ; Start-up village96 est un programme lancé par la Fondation de Skolkovo qui consiste en l'organisation d'un événement annuel, sous la forme d'un concours qui attire des milliers d'entreprises technologiques, des investisseurs 96 Is Skolkovo real or fake? Startup Vallage challenges visitors to see for themselves. Publié le 2 juin 2016. Disponible à l'adresse suivante : http://sk.ru/ news/b/articles/archive/2016/06/02/is-skolkovo-real-or-fake_3 Partie 2 | La quête d'exceptionnalité confrontée au réel : pourquoi et comment créer du lien? Inscription sur le site du Centre d'innovation de Skolkovo Evaluation du projet par les experts de la Fondation Evaluation du projet par les experts extérieurs mandatés par la Fondation Acceptation ou refus du projet Figure 5 : Les étapes pour devenir participant de Sk Source : Comment devenir membre de Sk et obtenir des subventions, document de présentation du centre. URL : https://pt.slideshare . net/ WNconf/grigoriy-leschenko-skolkovo-foundation et des visiteurs curieux des nouvelles technologies. Cet événement est organisé dans le centre d'innovation et a pour objectif de sélectionner les start-up participantes du centre de Skolkovo. En ce qui concerne le start-up tour, le principe est le même sauf qu'il est organisé dans différentes villes russes. L'objectif est de sélectionner des projets et entreprises innovantes au niveau national pour que ces dernières puissent participer au concours final organisé à Moscou. - Partenaires et investisseurs : ils intègrent le centre via des accords de collaboration mis en place par la Fondation de Skolkovo. Ces accords permettent à ces derniers de participer au développement du Centre à travers la création d'un centre de recherche au sein du Centre d'innovation, par la location de bureaux ou de laboratoires, ou par la mise en place d'un laboratoire de recherche commun, ou encore à travers un investissement dans les start-up ; - Universités et centres de recherches nationaux et internationaux : la Fondation de Skolkovo met en place des accords de collaborations avec les universités et centres de recherche afin de les faire participer à la définition d'une stratégie de développement : présence dans le Conseil scientifique de la Fondation de Skolkovo, participation à titre individuel au développement du Centre, participation au développement ou à l'enseignement dans Skoltech, accompagnement des start-up, création d'une start-up avec des groupes de scientifiques, participation aux séminaires et événements scientifiques de l'université ouverte « OpUS » ; - Etudiants : ils intègrent le Centre par la participation à l'OpUS ou en postulant à Skoltech. Les étudiants peuvent être russes ou étrangers ; - Institutions publiques : les grandes institutions publiques telles que l'Académie des sciences, le Vnesheconombank, RVC ou les différents ministères font partie des membres fondateurs du projet et participent activement au développement scientifique, technologique et économique du centre d'innovation. –– Des outils permettant de créer des interactions entre membres du centre d'innovation Les trois principales és de l'écosystème sont les universités, le Technoparc et la Fondation de Skolkovo. Leurs interactions permettent aux étudiants et aux start-up de bénéficier d'une infrastructure scientifique et technologique (Technopark), d'accéder aux partenaires, d'obtenir des consultations avec des experts et des mentors (Technoparck et Fondation), mais aussi de bénéficier de formations. Ainsi, les universités fournissent à l'écosystème des « talents », des idées et des technologies. Le Technopark et la Fondation avec leurs différents services et programmes permettent le développement et l'accélération des productions innovantes des start-up (Dubinski, 2014). Technopar c Skoltech Fondation de Skolkovo Institutions nationales Mentors Entreprises nationales Entreprises internationales et multinationales Partenaires économiques et investisseurs Interrelations (coopération) Sortie du Centre (les perspectives de développement) Figure 6 : Fonctionnement du Centre d'innovation de Skolkovo Source : Elaboration personnelle. Participation au Centre d'innovation (Integration) Partenaires académiques et scientifiques Centres de recherche nationaux Centres de recherche internationaux OpUS Universités nationales Start-up village / Start-up tour Universités internationales Marchés nationaux 372 Participants Start-up/ entreprise nationale Marchés internationaux Les marchés Fonctionnement du Centre d'innovation de Skolkovo Partie 2 | La quête d'exceptionnalité confrontée au réel : pourquoi et comment créer du lien? 2.2.2 | La gouvernance du centre de Skolkovo La Figure (12) ci-dessous montre les différents niveaux de gouvernance. Structure de contôle Commission (Conseil) de Modernisation Commission Budgétaire - Présidé par V. Poutine (Président de la Fédération de Russie) - Président du présidium : D. Medvedev - Ministère des Finances ; - Ministère de l'Economie et du Développement ; - Ministère de l'Enseignement et de la Recherche ; - Appareil gouvernemental de la Fédération de Russie. Comité des subventions Comité des appels d'offre Structures externes au Centre d'innovation Gouvernance du Centre d'innovation de Skolkovo Structure de gouvernance 373 - Présidé par : D. Medvedev (Président du gouvernement de la Fédération de Russie) - Membres du Conseil : vice-président de l'Académie des Sciences de Russie ; 3 Assistants du Président de la Fédération de Russie ; Vice-Premier ministre de la Fédération de Russie, Ministre de l'Education et des Sciences ; Conseiller du directeur général de l'institution budgétaire fédérale «Fondation pour la promotion des petites entreprises dans le domaine scientifique et technique» ; Ministre des communications et des médias, Ministre de l'industrie et du commerce, Président de Vnesheconombank ; Le maire de Moscou ; Ministre des Finances ; Ministre du développement Economique ; Académicien de l'Académie des Sciences de Russie. Structures consultatives Conseil de la Fondation - Conseil scientifique - Conseil industriel - Conseil urbain Co-présidé : - V. Vekselberg - C. Barrett Structure exécutives Structures internes au Centre d'innovation Départements (Direction) Conseil des directeurs Département Développement urbain Département Audit de la construction Département Développement des innovations Département Juridique Regroupement de direction pour la gestion et l'exploitation de l'infrastructure (ODAS) Clusters Département de l a coopération internationale Regroupement de la direction pour la planification et la construction (ODPS) Centre de lancement orbital Centre de la propriété intellectuelle Le Gymnasium international Département Communication et médias Département Economie et gestion Entreprise douainière et financière Technoparc Figure 7 : Gouvernance du Centre d'innovation de Skolkovo Source : Elaboration personnelle. A partir de documents suivants : Le centre d'innovation de Skolkovo (Innovatsionniy tsentre Skolkovo), document de présentation (2015). Publié le 7 juillet 2015 sur le site de Slideshare.net. Disponible à l'adresse suivante : www.slideshare. net/schoolnano/ss-50253850 ; Advanced manufactering radiation&nuclear technologies clustres, Document de présentation (2016). L'insertion spatiale des projets «exceptionnels » de clusters-campus –– Les co-fondateurs97 Il s'agit des grandes structures publiques liées aux autorités fédérales, donateurs et organisations privées. –– Les structures de contrôles98 Le Conseil de modernisation a pour objectif de déterminer la composition du Conseil d'administration et de valider des modifications dans la loi sur le centre d'innovation de Skolkovo. Les Commissions budgétaires sont principalement des structures d'Etat fédéral, leur rôle est de définir la politique budgétaire du centre et de contrôler ses dépenses. –– Les structures de gouvernance - Conseil d'administration (CA) : constitué de personnalités politiques et scientifiques de haut niveau, le conseil compte 15 membr . Il a pour objectif de définir les grandes lignes stratégiques du développement du centre, il approuve les principales tâches de la Fondation et supervise les activités de cette dernière. Ses membres sont nommés par la commission présidentielle ; 374 - Conseil de la Fondation : structure principale du centre, le conseil se compose d'au moins six membres (actuellement 17). Sa composition est décidée par les fondateurs et la commission pour la modernisation (Okrepilov, 2011). La mission du conseil est d'approuver le budget et de suivre la mise en place de la stratégie de développement du Centre d'innovation ; - Structures consultatives : elles sont au nombre de trois, le Conseil scientifique, le Conseil urbain et le Conseil industriel. Les différents conseils représentent des experts nationaux et internationaux spécialisés dans leurs domaines. 3 | L'innovation à l'épreuve des faits Le projet de Skolkovo est fréquemment présenté en Russie comme un projet innovant sous différents aspects. Dans un chapitre précédent, nous avons pu examiner les raisons expliquant ce jugement. Dans cette partie, nous allons mettre ces dimensions à l'épreuve des faits en examinant la traduction concrète du projet99. Avant tout, on met en avant en général son fonctionnement autour d'un « écosystème », tant au niveau interne (dans le centre) qu'au niveau externe avec l'environnement scientifique et technologique russe mais aussi mondial. L'innovation réside également dans les nouvelles pratiques, largement importées de pays dits développés. 97 Leonova T., 2011, «Centre d'innovation Skolkovo : perspectives pour le développement de projets de centres d'innovation et d'enseignement en Russie » (Innovatcionniy tsentr Skolkovo: perspectivi pazvitija innovatsionno-obrazovatel'nikh tsentrov v Rossii), Revue Innovatsii (Innovation), N°4 (150), pp. 100-108. Disponible à l'adresse suivante : https://cyberleninka.ru/article/n/innovatsionnyy-tsentr-skolkovo-perspektivy-razvitiya-innovatsionno-obrazovatelnyh-tsentrov-v-rossii 98 Le Centre d'innovation de Skolkovo, Document de présentation, publié le 7 juillet 2015 sur le site de Slideshare.net. Disponible à l'adresse suivante : www.slideshare.net/schoolnano/ss-50253850 99 Rappelons que le projet peut être innovant dans le contexte historico-culturel russe. Il ne l'est cependant peut être pas au niveau international. Partie 2 | La quête d'exceptionnalité confrontée au réel : pourquoi et comment créer du lien? 3.1 | Un fonctionnement en écosystème innovant pour la Russie Un grand nombre d'acteurs du projet de Skolkovo ont souligné que l'écosystème de Skolkovo représente un environnement scientifico-académique et économique nouveau en Russie. Ceci se traduit par le regroupement d'un grand nombre d'acteurs en « interaction » autour d'un territoire. L'innovation réside dans le volume et la nature des interactions entre les acteurs scientifiques, économiques et académiques. Pour les acteurs scientifiques russes, il s'agit d'une rupture avec les Naoukograds dans lesquels, malgré une infrastructure notable, les interactions entre les acteurs scientifiques étaient restreintes, voire inexistantes, sans compter sur le fait qu'il existait très peu de liens avec le monde économique. Comme nous avons pu le voir précédemment, institutionnellement le monde scientifique et académique en Russie demeurait très isolé. L'écosystème de Skolkovo a pour objectif de servir de plateforme afin de permettre un rapprochement entre les trois entités : Enseignement-recherche-entreprises (industrie). Cet écosystème peut s'observer à deux niveaux. En interne, le fonctionnement de l'infrastructure de Skolkovo (Skoltech, Technopark, Fondation de Skolkovo) permet de faciliter l'interaction entre les différentes entités et de créer des passerelles entre l'université et le Technopark, mais aussi de faciliter les rapports entre les différentes entreprises présentes sur le centre (les start-up participantes, les partenaires économiques implantés à Skolkovo). Au niveau externe, le rapprochement entre enseignement-recherche-entreprise est facilité par l'implication des grandes universités et centres de recherche russes dans des projets scientifiques et technologiques. De plus, le rapprochement des mondes académique, scientifique et économique se traduit par l'implication de ces derniers dans la réflexion et le développement du centre, notamment à travers le Conseil scientifique. Ainsi, Skolkovo agit comme une plateforme fédérative des principaux acteurs scientifiques et académiques au niveau national. De même, le Centre d'innovation de Skolkovo facilite l'accès des entreprises participantes aux partenaires internationaux non implantés sur le territoire du Centre. Le Centre d'innovation de Skolkovo est le premier projet qui a instauré ce mode de fonctionnement en Russie. Une autre spécificité du centre réside dans le caractère rotatif de l'écosystème, le délai de présence sur le territoire du centre des entreprises participantes ne pouvant pas excéder dix ans. Cela répond à la volonté des fondateurs de créer un brassage de jeunes « talents », et de renouveler régulièrement l'écosystème. L'objectif est de maintenir dans le centre une population relativement jeune en évitant la sédentarisation. D'autre part, ce principe de rotation doit permettre une transmission de la pratique de Skolkovo via les start-up qui pourraient, après leur départ du Centre, répliquer le fonctionnement de Skolkovo dans leur nouvel environnement. Aussi, comme l'ont souligné un grand nombre d'acteurs scientifique et politiques, Skolkovo représente un incubateur « géant » dans la mesure où ce centre permet à ses participants de bénéficier d'avantages et surtout de services. Les avantages fiscaux sont généralement utilisés comme un levier d'attractivité. Dans le cas de Skolkovo, ces avantages ont permis d'attirer des multinationales dans le projet. Il faut souligner que les avantages initiaux ont généré d'autres formes d'avantages instaurant ainsi un rapport « gagnant-gagnant ». Ceci se traduit notamment par la possibilité des entreprises russes de bénéficier des expériences et des compétences des entreprises étrangères, notamment à travers le mentorat et l'implication dans certains travaux de recherches. L'insertion spatiale des projets «exceptionnels » de clusters-campus 3.2 | Un nouveau modèle universitaire : pluridisciplinarité, flexibilité et décloisonnement L'université de Skoltech représente une nouvelle forme d'université en Russie. Son mode de fonctionnement et d'organisation ne ressemble en rien à celui des universités classiques russes. Cependant, il est important de souligner que le fonctionnement scientifico-académique de Skoltech, mis en place en collaboration avec le MIT, s'inspire de certaines universités privées américaines, notamment Caltech100 comme cela nous a été souligné par un acteur scientifique. Il s'agit donc d'une circulation de modèle, même si la transposition ne s'est pas effectuée terme à terme. Il s'est opéré un processus de traduction afin d'adapter le modèle américain au contexte national russe101. La spécificité de Skoltech est son organisation en CREI (Center for research, entrepreneurship and innovation), et non en chaires ou en départements comme les universités classiques russes. Un CREI est organisé autour d'un thème de recherche, voire d'un projet de recherche précis, et non par discipline. Chaque CREI implique trois institutions nationales et internationales. Ce mode de fonctionnement unique en Russie doit permettre aux étudiants de bénéficier des compétences et expériences des chercheurs et enseignants russes et étrangers. Comparativement aux universités nationales, Skoltech représente une toute petite université à l'image de Caltech dont le nombre d'étudiants à terme ne dépassera pas 1200 étudiants et 500 chercheurs-enseignants. Autre spécificité de Skoltech, l'université ne souhaite pas intervenir, pour le moment, dans la formation des premiers cycles (même si cette possibilité a été évoquée lors de notre travail de terrain) mais a pour objectif de former des étudiants à valoriser leurs idées innovantes et surtout les aider à commercialiser leurs résultats de recherche. Cette université a pour objectif de former la communauté scientifique et technologique à l'entrepreneuriat. Même si cette démarche commence à se diffuser dans les universités « classiques » russes, il ne reste pas moins que cette nouvelle pratique de réorientation de la culture universitaire a été expérimentée initialement dans Skoltech. Une autre spécificité du projet réside dans son caractère décloisonné. En effet, le centre permet aux étudiants de bénéficier des différentes formations proposées par les CREI. Il permet le brassage d'étudiants, facilite les échanges et surtout la transmission des connaissances. Une des particularités du fonctionnement de Skolkovo qui est particulièrement liée au contexte historico-culturel est l'absence de rattachement institutionnel des enseignants. Ainsi, les enseignants chercheurs peuvent faire partie du projet de Skolkovo en s'impliquant dans un projet de recherche sans pour autant interrompre leur travail au sein de l'université dans laquelle ils travaillent de manière régulière. De même, les enseignants étrangers ne sont pas obligés de quitter leur université d'origine pour intégrer Skoltech. Ce système est relativement flexible. En ce qui concerne l'Université ouverte de Skolkovo (OpUS), son caractère innovant réside dans le fait qu'à travers les différents événements organisés, le Centre d'innovation de Skolkovo constitue une communauté scientifique et technologique élargie. Cette université a pour objectif d'attirer des étudiants à Skoltech mais aussi des jeunes « talents » susceptibles d'intégrer le Centre et surtout de rapprocher les différents étudiants de Russie. Sur ce sujet de circulation des modèles, voir Bourdin A. et Idt J., 2016, L'urbanisme des modèles. Références, benchmarking et bonnes pratiques, Ed. de l'Aube, 192 p. ou encore Béal V., Epstein R., Pinson G., 2015, « La circulation croisée. Modèles, labels et bonnes pratiques dans les rapports centre-périphérie », Gouvernement et action publique, 2015/3 (N° 3), pp. 103-127. URL : www.cairn.info/revue-gouvernement-et-action-publique-2015-3-page-103.htm Partie 2 | La quête d'exceptionnalité confrontée au réel : pourquoi et comment créer du lien? 3.3 | Un projet qui rapproche les mondes scientifique-académique et économique russes et mondiaux L'innovation du projet de Skolkovo est triple : rapprocher le monde scientifique et académique russe, créer des liens avec le monde scientifique et économique au niveau mondial, propulser les jeunes talents russes dans l'arène international. Ainsi, Skolkovo a l'ambition d'être une « plateforme de maillage territorial », un tremplin, ou simplement une porte de sortie des jeunes entreprises prometteuses au niveau international. De ce fait, nous pouvons avoir trois niveaux de lecture du fonctionnement de Skolkovo : le maillage territorial, la porte d'entrée du monde économique et des investisseurs vers la Russie et la porte de sortie sur l'arène internationale via le carnet d'adresse. Le maillage territorial représente le rapprochement du monde scientifique avec le monde économique au niveau national. Outre la dynamique interne du centre et les dynamiques qui convergent vers le Centre d'innovation de Skolkovo, par différents programmes et notamment le start-up village et start-up tour, génère des dynamiques au niveau régional. Au-delà de l'objectif de sélectionner les meilleures entreprises au niveau national, start -up tour a aussi pour finalité de mettre en valeur les atouts scientifiques et technologiques des régions. Cet événement regroupe un grands nombre d'acteurs et permet aux entreprises, notamment internationales, de prendre connaissance de ces ressources régionales et d'y investir. L'événement permet également aux entreprises locales de découvrir les jeunes « talents ». Les premiers succès du Centre d'innovation de Skolkovo ont incité les régions à développer des dynamiques similaires à celles qui existent au sein du centre d'innovation. Il a été décidé de reproduire le modèle du Centre d'innovation au sein des régions. Ainsi une loi fédérale n°216-F3 a été signée le 29 juillet 2017 « Sur les centres scientifiques et technologiques innovants et sur la modification de certains actes législatifs de la Fédération de Russie102 ». 102 Quelques nouveaux centres d'innovation de Skolkovo peuvent apparaître en Russie (V Rossii mogut poyavitsa neskol'ko novikh « Skolkovo »). Article paru le 22 juin 2017 sur le site du Centre d'innovation de Skolkovo. Disponible à l'adresse suivante : https://sk.ru/news/b/press/archive/2017/06/22/v-rossii-mogut-poyavitsya-neskolko-novyh-skolkovo.aspx Chuchalin A., 2017, « The preparation of PhD students for pedagogical activity in higher education », Vishee obrazovanie v Rossii (Higher education in Russia, N°8/9 (215), pp. 5-21. (En Russe). L insertion spatial des projets «exceptionnels » de clusters-campus Le deuxième et le troisième niveau renvoient au fonctionnement du centre comme porte d'entrée et de sortie. C'est lié au fonctionnement de Skolkovo en tant que plateforme dématérialisée et « carnet d'adresse ». En effet, le fonctionnement en tant que plateforme dématérialisée permet à la Fondation de créer un vaste réseau, tant au niveau national qu'international, constitué d'acteurs diversifiés, économiques, scientifiques mais aussi des institutions étatiques et des structures fédérales. Les membres de ce réseau peuvent être impliqués pleinement dans le projet comme être sollicités ponctuellement. Le carnet d'adresse sert en fonction des besoins, notamment pour permettre aux entreprises russes d'accéder aux marchés étrangers. Réciproquement, le centre d'innovation agit en tant que porte d'entrée pour les entreprises étrangères en leur facilitant l'accès au marché russe et la possibilité d'investir plus facilement en Russie (les démarches classiques imposées aux étrangers sont évitées dans le cadre du projet de Skolkovo). La Fondation de Skolkovo développe des relations étroites avec les pays voisins, notamment la Chine et les pays de l'ancienne URSS (Kazakhstan, Biélorussie, Arménie, Azerbaïdjan, etc.), dans lesquels la Fondation a ouvert un bureau de représentation. Le centre d'innovation a également une représentation au sein de la Silicon Valley (Gusev et Miliushina, 2017). La Fondation de Skolkovo est aussi présente dans certains événements annuels européens (comme Sluch en Finlande). Ainsi, l'innovation réside essentiellement dans le système de fonctionnement : c'est en même temps un projet localisé et un projet dématérialisé, un réseau. 4 | Les limites d'un projet en construction Notre campagne d'entretiens à Moscou s'est déroulée dans une période où le contexte socio-économique était défavorable. Aujourd'hui, la situation s'est améliorée, tant du point de vue du centre lui-même que plus généralement dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche. Nous allons présenter les différentes difficultés qu'a connues le centre durant cette période en nous appuyant sur les témoignages des acteurs scientifiques et sur une actualisation récente des informations liée à l'évolution du projet. 4.1 | L'écosystème de Skolkovo et ses dysfonctionnements Selon Shestakovitch et Zulkarnay (2014), pour que le succès de Skolkovo soit à l'image de la Silicon Valley, l'écosystème du centre doit regrouper des acteurs économiques et scientifiques de premier ordre, à savoir les meilleurs chercheurs, enseignants, investisseurs et étudiants nationaux. Est-ce le cas aujourd'hui? L'infrastructure scientifique répond largement aux normes internationales. Les entreprises partenaires sont représentatives des principales entreprises nationales et internationales de notoriété mondiale. Mais qu'en est-il du corps académique? L'université de Skoltech pourra-t-elle rivaliser avec MIT et Harvard? Les étudiants incarnent-ils « l'élite nationale » ou bien s'agit-il davantage de porteurs d'idées innovantes sans être nécessairement dotés d'un très bon niveau scientifique? A ce stade du projet, il est difficile et prématuré de statuer mais il serait intéressant de savoir quel est le niveau d'exigence visé par le Centre d'innovation de Skolkovo à long terme. Une autre limite soulevée par les acteurs tient à la gouvernance et au mode de gestion du centre de Skolkovo. On reproche l'absence d'une direction scientifique au sein de la Fondation de Skolkovo. En effet, il existe un Partie 2 | La quête d'exceptionnalité confront ée au réel : pourquoi et comment créer du lien? Comité scientifique consultatif qui fixe les grandes lignes stratégiques de développement mais il n'y a pas de direction chargée de contrôler l'activité scientifique et académique du centre. L'ensemble de l'activité scientifique et académique est gérée par le Conseil de la Fondation de Skolkovo présidé par un entrepreneur, et non par un membre de la communauté scientifique. Toujours au niveau de la gouvernance, on observe que les instances de gestion et de gouvernance sont dirigées par des hauts fonctionnaires issus de grandes institutions nationales voir internationales (Ministères, Académies des Sciences, maire de Moscou). Ils ne sont pas réellement impliqués directement dans le projet, ce ne sont pas les premiers concernés (start-up, étudiants, entreprises partenaires, chercheurs et scientifiques). Dans une certaine mesure, la gouvernance est pensée à grande échelle (nationale et internationale). Enfin, beaucoup soulignent le caractère bureaucratique de la gouvernance du centre ainsi que l'existence de formes de corruption. La législation exceptionnelle du centre d'innovation et la réduction des compétences des hautes instances fédérales, notamment celle du contrôle, ont induit des failles qui ont entrainé certains cas de corruption. Le projet a connu plusieurs vagues de scandales. L'insertion spatiale des projets «exceptionnels » de clusters-campus être un frein, notamment dans les collaborations avec les autres universités nationales. Cela rendrait compliqué le rapprochement entre les établissements d'enseignement supérieur russes et le Centre d'innovation de Skolkovo. Comparativement aux universités russes, Skoltech est une université intégrée au centre d'innovation de Skolkovo, elle n'est ni indépendante, ni autonome. Comment cette université évoluera-t-elle dans le paysage universitaire russe? La communauté scientifique remet en question sa légitimité en tant qu'institution d'enseignement supérieur, d'autant plus que cette dernière n'est pas encore reconnue au niveau national et qu'elle n'est pas habilitée à délivrer les diplômes. Un autre questionnement se pose quant à l'utilité de cette université, dans la mesure où les étudiants ne sont pas obligés d'intégrer l'écosystème du centre par la suite. Quel est l'intérêt d'un étudiant de suivre une formation du centre d'innovation de Skolkovo si in fine il n'intègre pas son écosystème? La question se pose d'autant plus si son diplôme (ou sa formation) n'est pas reconnu au niveau national, ou international. Le système de formation (CREI) a montré des faiblesses importantes dans un contexte de crise. Comme nous l'a souligné un acteur scientifique, le système américain du laboratoire est très personnalisé et très fortement lié à une personnalité et aux chercheurs. Le CREI a été fondé autour d'un groupe de chercheurs, dont certains étrangers. Durant la période de crise (2014-2016) et de baisse des financements, le départ des chercheurs était principalement lié aux baisses de salaires. Ainsi, la fuite de chercheurs de haut niveau a fortement impacté le fonctionnement de Skoltech en interrompant des projets de recherche liés à ces chercheurs. Ce système est adapté au contexte américain et il est revendiqué par les universités américaines. Mais dans le contexte du centre d'innovation, les autorités russes ont mal mesuré l'impact d'une transposition d'un modèle dans un contexte politique et économique qui n'est pas aussi développé qu'aux Etats-Unis. Le risque de départ des chercheurs étrangers n'a pas été suffisamment anticipé, dans un contexte où le projet repose largement sur la présence de ces grandes figures du monde académique et scientifique. De plus, le départ des chercheurs étrangers a suscité une très forte polémique dans la communauté scientifique nationale, eu égard à l'importante différence de salaires au sein de Skoltech entre les chercheurs étrangers et les chercheurs nationaux. Cette polémique s'est traduite par une intervention des hautes autorités de l'Etat fédéral105 qui ont remis en question l'efficacité du système d'enseignement de Skoltech et son fonctionnement. Ces diverses contraintes ont induit des tensions entre le recteur issu de MIT et la Fondation de Skolkovo. Cela s'est soldé par le départ du recteur106 et son emplacement par une autre personnalité issue de la communauté scientifique russe107. Cette volonté de renouvellement de la gouvernance est liée à l'objectif de réorienter Skoltech vers la communauté scientifique et académique russe. Alexandre Kouleshov108 a repris la direction de Skoltech. 106 Le départ du recteur de Skoltech n'a pas eu d'effets sur les collaborations entre les deux établissements. 107 De 2012 à 2016, Skoltech a été dirigée par Edward Crowley, chercheur du MIT. 108 Alexandre Koulechov est académicien de l'Académie des sciences de Russie, président de Skoltech depuis 2016. Il est un expert en informatique et en modélisation mathématique qui siège au conseil d'administration de Skoltech depuis sa fondation. Partie 2 | La quête d'exceptionnalité confrontée au réel : pourquoi et comment créer du lien? traditionnelles et l'environnement scientifique russe109. » Kouleshov a pour objectif d'attirer la communauté scientifique russe résidente à l'étranger et de créer des liens avec leurs laboratoires à l'étranger. Ainsi, nous pouvons dire que la transposition du modèle universitaire nord-américain a pu fonctionner dans un contexte de croissance économique, mais il a révélé ses faiblesses dans un contexte de crise qui a abouti à une adaptation du modèle au contexte national. 4.3 | Une place de l'État jugée trop importante L'Etat est omniprésent dans le projet du Centre d'innovation de Skolkovo depuis son lancement et à différents niveaux. Les hautes autorités de l'Etat imposent l'ensemble des règles de jeu. Pour certains chercheurs, tels que Shestakovitch et Zulkarnay (2014), la réglementation est trop stricte et le contrôle de l'Etat dans les activités d'innovation est jugé excessif et pouvant conduire à un désintérêt des industriels et des acteurs économiques visà-vis du projet. Ce caractère rigide et centralisé peut constituer un frein au développement libre des innovations. Selon ces mêmes chercheurs, l'Etat devrait fixer un cadre général mais aussi donner plus de place au secteur privé afin de mettre en place un partenariat public-privé équilibré. L'Etat doit fournir au secteur économique et aux acteurs impliqués dans le processus d'innovation les aides nécessaires, qu'il s'agisse de l'infrastructure et des appuis financiers, il doit aider et accompagner le processus d'innovation en aidant à dépasser les différentes contraintes et blocages. L'Etat ne devrait pas, comme nous l'a souligné un acteur scientifique, dicter les démarches à suivre, voire même, imposer de manière autoritaire et unilatérale des collaborations entre institutions, entreprises, centres de recherche. L'Etat devrait laisser davantage de libertés et faire place aux initiatives bottom-up. D'autant plus que l'histoire russe montre les limites de la planification excessive. 4.4 | Le Brand à l'excès : moteur ou frein au projet? Durant la première phase du projet, la stratégie de développement du centre d'innovation s'est appuyée sur une forte médiatisation et une démarche de « Branding ». La mission première du Centre d'innovation de Skolkovo a été d'attirer le plus grand nombre d'acteurs technologiques pour créer une masse critique et rendre le projet irréversible. Cette politique de Brand a eu des résultats positifs : intégration des grandes entreprises internationales dans le centre, fédération d'un grand nombre d'institutions nationales, scientifiques et technologiques autour du même projet Toutefois, pour certains acteurs interviewés, cette politique de Brand fut excessive et aurait engendré des effets contre-productifs. On souligne le risque que le projet rassemble tout le monde sans aucune sélectivité, dans la mesure où les « partenaires », notamment étrangers, seraient davantage attirés par les avantages fiscaux et la possibilité d'accéder au marché russe que par la volonté de participer effectivement au projet. Il y aurait ainsi un effet d'aubaine, comme on peut l'observer dans tous les dispositifs d'incitations fiscales non maîtrisés. De même, plusieurs entreprises pourront intégrer le centre, sans pour autant avoir de liens scientifiques et technologiques avec les projets développés. Pour certains acteurs, la politiques d'attractivité est trop floue et ne répond pas à des critères précis. On s'interroge en particulier sur le choix des entreprises qui ont intégré le centre. Anecdote révélatrice, certains acteurs déplorent le fait qu'au niveau de Skoltech on met davantage en avant le logo de MIT que celui de MGU qui représente pourtant une université d'excellence russe. Pour certains acteurs campus scientifiques, cela traduit une forme d'« américanisation » du projet qui priverait la communauté scientifique et technologique russe d'une forme de légitimité. Pour Gusev et Miliuchikhina (2017), cette forte politique de Brand peut avoir des effets négatifs sur l'image du Centre et de la Fondation de Skolkovo, car cette dernière se fonde en grande partie sur le relationnel, plutôt que sur des mécanismes définis, clairs et transparents. Après avoir vu en quoi le centre d'innovation est innovant dans le contexte russe, nous nous sommes demandé si les start-up produisaient réellement des innovations. Dit autrement, une innovation institutionnelle génère-t-elle nécessairement des innovations scientifiques et technologiques? Les start-up russes parviennent-elles à se positionner dans un marché international? N'étant pas économiste ni spécialiste des innovations, il ne s'agit pas d'évaluer les start-up russes mais de nous faire le relai des acteurs scientifiques interviewés en nous appuyant sur les articles scientifiques russes abordant cette question. Selon une partie des acteurs scientifiques, l'affichage de la production et la commercialisation des innovations comme stratégie principale d'un centre scientifico-technologique est un concept nouveau en Russie. Vu le caractère récent du projet, il est encore difficile de livrer une appréciation du degré d'innovation des projets proposés par les start-up russes participantes au Centre. Néanmoins, comme le souligne un acteur scientifique, si l'on compare au développement des start-up aux EtatsUnis, il est indéniable que la Russie présente un retard dans le domaine de la commercialisation des innovations, hormis dans certains domaines liés aux technologies de pointe (défense, nucléaire, espace). Cela s'explique en partie par un manque de culture entrepreneuriale, un manque de culture d'investissement et par le faible nombre de sociétés de capital-risque. Les investisseurs privés, tant nationaux qu'internationaux, sont trop peu nombreux (dans la majeur partie des cas, c'est l'Etat qui investit dans le développement technologique), l'infrastructure dédiée au développement des innovations est sous développée, les marchés sont moins importants et les produits peu compétitifs au niveau international. Les start-up russes ont peu de possibilités de croitre et d'accéder aux marchés internationaux. De plus, le centre d'innovation s'oriente davantage vers les domaines nécessaires à la croissance nationale dans le cadre de la substitution des technologies dans les domaines dits domestiques (agroalimentaire, biopharmaceutique, médical). Ceci renvoi à la question de la compétitivité internationale. Le Centre d'innovation de Skolkovo pourra-t-il rivaliser avec les grands clusters mondiaux? L'échelle privilégiée à l'heure actuelle reste-t-elle l'échelle nationale? Cette réorientation des objectifs du Centre vers un contexte national peut laisser craindre que Skolkovo finisse par se refermer pour in fine devenir un centre à l'image des Naoukograd. 5 | Eléments de conclusion La mise en place du Centre d'innovation de Skolkovo a constitué un défi, tant au niveau national qu'international. Un défi pour faire accepter ce projet de rupture à la communauté scientifico-technologique et académique russe, un défi pour renouveler l'image de la science russe considérée comme fermée et non compétitive. Un défi enfin pour les politiques publiques visant à s'imposer sur la scène internationale avec un projet moderne à l'image des grands clusters mondiaux. Tout comme le projet français, le projet russe a connu des périodes caractérisées par différentes fluctuations oscillant entre des dynamiques positives et des mécanismes de blocages qui ont eu des effets négatifs. Aujourd'hui le Centre d'innovation de Skolkovo est dans une phase de croissance. Cette dynamique se traduit par l'élaboration en 2017 d'une multitude de programmes afin de favoriser le développement des start-up et d'accélérer la commercialisation des projets innovants. Cette dynamique est en partie liée à certains facteurs que nous allons développer plus loin, mais surtout à la livraison d'une partie de son infrastructure technologique : le Technopark. 5.1 | Skolkovo : un projet avant tout « russe » visant à créer des liens en Russie? Le projet de Skolkovo est original dans son mode de fonctionnement et dans sa gouvernance. Aucun centre scientifico-technologique russe ne bénéficie d'une réglementation spécifique et surtout d'une gouvernance aussi large mêlant des institutions scientifiques et académiques de haut niveau et des institutions fédérales. Comme cela a été souligné par un acteur scientifique, le centre d'innovation n'est pas un projet qui doit tisser des liens directs avec les établissements d'enseignement supérieur locaux ou régionaux mais il s'agit davantage d'un projet « russe », national, pensé à l'échelle nationale. On pourrait appuyer cette hypothèse avec plusieurs éléments. Le Centre d'innovation de Skolkovo est avant tout un pari des autorités russes sur la capacité du pays à produire des innovations en s'inspirant des pratiques des pays dits développés. Tout l'enjeu est de parvenir à acculturer la société et la communauté scientifique à adopter de nouvelles pratiques de développement qui, malgré le passage à l'économie de marché, peinent à s'installer en Russie. Le fait que le projet regroupe un grand nombre d'acteurs scientifiques et académiques, notamment des universités et des instituts nationaux de recherche, des grandes institutions fédérales autour des structures de gouvernance (Conseil scientifique), est révélateur de l'ambition principale du projet : réunir et rapprocher de grands acteurs nationaux liés au développement des connaissances, acteurs qui fonctionnaient jusqu'alors de manière cloisonnée. Les programmes start-up village et start-up tour témoignent de cette même volonté. Ces deux programmes ont pour objectif, outre la sélection de start-up, le rapprochement de différents acteurs liés au développement des innovations. Ces événements organisés dans l'ensemble de la Russie doivent permettre d'approfondir les liens et de consolider les réseaux. 383 L'insertion spatiale des projets «exceptionnels » de clusters-campus La récente loi qui autorise la dissémination du concept du Centre d'innovation de Skolkovo dans les régions vient à l'appui de l'hypothèse selon laquelle le centre aurait pour objectif de développer les pratiques de développement des innovations au niveau de l'ensemble de la Russie, et ce à travers un travail d'aller-retour entre le centre et les régions. Il s'agit d'attirer les start-ups les plus prometteuses, de les former puis de les disséminer dans les régions. D'autre part, on tente de transposer les pratiques du Centre d'innovation de Skolkovo dans les régions tout en exerçant un contrôle de leur application et un suivi de leur évolution. Ainsi, de cette manière on irrigue le système d'innovation à travers l'ensemble du territoire russe. Autre originalité que l'on peut souligner, la création d'un vaste réseau et la création de formes « d'ambassades de Skolkovo » dans plusieurs pays étrangers. Cette pratique peut être interprétée comme un moyen de faire exister la Russie sur la scène internationale des innovations et d'étendre le marché russe à l'étranger. Au lancement du projet, il était très difficile de comprendre comment le projet créerait des liens entre institutions russes et comment ce centre d'innovation jouerait le rôle de porte d'entrée de la Russie sur la scène internationale de la production des innovations. Aujourd'hui, l'évolution du projet rend plus visible et plus tangible cette volonté de visibilité à l'international. Le projet parviendra-t-il à atteindre ces objectifs? La politique de dissémination du centre dans les régions et l'imprégnation des centres scientifico-technologiques classiques par « la culture Skolkovo » parviendra-t-elle à transmettre un nouveau savoir-faire sans pour autant créer des conflits d'intérêts? Nous le voyons, le projet du Centre d'innovation de Skolkovo se caractérise par une forme de « tension scalaire », entre ambitions intérieures (inculquer une culture russe de production des innovations au sein des milieux scientifiques et académiques) et extérieures (permettre à des entreprises russes l'accès aux marchés internationaux). La complexité de compréhension de ce projet est liée à cet enchevêtrement des enjeux et des échelles. 5.2 | La prise en compte des spécificités historico-culturelles comme stratégie de résilience Le fondement du projet du Centre d'innovation de Skolkovo s'inspire d'un modèle de développement occidental (la Silicon Valley) en se fondant sur les pratiques suivantes : commercialisation des innovations, travail sur le développement des réseaux, rapprochement accru entre le monde scientifico-académique et économique, formation à la culture de l'entrepreneuriat, brand Cependant cette transposition d'un modèle étranger s'avère complexe car le succès d'une infrastructure de cette nature ne peut faire l'économie d'une prise en compte des spécificités historico-culturelles liées avant tout au contexte politico-économique et à l'environnement institutionnel. Il n y a aucune garantie de réussite dans la transposition d'un modèle étranger, d'autant plus que l'environnement où le modèle est implanté hérite d'une culture scientifico-technologique très forte. Pour un acteur scientifique rencontré, la transposition des modèles extérieurs dans un contexte politico-économique stable et favorable nécessite un certain temps d'adaptation et d'acculturation. Or, dans le cas du Centre d'innovation de Skolkovo, le contexte politico-économique était relativement stable mais les acteurs du Centre d'innovation et l'Etat ont souhaité aller vite dans la mise en oeuvre du projet afin de rattraper le « retard » de la Russie, retard accumulé durant la décennie de crise des années 1990. L'absence de prise en compte des effets potentiels de ces changements expose le projet à de possibles échecs La période de crise qu'a traversée la Russie entre 2014 et 2016 a induit des instabilités politico-économiques qui ont accru les difficultés de transposition d'un modèle extérieur. Ce contexte de crise économique a mis en avant Partie 2 | La quête d'exceptionnalité confrontée au réel : pourquoi et comment cré du lien? les faiblesses du projet et a engendré des difficultés qui ont induit des blocages. L'exemple le plus marquant a été l'échec de Skoltech, où le système des CREI était coûteux et relativement inefficace. Il fallait, en conséquence, impérativement redéfinir les stratégies de développement, les réorienter et trouver des alternatives en se fondant d'une part sur l'expérience propre mais surtout sur les ressources locales et les potentialités scientifiques nationales. C'est pourquoi le projet s'est progressivement réorienté vers le contexte national. Finalement, la prise en compte des spécificités historico-culturelles a permis au projet de sortir de l'impasse. Parmi ces spécificités, nous pouvons souligner l'adaptabilité à un contexte économique défavorable qui traduit une forme de résilience. 5.3 | Un projet « exceptionnel » ou le « cheval de Troie » d'une réforme des pratiques d'enseignement et de recherche russes? Lors du lancement du projet de Skolkovo, l'affichage d'un projet innovant qui va « révolutionner » la Russie a été accueilli de manière très sceptique tant au niveau de l'opinion publique, d'une partie de la classe politique que de la communauté scientifique. Aujourd'hui, ces représentations du Centre d'innovation de Skolkovo ont évolué. L'opinion publique est moins réticente et la communauté scientifique a commencé à faire place à ce centre d'innovation dans son paysage. Malgré les nombreuses critiques, des dysfonctionnements manifestes et les évolutions du contexte politique et économique, le projet s'est imposé dans le paysage scientifique et économique russe, devenant progressivement une « bonne pratique ». Comment s'est effectué ce changement de représentation? Comment se reflète ce récent intérêt pour le projet par les pouvoirs publics? Notre enquête de terrain et notre travail bibliographique nous laissent penser que le projet a pu « survivre » grâce à sa capacité d'évolution et de résilience, tant au niveau de son infrastructure, de la composition de son écosystème que de la réglementation. L'analyse des différents documents de présentation du Centre d'innovation de Skolkovo nous a permis de constater que malgré les difficultés rencontrées tout au long du processus d'évolution (près de 8 ans), le nombre d'acteurs du centre n'a cessé d'augmenter. Il s'agit d'un indice montrant l'intérêt porté au Centre d'innovation par les 385 L'insertion spatiale des projets «exceptionnels » de clusters-campus start-up, la communauté scientifique et académique et les partenaires économiques nationaux et internationaux. Les différents scandales (liés à la corruption), la période de crise et les divers dys fonctionnements internes ne se sont pas traduits par un désintérêt de la part des parties prenantes. La réorientation du Centre d'innovation de Skolkovo dans un contexte national s'est accompagnée d'une redéfinition de certains éléments de la base réglementaire du centre afin d'améliorer son activité et surtout certains indicateurs d'activité (Shestakovich, Zulkarnay, 2014). On a observé la mise en place de programmes qui accroissent le nombre d'acteurs du centre, l'intégration de plus en plus importante de la communauté scientifique tant au niveau de la gouvernance qu'au niveau du suivi des start-up et de leur accompagnement. Aussi, nous pouvons formuler l'hypothèse suivante : malgré une réticence initiale de la part de certains acteurs politiques et scientifiques vis-à-vis du projet de Skolkovo qui était perçu comme une transposition d'un modèle ne s'appuyant pas sur les logiques de fonctionnement national, ces mêmes acteurs ont accepté le fait que ce type d'infrastructure était malgré tout nécessaire et qu'il devenait primordial de le développer si l'on souhaitait répondre à l'objectif de développement des innovations. 386 Autre élément venant à l'appui de cette hypothèse expliquant le revirement de situation : l'intérêt porté au centre d'innovation par divers acteurs (politiques, scientifiques et économiques) et la volonté, d'une part, de lui octroyer une place centrale dans le paysage scientifique et technologique, et de transposer ses pratiques. Ainsi, nous avons pu constater que, depuis 2015, plusieurs nouveaux programmes nationaux de développement de l'enseignement supérieur et de la recherche ont adopté certains éléments inspirés de la base législative du Centre d'innovation de Skolkovo. L'objectif des autorités était de répliquer certaines pratiques de Skolkovo, considéré comme précurseur dans le domaine de l'enseignement supérieur, notamment par l'accent mis sur la formation à « l'entrepreneuriat ». Ce principe a été appliqué par la suite dans les universités classiques russes, de même que certaines pratiques d'enseignement de Skoltech ont été transposées dans les universités russes. Dans la mise en place du cluster scientifico-technologique de Moscou (autour de MGU), la base législative de ce dernier s'est fortement inspirée de celle du centre d'innovation. De plus, à la suite de l'expérience de Skolkovo, plusieurs dispositifs ont été adoptés afin de rapprocher le monde scientifique et a que du monde économique. L'intégration du concept du Centre d'innovation de Skolkovo s'est opérée dans les stratégies nationales de développement des innovations. Toutefois, cela reste moins vrai quant à l'intégration du centre d'innovation de Skolkovo dans les stratégies de développement de l'enseignement supérieur. Cela nous amène à évoquer la principale limite du cas d'étude de Skolkovo : l'accent mis « à tout prix » sur la production et la commercialisation des innovations semble s'être fait au détriment de la dimension enseignement. Nous pouvons nous demander si Skoltech deviendra, malgré son intégration dans l'écosystème de Skolkovo, une université autonome délivrant des diplômes reconnus au niveau national. Autre limite constatée, celle de la tendance marquée à la culture de la mise en réseau et du relationnel à très grande échelle. Cette pratique fortement médiatisée par le Centre d'innovation de Skolkovo est plébiscitée par les jeunes générations. Comme cela nous a été souligné par un acteur scientifique, cette volonté de créer des réseaux « à tout prix » est parfois contre-productive ou stérile : « On se rencontre, oui d'accord, mais pour faire quoi après? ». Selon ce même acteur, la création de la relation prime sur l'objet de la relation. Notre travail de terrain et les relations qui ont perduré par la suite avec les acteurs rencontrés nous ont laissé la même impression de centralité de la dimension réticulaire des relations, au détriment de leur aspect objectal. Partie 2 | La quête d'exceptionnalité confrontée au réel : pourquoi et comment créer du lien? Ainsi, l'acceptabilité du projet s'est progressivement opérée dans le paysage politique, scientifico-technologique et académique. Dans une certaine mesure, nous assistons à une forme de « nationalisation » du modèle « exceptionnel » de Skolkovo. Cela nous amène à poser la question de savoir si un projet « exceptionnel » peut se généraliser en conservant son caractère d'exception. Ou bien, peut-on analyser le projet du Centre d'innovation de Skolkovo comme un « cheval de Troie » de réformes des systèmes d'enseignement et de la recherche russes? PARTIE 3 | COMMENT SE SPATIALISE UN PROJET AU SERVICE DES ACTEURS SCIENTIFIQUES? Dans cette dernière partie, nous proposons de poursuivre notre logique argumentative du général au particulier en terminant avec une analyse plus frontale des questions que se posent les acteurs de l'aménagement et les acteurs politiques sur l'aménagement des territoires spécifiques tels que les campus/clusters. En premier lieu, nous allons voir quels sont les attentes de chaque pays sur la relation que doivent entretenir ces espaces avec la ville. Pour ce faire, il nous faut mieux comprendre ce que recouvre la notion de relation entre l'université et la ville (Chapitre 1). Par la suite, nous allons confronter les deux projets scientifiques et technologiques à l'épreuve du terrain afin d'examiner la manière dont les différents acteurs (politiques, urbains, territoriaux et scientifiques) les mettent en oeuvre et les liens que ces derniers entretiennent avec leur environnement urbain (Chapitre 2). Partie 3 | Comment se spatialise un projet au service des acteurs sicentifiques? CHAPITRE 1 LA RELATION UNIVERSITÉ ET VILLE : QUELLES APPROCHES EN FRANCE ET EN RUSSIE? INTRODUCTION | INTERROGER LES CONTEXTES ET LES MODALITÉS D'INTERACTION ENTRE L'UNIVERSITÉ ET LA VILLE Depuis les années 2000, les universités sont confrontées à de nouveaux enjeux économiques et sociétaux liés à des facteurs multiples1. Dans ce contexte, les universités se transforment en profondeur, tant au niveau de leur structure institutionnelle que de leur forme spatiale. Plus encore, elles deviennent un acteur du développement économique, territorial et urbain. L'université contemporaine est invitée à se réinventer et à innover pour répondre aux besoins d'une nouvelle population, souvent très mobile et prise dans des dynamiques métropolitaines. Elle doit trouver sa place dans un monde hyperconnecté qui lui impose d'être de plus en plus ouverte, tant physiquement (avec son environnement urbain immédiat) que virtuellement (faire partie des réseaux mondiaux d'enseignement supérieur et de la recherche), tout en étant en conformité avec les nouvelles exigences environnementales, notamment en termes de performance énergétique. Ainsi, l'université est devenue un acteur multidimensionnel : scientifique, académique, économique, politique et urbain. Après avoir abordé le développement institutionnel de l'université et l'évolution de ses relations avec le monde scientifique, technologique et économique, puis son rôle dans le développement territorial et métropolitain, nous allons consacrer cette partie au rôle de l'université dans le développement urbain. Il s'agira donc de voir de quelle manière l'université s'insère – ou non – dans son environnement local. Pour cela, nous allons examiner les rapports de réciprocités qui peuvent exister entre les universités et leurs communes d'app artenance. Le premier chapitre de cette partie sera centré sur l'examen des interactions entre l'université et la ville. Il vise à répondre à la question suivante : Qu'entend-on aujourd'hui par « relation entre l'université et la ville »? C'est devenu un lieu commun d'évoquer la volonté de « créer (ou de renforcer) des relations entre les villes et les universités », lieu commun qu'il convient d'interroger afin de comprendre les dimensions qu'il recouvre. Dans un second temps, nous donnerons un aperçu historique de la construction de ces rapports entre l'université et ville afin de voir de quelle manière ils ont pu façonner une forme particulière d'espace universitaire. de « », notamment à travers la présentation de l'origine de cette notion. Nous examinerons enfin l'évolution des rapports entre l'espace universitaire et la ville, notamment en France et en Russie, et les conséquences de l'importation en France d'un modèle étranger dans les années 1960. Nous terminerons par une présentation des approches contemporaines des deux pays du rapport université et ville. Quelle dimension est privilégiée et à travers quels dispositifs? 1 | Que désigne aujourd'hui l'idée de « relation entre université et ville »? Le contexte économique a induit de nouveaux besoins liés à l'évolution des manières de produire, transférer et diffuser les connaissances. De surcroit, les universités ont acquis progressivement un rôle sociétal nouveau, de nouvelles logiques de fonctionnement sont apparues et se sont traduites par la polarisation et la spécialisation. Le contexte général dans lequel s'inscrivent les universités a lui-même fortement évolué : 392 –– l'introduction de la logique de concurrence dans le fonctionnement universitaire a induit une réorientation du mode de gestion que l'on peut rapprocher d'un fonctionnement entrepreneurial2. Dans un contexte de raréfaction de l'argent public, l'université est contrainte de diversifier ses sources de financements3 ; –– la polarisation et la spécialisation des espaces universitaires induit une très forte transversalité dans les domaines académiques et scientifiques et la naissance de nouveaux lieux (plateformes partagées) devant assurer une production, transmission et diffusion plus effective des connaissances, comme nous avons déjà pu l'observer dans le chapitre précédent4 ; –– la concurrence entre villes induite par la mondialisation, tout comme les différents classements internationaux des universités, génèrent une circulation d'étudiants met tant en avant l'importance de l'attractivité scientifique, territoriale et urbaine ; –– les nouveaux besoins liés au développement technologique et numérique induisent de nouvelles formes de consommation et d'utilisation de l'espace universitaire par les jeunes générations (Bourdin et Campagnac, 2014). L'ensemble de ces éléments contextuels a des conséquences sur la dimension institutionnelle ou structurelle de l'université, mais aussi sur son environnement urbain à savoir la métropole, la ville et le quartier dans lequel elle s'insère et enfin sur sa forme spatiale. Afin de répondre aux différents défis, les universités et les villes entretiennent une relation de dépendance réciproque et ne peuvent se passer des ressources des unes et des autres. 2 Denman B. D, 2005, «C omment définir l'université du 21ème siècle? », Politiques et gestion de l'enseignement supérieur, n°17,OCDE, pp. 9-28. URL : www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=POL_172_0009 3 Shields R., 2014, « Villes et universités », Espace et société, n°159, pp. 167-171. URL : www.cairn.info/revue-espaces-et-societes-2014-4-page-167.htm 4 Chapitre 2 de la partie 2 : Créer un lieu partagé : une finalité ou un moyen pour instaurer de nouveaux liens? Partie 3 | Comment se spatialise un projet au service des acteurs sicentifiques? La prise de conscience de la dimension territoriale de l'université est très marquée en France. Depuis une dizaine d'année, des travaux et études ont été menés, des séminaires et des programmes de recherche nationaux et internationaux ont été organisés à ce sujet. En Russie, la question est peu abordée par les urbanistes et les sociologues. En revanche, elle fait davantage l'objet de travaux dans le domaine architectural sous l'angle des formes urbaines ou des aspects architecturaux liés à l'innovation dans le bâtiment et la construction. En France et en Russie, plusieurs institutions publiques et privées ont initié des réflexions : le Plan urbanisme construction architecture (Puca)5, l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la Région-Ile-de-France (IAU-IdF), la Caisse des dépôts et consignation (CDC), la Conférence des présidents d'universités (CPU), l'Association des Villes Universitaires de France (AVUF), les Ministères de l'enseignement et de la recherche dans les deux pays mais aussi le Haut collège d'économie (HSE) à Moscou En première lecture de cet ensemble de travaux, nous remarquons que la complexité de l'objet de recherche impose une approche multiscalaire (échelle régionale, locale, nationale voir internationale) et multidimensionnelle (politique, économique, sociale et urbaine). Cette complexité dans les rapports entre l'université et la ville est aussi liée au fait qu'à chaque échelle correspond une dimension, des enjeux, des besoins et surtout un jeu d'acteurs spécifique, les intérêts pouvant dans certains cas être contradictoires entre eux. Certains chercheurs tels que John Goddard et Paul Vallence dans leur ouvrage The university and the city6 soulignent le fait que la question de la relation entre université et ville est très peu étudiée d'un point de vue global.
13,771
2016PA066512_8
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,016
(ϕ,Γ)-modules de de Rham et fonctions L p-adiques
None
French
Spoken
7,177
13,244
Notons Hp1 = H 1 ⊗Zp. Si Tp E dénote le module de Tate de E vu sur Y (M, N ), on a alors, par dualité, Tp E ∼ = H 1 (1) et en particulier Syma Tp E = Syma (H 1 (1)) = (Syma H 1 )(a). p p On pose, pour A un anneau quelconque, 1 Vk,A (Y (M, N )) = H 1 (Y (M, N )(C), Symk−2 Z (H ) ⊗Z A), 1 Vk,A (X(M, N )) = H 1 (Y (M, N )(C), j∗ Symk−2 Z (H ) ⊗Z A), ou les H i dénotent les groupes de cohomologie singulière. Les théorèmes de comparaison nous fournissent un isomorphisme 1 1 Vk,Zp (Y (M, N )) ∼ (Y (M, N )Q, Symk−2 = Hét Zp (Hp )), d’où une action de GQ sur Vk,Zp (Y (M, N )), qui est non-ramifiée en toute place ne divisant pas pM N. On a aussi une action de la conjugaison complexe ι et, pour un élément γ ∈ Vk,A (Y (M, N )), on note γ + = 1/2(γ + ι(γ)) (resp. γ − = 1/2(γ − ι(γ))) sa composante où la conjugaison agit comme l’identité (resp. moins l’identité) Rappelons que F = Q(an : n ≥ 1) est le corps engendré par les coefficients de la forme f. Les opérateurs de Hecke agissent sur Vk,F (Y (N )) de la manière usuelle et on définit VF (f ) = Vk,F (Y1 (N ))/hTn − an i, qui est un F -espace vectoriel de dimension 2 (c’est le plus grand quotient de Vk,F (Y1 (N )) où les opérateurs de Hecke agissent par multiplication par an ). Pour A une F -algèbre, on pose VA (f ) = VF (f ) ⊗F A. Si A = C, on a une action de la conjugaison complexe sur VC (f ) et si ± ∈ {±1} on note VC ( f )± le sous-espace où la conjugaison complexe agit par multiplication par ±. Si v est une place de F au dessus de p, on a V (f ) = VFv (f ) = VF (f ) ⊗F Fv qui est un Fv -espace vectoriel de dimension 2 muni d’une action de Galois. C’est la représentation galoisienne attachée à f par Deligne. Finalement, on note T (f ) = VOFv (f ) ⊆ VFv (f ) 132 CHAPITRE 6 le OFv -module engendré par l’image de VZp (Y1 (N )) dans VFv (f ), qui est un OFv -module libre de rang 2 muni d’une action OFv -linéaire de GQ. 6.1.3 Symboles modulaire Rappelons brièvement la théorie des symboles modulaires (cf. [41] 2.7, 4.7, 5.5 et 6.3). La dualité de Poincaré induit un isomorphisme H 1 (Y (M, N )(C), Z) ∼ = H1 (X(M, N )(C), {cusps}, Z), et on définit δM,N ∈ H 1 (Y (M, N )(C), Z) comme l’image de la classe de homologie définie par la géodésique φ : (0, ∞) → X(N )(C), φ(y) = iy qui joint les pointes 0 et ∞. On définit 1 δM,N (k, r) ∈ H 1 (Y (M, N )(C), Symk−2 Z (H )) (1 ≤ r ≤ k − 1), en tirant en arrière le faisceau des puissances symétriques de l’homologie des courbes elk−r−1 liptiques le long du chemin φ (cf. [41] 2.7, cela revient à choisir une section er−1 de 1 e2 1 Γ((0, ∞), φ−1 (Symk−2 Z (H1 ))) où H1 = Hom(H, Z) est le système local dont les germes en un point s’identifient au premier groupe d’homologie de la courbe elliptique associée et e1, e2 forment une base du faisceau φ−1 (H1 ) libre de rang 2 sur (0, ∞) dont les germes au point y ∈ (0, ∞) s’identifient à yi et 1 respectivement). Finalement, pour ξ ∈ SL2 (Z) on définit δN (k, r, ξ) ∈ Vk,Q (Y1 (N )) comme la trace de ξ ∗ (δL,L (k, r)) pour n’importe quel L tel que N | L et δ(fˇ, r, ξ) ∈ V (fˇ) en projetant sur la partie correspondante à f ˇ. Par un théorème de Ash-Stevens, les éléments ξ ∗ δ(k, r) (resp. δ(fˇ, r, ξ)), pour 1 ≤ r ≤ k − 1 et ξ ∈ SL2 (Z), engendrent Vk,Z (Y (L)) (resp. V (fˇ)). 6.1.4 Variété de Kuga-Sato (k−2) Notons EX(N ) → X(N ) la courbe elliptique universelle au-dessus de X(N ) et EX(N ) le (k−2) produit au-dessus de X(N ) de (k − 2) copies de EX(N ). Soit KS Γ(N ) la désingularisation (k−2) (k−2) (k−2) canonique de EX(N ) construite par Deligne. La variété EΓ(N ) est un ouvert dans KS Γ(N ) et son complémentaire, qui coïncide avec l’image inverse des pointes de X(N ), est un (k−2) diviseur à croisements normaux dans KS Γ(N ). (k−2) (k−2 ) 2 Le groupe 3 G = (Sk−2 o μk−2 2 ) o (Z/N Z) agit (cf. [41], 11) sur EΓ(N ) et sur KS Γ(N ) (Sk−2 agit en permutant les facteurs, μk−2 par multiplication sur chaque coordonnée et 2 3. Sk−2 dénote le groupe symétrique de degré k − 2 et μ2 = {±} le groupe à deux éléments. 6.1. NOTATIONS ET COMPLÉMENTS 133 (Z/N Z)2 par translation via la structure de niveau sur EΓ(N ) ). Soit ε : G → μ2 l’homomorphisme qui agit comme la signature sur Sk−2, le produit sur μk−2 et trivialement sur 2 (Z/N Z)2. Notons, pour M un G-module quelconque, par M (ε) l’ensemble des éléments sur lesquels G agit à travers ε. On dispose (cf. [57]) des identifications suivantes de Q[Gal(C/R)]-modules (k−2) Vk,Q (X(N )) ∼ = H k−1 (KS Γ(N ) (C), Q)(ε) (k−2) Vk,Q (Y (N )) ∼ = H k−1 (EΓ(N ) (C), Q )( ε) et de Qp -représentations de GQ (k−2) k−1 Vk,Qp (X(N )) ∼ (KS Γ(N ),Q, Qp )(ε) = Hét (k−2) k−1 (EΓ(N ),Q, Qp )(ε) Vk,Qp (Y (N )) ∼ = Hét  k−1 (k−2)  HdR (KS Γ(N ) )(ε) (k−2) k−1 (KS Γ(N ) )(ε) = Fili HdR Sk (X(N ))  0 si i ≤ 0 si 1 ≤ i ≤ k − 1 si i ≥ k Par ce qui précède, en appliquant les morphismes de comparaison entre la cohomologie de Betti et la cohomologie de de Rham, on obtient un morphisme de périodes per : Sk (X(N )) ⊗ C → Vk (Y (N )) ⊗ C qui commute aux opérateurs de Hecke. C’est le morphisme de périodes de la théorie d’Eichler-Shimura. En spécialisant en f on a aussi perf : S(f ) ⊗ C → VC (f ). Finalement, si η : (Z/pn Z)× → C× est un caractère de Dirichlet, 1 ≤ r ≤ k − 1 et ± = (−1)k−r−1 η(−1), on définit perf,η : S(f ) ⊗Q Q(ζpn ) → VC (f )± par la formule X perf,η (x ⊗ y) = η(a) σa (y)perf (x)±, a∈(Z/pn Z)× où perf (x)± = 1/2(1 ± ι)perf (x) est la projection sur VC (f ) ±. (k−2) i (KS On a de même les versions p-adiques de ce qui précède : Hét, Qp ) est une N,Q p représentation de de Rham de GQp et on a un isomorphisme (k−2) (k−2) i i DdR (Hét (KS N,Q, Qp )) ∼ (KS N = HdR p ) ⊗ Qp 134 CHAPITRE 6 respectant les filtrations. On a donc   DdR (Vk,Qp (X(N ))) i Fil DdR (Vk,Qp (X(N ))) = Sk (X(N )) ⊗ Qp  0 6.2 si i ≤ 0 si 1 ≤ i ≤ k − 1 si i ≥ k Le système d’Euler de Kato Le théorème suivant résume la construction de Kato du système d’Euler associé à une forme modulaire. Théorème 6.2.1 (Kato). Soient f ∈ Sk (Γ1 (N ), ωf ) ⊗ C comme ci-dessus, r, j, c, d, m ∈ Z tels que m ≥ 1, 1 ≤ r ≤ k − 1 et c, d ≡ 1 modulo N, (c, 6p) = (d, 6p) = 1, ξ ∈ SL2 (Z) et S un ensemble fini de nombres premiers contenant pr(mN ). Il existe alors des éléments (p) ˇ c,d zm (f, j, r, ξ, S) ∈ H 1 (Q(ζm ), VOF (fˇ)(k − j)) satisfaisant les propriétés suivantes 1. Soient m0 ≥ 1, m|m0 et S 0 un ensemble fini de nombres premiers contenant S ∪pr(m0 ) tel que pr(cd) ∩ S 0 = ∅. Alors l’application norme H 1 (Q(ζm0 ), V (fˇ)(k − j)) → H 1 (Q(ζm ), V (fˇ)(k − j)) envoie (p) ˇ 0 c,d zm0 (f, j, r, ξ, S ) ( Y vers ˇ (1 − al σl−1 l−j + ε(l)σl−2 lk−1−2j )) · c,d z(p) m (f, j, r, ξ, S). l∈S 0 −S 2. Soit γ = δ(fˇ, r, ξ) et notons, pour ± ∈ {±1}, γ ± ∈ VC (fˇ)± sa projection. L’élément Y (p) (c2 − ck−r+1 σc )−1 (d2 − dr+1 σd )−1 ( (1 − al l−k σl−1 )−1 )(c,d zpn (fˇ, k, r, ξ, pr(pN )))n≥1 l|N ne dépend pas du choix de c et d et définit un élément 1 ˇ ˇ z(p) lim H 1 (Q(ζpn ), T (fˇ)(k − j)) ⊗ Fv. γ (f )(k − j) ∈ HIw (Q, V (f )(k − j)) = ← − n (p) (p) 1 (Q, V (fˇ)), alors, pour tout 1 ≤ j ≤ De plus, si l’on note zγ (fˇ) = zγ (fˇ)(0) ∈ HIw k − 1 et n ≥ 0, l’élément ∗ Z exp ( Γn k−j ˇ χk−j · z(p) (DdR (VFv (fˇ) |GQp )) = S(fˇ) ⊗F Fv ⊗Q Q(ζpn ) γ (f )) ∈ Fil 6.2. LE SYSTÈME D’EULER DE KATO 135 appartient en fait à S(fˇ) ⊗Q Q(ζpn ) et, pour tout caractère η : (Z/pn Z)× → C× et ± = (−1)k−j−1 η(−1), l’application perfˇ,η envoie son image vers (2πi)k−j−1 · L{p} (f, η, j) · γ ±. (p) Enfin, zγ (fˇ) satisfait l’équation (p) ˇ zι(γ) (fˇ) = −σ−1 (z p) γ )(f ), où ι dénote l’action de la conjugaison complexe sur V (fˇ). Remarque 6.2.2. R — Par le lemme 3.3.8, on sait que l’image par l’application perfˇ,η de exp∗ ( Γn χk−j · (p) zγ (fˇ)) n’est autre chose que G(η) −1 ∗ Z · exp ( dR,∨ ˇ ηχk−j · z(p), γ (f )) ⊗ eη Γ et la propriété du point (2) du théorème se traduit par le fait que −1 G(η) ∗ Z · exp ( Γ dR,∨ −j ˇ ˇ dR ηχ−j+1 · z(p) γ (f )(k − 1)) ⊗ eη,−j+1 = (2πi) L{p} (f, η, j) · (f ⊗ ek−1 ), où fˇ est vu comme un générateur de Fil1 DdR (V (fˇ)) et donc fˇ ⊗ edR k−1 est un géné1 rateur de Fil DdR (V (fˇ)(k − 1)). (p) — La construction des éléments c,d zm (fˇ, j, r, ξ, S) est faite dans [41], 8.11, et le premier point est la proposition 8.12 de [41]. Le deuxième point est [41], thm. 12.5, dont la démonstration se trouve dans [41], 13.9. Notons que dans [41], ce qu’ici on note (p) r y est noté r0 et j y est noté r. L’élément c,d zm (fˇ, j, r, ξ, S) correspond donc à (p) ˇ 0 c,d zm (f, r, r, ξ, S) dans la notation de [41]. (p) — Le premier point montre que zγ (fˇ) définit un système d’Euler, tandis que le deuxième fait le lien avec les valeurs spéciales de la fonction L complexe, permettant de montrer que ce système d’Euler est non-nul et de retrouver, à travers la machine de PerrinRiou (cf. [41], 16), la fonction L p-adique de la forme modulaire f en question. — Les éléments δ(fˇ, r, ξ) engendrent tout l’espace V (fˇ) (théorème 13.6 de [41]), et, en prenant de combinaisons linéaires, on définit une (unique) application 1 ˇ V (fˇ) → HIw (V (fˇ)) ; γ 7→ z(p) γ (f ), satisfaisant les propriétés de (2). — La construction des éléments zêta (cf. [41] 8.1 8.11) est assez universelle. On construit, à partir des unités dans la courbe modulaire (unités de Beilinson), des 136 CHAPITRE 6 éléments dans les groupes de K-théorie de ces courbes et on les fait descendre à la cohomologie galoisienne à coefficients dans VZp (Y1 (N )) par des morphismes de "classes de Chern". Tout ceci est indépendant de la forme f et, finalement, on projette sur la composante correspondante. Cette indépendance en f rend les systèmes d’Euler compatibles si l’on varie la forme, dans un sens qui sera précisé plus tard et qui nous permettra de passer d’une forme f à ses twists par des caractères de Dirichlet. — Le lien entre le système d’Euler et les valeurs spéciales de la fonction L (cf. [41] thm. 9.5, 9.6 et 9.7) est fait via une loi de réciprocité de Kato (cf. [41], chap. 10.), en comparant deux applications exponentielles duales et en montrant que l’image par l’exponentielle duale de la version p-adique du système d’Euler coïncide avec le système d’Euler sur l’espace des formes modulaires, ce dernier étant relié aux valeurs spéciales de la fonction zêta de la courbe modulaire (ou de la fonction L complexe de la forme modulaire). Ces calculs sont restreints au cas où 1 ≤ j ≤ k − 1. Les résultats de Gealy que l’on verra plus loin permettent de compléter cette image en faisant (p) le lien entre les éléments zKato (fˇ, −j, r, ξ, S), pour j > 0, et les valeurs spéciales de la fonction L complexe en relevant ces éléments à la cohomologie motivique et en utilisant des résultats du style conjecture de Bloch-Kato. 6.3 Conjecture de Bloch-Kato pour les formes modulaires, d’après M. Gealy Soit f= X an q n ∈ Sk (Γ1 (N ), ωf ) ⊗ C n≥1 une forme primitive de niveau Γ0 (N ), N ≥ 5, poids k ≥ 2 et caractère ωf. Nous décrivons dans ce qui suit un résultat de M. Gealy concernant la conjecture de Bloch-Kato pour le motif associé à f. Ceci nous permettra, en utilisant les régulateurs p-adiques, de donner un sens p-adiques aux valeurs spéciales, en dehors de la bande critique, de la fonction L complexe de la forme f. On aura besoin d’un certain nombre de rappels. 6.3.1 Motifs et cohomologie motivique Soit K un corps de nombre dont on note OK l’anneau des entiers et soient X une variété propre et lisse de dimension d sur K, S un ensemble de nombres premiers de sorte que X ait bonne réduction aux places v de K en dehors des éléments de S. Soit j > 0. On s’attend à l’existence du motif M (−j) = hd (X)(−j) et de son dual M ∗ (1 + j) = hd (X)(d + 1 + j). En tout cas, on a des groupes de cohomologie motivique 6.3 . CONJECTURE DE BLOCH-KATO P OUR LES FORMES MODULAIRES 137 bien définis d+1 H 1 (M ∗ (1 + j)) = HM (X, d + 1 + j) = Hd+1 Zar (X, Q(d + 1 + j)), où Q(d + 1 + j) est le complexe de faisceaux motivique sur X défini par Voevodsky et HpZar (X, −) dénote l’hypercohomologie pour la topologie de Zariski de ce complexe. Le groupe H 1 (M ∗ (1 + j)) est un Q-espace vectoriel conjecturalement de dimension finie. On d+1 pourrait aussi donner une définition en termes de K-théorie en posant HM (X, d+1+j) = (d+1+j) Kd+1+2j (X)Q le j-ième espace propre des opérateurs d’Adams agissant sur le Q- espace vectoriel Kd+1+2j (X)Q ou bien en termes de groupes de Chow supérieures. 6.3.2 Cohomologie de Deligne Pour q ≥ 0 un entier, considérons le complexe R(q)D = (2πi)q R → OXC,an → Ω1 →... → Ωq−1 supporté en dégrées [0, q], où XC,an dénote l’analytification de XC = X × Spec C. On définit la cohomologie de Deligne comme la hypercohomologie du complexe ci-haut : HDp (XC, R(q)) = Hp (XC,an, R(q)D ), et, si X est définie sur R, HDp (X, R(q)) = HpD (XC,an, R(q))+, où + dénote les éléments fixes par l’action diagonale de la conjugaison complexe agissant sur XC,an et sur R(q)D. On pose HD1 (M ∗ (1 + j)) = HDd+1 (X, R(d + 1 + j)). Soient 4, pour p, q ≥ 0 des entiers, p HBp (X, R(q)) = Hsing (XC,an, (2πi)q R), p p HdR (X) = HZar (XC,an, Ω• ) les groupes de cohomologie de Betti et les groupes de cohomologie de de Rham munis de leur filtration usuelle. On définit, comme précédemment, les groupes HBp (XR, R(q)) = HBp (X, R(q))+, 4. Ω• dénote le complexe des formes différentielles. p p HdR (XR ) = HdR (X)+ . 138 CHAPITRE 6 On a alors une suite exacte courte p p+1 0 → F q HdR (XR ) → HBp (XR, R(q − 1)) → HD (X, R(q)) → 0. En particulier, comme j > 0, en posant p = d + 1, q = d + 1 + j dans la suite ci-dessus et d+1 en remarquant que F d+1+j HdR (XR ) = 0, on obtient une description de la cohomologie de Deligne HD1 (M ∗ (1 + j)) = HBd (XR, R(d + j)). 6.3.3 Cohomologie étale Soient d Mp (−j) = Hét (XK, Qp (−j)), d Mp∗ (1 + j) = Hét (XK, Qp (d + 1 + j)) la réalisation étale p-adique du motif M et celle de son dual. On note 1 1 Hét (M ∗ (1 + j)) = Hét (OK [1/Sp], Mp∗ (1 + j)) le premier groupe de cohomologie étale du motif M ∗ (1). 6.3.4 Régulateurs Notons r∞ : H 1 (M ∗ (1 + j)) ⊗Q R → HD1 (M ∗ (1 + j)), 1 rét : H 1 (M ∗ (1 + j)) ⊗Q Qp → Hét (M ∗ (1 + j)), les régulateurs vers les cohomologies de Deligne et étale du motif M ∗ (1 + j). 6.3.5 Fonction L de X La fonction L associée à M est définie comme LS (M, s) = Y Lv (M, s)−1, v-S où v parcourt les places de K qui ne vivent pas au-dessus d’une place de S et où les facteurs locaux Lv (M, s) sont définis par la formule Lv (M, s) = det(1 − Frv (Nv)−s |MpIv ) 6.3. CONJECTURE DE BLOCH-KATO POUR LES FORMES MODULAIRES 139 pour une place v p, où Iv ⊆ Gal(K v /Kv ) est le sous-groupe d’inertie et Frv le Frobenius géométrique en v et Lv (M, s) = det(1 − φ−1 (Nv)−s |Dcris (Mp )) si v | p. On a les conjectures habituelles sur cette fonction L : indépendance en p du facteur Ll, prolongement méromorphe à C et une équation fonctionnelle reliant L(M, s) et L(M ∗ (1), 1 − s). En admettant ces conjectures, on a ords=0 L(M, s) = dimR HD1 (M ∗ (1)). Si j ≥ 0, on a L(M (−j), s) = L(h(X), s − j) et, en remplaçant M par M (−j), la formule ci-dessus donne l’ordre d’annulation de la fonction L du motif h(X) en s = −j en termes de la dimension de HD1 (M ∗ (1 + j)). 6.3.6 Une variante de la conjecture de Bloch-Kato Soit CH d (X ×X)⊗Z Q le groupe de Chow de cycles de codimension d de X ×X modulo équivalence rationnelle, vu comme le groupe d’endomorphismes du motif de Chow associé à X. Soit A une sous-Q-algèbre commutative stable par transposition de CH d (X ×X)⊗Z Q. Soient F un corps de nombres, λ : A → F un caractère et λ : A → F la composée de λ avec la transposition. Fixons des immersions F → C ainsi que F → Qp. L’algèbre A agit sur les groupes de cohomologie associés au motif M ∗ (1 + j) et on a, pour tout j ≥ 0, des groupes H?1 (M ∗ (1 + j)) ⊗A λ, pour? ∈ {M, D, ét}, ainsi que LS (M ⊗A λ, s) et des régulateurs 1 r∞ ⊗A λ : (HM (M ∗ (1 + j)) ⊗A λ) ⊗ R → (HD1 (M ∗ (1 + j)) ⊗A λ), 1 1 rét ⊗A λ : (HM (M ∗ (1 + j)) ⊗A λ) ⊗ Qp → (Hét (M ∗ (1 + j)) ⊗A λ). Conjecture 6.3.1. Soient X, S, A, λ, j ≥ 0 comme précédemment. Supposons que LS (M ⊗A λ, s) admet un prolongement analytique à C et que, pour tout v ∈ S, on a Lv (M ⊗A λ, 0) 6= 0. Alors 1. r∞ ⊗A λ et rét ⊗A λ sont des isomorphismes. 2. dimQ H 1 (M ∗ (1 + j)) ⊗A λ = ords=−j LS (M ⊗A λ, s). 3. Soit δ une base du Q-espace vectoriel HBd (XR, Q(d + j)) ⊆ HBd (XR, R(d + j)) = HD1 (M ∗ (1 + j)). Il existe une base ξ du Q-espace vectoriel H 1 (M ∗ (1 + j)) ⊗A λ telle que r∞ ⊗A λ(ξ) = L∗S∪{p} (M ⊗A λ, −j) · (δ ⊗A λ), où L∗S∪{p} (M ⊗A λ, −j) dénote le premier coefficient non-nul du développement de Taylor de LS∪{p} (M ⊗A λ, s) en s = −j. 140 CH APITRE 6 6.3.7 Le motif d’une forme modulaire Soient f = P n≥1 an q n P ∈ Sk (Γ1 (N ), ωf ) ⊗ C, fˇ = n≥1 an q n ∈ Sk (Γ1 (N ), ωf−1 ) ⊗ C comme précédemment et soit j > 0 un entier. Soit F = Q({an : n ≥ 1}) le corps de nombres engendré par les coefficients de la forme f et notons T la Q-algèbre engendrée par les opérateurs de Hecke Tl, l N et λ : T → F, λ : T → F les caractères associés à f et à fˇ. Enfin, soient v une place de F au dessus de p et supposons que le corps L des coefficients contient Fv. Rappelons que Y1 (N ) dénote la courbe modulaire de niveau Γ1 (N ) et notons KS k−2 Γ1 (N ) la k −2-ième variété de Kuga-Sato de niveau Γ1 (N ). Soit ε l’idempotent comme décrit dans 6.1. On pose M = M (f ) le motif associé à la forme f, de sorte que M ∗ (1) = M (fˇ)(k). On a une description des groupes de cohomologie (cf. [57], [28] ou [36], chap. 2) k H 1 (M ∗ (1 + j)) = HM (KS k−2 Γ1 (N ), k + j)(ε) ⊗T λ, HD1 (M ∗ (1 + j)) = HDk (KS Γk−2, R(k + j))(ε) ⊗T λ, 1 (N ) 1 k Hét (M ∗ (1 + j)) = H 1 (Q, Hét (KS k−2, Qp )(k + j)(ε) ⊗T λ), Γ (N ),Q 1 On remarque qu’on a aussi k H 1 (M ∗ (1 + j)) = HM (EΓk−2, k + j)(ε) ⊗T λ, 1 (N ) HD1 (M ∗ (1 + j)) = HDk (EΓk−2, R(k + j))(ε) ⊗T λ, 1 (N ) 1 Hét (M ∗ (1 + j)) = H 1 (Q, H k−1 (EQk−2, Qp )(k + j)(ε)Γ1 (N ) ⊗T λ), = H 1 (Q, H 1 (Y1 (N )Q, Symk−2 HQp )(k + j) ⊗T λ. 6.3.8 Éléments motiviques Soient e1, e2 les éléments de la base canonique de EΓ(N ) [N ] ∼ = (Z/N Z)2 correspondant à la base canonique (1, 0) et (0, 1) de (Z/N Z)2. On voit ces éléments dans l’algèbre de groupe Q[(Z/N Z)2 ]. Si l ≥ 0, on pose Q(l) [(Z/N Z)2 ] = {ψ : (Z/N Z)2 → Q : ψ(−c, −d) = (−1)l ψ(c, d)}, Q[Isom](l) = {f : ∗∗ 01 GL2 (Z/N Z) → Q : f (−g) = (−1)l f (g)}. Soit %l : Q(l) [(Z/N Z)2 ] → Q[Isom](l) 6.3. CONJECTURE DE BLOCH-KATO POUR LES FORMES MODULAIRES 141 l’application horosphérique 5 définie par %l (ψ)(g) = où a b c d Nl + 1 l+2 X ψ(g −1 t)Bl+2 (t2 /N ), t=(t1,t2 )∈(Z/N Z)2 (t1, t2 ) = (at1 + bt2, ct1 + dt2 ) et Bk est le k-ième polynôme de Bernoulli. Notons aussi %l : Q[(Z/N Z)2 ] → Q(l) [(Z/N Z)2 ] → Q[Isom](l), où la première flèche est la projection. On a des applications de résidu GL2 -équivariantes l+1 Resl : HM (E l, l + 1) → Q[Isom](l) et une inverse à droite, les symboles d’Eisenstein l+1 Eisl : Q[Isom](l) → HM (E l , l + 1). Enfin, notons, pour k1, k2 ∈ N tels que k1 + k2 = k − 2, π1 : E k1 +j+k2 → E k1 +j, π2 : E k1 +j+k2 → E j+k2 et π : E k1 +j+k2 → E k1 +k2 les projections sur, respectivement, les premières k1 + j coordonnées, les dernières j + k2 coordonnées, et les k1 + k2 coordonnées des ’extrémités’ (i.e en omettant les j coordonnées du milieu). Soit j : Y (N ) → Y1 (N ) donnée sur le problème de module en oublient la première section canonique de torsion. Pour 1 ≤ r ≤ k − 1, fixons k1 = r − 1 et k2 tel que k1 + k2 = k − 2, et posons k, k + j)(ε). Z (k, j, r) = j∗ ε ◦ π∗ (π1∗ Eisk1 +j (%k1 +j (e1 )) ∪ π2∗ (Eisj+k2 (%j+k2 (e2 ))) ∈ HM (EΓk−2 1 (N ) Si ξ ∈ SL2 (Z), on pose Z (fˇ, j, r, ξ) = ξ ∗ (Z (k, j, r)) ⊗T λ ∈ H 1 (M ∗ (1 + j)). Enfin, comme dans [41] (cf. les remarques après le thm. 6.2.1), on sait ([41], thm. 13.6) que les symboles modulaires δ(k, r, ξ) (resp. δ(fˇ, r, ξ)), 1 ≤ r ≤ k − 1, ξ ∈ SL2 (Z) engendrent Vk,Z (Y (L)) (resp. VO (fˇ)) sur Z (resp. sur OL ), ce qui nous permet, en prenant L des combinaisons linéaires des éléments Z (fˇ, j, r, ξ), de définir, pour tout γ ∈ VL (fˇ), Z (fˇ, j, γ) ∈ H 1 (M ∗ (1 + j)). Proposition 6.3.2 (cf. [36], thm. 4.1.1). Soient ξ ∈ SL2 (Z) et δ = δ(fˇ, r, ξ). Alors r∞ (ZKato (fˇ, j, r, ξ)) = L(N ),∗ (f, −j) · δ, 5. cf. [36], chap. 3, et les références indiquées là pour tous les objets introduits dans la suite. 142 CHAPITRE 6 où L(N ),∗ (f, −j) dénote le coefficient principal de la série de Laurent en s = −j de la fonction L de f sans ses facteurs en les places divisant N. Plongements p-adiques des valeurs spéciales 6.4 Soient f comme ci-dessus et η : Z× p → L d’ordre fini, vu comme un caractère de Dirichlet en fixant un isomorphisme entre Qp et C. La proposition 6.3.2 nous permet, en utilisant les régulateurs p-adiques, de donner un sens p-adique aux valeurs spéciales en déhors de la bande critique de la fonction L associée à f. 6. 4.1 Cohomologie syntomique Citons les résultats concernant la cohomologie syntomique des variétés lisses dont on aura besoin. Théorème 6.4.1 ([50], thm. A, prop. 1.1). Soit K un corps p-adique et soit X une variété (i.e un schéma séparé de type fini) sur K. Il existe une Qp -algèbre graduée canonique RΓsyn (Xh, ∗) 6, commutative et graduée, satisfaisant les propriétés suivantes 1. RΓsyn (Xh, ∗) est fonctorielle en X. 2. On a des morphismes fonctoriels de périodes syntomiques ρsyn : RΓsyn (Xh, r) → RΓét (Xét, Qp (r)) 3. On a des réalisations fonctorielles i i rp : HM (X, r) → Hsyn (Xh, r), de la cohomolog ie motivique de Voevodsky vers la cohomologie syntomique compatibles avec le morphisme de périodes syntomique. 4. Pour X = Spec(K), i i Hsyn (Xh, r) ∼ (K, Qp (r)), = Hst i (K, −) dénote Exti (Q, −) dans la catégorie dans la catégorie des représentaoù Hst p tions potentiellement semi-stables de GK. 5. On a une suite spectrale de Hochschild-Serre syntomique syn j i i+j E2i,j = Hst (K, Hét (XK, Qp (r))) =⇒ Hsyn (Xh, r) 6. Xh dénote le fait que l’on prend la cohomologie dans la h-topologie : c’est la topologie plus grossière qui est plus fine que la topologie de Zariski et la topologie propre (recrouvrements par des morphismes propres), voir [50], 2.3. 6.4. P LONG EMENTS P -ADIQUES DES VALEURS SPÉ CIALES 143 analogue à la suite spectrale étale ét i+j j (X, r) E2i,j = H i (K, Hét (XK, Qp (r))) =⇒ Hét et un morphisme canonique de suites spectrales syn E k → ét E k compatible avec le morphisme de périodes syntomique. 6. Soit i ≥ 0. La composition ρsyn ∂ i−1 i−1 i i i (X, Qp (r)) → Hét (XQ, Qp (r)) HdR (X)/Filr HdR (X) − → Hsyn (Xh, r) −−→ Hét p est nulle et l’application qui se déduit de la suite spectrale de Hochschild-Serre syntomique i−1 i−1 i−1 HdR (X)/Filr HdR (X) → H 1 (K, Hét (XQ, Qp (r))) p coïncide avec l’application exponentielle de Bloch-Kato de la représentation i−1 Hét (XQ, Qp (r)) du groupe de Gal ois absolu GK de K. p 1 (Q, V ) des Remarquons que, pour une représentation de de Rham V, le module Hst p classes d’équivalences d’extensions de représentations de GQp de de Rham de Qp par V s’identifie au groupe de Selmer Hg1 (Qp, V ) = ker(H 1 (Qp, V ) → H 1 (Qp, V ⊗Qp BdR )), qui n’est autre chose que le noyau de l’application exponentielle duale exp∗V : H 1 (Qp, V ) → DdR (V ), et s’identifie (au moins si 1 n’est pas une valeur propre du Frobenius agissant sur Dcris (V )) au dual de DdR (V )/Fil0 DdR (V ) vu dedans H 1 (Qp, V ) via l’application exponentielle. En particulier, considérons X = KS k−2 Γ1 (N ), i = k + 1 et r = k + j (et donc k (KS k−2 ) = 0). En projetant sur la partie correspondante à la forme fˇ, on Filk+j HdR Γ1 (N ) obtient, pour j ≥ 0, des régulateurs p-adiques rp : H 1 (M ∗ (1 + j)) → DdR (Mp∗ (1 + j)), et le dernier point du théorème [50] se traduit par le fait que exp ◦ rp = rét. 6.4.2 Transmutation Rappelons que D(Mp∗ (1)) = D(fˇ)(k) et notons D = D(fˇ)(k − 1), qui est de Rham à poids de Hodge-Tate 0 et k − 1. On a, inspirés de la proposition 6.3.2, envie de voir les éléments rp (ZKato (fˇ ⊗ η, j, r, ξ)) ∈ DdR (D(ηχj+1 )) comme les transmutations des valeur spéciales L(f, η −1, j) en p-adique. Or, comme on l’a déjà remarqué, afin de 144 CHAPITRE 6 construire une fonction interpolant ces valeurs, il faut les voir tous dans un même module. Notons, pour η un caractère de Dirichlet, Λ∞ (f, η −1, s) = Γ(s) · L(f, η −1, s). (2iπ)s On pose 7, pour j ≥ 0, ιp ( Λ∞ (f, η −1, −j)) = Γ∗ (−j) · G(η) · rp (Z (fˇ ⊗ η, j, j, ξ)) ⊗ edR,∨ η,−j−1 ∈ DdR (D). Pour l’interprétation p-adique des valeurs L(f, η, −j), j > k, on fera appel à l’équation fonctionnelle de la fonction L locale, qui s’avéra fortement ressemblante à l’équation fonctionnelle complexe. Notons AQ le groupe des adèles de Q. Soit η : Z× p → L un caractère d’ordre fini. La forme f ⊗ η est supercuspidale et on note π(f ⊗ η) = O0 l πl (f ⊗ η) la représentation automorphe de GL2 (AQ ) associée à f ⊗ η. On a π(f ⊗ η) = π(f ) ⊗ η = N0 8 l πl (f ) ⊗ η. Notons ε(π(f ) ⊗ η, s) le facteur epsilon global de la représentation π(f ⊗ η) défini par 9 ε(π(f ) ⊗ η, s) = ε(π∞ (f ) ⊗ η, s) · Y ε(πl (f ) ⊗ η, s), l où ε(πl (f ) ⊗ η, s) est le facteur epsilon de la représentation πl (f ) ⊗ η de GL2 (Ql ), comme décrit dans 4.2.1, et ε(π∞ (f ) ⊗ η, s) = ik. La fonction L complexe satisfait l’équation fonctionnelle 10 Γ(s) k − 1 Γ(k − s) · L(f, η −1, s) = ε(π(f ) ⊗ η −1, s − )· · L(fˇ, η, k − s). (2π)s 2 (2π)k−s Si j ≥ k est un entier, on peut écrire l’équation fonctionnelle sous la forme Γ(j) Γ(k − j) −1 k −j −1 j− k−1 2 ) · · L(f, η, j) = i (−1) ε(π(f ) ⊗ η ⊗ | · | · L(fˇ, η, k − j), (2iπ)j (2iπ)k−j 7. Notons comme dans l’introduction que, dans la formule, on "mutiplie" et "divise" par la somme de Gauss de η, de sorte qu’elle n’a moralement aucun effet. Le terme 2iπ correspond, dans le monde p-adique, à l’élément t de Fontaine, comme d’habitude. Enfin, le facteur Γ∗ (j) est le coefficient principal de la série de Laurent de Γ(s) en s = −j, où elle a un pôle simple. × 8. Noter que, si η : Z× est de conducteur pn, il est vu comme un caractère des idèles en utilisant p → L × >0 b ×. Le caractère de Q× la décomposition AQ = Q × R × Z p induit par η est η (avec η(p) = 1) et, si l 6= p, −1 celui de Q×, est le caractère η prenant la valeur η −1 (l) en l, où l ∈ Z× p est n’importe quel relèvement l de la classe de l modulo pn. 9. le produit étant fini car πl (f ⊗ η) est non ramifiée en presque toute place 10. Le décalage en k−1 provient du fait que les facteurs locaux des représentations de GL2 sont normalisés 2 de sorte que le centre de symétrie de l’équation fonctionnelle des fonctions L soit situé en 1/2, tandis que celui des fonctions L automorphes l’est en k−1. 2 6.5. INTERPOLATION 145 ou bien Λ∞ (f, η −1, j) = ik (−1)−j ε(π(f ) ⊗ η −1 ⊗ | · |j− k−1 2 ) · Λ∞ (fˇ, η, k − j). −1 a un comportement Rappelons que la restriction à Q× l du caractère de Hecke induit par η différent selon que l = p ou que l 6= p. Si l 6= p, le caractère induit est η (i.e le caractère −1 : Q× → L× (avec non-ramifiée prenant la valeur η(l) en l), et, sur Q× p, on récupère η p η −1 (p) = 1). On peut donc écrire l’équation fonctionnelle de la façon suivante : Λ∞ ( f, η −1, j) = (−1)k−j ε(πp (f )⊗η −1 ⊗|·|j− k−1 2 )· Y ε(πl (f )⊗η⊗|·|j− k−1 2 )·Λ∞ (fˇ , η, k−j). l|N 0 Remarquons pour finir que, si l’on écrit N = N 0 pr, alors, pour p 6= l | N, on a l’égalité ε(πl (f ) ⊗ η ⊗ | · |j− k−1 2 ) = ε(πl (f )) · η(l)c(πl (f )) · l−c(πl (f ))(j− k−1 ) 2, et, en utilisant le fait que le conducteur de πl (f ) est lvl (N ), on en déduit Y ε(πl (f ) ⊗ η ⊗ | · |j− l|N 0 6.5 k−1 2 )= Y ε(πl (f )) · η(N 0 )(N 0 ) k−1 −j 2 l|N 0 Interpolation Dans cette section, on démontre que les construction faites dans les chapitres précédents nous permettent d’interpoler les plongements p-adiques des valeurs spéciales de la fonction L de f que l’on a défini dans 6.4.2. Ceci constitue la preuve du théorème 6.0.1 annoncé au début du chapitre. On démontre d’abord, en utilisant un théorème de Gealy reliant les classes de cohomologie motivique Z (fˇ ⊗ η, j, r, ξ) au système d’Euler de Kato et le théorème 3.3.14, les propriétés d’interpolation des valeurs spéciales aux entiers négatifs. Finalement, en utilisant une équation fonctionnelle du système d’Euler de Kato établie par Nakamura et l’équation fonctionnelle du théorème 4.6.4, on obtient l’interpolation des valeurs spéciales aux entiers positifs j ≥ k. On sait déjà, d’après les résultats de Kato, que les valeurs interpolés par notre fonction dans la bande critique s’interprètent bien en termes des valeurs spéciales complexes, ce qui donne une image complète des valeurs interpolés par la fonction L p-adique d’une forme modulaire. 6.5.1 Relèvement motiviques des éléments de Kato Rappelons que, pour chaque γ ∈ VL (fˇ), on a des éléments dans la cohomologie d’Iwasawa (p) ˇ 1 ˇ ˇ z(p) γ (f )(k + j) = (zpn (f, −j, r, ξ))n≥1 ∈ HIw (Q, V (f )(k + j)) fournis par le théorème 6.2.1 de Kato. 146 CHAPI TRE 6 Proposition 6.5.1 ([36], prop. 9.1.1). Soit γ ∈ VL (fˇ). Alors rét (Z (fˇ, j, γ)) = Z ˇ 1 · z(p) γ (f )(k + j). Γ Remarque 6.5.2. — La proposition 9.1.1 de [36] montre le résultat pour γ = δ(fˇ, r, id). Le cas ξ quelconque s’en déduit des compatibilités des réalisations par des correspondances algébriques et de la définition des éléments zêta, et le cas d’un élément γ quelconque suit par linéarité. (p) (p) — Remarquons que, par construction, zγ (fˇ)(k + j) = zγ (fˇ)(k) ⊗ ej et la proposition ci-dessus s’exprime donc aussi comme rét (Z (fˇ, j, r, ξ)) = Z ˇ χj · z(p) γ (f )(k). Γ 6.5.2 Interpolation aux entiers négatifs Notons D(f ) = Drig (VL (f ) |GQp ), D(fˇ) = Drig (VL (fˇ) |GQp ) ∈ ΦΓét (R) les (φ, Γ)-modules associés aux formes f et fˇ. Rappelons que l’on a posé D = D(fˇ)(k − 1), qui est de Rham à poids de Hodge-Tate 0 et k − 1, et notons ψ=1 ˇ ˇ zKato = Exp∗ (z(p) = Dψ=1. γ (f )(k − 1)) ∈ Drig (V (f )(k − 1))) Lemme 6.5.3. Soit j ≥ 0. On a ΛD,zKato (ηχ−j−1 ) = p−nj G(η)−1 · ιp (Λ∞ (f, η −1, −j)). Démonstration. Par construction du système d’Euler, on sait que (p) ˇ ˇ z(p) γ (f ⊗ η)(k − j) = zγ (f )(k − 1) ⊗ eη ⊗ ej+1 = μzKato ⊗ eη ⊗ ej+1. Par le théorème 6.5.1 de Gealy, on a alors exp −1 Z −1 ˇ ˇ (rét (Z (f ⊗ η, j, r, ξ))) = exp ( 1 · z(p) γ (f )(k + j)) Γ Z −1 = exp ( 1 · μzKato ⊗eη ⊗ej+1 ) ZΓ = exp−1 ( ηχj+1 · μzKato ), Γ 6.5. INTER POL ATION 147 d’où, par la compatibilité entre le régulateur p-adique et le régulateur étale, on en déduit ιp (Λ∞ (f, η −j, −j)) = Γ∗ (−j) G ( η ) · rp ( Z ( f ˇ ⊗ η , j , r , ξ)) ⊗ edR,∨ η,−j Z = Γ∗ (−j) G(η) · exp−1 ( ηχj+1 · zKato ) ⊗ edR,∨ η , −j Γ Par ailleurs, le théorème 3.3.14 affirme que −j−1 ΛD,zKato (ηχ )=p −nj ∗ Γ (−j) · exp −1 Z ( ηχj+1 · μzKato )⊗, Γ d’où le résultat. 6.5.3 L’équation fonctionnelle du système d’Euler de Kato, d’après Nakamura Si γ ∈ VL (fˇ), notons γ̌ ∈ VL (f ) l’élément dual à γ ⊗ ek sous l’accouplement parfait VL (fˇ)(k) × VL (f ) → L. Écrivons N = N 0 pr, (N 0, N ) = 1. On note ψ=1 ˇ zKato = Exp∗ (z(p) = Dψ=1, γ (f )(k − 1)) ∈ D(f )(k − 1) (p) žKato = Exp∗ (zγ̌ (f )(k − 1)) ∈ D(f )(k − 1)ψ=1 = Ď(k − 2)ψ=1, ψ=1 z∗Kato = ResZp (wD (z̃Kato )) ⊗ e∨ ωD ∈ Ď les tordus des systèmes d’Euler associés aux formes fˇ et f (cf. thm. 6.2.1) et l’image par l’involution de z (cf. 4.6 où z∗Kato est noté žKato [k − 1]), respectivement. Proposition 6. 5.4 ( [49 ], thm. 4.7 ). Notons [N 0 ] = z∗Kato ⊗ ek−1 = − Y ε(πl (f ) ⊗ | · | k−1 2 Q l|N 0 [σl ] vl (N 0 ) ∈ Λ. Alors ) · ([N 0 ] · (žKato ⊗ e2−k ) ⊗ ek−1 ). l-N Remarque 6.5.5. — Le théorème 4.7 de [49] est énoncé en termes de facteurs epsilon des représentations de Weil-Deligne. Sa démonstration est basée sur la compatibilité locale-globale de la correspondance de Langlands classique et la proposition 3.15 de [49]. Cette dernière proposition peut être énoncée naturellement (cf. thm. 4.5.1) en termes de facteurs locaux des représentations de GL2 (Qp ). La preuve de la proposition ne ferait donc pas usage de la compatibilité locale-globale dans la correspondance de Langland padique. — Il faut faire un peu d’attention car les normalisations des facteurs locaux dans ce travail ne coïncident pas avec celles de [49]. Comme on l’a remarqué, dans le texte 148 CHAPITRE 6 présent, les facteurs locaux des représentations lisses sont normalisés de sorte que l’équation fonctionnelle de la fonction L soit centrée en s = 1/2, tandis que, dans [49], elle est centrée en s = twist par | · | − k−1 2 k−1 2. La différence entre les facteurs locaux est donc un. — Le résultat ci-dessus devrait, dans le cas triangulin, pouvoir être déduit de l’équation fonctionnelle de la fonction L p-adique de la forme modulaire (cf. [46], section 17, cor. 2). La construction d’un système d’Euler de Kato universel permettrait, par des arguments de prolongement analytique, d’en déduire la proposition à partir du cas triangulin. L’équation fonctionnelle de la fonction L p-adique 6.5.4 L’équation fonctionnelle du système d’Euler de Kato et l’équation fonctionnelle 4.6.4 nous permettent d’interpréter les valeurs aux entiers positifs de la fonction ΛD,zKato. Théorème 6.5.6. Soit j > 0 un entier. Alors , ΛD,zKato (ηχj ) = C(f, η, j) · ΛĎ(k−1),žKato (η −1 χ−j+k−2 ) ⊗ edR,∨ k−1,ω −1 D où k−1 C(f, η, j) = Ω · G(η −1 )2 · ε(πp (fˇ) ⊗ η ⊗ | · | 2 )−1 · Y k−1 ε(πl (fˇ) ⊗ η ⊗ | · |j+ 2 ). l|N 0 Démonstration. En appliquant le théorème 4.5.3 (noter que D est à poids de Hodge-Tate 0 et k − 1 et donc le k du théorème change!), on obtient ΛD,z (ηχj ) = −Ω · p−n(k−2) ωπ(D) (cη ) · ΛĎ(k−1),z∗ Kato ⊗ek−1 (η −1 χ−j+k−1 ) ⊗ edR,∨.
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Actuellement, le GIP traverse une crise due à une restriction de la li e t d e p essio dans les reportages des EPRA montrée du doigt par de nombreux professionnels de la radio. Le nombre de reportages mettant en avant les actions des collectivités locales ou d'agences de l'État a progressé, tandis que le nombre d'enquêtes de terrain qui se montrent plus critiques sur les politiques en cours diminue. Pa e e ple, les sujets o e a t les 'o s o t pas t app ou s et l État, pou o t e sa d te i atio, a o de plus de udget depuis janvier 2012. En 2011, les moyens accordés étaient déjà insuffisants e p og a es de l EP'A pe da t t ois ui a e ge d u a t da s l a hat des ois. De nombreuses fédérations de radios associatives sont montées au créneau pour demander que le gel des subventions cesse. La FRADIF (Fédération des radios asso iati es d Ile-de-F a e a d ailleu s i di u da s u o u i u data t du as 2012 que la mobilité des différents professionnels de la radio concernés soit « popularisée et ela e, pa des o u i u s à la p esse, le la e e t d u e p titio nationale et la création d u site dédié et autres moyens adaptés.» 3) Les missions des radios associatives Les adios asso iati es o t u i pa t tout à fait ota le su la ie lo ale e ati e d i fo atio, de divertissement et de prescription culturelle. C est e ue ous allo s essa e de o p e d e au travers de ce mémoire. Mais attachons-nous ici à décrire les missions de ces radios. 24 la suite Georges Friedmann qui écrit dans Introduction aux aspects sociologiques de la Radiotélévision à propos des techniques de diffusion à distance : « Elles mettent à la disposition d ho es et de fe es de ilieu t s dive s et t s te dus des alit s, des i fo atio s, des oeuv es do t ils de eu e aient certainement éloig s et p iv s sa s l appo t des o u i atio s de masse.» Les deux auteurs ont écrit dans les années 1960-1970 à l po ue où les th ses su la communication de masse étaient à leur apog e. Aujou d hui, ette app o he est dépassée d auta t plus si l o souhaite a al se l audie e des adios asso iati es. Elles e peu e t t e définies comme un média de masse, alors que pour les grandes radios nationales ceci est plus discutable, mais au contraire comme un média de proximité d auta t plus ue la plupa t d e t e elles eg oupe t des i di idus pa tagea t les es e t es d i t t, les es o igi es, les mêmes croyances ou encore les mêmes situations sociales. L appa te a e à u e e zo e géographique (canton, département, région) constitue le critère rassembleur le plus évident. Il faut ajoute ue l a ti le de la loi su la li e t asso iati es u elles diffuse t au afi i i u de o u i atio uat e heu es pa jou de p og a 43 exige des radios edi t t lo al u elles puisse t emplir mission de communication de proximité. Plus récemment, en 1996, Dayan et Katz écrivent dans La télévision cérémonielle: « Consommer u dia, est a epte d t e e i te a tio pa aso iale ave les o so p oduit ue l o consomme.» Pa le iais d u pu li i agi monde commun avec des références partagées. Ce ph o, le o so ateu se o stitue u e est d auta t plus fo t ua d il existe déjà un sentiment de proximité établi et fédérateur. C est pa l i te de l a i ateu ateu s i agi s du diai e de la figu e ue e pu li se o stitue. La radio associative crée donc une relation particulière a e ses auditeu s ota e t g â e à l a i ateu, ui joue le ôle de l a i, du p o he ui ous comprend, qui nous connait, nous ressemble et nous réunit. Michèle Cotta, ancienne présidente de la Haute Auto it de l Audio isuel lo s de ses l i po ta e de ette oi adiopho i ue ui asse es a es d e iste e, d it d ailleu s le tout auditeu o fo du « En radio, le seul lien ténu, précis, permanent, entre celui qui parle dans le micro et celui qui l'écoute, c'est le filet de la voix et de la musique, qui coule. »44 Nicolas Becqueret, membre du GRER G oupe de e he hes et d Etudes su la adio, a déclaré lo s de la o f e e La adio fait sa 43 44 olutio u i ue au Mus e des A ts et Anne xe n°4 : article 80 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, p.82 Cf Dossiers de l'Audiovisuel 25 tie s, tenue le ai da s le ad e de l e positio « Ouvrez grand vos oreilles » : « Les radios associatives sont des productions alternatives, souvent amateurs et très créatives ». Le caractère amateur du travail au sein des radios associatives est particulièrement répandu, du fait notamment du nombre de bénévoles présents. Ces pratiques amateurs renforcent également le lien de proximité entre la radio et son auditoire de par la elatio d gal à gal qui est établie. Un amateur peut à la fois désigner celui qui aime ou se passionne pour quelque chose mais aussi le non-expert, le non-professionnel. Pour Patrice Flichy, auteur du "a e de l a ateu, l a ateu est celui qui produit lui-même quelque chose pour son plaisir personnel avant tout ; il est « à la fois modeste et passionnée, ignorant, profane et spécialiste ». B radio asso iati e est e plus a i se se t i esti d u e ole, l a ateu qui travaille en d aut es motivations que la simple envie de se faire plaisir, il ission. Michel et Elizabeth, bénévoles depuis la libération des ondes en 1981, animent une émission hebdomadaire de musique su 'CF Vau luse depuis. Ils o t confié45 que cette activité était pour eux une véritable passion et que, de par la liberté éditoriale dont ils jouissent, ils peuvent se permettre de mélanger les sensibilités musicales dans leur émission, de chroniquer le dernier opéra qui se joue à A ig o et d e haî e a e le p e ie al u d u jeu e appeu. Ils souhaite t la ise e a a t de ou eau tale ts, de oups de oeu u ils o t eus et ils ne veulent pas cloisonner leur programme dans un seul style. Pou K istia Feigelso, Recherche su Le Ci aît e de o f e e à Pa is III et he heu à l I'CAV I stitut de a et l Audio isuel, le terme d'amateur recouvre des réalités disparates : « Entre l'amateur éclairé et le professionnel patenté, les frontières sont bien poreuses»46. On définit généralement l'amateur comme celui qui s'adonne à une activité créatrice de type artistique pendant son temps libre, quel que soit son niveau de compétence. Sa e he he s est effectuée sur la télévision de proximité mais elle peut également s appli ue aux radios locales. Il met en avant le fait que les amateurs qui exercent une activité au sein de ces médias de proximité fi ie t d u e popula it lo ale ui les érige en professionnels.  Mission sociale et culturelle La p o i it e he h e a e l auditeu est gale e t ta lie pa la lig e dito iale et les is es sociales de la radio associative. L e p essio « radio communautaire » est parfois utilisée pour désigner les radios associatives. Le terme « communautaire » est peu utilis et app i e Fa e o t ai e e t à d aut es territoires francophones comme le Québec. Ce terme est devenu trop connoté en France et vite assimilé à un communautarisme cloisonné. Les Français emploient plutôt les termes de radios « libres », « associatives », « locales » ou « de proximité »47. Les radios dites « communautaires » se aie t elles ui po te t u p ojet alte atif ou ui s ad esse t à u seg e t pa ti ulie de la population. Elles contribuent au succès et la singularité du paysage radiophonique associatif de par leurs caractéristiques sociales que l o privées. Pascal Ricaud, chercheur e e et ou e ulle e t au sei des aut es adios s ie es de l i fo atio et de la communication à l U i e sit de Tou s, a étudié le panel des radios associatives et retient la distinction suivante : Les radios communautaires régionales ui - ette t e a a t les sp ifi it s lo ales u il s agisse de la la gue, des outu es ou de l histoire régionale (ex : Radio Bro-Gwened en Bretagne ou 'adio Le ga d O à Na o e) - Les radios de communautés rées (ex : AYP FM s ad essa t à la diaspo a arménienne) - Les radios militantes, engagées dans des actions sociales (ex : Fréquence Paris Plurielle à Saint-Denis ui s i estit da s des p ojets alte atifs et s di au ) Les radios au service de catégories de personnes fragilisées (ex : Vi e F - d di e à l i se tio des personnes handicapées) Ces nomenclatures sont fortement réductrices mais elles montrent la diversité des missions des radios associatives. Jean-Ja ues Che al, p ofesseu à l U i e sit de Bo deau e " ie es de l i fo et de la o u i atio et P side t du G'E' a alis de o radios associatives et selon lui, ces dernières « so t le dive sit 47 ultu elle et so iale ue l o o state eau oup i oi et le euses e he hes su les epta le d u e v ita le oi s da s les aut es se teu s de Ricaud Pascal dans son article « Les radios communautaires : de la FM à Internet » 27 l audiovisuel »48.Cette diversité permet aux radios associatives de toucher un public précis, qui se reconnait à travers elles. En plus de cette diversité de mission sociale, nombres de radios associatives se sont spécialisées dans la découverte et la mise en avant de styles musicaux particuliers ou de projets artistiques divers. En plus de la diffusion et de la production de programmes, elles participent à créer des évènements culturels locaux et à valoriser le patrimoine sonore notamment par la numérisation des archives sonores issues de la culture locale. Radio Mon Pais, créée en 1982 à Toulouse après deu a s d issio la desti e, et e a a t les ou eau tale ts f a opho es do t ego ge la France. Le slogan de Mon Pais est significatif : « association culturelle sociale et musicale ». Ba a a, a i at i e de la Mati ale et de l a d la 49 ission de musique classique « L O eille à la page » que sa principale motivation était, e plus de la li e t de to possi le à l a te e, le soutie au a ts i a ts et à l du atio populai e. Toulouse est d ailleu s un bastion des radios li es puis u elle o p e d t eize adios asso iati es su u e t e tai e de adios p i es50 telles que FMR, Radio Occitania, Canal Sud ou encore Up Radio, qui mettent en avant des cultures alternatives, des projets sociaux locaux ou des courants musicaux peu répandus sur la bande Fm. ue l audie e od e des adios associatives permettrait en réalité de préserver leurs spécificités et leur liberté de programmation : « Les o e s este t li it s ais ela assu e u o fo t d oute au auditeu s Cheval Jean-Jacques, « Diversité culturelle, interculturalité et radios associatives en France, l'exemple bordelais », EPTIC.com.br, vol XI, n°3, 2009. 49 Lors d'un entretien téléphonique réalisé dans le cadre de ce mémoire 50 Croquet Pauline, « Trente ans après, que reste-t-il des radios libres? », La Dépêche.fr, 20 novembre 2011 48 28 qui ne sont pas pollués par toute cette publicité. »51 De fait, dès lors que leur popularité augmente, elles attireront les investisseurs et pourront perdre une partie de leur intégrité. La radio associative est u dia ui e p i e u d si de app op iatio de l outil médiatique. De ce fait et de par leurs missions, ces stations se rapprochent plus du service public que des radios privées commerciales. Héritières des radios libres, elles se proclament citoyennes, démocratiques, indépendantes et solidaires. Les radios associatives sont un « acquis social »52 es d u e lutte et d u e e e di atio de la li e t de to et de pa ole, du pluralisme et de la diversité des programmes et des médias. A l i e se des adios p i es, elles sont restées attachées à la vocation d u se i e chappant à la logique de marché. La mission des radios asso iati es e t d u a a t e di t t g al. Peut-on alors les assimiler à des « radios privées de service public » d auta t plus u elles d pe de t e pa tie des subventions publiques? Après avoir établi une description du paysage radiophonique associatif en France, un paysage très di e sifi ui oeu e da s l i t tg al, afi de p se e u e e tai e philosophie h it e du mouvement des radios libres, nous allons entrer da s le if du sujet e a al sa t l a tio de es radios associatives dans la prescription de musique, une des missions de communication sociale de proximité qui leur est attribuée. II. Le Prescription musicale traditionnelle des radios associatives u te 2011 « Les Français et la musique » de la SACEM a montré que les médias traditionnels sont toujours les plus prescripteurs en matière de musique. La découverte de nouveaux morceaux ou artistes continue de se faire majoritairement par la radio (pour 70% des Français). Si on ajoute les adios e lig e %, est p s de % des F a çais ui déclarent découvrir des nouveautés à travers ce média. La télévision arrive en deuxième place suivie de la e o a datio d u proche. Internet est alors le quatrième prescripteur musical pou p s d u tie s des F a çais. Pour Bernard Miyet, Président du Directoire de la SACEM, « La radio et la télévision restent i o tou a les pou do pérenne ». Co e a t l ou eau 51 52 ge es ou au e au ateu s la visi ilit oute de ou eaut s, ou eau essai e à la o st u tio d u e a i e % des a tistes. L atte tio po da ts se dise t atte tifs au po t e au Propos tenus lors d'un entretien téléphonique réalisé dans le cadre de ce mémoire Article « Les radios associatives au coeur de la numérisation » sur Syntone.fr 29 de i es ou eaut s musicales est très importante chez les catégories les plus jeunes (78% pour les 15-24 ans) et d li e e suite jus u à attei d e % hez les a s +. "elo Clai e Gi audi, espo sa le des études de la SACEM, les goûts musicaux et la culture musicale ont tendance à se figer ave l âge : « On reste fidèle à des répertoires, incarnés par des i te p tes, ue l o suit tout au lo g de leu carrière, avec pour corolaire une curiosité moins marquée pour les nouveautés »53. Quelles actions radios associatives mettent-les e oeu e pou e pli leu issio de prescripteurs de talents musicaux? Nous allons analyser le rôle des radios associatives dans la prescription musicale à travers le prisme de la programmation et des partenariats. 1) Le cadre législatif Le rapport du Sénat « C ati e usi ale et di e sit à l e u i ue » de septembre 2011 a posé les problèmes que traverse actuellement la filière musicale et esquissé de solutions. Pour accompagner la relance de la production de musique, qui a baissé de 60% entre 2002 et 2010 selon le rapport54, il est p distributio ph si ue, l o is d a lio e l a e ge e de se i es s au u o te us i ues l gau usi au e soute a t la et les aides au adios associatives. De fait, le rapport précise que ces dernières jouent un rôle clé dans la prescription et la diffusion de nouveaux talents, notamment francophones.  Pou Droit de la propriété intellectuelle attaché aux radios associatives o p e d e le ôle ue joue t les adios asso iati es da s la usi ue, il est d a o d nécessaire de définir quelques notions de droit français, et plus précisément de droit de la propriété intellectuelle en ce qui nous concerne. Deux fondements caractérisent les droits de propriété intellectuelle français ; d u e pa t, le fo de e t p olo ge e t de la pe so o al ui o sid e l oeu e o alit de l auteu et, d aut e pa t, le fo de e t e le o omique qui permet de rémunérer les créateurs et le producteur. Pour notre sujet, nous allons tenir compte de ce dernier, o tis pa le d oit pat i o ial d auteu ais aussi pa les d oits oisi s pou les artistes-interprètes et les producteurs inscrits dans le Code de Propriété Intellectuelle. Le d oit pat i o ial d auteu est u d oit e lusif ui auto ise o t e u 55 pu li ue d u e oeu e du a t la ie et jus u à soi a te-dix ans après la atio l e ploitatio o t de l auteu avant de as ule da s le do ai e pu li. Lu as, p ofesseu à l U i e sit de Na tes, soulig e d ailleu s da s so ou age Propriété littéraire et artistique, que dans les pays usant du copyright, la fi atio o ligatoi e pou u elle soit p ot g e, o t ai e e t au s st ue l auteu jouit d u u pa la pe so e sa t à l auteu e i o opie su u ag d u e oeu e est e ju idi ue f a çais ui p oit o opole su so oeu e « du seul fait de sa création »57. Ce droit est e ui alise la fi atio, l diteu pho og aphi ue et le p odu teu, e % du p i de g os d u dis ue. Ce d oit est gale ent perçu en cas de topho e, u suppo t u i ue ou u dis ue du e ue d u e t l diffusio ou radiodiffusion. La se o de o posa te du d oit pat i o ial d auteu est le d oit de ep se tatio publique p u à l a ti le -2 du CPI58. Il assu e u e u atio à l auteu ha ue fois ue so oeu e est communiquée au public et transmise dans un lieu public. Les redevances applicables à la t l isio et à la adio so t de l o d e de % des e ettes d e ploitatio. Le montant de cette redevance est proportionnel aux charges pour les radios locales privées associatives éligibles au FSER et aux recettes pour les radios locales privées commerciales59 . La redevance du droit d auteu des adios asso iati es est, elle, ui ale te à % de leu s harges. Lorsque l'utilisation du répertoire des sociétés d'auteurs60 ne dépasse pas 30% de la durée totale des émissions, les sociétés d'auteurs accordent à la radio associative une réduction de moitié du taux et du minimum de la redevance, sous réserve de justifier cette utilisation limitée. La SACEM est la société de gestion des droits des auteurs et éditeurs de musique principale. C est do elle ui se charge de reverser cette redevance aux ayants-droits. 55 Annexe n°7 : article L 122-1 du CPI, p.84 Annexe n°8 : article L 122-3 du CPI, p.84 57 Annexe n°9 : article L 111 du CPI, p.84 58 Annexe n°10, p.84 59 http://www.sacem.fr/cms/home/utilisateurs/diffuser/radio-locale-privee/definitions-une-radio-locale-priv e e 60 Réunies au sein de la SDRM (Société pour l'administration du Droit de Reproduction Mécanique), les sociétés de gestion des droits d'auteurs sont la SACEM, la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques), la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédia), la SGDL (Société Des Gens de Lettres) et l'AAEDRM (Association des Editeurs pour l'Exploitation des Droits de Reproduction Mécanique) 56 31 - Rémunération équitable pour les droits voisins À l i age de e ui e iste pou les auteu s et les o positeu s, la loi su les d oits oisi s ot e e 1985 a ouvert des droits à la rémunération des artistes-interprètes et des producteurs de phonogrammes pour la diffusion des enregistrements sonores publiés à des « fins de commerce », que ce soit par les médias (radios et télévisions), dans les discothèques ou dans les lieux publics sonorisés : restaurants, commerces, hôtels etc. Cette rémunération, prélevée auprès des diffuseurs, agit comme une sorte de contrepartie à la restriction interdisant aux artistesi te p tes et au p odu teu s de s opposer à ce type de diffusions dès lors que le support est -1 du CPI61 prévoit que, par dérogation, certaines utilisations de commercialisé. L a ti le L pho og a es du o e e so t pas su o do et des producteurs. Il s agit d u s st es à l auto isatio des a tistes-interprètes e de li e e l gale62 où l utilisateu a pas à solli ite d auto isation. Cette licence légale a une contrepartie appelée « rémunération équitable » qui est en principe assise sur les e ettes d e ploitatio. La rémunération équitable est répartie par moitié entre les artistes-interprètes et les producteurs de phonogrammes après collecte de la Société pour la perception de la rémunération équitable (SPRE). Cette dernière regroupe quatre sociétés civiles. Concernant les artistes et musiciens interprètes, les droits sont gérés par l'ADAMI63et la SPEDIDAM64. Pour les industriels du dis ue, il s agit de la "CPP65 et la SPPF66. Cette o pe satio a pou et utilisateu s d oeu es. Pou ut la e he he d u st i t et juste uili e e t e titulai es de d oits fi ie du d oit de diffuse li e e t de la usi ue, les radios, aussi ie les o e iales ue les asso iati es, doi e t do Cette dispe se les diffuseu s d o te i des d oits de ha ue tit e p og a o te u 61 u atio paie e t fo faitai e aup s d u o ga is e s a uitte de ette ede a e. ha g de sa redistribution. Une Annexe n°11, p 85 La licence légale désigne l'autorisation de certaines exploitations accompagnées d'une obligation de rémunération – une indemnisation 63 Administration des droits des artistes et musiciens interprètes 64 Société de perception et de distribution des droits des artistes-interprètes 65 Société civile des producteurs phonographiques 66 Société civile des producteurs de phonogrammes de France 67 Source SNRL, communiqué du 17 octobre sur les droits voisins. réévaluation du barème a été effectuée en 2007 par une commission spécialisée. Alors que le barème précédent, datant de 1987, avait fixé une rémunération uniforme de 4,25% de leurs le des adios p i es, le ou eau barème, appliqué le 1er janvier 2008, e e us pou l e se prend en compte les importantes différences de situation économique des différents opérateurs e p o a t des tau p og essifs de à % e fo tio du hiff e d affai es alis pa les adios, pour toutes les autres radios privées, dont les plus grandes génèrent fréquemment des taux de e ta ilit ho s o es. Bie d attei d e le i eau ue l aug e tatio du a i i u de u atio e soit sig ifi ati e, elle e pe ui puisse t e o sid e o e et pas uitable par les ayants droits68, la rémunération totale devant être perçue à partir de 2011 restant inférieure à la rémunération payée par les radiodiffuseurs privés aux auteurs et restant en deçà des niveaux des rémunérations moyennes que perçoivent les artistes et les producteurs dans les grands pays européens. Les radios associatives ont, elles, obtenu que leur spécificité non lucrative et leur fonction de soutien aux nouveaux talents et à la diversité culturelle soient prises en compte et que leur redevance soit minorée de 20% à 50%. Ainsi, alors que dès 2009 l e se le des adios commerciales vont voir leur versement à la SPRE augmenter, les radios associatives vont, elles, les oi di i ue d e Plus de o e e de % selo le CN'A. illio s d eu os ont été perçus en 2009 au titre de la rémunération équitable, soit une augmentation de 9,78% par rapport aux perceptions 200869. La commission Zelnik a montré dans son rapport « Création et Internet » rendu le 17 janvier 2010 sa olo t d te d e e système au numérique. « Pour la diffusion musicale linéaire en ligne (webcasting), il faudra étendre le régime de la u atio uita le aujou d hui appli u o t epa tie de l e te sio du gi e de u atio à la radiodiffusion hertzienne. []En uitable, les services de diffusion en ligne pourraient alors être soumis à des obligations comparables à celles des radios hertziennes en termes de diversité culturelle.»70 Afin de pouvoir diffuser légalement de la musique sur leurs ondes, les radios doivent donc à la fois pa e des ede a es de d oits d auteu s au so i t s de gestio et de pe eptio des d oits la SACEM Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique et à la SPRE Société pour la Perception de la Rémunération Equitable) qui se chargent à leur tour de reverser ces droits aux 68 http://www.spre.fr/document/guide_bareme_radio_privees_2008.pdf www.irma.asso.fr/Chiffres-cles-2009-de-l-Adami 70 . 33 ayants-droits (auteurs et éditeurs) et verser au titre de la rémunération équitable une redevance pour les artistes-interprètes et les producteurs de phonogrammes. La filière musicale est ordonnée et tenue par le droit. Cependant, la complexité des flux de droits rend les choses opaques et parfois difficiles comprendre71. Les radios font partie intégrante de ce système de versements de droits au sein de la filière musicale de par leur utilisation de contenus musicaux. Près de 80% des droits sont versés par les radios et chaines de télévision 72(ce hiff e te d à se dui e a e l e t e du u i ue o e ou el age t de e se e t de droits).  Loi su l e eptio "elo l e ultu elle u te de la "ACEM su « Les Français et la musique », la chanson française reste le genre favori des Français (51% de réponses) « Le système des quotas a créé un cercle vertueux u il est essai e de p e ise », explique Bernard Miyet, Président du Directoire de la Sacem suite à la pu li atio de l e u te, « Les F a çais atte de t des adios u elles joue t leu ôle de p es ipteu s, à des ho ai es d oute sig ifi atifs. O la p se vatio de la dive sit passe à la fois pa u à l off e, i dispe sa le, et par des mécanismes favorisant soutie l e positio et la diffusio des oeuv es, afi Depuis d oeu es ultu elle u elles e o t e t leu pu li. », la loi ga a tit la diffusio su les adios f a çaises d u e p opo tio su sta tielle usi ales d e p essio f a çaise ou interprétées dans une langue régionale en usage en F a e. I itiale e t, elle de ait attei d e u i i u de % de ha so s d e p essio s française, dont la moitié au moins provenant de nouveaux talents ou de nouvelles productions, diffusées aux heures d pou f ei e l o l oute sig ifi ati es. Cette loi su l e eptio ip se e de la ise e pla e usi ue a glo-saxonne sur les radios privées et pour favoriser e ge e de ou eau a tistes. E t e e appli atio e d u ifo ultu elle a t, la loi a eu omme premier effet ise da a tage les adios jeu es et de su e pose des a tistes f a opho es à su ue MC "olaa ou Oph lie Wi te. Les diff e ts a teu s de l i dust ie s tes usi ale se so t alo s adaptés. Les maisons de disques ont produit plus de musique jeune en français (la déferlante des boys band à la fin des années 1990 en est un exemple). 72 Annexe n°12 : « Principaux flux de droit dans la filière musicale en 2004 », p 85 L'industrie du disque, La Découverte, Coll. « Repères » n°464, 2006, p.11 34 Aujou d hui, la loi a t odulée par dérogation. Le CSA peut désormais autoriser les proportions suivantes : pour les radios spécialisées dans la mise en valeur du patrimoine musical (comme Nostalgie), 60% de titres francophones dont un pourcentage de nouvelles productions pouvant alle jus u à % du total, soit pou les adios sp ialis es da s la p o otio de jeu es tale ts : 35% de titres francophones dont 25% au moins du total provenant de nouveaux talents. Ces nouvelles dispositions ont fini par amener leurs effets pervers. Les radios commerciales ont détourné les effets prévus de cette loi, la jugeant trop contraignante et un frein à leur audience. De même, à la radio, si les quotas de chanson francophone sont bien respectés, de nombreux acteurs de la filière musicale déplorent la concentration de la programmation sur un nombre de plus en plus restreints de titres et sur des heures d oute peu sig ifi ati es. En l'occurrence, le quart de nouveaux talents francophones a fini par être le même pour tout le monde. Le 20 juin 2011, l asso iatio « Tous pour la Musique » publie un communiqué dénonçant la concentration des playlists du répertoire francophone des radios musicales. En 2010, 90 % des diffusions de nouveautés francophones ont été conce t es su e pli ue u e ui ze tit es. L asso iation alit seules % des ou eaut s f a opho es o t fait l o jet d u e diffusio significative sur les radios musicales. En plus de ce phénomène de concentration, les nouveautés et titres francophones sont le plus souvent relégués le week-e d à des heu es d oute peu significatives (entre 6h et 8h30). Dans cette tranche horaire, la présence de la musique est de 75% le week-end contre 44 % en semaine. « Pour justifier leur comportement, les radios accusent les maisons de disques de délaisser les artistes francophones. Mais en réalité, malgré la crise, en 2010, les producteurs ont envoyé aux radios 2 180 nouveautés, dont 713 productions francophones ». La p og essio de l e oi de tit es au adios pa apport à 2009 est de 34 % pour le répertoire francophone. L asso iatio de a de do ue l esp it de la loi su les uotas de ha so f a çaise e soit plus dévoyé, mais aussi que les radios soient incitées à introduire plus de diversité dans leur programmation musicale en appelant à « leur responsabilité pour préserver la diversité culturelle.» De ou elles go iatio s o t eu lieu fi p odu teu s de la fili e usi ale. "elo suite à l appel de la "ACEM e t e les adios et les le jou aliste des E hos, sp ialiste de l i dust ie musicale, Grégoire Poussielgue, cette question « empoisonne les relations entre la filière musicale 35 et les radios, la première accusant les secondes de dévoyer les quotas, pourtant effectifs depuis janvier 1996 »73. Le CSA a alors dégagé trois propositions : - Comptabiliser un titre dans les quotas uniquement s'il est diffusé plus de deux minutes, contre une seule actuellement - Elargir la notion de « nouveau talent » en prenant en compte tous les artistes qui n'ont pas eu trois albums distincts disques d'or (50 000 exemplaires vendus), contre deux auparavant - Restreindre les heures d'écoute significatives, en ne comptabilisant plus la tranche horaire 6h30 -8h le samedi et le dimanche, heure à laquelle l'écoute est faible ce qui permettait aux radios de diffuser beaucoup de musique francophone sur cette tranche pour respecter leurs quotas. Les esu es o e a t les heu es d' oute sig ifi ati es et le t o age des oeu es o t satisfait l i dust ie usi ale al de l Upfi74 « la notion de "nouveau ais pou J ô e 'oge, di e teu g talent" ne permet pas de résoudre le problème de fond qui est celui de l'hyperconcentration des playlists». En résumé, la contrainte posée par les quotas est diminuée mais ceux qui en pâtissent le plus sont les « nouveaux talents » justement, les artistes en développement qui seront encore moins bien exposés. Da s leu g a de ajo it, les adios e so t plus le p i ipal e teu de d ou e te u elles o t été pendant longtemps. Certes, la bande FM en France est riche de formats divers, notamment sur des niches musicales, mais la pyramide de la concentration est terrible pour les radios musicales jeunes et jeunes adultes. La loi des uotas a pas suffi à diversifier les programmations radio. Plutôt que de quantifier la part de titres francophones et de nouvelles productions, une a i e d i pose au adios leu o ie tatio, il se ait peut-être plus efficace de limiter les otatio s et la diffusio de tit es du top, ita les e t a es à l la gisse e t des pla lists. Nous allons désormais nous intéresser plus spécifiquement aux exigences de diversité, de d ou e te ui se so t fi es les adios asso iati es. Co celles-ci o t u e philosophie pa ti uli e ui leu pe 74 Article « Radios : la question des quotas en passe d'être réglée », Les Echos, 25 octobre 2011. Union des Producteurs Phonographiques Français Indépendants 36 e t, et de s i pli ue da a tage da s es exigences contrairement aux radios commerciales. La prescription musicale à travers la programmation E adio, la usi ue o stitue à la fois u ode d ide tifi atio de la statio et u lie fo t avec son public. La programmation musicale fait partie intégrante de l u i e s de la adio et, e e ui concerne les radios associatives, elle reflète sa volonté de mettre en valeur des productions de nouveaux talents, originales et diversifiées. Les e es de 'adio Bouto o t d ailleu s e pos ue l i d pe da e de la radio associative en matière de programmation leur permettait de répondre à leur mission de proximité et de diversité musicale et culturelle. Mickaël, le programmateur musical de Radio Bouton, est fie de o t i ue à la p o otio d a tistes à t a e s sa programmation : « Je vois dans la radio un moyen de promouvoir les groupes musicaux du territoire ardennais en leur offrant la possibilité de diffuser leur travail et de mettre en avant leur production par des interviews ».75 La di e t i e d a te Radio Bouton prône « l veil  e, tudia te à l u i e sit, p ise ue usi al des auditeu s »76. La figure du programmateur Hervé Glévarec, chercheur au CNRS dans le laboratoire Communication et Politique, a déclaré lors de la conférence « La radio fait sa révolution numérique»77 ue la d ou e te d i fo ultu e s ta lit pa u e o u i atio à deu tages pa l i te atio ou de diai e de leade s d opi io. Cette théorie du « two step flow » de Paul Feli Laza sfeld pla e la figu e du leade d opi io com e l i te diai e e t e le o so Laza sfeld d fi isse t le leade d opi io ateu d u o quotidiens avec son entourage, i flue e de dia et le dia lui-même. Katz et e : « une personne qui, à travers des contacts a i e guli e l opi io et la d cision des gens dans quelques domaines particuliers »78. Ils ont mis en exergue les effets limités des médias sur les pensées et comportements des individus et mis l'accent sur l'importance des contacts personnels da s l i flue e des opi io s, su le p o essus de o leade s d opi io. "i l o u i atio à l ho izo tal a i e ie t à ot e as, le leade d opi io ou le p es ipteu, pou ous i t esse, au sei de la adio t aditio elle est i a pa es e ui pa l a i ateu. De fait, e de ie est consacré par le public et entretient une relation de proximité avec lui ce qui facilite son statut de Propos tenus lors d'un entretien téléphonique réalisé dans le cadre de ce mémoire. Op. Cit 77 Conférence "La radio fait sa révolution numérique", Musée des Arts et métiers, jeudi 19 mai 2012 dans le cadre de l'exposition « Ouvrez grand vos oreilles » 78 Katz et Lazarsfeld, Personal Influence, 1955, NYC 75 76 37 leade d opi io, d auta t plus lo s u il s agit de adios lo ales. De pa sa elatio i ti e a e l auditeu et so p og a atio usi au et a l a ti it ultu elle, l a i ateu fait office de prescripteur concernant la usi ale. E u il diffuse da s so alit, l a i ateu de adios asso iati es hoisit les o te us issio o t ai e e t au adios o e iales. Ulf Pos ha dt a olutio du ôle du Dj à partir du début du 20ème siècle dans son ouvrage DJ culture. Programmation des radios commerciales vs radios associatives La radio reste la source la plus populaire en matière de découverte musicale, mais de quelle musique parlons-nous? Si nous nous arrêtons sur les radios musicales les plus écoutées en France, NRJ en tête, nous nous apercevons vite que seules quarante chansons sont en rotation quotidienne et la majorité des artistes diffusés provient de majors. Bien sûr, il existe des radios nationales et commerciales qui participent à la prescription comme Radio Nova Malheu euse e t, t s peu e d passe t les li ites i pos es pa la loi su l e eptio et l e positio de ou eau tale ts et fo tio 79. ultu elle e t à l i e se su u e h pe o e t atio des playlists. La fle io autou de l la o atio des pla lists est diff e te selo le t pe de adio concerné. Il faut adapter la programmation à l auditeu pote tiel. Da s le as d u e adio usi ale, les auditeurs sont plus homogènes et attendent le même type de musique tout au long de la journée. Il y a donc généralement un seul programmateur musical qui doit écouter les nouveautés, décider des titres qui seront mis en avant en prenant en compte la ellule d tude ui so de le pu li. E 79 H'limi Marc, "Déceler et révéler les talents de demain: Le modèle de Radio Nova", Le journal de l'école de Paris du management, 2006/5 (N°61), pp 16-22 38 radio associati ve, le programmateur prend plus de risques pour proposer une sélection plus recherchée et plus éclectique. Dans tous les cas, il doit faire preuve de curiosité, de cohérence et d e ige e da s la construction de la playlist. Les playlists sont créées grâce à des logiciels complexes comme Selector80. Différents niveaux de rotations sont intégrés dans ces logiciels ce qui permet de définir si un titre doit passer régulièrement ou plus occasio elle e t à l a te e. Il est possible par ce biais de créer des catégories qui regroupent un ensemble de chansons sus epti les d t e diffus es. O d fi it gale e t da s e logiciel des «horloges» qui correspondent à chaque heure de la journée et qui sont composées de tous les éléments qui seront diffusés. La programmation musicale s est auto atis e depuis l a i e, au début des années 1990, des logiciels de radio-automation, prévus au départ pour les playlist de nuit. Ces playlists doivent respecter un certain nombre de contraintes telles que la durée des titres, les emplacements des écrans pub ou les quotas de chansons francophones qui régit tant les radios o e iales u asso iati es. « Progra e est fai e des o p o is » 81 pour Jérôme Burnichon, programmateur à Hitwest, 1ère radio Top 40 da s l Ouest de la F a e. En réalité, la programmation dépend du positionnement de la radio. De fait, il existe des différences effectives entre une « hit radio » avec rotation moyenne de quarante titres par jour, ue l o appelle à e tit e adio « Top 40 » et les radios musicales de découverte dont la majorité des associatives font partie. Les choix éditoriaux entres ces radios différent du fait de leur financement, de leur politique et de leurs visées. - Les radios Top 40. Les sociologues Adorno et Horkheimer, issus de l E ole de F a fo t, ont beaucoup critiqué la e e t de la ultu e de asse et de l i dust ie du di e tisse e t ui s est d elopp dans l e t e-deux-gue es et su tout à l ap s-guerre. Pour eux, le primat économique dénature et ramène au même plan toute forme artistique à travers la standardisation des contenus culturels. Adorno, dans son Introduction à la sociologie de la musique, décrit son désamour pour la musique populai e u il o sid e o ceci : « Les su 80 81 e le p oduit des i dust ies ultu elles de it même s [] o pte t su les o -adultes, des i dividus ui e so t pas de l e p essio http://www.liberation.fr/medias/0101647039-l-ordinateur-aux-platines Propos lors du Salon le Radio 2012 39 asse et de leurs émotions et de leurs expériences »82 et l i dust ialisatio a p o o u l a e e t de la musique populaire au détriment de la musique classique et par conséquent « une mercantilisation pour abrutis »83. Antoine Hennion explique dans son ouvrage La passion musicale que la critique sévère d Ado o du ite de so e t apitalis e e a e is e du fait u il et e a a t ue l a t doit être préservé. Le format Top 40 répandu dans une majorité de radios commerciales est un exemple concret de e ue l E ole de F a fo t u e logi ue itiquait. La programmation musicale des radios doit se soumettre à o o i ue de e ta ilit et d audie e ui u ifo ise l e semble des programmations radiophoniques et annihile les choix musicaux des animateurs et p og a ateu s. D ailleu s, le magazine Variety de mars 1958 titrait déjà en une : « Le deejay : artiste ou marionnette?». Au vu de leur passé, les radios associatives se battent pour faire régner la diversité au sein de leur programmation musicale. Et cette bataille continue face à la résistance de la majorité des radios privées commerciales. Certaines radios locales YACAST (Top 40) réservent une petite place pour des artistes de leur région dans des émissions spécialisées au sein des playlists ou de la p og a atio ais il guli e. Ce positio e iste pas de pla e pou eu e e t s e pli ue e g a de partie par le recours à la publicité pour financer la radio. C est là où les adios asso iati es e t e t en jeu dans la p es iptio usi ale. Ce tes, leu tau d audie e est ie loi d gale elui des radios commerciales type NRJ et Funradio, mais elles constituent un premier socle de visibilité pour des artistes en développement et des indépendants. - Les radios associatives Les radios associatives de eu e t l outil p i il gi pou assu e une diversité musicale. Pour Henri Landré, programmateur à Jet fm, radio associative nantaise qui se revendique « radio de la découverte », « C est u des p i ipes p e ie s de ce métier : amener à la connaissance de l auditeu la plu alit des atio s usi ales e F a e. »84 a-t-il écrit dans un texte pour un colloque universitaire sur la radio à Sienne en Italie en juillet 2004 qui a ensuite été révisé en janvier 2008 pour la revue Mediamorphose. Les radios diffusent de manière soutenue des artistes autoproduits ou signé chez des labels spécialisés dans les artistes en développement. Cette prise 82 Adorno, Introduction à la sociologie de la musique, Ed. Contrechamps, p.32 Op.Cit 84 http:// www.jetfm.asso.fr/site/Pour-une-coherence-de.html 83 40 de risque est facilitée par leur fonctionnement non-commercial. Les radios programment des nouveaux talents sur leur antenne au même titre que des artistes déjà rodés et reconnus. Les radios associatives sont soumises tout comme les radios commerciales et indépendantes privées aux quotas évoqués précédemment. Mais elles ne l app he de t pas de la fait, la loi su les uotas est pas pe çue o e a i e. De e u e o t ai te pou la plupa t, ais plutôt comme une directive à suivre pour exister et remplir leur mission. Seize radios se sont même regroupés en radios dites « Quotas ». Elles établissent tous les mois un classement de 35 artistes francophones les plus diffusés sur leurs radios. Il s agit g ale e t de adios influentes dans leur région Radio Mon Pais à Toulouse ou Radio Rennes. Ce classement permet de mettre e a a t les ou eaut s f a opho es et d aug e te leu e positio et leu p o otio su l e se le du tissu adiopho i ue. Les adios asso iati es so t e ui leu pe oi s assujetties au logi ues fi a i es et à la logi ue d audie e et d tre plus libre dans leur programmation et de mettre en valeur des artistes lo au et e d eloppe e t sa s sou ie des i p atifs de l i dust ie usi ale. Henri Ladré emprunte une formule de Gérôme Guibert issue de son ouvrage Les nouveaux courants musicaux (1998) pour établir la différence forte qui existe entre radio commerciale et associative : « Pour évoquer la dichotomie presque caricaturale qui oppose souvent réseaux commerciaux et tiers se teu je p opose u e a alogie ave l i dust ie du dis ue telle que décrite par le sociologue G ô e Gui e t : Les la els i d pe da ts so t deve us les d pa te e ts e he he et d veloppe e t des g a ds g oupes. » Beaucoup de programmateurs de radios associatives avec qui je suis en contact diffusent u a tiste s ils o t u logi ue de soutie oup de oeu e dise t u ils usi al. Les radios associatives développement une d a tistes au-delà même de souvent la simple diffusion de titres en l ali e ta t d i te ie s, de chroniques d al u s ou d a o pag e e t da s la p o otio de concerts dans la région. C est pou uoi le ôle des adios asso iati es da s e do ai e est p i o dial. Elles o stitue t le poi t de d pa t à la diffusio de ou eau tale ts. L e V" COM dans laquelle je t a aille se ha ge de e a o l e se e e t d a tistes e d eloppe e t su le des adios asso iati es et lo ale f a çaises da s e p e ie te ps. U a tiste o e Cyril Mokaiesh a connu un succès important au sein des radios associatives, a été n°1 au classement des radios Quotas, puis a été encensé par la presse nationale.
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(4.42) (4.43) AP~ = ~x el(INTEGRATEUR) 72 →M,mi − ΨM →D,mi,mi PM,m,i + φM 0,mi 4. Modèle discret 3cm mi (t = 0) φ 2 IM,mi (t=0) φM D,mi 2(t) mi (t = 0) φ 2(t=0) 3cm φIM,mi 2(t) M D,mi zone 2 zone 1 Figure 4.9. Partie du tissu dont la circulation est simulée avec les zones dans lesquelles la compliance active a été changée 4.4 Résultats Pour évaluer l'influence de la réaction rouge sur le comportement global du système, la compliance active des vaisseaux de la microcirculation situés dans la zone 1 a été changée après avoir obtenu l'état d'équilibre du système. Le calcul a été poursuivi jusqu'à ce que le système atteigne le nouvel état stationnaire. Afin de modéliser la réaction nerveuse, la compliance active des vaisseaux de la zone 2 a été changée. Ainsi, il est possible de déterminer si la réaction rouge entraı̂ne une diffusion de sang vers son voisinage ou si l'étalement de la zone de vasodilatation est uniquement lié à la réaction nerveuse. Le calcul est terminé dès que le dernier état stationnaire est obtenu. Les zones 1 et 2 sont montrées dans la figure 4.9. Comme la littérature propose différentes valeurs pour la densité des capillaires, deux cas présentant une valeur minimale (cas 1 : [Lamah et al., 1996] proposent 31 capillaires par mm2 pour la circulation cutanée) et une valeur maximale (cas 2 : [Braakman et al., 1989] constatent 1118 capillaires par mm3 pour la circulation musculaire) ont été étudiés. La KIM et ainsi le comportement des flux et densité de capillaire influence surtout le rapport K MD pressions du système entier. Les valeurs pour les volumes à pression zéro et les compliances sont obtenues par [Vankan et al., 1997]. Comme les valeurs des compliances correspondent à l'état de la dilatation maximale, la compliance des vaisseaux situés à l'entrée de la microcirculation est arbitrairement divisée par deux. Toutes les valeurs ainsi que la manière de les obtenir à partir des données de la littérature se trouvent en ANNEXE B. Le système étant adimensionnalisé, les valeurs absolues des variables n'influencent pas directement le comportement, mais le rapport entre elles dirige le comportement global. 4.4.1 Comme l'erreur d'un arbre avec 1000 terminaisons est beaucoup plus élevée que celle d'un arbre avec 100 terminaisons, toutes les valeurs numériques montrées dans la section suivante correspondent à un arbre avec 100 terminaisons. Les représentations graphiques en couleur montrent qualitativement le comportement d'un arbre de 1000 terminaisons. où froot,in (tstationnaire ) et froot,out (tstationnaire ) représentent les débits dans les branches d'entrée et de sortie dans l'état stationnaire. L'erreur est montrée en figure 4.10. = L'erreur numérique augmente avec le nombre de terminaisons. Afin d'estimer l'erreur relative, nous définissons la variable avec montrer l'influence de la réaction nerveuse sur le comportement global du système. Figure 4.10. Erreur relative en fonction du nombre de terminaisons zone 1 0,08 φM D,mi 2(t=0) erreur relatif 4.4 Résultats conditions initiales état stationnaire angement de A et ~x me linéaire (GAUSS) AP~ = ~x l(INTEGRATEUR) →M,mi − ΨM →D,mi mi PM,m,i + φM 0,mi φIM,mi 2(t) mi (t = 0) φ 2 IM,mi (t=0) φM D,mi 2(t) (t = 0) b10,out m1 m2 m3 m4 m5 KIM,mi KM D,mi Pmi b1,in b2,1 b 3,1 b4,3 b5,3 b6,8 b7,8 b8,10 b9,10 4. Modèle discret 74 kP a PI,in PI,term PM PD,term PD,out cas 1 cas 2 12,66 12,66 11,93 10,84 5,17 3,13 1,33 2,41 0,6 0,6 Tableau 4.1. Pressions dans le premier état stationnaire KIM valeurs physiologiquement correctes un rapport de perméabilité K plus petit que celui MD du cas 2 serait nécessaire. Le fait que le gradient de pression auprès de KIM est plus grand que celui auprès de KM D correspond à la ie. La baisse de pression entre le système artériel et la microcirculation a lieu au niveau des artérioles. La baisse de pression au niveau des veinules est très faible. 4.4.2 Réaction rouge Différence entre les deux états stationnaires Il est nécessaire de regarder non seulement le comportement d'un seul vaisseau mais aussi celui du système global. Les résultats graphiques montrés dans la suite correspondent à un arbre de 1000 terminaisons pour le cas 1 avec un changement de compliance de Cactive,A = 10Cpassive,A, Cactive,C = 10Cpassive,C. Un changement de compliance de Cactive,A = 10Cpassive,A, Cactive,C = 10Cpassive,C est, d'un point de vue physiologique, largement trop grand, mais il permet de tester le comportement du système en évitant que les résultats soient trop influencés par l'erreur numérique. Toutes les valeurs sont normalisées par rapport au premier état stationnaire. La figure 4.11 montre la différence de flux dans la première et dans la troisième couche. On peut noter une augmentation du flux dans tous les vaisseaux situés entre les points stimulés et la racine. D'un autre côté on peut remarquer que le flux baisse dans tous les autres vaisseaux. La figure 4.12 montre la différence de pression dans les mêmes couches. La pression baisse dans presque toute la première couche et principalement dans la zone de drainage afin d'assurer l'augmentation du débit vers la couche intermédiaire. La troisième couche montre une augmentation de pression dans toute la couche, qui est plus forte dans la zone de stimulation. La baisse de pression dans la première couche correspond à l'augmentation de pression de la troisième couche car les deux arbres sont identiques. Les figures 4.13 et 4.14 montrent la différence de volume et de pression dans la couche intermédiaire. On peut noter une forte augmentation de volume dans la zone de stimulation. Les points des alentours subissent seulement une très faible augmentation. Les pressions et flux dans les vaisseaux qui sont situ és loin de l'endroit de stimulation ne changent presque pas. Cela est dû aux conditions aux limites qui permettent d'augmenter le flux dirigé vers la zone de stimulation sans enlever du flux des autres vaisseaux. La pression des vaisseaux situés à l'arrière de l'endroit de stimulation baisse aussi. 0, *025.045..10, 05 0225 * * − 0, zone Changement de−0, A et ~ x 55, 0. −0, 045 * * * − 0,zone 0675.282, 5 0, 0. 0, 025 82, 5* *. *. −. 110, 0 −0, 0675 0, 09 Résolution du système linéaire (GAUSS) 27, 5. 55, 0 55, 0. 82, 5 5.0. 55, AP~27,0,= x. 0. 27, 5.~ 0, 0. 27, 5 0, 13 0, 16 Résolution du système différentiel(INTEGRATEUR) 0, 075. 0, 13 0 * * * − 0, 7 0,0,05 φ̇M,mi = ΨI→M,mi − ΨM →D,m 0,70*. *. *.*0,−* 075 *− 0, 7 −0, 4 0, 025. 0,1,i05 DRAINAGE φM,mi = CM, mi PM , m ,i + φ −0, −1 , 2, 1 1, 4 0, 400,m 7*. *. *.*−0,* 025 *i − M IM , mi IM , m L n6 i 2 n7 (t)Lcap φM D,m i cas 1 n 8 KM D,mi = KM D,mi (t = 0) D,mi (t = 0) φ 2 cas 2 cas 2 n9 2(t=0) φM D,m M D,mi (t=0) cas 3 cas 3 n10i 3cm 3cm n n b1,in 4.4 Résultats zonen1 zonen1 b 2,1 zone 2 zone n n2 82, 5. 110,n0 b3,1 82, 5. 110,n0 55, 0. 82,n5 0. 82,n5 b4,3 55, 27, 5. 55,m0 27, 5. 55,m0 b 0, 0. 27, 5 0, 0. 27, 5,3 K K 5 K K b6,8 0, 0 * * * −K0, 7 0, 0 * * * −K0, 7 b7,8 −0, 7 * * * −K1, 4 −0, 7 * * * −K1, 4 b8,10 −1, 4 * * K* − 2, 1 −1, 4 * * K * − 2, 1 −2, 1 * *K* − 2, 8 b9,10 −2, 1 * *K* − 2, 8 0, 0675. 0, 09 0, 0675. 0, 09 IRRIGATION conditions initiales conditions initiales b10,out 0, 045. 0, 0675 0, 045. 0, 0675 état stationnaire état stationnaire m10, 0225. 0, 045 0, 0225. 0, 045 Changement de A0, 0et ~x Changement demA ~x 2 0, 0et. 0, 0225. 0, 0225 m3 stème linéaire (GAUSS) Résolution du système linéaire (GAUSS) m40, 0 * * * − 0, 0225 0, 0 * * * − 0, 0225 m −0, 0225 * − 0, 045 −0,5 0225 * − 0, 045 A P~ * *= ~x A P~ * *= ~x KIM,m −0, 045 * * * − 0, 0675 −0, 045 i * * * − 0, 0675 ntiel(INTEGRATEUR) Résolution du système différentiel(INTEGRATEUR) −0, 0675 * * * − 0, 09 −0, 0675 * KM D,mi * * − 0, 09 ΨI→M,mi − ΨM →D,mi φ̇M,mi = ΨI→M,mi − ΨP Mm→D, m i i. 0, 16. 0, 16 CM,mi PM,m,i + φM0, 130,m φM,mi = CM,mi PM,m,i + φRM0, 130,m 0, 075. 0, i13 0, 075. 0, i13 2 2 R 0, 05..(t) 0, 05..(t). 0, 075. 0, 075 φIM,m φIM,m i i. 0, 05 φ 0, 025 0, 025. 0, 05 KIM, mi = KIM ,mi (t = 0) M,mi ( t = 0) φ 2 ( t=0) 2(t=0) 0, 0. 0, 025 0, 0. 0, 025 φ L φM D,mi 2(t)Lcap cas 1 p j j1 j2 j2 j3 j3 i i bp,j bp,j bj,j1 bj,j1 bj,j2 bj,j2 bj,j3 bj,j3 IM, mi IM , mi M D , mi M D,mi 77, 0 . 80, 5 −2, 1 * * * − 2, 8 KIM,mi = KIM,mi (t = 0) A RC 2 KM D,mi = KM D,mi (t = V A φC 2 IM,mi φM D,mi 2(t) D,mi (t = 0) φ 2 M D,mi (t=0) 75 p j j1 IM,m φ i V KM D,mi = KM D,mi (t = 0) 77, 0. 80, 5 3cm 0, 12. 0, 16 zone 1 0, 08. 0, 12 zone 2 0, 04. 0, 08 82, 5. 110, 0 0, 0. 0, 04 55, 0. 82, 5 2(t) P φM D,m i M φIM 2(t=0) φ φM D,m i MD KIM 77, 0. 80, 5 3cm KM D 0, 12. 0, 16 1 φM 0, 08. zone. 0, 12 zone 2 S 0, 04. 0, 08 82, 5. 110, 0 L 0, 0. 0, 04 Lcap 55, 0. 82, 5 27, 5. 55, 0 cas 1 0, 0. 27, 5 cas 2 27, 5. 55, 0 2(t) φIM,m −1, 4 * * * − 2, 1 0, 0675 i. 0, 09 0, 12 13. 0, 16 0, 045. 0, 0675 2 −2, 1 * * * − 2, 8 φIM,m0,0,i0225 (t=0). 0,.045 0,075 08. 0, 13 12 0,0675 02. 0. 0, 77,. 0225 80, 5. 0, 09 0,. ( t) φM D,m0,0,. 0,075 08 0, 0,05 1204..0,.16 i 0) 0,0,045. 0, 0675 0 * * * − 0, 0225 08. 0, 12 20,(t=0) 0, 0. 0,.045.08. 0, 05 04 φM D,m 0, 025 −0, 0225 **− 0,* 04. 0, i 0, 0225. 0, 045 −0, 045 * 0, 0, 3cm 0,* * −00.0,.0675.040, 025 −0, 0675 * * * − 0, 09 0, 0..zone. 0,10225 zone 2 82, 5. 110, 0 0, 13 55, 0 0, 82,16 5 82, 5. 110, 0 55, 0. 82, 5 27, 5. 55, 0 0, 0. 27, 5 0, 0 * * * − 0, 7 −0, 7 * * * − 1, 4 −1, 4 * * * − 2, 1 −2, 1 * * * − 2, 8 0, 00,*075 * *.− 0, 0225 5. 0, 55,13 0 Figure 4.11. Différence de flux dans la première et la0,27, troisième couche suite à la réaction 05. 0, 075 0,* 0*.*..− 27, 0, 5 045 −0, 0225 F R0 −6 0, 025. 0, 05 rouge [ pin −pout ]10 −0, 045 0,0,* *00 **. *.− 0,7 0675 *. 0, − 025 0, 77, 0. 80, 5 −0, 7 * * * − 1, 4 −0, 0675 * * * − 0, 09 −1, * * * −.2, 0,4 12. 1. 0, 16 −2, 1 * * * − 2, 8 0, 0675. 0, 09 conditions initiales..09. 0, 12 0, 045. 0, 0675 0, 0, 067508. 0, état stationnaire 77,. 0. 0,. 0675 80, 5 Changement de A et ~x 0, 045 0225. 0, 045 0,.045.16. 0, 08 0, Résolution du système linéaire (GAUSS) 0, 1204. 0, 0, 0225. 0, 0, 0,. 13..12. 0, 16 0. 0, 0225 AP~ = ~x. 0225 0, 0,0,008. 0, Résolution du système différentiel(INTEGRATEUR) 0, 0. 0, 04 04. 0, 08 0,0,0,075. 0, 13 0, 0 * * * − 0, 0225 φ̇M,mi = ΨI→M ,mi − ΨM →D,mi 0. 0,. 0225 0, 04 −0, 0225 * * * − 0, 045 0, 0 * * * − φM,mi = CM,mi PM,m , i + φM 0,mi 0, *05. 0, 075 −0, 045 * * * − 0, 0675 −0, 0225 * * −.0,. 045 φIM,mi 2(t) KIM,mi = KIM,mi (t = 0) −0, 0675 * * * − 0, 09 −0, 045 * * * − 0, 0675 φIM,mi 2(t=0) 0, 025. 0, 05 2 −0, 0675 * * * − 0, 09 0, 0. 27, 5 0, 0. 0, 0225 cas 3 0, 0 * * * − 0, 7 np −0, 7 * * * − 1, 4 nj −1, 4 * * * − 2, 1 nj1 −2, 1 * * * − 2, 8 nj2 0, 0675. 0, 09 nj3 0, 045. 0, 0675 mi 0225. 0, 045 Kb0, p,j 0, 0. 0, 0225 K 0, 0 * * * − 0, 0225 Kbj,j2 K 0, 0 * * * − 0, 0225 0, 0 * * * − 0, 7 −0, 7 * * * − 1, 4 −1, 4 * * * − 2, 1 −2, 1 * * * − 2, 8 0, 045. 0, 0675 0, 0225. 0, 045 bj,j1 bj,j3 −0, 0225 * * * − 0, 045 −0, 0225 * * * − 0, 045 KIM,mi −0, 045 * * * − 0, 0675 KM D,mi −0, 0675 * * * − 0, 09 −0, 045 * * * − 0, 0675 −0, 0675 * * * − 0, 09 0, 13. 0, 16 0, 13. 0, 16 0, 075. 0, 13 0, 075. 0, 13 0, 05. 0, 075 0, 05. 0, 075 77, 0. 80, 5 77, 0. 80, 5 0, 12. 0, 16 0, 12. 0, 16 0, 08. 0, 12 0, 08. 0, 12 KM D,mi = KM D,mi (t = 0) φM D,mi (t) 0, 0. 0, 025 Figure 4.12. Différence de pression dans la première et la troisième couche suite à la 0, 13. 0, 16 P réaction rouge [ pin −p ] 0, 075. 0, 13 out φM D,mi 2(t=0) 3cm zone 1 zone 2 82, 5. 110, 0 55, 0. 82, 5 27, 5. 55, 0 0, 0. 27, 5 0, 0 * * * − 0, 7 −0, 7 * * * − 1, 4 −1, 4 * * * − 2, 1 0, 05. 0, 075 0, 025. 0, 05 0, 0. 0, 025 −2, 1 * * * − 2, 8 0, 0675. 0, 09 0, 045. 0, 0675 0, 0225. 0, 045 0, 0. 0, 0225 0, 0 * * * − 0, 0225 −0, 0225 * * * − 0, 045 −0, 045 * * * − 0, 0675 −0, 0675 * * * − 0, 09 0, 13. 0, 16 0, 075. 0, 13 0, 05. 0, 075 0, 025. 0, 05 0, 0. 0, 025 77, 0. 80, 5 0, 12. 0, 16 0, 08. 0, 12 0, 04. 0, 08 0, 0. 0, 04 77, 0. 80, 5 0, 12. 0, 16 08. 0, 12 0, 04. 0, 08 0, 0. 0, 04 77, 0. 80, 5 0, 12. 0, 16 0, 08. 0, 12 0, 04. 0, 08 0, 0 . 0, 04 Figure 4.13. Différence de volume dans la couche intermédiaire suite à la réaction rouge [ (pin −pφout)C0 ] 82, 5. 110, 0 55, 0. 82, 5 27, 5. 55, 0 0, 0. 27, 5 76 0, 0 * * * − 0, 7 −0, 7 * * * − 1, 4 −1, 4 * * * − 2, 1 0, 075. 0, 13 0, 05. 0, 075 0, 025. 0, 05 0, 0. 0, 025 4. Modèle discret −2, 1 * * * − 2, 8 0, 0675. 0, 09 0, 045. 0, 0675 0, 0225. 0, 045 0, 0. 0, 0225 0, 0 * * * − 0, 0225 −0, 0225 * * * − 0, 045 −0, 045 * * * − 0, 0675 −0, 0675 * * * − 0, 09 0, 13. 0, 16 0, 075. 0, 13 0, 05. 0, 075 0, 025. 0, 05 0, 0. 0, 025 77, 0. 80, 5 0, 12. 0, 16 77, 0. 80, 5 0, 1208. 0, 0,..16. 0, 12 0, 08. 0, 12 13. 0, 16 0,..08. 0, 08 0, 0, 0404. 0, 0, 075. 0, 13 0, 0. 0, 04 0, 0. 0, 04 0, 05. 0, 075 0, 025. 0, 05 0, 0. 0, 025 77, 0. 80, 5 0, 12. 0, 16 0, 08. 0, 12 0, 04. 0, 08 0, 0. 0, 04 Figure 4.14. Différence de pression dans la couche intermédiaire suite à la réaction rouge P [ pin −p ] out Evolution temporelle Pour évaluer le comportement transitoire d'un point stimulé nous allons montrer dans la suite l'évolution temporelle de son volume, sa pression, le débit entrant et sortant (ΨI→M et ΨM →D ) ainsi que le changement du débit d'entrée et de sortie. Tous les résultats correspondent à un changement de compliance de Cactive,A = 10Cpassive,A, Cactive,C = 10Cpassive,C. Afin de pouvoir comparer les deux cas, toutes les valeurs sont normalisées par rapport au premier état stationnaire. Les résultats sont montrés dans les figures 4.15 à 4.17. Les valeurs exactes se trouvent dans le tableau 4.2. La pression subit une baisse immédiatement après l'augmentation de la compliance. Ensuite elle atteint un nouvel état stationnaire qui est plus élevé que le premier . La baisse de pression entraı̂ne une baisse du débit ΨM →D et une augmentation du débit ΨI→M immédiatement après le changement de compliance. ΨI→M continue à augmenter jusqu'à ce que la pression PM regagne sa valeur initiale. Ensuite il baisse. Après la baisse rapide, ΨM →D augmente. ΨI→M = ΨM →D dans les états stationnaires. Cette valeur est plus élevée dans le deuxième état stationnaire. Les débits qui entrent et sortent de la racine montrent le même phénomène. Les volumes augmentent directement après la stimulation. Lewis constate un temps de réaction de 3 à 15s pour la réaction rouge. Ainsi, les temps de réaction des deux cas correspondent bien au résultat de Lewis. 4.4 Résultats cas1 77 premier état stationnaire deuxième état stationnaire P PM [ pin −p ] out 0,43 0,88 φM [ (pin −pφout)C0 ] 79,15 190,95 R0 ΨI→M [ ΨpinI→M ] −pout 18,31 46,56 M →D R0 ΨM →D [ Ψpin ] −pout 18,31 46,56 1831,2 2086,2 R0 ] froot,out [ Fproot,out in −pout 1830,7 2086,7 P ] PM [ pin −p out 0,26 0,54 φM [ (pin −pφout)C0 ] 77,12 146,04 R0 ΨI→M [ ΨpinI→M ] −pout 45,84 159,05 M →D R0 ] ΨM →D [ Ψpin −pout 45,84 159,05 4584,2 5433,2 4584,7 5432,7 froot,in [ cas2 froot,in [ Froot,in R0 ] pin −pout Froot,in R0 ] pin −pout R0 froot,out [ Fproot,out ] in −pout Tableau 4.2. Valeurs dans le premier et le deuxième état stationnaire 0, 0. 27, 5 0, 13. 0, 16 0, 0 * *. *. − 7 0, 075. 0,0,13 −0, 7 * *. *. 0, − 075 1, 4 0, 05 0, 13. 0, 16 0, 0 * *. *. − 7 0, 075. 0,0,13 −0, 7 *. *. *. 0, − 075 1, 4 0, 05 0, 13. 0, 16 0, 0 * *. *. − 7 0, 075. 0,0,13 −0, 7 *. *. *. 0, − 075 1, 4 0, 05 0, 045. 0, 0675 0, 045. 0, 0675 0, 0225. 0, 045 0, 08. 0, 12 5 0, 08. 0, 12 30 0 1,2 20 15 temps (s) 0 0 -1 0 1 2 3 4 5 6 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 0, 0. 0, 04 débit normalisé 0 1,2 5 0, 08. 0, 12 0, 0. 0, 04 1,4 0, 12. 0, 16 10 0, 12. 0, 16 77, 0. 80, 5 5 20 25 débit in débit out 15 temps (s) 15 temps (s) 10 77, 0. 80, 5 10 20 25 volume pression CAS 1 0, 12. 0, 16 1,6 0,8 30 0, 05. 0, 075 25 0, 05. 0, 075 0,8 0, 05. 0, 075 1 0, 075. 0, 13 1 0, 075. 0, 13 30 0, 075. 0, 13 30 0, 13. 0, 16 1,4 pression,volume normalisé 0, 13. 0, 16 77, 0. 80, 5 5 5 0 0 1 2 3 4 5 6 5 0 0 0,5 1 1,5 2 2,5 débit normalisé 3 −0, 06750,* 0* *. −. 0, 0, 09 04 0, 13. 0, 16 10 10 −0, 045 0, * * 04 * −. 0,. 0675 0, 08 −0, 045 0, * * 04 * −. 0,. 0675 0, 08 débit racine in débit racine out −0, 06750,* 0* *. −. 0, 0, 09 04 −0, 02250,* 08 **−. 0,. 0,045 12 1,6 −0, 06750,* 0* *. −. 0, 0, 09 04 −0, 045 0, * * 04 * −. 0,. 0675 0, 08 15 temps (s) 15 temps (s) 15 temps (s) 10 −0, 02250,* 08 **−. 0,. 0,045 12 0, 0. 0, 0225 77, 0. 80, 5 0, 0 0, * * 12 * −. 0,. 0225 0, 16 77, 0. 80, 5 0, 0 0, * * 12 * −. 0,. 0225 0, 16 -1 CAS 2 0, 0. 0, 0225 −0, 02250,* 08 **−. 0,. 0,045 12 pression, volume normalisé 78 0, 0225. 0, 045 0, 0225. 0, 045 77, 0. 80, 5 0, 0 0, * * 12 * −. 0,. 0225 0, 16 20 30 30 0, 045. 0, 0675 0, 0. 0, 0225 débit racine in débit racine out 20 25 débit in débit out −1, 4 * *. *. − 1 0, 025. 0,2,05 −2, − 025 2, 8 0, 10 *. *. *. 0, 20 25 volume pression −1, 4 * *. *. − 1 0, 025. 0,2,05 −2, − 025 2, 8 0, 10 *. . *. 0, débit racine normalisé −1, 4 * *. *. − 1 0, 025. 0,2,05 −2, − 025 2, 8 0, 10 *. *. *. 0, Figure 4.17. Débits d'entrée et de sortie du système normalisés par rapport au premier état stationnaire 0, 0. 27, 5 25 0, 0. 27, 5 Figure 4.16. Débits ΨI→M et ΨM →D d'un point stimulé normalisés par rapport au premier état stationnaire 27, 5. 55, 0 Figure 4.15. Pression et volume d'un point stimulé normalisés par rapport au premier état stationnaire 27, 5. 55, 0 débit racine normalisé 4. Modèle discret 27, 5. 55, 0 4.4 Résultats Ensuite nous allons regarder le comportement dans les points des alentours. Pour cela nous allons montrer l'évolution temporelle du volume, de la pression et des débits d'un point non stimulé, qui se trouve à l'arrière d'un point stimulé. Les résultats sont montrés dans les figures 4.18 et 4.19. On considère toujours un changement de compliance de Cactive,A = 10Cpassive,A, Cactive,C = 10Cpassive,C. On peut noter que le volume et la pression augmentent faiblement bien que les débits ΨI→M et ΨM →D baissent. L'augmentation de la pression peut être expliquée par un simple calcul. Dans l'état stationnaire, en tenant compte du fait que ΨI→M = ΨM →D, la pression de la couche intermédiaire peut être décrite par la pression du vaisseau précédant et du vaisseaux suivant. Ainsi on obtient PM,1 = KIM PI , term + KM D PD , term KIM + KM D (4.45) Comme les résistances des deux arbres sont les mêmes, la baisse de pression ∆PI dans la première couche est égale à l'augmentation de la pression dans la troisième couche ∆P D. On considère ∆PI = ∆PD = ∆P. La pression dans le deuxième état stationnaire, peut être calculée comme PM,2 = KIM (PI,term − ∆P ) + KM D (PD,term + ∆P ) KIM + KM D (4.46) ou KM D − KIM ∆P (4.47) KIM + KM D Ainsi, pour KM D > KIM la pression des points des alentours augment e après la stimulation. Finalement, on peut noter que l'influence d'une irritation sur son voisinage est très faible. Elle est plus forte pour le cas 2 (perméabilité hiérarchique élevée) que pour le cas 1 (faible perméabilité hiérarchique). PM,2 = PM,1 + Taux de changement de la compliance Un autre facteur intéressant est l'augmentation du volume et de la pression des points stimulés de la microcirculation, ainsi que le débit de la racine en fonction du taux de changement de la compliance (figure 4.20 à 4.22 ). On peut noter que le volume augmente proportionnellement au changement de compliance Cactive, tandis que la pression tend vers une valeur limite. Cela est dû au fait que la pression PM est limitée par les pressions des terminaisons PI,term et PD,term. Celles-ci sont elles-mêmes limitées par les conditions aux limites, la pression d'entrée pin et la pression de sortie pout. Considérant la loi linéaire entre le volume et la pression qui est donnée par φM = (Cactive + Cpassive )PM + φM 0 (4.48) il est évident que le volume augmente si la compliance Cactive augmente, même si la pression PM reste constante. Le débit d'entrée augmente très faiblement avec la compliance C active. 27, 5. 55, 0 25 30 20 0, 045. 0, 0675 0, 045. 0, 0675 20 0, 0225. 0, 045 0, 0225. 0, 045 15 temps (s) 15 temps (s) CAS 2 0, 0. 0, 0225 0, 0. 0, 0225 10 77, 0. 80, 5 0, 0 0, * * 12 * −. 0,. 0225 0, 16 77, 0. 80, 5 0, 0 0, * * 12 * −. 0,. 0225 0, 16 10 −0, 02250,* 08 **−. 0,. 0,045 12 −0, 02250,* 08 **−. 0,. 0,045 12 5 5 −0, 045 0, * * 04 * −. 0,. 0675 0, 08 −0, 045 0, * * 04 * −. 0,. 0675 0, 08 0,9 0,95 1 1,1 1,05 0 0,88 0,92 0,96 1 1,04 1,08 1,12 1,2 1,16 0 −0, 06750,* 0* *. −. 0, 0, 09 04 −0, 06750,* 0* *. −. 0, 0, 09 04 pression, volume normalisé 0, 13. 0, 16 0, 13. 0, 16 0, 075. 0, 13 0, 075. 0, 13 0, 05. 0, 075 0, 05. 0, 075 30 30 15 temps (s) 25 20 15 temps (s) 20 25 volume pression CAS 1 débit in débit out 77, 0. 80, 5 77, 0. 80, 5 10 10 0, 12. 0, 16 0, 12. 0, 16 0, 08. 0, 12 0, 08. 0, 12 5 5 0,9 0,95 1 b 1,1 1,05 0 0,88 0,92 0,96 1 1,04 1,12 1,08 pression, volume normalisé débit normalisé 1,16 0 80 25 volume pression −2, − 025 2, 8 0, 10 *. *. *. 0, 0, 0675. 0, 09 débit in débit out 30 −1, 4 * *. *. − 1 0, 025. 0,2,05 −2, − 025 2, 8 0, 10 *. *. *. 0, débit normalisé 4. Modèle discret −0, 7 *. *. 0, − 075 1, 4 0, 05 −1, 4 * *. *. − 1 0, 025. 0,2,05 Figure 4.18. Pression et volume d'un point non stimulé normalisés par rapport au premier état stationnaire 0, 13. 0, 16 0, 0 * *. *. − 7 0, 075. 0,0,13 −0, 7 *. *. *. 0, − 075 1, 4 0, 05 0, 13. 0, 16 0, 0 * *. *. − 7 0, 075. 0,0,13 Figure 4.19. Débits ΨI→M et ΨM →D d'un point non stimulé normalisés par rapport au premier état stationnaire 0, 0. 27, 5 0, 0. 27, 5 nj2 nj2 nj3 nj3 mi Kbp,j mi Kbp,j Kbj,j1 Kbj,j1 Kbj,j2 Kbj,j3 Kbj,j3 KIM,mi KIM,mi KM D,mi KM D,mi 10 15 compliance active C_active/C_passive −1, 4 * * * − 2, 1 −2, 1 * * * − 2, 8 0, 045. 0, 0675 0, 0225. 0, 045 0, 0. 0, 0225 0, 0 * * * − 0, 0225 −0, 0225 * * * − 0, 045 −0, 045 * * * − 0, 0675 −0, 0675 * * * − 0, 09 0, 13. 0, 16 0, 075. 0, 13 0, 05. 0, 075 0, 025. 0, 05 5 77, 0. 80, 5 0, 12. 0, 16 0, 08. 0, 12 0, 04. 0, 08 0 100 300 200 volume (v/((pin-pout)C0) 400 0 20 0, 0. 27, 5 0, 0 * * * − 0, 7 −0, 7 * * * − 1, 4 −1, 4 * * * − 2, 1 10 15 compliance active C_active/C_passive −0, 7 * * * − 1, 4 27, 5. 55, 0 −2, 1 * * * − 2, 8 0, 045. 0, 0675 0, 0225. 0, 045 0, 0. 0, 0225 0, 0 * * * − 0, 0225 −0, 0225 * * * − 0, 045 −0, 045 * * * − 0, 0675 −0, 0675 * * * − 0, 09 0, 13. 0, 16 0, 075. 0, 13 0, 05. 0, 075 025. 0, 05 0, 0. 0, 025 5 0, 0 * * * − 0, 7 55, 0. 82, 5 77, 0. 80, 5 0, 12. 0, 16 0, 08. 0, 12 0, 04. 0, 08 0, 0. 0, 04 e6+03 5e+03 4e+03 3e+03 2e+03 1e+03 0 cas 1 cas 2 0, 0. 27, 5 0.2 27, 5. 55, 0 zone 2 82, 5. 110, 0 0.4 55, 0. 82, 5 3cm zone 1 0.6 zone 2 82, 5. 110, 0 φM D,mi 2(t=0) cas 1 cas 2 zone 1 φIM,mi 2(t=0) φM D,mi 2(t) 0.8 20 3cm φIM,mi 2(t) 1 KM D,mi = KM D,mi (t = 0) M D,mi 4.4 Résultats Figure 4.20. Volume d'un point stimulé en fonction de la compliance Cactive Cpassive 81 KIM,mi = KIM,mi (t = 0) pression (p/(pin-pout)) φIM,mi 2(t) mi = KIM,mi (t = 0) φ 2 IM,mi (t=0) φM D,mi 2(t) = KM D,mi (t = 0) 2(t=0) φ e6+03 5e+03 4e+03 3e+03 2e+03 1 e+ 03 C active C passive conditions initiales état stationnaire Changement de A et ~x Ré solution du système li né aire (GAUSS) AP~ = ~x Ré solution du système différentiel (INTEGRATEUR) φ̇M,mi = ΨI→M,mi − ΨM →D,mi φM,mi = CM,mi PM,m,i + φM 0,mi conditions initiales état stationnaire Changement de A et ~x n du système linéaire (GAUSS) AP~ = ~x e différentiel(INTEGRATEUR) M,mi = ΨI→M,mi − ΨM →D,mi M,mi = CM,mi PM,m,i + φM 0,mi Figure 4.21. Pression d'un point stimulé en fonction de la compliance Kbj,j2 np nj nj1 nj2 nj3 mi Kbp,j Kbj,j1 Kbj,j2 Kbj,j3 KIM,mi KIM,mi = KIM,mi (t = 0) KM D,mi = KM D,mi (t = 0) Cactive Cpassive conditions initiales état stationnaire Changement de A et ~x Résolution du système linéaire (GAUSS) AP~ = ~x Ré du système différentiel(INTEGRATEUR) φ̇M,mi = ΨI→M,mi − ΨM →D,mi φM,mi = CM,mi PM,m,i + φM 0,mi φIM,mi 2(t) φIM,mi 2(t=0) φM D , mi 2(t) φM D,mi 2(t=0) 20 3cm zone 1 zone 2 82, 5. 110, 0 55, 0. 82, 5 27, 5. 55, 0 cas 1 cas 2 0, 0. 27, 5 0, 0 * * * − 0, 7 −0, 7 * * * − 1, 4 10 15 compliance active C_active/C_passive −1, 4 * * * − 2, 1 −2, 1 * * * − 2, 8 0, 045. 0, 0675 0, 0225. 0, 045 0, 0. 0, 0225 0, 0 * * * − 0, 0225 −0, 0225 * * * − 0, 045 −0, 045 * * * − 0, 0675 −0, 0675 * * * − 0, 09 0, 13. 0, 16 0, 075. 0, 13 0, 05. 0, 075 0, 025. 0, 05 5 77, 0. 80, 5 0, 12. 0, 16 0, 08. 0, 12 0, 04. 0, 08 débit d'entrée (FR0/(pin-pout)) 82 0 0 1e+03 2e+03 3e+03 4e+03 5e+03 e6+03 Figure 4.22. Débit de la racine d'un point stimulé en fonction de la compliance 4. Modèle discret KM D,mi cas 3 3cm np zonen1j zone nj12 82, 5. 110,n0j2 cas 3 3cm np zonen1j zone nj12 82, 5. 110,n0j2 55, 0. 82,n5 j3 55, 0. 82,n5 j3 27, 5. 55,m0 i 27, 5. 55,m0 0, 0. 27, 5 Kbp,j 0, 0. 27, 5 Kbp,j Kbj,j1 0, 0 * * * −K0, 7 bj,j2 Kbj,j1 0, 0 * * * −K0, 7 bj,j2 4.4 Ré sultats i −0, 7 * * * −K1, 4 bj,j3 −0, 7 * * * −K1, 4 bj,j3 −2, 1 * *K* M − D,mi 2, 8 −2, 1 * *K* − 2, 8 M D, mi 0, 0675. 0, 09 −1, 4 * * K * −IM,mi 2, 1 −1, 4 * * K * −IM,mi 2, 1 IRRIGATION conditions initiales conditions initiales 0, 045. 0, 0675 0, 045. 0, 0675 état stationnaire état stationnaire 0, 0225. 0, 045 0, 0225. 0, 045 Changement de A0, 0et ~x Changement de A0, 0et ~x. 0, 0225. 0, 0225 stème linéaire (GAUSS) Résolution du système linéaire (GAUSS) 0, 0 * * * − 0, 0225 0, 0 * * * − 0, 0225 −0, 0225 * − 0, 045 −0, 0225 * − 0, 045 A P~ * *= ~x A P~ * *= ~x −0, 045 * * * − 0, 0675 −0, 045 * * * − 0, 0675 ntiel(INTEGRATEUR) Résolution du système différentiel(INTEGRATEUR) −0, 0675 * * * − 0, 09 −0, 0675 * * * − 09 ΨI→M,mi − ΨM →D,mi φ̇M,mi = ΨI→M,mi − ΨM →D,mi. 0, 16. 0, 16 CM,mi PM,m , i + φM0 , 130, m φ M , mi = CM ,mi PM ,m,i + φM0, 130,m i i 0, 0675. 0, 09 0, 075. 0, 13 M,mi (t = 0) D,mi (t = 0) 2. 0, 075 0, 05..(t) φIM,m i. 0, 025 φIM,mi0,20(t=0) φM D,mi 2(t) φM D,mi 2(t=0) 0, 075. 0, 13 KIM,mi = KIM,mi (t = 0) KM D,mi = KM D,mi (t = 0) 77, 0. 80, 5 3cm 0, 12. 0, 16 zone 1 0, 08. 0, 12 zone 2 0, 04. 0, 08 82, 5. 110, 0 0, 0. 0, 04 55, 0. 82, 5 2. 0, 075 0, 05..(t) φIM,m i. 0, 025 φIM,mi0,20(t=0) φM D,mi 2(t) φM D,mi 2(t=0) 77, 0. 80, 5 3cm 0, 12. 0, 16 zone 1 0, 08. 0, 12 zone 2 0, 04. 0, 08 82, 5. 110, 0 0, 0. 0, 04 55, 0. 82, 5 27, 5. 55, 0 27, 5. 55, 0 0, 0. 27, 5 0, 0. 27, 5 82, 5* *. *. −. 110, 0 −0, 0675 0, 09 55, 0. 82, 5 27, 5. 55, 0 83 0. 0, 27,16 5 0,0,13 0, 075. 0, 13 0 *. *. *. 0, − 075 0, 7 0,0,05 −0, 7 * *. *. − 4 0, 025. 0,1,05 DRAINAGE −1,0, 40 *. *. *. −0, 025 2, 1 77,. 8. 80, 5 −2, 1 * *0 * −.2, 0, 0675. 0, 09 12. 0, 16 0, 13 0, 045. 0, 0675 82, 5. 110, 0 08. 0, 13 12 55, 0. 82, 5 0,0,075 0,77, 0. 0. 0,. 0225 80, 5 5. 55, 0. 0,075 08 27, 0,0, 0, 0,05 1204..0,.16 0, 0. 27, 5 0, 0225. 0, 045 0, 0 0, * * 08 * −. 0,. 0225 0, 12 −0, 02250,* 04 **−. 0,. 0,045 08 0, 0. 0, 05 04 0, 025 0, 0 * * * − 0, 7 0, 0. 0, 025 −0, 7 * * * − 1, 4 −0, 0675 * * * − 0, 09 −1, 4 * * * − 2, 1 −2, 1 * * * − 2, 8 −0, 045 * 0, **− 0. 0,. 0675 0, 04 0, 13. 0, 16 0, 075. 0, 13 Figure 4.23. Différence de flux dans la première et la0,troisième couche suite à la réaction 05. 0, 075 F R0 −6 0, 025. 0, 05 nerveuse [ pin −pout ]10 0, 0 * * * − 0, 7 −0, 7 * * * − 1, 4 −1, 4 * * * − 2, 1 −2, 1 * * * − 2, 8 0, 0 * * * − 0, 7 −0, 7 * * * − 1, 4 −1, 4 * * − 2, 1 −2, 1 * * * − 2, 8 0, 045. 0, 0675 0, 045. 0, 0675 0, 0225. 0, 045 0, 0225. 0, 045 0, 0. 0, 0225 0, 0. 0, 0225 0, 0 * * * − 0, 0225 0, 0 * * * − 0, 0225 −0, 0225 * * * − 0, 045 −0, 0225 * * * − 0, 045 −0, 0675 * * * − 0, 09 −0, 0675 * * * − 0, 09 −0, 045 * * * − 0, 0675 −0, 045 * * * − 0, 0675 0, 13. 0, 16 0, 13. 0, 16 0, 075. 0, 13 0, 075. 0, 13 0, 05. 0, 075 0, 05. 0, 075 77, 0. 80, 5 0, 12. 0, 16 0, 0675. 0, 09 0, 08. 0, 12 0, 045. 0, 0675 77, 0. 80, 5 0225. 0, 045 0,..16. 0, 08 0, 0, 1204. 0, 0, 0. 0, 0225 0, 08. 0, 12 0, 0. 0, 04 77, 0. 80, 5 77, 0. 80, 5 0, 12. 0, 16 0, 12. 0, 16 0, 08. 0, 12 0, 08. 0, 12 0, 0 * * * − 0, 0225 −0, 0225 * * * − 0, 045 −0, 045 * * * − 0, 0675 −0, 0675 * * * − 0, 09 Figure 4.24. Différence de pression dans la première et la troisième couche suite à la P ] réaction nerveuse [ pin −p out 4.4.3 Réaction nerveuse Nous avons montré jusqu'à présent la réaction rouge n'influence que faiblement son voisinage. Il est donc nécessaire de modéliser la réaction nerveuse. Suite à des temps de calcul très élevés de ce modèle et à la nécessité d'utiliser un grand nombre de terminaisons, nous n'avons fait qu'un seul calcul décrivant la réaction nerveuse. Pour celui-ci nous avons changé la compliance simultanément dans toutes les terminaisons de la zone 2 (figure 4.9) après avoir obtenu l'état stationnaire de la réaction rouge. L'intensité du changement de la compliance active était constante dans toute la zone (Cactive,A = 10Cpassive,A, Cactive,C = 10Cpassive,C ). Les débits, pressions et volumes sont montrés dans les figures 4.23 à 4.26. Une description plus complexe de la réaction nerveuse sera donnée dans le chapitre suivant dans lequel un modèle continu est proposé. Les temps de calcul du modèle continu permettent de tester plusieurs possibilités. Considérant les résultats obtenus ici, nous pouvons constater que le comportement global ne varie pas entre la réaction rouge et la réaction nerveuse. L'augmentation du volume final est constante dans toute la zone, il n'y pas de diffusion vers les bords. i i i b 0, 0 * * * − 0, 0225 = CM,m PM,m,i + φM 0,m M,m s ystème b Résolution φdu différentiel (INTEGRATEUR) 0, *05. 0, 075 −0, 0225 * * −.0,. 045 φ (t) b KIM,m = KIM,m (t = 0) b −0, 045 * * * − 0, 0675 φ (t=0) φ̇M,m =b ΨI→M,mi − ΨM−0,→D,m 0,0,025. 0,0,05 84 * *0,. *.i09− 7 0675 *0 **− φ i (t) b KM D,m = KM D,m (t = 0) b C φ φM,m =(t=0) PM,m,i + φ−0, 0, 025 70 *. *. *.i− 1, 4 M0,0,m m M,mi i i i i i i i 4,3 i 2 5,3 IM,mi 6,8 2 7,8 IM,mi 2 8,10 M D,mi 9,10 2 M D,mi 10,out 1 m3cm 2 zone 1 m 3 zone 2 m 4 82, 5. 110, 0 m 5 0. 82, 5 K55, 27,IM,m 5. 55,i0 KM 0, 0D,m. 27,i5 Pm i KIM,mi = KIM,mi (t = 0) 0, 0 * * * − 0, 7 RA −0 , 7 * * * − 1, R 4 C 2 KM D ,mi = KM D,mi (t = −1, 4 * * * − 2, 1 RV −2, 1 * * * − 2, 8 φA 0, 0675. 0, 09 φC 2 0, 045. 0, 0675 φV 0, 0225. 0, 045 PM 0, 0. 0, 0225 φIM φM D 0, 0 * * * − 0, 0225 KIM −0, 0225 * * * − 0, 045 KM D −0, 045 * * * − 0, 0675 φM −0, 0675 * * * − 0, 09 S L Lcap 0, 13. 0, 1 0, 075. 0, 13 cas 2 0, 05. 0, 075 cas 3 0, 025. 0, 05 np 0, 0. 0, 025 nj nj1 nj2 nj3 mi 77, 0. 80, 5 Kbp,j 0, 12. 0, 16 Kbj,j1 0, 08. 0, 12 Kbj,j2 0, 04..K 0, 08 bj,j3 0, 0. 0, 04 KIM,mi KM D,mi conditions initiales état stationnaire Changement de A et Figure 4.25. Différence de~x volume Résolution du système linéaire (GAUSS) φ veuse [ (pA in P~−p =out ~x )C 0 ] Résolution du système différentiel(INTEGRATEUR) φ̇M,mi = ΨI→M,mi − ΨM →D,mi φM,mi = CM,mi PM,m,i + φM 0,mi KIM,mi = KIM,mi (t = 0) KM D,mi = KM D,mi (t = 0) φIM,mi 2(t) φIM,mi 2(t=0) φM D,mi 2(t) φM D,mi 2(t=0) 4. Modèle discret 2.(t) 0, 13 φIM,m −1, 4 *..*0,*16− 2, 1 i 0, 075. 0, 13 2(t=0) 1..*0,* 075 * − 2, 8 0, 05 φIM,m−2, i0, 025. 0, 05 2. 0,.025 0, 0675. 0, 09 φM D,m 0, 0(t) i 0) 0, 045. 0, 0675 φM D,mi 2(t=0) 0, 0225. 0, 045 3cm 0,77,00 zone. 0,10225. 80, 5 zone 2 0, 12. 0, 16 82, 5. 110, 0 0, 08. 0, 12 55, 0. 82, 5 0, 04. 0, 08 27, 5. 55, 0 0, 0. 0, 04 0, 0. 27, 5 77, 0. 80, 5 0, 0 * * * − 0, 0225 0, 12. 0, 16 0, 08. 0, 12 −0, 0225 * * * − 0, 045 0, 04. 0, 08 0, 0. 0, 04 −0, 045 0,* *0 ** *− 0,7 0675 * − 0, −0, 7 * * * − 1, 4 −0, 0675 * * * − 0, 09 −1, 4 * * * − 2, 1 −2, 1 * * * − 2, 8 0, 0675. 0, 09 0, 045. 0, 0675 dans la couche intermédiaire suite à la réaction ner0, 0225. 0, 045 0, 0. 0, 0225 0, 0 * * * − 0, 0225 −0, 0225 * * * − 0, 045 −0, 045 * * * − 0, 0675 −0, 0675 * * * − 0, 09 3cm zone 1 zone 2 82, 5. 110, 0 55, 0. 82, 5 27, 5. 55, 0 0, 0. 27, 5 0, 0 * * * − 0, 7 −0, 7 * * * − 1, 4 −1, 4 * * * − 2, 1 0, 13. 0, 16 0, 075. 0, 13 0, 05. 0, 075 0, 025. 0, 05 0, 0. 0, 025 −2, 1 * * * − 2, 8 0, 0675. 0, 09 0, 045. 0, 0675 0, 0225. 0, 045 0, 0. 0, 0225 0, 0 * * * − 0, 0225 −0, 0225 * * * − 0, 045 −0, 045 * * * − 0, 0675 −0, 0675 * * * − 0, 09 0, 13. 0, 16 0, 075. 0, 13 0, 05. 0, 075 0, 025. 0, 05 0, 0. 0, 025 77, 0. 80, 5 0, 12. 0, 16 77, 0. 80, 5 0, 1208. 0, 0,..16. 0, 12 0, 08. 0, 12 13. 0, 16 0,..08. 0, 08 0, 0, 0404. 0, 0, 075. 0, 13 0, 0. 0, 04 0, 0. 0, 04 0, 05. 0, 075 0, 025. 0, 05 0, 0. 0, 025 77, 0. 80, 5 0, 12. 0, 16 0, 08. 0, 12 0, 04. 0, 08 0, 0. 0, 04 Figure 4.26. Différence de pression dans le couche intermédiaire suite à la réaction nerP ] veuse [ pin −p out 4.5 Conclusion Conclusion La description de la circulation cutanée à l'aide d'un modèle à trois couches permet de différencier entre le comportement des différents vaisseaux. Le fait de décrire la couche d'irrigation et de drainage à l'aide d'un modèle discret donne la possibilité de tenir compte de la géométrie de l'arbre vasculaire. De plus, supposant que l'irritation n'influence pas les vaisseaux de la grande circulation, l'hypothèse des vaisseaux rigides de la première et la troisième couche devrait être valable. Elle sera validée dans le prochain chapitre à l'aide du modèle continu. L'irritation influence principalement les vaisseaux au niveau de la microcirculation. Ainsi, il est nécessaire de décrire la couche intermédiaire à l'aide des vaisseaux souples. La méthode de compartimentation permet facilement de modéliser d'un côté des vaisseaux souples et d'un autre côté de fusionner plusieurs vaisseaux comme un seul compartiment, ce qui permet de pouvoir négliger la géométrie complexe des vaisseaux au niveau de la microcirculation. Nous avons vu que le modèle est conforme à la théorie de Lewis qui dit qu'il n'y a pas de diffusion de sang vers les alentours suite à une irritation. Considérant les temps de réaction obtenus par le modèle, on peut noter qu'ils sont en cohérence avec les valeurs physiologiques. L'augmentation de la compliance Cactive est une inconnue dans le système, car il est difficile de connaı̂tre la relation exacte entre la force de griffure et le taux de décontraction des muscles lisses. De plus, la variation de Cactive ne concerne non seulement la décontraction des muscles lisses des artérioles, mais aussi l'ouverture des capillaires au repos. Pour cela, nous avons fait varier ce paramètre arbitrairement afin d'étudier son influence sur les paramètres importants du système global. Une augmentation de Cactive,A = 2Cpassive,A serait physiologiquement correcte pour les artérioles, car elle se retrouvent ainsi dans l'état de dilatation maximale (Nous avons divisé les compliances en état de repos par deux). Par contre il est difficile de déterminer l'augmentation de la compliance Cactive,C pour les capillaires afin d'obtenir l'ouverture des capillaires en repos. L'augmentation de Cactive,C = 2Cpassive,C ne donne que de faibles augmentations de volume. Pour cela, nous avons donné les résultats pour une augmentation de Cactive,A = 10Cpassive,A, Cactive,C = 10Cpassive,C bien que cela semble être trop grand. Cela nous permet d'étudier le comportement du système sans avoir des influences significatives de l'erreur numérique. Afin d'obtenir la vraie relation entre le taux de changement de la compliance et l'augmentation du volume, il serait nécessaire d'avoir des données physiologiques qui décrivent l'augmentation du volume des artérioles et des capillaires suite à une irritation. 4. Modèle discret Conclusion de la première partie Dans cette partie nous avons montré dans un premier temps les différentes méthodes de description d'un réseau vasculaire et les manières de calculer les flux et pressions à l'intérieur du système. A partir de cela, nous avons choisi la méthode de l'optimisation contrainte pour construire un arbre vasculaire. Cette méthode consiste en un algorithme itératif qui permet de reconstruire un arbre vasculaire à partir des données physiologiques. Celles-ci sont la pression le débit d'entrée ainsi que la pression et le débit de chaque terminaison. A chaque pas d'itération l'algorithme connecte une nouvelle terminaison à l'arbre déjà existant. Le point de connexion est choisi de manière qu'une fonction de coût soit minimisée (longueur, surface, volume, hypervolume1 et hypervolume2). De plus, dans chaque bifurcation une loi de bifurcation a été appliquée. La méthode de l'optimisation contrainte a été décrite en détail dans le chapitre 2. Nous avons testé trois types de connexion. Ceux-ci sont la connexion seulement à des terminaisons, la connexion à des terminaisons et des branches avec une longueur supérieure à 2dtresh et la connexion à toutes les branches. Il reste d'autres possibilités de connexion, qui pourraient être faites plus tard. On pourrait par exemple limiter la connexion par le rayon au lieu de la longueur. Après avoir construit les arbres, il a été nécessaire de trouver l'arbre qui décrit le mieux possible le comportement physiologique du réseau vasculaire. Nous avons évalué les arbres à partir de certains critères physiologiques. Parmi les plus importants critères, se trouve le fait que le chemin moyen parcouru entre la racine et une terminaison doit être minimal afin de limiter les chemins de transport du sang. De plus, le volume de l'arbre doit être minimal, car le sang est coûteux et ces vaisseaux ne sont que des fournisseurs de sang à la microcirculation. Finalement, il est nécessaire que la surface de l'arbre soit minimale car il n'y a pas d'échange avec le tissu interstitiel à ce niveau. A partir de ces critères, nous avons choisi un arbre obtenu par la minimisation de la fonction de coût du volume permettant la connexion aux terminaisons et des branches avec une longueur supérieure à 2dtresh. Cet arbre a été ensuite utilisé pour le modèle discret. Le modèle discret de la circulation sanguine consiste en trois couches. La première et la troisième couche sont décrites à l'aide des arbres vasculaires construits par la méthode d'optimisation contrainte. Les vaisseaux de ces couches sont rigides. La couche intermédiaire est décrite par un modèle de compartimentation permettant de simuler des vaisseaux souples. Ainsi, l'irritation, entraı̂nant un changement du taux de contraction des muscles lisses, a pu être modélisée par un changement de compliance. La première et la troisième couche sont des systèmes linéaires qui ont été résolus à l'aide de l'algorithme de Gauss. La couche intermédiaire a été décrite à l aide d'un système différentiel qui a été résolu par un intégrateur 88 du type Runge-Kutta Prince-Dormand. La résolution alternée de ces deux systèmes a permis d'obtenir les flux, pressions et volume du système entier. En simulant l'irritation en changeant la compliance de la couche intermédiaire dans une certaine zone, nous avons pu constater qu'il n'y a pas de diffusion de sang qui amène du sang de la zone de griffure (zone de la réaction rouge) vers les alentours. Ainsi, la réaction nerveuse peut seulement être obtenue par un changement de compliance dans la zone correspondante. Suite à des temps de calcul élevés nous n'avons pas étudié en détail les différentes possibilités pour modéliser la réaction nerveuse. Cela sera fait à l'aide du modèle continu qui sera présenté dans la partie suivante. Deuxième partie Modélisation par milieu poreux Introduction de la deuxième partie Dans cette partie nous décrirons la modélisation du réseau vasculaire à l'aide d'un milieu continu. La partie est partagée en trois chapitre. Le premier chapitre décrit l'utilisation des milieux poreux dans le domaine de la modélisation du réseau vasculaire. Ensuite, dans le deuxième chapitre nous décrirons le modèle de milieux poreux, c'est-à-dire les équations qui gouvernent ce système. Le modèle consiste en trois couches. La première et la troisième couche, correspondent à l'irrigation et au drainage du système. Elles sont décrites à l'aide de milieux poreux. La couche intermédiaire est décrite par un modèle de compartimentation. Elle a la même structure que la couche intermédiaire du modèle discret. Pour permettre au lecteur de lire cette partie sans connaı̂tre la partie précedante nous présenterons la description de la couche intermédiaire ici aussi. Finalement, nous montrerons les résultats dans le troisième chapitre. Ici, nous présenterons les flux et pressions du système dans l'état stationnaire et suite à une irritation. De plus, dans ce chapitre nous donnons une description exacte de la modélisation de l'irritation. Introduction de la deuxième partie Chapitre 5 Modélisation par des milieux poreux hiérarchiques La description de la circulation sanguine de la peau à l'aide d'un modèle discret qui décrit l'arbre vasculaire, comme il a été fait dans la partie précédente devient lourde en temps de calcul ainsi qu'en terme d'erreur numérique si nous souhaitons représenter finement le réseau vasculaire (il y a plus de 1000 capillaires par mm3 de tissu dans le muscle). Il est donc naturel de s'intéresser à modélisation du milieu poreux qui représente macroscopiquement le tissu à l 'aide d'un m odèle continu "macroscopique". Dans ce genre de modèles, chaque point représente, à l'échelle du calcul, un "Volume Élémentaire Représentatif" du milieu à une échelle plus fine dite "microscopique". Les valeurs des champs retenus par la description du milieu à l'échelle "macroscopique" sont alors généralement des moyennes de grandeurs définies dans le "Volume Elementaire Représentatif". Selon la nature des problèmes à étudier il peut être nécessaire ou non de prendre en compte la déformation du squelette solide qui contient les fluides. Dans ce chapitre nous présenterons les modèles dans lesquels le squelette est considéré comme rigide. 5.1 Modèles de milieux poreux à squelette rigide saturés par un fluide Nous présenterons tout d'abord le modèle classique de milieux poreux à squelette rigide saturé par un fluide incompressible (DARCY). Puis nous indiquerons pourquoi cette modélisation est insuffisante pour décrire notre milieu et nous présenterons le modèle de milieux poreux hiérarchiques à squelette rigide. 5.1.1 5. Modélisation par des milieux poreux hiérarchiques Le modèle classique de milieu poreux à squelette rigide saturé par un fluide Pour simplifier la présentation sommaire nous supposons ci-dessous que nous sommes dans une situation isotherme. L'origine de ce modèle est très ancienne. Nous pouvons la situer approximativement à la date des travaux de Darcy (1856), qui s'intéressait aux écoulements de l'eau dans un solide poreux. Nous montrons ci-dessous les principaux concepts attachés à ce modèle et les équations modélisant les phénomènes. Concept I : La porosité N [sans dimensions] Le premier élément de description du milieu dont nous avons besoin est le champs de porosité N (~x, t) du squelette dans la configuration actuelle. Si nous considérons un volume unitaire de squelette celui-ci est partagé en une partie occupé par le solide et son complément occupé par le fluide. Le volume de cette partie occupé par le fluide est par définition la porosité. Le champs sans dimension donne le volume de l'espace poreux disponible par unité de volume de squelette. Ainsi N (~x, t) est compris entre 0 (pour un milieu non-poreux) et 1 (lorsque le solide est évanescent). Notons que l'hypothèse de rigidité du squelette implique que les points représentatifs du milieu ne bougent pas (un point situé en ~x restera en ~x). Cette hypothèse n'implique pas que N x, t) soit indépendant du temps. En effet, le solide constitutif du squelette peut être dilaté, comprimé ou érodé et le volume accessible au fluide dans le voisinage du point peut donc varier. kg Dans Concept II : La masse du fluide m [ mm 3 ] par unité de volume de squelette chaque volume unitaire de squelette, le fluide saturant occupe l'espace poreux. La masse de ce fluide est notée m. Notons, que si le fluide est incompressible et a une masse volumique ρf0 nous avons m(~x, t) = ρf0 N (~x, t). Ce concept de masse par unité de volume est alors très voisin de celui de porosité. Si le fluide est compressible, son état local (pression, température) définit sa masse volumique locale ρf (~x, t) qui n'est pas forcement uniforme dans le milieu et nous avons en chaque point m(~x, t) = ρf (~x, t)N (~x, t) (5.1) Dans notre modèle du chapitre suivant nous retiendrons l'hypothèse d'incompressibilité du sang. Concept III : La pression du fluide P [kP a] Dans le modèle classique de milieu poreux saturé, nous supposons que la connexion des différentes parties poreuses est suffisamment bien assurée pour admettre que la variation de la pression de fluide est très faible au niveau d'un volume unitaire. On admet alors que l'état du fluide dans ce volume unitaire pourra être caractérisé par une valeur unique de la pression. Bien évidemment la pression peut être 5.1 Modèle s de milieux poreux à squelette rigide satur és par un fluide 95 variable sur l'ensemble du milieu et dans le temps. On a donc un concept de champs de pression P (~x, t) caractérisant l'état du solide. Comme nous nous sommes placés dans le cadre isotherme la masse volumique du fluide ρ sera donnée à l'aide d'une fonction d'état la reliant à la pression γ(P ). f ρf (~ x , t ) = γ(P (~x, t)) (5.2 ) (Pour le cas d'un fluide incompressible la masse volumique du fluide est indépendante de P (~x, t), ρf (~x, t) = ρf0.) Concept IV : Le flux de masse q~ [ mkg2 s ] Le fluide saturant le milieu poreux peut se déplacer à l'intérieur du squelette principalement sous l'action des gradients de pression. La "mesure" de la vitesse de déplacement est effectuée en regard ant le flux de masse de fluide qui traverse une unité de surface, orientée par ~n, du squelette pendant une unité de temps. Cette grandeur s'exprime donc en mkg2 s. Cela conduit à l'existence d'un champ vectoriel ~q(~x, t) qui intervient dans l'écriture du bilan de masse comme nous allons l'écrire ci-dessous. Bilan de masse fluide Considérons un domaine Ω du milieu poreux et écrivons les bilans de masses de fluide dans Ω. La masse fluide dans Ω est M= Z m dΩ (5.3 ) Ω La variation de la masse dans Ω par unité de temps est Z Ṁ = ṁdΩ (5.4) Ω car Ω est fixe. Cette variation de masse est due à des apports extérieurs soit volumique dans Ω soit surfacique sur la frontière δΩ. Notons ν les apports volumiques. Ils peuvent par exemple être dus à des réactions chimiques entre le fluide et le squelette. Notons q les apports surfaciques (scalaires) liés au mouvement de fluide à travers la frontière δΩ. Le bilans de masse s'écrit Z Z Z ṁdΩ = νdΩ + qdδΩ (5.5) Ω Ω δΩ L'équation ci-dessus comprend deux termes volumiques et un terme surfacique. On sait que dans ce cas q peut s'écrire sous la forme du produit scalaire d'un champs de vecteurs ~q par le vecteur normal à la surface ~n q = −~q * ~n (5.6) (Le signe moins est lié à l'orientation vers l'extérieur du vecteur normal à δΩ.) Ainsi, en utilisant le théorème de la divergence Z Ω (ṁ + div~q − ν)dΩ = 0 (5.7) 96 5. Modélisation par des milieux poreux hiérarchiques Cette équation, valable pour tout Ω, conduit à l'équation locale du flux de masse ṁ + div~q − ν = 0 (5.8) ν est souvent appelé un terme de source. Pour achever l'écriture des équations de champs du modèle il faut une première relation donnant le flux massique et une seconde relation donnant la porosité. Loi de DARCY Pour ce qui concerne le mouvement du fluide on considère que le seul moteur est le gradient du champs de pression et que le débit dépend linéairement du champs de pression. La loi fait donc intervenir un champs de tenseur d'ordre 2 noté K(~x, t) appelé tenseur de perméabilité. Le champs de flux s'écrit donc q~ = −K∇P (5.9) ] Le plus souvent on considère que K est inversement proporLes unités de K sont [ kPkg ams tionnel à la viscosité dynamique du fluid et proportionnel à sa masse volumique ρ K= k η (5.10) k [m2 ] est appelé quelquefois la perméabilité géométrique car elle dépend principalement de la géométrie du milieu poreux, mais par, ce fait, elle peut dépendre de la pression. Notons que la viscosité dynamique du fluide peut elle aussi dépendre de la géométrie du milieu poreux (fluide chargé par exemple). Compliance du milieu poreux Il existe de très nombreux comportements de milieux poreux reliant la porosité à l'état du système. Nous ne présentons ci-dessous qu'une relation simple reliant la porosité à la pression de manière affine N = N0 + CP (5.11) où N0 est la porosité "à sec". 5.1.2 Le modèle de milieux poreux hiérarchique à squelette indéformable Les tissus vivants sont irrigués par le sang mais dans chaque mm3 de tissu les pressions sanguines peuvent être très variables suivant le type de vaisseaux dans lequel se trouve la particule de sang considérée. Pour tenir compte de ce phénomène [Huyghe et al., 1989a, Huyghe et al., 1989b] proposent d'introduire une variable continue adimensionnelle x0 caractérisant, au point macroscopique ~x considéré, le type de vaisseau. x0 peut être relié au diamètre des vaisseaux, avec un signe négatif s'il on est dans les vaisseaux d'irrigation (artères, artérioles) et un signe positif si on est dans les vaisseaux de drainage (veines, veinules). Les capillaires dont le diamètre est très petit sont décrits par x0 ∼ 0. Nous pouvons reprendre les différents concepts déjà écrits pour le modèle classique de milieux poreux afin de décrire comment ils doivent être modifiés. Concept I : La porosité Il est possible de décrire ici le volume poreux occupé par les vaisseaux de diamètre caractéristique compris entre x0 et x0 + dx0 par unité de volume de squelette au point ~x. Nous avons ainsi un champs scalaire sans dimension N (x0, ~x) tel que le volume dφx0 = N (x0, ~x)dx0. Bien sûr on obtient la porosité totale du milieu en intégrant sur toutes les valeurs du paramètre caractéristique N total (~x) = Z x0max N (x0, ~x)dx0 x0min (5.18) Concept II : La masse du fluide Nous supposons pour simplifier que le sang peut être modélisé par un fluide incompressible. Il n'y a pas lieu d'introduire alors un concept supplementaire. La masse de sang par unité de volume de tissu incluse dans les vaisseaux de paramètre caractéristique compris entre x0 et x0 + dx0 sera dm = ρf0 N (x0, ~x)dx0 (5.19) où ρf0 est la masse volumique invariable du sang. Concept III : La pression du fluide Bien évidemment l'intérêt d'introduire cette hiérarchisation du milieu poreux est de pouvoir faire correspondre à chaque type de vaisseau une pression différente. Ainsi la pression sera une fonction de ~x et de x0 : P (x0, ~x, t). Concept IV : Le flux de masse Intéressons nous au volume de fluide compris dans les vaisseaux de paramètre caractéristique compris entre x0 et x0 + dx0. Deux types de transport de masse peuvent avoir lieu. Le premier est un flux "spatial" q~(x0, ~x, t)dx0 dont le moteur est principalement le gradient spatial de pression dans le réseau des vaisseaux de paramètre caractéristique compris entre x0 et x0 + dx0 (∇P (x0, ~x, t)). Le second flux est un flux hiérarchique de fluide sortant des vaisseaux de paramètre caractéristique compris entre x0 et x0 + dx0. Nous faisons l'hypothèse que le flux hiérarchique alimente les vaisseaux de taille voisine. Le moteur en est principalement alors la différence de pression entre les vaisseaux de paramètres caractéristiques voisins. Ceci revient à dire que le moteur principal des flux hiérarchiques est ∂x∂ 0 (P (x0, ~x, t)). Ce flux est donné par le scalaire noté q0 (x0, ~x, t). Par rapport au bilan de masse de fluide incluse dans les vaisseaux de taille compris entre x0 et x0 + dx0, les termes −q0 (x0, ~x, t) et q0 (x0 + dx0, ~x, t) jouent le rôle de termes de source. Nous pouvons donc définir un flux de masse généralisé dans le milieu hiérarchique avec quatre composantes scalaires (q0, q1, q2, q3 ) dont (q1, q2, q3 ) sont les trois composantes de ~q. q0 est la composante du flux hiérarchique. Bilans de masse Le flux de masse s'écrit alors ρf0 ∂N (x0, ~x, t) dx0 + div~q(x0, ~x, t)dx0 + q0 (x0 + dx0, ~x, t) − q0 (x0, ~x, t) = 0 ∂t (5.20) en simplifiant par dx0 et en passant à la limite lorsque dx0 → 0 on trouve ρf0 ∂q 0 ∂N (x0, ~ x , t) + div ~q(x0, ~x, t) + (x0 , ~x, t) = 0 ∂ t ∂x0 ( 5.21) La loi de Darcy généralisée La loi de Darcy généralisée montre une dépendance linéaire entre les flux de masse généralisés q̃ = (q0, q1, q2, q3 ) et le gradient de pression ̃ = ( ∂P, ∂P, ∂P, ∂P ). 5.2 Passage d'un réseau vasculaire discret à une description continue Le passage d'un réseau vasculaire discret à une description continue nécessite de tenir compte de la structure discrète de l'arbre vasculaire, de la compliance des vaisseaux ainsi que de l'adaptation du tenseur de perméabilité suite à des variations de volume. En supposant que la nombre de Reynolds est faible [Huyghe et al., 1989a] [Huyghe et al., 1989b] émettent l'hypothèse d'un flux du type Poiseuille. Ainsi il est possible de transformer un réseau discret de la circulation en un milieu continu à l'aide de la formule suivante X d4 ∆xi ∆xj π Kij = i, j = 0,, 3 (5.26) 128Vavg δx0 η ns l x1 = xmin y1 = dyy + ym 5. Modélisation par des milieux poreux hiérarchiques 100 C0 = C(xmin, ym ) C1 = C(xmin, y1 ) −dy où Vdyavg= est le volume sur lequel on effectue la moyenne, η la viscosité de sang, ns le nombre yi = idy + ym de segments (vaisseaux) qui appartiennent à un compartiment δx0, d le diamètre et l la xi = xmin longueur du segment. ∆xi et ∆xj sont les longueurs du segment dans les directions xi, xj. ∆C < 0? Kij est calculé pour chaque compartiment. L'idée est reprise par [Vankan et al. , 1997] en Minimum local pour x et y constru isant un milieu poreux hiérarchique. L'arbre vasculaire qui décrit le réseau de la ∆C = Ci − Ci−1 circulation est construi t en utilisant la méthode d'optimisation contrainte, proposée par Minimum local pour x, y [Schreiner et Buxbaum, 1993]. La constitution du milieu poreux est montrée dans la figure et idx < rlim 5.1. et idy < rlim xb0,1 λ l s v h1 h2 xb0,2 capilla ire xb0,3 xb0,4 K K artériole K art ère x 0 x2 x1 Figure 5.1. Construction d'un milieu poreux hétérogène à plusieurs compartiments [Vankan et al., 1996] décrivent une phase fluide et une phase solide, qui constituent le milieu poreux. La phase fluide est arrangée dans plusieurs compartiments hiérarchiques, dont les flux d'échange sont déterminés par la variables x0. Le modèle permet d'obtenir les tensions et déformations des deux phases. Le modèle de [Vankan et al., 1996] est appliqué par [Vankan et al., 1997, Vankan et al., 1998 ], [Vankan et al. , 1996, van Don kelaar et al . , 2001, Vankan et al., 1997] à la circulation musculaire. Ils utilisent une relation nonlinéaire entre le volume du fluide et la différence de pression intra- et extravasculaire. Celle-ci est pour chaque compartiment (P (x0 ) − p) − ps 2 ̃ ̃ (5.27) (JN (x0 )) = (JN (x0 ))0 1 + arctan π p0 ̃ (x0 )) est la fraction du fluide du compartiment dx0, (JN ̃ (x0 ))0 est la fraction du où (JN fluide en état de référence. J est la variation relative du volume. P (x0 ) est la pression du fluide d'un compartiment, p représente la pression extravasculaire (pression hydrostatique du mélange fluide-solide) et ps et p0 sont des pressions de référence. En admettant un flux du type Poiseuille, le tenseur de perméabilité est lié au rayon à la puissance quatre. Ainsi, l'adaptation du tenseur de perméabilité à un changement de volume se fait à l'aide de la formule suivante!2 ̃ (x0 )) (JN K̃ = K̃0 (5.28) ̃ (x0 ))0 (JN où K̃ représente le tenseur de perméabilité du compartiment et K̃0 le tenseur de perméabilité dans la configuration de référence. 5.3 Utilisation des milieux poreux pour la description des tissus vasculaires Utilisation des milieux poreux pour la description des tissus vasculaires Les modèles de milieux poreux mentionnés ci-dessus ont été appliqués à la description de la circulation musculaire. Il existe néanmoins d'autres applications dans la littérature. [Huyghe et al., 1991, Huyghe et al., 1992] décrivent le tissu coronaire comme matériau spongieux (solide) remplis de sang (fluide). Les deux phases sont supposées être incompressibles. La tension dans le coeur est la somme de la pression hydrodynamique, de la tension passive du tissu et de la tension active due à la contraction des fibres musculaires. Le comportement du tissu est viscoélastique quasi-linéaire. Le flux de la phase fluide est décrit par la loi de Darcy, dont le tenseur de perméabilité dépend du volume intravasculaire. Un autre domaine de l'utilisation de la loi de Darcy est le domaine de la description des flux dans des tumeurs. Cette modélisation est surtout nécessaire pour déterminer si les produits chimiothérapiques atteignent le centre de la tumeur [Khaled et Vafai, 2003, Baish et al., 1997]. Le flux sanguin dans les tumeurs est très hétérogène comparé aux flux dans les tissus normaux [Khaled et Vafai, 2003].
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Barack Obama et les organisations de lutte pour les droits civiques : héritages, tensions, adaptations (2004-2010)
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Ce terme avait été utilisé de manière péjorative à l’égard de Barack Obama par le conservateur africain américain Alan Keyes141 lors de la campagne sénatoriale qui se déroula dans l’État de l’Illinois en 2004. Lors de cette élection, Keyes remit en cause l’authenticité de l’identité africaine américaine d’Obama. Selon lui, le sénateur de l’Illinois se présentait auprès des électeurs noirs et blancs de sa circonscription électorale comme étant à la fois fils d’un Africain originaire du Kenya et d’une blanche américaine originaire du Kansas. De ce fait, les alliés Républicains de Keyes commencèrent à mettre en doute l’appartenance d’Obama à la communauté africaine américaine. En effet, pour Keyes, être Africain Américain signifie que l’on a des ancêtres qui ont survécu à l’esclavage, ou qui ont subi la ségrégation raciale et les atrocités infligées par les lois Jim Crow. Barack Obama n’était donc pas Africain Américain et ne devait par conséquent pas revendiquer cette identité africaine américaine : “Barack Obama and I have the same race–that is, physical characteristics. We are not from the same heritage. My ancestors toiled in slavery in this country. My consciousness, who I am as a person has been shaped by my struggle deeply emotional and deeply painful with the reality of that heritage ”142. Alan Keyes soulignait qu’en plus des traits physiques, les Africains Américains ont aussi en commun leur expérience psychologique et émotionnelle. Celle-ci résulte des 140 Street 95. Républicain conservateur africain américain, Alan Keyes est un ancien responsable de l’administration Reagan. Il est diplômé en sciences politiques de l’université de Harvard. Il fut choisi par le parti Républicain de Chicago comme à l’élection sénatoriale, dans l’État d’Illinois. Barack Obama fut son challenger à cette élection. Remnick 402-411. 142 Martin Dupuis & Keith Boeckelman, Barack Obama: The New Face of American Politics (Connecticut: Praeger, 2008) 84. 141 120 émotions qui leurs sont communes , des épreuves et des turpitudes qu ’ ils traversèrent et endurèrent pendant plus de trois siècles. Barack Obama ne répondait pas à ces critères dans la mesure où il n’est descendant d’aucun parent ou grand-parent qui ait subit ces expériences. Comme il fallait s’y attendre, Obama rejeta cette conception de l’identité africaine américaine. III.1.7. L’identité africaine américaine selon Barack Obama L’argument avancé par le conservateur Alan Keyes n’atteignit pas son objectif de déstabiliser moralement le candidat Obama car ce dernier ne voyait pas les choses sous le même angle. En effet, Barack Obama évoqua essentiellement l’argument selon lequel il était véritablement Africain Américain pour les raisons suivantes : “For me, the term AfricanAmerican really does fit. I’m African, I trace half of my heritage to Africa directly, and I’m American–I’m rooted in the African American community, but I’m not limited by it”143. Obama mit l’accent non pas sur ce qui fait la différence entre l’Africain Américain descendant d’esclaves, et celui dont les parents seraient issus d’une immigration récente aux États-Unis d’Amérique. Il insista plutôt sur ce que ces deux types d’Africains Américains ont en commun : l’Afrique et l’Amérique alors que l’idéologue Alan Keyes et le Révérend Jesse Jackson s’appesantirent sur leurs différences. Barack Obama qui revendiquait toujours son appartenance à la communauté africaine américaine soulignait néanmoins qu’il n’était pas limité à cette seule communauté. La remise en cause de l’identité noire de certains Africains Américains par d’autres Noirs Américains est une question qui a toujours été discutée au sein de la communauté noire depuis la période esclavagiste. À cause de la couleur de la peau, l’esclave au teint clair recevait un meilleur traitement du maître d’esclaves. Il est historiquement reconnu qu’il y avait une opposition presque naturelle entre Noirs et métis durant l’esclavage. Malcolm X relève cette différence dans son autobiographie écrite par Alex Haley. En effet, de son point de vue, l’esclave de maison était opposé à celui travaillant aux champs comme l’esclave au teint clair 143 Dupuis & Boeckelman 84. 121 était opposé à celui au teint foncé. Cette hiérarchisation impliquait des avantages ou des inconvénients. Cornel West critiqua également l’identité africaine américaine de Barack Obama. Son opinion n’était pas éloignée de celle du conservateur Alan Keyes. Ce spécialiste de la question raciale aux États-Unis note qu’être véritablement Africain Américain signifie avoir subi les turpitudes et violences infligées par la ségrégation raciale. En tenant compte de ce fait historique, les origines familiales d’Obama ne font pas de lui un Africain Américain car il ne subit aucune violence de la suprématie blanche : “After centuries of racist degradation, exploitation, and oppression in America being Black means being minimally subject to white supremacist abuse and being part of a rich culture and community that has struggled against such abuse”144. Non seulement le Révérend Jesse Jackson subit la violence dont fait état Cornel West, mais il continue à la dénoncer. En soulignant que Barack Obama se comporta comme un « Blanc », il rejoignit Cornel West et Alan Keyes dans leur conception de l’identité africaine américaine. En effet, si le sénateur Obama était « réellement » Africain Américain, selon les arguments avancés par ses détracteurs, il se serait rendu dans la ville de Jena pour renforcer les rangs des protestataires et montrer ainsi sa solidarité aux côtés d’autres dirigeants africains américains. De plus, il aurait dû savoir que faire partie de cette communauté ethnique implique l’observation d’un certain nombre de règles et de principes. Pour avoir donc ignoré les principes qui régissent cette communauté noire, à savoir la solidarité et la fraternité, il aurait dû savoir qu’il serait banni, renié ou calomnié. Le sénateur Obama fut également traité d’« Oncle Tom »145. Il devint un traître pour ne s’être pas rallié aux autres dirigeants noirs américains qui réclamaient l’innocence des six jeunes Africains Américains. Notons qu’au sein de la communauté noire, certains Africains Américains considèrent que tous les membres doivent être solidaires les uns envers les autres, 144 West 39. En 1964, Alex Haley définit un « Oncle Tom » dans le magazine New York Times comme un Noir que d’autres accusent de traîtrise, car il se comporte comme un « Blanc ». Dans les années 1960, ce terme devint le pire qualificatif qu’un Noir puisse employer pour en dénigrer un autre. Le Noir qui se faisait ainsi appeler pouvait risquer sa vie. Safire 828-829. Selon Shelby Steele: “An individual’s failure of group love is a far greater infraction among blacks because it virtually allies that individual with the enemy all around. An Uncle Tom is someone whose failure to love his own people makes him an accessory to their oppression”. Shelby Steele, A Dream Deferred; The Second Betrayal of Black Freedom In America (New York: Harper Collins Publisher, 1998) 7. 145 122 et disposer d’une seule conception du monde. Quel rôle l’individu est-il supposé donc jouer au sein de la communauté africaine américaine? III.1.8. Individu et communauté chez les Africains Américains Shelby Steele fait remarquer qu’à cause de l’esclavage, être Africain Américain signifie que l’individu ne peut se définir qu’à travers son groupe d’appartenance. Dans cette perspective, tous les individus ont des devoirs et des obligations les uns envers les autres. De plus, ils doivent tous partager la même vision du monde. Il note que cette perception des choses s’est malheureusement accrue après que les Africains Américains obtinrent le droit de vote, ainsi qu’un certain nombre de droits civiques sur lesquels se focalisa la grande partie de l’action menée par les dirigeants du mouvement des droits civiques des années 1950 et 1960. Il dénonce par ailleurs le fait qu’au lieu d’exprimer leur autonomie et leur individualité respective, les Africains Américains semblent être devenus prisonniers du groupe ethnique auquel ils appartiennent. Ils n’arrivent par conséquent plus à vivre comme des individus et des hommes libres qui devraient prendre leur individualité en main sans pour autant attendre un quelconque prophète : Paradoxically, the black identity today involves a degree of nostalgia for some of the certainties that were the unintended consequences of racial oppression–the security of an enforced group identity and group unity, the fellow feeling of a shared fate, the comfort of an imposed brotherhood and sisterhood, the idea of an atavistic, God given group destiny.146 En outre, il estime à nouveau que l’esclavage, la ségrégation raciale et les lois Jim Crow devraient être reléguées au compte d’un passé lointain. Ces facteurs furent à l’origine du renforcement des notions de protection et de solidarité au sein de la communauté noire. Dans une Amérique urbaine contemporaine, la nécessité ne s’impose plus pour les Africains Américains de chercher inlassablement à maintenir le lien avec le groupe ethnique auquel ils appartiennent car des lois existent désormais pour protéger l’ensemble des citoyens américains. Il reconnaît toutefois que tout groupe ethnique qui subit une quelconque oppression éprouve à certains moments le besoin de maintenir une filiation communautaire. 146 Steele, White Guilt 25. 123 La notion d’individu au sein de la communauté africaine américaine demeure une question complexe aux États-Unis tant elle a des ramifications dans presque tous les domaines qu’ils soient économique, social, politique et culturel. Cornel West en a presque fait l’une des questions centrales de ses écrits universitaires. Il pense qu’une discussion véritable sur la question raciale ne peut se faire aux États-Unis sans réellement commencer par revoir les défaillances de la société américaine. Ces manquements sont enracinés dans les inégalités endémiques et les stéréotypes culturels qui persistent toujours au XXIe siècle147. C’est dans le contexte de ces inégalités endémiques que les responsables de la NAACP et ceux de la Rainbow Push Coalition organisèrent la protestation à Jena, et s’insurgèrent donc contre le verdict rendu par le procureur Reed Walters. De fait, l’incident des “Six de Jena” démontra ouvertement que les États-Unis restaient prisonniers de l’héritage de la division raciale. Selon Andrew Hacker, à chaque fois qu’un incident est lié à la question raciale, l’Amérique se divise en deux communautés opposant les Noirs Américains aux Blancs Américains. Ce fut le cas lors du procès d’O. J. Simpson148, lors de la tragédie provoquée par la tempête Katrina et avec l’incident des “Six de Jena”. En définitive, la NAACP qui a entre autres missions de veiller au respect et à la stricte application du droit envers les Africains Américains estimait que les idéaux de démocratie, de liberté et d’égalité entre citoyens américains ne furent pas respectés dans cette affaire. L’incident des “Six de Jena” donna certainement raison à Cornel West pour qui les blessures morales et spirituelles endurées par les Africains Américains dans une société majoritairement 147 West 6. En 1994, les habitants de Los Angeles et ceux de l’Amérique tout entière assistèrent à deux procès concernant O. J. Simpson cette ancienne célébrité noire du football américain accusée pour le meurtre de sa femme Nicole Simpson, mais acquitté à la fin du procès. Pour la majorité des Blancs de Los Angeles, O. J. Simpson était coupable. Il aurait cependant reçu les faveurs des membres du jury composé essentiellement d’Africaines Américaines qui remirent en cause la crédibilité du témoignage de l’officier de police Mark Fuhrman. Celui-ci mentit, sous serment, affirmant n’avoir jamais traité aucun Africain Américain de nigger. Ce terme est interdit aux États-Unis surtout lorsqu’il est employé par un Blanc. Pour les Africains Américains, O. J. Simpson qui avait pour avocat Johnnie Cochran, était innocent. Ils estimaient que pour une fois la justice américaine fit son travail. Quelques semaines après le procès, le magazine Newsweek effectua un sondage d’opinion qui se traduisit comme suit : 74 % des Blancs estimaient qu’O. J. Simpson était coupable, alors que 85 % d’Africains Américains estimaient qu’il était innocent. Andrew Hacher, Two Nations: Black and White, Separate, Hostile, Unequal (New York: Scribner, 1995) 207-222. 148 124 blanche ont pour effet d’occasionner à certains moments une colère incontrôlable de la minorité noire. En dépit de cette position de West, il n’en demeure pas moins que la société américaine a tout de même réalisé des progrès en matière raciale. Celui-ci sera analysé dans la partie que nous allons désormais aborder. Nous démontrerons comment Barack Obama répondit aux critiques acerbes de Jesse Jackson. Nous chercherons donc à comprendre les raisons pour lesquelles il demeura -dessus de la question raciale. 125 III.2. Barack Obama et la question raciale Barack Obama prit certainement connaissance des statistiques sur les inégalités sociales et raciales soulignées plus haut, puisque qu’il préfaça le rapport rendu par la National Urban League en 2007. En dépit de ce fait, il aborda la question raciale différemment des dirigeants des trois organisations de lutte pour les droits civiques particulièrement le Révérend Jesse Jackson. De fait, certains médias américains n’hésitèrent pas à le qualifier d’homme politique « post-racial » durant presque toute la période de la campagne présidentielle de 2008. Être un homme politique « post-racial » n’impliquait en aucun cas que la question raciale était devenue anachronique aux États-Unis. Le cas de l’incident des “Six de Jena” reste un exemple qui montre que cette question demeure centrale dans la vie quotidienne des Américains. Nous analyserons d’ailleurs au chapitre VI d’autres aspects de cette question après l’élection d’Obama. Notre objectif sera de vérifier si les États-Unis sont devenus une nation « post-raciale » avec son élection. Quelle était cependant son attitude, avant et durant la campagne présidentielle face à la question raciale? Telle est l’interrogation à laquelle nous tenterons de répondre dans les lignes qui suivent. III.2.1. Transcendance de la question raciale Barack Obama reste un homme politique qui cherchait résolument à se détacher de la question raciale. Comparé aux dirigeants des organisations de lutte pour les droits civiques, il cherchait à prendre une attitude plutôt inclusive à chaque fois qu’il eut l’occasion de s’exprimer sur cette question. Ce fut manifestement le cas lors de l’incident des “Six de Jena” au sens où il critiqua le système judiciaire américain et refusa de traiter les autorités judiciaires de cette ville de racistes. Dans sa prise de position, il ne se limita pas à seulement critiquer ou incriminer les jeunes blancs impliqués dans cet incident, mais il aborda plutôt le problème de manière générale. Il fit 126 valoir que cette manière d’agir concernait toute l’Amérique. Ce n’était pas un problème spécifique à ces jeunes blancs. Il y avait dans la vision d’Obama, pensons-nous, une prise de distance vis-à-vis des positions des dirigeants des organisations de lutte pour les droits civiques à ce sujet. Alors que ces derniers organisèrent des manifestations et furent prêts à se confronter aux autorités judiciaires de la ville de Jena, le sénateur Obama adopta quant à lui une attitude plus conciliante. Il se présenta en unificateur plutôt qu’en diviseur de races. Toutefois, cela ne signifiait en aucun cas qu’il ignorait une injustice lorsqu’elle se produisait, comme voulut le faire croire le Révérend Jesse Jackson. En dépit des critiques de ce dernier, Obama exprima sa volonté de soutenir l’action menée par la Rainbow Push Coalition, la NAACP et la National Urban League. Quelques semaines seulement après cet incident, il réagit en soulignant qu’il était de tout cœur avec les Américains qui manifestèrent pour que la justice fût rendue dans cette affaire. Il encouragea en outre la centaine de manifestants qui soutinrent les six jeunes Africains Américains et affirma que les manifestants continuaient la lutte entamée par les activistes de la génération du Dr King. La prise de position du candidat Barack Obama nous amène à nous poser alors la question suivante : pourquoi le Révérend Jesse Jackson continua-t-il à le dénigrer? L’une des réponses est relative au fait que le sénateur Obama adopta une attitude inclusive. Dans ses prises de position, l’idée de la coalition de races, de religions, d’idéologies fut le leitmotiv à travers lequel il définit sa position. Il ne traita personne de raciste. Contrairement aux dirigeants des organisations de lutte pour les droits civiques, il fit preuve d’une volonté d’unir toutes les couches de la population américaine à son action politique. La vision inclusive du candidat Obama découlait de son intention d’unir tous ceux qui croyaient à la justice, qu’ils fussent Noirs Américains, Blancs Américains, Hispaniques Américains, Arabes Américains ou Amérindiens pour dénoncer toute forme d’injustice où qu’elle se produisît. Sa volonté de faire de l’incident des “Six de Jena” une affaire liée au dysfonctionnement du système judiciaire américain fut réitérée lors du débat entre candidats démocrates au Dartmouth College dans l’État du New Hampshire en 2007. 127 Durant ce débat, le modérateur Tim Russert149 revint sur l’incompréhension qui s’était installée entre le Révérend Jesse Jackson et lui. À la question de savoir s’il méritait les critiques qu’il avait reçu de ce dernier, le sénateur Obama répondit par la négative. Il estima qu’il ne les méritait pas et qu’elles étaient infondées puisqu’au moment où cet incident s’était déclenché il se trouvait à Washington DC pour trouver une solution de sortie à la guerre d’Irak. Obama indiqua également que cet incident n’était pas une affaire conflictuelle entre Noirs et Blancs. Le plus intéressant, de son point de vue, était de s’assurer que les hommes politiques et l’ensemble des Américains prennent conscience de la nécessité de voir la justice s’appliquer à tous de façon impartiale. Comparé aux dirigeants des organisations de lutte pour les droits civiques qui cherchaient par tous les moyens à opposer une race à une autre ou à dénoncer un racisme tout azimut, Obama semblait opposer non pas des races, mais des principes comme les notions de bien et de mal, de justice et d’injustice. Plusieurs raisons sont à mettre au compte de cette stratégie politique adoptée par le candidat Obama. La question raciale étant complexe et sensible dans le milieu politique américain, en se plaçant au-dessus des races antagonistes impliquées dans cet incident et en ne prenant aucune position tranchée, Obama se mit à l’abri de toute critique de la majorité blanche. En effet, il aurait été préjudiciable sur un plan purement politique et stratégique qu’il cédât, pensons-nous, à la pression exercée sur lui par le Révérend Jackson ou tout autre dirigeant africain américain pour qu’il se rende dans la ville de Jena. III.2.2. Refus d’aller à Jena Barack Obama avait conscience que s’il se rendait dans cette ville pour dénoncer aux côtés d’autres dirigeants africains américains le verdict rendu par le procureur Reed Walters, l’Amérique blanche pouvait désapprouver sa prise de position et voter contre lui . Par ailleurs , nous avons relevé plus haut qu’il fait partie de la génération des dirigeants africains américains appartenant à l’époque post-droits civiques dont font partie des personnalités comme Deval 149 Journaliste américain et ancien présentateur de l’émission à caractère politique diffusée sur NBC, Meet The Press. 128 Patrick, le gouverneur de l’État du Massachussetts, Jesse Jackson Jr., le parlementaire de la deuxième circonscription électorale de l’État de l’Illinois, Harold E. Ford Jr., l’ancien parlementaire de la neuvième circonscription électorale de l’État de Tennessee, Adrian Fenty, l’ancien maire de Washington DC, Cory Booker, le maire de Newark ou Michael Steele, l’ancien président du comité national du parti Républicain, pour ne citer qu’eux. Ces nouveaux dirigeants africains américains, tout comme Barack Obama, ont une vision progressiste et inclusive en matière raciale. Ils essaient d’être ouverts, tolérants et compréhensifs dans leurs rapports avec les autres groupes ethniques. C’est dans cette optique que s’inscrivit également le refus du candidat Obama d’aller dans la ville de Jena. Nous pensons à n’en point douter que son métissage pourrait aussi expliquer ce refus. III.2.3. Barack Obama : une double identité L’héritage familial d’Obama peut également expliquer dans une certaine mesure son positionnement en matière raciale. En effet, le sénateur Obama aime souligner qu’il est né d’un père Africain originaire du Kenya d’une mère blanche originaire de l’État du Kansas. Autrement dit, de par sa naissance, il est le résultat d’un métissage entre les races noire et blanche qui continuent de se déchirer aux États-Unis. C’est en partie à ce titre qu’il se sent appelé à chercher à unifier ces deux races. Cette obligation morale peut aussi expliquer son choix de proposer un discours racial dirigé vers les deux parties même si certains dirigeants noirs américains n’apprécient pas toujours à sa juste valeur la position de l’actuel président des États-Unis. Barack Obama fut ainsi critiqué par le Révérend Jesse Jackson à cause de son métissage et de son identité raciale dans le contexte de l’incident des “Six de Jena”. Les sénateurs Hillary Clinton et John Edwards candidats démocrates à la présidentielle de 2008 au même titre que Barack Obama ne reçurent pas le même traitement de la part du Révérend Jesse Jackson. Aucun d’eux ne fut critiqué ni par la NAACP ni par la National Urban League alors qu’ils ne se mobilisèrent pourtant pas outre mesure sur cet incident. Hillary Clinton se dit “concernée” par ce qui se passait dans la ville de Jena, et en souligna le caractère instructif. Elle le qualifia de “cas d’école” pour les États-Unis. Elle suggéra aux 129 Américains d’en prendre conscience pour que ce genre d’incident et d’injustice ne fussent plus tolérés. Hillary Clinton estima que les six jeunes Africains Américains avaient certainement subi une injustice. Elle affirma également que la justice américaine semblait fonctionner à deux vitesses. Cependant, elle n’alla pas manifester aux côtés des dirigeants des organisations de lutte pour les droits civiques. Or, comme nous l’avons indiqué ni le Révérend Jesse Jackson ni aucun autre dirigeant africain américain ne critiqua son immobilisme. C’est pour cette raison que nous estimons que Barack Obama fut critiqué parce qu’il était l’unique candidat africain américain à l’élection présidentielle de 2008. L’ancien sénateur John Edwards releva pour sa part que les Américains de toutes races confondues se rendirent dans la ville de Jena pour dénoncer l’injustice dont les six jeunes Africains Américains furent victimes. Il critiqua également l’attitude des jeunes blancs qui pendirent des cordes à des chênes. Edwards évoqua avec conviction les problèmes auxquels étaient confrontés les Africains Américains. Mais il ne se rendit pas non plus dans la ville de Jena. Pourtant, il ne fut ni critiqué ni vilipendé par le Révérend Jesse Jackson. Les propos de l’ancien sénateur Edwards furent tout de même plus directs. Il souligna l’attitude raciste des jeunes blancs et dénonça leur comportement. Le candidat Obama ne pouvait assurément pas adopter cette manière de faire. Il aurait pris un gros risque politique pour les raisons que nous avons déjà évoquées. Alors qu’étant Blanc, dans un incident du des “Six de Jena” la dynamique raciale était plus souple entre le sénateur Edwards et la majorité blanche. Dans une situation opposant la race noire à la race blanche, Barack Obama devient ce que Shelby Steele qualifie de “bound man” car Obama est un homme politique pris dans un étau à cause de son identité culturelle. De fait, c’est un homme dont l’action politique se trouve limitée par deux bornes noire et blanche. Steele affirme à cet égard : Today both blacks and whites see Barack Obama’s presidential bid as potentially a new signal from history. He makes whites hopeful for a new racial configuration in which they might get more beneficial of the doubt, he makes blacks–though primarily the black leadership–anxious at the same prospect. Already, his bright success as a bargainer suggests that white America may be sending a signal of its own: that it is exhausted from forty years of being challenged and is therefore doubly grateful to blacks who approach it with at least some faith in the fundamental decency of whites. And yet, apart from whatever he may portend, Obama is today a bound man who cannot serve the aspirations of one race without betraying those of the other.150 150 Steele, A Bound Man 126. 130 Aussi, à chaque fois qu’il prend position en faveur de l’une des parties, l’autre peut se sentir trahie ou humiliée. C’est pour cette raison qu’il est pris en tenailles. Il ne peut plaire aux uns sans décevoir les autres. Nous pensons donc que ce fut par pure stratégie politique, et parce qu’il savait le prix que lui aurait coûté sa prise de position sur le plan politique qu’il ne put s’exprimer avec autant de clarté que l’ancien sénateur Edwards. Obama était aussi l’élu du peuple en tant que sénateur. À ce titre, il représentait une diversité de communautés. III.2.4. Barack Obama : l’élu du peuple Le troisième facteur distinctif entre l’approche de la question raciale par Obama, et celle des dirigeants noirs américains réside certainement dans le fait qu’il était élu du peuple américain. Les responsables des organisations NAACP, Rainbow Push Coalition et National Urban League sont uniquement les élus de la seule communauté africaine américaine. Dès lors, nous comprenons qu’Obama ne pouvait pas toujours tenir le discours des dirigeants africains américains. Au moment de l’incident, il était encore sénateur de l’État de l’Illinois. À ce titre, il représentait un électorat composé de plusieurs races. Il ne pouvait pas se singulariser ou prendre parti comme l’aurait aimé les dirigeants africains américains. Bien qu’il se considère membre de la communauté africaine américaine, Obama ne manquait pas de souligner que son identité raciale et culturelle africaine américaine ne le limitait pas à cette seule communauté. Comme nous l’avons déjà évoqué, Obama est un métis, ce qui lui confère une double identité. Ce métissage pouvait donc l’inciter à chercher le juste milieu dans ses réactions vis-à-vis des communautés noire et blanche aux États-Unis : “Black politicians like Obama have to prove that they are not abandoning the African-American community when multiracial coalitions are assembled, while no longer concerning themselves with just racial grievances and civil rights”151. Par ailleurs, le fait qu’il soit métis fit de lui presque l’unique dirigeant américain capable de s’adresser à la fois aux communautés noire et blanche. Si la communauté africaine américaine le considérait comme l’“un des leurs”, certains Blancs pensaient néanmoins qu’il n’était pas “all that Black”. Une frange de la 151 Dupuis & Boe man 72. 131 communauté blanche s’était reconnue en lui en 2008. Sa mère, Ann Dunham, était une femme blanche. En outre, certains Blancs se reconnaissaient en lui à cause du cursus universitaire dont ne disposent pas la majorité des dirigeants africains américains. Toutes ces raisons expliquent aussi la dextérité dont il fit preuve à chaque fois que survenait un incident racial. La stratégie politique mise en évidence par le sénateur Obama durant la campagne électorale de 2008 avait pour leitmotiv l’unification du peuple américain. Ce fut en ce sens qu’il se plaça au-dessus de la question raciale. Pour Shelby Steele, le sénateur Obama n’est pas un “challenger”. Obama n’est pas un homme politique qui remet en question la loyauté envers l’Amérique blanche, ou qui défie les institutions américaines et les lois établies. Il est plutôt un conciliateur, c’est-à-dire un “bargainer”, un homme politique conscient que sa réussite dans ce domaine dépend de sa capacité morale, spirituelle et intellectuelle à négocier avec la majorité blanche américaine. Pour le “bargainer” qu’il est, la colère exprimée par les dirigeants des organisations de lutte pour les droits civiques au sujet de l’incident des “Six de Jena” n’était ni nécessaire ni souhaitable. Obama n’éprouva pas le besoin de menacer ou d’offusquer l’Amérique blanche. Il adopta par contre la stratégie qui consistait à négocier avec elle. Shelby Steele estime que les “bargainers” comme le sénateur Obama accordent aux Blancs l’innocence et l’autorité morale dont ils ont besoin en contre partie de leur bonne volonté et de leur générosité. D’un point de vue stratégique, le “bargainer” donne d’abord avant de demander en retour car il sait que le principe de la réciprocité va prévaloir, puisqu’une bonne action en produit une autre. C’est en cela que résidait la force du “bargainer” Obama. Elle commence avec la magnanimité. Cette notion que souligne Steele, transparaît dans le discours unificateur et conciliateur prononcé par Obama lors de la convention démocrate de 2004 à Boston. III.2.5. Discours de Boston Ce discours propulsa dans une certaine mesure Barack Obama sur la scène politique américaine. Il fut prononcé à un moment où les élus républicains et certains parlementaires démocrates avaient donné quitus au président Bush pour envahir l’Irak. La tension était à son comble entre les responsables des deux partis politiques. Les élus républicains vilipendaient et 132 cherchaient à discréditer les parlementaires démocrates. Ils qualifiaient d’antinationalistes les alliés des parlementaires démocrates qui se désolidarisèrent du président Bush sur la question de la guerre. Le désaccord entre droite et gauche américaines intervenait à un moment où le peuple américain qui sortait des attentats du 11 septembre 2001 soutenait avec véhémence son président. Coller une étiquette d’antipatriote au parti Démocrate et à certains de ses membres pouvait donc avoir de lourdes conséquences politiques pour ce parti. Dans le camp Républicain, cette tactique politicienne était non seulement adoptée par des commentateurs conservateurs comme Rush Limbaugh, mais ces méthodes appelées “swiftboating tactics” étaient surtout mises en œuvre de main de maître par le gourou et stratège de la politique américaine Karl Rove152. Les responsables démocrates John Kerry et John Edwards nominés pour la présidentielle de 2004 étaient attaqués sur tous les fronts par l’élite politique républicaine. Les États-Unis semblaient à tout jamais désunis sur la question de la guerre en Irak. Ce fut dans ce contexte tendu des relations entre Républicains et Démocrates que s’inscrivit le discours conciliateur de Barack Obama qui appelait les Américains à l’unité et à une sorte de transcendance des partis politiques. Il les appelait à s’élever au-dessus de la question raciale et à ne pas se définir uniquement en termes de Démocrates ou Républicains, d’Hispaniques Américains ou d’Arabes Américains, de Noirs Américains ou de Blancs Américains : There is not a liberal America and a conservative America–There is the United States of America. There is not a Black America and a White America and a Latino America and Asian America–there’s the United States of America. [...] The pundits like to slice and dice our country into red states and blue states: red states for Republicans, blue states for Democrats.[...] There are patriots who opposed the war in Iraq and patriots who supported it.[...] We are one people, all of us pledging allegiance to the stars and stripes, all of us defending the United States of America.153 Cette vision d’une Amérique unie est une conception assez optimiste, progressiste et certainement qui cherche à transcender les relations entre races. Obama reconnaissait toutefois 152 Karl Rove est un Républicain conservateur. Il fut le directeur de la campagne présidentielle de Bush entre 2000 et 2004. Il fut également son directeur de cabinet adjoint entre 2000 et 2007. 153 Olive 103. 133 que souhaiter une Amérique unie ne signifiait pas que le racisme allait disparaître aux ÉtatsUnis du jour au lendemain. Mais il estimait plus intéressant de mettre en valeur les points communs existant entre les Américains de divers horizons, de diverses races et partis politiques que de dramatiser les différences qui les désunissaient et les inégalités socioéconomiques qui continuaient d’exister. Il affirmait : “Race [...] matters [so] that the fight for equality has [not] been won [yet]”154. Si l’on s’en tient à cette prise de position d’Obama, on peut souligner que l’Amérique n’était certes pas encore une nation « post-raciale ». Les incidents comme l’affaire des “Six de Jena” démontrent que la question raciale perdure aux États-Unis. En dépit du fait que le racisme continue d’exister, il n’en demeure pas moins qu’Obama comparé aux dirigeants des organisations de lutte pour les droits civiques reconnut que les choses changeaient progressivement et de façon positive. Ceci est un autre facteur distinctif entre lui, et ces dirigeants qui estimaient que les relations semblaient ne pas évoluer entre les Africains Américains et les Blancs. La vision de Barack Obama fut également renforcée dans son discours de Philadelphie. III.2.6. Philadelphie : le discours Lors du discours de Philadelphie155 prononcé le 18 mars 2008, Obama démontra à l’Amérique qu’il disposait d’une capacité morale et intellectuelle lui permettant d’envisager la question raciale à la fois du point de vue des Africains Américains et des Blancs. Avec ce discours qualifié de “suicidaire” par certains politologues américains, Obama avait prouvé son aisance à discourir mieux que n’importe quel homme politique américain sur cette question épineuse et complexe du racisme. Il ne chercha à condamner aucune race pour des injustices que les membres de l’un ou l’autre des groupes auraient subies. Par contre, il souligna le contexte historique en expliquant que certains Africains Américains pouvaient à certains moments de leur vie avoir des comportements mal perçus et souvent incompris des Blancs. 154 Obama, The Audacity of Hope 274. Nous reviendrons sur ce discours dans la deuxième partie de ce travail lors de l’analyse des raisons à l’origine de celui-ci. 155 134 Barack Obama estimait en effet que les inégalités sociales et raciales qui existent encore aujourd’hui entre Blancs et Noirs Américains étaient attribuables à l’histoire de chacun des groupes. Pour les Africains Américains, leurs malheurs trouvaient leurs origines dans l’esclavage de leurs ancêtres. Cet héritage, transmis de génération en génération expliquait que la majorité des Africains Américains croupit dans la misère. L’esclavage, suivi de la ségrégation raciale durant laquelle le racisme fut institutionnalisé au niveau des écoles et des administrations publiques engendra de graves conséquences. Dès lors, leurs revendications étaient légitimes et devaient amener les Blancs à être plus compréhensifs à leur égard : But we do need to remind ourselves that so many of the disparities that exist in the African American community can be directly traced to inequalities passed on from an earlier generation that suffered under the brutal legacy of slavery and Jim Crow. Segregated schools were, and are, inferior schools. [...] Blacks were prevented, often through violence, from owning propriety, or loans were not granted to African-Americans. [...] Blacks were excluded from unions.156 Selon Barack Obama, les Blancs avaient aussi des raisons légitimes de se plaindre de mesures comme l’Affirmative Action mise en place par les présidents John . Kennedy et Lyndon B. Johnson. III.2.7. L’Amérique blanche rejette l’Affirmative Action Initialement prévue pour corriger les inégalités notamment dans le secteur socioéconomique, l’Affirmative Action est décriée par les conservateurs blancs, ainsi que la majorité de l’Amérique blanche. Cette politique sociale fut particulièrement dénoncée dans le secteur de l’éducation au niveau universitaire. Certains étudiants blancs s’étaient en effet vus refuser l’accès à certaines universités à cause de l’instauration de quotas sur la base raciale. Cette mesure impliquait leur inadmissibilité non pas sur la base de leur mérite, mais sur celle de leur condition sociale ou de la couleur de leur peau. Barack Obama estimait que les parents blancs qui se plaignaient de cette politique le faisaient à juste titre même si du point de vue de certains Africains Américains elle restait la bienvenue. Obama comprenait que les Blancs qui ne reconnaissaient pas avoir directement 156 Olive 261. 135 participé à l’esclavage des ancêtres des Africains Américains ne voyaient pas pourquoi ils devaient continuer à faire les frais d’une histoire dont ils n’avaient pas été les acteurs. Par ailleurs, certains Blancs et Africains Américains se retrouvaient dans une même précarité économique due au fait que des emplois étaient souvent délocalisés dans les pays asiatiques où la main d’œuvre était bon marché. Ces réalités vécues par les Blancs pouvaient inciter les Africains Américains à comprendre leur colère : In fact, a similar anger exists within segments of the white community. Most working-and middle-class white Americans don’t feel that they have been particularly privileged by their race. So [...] when they hear that an African-American is getting an advantage in landing a good job or a spot in a good college because of injustice that they themselves never committed; when they’re told that their fears about crime in urban neighborhoods are somehow prejudiced, resentment builds over time.157 En analysant ces propos, nous comprenons mieux la philosophie d’Obama en matière raciale. Barack Obama fait partie de ces dirigeants américains que Cornel West qualifie de « prophètes transcendant la question raciale ». Il estime que Barack Obama sait comprendre le point de vue de chacune des races impliquées dans cette question. En dépit des problèmes sérieux qui existent entre Noirs Américains et Blancs aux États-Unis, Obama invite l’Amérique à tenter d’exploiter ce que ces deux races ont de commun et de bon. Valoriser les attributs communs entre Américains ne signifie pas renier les différences pouvant exister entre races. Néanmoins, cette capacité à transcender la question raciale et le racisme notamment, avant et pendant la campagne présidentielle de 2008 amena certains critiques à estimer qu’Obama était un homme politique « post-racial ». Nous verrons les implications de cette notion dans la deuxième partie de notre étude. À ce stade de notre analyse, il apparaît néanmoins déjà clairement que le sénateur puis le candidat Obama ne pouvait laisser les organisations de lutte pour les droits civiques définir les limites de son positionnement idéologique et de son agenda politique y compris sur la question épineuse des relations raciales. L’injustice raciale que dénonçaient la Rainbow Push Coalition, la National Urban League et la NAACP concerne également un autre domaine celui de la brutalité policière à l’égard de la communauté africaine américaine. Dans la sous-partie qui suivra nous évoquerons des cas particuliers où les organisations de lutte pour les droits civiques la dénoncèrent. Nous 157 Olive 263. 136 analyserons également des statistiques concoctées par la National Urban League pour la mettre en lumière. Nous noterons que lors de la campagne présidentielle de 2008 le candidat Obama promit de combattre ce phénomène une fois élu président des États-Unis. Nous verrons donc son positionnement sur ce sujet. Enfin, nous relèverons en quoi sa prise de position fut similaire à celle des dirigeants des organisations de lutte pour les droits civiques. 137 III.3. Brutalité policière et système judiciaire Parmi les questions se rapportant au racisme aux États-Unis, celle de la brutalité policière s’était intensifiée en 1990 avec le passage à tabac de l’Africain Américain Rodney King par la police de Los Angeles. Cet événement est resté d’actualité au sein de la communauté africaine américaine dont les membres sont, plus souvent que la moyenne nationale, la cible des différentes polices locales. En analysant cette question, notre objectif est de montrer la récurrence de la brutalité policière envers la communauté africaine américaine. Nous entendons aussi mettre en lumière les différentes réactions des dirigeants des organisations de lutte pour les droits civiques face à certains incidents liés à cette brutalité policière. Nous souhaitons également souligner comment le candidat Obama fit de cette question un aspect de son programme lors de la campagne présidentielle de 2008. Nous évoquerons certaines promesses faites à la communauté africaine américaine par Obama dans le but de résoudre ce problème. L’emprisonnement disproportionné des Africains Américains, corollaire de cette brutalité policière, sera également évoqué. Enfin, avec l’analyse de certaines statistiques concoctées par la National Urban League dans son ouvrage The State of Black America (2007), nous rappellerons quelle proportion les Africains Américains constituent au sein de la population carcérale des États-Unis. En dépit de son accord avec le point de vue des dirigeants des organisations de lutte pour les droits civiques sur cette question, nous verrons que contrairement à ces derniers, qui dénoncent l’institutionnalisation d’un racisme au niveau du système carcéral, Obama s’est attelé à chercher à réformer ce système et à le recadrer en travaillant à la fois avec des législateurs démocrates et républicains, Africains Américains et Blancs, c’est-à-dire en se met en quelque sorte au-dessus des clivages politiques et raciaux. 138 La brutalité policière affectant les membres de la communauté africaine américaine attira l’attention nationale et internationale avec l’incident impliquant Rodney King dont nous venons de faire état. Il ne fut qu’un exemple parmi tant d’autres. De fait, les organisations de lutte pour les droits civiques qui ont pour mission la défense des intérêts des Africains Américains font de la brutalité policière l’une de leurs préoccupations majeures. Parmi les autres cas qui indignèrent la communauté africaine américaine et suscitèrent de vives réactions de la part des organisations de lutte pour les droits civiques, nous pouvons citer celui d’Andrian Reynolds. Ce jeune Africain Américain, originaire de Louisville dans l’État de Louisiane, fut arrêté en 1998 après une dispute avec sa fiancée. À la suite de son arrestation, il fut amené au poste de police où il subit un passage à tabac. Adrian Reynolds décéda six jours après. Selon Ricky L. Jones, aucune action judiciaire ne fut entreprise à l’égard des officiers de police à l’origine de la fracture du crâne qui entraîna sa mort : “After an internal investigation, no disciplinary action was recommended for any of the officers involved. [...] Reynolds died of a head injury sustained during a scuffle with corrections officers at the Jefferson County Jail. One officer was charged with murder but was ultimately acquitted”158. Ce cas précis suscita la réaction de la communauté africaine américaine et de ses dirigeants. Le Révérend Jesse Jackson se rendit en Louisiane pour dénoncer la brutalité des officiers de police de la Jefferson County Jail à l’égard d’Adrian Reynolds. Afin de donner un véritable écho à son action, il établit une coalition de manifestants issus de différentes communautés, obédiences politiques et églises locales. Cette manifestation anti-brutalité policière fut dénommée March ward Destiny. Les dirigeants des organisations de lutte pour les droits civiques estiment que les exemples en matière de brutalité policière à l’égard des Africains Américains sont légion aux États-Unis. En 2002, James Taylor, un Africain Américain âgé d’une cinquantaine d’année reçut onze balles alors qu’il était menotté. En 2005, quelques mois seulement après l’inondation de la Nouvelle-Orléans, des officiers de la police de la ville passèrent à tabac Robert Davis, un Africain Américain, ancien enseignant du secondaire à la retraite. Davis était âgé de soixante-quatre ans. Il fut passé à tabac aux motifs qu’il s’était enivré et aurait refusé de coopérer avec les officiers de police. Ces allégations, de son point de vue, furent infondées, 158 Jones L. Ricky, What’s Wrong With Obamamania? (New York: The University of New York Press, 2008) 3. 139 grossières et mensongères : “The officers claimed they had to restrain Davis because he was publicly intoxicated and resisted arrest. Contrarily, Davis stated he had not had a drink for twenty five years”159. D’autres incidents de cette nature constituent le quotidien de l’action des organisations de lutte pour les droits civiques. À chaque fois qu’ils se produisent, les responsables des organisations de lutte pour les droits civiques, Ben Jealous, Marc Morial et le Révérend Jesse Jackson sont informés. Selon la Rainbow Push Coalition, la brutalité policière à l’égard des Africains Américains prit des proportions troublantes quelques mois seulement après l’élection d’Obama en 2008 : 19,803 telephone calls for assistance were placed to the Rainbow Push Coalition Community Service Department in Chicago from the US [...].The majority of the calls fell into four main categories: Police/Court including Police Brutality: 4,985 calls and Prison/Jail including wrongful convictions and expungement: 3,580 calls.160 Ces chiffres peuvent témoigner de l’implication de la Rainbow Push Coalition dans la lutte contre ce phénomène de brutalité policière aux États-Unis spécifiquement dans les grandes métropoles que sont Chicago, New York, Atlanta, Detroit ou Los Angeles. La brutalité policière envers les minorités, singulièrement les Africains Américains y est presque devenue un fait anodin. Afin de la réduire, les dirigeants des organisations de lutte pour les droits civiques se voient souvent contraints de sensibiliser la jeunesse africaine américaine sur les dangers d’altercations avec des officiers de police. Ils collaborent aussi avec des pasteurs responsables d’églises africaines américaines qui les aident à affronter ce problème auprès de leurs communautés respectives.
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C : Les textes relevant des pouvoirs propres de la commission La Commission européenne possède de pouvoirs adéquats de décision qui lui sont attribués soit par les traités européens soit par des règlements du Conseil. Elle a de vastes compétences très vastes dans le domaine des règles de concurrence (contrôle des ententes, des abus de position dominante, des aides d'Etat). La Commission européenne, en tant qu'autorité, contrôle également des ententes chargée de l'exécution du budget communautaire. Enfin, la commission veille à exécuter les règles que le Conseil constitue par le biais des compétences que lui attribuées par ce dernier. L'article 88-4 tend effectivement à conférer au Parlement français un rôle important lui permettant en d'exercer matière une européenne sorte et non du de contrôle le sur diriger les en travaux s'adressant immédiatement aux institutions européennes. 311 NUTTENS (J.D), Le Parlement français et l'Europe : L'article 88-4 de la Constitution, op.cit., p. 160. 151 La signification de la résolution européenne Toutefois, les documents déterminant des pouvoirs propres de la Commission sont devancés d'un avis du Conseil ou bien d'un avis de comités composés de représentants des États membres. A ce stade, les résolutions des Assemblées parlementaires ont surtout pour objet de s'intégrer dans l'élaboration de cet avis. Par ailleurs, l'article 88-4 exige que le Gouvernement soumette aux assemblées parlementaires les propositions d'actes communautaires « dès leur transmission au Conseil » et non « dès leur transmission au Conseil dans l'intention de décision ». M. Robert PANDRAUD estime quant à lui que « la notion de transmission au Conseil est d'ordre purement procédural, car il fallait bien trouver un critère de délai pour cette transmission »312. II : L'exclusion des propositions relevant des titres V et VI du Traité sur l'Union européenne de la portée de notion de « proposition d'acte communautaire » D'après l'article A du Traité sur l'Union européenne, signé à Maastricht le 7 février 1992, l'Union « est fondée sur les Communautés européennes complétées par les politiques et formes de coopération instaurées par le présent Traité »313. L'Union s'est appuyée sur trois « piliers » : Les Communautés européennes, la Politique étrangère et de sécurité commune (deuxième pilier) et la coopération dans les domaines de la Justice et des Affaires intérieures (troisième pilier). Traduisant Gouvernement de s'est façon opposé rigoureuse de les soumettre dispositions aux de assemblées l'article 88-4, parlementaires le les propositions d'actes relevant des deuxième et troisième piliers ; les députés comme les sénateurs de leur part, ont refusé cette position gouvernementale. 312 R.PANDRAUD, rapport d'information de l'Assemblée nationale n° 1714 du 22 novembre 1994, déposé au nom de la Délégation de l'Assemblée nationale pour l'Union européenne sur les propositions d'actes communautaires soumises par le Gouvernement à l'Assemblée nationale du 24 octobre au 17 novembre 1994 (nos E-318 à E-324), p. 11. 313 Article A du Traité sur l'Union européenne, signé à Maastricht le 7 février 1992. 152 La signification de la résolution européenne Pour éclairer l'interprétation sévère du Gouvernement, nous citons l'exemple ci-après. En fait, en décembre 1993, le Gouvernement, en se reposant sur un avis du Conseil d'Etat du 29 novembre de cette année, a refusé de soumettre au Parlement une proposition de Convention relative au franchissement des frontières extérieures de l'Union. Le Conseil d'Etat avait véritablement considéré dans son avis que « la proposition de décision du Conseil établissant la convention relative au contrôle des personnes lors du franchissement des frontières extérieures des Etats membres ne trouve pas sa base juridique dans les dispositions de l'un des Traités instituant les Communautés européennes, mais dans celles de l'article KS du Traité sur l'Union européenne. Dès lors, elle n'est pas au nombre des actes communautaires mentionnés à l'article 88-4 de la Constitution »314. En vertu de cette interprétation de l'article 88-4, aucune proposition d'acte relevant des deuxième et troisième piliers n'est transmise aux assemblées dans le but de l'adoption possible de résolutions. La position du Conseil d'Etat est juridiquement indiscutable, mais l'opposition du Gouvernement de transmettre ces propositions, même s'il n'est pas obligé de suivre l'avis du Conseil d'Etat, est cependant blâmable et a provoqué les protestations des parlementaires qui en ont conçu une grande amertume. Les débats parlementaires lors de la révision de 1992 révélaient la certitude que le Constituant n'a pas voulu écarter les propositions relevant des deuxième et troisième piliers de l'Union du champ d'application de l'article 88-4. L'adoption de la loi n°94-476 du 10 juin 1994 a abouti à transformer les délégations pour les Communautés européennes en délégations pour l'Union européenne et donc à accroitre leur champ de compétences pour leur accorder la possibilité de recevoir l'ensemble des propositions émanant de l'Union européenne et d'agir éventuellement en déposant des rapports d'information ou de conclusions sur ces propositions. Ce changement, considéré comme avancement important, ne bouleverse pas La signification de la résolution européenne l'interprétation limité de l'article 88-4 présentée par le Gouvernement tendant à refuser la possibilité d'adopter des résolutions sur les affaires relevant des deuxième et troisième piliers de l'Union. Finalement, « les Assemblées ont donc reçu les propositions relevant des titres V et VI du Traité sur l'Union européenne et comportant des dispositions de nature législative selon les mêmes procédures que les propositions d'actes communautaires proprement dites. Une numérotation distincte a cependant été retenue (les propositions se voient attribuer un numéro précédé de la mention UE et non E) »315. En fait, il est important de noter que l'exclusion des documents des deuxième et troisième piliers reste à l'époque l'une des imperfections primordiales de l'article 88-4 de la Constitution. Sous-section II : Le choix du critère législatif Une question se pose concernant le choix du Constituant du critère législatif des propositions s'actes communautaires sur lesquelles il fait porter ses résolutions parlementaires. Car ce choix avait frustré les parlementaires qui ne cessaient de réclamer l'extension de champ d'applications de ses résolutions. Lors de la révision constitutionnelle de 1992 préalable à la ratification de Traité du Maastricht, le Constituant a entendu respecter la délimitation entre les domaines législatifs et réglementaire. C'est la raison pour laquelle les propositions d'actes communautaires de nature législative sont seulement soumises aux Assemblées parlementaires. Ainsi, l'article 88-4 de la Constitution parlementaires reçoivent « les projets européennes 315 et de l'Union prévoyait ou propositions européenne comportant que les d'actes des des assemblées Communautés dispositions de nature NUTTENS (J.D), Le Parlement français et l'Europe : L'article 88-4 de la Constitution, op.cit., p. 176. 154 La signification de la résolution européenne législative ». Il est important de préciser la signification de la notion de « dispositions de nature législative ». En fait, conformément à l'avis public no355.254316, pour définir la proposition d'acte communautaire comportant des dispositions de nature législative, « il faut entendre toute proposition qui, si elle devait être prise par la France, entrerait dans le champ d'application de la loi » En plus « une disposition communautaire traitant de « la procédure d'élaboration de la loi » ne peut être regardée que comme comportant des dispositions de nature législative»317. Pour expliquer cette idée, nous citons le cas suivant : « Les propositions d'actes relatives au seul fonctionnement interne des institutions de l'Union européenne ne comportent pas de dispositions de nature législative lorsqu'il n'est pas possible d'envisager, compte tenu de la spécificité de la matière, une mesure équivalente en droit interne »318. En fait « la réforme constitutionnelle du 25 juin 1992 a, par le nouvel article 88-4 de la Constitution, renforcé les obligations du Gouvernement vis-à-vis du Parlement, pour une plus grande association de celui-ci à la prise des normes communautaires »319. Selon cet article, dans sa rédaction issue des lois constitutionnelles n° 99-49 du 25 janvier 1999 modifiant les articles 88-2 et 88-4 de la Constitution et n° 2005-204 du 1er mars 2005 modifiant le titre XV de la Constitution, le Gouvernement soumet à l'Assemblée nationale et au Sénat, « dès leur transmission au Conseil de l'Union européenne, les projets ou propositions d'actes des Communautés européennes et de l'Union 316 317 318 européenne comportant des dispositions de nature législative. Il peut Octobre 2008. Avis public no355-254, rapport 1993, p. 329. Thibaut CELERIER, l'article 88-4 de la constitution et le conseil d'Etat, op.cit. p. 16 Paul Cassia, Droit administratif et droit communautaire, Fasc. 497, 01 JurisClasseur, Europe Traité. Cote : 01,2009 319 Ibid. Voir aussi, (E. SAULNIER, La participation des parlements français et britannique aux Communautés et à l'Union européenne, LGDJ, 2002). 155 La signification de la résolution européenne également leur soumettre les autres projets ou propositions d'actes ainsi que tout document émanant d'une institution de l'Union européenne. Selon des modalités fixées par le règlement de chaque assemblée, des résolutions peuvent être votées, le cas échéant en dehors des sessions, sur les projets, propositions ou documents mentionnés à l'alinéa précédent ». Cet article impose donc au Gouvernement de transmettre au Parlement européennes de et les l'Union projets et européenne propositions « dont tout d'actes ou des partie des Communautés dispositions relèverait, en droit interne, du domaine de la loi. Il ouvrait la faculté au Gouvernement de transmettre, en sus, au Parlement tout autre projet d'acte et, plus largement, tout document émanant d'une institution de l'Union européenne »320. Depuis 1992, le Gouvernement responsable de la transmission aux assemblées des propositions d'actes communautaires, a demandé au Conseil d'État d'exercer la fonction de déterminer si la proposition comporte ou non des dispositions de nature législative321. A ce stade, « le Conseil d'État intervenait dans le cadre de l'article 884 de la Constitution dans la mesure où il est saisi par le secteur "Parlements" du SGAE de l'ensemble des projets d'actes de l'Union européenne pour se prononcer le caractère législatif ou réglementaire de ces textes qui conditionne la saisine du Parlement »322. Son rôle a été fixé par les circulaires successives du Gouvernement323 sortant 320 Paul Cassia, Droit administratif et droit communautaire, op.cit. 321 Circ. 21 avr. 1993, relative à l'application de l'article 88-4 de la Constitution : information du Parlement sur les propositions d'actes communautaires comportant des dispositions de nature législative, op.cit. 322 Circ. 21 avr. 1993, relative à l'application de l'article 88-4 de la Constitution : information du Parlement sur les propositions d'actes communautaires comportant des dispositions de nature législative, op.cit. 323 Circ. Premier ministre, 31 juill. 1992, confirmée par Circ. 21 avr. 1993 relative à l'application de l'article 88-4 de la Constitution : information du Parlement sur les propositions d'actes communautaires comportant des dispositions de nature législative : Journal Officiel 22 Avril 1993. Circ. 21 mars 1994 relative aux relations entre les administrations françaises et les institutions de l'Union européenne : Journal Officiel 31 Mars 1994. Circ. 22 nov. 2005 relative à l'application de l'article 88-4 de la Constitution : Journal Officiel 25 Novembre 2005. 156 La signification de la résolution européenne suite à l' entrée en vi gueur de l'article 88-4 en 1992 324. La Circulaire du 22 novembre 2005 concernant l' application de l'article 88- 4 avait pour objet de confirmer le rôle du Conseil d'État puisque « le Premier ministre a estimé, alors même que l'article 88-4 de la Constitution dans sa rédaction issue de la loi constitutionnelle n° 2005-204 du 1er mars 2005 n'était pas entré en vigueur, que les assemblées devaient être mises en mesure de se prononcer sur tout projet d'acte destiné à être soumis au Parlement européen et au Conseil de l'Union européenne en application de la procédure dite de "codécision" régie par l'article 251 du Traité instituant la Communauté européenne, que ce projet d'acte comporte ou non des dispositions à caractère législatif. Mais il lui est néanmoins paru utile que ces projets d'actes continuent à être soumis au Conseil d'État, afin que le Parlement soit toujours en mesure de savoir quels sont ceux qui relèveraient du domaine de la loi s'il s'agissait de dispositions nationales »325. Le Conseil d'Etat a donc tenté de trouver une manière pour déterminer la notion de proposition d'actes communautaires comportant des dispositions de nature législative en décidant « qu'il suffisait qu'une partie du projet soit de nature législative pour que l'acte dans son ensemble soit considéré comme relevant du domaine législatif. Ceci établi, le Conseil d'État avait considéré que comportait des "dispositions de nature législative" tout acte qui, s'il devait être pris par la France, serait du domaine de la loi. Le Conseil d'État examinait donc le projet de texte comme s'il s'agissait d'un acte de droit interne, sans se poser les questions de savoir s'il devrait donner matière à d'un texte national de transposition et s'il concernerait directement ou indirectement la France »326. 324 En 2003, le Conseil d'État a été saisi de 428 textes au titre de l'article 88-4 de la Constitution ; en 2007, il a rendu 385 avis relatifs à la mise en oeuvre de cet article. 325 Olivier Dubos, Droit administratif et droit communautaire, Fasc. 24, 05 Décembre 2006, JurisClasseur Administratif, Cote : 01,2007. 326 Paul Cassia, Droit administratif et droit communautaire, op.cit. 157 L'information du Parlement par le Gouvernement 158 L'information du Parlement par le Gouvernement Chapitre II : L'information du Parlement par le Gouvernement Il faut noter que depuis la mise en place de l'article 88-4 en 1992, le Parlement dépend sur le Gouvernement pour être informé sur les affaires européennes (Section I). Cependant, la mise en place d'une collaboration considérable entre le Parlement et le Gouvernement conduit à renforcer le rôle du Parlement au niveau européen (Section II). Section I : Le rôle du Gouvernement Section II : Une vertu de de la résolution européenne grâce à la coopération entre le Parlement et le Gouvernement Section I : Le rôle du Gouvernement En constituant parlementaires prérogatives une source (sous-section visant à I), influencer principale d'information le Gouvernement tente en quelque le sorte pour de bon les limiter assemblées quelques fonctionnement du Parlement (sous-section II). Sous-section I : Le rôle étendu du Gouvernement suite aux révisions de la Constitution Le délai, entre la mise en place de la Cinquième République en France et la révision constitutionnelle de 25 juin 1992, a été marqué par le déficit d'information du Parlement de la part des Gouvernements. Parce que à l'époque « le Gouvernement recourut fréquemment aux ordonnances sur la base d'une habilitation consentie par le Parlement pour assurer la transposition des directives. Quelque peu expéditive, ce type de procédure s'accompagnait d'une absence d'obligation pour le L'information du Parlement par le Gouvernement Gouvernement de transmettre aux assemblées les documents traitant de l'activité communautaire et les projets ou propositions de normes s'y rattachant »327. L'augmentation de ces documents, particulièrement en ce qui concerne la consolidation du marché intérieur impulsé par l'Acte unique à la fin des années 80, et suite à l'approbation la déclaration n°13, annexée au Traité de Maastricht328, cette augmentation a révélé l'exigence de faire face à ce déficit d'information. Le rôle du Gouvernement concernant l'information du Parlement sur les affaires européennes avait été étendu lors des révisions constitutionnelles depuis 1992 jusqu'à 2008. La question a fait l'objet de différentes circulaires du Premier ministre : Celles du 10 juillet 1995, du 13 décembre 1999, du 22 novembre 2005. Après l'entrée en vigueur de l'article 88-4 de la Constitution en 1992, suite à la révision de la Constitution française en raison de la ratification du Traité de Maastricht, une nouvelle disposition impose au Gouvernement de soumettre à l'Assemblée nationale et au Sénat, dès leur transmission au Conseil de l'Union, les projets ou européenne propositions qui d'actes comportent des des Communautés dispositions de européennes nature et législative. de l'Union (Circulaire n°3791/SG du 31 juillet 1992, Circulaire n°94 du 21 avril 1993, Circulaire n°167 du 21 juillet 1994). Cependant, à l'occasion de la révision préalable à la ratification du Traité d'Amsterdam en 1999, une modification de l'article 88-4 de la Constitution a conféré au Gouvernement la responsabilité de soumettre aux Assemblées non seulement les projets ou propositions d'actes communautaires de nature législative, mais aussi « les autres projets ou propositions d'actes ainsi que tout document émanant d'une institution de l'Union européenne ». La communication des autres projets ou propositions d'actes, ainsi que de tout autre document, « était laissée à sa libre appréciation. Certes, en pratique, dès 1994, le 327 V. Site internet : http://www.forum-scpo.com/union-europeenne/pouvoir-controle-parlement-national-normeseuropeennes.htm 328 Cette déclaration prévoit que « les parlements nationaux puissent disposer des propositions législatives de la Commission en temps utile pour leur information ou pour un éventuel examen », op.cit. L'information du Parlement par le Gouvernement gouvernement s'était attaché à s'acquitter de son obligation constitutionnelle, et même à mettre pleinement en oeuvre la simple faculté de transmission, s'engageant à collaborer pleinement avec le Parlement, dans des conditions précisées par la voie législative et par voie de circulaires »329. Dans les deux cas, le Conseil d'État détermine la nature législative ou non d'un projet ou d'une proposition d'acte communautaire. Le Gouvernement a d'ores et déjà, «la faculté de soumettre aux Assemblées des textes européens qui, bien que n'étant pas de nature législative, peuvent être considérés comme susceptibles de donner lieu à une prise de position parlementaire. Il s'agit de la « clause facultative » qui s'ajoute ainsi à la « clause obligatoire » relative aux projets et propositions d'actes européens de nature législative»330. (Circulaire n°292 du 17 décembre 1999). La Circulaire du Premier ministre du 22 novembre 2005 a toutefois prolongé le champ de la transmission Gouvernementale en ce qui concerne les projets d'actes législatifs (au sens français d' « acte législatif »), en ajoutant d'autres projets d'actes législatifs (cette fois-ci au sens européen du terme)331. Bien que ces textes ne contiennent pas dans leurs termes de dispositions de nature législative, nous pouvons considérer, étant donné la nature de leur contenu, qu'ils méritent d'être pris en compte par les Assemblées parlementaires. En tout état de cause, la transmission de ces documents aux Assemblées reste pour le Gouvernement une option facultative, contrairement aux autres documents de nature législative. « En pratique, les différents Gouvernements qui se sont succédés ont toujours accédé aux demandes des assemblées tendant à la transmission d'un document d'une institution de 'Union. La seule exception notable a concerné l'ouverture des négociations d'adhésion avec la Turquie »332. A l'époque, le Gouvernement a refusé de transmettre au Parlement le projet de recommandation de la Commission européenne. Pour cela, M. Édouard Balladur, qui était le Président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée 329 P. TÜRK, Le contrôle parlementaire en France, L.G.D. J, 2011, p. 222. 330 Rapport législatif de l'Assemblée nationale n°890, op. cit. p.24. 331 Voir à ce propos G. Conac, F. Luchaire et X. Prétot, La Constitution de la République française, op.cit. p. 1949. 332 Rapport législatif du Sénat n° 388, op. cit. p.26. 161 L'information du Parlement par le Gouvernement nationale, déclara que « nous devons tout d'abord observer que le Gouvernement n'a pas souhaité transmettre au Parlement la recommandation de la Commission européenne concluant à l'ouverture des négociations avec la Turquie. C'était son droit, car la Constitution ne lui en faisait pas obligation »333. Il ajouta par contre qu'en ce qui concerne « la nature du contrôle que le Parlement peut exercer sur la politique européenne du Gouvernement, on peut se trouver dans trois situations Gouvernement ne sont différentes dans pas les mêmes : Soit lesquelles les prérogatives du un acte européen entraîne une modification de la législation nationale et, dans ce cas, en application de l'article 884, le Gouvernement doit transmettre cet acte au Parlement qui peut alors adopter une résolution ; soit il s'agit d'une recommandation faite, par exemple, par la Commission au Conseil européen et qui ne modifie en rien l'ordre juridique interne et, dans ce cas, le Gouvernement peut, mais sans en avoir l'obligation, soumettre cette recommandation au Parlement ; il peut arriver aussi que nous trouvions dans un cadre moins clair que les deux précédents : Il s'agit alors d'une décision qui, sans modifier l'ordre juridique interne, constitue un acte comportant des conséquences juridiques et politiques importantes ; c'est, par exemple, pour ce qui concerne le Conseil européen du 17 décembre, la décision d'ouvrir ou de ne pas ouvrir des négociations d'adhésion avec un pays tiers. Dans ce cas, et s'agissant d'un acte et non plus d'une simple recommandation, il semble légitime que le Parlement puisse émettre un avis sur une décision aussi fondamentale afin d'éviter que, la procédure de négociation prenant fin, le Parlement ne soit placé devant l'alternative de l'acceptation totale ou refus absolu. Il serait donc souhaitable que le Gouvernement transmette au Parlement la décision du Conseil européen du 17 décembre dans le cadre de l'article 88-4 afin que les députés puissent s'exprimer par le vote d'une résolution a posteriori»334. Ensuite, et avec plusieurs de ses collègues, M. Édouard Balladur, déposa une proposition de loi constitutionnelle en décembre 2004, puis un amendement au projet de loi constitutionnelle en Janvier 2005. Cet amendement tend à réformer l'article 88-4 de la Constitution en imposant au Gouvernement de soumettre tout 333 Rapport légis latif de l'Assemblée nationale n° 1892 du 8 novembre 2004, p. 25, 26, 27. 334 Ibid. 162 L'information du Parlement par le Gouvernement document européen aux Assemblées parlementaires, à la demande du Président de l'Assemblée nationale ou du Sénat, du président de l'une des commissions permanentes des Assemblées, des soixante députés ou sénateurs. Cette initiative a échoué compte tenu de l'hostilité qu'elle avait suscitée au sein du Gouvernement. En tout état de cause, le Gouvernement, pour sa part, a pris « différentes initiatives visant améliorer l'association du Parlement à la prise de décision : « Participation à des séances d'audition et de questions orales portant sur des sujets européens ; réponse aux sollicitations des parlementaires en matière de transmission de documents et d'informations utiles à leurs travaux : Organisation de réunions-débats préparatoires et postérieures aux Conseils européens »335. La déclaration gouvernementale « suivie d'un débat en séance publique préalable aux Conseils européens est d'ailleurs devenue systématique, et les assemblées se sont entre-temps dotées d'antennes à Bruxelles, leur permettant d'entretenir un lien direct et permanent avec les institutions européennes »336. Sous-section II : La pratique des privilèges gouvernementaux Nous pouvons souligner que le Gouvernement forme pour les assemblées parlementaires la première source d'information sur les propositions d'actes de l'Union européenne. Afin de pratiquer son rôle important, le Gouvernement possède des privilèges qui lui sont données par quelques dispositions réglementaires adoptées par l'Assemblée nationale et le Sénat, depuis l'entrée en vigueur de l'article 88-4 de la Constitution. Certaines d'entre elles ont été abrogées dans les premières années d'application de l'article 88-4. En revanche, nous remarquons que le Gouvernement a rarement utilisé ces prérogatives afin de respecter la spécificité purement parlementaire de la procédure de l'article 88-4. 335 P. TÜRK, Le contrôle parlementaire en France, op.cit., p. 222. 336 Ibid. 163 L'information du Parlement par le Gouvernement Pour clarifier l'attitude du Gouvernement, nous évoquons ci-dessous quelques exemples. Ainsi, le droit d'amendement sur les propositions de résolution était une prérogative reconnue au Gouvernement par le Sénat. Le Gouvernement, en revanche, n'a utilisé cette prérogative qu'une seule fois ; c'était le cas de la proposition de résolution portait sur les instruments communautaires de défense commerciale (Proposition d'acte communautaire E 3). Dans cette situation isolée, le Gouvernement, représenté par M. Gérard LONGUET, assista efficacement lors de la réunion de la commission des affaires économiques destinée à l'examen des amendements en suggérant un amendement qui finalement fut adopté au sein de la proposition de résolution de la commission»337. Suite à ce seul cas, le Gouvernement ne s'est jamais représenté aux travaux des commissions du Sénat, ni n'a déposé d'amendement Gouvernemental les concernant. Le droit d'amendement Gouvernemental a été aboli en 1999. Le Conseil constitutionnel, dans sa décision n° 2009-581 DC du 25 juin 2009 sur la résolution tendant à modifier le règlement de l'Assemblée nationale, et sa décision n° 2009-582 DC du 25 juin 2009 sur la résolution tendant à modifier le règlement du Sénat, a contrôlé et approuvé les modifications apportées aux règlements des deux assemblées. 337 Dans son rapport n° 301 du 1 juin 1995 publié au nom de la Commission des Affaires économiques et du Plan du Sénat, F. Blaizot souligne que « à l'issue d'un débat auquel, pour la première fois, avait participé un membre du Gouvernement, elle la commission a adopté une résolution. Celle-ci reprend le texte auquel elle était parvenue le 28 avril, assorti d'un amendement d'origine sous-amendé en commission sur proposition du rapporteur et avec l'accord du représentant du Gouvernement », p. 4. L'information du Parlement par le Gouvernement En fait, nous constatons que l'Assemblée nationale338 comme le Sénat339 offre au Gouvernement dans leurs règlements une autre prérogative, à savoir la possibilité d'inscrire à l'ordre du jour des Assemblées des propositions de résolution européenne. Monsieur NUTTENS se demande « si le Gouvernement n'empêcherait pas la discussion de certaines résolutions en usant de ses prérogatives en matière d'ordre du jour. Le Gouvernement est en effet maître de l'ordre du jour prioritaire et dans ses décisions relatives aux règlements des Assemblées, le CC avait tenu à rappeler fermement cette prérogative.»340. Dans le même sens, M. Robert PANDRAUD déclarait que « il y a lieu de noter que les inscriptions à l'ordre du jour de la séance publique sont effectuées de manière consensuelle et je me plais à souligner, à cet égard, la grande disponibilité dont fait preuve le Gouvernement, largement maître de l'ordre du jour, à l'égard des demandes d'inscription»341. En reconnues conséquence, nous volontairement par remarquons les que, assemblées malgré les prérogatives le lui Gouvernement semble paradoxalement respecter le principe de séparation des autorités, en prenant en compte la spécificité parlementaire de l'article 88-4 de la Constitution. Ce respect n'empêcherait pas bien évidemment le Gouvernement d'assurer sa participation aux auditions des assemblées parlementaires consacrées à l'examen des textes transmis au titre de l'article 88-4 de la Constitution. 338 Art. 151-3 du règlement de l'Assemblée nationale modifié par la résolution n° 408 du 10 octobre 1995: « Dans les huit jours francs suivant la distribution du rapport de la commission saisie au fond, concluant à l'adoption d'une proposition de résolution, le président de l'Assemblée nationale peut être saisi par le Gouvernement, par le président d'un groupe, le président d'une commission permanente ou le président de la délégation de l'Assemblée nationale pour l'Union européenne d'une demande d'inscription de cette proposition à l'ordre du jour». 339 Article 73 bis du règlement du Sénat : « La proposition de résolution de la commission devient la résolution du Sénat au terme d'un délai de dix jours francs suivant la date de distribution du rapport sauf si, dans ce délai, le Président du Sénat, le président d'un groupe, le président de la commission compétente ou de la commission saisi pour avis, le président de la délégation pour l'Union européenne ou le Gouvernement demande qu'elle soit examinée par le Sénat ». 340 113, 114. 341 Rapport d'information n° 1436, op.cit. p. 29. 165 L'information du Parlement par le Gouvernement I : Les réticences du Gouvernement La question du suivi des résolutions a fait l'objet d'une préoccupation parlementaire depuis l'entrée en vigueur de l'article 88-4. En effet, les parlementaires se montrent soucieux d'être informés par le Gouvernement de la prise en compte des résolutions européennes dans les décisions de son degré d'influence dans les textes européens adoptés. Il est vrai que, la Circulaire du 25 novembre 2005 mentionne dans son annexe « lorsqu'un acte dont le projet a été transmis aux assemblées parlementaires en application de l'article 88-4 de la Constitution est définitivement adopté par les institutions de l'Union européenne, le SGAE ou le ministre des affaires étrangères s'agissant des actes de la PESC notifient l'acte adopté au SGG, qui en informe les assemblées parlementaires »342. Mais une question se pose en ce qui concerne la manière d'informer le Parlement. Le Gouvernement ne précise pas vraiment comment il le fera ; par bilan régulier ou en assistant à des auditions inscrites dans l'emploi du temps au sein de chaque assemblée? En fait, nous trouvons que la seule information n'explique pas clairement l'obligation au Gouvernement devant le Parlement. La réserve de l'exécutif à voir porter le suivi des questions européennes devant les assemblées est ferme : « Cette méfiance est traditionnelle, ancienne et injustifiée, car fondée sur une vision dépassée du rôle du Parlement selon laquelle les députés seraient incapables de débattre et de se prononcer de manière responsable sur des sujets sensibles »343. 342 Annexe de la Circulaire du 25 novembre 2005, op.cit. 343 E. BALLADUR, rapport d'information de l'Assemblée nationale n° 3769 déposé le 7 mars 2007 sur le bilan d'activités de la commission des Affaires étrangères sous la XIIe législature (2002-2007) , p. 11. 166 L'information du Parlement par le Gouvernement Il est important également de savoir que « les résolutions ne constituent que la partie immergée de l'iceberg : la collaboration entre l'exécutif et le Parlement est parfois invisible pour le juriste. La position française lors des négociations pourra être présentée comme étant gouvernementale, même si initialement, elle a des origines parlementaires »344. Il convient de souligner que l'article 88-4 ne comprend aucune disposition sur la question du suivi des résolutions. Ni les règlements des assemblées A cet égard, « le Conseil économique et social, qui ne rend que des avis et auquel les parlementaires ne voulaient pas que le Parlement soit comparé, paraît presque mieux loti que les Assemblées. L'article 4 de l'ordonnance n° 58-1360 du 29 décembre 1958 portant sur la loi organique relative au Conseil économique et social dispose dans son article 4 : (Chaque année, le premier ministre fait connaître les suites données aux avis du Conseil économique et social) »345. Les assemblées parlementaires ont clairement manifesté leur inquiétude quant à l'absence de toute mention sur le suivi des résolutions, et ces derniers ont multiplié leurs demandes d'information auprès d'information du du Gouvernement concernant le délégation de devenir de leurs résolutions. Dans son rapport 13 Juillet 1993, la l'assemblé nationale pour l'Union européenne exprima le souhait que « dans le cas où des résolutions ont été adoptées par l'assemblé nationale, le Gouvernement puisse lui fournir des éléments d'information permettant à la représentation nationale d'apprécier dans quelle mesure ses souhaits ont été pris en compte dans la négociation communautaire et dans la décision finale »346. Cette proposition montre que la portée de l'article 88-4 peut être réduite dans la mesure où les parlementaires ne détiennent pas les moyen de savoir dans quelle 344 Catherine LE BRIS, « Le droit de regard du Parlement français sur la norme supranationale en formation », RDP, 01 juillet 2012 n° 4, P. 947. 345 306. 346 Rapport d'information de l'assemblée nationale n°468,13 Juillet 1993, p. 6. L'information du Parlement par le Gouvernement mesure leur résolution a été prise en considération par le Gouvernement et les institutions européennes. L'article 151-4 du Règlement de l'Assemblée nationale semble être une tentative parlementaire pour mettre en place une telle disposition afin d'obliger le Gouvernement à transmettre les informations concernant l'influence des résolutions du parlement. Cet article souligne que «les informations communiquées par le Gouvernement sur les suites données aux résolutions adoptées par l'Assemblée nationale sont transmises aux commissions compétentes et à la délégation de l'assemblé nationale pour les communautés européennes »347. Cet alinéa ne donne pas lieu à une obligation pour le Gouvernement de transmettre les suites données aux résolutions. Il ne s'agit que d'un texte qui met en place l'« organisation d'une procédure interne à l'Assemblée, lorsque le Gouvernement veut bien l'informer des suites données aux résolutions qu'elle a adoptées »348. Nous pouvons constater par ce bilan l'indifférence du Gouvernement face aux demandes sérieuses des Assemblées. Cette indifférence empêche le bon fonctionnement du travail des parlementaires au lieu de le faciliter. De plus, les remarques du Gouvernement sont décrites de manière générale, une question rend difficile d'en dégager des conclusions. A ce stade, nous citons quelques expressions comme « le Gouvernement prend bonne note des thèses défendues par l'Assemblée nationale dans sa résolution. Il partage les idées émises, ou les positions exprimées par l'Assemblée nationale dans sa résolution rejoignent généralement les préoccupations du Gouvernement français ». Il est évident que ces informations n'aident pas les Assemblées parlementaires à exercer leur tâche de contrôle efficace des actions du Gouvernement au cours des négociations au sein de l'Union européenne, et qu'elles ne permettent pas de construire un véritable dialogue avec le Gouvernement. 347 L'article 151-4 du Règlement de l'Assemblée nationale modifié par la résolution n° 408 du 10 octobre 1995. 348 Voir rapport d'information n° 1436, de R. Pandraud, op.cit. p. 86. 168 Il est important de souligner que le maillon faible de la procédure de l'article 88-4 est dans la pauvreté des comptes rendus transmis aux Assemblées parlementaires par le Gouvernement. La nature de ce problème est politique et juridique. Dans les pays où le contrôle parlementaire sur le déroulement des négociations concernant des documents européens est important, comme au Danemark et en Grande-Bretagne, les ministres présentent régulièrement par oral au Parlement des comptes rendus sur les négociations communautaires. Le contrôle parlementaire français est très différent de celui des pays mentionnés ci-dessus. Même si les Assemblées ont régulièrement organisé des auditions pour entendre le ministre délégué aux affaires européennes, celles-ci ont affronté plusieurs obstacles empêchant le bon déroulement de cette procédure. Ainsi, dans une séance destinée pour parler de l'Europe de la défense, la Présidente Danielle Auroi a adressé à Monsieur le ministre la question suivante : « Monsieur le ministre, je vous poserai rapidement trois questions principales. Premièrement, pouvez-vous nous préciser les suites que le Gouvernement a souhaité donner aux propositions contenues dans la résolution européenne de l'Assemblée nationale du 4 mai dernier sur l'Europe de la défense? À ce stade de préparation du Conseil européen, que peut-on espérer qu'il retiendra? »349. M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense a répondu en disant ce qui suit : « Nous savons, pour avoir déjà essayé, qu'il est illusoire de trouver d'emblée un accord à 28. Commençons donc à le faire avec l'un, avec l'autre, avec plusieurs si c'est possible. Ainsi pourra-t-on obtenir quelques avancées, dont certaines seraient mêmes applicables aux 28 pays. Une telle méthode n'empêche pas de réfléchir par ailleurs, mais elle a au moins le mérite du concret. De fait, certaines dispositions seront approuvées par le Conseil des chefs d'État et de gouvernement à la fin du mois de décembre »350. 349 Compte rendu de la Commission de la dé fense nationale et des forces armées n° 24, Séance du 11 décembre 2013, p. 4. 350 Ibid. p . 8. L'information du Parlement par le Gouvernement La durée des négociations européennes forme en effet un obstacle important de cette procédure. Comme l'a noté M. Robert PADRAUD : « Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les propositions qui ont le cheminement le plus lent au sein des institutions de l'Union sont aussi celles qui font l'objet d'une telle intervention de la part de l'Assemblée »351. Une période si longue d'adoption d'un texte européen au sein de l'Union européenne rend difficile la vérification par les parlementaires sur le déroulement des négociations européennes, et sur la manière par laquelle leurs résolutions ont été adoptées par les institutions européennes. Cette période peut être prolongée plusieurs années après l'adoption d'une résolution européennes par les parlementaires français. De plus, il existe aussi un problème lié à l'adoption précipitée de propositions d'actes communautaires de la part du Conseil européen, qui ne facilite pas la participation des parlements nationaux dans leur déroulement. Ces problèmes se situent à deux extrémités d'un même continuum, tous deux mettant en péril le contrôle du Parlement français sur la politique communautaire. Il convient de souligner que la mise en place de véritables procédures permettant un suivi efficace des résolutions parlementaires permettrait de renforcer le rôle du Parlement dans le cadre de l'article 88-4 de la Constitution. Comme le remarque M. NUTTENS « le Parlement n'a pas vocation à se substituer au Gouvernement, mais doit pouvoir être en mesure d'apprécier la façon dont ses prises de position sont prises en considération. Il faut reconnaître qu'il s'agit là d'un problème essentiellement politique et que la volonté d'exercer pleinement un contrôle efficace sur le Gouvernement peut varier en fonction de moment »352. En séquence, nous pouvons dire que malgré l'introduction de l'article 88-4 dans la Constitution en 1992, et malgré son objectif de conférer au Parlement un 351 R. Pandraud, rapport d'information de l'Assemblée nationale n° 2459 du 20 décembre 1995, p. L'information du Parlement par le Gouvernement nouveau rôle en lui permettant d'exprimer sa position sur les propositions d'actes communautaires concernant les intérêts français, ce rôle reste modeste et ne parvient pas à réaliser son but. II : Le Conseil d'État, Conseiller juridique pour le Gouvernement Il est intéressant de noter que « le droit communautaire ne connaissant pas la distinction formelle entre les domaines de la loi et du règlement telle qu'elle a été créée en 1958 par les dispositions des articles 34 et 37 de notre Constitution, il a fallu mettre en place un système de tri, afin que le Gouvernement sache quels actes il devait transmettre obligatoirement au Parlement. Ce mécanisme de tri, confié par circulaires au Conseil d'Etat, présentait des garanties de compétence et d'impartialité »353. La mise en oeuvre du nouvel article 88-4 dans la Constitution a apporté une nouvelle mission pour le Conseil d'État, à savoir la vérification de la nature des textes communautaires dans le but de déterminer si ceux-ci relèvent de la compétence des assemblées parlementaires. Cette nouvelle mission a vu le jour lors de la révision constitutionnelle du 25 juin 1992 à l'occasion du Traité de Maastricht : « Le Gouvernement soumet à l'Assemblée nationale et au Sénat, dès leur transmission au Conseil des Communautés, les propositions d'actes communautaires comportant des dispositions de nature législative354. Pendant les sessions ou en dehors d'elles, des résolutions 353 G. Conac, F. Luchaire et X. Prétot, La Constitution de la République française, op.cit. p. 1949. 354 C'est ce que « l'on avait coutume d'appeler la « clause obligatoire » qui avait nécessité la mise en place d'un mécanisme de tri opéré par le Conseil d 'État » G. Conac, F. Luchaire et X. Pré tot, La Constitution de la République française, ibid. p. 1947. L'information du Parlement par le Gouvernement peuvent être votées dans le cadre du présent article, selon des modalités déterminées par le règlement de chaque Assemblée». Nous notons que c'est le Gouvernement seul qui décide de transmettre les propositions d'actes communautaires aux assemblées, à condition qu'elles soient de nature législative. Pour cela, le Gouvernement décide de consulter le Conseil d'État, qui jouit d'une grande expérience, pour déterminer la nature législative des textes européens. Ce désir de saisine du Conseil d'État est apparu dans deux circulaires du Premier ministre. La première est datée du 31 Juillet 1992. Elle est confirmée par une deuxième saisine datée du 21 avril 1993 en disant que « le président de chaque section administrative du Conseil d'État désignera un membre de celle-ci qui sera chargé d'examiner les propositions d'actes communautaires afin d'aider, en cas de besoin, les administrations intéressées»355. La nature législative devient à partir de ce moment, le principe qui gouverne la soumission des propositions d'actes communautaires aux assemblées parlementaires par le Gouvernement. Selon le Conseil d'État, la nature législative des actes communautaires au sens français du terme peut être déterminée par ce qui est relatif au domaine de la loi. Nous remarquons qu'entre 1993 et 1996 « soit en quatre années de pleine application de l'article 88-4, le Conseil d'État aura été saisi de près de 500 documents par an, en moyenne, 38% d'entre eux étant considérés comme comportant des dispositions de nature législative »356. Le Conseil d'Etat a défini les règles de base suivantes pour déterminer la nature législative des actes communautaires qui lui sont soumis. Compte tenu de l'actualité européenne, il convient de s'interroger sur le délai d examen des propositions d'actes communautaires au sein du Conseil d'État. En fait, son expérience lui a permis de réduire le délai de quinze jours en 1993 à six jours en 1996. Dans certains cas d'urgence, le Conseil s'est prononcé en une journée, comme 355 Circulaire n°3791/SG du 31 juillet 1992, Circulaire n°94 du 21 avril 1993. 356 Connaissance de l'Assemblée nationale, l'Assemblée nationale et l'Union européenne, fiche n°9, février 1998, op.cit., p 53. 172 L'information du Parlement par le Gouvernement par exemple dans le cas de la proposition de décision du Conseil relative à l'introduction de l'euro en 1996. L'avis du Conseil d'État a donc une importance remarquable, car il facilite la mission du Gouvernement en ce qui concerne sa relation avec le Parlement dans le domaine communautaire. En 1995, le Gouvernement décide de donner encore plus d'importance au travail du Conseil d'Etat en publiant les avis du Conseil sur l'ensemble des propositions d'actes communautaires qui lui sont soumises. En plus, «le Gouvernement, qui n'est pas lié par l'avis du Conseil d'État, ne s'en écarte qu'exceptionnellement. On signalera un cas particulièrement significatif, en mars 1997, avec la transmission par le Gouvernement de la recommandation du Conseil sur la décharge à donner à la Commission sur l'exécution du budget général des Communautés pour l'exercice 1995. En dépit d'un avis négatif du Conseil, le Gouvernement a soumis ce texte - pendant communautaire des projets de lois de règlement des budgets - aux Assemblées (document E 799) à la demande du Président de la délégation de l'Assemblée pour l'Union européenne, qui se fondait d'ailleurs sur une résolution (TA n° 379) précédemment adoptée par l'Assemblée »357. En 1999, l'article 88-4 de la Constitution a été modifié lors de la révision constitutionnelle du 25 janvier 1999.
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peut-on apprendre des tiers-lieux 2.0? Vallat, David Université Lyon 1, Laboratoire Triangle (UMR CNRS 5206 – ENS de Lyon) [email protected] faire » selon un processus incrémental d'essai-erreur. Tout ceci conduit à des formes organisationnelles originales qui semblent s'apparenter à des degrés divers à la notion de commons (Ostrom, 1990), forme organisationnelle décrite par Hess & Ostrom (2011) comme la plus adaptée à la création de connaissances. Créer des connaissances, apprendre en faisant, en observant, en collaborant donnent des atouts pour s'adapter à un environnement complexe et volatile et pour innover. Notre travail de recherche étant, à ce stade, exploratoire, nous ne prétendons pas avoir mené une revue de littérature, encore moins une recherche bibliométrique. Nous cherchons seulement à poser des jalons pour des recherches futures. : Tiers-lieux, makers, communs, bricolage, Que peut-on apprendre des tiers-lieux 2.0? INTRODUCTION Dans le premier chapitre de son ouvrage The Great Good Place, Ray Oldenburg (1998) souligne ce qu'il nomme le « problème de lieux » aux Etats-Unis (problem of place in America) ; la vie des américains est fragmentée et partagée entre le lieu de travail et celui de résidence. Il n'existe pas de lieux de socialisation informelle permettant de vivre en communauté. Ceci a, selon Oldenburg, des répercussions sur la démocratie mais aussi la santé publique et la productivité des travailleurs américains. Il manque donc « the core settings of informal public life » à savoir un lieu se situant entre le lieu de travail et celui de résidence, un tiers lieu (third place). Ce dernier prend, par exemple, la forme du café en France. C'est le lieu de l'exercice d'une vie publique à l'instar de l'agora athénienne. Le tiers lieu a plusieurs caractéristiques remarquables (Oldenburg, 1998) : c'est un terrain neutre (neutral ground – ni chez soi, ni chez quelqu'un d'autre) qui égalise les statuts sociaux (leveler) et où l'activité principale est la conversation. Le tiers lieu se doit d'être facile d'accès (accessibility and accomodation). Le tiers lieu n'existe vraiment que par ses habitués (the regulars). Ainsi, le tiers lieu attire plus par ceux qui le fréquentent que par ses qualités intrinsèques d'autant que ce lieu garde une apparence plutôt simple ; ni le lieu, ni les habitués ne cherchent à se distinguer (a low profile). Quoi qu'il en soi l'ambiance générale est plutôt joyeuse et conviviale (the mood is playful), notamment par opposition à l'ambiance au travail. En définitive le tiers lieu est A Home Away From Home où l'on peut être soi-même. Oldenburg dresse une liste de tiers lieux dès le titre de son ouvrage : The great good place: Cafes, coffee shops, bookstores, bars, hair salons and other hangouts at the heart of a community. Tous ces lieux contribueraient à revivifier les communautés, à dynamiser la vie politique, à contrebalancer le délitement des liens sociaux (Putnam, 2000). Ils sont un lieu d'expression de la démocratie (Oldenburd, 1998), un espace public où les idées peuvent circuler librement (Habermas, 1989) : pour sortir d'un état de minorité intellectuelle (Kant, 2009) il est nécessaire de confronter ses idées à celles des autres, de comparer les raisonnements et ainsi d'être à la fois acteur et spectateur du débat démocratique. L'espace public a trouvé une nouvelle dimension à l'ère numérique notamment à travers les réseaux 2 Lyon, 7-9 juin 2017 XXVIe Internationale sociaux (Foster, 2013). Pour autant l'importance de laConférence dimension physique de desManagement tiers lieuxStratégique n'a pas disparu. Dans la lignée du mouvement des makers (Anderson, 2012 ; Lallement, 2015 ; Gershenfeld, 2011) des fabrication laboratories (fab labs)1 ont vu le jour inspirés par le cours du professeur du Massachusetts Institute of Technology (MIT) Neil Gershenfeld (2015) : How to make (almost) anything. Quatre vingt dix neuf fab labs sont répertoriés en France par le wiki des fab labs2 sur la base d'une auto-déclaration qui intègre les fab labs en projet ou en développement et qui suppose une auto-évaluation du fab lab selon quatre critères (notés de A à C) définis par la FabFoundation3 : accessibilité, adhésion à la charte des fab labs (du MIT)4, mise à disposition de machines (découpeuse laser, imprimante 3D, etc.) et contribution aux réseau international des fab labs. Makerspace, hackerspace, hacklab sont des appellations qui renvoient à des réalités voisines (mise à disposition de matériel, fonctionnement sur un principe de communauté de pratiques, éthique valorisant la liberté d'accès, la collaboration, l'autonomie, la solidarité). Les hackerspaces5 sont plutôt orientés vers le partage de ressources et de savoirs liés à l'informatique (software et/ou hardware) selon l'éthique hacker (Raymond, 1999 ; Coleman, 2012). Le wiki des hackerspaces6, recense (en juillet 2016) 1271 hackerspaces actifs dans le monde (et 351 en projet). Les espaces de coworking qui rompent l'isolement du travailleur indépendant (Boboc et al., 2014 ; Capdevila, 2014) naissent à San Francisco en 20057. Le site coworking.com souligne les valeurs du mouvement coworking : Community, Openness, Collaboration, Sustainability, and Accessibility. Toujours selon ce site plus de 10 000 espaces de coworking sont répertoriés dans le monde. Ces différents lieux partagent les spécificités qui caractérisent les tiers lieux selon l'approche 1 Afin de réunir fab lab et makerspace sous une même appellation Bottollier-Depois F. et al. (2014) parlent 2 http://wiki.fablab.is/wiki/Main_Page ; on compte également en juillet 2016, 28 fab labs en Allemagne, 25 en Italie, 24 aux Pays-Bas, 11 en Espagne, 46 aux Etats-Unis, 9 en Grande-Bretagne. La croissance des fab labs en France est très rapide. Les premiers datent de 2009. On en comptait 70 en 2014. Des financements publics notamment dans le cadre de la mission French Tech (http://www.lafrenchtech.com) du Ministère de l'Economie, des Finances et du Numérique (http://www.entreprises.gouv.fr/agence-du-numerique) ont permis l'accélération de ce mouvement. 3 http://fabfoundation.org/about-us/ 4 http://fab.cba.mit.edu/about/charter/ 5 La communauté des hackerspace définit ces lieux ainsi : « Hackerspaces are community-operated physical places, where people share their interest in tinkering with technology, meet and work on their projects, and learn from each other. » (http://hackerspaces.org) 6 https://wiki.hackerspaces.org 7 http://blog.coworking.com/about/ 3 Lyon, 7-9 juin 2017 XXVIe Internationale Stratégique d'Oldenburg (1998)8. Ces spécificités ne peuvent êtreConférence rencontrés, comme il de seManagement doit, ni dans le lieu de résidence, ni dans le lieu de travail. Pourtant les personnes travaillent dans ces nouveaux tiers lieux. Mais l'on ne fait pas que travailler, ou alors c'est que s'invente une nouvelle façon de travailler. Quoi qu'il en soit les tiers lieux 2.0 connaissent depuis quelques années une croissance très rapide. Pourquoi l'appellation « 2.0 »? Nous faisons ici une analogie au Web 2.0 (DiNucci, 1999) qui caractérise le Web dont les évolutions techniques ont permis aux utilisateurs d'être producteurs de contenu (d'être proactif), de former des communautés et de collaborer. La pro activité (l'autonomie), la construction de communautés et la collaboration semblent être la norme dans les tiers lieux 2.0. Les tiers lieux 2.0 peuvent être abordés de multiples manières, par exemple : comme des lieux favorisant la créativité et l'innovation (Suire, 2016 ; Mérindol et al., 2016 ; Lhoste & Barbier, 2016) ; comme des endroits facilitant la mise en réseau entre les usagers (Blein, 2016 ; Trupia, 2016) et/ou avec le territoire (Capdevila, 2014) notamment par la mobilisation de liens faibles (Granovetter, 1973) et/ou en prenant appui sur des clusters (Bathelt et al., 2004) ; comme un mode novateur d'accompagnement entrepreneurial (Fabbri & Charue-Duboc, 2013 ; Pierre & Burret, 2015). La plupart des auteurs travaillant sur ce sujet insistent aussi sur la dimension collective présente dans ces lieux et sur l'importance donnée à l'apprentissage et plus généralement à la production de connaissances. Internationale Management Stratégique (3). Enfin, ces nouvelles configurations de l' «XXVIe être »Conférence et du « faire » qui sedemanifestent tout particulièrement dans les tiers lieux 2.0 contribuent à changer la façon d'innover (4). 1. « ETRE » (QUELLE PRAXIS9 POUR LES TIERS LIEUX?) Selon Oldenburg (1998), les tiers lieux permettent l'exercice de la démocratie, du débat, par la discussion. Si les tiers lieux transforment notre façon d'être, c'est en véhiculant des valeurs issues de la révolution Internet. Le sociologue Manuel Castells (2000 ; 2002) a souligné très tôt les implications majeures de l'avènement d'internet : « Our societies are increasingly structured around the bipolar opposition of the Net and the Self » (Castells, 2000, p.3). La notion de Self souligne le fait qu'avec le Web 2.0 (DiNucci, 1999) l'utilisateur d'internet devient lui-même producteur. Quant au réseau (Net) il rend possible une « horizontalisation » du monde : « Thus, in the historical record, networks were the domain of the private life, while the world of production, power, and war was occupied by large, vertical organizations, such as states, churches, armies, and corporations that could marshall vast pools of resources around the purpose defined by a central authority. Digital networking technologies enable networks to overcome their historical limits ». (Castells & Cardoso, 2006, p.4) 1.1 OPEN ACCESS ET DEMOCRATIE La dimension horizontale du réseau facilite la collaboration. La culture collaborative associée à Internet puise ses sources dans sa dimension universitaire initiale (Castells, 2002) et plus généralement dans la culture Open Access (même si ce trait culturel n'a pas été unique pour constituer la culture d'Internet il en constitue un fondement majeur selon Castells – 2002). Qu'est-ce que l'Open Access (Suber, 2012 )? « Open access is the name of the revolutionary kind of access these authors, unencumbered by a motive of financial gain, are free to provide to their readers. Open access (OA) literature is digital, online, free of charge, and free of most copyright and licensing restrictions ». (Suber, 2012, p. 4) Cette ouverture favorise la production et la diffusion de connaissances, et ainsi, le débat démocratique (Benkler, 2006 ; Rifkin, 2014). Mozilla illustrent le potentiel créatif et transformatif de la culture ouverte et participative associée à Internet (Benkler, 2002 ; 2011). L'accès libre à la connaissance favorise le développement de collaborations, de partages, d'échanges, développe la créativité et démocratise l'innovation (Hippel, 2005), toutes choses congruentes avec une économie mondiale fondée sur le savoir10. La connaissance est ainsi perçue comme le pilier fondamental de la compétitivité dans le cadre d'une concurrence internationale (Schwab, 2012). Afin d'éviter une appropriation privative de cette connaissance créée en commun (par un nouveau phénomène d'enclosure – Bollier, 2011) il a été nécessaire de créer de nouveaux droits de propriété reconnaissant la dimension commune de la création, facilitant ainsi sa diffusion. La licence copyleft (jeu de mot sur copyright) a été utilisée pour la première licence libre (GNU General Public Licence créée par Richard Stallman en 1985)11. La licence share-alike12 est très voisine mais ne représente qu'un seul type de licence parmi celles proposées par l'organisation sans but lucratif Creative Commons (Lessig, 2004 ; Lessig, 2006). « Taking inspiration in part from the Free Software Foundation's GNU General Public License (GNU GPL), Creative Commons has developed a Web application that helps people dedicate their creative works to the public domain-or retain their copyright while licensing them as free for certain uses, on certain conditions. » (Lessig cité par Coleman, 2012, p. 197) Préserver la liberté d'Internet, permettre à la culture de circuler librement au bénéfice de tous13, éviter une appropriation exclusive de la connaissance créée, faciliter la collaboration, sont des principes de la culture de l'Open Access (Suber, 2012)14 associée à . Cet outil, bien plus que nos pratiques, a transformé nos manières d'être (Serres, 2012). 1.2 ETHIQUE HACKER Dans sa longue étude du milieu des hackers Gabriella Coleman (2012) dresse les contours de l'éthique hacker. Ce code de conduite se retrouve dans les hackerspaces de la côte ouest des 10 Voir : (Powell & Snellman, 2004 ; Wilson & Briscoe, 2004 ; OECD, 1996 ; 2005 ; 2010 ; 2012) 11 https://www.gnu.org/philosophy/philosophy.en.html ; (Stallman, 1985 ; 2002) 12 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/ 13 d'où l'importance de la notion de transparence que l'organisation WikiLeaks (https://wikileaks.org) illustre parfaitement. 14 Mentionnons un distinguo entre le « libre » (free) et l'« open » (ouvert). contradictoires s de la méritocratie ence e de liberté retrou des valeurs libérales. Pour autant les hackers critique s propriétés, attachent une importance majeure à la collaboration, au partage des connaissances, à la solidarité. Pour certain d'entre eux le capitalisme est l'ennemi, pour d'autre il est un moyen d'amplifier le mouvement (Coleman, , . 79 ; Raymond, 1999). Tous confondent travail et plaisir (Coleman, 2012, p. 12) ou plus précisément trouvent du plaisir dans leur travail ; ce qui explique à la fois leur forte motivation intrinsèque Ryan & Deci, 2000 ; Pink, 2011) et leur besoin de vivre/travailler dans un lieu hybride entre le lieu de travail et le lieu de résidence. Par ailleurs, la difficulté du travail rend indispensable la collaboration, qui dépend du libre choix de chacun : « To manage the complexity of the technological landscape, hackers turn to fellow hackers (along with manuals, books, mailing lists, documentation, and search engines) for constant information, guidance, and help. » (Coleman, 2012, p. 107) Notons également la place centrale de l'apprentissage pour arriver à résoudre les problèmes, un apprentissage tant individuel que collectif (prenant la forme de communautés de pratiques – Lave & Wenger, 1991 ; Wenger, 1998)15. Pour collaborer il faut discuter selon des règles démocratiques pour déboucher sur une décision consensuelle (Coleman, 2012, p. 126, p. 150 ; Habermas, 1989). La liberté d'expression et le débat démocratique sont ainsi un produit de l'horizontalité du réseau digital (dimension parfaitement intégrée par la génération Y – Palfrey & Gasser, 2013) et une nécessité pour réaliser efficacement les projets. Gabriella Coleman conclut son ouvrage ainsi : Hackers who are seen (and at times portray themselves) as quintessentially individualistic often live this individualism through remarkably cooperative channels. This should not make us question the reality of individualism, which is also culturally incarnated, but instead encourage us to examine the assumption that this individualism precludes cooperation. In fact, individualism frequently results in more cooperation, on a larger scale than would otherwise exist. XXVIe Conférence de Management Stratégique praxis transforme tout à la fois les hackers mais modifie aussi Internationale leur environnement (physique et social), le façonnant à leur image. Ils vivent plutôt, si l'on se réfère aux catégories de Weber (2003), dans le cadre d'une communauté valorisant une rationalité en valeur, wertrational (qui soude la communauté et structure le groupe par sa praxis), plutôt qu'une rationalité en finalité (zweckrational) que Weber (2003) décrit comme étant l'attitude de celui qui met en balance la fin recherchée, les moyens mis en oeuvre pour l'atteindre et les conséquences qui peuvent découler de l'action. 1.3 LES TIERS LIEUX 2.0 COMME COMMUNAUTE DE PRAXIS Pour illustrer les caractéristiques saillantes des tiers lieux 2.0 en regard à la fois de la grille d'Oldenburg (1998) et du contexte de l'avènement d'une société numérique porteuse de valeurs spécifiques, nous nous appuyons sur 11 articles de recherche (en sociologie, anthropologie, économie et sciences de gestion) publiés entre 2013 et 2016 et faisant explicitement référence à des fab labs, hackerspaces, makerspaces ou espaces de coworking. Ces articles ont été sélectionnés après une recherche par mot-clef sur le portail de publications en sciences humaines et sociales Cairn.info (http://www.cairn.info) qui regroupe plus de cent cinquante maisons d'édition principalement francophone (et plus de 200 000 articles de revues)16. Les informations tirées de ces articles (reposant tous sur des enquêtes qualitatives de terrain à une exception près - Suire, 2016) permettent de dresser un panorama des principales caractéristiques de ces tiers lieux. Une ligne de démarcation sépare les lieux de production (fab lab, hackerspace) des espaces de coworking (4 articles étudient des fab labs, 6 des espaces de coworking et un article étudie les deux – Cléach et al., 2015). Nous avons également consulté deux études transversales réalisées en France (Mérindol et al., 2016 ; Bottollier-Depois et al., 2014)17 et deux ouvrages construits sur la base d'enquêtes éthnographiques (Coleman, 2012 ; Lallement, 2015). Notre travail de recherche étant, à ce stade, exploratoire, nous ne prétendons pas avoir mené une revue de littérature, encore moins une recherche bibliométrique. Nous cherchons seulement à poser des jalons pour des recherches futures. Dans les fab labs la culture hacker/maker est très présente notamment par le biais d'un rappel systématique à la genèse du modèle fab lab dans les laboratoires du MIT (Gershenfeld, 2011 ; 16 La liste des articles se trouve en annexe 1. 8 Lyon, 7-9 juin 2017 Conférence Internationale Management Stratégique 2015). Les articles sur ces lieux mentionnent XXVIe tous l'historique des fab labde(Bosqué, 2015 ; Lhoste & Barbier, 2016 ; Wolf et al., 2013 ; Suire, 2016 ; Rumpala, 2014). La notion d'innovation est très souvent mise en avant par les chercheurs ayant étudié les tiers lieux 2.0. Ces lieux produisent du neuf en particulier dans les pratiques organisationnelles : mode de management (Cléach et al., 2015), mode d'organisation, mise en réseau (Lhoste & Barbier, 2016 ; Wolf et al., 2013 ; Suire, 2016 ; Rumpala, 2014 ; Fabbri & Charue-Duboc, 2013 ; Pierre & Burret, 2015 ; Capdevila, 2014). Comme ces lieux s'inscrivent dans le cadre de démarches d'innovation ouverte (qui procède de la culture de l'Open Access) ce n'est guère étonnant. Ce point explique également un discours très présent sur la création et la distribution de connaissances (Bosqué, 2015 ; Boboc et al., 2014 ; Capdevila, 2014 ; Fabbri & Charue-Duboc, 2013 ; Lhoste & Barbier, 2016 ; Wolf et al., 2013). La création de connaissances se double fréquemment d'une dimension de formation collective réalisée à travers des processus collaboratifs sous forme de ce que les auteurs identifient explicitement comme des communautés de pratique (Lave & Wenger, 1991 ; Wenger, 1998). Tous les auteurs insistent sur la dimension collaborative présente dans ces tiers lieux. Au-delà de la réciprocité maussienne (Mauss, 2004) souligné par un auteur (Blein, 2016), coopération, entraide, solidarité sont des notions très présentes dans les lieux étudiés (Fabbri & CharueDuboc, 2013 ; Rumpala, 2014 ; Cléach et al. 2015 ; Trupia, 2016), des valeurs qui renvoient à l'éthique hacker. Les tiers lieux 2.0 semblent rassembler des personnes dans des communautés de praxis marquées par un patrimoine culturel commun qui puise en partie sa source dans l'éthique hacker, valorisant plus le fait d'agir sur soi/sur le monde (praxis) que de produire (poiesis) au sens strict. Parce que produire du savoir et apprendre est au coeur de ces communautés de praxis, elle accueillent des communautés de pratique (Lave & Wenger, 1991 ; Wenger, 1998) et parfois des communautés épistémiques (qui mêlent vision, éthique et approche épistémologique voisines - Haas, 1992 ; Cohendet et al., 2003), orientées vers un projet (de société) certes flou mais commun : « faire ». 2 « FAIRE » (DE LA POIESIS A LA THEORIA) Qu'est-ce que « faire »? Faire dans le sens de produire (Poiesis) questionne notre manière de voir les choses (Theoria)18. En effet, la production n'est plus l'apanage d'un petit nombre, le pré carré des capitalistes (Rifkin, 2014 ; Anderson, 2008 ; 2012). Des entrepreneurs18 Et va, par effet récursif, influencer la praxis de celui qui fait. îne ). e c'est de par l . e donc (Lallement, Dag , ), : 2.1 LES TIERS LIEUX NOUS INVITENT AU BRICOLAGE Ne plus être un consommateur-passif mais rejoindre les rangs des producteurs. Produire émancipe comme l'avait en son temps souligné Proudhon (on s'approche dans les hackerspaces de la notion proudhonienne de mutuellisme qui s'oppose à la vision marxiste de propriété collective des moyens de production). Produire dans des lieux où l'on partage l'espace, les outils, l'expérience, les savoirs (fab lab, hackerspace, etc.), produire pour affirmer son identité, produire en collaborant / pour collaborer. Le faire c'est l'apprentissage par la pratique (Learning by Doing - LbD), une pratique de production/émancipation personnelle (Do It Yourself - DIY) qui favorise l'empowerment19 (LbD+DYI = empowerment) ; c'est l'union de l'art et de la technique (qui encourage les décloisonnements disciplinaires) ; peut-on y voir le triomphe du pragmatisme sur l'idéologie, du bricoleur le professionnel? Quoi qu'il en soit ces espaces questionnent les modes d'apprentissage institutionnels (formation initiale, formation professionnelle) par le Learning by Doing qu'ils promeuvent (sans parler de la question posée plus largement par l'apprentissage collaboratif via les Massive Open Online Courses qui rend accessible gratuitement les cours d'universités prestigieuses). Le « faire » serait donc une voie à explorer pour répondre au déclin des firmes, des organisations et des états en sus des pistes identifiées par Hirschman (Hirschman, 1970) dans Exit, Voice and Loyalty. Response to Decline in Firms, Organizations and States? Adopter cette approche éclaire d'un jour nouveau le management stratégique des organisations : sont-elles gérées au travers d'une planification rationnelle, héritière de la One 19 Voir (Ferraton & Vallat, 2004) taylorienne20, ou bien plutôt par XXVIe une succession de phases de d'essai/erreur, de tâtonnements (Avenier, 2004), la stratégie de l'organisation s'élaborant, au fur et à mesure de la pratique (Golsorkhi et al., 2015) selon une une approche « highly situated and highly improvisational » (Brown & Duguid, 1991). Les imprimantes 3D, les découpeuses laser et autre fraiseuse numérique que l'on trouve dans les fab labs offrent à tous un accès à une nouvelle forme de bricolage, pas uniquement individuel, un bricolage interconnecté (Anderson, 2008 ; 2012). Internet n'a pas seulement permis la mise en oeuvre de relations plus horizontalisées qui facilitent la collaboration ; il révèle aussi l'image du bricoleur que chacun peut être (bricoleur dans le monde numérique et/ou bricoleur dans le monde analogique) (Castells, 2000 ; Rifkin 2014). Ces transformations appellent évidemment à questionner la manière dont nous pensons la société ou les organisations (Castells, 2002). A cet égard la notion de bricolage peut éclairer le processus d'innovation (Gundry et al., 2011 ; Garud & Karnøe, 2003), les choix des entrepreneurs ou encore la compréhension des organisations (Duymedjian & Rüling, 2010). Nous verrons que le bricolage, par son côté pragmatique questionne également la façon dont nous comprenons la construction de la connaissance. Dans son ouvrage, La pensée sauvage (publié en 196221) Claude Lévi-Strauss élabore le concept de bricolage pour caractériser un mode de compréhension du monde basé sur l'expérimentation, une « science du concret » (Lévi-Strauss, 2014, p. 30) qu'il définit ainsi : « Dans son sens ancien, le verbe bricoler s'applique au jeu de balle et de billard, à la chasse et à l'équitation, mais toujours pour évoquer un mouvement incident : celui de la balle qui rebondit, du chien qui divague, du cheval qui s'écarte de la ligne droite pour éviter un obstacle. Et, de nos jours, le bricoleur reste celui qui oeuvre de ses mains, en utilisant des moyens détournés par comparaison avec ceux de l'homme de l'art » (ibid.). En utilisant l'analogie du bricolage Lévi-Strauss veut dépasser ce qu'il nomme le « paradoxe néolithique » (ibid. p. 26). « Le bricoleur est apte à exécuter un grandXXVIe nombre de tâches diversifiées ; mais, à laStratégique différence de l'ingénieur, il ne subordonne pas chacune d'elles à l'obtention de matières premières et d'outils, conçus et procurés à la mesure de son projet : son univers instrumental est clos, et la règle de son jeu est de toujours s'arranger avec les'moyens du bord' []. L'ensemble des moyens du bricoleur n'est donc pas définissable par un projet (ce qui supposerait d'ailleurs, comme chez l'ingénieur, l'existence d'autant d'ensembles instrumentaux que de genres de projets, au moins en théorie) ; il se définit seulement par son instrumentalité, autrement dit et pour employer le langage même du bricoleur, parce que les éléments sont recueillis ou conservés en vertu du principe que 'ça peut toujours servir' » (ibid. p. 31). 2.2 BRICOLER UNE CONSTRUCTION DU MONDE N'avons-nous pas assisté, dans l'histoire des sciences, au triomphe de l'archétype de l'ingénieur qui par l'usage de la raison va, selon le principe de réduction, décomposer les problèmes complexes en problèmes simples (tellement simples parfois qu'ils semblent éloignés de la réalité qu'ils sont censés représenter), pour aboutir à ce que Morin (Morin, 2015, p.18) nomme la « pathologie du savoir » qui consiste à continuer de penser et d'agir dans le cadre d'un « paradigme de la simplification » : « Nous vivons sous l'empire des principes de disjonction, de réduction et d'abstraction dont l'ensemble constitue ce que j'appelle le 'paradigme de simplification' » (ibid. p.18). La Raison a été considérée depuis Descartes comme le support de la connaissance scientifique et son critère de validité (Morin, 1986). Si la rupture avec la scholastique ou la métaphysique sont salutaires, la simplification cartésienne (Le Discours de la méthode s'ouvre sur la fameuse phrase « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ») qui vise à identifier les lois mathématiques universelles (qui comporte « l'expulsion du local et du particulier » - Morin & Le Moigne, 2000, p.48) qui régissent le monde, se heurte à la complexité du réel qui n'effraie pas le bricoleur. Lui ne cherche pas à l'expliquer, il fait avec, il expérimente. Le bricoleur ne dénigre pas la Raison (d'où le « paradoxe du néolithique » mis en avant par Lévi-Strauss). Toutefois la partition cartésienne entre sujet et objet n'a pas de sens pour lui. Le bricoleur a moins l'ambition de comprendre le monde (en particulier ses suppos lois naturelles)22 que de le faire, de le transformer tout en se transformant lui-même : « Sans jamais remplir son projet, le bricoleur y met toujours quelque chose de soi » (Lévi-Strauss, 2014, p. 35). La science cherche à comprendre, le bricoleur veut construire, ce qui n'est pas 22 Ce que Lévi-Strauss (ibid. p. 33-34) traduit par l'expression : « [] l'ingénieur cherche toujours à s'ouvrir un passage et à se situer au delà [] » tandis que le bricoleur « [] demeure en deçà []. » un obstacle à la compréhension, bien au contraire. 23 Il est donc beaucoup plus praxis que poiesis. 24 « Radical constructivism, thus, is radical because it breaks with convention and develops a theory of knowledge in which knowledge does not reflect an 'objective' ontological reality, but exclusively an ordering and organization of a world constituted by our experience. The radical constructivist has relinquished'metaphysical realism' once and for all, and finds himself in full agreement with Piaget, who says: 'Intelligence organizes the world by organizing itself' » (Glasersfeld, 1984). 25 A ce titre nous pouvons nous interroger sur la capacité de certains des tiers lieux à correspondre à un retour de l'engagement politique via une implication dans des communautés (Putnam, 2000). S'ORGANISER « EN COMMUN » Bricoler une autre conception du monde dans les tiers lieux 2.0 a un impact très concret sur la façon d'organiser le travail dans ces lieux. Comme nous l'avons mentionné précédemment la notion d' « horizontalisation » du monde liée au fonctionnement d'Internet (Castells, 2000, 2002), la culture de l'Open Access (Suber, 2012) et l'éthique hacker (Coleman, 2012) sont peu compatibles avec une forme organisationnelle hiérarchique fondée sur le « one best way » (1). En revanche l'éthique collaborative présente dans les tiers lieux 2.0 semble faciliter l'apprentissage organisationnel et donc l'adaptation (2) ce qui va de pair avec de nouvelles formes organisationnelles centrées sur l'idée de s'organiser en commun (3). 3.1 LE « ONE BEST WAY » : L'ANTI TIERS LIEUX 2.0 Les valeurs positivistes incarnées par l'organisation scientifique du travail de Taylor s'incarnent dans les bureaucraties mécaniste (p. 197) et professionnelle (p. 255) définies par Mintzberg (2002). Ces deux formes de bureaucratie se caractérisent « par un travail spécialisé et standardisé, une procédure formalisée, un contrôle rigoureux à travers des règles et des règlements, une hiérarchie claire de l'autorité, une planification formalisée pour élaborer les stratégies avant leur mise en oeuvre » (Mintzberg, 2002, p. 494). Selon la grille de lecture wébérienne (Weber, 2003) la bureaucratie suppose un comportement rationnel en finalité (zweckrational) aux antipodes de la rationalité en valeur (wertrational) qui caractérise l'éthique hacker. Dans ce cadre bureaucratique, la personne « n'opère ni par expression des affects (et surtout pas émotionnellement) ni par tradition » (Weber, 2003, p. 57). L'efficience est privilégiée au dé riment de projets (changement, innovation, etc.) perçus comme couteux (à courts termes) en ressources, aux résultats diffus et non immédiats. Ce type de fonctionnement repose sur des indicateurs de résultat souvent de courte vue où « le travail est contrôlé si sa réalisation a dûment été enregistrée sur les feuilles de travail ; [] Cela importe peu que le monde réel suive un autre chemin beaucoup plus simple, aussi longtemps que l'esprit contrôlera les résultats de son monde de papier » (Mintzberg, 2002, p. 498). Cette phrase de Mintzberg reflète l'opinion de professionnels de nombreuses organisations, en raison de la prédominance du respect de la règle au détriment de la construction d'un projet commun (Mintzberg, 2002, p. 538). En revanche, la notion de projet commun même s'ilConférence est diffusInternationale semble caractériser les Stratégique tiers lieux 2.0 qui sont particulièrement étudiés pour leur capacité à innover et à s'adapter à un contexte en pleine mutation (Mérindol et al., 2016 ; Bottollier-Depois et al., 2014). 3.2 TIERS LIEUX 2.0 ET APPRENTISSAGE ORGANISATIONNEL Dans un monde « hyperconnecté »26 l'environnement des organisations ne cesse de se complexifier. Il est de plus en plus volatile, incertain, ambigu. Or « le meilleur moyen pour une entreprise de contrôler et de gérer son environnement est de devenir experte dans l'art d'apprendre et capable de s'adapter rapidement » (Argyris, 1993, p.4). La plupart des articles retenus étudiant les tiers lieux 2.0 insistent sur l'importance de la dynamique de création de connaissances dans ces organisations (Bosqué, 2015 ; Boboc et al., 2014 ; Capdevila, 2014 ; Fabbri & Charue-Duboc, 2013 ; Lhoste & Barbier, 2016 ; Wolf et al., 2013 ; Mérindol et al., 2016 ; Bottollier-Depois et al., 2014). Nous rejoignons ici l'idée que la connaissance se révèle comme le pilier fondamental de la compétitivité, en particulier dans le cadre d'une concurrence internationale (Foray, 2004). Dès les années 90, le management des connaissances est devenu un objet de recherche à partir des travaux de Nonaka et Takeuchi sur la dynamique de l'organisation apprenante qui incite à repenser de fond en comble la stratégie des organisations (Nonaka & Takeuchi, 1995). Or la production et le management des connaissances ont été profondément transformés par la nature de plus en plus distributive et accessible de la connaissance grâce à Internet (Benkler, 2002 ; 2006 2011). L'accès libre à la connaissance favorise le développement de collaborations, de partages, d'échanges (Rifkin, 2014). Les tiers lieux 2.0 sont très souvent présentés comme des lieux de partage des connaissances, des communautés de pratique. Cette notion trouve ses racines dans les travaux visant à montrer la dimension sociale de l'apprentissage (Bandura, 1977 ; Vygotsky, 1980 ; Lave, 1988 ; Brown & Duguid, 1991). Ainsi, selon Bandura (1977), l'apprentissage peut être réalisé par l'observation, ce qui permet de concevoir l'apprentissage organisationnel comme résultant, en partie, des interactions sociales advenant sur le lieu de travail (Brown et Duguid, 1998). l'observation et l'imitation afin de résoudre un problème. L'apprentissage se fait dansStratégique un groupe partageant les mêmes objectifs et/ou la même culture et où la collaboration s'exerce autour de pratiques, d'expérimentations, de processus incrémentaux de résolution de problème (essai/erreur) que l'on peut regrouper sous l'expression fameuse de learning by doing (au coeur des pratiques dans les fab labs et hackerpaces). L'enjeu est bien d'apprendre en pratiquant : « The central issue in learning is becoming a practitioner not learning about practice » (Brown & Duguid, 1991). Dans ces groupes les personnes apprennent ensemble, partagent leurs savoirs et construisent des relations d'entraide. Ces communautés de pratique (Lave & Wenger, 1991 ; Wenger, 1998) ont a minima comme objectif l'échange de connaissances dans des contextes très complexe comme celui de la programmation chez les hackers (Coleman, 2012). Ce type de communauté peut aller jusqu'à l'élaboration d'un projet commun d'ampleur internationale comme le système d'exploitation Linux (Cohendet et al., 2003). Parmi les 11 articles de recherche concernant les tiers lieux 2.0 que nous avons plus particulièrement étudiés cinq font explicitement référence au concept de communauté de pratique tel que formulé par Lave et Wenger (Capdevila, 2014 ; Capdevila, 2014 ; Fabbri & Charue-Duboc, 2013 ; Lhoste & Barbier, 2016 ; Rumpala, 2014 ; Pierre & Burret, 2015). Il en va de même pour les deux études transversales consultées (Mérindol et al., 2016 ; BottollierDepois et al., 2014). Le partage des connaissances dans les tiers lieux 2.0 vise à développer la créativité et faciliter l'adaptation aux bouleverse de l'environnement des organisations en misant sur l'intelligence collective (Woolley et al., 2010 ; Surowiecki, 2004). Plus important encore, le mode de fonctionnement des tiers lieux 2.0 laissent une place centrale à des pratiques professionnelles tout à la fois structurantes et peu valorisées dans des organisations tayloriennes à savoir (Brown & Duguid, 1991) : la construction d'une culture commune (donnant du sens au travail), la valorisation de la dimension collaborative du travail et de l'apprentissage, et enfin, la dimension constructiviste de la connaissance produite (que l'on retrouve à travers le concept de bricolage). 3.3 XXVIe TIERS LIEUX 2.0 : LE RETOUR DES COMMONS? Conférence Internationale de Management Stratégique Plus la ressource connaissance est partagée plus elle se développe. Cela est rendu d'autant plus facile que les technologies de l'information et de la communication rendent le coût de ce partage quasi nul (Rifkin, 2014). Internet permet un accès libre à toute production digitale (de connaissance en particulier) et ainsi démocratise la créativité (Anderson, 2008, 2012) et donc l'innovation (Hippel, 2005). Ces pratiques collaboratives sont créatrices de valeur pour la société. Le mouvement du Free Software est à l'avant-garde de cette idée de produire en commun de la valeur au bénéfice de tous. Dans cette optique, ce sont les connaissances qui sont gérées en commun. Le système d'exploitation Linux, le navigateur Firefox, le circuit imprimé Arduino, l'encyclopédie Wikipedia sont autant d'innovations fruits d'un développement distribué, démocratisé (Rifkin, 2014 ; Hippel, 2005 ; Tapscott & Williams, 2008). Ces pratiques collaboratives peuvent être caractérisées par le concept de commons27. La notion de commons est complexe. Elle a été popularisée par l'écologiste G. Hardin (1968) dans son article Tragedy of the Commons (Laerhoven & Ostrom, 2007). Ce concept a le mérite de faire référence à un même imaginaire se situant au-delà des habituelles régulations marchandes ou étatiques (Bollier & Helfrich, 2014 ; Negri & Hardt, 2012 ; Dardot & Laval, 2014 ; Coriat, 2015). Cet imaginaire des commons a été largement exploré, en particulier par le prix Nobel d'économie Elinor Ostrom (Ostrom, 1990). Le développement d'Internet a permis une croissance exponentielle des digital commons (Hess & Ostrom, 2011 ; Bollier & Hel frich, 2014 ; Benkler, 2002 ; 2006 ; Lessig, 2006). Ils ont permis un retour réflexif sur la production de connaissances collaboratives : « In one sense, this is simply a rediscovery of the social foundations that have always supported science, academic research, and creativity » (Hess & Ostrom, 2011, p.36). Si l'on convient que la raison première de l'existence de l'organisation est, beaucoup plus que la réduction de coûts de transaction (Coase, 1937), la production de connaissances28 (afin d'apporter des réponses aux changements constants d'un environnement complexe et volatile), alors l'organisation doit fonctionner comme un commons qui semble être la forme organisationnelle la plus adaptée pour créer de la connaissance, en particulier à l'ère des réseaux numériques de distribution du savoir. chaque organisation de fonctionner comme une organisation apprenantede(Argyris, 1993 ; Senge, 2006 ; Nonaka & Takeuchi, 1995), ce qui induit une production continue de connaissances pour s'adapter à l'environnement. Par ailleurs, l'organisation apprenante, en mettant le personnel au coeur de la stratégie, contribue à favoriser la mise en oeuvre d'un environnement professionnel porteur de sens, basé sur la confiance et l'autonomie. Cela a pour effet d'accroître la satisfaction au travail donc la productivité, la créativité du personnel et la profitabilité des organisations (Senge, 2006). A titre illustratif, le management agile (que l'on trouve fréquemment dans l'industrie informatique et par extension dans la culture hacker) peut être compris selon la grille de lecture des commons. Les méthodes agiles conçues initialement dans le cadre de la production de logiciels (Schwaber & Beedle, 2001) ont été formalisées dans un manifeste : The Manifesto for Agile Software Development appelé également Agile Manifesto (Beck et al., 2001). Il s'agit de façon très pragmatique d'orienter le travail collaboratif de l'équipe vers la satisfaction du client (qui participe aussi à la collaboration) par la production itérative et incrémentale de résultats tangibles. Le fonctionnement de l'équipe repose sur l'autonomie, la confiance et sur une autorégulation continue. Cette approche qui repose sur la flexibilité, l'acceptation du changement, a depuis longtemps dépassé le champ de la production de logiciels (Volberda, 1996). L'équipe fonctionne comme un commons ayant soin de gérer une ressource commune (le projet) en se construisant ses propres règles basées sur la collaboration, l'échange, la transparence, l'autonomie, la confiance. Comme nous l'avons abordé précédemment bon nombre des recherches consultées sur les lieux 2.0 mettent en avant la création de connaissance comme une caractéristique majeure de ces organisations. Pour autant les articles font assez peu mention des modes d'organisation de ces tiers lieux à quelques exceptions près qui soulignent des pratiques collégiales de décision (Cléach et al., 2015 ; Fabrii & Charue-Duboc, 2013 ; Blein, 2016 ). Si les tiers lieux 2.0 peuvent bénéficier d'une grille de lecture sous forme de commons, c'est précisément par leur caractéristique originale : lieu d'expression de la démocratie (Oldenburg, 1998) sur le libre accès (que l'on retrouve dans les chartes notamment celle du MIT qui organise les fab labs - Cléach et al., 2015 ; Bosqué, 2015 ; Lhoste & Barbier, 2016 ; Suires, 2016 ; Rumpala, 2014). Lieux de création collaborative de connaissances, communauté (de praxis, de pratique, épistémique), les tiers lieux 2.0 semblent fonctionner sur des modes collaboratifs, horizontaux pénétrés d'étique hacker où les problèmes se règlent à travers l'éthique de discussion habermassienne (Habermas, 1994) selon le modèle des commons. Ainsi les tiers lieux 2.0 semblent valoriser la collaboration, des responsabilités distribuées, plus de transparence et de confiance. Il s'agit de réinventer les organisations (Laloux, 2014 ; Carney & Getz, 2009). En effet, les formes classiques d'organisations traditionnellement basées sur la division scientifique du travail (Taylor, 2015) semblent peu adaptées pour relever les défis d'un environnement volatile où des consommateurs passifs ont laissé la place à des prossommateurs, à la fois producteur et consommateur (Rifkin, 2014), habitués maintenant à obtenir des produits et services personnalisés selon le modèle économique de la « longue traîne » (Anderson, 2008). L'approche d'une organisation comme un commons n'est pas propre aux tiers lieux 2.0. Elle s'inscrit dans la lignée des travaux du professeur de la MIT Sloan School of Management, Douglas M. MacGregor (1960). Influencé par les travaux d'Abraham Maslow (Maslow & Frager, 1987) sur les facteurs motivant les comportements humains, MacGregor souligne (à la suite également de Mayo – 1933 – et des travaux de l'Human Relations Movement) qu'il est possible (et même souhaitable) de faire confiance aux salariés (ce qui prend le contrepied de la théorie des organisations dominante – Taylor, 2015) car ils cherchent à s'accomplir par leur travail. C'est faire le pari de leur motivation intrinsèque qui repose sur le sens donné au travail. Cette motivation intrinsèque Pink, 2011 ; Ryan & Deci, 2000) caractérise le fonctionnement des commons. Chacun a bien conscience du sens de sa propre action, de sa place dans le collectif, (et de l'importance de ce dernier comme rempart aux comportements de free rider - Olson, 1965). Chacun comprend également la nécessité de s'adapter voire de devancer le changement en innovant. 4 D'UNE INNOVATION OUVERTE A UNE INNOVATION DEMOCRATISEE Les études transversales sur les tiers lieux 2.0 soulignent fréquemment une caractéristique commune, la capacité d'innover (Mérindol et al., 2016 ; Bottollier-Depois et al., 2014). Après avoir précisé les convergences entre tiers lieux 2.0 et innovation (1) nous approfondirons cette dernière notion pour montrer son changement de nature dans le contexte actuel en particulier celui des tiers lieux 2.0 (2). 4.1 L'INNOVATION OUVERTE La capacité de ces organisations à générer des idées, des processus ou des produits nouveaux incite certaines entreprises à se doter de tiers lieux 2.0 internes (autrement dit des open labs selon la formule de Mérindol et al., 2016). « Introduire du neuf dans quelque chose qui a un caractère bien établi », « renouveler »29, bref, innover est le fondement de la compétitivité des entreprises (et des Etats - OECD, 2005) et la base même du capitalisme. Alors que l'innovation s'est longtemps appuyée sur les ressources internes de l'entreprise (R&D) il est apparu peu à peu que la complexité de l'environnement nécessitait de faire appel à des ressources externes, ce dont rend compte le concept d'Open Innovation popularisé par Chesbrough (2003) : « In many industries today, the logic supporting an internally oriented, centralized approach to R&D has become obsolete. Useful knowledge is widespread in many industries, and ideas must be used with alacrity if they are not to be lost. These factors create the new logic of Open Innovation, which embraces external ideas and knowledge in conjunction with internal R&D. This logic offers new ways to create value, along with the continuing need to claim a portion of that value » (Chesbrough, 2003, p.177). Cette approche d'innovation ouverte trouve une traduction directe dans les approches qui présentent les tiers lieux comme des clusters (Maskell et al., 2006 ; Bathelt et al., 2004), des lieux d'intermédiation entre acteurs internes et acteurs du territoire (Capdevilla, 2014 ; Suire, 2016). La créativité, l'innovation se nourriraient donc des apports de personnes aux horizons divers, les tiers lieux 2.0 établissant des ponts entre des univers éloignés selon le principe de ties de Granovetter (1973) ou de bridging de Putnam (2000). Plus généralement, les tiers lieux 2.0 auraient pour fonction notable de mettre en réseau des entrepreneurs (qui intègrent un tiers-lieu à des degrés très divers de finalisation de leur projet), ce qui favorise l'innovation selon plusieurs auteurs ayant travaillé sur les tiers lieux 2.0 (Pierre & Burret, 2015 ; Cléach et al., 2015 ; Lhoste & Barbier, 2016 ; Suire, 2016 ; Rumpala, 2014 ; Capdevila, 2014 ; Fabbri & Charue-Duboc, 2013). Ces observations confirment des travaux plus anciens sur le caractère collaboratif de l'innovation (voir par exemple Akrich et al., 1988). prototyper des produits grâce à la mise à disposition de Internationale fabrication numérique mais ce que l'on prototype essentiellement ce sont des idées via séminaires, formations, bootcamp, ateliers, etc. (Fabbri & Charue-Duboc, 2013). Comme plusieurs chercheurs associent volontiers tiers lieux 2.0 et innovation ouverte (Mérindol et al., 2016 ; Bottollier-Depois et al., 2014 ; Lhoste & Barbier, 2016) il est nécessaire de préciser cette notion. L'Open Innovation n'est pas l'Open Source Innovation ou la Free Innovation (pour reprendre le distinguo entre free et open mentionné plus haut : voir 11. Open access et démocratie). 4.2 DEMOCRATISER L'INNOVATION A l'aune de la culture de l'Open Access, l'open innovation n'est pas si open que cela (Pénin, 2013). En effet, dans le cas de logiciels open source (comme Linux), les contributeurs mettent en partage les lignes de codes qu'ils produisent. Ces dernières deviennent disponibles gratuitement pour toute la communauté. Il en va de même des articles de Wikipedia, du navigateur Firefox, ou du circuit imprimé Arduino, (Rifkin, 2014 ; Hippel, 2005 ; Tapscott & Williams, 2008). Dans le cas de l'innovation ouverte décrite par Chesbrough il s'agit simplement de tirer bénéfice d'une opportunité : « The presence of many smart people outside your own company is not simply a problem for you or a fact of life to be regretted. It poses an opportunity for you. If the smart people within your company are aware of, connected to, and informed by the efforts of smart people outside, then your innovation process will reinvent fewer wheels. What's more, your internal efforts will be multiplied many times through their embrace of others' ideas and inspiration ». (Chesbrough, 2003, p. 177). a permis une démocratisation de l'innovation (Hippel, 2005). A l'instar de Chris Anderson qui reprend et modernise l'invention de son grand père (un arroseur automatique) grâce au soutien d'une communauté de makers (Anderson, 2012), chacun peut aujourd'hui innover grâce à des collaborations au sein d'innovation communities (Hippel, 2005 p. 93 sq) qui rassemblent des individus à la fois usagers et innovateurs mais innovateurs parce qu'usager. C'est en pratiquant que ces usagers imaginent de nouveaux logiciels, de nouvelles applications et de nouveaux produits, dans des domaines pas forcément liés à l'informatique comme le kite surf (Hippel, 2005, p. 125 sq), les jeux vidéo (Hippel, 2005, p. International community manager) productrices de connaissances et des points de deManagement rencontreStratégique de communautés (à travers les évènements organisés dans ces lieux). A ce titre ils semblent contribuer à démocratiser l'innovation dans le sens popularisé par von Hippel : « Users' ability to innovate is improving radically and rapidly as a result of the steadily improving quality of computer software and hardware, improved access to easy-to-use tools and components for innovation, and access to a steadily richer innovation commons » (Hippel, 2005, p. 13). Cette innovation se démocratise car l'innovation est centrée sur l'utilisateur. L'utilisateurinnovateur (re)découvre ainsi de façon très empirique à la fois le potentiel innovant de la collaboration et les limites du modèle d'innovation fermée (closed innovation- Chesbrough, 2003). Ce trait culturel de l'ouverture, commun à tous les tiers lieux 2.0 leur permet d'accroître leur sensibilité à l'environnement dans une perspective systémique (seule à même de tenir compte de la complexité de l'environnement – Morin, 2008 ; 2015). Si l'on convient avec Daft & Weick (1984) que l'organisation existe en tant que système (et non simplement comme une somme de comportements individuels)31 alors ce dernier a pour fonction première le maintien de son existence (autopoïesis - Varela et al., 1974). Daft et Weick (1984) construisent un modèle classant les organisations en fonction de leur conception de l'environnement et de la croyance sur la capacité de l'organisation à le maitriser. Les organisations les plus à même de s'adapter aux changements sont celles qui, dans le même temps, considèrent que l'environnement est non maîtrisable32, mais que l'organisation peut contribuer à construire cet environnement par ses actions et sa vision stratégique, selon un principe de récursion organisationnelle (Morin, 2014a). Ces organisations (que Daft et Weick qualifient d'énactives) construisent, dans un va-et-vient permanent, tout à la fois leur représentation d'elles-mêmes et de leur environnement, ce qui contribue à les transformer et à transformer également leur environnement. Par une stratégie très pragmatique (Nonaka & Zhu, 2012) faite d'essais-erreurs, d'expérimentation, de bricolage, ces organisations s'adaptent en permanence, remettant sans cesse en question leurs 31 « Organization theorists realize that organization do not have mechanisms separate from individuals to set goals, process information or perceive the environment. [] Individuals come and go but organization preserve knowledge, behaviors, mental maps, norms, and values over time. routines ( , 2003 ; Levitt & March, 1988). La clef de Management la démarcheStratégique est que « The interpretation may shapes the environment more than the environment shapes the interpretation » (Daft & Weick, 1984). Cette vision constructiviste/énactive de l'environnement caractérise la culture de bricolage que l'on trouve dans les communautés de pratique/épistémique/de praxis qui forment les tiers lieux 2.0. Cette culture nourrie d'éthique hacker, de pragmatisme, des modèles de l'open access, des commons est ouverte au changement parce qu'elle constitue un terreau fertile au brassage d'idées. « Within an organization perceived as a collective of communities, not simply of individuals, in which enacting experiments are legitimate, separate community perspectives can be amplified by interchanges among communities. Out of this friction of competing ideas can come the sort of improvisational sparks necessary for igniting organizational innovation » (Brown & Duguid, 1991). CONCLUSION Nous ne pouvons pas affirmer à l'issu de cette étude exploratoire que tiers lieux 2.0 forment une catégorie homogène. Il semble toutefois que la dimension politique des tiers lieux, relevée par Oldenburg (1998), c'est à dire un lieu d'expression démocratique, est toujours présente dans les tiers lieux 2.0. Ni tout à fait chez soi, ni tout à fait un lieu de travail (traditionnel). Un entre-deux qui reflète la manière dont la conception du travail change chez des travailleurs dont la matière première à utiliser/transformer est le savoir (Davenport, 2013) et qui sont, qui plus est, natifs du monde numérique (« digital native » - Palfrey & Gasser, 2013). Ces travailleurs ne peuvent plus se satisfaire des formes organisationnelles héritées du taylorisme. A défaut de « libérer » ou « réinventer » leur (Laloux, 2014 ; Carney & Getz, 2009) ils grossissent le nombre des travailleurs indépendants (Blein, 2016) qui peuvent rompre leur isolement dans les tiers lieux (Boboc et al., 2014 ; Capdevilla, 2014) qui fonctionnent comme des clusters, des espaces de rencontre, de mise en réseau et dont les valeurs croisent celles des tiers lieux canoniques (espace d'expression démocratique) avec celles de l'éthique hacker (méritocratie, liberté, confiance, coopération, réciprocité, collaboration, ouverture, autonomie, responsabilité). Par ailleurs, la caractéristique « 2.0 » que nous associons à l'appellation tiers lieux par analogie au Web 2.0 (DiNucci, 1999) nous semble refléter certains traits remarquables de ces lieux. Comme avec le Web 2.0, les tiers lieux 2.0 permettent aux usagers d'être producteurs (de contenus, mais aussi de services, etc.), de former des communautés de praxis et de collaborer. Les usagers des tiers lieux 2.0 semblent s'inscrire dans le cadre d'une épistémologie de bricoleur (Lévi-Strauss, 2014) qui valorise l'expérimentation, le « faire » selon un processus incrémental d'essai-erreur. Tout ceci conduit à des formes organisationnelles originales qui semblent s'apparenter à des degrés divers à la notion de commons (Ostrom, 1990), forme organisationnelle décrite par Hess & Ostrom (2011) comme la plus adaptée à la création de connaissances. Créer des connaissances, apprendre en faisant, en observant, en collaborant donnent des atouts pour s'adapter à un environnement complexe et volatile et pour innover. Dans les tiers lieux 2.0 l'innovation et l'apprentissage sont démocratisés. Ces organisations atypiques (mais en pleine croissance33) offrent donc un modèle concret (associant bricolage, organisation horizontale, gestion en commun) susceptible de nous aider à repenser toutes les organisations selon le prisme du pragmatisme. « This process of development is inherently innovative. "Maverick" communities of this sort offer the core of a large organization a means and a model to examine the potential of alternative views of organizational activity through spontaneously occurring experiments that are simultaneously informed and checked by experience » (Brown & Duguid, 1991). Bibliographie Akrich M., Callon M. & Latour B. (1988), "A quoi tient le succès des innovations? 1 : l'art de l'intéressement; 2 : le choix des porte-parole", Gérer et Comprendre. Annales des Mines,, n°11 & 12, p.p. 4–17 & 14–29. Available at: https://halshs.archivesouvertes.fr/halshs-00081741/document [Accessed August 18, 2016]. Anderson C. 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Les tsunamis majeurs ayant impacté la Méditerranée, de l'Antiquité à nos jours La Méditerranée est un territoire habité depuis plusieurs millénaires. Elle est le berceau de grandes civilisations comme la civilisation grecque, romaine, ou encore égyptienne. La forte présence humaine historique le long des littoraux méditerranéens a généré un espace à forts enjeux humains et économiques. Depuis l'antiquité, de nombreux évènements naturels catastrophiques se sont produits, dont des tsunamis. Ont été retrouvés, pour certains de ces évènements (plus ou moins lointains), des 19 Partie I : Contexte de l'étude écrits, des peintures, des photographies permettant d'obtenir des informations historiques sur les phénomènes passés et leurs impacts sur les littoraux. Plus récemment, les enregistrements de mesures physiques permettent d'observer et de comprendre ces phénomènes. Cette mer quasi fermée dispose de deux ouvertures : le détroit de Gibraltar à l'extrémité sud-ouest et le canal de Suez au sud-est, faisant respectivement la jonction avec l'océan Atlantique et l'océan Indien. La Méditerranée est la deuxième zone tsunamigène mondiale, avec 15% des évènements mondiaux (NOAA, 2017). La partie suivante propose un inventaire d'évènements majeurs ayant impactés les différentes rives et bassins de la Méditerranée. Inventaire des tsunamis majeurs s'étant produit en mer Méditerranée Le National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) est en charge d'une base de données regroupant l'ensemble des tsunamis s'étant produits à l'échelle mondiale, de – 2 000 AJ à aujourd'hui (novembre 2019). Cette dernière répertorie 298 tsunamis dans le bassin méditerranéen sur cette période. Notons que l'évènement de référence de cette étude, le tsunami dans la Bassin Ligure du 28 février 1887, n'apparait pas dans cette base de données. Nous pouvons donc supposer que cette dernière est incomplète et que davantage d'évènements se sont produits. Ne pouvant pas détailler l'ensemble des évènements relevés dans la base de données de la NOAA, ces informations ont été croisées avec les travaux de nos prédécesseurs afin de sélectionner les évènements principaux. Cette sélection se base sur 44 tsunamis déterminés comme majeurs par Papadopoulos et coll. (2014), auxquels ont été ajoutés les évènements relevés par la BD Tsunami (BRGM 2007, 2009, 2012) pour obtenir une liste de 50 évènements (tableau récapitulatif en annexe, Annexe 1). Papadopoulos et coll. (2014) proposent de détailler cette historique de manière géologique, via le découpage du bassin méditerranéen en 22 aires géologiques. Cette thèse portant sur les tsunamis extrêmes et brutaux, avec un temps d'arrivée court sur les littoraux, une approche géologique ne semblait pas adaptée. Une entrée moins traditionnelle, basée sur les temps d'arrivées, est apparue plus juste pour faire la distinction entre les différents évènements historiques. En effet, une arrivée rapide d'un tsunami sur les côtes peut mette en péril la population et mettre à mal les opérationnels, de par le temps de réaction limité. Bien que riche en information, la base de données des tsunamis historiques proposée par la NOAA dispose de cette donnée concernant les temps d'arrivée à la côte que pour peu de cas. En revanche, l'éloignement à la source est disponible. Cette éloignement à la source et le temps d'arrivée du tsunami permettent à la NOAA de réaliser une classification des tsunamis (Tableau 1) en trois catégories : - Les tsunamis locaux, dont la source est située à moins de 100 km des côtes, ou dont le temps d'arrivée à la côte est inférieur à 1h. Chapitre 1 - Le risque de tsunami : de l'échelle mondiale à méditerranéenne - - Les tsunamis régionaux, dont la source est comprise entre 100 km et 1000 km des littoraux impactés, ou dont le temps d'arrivée de la vague est compris entre 1 h et 3h. Les télé-tsunamis, dont le tsunami peut provoquer des dommages sur des littoraux à plus de 1000 km de l'origine de celui-ci, ou dont le temps d'arrivée dépasse 3h, depuis sa génération. Tsunami locaux Tsunamis régionaux Télé-tsunamis Sources Séismes locaux, glissements de terrain Séismes, éruptions volcaniques Séismes de subduction, éruptions volcaniques Distance parcourue par le tsunami < 100 km (baies) 100 à 1 000 km (échelle synoptique) > 1 000 km (trans-océanique) < 1h 1h à 3h > 3h Exemple d'évènement Tsunami faisant suite au séisme Ligure du 23 février 1887 Tsunami suite au séisme de Boumerdes du 21 mai 2003 Tsunami de l'océan Indien du 26 décembre 2004 Schéma Tableau 1 : Tableau représentant la typologie de tsunami proposé par la NOAA accompagné de schémas explicatifs En combinant la typologie proposée par la NOAA et les évènements historiques (Figure 3) considérés comme majeurs dans le bassin méditerranéen, il apparait que la moitié des évènements (25 tsunamis soit 50%) sont des tsunamis locaux, c'est-à-dire dont la source est à moins de 100 km des côtes impactées ou dont le temps d'arrivée est inférieur à 1h. Ce type de tsunami, bien qu'impactant une zone plus restreinte, a un fort pouvoir destructeur sur les littoraux à proximité. Le cas d'étude présenté dans cette recherche, un tsunami dans le bassin Ligure, fait partie de cette catégorie. De par la forte urbanisation la forte concentration d'enjeux sur les littoraux, un tsunami local le long de la côte Ligure pourrait avoir des conséquences désastreuses. Un tiers (16 tsunamis soit 32%) sont des tsunamis régionaux dont la source est légèrement plus éloignée des côtes et l'étendue des dégâts plus importante. Seulement 6 % des évènements retenus sont des télé-tsunamis, soit 3 tsunamis relevés sur les 4 000 ans de données. Ces évènements, d'une extrême puissance, sont destructeurs, aussi bien au niveau local que global. Il arrive que ces évènements traversent un bassin océanique, surtout lorsqu'il s'agit d'un bassin fermé de taille raisonnable, comme la mer Méditerranée. Un certain nombres d'évènements (6 soit 21 Partie I : Contexte de l'étude 12%) n'ont pas de renseignements quant à la distance de la source par rapport à la côte. Une focalisation est faite sur chaque type de tsunami, afin de faire ressortir leurs particularités et de les illustrer par des évènements historiques majeurs associés. Télé-tsunami 6% Inconnu 12% Régionaux 32% Locaux 50% Figure 3 : Graphique représentant le type de tsunami (locaux, régionaux et télé-tsunami) pour la sélection de 50 évènements retenus comme majeurs pour la région Méditerranée Tsunami locaux, une arrivée rapide sur les littoraux, ne permettant pas une alerte et une évacuation organisée Les tsunamis locaux sont définis comme des évènements générés à une faible distance des côtes (à moins de 100 mètres). Cette proximité de la source engendre une arrivée très rapide de la vague sur les littoraux, moins d'une heure d'après la NOAA. Ces évènements sont particulièrement intéressants puisqu'ils ne permettent pas aux autorités d'avoir le temps d'agir ; la population doit donc être en mesure de déceler les signes précurseurs et évacuer les zones sensibles afin de se mettre à l'abris. Cela sous-entend que la population à connaissance de l'existence et de l'exposition du territoire à ces évènements et qu'elle sait comment agir et quels comportements tenir pour assurer sa sécurité. Un grand nombre des évènements historiques s'est produit bien avant que des outils de prévention ou de gestion soient mis en place ; ce n'est pas pour autant qu'aucun savoir n'était acquis, ni qu'aucune trace historique n'est disponible. En effet, pour les évènements récurrents, les connaissances se transmettaient de génération en génération, favorisant ainsi la culture du risque. mi les évènements majeurs relevés, 25 sont considérés comme étant des tsunamis locaux (Figure 3). Une dizaine d'évènements a eu lieu sur les côtes grecques, zone fortement sismique, composée de nombreuses failles au fonctionnement complexe. Ces tsunamis ont été générés par des séismes de magnitudes comprises entre Mw = 6 - 7.5. Peuvent être cités les évènements de – 373 avant JC, le 15 mai 22 Chapitre 1 - Le de tsunami : , et le février en mer Egée ceux de juin 1402 3 mai 1481 du 31 janvier l de ; Tsunami régionaux, une alerte et une évacuation possible Contrairement aux tsunamis locaux, les tsunamis régionaux sont des évènements qui peuvent permettre une alerte et une évacuation organisée. De par leurs caractéristiques physiques, les vagues générées vont être en capacité d'atteindre des côtes situées entre 100 km et 1 000 km, ou dont le temps de propagation nécessaire à la vague pour atteindre les côtes est compris entre 1h et 3h. Ces tsunamis, bien qu'ayant un rayon d'action plus large, s'ils viennent à se produire à proximité des littoraux, vont coupler effets locaux et régionaux. Parmi la sélection de tsunamis historiques de Méditerranée, 16 sont des tsunamis régionaux, soit 32 %. Les territoires impactés sont la Grèce, l'Italie, ou encore l'Algérie. Partie I : Contexte de l'étude Tout comme elle est fortement impactée par des tsunamis locaux, la Grèce a par le passé connu des évènements régionaux (8 tsunamis majeurs sont comptabilisés). La plupart de ces derniers font suite à un séisme de magnitude comprise entre Mw = 6.7 - 8. L'évènement régional historique le plus ancien se serait déroulé en – 426 avant JC et aurait fait suite à un séisme de MW = 7.1 dans la mer Egée (Soloviev et coll., 2000). D'autres phénomènes similaires ont été répertoriés, en 142, en 1303, en 1867, en 1948 et plus récemment le 20 juillet 2017 et le 25 octobre 2018. Le double évènement du 20 juillet 2017 est intéressant puisque le séisme s'est produit en période estivale, sur des littoraux à fort attrait touristique, mais de nuit. Le bilan des dégâts fait état de ceux causés par le séisme mais pas de ceux concernant le tsunami. Nous pouvons supposer que si le tsunami associé s'étaient produit à la même période mais de jour et non plus de nuit, les pertes humaines auraient été considérables (front de mer très attractif). Se pose alors la question de la période à laquelle se produit un phénomène (jour, nuit, été, hiver, etc.) et la variation des dégâts potentiels générés. L'Algérie, de par la présence de la marge algérienne, dispose d'une activité sismique relativement forte. Quatre évènements notables et générateurs de tsunamis régionaux ont été retenus : celui du 6 mai 1773, du 22 aout 1856, le séisme dit d'El Asnam du 10 octobre 1980 et le séisme dit de Boumerdes du 21 mai 2003. Le tsunami du 6 mai 1773 est peu documenté, pourtant Papadopoulos et coll. (2014) le considèrent comme un des évènements important ayant eu lieu en Méditerranée. Il aurait fait suite à un séisme, dans la magnitude n'est pas déterminée. Le séisme de Boumerdes s'est produit le 21 mai 2003, avec une magnitude de Mw = 6.7 (Azur séisme). De nombreux dégâts humains et matériels ont fait suite à cet évènement au sein même du pays. De par la puissance de l'évènement, un tsunami a été généré, mais la rupture de la faille était telle que les côtes algériennes ont été peu impactées. La vague s'est en revanche propagée dans une grande partie du bassin. Seulement cinq minutes ont été nécessaire pour atteindre la côte algérienne la plus prohce. Cette temporalité, quasi instantanée aurait pu être catastrophique si la vague avait été plus importante, ne laissant aucune action possible à la population. Fort heureusement, cette dernière ne faisait que 10 cm. L'Espagne, et plus particulièrement les iles des Baléares, bien que de l'autre côté de la Méditerranée, sont les côtes les plus proches. Les îles ont globalement vu la vague arriver en 45 min, avec des vagues pouvant atteindre 3 m, comme ce fut le cas à Majorque. Le continent a également été impacté ; les vagues ont atteint quelques dizaines de centimètres (20 cm à Barcelone, 10 cm à Malaga), plus d'une heure après la génération de la vague. Certaines ont également été observées dans plusieurs ports méditerranéens français, notamment à Marseille et Monaco. Légèrement plus éloignées, les côtes Françaises ont été impactées par des vagues d'une dizaine de centimètres, 1h15 à 1h30 après le séisme. De manière générale, les temps d'arrivée de la vague raient permettre un alerte, une évacuation et ainsi une mise en sécurité de la population, non pas sur les côtes algériennes, mais sur les côtes voisines (Espagne, France et Italie). L'Algérie apparait comme génératrice de tsunamis tout en étant relativement protégée de ceux Figure 4 : Cartographie de la propagation du tsunami du 21 mai 2003, avec enregistrement des marégraphes et heure d'enregistrement (Sahal, 2011) Ce scénario aurait donc largement pu être traité dans cette étude. Or, le choix a été fait de se focaliser uniquement sur les évènements brutaux, à dynamique rapide, sans possibilité d'alerte. Dans ce cas précis, l'éloignement de la source, et le temps d'arrivée de la vague (d'1h30 à 2h, BRGM) permettent aux opérationnels d'organiser l'alerte et l'évacuation des populations. Cet évènement n'a ainsi pas été retenu pour être l'un de nos évènements de référence. La mer Méditerranée est ainsi potentiellement impactée par un tsunami régional dans de nombreuses régions. Plusieurs évènements historiques se sont déjà produits et ont engendré des dégâts plus ou moins importants selon la magnitude de l'évènement générateur de la période de la journée (jour, nuit) et des particularités locales. D'autres évènements, d'ampleur plus importante, viennent, lorsqu'ils se produisent, à impacter la quasi-totalité de la Méditerranée. Il s'agit des télé-tsunamis. Les télé-tsunami, des évènements rares en Méditerranée mais aux effets destructeurs Les télé-tsunamis, sont les évènements les plus puissants et généralement les plus destructeurs pouvant se produire. Ils reprennent les caractéristiques des tsunamis locaux et régionaux, c'est-à-dire un potentiel impact sur les littoraux à proximité, mais généralement avec des magnitudes et des intensités beaucoup plus fortes. Ils vont également avoir la capacité de traverser des bassins plus conséquent, se propageant sur plus de 1 000 km. De par la nature multi-échelle de ces derniers, peuvent se poser des problématiques au niveau local en terme d'alerte et d'évacuation, comme pour les tsunamis locaux. Plus les littoraux sont éloignés de la source plus le délai d'arrivée de la vague va augmenter, favorisant ainsi les actions des opérationnels et permettant une alerte et une évacuation organisée de la population. D'après les études historiques réalisées (Soloviev et coll., 2000 ; Papadopoulos et coll., 2014) trois télé-tsunamis se sont produits en Méditerranée entre – 2000 avant JC et 2018. Il est possible que d'autres évènements catastrophiques de cette ampleur se soient produits, mais il n'en est pas fait état que ce soit par manque de données solides, d'études scientifiques, pertes ou destruction de documents historique, etc. Le télé-tsunami le plus ancien répertorié remonte au 21 juillet 365 en Crète, faisant suite à un séisme de magnitude Mw = 8. Le 28 décembre 1908, un télé-tsunami généré par un séisme de magnitude Mw = 7.1, est formé entre la Sicile et la Calabre (Italie). Un rapport des Nations Unies (Desai et coll., 2015) fait état de cette catastrophe comme étant l'une des plus meurtrières : « Le 28 décembre 1908, le séisme de Messine et le tsunami associé dans la Méditerranée tuèrent approximativement 123 000 personnes en Sicile et en Calabre, et est considéré comme étant la plus grosse catastrophe faisant suite à un tsunami, avant les évènements de l'océan Indien de 2004 ». L'ampleur prise par cet évènement est certainement en grande parti dûe à la géographie du site. Messine se situe dans un détroit, il s'agit du point le plus proche entre la Sicile et le continent, permettant aujourd'hui des jonctions maritimes. Le séisme se serait justement généré dans le détroit (Minelli et coll., 2016), provoquant une arrivée rapide sur les deux littoraux (séparés par quelques kilomètres), ne laissant pas le temps aux populations d'agir et de se mettre en sécurité. Des territoires davantage exposés aux tsunamis L'inventaire des tsunamis historiques de Méditerranée réalisé précédement a permis de faire ressortir les principaux espaces tsunamigènes de cet espace. Bien que majoritairement de source sismique (de magnitude 6 à 8), des tsunamis peuvent être générés en Méditerranée par des éruptions volcaniques ou des glissements de terrain. Quel que soit le type de tsunami, certaines zones ressortent régulièrement et s'avèrent être fortement tsunamigènes (Figure 5 et Figure 6). Italie 4% France 6% Sicile 12% Grèce 44% Algérie 8% Maroc 2% Bassin Levantin 6% Mer Adriatique Mer Noire 6% 2% Mer de Marmara 10% Figure 5 : Représentation graphique de la répartition géographique des tsunamis majeurs en Méditerranée La Grèce (Figure 5 et Figure 6) est la zone la plus propice à la génération de tsunamis, avec de nombreux évènements historiques. Elle représente à elle seule 44 % de l'ensemble des évènements soit 22 tsunamis historiques. La Grèce est aussi que , s'expliquant par une forte activité sismique et volcanique. Figure 6 : Cartographie des zones tsunamigènes méditerranéennes sources des tsunamis majeurs La Sicile (Figure 5 et Figure 6), deuxième de ce classement présente les mêmes particularités géologiques favorables à la génération de tsunamis : une forte sismicité et une zone volcanique active. Dans cet espace ont été générés 6 tsunamis, du local au télé-tsunami. Le reste de l'Italie n'a connu que 3 évènements : un en Calabre, relié sismiquement à la Sicile, un au niveau de la péninsule de Gargano et le dernier au niveau du bassin Ligure (compté parmi les évènements français). La mer de Marmara (Figure 5 et Figure 6), zone sismique due à la présence d'une faille la traversant, a connu par le passé des tsunamis. Elle présente la particularité de potentiellement impacter Istanbul, capitale et mégapole aux nombreux enjeux. Si elle venait à être impactée, les conséquences en seraient catastrophiques. La mer Noire à proximité a également été le lieu d'action d'un évènement historique majeur. Le Bassin Levantin (Figure 5 et Figure 6), partie orientale de la Méditerranée, a été source de tsunamis. Ceux-ci ont par le passé aussi bien impacté Chypre, que le Liban, Israël ou encore la Syrie. L'Afrique du nord (Figure 5 et Figure 6) a également été à l'origine de ce type d'évènement. L'Algérie a la spécificité d'être génératrice de tsunamis qui l'impacte peu directement, mais qui vont principalement impacter les côtes voisines (Espagne, France). Chapitre 1 - Le risque de tsunami : de l'échelle mondiale à méditerranéenne La France (Figure 5 et Figure 6) n'est pas en reste puisque des tsunamis peuvent être générés à proximité immédiate. Elle est ainsi impactée majorita par des tsunamis locaux, en 1564, 1887 et 1979. Comme vu précédemment, ce type de tsunamis a la particularité de se produire près des côtes ne permettant ni aux autorités ni aux populations de réagir. Ces évènements d'une rare ampleur sont également rares par leur occurrence. Ils marquent cependant la présence de tsunamis exceptionnels en mer Méditerranée. Ces littoraux ont la particularité d'être densément peuplés, fortement urbanisés et regroupent de nombreux enjeux majeurs ; ils ont donc un fort potentiel dommageable. Ces travaux se basent ainsi sur ce bilan, que le risque de tsunamis est bien présent sur les côtes méditerranéennes et que des analyses poussées doivent être réalisées afin de développer des actions pour protéger les populations (enseignement, prise de conscience, outils réglementaire, etc.). Conclusion Le risque de tsunami est donc bien réel dans le bassin méditerranéen. Ces littoraux ont la particularité d'être fortement peuplés, urbanisés et donc de réunir un grand nombre d'enjeux sur ces espaces. Lorque l'on croise cela avec la potentialité d'une menace venant de la mer, ces territoires deviennent des zones à risques. Une multitude d'évènements majeurs se sont produits par le passé, provoquant des dégâts plus ou moins importants selon leur éloignement des côtes et selon leur puissance. Certains littoraux sont davantage impactés que d'autres, c'est le cas par exemple de la Grèce, de la Mer de Marmara ou encore de la Sicile. Les littoraux français ne sont toutefois pas en reste et ont par le passé été touchés par des tsunamis. Ne pouvant réaliser une étude globale au niveau de la Méditerranée, ces travaux sont ciblés sur la Bassin Ligure et plus particulièrement sur les AlpesMaritimes. Cet espace présente des spécificités locales que ce soit au niveau de la géologie, de la sismicité ou de sa structuration géographie. Elle est exposée à de nombreux aléas et a connu par le passé deux évènements tsunamiques majeurs, qui vont être présentés dans le prochain chapitre (Chapitre 2). 29 Partie I : Contexte de l'étude 30 Chapitre 2 – Le littoral azuréen, un territoire exposé à des tsunamis locaux CHAPITRE 2 : LE LITTORAL AZUREEN, UN TERRITOIRE EXPOSE A DES TSUNAMIS LOCAUX La côte Ligure, située au sud-ouest des Alpes, à la frontière franco-italienne, est un territoire industrialisé fortement peuplé. Le département des Alpes-Maritimes est un département qui, de par sa géographie, son climat et son économie, est exposé à de nombreux aléas naturels et anthropiques. Les premiers sont d'origine naturelle et donc liés aux éléments, et peuvent cependant être minimisés ou au contraire accentués par l'action de l'homme. Les aléas anthropiques, quant à eux sont générés par les activités humaines. Elles sont généralement liées à l'industrie, à la génération d'électricité (barrages, centrales nucléaires), ou encore directement aux actions de l'homme, comme les attaques terroristes. Cette thèse se focalise uniquement sur les aléas naturels et plus particulièrement les tsunamis. Le contexte géologique est l'un des plus actif de la Méditerranée occidentale avec des séismes récurrents, des glissements de terrains (sub-aériens et sous-marins) et des tsunamis (e.g., Eva et Rabinovich, 1997 ; Migeon et coll., 2011). La quasi-totalité d'entre eux ont été générés par des séismes, à l'exception du tsunami du 16 octobre 1979, généré par un glissement sous-marin au voisinage de l'aéroport de Nice Côte d'Azur. Un rapide état des lieux des différents aléas pouvant impacter ce territoire est présenté. S'en suit une explication succincte du fonctionnement de la géologie locale, pour enfin aborder les deux évènements emblématique de la région, que sont le tsunami faisant suite au séisme du 23 février 1887 et le séisme d'origine gravitaire du 16 octobre 1979. Ce descriptif est réalisé à partir d'une analyse d'archive afin d'obtenir des informations quant aux dégâts occasionnés. Une géographie particulière génératrice de nombreux évènements soudains et brutaux Le département des Alpes-Maritimes est situé à l'extrémité sud-est du territoire métropolitain français, à la frontière de l'Italie. Il appartient à la Région Sud-ProvenceAlpes-Côte d'Azur (Sud PACA), avec cinq autres départements : les Alpes-de-HauteProvence, les Hautes-Alpes, les Bouches-du-Rhône, le Var et le Vaucluse. Ils s'étendent sur un territoire de 4 300 km2, qui a la particularité d'allier les montagnes au nord (Alpes du Sud) et la mer au sud (mer Méditerranée) (Figure 7). Ces grandes disparités de reliefs sont à l'origine de la présence de nombreux aléas sur le territoire département. Sont en effet aussi bien inclus les aléas associés aux reliefs comme les évènements gravitaires (avalanches, glissements de terrain), que ceux liés aux littoraux comme les risques de submersion (tempête ou tsunami), ou encore ceux associés à l'urbanisation comme le ruissellement urbain ou les risques industriels. 31 Partie I : Contexte de l'étude Figure 7 : Cartographie du relief des Alpes-Maritimes Sources : L. Boschetti (2019) Les aléas climatiques (les pluies, les orages, les tempêtes, les vents violents, la neige, le verglas, la grêle, la canicule et les épisodes de grand froid) sont également présents dans le département. Le territoire est régulièrement soumis à un grand nombre de ces évènements, mais c'est leur aspect extrême qui fait qu'ils se transforment en éléments destructeurs. Ils sont généralement prévus par Météo France, qui est en charge des prévisions météorologiques et des alertes au niveau national. Les épisodes de verglas, neigeux et de grand froid impactent principalement l'arrière-pays et les régions montagneuses. Le littoral est quant à lui davantage touché par des épisodes pluvieux d'une forte intensité (potentiellement générateurs d'inondations). Les inondations, qui frappent cette partie du territoire français, font généralement suite à des pluies extrêmes. Trois évènements ont particulièrement impacté le littoral azuréen ces 25 dernières années : crue centennale du Var en 1994, les inondations du 3 octobre 2015, et celles de novembre et décembre 2019. D'un point de vu de l'alerte et de la gestion de crise, ces évènements ont été traités différemment. Le premier, en 1994, n'a pas surpris les acteurs puisque la crue, bien itre 2 – Le littoral azuréen un territo a annoncée, permettant la mise en place de la cellule crise. Les inondations du 3 octobre, bien qu'annoncés de plus faible ampleur par Météo France, ont surpris les acteurs institutionnels et la population. Cet évènement a remis en cause de nombreuses pratiques, qu'il 'agisse de gestion de crise, d'alerte à la population, ou de connaissance du risque par les citoyens. Les dernières, correspondent à plusieurs évènements (22 au 24 novembre, 1er décembre, 20 décembre), ont montré les évolutions et les mesures prises depuis 2015. Bien que des dégâts aient été occasionnés, aucune perte humaine est à déplorer. A l'ensemble de ces aléas s'ajoute le tsunami. Celui-ci, présent en Méditerranée (Chapitre 1) et plus particulièrement dans la bassin Ligure, a par le passé impacté les Alpes-Maritimes. Deux évènements emblématiques sont retenus : celui du 23 février 1887 et celui du 19 octobre 1979. Cet espace présente des spécificités locales que ce soit au niveau de la géologie, de la sismicité ou de sa structuration géographique. Des spécificités géologiques locales, une zone à forte sismicité propice à la génération de tsunamis La Riviera franco-italienne se situe à la jonction des Alpes Occidentales Sud et du bassin océanique Ligure (Larroque et coll., 2009). A terre, la ceinture Alpine correspond aux Alpes Ligure et aux arcs de Nice et Castellane, qui sont poussés vers le sud depuis 15 Ma (e.g. Gidon et Pairis, 1992 ; Laurent et coll., 2000). La déformation du front alpin est plus ou moins co-extensive à la côte Ligure (Sage et coll., 2011). Au large, la marge nord Ligure expose des caractéristiques typiques d'une faille de rift continental, avec des blocs inclinés délimités par failles (listriques) à pendage sud-est (Rhéault et coll., 1984 ; Rollet et coll., 2002). Le bassin Ligure se serait développé dans un contexte d'arrière arc (Doglioni et coll., 1997) qui se serait ouvert de l'Oligocène ancien au Miocène précoce à l'arrière de la zone de subduction des Pouilles et en partie au sein de la ceinture des Alpes occidentales (Westphal et coll., 1976 ; Edel et coll., 2001 ; Gattacceca et coll., 2007). La côte ligure a la particularité d'avoir un plateau continental étroit, suivi d'une pente rapidement forte. De par cette bathymétrie et l'étude des sédiments et leurs dépôts, de nombreuses traces de glissements de terrain ont été observées montrant que ce phénomène n'est pas isolé (Migeon et coll., 2011). Ainsi, de nombreux travaux ont vu le jour afin d'analyser l'aléa tsunami dans cette région (Ioualalen et coll., 2010, 2014 ; Hassoun, 2014 ; Kelner, 2018). Le bassin Ligure est une des zones les plus sis d'Europe occidentale, comprenant la faille Ligure, également appelée LFS (Ligurian Fault System). Cette faille, de 80 km de long, est orientée selon un axe NE-SO (selon un azimut de N55°E). Il ne s'agit en fait pas d'une seule faille continue, mais d'un réseau de failles actives. La Figure 8 représente la sismicité locale, qui apparait relativement dense à terre, et non négligeable en mer. Se pose alors la question de l'exposition de ces territoires, fortement anthropisés et aux fortes densités de population, aux aléas sismiques et tsunamiques. 33 Partie I : Contexte de l'étude Figure 8 : Carte de la sismicité en zone Ligure durant la période 1980-2010 (Catalogue du Bureau Central Sismologique Français (http://www.franceseisme.fr/) tirée de Larroque et coll. (2012). Compilation de diverses sources : Institut Géographique National (IGN), le Shuttle Radar Topography Mission (SRTM, NASA), et l'Institut Français de Recherche et d'Exploration de la Mer (IFREMER). Les magnitudes de ces séismes sont comprises entre 2 et 4.7. Les étoiles de couleurs correspondent approximativement aux épicentres du séisme du 20 juillet 1564 (étoile bleue) et du 19 juillet 1963 (étoile marron). Les carrés de couleurs correspondent aux précédents emplacements supposés de l'épicentre du séisme de 1887 (avant Larroque et coll. 2012) dont la magnitude est désormais estimé à 6.7 – 6.9 (Ioualalen et coll., 2014) Bien que fortement sismique, la région Ligure ne fait face qu'à une sismicité modérée (Figure 9), avec peu de séismes potentiellement tsunamigènes. Il arrive cependant que certains séismes plus puissants que la moyenne soient générateurs de tsunamis, comme cela a pu être le cas lors de l'évènement du 23 février 1887, dont la magnitude a été estimée à Mw = 6.7 - 6.9 (Larroque et coll., 2009, 2012). De par son aspect exceptionnel, que ce soit en terme de puissance de l'évènement ou de dommages occasionnés, cet évènement est apparu comme crucial à étudier. Les dégâts ont en effet été observés sur une grande partie du bassin Ligure, avec des dommages plus importants en Italie et à l'est du département, car plus proche de l'épicentre. La partie suivante s'intéresse donc aux dégâts engendrés par ce dernier, et présente également une deuxième atastrophe, celle du 16 octobre 1979, tsunami d'origine gravitaire. Chapitre 2 – Le littoral azuréen, un territoire exposé à des tsunamis locaux Figure 9 : Carte du zonage sismique français Carte du zonage sismique française (http://www.georisques.gouv.fr/articles/zonage-sismique-de-la-france). Le cercle vert marque la région PACA Un littoral exposé à l'aléa tsunami, deux évènements historiques majeurs Le littoral azuréen, zone d'étude de ces travaux, est exposé aux submersions marines par tsunami. Il a connu plusieurs évènements sismiques et tsunamiques marquants qui ont impacté les littoraux et leurs sociétés. Deux dates peuvent être retenues : 1887 et 1979. Ces deux évènements ont généré des dégâts importants qu'il s'agisse de pertes humaines ou de de dégâts matériels. Afin de les présenter, une étude biblioçgraphique et un travail d'archive ont été réalisés. L'évènement majeur, le tsunami généré par le séisme Ligure du 23 février 1887 Le 23 février 1887 un séisme sous-marin frappe la mer Ligure et aurait été ressenti jusqu'en Suisse, en Autriche et dans les Pyrénées (Larroque et al. 2012). Trente minutes après ce tremblement de terre, un tsunami déferla sur le littoral, principalement sur les villes de Nice et Gênes et aurait engendré des dégâts sur plus de cent kilomètres de côte. Les vagues les plus hautes auraient atteint deux mètres sur certaines portions du rivage. Peu d'informations sur les dégâts occasionnés par le tsunami sont disponibles. Des dégâts ont toutefois été générés sur l'ensemble du 35 A , comme à Nice ' vantage Des le long du littoral ure Le séisme de 1887 est relativement récent, mais est cependant trop éloigné dans le temps pour avoir des données précises. Il est donc difficile d'obtenir des données sur ce séisme et le tsunami qui suivit car plus aucun témoin vivant ne peut apporter de l'aide aux chercheurs. Les seules sources d'informations sont les coupures de presse de l'époque, ainsi que les quelques récits écrits laissés. La Riviera italienne, située à proximité de la zone de rupture de la faille, a connu des dégâts considérables. Plusieurs villes, aussi bien situées sur le littoral que dans l'arrière-pays, ont été impactées, soit par les secousses sismiques, soit par la submersion marine par tsunami. Le 23 février correspond pour l'année 1887, au mercredi des Cendres qui représente, pour la religion Catholique, l'entrée en Carême. Cette cérémonie religieuse sera marquée par la mort d'un grand nombre personnes. En effet, le peuple italien, très pratiquant, se réunit en masse dans les églises. Ceci va être observé à Diano Marina, mais surtout à Baiardo. Ce petit village, situé à une quarantaine de kilomètres du littoral ligure, n'a connu que très peu de pertes matérielles, mais un bilan humain très lourd. La quasi-totalité des villageois étaient regroupés dans l'église lors du tremblement de terre, qui a provoqué l'effondrement de la voute sur la foule, faisant un bilan humain de 220 personnes. La (Figure 10) représente l'effondrement de la voute des suites du séisme et les ruines de l'église tels qu'il est encore possible de les visiter aujourd'hui. 36 Chapitre 2 – Le littoral azuréen, un territoire exposé à des tsunamis locaux Figure 10 : Eglise de Bajardo (Italie) après le séisme de 1887 et de nos jours La première photographie a été prise suite au tremblement de terre et montre les dégâts occasionnés suite à l'effondrement du toit. La deuxième est une photographie de l'intérieur de l'église aujourd'hui (2017). La troisième est une photographie de l'extérieure avec un panneau précisant que l'église a été détruite suite au tremblement de terre du 23/02/1887. (Photographies de M. Zanti, 2017) Figure 11 : Effets du séisme de 1887 sur la ville de Menton (Sources : Azur séisme) 37 Partie I : Contexte de l'étude Des dégâts occasionnés à Nice, récit d'époque Le journal local de l'époque, Le Petit Niçois (24/02/1887), permet de reconstituer l'évènement et d'identifier les comportements de panique qu'il a pu générer. « La première oscillation a été presque imperceptible, quelques personnes à peine l'ont sentie. Huit minutes après, une seconde oscillation ébranlait les maisons sur leurs bases. C'était comme un déchirement. Tout craquait, les murs, les meubles, les cloches sonnaient, les chiens aboyaient, des personnes effarées, tremblantes sautaient de leur lit et s'empressaient de quitter leur domicile. [] A 6 heures 5, la troisième oscillation se produit. Des femmes se couchent par terre s'évanouissent, les enfants poussent des cris, c'est un spectacle déchirant. On ne se sent plus en sûreté et l'on court plus loin dans la campagne, à la recherche d'un endroit découvert. » Guy de Maupassant (1850-1893) a également écrit petits récits à ce sujet. Tremblement de Terre, tiré de ses chroniques, décrit comment l'écrivain a personnellement vécu la catastrophe. « Je dormais profondément quand je fus réveillé par d'épouvantables secousses. Pendant la première seconde d'effarement, je crus tout simplement que la maison s'écroulait. Mais comme les soubresauts de mon lit s'accentuaient, comme les murs craquaient, comme tous les meubles se heurtaient avec un bruit effrayant, je compris que nous étions balancés par un tremblement de terre. Je sautai debout dans ma chambre et j'allais atteindre la porte quand une oscillation violente me jeta contre la muraille. Ayant repris mon aplomb, je parvins enfin sur l'escalier où j'entendis le sinistre et bizarre carillon des sonnettes tintant toutes seules comme si un affolement les eût saisies ou comme si, servantes fidèles, elles appelaient désespérément les dormeurs pour les prévenir du danger. » Les dégâts occasionnés ont été nombreux, mais moins importants que ne le laissait présager les secousses. Le journal Le Petit Niçois (24/02/1887), réalise un état des dégâts selon différents quartiers. Les vieux quartiers semblent avoir relativement bien résisté aux secousses. La population semblait s'attendre à des dégâts plus importants de par la vétusté du bâti. « On ne peut encore calculer les dégâts qui ne sont qu'imparfaitement connus. Disons cependant qu'ils sont beaucoup moindres qu'on n'était en droit de le prévoir. [] Voilà, croyons-nous, racontés à la hâte, tous les dégâts occasionnés par le terrible phénomène, dans les vieux quartiers qui ont, disons-le bien vite, pour rassurer notre population, admirablement résisté aux secousses. » Le tsunami généré par le séisme est en revanche quasi inexistant des récits, ce qui peut montrer une méconnaissance du phénomène, ainsi que son incompréhension. Le Petit Niçois (24/02/1887) écrit quelques lignes à ce sujet : « Les eaux du nouveau bassin du port ont subi le contrecoup des trépidations du sol. Elles sont montées tout d'un coup de 50 centimètres et ont immédiatement baissé d'autant. Le fait a été constaté par plusieurs personnes. Il en résulterait que les vibrations de la croûte terrestre sur le territoire de Nice ont eu une amplitude de près d'un demimètre ». 38 Chapitre 2 – Le littoral azuréen, un territoire exposé à des tsunamis locaux Guy De Maupassant parle succinctement de ce phénomène dans ces chroniques : « Quelques instants après la première secousse, la mer s'est brusquement retirée, laissant à sec des bateaux de p êche et des po issons sur le s able. Les petites sardines frétillaient, un gros congre ramp ait fuyant, mais on ne songeait guère à le poursuivre. Puis, un flot haut de deux mètres, plutôt un soulèvement qu'une vague, est venu couvrir la plage et la mer enfin a repris son niveau. » Sous la panique, une partie de la population niçoise préfère fuir la ville et migrer vers les campagnes. Cela a pour conséquence une saturation des différents moyens de transports, ainsi qu'un aspect encore plus chaotique de ville fantôme pour les quartiers les plus délaissés. « Nice est en déménagement. Les voitures disputées à coups de louis, les omnibus des hôtels, les tramways bondés de monde, de malles, de paquets, fendent difficilement la foule. On quitte Nice, les uns se rendent à la campagne, les autres sont à la gare oubliant que le danger est général, que le tremblement de terre n'est pas circonscrit dans le périmètre de Nice, mais s'étend de Gênes au-delà de Marseille. » (Le Petit Niçois, 24/02/1887). Une autre partie de la population envahit les rues et déserte tous les bâtiments. Le Petit Niçois (24/02/1887) donne plusieurs informations, « Les maisons sont toutes abandonnées, toute notre population est dehors [].» Les gens se regroupent au niveau d'espaces ouverts, tels que la place Masséna, le Jardin Public ou la Promenade des Anglais. « Sur la place Masséna, la foule est nombreuse, on apporte des chaises et l'on s'installe. » « A la promenade des anglais la foule est grande. Des tentes sont dressées sur la plage, où des ménages entiers sont venus se réfugier. » Le fait que de nombreuses familles viennent se réfugier au niveau des plages pour se mettre à l'abri d'une éventuelle nouvelle secousse, tant à révéler que la population méconnait l'existence d'un risque de tsunami déclenché par un séisme. En effet, les plages seraient peut-être épargnées de possibles effondrements en cas de séismes, mais seraient les premières touchées par un tsunami. Ces réactions sont intéressantes puisqu'elles révèlent comment une population agit face à un évènement précis. Bien que l'époque ne soit plus la même, des réactions comportementales similaires sont aujourd'hui encore observées (Provitolo et Dubos-Paillard, 2012). Le fait que la population se regroupe sur les plages est un fait qu'il faut relever, puisqu'il montre bien un manque de connaissance, à la fin du XIXème sur l'existence de ce risque. Qu'en est- aujourd'hui? Les personnes auraient-elles tendance à se réunir sur les plages pour se « protéger » d'un séisme? Si tel est le cas, une campagne d'informations sur les comportements à adopter et les trajectoires de déplacement à privilégier serait alors indispensable. Ces interrogations vont plus loin que notre sujet mais sont traitées notamment dans le cadre de différents programmes de recherche, le projet européen Astarte et l'ANR Com2SiCa. Le séisme de 1887 sert donc de référence à notre étude et est retenu pour étudier l'aléa, cartographier les zones littorales submergées par une submersion marine par tsunami, et aborder les questions de vulnérabilité de ces espaces fragiles. Le tsunami local du 16 octobre 1979, un évènement d'origine gravitaire Le 16 octobre 1979, alors que des travaux d'agrandissement sont réalisés au niveau de l'aéroport de Nice (Figure 12) un gros volume de matériaux s'est décroché entrainant un glissement sous-marin. Ce déplacement de matière a engendré un tsunami, atteignant une amplitude de 3 mètres à certains endroits. La photographie cidessous montre l'avancée des travaux avant la catastrophe (à gauche), et la partie qui s'est effondrée (à droite). Le tsunami fut ressenti sur une large zone (≈180km) de Hyères à Menton. Antibes a été fortement impactée, principalement les quartiers de la Salis et de La Garoupe, de par leurs proximités quasi-immédiate au site, et leurs situations à la perpendiculaire de la vague. Figure 12 : Photographie des travaux d'agrandissement de l'aéroport et du port de Nice, avant et après la catastrophe (Sources : La mouette laurentine) L'explication des causes de ce tsunami fait toujours aujourd'hui l'objet de controverses. Pour les autorités, le glissement survenu au niveau de l'aéroport de Nice peut avoir différentes origines : un séisme sous-marin ou un glissement sous-marin. Le glissement sous-marin, de taille conséquente, serait survenu au large, au niveau de la confluence des canyons du Var et du Paillon. Là encore deux hypothèses : des petits glissements progressifs permettant à la pente de retrouver son état d'équilibre (érosion régressive), ou une baisse du niveau de la mer d'environ 2,50 mètres entrainée par ce déplacement de masse, exposant les fondations des travaux à l'air libre, provoquant une surcharge (l'eau diminuant la masse) et donc son écroulement. C'est cette dernière qui a officiellement été retenue loc mentionné une possible action des travaux d'extension de l'aéroport. Ces hypothèses sont réfutées par de ux scientifiques, plus particulièrement G. Dan, N. Sultan et B. Savoye (2007) et S. Migeon et coll. (2011). D'après leurs recherches, aucun séisme n'a été enregistré dans cette période par l'observatoire de Monaco, en charge de l'observation sismique à cette époque. La première hypothèse est donc peu probable. Enfin, l'érosion régressive est un phénomène lent, qui ne peut se mettre en place en quelques jours. De plus, une baisse niveau de la mer bien plus importante aurait été nécessaire pour provoquer une telle déstabilisation. Du point de vu géologique, l'emplacement du chantier sur la zone de l'aéroport pose plusieurs problèmes. Etant à l'embouchure du Var, de nombreux sédiments se déposent, pouvant provoquer une instabilité du sol. L'aéroport se situe à l'extrémité de la croûte continentale, sur des dépôts grossiers stables. En revanche, à l'emplacement des travaux d'agrandissement, la composition change, regroupant des matériaux plus fins. Il est également important de noter qu'une nappe phréatique passe sous l'aéroport, lessivant les matériaux les plus fins. Il semblerait que quelques jours avant la catastrophe, de grosses précipitations se soient abattues sur la région, augmentant le lessivage. Le fond, sur lequel reposait le chantier étant fragilisé, le poids des matériaux aurait suffi à provoquer le glissement. C'est cette hypothèse, soutenue par les scientifiques, qui est retenue par la communauté scientifique, puisque pour eux, les travaux sont à l'origine de ce glissement. Il faut cependant noter que des études sur le fond avaient été réalisées avant le lancement des travaux, mais les connaissances de l'époque n'étaient pas suffisantes pour déceler les risques. Il semblerait que par la suite des procès-verbaux aient été enregistrés, pointant sur le chantier des évènements inquiétants, annonciateurs de la catastrophe. Huit victimes ont été dénombrées : sept ouvriers ont perdu la vie directement à cause de l'effondrement et une personne périt à cause du tsunami qui frappa Antibes (Sahal, 2011). De nombreux dégâts matériels ont également été causés. Quelques coupures de presse sont disponibles et permettent d'avoir une idée du chaos survenu au Cap d'Antibes. Le quotidien Nice Matin, dans un article intitulé « Antibes : tout un quartier dévasté », publié quelques jours après le drame, donne une description des dégâts occasionnés. « En se retirant, la mer a livré une véritable vision d'apocalypse : des voitures dressées contre les réverbères ou transportées au milieu de ce qui était encore, quelques heures auparavant, un massif de fleurs ; des vitrines défoncées, des maisons laissant échapper de gros bouillons, par toutes leurs ouvertures, la mer qui les avait envahies. Des bateaux retournés, d'autres portés sur la jetée. Et partout de l'eau, la boue, la peur. » La procédure étant toujours en cours, les documents ont été mis sous scellés pour une durée de 100 ans. Il est donc relativement difficile d'obtenir des informations concrètes et précises sur ce qui s'est produit ce 16 octobre . A. Sahal (2011) a étudié cet évènement dans les détails en s'attachant plus particulièrement à la plage de la Salis située à Antibes. Son travail de terrain (enquêtes 41 Partie I : Contexte de l'étude auprès de la population, analyses d'archives) a permis d'obtenir une cartographie des zones impactées et des hauteurs d'eau atteintes sur cette commune (Figure 13). Cette étude est unique, puisqu'elle est la seule à ce jour à avoir été réalisée, et concerne un espace limité (Antibes) ainsi qu'un évènement précis (celui de 1979). Ce choix n'est pas anodin. En France métropolitaine, la région Provence-AlpesCôte d'Azur présente la plus forte récurrence de séismes. Dans le cadre de cette recherche, sera uniquement développé l'évènement de référence, c'est-à-dire celui faisant suite au séisme Ligure de 1887. Figure 13 : Inondation du quartier de la Garoupe et de la Salis (Antibes) (Sources : Sahal et Lemahieu, 2011) Le littoral azuréen, n'est pas uniquement exposé au tsunami. Il est également exposé a des risques d'origine naturelle ou industrielle, et à des menaces terroristes, qui ont par le passé produit des évènements brutaux conduisant à des catastrophes. Nous pouvons par exemple citer les inondations du 3 octobre 2015 et l'attaque terroriste du 14 juillet 2016 à Nice. Chapitre 2 – Le littoral azuréen, un territoire exposé à des tsunamis locaux Conclusion Les Alpes-Maritimes sont un département exposé à de nombreux aléas, dont le tsunami. Deux évènements historiques ont par le passé impacté ce territoire : le tsunami d'origine sismique du 23 février 1887 et le tsunami d'origine gravitaire du 19 octobre 1979. Ces deux tsunamis locaux ont été destructeurs le long de ces côtes. Nous pouvons ainsi supposer que dans l'hypothèse où un évènement similaire venait à se produire aujourd'hui, les dégâts seraient considérables. Le risque existe sur ce territoire exposé puisqu'il est composé de nombreux enjeux majeurs. C'est la combinaison de ces deux composantes qui génère le risque. Aujourd'hui, le littoral azuréen est un territoire densément peuplé, à fort pouvoir attractif, le département offrant de nombreux emplois. Il s'agit également d'un territoire touristique, de loisirs et d'affaires, qui attire une population française et étrangère tout au long de l'année. Partie I : Contexte de l'étude Chapitre 3 – De la surveillance à l'alerte des tsunamis en France CHAPITRE 3 : DE LA SURVEILLANCE A L'ALERTE DES TSUNAMIS EN FRANCE La prévention du risque englobe de nombreux éléments, dont la surveillance, la vigilance et l'alerte. Les systèmes d'observation sont propres à chaque aléa puisque leurs fonctionnements sont différents. Certains peuvent être couplés, comme par exemple les tsunamis et les séismes, puisque la plupart des tsunamis sont générés par des séismes. L'observation des séismes permet de déterminer si ceux-ci sont potentiellement tsunamigènes. Les tsunamis disposent également de réseaux d'observation et d'alerte qui leurs sont propres. L'alerte, quant à elle, est générique pour l'ensemble des évènements pouvant se produire sur le territoire (évènement naturel, industriel, terroriste, etc.). La préparation à un aléa passe par sa connaissance et par la structuration des différentes organisations qui sont en charge de son observation, de la diffusion de connaissances et de l'alerte. « L'alerte naît sur fond de veille, de surveillance, de vigilance ou d'avertissement. » (Douvinet et coll., 2019). Les échelles spatiales et organisationnelles sont imbriquées car des institutions différentes sont mobilisées. Ici, une focalisation est faite sur les structures en charge de l'observation et de l'alerte des tsunamis. Puis l'alerte nationale est détaillée afin de comprendre son fonctionnement global, de l'émission de l'alerte auprès des autorités à l'arrivée aux populations. Sont finalement présentés les différents outils favorisant l'alerte de la population. Des structures de surveillance et de veille des tsunamis à différentes échelles De par le passé, plusieurs tsunamis se sont produits à l'échelle mondiale, causant de nombreux dégâts humains et matériels. Au cours du XXème siècle, à la suite de plusieurs tsunamis destructeurs, les Nations Unies ont décidé de créer en 1960 la Commission Océanographique Internationale (COI ou IOC en anglais). Cette organe de l'UNESCO a pour mission la réduction du risque de tsunami au niveau international. Elle a été mandatée pour fédérer ses états membres afin de réduire le risque de tsunami. Dans un contexte global d'augmentation des aléas naturels, anthropiques, climatiques, mais surtout de l'augmentation des enjeux, la COI appelle à se préparer aux tsunamis en Méditerranée (Projet NEAMTIC, 2013). Cette commission coordonne depuis 2005 la mise en place de systèmes d'alertes aux tsunamis, au niveau mondial. Contrairement aux séismes, dont la prédiction de leur déclenchement est encore impossible, certains tsunamis (régionaux et télé-tsunamis) peuvent être repérés avant qu'ils n'atteignent les côtes. Ceci permet aux autorités concernées de lancer l'alerte auprès de la population, ainsi que leur évacuation. Ce type de dispositif est extrêmement important et peut sauver de nombreuses vies. Partie I : Contexte de l'étude Les Groupes Intergouvernementaux de Coordination (GIC) ont été créés à la suite de grandes catastrophes. Aujourd'hui, quatre GIC se répartissent la veille des tsunamis à l'échelle mondiale : - le Pacifique Tsunami Warning Center (PTWC), dans le Pacifique - l'Indian Ocean Tsunami Warning Center (IOTWC), dans l'océan Indien - le North Eastern Atlantic Mediterranean and connected seas Tsunami Warning Center ( MTWS), en Atlantique Nord-Est, Méditerranée et les mers adjacentes - le Tsunami and Other Coastal Hazards Warning System for the Caribbean and Adjacent Regions (ICG/CARIBE-EWS) dans la zone caribéenne. Les travaux entrepris pour cette recherche portant sur le bassin Méditerranéen, nous allons à présent nous intéresser plus particulièrement au fonctionnement du NEAMTWS, pour ensuite pouvoir descendre à l'échelon national. La surveillance dans la zone Méditerranée - Nord Atlantique Le NEAMTWS, antenne régionale de la COI, est le centre d'alerte au tsunami centré sur l'Atlantique Nord-Est et la Méditerranée. Son rôle est i) d'évaluer le risque de tsunami dans les bassins Atlantique Nord-Est et Méditerranéen ; ii) d'émettre et de transmettre les alertes aux tsunamis ; iii) de former les populations exposées à ce risque encore peu ou mal connu. La COI supervise la mise en application de ces actions, avec comme objectif final un fonctionnement national autonome. Il est composé de 39 pays membres1 (Figure 14) qui disposent de littoraux sur ces bassins à risques. L'information et la formation de la population de cet espace se fait via le Northeastern Atlantic and Mediterranean Tsunami Information Center (NEAMTIC). La COI a conscience que la réduction du risque de tsunami, passe par la sensibilisation et la préparation de la population. C'est pour répondre à cette mission que le NEAMTIC a été créé. Il permet donc de fournir à la population des informations concernant les systèmes d'alertes, le risque de tsunami, ainsi que les comportements à avoir en cas d'évènements de submersion marine (tsunamis, tempêtes, etc.). Plusieurs antennes nationales (NTWC, acronyme venant de la formulation anglaise : National Tsunami Warning Center), se sont développées au sein du NEAMTWS. A ce jour, cinq ont vu le jour (Figure 15) : - le CENtre d'Alerte aux Tsunamis (CENALT) en France, a en charge la surveillance de trois zones sismiques menaçant les côtes françaises, situées en Méditerranée Occidentale (Bassin ligure, littoral maghrébin et sicilien) et dans l'Atlantique Nord-Est (au niveau du détroit de Gibraltar) ; - Le Kandilli Observator and Earthquake Research Institue (KOERI) en Turquie ; - le National Observatory of Athens (NOA) en Grèce ; 1 Pays membres du NEAMTWS : Albanie, Algérie, Allemagne, Belgique, Bulgarie, Cap Vert, Croatie, Chypre, Danemark, Egypte, Espagne, Estonie, Fédération de Russie, Finlande, France, Géorgie, Grèce, Islande, Irlande, Israël, Italie, Liban, Libye, Malte, Maroc, Mauritanie, Monaco, Norvège, PaysBas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Slovénie, Suède, Syrie, Tunisie, Turquie, Ukraine. 46 Chapitre 3 – De la surveillance à l'alerte des tsunamis en France - le Centro di Allerta Tsunami (CAT) à l'Istituti Nazionale di Geofisica e Vulcanologia (INGV) en Italie ; et l'Instituto Português do Mar e d'Atmosfera (IPMA) au Portugal. Figure 14 : Pays membres de la North-Eastern Atlantic and Mediterranean Tsunami Warning Center (NEAMTIC) Ces pays, dotés d'un NTWC, font partie des pays les plus actifs sismiquement en Europe et ont déjà connu au cours de leur histoire des séismes et des tsunamis importants. C'est le cas par exemple du Portugal avec le séisme et le tsunami qui ont détruit une grande partie de Lisbonne en 1755, ou encore du tsunami de 1908 qui a fait de nombreux dégâts à Messine, sur les côtes Siciliennes. Nous allons à présent nous focaliser sur le CENALT, antenne se focalisant sur les côtes françaises. 47 Partie I : Contexte de l'étude Figure 15 : Localisation des différentes antennes du NEAMTWC La surveillance et la veille nationale L'arc méditerranéen occidental est exposé à plusieurs sources génératrices de tsunamis (Italie, Sicile, Algérie, etc.). Les côtes françaises méditerranéennes sont exposées à des tsunamis d'origines sismiques locaux (bassin Ligure) ou régionaux (marge algérienne). Ces littoraux, en plus d'être exposés à la menace, regroupent un grand nombre d'enjeux humains et économiques, pouvant causer de nombreux dégâts. Les antennes locales de la NEAMTW ont été créées pour prendre en compte les particularités locales et pour faire le lien avec le ou les états impactés par un ou des phénomènes détectés. Le CENALT (Centre d'Alerte aux Tsunamis) tient justement ce rôle pour la France. Il a en charge la surveillance de trois zones sismiques menaçant les côtes françaises, situées en Méditerranée Occidentale (Bassin Ligure, littoral maghrébin et sicilien) et dans l'Atlantique Nord-Est (au niveau du détroit de Gibraltar) (Figure 16). Ces zones ont été déterminées comme étant possiblement tsunamigènes. 48 Chapitre 3 – De la surveillance à l'alerte des tsunamis en France Figure 16 : Cartographie des zones tsunamigènes menaçant les côtes françaises Sources : info-tsunami. Fond de carte : Google Earth.
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S'équilibrer au-dessus du vide : la place de la psychomotricité dans la prise en charge de l'enfant état-limite UNIVERSIT PIERRE ET MARIE CURIE – PARIS VI FACULTÉ DE MÉDECINE PIERRE ET MARIE CURIE INSTITUT DE FORMATION EN PSYCHOMOTRICITÉ Site Pitié-Salpêtrière 91, boulevard de l'Hôpital 75364 Paris Cedex 14 S'EQUILIBRER AU-DESSUS DU VIDE La place de la psychomotricité dans la prise en charge de l'enfant état-limite Mémoire présenté par Iris CALZADA en vue de l'obtention du diplôme d'Etat de psychomotricité Référent de mémoire Aude Valentin-Lefranc Session de Juin 2017 Remerciements Je tiens à remercier Aude Valentin-Lefranc de m'avoir guidée à travers l'écriture de ce mémoire. Ses conseils et sa confiance rassurante m'ont été d'une aide précieuse. Je remercie spécialement Mathilde Baranger pour ces deux années de stage. Pour sa bienveillance à chaque étape de ma découverte de la pédopsychiatrie, son implication dans ma formation et ses explications toujours enrichissantes. Pour sa confiance si nécessaire à l'émergence de ma posture de psychomotricienne, qui n'aurait pu être la même sans sa présence dans mon parcours étudiant. Merci à l'équipe de l'unité pour leur accueil, leur bienveillance et leur disponibilité tout au long de cette année. À mes patients de tout âge, rencontrés durant ces trois années de formation. À tous les enfants l pédopsychiatrique, à leur joie contagieuse, à tout ce qu'ils m'ont appris. À Sandro évidemment. À ma famille et mes amis, de psychomotricité et d'ailleurs, pour leur soutien indéfectible. Pour leur force, leur soutien et leur aide précieuse des premiers aux derniers instants, mais aussi pour avoir cru en moi. SOMMAIRE AVANT-PROPOS 1 INTRODUCTION 2 I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE 4 A. L'institution et son fonctionnement a. Quelques éléments historiques b. L'organisation de l'institution c. Le projet d'établissement 2013/2017 d. Le fonctionnement de l'unité e. L'équipe pluridisciplinaire 4 4 5 5 6 7 B. La place de la psychomotricité dans l'institution a. Qu'est-ce que la psychomotricité? b. La spécificité du psychomotricien c. La psychomotricité au sein de l'unité d. Ma place de stagiaire Au sein de l'institution Ma place de stagiaire dans la prise en charge de Sandro 8 8 8 10 12 12 13 C. Sandro a. 75 A. Évolution psychomotrice de Sandro a. Dans l'institution b. Dans la prise en charge en psychomotricité c. L'apport de la prise en charge psychomotrice pour Sandro d. Ma vision de la psychomotricité dans la prise en charge de Sandro 75 75 76 78 79 B. Vers la fin de l'indication en balnéothérapie : grandir a. Le questionnement sur l'intérêt de la poursuite de la prise en charge en balnéothérapie b. Changer de médiation? c. Arrêter la prise en charge en psychomotricité? 80 80 82 84 CONCLUSION 87 BIBLIOGRAPHIE 88 ANNEXE 91 Être, c'est être sujet de son désir, c'est vivre sa vie, être soi-même ; ne pas être, c'est rester soumis au désir de l'autre, vivre à côté de sa vie, c'est mourir . Vincent EST ELLO N , (2014) Les état s limites , PUF, Paris. AVANT - PROPOS Le sujet de ce mémoire est le fruit d'une longue réflexion, débutée dès ma deuxième année d'étude de psychomotricité. Je participais alors à un groupe de jeu dramatique dans un centre médico-psychologique, encadré par la psychomotricienne qui fut, par la suite, ma maître de stage à l'internat pédopsychiatrique. Ces enfants du groupe de jeu dramatique présentaient des troubles psychiatriques découlant majoritairement de diverses angoisses. À leur contact s'est développé mon intérêt pour la pédopsychiatrie. J'ai ainsi eu la chance d'intégrer l'équipe d'une unité d'hospitalisation à temps plein lors de ma troisième année d'étude. J'y ai découvert le travail effectué avec des enfants de 6 à 12 ans, en proie à des troubles d'ordre psychiatrique, dans un contexte d'internat. J'ai donc choisi d'effectuer mon mémoire sur l'un des quatre enfants hospitalisés pour une durée d 'un an, afin de comprendre le plus complètement possible l'évolution de cet enfant au fil de la prise en charge, tant au niveau de ses capacités psychomotrices qu'au niveau de la relation thérapeutique. L'intérêt du choix d'un unique cas clinique, celui de Sandro, résidait également dans la possibilité de me concentrer entièrement sur une histoire, une identité et un cheminement thérapeutique particulier. Il m'a été possible de mener un travail autour des problématiques psychomotrices liées à sa pathologie. Sandro souffre d'une pathologie limite de l'enfance. Elle entraîne une ambivalence comportementale importante, qui m'a interrogée. Je n'ai, dès lors, pas cessé de m'interroger sur le fonctionnement de cet enfant, dont les changements d'attitude m'ont souvent déstabilisée. 1 INTRODUCTION L'organisation limite interroge les frontières nosologiques depuis sa découverte au milieu du XXe siècle. Identifié par S. Freud dès 1938, l'état-limite ne fera pourtant pas directement l'objet d'un consensus théorique autour de son étiologie. Il est successivement reconnu comme un dérivé de la névrose, comme affilié à la psychose, puis comme un syndrome autonome. "Désormais, ce n'est plus tant une pathologie « à la limite de » qu'une pathologie des limites du Moi."1 En clinique, l'augmentation croissante des rencontres de ces patients superficiellement adaptés, cachant en réalité des failles psychocorporelles profondes, justifie la nécessité de poursuivre la recherche en matière de soin et d'accompagnement. Dans ce mémoire, je propose une lecture de la pathologie limite influencée principalement par la pensée de R. Misès, pédopsychiatre psychanalyste ayant, le premier, étudié la structuration limite chez l'enfant. L'institution et l'équipe pluridisciplinaire de l'unité m'ayant accueillie cette année ont un rôle dans ce positionnement théorique. Ma réflexion est basée sur la clinique, ensuite éclairée par la théorie. Ce mémoire retrace mon expérience, mes observations et le travail effectué, en psychomotricité et au niveau institutionnel, avec Sandro. Les encarts correspondent à des vignettes cliniques, restituant le déroulement d'une séance de psychomotricité ou d'une séquence ayant eu lieu dans l'institution. Ils sont suivis d'une analyse des enjeux psychomoteurs à l'oeuvre lors de ces scènes. J'ai choisi de ne pas raconter les séances dans leur entièreté pour me concentrer sur les séquences évocatrices du profil psychomoteur de Sandro et du travail effectué en psychomotricité. Comment l'eau, la psychomotricité et l'institution permettent la consolidation de l'enveloppe corporelle, la régulation tonique et l'ajustement des distances relationnelles chez l'enfant état limite? Je m'interrogerai sur les effets de la triple enveloppe aquatique, relationnelle et institutionnelle sur la structuration de l'enveloppe chez l'enfant limite. J'étudierai également la possibilité que l'émergence d'une enveloppe solide aboutisse à l'amélioration des capacités 1 ESTELLON V., 2014, p.36 2 de régulation tonico-émotionnelle. De même, la sécurité interne consolidée en psychomotricité permettrait-elle à Sandro d'ajuster ses distances relationnelles? J'explorerai les possibilités d'intégration et de transposition des progrès observés chez Sandro au milieu institutionnel. La première partie de ce mémoire sera consacrée à la description du contexte institutionnel, à la définition de la psychomotricité et à la présentation de Sandro. 3 I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE Le contexte institutionnel prend une importance majeure dans la prise en charge du patient état-limite. Pour comprendre l'environnement dans lequel évolue Sandro pendant cette année d'hospitalisation, je vais présenter en détail l'institution qui l'accueille. Je m'attacherai également à donner une définition de la psychomotricité afin d'éclaircir son intérêt dans le projet de soin proposé à Sandro, dont j'évoquerai l'histoire et le profil psychomoteur dans une dernière sous-partie. A. L'institution et son fonctionnement J'effectue mon stage de troisième année de formation en psychomotricité dans un centre hospitalier interdépartemental de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent. Les patients pris en charge ont entre O et 18 ans. a. Quelques éléments historiques En 1957, le Professeur R. Misès, psychiatre et psychanalyste de terrain, devient le chef de service de l'institution, succédant ainsi au Docteur Bourneville. À son arrivée dans l'établissement, il est choqué par les conditions d'accueil des enfants étiquetés "aliénés", selon le vocabulaire de l'époque, atteints de troubles d'ordre psychiatrique. Entre 1957 et 1990, il crée un nouveau modèle de prise en charge : la cure en institution. Ce concept est fondé sur une triple approche conjointe thérapeutique, éducative et pédagogique. Une rénovation architecturale permet la construction de petites unités offrant aux enfants hospitalisés une vie quotidienne contenante. R. Misès lutte également contre l'internement d'office en prônant un régime d'hospitalisation ordinaire pour ces enfants. Il s'engage pour la création du secteur pédopsychiatrique en France en travaillant pour l'élaboration de structures de soins de proximité, précoces et variés. Il crée et supervise la Classification Française des Troubles Mentaux de l'Enfant et de l'Adolescent (C.F.T.M.E.A.). Il privilégie une approche multidimensionnelle du soin, en prenant en compte la dimension du handicap et la souffrance des familles. Le but de son approche est de comprendre le fonctionnement psychique global du sujet, en prenant en compte la singularité de chaque enfant, pour lui offrir un accompagnement le plus adapté possible. 4 Actuellement, l'institution continue de fonctionner selon le modèle instauré par R. Misès. L'influence psychanalytique y est prépondérante. b. L'organisation de l'institution L'établissement assure une triple mission de soin : - Au niveau sectoriel, les soins psychiatriques infanto-juvéniles proposés concernent les Centres médico-psychologiques (C.M.P.), les hôpitaux de jour, le Centre d'accueil thérapeutique à temps partie (C.A.T.T.P.) et le Centre thérapeutique du tout-petit (C.T.T.P.) - Au niveau départemental, l'établissement garantit les prises en charge en urgence et les hospitalisations de courte durée pour les adolescents. - Au niveau interdépartemental, les soins concernent les unités de moyen et long séjour des enfants et des adolescents, et les courts séjours des enfants. L'établissement est divisé en trois pôles : un pôle enfant, un pôle adolescent et un pôle recherche. Le pôle enfant est composé de trois secteurs, comprenant chacun plusieurs unités, assurant des missions différentes soit d'hospitalisation à temps complet, soit d'hospitalisation à temps partiel, soit de consultation et de diagnostic. c. Le projet d'établissement 2013/2017 Le projet d'établissement est élaboré en coopération pluridisciplinaire associant les différentes équipes et unités de l'institution. Il s'appuie sur le bilan du précédent projet d'établissement et sur les observations qualitatives de la situation de l'institution à la fin de celui-ci, en prenant en compte les menaces et les opportunités visant l'établissement. Le projet d'établissement est caractérisé par une volonté d'articuler les différents projets prévus pour le sujet (médical, soin, social) en synergie. Il vise également à améliorer l'accessibilité du parcours de soin, pour les patients et leur famille, tout en permettant une meilleure coordination entre les différents acteurs de soins. Le travail en réseau entre les professionnels du secteur sanitaire, social, médico-social et judiciaire est privilégié. 5 Au niveau du pôle enfant, le projet d'établissement tend à favoriser l'accès aux soins pour les enfants de moins de 12 ans dans le secteur couvert par l'institution. Il vise aussi à améliorer l'organisation, la qualité et la sécurité de l'offre de soin. Le projet d'établissement se caractérise enfin par une volonté d'améliorer l'intégration des enfants souffrant de Trouble du Spectre Autistique (TSA). Les objectifs du projet de soins visent à assurer la qualité, la sécurité, la traçabilité et la coordination de la prise en charge du patient tout au long du parcours de soin. Ils tendent à développer la prévention et la gestion des risques concernant les soins et les activités paramédicales. Le développement des compétences, la formation et la recherche est également un axe du projet de soin. Pour réaliser ces objectifs, il prévoit notamment la création du projet thérapeutique éducatif et pédagogique individualisé. d. Le fonctionnement de l'unité J'intègre en septembre 2016 une des unités d'hospitalisation en internat. Il s'agit d'une unité de soin et d'observation (U.S.O.) Elle dispose de 10 lits et accueille des enfants âgés de 4 à 10 ans. Les séjours des enfants peuvent prendre trois formes : - Le séjour d'observation dure trois semaines. Il a une visée diagnostique, ou permet d'orienter les services de soins habituels de l'enfant vers un nouveau traitement et de proposer de nouvelles orientations dans le projet thérapeutique de l'enfant, s'ils se trouvent en difficulté. Il y a trois places disponibles pour les enfants accueillis en observation. - Le séjour séquentiel dure entre une et deux semaines. Il est renouvelé tous les trois mois environ. Il vise à offrir un relais aux familles, et une période de rupture avec les services de soins habituels de l'enfant. Il peut également permettre un travail de séparation familiale. Il y a trois places maximum destinées aux enfants reçus en séjour séquentiel. - Le séjour passerelle correspond à un projet d'une durée d'un an. Tous les enfants pris en charge en séjour passerelle ont d'abord été accueillis en séjour d'observation sur l'unité. Un projet thérapeutique annuel est mis en place pour la prise en charge de l'enfant. Il s'agit également de préparer la suite de son parcours de soin. Quatre lits sont destinés à l'accueil en séjour passerelle. L'admission d'un enfant en séjour d'observation ou en séjour passerelle est décidée suite à une demande du médecin référent de l'enfant. L'accueil d'un enfant en séjour passerelle est 6 décidé suite aux conclusions tirées de son séjour d'observation, de la nécessité d'une séparation avec le milieu familial et scolaire ou institutionnel. L'environnement contenant de l'unité peut apaiser les débordements ayant lieu en milieu ordinaire. Cette décision est réfléchie avec l'équipe pluridisciplinaire lors de synthèses. La famille est consultée, ainsi que l'équipe de l'institution habituelle de l'enfant. Le médecin responsable de l'unité soumet la proposition d'accueil en long séjour au médecin référent en ambulatoire. Ce dernier est décisionnaire. Les frais d'hospitalisation sont pris en charge à 80% par la sécurité sociale. Les 20% restants du ticket modérateur sont à la charge de la famille, sauf si elle possède une mutuelle. Si un protocole Affection Longue Durée (ALD) est établi, ou que le patient bénéficie de la Couverture Maladie Universelle Complémentaire (CMUC) ou de l'Aide Médicale de l'État (AME), les frais d'hospitalisation, comprenant le prix de l'hospitalisation par jour et le forfait journalier, sont remboursés à hauteur de 100% par la sécurité sociale. Les entrées s'effectuent le lundi matin et les sorties le vendredi après-midi. Les enfants passent le week-end chez leurs parents ou dans leur famille d'accueil. Les parents sont reçus en entretien avant l'admission des patients, et en rendez-vous bimensuels afin de les informer du déroulement de l'hospitalisation et de les intégrer activement au projet conçu pour leur enfant. e. L'équipe pluridisciplinaire L'équipe de l'unité dans laquelle je suis accueillie se compose d'une pédopsychiatre, de deux médecins, d'une psychologue, d'une assistante sociale, d'une psychomotricienne, d'une éducatrice, d'une éducatrice spécialisée, d'un Agent des Services Hospitaliers (ASH), d'une secrétaire et de plusieurs infirmiers. L'établissement dispose aussi d'une école spécialisée garantissant la scolarisation des jeunes accueillis. L'institution est publique et les professionnels sont payés par l'état. L'équipe se réunit pour une réunion de synthèse hebdomadaire dévolue à la réflexion clinique autour des enfants accueillis en observation et d'un enfant pris en charge en séjour passerelle. Un groupe de parole entre les soignants est également supervisé par la psychologue de l'unité. Chaque jour, les transmissions sont rédigées et transmises à l'oral entre les différentes équipes, du matin, de l'après-midi et de la nuit. Une réunion entre les 7 cadres de l'unité a également lieu. La psychomotricienne n'assistait qu'à la synthèse hebdomadaire jusqu'à ce que se mette en place, sous son impulsion, une réunion entre le médecin assistant, l'interne, elle et moi, afin de mettre en lien les observations psychomotrices et médicales. Une réunion entre la pédopsychiatre, la psychologue, la cadre de santé et la psychomotricienne a également été créée afin de réfléchir au fonctionnement institutionnel. B. La place de la psychomotricité dans l'institution a. Qu'est-ce que la psychomotricité? C. Ballouard définit la psychomotricité comme "l'ensemble des phénomènes qui témoignent de l'inscription dans le corps de processus psychiques et plus particulièrement au niveau du mouvement, des attitudes, des positions, des mimiques. Elle étudie la façon dont sont marquées dans le corps certaines modalités évolutives des mécanismes des fonctions instrumentales et relationnelles. Un psychomotricien s'occupe du corps ou plus précisément de l'investissement de celui-ci."2 Le métier de psychomotricien est le fruit d'une histoire complexe aux influences diversifiées que je ne détaillerai pas dans ce mémoire. La pratique du psychomotricien existe dans des champs cliniques variés, et s'enrichit de multiples conceptions théoriques, parfois très divergentes. De la rééducation à la thérapie, la psychomotricité peut répondre de façon complète et adaptative aux besoins d'une population baignée dans une société en évolution. Ma jeune vision du métier de psychomotricien est, de fait, teintée par ma propre expérience. Ma présentation en est influencée, mais ne signifie en aucun cas qu'une manière d'exercer ou qu'un champ théorique est plus valable qu'un autre, au contraire, cette diversité fait la richesse du métier. Le but étant toujours centré sur le patient, la psychomotricité doit viser l'articulation des méthodes et des théories au service d'un soin le plus ajusté possible. b. La spécificité du psychomotricien 2 BALLOUARD C., 2008, p.5 8 Le psychomotricien envisage le sujet dans sa globalité. "Le psychomotricien, en s'attaquant à cette complétude de l'être, rejette () l'idée du clivage corps-esprit, et défend celle du lien indissoluble avec une fonctionnalité corporelle qui n'est jamais seulement mécanique et anatomique, puisque toujours liée à la vie psychique et imprégnée de désir, de plaisir, de conflit ()".3 Le psychomotricien, spécialiste du langage infraverbal, développe une écoute particulière du corps de son patient et lui propose de passer par des médiations corporelles pour s'épanouir dans une manière harmonieuse d'être au monde, forcément spécifique de par l'unicité du sujet. "L'intérêt du psychomotricien pour le corps est donc particulier et complet puisqu'il s'intéresse en même temps à tout ce qui touche de près le mouvement, qui nécessite une motricité de "pointe", un tonus qui permet l'effort, la vitesse, la précision musculaire - toutes les composantes anatomo-physiologiques dont dépend la fonctionnalité corporelle -, mais aussi et surtout, le psychomotricien s'intéresse à tout ce qui du corps traduit l'intention, le désir, l'expression de l'être."4 C'est dans la prise en charge du patient dans une vision d'interdépendance unifiante du psychique et du corporel, que réside la dynamique psychomotrice. Le psychomotricien amène ainsi son patient à un engagement corporel, nécessaire au travail des problématiques psychomotrices. Il le soutient et l'accompagne par son propre investissement dans cette démarche. "La spécificité du professionnel de la psychomotricité réside dans l'attention qu'il porte aux manifestations corporelles et à leurs significations, ainsi que dans l'établissement d' dialogue corporel."5 L'engagement corporel du psychomotricien est obligatoire. Il a valeur de langage et ses mouvements doivent être pesés et compris en temps réel. Il doit être attentif à ses ressentis internes, comprenant ses émotions, ses représentations et ses tensions corporelles. Son propre investissement induit la mise en place d'un dialogue tonico-émotionnel, permettant au psychomotricien de percevoir les tensions du sujet. Elles sont les traces de l'histoire du patient, et sont signe de l'état de l'image du corps.6 Les émotions et le dialogue tonique s'imposent alors comme des outils de référence dans la création de la relation thérapeutique. La relation est au coeur de la prise en charge psychomotrice. O. c. La psychomotricité au sein de l'unité La psychomotricité est bien installée et reconnue dans l'institution. Plusieurs psychomotriciens y travaillent, dans différents services. Ils se retrouvent en réunion pour échanger au sujet de leur pratique et de leurs questionnements cliniques. La psychomotricienne travaille depuis plusieurs années sur l'unité. Son temps de travail a progressivement augmenté en raison de la hausse des demandes de suivi en psychomotricité. Les indications en psychomotricité sont décidées à la suite d'une réflexion pluridisciplinaire. Elle fait un retour de ses observations et de l'évolution psychomotrice des enfants, chaque semaine, en réunion de synthèse. La psychomotricienne dispose d'une salle de psychomotricité et a accès à la piscine et au gymnase pour mettre en place ses prises en charge. Les soignants sont régulièrement 7 8 SCIALOM P., GIROMINI F., ALBARET J.-M., 2011, p.292 POTEL C., 2010, p.13 10 invités à participer aux séances du groupe d'observation, et la psychomotricienne coanime des séances individuelles avec les éducateurs et les infirmiers. Le rôle et l'apport de la psychomotricité dans la prise en charge globale des patients sont bien compris par l'équipe, et certains soignants sont très demandeurs de participer aux séances. La psychomotricité est un lieu où les enfants développent et mettent à l'oeuvre leurs potentialités. Lorsque le suivi quotidien de l'enfant est difficile et conflictuel, le partage d'une séance de psychomotricité où l'enfant s'ouvre autrement à la relation et dévoile des capacités nouvelles, dans un cadre différent de celui de l'unité, peut être remotivant et positif dans la dynamique de soin. L'investissement relationnel entre le soignant et le sujet peut en être relancé. La psychomotricienne ne reçoit pas les parents en entretien. La psychomotricienne et moi n'avons pas pu rencontrer les parents de Sandro et l'observer en leur présence. Je ne pourrai donc pas analyser les éventuelles failles interactionnelles présentes entre eux. Il pourrait être très intéressant que la psychomotricienne s'entretienne avec les parents des patients, et puisse observer leurs interactions. La lecture psychomotrice de leurs comportements et de leurs échanges pourrait renseigner sur les liens les unissant, et apporter des éléments concernant leur accordage psychocorporel. La psychomotricienne pourrait également avoir une connaissance plus fine des interactions précoces mère-bébé, dont l'importance dans la construction identitaire et psychomotrice est prouvée, mais également concernant la place du père dans le processus de séparation entre la mère et l'enfant. La psychomotricienne est, quant à elle, informée de la situation familiale de l'enfant lors des réunions de synthèse. 11 d. Ma place de stagiaire Au sein de l'institution La psychomotricienne de l'institution accueille chaque année un étudiant de troisième année de psychomotricité en stage long. La présence d'un stagiaire est donc habituelle et acceptée par toute l'équipe. Celle-ci s'est montrée très disponible pour répondre à mes questionnements au sujet de Sandro. La psychologue, l'assistante sociale et la pédopsychiatre ont ainsi pu me fournir de précieuses explications concernant la situation du garçon et leur compréhension de son fonctionnement. Cette année, je participe à toutes les prises en charge en psychomotricité se déroulant le mercredi. Je mène également un groupe "cirque" constitué de deux enfants, de la psychomotricienne et d'un soignant. La psychomotricienne et le soignant ont pour fonction de tenir le cadre en se posant comme figure d'autorité pour les enfants. Je m'occupe de l'élaboration du contenu de la séance et je mène la prise en charge. Je participe également aux prises de notes effectuées après chaque séance. Il s'agit d'un moment de restitution des observations et des impressions de chacun des soignants ayant participé à la séance, et un espace d'élaboration quant au fonctionnement psychocorporel du sujet. La confiance mutuelle, établie entre la psychomotricienne et moi, a stimulé mon implication dans ce stage. La psychomotricienne m'a laissée mener des bilans d'observation et des prises en charge en autonomie. Sa confiance m'a incitée à oser prendre les séances en main et à affirmer ma posture de thérapeute. Mon manque d'assurance et mon sentiment d'illégitimité à me positionner en tant que professionnelle ont été endigués par le crédit qu'elle m'a accordé. Réciproquement, la confiance en ma maître de stage m'a permise de ne jamais avoir face aux manifestations agressives des enfants. La psychomotricienne a su étayer mes besoins d'apports théoriques fondamentaux, souvent d'orientation psychanalytique, mais toujours en vue d'une compréhension psychomotrice du sujet. Elle m'a encouragée à analyser mon contre-transfert dans la relation au patient, et m'a ainsi intégrée totalement à la réflexion issue de la prise en charge. Son influence est grande quant au positionnement théorique exposé dans mon mémoire. Au sein de l'institution, j'ai senti ma place de stagiaire comme étant complètement intégrée au cadre institutionnel. L'accueil et la confiance qui m'ont été offerts, tant par la psychomotricienne que par l'équipe, m'ont permis d'acquérir une connaissance clinique et théorique de la pédopsychiatrie. J'ai pu découvrir les enjeux, les forces et les difficultés du travail institutionnel. Ce stage m'a également permis de développer mes capacités d'adaptation et ma lecture psychomotrice du sujet. Je regrette cependant de n'avoir pas pu assister aux réunions de synthèse traitant de l'évolution des patients, car je n'étais pas disponible. Ma place en tant que stagiaire a également eu son importance au cours de la prise en charge de Sandro. Ma place de stagiaire dans la prise en charge de Sandro De par mon âge et mon statut de stagiaire, mon rôle dans la prise en charge de Sandro a différé de celui de la psychomotricienne. J'ai représenté une figure d'attachement différente pour ce jeune garçon. La relation qui s'est tissée entre Sandro et moi a évolué au fil de l'année, mais a toujours été différente de celle qu'il entretenait avec sa psychomotricienne. Mon autorité n'avait pas les mêmes effets sur Sandro que celle de ma maître de stage. S'il n'a jamais vraiment bravé les règles que je lui posais, les limites auxquelles je le confrontais n'influençaient pas aussi facilement son fonctionnement. Cette différence peut également découler du manque de conviction avec lequel je me posais en figure d'autorité, du fait du sentiment d'illégitimité évoqué précédemment dans mon écrit. Par mon arrivée, j'ai instauré un tiers dans la relation entre le garçon et la psychomotricienne. Sandro l'a très bien accepté. Ce contexte a été 'occasion d'un travail autour de différentes situations relationnelles, figurées entre ma maître de stage et moi. Ainsi, nous avons parfois pu exagérer nos émotions lors de situations de compétition ou d'affects négatifs. Sandro avait alors une place d'observateur dont il a pu intégrer certains éléments. La place de stagiaire induit un investissement affectif différent de la part du patient. Du fait d'une autorité moindre, de ma présence ponctuelle et du statut moins décisionnaire, le sujet s'identifie différemment au stagiaire qu'au psychomotricien. Sandro a montré un comportement beaucoup plus adhésif envers moi qu'envers ma maître de stage. Ma présence limitée au mercredi a pu réactiver ses angoisses de séparation. C. Sandro a. L'anamnèse Sandro est né le 15 janvier 2008. Il a actuellement 9 ans. Depuis, le couple parental a connu des épisodes de violence conjugale et s'est séparé. Suite à des conduites d'addiction en présence de l'enfant, il est placé chez une assistante maternelle en avril 2015. Une ordonnance de placement provisoire, avec un droit de visite chez chacun de ses parents un week-end sur deux, est prononcée par le juge des enfants. Sandro est décrit à son assistante maternelle comme un enfant ayant de grands troubles du comportement à l'école et dans sa famille, avec des problèmes de sommeil. Il présente également des difficultés dans les apprentissages, notamment au niveau de la lecture. Avant son hospitalisation à temps complet, il était scolarisé en CE1 sans aménagement spécifique. Elle constate les troubles, et rapporte des phases anxieuses majeures liées à l'endormissement, des troubles du sommeil, et des épisodes hétéro et auto-agressifs importants. Elle relate l'angoisse que provoquent, chez Sandro, l'inactivité et le fait de rester seul. Il présente aussi une forte intolérance à la frustration et réagit à celle-ci par des crises d'agitation psychomotrice avec hétéro-agressivité. Sandro est alors décrit comme incontrôlable, et peut crier jusqu'à l'épuisement. Son assistante maternelle précise que ces troubles sont accentués après les week-ends familiaux du garçon. Devant l'importance des troubles de Sandro, son médecin cherche à lui faire intégrer un Centre Médico-Psychologique (CMP) pour un suivi psychologique et orthophonique. Cependant, aucun centre n'a de place disponible pour l'accueillir avant un an. Dans le même temps, son assistante maternelle a de plus en plus de difficultés à le gérer, et il perturbe fortement la vie quotidienne de la maison. L'importance des crises d'agitation et l'agressivité de Sandro l'inquiètent. Et elle contacte plusieurs fois le médecin en charge du suivi des enfants placés, jusqu'à être obligée d'appeler les pompiers pour l'aider à calmer le garçon. En juillet 2015, lors d'une crise particulièrement violente, Sandro est transféré à l'hôpital où il restera une semaine, pour troubles du comportement avec hétéro agressivité et agitation associés à des troubles du sommeil. Suite à cet épisode est décidé son premier séjour institutionnel, dans l'unité dont il fait partie aujourd'hui. L'indication est posée par le service de psychiatrie de l'hôpital qui l'a pris en charge précédemment. Il s'agit d'un séjour d'observation de trois semaines à visée diagnostique. Il est admis dans l'unité en janvier 2016. Un diagnostic de pathologie limite de l'enfance est posé. Des angoisses de séparation et d'abandon, un retard du développement affectif, des manifestations d'anxiété et des crises d'agitation avec auto et hétéro-agressivité sont les signes cliniques qui étayent le diagnostic. Un traitement médicamenteux est prescrit. Il s'agit du Tercian (neuroleptique), de la mélatonine et du Risperdal (anti-psychotique atypique) en cas de crise. À l'issue des trois semaines d'observation de Sandro, il retourne chez son assistante maternelle. Celle-ci constate une diminution des troubles du comportement, et un certain apaisement. Les parents du garçon soulignent également l'efficacité des médica . La prise en charge médicamenteuse prend une véritable fonction contenante pour Sandro. Un entretien de préadmission est réalisé en présence des deux parents du garçon. Ils semblent soulagés du mieux-être de leur enfant suite à son premier séjour dans l'unité. Ils donnent leur accord pour l'hospitalisation en séjour passerelle, pour une durée d'un an. L'admission de Sandro dans l'unité a lieu en avril 2016. Il est suivi en pédopsychiatrie, en psychologie et en psychomotricité. b. Le bilan psychomoteur L'évaluation psychomotrice "appréciera les capacités psychomotrices (coordinations, équilibre, motricité manuelle, écriture), les fonctions cognitives en lien avec la motricité intentionnelle (visuospatiales, attentionnelles, mnésiques et exécutives), la dominance latérale, les différentes dimensions du temps, les gnosies corporelles, la communication non 15 verbale et les manifestations toniques."9 Il vise à approfondir les questions autour de la construction psychocorporelle de l'enfant. Le bilan psychomoteur de Sandro est effectué lors de son premier séjour d'observation, en janvier 2016. Je n'avais pas encore commencé mon stage dans l'institution. Il a été possible de proposer un bilan dirigé à Sandro, malgré son intérêt pour les jouets présents dans la salle. Celui-ci a été réalisé sur deux séances, en présence de la psychomotricienne et d'un soignant. Sandro a montré beaucoup de plaisir à participer à ces temps individuels. Il a répondu aux consignes sans montrer d'opposition, en voulant bien faire. Un temps libre a tout de même été aménagé à la fin des deux séances de bilan. Je n'ai pas tous les résultats cotés des tests, mais les informations qualitatives observées lors des épreuves indiquent bien les capacités globales de Sandro. ● Équilibre statique et contrôle postural : Les épreuves d'équilibre statique et de contrôle postural montrent une tonicité importante qui le déstabilise, et l'empêchent de trouver l'équilibre directement. Après une démonstration et des encouragements, Sandro s'apaise et peut répondre aux consignes. ● Équilibre dynamique : L'équilibre dynamique, les coordinations et la motricité globale sont de bonne qualité et correspondent à sa classe d'âge. Les épreuves de motricité fine lui posent plus de difficultés, en particulier le graphisme. ● Latéralité : La latéralité manuelle et pédestre de Sandro est fixée à gauche, sa latéralité visuelle à droite. La connaissance droite-gauche n'est pas acquise. ● Schéma corporel et image du corps : Ses somatognosies correspondent à celles d'un enfant de 5 ans. Cependant, le dessin du bonhomme est très pauvre et correspond au niveau d'un enfant de trois ans. Le bonhomme est représenté au milieu de la feuille, mais il est peu investi. Le corps est en bâtons, et il y a très peu de détails au niveau du visage. ● Le tonus : Le tonus de fond de Sandro est assez élevé, et il est en mouvement constant dans une hypertonie de forme importante lorsqu'il est seul. Puis il s'effondre et vient chercher l'adulte comme pour soutenir son axialité. c. Le projet thérapeut ique Une prise en charge en balnéothérapie est indiquée afin d'effectuer un travail autour des enveloppes et de l'assise corporelles de Sandro, pour qu'il puisse consolider son ancrage 17 corporel face aux émotions souvent déstabilisantes pour lui. La prise en charge individuelle a lieu à raison d'une séance de 45 minutes environ par semaine. Il s'agit de proposer à Sandro un espace où il pourra repasser par les phases du développement psychomoteur infantile, afin de consolider ses intégrations précoces très fragiles. J'ai eu également la possibilité d'observer, d'encadrer et de proposer des animations à Sandro et aux enfants de l'unité une partie de l'après-midi, n'ayant pas de prise en charge à ce moment-là de la journée. Ces temps groupaux m'ont permis d'apprécier l'évolution relationnelle et comportementale de Sandro au cours de l'année. Une mise en relation intéressante peut être pensée entre son évolution en séance de psychomotricité et au sein du groupe institutionnel. Le projet éducatif mis en place au niveau institutionnel visait initialement à un apaisement comportemental de Sandro grâce à la contenance et au cadre assurés dans l'unité. Suite aux progrès manifestes de Sandro au niveau de la régulation tonicoémotionnelle, le projet s'est orienté vers un soutien à la subjectivation du garçon, à l'émergence du "Je". Enfin, la fin de son hospitalisation s'axe autour des questions d'autonomisation. Sandro va désormais aller déjeuner au self de l'institution, hors de l'unité, avec un soignant. Le projet éducatif est sous-tendu par une réflexion psychopathologique de l'enfant. En psychomotricité, la balnéothérapie constitue un moyen de consolider l'enveloppe psychocorporelle de Sandro, et de le soutenir dans l'acquisition des capacités de régulation tonico-émotionnelle et des distances relationnelles. Ses problématiques sont imbriquées et interdépendantes, d'où la nécessité d'une prise en charge globale. Sandro a ainsi pu expérimenter, au cours de sa prise en charge, la solidité et la contenance de son propre corps, seul ou lors de propositions groupales. Son évolution a été, à chaque moment, soutenue par la triple enveloppe offerte par l'eau, la relation avec la psychomotricienne et moi, et le cadre. Le déroulement type des séances en balnéothérapie Les séances de balnéothérapie avec Sandro sont assez ritualisées. La psychomotricienne ou moi-même allons prévenir et chercher Sandro pour aller à la piscine, qui se trouve hors de 18 l'unité, mais très proche géographiquement. Il a généralement déjà préparé de manière autonome ses affaires pour la balnéothérapie, et nous partons directement. Puis nous arrivons à la piscine, et chacun de nous se change dans les cabines du vestiaire. Les règles y sont bien établies, Sandro se prépare seul, et nous attendons que chacun de nous soit prêt avant d'aller dans l'espace des douches. C'est un temps de retrouvailles et d'échange autour du déroulement de la semaine ou de l'état corporel de Sandro. Une fois douchés, nous entamons les jeux et les diverses propositions dans le bassin. Les règles y sont claires et plutôt bien intégrées par Sandro, bien qu'il cherche parfois à entamer le cadre. Il s'agit surtout de règles visant à éviter les comportements de mise en danger : il ne faut pas courir, ne pas sauter du rebord du bassin, respecter chacun et ne pas se blesser ou blesser l'autre. Le matériel disponible en balnéothérapie consiste en des tapis, des structures flottantes, six bâtons lestés de couleur et numérotés, des pistolets à eau, une poupée, un ballon, des cerceaux, des bracelets lestés, des seaux et des arrosoirs. Sandro peut utiliser tout ce qu'il veut, et la psychomotricienne et moi suivons généralement ses propositions. Cela donne une indication sur ses besoins du jour, son état psychocorporel. Il accepte sans difficulté nos apports dans le jeu, qu'il s'agisse de nouvelles règles ou de nouvelles idées pour faire évoluer sa proposition, ou pour axer le travail thérapeutique sur une notion particulière. À la fin de ce temps de jeu, nous rangeons, allons nous doucher, et retournons aux vestiaires pour nous rhabiller. Ce temps est assez ritualisé, Sandro se douche en autonomie, puis la psychomotricienne le sèche un moment de grande contenance, durant lequel il se laisse généralement aller à une grande détente. Les discussions sont alors souvent axées sur les ressentis et les émotions qui traversent le garçon. Il y aborde des sujets, ou nous raconte des histoires, qui parlent de ses angoisses et des sentiments qui l'habitent. Il se rhabille de manière autonome, n'oublie jamais de mettre de la crème hydratante, se parfume parfois. Une fois que chacun de nous est prêt, nous rentrons sur l'unité. Le début de la prise en charge en balnéothérapie La prise en charge de Sandro en balnéothérapie a débuté le 1er juin 2016, peu après son arrivée en séjour passerelle. Sandro a rapidement investi cette séance individuelle. Il a pu proposer des jeux à deux ou à trois, toujours en mouvement et à distance. Lorsqu'il se rapprochait, il pouvait avoir des mouvements d'agrippement. Les fins de séance étaient propices à des propositions de holding et de portage. Cependant elles étaient un peu difficiles pour Sandro qui avait besoin d'un étayage important. Il ne pouvait nommer les émotions qui le traversaient. Après un mois de prise en charge, l'inquiétude de Sandro s'est atténuée et il a pu investir ce moment de détente. Le départ de la stagiaire en juillet a provoqué un effondrement important chez Sandro. La contenance proposée en balnéothérapie lui a permis d'aborder sa vie émotionnelle sans agitation. Cependant, l'absence de tiers ne l'a pas désorganisé, il a gardé des repères et la prise en charge s'est poursuivie jusqu'aux vacances d'été, en août. J'intègre la prise en charge en septembre 2016, lors de la 8e séance de balnéothérapie. d . La rencontre Je rencontre Sandro en septembre 2016, lors de mon premier jour de stage. Après m'avoir montrée les locaux de l'institution, ma maître de stage m'a présentée aux enfants en leur expliquant mon statut de stagiaire, et en les prévenant que j'allais les suivre lors de ses prises en charge. Je me souviens avoir été surprise par les réactions quelque peu intrusives de certains enfants, qui, me voyant pour la première fois, vinrent faire ma connaissance en se réfugiant directement dans mes bras. Tous les enfants ayant eu ce comportement souffraient d'un trouble du spectre autistique, sauf Sandro. Son contact était différent de celui des autres enfants (dont les contacts me firent me sentir un peu objectalisée, car dénuées d'intentions relationnelles). Lui me regardait tout en me serrant dans ses bras, me demandant mon prénom et si j'allais participer aux séances de balnéothérapie. Il n'avait aucune appréhension, et son attitude très enfantine semblait marquer un besoin d'être accepté et reconnu par moi. Je n'aurais pas pu deviner son âge, malgré sa taille et son physique qui correspondent à sa tranche d'âge, tant son comportement était celui d'un jeune enfant. Après avoir répondu à ses questions, je dus un peu forcer la rupture du contact pour pouvoir repartir. Il me laissa pleine d'interrogations, prémices d'un questionnement sur ses modalités relationnelles dont ce mémoire fait notamment état. Que venait-il chercher dans ce contact, S'équilibrer au-dessus du vide, Mémoire de Diplôme d'Etat de psychomotricité, UMPC, 2017 20 avant même de me connaître? Quelle conscience des distances relationnelles d'usage avaitil? Comment lui répondre et quelle attitude adopter? Je me trouvais pour la première fois dans une posture délicate où la crainte qu'il ne se sente rejeté se heurtait à mon sentiment personnel d'intrusion. J'ai revécu cette situation nombre de fois tout au long de mon suivi de cet enfant, me demandant sans cesse quelle était la réponse adaptée à lui donner. L'émergence de ma posture thérapeutique au cours de l'année m'a aidée à trouver des réponses et des solutions à ce questionnement. La première partie de ce mémoire nous montre la cohérence du projet de soin établi pour Sandro. L'institution s'inscrit historiquement dans une dynamique de soin global, appuyé par une réflexion pluridisciplinaire aboutissant à l'élaboration du projet de soin individualisé. L'intégration de l'enfant s'effectue après une observation permettant de cerner au mieux ses besoins. Les multiples temps de réflexion interdisciplinaire permettent à l'équipe de l'unité d'assurer la cohérence dans la prise en charge du sujet. La psychomotricité s'inscrit dans cette dynamique de considération du sujet dans sa globalité. Si le métier de psychomotricien peut s'exercer de plusieurs manières selon les institutions et les besoins du sujet, dans le cadre de la prise en charge de Sandro, c'est une thérapie psychomotrice qui est engagée. La spécificité du psychomotricien place la relation et l'approche corporelle des troubles psychiques au coeur de sa pratique. Mon intégration dans le projet de soin de Sandro soutient ce travail relationnel et d'engagement corporel. L'anamnèse du garçon révèle la nécessité d'un étayage constant pour garantir son intégrité corporopsychique. Son histoire de vie est marquée par des ruptures, à l'image de son enveloppe psychocorporelle. L'intégration d'un internat thérapeutique pour un séjour longue durée lui assure une première expérience de continuité. Le bilan psychomoteur de Sandro témoigne de ce vécu de discontinuité, révélé par la défaillance de l'enveloppe, de l'image du corps, des capacités d'ancrage et de régulation tonico-émotionnelle. Le projet thérapeutique mis en place en psychomotricité vise à offrir à Sandro l'expérience d'une continuité, tant corporelle que relationnelle, afin d'apaiser ses angoisses. A. Description de S andro Sandro est un garçon aux cheveux châtains clairs, au sourire malicieux et aux yeux pétillants. Il est de taille et de corpulence moyennes pour ses 9 ans. Il est vif et parle rapidement, parfois ses mots se mélangent et il devient difficile de le comprendre. Il est à l'aise au niveau moteur, mais son rythme rapide le pousse parfois à la précipitation et au déséquilibre. Fan de rap français et de super-héros, dont ses vêtements arborent souvent les images, il apprécie également le football et partir à la pêche avec son père. Il investit beaucoup l'école et il est fier de montrer ses progrès scolaires à son entourage. Il est attentif aux allées et venues de chacun, surtout à ceux des adultes, qu'il accueille toujours par un sourire ou un petit mot, et souvent par un câlin. Il s'épanouit dans les relations duelles avec les adultes, et peut se montrer très jaloux des autres enfants bénéficiant d'une attention particulière de la part des soignants. Il est sociable et avenant, cependant, lorsqu'un évènement le déroute, le frustre, ou l'angoisse, il peut se montrer soudainement très agressif physiquement et verbalement. Sa fragilité narcissique l'amène souvent sur un versant relationnel conflictuel avec ses pairs. Il s'avère alors très difficile de le raisonner, et la contention physique s'impose souvent pour le protéger et pour protéger les autres. "Chez le patient état limite, l'agir est fulgurant, et consiste en un déclenchement d'une séquence motrice ou gestuelle qui constitue un moyen de rompre avec la confrontation à des représentations psychiques intolérables."10 aillante dans sa fonction de contenance et de pare-excitation. Ses difficultés de régulation tonique et d'ancrage témoignent d'une enveloppe dont la construction fragile ne lui permet pas d'accéder à un sentiment de sécurité interne suffisant pour supporter ses émotions. L'élaboration de ses affects, notamment dépressifs, est entravée par un clivage psychique. Insuffisamment contenu par son enveloppe psychocorporelle, Sandro est perméable à son environnement, et dépendant de celui-ci pour assurer sa sécurité affective. Cette description rapide de la complexité du fonctionnement du garçon correspond à la symptomatologie d'une pathologie limite de l'enfance. B. La pathologie limite de l'enfance : l'angoisse du vide L'étude de la pathologie limite se heurte aux différences profondes des approches cliniques de la maladie. R. Pirard dit "On ne peut manquer d'être frappé par la disjonction qui va grandissant dans le champ de l'intervention clinique entre, d'une part, le modèle médical d'une traque des symptômes dans l'espoir hygiéniste de les réduire () et, d'autre part, l'éthique analytique d'un repérage sur les symptômes pour les restituer à un sujet qui s'en trouve délogé ()."11 La place donnée au symptôme diffère, et influe sur la compréhension du fonctionnement du sujet. a. Sémiologie et étiologie de la pathologie limite de l'enfance La CFTMEA tente de renseigner l'organisation psychopathologique du sujet, les risques évolutifs et les indications thérapeutiques. Cette classification est "Centrée sur la pédopsychiatrie, elle est la seule à affirmer la spécificité de la psychopathologie infantile, intimement liée à cette période de la vie, où le développement, les caractéristiques individuelles et le contexte environnemental revêtent une importance particulière."12 Il s'agit de la classification de référence lorsque l'on étudie les pathologies limites de l'enfance. Ma présentation est principalement influencée par une compréhension psychodynamique de la pathologie limite. Ce modèle a été celui qui m'a paru le plus parlant au regard de mon expérience clinique de cette pathologie. Devant la diversité symptomatique des tableaux cliniques de la pathologie limite de l'enfance, R. Misès s'attache à "dégager les 11 La clinique Lacanienne, n°6, 2003, Erès 12 COINCON Y., 2013 23 mécanismes psychopathologiques de façon à fixer prioritairement les critères différentiels visà-vis des organisations névrotiques et psychotiques."13 L'approche globale du sujet proposée par R. Misès m'a parue intéressante afin d'établir clairement la spécificité du fonctionnement limite. J'ai également cherché à illustrer mon propos en m'appuyant sur des auteurs psychomotriciens, pour affiner la lecture psychocorporelle de la pathologie. La pathologie limite de l'enfance est une organisation psychopathologique située sur un troisième axe, entre la névrose et la psychose. "De préférence à celui d'"état limite", bien individualisé en psychiatrie générale, le terme de pathologie limite a été retenu pour l'enfance afin de souligner les potentialités évolu plus diversifiées des troubles du jeune âge, leur pronostic plus favorable (); on marquera aussi l'influence qu'exerce l'adolescence, notamment les risques de fixation ou de rupture qu'elle inclut."14 Marie Dessons insiste sur l'étroitesse de la frontière entre la pathologie limite et la psychose ou la névrose. La pathologie limite s'approche de la psychose de par des angoisses archaïques massives, entraînant un vécu corporel chaotique.15 Les assises narcissiques et la construction identitaire fragiles du sujet limite sont également des facteurs communs à l'organisation psychopathologique psychotique. La pathologie limite se rapproche de la névrose avec certains symptômes d'allure phobique, hypocondriaque ou obsessionnelle.16 Cliniquement, les symptômes de la pathologie limite de l'enfance apparaissent peu spécifiques chez l'enfant. Les signes d'excès de tension interne, sur un versant d'instabilité ou d'inhibition et l'intolérance à la frustration peuvent cacher les problématiques profondes de l'enfant. Initialement, le sujet est parfois amené à consulter un spécialiste pour des troubles d'ordre somatique ou des retards de développement. Concernant l'étiologie de la pathologie, plusieurs facteurs sont en cause dans l'émergence d'un fonctionnement psychopathologique de type limite. Une place prépondérante est accordée aux distorsions des relations précoces et aux conditions d'environnement. Une dysfonction neurologique périnatale est également évoquée par R. Misès.17 D. Anzieu évoque la pathologie limite comme étant une souffrance consécutive à la difficulté d'établir des limites stables et sécurisantes au sein de la société actuelle. 18 13 MISÈS R. 1985, p.1347 Ibid, p.1348 15 BOUTINAUD J., 2016 16 ANDRE P., BENAVIDES T., GIROMINI F., 2004 17 MISES R., 1985 18 ANZIEU D., 1995 14 24 Les angoisses Dans la pathologie limite, les angoisses dépressives, de perte d'objet et de séparation prédominent sur les angoisses psychotiques de morcellement et d'anéantissement. L'angoisse d'abandon est prépondérante, liée à une position dépressive inélaborable, et s'associe à une forte fragilité narcissique. Les troubles du comportement s'imposent comme une défense maniaque luttant contre les éléments dépressifs. Le défaut d'élaboration de la position dépressive est lié à la défaillance de l'étayage maternelle. Du côté de la mère19, l'autonomisation de l'enfant est une menace narcissique. Il peut en découler une relation d'emprise narcissique empêchant l'enfant d'accéder à une identité propre. Pour l'enfant, qui a reconnu sa mère comme un objet entier, la peur de l'endommager par des mouvements pulsionnels contradictoires produit une angoisse de perte. De part et d'autre de la relation, vulnérabilité à la perte de l'objet devient une problématique centrale. L'enfant ne peut intégrer les angoisses de séparation ni dépasser le conflit d'ambivalence. L'ambivalence est la "présence simultanée dans la relation à un même objet, de tendances, d'attitudes et de sentiments opposés ()" 20 Il lui est dès lors difficile d'acquérir les capacités suffisantes à la résolution de ses conflits internes et au contrôle de son agressivité. Ses difficultés de symbolisation peuvent le mener à recourir à l'externalisation du conflit, c'est à dire agir ses conflits internes sur la scène extérieure pour pouvoir les identifier.21 Le mécanisme de défense principal à l'oeuvre dans la pathologie limite est le clivage. Le clivage permet un fonctionnement en faux-self, maintenant côte à côte des positions contradictoires en protégeant le sujet de conflits internes. Le 4 janvier 2017, séance n°20 : Sandro est pressé en entrant dans la piscine. Dans le bassin, il saute en arrière assez violemment, et fait beaucoup d'allers-retours sous l'eau. Il cherche les limites de la piscine. La psychomotricienne sort un tapis, et Sandro s'allonge dessus en décubitus ventral. La psychomotricienne se place à une extrémité du bassin et je me positionne à l'opposé. Chacune de nous accueille Sandro lorsqu'il arrive à proximité, fait pivoter le tapis vers l'autre personne et le pousse doucement pour qu'il la rejoigne. Sandro fait ainsi la navette entre nous deux pendant plusieurs minutes. Il ne cherche pas à nager pour accélérer la vitesse du tapis. Il semble sécure et peut attendre de rejoindre, avec beaucoup de plaisir, la personne qui l'accueille. Il va ensuite chercher un ballon et propose que l'on fasse un taureau. Il s'agit d'un jeu au cours duquel deux personnes se passent un ballon pendant qu'une troisième tente de l'intercepter au milieu. Sandro se montre très compétiteur, et n'hésite pas à faire preuve de force pour récupérer la balle, mais il n'y a aucun débordement. Les voyages qu'effectue Sandro entre la psychomotricienne et moi travaillent le lien et la séparation. Il ne semble pas angoissé de quitter l'une de nous, car il sait qu'il sera accueilli par l'autre. Le lien n'est pas rompu, il retrouve la première personne après avoir rencontré la deuxième, et inversement. Il s'agit d'expérimenter dans un cadre contenant la persistance du lien malgré la distance. Cette scène me renvoie l'image d'un jeune enfant qui, au début de LEFÈVRE A., 2012 WINNICOTT D.W., 1958, son apprentissage de la marche, fait des allers-retours entre ses parents. La sécurité affective dans la relation thérapeutique semble lui permettre d'oser la séparation, de partir seul en restant calme et sécure. L'aspect symbolique du jeu est intéressant, en ce sens que la personne qui l'accueille l'a d'abord attendu. Pour ce petit garçon qui ne cesse de désirer la présence de l'autre, sentir que sa présence est attendue peut avoir un effet renarcissisant. Le jeu du taureau contraste avec la proposition des voyages. Ce jeu très moteur permet au garçon d'expérimenter de façon ludique le lien à distance dans une posture active. On aurait pu craindre que l'excitation et les émotions provoquées par le jeu le désorganisent et qu'il vienne s'agripper à nous pour calmer l'angoisse. Ce ne fut pas le cas. Dans ce jeu, Sandro supporte très bien de rester à distance, et peut également investir les différents rôles sans problème. Cette séquence illustre le travail psychomoteur pouvant être effectué autour des angoisses. Il s'agit d'offrir à Sandro un lieu d'expérimentation de situations possiblement angoissantes pour lui au niveau affectif. La contenance la relation, de l'eau et du cadre permettent au garçon de ne pas vivre l'expérience comme un danger, mais de l'exploiter comme un moyen d'intégration. L'apaisement des angoisses permettrait-il l'émergence d'un fonctionnement relationnel plus indépendant, avec une incidence directe sur les troubles du comportement? La relation Les placements ou les séparations à répétition peuvent être des facteurs participant à l'émergence d'une pathologie limite chez l'enfant. Les défauts d'étayage liés à un trouble de la relation mère-bébé relèvent de défauts d'ajustement lors des périodes où l'enfant a besoin d'une adaptation fine de la mère.
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L"opinion des chirurgiens exerçant en Lorraine concernant la consultation pré-anesthésique dclocaliséc a également été sondée. Il ressort de cette partie de l'enquête que plus de 40% des chirurgiens lorrains estiment que certains actes relevant de leur spécialité exigent que la consultation pré-anesthésique soit réalisée par J'équipe danesthésic exerçant dans Je même établissement. lis sont plus (hm sur dix ù déclarer être prêt ù s'opposer ou s'être déjà opposés à la réalisation d'une consultation pré-anesthésique délocalisée. Cc fait permet de constater J'importance donnée par de nombreux chirurgiens à la relation de confiance particulière établie avec l'équipe danesthésic partenaire. Cependant, il nous semble que la délocalisation de la consultation pré-anesthésique est une procédure intéressant avant tout le patient et les 130 professionnels de l'anesthésie mieux ~1 même que quiconque de juger de l'opportunité de sa réalisation. Il est intéressant de remarquer que plus de 15% des chirurgiens interrogés disent être « dér.mgés » par le fait que les médecins anesthésistes exerçant dans le même établissement réalisent des consultations pré-anesthésiques pour des patients pris en charge établissements. l.'nspcct chronophage de cette pratique. ~1U d~1I1s d'autres détriment de leur propre patientèle. est systématiquement avancé par les chirurgiens qui y sont opposés. VI.4. Le réseau de consultations pré-anesthésiCJues déloGllisées de Lorraine. VI A.I. Adhésion. La proportion de médecins adhérant au réseau de consultation pré-anesthésique lorrain est de 50% environ. Excepté les Vosges (où le nombre de médecins ayant répondu ~1 l'enquête est trop faible pour être significatif} c'est en M the-et-Moselle que les médecins anesthésistes adhérents sont le moins nombreux. Cette différence (quoique statistiquement non significative) peut probablement s'expliquer pm le plus bible intérêt manifesté pm ceux qui sont le plus rarement confrontés il cette situation en consultation pré-anesthésique (la Meurthe-et-Moselle est le département lorrain où les médecins anesthésistes déclarent pratiquer le moins de consultations pré-anesthésiques délocalisées). Il n'existe. en revanche. IX1S de différence en fonction du statut de l'établissement d'exercice. VI.4.2.Réalisation pratique de la consultation. Un dossier de consultation spécifique a été mis au point en 2001. Sa mise en circulation avait pour objecti f de « standardiser» la consultation pré -anesthésique délocalisée effectuée dans le cadre du réseau. L" enquête réalisée a permis de noter la faible utilisation de celui-ci par les médecins consultants. L'habitude d'utiliser un dossier différent est le motif le plus fréquemment avancé pm les médecins anesthésistes interrogés. Près d'un médecin anesthésiste sur deux ne possède pas ou plus cc document dans ses locaux de consultation ct près d'un sur cinq n'avait tout simplement pas connaissance cie son existence. Constatant cela, il nous paraît souhaitable de relancer une « campagne de promotion» cie cet outil de qualité ]3J afin d'en accroître la fréquence d'utilisation. :\u vu du faible nombre de médecins anesthésistes justifiant sa non utilisation par son caractère non fonctionnel. il ne semble pas utile d'y apporter de modification particulière. Bien que lutilisation du dossier utilisé habituellement dans létablisscment de consultation soit parfaitement possible, lutilisation (hm outil commun peut être un facteur de qualité au sein (l'un réseau organisé et. de cc fait. nOlIS semble préférable. VI.4.J. Transmission de I"infornwtion. L'un des enjeux majeurs de lorganisation d'un réseau de consultations pré-anesthésiques délocalisées est de favoriser la transmission optimale des conclusions de la consultation. Les critères principaux témoignant de la qualité de cette transmission sont lexhaustivité des informations et le delai entre la prise de connaissance pm lcquipe d'anesthésie de ces informations ct la date prévue de l'intervention. li nous semble judicieux que les données de la consultation pré-anesthésique soient transmises Ù léquipe danesthésic de l'établissement où se déroulera lintcrvcntion plusieurs jours avant la date programmée de lintervention. C'est le cas clans un tiers des cas environs, daprès les resultats de l'enquête menée auprès des médecins anesthésistes. Dans deux tiers des cas, le dossier de consultation est transmis par lcntrcmise du patient ct donc découvert pm l'nncsthésiste lors de la visite pré-anesthésique. Les principes de fonctionnement du réseau, édictés par l'Institut Lorrain dAncsthésic-Réanimation transmission privilégié et stipulent que celle-ci est effectuée n'imposent aucun Il mode de soit P'!!' les soins du patient, soit par courrier ». Cependant. les recommandations émises par la SFAR précisent que Je « le dossier danesthésie (, ) doit être transmis dans les meilleurs délois cl I*équipe de médecins anesthésistes qui réalisera lanesthésie » [9J. Nous fondant sur cette recommandation émanant de notre société savante, il nous semble licite d'encourager plus explicitement, par une modification écrite des principes de fonctionnement du réseau, une transmission par courrier systématique des conclusions de III consultation. Moins d'un médecin anesthésiste sur dix déclare contacter systématiquement l'équipe d'anesthésie pm téléphone au cours de la consultation. Cette pratique, Jouable, ne peut être exigée systématiquement mais parait incontournable « en cos de dilfÎcullés (. ) pour mettre au point 1I11e stratégie concertée )) comme indiqué dans les principes de fonctionnement du réseau lorrain. Cette recommandation est parfaitement conforme avec celle de III SFAR, pour qui « 10111 risque particulier doit être signalé etfaire l'objet cl'une discussion )) [9]. 132 L 'information destin ée ù J 'équipe d'anesthésie qui prendra en charge le patient au cours de l'intervention doit également provenir de l'opérateur lui-même. A cc propos, un tiers des op érateur s interrogés déclare ne pas contacter systématiquement l'équipe d'anesthésie exerçant dans le même établissement avant d'adresser le patient en consultation préanesthésique Pourtant dé localisé c. l'information préalable systématique cie l'équipe d'anesthésie est absolument indispensable afin d'obtenir son accord explicite. Cet accord ne peut être automatique ou tacite ct il est de la responsabilité de l'équipe d'anesthésie de poser une éventuelle contre-indication ù la délocalisation proposée (arguments relatifs aux caractéristiques de la chirurgie programmée et/ou aux antécédents du patient rapportés par le chirurgien). Une telle modification des pratiques impose un effort d'information ù l'adresse des chirurgiens, peut-être de la part des promoteurs du réseau (l'Institut Lorrain d'Anesthésie- Réanimation), certainement de la part des différentes equipes dnncsthésie concernées. Le premier principe exigé p:lr le Comité Vie Professionnelle de la SfAR en vue de la réalisation d'une consultation pré-anesthésique délocaliséc est en effet que (( léquipe d 'oncsthésie qui prendra en charge le patient pour 1'intervention prévue doit en être informee el avoir donné son accord » [9]. Il convient ici de rappeler la responsabilité de chacun des acteurs de cette procédure de délégation. Si l'équipe d'anesthésie est entièrement responsable de ses décisions concernant la période peropératoire et postopératoire, le médecin anesthésiste consultant est. pour sa part, seul responsable de l'acte médical que représente la consultation. Celle responsabilité partagée, fondée sur l'article 69 du Code de Déontologie médicale qui stipule que « l'exercice de la médecine est personnel: chaque médecin est responsable de ses décisions el de ses actes )) justifie pleinement l'accord préalable de chacune des parties II 6]. VI.4.4. OriQine du cmactère délocalisé de la consultation pré-anesthésique. La consultation pré-anesthésique implique quatre acteurs : le patient, l'opérateur. Je médecin anesthésiste consultant. interventionnelle. L'acteur l'équipe d'anesthésie chargée de la prise à en charge péri- l'origine du caractère délocalisé de la consultation peut être l'opérateur. le patient lui-même ou l'équipe d'anesthésie de l'établissement demandeur. Dans l'enquête que nous avons réalisée auprès (hm échantillon de patients, le chirurgien a proposé celle option dans plus de la moitié des cas. Dans un cas sur trois, le patient déclare avoir fait la demande spontanément. L'équipe d'anesthésie est donc j à l'origine de la demande dans 0% des cas seulement. Ces résultats concordent avec les réponses données pm les médecins 133 anesthésistes et les chirurgiens interrogés. Cependant la part des demandes spontanées du patient (plus cie 30%) paraît surestimée au regard de la très faible notoriété de cette pratique avouée par les patients eux-mêmes. En effet, 80% des patients du groupe « délocalisé » ct 90% des patients du groupe « standard» déclaraient ne pJS avoir connaissance de cette possibilité avant l'enquête. Ccci rend peu probable le fait qu'un patient sur trois demande spontanément à pouvoir bénéficier d'une pratique que la majorité d'entre eux semble Ignorer. Selon certains auteurs, la démarche ne saurait émaner directement de l'opérateur chirurgical ou intcrventionncl » [17] : selon eux, « la délégation de consultation pré-onesthésique ne peut évidemment s'initier et s'exercer qu 'entre médecins spécialistes de / 'anesthésie )) et (( c'est le patient qui doit être demandeur auprès de l'équipe d'anesthésie atrice )) Cette position, écartant l'opérateur du processus conduisant ù la délocalisation de la consultation, ne tient pas compte de la très faible notoriété de cette possibilité offerte au patient: ignorée par plus de 80% des patients, cette possibilité a peu de chances d'être sollicitée par des patients ù qui cette procédure rendrait pourtant un service certain. 11 nous semble du devoir du corps médical d'informer chaque patient scion les cas, de l'ensemble des alternatives de prise en charge les plus appropriées à la situation. f\ ce titre, l'opérateur doit savoir informer le patient de la possibilité éventuelle d'une consultation pré-anesthésique délocalisée et du fait que la décision finale, en cas d'accord du patient revient conjointement ù l'équipe d'anesthésie en charge de l'intervention et au médecin anesthésiste consultant. VIA.5. Avenir. Parmi les médecins anesthésistes non adhérents, plus de la moitié sc déclare prêt réseau. Ceci permet de conclure que 20% du total des médecins anesthésistes à aY~1I1t adhérer au répondu ù l'enquête ne souhaitent pas y participer. La proportion de médecins anesthésistes opposés ù cette pratique, révélée par l'enquête, étant de 10% environ, l'écart signifie qu'une proportion (faible mais non négligeable) de médecins anesthésistes pratiquant des consultations préanesthésiques délocalisées souhaite explicitement le faire hors réseau. Si l'enquête a permis de cerner un certain nombre cie motifs avancés par les opposants au principe même de la consultation pré-anesthésique délocalisée, elle n'a pas permis de comprendre les motivations de ceux qui acceptent de réaliser ce type de consultation mais refusent d'adhérer au réseau. Une campagne d'information menée auprès de l'ensemble des médecins anesthésistes trois 134 ans après la nuse en place du réseau de consultation pré-anesthésique semble tout a 1~1Ît justifiée. Interrogés sur leurs souhaits éventuels en cas d'intervention future. les patients émettent des désirs très différents selon leur connaissance ou non de cette pratique. Plus de neuf patients sur dix ayant déjà bénéficié cie cette pratique souhaitent pouvoir en bénéficier ;'1 nouveau à J'avenir. Ce résultat témoigne du très haut degré de satisfaction des patients à l'issue de cette procédure. En revanche, moins d'un patient sur quatre dans le groupe « standard » (n'ayant jamais bénéficié dune consultation pré-anesthésique délocaliséc) souhaite en bénéficier à J'avenir. Plus qu'une réelle hostilité à l'égard de cette pratique, la réticence exprimée semble refléter une méfiance légitime envers une procédure médicale inconnue. Il est très probable que proposée et expliquée directement pm un médecin (opérateur ou médecin anesthésiste), elle soit nettement nueux perçue et acceptée pm les patients qu'à la lecture dun courrier accompagnant un questionnaire. Ces mêmes patients, invités à exposer librement les inconvénients (supposés) qu'ils reprochent,\ la consultation pré-anesthésique délocaliséc expriment d'ailleurs peu de critiques à son encontre. VIA .6. [valuation du réseau. L'article L. 632 J -1 du Code de la Santé Publique précise les missions des réseaux de santé: « Les réseaux de continuité 011 santé ont pour objet de [avoriser l'accès ail soins. la coordination. 10 l'interdisciplinarité des prises en charge sanitaires. notamment de celles qui sont spécifiques cl certaines populations, pathologies 011 activités sanitaires r.,.). Ils procèdent cl des actions d'évaluation afin de garantir 10 qualité de leurs services et prestations. » La présente enquête est le premier travail d'évaluation du réseau récemment mis en place en janvier 2002. Des recommandations concernant J'évaluation des réseaux de santé ont été publiées en juillet 2004 pm l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (f\NAES) [18]. Comme le rappelle l'ANAES, l'évaluation des réseaux de santé constitue un préalable indispensable à leur accréditation, prévue pm la loi du 4 mars 2002. L'évaluation repose sur deux approches complémentaires: l'uutoévaluation et l'évaluation externe. Le document publié constitue une trame générale des éléments nécessaires à J'évaluation, en particulier à lautoévaluation. Le groupe de travail a retenu différents domaines d'évaluation 135 cl, dans chaque domaine, des items ont été retenus. L'évaluation de l'intégration des usagers el des professionnels dons le réseau, I'évnluation du [onctionnement du réseau, l'évaluation de la qualité de 10 prise en charge et l'évaluation économique ont ainsi été proposées. L' obj ecti f du travai 1 de l' /\N 1\ ES étai t cie proposer une série cie grilles cl' éval nations permettant d'aborder chaque chapitre du cadre d'évaluation. Un précédent document avait été rendu public pm l'AN;\ES en 1999 [12]. Ce dernier. plus complet, détaillait les principes d'évaluation des réseaux de santé ct proposait en particulier un cadre méthodologique général de l'évaluation des réseaux de santé en France. Participant d'une démarche qualité, l'évaluation est une action indispensable il la mise en route ct <1 la poursuite des activités d'un réseau de santé. A ce titre, l'Institut Lorrain dAnesthésie-Réanimntion, en utilisant les outils fournis par la Haute Autorité de santé remplaçant rANAES depuis août 2004 - a le devoir de s'engager clans une démarche régulière d'évaluation du réseau cie consultations pré-anesthésiques délocalisées quil a mis en place. VII Conclusion. 137 La consultation pré-anesthésique délocalisée permet vous de consultation pré-anesthésique ~l ~\ certains patients d'obtenir lm rendez- proximité de leur domicile. Un réseau de soins formalisant celte pratique a été mis en place en 2002 sous l'égide de l'Institut Lorrain d' Anesthésie-Réanimation. conformément aux « recommandations » de la Société Française d' Anesthesie-Réanimation [9]. Le travail d'évaluation du réseau lorrain présenté ici a permis de montrer que les consultations pré-anesthésiques délocalisces offrent un réel bénéfice pour les patients en terme de confort et de coût lié au déplacement. Il apparaît que la satisfaction des patients ayant bénéficié d'une consultation pré-anesthésique délocaliséc est excellente, comparable ~ celle des patients ayant bénéficié d'une consultation standard. Cette satisfaction a été évaluée sur plusieurs critères: satisfaction vis-à-vis de linformation délinée en consultation (relative d'anesthésie, à à ln technique l'analgésie postopératoire ct au déroulement général de lhospitalisation) ct degré danxiété préopératoire. Notre enquête n'a pas mis en évidence de dysfonctionnement majeur clans Je cadre cie celte pratique. Les améliorations qu'il paraît souhaitable d'apporter au réseau concernent principalement: le taux d'adhésion des médecins anesthésistes-réanimateurs, la communication entre l opérateur proposant la délocalisation de la consultation préanesthésique et l'équipe d'anesthésie, les conditions cie transmission des conclusions de la consultation pré-anesthésique, l'utilisation du dossier spécifique de consultation pré-anesthésique délocalisée. rengagement dune réflexion collégiale concernant la compatibilité entre anesthésie ambulatoire ct consultation pré-anesthésique délocalisée. II nous semble qu'une étude médico-économiquc évaluant précisément limpact financier cie cette pratique serait particulièrement intéressant. 138 VIII Bibliographie. 139 [IJ Ministère cles Affaires Sociales. cie la Santé et de 1<1 Ville. Décret n° 94-1050 du 5 décembre 1994 relatif aux conditions techniques de fonctionnement des établissements de santé en ce qui concerne la pratique cie lancsthésic et modifiant le Code de la Santé Publique (troisième partie: décrets). Journal Officiel de la République Française, 8 décembre 1994 : 17383-5. [2] de la Sécurité SOCi;11e. Circulaire n° 394 clu 30 ;1vri 1 ct 1974 relative ù la sécurité des malades anesthésiés. [3] Société française d'anesthésie ct de réanimation. Recommandations concernant la période pre-anesthésique. Septembre 1991. [4] Agence Nationale pour Développement le et l'Evaluation Médicale. Recommandations sur les examens préopératoires. Septembre 1992. [5] Rapport du Haut Comité de la Santé Publique. L'importance de la consultation préanesthésique. 17 novembre 1993. Cah Anesthésiol 1994 : 42 : 109-37. [6] concernant les relations entre anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens, autres spécialistes ou professionnels de santé. Conseil National de l'Ordre cles Médecins. ed. décembre 2001. [7J Blanc-Jouvan ]'v1, Mcrcaicllo A. Long D, Benoit i\IP. Khndraoui M, Némoz C. Gavdarova M. BoisseI.IP. Moskovtchenko.IF. Intérêt de la consultation d'anesthésie par rapport il la seule visite pré-anesthésique. Ann Fr Anesth Réanim 1999: 18 : 843-7 [8J Société Française dAnesthésie-Rèanimation (Comité Vic Professionnelle). La consultation d'anesthésie et la visite pré-anesthésique. Ann Fr Anesth Réanim 1997: 16:fi 27-8. [9] Lienhart A, Bricard 11. Les consultations pré-anesthésiques délocalisées ct consultations pré-anesthésiques pour anesthésies itératives et rapprochées. Ann Fr Anesth Réanim 200 J : 20 : fi 166-8 140 [10] Institut Lorrain cl'Anesthésie-Réanimation, Agence Régionale dl' l'Hospitalisation de Lorraine. Direction Régionale de l'Action Sanitaire ct Sociale. Pratique de j'anesthésie-réanimation dans les établissements de soins de la région lorraine. Activités 1993. [11] Institut Lorrain dAncsthésie-Réanimation. Agence Régionale de lHospitalisation de Lorraine. Direction Régionale de l'Action Sanitaire ct Sociale. Pratique de I'rmesthésic-réanimation dans les établissements de soins de la ré'gion lorraine. Activités 1997. 1121 Agence Nationale dAccréditation ct d'Evaluation en Santé. Principes dévaluation des réseaux de santé. Juin 1999.lillp://\v\Vw.'1I1<les.fr [13] Auroy Y, Laxcnaire t'lIe Clergue F. Péquignot F, Jougla E. Lienhart i\. L'anesthésie en France en 1996. Anesthésies selon les caractéristiques des patients. des établissements et de la procédure associée. Ann Fr Ancsth Ré,111im 1998 : 17 : 1311-6. [14] Asehoune K, Albaladejo P, Smail N, Heriche c. Sitbon P. Gueneron JP, Chaillolcau C, Benharnou D. Information ct anesthésie: que souhaite Je patient? Ann Fr Anesth Réanim 2000: 19 :577-81. [15] Albaladejo P. Mann C.!'\Ioine P, Panzani M. Ribcyrolles D. Lethellier P, Bernard 1. Duranteau J, Bcnhamou D. Impact d'une feuille d'information sur la satisfaction des patients en anesthésie. Ann Fr Anesth Réanirn 2000 : 19 : 242-8. [l6] Décret n° 95-1000 du 6 septembre 1995. NOUH.'<lU Code de déontologie médicale. [17] Fusciardi J. Consultations délocalisées et consultations pour anesthésies itératives et rapprochées. Journées thématiques de la SFAR, 23-24 septembre 2004. 2004 Elsevier SAS. [18] Agence Nationale dAccréditation et d'Evaluation en Santé. Réseaux de santé - Guide d'évaluation. Juillet 2004. http://ww\V.<lJ1(les.fr 141 IX Annexes. 142 suivants sont reproduits ci-après : Modèle de lettre de demande de consultation pré-anesthésique délocalisée. Modèle cie fax cie confirmation cie la réalisation cie la consultation pré-anesthésique demandée. Formulaire spécifique cie consultation pré-anesthésique délocaliséc conseillé pm l'I.L.AR EN TETE de L'ETABLISSEMENT Le /f CLINIQUE ou HOPITAL de : Téléphone: Fax: Email: Coordonnées du praticien demandeur: Dr:. Téléphone: Poste: Fax: Email : Mon cher confrère, En raison de ses difficultés particulières de déplacement , j'ai l'honneur de vous demander de pratiquer une consultation préanesthésique "délocalisée" chez mon patient Mr (nom) (prénom),pour qui j'ai programmé une intervention de (nature de l'intervention+ détails technique si nécessaire) à [a date du //. Voici les coordonnées du médecin anesthésiste référent de mon établissement que vous pourrez contacter si vous le jugez utile: Dr. téléphone: poste -, je vous remercie par avance de votre collaboration et vous adresse mes salutations confraternelles. Dr. signature: 19 CLINIQUE ou HOPITAL de: Téléphone: Fax: Email: Coordonnées du médecin Anesthésiste Réanimateur ayant réalisé la consultation pré anesthésique: Dr:. Téléphone: Poste: Fax: Mon cher confrère, Email: Le /f J'ai vu à votre demande en consultation préanesthésique délocalisée votre patient. Mr L'intervention prévue est :. Certains élément pouvant interférer avec la conduite de l'anesthésie ont été mis en évidence: NON [1 s'agit de :. our Des examens complémentaires ont été prescrits: OUI Il s'agit de : Une préparation à cette intervention est nécessaire: OUI Elle comprendra : NON. NON. En matière de risque anesthésique, le patient peut être classé ASA. : Le patient a reçu l'information sur: L'intervention pourra se réaliser à la date prévue: OUI NON le : 1 1 sous réserve qu'il n'y ait pas d'éléments nouveaux qui seraient détectés lors de la visite préanesthésique réalisée dans votre établissement. Le dossier de consultation préanesthésique et les résultats des examens complémentaires pratiqués: -seront confiés aux bons soins du patient - vous seront transmis par courrier (rayer la mention inutile) date: 1 1 Nom du Médecin Anesthésiste: Signature:. 20 CONSULTATlûN D'ANESTHESIE INTER-ETABLISSEMENT Médecin Anesthésiste consultant: Nom: Date de la consultation: Médecin traitant: Opérateur: Intervention prévue: Prénom: Age: Date de naissance: Taille: Poids: Date: Ambulatoire prévu: OUI 0 NON 0 ANTECEDENTS Anesthésiques et Chirurgicaux: Obstétricaux: Problèmes familiaux per-anesthésiques : OUI 0 NON 0 Détail: Antécédents Transfusionnels : OUI 0 NON 0 Date: Hémostase: Nombre critères majeurs positifs: Hygiène de vie: D Réponses fournies au questionnaire pré-anesthésique Page 2 Question 5 Nombre critères mineurs positifs: D Réponses fournies au questionnaire pré-anesthésique Page 2 Question 6 Prothèses : Lentilles Auditives o o Allergies PaceMaker 0 Valve cardiaque 0 Autres: Traitement: 23 ANTECEDENTS MEDICAUX: - CARDIO-VASCULAIRES: - THROMBO-EMBOLIQUES: - RESPIRATOIRES: - NEUROLOGIQUES: - URO-NEPHROLOGIQUES: - HEPATO-GASTRO-ENTEROLOGIQUES: - RHUMATISMAUX: - ENDOCRINIENS: - GYNECOLOGIQUES: - OPHTALMOLOGIQUES: - AUTRES: 24 EXAMEN CLINIQUE: T.A. : Auscultation: Cardio-vasculaire: F.C. : Respiratoire: Dyspnée 0 Cyanose 0 Oedèmes 0 Varices 0 Auscultation: Pouls Périphériques 0 Intubation: Mallampati Distance interincisive Distance thyromentonnière Mobilité cervicale (>35mm) (>65mm) Etat dentaire : Pivots: Prothèse: Autres: ClaSH 1 1Abord veineux • CI».« 2 ciass e J CI",. ~ Abord rachidien: Examens complémentaires (demandés en vue de l'anesthésie) : NON 0 OUI o -Biologiques: - Cardiologiques : - Respiratoires: - Autres: Informations patient: Classe 1 - Techniques d'anesthésie 0 - Stratégie et suivi transfu . 0 - Analgésie post-opératoire 0 - PCA 0 - Ambulatoire (Docwnentsjoint s ) 0 - Analgésie Obstétricale 0 Classe 2 Classe 3 Classe 4 Classe 5 Classe ASA Patient n'ayant pas d'autre affection que celle nécessitant l'acte chirurgical : pas de perturbation d'une zrande fonction Patient ayant une perturbation modérée d'une grande fonction en relationavec l'affection chirurgicaleou une autre affection Patient ayant une perturbation sévère d'une grande fonction en relationavec l'affection chirurgicaleou une autreaffection Patient courant un risque imminent du fait de l'atteinte d'une 1 grandefonction Patient moribond Conclusions de l'examen médica l et souhait du patient : ure: Date: Anesthésiste: Dr Autorisation d'anesthésie signée 0 oui Etiquette: o non ELEMENTS NOUVEAUX: - Cliniques: - Incidents particuliers depuis la dernière consultation: - Doléances particulières: CONTROLES Groupe sanguin : - Bilan biologique : RAI : 1ère déter. 2ème déter. Phénotype date: - Bilan cardiologique : - Divers (EFR RP) : - Modification du traitement en cours : - Pouls : - Tension artérielle: Température : Poids : - Aus culta tion cardio - pulmona ire : - Examen des points de p onction : * veineux : * abord loco-régional : PRESCRIPTIONS PRE-ANESTHESIQUES : - Examens supplémentaires:. - Prémédication et traitement: So ir : Matin: Heure: Heure: Technique d'anesthésie proposée: Consentement du patient : Elaboré par l'ILAR - 2000 26 vu NANCY, le 25 février 2005.
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URE DES IGRATIONS D epuis environ quinze ans, la Franche-Comté doit sa croissance démographique à une natalité toujours forte qui compense encore (mais pour combien de temps?) les pertes par migration vers d'autres régions. Toutefois, en Franche-Comté comme en France, on assiste progressivement à une diminution de la natalité et à une égalisation des comportements féconds. Les variations de population communale sont avant tout le résultat des migrations intercommunales. Beaucoup plus que le solde naturel, le solde migratoire est le filtre à travers lequel s'identifient les espaces dynamiques et les espaces en crise. Après plus d'un siècle d'exode rural et de natalité soutenue (encore visibles entre 1968 et 1975), nous assistons à une modification des comportements démographiques à l'échelle des communes. Nous les avons observés lors des quatre derniers recensements, au travers de l'étude des soldes, naturel et migratoire, en prenant garde de conserver une double lecture du phénomène. La mesure de l'évolution globale (perte ou gain de population), et l'importance relative de chacun des soldes dans cette évolution apparaissent sur la même carte. Au travers de l'étude des trois périodes intercensitaires 68-75, 75-82 et 82-90, il est possible de mesurer l'ampleur des mutations à l'oeuvre en Franche-Comté. 1968-1975 : une Franche-Comté à deux vitesses Durant la période intercensitaire 6875, la dualité entre rural et urbain est très forte en Franche-Comté comme en France. D'importants mouvements de population se dessinent ; plus de la moitié (57%) des communes de Franche-Comté perdent des habitants (types 5 à 8), et 61% enregistrent un solde migratoire négatif (types 4 et 7)! La quasi-totalité sont des communes rurales, de la Haute-Saône au Jura en passant par les plateaux du Doubs (types 4, 5, 6 et 7), le robinet des campagnes est ouvert en direction des agglomérations urbaines. Les communes dont le solde est positif sont soumises aux phénomènes d'urbanisation. De fait, si les auréoles de péri-urbanisation sont encore relativement restreintes, le mouvement est cependant visible autour de Besançon, Vesoul, Belfort et Montbéliard, et dans une moindre mesure à Lons-le-Saunier, Gray, Pontarlier et Champagnole. Ces communes croissent par arrivée plus que par solde naturel positif (type 2). Trois axes apparaissent à partir de Besançon, autour de la vallée du Doubs jusqu'à Montbéliard, en direction de Vesoul et enfin dans une moindre mesure vers l'ouest, jusqu'à Dole. Les centres de plus de 2 000 habitants qui enregistrent un gain de population par immigration sont essentiellement situés hors de l'aire urbaine Belfort-Montbéliard (types 2 et 3). Un double mouvement semble se dessiner, les habitants des campagnes migrant vers ces centres relais. La dualité est très nette entre une couronne péri-urbaine de 10 à 20 km autour de la ville selon sa taille, et le reste des communes rurales, au solde migratoire déficitaire. , Université de Franche-Comté 21 1975-1982 : une explosion des migrations internes La population stagne durant cette période (+0,18 %), or plus des deux tiers des communes enregistrent un solde migratoire positif entre 1975 et 1982! Mieux, elles sont 54% à devoir leur solde de population excédentaire aux migrations. Ce comportement n'est pas spécifique à la Franche-Comté, mais touche l'ensemble de l'espace français. La carte souligne la redistribution de la population au sein de l'espace comtois et la fin de l'opposition traditionnelle entre rural et urbain. Et alors que la moitié des com- 22 munes rurales françaises voient leur population augmenter durant cette période, en Franche-Comté leur part dépasse 60%. Un dynamisme migratoire semble se diffuser dans les banlieues et bien au-delà. En effet, outre les communes périurbaines dynamiques, les communes rurales éloignées des pôles urbains, au-delà d'une couronne de 20 à 30 km, enregistrent des soldes migratoires positifs. Seuls quelques secteurs subissent un déficit migratoire général (Jussey, Vitrey, l'ensemble des Vosges saônoises, le 23 plateau entre le Dessoubre et la frontière suisse, le Val de Mièges et la Petite Montagne). L'impression générale est celle d'un éparpillement des communes où la population croît par immigration malgré un solde naturel négatif (type 1), dans les campagnes haut-saônoises et jurassiennes. Ces flux migratoires ont pour origine les pôles urbains de la région, on constate en effet que le solde migratoire des centres de plus de 2 000 habitants est négatif (hormis Poligny et Héricourt). La perte de population par émigration vers les villes (y compris les petits pôles ruraux) et le gain par immigration vers les communes rurales environnantes semblent donc étro itement liés. 1982-1990 : des situations plus contrastées Cette période reste caractérisée par une croissance migratoire de plus de 60% des communes, confirmant la tendance 75-82 d'un flux migratoire au départ des villes, croissance dont bénéficient les campagnes, et conforme à celle relevée en France. Cependant le phénomène n'a plus la même ampleur ni les mêmes bases géographiques que pour la période précédente. Le solde migratoire de la totalité des principaux centres est négatif (types 4 et 5). Si certains compensent ce déficit par un solde naturel positif (type 4 comme Besançon, Pontarlier, Morteau), la plupart, malgré un solde naturel positif, ne parviennent pas à maintenir leur population (type 5 : Lons-le-Saunier, Saint-Claude, Champagnole, Dole, Gray, Vesoul, Lure, Luxeuil, Baume-les-Dames, Maîche, Héricourt, Montbéliard, Belfort). On peut, dès lors, se demander qui sont ces émigrants : des jeunes à la recherche de formation, des jeunes qualifiés en quête d'un emploi, des actifs? Les couronnes péri-urbaines, après s'être accrues spatialement entre 1975 et 1982, apparaissent moins homogènes entre 1982 et 1990. Hier, elles devaient leur accroissement aux arrivées plus qu'au solde naturel positif (type 2). Ce type n'est plus spécifiquement caractéristique du phénomène péri-urbain. Certaines communes croissent plus par solde naturel positif que par immigration (type 3) ; voire par solde naturel positif malgré des départs (type 4) ; certaines perdent même des habitants par émigration malgré un solde naturel positif (type 5). Le phénomène est très visible dans la couronne est de Besançon, autour de Montbéliard et de Lons-le-Saunier. Ces différences de comportement des couronnes périurbaines ont trois causes : – la dynamique propre de chaque pôle (par exemple, le Pays de Montbéliard qui est sous le coup des restructurations industrielles), – les contraintes physiques (difficultés d'accès à l'est de Besançon et Lons-le-Saunier par exemple), – le début de crise de croissance de ces couronnes. Ici, la population est encore jeune 20 ans après l'arrivée des premiers rurbains ; mais leurs enfants commencent à quitter ces villages encore peu pourvoyeurs d'emplois et relativement mal reliés aux centres d'emploi principaux, et qui,de plus ne disposent pas de petits logements adaptés. La péri-urbanisation est renforcée localement par la dynamique propre au phénomène frontalier, autour des principaux points de passage ; au sud de Pontarlier, autour de Morteau et à l'est de Delle (type 2). Le rural dit "profond" est toujours partagé entre des comportements divers. Des secteurs sont encore dans la spirale du déclin : Val de Mièges, Vosges saônoises, plateau de Pierrefontaine-les-Varans. Cependant, la tendance générale est orientée vers une diversification des situations, déjà observée entre 1975 et 1982, qui nuance une vision souvent négative de la démographie des campagnes franc-comtoises. Si toutes ces évolutions participent d'un même mouvement où les migrations prennent toujours plus d'ampleur, ce sont les centres urbains qui les organisent, jouant tantôt un rôle de distribution, tantôt un rôle d'attraction, dans tous les cas un rôle de polarisation. Les villes sont toujours pourvoyeuses de migrants (exode urbain) au profit des communes les plus proches. Mais à l'échelle locale, les comportements des communes sont très variables et dépendent d'un grand nombre de facteurs dont nous n'avons pas les clefs.
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Assyrian Merchants meet Nuclear Physicists: History of the Early Contributions from Social Sciences to Computer Science. The Case of Automatic Pattern Detection in Graphs (1950s-1970s)
Sébastien Plutniak
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Carrières d’algorithmes : la détection automatique de motifs dans des graphes (années 1950–1970). Contribution à l’histoire des premiers apports des sciences sociales à l’informatique Sébastien Plutniak Sébastien Plutniak To cite this version: Sébastien Plutniak. Carrières d’algorithmes : la détection automatique de motifs dans des graphes (an- nées 1950–1970). Contribution à l’histoire des premiers apports des sciences sociales à l’informatique. ARCS - Analyse de réseaux pour les sciences sociales / Network analysis for social sciences, 2024, Concepts and methods in network analysis, ￿10.46298/arcs.10756￿. ￿hal-03861335v3￿ Distributed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License Carrières d’algorithmes : la détection automatique de motifs dans des graphes (années 1950–1970). Contribution à l’histoire des premiers apports des sciences sociales à l’informatique Carrières d’algorithmes : la détection automatique de motifs dans des graphes (années 1950–1970). Contribution à l’histoire des premiers apports des sciences sociales à l’informatique Sébastien Plutniak CNRS, Citeres-LAT – umr 7324, Tours, France, sebastien.plutniak_at_cnrs.fr Cet article est une version traduite et révisée de : Plutniak, S. (2021). « Assyrian merchants meet nuclear physicists: History of the early contributions from social sciences to computer science. the case of automatic pattern detection in graphs (1950s–1970s) » (M. Verdicchio, Éd.). Interdisciplinary Science Reviews, 46(4). Com- puting in the World, 547-568. https://doi.org/10.1080/03080188.2021.1877502 HAL Id: hal-03861335 https://hal.science/hal-03861335v3 Submitted on 12 Apr 2024 L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. Distributed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License Plutniak, S., « Carrières d’algorithmes : la détection automatique de motifs dans des graphes (années 1950–1970). Contribution à l’histoire des premiers apports des sciences sociales à l’informatique », Arcs. Analyse de réseaux pour les sciences sociales, 2024, https://doi.org/10.46298/arcs.10756. Introduction Au cours des vingt dernières années, l’application de méthodes basées sur la théorie des graphes s’est largement diffusée dans de nombreux do- maines scientifiques, y compris les sciences humaines et sociales (SHS). Parmi les promoteurs les plus visibles de ces méthodes, certains physiciens et informaticiens sont allés jusqu’à revendiquer une « science des réseaux » en tant que domaine scientifique à part entière (Barabási, 2002; Lewis, 2009). Cependant, l’utilisation de graphes pour l’étude de « réseaux » et, plus généralement, le recours à des algorithmes sont loin d’être nouveaux en SHS, contrairement à ce que suggèrent les récits contemporains signalés ci-dessus, qui insistent sur la nouveauté de la « science des réseaux ». Les promoteurs de cette idée négligent les premières applications et le per- fectionnement des méthodes d’analyse de graphes développées par des chercheurs inscrits en SHS dès les années 1950. 95 Cet article traite de la manière dont ces premières applications ont été réalisées et des raisons pour lesquelles elles ont été oubliées ou rejetées. La détection de cliques, c’est-à-dire l’identification de sous-ensembles de nœuds tous connectés entre eux dans un graphe, illustre ces innovations algorithmiques précoces. Ce cas exemplaire est exploré à partir des recher- ches collectives animées par le français Jean-Claude Gardin (1925–2013), archéologue, linguiste et spécialiste de documentation. Cette étude prolonge les recherches récentes ayant souligné le rôle majeur joué par Gardin durant la seconde moitié du xxᵉsiècle en matière d’épistémologie (Plutniak, 2017; Plutniak, 2019) et d’application en SHS de travaux menés en recherche d’information, analyse automatique du discours, et systèmes experts (Dallas, 2015; Léon, 2015, p. 135-155). 1. Beaucoup de ces méthodes sont basées sur l’optimisation de la modularité (Newman et Girvan, 2004). Résumé La détection de communautés est une question centrale en ana- lyse de réseaux. Cet article combine une approche socio-historique à la reconstruction expérimentale de programmes informatiques afin d’éclairer l’histoire des premiers algorithmes de détection de cliques, problème qui compte encore aujourd’hui parmi les problèmes NP- complets non résolus. Restituer les recherches menées par l’archéo- logue Jean-Claude Gardin depuis les années 1950 sur le traitement de l’information non numérique et l’analyse de graphes met en évi- dence ces contributions précoces à l’informatique réalisées depuis les sciences humaines et sociales. Ces applications originales de l’infor- matique aux humanités ont reçu une réception et une reconnaissance limitées. Ce fait est éclairé par deux facteurs : 1) les politiques de fi- nancement, qui ont motivé le transfert des efforts de recherche sur les graphes depuis un éphémère espace interdisciplinaire vers des organisations de recherche en informatique, domaine alors émergent; 2) les carrières erratiques des algorithmes, où l’efficacité, les erreurs, les corrections et le statut des auteurs ont été des facteurs détermi- nants. Ces facteurs se combinent aux effets des historiographies et des bibliographies sur la conservation, la découvrabilité et la réutilisation des résultats scientifiques. Mots-clefs : histoire de l’informatique, détection de cliques, dé- tection de communautés, réseaux sociaux, sociométrie, analyse de graphe, algorithme Plutniak, S., « Carrières d’algorithmes : la détection automatique de motifs dans des graphes (années 1950–1970). Contribution à l’histoire des premiers apports des sciences sociales à l’informatique », Arcs. Analyse de réseaux pour les sciences sociales, 2024, https://doi.org/10.46298/arcs.10756. 1 Le problème des cliques Étant donné un phénomène modélisé par un graphe (par exemple, des relations d’amitié entre individus, des relations entre protéines, des rela- tions trophiques entre animaux), il peut être intéressant de détecter les sous- ensembles particulièrement denses de ce graphe. La plupart des méthodes actuelles identifient des classes de nœuds en déterminant des sous-graphes présentant une plus grande densité d’arêtes (ce type de méthodes est au- jourd’hui communément appelée « détection de communautés » ¹) ou en détectant des motifs élémentaires, tels que les configurations triadiques (Wasserman et Faust, 1994). La clique compte parmi ces motifs. Néanmoins, la longue histoire de ce concept doit être recherchée non pas en mathé- matiques, mais en psychométrie et en sociométrie. Ces deux domaines 2 de recherche, qui se recouvraient partiellement, ont été particulièrement investis par les mathématiciens (Freeman, 2004). La sociométrie est un champ d’investigation créé au début des années 1930 par le psychologue roumano-américain Jacob Levy Moreno (1889–1974). Ce domaine s’est développé à partir de son livre majeur publié en 1934, Who shall Survive? A New Approach to the Problem of Human Interrelations (Moreno, 1934) puis autour de la revue Sociometry (publiée sous ce nom de 1937 à 1977). Dans ces travaux, Moreno employait des diagrammes nœuds-arêtes pour représenter et analyser les relations sociales observées empirique- ment et recourait occasionnellement à la notion de clique, mais au sens de sous-ensemble dense. Cette notion s’est généralisée dans la littérature sociométrique (Forsyth et Katz, 1946, par exemple) après que R. Duncan Luce (1925–2012) et Albert D. Perry, étudiants au département de mathématiques du Massachusetts Institute of Technology, publièrent, dans la revue Psychometrika, la première définition formelle du concept de clique en théorie des graphes (Luce et Perry, 1949). Cette définition est restée, jusqu’aux années 1970 (Alba, 1973), l’unique définition formelle disponible et demeure aujourd’hui une base des travaux menés dans ce domaine. Claude Flament (1930–2019), psychologue français et spécialiste de la théorie des graphes, la reprenait également, une quinzaine d’années après sa publication, en rappelant l’origine sociologique du concept employé en théorie des graphes : une clique est « la systématisation d’une notion courante en sociométrie : tous les individus d’une clique se choisissent mu- tuellement les uns les autres » (Flament, 1965, p. 3. Cliques et sous-groupes sont ainsi traités comme équivalents dans MacRae, 1960. Plus généralement, voir Lankford, 1974 pour un panorama des méthodes de détection où 2. « subset of members who are more closely identified with one another than they are with the remaining members of their group » (Hubbell, 1965, p. 377). 1 Le problème des cliques 53).i D’un point de vue mathématique, une clique est usuellement définie comme un « sous-graphe complet maximal d’un graphe » (Moon et Moser, 1965) ou, formellement : 퐺′ = (푋′;푉′), sous-graphe de 퐺= (푋;푉), est une clique si (푥, 푦) ∈푉′ ⇔푥et 푦∈푋′, c’est-à-dire, si tous les arcs possibles existent en 퐺′. (Flament, 1965, p. 53.) 퐺′ = (푋′;푉′), sous-graphe de 퐺= (푋;푉), est une clique si (푥, 푦) ∈푉′ ⇔푥et 푦∈푋′, c’est-à-dire, si tous les arcs possibles existent en 퐺′. (Flament, 1965, p. 53.) Puisqu’une clique peut contenir une clique, Flament précisait le concept de clique maximale, c’est-à-dire « une clique qui n’est pas un sous-graphe d’une clique ». Notons que la publication de définitions formelles n’a pas empêché les variations dans les emplois et dans la sémantique du concept de clique au cours des décennies suivantes : en témoigne, par exemple, la définition d’une clique comme un « sous-ensemble de membres qui s’identifient davantage les uns aux autres qu’ils ne le font avec les autres membres de leur groupe » ², c’est-à-dire comme un synonyme du concept actuel de « communauté » ³. 3 (a) (c) (d) (e) (b) Figure 1 – Exemples de motifs de graphes mentionnés dans ce texte : une étoile (a), des cycles (b, c), des cliques (b, d), un graphe comportant deux communautés (e). (d) Figure 1 – Exemples de motifs de graphes mentionnés dans ce texte : une étoile (a), des cycles (b, c), des cliques (b, d), un graphe comportant deux communautés (e). Malgré la simplicité de cette définition, automatiser la détection des cliques par un algorithme soulève de sérieuses difficultés computationnelles, principalement dues à l’explosion combinatoire qu’implique l’examen de chacune des paires de sommets d’un graphe. Richard Karp (1935–) a ainsi inclus la détection de cliques parmi ses 21 problèmes NP-complets, des problèmes difficiles n’étant pas calculables en un temps déterministe (Karp, 1972). Les recherches menées à partir de la fin des années 1950 par Gardin et ses collaborateurs ont donc compté parmi les premiers efforts pour aborder l’un de ces problèmes, automatiser la détection de cliques. « cliques » et « communautés » sont considérées comme synonymes. 2 L’étude du réseau commercial assyrien de Gardin et Garelli En 1961, Gardin et l’assyriologue Paul Garelli (1924–2006) publièrent dans la revue Annales (Gardin et Garelli, 1961) ce qui fut probablement la première application automatisée de la théorie des graphes à l’analyse de sources historiques. Ils visaient à reconstituer un réseau commercial actif au xixᵉsiècle avant J.-C. dans l’actuelle Cappadoce. Il s’agissait pour cela : 1) d’automatiser la déduction des localisations géographiques des marchands mentionnés; 2) d’identifier des groupes de marchands et la structure générale de leur réseau de relations commerciales; 3) de discuter l’interprétation des aspects synchroniques et diachroniques du graphe obtenu; 4) de proposer des représentations graphiques lisibles de ce graphe; et 5) de déterminer le type et le degré de spécialisation de chaque marchand. Ces objectifs, qui recouvrent la plupart des principaux aspects actuels de 4 l’analyse empirique de réseaux, ainsi que le jeu de données utilisé dans cette étude, étaient inhabituels à l’époque : les objectifs, en raison de leur ambition; les données, du fait de leur volume. Cette reconstruction du réseau commercial assyrien s’appuyait sur le corpus de tablettes cunéiformes découvert sur le site de Kültepe (près de Kayseri en Turquie actuelle ⁴). Ce corpus présente deux caractéristiques notables : d’une part, il documente par des textes des activités humaines très anciennes (2ᵉmillénaire avant J.-C.); d’autre part, il comporte une quantité d’informations très importante, du fait que ces tablettes aient été collectées, traduites et publiées depuis le xixᵉsiècle, d’abord par des orientalistes puis par des assyriologues spécialisés. Au début des années 1920, environ 500 tablettes avaient été publiées; à la fin des années 1950, ce nombre atteignait environ 2 600. Dès lors, cette abondance d’informations constituait un obstacle pour la recherche ⁵. p Gardin envisagea de surmonter ce problème à la fois par l’échantillon- nage des données et par le recours aux ordinateurs. L’échantillonnage pou- vait être effectué à deux niveaux, celui des tablettes (les textes), puis celui des noms de marchands identifiés dans ces textes. Lors d’une réunion tenue en mars 1961, Gardin indiquait que l’achèvement du projet présupposait le codage des 2 000 tablettes étudiées par Garelli. Les résultats obtenus jus- qu’alors reposaient sur l’analyse d’environ 200 tablettes ⁶. Toutefois, aucune information n’était donnée à propos des critères utilisés pour sélection- ner les tablettes à analyser. 4. Pour une carte de situation, voir celle adaptée d’après Gardin et Garelli, 1961, doi : 10.5281/zenodo.3934015. p 9. Gardin, 1961, p. 25. Les auteurs considéraient que les analyses ultérieures porteraient sur une centaine de noms (Gardin et Garelli, 1961, p. 876; Gardin, 1962a, p. 457). Commentant postérieurement ces travaux, Gardin signalait des calculs effectués sur une matrice carrée correspondant aux relations entre 200 marchands (Gardin, 1965c, p. 389). 5. Pour une présentation plus détaillée de ces données, voir Plutniak, 2018, p. 7-11. 7. Gardin et Garelli, 1961, p. 847. Toutefois, lors du « Séminaire sur les modèles mathé- matiques dans les sciences sociales », Gardin parlait d’« environ » 3 000 noms (Gardin, 1961, p. 23) alors que dans Gardin, 1965a, p. 380, republication ultérieure de l’article des Annales en anglais, le nombre de 20 000 est donné. 8 Gardin et Garelli 1961 p 876 6. « Comité de direction. Réunion du 16 mars 1961 », 16-03-1961, JCG 1, Mae. g 8. Gardin et Garelli, 1961, p. 876. 4. Pour une carte de situation, voir celle adaptée d’après Gardin et Garelli, 1961, doi : 10.5281/zenodo.3934015. 5. Pour une présentation plus détaillée de ces données, voir Plutniak, 2018, p. 7-11. 6. « Comité de direction. Réunion du 16 mars 1961 », 16-03-1961, JCG 1, Mae. 7. Gardin et Garelli, 1961, p. 847. Toutefois, lors du « Séminaire sur les modèles mathé- matiques dans les sciences sociales », Gardin parlait d’« environ » 3 000 noms (Gardin, 1961, p. 23) alors que dans Gardin, 1965a, p. 380, republication ultérieure de l’article des Annales en anglais, le nombre de 20 000 est donné. 8. Gardin et Garelli, 1961, p. 876. 9. Gardin, 1961, p. 25. Les auteurs considéraient que les analyses ultérieures porteraient sur une centaine de noms (Gardin et Garelli, 1961, p. 876; Gardin, 1962a, p. 457). Commentant postérieurement ces travaux, Gardin signalait des calculs effectués sur une matrice carrée correspondant aux relations entre 200 marchands (Gardin, 1965c, p. 389). 2 L’étude du réseau commercial assyrien de Gardin et Garelli Dans une présentation à Paris au « Séminaire sur les modèles mathématiques dans les sciences sociales », Gardin parlait d’« environ » 1 000 tablettes (Gardin, 1961, p. 23). Le nombre de noms de marchands mentionnés dans les tablettes était estimé à 1 500 dans l’article de 1961, les auteurs soulignant les possibles problèmes d’homonymie ⁷. Dans l’article de 1961, les analyses effectuées jusqu’alors portaient sur une « trentaine » de noms ⁸. Chaque marchand était caractérisé par le nombre de transactions dans lesquelles il était impliqué, les auteurs considérant que ce nombre constituait une approximation robuste de l’importance relative des marchands (Gardin et Garelli, 1961, p. 854). Dans l’article de 1961, l’analyse était concentrée sur les trente commerçants les plus importants ⁹; c’est à cet 5 échantillon qu’ils appliquèrent l’algorithme de détection de cliques qu’ils développèrent. Paradoxalement, malgré l’importance des données analysées et de la méthode employée, cette étude reste rarement citée dans la littérature his- torique et archéologique sur l’Orient ancien. Elle ne l’est pas davantage dans les initiatives ultérieures d’approches informatisées en assyriologie ¹⁰, ni dans les études ayant à nouveau abordé les relations commerciales as- syriennes par une formalisation fondée sur la théorie des graphes ¹¹. Elle est également absente des quelques publications disponibles sur l’histoire de la théorie des graphes et de ses algorithmes (Lankford, 1974; Freeman, 1988; Barthélemy et Guénoche, 1988, p. 201-205; Pardalos et Xue, 1994). De plus, les travaux disponibles sur cette histoire se limitent à la chronique des différentes méthodes, sans considération pour leurs contextes sociaux et intellectuels de production. Les rares citations de l’étude de Gardin et Garelli dans les publications ultérieures ont contribué à son invisibilisation, quoique d’autres facteurs doivent être pris en compte. Cet article adopte une perspective d’histoire sociale et intellectuelle ¹² de l’informatique (De Mol et Primiero, 2014; Ensmenger, 2010). La première partie rend compte de la portée scientifique des recherches de Gardin. 10. Notamment dans la revue CARNES – Computer Aided Research in Near Eastern Studies. Voir par exemple le logiciel général d’assyriologie présenté dans Rouault, 1984. 11. L’étude de Gardin et Garelli est ainsi absente dans Constantine et al., 1993; Bamman et al., 2013; Wagner et al., 2013, Waerzeggers, 2014, Barjamovic et al., 2017; Gonçalves, 2021a; Gonçalves, 2021b. Une exception demeure : une thèse de doctorat, non publiée, dans laquelle un développement y est consacré (Anderson, 2017, p. 103-107). Pour une revue bibliographique détaillée de la réception des travaux de Gardin et Garelli, voir Plutniak, 2018, p. 30-37. 12. Archives consultées : archives Jean-Claude Gardin à la Maison Archéologie- Ethnologie, Université Paris X, Nanterre, France (abrégé ci-après Mae); fonds Euratom aux Archives historiques de l’Union européenne, Fiesole, Italie (Ahue); fonds Cada au laboratoire d’archéologie Cepam, Nice, France (Cepam); fonds de l’Institut Blaise Pascal, archives privées de Pierre-Éric Mounier-Kuhn (Ibp). 12. Archives consultées : archives Jean-Claude Gardin à la Maison Archéologie- Ethnologie, Université Paris X, Nanterre, France (abrégé ci-après Mae); fonds Euratom aux Archives historiques de l’Union européenne, Fiesole, Italie (Ahue); fonds Cada au laboratoire d’archéologie Cepam, Nice, France (Cepam); fonds de l’Institut Blaise Pascal, archives privées de Pierre-Éric Mounier-Kuhn (Ibp). 10. Notamment dans la revue CARNES – Computer Aided Research in Near Eastern Studies. Voir par exemple le logiciel général d’assyriologie présenté dans Rouault, 1984. 2 L’étude du réseau commercial assyrien de Gardin et Garelli Sont ensuite abordés deux facteurs ayant limité la réception et le développe- ment ultérieurs de ces applications informatiques en SHS : 1) un facteur organisationnel, lié au manque d’intérêt des historiens et des philologues pour cette approche, dont une conséquence fut le transfert du programme de recherche sur les graphes, que Gardin menait jusqu’alors depuis une organisation de recherche en SHS, vers des organisations de mathématiques appliquées et de physique; 2) un facteur épistémique, lié aux capacités et aux potentielles défaillances et erreurs des différents algorithmes, lesquels déterminent également la possibilité et les modalités de leur utilisation. 6 13. Pour une description détaillée, voir Plutniak, 2018, p. 11-14. 3 Un déplacement organisationnel : d’un espace inter- disciplinaire vers la discipline informatique L’analyse du réseau commercial assyrien est le fruit de la coopération entre deux nouvelles organisations de recherche axées sur les méthodes et l’interdisciplinarité : le Centre d’analyse documentaire pour l’archéologie (Cada) dirigé par Gardin à Paris et le Centre européen de traitement de l’information scientifique (Cetis), un service créé en 1961 dans le cadre du Centre commun de recherche de la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom). Dans cette section, après avoir présenté ces organi- sations et leur collaboration, je montrerai 1) comment le développement du traitement des données non numériques a constitué l’arrière-fond et la motivation de cette coopération et 2) comment cet effort interdisciplinaire inhabituel a pris fin, pour être ensuite poursuivi au sein d’organisations disciplinaires spécialisées en informatique. 14. Comme en attestent les 22 contrats listés dans Meyer-Uhlenried, Karl-Heinrich, « Organisation de la collaboration entre la Commission et les institutions scientifiques des pays de la Communauté pour l’élaboration d’un langage documentaire (principe des contrats) », 15-01-1960, BAC-059-1980 0209, Ahue. 3.1.1 Le Centre d’analyse documentaire pour l’archéologie Le Cada était un laboratoire du Centre national de la recherche scienti- fique (Cnrs) français, créé à l’initiative de Gardin et implanté à Paris et à Marseille. Malgré son nom, les activités qui y étaient menées ne se limitaient pas à l’archéologie. Elles concernaient des travaux méthodologiques en re- cherche d’information et en mathématiques, appliqués à un large éventail de disciplines dont l’archéologie, l’histoire, la littérature, la philologie, la linguistique et la médecine.il g q La composition du conseil d’orientation scientifique du Cada reflète le caractère peu commun de ce centre, tant par ses thématiques scientifiques que par sa position dans l’organisation institutionnelle de la recherche en France ¹³. Il rassemblait des personnalités de la politique scientifique fran- çaise, des orientalistes célèbres (par exemple Claude Schaeffer) ainsi que des chercheurs ouverts aux innovations méthodologiques (Henri Seyrig, orientaliste, ou Claude Lévi-Strauss, anthropologue). Ces acteurs, politi- quement influents dans les institutions scientifiques, soutenaient les projets méthodologiques ambitieux de Gardin; ces soutiens expliquent également l’existence et le financement du Cada. Par ailleurs, Gardin bénéficiait de relations privilégiées avec des membres des 5ᵉet 6ᵉsections de l’École pra- tique des hautes études (Ephe), en particulier avec certains des créateurs de la Maison des sciences de l’homme (Msh), dont Clemens Heller (1917–2002), proche collaborateur de Fernand Braudel (1902–1985). La Msh en était alors à ses débuts et n’existait que sous la forme d’une Association Marc Bloch. Ces bonnes relations aidèrent Gardin à obtenir un contrat de recherche 7 7 entre cette association et le Centre commun de recherche Euratom en 1959, lui permettant de développer ses travaux sur ordinateur. 18. Pouvoir d’achat équivalent en euros en 2023 compte tenu de l’érosion monétaire due à l’inflation, calculé grâce au convertisseur de l’Insee (https://insee.fr/fr/information/ 2417794). ) 19. Gardin, Jean-Claude, « Programme d’études sémiologiques et documentaire (1961–1965) », Octobre 1960, boîte Gardin 6, Cepam, p. 3. ) 5 9 59 9 9 15. « Sociologie » en un sens large, qui incluait la physio-psychologie. 17. « Contrat de recherche entre la Communauté européenne de l’énergie atomique et l’Association Marc Bloch », 21-12-1959, BAC-118-1986 1442, Ahue. 5 g g q 16. Contrat 001-60-1 CETF du 10 mars 1960. 3.1.2 Le contrat de recherche entre Euratom et l’association Marc Bloch En juillet 1959, l’Euratom mit sur pied un « Groupe de Recherche sur l’information scientifique automatique » (Grisa), placé sous la direction du mathématicien Paul Braffort (1923–2018). Une politique de financement de la recherche par contrat fut immédiatement développée ¹⁴. Divers do- maines scientifiques étaient concernés, dont la « sociologie » ¹⁵ : à ce titre, un projet sur le « Traitement automatique de l’information dans les sciences humaines » ¹⁶ fut financé, sous la direction de Gardin. Le budget initial était de 227 400 francs ¹⁷ (438 355 € en 2023 ¹⁸). L’objectif de cette recherche était de développer un système de documentation automatique, partant du principe que « le langage des sciences sociales s’écarte assez peu du langage naturel, lequel est utilisé pour toutes les sciences exactes pour divulguer les résul- tats » ¹⁹, ce qui justifiait le soutien d’Euratom. Le groupe de recherche dirigé par Braffort avait pour objectif de développer un langage documentaire universel. Ses principales applications devaient être les domaines priori- taires d’Euratom, à savoir la physique et les mathématiques, domaines où l’expression scientifique est fortement standardisée. Braffort et Gardin pensaient que, s’il était possible de développer un langage documentaire pour des domaines scientifiques où l’expression est beaucoup moins stan- dardisée et plus dépendante du langage naturel (comme la sociologie), alors ce langage serait a fortiori applicable aux sciences moins complexes dont l’expression est plus standardisée : C’est ainsi que nous désirons participer à la mise au point d’un langage documentaire adapté au domaine des sciences de l’homme, langage conçu de telle façon qu’il puisse s’inscrire dans le cas général du langage documentaire universel qui nous intéresse tous. C’est ainsi que nous désirons participer à la mise au point d’un langage documentaire adapté au domaine des sciences de l’homme, langage conçu de telle façon qu’il puisse s’inscrire dans le cas général du langage documentaire universel qui nous intéresse tous. 8 La personne la mieux qualifiée pour conduire une telle recher- che est, sans contestation possible, Monsieur Jean Gardin [sic], Directeur du Centre d’Analyse Documentaire pour l’Archéologie pour le Centre National de la Recherche Scientifique. ²⁰ Les calculs relatifs aux tablettes assyriennes ne concernaient pas di- rectement ce projet (dont l’aboutissement fut la mise au point du langage de documentation Syntol ²¹). 3.1.2 Le contrat de recherche entre Euratom et l’association Marc Bloch Cependant, ces calculs ont été rendus pos- sibles grâce aux ressources relationnelles et financières obtenues à travers ce contrat, autorisant l’accès aux calculateurs et la prise en charge du coût des heures de calcul (à savoir, 21,52 heures-machine sur des ordinateurs IBM 650) ²². 20. Source : Lettre de Paul Braffort à Louis Zieglé (de la Dgrst) datée de février 1959, Mae. 21. Syntagmatic Organization Language, Cros et al., 1964. 21. Syntagmatic Organization Language, Cros et al., 1964. y g g g g 22. « Travaux du CETIS », p. 8–9, 28-11-1960, BAC-118-1986 1431, Ahue. l d d bl d d ll 24. Acquis en 1957 (Halleux et Xhayet, 2007, p. 159). 24. Acquis en 1957 (Halleux et Xhayet, 2007, p. 159). p 23. Voir la description des variables dans Gardin et Garelli, 1961, p. 848-850. A i (H ll t Xh t ) 3.1.3 L’accès à des calculateurs d’avant-garde L’approche conçue par Gardin revenait à analyser systématiquement les entités mentionnées dans les textes akkadiens de manière à pouvoir les coder sur cartes perforées à l’aide d’un nombre élevé de descripteurs. Les informations de chaque « affaire économique » documentée dans les textes akkadiens ont été enregistrées à l’aide de 13 variables codées dans les 80 colonnes des cartes perforées ²³. Ces données permettaient de générer des matrices représentant les relations commerciales. Une procédure d’analyse appliquée à ces matrices devait permettre de détecter des sous-graphes particuliers, dont les cycles, les étoiles et les cliques (Figure 1). Quoique le nombre de relations et de marchands soit relativement faible, ce type d’analyse génère rapidement une explosion combinatoire, nécessitant le recours à un ordinateur. Dans ce cas, les calculs furent réalisés par André Debroux (1932–) et Peter Ihm (1926–2014) (Gardin et Garelli, 1961, p. 875). Debroux travaillait pour IBM Belgique, tout en collaborant avec le Grisa, dont Ihm, un statisticien allemand, était membre. En 1960, le Grisa était situé à Bruxelles et ne disposait pas encore de ses propres ordinateurs. Les heures de calcul devaient donc être louées à d’autres organismes ou prêtées (Braffort et Gazzano, 1961, p. 56). L’Université libre de Bruxelles (Ulb) dis- posait justement d’un ordinateur IBM 650 ²⁴ : ce fut donc soit cet ordinateur qui fut utilisé pour analyser les relations commerciales assyriennes, soit celui d’IBM Belgique. Après la publication de 1961, Gardin envisagea de poursuivre l’expé- rience en intégrant davantage de commerçants dans l’analyse, tout en sou- lignant les limites imposées par les capacités informatiques insuffisantes disponibles en Belgique : 9 Le « calcul » de ces groupes, à partir de la matrice des relations observées entre une centaine d’individus pris deux à deux, est cependant une opération compliquée, qui dépasse déjà les possi- bilités d’un ordinateur moyen comme l’IBM 650; et un nouveau programme est sur le point d’être achevé, pour une machine plus puissante (IBM 7090), avec la collaboration du Centre européen pour le traitement de l’information scientifique (EURATOM). (Gardin, 1962a, p. 457.) Ce problème mathématique et informatique fut ainsi « transmis » aux cher- cheurs du Grisa. En 1961, ce groupe de recherche avait été intégré au Cetis, dirigé par Braffort et implanté sur le complexe Euratom d’Ispra, près de Varèse, dans le nord de l’Italie. 3.1.3 L’accès à des calculateurs d’avant-garde Ainsi, le contrat de recherche entre l’associa- tion Marc Bloch et l’Euratom facilita pour Gardin l’accès aux ordinateurs utilisés par les chercheurs du Grisa et aux mathématiciens capables de définir et de programmer les méthodes de calcul. 25. Cette section résume Plutniak, 2018, p. 22-25. 26. « Rapport GRISA », 2, document daté de mai 1960, CEAB12-640, Ahue. 26. « Rapport GRISA », 2, document daté de mai 1960, CEAB12-640, Ahue. 3.2 Le développement du traitement de l’information non numé- rique ²⁵ En plus de ses activités dans le domaine des SHS, Gardin s’est impliqué dans une communauté scientifique émergente à l’intersection des mathéma- tiques, de la logique, de la linguistique et de la documentation. Diplômé en linguistique, il avait mené ses premiers travaux scientifiques en documenta- tion automatique et fréquenté le Centre français de recherche opérationnelle. Dès la fin des années 1950, il participa aux premiers groupes de recherche européens consacrés à la recherche d’information et, plus généralement, au traitement automatisé de l’information non numérique. L’analyse de graphe comptait alors parmi les problèmes d’analyse de l’information non numé- rique. Jacques Arsac (1929–2014), membre de l’Institut de programmation de Paris (créé en 1963), indiquait par exemple que sous le nom d’informa- tion non numérique « on enseignait principalement la théorie des graphes » (Arsac, 1988). De ce fait, pour les chercheurs investis dans ce domaine tel que Braffort, l’analyse du réseau commercial assyrien, pour laquelle Gardin avait sollicité leur concours, constituait un cas d’étude pertinent pour leurs préoccupations scientifiques du moment. Le Grisa menait des travaux relatifs tant au traitement de l’informa- tion numérique (notamment le calcul des réacteurs nucléaires) que non numérique (notamment l’automatique documentaire). En 1960, Ihm comp- tait parmi les chercheurs qui y menaient des travaux de « mathématiques appliquées » ²⁶. Cette année-là, son rapport d’activités précisait l’enjeu de ses recherches concernant le « Problème des marchands assyriens (dans le cadre du contrat Gardin) » : 10 Les résultats de cette étude seront utilisés comme exemples- pilotes pour le problème plus général consistant dans la dé- termination dans un ensemble d’objets quelconques – qui se trouvent dans une relation quantifiable – le degré de dépen- dance, le point de gravité, etc. On recherche un algorithme d’extraction automatique de l’in- formation sur la base de la relation éventuelle existant entre les éléments de chaque couple d’objets. ²⁷ Le problème posé à partir du cas du réseau commercial assyrien fut ainsi reformulé par Ihm en un problème mathématique plus général. En somme, lorsque l’analyse du réseau commercial assyrien a été réali- sée, Gardin pensait qu’elle démontrait l’intérêt d’automatiser le traitement d’informations non numériques en SHS. L’analyse de graphes n’était un objectif scientifique en soi que du point de vue des mathématiciens. Cette division s’est accrue au cours des années suivantes. 3.3 Le déplacement des travaux sur les graphes vers des organisa- tions informatiques Les projets de recherche ultérieurs à l’analyse du réseau commercial assyrien de 1961 manifestent un déplacement progressif des travaux sur les graphes vers des organisations de recherche dédiées aux mathématiques appliquées et à l’informatique. 28. « Orientation des travaux à partir du 2e semestre 1962 », juin 1962, boîte Gardin 6, Cepam, p. 3. 27. Rubrique consacrée aux activités de Peter Ihm dans « Travaux du CETIS », document daté du 28-11-1960, BAC-118-1986 1431, Ahue. 27. Rubrique consacrée aux activités de Peter Ihm dans « Travaux du CETIS », document daté du 28-11-1960, BAC-118-1986 1431, Ahue. 28. « Orientation des travaux à partir du 2e semestre 1962 », juin 1962, boîte Gardin 6, Cepam, p. 3. 3.3.1 Une étude complémentaire : les réseaux sociaux aux Nouvelles- Hébrides Les méthodes développées pour le réseau commercial assyrien furent immédiatement réutilisées au Cada pour une autre recherche portant sur les réseaux sociaux contemporains aux Nouvelles-Hébrides (un archipel du Pacifique Sud, aujourd’hui État du Vanuatu, mais condominium franco- britannique jusqu’en 1980). L’ethnographe Jean Guiart (1925–2019) menait des travaux sur la struc- ture sociale dans ces îles, à travers l’étude du système par lequel les indi- vidus pouvaient recevoir des « titres » de prestige, liés à des lieux. Guiart avait collecté un ensemble de données comptant environ 1 200 titres et 500 lieux, associés à des individus par environ 2 700 relations (Espirat et al., 1973, p. 370). La première mention de cette recherche en rapport avec le Cada date de 1962, après que Guiart ait demandé un soutien pour la réali- sation d’analyses expérimentales sur ordinateur (Gardin, 1962b) ²⁸. Deux 11 collaboratrices de Gardin supervisèrent cette collaboration : Marie-Salomé Lagrange (1935–2011), membre du Cada, et Monique Renaud, membre d’un autre groupe de recherche dirigé par Gardin, la Section d’automatique documentaire (Sad) ²⁹ de l’Institut Blaise Pascal (Ibp), alors principal lieu de recherche en informatique à Paris (Collinot et Mounier-Kuhn, 2010). Une personne supplémentaire fut recrutée pour coder les données sur cartes perforées, Madame A.-M. Nougaret ³⁰. Des tabulations préliminaires furent réalisées par le Service mécanographique du Cnrs et les principaux calculs furent exécutés en 1963 sur les ordinateurs IBM 1401 et 704 de l’Ibp (Espirat et al., 1973, p. 387). Lagrange et Renaud rédigèrent un rapport interne en 1965 ³¹ mais les résultats finaux n’ont été publiés qu’en 1973. L’analyse des graphes représentant les relations entre individus, titres et lieux comprenait la détection de structures « arborescentes », les chaînes et les cycles de diffé- rentes longueurs; les cliques n’étaient, par contre, pas étudiées (Figure 2). Comme ce cas l’illustre, les organismes de recherche dédiés à l’informatique commençaient à jouer un rôle de premier plan, tant pour ce qui concerne les acteurs que les instruments de calcul. 29. NSF, 1959, p. 121. 30. Comme c’est souvent le cas, les sources archivistiques conservent peu d’informations à propos des personnels subalternes. 31. Lagrange, Marie Salomé et Renaud, Monique. 1965. Étude d’un réseau sociologique aux Nouvelles-Hébrides, sur calculateur, 55 p., mentionné dans Gardin, 1965b. 29. NSF, 1959, p. 121. 3.3.2 Le langage de programmation développé à la Sad pour l’analyse de graphes Fort des travaux menés à propos des cas assyrien et polynésien, Gardin comptait pousser plus loin leurs recherches sur les graphes. Dans un ar- ticle présentant les recherches menées à la Sad, il insistait sur le caractère générique des problèmes relatifs aux graphes et l’intérêt de les approfondir : Une seconde catégorie d’applications est également apparue, proche d’un aspect au moins de la documentation automatique. Celle-ci consiste souvent, on le sait, à manipuler en machine des structures de graphes : arborescence sémantiques, schèmes syntaxiques, etc… (le SYNTOL est d’ailleurs un bon exemple de langage documentaire où les données sont exprimées sous forme de graphes, sur l’axe paradigmatique comme sur l’axe syntagmatique). Or, il existe de fort nombreux problèmes, en particulier dans les sciences humaines, qui se ramènent égale- ment à la recherche de certaines configurations particulières dans un graphe plus ou moins étendu, différemment interprété : liens de parenté, relations sociales, transactions économiques, etc. (Gardin, 1965b, p. 15.) Pour mener ces recherches, Gardin privilégia le cadre de la Sad plutôt 12 Figure 2 – Motifs d’intérêts dans les graphes de l’étude du réseau social des Nouvelles-Hébrides (d’après Espirat et al., 1973, p. 390). « D » fait référence aux titres dominants et « d » aux titres dominés. 13 que celui du Cada, alors qu’il dirigeait toujours ces deux organisations de recherche. En 1964, il obtint une subvention de la toute récente Délé- gation générale à la recherche scientifique et technique (Dgrst, créée en 1961 ³²) pour développer à la Sad un langage de programmation spécifique à l’analyse des graphes ³³. Il en défendait l’intérêt dans l’article mentionné ci-dessus : Cependant, la programmation des algorithmes correspondants [aux graphes] souffre parfois de certaines insuffisances propres aux langages symboliques usuels, conçus plutôt pour le calcul numérique; et l’idée vint de chercher à définir un langage de programmation spécial pour le traitement de ces problèmes de graphes, dont l’expérience montrait qu’ils formaient une famille assez nombreuse pour justifier un tel projet. (Gardin, 1965b, p. 15.) Dirk Muysers, alors ingénieur-programmeur à la Sad, fut chargé de ces recherches. Il bénéficia de l’appui d’un jeune mathématicien grec, Ion Arghiridis (1944–), recruté en 1965 à cet effet. Muysers mit au point ce langage, qu’il présenta dans un rapport communiqué à la Dgrst en 1966 ³⁴. 3.3.2 Le langage de programmation développé à la Sad pour l’analyse de graphes Le rapport s’achevait sur deux exemples d’algorithmes exprimés à l’aide du langage : le premier concernait l’énumération de tous les cycles d’un graphe orienté et le deuxième permettait de déterminer le plus court che- min entre deux sommets. Quoique prometteuses, ces recherches prirent toutefois rapidement fin, pour au moins deux raisons : d’une part Muysers cessa ses activités de recherche et quitta le Cnrs en 1968; d’autre part, la Dgrst acta le financement d’un autre projet sur les graphes, devant être mené à l’Institut de programmation de Paris. 3 , 4 33. Contrat entre la Sad et la Dgrst nᵒ64 FR 175. Voir aussi : Sad, « Rapport d’activités situation 1963–1964 », 6-03-1964, boîte Gardin 6, Cepam. 34. Muysers, Dirk, Projet d’un langage de programmation numérique et non numérique, adapté plus particulièrement au traitement des données structurées par réseau. Rapport à la Dgrst, avril 1966, JCG 156, Mae. 35. Mounier-Kuhn, 2012, p. 428; Collinot et Mounier-Kuhn, 2010, p. 81-83. 32. Duclert, 2004. 3.3.3 Le « contrat graphes » de l’Institut de programmation L’Institut de programmation avait été pensé comme un pendant à l’Ibp dédié au développement de l’enseignement de la programmation et de l’informatique ³⁵. Des recherches y étaient toutefois également menées, no- tamment en traitement de l’information non numérique. En 1964, un an après sa fondation, l’Institut bénéficia ainsi d’un contrat de recherche avec la Dgrst pour des travaux sur les graphes. Ils furent menés par Jean Berstel (1941–) et Jean-François Perrot (1941–), deux anciens élèves de Marcel-Paul 14 Schützenberger ³⁶, qui en cosignèrent le rapport final ³⁷. Schützenberger ³⁶, qui en cosignèrent le rapport final ³⁷. Mathématiciens de formation, Arsac, Perrot et Berstel se consacraient à différents aspects de l’informatique. Cette configuration contraste avec celle du Cada où la recherche en informatique était développée en consé- quence et en vue d’applications à des données en SHS. Outre leur intérêt proprement mathématique, les recherches sur les graphes avaient des consé- quences pratiques dans les domaines où elles pouvaient être appliquées, par exemple pour l’optimisation de processus en recherche opérationnelle. L’in- formatique devenait ainsi un domaine clé pour le développement national, comme l’illustre le « Plan Calcul » lancé par le gouvernement de De Gaulle en 1966 (Mounier-Kuhn, 2010). D’autres pôles de recherche se constituaient alors, comme le Centre de recherche en informatique de Nancy, où des travaux de théorie des graphes étaient également menés ³⁸.fi g p g Ce contexte, et la réorientation de l’effort financier de la Dgrst sur les organismes de recherche spécialisés ³⁹, permettent de comprendre pour- quoi Gardin et ses collaborateurs abandonnèrent leurs recherches sur les graphes. Par la suite, Gardin concentra leurs travaux sur des problèmes de recherche d’information. Dans ses écrits, il ne mentionna plus l’analyse du réseau commercial assyrien jusqu’au début des années 1970 lorsque, orientant ses recherches vers la simulation du raisonnement, il réinterpréta ses premières expériences sur les graphes comme une préfiguration de son nouvel intérêt pour l’intelligence artificielle ⁴⁰. Néanmoins, un autre facteur explicatif s’ajoute à ceux mentionnés ci-dessus : les difficultés et échecs rencontrés sur le plan strictement informatique. 36. Le mathématicien Marcel-Paul Schützenberger (1920-1996), proche collaborateur de Paul Braffort, alors en poste à l’Ipb, joua un rôle essentiel dans le transfert des approches mathématisées et formalisées en linguistique depuis les États-Unis vers la France (Léon, 2015, p. 123-125; Collinot et Mounier-Kuhn, 2010, p. 83). En outre, durant la guerre, il participa comme Gardin à la résistance extérieure en gagnant Londres en 1943.i 36. Le mathématicien Marcel-Paul Schützenberger (1920-1996), proche collaborateur de Paul Braffort, alors en poste à l’Ipb, joua un rôle essentiel dans le transfert des approches mathématisées et formalisées en linguistique depuis les États-Unis vers la France (Léon, 2015, p. 123-125; Collinot et Mounier-Kuhn, 2010, p. 83). En outre, durant la guerre, il participa comme Gardin à la résistance extérieure en gagnant Londres en 1943. 37. Perrot Jean, Berstel, Jean-François. 1967. Rapport final de la Convention de Recherche DGRST 65 FR 002, « Contrat Graphes », polycopié, Institut de Programmation. 38. Pair, 1990; Mounier-Kuhn, 2014, p. 16. 39. À propos de la politique scientifique de la Dgrst, voir Aust, 2016. 40. Voir à ce propos Plutniak, 2018, p. 26-30. 3 p 39. À propos de la politique scientifique de la Dgrst, voir Aust, 2016. 40. Voir à ce propos Plutniak, 2018, p. 26-30. g g 943 37. Perrot Jean, Berstel, Jean-François. 1967. Rapport final de la Convention de Recherche DGRST 65 FR 002, « Contrat Graphes », polycopié, Institut de Programmation. 38. Pair, 1990; Mounier-Kuhn, 2014, p. 16. 41. Pour des revues de littérature, voir Lankford, 1974 et Wu et Hao, 2015. Hubbell, 1965, p. 377, déjà cité, signalait également un programme de détection de cliques écrit en Fortran. 4.1 Une chronologie des méthodes de détection de cliques En 1949, année de la première définition formelle du concept de clique (Luce et Perry, 1949), le psychosociologue Leon Festinger (1919–1989) sug- géra l’idée d’une méthode algébrique de détermination de cliques (en pas- sant une matrice au cube) (Festinger, 1949, p. 156). Il n’en détaillait toutefois pas d’algorithme. Dès le début des années 1950, des procédures d’ordon- nancement de matrice furent employées pour déterminer des propriétés structurelles d’un graphe, quoique sans être appliquées à la détection de cliques (Beum et Brundage, 1950). Le premier algorithme, désigné dans ce qui suit par « méthode Harary », reposait sur l’algèbre matricielle (Harary et Ross, 1957). Deux ans plus tard, une méthode basée sur la construction de graphes successifs fut proposée (Paull et Unger, 1959). Ces méthodes restaient toutefois strictement théoriques, sans que des implémentations logicielles furent publiées, et les chercheurs se satisfaisaient le plus sou- vent d’une identification visuelle des cliques, à partir de la représentation d’un graphe sous forme de diagramme (Carlson, 1960, p. 331). Ceci, jus- qu’en 1960, lorsque les sociologues Duncan MacRae (1921–2008) et James Coleman (1926–1995) publièrent un programme de détection de clusters ⁴¹ (c’est-à-dire de communautés), écrit pour une machine Univac 1 (Coleman et MacRae, 1960). Ce survol résume l’état des recherches au moment où Gardin et Jaulin commencèrent à travailler sur le réseau commercial assyrien. La taille de leur jeu de données les obligeait à recourir à une méthode automatique sur ordinateur : The mathematical problem of clique detection has been approached by many authors, from varying angles. The main issue, here, is in the size of the matrix which has to be analysed to that end (ca. 200 rows x 200 columns); for any given detection method, it is unrealistic to consider its application on so large a matrix without the help of a computer. (Gardin, 1965c, p. 389.) La méthode d’Harary leur était connue mais Gardin et Jaulin considéraient qu’elle pouvait être améliorée en termes d’efficacité et de rapidité (Jaulin, 1961, p. 51; Gardin et Garelli, 1961, p. 865). Jaulin développa donc son propre algorithme. 4 Carrières d’algorithmes, efficience et correction Après un résumé chronologique des méthodes de détection de cliques, cette section présente Bernard Jaulin et l’algorithme qu’il développa pour l’analyse des relations commerciales assyriennes. Par la suite, les résultats d’une reconstitution de cet algorithme et de sa comparaison avec d’autres méthodes sont présentés. Enfin, les effets du caractère erroné ou incorrect des algorithmes sur leur devenir sont discutés. 15 4.2 Bernard Jaulin et son algorithme de détection de cliques En 1960, après avoir été promu ingénieur à l’École nationale supérieure d’arts et métiers et avoir obtenu une licence ès sciences, Jaulin fut recruté au « Bureau d’études pour le traitement automatique de l’information dans les sciences humaines ». Cet organisation venait d’être créée par Gardin dans 16 le cadre du contrat entre l’association Marc Bloch et l’Euratom. Gardin, chercheur en SHS intéressé par les approches formelles, et Jaulin, mathéma- ticien intéressé par les SHS, débutèrent une relation serrée, tant sur le plan scientifique qu’amical ⁴². Ensemble, ils organisèrent en 1959 le premier pro- gramme de formation sur le traitement de l’information non numérique à l’Ibp. Gardin demanda par la suite à Jaulin de contribuer à l’étude du réseau commercial assyrien. En 1964, Jaulin prit la direction du Centre de mathé- matiques appliquées de la Maison des sciences de l’homme (récemment créée à partir de l’association Marc Bloch). En juillet 1966, les deux hommes organisèrent à Rome une conférence intitulée « Les applications du calcul dans les sciences de l’homme » ⁴³. Cette conférence était soutenue par le Centre international de calcul de l’UNESCO (Icc ⁴⁴), également situé à Rome et dirigé par le mathématicien français Claude Berge (1926–2002). Berge était alors une figure de proue de la théorie des graphes et avait également participé, comme Gardin, au « Non-numerical data processing symposium » à Blaricum en 1961. La conférence de Jaulin et Gardin à Rome fut immédia- tement suivie d’un « Séminaire international sur la théorie des graphes et ses applications », organisé par Berge et l’Icc, démontrant l’intérêt soutenu pour la théorie des graphes à cette époque. Jaulin présenta son algorithme de détection de cliques maximales en 1961 au « Séminaire sur les modèles mathématiques en sciences humaines » de l’Ephe à Paris. Les documents de travail de ce séminaire sont la seule source connue décrivant cet algorithme (Jaulin, 1961, reproduit en Annexe A). Il existait un rapport interne du Cada intitulé « Sur une méthode de détermination des cliques dans un graphe symétrique », mais il n’a pas été conservé dans les archives ⁴⁵. Jaulin présentait sa méthode comme une amélioration de l’algorithme d’Harary et Ross. Il suggérait une approche différente, fondée sur l’algèbre booléenne et sur la notion de points uni- cliquaux (procédant par réduction du graphe pour traiter les nœuds qui n’appartiennent qu’à une seule clique). 42. Des informations biographiques détaillées sur Jaulin peuvent être trouvées dans l’au- tobiographie de son collègue et ami, le mathématicien et poète Jacques Roubaud (Roubaud, 2008, p. 71–73 et 173–205). p 7 73 73 5 43. Publiée ultérieurement comme Gardin et Jaulin, 1968. 44. Pour une histoire de ce centre, voir Nofre, 2014. p p 46. Une méthode de détection des cliques dans un graphe pondéré fut publiée pour la première fois en 1969 (Doreian, 1969). 45. Ce rapport est catalogué dans les archives Mae mais le document est absent; il n’est pas non plus conservé dans les archives du Cepam et l’Ahue. 44. Pour une histoire de ce centre, voir Nofre, 2014. 45. Ce rapport est catalogué dans les archives Mae mais le document est absent; il n’est pas non plus conservé dans les archives du Cepam et l’Ahue. 46. Une méthode de détection des cliques dans un graphe pondéré fut publiée pour la première fois en 1969 (Doreian, 1969). 42. Des informations biographiques détaillées sur Jaulin peuvent être trouvées dans l’au- tobiographie de son collègue et ami, le mathématicien et poète Jacques Roubaud (Roubaud, 2008, p. 71–73 et 173–205). 43. Publiée ultérieurement comme Gardin et Jaulin, 1968. 44. Pour une histoire de ce centre, voir Nofre, 2014. 45. Ce rapport est catalogué dans les archives Mae mais le document est absent; il n’est pas non plus conservé dans les archives du Cepam et l’Ahue. 46. Une méthode de détection des cliques dans un graphe pondéré fut publiée pour la première fois en 1969 (Doreian, 1969). 49. Voir par exemple la reconstitution des premières tentatives, menées en 1946, de résolution de problème numériques (De Mol et Bullynck, 2008), ou celles, datant de 1948, de simulations de réactions nucléaires (Haigh et al., 2014). 4.2 Bernard Jaulin et son algorithme de détection de cliques Selon Jaulin, cette méthode aurait été adaptée aux graphes symétriques et non pondérés. Gardin souligna que cette dernière caractéristique, l’absence de pondération, constituait un manque pour ses besoins ⁴⁶, car elle empêchait de tenir compte des intensités relatives des relations entre marchands : Une objection vient à l’esprit : cette définition des cliques a le tort de n’envisager que la présence ou l’absence d’un lien entre Une objection vient à l’esprit : cette définition des cliques a le tort de n’envisager que la présence ou l’absence d’un lien entre 17 deux marchands, sans lui accorder aucun « poids » selon le nom- bre ou la nature des relations qui l’expriment, dans l’analyse. (G di t G lli 6 86 ) Cependant, Gardin faisait aussi valoir 1) que l’absence d’échelle qui per- mettrait de définir les valeurs des pondérations limitait leur usage; et 2) qu’ils souhaitaient se concentrer en premier lieu sur la détection des cliques et des cycles, sans tenir compte des pondérations des relations (Gardin et Garelli, 1961, p. 864). L’algorithme de Jaulin a été implémenté deux fois. Dans les deux cas, les codes de programmation n’ont pas été retrouvés ou conservés. La première implémentation fut réalisée en 1960, par André Debroux (1932–?) d’IBM Belgique et Otto Hermann du Cetis ⁴⁷. Ce programme avait été écrit en SOAP (Symbolic Optimal Assembly Program), le langage d’assemblage de l’ordinateur IBM 650, et exécuté sur ce type de machine chez IBM Belgique. La seconde implémentation date de 1962, pour un ordinateur IBM 7043 : l‘exploitation des archives de Kültepe (Anatolie) à l’aide d’un or- dinateur […] s’est poursuivie en 1961-1962 : analyse de quelques centaines de tablettes supplémentaires, traduites de l’akkadien par M. GARELLI, et mise au point d’une programmation nou- velle, pour ordinateur 704. ⁴⁸ l‘exploitation des archives de Kültepe (Anatolie) à l’aide d’un or- dinateur […] s’est poursuivie en 1961-1962 : analyse de quelques centaines de tablettes supplémentaires, traduites de l’akkadien par M. GARELLI, et mise au point d’une programmation nou- velle, pour ordinateur 704. ⁴⁸ Cette seconde implémentation semble avoir été rapidement abandonnée. Je me suis donc appuyé sur les documents de travail du séminaire de 1961 pour reconstituer l’algorithme de Jaulin. 47 , , 9 , 9 43 , 48. Centre national de la recherche scientifique, Rapport d’activité. Octobre 1961–Octobre 1962, p. 417. 47. Cetis, Travaux du CETIS, 28-11-1960, BAC-118-1986 1431, Ahue. 48. Centre national de la recherche scientifique, Rapport d’activité. Octobre 1961–Octobre 1962, p. 417. 49. Voir par exemple la reconstitution des premières tentatives, menées en 1946, de résolution de problème numériques (De Mol et Bullynck, 2008), ou celles, datant de 1948, de simulations de réactions nucléaires (Haigh et al., 2014). 47. Cetis, Travaux du CETIS, 28-11-1960, BAC-118-1986 1431, Ahue.i 47. Cetis, Travaux du CETIS, 28-11-1960, BAC-118-1986 1431, Ahue. 48. Centre national de la recherche scientifique, Rapport d’activité. Octobre 1961–Octobre 1962, p. 417. 49. Voir par exemple la reconstitution des premières tentatives, menées en 1946, de résolution de problème numériques (De Mol et Bullynck 2008) ou celles datant de 1948 50. Voir Annexe B. 4.3 Une archéologie des algorithmes À l’instar des archéologues pratiquant l’expérimentation pour repro- duire des objets matériels et leurs usages, les historiens et historiennes de l’informatique s’attachent aujourd’hui à reconstituer les ordinateurs et les programmes ⁴⁹. Les informaticiens se livrent parfois également à cet exercice. Par exemple, les mathématiciens français Jean-Pierre Barthélemy (1945–2010) et Alain Guénoche (1947–) ont implémenté l’algorithme de détection de cliques de Paull et Unger, trente ans après sa publication en 1959 (Barthélemy et Guénoche, 1988, p. 201-205). Soulignons que Guénoche a été membre du Cada à partir de 1971. Il a, par la suite, collaboré durant une dizaine d’années à d’autres groupes de recherche associés à Gardin. Dans le cadre de cette étude, j’ai cherché à implémenter l’algorithme de Jaulin, avec le soutien de Guénoche. Toutefois, la description figurant 18 Figure 3 – Illustration de la détection de cliques dans le réseau commercial assyrien (adapté à partir de Gardin et Garelli, 1961, p. 868, Figure 10). Figure 3 – Illustration de la détection de cliques dans le réseau commercial assyrien (adapté à partir de Gardin et Garelli, 1961, p. 868, Figure 10). dans le document de travail de 1961 était si incomplète et confuse que cette tentative a échoué. Une solution alternative a consisté à extraire l’échantillon de données présenté dans l’article de 1961 à partir du diagramme illustrant la détection des cliques (Gardin et Garelli, 1961, p. 868), puis à traiter ces données avec d’autres méthodes afin d’en comparer les résultats. Cette approche s’apparente à celle de Hubbell, 1965, qui comparait les résultats de plusieurs méthodes appliquées aux données de MacRae, 1960. Soulignons que certains résultats de l’article de Gardin et Garelli sont contradictoires. Par exemple, la matrice d’adjacence présentée dans la figure 7 contient six cliques alors que la légende indique trois cliques et un sommet isolé, alors que ce dernier fait en réalité partie d’une clique. Par conséquent, les données ont été extraites non pas à partir de la matrice d’adjacence mais à partir du diagramme (Figure 3). J’ai ensuite appliqué cinq méthodes de détection de cliques, dont l’algorithme de Harary, que j’ai implémenté en langage R pour les besoins de cette recherche ⁵⁰. Toutes les méthodes ont identifié les mêmes six cliques que celles rapportées dans l’article de Gardin et Garelli (Tableau 1). Cependant, la méthode Harary détecte deux cliques supplémentaires, qui constituent des sous-graphes d’autres cliques et ne sont donc pas des cliques maximales. 50. Voir Annexe B. 51. Un autre exemple d’erreur est donné par Augustson et Minker, 1970, p. 577, note 7, qui proposèrent une implémentation corrigée de l’algorithme de recherche de sous-graphe maximum de Raymond E. Bonner, notant que ce dernier avait omis d’en décrire une étape importante dans sa publication (Bonner, 1964). 4.3 Une archéologie des algorithmes Ce résultat erroné, ainsi que la légende contradictoire de l’article de Gardin et Garelli, invitent à considérer avec plus d’attention la question des erreurs dans le recours aux méthodes formelles. dans le document de travail de 1961 était si incomplète et confuse que cette tentative a échoué. Une solution alternative a consisté à extraire l’échantillon de données présenté dans l’article de 1961 à partir du diagramme illustrant la détection des cliques (Gardin et Garelli, 1961, p. 868), puis à traiter ces données avec d’autres méthodes afin d’en comparer les résultats. Cette approche s’apparente à celle de Hubbell, 1965, qui comparait les résultats de plusieurs méthodes appliquées aux données de MacRae, 1960. Soulignons que certains résultats de l’article de Gardin et Garelli sont contradictoires. Par exemple, la matrice d’adjacence présentée dans la figure 7 contient six cliques alors que la légende indique trois cliques et un sommet isolé, alors que ce dernier fait en réalité partie d’une clique. Par conséquent, les données ont été extraites non pas à partir de la matrice d’adjacence mais à partir du diagramme (Figure 3). J’ai ensuite appliqué cinq méthodes de détection de cliques, dont l’algorithme de Harary, que j’ai implémenté en langage R pour les besoins de cette recherche ⁵⁰. Toutes les méthodes ont identifié les mêmes six cliques que celles rapportées dans l’article de Gardin et Garelli (Tableau 1). Cependant, la méthode Harary détecte deux cliques supplémentaires, qui constituent des sous-graphes d’autres cliques et ne sont donc pas des cliques maximales. Ce résultat erroné, ainsi que la légende contradictoire de l’article de Gardin et Garelli, invitent à considérer avec plus d’attention la question des erreurs dans le recours aux méthodes formelles. 19 Tableau 1 – Identifiant et taille des six cliques indiquées dans Gardin et Garelli, 1961, comparées avec les cliques détectées ou non par les différentes méthodes. Id Taille Gardin & Garelli Harary Bron Makino Osertgard Eppstein (sommets) 1961 1957 1973 2004 2001 2010 1 5 x x x x x x 2 4 x x x x x x 3 3 x x x x x x 4 3 x x x x x x 5 3 x x x x x x 6 3 x x x x x x – 3 – x – – – – – 3 – x – – – – 4.4 Des algorithmes défaillants Considérant que les différentes méthodes reposent sur la même défini- tion des cliques, la différence des résultats générés par la méthode Harary laisse supposer une défaillance dans cet algorithme. Retracer l’histoire de cette méthode confirme cette hypothèse. Frank Harary (1921–2005) était un mathématicien américain spécialisé en théorie des graphes. Il nourris- sait un intérêt particulier pour le développement d’applications à un large éventail de domaines, y compris l’anthropologie sociale (Hage et Harary, 1983). Après sa publication en 1957 (Harary et Ross, 1957), la méthode a été étendue aux graphes pondérés environ douze ans plus tard (Doreian, 1969). Dans l’intervalle, personne ne remarqua que l’algorithme de 1957 était défectueux, avant qu’Harary lui-même ne le fasse, treize années plus tard : To set the record straight, that algorithm determines not only all the cliques of a graph, but sometimes a few other subgraphs as well. Cor- rect algorithms for clique detection have subsequently been derived independently by several experts in computer programming. (Harary, 1970, p. 6.)i La méthode fut ainsi modifiée et implémentée en langage PL/1 (Dixon, 1973). Ce cas illustre comment une erreur algorithmique peut persister sur une longue période, sans que sa diffusion scientifique en soit limitée ⁵¹. La méthode fut ainsi modifiée et implémentée en langage PL/1 (Dixon, 1973). Ce cas illustre comment une erreur algorithmique peut persister sur une longue période, sans que sa diffusion scientifique en soit limitée ⁵¹. g p qfi q Comme signalé précédemment, la détection des cliques n’a pas été ap- pliquée à l’étude du réseau social des Nouvelles-Hébrides et a pratiquement 20 été oubliée par Gardin et ses collègues dans leurs recherches ultérieures. La méthode de Jaulin est absente de la littérature spécialisée sur les graphes, à l’exception d’une brève mention dans l’ouvrage de Flament Théorie des graphes et structures sociales ⁵². Les auteurs de l’ouvrage Introduction to Finite Mathematics reprennent les données de Gardin et Garelli pour discuter du recours à la détection de cliques afin d’identifier des marchands homo- nymes. Toutefois, ils n’abordent pas la définition des algorithmes (Kemeny et al., 1971, p. 401-406).i p Contrairement au cas de la méthode Harary, qui bénéficia d’une dif- fusion et d’un usage importants (en janvier 2024, Google Scholar signalait 282 citations de l’article de 1957), le caractère imparfait et l’efficacité li- mitée de la méthode Jaulin ont probablement empêché son auteur de la publier. 52. Flament, 1965, p. 53; voir aussi la version anglaise de ce livre, parue précédemment, Flament, 1963, p. 37. Les revues de littérature ultérieures – y compris celles publiées en français – ne mentionnent pas la méthode Jaulin, par exemple Schneider, 1973. 4.4 Des algorithmes défaillants Comme évoqué, la seule description disponible de l’algorithme était confuse. De plus, Jaulin avait lui-même signalé une limite de sa mé- thode, qui ne pouvait être appliquée aux graphes sans sommets unicliquaux ni sommets réductibles; Jaulin indiquait que, dans de tels cas, la méthode Harary devait être utilisée (Jaulin, 1961, p. 56). Les carrières contrastées de ces deux algorithmes défaillants soulignent l’importance significative des facteurs externes qui déterminent l’adoption et l’utilisation de méthodes formelles. Conclusion En combinant une approche socio-historique et une reconstruction ex- périmentale, cet article présente plusieurs contributions au développement actuel de l’histoire de l’informatique. Il met en lumière les premières ap- plications automatisées de la théorie des graphes en SHS, développées en Europe mais tombées dans l’oubli. Il souligne ce faisant le rôle important que ces disciplines ont joué à cet égard. Les contributions de Gardin et de ses collègues ont été particulièrement innovantes. Cependant, comme l’illustre le cas de l’étude du réseau commercial assyrien, leurs travaux ont fait l’ob- jet d’une réception et d’une reconnaissance extrêmement faibles eu égard leur originalité et leur valeur méthodologique. Deux facteurs possibles de cette sous-évaluation ont été discutés dans cet article, outre les effets des bibliographies sur la découvrabilité et la réutilisation des productions scientifiques :fi — les effets des politiques de financement de la recherche, illustrés ici par le transfert de l’effort de recherche sur le traitement de l’infor- mation non numérique et les applications de la théorie des graphes depuis des espaces interdisciplinaires temporaires (le Cada et le 21 Cetis) vers des organisations disciplinaires liées à l’informatique, alors émergente; Cetis) vers des organisations disciplinaires liées à l’informatique, alors émergente; Cetis) vers des organisations disciplinaires liées à l’informatique, alors émergente; — les carrières erratiques des algorithmes, dans lesquelles la correction mathématique, l’efficacité computationnelle, les révisions et correc- tions, ainsi que le statut des auteurs sont des facteurs déterminants, mais imprévisibles. Les travaux abordés dans cet article constituaient indéniablement des in- novations de pointe en leur temps. Leur analyse détaillée montre que leur valeur et leurs effets scientifiques à long terme sont moins contrôlables que ce que supposent parfois les décideurs politiques des sciences, lorsqu’ils sont tentés d’organiser la science comme on gère l’innovation technologique. Remerciements Je remercie Pierre-Éric Mounier-Kuhn pour ses conseils et la mise à dis- position des archives de l’Institut Blaise Pascal, Solène Chevalier et Olivier Rouault pour leur aide dans l’accès à certains documents, Alain Guénoche pour son soutien dans la compréhension de l’algorithme de Bernard Jaulin, Gary MacDonald pour m’avoir signalé l’ouvrage de John G. Kemeny et al., et Laurent Beauguitte pour sa relecture au bénéfice de la revue ARCS. Références Alba, R. D. (1973). « A Graph-theoretic Definition of a Sociometric Clique ». 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European Journal of Operational Research, 242(3), 693-709. https://doi.org/10.1016/j.ejor.2014.09.064 27 ∗. Voir compte-rendu Fascicule I : M. Gardin. NDE : Jaulin fait référence à Gardin, 1961. Annexe A : Jaulin, B. 1961, Sur une méthode de déter- mination des cliques dans un graphe symétrique Annexe A : Jaulin, B. 1961, Sur une méthode de déter- mination des cliques dans un graphe symétrique Nous nous proposons de décrire une méthode permettant de déterminer toutes les cliques d’un graphe fini et non orienté. Rappelons qu’un graphe est un ensemble 푌, ensemble de marchands ∗, etc…, et une application de 푌 dans 푌, les relations commerciales entre ces marchands par exemple. Le graphe est fini c’est-à-dire que l’ensemble 푌est fini, et non orienté, c’est-à- dire que la relation est symétrique, si 푥traite avec 푦, 푦traite avec 푥. Si nous avions distingué la vente de l’achat dans les transactions entre marchands le graphe eût alors été orienté. On notera Γ푥les éléments qui sont en relation avec 푥. Une clique est un ensemble 퐶⊂푌tel que si 푥∈퐶et 푦∈퐶on a 푦∈Γ푥quels que soient 푦et 푥dans 퐶. On appellera élément unicliqual et élément pluricliqual ceux des élé- ments qui appartiennent à une et plusieurs cliques respectivement.f Différentes méthodes ont été proposées pour la détermination des cliques d’un graphe. BERGE dans (1) ramène le problème à celui plus général de la recherche d’un ensemble stable intérieurement maximum, HAVARY [sic] dans (2) utilisant un résultat donné par FESTINGER permet- tant d’identifier les éléments unicliquaux décrit un algorithme conduisant à toutes les cliques du graphe. Le procédé que nous décrirons diffère de celui d’HAVARY [sic] par la façon de déterminer les points unicliquaux et les cliques correspondantes et aussi du fait qu’il permet de résoudre directement les cliques passant par certains points pluricliquaux d’un type particulier. Soit 푋la matrice symétrique associée au graphe 푋= (푥푖푗) 푥푖푗= 0 si l’élément 푖n’est pas en relation avec l’élément 푗 ( 푖푗) 푥푖푗= 0 si l’élément 푖n’est pas en relation avec l’élément 푗 Nous dirons qu’un sommet 푘du graphe est intermédiaire entre 푖et 푗si 푥푖푘= 푥푗푘= 1. Soit si l’on a la représentation Soit 푎푖푗les éléments de la matrice 푋2 푎푖푗= 푛 Õ 푘=1 푥푖푘푥푘푗 ∗. Voir compte-rendu Fascicule I : M. Gardin. NDE : Jaulin fait référence à Gardin, 1961. 28 d’après la définition précédente 푎푖푗représente le nombre d’intermé- diaires entre 푖et 푗. Appelons 푏푖푗= 푎푖푗· 푥푖푗et 퐵la matrice des 푏푖푗. a) Points unicliquaux Propriété 1 Pour que l’élément 푖appartienne à une seule clique d’ordre 푝 il faut et il suffit que l’on ait quel que soit 푗, 푏푖푗= 푏1 푖= 푝−1f 푗 푖 En effet l’un quelconque des éléments 푗en relation avec l’élément 푖a 푝−1 intermédiaires avec 푖, et comme 푟(푖) = 푏1 푖+ 1 = 푝représente le nombre d’éléments pouvant être en clique avec 푖, l’élément 푗est relié à tous les éléments reliés à 푖et ceci quel que soit 푗. Ces éléments forment donc une seule clique passant par 푖. Annexe A : Jaulin, B. 1961, Sur une méthode de déter- mination des cliques dans un graphe symétrique Alors 푏푖푗= 0 si 푖n’est pas relié à 푗 et 푏푖푗= 푎푖푗si 푖est relié à 푗 ainsi si 푏푖푗= 1 on a i j si 푏푖푗= 2 on a i j Détermination des points unicliquaux et des points réductibles Appelons 푟(푖) le nombre de 푏 différents de zéro dans la ligne 푖de la d’après la définition précédente 푎푖푗représente le nombre d’intermé- diaires entre 푖et 푗. Appelons 푏푖푗= 푎푖푗· 푥푖푗et 퐵la matrice des 푏푖푗. Alors 푏푖푗= 0 si 푖n’est pas relié à 푗 et 푏푖푗= 푎푖푗si 푖est relié à 푗 ainsi si 푏푖푗= 1 on a d’après la définition précédente 푎푖푗représente le nombre d’intermé- diaires entre 푖et 푗. Appelons 푏푖푗= 푎푖푗· 푥푖푗et 퐵la matrice des 푏푖푗. Alors 푏푖푗= 0 si 푖n’est pas relié à 푗 et 푏푖푗= 푎푖푗si 푖est relié à 푗 ainsi si 푏푖푗= 1 on a d’après la définition précédente 푎푖푗représente le nombre d’intermé- diaires entre 푖et 푗. si 푏푖푗= 2 on a Détermination des points unicliquaux et des points réductibles Appelons 푟(푖) le nombre de 푏푖푗différents de zéro dans la ligne 푖de la matrice 퐵et 푏1 푖= 푠푢푝(푏푖푗) 푗= 1 `푎푛 remarquons que 푏1 푖ne peut pas être supérieur à 푟(푖), il existerait sinon des éléments 푘intermédiaires à 푖et à 푗où 푗est défini par 푏푖푗= 푏1 푖et pour lesquels 푏푖푘= 0 ce qui est impossible car 푘étant intermédiaire entre 푖et 푗, 푗 est intermédiaire entre 푖et 푘donc 푏푖푘≠0. On a donc 푏1 푖≤푟(푖) −1. Distinguons deux cas : Distinguons deux cas : 1ᵒ) 푏1 푖= 푟(푖) −1 b) Points réductibles Appelons 푗1, 푗2, . . . , 푗푘les éléments pour lesquels 푏푖푗1 = . . . 푏푖푗푘= 푏1 푖 29 Propriété 2 Les éléments 푗1, 푗2, . . . , 푗푘font partie de toutes les cliques passant par 푖. Le raisonnement est analogue au précédent, le couple (푖, 푗푖) ayant 푏1 푖= 푟(푖) −1 intermédiaires, 푗푖est relié à tous les éléments pouvant être en clique avec 푖de même pour 푗2, . . . , 푗푘. Propriété 2 Les éléments 푗1, 푗2, . . . , 푗푘font partie de toutes les cliques passant par 푖. Le raisonnement est analogue au précédent, le couple (푖, 푗푖) ayant 푏1 푖= 푟(푖) −1 intermédiaires, 푗푖est relié à tous les éléments pouvant être en clique avec 푖de même pour 푗2, . . . , 푗푘. Nous appellerons (푗1, . . . , 푗푘) le noyau des cliques passant par 푖. Les individus qui sont en relation avec 푖le sont avec 푗1, . . . , 푗푘mais la proposition inverse est fausse. Les éléments liés à l’un des 푗1, . . . , 푗푘ne sont pas tous en relation avec 푖. Conséquence 1 Les 푏푖푗différents de zéro autres que 푏1 푖sont au moins égaux à 푘, ceux pour lesquels 푏푖푗= 푘forment avec 푖une clique à 푘+ 2 éléments formés de 푖, 푗, 푗1, . . . , 푗푘. Ainsi l’on résout les éléments 푖tels que ceux indiqués sur la figure où le nombre des 푗푖et des 푗푖n’est pas limité. j1 j2 j2 j1 i Conséquence 2 Si par le procédé précédent on a trouvé une ou plusieurs cliques 푖, 푗1, 푗1, . . . , 푗푘on déduira de la ligne 푖une nouvelle ligne 푖′ de la façon suivante : les éléments 푏푖′푗1, . . . , 푏푖′푗푘correspondant à 푗1, 푗2, . . . , 푗푘et 푏푖′푗1 seront égalés à zéro, les autres éléments 푏푖′푗seront égalés à 푏푖푗−푘. Sur cette nouvelle ligne on en essayera l’analyse en utilisant soit la propriété 1 soit la conséquence 2, si elle aboutit à une clique il faudra lui adjoindre les éléments 푗1, 푗2, . . . , 푗푘. On résoudra en utilisant cette conséquence des éléments 푖tels que ceux indiqués sur la figure, comme précédemment le nombre des 푗푖et des 푗푖n’est pas limité. j1 j2 j1 j3 i j' j'' j'' Les éléments 푖pouvant être résolus entièrement en utilisant la conséquence 1 ou 2 nous les appellerons des points réductibles. Les différentes étapes du procédé a) on calcule 퐵et l’on évalue 푟(푖) et 푏1 푖pour chaque ligne de la matrice. Si 푏1 푖< 푟(푖) −1 pour tous les points on passe à l’étape c. Si 푏1 푖= 푟(푖) −1 pour certaines lignes, on utilise les 2 critères relatifs aux points unicliquaux et réductibles pour résoudre cette ligne. Une ligne complètement résolue est une ligne nulle après analyse. b) On calcule 푋′ déduite de 푥en enlevant les lignes et les colonnes relatives aux points résolus au cours de l’étape précédente et on en revient en a où 푋est remplacé par 푋′. L’itération est arrêtée quand 푋est devenu nul. c) On recherche un des points pour lequel 푟(푖) est le plus grand. On calcule 푋푖obtenu en enlevant cette fois à la matrice 푋les lignes et les colonnes correspondant aux éléments pour lesquels 푏푖푗= 0 dans la ligne 푖de la matrice 퐵et on retourne en a après avoir considéré à nouveau le graphe total itérant la chaîne avec une matrice 푋′ déduite de 푋en enlevant la ligne et la colonne correspondant au point 푖. 2 juin 1961 2 juin 1961 2 juin 1961 2ᵒ) 푏1 푖< 푟(푖) −1 Il existe malheureusement des graphes tels que pour chacun de leurs éléments on a cette inégalité : pas de points unicliquaux ni de points réduc- tibles. Dans ce cas on peut opérer d’une façon analogue à celle indiquée par HAVARY [sic] dans (2) et considérer une partie du graphe total formée des éléments pouvant entrer en clique avec un élément 푖quelconque, ce- lui pour lequel, par exemple, 푟(푖) est maximum. Résoudre cette partie du graphe c’est déterminer toutes les cliques passant par 푖. La matrice 푋푖cor- respondant à cet ensemble est obtenue en enlevant les lignes et les colonnes correspondant aux éléments 푗n’entrant pas en clique avec 푖. Remarquons que dans la matrice 퐵푖déduite de 푋푖pour tous les éléments autres que 푖 on a l’égalité 푏1 푖= 푟(푖) −1. Cela ne veut pas dire pour autant que tous les points sont réductibles, il se peut même qu’aucun ne le soit. b) Points réductibles Lorsqu’un point est résolu entièrement la ligne 푖de la matrice 퐵est nulle. Si un point a été résolu partiellement il faut en vue d’une itération laisser inchangée la ligne correspondante de cette matrice. On peut montrer qu’il existe 2푘−1 types différents de points réductibles pour 푏1 푖= 푟(푖) −1 = 푘, mais le nombre 30 de configurations possibles est beaucoup plus grand. À titre d’exemple si 푏1 푖= 4, il existe 10 configurations possibles dont 8 sont réductibles à 푏1 푖= 5, seulement 16 sont réductibles sur 32 environ. 2ᵒ) 푏1 푖< 푟(푖) −1 1. BERGE : Théorie des graphes et ses applications. .getC <- function(M, unicliquals, Mrowsums){ Cgroup.list <- list() CgroupIndex.list <- list() CgroupPrime.list <- list() Bibliographie 1. BERGE : Théorie des graphes et ses applications. 1. BERGE : Théorie des graphes et ses applications. 2. HAVARY [sic] : A procedure for clique detection using the group matrix. 2. HAVARY [sic] : A procedure for clique detection using the group matrix. 31 3. FESTINGER : The analysis of sociograms using matrix algebra. Chargement des paquets et des données Quatre paquets sont installés et chargés afin de disposer d’implémenta- tions des algorithmes listés dans le Tableau 2 : Tableau 2 – Algorithmes de détection de cliques utilisés et références de leur implémentation dans des paquets R. algorithme fonction package référence Bron et Kerbosch, 1973 maxClique() RBGL Carey et al., 2020 Makino et Uno, 2004 clique.census() sna Butts, 2020 Östergård, 2001 qpGetCliques() qpgraph Castelo et Roverato, 2009 Eppstein et al., 2010 max_cliques() igraph Csárdi et Nepusz, 2006 if (! requireNamespace("igraph", quietly = TRUE)){ install.packages("igraph") } if (! requireNamespace("sna", quietly = TRUE)){ install.packages("sna") } if (! requireNamespace("RBGL", quietly = TRUE)){ install.packages("BiocManager") BiocManager::install("RBGL") } if (! requireNamespace("qpgraph", quietly = TRUE)){ BiocManager::install("qpgraph") } library(igraph) library(sna) library(RBGL) library(qpgraph) if (! requireNamespace("igraph", quietly = TRUE)){ install.packages("igraph") } if (! requireNamespace("sna", quietly = TRUE)){ install.packages("sna") } if (! requireNamespace("RBGL", quietly = TRUE)){ install.packages("BiocManager") BiocManager::install("RBGL") } if (! requireNamespace("qpgraph", quietly = TRUE)){ BiocManager::install("qpgraph") } library(igraph) library(sna) library(RBGL) library(qpgraph) Implémentation de l’algorithme d’Harary et Ross Le code suivant constitue notre proposition d’implémentation de la méthode de détection de cliques décrite dans Harary et Ross, 1957. Ce code est également disponible en ligne (doi : 10.5281/zenodo.3932104). 32 for(i in 1:nrow(M) ){ # skip if the point already belongs to a clique: if(i %in% unlist(CgroupIndex.list)) next # skip if no unicliqual points: if(! i %in% unicliquals ) next CgroupIndex <- sort(c(i, which(M[, i] != 0))) Cgroup <- sort(colnames(M)[c(i, which(M[, i] != 0))]) CgroupPrime <- which( Mrowsums == Mrowsums[i] ) CgroupPrime <- CgroupPrime[CgroupPrime %in% CgroupIndex] # add to results Cgroup.list <- append(Cgroup.list, list(Cgroup)) CgroupIndex.list <- append(CgroupIndex.list, list(CgroupIndex)) CgroupPrime.list <- append(CgroupPrime.list, list(CgroupPrime)) } list(Cgroup.list = Cgroup.list, CgroupPrime.list = CgroupPrime.list) } .substract.matrix <- function(mat, CgroupPrime.list){ i <- 1:nrow(mat) i <- i[ ! 1:nrow(mat) %in% unlist(CgroupPrime.list) ] mat[i, i] } .extract.cliques <- function(mat){ cliques.list <- list() M <- mat * mat %*% t(mat) np <- apply(mat, 1, sum) # similar to vertices' degrees Mrowsums <- rowSums(M) unicliquals <- which( Mrowsums == np * (np - 1) ) if(length(unicliquals) > 0){ res <- .getC(M, unicliquals, Mrowsums) cliques <- res$Cgroup.list # get only cliques with at least 3 vertices: cliques <- cliques[sapply(cliques, function(x) length(x) > 2 )] cliques.list <- append(cliques.list, cliques) mat <- .substract.matrix(mat, res$CgroupPrime.list) } else{ CgroupIndex <- sort(c(1, which(M[, 1] != 0))) Cgroup <- c(1, which(mat[, 1] != 0)) submat1 <- mat[Cgroup, Cgroup] submat2 <- mat[-1, -1] mat <- list(submat1, submat2) } list(mat, cliques.list) } haross.cliques <- function(mat){ # initial tests: if( ! is.matrix(mat) ) stop("The argument is not a matrix.") if( ncol(mat) != nrow(mat) ) stop("A square matrix is required.") if( is.null(colnames(mat)) & is.null(rownames(mat)) ){ CgroupPrime.list <- append(CgroupPrime.list, list(CgroupPrime)) CgroupPrime.list <- append(CgroupPrime.list, list(CgroupPrime)) } list(Cgroup.list = Cgroup.list, CgroupPrime.list = CgroupPrime.list) .substract.matrix <- function(mat, CgroupPrime.list){ i <- 1:nrow(mat) i <- i[ ! 1:nrow(mat) %in% unlist(CgroupPrime.list) ] mat[i, i] .extract.cliques <- function(mat){ cliques.list <- list() M <- mat * mat %*% t(mat) np <- apply(mat, 1, sum) # similar to vertices' degrees Mrowsums <- rowSums(M) unicliquals <- which( Mrowsums == np * (np - 1) ) submat1 <- mat[Cgroup, Cgroup] [ ] submat2 <- mat[-1, -1] mat <- list(submat1, submat2) mat <- list(submat1, submat2) } list(mat, cliques.list) haross.cliques <- function(mat){ 33 colnames(mat) <- 1:ncol(mat) rownames(mat) <- 1:nrow(mat) } # set variables: cliques.list.final <- list() mat.list <- list(mat) repeat{ # repeat while the sum of the matrix values > 0 # run the main function: res <- lapply(mat.list, .extract.cliques) # sort results: # 1) extract and add the cliques to the list: cliques.list.final <- append(cliques.list.final, lapply(res, function(x) x[[2]]) ) # 2) extract the list of matrices: mat.list <- lapply(res, function(x) x[[1]] ) # if the list is too nested, unnest: if( is.list(mat.list[[1]]) & length(mat.list[[1]]) > 1 ) { mat.list <- unlist(mat.list, recursive = F) } # keep only the matrices with more than 2 points: mat.list <- mat.list[ sapply(mat.list, function(x) sum(x) > 2 ) ] # if there is no more matrices, break if( length(mat.list) == 0 ) break } unlist(cliques.list.final, recursive = F) } unlist(cliques.list.final, recursive = F) } Ce graphe est converti en différents formats. # matrix: GardinGarelli.g <-igraph::graph_from_data_frame(GardinGarelli.df,directed=F) GardinGarelli.df <- igraph::as_adjacency_matrix(GardinGarelli.g, sparse=F) # graphNEL: # graphNEL: GardinGarelli.nel <- igraph::igraph.to.graphNEL(GardinGarelli.g) # sna network: GardinGarelli.net <- network::network(GardinGarelli.df, directed=F) Données Le graphe présenté en Figure 10 dans Gardin et Garelli, 1961, p. 868, permet de reconstituer un graphe et la liste des cliques identifiées par les auteurs. # Reproduction du tableau tiré de Gardin et Garelli 1961, fig. 10 p. 868: ( ( # Reproduction du tableau tiré de Gardin et Garelli 1961, fig. 10 p. 868: # Reproduction du tableau tiré de Gardin et Garelli 1961, fig. 10 p. 868: GardinGarelli.df <- as.matrix(rbind( c("amur-ishtar", "laqipun"), c("hina", "amur-ishtar"), c("hina", "im(i)d-ilum"), c("hina", "laqipun"), c("im(i)d-ilum", "amur-ishtar"), c("im(i)d-ilum", "laqipun"), c("pushu-kin", "hina"), c("pushu-kin", "laqipun"), c("amur-ishtar", "assur-nada"), c("assur-imitti", "amur-ishtar"), c("assur-imitti", "assur-nada"), c("assur-taklaku", "amur-ishtar"), c("assur-taklaku", "assur-nada"), c("assur-taklaku", "pushu-kin"), GardinGarelli.df <- as.matrix(rbind( c("amur-ishtar", "laqipun"), c("hina", "amur-ishtar"), c("hina", "im(i)d-ilum"), c("hina", "laqipun"), c("im(i)d-ilum", "amur-ishtar"), c("im(i)d-ilum", "laqipun"), c("pushu-kin", "hina"), c("pushu-kin", "laqipun"), c("amur-ishtar", "assur-nada"), c("assur-imitti", "amur-ishtar"), c("assur-imitti", "assur-nada"), c("assur-taklaku", "amur-ishtar") c("assur-taklaku", "assur-nada"), c("assur-taklaku", "pushu-kin"), c("amur-ishtar", "laqipun"), c("hina", "amur-ishtar"), c("hina", "im(i)d-ilum"), c("hina", "laqipun"), c("im(i)d-ilum", "amur-ishtar"), c("im(i)d-ilum", "laqipun"), c("pushu-kin", "hina"), 34 c("pushu-kin", "assur-nada"), c("assur-tab", "im(i)d-ilum"), c("assur-tab", "pushu-kin"), c("buzazu", "enna-sin"), c("buzazu", "shu-belim"), c("mannum-balum-assur", "enna-sin"), c("mannum-balum-assur", "shu-belim"), c("amur-ishtar", "pushu-kin"), c("im(i)d-ilum", "pushu-kin"), c("enna-sin", "shu-belim") )) colnames(GardinGarelli.df) <- c("from", "to") # cliques indiquées par Gardin et Garelli 1961: GardinGarelli.res <- list( c("amur-ishtar", "pushu-kin", "hina", "im(i)d-ilum", "laqipun"), c("amur-ishtar", "pushu-kin", "assur-nada", "assur-taklaku"), c("amur-ishtar", "assur-imitti", "assur-nada"), c("pushu-kin", "assur-tab", "im(i)d-ilum"), c("buzazu", "enna-sin", "shu-belim"), c("enna-sin", "mannum-balum-assur", "shu-belim") ) c("pushu-kin", "assur-nada"), c("assur-tab", "im(i)d-ilum"), c("assur-tab", "pushu-kin"), c("buzazu", "enna-sin"), c("buzazu", "shu-belim"), c("mannum-balum-assur", "enna-sin"), c("mannum-balum-assur", "shu-belim"), c("amur-ishtar", "pushu-kin"), c("im(i)d-ilum", "pushu-kin"), c("enna-sin", "shu-belim") )) colnames(GardinGarelli.df) <- c("from", "to") # cliques indiquées par Gardin et Garelli 1961: GardinGarelli.res <- list( c("amur-ishtar", "pushu-kin", "hina", "im(i)d-ilum", "laqipun"), c("amur-ishtar", "pushu-kin", "assur-nada", "assur-taklaku"), c("amur-ishtar", "assur-imitti", "assur-nada"), c("pushu-kin", "assur-tab", "im(i)d-ilum"), c("buzazu", "enna-sin", "shu-belim"), c("enna-sin", "mannum-balum-assur", "shu-belim") ) Comparaison des résultats Les cliques détectées par les différents algorithmes sont identifiées en triant et concaténant les noms des sommets qu’elles comportent. res.list <- list( "Gardin 1961" = GardinGarelli.res, "Harary 1957" = harary.res, "Bron 1973" = bron.res, "Makino 2004" = makino.res, "Osertgard 2001" = ostergard.res, "Eppstein 2010" = eppstein.res ) # tri et concaténation des noms de sommets: res.list <- lapply(res.list, function(x) lapply(x, sort)) res.list <- lapply(res.list, function(x) lapply(x, paste, collapse="/")) res.list <- list( "Gardin 1961" = GardinGarelli.res, "Gardin 1961" = GardinGarell "Harary 1957" = harary.res, "Bron 1973" = bron.res, "Makino 2004" = makino.res, "Osertgard 2001" = ostergard.res, "Eppstein 2010" = eppstein.res ) # tri et concaténation des noms de sommets: res.list <- lapply(res.list, function(x) lapply(x, sort)) res.list <- lapply(res.list, function(x) lapply(x, paste, collapse="/")) Ces différents résultats sont comparés à ceux obtenus à l’aide de la méthode d’Harary et Ross (Tableau 1). res.tab <- lapply(res.list, function(x) res.list[[2]] %in% x) res.tab <- do.call("rbind", res.tab) res.tab <- t(res.tab) res.tab <- cbind(id = c(1:6, NA, NA), size = sapply(harary.res, length), res.tab) res.tab <- lapply(res.list, function(x) res.list[[2]] %in% x) res.tab <- do.call("rbind", res.tab) res.tab <- t(res.tab) res.tab <- cbind(id = c(1:6, NA, NA), size = sapply(harary.res, length), res.tab) size = sapply(harary.res, length), res.tab) Exécution des détections de cliques Les cinq algorithmes de détection de cliques sont appliqués sur le graphe. # Harary and Ross 1957 harary.res <- haross.cliques(GardinGarelli.df) harary.res <- harary.res[ order(sapply(harary.res, length), decreasing=T) ] # Bron and Kerbosch 1973 (RBGL) bron.res <- RBGL::maxClique(GardinGarelli.nel)$maxCliques # Makino and Uno 2004 (sna) makino.res <- sna::clique.census(GardinGarelli.net, mode="graph", tabulate.by.vertex=F)$cliques makino.res <- lapply(makino.res, function(x) lapply(x, function(y) network.vertex.names(GardinGarelli.net)[y]) ) makino.res <- unlist(makino.res, recursive = F) # Ostergard 2001 (qpgraph) ostergard.res <- qpgraph::qpGetCliques(GardinGarelli.df) 35 ## 1/13 (max 1) 0.00 s (0.00 s/round) ## 13/13 (max 1) 0.00 s (0.00 s/round) ostergard.res <- lapply(ostergard.res, function(i) rownames(GardinGarelli.df)[i]) # Eppstein et al. 2010 (igraph) eppstein.res <- igraph::max_cliques(GardinGarelli.g, min=3) eppstein.res <- lapply(eppstein.res, names) ## 1/13 (max 1) 0.00 s (0.00 s/round) ## 13/13 (max 1) 0.00 s (0.00 s/round) ostergard.res <- lapply(ostergard.res, function(i) rownames(GardinGarelli.df)[i]) # Eppstein et al. 2010 (igraph) eppstein.res <- igraph::max_cliques(GardinGarelli.g, min=3) eppstein.res <- lapply(eppstein.res, names) ostergard.res <- lapply(ostergard.res, eppstein.res <- lapply(eppstein.res, names) Informations de session R — R version 4.0.3 (2020-10-10), x86_64-pc-linux-gnu — Running under : Arch Linux — Matrix products : default — BLAS : /usr/lib/libblas.so.3.9.0 — LAPACK : /usr/lib/liblapack.so.3.9.0 — Base packages : base, datasets, graphics, grDevices, methods, parallel, stats, utils — Other packages : BiocGenerics 0.34.0, graph 1.66.0, igraph 1.2.6, knitr 1.30, network 1.16.1, qpgraph 2.22.0, RBGL 1.64.0, sna 2.6, statnet.common 4.4.1, xtable 1.8-4 — R version 4.0.3 (2020-10-10), x86_64-pc-linux-gnu — Running under : Arch Linux — Matrix products : default p — BLAS : /usr/lib/libblas.so.3.9.0 — LAPACK : /usr/lib/liblapack.so.3.9.0 p — Base packages : base, datasets, graphics, grDevices, methods, parallel, stats, utils — Other packages : BiocGenerics 0.34.0, graph 1.66.0, igraph 1.2.6, knitr 1.30, network 1.16.1, qpgraph 2.22.0, RBGL 1.64.0, sna 2.6, statnet.common 4.4.1, xtable 1.8-4 36 — Loaded via a namespace (and not attached) : annotate 1.66.0, AnnotationDbi 1.50.3, askpass 1.1, assertthat 0.2.1, Biobase 2.48.0, BiocFileCache 1.12.1, BiocParallel 1.22.0, biomaRt 2.44.4, Biostrings 2.56.0, bit 4.0.4, bit64 4.0.5, bitops 1.0-6, blob 1.2.1, coda 0.19-4, codetools 0.2-16, compiler 4.0.3, crayon 1.3.4, curl 4.3, DBI 1.1.0, dbplyr 2.0.0, DelayedArray 0.14.1, digest 0.6.27, dplyr 1.0.2, ellipsis 0.3.1, evaluate 0.14, generics 0.1.0, GenomeInfoDb 1.24.2, GenomeInfoDbData 1.2.3, GenomicAlignments 1.24.0, GenomicFeatures 1.40.1, GenomicRanges 1.40.0, glue 1.4.2, grid 4.0.3, highr 0.8, hms 0.5.3, httr 1.4.2, IRanges 2.22.2, lattice 0.20-41, lifecycle 0.2.0, magrittr 2.0.1, Matrix 1.2-18, matrixStats 0.57.0, memoise 1.1.0, mvtnorm 1.1-1, openssl 1.4.3, pillar 1.4.7, pkgconfig 2.0.3, prettyunits 1.1.1, progress 1.2.2, purrr 0.3.4, qtl 1.47-9, R6 2.5.0, rappdirs 0.3.1, Rcpp 1.0.5, RCurl 1.98-1.2, Rgraphviz 2.32.0, rlang 0.4.10, rle 0.9.2, Rsamtools 2.4.0, RSQLite 2.2.1, rtracklayer 1.48.0, S4Vectors 0.26.1, stats4 4.0.3, stringi 1.5.3, stringr 1.4.0, SummarizedExperiment 1.18.2, tibble 3.0.4, tidyselect 1.1.0, tools 4.0.3, vctrs 0.3.6, xfun 0.20, XML 3.99-0.5, xml2 1.3.2, XVector 0.28.0, zlibbioc 1.34.0 — Loaded via a namespace (and not attached) : annotate 1.66.0, AnnotationDbi 1.50.3, askpass 1.1, assertthat 0.2.1, Biobase 2.48.0, BiocFileCache 1.12.1, BiocParallel 1.22.0, biomaRt 2.44.4, Biostrings 2.56.0, bit 4.0.4, bit64 4.0.5, bitops 1.0-6, blob 1.2.1, coda 0.19-4, codetools 0.2-16, compiler 4.0.3, crayon 1.3.4, curl 4.3, DBI 1.1.0, dbplyr 2.0.0, DelayedArray 0.14.1, digest 0.6.27, dplyr 1.0.2, ellipsis 0.3.1, evaluate 0.14, generics 0.1.0, GenomeInfoDb 1.24.2, GenomeInfoDbData 1.2.3, GenomicAlignments 1.24.0, GenomicFeatures 1.40.1, GenomicRanges 1.40.0, glue 1.4.2, grid 4.0.3, highr 0.8, hms 0.5.3, httr 1.4.2, IRanges 2.22.2, lattice 0.20-41, lifecycle 0.2.0, magrittr 2.0.1, Matrix 1.2-18, matrixStats 0.57.0, memoise 1.1.0, mvtnorm 1.1-1, openssl 1.4.3, pillar 1.4.7, pkgconfig 2.0.3, prettyunits 1.1.1, progress 1.2.2, purrr 0.3.4, qtl 1.47-9, R6 2.5.0, rappdirs 0.3.1, Rcpp 1.0.5, RCurl 1.98-1.2, Rgraphviz 2.32.0, rlang 0.4.10, rle 0.9.2, Rsamtools 2.4.0, RSQLite 2.2.1, rtracklayer 1.48.0, S4Vectors 0.26.1, stats4 4.0.3, stringi 1.5.3, stringr 1.4.0, SummarizedExperiment 1.18.2, tibble 3.0.4, tidyselect 1.1.0, tools 4.0.3, vctrs 0.3.6, xfun 0.20, XML 3.99-0.5, xml2 1.3.2, XVector 0.28.0, zlibbioc 1.34.0 – SWAT 2004 (p. 260-272). Springer-Verlag. https://doi.org/10. 1007/978-3-540-27810-8_23 Östergård, P. R. J. (2001). « A New Algorithm for the Maximum-weight Clique Problem ». Nordic Journal of Computing, 8, 424-436. https: //doi.org/10.5555/766502.766504 Références Bron, C., & Kerbosch, J. (1973). « Finding all Cliques of an Undirected Graph (algorithm 457) ». Communications of the ACM, 16(9), 575-576. https: //doi.org/10.1145/362342.362367 g Butts, C. T. (2020). sna: Tools for Social Network Analysis [R package version 2.6]. https://CRAN.R-project.org/package=sna Carey, V., Long, L., & Gentleman, R. (2020). RBGL: An interface to the BOOST graph library [R package version 1.64.0]. https://doi.org/10.18129/ B9.bioc.RBGL Castelo, R., & Roverato, A. (2009). « Reverse Engineering Molecular Regu- latory Networks from Microarray data with qp-graphs ». Journal of Computational Biology, 16(2), 213-27. https://doi.org/10.1089/cmb. 2008.08TT Csárdi, G., & Nepusz, T. (2006). « The igraph Software Package for Complex Network Research ». InterJournal, 1695(5), 1-9. http://igraph.orgfl Eppstein, D., Löffler, M., & Strash, D. (2010). « Listing all Maximal Cliques in Sparse Graphs in Near-optimal Time ». International Symposium on Algorithms and Computation, 403-414. https://doi.org/10.1007/978- 3-642-17517-6_36 Gardin, J.-C., & Garelli, P. (1961). « Étude des établissements assyriens en Cappadoce par ordinateur ». Annales : Économies, sociétés, civilisations, 16(5), 837-876. https://doi.org/10.3406/ahess.1961.420758 g Harary, F., & Ross, I. C. (1957). « A Procedure for Clique Detection using the Group Matrix ». Sociometry, 20(3), 205-215. https://doi.org/10. 2307/2785673 Makino, K., & Uno, T. (2004). « New Algorithms for Enumerating All Maxi- mal Cliques ». In T. Hagerup & J. Katajainen (Éd.), Algorithm Theory 37 – SWAT 2004 (p. 260-272). Springer-Verlag. https://doi.org/10. 1007/978-3-540-27810-8_23 Östergård, P. R. J. (2001). « A New Algorithm for the Maximum-weight Clique Problem ». Nordic Journal of Computing, 8, 424-436. https: //doi.org/10.5555/766502.766504 – SWAT 2004 (p. 260-272). Springer-Verlag. https://doi.org/10. 1007/978-3-540-27810-8_23 Östergård, P. R. J. (2001). « A New Algorithm for the Maximum-weight Clique Problem ». Nordic Journal of Computing, 8, 424-436. https: //doi.org/10.5555/766502.766504 38 38
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Le néocriticisme d'Henri Bois védiques jusqu'à Édouard de Hartmann, en passant par le Djaïnisme et par Stuart Mill (18061873). Il faut dire que l'Occident retrouve le bouddhisme au dix-neuvième siècle, après une longue rupture qui débute au moment de l'écroulement de l'Empire romain et du triomphe du christianisme. Les influences de l'importante colonie hindoue très active à Alexandrie durant les deux premiers siècles de notre ère sur les systèmes néo-platoniciens, dont l'Un de Plotin qui reproduit la doctrine de l'Atman-Brahman, sont à peine connues et reconnues2739. Hegel, dans le texte datant de 1827 de ses Leçons sur la philosophie de la religion, définit le bouddhisme comme une religion où l'homme est appelé à se faire « néant » pour retourner à ce « néant » d'où tout provient, « à ne rien vouloir, à ne rien désirer, à ne rien faire », « sans passion, sans inclination, sans activité », à chercher « la sainteté » qui « consiste à ce que l'homme en cet anéantissement, en ce silence s'unisse à Dieu, au néant, à l'absolu2740 ». Le néant (Nichts) apparaît à ses yeux ce qui caractérise principalement la doctrine et le culte bouddhiques2741. Pourtant, les linguistes orientalistes soulignent la différence entre le nirvâna, qu'il faut plutôt traduire par « calme profond », et le « néant » que Hegel propose. Dans le système hégellien, le « néant » est équivalent à l'« Être pur », libre de toute détermination. Le « néant » ne peut donc pas s'identifier au contraire absolu de l'Être, mais à l'Ê absolument indéterminé, ce qui signifie que le bouddhisme n'est pas athée ici2742. Nous sommes loin de l'idée d'anéantissement de tout ce qui existe, comme la pensée hégelienne, détachée de son contexte, est interprétée par la suite dès la fin des années 1820. Les travaux d'Eugène Burnouf (1801-1852)2743 permettent de diffuser une connaissance érudite du bouddhisme en France. Il soupçonne l'importance du néant dans le bouddhisme, et esquisse une définition du nirvâna comme étant « l'anéantissement du principe pensant2744 ». Cette définition est dite pourtant dans un « propos mesuré », mais ses travaux développent néanmoins la peur du bouddhisme2745. La redécouverte du bouddhisme déclenche l'idée d'une 2739 Cf. Henri ARVON, Le bouddhisme, Paris, PUF, « Que sais-je? », 1951, p. 119. 2740 Georg F. HEGEL, Leçons sur la philosophie de la religion, traduction par J. GIBELIN, 5 volumes, Paris, Vrin, 1959, t. 2-1, La religion déterminée. La religion de la nature, p. 108-109. Cité par Roger-Pol DROIT, Le culte du néant. Les philosophes et le Bouddha, Paris, Seuil, 1997, p. 94. 2741 Cf. Roger-Pol DROIT, Le culte du néant, op. cit., p. 92. 2742 Cf. ibidem, p. 102. Cf. les notices de Jules Barthélémy Saint-Hilaire dans le livre d'Eugène BURNOUF, Introduction à l'histoire du bouddhisme indien, Paris, Imprimerie royale, 1844, p. XXIII. 2743 Eugène BURNOUF, Introduction à l'histoire du Buddhisme indien, Paris, Maisonneuve et Cie, deuxième édition, 1876 (première édition Paris, Imprimerie royale, 844), p. 464. 2744 2745 Cf. Roger-Pol DROIT, Le culte du néant, op. cit., p. 114-115. Le néocriticisme d'Henri Bois « menace » orientale2746. Certains catholiques, à l'instar d'Ozanam, comparent le Bouddha au Satan2747. Victor Cousin qualifie le bouddhisme de « culte du néant », et son disciple Jules Barthélémy Saint-Hilaire emboîte ses pas pour critiquer le bouddhisme et pour renoncer à toute légitimité philosophique de l'Inde2748. Schopenhauer se trouve à contre-courant de cette tendance de la première moitié du XIX e siècle à rejeter le bouddhisme en vantant les vertus du « culte du néant » de la doctrine bouddhique. Pour un pessimiste comme lui, le vouloir-vivre de chacun engendre sans cesse de nouveaux besoins qui ne peuvent jamais être complétement satisfaits, ce qui l'amène à renoncer au désir de prolonger l'existence2749. Il représente sans doute l'exemple le plus important de la « renaissance orientale » au dix-neuvième siècle chez les philosophes occidentaux, avec son livre intitulé Le Monde comme volonté et comme représentation, où il reprend le thème du nirvâna bouddhique pour soutenir sa philosophie pessimiste en affirmant que c'est la volonté et le vouloir-vivre qui sont la source de toute douleur et que « l'anéantissement réfléchi du vouloir » permet d'atteindre la « béatitude infinie au sein même de la mort2750 ». La conception bouddhique pessimiste de la vie est alors mise en parallèle avec la conception optimiste européenne de la vie2751. L'historien constate donc « que la découverte du bouddhisme, et surtout sa réélaboration sous la forme de cet impossible culte du néant, avait eu partie liée, dans la pensée philosophique occidentale récente, avec l'élaboration du nihilisme et la distinction de ses registres de sens2752 ». Mais en réalité, « ce lien n'est de cause à effet : il serait vain de croire qu'une influence quelconque du bouddhisme sur l'Europe ait engendré le nihilisme contemporain2753 ». Au moment de la redécouverte du bouddhisme, tous les éléments sont rassemblés pour l'avènement de la nébuleuse dénommée « nihilisme ». Parmi ces éléments, « les uns sont anciens, voire antiques », « d'autres datent de ce moment encore récent qui a vu, entre autres ruptures, s'imposer la conscience des limites de la métaphysique, s'annoncer la mort de Dieu, 2746 Cf. ibidem., p. 109. 2747 Cf. ibidem., p. 116-117. 2748 Cf. ibidem, p. 128-129. 2749 Cf. ibidem, p. 137. 2750 Arhtur SCHOPENHAUER, cité par Henri ARVON, op. cit., p. 120. 2751 Tout comme l 'aisance matérielle associée à une pauvreté spirituelle de l'Occident est mise en parallèle avec la spiritualité profonde associée à un aspect extérieur moins développé de l'Inde au vingt ième siècle. 2752 Roger-Pol DROIT, op. cit., p. 38. 2753Ibidem. Le néocriticisme d'Henri Bois organiser la fin des monarchies absolues2754 ». Le bouddhisme ne fait que déclencher le processus, comme une sorte d'« élément catalytique », par le questionnement qu'il suscite, mais aussi par « la plasticité durable, pour les penseurs européens, d'une doctrine longtemps mal connue, découverte seulement par bribes, saisie par des éléments donnés dans le désordre, imaginée plutôt que précisément scrutée, reconstituée ou complétée par la fantaisie plutôt que tout à fait cernée par la science2755 ». Bois estime que le bouddhisme est une religion plus universaliste que l'Islam2756. Selon lui, Le Bouddhisme a le mérite d'avoir devancé le christianisme dans deux de ses traits les plus frappants – son universalisme et son caractère éthique. Tous les hommes peuvent être sauvés, et ils sont sauvés non pas du tout par des rites extérieurs ou des oeuvres mécaniques, mais en étant émancipés eux-mêmes du mal intérieur2757. La morale bouddhique suscite l'admiration de Bois, ainsi que l'idée de la rédemption qui y occupe une place centrale. Bois note toutefois le fait que le bouddhisme soit né à partir du brahmanisme qui est une religion nationale, sous la pression de la spéculation philosophique et de l'ascétisme et non pas pour répondre à des besoins moraux. Il regrette que le bouddhisme philosophique soit un athéisme abstrait qui supprime entièrement, avec Dieu lui-même, les attributs moraux de Dieu (vraie justice, vrai amour). Il regrette également que le bouddhisme se montre plus préoccupé du mal physique que du mal moral, « de la douleur que du péché2758 ». D'après lui, le bouddhisme supprime l'existence individuelle, afin de pouvoir supprimer la douleur, au lieu la réformer ou de chercher à l'améliorer, et appelle l'extinction du désir et de l'activité, la condamnation de toute affirmation. Le bouddhisme n'est pas né de la vie, affirme-t-il, mais « de la contemplation qui s'est écartée de la vie et qui en méconnaît le sens comme la valeur2759 ». C'est ainsi que Bois décrit le pessimisme qu'il trouve dans le bouddhisme. Afin de voir s'il peut exister des richesses que le christianisme peut apprendre du bouddhisme, il propose de partir de la naissance de celui-ci, puis d'aborder l'enseignement du Bouddha, ensuite de comparer le Bouddha au Christ, et d'exposer les doctrines bouddhiques (la métaphysique et la morale bouddhiques), l'impact social du bouddhisme et l'évolution du bouddhisme moderne. 2754Ibidem, p. 39. 2755Ibidem. 2756LVAC, p. 376. 2757CMs-Bouddhisme, 2758LVAC, p. 106bis. p. 377. 2759Ibidem, p. 379. Le néocriticisme d'Henri Bois 8.5.5.1 LES SOURCES DU COURS SUR LE BOUDDHISME À la première page de son cours sur le « bouddhisme », Bois écrit quelques noms d'auteurs en tant que « sources » où il puise l'essentiel de son enseignement. Il cite les noms de JamesAlfred Porret, Augustin Chaboseau, Léon-Joseph de Milloué, Marcus Dods, mais aussi Pillon2760. L'article de Pillon sur « Les religions de l'Inde », la plus ancienne de ces cinq sources, consacre une première partie à la vie du Bouddha, que Bois reprend presque littéralement dans son premier chapitre. Pillon entreprend ensuite une analyse historique des sources, analyse critique que Bois adopte sans la reprendre puisqu'il ne propose pas vraiment une critique des textes bouddhiques dans son cours. La compréhension boisienne du bouddhisme est essentiellement celle du néocriticisme français, formulée par Renouvier d'abord puis reprise et retransmise ensuite par Pillon. Le troisième chapitre de Bois sur la comparaison entre « le Bouddha et le Christ » cite à plusieurs reprises Porret à partir de son livre intitulé Le Bouddha et le Christ. Porret écrit aussi Au sujet de la conversion sur la théorie émise par James dans L'expérience religieuse2761, ce qui montre une certaine proximité avec le néocriticisme boisien. Dans ce troisième chapitre, Bois cite également Julien Vinson2762, spécialiste des langues de l'Inde et plus particulièrement de la langue tamoule, mais c'est essentiellement pour le critiquer, en le qualifiant de « matérialiste athée2763 ». Le chapitre sur la « métaphysique » puise en partie chez Chaboseau, historien et journaliste français, conservateur de la bibliothèque du Musée Guimet, à Paris, et auteur d'un Essai sur la philosophie bouddhique. Chaboseau est également occultiste, de l'ordre martiniste, un mélange entre théosophie et Saint-Martin. Bois évoque la position de Hegel pour qui il n'y a pas de différence entre l'être invariable et le néant2764. Mais les néocriticistes tiennent essentiellement leurs jugements sur le Bois puise son cours dans plusieurs sources, dont Augustin CHABOSEAU, Essai sur la philosophie bouddhique, Paris, Carré, 1891 ; François PILLON, « Les religions de l'Inde », L'Année philosophique, Paris, Germer-Baillière, 1869, p. 217-426 ; James-Alfred PORRET, Le Bouddha et le Christ . Fatalité ou liberté, Paris , Fischbacher , 1879 ; Léon- Joseph de MILLOUE, Bouddhisme, Paris , Leroux, Annales du musée Guimet n ° 22, 1907 ; Marcus DODS, Mohammed, Bouddha and Christ, Londres, Hodder and Stoughton, 1877 . 2761 2762 Julien VINSON, Les religions actuelles. Leurs doctrines, leur évolution, leur histoire, Paris, Delahaye et Lecrosnier, 1888. 2763 Cf. CMs-Bouddhisme, p. 47. 2764 Cf. ibidem, p. 79. Le néocriticisme d'Henri Bois bouddhisme de Schopenhauer qui enseigne les vertus du pessimisme véhiculé par cette religion2765. Pourtant, si ce dernier y voit un aspect positif, en enseignant les vertus d'un renoncement au vouloir-vivre, les néocriticistes se laissent au contraire entraîner par le courant majoritaire de leur époque en opposant à ce pessimisme bouddhique une anthropologie optimiste, jusqu'à croire en la possibilité de connaître Dieu. Bois reprend des extraits tirés des traductions de textes sanskrits, pâlis ou avestiques proposées par Eugène Burnouf, notamment Le lotus de la bonne loi et le Bhâgavata Purâna, cités à plusieurs reprises dans le cours de Bois. Dans le chapitre traitant de la « Morale » de son cours sur le « Bouddhisme », Bois cite le disciple de Cousin, le philosophe et journaliste Barthélémy Saint-Hilaire, à partir de son livre Du bouddhisme2766. Bois critique ses affirmations concernant la supériorité de la charité bouddhique par rapport à celle chrétienne2767. À l'instar de Cousin, Barthélémy Saint-Hilaire reconnaît des qualités au bouddhisme tout en l'accusant d'être un « culte du néant » : « Le bouddhisme n'est pas autre chose que l'adoration et le fanatisme du néant ; c'est la destruction de la personnalité humaine poursuivie jusque dans ses espérances les plus légitimes 2768. » Et il se « demande s'il est au monde quelque chose de plus contraire au dogme chrétien, héritier de toute la civilisation antique, que cette aberration et cette monstruosité2769 ». Mais Bois cite également bien d'autres auteurs comme Hippolyte Taine (1828-1893)2770 par exemple. 8.5.5.2 LA NAISSANCE DU BOUDDHISME Bois rappelle le fait que le bouddhisme prend naissance dans un pays et des gens saturés d'un brahmanisme dans lequel le bouddhisme puise ses éléments les plus essentiels, et « sa raison d'être ». En effet, dans son cours sur le polythéisme védique, Bois explique comment un caractère métaphysique remplace peu à peu la tendance sacrificielle du védisme : ce n'est plus le sacrifice en lui-même qui est efficace, mais les formules rituelles, à l'origine Cf. par exemple Charles RENOUVIER, « Philosophie de la réflexion », La Critique philosophique 1883, tome 1, p. 140-141 et p. 180. Cité par Roger-Pol DROIT, op. cit., p. 214. Cf. François PILLON, « Les religions de l 'Inde », art. cit. Cf. aussi Laurent FEDI, op. cit., p. 327 et p. 360-361. 2765 2766 Jules BARTHELEMY-SAINT-HILAIRE, Du Bouddhisme , Paris, B. Duprat, 1855 . 2767 Cf. CMs-Bouddhisme, p. 113. 2768 Jules BARTHELEMY SAINT-HILAIRE, « Notices sur les travaux de M. Eugène Burnouf », dans Eugène BURNOUF, Introduction à l'histoire du bouddhisme indien, op. cit., p. XXIII. 2769Ibidem. 2770 Hippolyte Adolphe TAINE, La religion du Bouddha, Paris, Kruseman, 1864. Le néocriticisme d'Henri Bois une poésie mais devenue avec le temps des formules sacrées qui accompagnent le sacrifice et dont les brahmanes sont les seuls dépositaires en se servant de cette règle religieuse pour établir les castes2771. Vers le VIe siècle avant notre ère, la philosophie brahmanique finit par transformer la multitude des divinités védiques primitives en un Esprit universel, le Brahman, et développe un panthéisme ou un polythéisme panthéistique2772, avec l'âtman-brahman, qui est l'identification de l'âme individuelle et de l'âme universelle, articulé au samsâra, la transmigration des âmes, qui est une doctrine issue de la croyance populaire. D'après Bois, c'est alors qu'apparaît une réaction contre la domination brahmanique, l'observance de rites « fréquents et dispendieux », l'obligation d'obéir à l'enseignement védique et aux commentaires autorisés sur le Véda, rendus de plus en plus stricts, pesants, onéreux. Il pense que la réforme associée au nom de Siddhartha Gautama ou Çakya-Mouni le Bouddha, c'est-àdire l'éveillé, n'est qu'une manifestation de cette réaction. Tandis que les esprits philosophiques de la religion brahmanique soutiennent les Védas qui assoient la domination des Brahmanes, le bouddhisme déclare l'indépendance de l'homme de bien vis-à-vis de ces derniers, et des Védas, et son pouvoir d'opérer son propre salut. Le bouddhisme propose un idéal plus élevé de vie religieuse et revendique un relâchement des liens du pharisaïsme brahmanique. 8.5.5.3 L'ENSEIGNEMENT DU BOUDDHA Bois affirme que le bouddhisme trouve les racines de sa doctrine et de ses pratiques dans l'enseignement de son fondateur, Çakya-Mouni le Bouddha. À la suite de Chaboseau Milloué et Pillon2773, Bois résume l'enseignement du Bouddha dans les « quatre vérités sublimes2774 », rattachées à la doctrine de la transmigration des âmes. Bois énonce la première vérité sublime comme ceci : la douleur est inséparable de l'existence, parce que l'existence comporte la vieillesse, la maladie et la mort. Il exprime la seconde vérité sublime en ces termes : la douleur est fille du désir qui nous attache aux objets, à la jeunesse, à la santé, à la vie, des fautes que le désir nous a fait commettre dans les existences précédentes, et des fautes qu'il nous fait commettre dans l'existence actuelle. Il formule la troisième vérité sublime, propre à consoler des deux autres, ainsi : l'existence et la douleur peuvent cesser par le nirvana. 2772 Cf. CMs-Bouddhisme, p. 1. Cf. aussi François PILLON, op. cit., p. 285. Cf. Augustin CHABOSEAU, Essai sur la philosophie bouddhique, op. cit. p. 190-191 ; François PILLON, op. cit., p. 364 ; Léon-Joseph de MILLOUE, op. cit. p. 106-107 ; Cf. aussi Henri ARVON, Le bouddhisme, Paris, PUF, « Que sais-je? », 1951, p. 35 et suivantes. Cf. Jules BARTHELEMY-SAINT-HILAIRE, op. cit. 2773 2774CMs-Bouddhisme, p. 41. Le néocriticisme d'Henri Bois au nirvana, il faut détruire en soi le désir, se détacher de soi-même, se renoncer à soi-même, et écarter tous les obstacles qui s'opposent à l'extinction du désir, à la pratique du renoncement. Bois rappelle que les deux premières vérités sont donc la douleur, et la cause de la douleur. Les deux dernières vérités sont le salut, et la voie ou méthode du salut. S'appuyant sur le fait que cette théorie des quatre vérités est connue par tous les bouddhistes, quelles que soient leurs situations géographiques2775, Bois en déduit qu'elle remonte « certainement au bouddhisme primitif et peut être attribué à Çakya-mouni2776 ». 8.5.5.4 LE BOUDDHA ET LE CHRIST Bois est convaincu que Dieu agit dans l'histoire, partout où il y a des êtres humains, dans toute civilisation et dans toute religion. Et chaque fois, une expérience de rencontre avec le « Christ vivant », idéal moral et religieux, est possible. Dans son cours intitulé « Le Bouddhisme », Bois propose une comparaison entre le Bouddha et le Christ Jésus. Il cite Jules Barthélémy Saint-Hilaire pour qui « sauf le Christ tout seul, il n'est point, parmi les fondateurs de religion, de figure plus pure ni plus touchante que celle du Bouddha2777 ». À certains auteurs, comme Julien Vinson2778, qui accusent le Christ Jésus d'être né d'une famille modeste, tandis que le Bouddha est né d'une famille royale, de la classe aristocratique et dirigeante, Bois répond que, à supposer que cela est vrai, cela ne prouve absolument rien. Mais les propos du conseiller municipal de Paris ne sont même pas exacts, selon Bois, car Jésus descend du roi David, alors que le Bouddha s'incarne une des familles royales les moins considérables de l'époque, « si bien que personne dans le conseil des divas n'avait pensé à elle2779 ». Vinson accuse également le Christ Jésus d'être ignorant, tandis que le Bouddha présente une doctrine qui ne se donne pas pour une révélation surnaturelle. Bois lui répond que, pour lui, c'est au contraire une infériorité du Bouddha par rapport au Christ, car le Bouddha n'apporte que les fruits de ses réflexions, philosophiques ou non, et non une manifestation de Dieu, une « intervention divine dans l'histoire » ; c'est de la philosophie et non de la religion. 2776CMs-Bouddhisme, p. 42. 2777 Cité par Bois dans ibidem, p. 46. 2778 Julien VINSON, Les religions actuelles, Paris, Delahaye et Lecrosnier, 1888, p. 141-142. 2779CMs-Bouddhisme, p. 49. Le néocriticisme d 'Henri Bois douleur psychique. Cela rappelle à Bois la prière du sceptique Jules Lemaître : « Seigneur! Épargnez-moi la douleur physique ; pour ce qui est de la douleur morale, je m'en charge2780. » Concernant la vie des deux fondateurs religieux, si Vinson reproche à Jésus le Christ son sentimentalisme trop abusif comparé à Çakya-Mouni le Bouddha, Bois reproche à ce dernier l'insuffisance du côté du coeur. Il cite comme preuve la manière dont le Bouddha se comporte avec son père : lui qui ne veut causer aucune peine à aucune créature vivante, il inflige à son père, à sa femme, la douleur très considérable assurément de voir leur fils et leur mari les abandonner, et résister à leurs prières, à leurs larmes, refuser de vivre avec eux. En agissant ainsi, Çakya-Mouni se montre inférieur, selon Bois, au grand héros de la religion djaïne, Mahavira qui, conformément au voeu qu'il avait fait alors qu'il était encore dans le sein de sa mère, demeure auprès de ses parents pendant toute la durée de leur vie. Pour Bois, Jésus le Christ n'abandonne pas complètement sa famille ; il s'est préoccupé de sa mère même au moment de sa mort sur la croix2781. En tout cas, selon Bois, sinon dans les actes, du moins dans la doctrine, Çakya-mouni le Bouddha fait une place bien plus considérable à la douleur physique qu'à la douleur psychique qui lui est inconnu, tout comme la douleur proprement morale, dans le sens précis du mot, à savoir la douleur d'avoir péché, le remords. Bois estime que l'esprit de Çakyamouni le Bouddha est foncièrement utilitaire et intéressé : douleur et absence de douleur. Bois ne trouve là rien de l'esprit foncièrement moral de l'Évangile. Selon Bois, « le Bouddha cherche le remède non pas au péché, à la culpabilité, mais à la douleur2782 », puisqu'il n'envisage pas la douleur comme une conséquence du péché. L'idéal, la vie heureuse et de félicité à laquelle tend le Bouddha n'est pas un idéal moral, de pleine justice et de pleine bonté, mais bien plutôt un idéal de dépouillement, d'anéantissement de l'âme par elle-même auquel correspond l'anéantissement absolu, le nirvana. Bois note une ressemblance superficielle entre la paix sacrée du Bouddhiste et celle du disciple sanctifié du Christ qui, selon lui, perd sa propre volonté dans la volonté de Dieu. 2781 D'après l'évangile de Jean : cf. Jn.19, 25-27. 2782CMs-Bouddhsime, 2783Ibidem, p. 57. p. 57bis. Le néocriticisme d'Henri Bois l'oblitération du désir ; la paix chrétienne est le raffinement et la satisfaction du désir 2784 ». Le bouddhiste cherche à éteindre tous ses regrets et toutes ses aspirations ; le chrétien accueille la paix qui résulte de la réconciliation avec Dieu proposée dans la foi en Christ. Bois signale la similarité entre les contextes dans lesquels vivent les deux fondateurs religieux. En effet, selon lui, tout comme le Christ ne peut être compris, sans tenir compte de la foi et de l'espérance d'Israël, de même, le Bouddha ne peut être compris si on oublie que « sa carrière a été colorée par les influences d'une foi plus ancienne qu'il adopta, tout en la délivrant de quelques-unes des formes exclusives et nationales qu'elle avait prises2785 ». LES DIVERGENCES THEO LOGIQUES En abordant plus en profondeur les messages des deux fondateurs religieux, Bois fait ressortir des divergences plus saillantes et met en évidence une opposition « essentielle, irréductible » et conteste le raccourci de Charles Dollfus selon lequel « Çakya-mouni est un Jésus hindou, moins l'espoir2786 ». Bois voit la différence la plus essentielle dans la mort des deux personnages qui exprime les missions qu'ils se sont données à eux-mêmes ou que leur ont attribués leurs disciples. Selon lui, la mort du Bouddha n'a pas de sens ni de but religieux, et ne pourrait en avoir, car la réversibilité des mérites est étrangère à un système fondé sur la préexistence et la transmigration des âmes. Jésus n'est sauveur, au contraire, n'est le Christ que par sa mort sur la croix, affirme-t-il ; « c'est sa mort, c'est l'effusion de son sang, apporte au monde, avec la grande et nécessaire expiation, le salut universel2787 ». Bois pense que Çakyamouni est sauveur par la science que ses oeuvres, ses mérites et sa sainteté ont acquise et qu'il communique aux hommes pour les délivrer des douleurs et des misères des existences successives. Dans une attitude apologétique, il souligne le contraste entre le Bouddha qui meurt pour avoir trop mangé et le Christ qui meurt sur la croix pour « expier le péché des hommes ». Pour Bois, le Bouddha, en tant que l'éveillé ou l'éclairé, est essentiellement maître, docteur : c'est sa doctrine qui joue un rôle primordial. Il n'est le Rédempteur que d'une façon indirecte, parce que, selon sa doctrine, chacun doit se racheter lui-même. Cité par Bois dans ibidem, p. 60. 2787Ibidem. Les titres que Bois attribue ici à Jésus en le comparant au Bouddha correspondent à ce qu'il appelle « le plan rédempteur divin initial » (cf. LPOJ). Chapitre 8 : L'influence du néocriticisme sur la théologie protestante Le néocriticisme d'Henri Bois d'une extériorisation et d'une détérioration du bouddhisme, qui enveloppe « sa personnalité des légendes les plus fabuleuses et en fait l'objet d'un culte superstitieux2788 ». Selon Bois, la nouveauté dans l'oeuvre de Çakya-mouni ne consiste pas en l'ascétisme en lui-même, mais en « l'ascétisme proposé, enseigné, prêché à tous et partout comme idéal de vie, comme voie de salut2789 ». Il s'agit, affirme Bois, d'un « ascétisme uni au prosélytisme », d'un « renoncement uni à la charité, à la fraternité ». L'union de l'ascétisme et du prosélytisme est incompatible avec l'isolement des ascètes et la vie érémitique, selon Bois, d'où la naissance d'une institution monastique régulière, qui permet également de se protéger de la menace des Brahmanes. Les religieux bouddhistes vivent très différemment des ascètes plus anciens. Toute association implique une hiérarchie ; dans le bouddhisme, elle est fondée sur l'ancienneté et le mérite. Il y a d'abord les anciens des anciens, ensuite les simples anciens et enfin les non anciens. Le savoir et la sainteté doivent se joindre au privilège de l'ancienneté pour assurer à un religieux une supériorité incontestable. L E S É C R I TU R E S Bois pense que la mise en place de la communauté religieuse précède certainement la rédaction des écrits fondateurs : c'est le cas aussi bien pour le uddhisme que dans le christianisme. Comme le Christ, le Bouddha n'a rien écrit. On rapporte bien que pendant la vie de Çakya-mouni un roi avait fait écrire sur des tablettes carrées d'or les principaux de ses discours. Mais, pour Bois, cette assertion n'a jamais pu être vérifiée. À ceux qui affirment que les écritures canoniques du bouddhisme, telles que tous les peuples soumis à cette religion les reçurent en les traduisant, furent l'oeuvre successive de trois conciles, oeuvre achevée deux siècles environ avant notre ère, Bois fait remarquer que l'histoire même des conciles ne nous les montre pas rédigeant des ouvrages. Le néocriticisme d'Henri Bois l'ascétisme. Il s'agit d'un salut qui équivaut à l'extinction de toute douleur et de toute peine, et l'idéal moral et religieux réalisé par le Bouddha, essentiellement par sa science pour éliminer ou éviter la douleur, suscite d'authentiques expériences religieuses. Comme l'affirme le néocriticisme boisien, Dieu aurait pu susciter là un christ, puisqu'il « est à l'oeuvre partout, dans le monde », et qu'il est « à l'oeuvre dans bien des membres de l'humanité qui auraient pu devenir des Christs s'ils étaient allés jusqu'au bout dans la voie de la sainteté et de l'obéissance2791 ». Seulement, il estime, au terme de sa comparaison, que Çakya-mouni le Bouddha n'a pas atteint le stade de sainteté et d'obéissance requis pour devenir le critère de jugement de toute révélation, en tout cas pas autant que le Christ Jésus. 8.5.5.5 LES DOCTRINES BOUDDHIQUES Le christianisme a-t-il des éléments à apprendre à partir des doctrines et de la « théologie2792 » bouddhique? Bois tente de répondre à la question en analysant ces doctrines. Ce faisant, il met en évidence le pessimisme de cette religion. Bois retient trois grands chapitres doctrinaux du bouddhisme qu'il estime les plus importants : D'abord les théories cosmologiques qui, d'après lui, ne sont qu'une répétition des thèmes brahmaniques et djaïniques. Ensuite, la métaphysique. Et enfin, la morale. Bois rappelle les quatre grandes vérités sublimes qui résument l'enseignement propre du Bouddha : L'universalité de la douleur. L'origine de la douleur. La suppression de la douleur. Et le chemin qui mène à la suppression de la douleur. Parmi ces quatre grandes vérités, Bois estime que les trois premières contiennent le germe de la métaphysique bouddhique. La morale bouddhique, quant à elle, est en germe dans la quatrième vérité et dans les « huit bons chemins2793 ». Nous laissons de côté les théories cosmogoniques et n'aborderons que les deux derniers grands chapitres doctrinaux du bouddhisme : la métaphysique et la morale. 8.5.5.5.1 LA METAPHYSIQUE Le néocriticisme boisien distingue deux sortes de métaphysique : La métaphysique substantialiste qui aboutit au panthéisme. Et la métaphysique néocriticiste qui aboutit au personnalisme divin. Qu'en est-il de la métaphysique bouddhique? Afin de répondre à cette question, Bois propose d'analyser cette métaphysique à travers ses trois grandes doctrines : La doctrine de la 2791LVAC, p. 361. La question de l'existence d'une « théologie » bouddhique se pose, étant donné que la croyance en dieu pose problème puisque le dieu Brahman a été rejeté par le Bouddha. 2792 2793 Cf. CMs-Bouddhisme, p. 74. Cf. aussi Léon-Joseph de MILLOUE, op. cit., p. 110-111. Le néocriticisme d'Henri Bois transmigration, empruntée au brahmanisme, celle de l'enchaînement mutuel des causes, et celle du nirvana. 8.5.5.5.1.1 La transmigration Bois estime que le Samsara ou loi de la transmigration des âmes est primitif et fondamental pour le bouddhisme. Cette loi stipule que les bons actes portent un bon fruit et les mauvais actes de mauvais fruit. Les maux physiques sont la conséquence des mauvais comportements accomplis dans une existence antérieure. La naissance sur un degré plus ou élevé de l'échelle des êtres n'est pas le fruit du hasard ni de la volonté souveraine d'un dieu, « mais la conséquence des mérites qu'on s'est acquis ou des fautes qu'on a commises dans une vie précédente 2794 ». Bois juge que le brahmanisme présente, sur ce point, une religion purement métaphysique où ce que le positivisme appelle théologie est absente : il n'existe pas une ou des volontés qui gouvernent le monde ; les changements au sein de ce dernier sont soumis à la force abstraite du mérite et du démérite qui tient sous son empire les dieux et les hommes. 8.5.5.5.1.2 La théorie de l'enchaînement mutuel des causes. Bois note que le bouddhisme ne reconnaît pas de cause première, fixe et absolue à l'origine des choses, ignorant la thèse du « premier commencement » qu'il défend dans son néocriticisme. Au contraire, selon lui, le bouddhisme connaît douze conditions, tour à tour effets et causes les unes des autres, s'enchaînant mutuellement pour produire la vie. Ces douze conditions (doctrine des Douze Nidânas ou de l'Enchaînement des causes)2795 de la vie rappellent à certains égards le principe de relativité néocriticiste : 1) La mort précédée de la vieillesse n'aurait pas lieu sans la naissance : 2) La mort a pour cause la naissance. 3) La naissance a pour cause l'existence, non pas dans son acception générale, mais avec toutes les modifications qu'y ont apportées les épreuves antérieures, c'est l'état moral de l'être, selon les actions qu'il a successivement accumulées, vertueuses et vicieuses. 4) L'existence a pour cause l'attachement, puisque sans l'attachement aux choses, l'être ne renaîtrait pas, ne prendrait pas un certain état moral qui le conduit à renaître.5) L'attachement a pour cause le désir, c'est-àdire la soif de l'être, cet insatiable besoin de rechercher ce qui plait et de fuir ce qui est désagréable. 6) Le désir a pour cause la sensation, qui nous fait connaître les choses en nous faisant percevoir leurs qualités. 7) La sensation a pour cause le contact ; il faut que les choses nous touchent, soit à l'extérieur, soit à l'intérieur, pour que nous les sentions. 8) Le contact a pour cause les six sièges des six sens qui sont la vue, l'ouïe, l' at, le goût, le toucher et le coeur qui est le siège du sentiment. 9) Les six sièges des sens ont pour cause le nom et la forme. 2794CMs-RlgVédique, 2795 p. 145. Cf. CMs-Bouddhisme, p. 76. Cf. aussi Léon-Joseph de MILLOUE, op. cit., p. 108-110. Le néocriticisme d'Henri Bois Sans le nom, sans la forme, les objets seraient indistincts. La forme qu'ils revêtent leur permet d'entrer en contact avec nos sens extérieurs ; le nom qui les désigne les rappelle à l'esprit. 10) Le nom et la forme ont pour cause la connaissance ou conscience qui se représente les objets, les distingue et les nomme. 11) La conscience a pour cause les concepts, sorte de miroir à travers lequel l'imagination voit le monde. 12) La douzième et dernière cause, c'est l'ignorance, cette erreur fondamentale par laquelle nous attribuons aux choses la durée, la permanence et la réalité. Là est l'illusion primitive, là est l'origine de l'existence et de tous les maux. Bois pense que cette théorie a été élaborée par les philosophes bouddhistes postérieurs à Çakya-mouni le Bouddha, mais se déduit logiquement des quatre vérités et des maximes que les Soutras les plus anciens prêtent au Bouddha lui-même. Bois ne doute pas, par exemple, que le Bouddha ait admis les axiomes suivants : « Tout phénomène est vide ; - aucun phénomène n'a de substance propre ; - au dedans le vide, au dehors le vide ; - tout composé est périssable, et, comme l'éclair dans le ciel, il ne dure pas longtemps2796. » L'ignorance et l'illusion consistent à penser qu'une chose peut durer longtemps et avoir une permanence, donc une réalité. Cela fait certainement penser à la théorie néocriticiste boisienne du temps : une durée continue n'est qu'une illusion, fruit de l'influence de l'espace sur la catégorie du temps. Pour éviter de tomber dans l'enchaînement des douze causes, le bouddhisme est amené, selon Bois, à affirmer que tout phénomène est vide2797. Bois voit l'origine de cette idée du vide universel et de l'illusion universelle dans les croyances brahmaniques, ce qui confirme, d'après lui2798, l'origine hindoue du bouddhisme. Pour lui, cette idée apparaît dans le brahmanisme, antérieurement au Bouddha ou à la même époque que lui, par le travail d'un certain nombre de philosophies rationalistes, qui, tout en acceptant l'autorité des Védas et la suprématie des Brahmanes, spéculent librement sur les questions de philosophie et le gouvernement moral de l'univers. Leurs spéculations sont arrangées en six systèmes principaux d'enseignement, appelés les Shastras, dont l'une enseigne que « le spectacle du monde est une forme trompeuse, sans font [nous lisons « fond »] réel2799 ». 2797 Cf. ibidem, p. 78. 2798 Cf. ibidem, p. 77. 2799Ibidem. 2800 Cité par Bois dans ibidem, p. 78. Le néocriticisme d'Henri Bois création n'a pas d'autre réalité2801. » Cette Shastra exprime de manière assez éloquente le pessimisme bouddhique : ce qui est créé n'est qu'illusion et irréalité. Pour Bois, le nihilisme, par lequel il qualifie le bouddhisme, est un aboutissement logique du panthéisme, qu'il voit dans le brahmanisme. En effet, d'après son analyse, le panthéisme fait disparaître l'individuel dans l'indivisible, car enlève la réalité aux phénomènes pour la transporter à la substance unique universelle, indéterminée ; cela résulte du fait que le panthéisme considère tous les phénomènes comme une série de transformation. Le nihilisme, selon Bois, va encore plus loin en dépouillant de la réalité la substance elle-même : Cet être réel, permanent, invariable, que vous trouvez sous les transformations multiples et incessantes qui constituent les êtres divers, vous ne pouvez lui donner que des attributs négatifs : c'est l'amorphe et l'incolore éternel. Entre cet être-là et le néant, Hegel vous le dira, il serait bien difficile de saisir une différence. Faire reposer le devenir, c'est-à-dire ce jeu de couleurs et de formes vacillantes qu'on appelle le monde, sur l'être immobile du brahmanisme, ou sur le néant immobile du bouddhisme, cela revient absolument au même pour les destinées personnelles ; ce n'est pas la réalité de la substance qui importe, c'est la réalité de la personne ; or, la réalité de la personne est également méconnue et sacrifiée dans les deux systèmes2802. Ces propos de Bois entendent dire que, si le brahmanisme est pour lui un panthéisme, le bouddhisme franchit le pas pour accéder au nihilisme en faisant du réel le néant, conduit par spéculation à son extrémité logique. Ils illustrent de manière éloquente l'analyse du philosophe et journaliste Roger-Pol Droit concernant le rejet du bouddhisme par l'Occident romantique de cette époque. Pour Droit, en effet, si l'Inde et le brahmanisme fascinent et attirent le romantisme en Occident, le bouddhisme, par contre, paraît effrayant et provoque la consternation2803. Bois affirme que le bouddhisme « en vient à refuser toute réalité à celui qui prêche la loi comme à celui qui l'entend, au Bouddha qui l'a découverte et apportée au monde, et enfin à la Loi, à la Science, à la Perfection2804 ». 2802Ibidem, p. 78-79. Bois ne mentionne pas explicitement l'advaita vedanta, dont il est manifestement question ici. 2803 Cf. par exemple Roger-Pol DROIT, Le culte du néant, op. cit., p. 111. 2804CMs-Bouddhisme, 2805 p. 79. Extrait d'un dialogue entre deux personnages, Baghavat et Subhuti, cité par Bois dans ibidem, p. 80-81. Le néocriticisme d'Henri Bois est d'établir que l'objet à connaître ou la Perfection de la sagesse n'a pas plus d'existence réelle que le sujet qui doit connaître ou le Bodhisattva, ni que le sujet qui connaît ou le Bouddha2806 ». Bois est convaincu que le germe des négations les plus osées du bouddhisme postérieur est déjà contenu dans l'enseignement de Çakya-mouni le Bouddha lui-même : l'homme le plus éclairé, en tant qu'il apparaît au milieu des phénomènes produits par l'enchaînement des causes et des effets, n'a réellement pas plus d'existence que ces phénomènes eux-mêmes. En effet, la théorie des causes et des effets est autant présente dans le bouddhisme ancien que dans le bouddhisme postérieur, selon Bois : « Elle n'est pas plus appliquée dans l'un que dans l'autre ; mais elle est exposée et à chaque instant rappelée2807. » Bois estime que la théorie des causes et des effets représente une partie philosophique très ancienne qu'il désigne comme étant « la psychologie et l'ontologie du bouddhisme2808 ». 8.5.5.5.1.3 Le Nirvana Bois résume le but ultime auquel tend le Bouddha en un seul mot : le nirvana, qu'il considère comme étant le salut éternel du bouddhisme. Étymologiquement, le mot nirvana se compose du préfixe nir qui exprime la négation, et du radical va, qui signifie souffle, ce qui donne au nirvana le sens d'extinction, selon Bois, c'est-à-dire « l'état d'une chose qu'on ne peut plus éteindre en soufflant dessus2809 ». Le nirvana s'oppose à la vie dans ce qu'elle est relative, provisoire et composée, au mouvement et à l'universelle méta se, à la répétition des épreuves, des déchéances et des expiations cruelles. Il est donc absolu, simple et définitif et est différent de l'immortalité présente dans l'idée de transmigration de l'hindouisme. Bois rejette également l'interprétation du nirvana selon laquelle il consisterait en l'existence absolue, simple et permanente, terminant la douloureuse série du devenir, et qui est proche du « repos éternel que l'Église catholique demande à Dieu pour ses morts2810 », lors des cérémonies d'enterrement, car cette interprétation est difficile à concilier, selon lui, avec l'origine panthéiste du bouddhisme. Pour Bois, la théorie de la transmigration, associée à celle des quatre vérités sublimes et à celle des douze causes de l'existence, aboutit logiquement à une conception du nirvana en tant que néant. 2807Ibidem, p. 82. 2808Ibidem. 2809Ibidem. 2810Ibidem, p. 83.
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7.4.3 Evaluation du contrôleur d'admission à minimum strict L'analyse des performances du contrôleur d'admission à minimum strict est basée sur les deux traces données dans les Figures 7.18 et 7.19. La trace de la Figure 7.18 représente l'exécution d'une simulation au sein de laquelle la durée de déploiement des nuages demandés est de 8 heures. La trace de la Figure 7.19 représente une simulation dans laquelle les nuages possèdent une durée de déploiement de 4 jours. Comme on peut le constater sur ces deux traces, le nombre de noeuds alloués grâce au contrôleur d'admission à minimum strict est le même quelque soit la durée de déploiement des nuages demandés. Le contrôleur à minimum strict parvient à allouer un nombre constant de 6000 noeuds au sein d'un système contenant environ 500 pairs de réserve. Bien que cette performance puisse être sporadiquement dépassée par celle d'un contrôleur optimiste, la différence reste faible. La force du contrôleur d'admission à minimum strict est de fournir un service fiable, avec lequel aucun nuage n'est annulé, et dont les performances sont bonnes et stables indépendamment de la durée de déploiement des nuages demandés. Pour être parfaitement équitable, on se doit de noter que 2 nuages ont été annulés à la fin de l'exécution représentée par la trace de la Figure 7.19. Cette annulation correspond à un événement catastrophique, aussi appelé churn massif dans la communauté des systèmes pairà-pair. Aussi nous ne considérons pas dans cette thèse que ces annulations sont à imputer au comportement du contrôleur d'admission à minimum strict. En effet, si le service d'allocation de noeuds veut se prémunir contre les événements catastrophiques, qui sont rares par nature, alors il être configuré pour contenir une grande proportion de noeuds de réserve. Or comme expliqué précédemment dans ce chapitre, le nombre de ressources potentiellement alloué par la plateforme Salute décroît au fur et à mesure que le nombre de pairs de réserve 146 8 hours long node allocations on Microsoft's trace (minimum) available nodes successfully allocated nodes booked nodes Percentage of nodes 100 80 60 40 20 0 0 50 100 150 200 Time in hour Figure 7.18 – Traces d'analyse des performances du contrôleur d'admission à minimum strict. augmente. Il existe donc un compromis à réaliser entre la fiabilité du système face à des événements catastrophiques et ses performances moyennes en temps normal. Discussion sur les événements catastrophiques : Une des caractéristiques des environnements pair-à-pair, qui n'est pas étudiée en détail dans cette thèse, est la présence d'événements catastrophiques. De tels événements sont appelés « churn massif » au sein de la communauté des systèmes pair-à-pair, ils correspondent, la plupart du temps, à une défaillance temporaire d'un appareil de routage d'Internet qui peut engendrer la déconnexion d'une grande partie des noeuds d'un système pair-à-pair. D'après les études connues à ce jour, un tel événement est très rare, et de façon générale : la taille des systèmes pair-à-pair varie très rarement de façon abrupte [68]. Aussi, bien que les travaux présentés dans cette thèse ne s'intéressent pas à optimiser le service d'allocation de noeuds proposé en fonction de ce type d'événement, nous considérons que la résistance de la plateforme Salute au churn massif reste correcte. Effectivement, il faut noter que l'utilisation de pairs de réserve permet à Salute de supporter naturellement une baisse temporaire de la taille du système, si celle-ci ne correspond pas à un événement catastrophique, c'est-à-dire si elle concerne un nombre de noeuds d'un ordre inférieur à 10% de la taille du système. En revanche, dans le cas où un événement catastrophique amène inévitablement à l'annulation de certains nuages pair-à-pair (le système ne comporte pas suffisamment de pairs de réserve pour supporter le churn massif), les mécanismes de gestion de concurrence employés au sein du e Sarcasm permettent de minimiser le nombre de nuages annulés. Dans un tel cas, les requêtes de secours sont déclenchées quasiment simultanément et connaissent donc un degré de concurrence important. Les mécanismes de priorités utilisés par Sarcasm permettent alors de sauver le déploiement 147 84 hours long node allocations on Microsoft's trace (minimum) available nodes successfully allocated nodes booked nodes safe nodes Percentage of nodes 100 80 60 40 20 0 0 5 10 15 20 25 Time in day Figure 7.19 – Traces d'analyse des performances du contrôleur d'admission à minimum strict. des nuages prioritaires au détriment d'autres nuages, ce qui d'après nous est une façon fiable de gérer les événements catastrophiques, lorsque cela est possible. Conclusion L'évaluation des contrôleurs d'admission montre que chacune de ces catégories présente des avantages et des inconvénients. Les contrôleurs optimistes sont faciles à implanter, mais leurs performances dépendent des conditions d'utilisation, c'est-à-dire du rythme auquel les requêtes sont soumises à la plateforme Salute et de la dynamique du système. Les contrôleurs d'admission locaux, eux, possèdent l'avantage de diminuer la dynamique des nuages déployés, mais ne permettent d'allouer qu'une faible partie des ressources disponibles. Finalement, les contrôleurs d'admission globaux, et en particulier les contrôleurs à minimum strict, possèdent de bonnes performances qui sont stables indépendamment de l'évolution du système. Finalement, il nous tient à coeur de noter que l'étude des contrôleurs d'admission présentée dans cette thèse est limitée par le cadre expérimental, en particulier par la durée des traces utilisées pour reproduire la dynamique des environnements de référence. En effet, parmi les nombreux autres types de contrôleurs d'admission que l'on peut imaginer pour diriger l'ordonnancement des requêtes au sein de la plateforme Salute, nous avons étudié la possibilité d'utiliser des algorithmes « d'apprentissage par renforcement », pour définir un nouveau type de contrôleur d'admission. Le principe de ce nouveau type de contrôleur d'admission est d'observer l'évolution d'un environnement pair-à-pair pour apprendre empiriquement et automatiquement à diriger les allocations de noeuds. Cependant, ces techniques d'apprentissage nécessitent une grande quantité de données que nous n'avons pas pu collecter à temps pour la réalisation de cette thèse. Conclusion Bilan de la thèse Dans cette thèse, nous nous sommes intéressés à l'informatique dans les nuages ou plutôt son concept de distribution de ressources, qui possède la particularité de rentabiliser les ressources informatiques inutilisées en proposant de les allouer temporairement à des clients en ayant besoin. Bien que ce paradigme de distribution de ressources soit largement adopté par la communauté informatique, les moyens mis en oeuvre pour fournir cette distribution de ressources possèdent encore quelques limitations. En effet, les services de l'informatique dans les nuages sont aujourd'hui hébergés au sein de centres de traitement de données dont les ressources sont strictement utilisées sous la forme d'infrastructure en tant que service. Comme nous l'avons souligné dans cette thèse, ce mode de production d'infrastructure est coûteux et n'est pas adapté au déploiement de toutes les applications distribuées, en particulier celles tirant profit d'une large répartition géographique.
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Quantification et caractérisation des écoulements sanguins dans l'arborescence vasculaire de la région cervico-faciale par Imagerie par Résonance Magnétique de flux : évaluation et application
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Thèse de Doctorat Mention Physique Spécialité Biophysique présent ée à l'Ecole Doctorale en Sciences Technologie et Santé (ED 585) de l’Université de Picardie Jules Verne par Gwenaël Pagé pour obtenir le grade de Docteur de l’ Université de Pic ardie Jul es Verne Quantification et caractérisation des écoulements sanguins dans l’arborescence vasculaire de la région cervico-faciale par IRM de flux : évaluation et application Soutenue le 15 novembre 2016, après avis des rapporteurs, devant le jury d’examen : M. Philippe Dec q , Professeur Rapport eur M. Malek Makki, Chargé de Recherches Rapporteur Mme Sylvie Testelin, Professeur Examinatrice M. Eric Schmidt, Praticien Hospitalier Examinateur « Se taire, c’est laisser croire qu’ on ne juge et ne désire rien . » L’homme révolté (1951) Albert Camus 1 Résumé substantiel L’imagerie par résonance magnétique cinétique en contraste de phase (IRM-PC) sensible aux flux permet la quantification et la caractérisation des écoulements sanguins in-vivo de manière noninvasive. En clinique, elle est principalement appliquée en simple coupe à deux dimensions (2D) à des gros vaisseaux tels que l’aorte, mais quelques études portant sur des vaisseaux de plus petit calibre comme les vaisseaux intracrâniens ont également été réalisées. Dernièrement cette séquence a évolué vers une acquisition volumique des vitesses (4D IRM-PC) offrant une quantification complète de l’écoulement dans l’ensemble d’une arborescence vasculaire. Ces avancées ouvrent de nouvelles perspectives d’investigation mais sont encore restreintes à des applications de recherche. Bien que les mesures des vitesses et des débits par IRM-PC soient possibles pour des vaisseaux de diamètre de l’ordre du millimètre, leur précision reste à évaluer dans ces types de vaisseaux pour des profils d’écoulement physiologiques. De plus, les outils de post-traitement des données d’IRM de flux sont encore peu répandus et restent perfectibles dans leur convivialité et leurs possibilités. La microchirurgie reconstructrice et en particulier les transplantations partielles de la face, dont la première a été réalisée en 2005 par le Pr. Devauchelle et son équipe au CHU d’Amiens, nécessitent une connaissance à la fois morphologique de l’arborescence vasculaire de la face et hémodynamique des écoulements circulant dans les artères de la région cervico-faciale. Aucune étude n’a, à notre connaissance, jusqu’alors quantifié les écoulements dans ces artères, dont les diamètres de l’ordre du millimètre. L’objectif de la thèse est de développer un protocole d’acquisition et de post-traitement 2D et 4D IRM-PC permettant la quantification des écoulements vasculaires pour des vaisseaux de petits diamètres, et applicable à l’arborescence artérielle cervico-faciale. Pour réaliser ces objectifs, 4 tâches principales ont dû être effectuées : 1) Réaliser un logiciel de post-traitement, 2) Evaluer in-vitro le protocole d’acquisition IRM de flux 2D/4D, 3) Quantifier in-vivo la vascularisation de la face d’une population de volontaires sains, 4) Appliquer in-vivo les techniques de mesures IRM-PC à des patients. 1. Le logiciel de post-traitement des IRM-PC 2D et 4D a été développé dans l’environnement IDL avec le cahier des charges suivant :  L’interface graphique doit être simple et conviviale.  Les fichiers DICOM des principaux constructeurs d’IRM doivent pouvoir être directement utilisables.  La segmentation des contours doit se faire automatiquement et prendre en compte l’évolution du calibre du vaisseau au cours du cycle cardiaque.  La quantification des vitesses, des débits et le calcul des principaux paramètres d’une courbe de flux doit être automatique, rapide et précise.  Une correction des faibles artefacts d’aliasing doit être ée. 2  Le reformatage des acquisitions 4D doit pouvoir être fait pour permettre la quantification de l’écoulement dans une section de vaisseau comme le proposerait une acquisition 2D. 2. In-vitro : l’évaluation du protocole d’acquisition IRM de flux 2D 4D Un protocole expérimental in-vitro a été réalisé pour évaluer la précision des mesures IRM. Il est constitué d’un fantôme composé de différentes branches de diamètres millimétriques et alimenté par une pompe calibrée avec un débit physiologique pulsé. Les protocoles IRM-PC, mis en place en 2D et 4D sur une IRM 3T (Achieva dStream, Philips), utilisent une antenne tête 32 canaux et une antenne microscopique. La précision des mesures de vitesses et de débits a été évaluée et optimisée pour les différents paramètres (résolutions spatiale et temporelle, épaisseur de coupe, facteurs d’accélération : Sense, k-t Principal Component Analysis (k-t PCA)) et pour un temps d’acquisition compatible avec une application clinique. 3. In-vivo : La quantification de la vascularisation d’une population de volontaires sains Après l’accord du CPP, le protocole optimisé 2D IRM-PC développé sur fantôme a été appliqué sur 5 artères de la région cervico-faciale chez 30 volontaires sains. Les écoulements dans les artères (faciale, linguale, thyroïdienne supérieure, maxillaire interne et temporale superficielle) de cette région ont été quantifiés. Les débits moyens, vitesses moyennes et surface des sections ont été calculés. 4. In-vivo : Les premières application cliniques en pathologies Le protocole 2D IRM-PC a été appliqué à 7 patients atteints de pathologies cervico-faciales. Trois cas sont présentés :  Un patient ayant bénéficié d’une transplantation partielle du visage en 2012,  Un patient atteint d’une malformation artério-veineuse dans la région faciale,  Un patient atteint d’une tumeur cervico-faciale traitée par radio-chimio . Résultats : 1. Un logiciel de post-traitement des images 2D et 4D IRM-PC a été mis au point avec une interface facile et est utilisé par des équipes de recherches et des cliniciens. L’outil traite les images IRM des principaux constructeurs (Philips, Siemens, GE et Bruker) et réalise une segmentation statique ou dynamique permettant la quantification des écoulements. Les courbes d’évolution du débit, de la vitesse et de la surface au cours du cycle peuvent être corrigées en cas de présence d’artefacts. Les mesures sont enregistrées dans un fichier dans lequel apparaissent les paramètres des courbes de débit. La durée de traitement d’une séquence IRM par contraste de phase par le logiciel est de l’ordre de la minute. 2. A partir des acquisitions in-vitro, nous avons mis au point un protocole 2D IRM-PC d’une durée comprise entre 2 et 4 minutes, d’une épaisseur de coupe de 2 mm et d’une excitation. 3 La résolution spatiale est de 0.5 x 0.5 mm2 avec l’antenne tête 32 éléments et de 0.2 x 0.2 mm2 avec l’antenne microscopique. Le protocole d’acquisition 4D IRM-PC utilise l’antenne tête 32 éléments. Sa durée est de 10 minutes pour un facteur d’accélération k-t PCA fixé à 4 et la résolution spatiale de 0.8 x 0.8 x 0.8 mm3. L’erreur des mesures IRM-PC de vitesses et débits reste, dans tous les cas, inférieure à 10%. Mais il est à noter que la précision des mesures est nettement supérieure en 2D qu’en 4D. 3. Les acquisitions réalisées sur la population de volontaires sains ont permis d’obtenir une imagerie précise de l’anatomie vasculaire de la face et une quantification des écoulements dans les artères. Les débits moyens, vitesses moyennes et sections ont été mesurés pour chaque artère et sont indiqués dans le tableau ci-dessous. Artère Faciale Linguale Thyroïdienne Supérieure Maxillaire Interne Temporale Superficielle Débit moyen (ml/min) 33 ± 13 15 ± 6 22 ± 14 25 ± 13 24 ± 11 Vitesse moyenne (mm/s) 92 ± 26 70 ± 24 98 ± 29 77 ± 27 112 ± 27 Surface moyenne (mm2) 5.8 ± 2 3.7 ± 1 3.5 ± 1.5 5.4 ± 1.7 3.3 ± 1.5 4. Le protocole d’IRM de flux appliqué sur le patient ayant bénéficié d’une transplantation partielle du visage a mis en évidence une adaptation du calibre artériel en fonction des besoins vasculaires du tissu, les mesures de débits dans l’artère linguale et l’artère faciale étant dans la même gamme que celles obtenus pour la population de volontaires sains. Dans le cas du patient atteint d’une malformation au niveau de la région cervico-faciale, des débits près de dix fois supérieurs aux débits physiologiques ont été mesurés dans les artères ophtalmique droite et temporale superficielle gauche, susceptibles de vasculariser la malformation. L’IRM de flux, pratiquée sur le patient en traitement par radio-chimiothérapie, a montré des débits moyens légèrement supérieurs à ceux de la population de volontaires sains. En conclusion, un logiciel et un protocole d’acquisition ont été développés et validés pour des mesures dans les artères de la région cervico-faciale. Ils ont permis d’obtenir la première base de données hémodynamiques des artères de la région faciale. L’application des séquences IRM de flux sur des patients atteints de pathologies cervico-faciales apporte de nouvelles informations à la fois pour le suivi du patient et pour la planification chirurgicale. 4 Résumé L’imagerie par résonance magnétique cinétique en contraste de phase (IRM-PC) sensible aux flux permet la quantification et la caractérisation des écoulements sanguins in-vivo de manière noninvasive. En clinique, cette séquence est principalement appliquée en une coupe à deux dimensions (2D), mais elle a évolué vers une acquisition volumique des vitesses (4D IRM-PC) offrant une quantification complète de l’écoulement dans l’ensemble d’une arborescence vasculaire. Cependant, cette technique nécessite d’outils de post-traitement qui sont encore peu nombreux et d’une évaluation de la précision de la mesure des vitesses en 2D et 4D dans des vaisseaux de petits diamètres. Dans ce travail de thèse, un logiciel de post-traitement des images 2D et 4D IRM-PC a été mis au point avec une interface facile et est utilisé par des équipes de recherches et des cliniciens. Des protocoles d’acquisitions des vitesses par IRM pour des vaisseaux constitués de diamètres millimétriques ont été développés. Ces protocoles ont été validés in-vitro à partir d’un travail réalisé sur fantôme qui montre une erreur inférieure à 10% dans la précision des mesures. Les protocoles validés ont été appliqués sur les artères de la région cervico-faciale chez 30 volontaires sains afin de constituer la première base hémodynamique des vaisseaux de cette région. Des patients atteints de pathologies cervico-faciale ont bénéficié de ce protocole et son intérêt a été montré dans le suivi du patient et pour la planification chirurgicale. Abstract Phase-Contrast Magnetic Resonance imaging (PC-MRI) is a non-invasive technique used for quantification and characterization of the blood flow. In clinical pratice, this sequence is principally used in a two-dimensional single slice (2D), but it evolved to a velocity volumic acquisition (4D PCMRI) allowing a complete quantification of the flow through a vascular tree. However, this technique requires post-processing software which are few and an evaluation of the velocity accuracy in 2D and 4D to quantify vessels with millimetric diameter. In this thesis work, a user-friendly post-processing software of 2D and 4D MRI images has been developed and it is used by research teams and clinicians. MRI acquisitions protocols of velocities for vessels composed by millimetric has been created. These protocols developed in-vitro form a phantom work show an error in the measurement accuracy less than 10%. These validated protocols are applied in facial area arteries in 30 healthy volunteers to create the first hemodynamic data base of arteries in this area. Then, the protocols have been performed to patients with pathologies affecting the facial area to show is interest on patient follow-up and surgical treatment. 5 Remerciements A mes directeurs de thèse, qui m’ont offert la possibilité de réaliser ce travail de recherche. Au Dr. Olivier Balédent, votre passion pour ce travail et la recherche est un exemple que je m’efforcerai de suivre. Je vous remercie pour toutes les conférences auxquelles vous m’avez fait participer et dans lesquelles j’ai pu échanger avec d’autres chercheurs et apprendre à leurs contacts. Merci pour toute votre bienveillance à mon égard. Au Dr. Anne-Virginie Salsac, merci pour votre grande disponibilité, pour toute l’aide que vous avez pu m’apporter dans les différents travaux et pour vos connaissances en biomécanique dont vous m’avez fait profiter. Aux membres de mon jury de thèse, Au Pr. Philippe Decq et au Dr. Male k Makki, merci d’avoir accepté d’être rapporteur de ce travail. Je suis admiratif devant les travaux que vous avez réalisés et je vous suis très reconnaissant de faire partie du jury de cette thèse. Au Pr. Sylvi e Test elin , et au Dr. Eric Schmidt merci de me faire l’honneur d’examiner ce travail et de faire partie de mon jury. Je respecte profondément votre travail et je le suis avec assiduité. Au Pr. Bernard Devauchelle, c’est un h onneur d’avoir pu vous rencontrer et d’ avoir pu discut er avec vous. Je vous remercie pour votre accueil et pour m’avoir fait découvrir et participer aux problématiques physiologiques liées à la région cervico-faciale. Au Pr. Jean-Marc Constans, pour sa bienveillance et sa disponibilité . Je suis heureux d’ avoir pu échanger avec vous et d’avoir pu profiter de vos c onnaissance s en IRM . A Simon Garnotel avec qui j ’ ai partagé mon bureau pendant ces 3 années de thèse. Pour toutes les fois où tu m’as entendu me plaindre et pour toute le soutien que tu m’as prodigué au cours de ces travaux je t’adresse un grand merci. A mon coll ègue et ami Jérémie Bettoni, à qui j’em prunt e la formule et avec qui j’ai passé une super année de recherche. Je te remercie pour toutes les connaissances en médecine que tu m’as apportées. D’avoir pu constater grâce à toi l’application en clinique de nos travaux de recherche. Je suis heureux d’avoir gagné un très bon ami au cours de cette collaboration. Aux manipulatrices radio de l’IRM de recherche, A Sophie Potier, pour tous les moments passés ensemble à tester les séquences IRM et à repousser les limites de la machine. Merci à toi aussi d’avoir été une des premières à me faire découvrir la vie amiénoise. A Danielle Lembach, pour toutes les connaissances que tu m’as transmises sur les acquisitions IRM. Beaucoup de choses sont devenues plus simple grâce à toi, merci. A Caroline Fournez, tu es arrivée la dernière mais tu m’as également beaucoup aidé. Tu as d’ailleurs un talent inouï pour recruter des volontaires. Merci à vous trois qui m’avez tellement appris sur les acquisitions IRM et à qui je dois une très grande partie de ces résultats. Aux membres du projet FlowFace qui n’ont pas encore été cité, à Stéphanie Dakpé qui fût la première à me faire découvrir le service de chirurgie maxillo-faciale et à Bruno Ramaël qui a accompagné mon travail. 6 Aux membres du laboratoire Bioflow Image, merci à Sidy Fall, à Roger Bouzerar et Joël Daouk pour toutes leurs aides. Je souhaite aussi remercier tous les stagiaires que j’ai rencontré au cours des trois années de travail au labo : Malek, Odile, Armelle, Anna-Love, et plus particulièrement Adrien Heintz avec qui j’ai passé de longs moments à réaliser les manips en laboratoire. A toutes les personnes de la plateforme Innovaltech, Dominique Haye, Joseph Anton, Jean-Louis Chenu, Matthieu Morel, Thomas Moniak, merci de votre gentillesse, j’ai beaucoup appris de notre collaboration et de nos réunions, à la fois sur les pompes et sur la CAO. A Dong-Joo Kim et son équipe, qui m’ont accueilli dans leur laboratoire à Sé ul et qui ont tout fait pour rendre mon séjour agréable. A Ari Blitz et Jaehoon Shin de l’Hôpital John Hopkins de Baltimore pour notre collaboration qui a enrichi mes connaissances et permis de travailler avec une grande équipe américaine. Merci aux ingénieurs d’applications de Philips et en particulier à David Chéchin pour son aide dans la compréhension de la machine IRM. Merci aux secrétaires de l’école doctorale, Audrey Lecompte, Virginie Pecourt et Virginie Lefévre pour leurs disponibilités et l’aide administrative qu’elles ont pu m’apporter. A mes amis, Benjamin, Frédéric et Geoffrey, vous avez tous été là à certains moments et je vous en remercie beaucoup. Je prendrai plus de temps pour donner des nouvelles, c’est promis. A mes parents, qui m’ont toujours soutenu avec beaucoup de joie et de tendresse. J’ai eu l’immense chance de grandir en étant aimé et éduqué avec des valeurs qui restent précieuses à mes yeux et que je garde toujours en tête. A ma sœur et à mon frère pour leur générosité, pour leur intarissable soif de bavardage. Merci. A toute ma famille, mes grands-parents, mes oncles et tantes, mes cousins et cousines, c’est toujours avec un grand plaisir que je vous revoie. A Joana, merci d’être là pour moi, dans les instants de joie comme dans mes moments de doutes. Tu es le rayon de soleil et la chaleur qu’il me manquait. J’ai trouvé le bonheur à tes côtés et je suis heureux de tout ce que l’on partage. Pour tout ce qu’on a fait, qu’on fait et que l’on fera. Dedico todo meu amor para minha pequena portuguesa . 7 Table des matières Résumé substantiel............................................................................................................................... 2 Résumé.................................................................................................................................................. 5 Abstract.................................................................. ................ ................ ................................................ 5 Remerciements...... ................................................ ................................................................................ 6 Abréviation........................................................................................................................................... 11 Chapitre 1. Introduction générale........................................................................................................ 12 1.1.La vascularisation du corps humain................................................................................................ 12 1.1.1. Un apport essentiel à l’organisme.................................................................................... 12 1.1.2. La circulation.................................................................................................................... 12 1.1.3. Les vaisseaux sanguins...................................................................................................... 13 1.2. Les artères de la région cervico-faciale................................................................................. 16 Chapitre 2. Etat de l’art des mesures de vitesses en Imagerie par Résonance Magnétique.............. 18 Introduction......................................................................................................................................... 18 2.1.Les techniques IRM........................................................................................................................ 18 2.1.1. L’imagerie angiographique............................................................................................... 18 2.2.Imagerie de quantification des vitesses par IRM............................................................................ 22 2.2.1. Principe physique du contraste de phase......................................................................... 23 2.2.2. Synchronisation cardiaque............................................................................................... 28 2.2.3. Reconstruction des images............................................................................................... 29 2.2.4. Application........................................................................................................................ 31 2.2.5. L’IRM par contraste de phase volumique......................................................................... 37 2.2.6. L’encodage de plusieurs vitesses...................................................................................... 43 2.2.7. Les sources d’erreurs........................................................................................................ 44 2.2.8. Influence des paramètres................................................................................................. 49 Le k-t BLAST et le k-t SENSE.............................................................................................................. 55 Le k-t PCA......................................................................................................................................... 57 2.3.Post-traitement des images IRM-PC............................................................................................... 59 2.3.1. Evolution du traitement des images IRM-PC.................................................................... 59 2.3.2. Obtenir l’information de vitesse....................................................................................... 59 2.3.3. Les différents logiciels existant......................................................................................... 61 2.4.Objectifs......................................................................................................................................... 63 Chapitre 3. Matériel et méthodes pour l’évaluation et l’application des séquences IRM-PC........... 64 Introduction......... ................................................................................................................................ 64 3.1.Le protocole expérimental............................................................................................................. 64 3.1.1. Les fantômes.................................................................................................................... 65 3.1.2. Montage expérimental..................................................................................................... 69 3.1.3. Ecoulement simul é ........................................................................... ................ ................ 75 8 3.1. 4 . Validation du dispositi f e xpérimental ............................................................................... 77 3.2.Le scanner IRM............................................................................................................................... 80 3.2.1. Descriptif technique......................................................................................................... 80 3.2.2. Les antennes..................................................................................................................... 81 Chapitre 4. Développement d’un logiciel dédié au traitement des images IRM-PC........................ 83 Introduction......................................................................................................................................... 83 4.1.Interactive Data Langage................................................................................................................ 83 4.2.Principe du logiciel de traitement 2D IRM-PC................................................................................ 83 4.2.1. La segmentation semi-automatique par transformée de Fourier..................................... 83 4.2.2. Extraction des données de vitesses.................................................................................. 87 4.2.3. Correction des artefacts................................................................................................... 89 4.3.Extension du logiciel....................................................................................................................... 91 4.3.1. Filtrage du bruit................................................................................................................ 92 4.3.2. Le contour actif................................................................................................................. 93 4.3.3. Wall Shear Stress............................................................................................................ 100 4.3.4. Traitement des séquences 4D IRM -PC............ ................ ................ ................................ 104 Conclusion.......................................................................................................................................... 113 Chapitre 5. Evaluation des mesures de vitesses par IRM-PC............................................................ 114 Introduction....................................................................................................................................... 114 5.1.Influence des paramètres et du choix de l’antenne dans la précision des mesures IRM-PC........ 114 5.1.1. Introduction.................................................................................................................... 114 5.1.2. Matériel et méthodes..................................................................................................... 115 5.1.2.1. Le montage................................................................................................................. 115 5.1.3. Résultats......................................................................................................................... 120 5.1.4. Discussion....................................................................................................................... 129 5.2. Evaluation de l’influence du facteur d’accélération k-t PCA dans la précision des mesures 2D et 4D IRM-PC............................................................................................................................................... 132 5.2.1. Introduction.................................................................................................................... 132 5.2.2. Matériel et méthodes..................................................................................................... 133 5.2.3. Résultats......................................................................................................................... 135 5.2.4. Discussion....................................................................................................................... 142 5.3.Précision des mesures 2D et 4D IRM-PC dans un tube flexible.................................................... 145 5.3.1. Introduction.................................................................................................................... 145 5.3.2. Matériel et Méthodes..................................................................................................... 145 5.3.2.1. Le montage expérimental........................................................................................... 145 5.3.3. Résultats......................................................................................................................... 147 5.3.4. Discussion....................................................................................................................... 154 9 5.4.Evaluation des séquences 2D et 4D IRM-PC sur un fantôme modélisant l’arborescence de la carotide externe................................................................................................................................. 157 5.4.1.Introduction.............................................................................................................................. 157 5.4.2.Matériel et Méthodes............................................................................................................... 158 5.4.3. Résultats......................................................................................................................... 161 5.4.4. Discussion....................................................................................................................... 166 Conclusion.......................................................................................................................................... 167 Chapitre 6. Applications cliniques..................................................................................................... 168 Introduction....................................................................................... ................................ ................ 168 6.1.Acquisition d’une base de données hémodynamique des artères de la région cervico-faciale... 168 6.1.1. Introduction.................................................................................................................... 168 6.1.2. Matériels et Méthodes................................................................................................... 169 6.1.3. Résultats......................................................................................................................... 174 6.1.2. Discussion....................................................................................................................... 179 6.2.Comparaison des mesures de vitesses en 2D et 4D IRM-PC dans la région cervico-faciale.......... 182 6.2.1. Introduction.................................................................................................................... 182 6.2.2. Matériels et Méthodes................................................................................................... 182 6.2.3. Résultats......................................................................................................................... 184 6.2.4. Discussion....................................................................................................................... 186 6.3.Application des mesures 2D IRM-PC sur patients........................................................................ 189 6.3.1. Introduction.................................................................................................................... 189 6.3.2. Patiente ayant bénéficiée d’une allo-transplantation-faciale......................................... 189 6.3.3. Patient en traitement par radio-chimiothérapie............................................................ 192 6.3.4. Patient atteint d’une malformation artério-veineuse.................................................... 195 6.3.5. Discussion....................................................................................................................... 197 Conclusion......................................................................................................................................... 198 Conclusion et perspectives................................................................................................................ 199 Références......................................................................................................................................... 201 Publications et communications....................................................................................................... 209 Annexes............................................................................................................................................. 211 10 Abréviation IRM : Imagerie par Résonance Magnétique PC : Phase-Contrast (Contraste de Phase) IDL : Interactive Data Langage DICOM : Digital Imaging COmmunication in Medicine PCA : Phase Contrast Angiography (Angiographie par Contraste de Phase) ACC : Artère Carotide Commune ACI : Artère Carotide Interne ACE : Artère Carotide Externe ATS : Artère Thyroïdienne Supérieure AMI : Artère Maxillaire Interne ATempS : Artère Temporale Supérieure AL : Artère Linguale AF : Artère Faciale TR : Temps de Répétition TE : Temps d’Echo TF : Transformée de Fourier FFT : Fast Fourier Transform (Transformée de Fourier Rapide) TOF : Time Of Flight (Temps de Vol) PWV : Pulse Wave Velocity WSS : Wall Shear Stress SENSE : SENSitivity Encoding k-t BLAST : Broad-use Linear Acquisition Speed-up Technique k-t PCA : Principal Component Analysis FOV : Field Of View (Champ de Vue) SNR : Signal Noise Ratio (Rapport Signal sur Bruit) BP : Bande Passante NEX / NSA : Nombre d’Excitation STL : STéréoLitographie ROI : Region Of Interest (Région d’Intérêt) BPM : Battements par minute 11 Chapitre 1. Introduction générale 1.1. La vascularisation du corps humain La définition fournie par le Larousse est : ‘’Ensemble des vaisseaux sanguins irriguant une région du corps, un organe ou un tissu’’ [1]. De cette définition découle 3 questions qui vont nous permettre de mieux comprendre l’écoulement du sang, qui est l’ objet des travaux de cette thèse. 1. Qu’apporte le sang aux différentes régions du corps, à l’organisme, aux tissus? 2. Comment se déplace-t-il dans notre corps? 3. Qu’est-ce qu’un vaisseau? 1.1.1. Un apport essentiel à l’organisme Le sang est composé d’un fluide aqueux (le plasma) et de milliards de cellules : des globules rouges (ou érythrocytes), des globules blancs (ou leucocytes) et de manière assimilée des plaquettes. Chacun des éléments constituant le sang joue un rôle important au bon fonctionnement du corps humain.  Les globules rouges, qui sont en plus grand nombre dans le sang, assurent le transport de l’oxygène et des nutriments vers les tissus. C’est aussi grâce à eux que le gaz carbonique et les déchets de l’organisme sont évacués.  Les globules blancs, créés dans la moelle osseuse, interviennent dans les défenses immunitaires en participant à la défense contre les bactéries, virus et parasites.  Les plaquettes, en colmatant les plaies vasculaires, assurent la bonne coagulation du sang. Elles sont essentielles afin d’empêcher les saignements et de limiter les risques d’hémorragie. Elles sont souvent assimilées à des cellules mais sont en réalité un fragment des cellules pro-génitrices (les mégacaryocytes). Toutes ces cellules circulent en suspension dans le plasma. Ce dernier est composé de 90% d’eau et 10% de protéines, sels minéraux, vitamines, hormones ainsi que d’autres substances. Le plasma évacue les déchets de l’organisme en les drainant vers le foie et les reins. 1.1.2. La circulation On distingue deux types de circulations, systémique et pulmonaire, avec au centre de ces deux systèmes, le cœur. En jouant le rôle d’une pompe, ce dernier, a une importance vitale. Il propulse le sang de manière à ce qu’il circule dans l’ensemble des vaisseaux sanguins. La circulation sanguine est schématisée Figure 1-1. La circulation systémique, aussi appelée grande circulation, permet l’irrigation des différents organes. Le sang, chargé en oxygène, est propulsé du cœur dans l’artère principale du corps humain, l’aorte. De l’aorte, il rejoint les différentes artères secondaires composant le système cardiovasculaire. Elles permettent au sang de se propager dans les différentes régions du corps, 12 jusqu’à des artères de plus en plus étroites, appelées artérioles. Ces dernières conduisent le sang aux organes à l’intérieur desquels il se déplacera dans des vaisseaux aussi fin qu’un cheveu, les capillaires, permettant de transmettre l’oxygène et les nutriments en échange de gaz carbonique et de déchets. Le sang, ainsi chargé, rejoint le cœur via le réseau veineux. S’échappant des organes par des vaisseaux de petits calibres, les veinules, il emprunte ensuite des veines d’un diamètre de plus en plus important jusqu’aux veines caves le menant au cœur. La circulation pulmonaire, aussi appelée petite circulation, permet la ré-oxygénation du sang. Le sang veineux désoxygéné est éjecté du cœur vers les poumons via l’artère pulmonaire. Dans les poumons il rejoint les alvéoles pulmonaires, situées sur les bronches. C’est ici qu’ont lieu les échanges gazeux. Les globules rouges récupèrent l’oxygène dans les alvéoles tout en libérant du gaz carbonique. Les veines pulmonaires entraînent alors le sang oxygéné jusqu’au cœur, pour alimenter les différents éléments de l’organisme. Figure 1-1 : Schéma de la circulation sanguine dans le corps humain 1.1.3. Les vaisseaux sanguins La circulation sanguine se fait grâce aux vaisseaux. Ces derniers formant un système fermé d’une longueur év ée à près de 100 000 km. Ce réseau irrigue l’ensemble du corps humain (Figure 1-2). La structure des vaisseaux est formée de trois tuniques. Une tunique interne (Intima), qui est en contact direct avec le sang. Elle est mince et tapissée des cellules endothéliales, qui forment un tapis lisse unicellulaire à l’interface entre le sang et paroi. Une tunique intermédiaire (Media), plus épaisse, qui est composée de couches concentriques d’élastine, qui apporte l’élasticité à la paroi, de collagène, qui apporte la résistance aux grandes déformations, et de cellules musculaires lisses responsable de la vasomotricité de la paroi. La tunique externe (Adventice), plus rigide, contient les vasa vasorum, qui vascularisent la paroi artérielle, ainsi que des fibres nerveuses. 13 Les trois types de vaisseaux, les artères, les veines et les capillaires, se différencient par leurs propriétés et par leur rôle dans le fonctionnement du corps. Figure 1-2 : Principaux vaisseaux sanguins composant le corps humain . Auteur : Mariana Ruiz Villarreal [2]. Les artères, dans la grande circulation, acheminent l’oxygène et les nutriments aux cellules de l’organisme. On différencie plusieurs types d’artères. Les artères élastiques (l’aorte, le tronc brachiocéphalique, les artères subclavières, les artères carotides et les artères pulmonaires), situées près du cœur, assurent la conduction, la transmission ou la conservation de la pression. Les artères musculaires sont les ramifications des grandes artères classiques : elles jouent un rôle de distribution. Les artérioles, sont enfin les branches terminales, qui s’ouvrent sur les lits capillaires. Elles participent à la régulation du lit capillaire et maintiennent la pression artérielle. Les diamètres de ces différents vaisseaux sont indiqués dans le Tableau 1-1. 14 Types de vaisseau Artères élastiques Artères musculaires Artérioles Capillaires Veinules Veines de moyen calibre Veines de gros calibre Diamètre 25 mm (aorte) – 4 mm (car. externe) 6 – 1 mm 300 – 50 μm 3 – 10 μm 0.2 – 1 mm < 10 mm > 10 mm Epaisseur 1 mm 1 mm 6 μm 0.5 μm 1 μm 0.5 mm 0.5 mm Tableau 1-1 : Diamètre des vaisseaux composant le corps humain. Extrait de « Anatomie clinique: Tome 1, Anatomie générale-Membres » [3] Les veines, dans la grande circulation, assurent le retour du sang désoxygéné dans le système cardiaque. Contrairement aux artères, elles n’assurent pas une conservation de la pression mais une fonction de capacitance (stockage du volume sanguin) à faible pression. On les différencie en fonction de leur taille. Les veinules suivent les capillaires et arrivent dans les veines de plus gros calibre pour finir dans la veine cave. Enfin, les capillaires forment un réseau fortement anastomosé (Figure 1-3). C’est dans cette région que l’échange a lieu entre le sang et les cellules de l’organisme. Figure 1-3 : Réseau capillaire. De Wikipedia Commons [4] En conclusion, les écoulements sanguins jouent un rôle vital dans le bon fonctionnement du corps humain. Ils assurent l’apport en oxygène et en nutriments aux différentes cellules de l’organisme et élimine les déchets. C’est grâce à toute la mécanique du système cardiovasculaire (cœur + vaisseau) que le sang va pouvoir se déplacer dans tout le corps et permettre la régulation de paramètres tels que le pH ou la température. Sans le flux sanguin s’écoulant à travers l’organisme, les cellules ne pourraient pas être alimentées et périraient. Il est nécessaire de l’étudier pour mieux comprendre les mécanismes le régissant. 15 Les artères de la région cervico-faciale De nombreux vaisseaux composent le corps humain et chacun possède des caractéristiques différentes. Les propriétés hémodynamiques de l’écoulement vasculaire (vitesse, débit...) sont connues pour certains vaisseaux (exemple : la carotide interne possède un débit d’environ 250 ml/min [5]). Cependant, des contraintes (diamètres, structures osseuses) peuvent compliquer l’exploration des vaisseaux et la quantification de leurs écoulements. C’est notamment le cas des artères de la région cervico-faciale (Figure 1-4) qui se caractérisent par de petits diamètres (exemple avec l’artère faciale qui possède un diamètre d’environ 2 mm [6]). Les artères qui irriguent la région cervico-faciale sont des branches collatérales de la carotide externe. Parmi les artères qui partent de la carotide externe, on peut citer 5 collatérales principales qui irriguent majoritairement la face et qui sont le plus souvent utilisées lors d’une reconstruction chirurgicale :  l’artère thyroïdienne supérieure,  l’artère linguale,  l’artère faciale,  l’artère occipitale,  et l’artère auriculaire postérieure. Figure 1-4 : Schéma des artères de la région tête et cou. [7] 16 Des variations anatomiques existent dans l’arborescence carotidienne externe. On retrouve quatre anatomies différentes du carrefour thyro-lingo-faciale (point de bifurcation des artères faciales, linguales et thyroïdienne) [8] (Figure 1-5). Figure 1-5 : Variations anatomiques du carrefour thyro-lingo-faciale. a. Origines artérielles séparées. b. Tronc thyro-facial. c. Tronc lingo-facial d. Tronc thyro-lingo-facial. ATS : Artère Thyroïdienne Supérieure, AL : Artère Linguale, AF : Artère Faciale. Actuellement, aucun développement n’a été réalisé afin d’obtenir à la fois une imagerie morphologique et une quantification des écoulements de haute précision dans les artères de la région cervico-faciale. Cependant, les avancées réalisées en chirurgie maxillo-faciale depuis la première allo-transplantation faciale effectuée en 2005 par le Pr. Devauchelle et son équipe au CHU d’Amiens [9], nécessitent actuellement de pousser plus loin les techniques d’imagerie aider les cliniciens dans le suivi et le diagnostic des pathologies vasculaires cervico-faciales. 17 Chapitre 2. Etat de l’art des mesures de vitesses en Imagerie par Résonance Magnétique Introduction Nous allons maintenant nous intéresser aux différentes méthodes d’acquisition que propose l’IRM et plus particulièrement à la technique du contraste de phase. Pour une meilleure compréhension de ce chapitre, des connaissances des bases de l’IRM peuvent être trouvées en complément dans les ouvrages L’IRM pas à pas de Hoa [10] et MRI from picture to proton de D. W. McRobbie et al. [11]. 2.1. Les techniques IRM L’IRM permet à partir de séquences pondérées en T1 ou T2 d’obtenir une imagerie anatomique avec des plans de coupe orientés dans les différentes directions de l’espace (Figure 2-1). Cependant, la technique ne se limite pas uniquement à ce type d’imagerie. Il existe différentes séquences pouvant fournir une information morphologique et/ou fonctionnelle. Parmi ces séquences on peut citer : la diffusion, la perfusion, la spectroscopie, l’élastographie, l’IRM d’activation cérébrale ou encore l’angiographie par résonance magnétique. Ces différentes méthodes d’imageries vont décrire une fonction du corps humain. Plus spécifiquement, les techniques de diffusion, de perfusion et d’angiographie apportent une information sur le déplacement, que ce soit le dé des molécules d’eau avec la diffusion ou le déplacement du sang avec l’angiographie par résonance magnétique. Figure 2-1 : Imagerie sagittal d’un crâne acquis avec une séquence T1 (a.), imagerie coronal d’un crâne avec une séquence T2 [11] (b.) imagerie axial d’un crâne avec une séquence T1 (c.). Image c extrait de l’étude de Kerviler et al. ‘’Interprétation du signal en IRM’’ 2.1.1. L’imagerie angiographique Il est possible d’obtenir en IRM une cartographie vasculaire grâce à l’Angiographie par Résonance Magnétique (ARM). L’imagerie vasculaire peut se faire au moyen de deux techniques. La première par injection d’un produit de contraste dans le sang : on regarde le signal du sang injecté. La seconde technique se fait sans injection d’agent de contraste : on exploite les phénomènes de flux à l’échelle 18 macroscopique qui sont propres à chaque vaisseau. Deux méthodes sont basées sur ce principe : le temps de vol (Time Of Flight, TOF) et l’angiographie par contraste de phase (PCA). 2.1.1.1. ARM avec injection de produit de contraste Pour cette technique, une injection intraveineuse de gadolinium est réalisée. Le contraste étant lié à la présence du gadolinium dans les vaisseaux, cette séquence n’est pas sensible au flux. L’injection de l’agent de contraste est donc généralement couplé à une séquence écho de gradients rapides en 2D ou en 3D avec des TE et TR très courts (respectivement 2 et 5 ms). On obtient ainsi des séquences avec un temps d’acquisition relativement court. Par exemple, dans l’imagerie des sténoses carotidiennes, Remonda et al. [12] obtiennent un volume vasculaire constitué de 36 coupes coronales avec une résolution de 1.9 x 1.5 x 1 mm3 en un temps d’acquisition de 9 secondes. Une illustration de la détection des sténoses à partir de cette imagerie est montrée Figure 2-2 avec l’étude Yang et al. [13]. L’angiographie avec injection de produit de contraste est applicable dans toutes les régions du corps que ce soit au niveau cérébral dans la détection des thromboses veineuses (Lafitte et al. [14]) ou dans l’imagerie thoracique avec l’acquisition de l’aorte (Prince et al. [15]). L’inconvénient de cette technique est l’injection d’un produit de contraste pouvant provoquer une réaction allergique chez le patient et contre-indiquée chez les insuffisants rénaux (fibrose néphrogénique systémique). Elle possède néanmoins l’avantage d’avoir des TE et TR courts réduisant le temps des séquences. Ainsi le contraste est amélioré (saturations des spins stationnaires par TR court), les artefacts de mouvements sont limités et l’utilisation de champ de vue plus large est possible comme le montre la Figure 2-2. Figure 2-2 : Etude Yang et al. Angiographie IRM des artères carotides et vertébro-basilaires. La grande flèche indique une sténose sur l’artère carotide interne gauche et la petite flèche une sténose sur l’artère vertébrale. Extrait de “ContrastEnhanced MR Angiography of the Carotid and Vertebrobasilar Circulations” [13] 19 2.1.1.2. Temps de vol L’imagerie par temps de vol, Time Of Flight (TOF), est une méthode non-invasive d’angiographie IRM exploitant le phénomène d’entrée de coupe. Ce dernier est basé sur l’arrivée de sang frais non saturé dans le plan de coupe provoquant un rehaussement paradoxal du signal. En appliquant une onde radiofréquence, on sature les protons compris dans le plan de coupe et l’aimantation des tissus mobiles et stationnaires repousse progressivement en T1. Cependant, entre deux ondes radiofréquences, les protons mobiles quittent le pan de coupe et laissent place à des protons non saturés possédant une aimantation longitudinale maximale (Figure 2-3). On observe alors, dans le plan de coupe, la repousse du T1 du sang en mouvement qui est accélérée par rapport à celui des tissus stationnaires (Figure 2-3). Il s’agit du phénomène d’entrée de coupe et il se traduit par un hyper signal des vaisseaux sur l’image. Figure 2-3 : Rehaussement paradoxal du signal T1 du sang circulant provoqué par le phénomène d’entrée de coupe Figure 2-4 : Principe du rehaussement paradoxal par phénomène d’entrée de coupe. Les protons non saturés circulant dans le vaisseau font peu à peu leur apparition dans le plan de coupe. 20 C’est le temps de vol (temps de transit du sang dans la coupe) qui permet d’optimiser la valeur du TR pour rehausser convenablement le signal du vaisseau étudié. Le temps de vol est directement lié à la vitesse du flux et l’épaisseur de coupe. Pour que le TR soit optimal en séquence écho de gradient, il doit respecter l’équation : (2.1) Les flux lents étant rapidement saturés, la séquence TOF est plus adaptée à l’étude des flux rapides. On retrouve son application pour l’étude du polygone de Willis (Figure 2-5) dans les anévrismes cérébraux et les accidents vasculaires cérébraux. Ainsi, Krabbe-Hartkamp et al. [16] ont étudié les variations morphologiques du polygone de Willis chez 150 volontaires avec des séquences 3D TOF d’une résolution spatiale de 0.78 x 0.78 x 1.2 mm 3 pour une durée de 3 minutes. Aussi, l’imagerie des anévrismes cérébraux a été réalisée par Bogunovic et al. [17] avec une résolution de 0.39 x 0.61 x 1 mm3 pour une durée d’acquisition de 7 minutes. Figure 2-5 : Etude de Krabbe-Hartkamp et al. Reconstruction MIP d’une angiographie 3D TOF du polygone de Willis. Extrait de “Circle of Willis Collateral Flow Investigated by Magnetic Resonance Angiography” [18]. 2.1.1.3. Angiographie par contraste de phase L’angiographie par contraste de phase (Phase Contrast Angiography, PCA) fournit comme le TOF, une visualisation de l’anatomie vasculaire sans injection de produit de contraste. Cette méthode met en évidence le déphasage des spins en fonction de leur vitesse de déplacement (principe sur lequel on revient plus en détail dans la partie suivante). Les séquences PCA possèdent l’avantage de s’adapter à la vitesse du flux traversant le sseau observé grâce à un paramètre appelé vitesse d’encodage. Les flux circulant avec une vitesse proche de celle paramétrée dans la vitesse d’encodage apparaitront en hyper signal. Dumoulin et al. [19] ont aussi démontré que le PCA permet de supprimer significativement le signal provenant des tissus stationnaires grâce à la soustraction des 21 images (cf. $2.2.2.3) et ainsi de mieux visualiser l’écoulement dans les petits vaisseaux. Cette séquence est souvent appliquée dans l’imagerie tête et cou (Figure 2-6). Adapté aux écoulements lents, le PCA est souvent préféré au TOF dans l’acquisition des systèmes veineux. Liauw et al. [20] l’ont ainsi appliqué dans l’imagerie du système veineux intracrânien avec une résolution de 1 x 1 x 1.5 mm3 et une vitesse d’encodage de 15 cm/s pour une durée d’acquisition de 13 minutes. Dans une autre étude, Pernicone et al. [21] l’ont appliqué sur le volume de la tête et du cou avec une résolution de 0.78 x 0.78 x 0.78 mm3 et une durée de 37 minutes. Ils ont pu, à partir des images obtenues, identifier des anévrismes intracrâniens et des malformations artério-veineuses. Figure 2-6 : Reconstruction MIP d'une acquisition 3D PCA tête et cou acquise avec une vitesse d’encodage de 80 cm/s. En conclusion, l’IRM permet une imagerie qualitative mais peut également offrir une information quantitative (exemple : le déplacement des molécules d’eau avec l’IRM de diffusion ou la microcirculation sanguine avec la perfusion). Des cartographies de l’anatomie vasculaire sont ég alement réalisables grâce à l’ ang iographie par résonance magn étique. Cette dernière reste néanmoins qual itative. Pour ob tenir des données de vitesse du flux, comme le D oppler le permet, faut continuer d’exploiter la dépendance entre la phase et la vitesse en IRM par contraste de vitesse. 2.2. Imagerie de quantification des vitesses par IRM La méthode d’imagerie par contraste de phase exploite la relation de dépendance entre le décalage de phase des pixels de flux et la vitesse de celui-ci. Elle a été appliquée pour la première fois en IRM en 1982 par Moran [22] et fait suite aux travaux de Hahn [23] de 1960 décrivant que le décalage de phase des spins dans un plan transverse est induit par le mouvement de ces spins le long du champ magnétique. Cette description a par la suite été suivie des premières cartographies de vitesses de flux réalisées en IRM par Bryant et al. [24] et des premières applications cliniques sur des mesures du flux sanguin réalisées en 1986 par Nayler et al. [25]. 22 2.2.1. Principe physique du contraste de phase 2.2.1.1. Dépendance phase/vitesse Le signal IRM peut, non seulement, être caractérisé par son amplitude, mais aussi par sa phase. Par conséquence, une imagerie de phase peut être reconstruite à partir des données acquises en IRM au même titre qu’une imagerie d’amplitude reflétant l’anatomie. La dépendance de phase du signal RM par rapport au mouvement des spins peut être dérivée de la formule de précession des spins dans un champ magnétique : (2.2) où est le rapport gyromagnétique du proton. La fréquence de Larmor des spins à la position ⃗, soumis à un champ magnétique, avec une inhomogénéité de champ et à laquelle est appliqué un gradient de champ magnétique ⃗, dépendant du temps, est donné par la formule : ⃗ ⃗ (2.3) Le signal de phase résultant acquis au temps d’écho TE après un pulse d’excitation émis au temps peut être obtenu par intégration de l’équation de Larmor donnant la formule suivante : ⃗ ⃗ ∫ ∫ ⃗ ⃗ ⃗⃗⃗⃗ (2.4) On peut réaliser un développement de Taylor : ⃗ ⃗ ∑ ) (2.5) ⃗ ∑ (⃗ ∫ ⃗ avec la dérivée nième de la position du spin en fonction du temps et la phase à l’ordre n. La phase est la somme du signal de phase initial et des inhomogénéités de champ. Afin d’évaluer les effets de l’écoulement ou de mouvement du signal de phase, la position d’un objet en mouvement ⃗ peut être approchée au premier ordre du développement de Taylor par : ⃗ ⃗⃗⃗⃗ ⃗ (2.6) avec une vitesse ⃗ définie comme suit : ⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗ (⃗⃗⃗⃗⃗⃗) (2.7) 23 L’équation 2.7 est simplifiée et devient : ⃗⃗⃗⃗ ∫ ⃗ ⃗ ⃗∫ ⃗ (2.8) En réalisant l’approximation du premier ordre sur ⃗ dans le développement de Taylor, l’accélération et les autres termes d’un ordre plus élevé sont négligés donnant l’équation suivante pour la phase : ⃗⃗⃗⃗ ∫ ⃗ ⃗ Le moment du champ magnétique ⃗⃗⃗⃗⃗⃗ à l’ordre ∫ ⃗ ∫ ⃗ (2.9) est décrit par la formule : ⃗ (2.10) L’ordre 0 du moment magnétique,, décrit les spins statiques et le premier ordre,, détermine la vitesse induite par la phase du signal pour une vitesse constante. En reprenant les équations (2.9) et (2.10) on obtient : (2.11) ⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗ ⃗ ⃗⃗⃗ 24 2.2.1.2. Gradients bipolaires L’équation (2.11) décrit la dépendance entre la phase du spin et la vitesse. Il existe, néanmoins, d’autres contributions dans l’équation de la phase qui empêche la quantification de la vitesse en une seule mesure de vitesse. Afin de simplifier l’équation (2.11), il est possible d’appliquer des gradients bipolaires dans la direction de la vitesse, d’une amplitude et d’une durée identiques possédant une aire équivalente, mais avec une polarité opposée provoquant une compensation des déphasages pour les spins statiques (Figure 2-7 ). Figure 2-7 : Lors de l’application du premier lobe du gradient bipolaire, la phase des spins fixes subit (en fonction de la position du spin le long du gradient) une variation de phase :,, et. Le spin mobile subit lui une variation de phase de. Lorsque le second lobe de gradient (G-) est appliqué la phase des spins fixes subit cette fois -ci (toujours en fonction de leur position le long du gradient) une variation de phase :,, et . Après l’ application des deux lobes de gradient pour les spins stationnaires le déphasage est nul. Tandis que pour le spin mobile qui s’est déplacé entre temps il subit une variation de phase de et son déphasage total n’est pas nul mais. La symétrie du gradient permet d’annuler le moment du champ magnétique à l’ordre 0 ( phase des spins stationnaires n’est alors plus prise en compte et cela conduit à la formule : ). La 25 ⃗ ⃗ (2.12) De plus, les autres contributions au signal de phase ne varient pas en fonction du temps, seulement dans l’espace. Il est donc possible de les supprimer avec une seconde mesure. La phase est définie à partir de deux mesures On pose et correspondant aux deux gradients de vit esses et . (2.13) et, (2.14) On introduit les relation (2.14) et (2.15) dans l’équation (2.13) afin d’obtenir la vitesse définit comme suit : (2.15) ⃗ ou encore, (2.16) ⃗ avec le facteur vitesse d’encodage défini comme : (2.17) Le facteur appelé vitesse d’encodage est paramétrable à l’acquisition des séquences IRM par contraste de phase, il correspond à la vitesse qui résulte d’un déphasage maximale de 180°. En fixant une valeur de vitesse d’encodage on adapte l’amplitude et la durée d’application des gradients pour que les vitesses de flux proches de la vitesse d’encodage apparaissent en surintensité. 2.2.1.3. Chronogramme de la séquence L’application des mesures IRM-PC aux écoulements aortiques ou intracrâniens est limitée par le temps d’acquisition et doit être basée sur une séquence d’écho de gradient rapide. La séquence par contraste de phase est caractérisée par un gradient d’encodage de vitesse bipolaire, comme illustré Figure 2-8, de manière à encoder la vitesse suivant une direction de l’espace. cette séquence est appliquée 2 fois au même instant sur le cycle cardiaque, la première fois en appliquant le gradient bipolaire et la seconde fois en appliquant. 26 Figure 2-8 : Séquence par écho de gradient avec le gradient bipolaire appliqué dans une direction de la vitesse sur le gradient de sélection de coupe. Une première image est acquise avec le gradient bipolaire puis la séquence est appliquée avec le gradient bipolaire inversé. Il est important de noter, que la somme des gradients bipolaires pour l’encodage du mouvement prolonge le temps d’écho ce qui peut provoquer des artefacts de flux, en particulier pour des écoulements pulsés où l’on observe des changements brusques de vitesse dans le voxel acquis. Pour cette raison, une acquisition à, permettant de compenser l’effet de l’écoulement, est souvent utilisée comme acquisition de référence. Un gradient supplémentaire est alors appliqué afin de recentrer le signal de phase en Résonance Magnétique et rendre le TE indépendant de la vitesse des spins. Une méthode généralement appliquée utilise la combinaison des gradients du scan de référence avec le gradient bipolaire afin de réduire le temps d’application des gradients. La technique introduite par Bernstein et al., [26] consiste à encoder le flux de manière bilatérale. Le moment du gradient est divisé en deux parties égales pour chacun des deux scans. Le premier scan (« upcase ») encode le moment en et le second scan (« down-case ») en de manière à ce que la résultante des deux scans donne le moment. Un encodage du gradient en est d’une durée plus courte ce qui permet donc de réduire le TE.
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- celui de Rétroaction implique que chaque élément d'un système peut s'informer et agir sur l'état des autres. « Le fonctionnement de base des systèmes repose sur le jeu combiné des interactions entre les composants du système. Pour définir ce jeu d'interactions, les modèles de causalité simples se révèlent inefficaces. Dans tout système où s'effectuent des transformations, on peut identifier des entrées qui reflètent l'action de l'environnement sur le système et des sorties qui représentent l'action du système sur l'environnement. La rétroaction consiste à renvoyer à l'entrée du système des informations produites en sortie. L'identification de boucle de rétroaction permet de comprendre des fonctionnements complexes des systèmes. La mise en oeuvre de ces boucles va conduire à une circularité du système ; en effet, autant dans la chaîne causale linéaire, on peut parler d'un comportement et d'une fin, autant pour des systèmes à rétroaction, ces termes n'ont pas de sens » (Ibid. p. 33). - celui de Finalité qui postule « qu'en cas de perturbation, le système met en action des forces qui s'opposent à celle-ci et qui le ramène à l'état d'équilibre : ce sont des conséquences du principe de moindre action » (Von Bertalanffy, 2012, p. 73). Dans le concept de finalité préexiste la question du pourquoi le système entre en action, quel est son but? Elle précède de loin la question du comment le système fonctionne. Ainsi, le système permet à l'employé d'une entreprise de gagner sa vie, à l'actionnaire d'engranger des profits, au chercheur de produire de la connaissance, etc. Certaines de ces finalités sont parfois moins conscientes que d'autres, comme par exemple celles liées à un besoin de reconnaissance personnelle ou à la conquête d'un pouvoir. Cela signifie que les mêmes conséquences peuvent avoir des origines très différentes et que par opposition au système fermé qui est complétement déterminé par ses conditions initiales, un système ouvert peut avoir un comportement indépendant de ces conditions. Appliquées aux systèmes sociaux, ces finalités « vont s'articuler les unes avec les autres et préserver une certaine cohérence dans le temps malgré les pressions de l'environnement. Il y a auto-organisation et adaptation des moyens pour assurer la survie et le développement du système »57. Figure 4. Schéma d'un système (Le Moigne, 1977). On voit clairement sur le schéma ci-dessus les influences réciproques de l'évolution, de l'activité, de l'environnement et des finalités de l'organisation sur sa structure. Afin de mettre davantage l'accent sur les influences réciproques, le système peut aussi être vu comme « un ensemble d'objets et les relations entre ces objets et entre leurs attributs. [] Les objets sont les composants du système, les attributs sont les propriétés des objets et les relations peuvent être comprises comme ce qui fait tenir ensemble le système » (Hall & Fagen, 1956 cité par Tardieu et al., 1986, p. 32). Autrement dit, un système peut être défini comme un complexe d'éléments en interaction. « Par interaction, nous entendons des éléments p liés par des relations R, en sorte que le comportement d'un élément p dans R diffère de son comportement dans une autre relation R'. S'il se comporte de la même façon dans R et R', il n'a pas interaction et les éléments se conduisent indépendamment par rapport par rapport aux relations R et R' » (Von Bertalanffy, 2012, p. 53). Un système peut être défini mathématiquement et de plusieurs façons. Dans son ouvrage sur la Théorie générale des Système, Ludwig Von Bertalanffy (2012, p. 54) choisit d'utiliser un système d'équations différentielles simultanées. Soit Qi (i = 1, 2,, n) une mesure quelconque des éléments pi ; ces équations seront, pour un nombre fini d'éléments et dans un cas simple, de la forme : La variation de n'importe quelle mesure Qi est donc une fonction des toutes les autres, Qi (i = 1, 2,, n). Réciproquement, la variation de n'importe quelle Qi entraîne une variation de toutes les autres mesures et du système dans leur totalité. Pour illustr er les concepts de totalité, rétroaction et de finalité propres à système ouvert, Watzlawick, Helmick Beavin et Jackson (1972) font une analogie avec « la famille ». Dans une famille dit-il, le comportement de chacun de ses membres est lié au comportement de tous les autres et en dépend. Le comportement de la famille ne peut se réduire à la somme des comportements de chacun de ses membres. Il existe des caractéristiques propres au système. C'est ainsi qu'ils illustrent le principe de Totalité. Lorsqu'une famille est confrontée à des événements extérieurs, qu'ils soient importants ou non d'ailleurs, cela peut avoir comme conséquence un resserrement des liens familiaux ou au contraire un éclatement de la famille (héritage, épidémie, ). Les boucles de rétroaction se traduisent par le fait que les réactions de la famille en réponse à des perturbations venant de l'environnement vont à leur tour modifier le « système famille ». Enfin, le principe de Finalité s'exprime par les motivations très diverses qui conduit chacun des membres de la famille à se comporter de telle ou telle façon en vue d'arriver à un resserrement ou à un éclatement. Les comportements face à l'événement peuvent s'avérer peu dépendants des conditions initiales de la perturbation. « Le terme d'homéostasie rend compte de l'existence des mécanismes de rétroaction qui servent à atténuer les répercutions d'un changement et à ramener le système à son état d'équilibre » (Tardieu et al., 1986, p. 34). 2.2.3 Les étapes de la démarche systémique 2.2.3.1 L'approche systémique en trois étapes proposée par de Rosnay (1975) De Rosnay (1975, p. 122), dans « Le Macroscope », définit trois étapes de l'approche systémique : l'analyse des systèmes, la modélisation et la simulation. - L'analyse des systèmes consiste à définir les limites à modéliser, à identifier les éléments importants et les types d'interactions entre ces éléments, puis à déterminer les liaisons qui les intègrent en un tout organisé. - La modélisation consiste à construire un modèle à partir des données de l'analyse des systèmes. L'auteur propose d'établir un schéma complet des relations causales entre les différent éléments des différents sous-systèmes. - La simulation étudie dans le temps le comportement du système, c'est-à-dire simule son évolution lorsqu'une ou plusieurs variables à la fois sont modifiées. Pour éviter toute équivoque, insistons sur le fait que lorsque nous parlons de « l'analyse des systèmes », il s'agit bien de « l'analyse » au sens de de Rosnay (1975) décrite plus haut. Nous ne devons pas la confondre avec une analyse du système en fonctionnement que nous définirons plus loin. C'est une étape conceptuelle préalable où l'on cherche à se représenter, à anticiper les événements à venir et proposer des actions propices au bon fonctionnement du dispositif. 2.2.3.2 La démarche systémique de Donnadieu et Karsky (2002) Après de Rosnay (1975), Donnadieu et Karsky (2002) puis Donnadieu et al. Les pôles de ce premier outil de la systémique sont : - l'aspect fonctionnel (à quoi sert le système dans son environnement?) : « est surtout sensible à la finalité ou aux finalités du système » (Ibid. p.7) - l'aspect structural (ses composants et leur agencement) « On retrouve là la démarche analytique avec cependant une nuance de poids : l'accent est mis bien davantage sur les relations entre composants que sur les composants eux-mêmes, sur la structure que sur l'élément » (Ibid, p.7). - l'aspect historique (nature évolutive du système) : « doté d'une mémoire et d'un projet, capable d'auto-organisation. Seule, l'histoire du système permettra bien souvent de rendre compte de certains des aspects de son fonctionnement. Pour les systèmes sociaux, c'est même par elle qu'il convient de démarrer l'observation » (Ibid. p.7). Figure 5. La triangulation systémique (Donnadieu et al., 2003, p. 8) Au cours de l'exploration, il convient d'identifier les différents flux, à la fois humains et informationnels, qui traversent le système. Appliquée à cette première étape, la triangulation systémique se déroule en combinant ces trois voies d'accès. Plus exactement, « on se déplace d'un aspect à un autre au cours d'un processus en hélice qui permet, à chaque passage, de gagner en approfondissement et en compréhension, mais sans que jamais on puisse croire que l'on a épuisé cette compréhension » (Ibid. p. 8) La deuxième étape est la modélisation qualitative. Il s'agit, à partir des informations récoltées, de mettre au point une carte fidèle et utilisable du système, en visualisant les différentes interactions entre les principaux composants du système et l'environnement, les différents flux et les actions de pilotage pour la régulation du système. Le découpage systémique perçu comme un deuxième outil de la systémique aide en l'occurrence à identifier les sous-systèmes (modules, organes, sous-ensembles,) qui jouent un rôle dans le fonctionnement du système. A la différence de la décomposition analytique, on ne cherche pas à descendre au niveau des composants élémentaires « mais à définir clairement les frontières de ces sous-systèmes (ou modules) pour faire ensuite apparaître les relations qu'ils entretiennent entre eux ainsi que leur finalité par rapport à l'ensemble » (Ibid., p 8). • Différents schémas normalisés ont été mis au point, pour représenter différents circuits: organigrammes, logigrammes, etc. C'est là que le langage graphique intervient comme un troisième outil de la systémique. Les auteurs (Ibid. p. 9) attribuent « quatre avantages au langage graphique: - il permet une appréhension globale et rapide du système représenté (après apprentissage), il contient une forte densité d'informations dans un espace limité (économie de moyens), il est monosémique et semi-formel (faible variabilité d'interprétation), il possède une bonne capacité heuristique (notamment dans un travail de groupe) ». La troisième étape est la modélisation dynamique : « si le modélisateur souhaite que son modèle soit opératoire, c'est-à-dire permette à l'utilisateur de s'orienter dans la complexité et d'agir efficacement sur elle, il doit prendre en compte certains critères et respecter certaines lois de construction. Un tel processus est représenté sur le schéma ci-après qui met en évidence les quatre étapes itératives indispensables à toute modélisation. La démarche est vivement conseillée pour l'étude des systèmes hyper-complexes, en particulier sociaux » (Ibid. p. 9). Que la modélisation soit qualitative ou quantitative, elle représente ici des étapes de la démarche. Mais la modélisation peut aussi être considérée comme un processus technique et donc comme un quatrième outil de la systémique. Figure 6. Les étapes de la démarche systémique (Donnadieu et Karsky, 2002) Au cours de cette étape de modélisation, un mode de raisonnement continue d'imprégner la démarche heuristique des chercheurs : il s'agit de l'analogie. Elle est pressentie par les auteurs comme un cinquième outil de la systémique. « En matière d'analogie, trois niveaux peuvent être distingués : - La métaphore établit une correspondance souvent toute extérieure entre deux séries de phénomènes différents ou deux systèmes de nature différente. Parce qu'elle se fonde sur l'apparence, la métaphore est dangereuse. Bien utilisée, elle est précieuse car stimulant l'imagination et facilitant la création de nouveaux modèles. Page 49 sur 252 - L'homomorphisme établit une correspondance entre quelques traits du système étudié et les traits d'un modèle théorique ou d'un système concret plus simple ou plus commodément étudiable (que l'on appelle alors modèle duit). Par des observations effectuées sur ce second système, il est possible de prévoir certains aspects du comportement du premier. - L'isomorphisme est la seule analogie acceptable dans une démarche analytique traditionnelle. Il s'agit d'établir une correspondance entre tous les traits de l'objet étudié et ceux du modèle, rien ne devant être oublié » (Donnadieu et al., 2003, p. 9). Après avoir défini ces trois niveaux, les auteurs reconnaissent l'imperfection du modèle homomorphe mais voient dans cette imperfection la condition nécessaire de tout accès à la connaissance, déclarant par ailleurs que l'isomorphisme ne peut être utilisé que pour des systèmes à faible complexité car il serait inapproprié à des systèmes complexes. Dans le modèle homomorphe, « le modèle est sans doute plus simple que le réel, mais c'est pourquoi nous le comprenons et nous pouvons l'utiliser pour orienter nos actions » (Ibid. p. 9). Pour conclure sur les étapes de la démarche systémiques décrite par Donnadieu et Karsky (2002) et illustrée par la figure 12, ces auteurs précisent qu'en sciences humaines, les démarches ne vont pas toujours jusqu'au bout de ces trois étapes, mais que même limitée à l'exploration, la méthode systémique ainsi décrite reste un bon outil de compréhension. 2.2.3.3 Eléments de synthèse Nous remarquons que Donnadieu et al. (2003) reprennent approximativement les trois étapes de la démarche de Jean de Rosnay tout en la complétant par de nouveaux outils tels que l'analogie, la triangulation systémique, le découpage systémique et le langage graphique. Ces derniers viennent s'ajouter aux outils de base de l'approche systémique de Jean de Rosnay qui sont les modèles et la simulation (Tardieu et al., 1986, p. 34). De Ludwig Von Bertalanffy à Jean-Louis Le Moigne, en passant par Kenneth E. Boulding 59, bien d'autres variations et sensibilités ont été relevées dans la manière de concevoir les différentes étapes de cette démarche. Mais comme le souligne de Ronay (1975, p. 92), l'essentiel est de « situer l'approche systémique par rapport à d'autres approches avec lesquelles elle est uvent confondue : - - - L'approche systémique dépasse et englobe l'approche cybernétique (Wiener, 1948) qui a pour but principal l'étude des régulations chez les organismes vivant et les machines. Elle se distingue de la Théorie générale des systèmes (Von Bertalanffy, 1954) dont le but ultime consiste à décrire et à englober, dans un formalisme mathématique, l'ensemble des systèmes rencontrés dans la nature. Elle s'écarte également de l'analyse de système. Cette méthode ne représente qu'un outil de l'approche systématique. Prise isolément, elle conduit à la réduction d'un système en ses composants et en interaction élémentaire. Rappelons ici que la notion de système complexe est très proche de la notion de système ouvert même si la différence entre les deux peut paraître assez floue. Généralement, dès 59 K.E. Boulding (1967) présente dans Skeleton of Science (« l'armature de la science ») une analyse en neuf niveaux, que nous développerons et utiliserons par la suite. Elle a très largement contribué à éclairer les conditions d'utilisation de l'approche ou de la méthodologie systémique. l'instant où le système est considéré comme ouvert et constitué par une grande variété de composants organisés en niveaux arborescents et que ces différents niveaux et composants sont reliés entre eux par une grande variété de liaisons, le système est dit complexe (Tardieu et al., 1986, p. 33). L'homéostasie apparaît aussi comme une propriété voire une condition essentielle d'un système complexe. Elle doit être entendue comme une résistance au changement. C'est l'une des propriétés les plus remarquables et les plus caractéristiques des systèmes ouverts de haute complexité [] Un système homéostatique « réagit à tout changement provenant de l'environnement, ou à toute perturbation aléatoire, par une série de modification de grandeur égale et de direction opposée à celles qui lui ont donné naissance : ces modifications ont pour finalité le maintien des équilibres internes (De Ronay, 1975, p. 129). Nous ne développerons pas davantage ici le concept de système complexe puisqu'il fera l'objet d'un long développement au paragraphe 5.1. 2.2.4 L'ENA perçu comme un système ouvert L'approche systémique s'oppose donc à l'approche analytique en ce sens qu'elle envisage les éléments d'une organisation non pas isolément, mais globalement, c'est-à-dire en tant que parties intégrantes d'un ensemble dont les différents composants sont dans une relation de dépendance. Dans l'approche analytique, on essaie de réduire le système à des éléments constitutifs simples pour les étudier isolément et analyser leurs interactions avec le système. Cette approche est pertinente dans le cas des systèmes homogènes comportant des éléments semblables ayant entre eux des interactions faibles. Ceci s'applique généralement à des phénomènes [] se produisent dans des systèmes partiels hautement « mécanisés ». On l'observe aussi en biologie dans quelques cas rares comme dans l'impulsion nerf-muscle par exemple. « Les potentiels d'action dans un nerf sont pratiquement les mêmes, qu'on les étudie isolément ou à l'intérieur de ce tout qu'est l'organisme » (Von Bertalanffy, 2012, p. 65). Dans ce cas, le principe de sommativité 60 peut s'appliquer. Mais ce n'est pas du tout le cas des Environnements Numériques d'Apprentissage (ENA) dont la fonction, essentiellement cognitive, est située dans un contexte artefactuel et social. Comme les systèmes sociaux (dont ils font d'ailleurs partie), les ENA sont constitués d'éléments en interactions dynamiques fortement dépendants les uns des autres et du milieu. N'étant pas totalement isolés des influences externes, les ENA peuvent donc être considérés comme des systèmes ouverts. culturel par exemple). Les traces de l'activité font partie intégrante du système ENA. Les acteurs de la formation ou les apprenants y pénètrent à l'occasion de la préparation ou du déroulement des séances d'apprentissage, sous forme d'avatar en quelque sorte. Ils en ressortent une fois le cours terminé ou la formation close. Comme nous l'écrivions dans « Les cahiers pédagogiques », l'espace est virtuel mais les apprentissages bien réels (Trestini, 2006, p. 51). Concrètement, pour éviter toute confusion, nous utiliserons l'acronyme « ENA » pour évoquer l'environnement numérique (la plateforme et son contenu) et le mot « environnement » pour caractériser le milieu extérieur au système ENA. Ces quelques précisions apportées, revenons-en à présent aux arguments qui soutiennent l'idée qu'un ENA est un système qui échange de l'information, de la matière et de l'énergie avec l'extérieur, autrement dit un système « ouvert » sur son environnement. Selon Baron (2011, p. 111), l'intérêt pour une approche systémique de l'éduction se répand vers la fin des années soixante 61. Estimant que les éducateurs n'ont pas compris que les moyens nouveaux de communication [faisant références aux TIC] exigent un examen radical du processus d'enseignement-apprentissage, il préconise de « passer d'un système d'apprentissage centré sur le professeur à un système fondé sur l'environnement, où les relations entre l'élève et la source d'instruction changent, où on favorise des situations dans lesquelles les apprenants sont actifs, par rapport à celles, traditionnelles, où ils sont réputés plutôt passifs » (Ibid., p. 71). En 1981, l'organisation des Nations Unies pour 'éducation, la science et la culture publie « L'éducateur et l'approche systémique : manuel pour améliorer la pratique de l'éducation ». Ce manuel de l'UNESCO présente au lecteur cette approche « qui permet d'analyser des situations éducatives pratiques en vue d'améliorer l'efficacité du processus d'enseignement ou d'apprentissage. Il a pour objet d'aider tous ceux qui exercent des activités éducatives (enseignants, chefs d'établissement, documentalistes, formateurs d'adultes, animateurs de collectivités, agents de développement, spécialistes des méthodes et techniques, administrateurs, inspecteurs, etc.) à identifier les points forts et les points faibles des situations pédagogiques auxquelles ils sont confrontés et à y apporter les modifications en leur pouvoir, compte tenu du niveau de décision auquel ils opèrent »62. Cette inclination pour l'adoption d'une démarche systémique en éducation a conduit certains chercheurs à mettre au point des méthodes systémiques de planification et de développement de l'enseignement. 61 Baron (2011, p. 11) cite à ce propos un rapport de l'OCDE publié en 1971qui fait le point sur la question de la technologie de l'éducation, conçue comme la mise en oeuvre de nouveaux systèmes d'apprentissage (OCDE-CERI 1971). 62 L ' éducateur et l'approche systémique : Manuel pour améliorer la pratique de l'éducation , publié en 1981 par l'organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture. Paris : Presses Universitaires de France, Vendôme. Récupéré de : http://unesdoc.unesco.org/images/0013/001378/137882fo.pdf Donnadieu et al. (2003, p. 6) vont encore plus loin en affirmant que « c'est précisément parce que le système est ouvert qu'il peut maintenir son organisation, voire la complexifier, car conformément au principe d'entropie, un système qui n'échange rien avec son environnement (système fermé ou mieux isolé) 63, ne peut que se détruire (mort entropique) ». L'entropie (S) d'un système (du grec entropê signifiant changement) est un concept emprunté à la thermodynamique (Clausius, 1865). Il est défini dans ce domaine particulier comme la mesure du degré de dispersion de l'énergie (sous toutes ses formes : thermique, chimique, électrique) à l'intérieur du système. Le second principe de la thermodynamique (dS > 0) stipule que, dans un système isolé, l'énergie a tendance à se disperser le plus possible. Tant que cette dispersion a lieu, le système « travaille » (le chaud va vers le froid, l'azote se mélange à l'oxygène, les individus d'origines et de cultures différentes échangent leurs connaissances et travaillent ensemble) jusqu'à ce qu'il atteign un état stable. Arrivé à ce stade, l'irréversibilité du phénomène ne permet plus systématiquement 64 un retour à l'état initial et en aucun cas sans apport d'énergie : on ne revient pas à des températures différentes, à la séparation de deux gaz mélangés, à une culture originelle). « Un tel passage vers un ordre plus élevé suppose un apport d'énergie ; or l'énergie n'est fournie au système de façon continue que s'il s'agit d'un système ouvert, recevant de l'énergie de ce qui l'entoure » (Bertalanffy, 2012, p. 67). De Ronay (1975, p. 151) définit cette variation entropique comme « l'accroissement irréversible de la non-disponibilité de l'énergie dans l'univers ». L'entropie est une grandeur très abstraite qui mesure à la fois le désordre et le gaspillage provoqués par notre planète, le pays, l'entreprise ou l'organisation dans laquelle on travaille mais aussi par l'organisme humain et chacune des cellules qui le constituent. 63 En toute rigueur, un système fermé n'échange pas de matière mais peut échanger de l'énergie ; un système ouvert peut échanger de la matière et de l'énergie ; un système adiabatique peut échanger du travail mais pas de la chaleur et enfin un système isolé n'échange ni matière ni énergie. 64 Dans notre adaptation du concept physique d'Entropie dans le cadre systémique aux sciences sociales (de l'Education et des SIC),, nous trouvons plus de similitude entre le concept d'information et celui de chaleur qu'avec celui de matière car les transformations dans le premier cas sont irréversibles (pneus sur la route : donc la variation d'entropie est positive) alors que dans le deuxième cas l'énergie potentielle (un balle qui tombe) le transformation est réversible et donc la variation d'entropie est nulle. Profitons de ces précisions formelles pour ajouter, avec la même rigueur scientifique, que dans un système fermé ΔS= δS échangé + δS créé.(δS échangé = ΔQ/T et δS créé > 0) alors que dans un système isolé ΔS= δS créé car ΔQ/T=0 puisqu'il n'y a pas d'échange de chaleur avec l'environnement. Figure 7. Métaphore d'un système ouvert (De Roynay, 1975, p. 102) Traitant de l'« approche instrumentale », Contamines, George et Hotte, (2003, p. 6) propose de leur côté une analyse systémique centrée sur l'apprenant perçu comme sous-système d'un système d'activité instrumenté, en proie aux influences de son environnement. Ils nous disent en outre que l'approche anthropocentrée des techniques de Rabardel (1995) vise précisément à dépasser ce dualisme matière/esprit pour aborder le développement cognitif du sujet en l'inscrivant dans son environnement social et matériel. Citant par ailleurs la théorie interactionniste de Vygotski, ils montrent que l'apprentissage est tributaire de facteurs extérieurs au système en faisant référence notamment au patrimoine culturel du sujet qui est extérieur au sujet. De plus, ils nous rappellent que « quels que soient les éléments de controverses autour de l'oeuvre de Piaget, ce dernier s'accorde à dire, comme Vygotski, que le mécanisme de la pensée et de son développement, se trouve à la croisée d'une boucle extérieur/intérieur, milieu/sujet » (Ibid.). De fait Vygotski et Piaget « ont entamé tous deux le dépassement du dualisme cartésien – matière/esprit – pour ancrer le développement cognitif et inscrire le sujet dans un environnement. Pour Jean Piaget, ce dernier est matériel. Pour Vygotski, mais aussi Rabardel et Brassac, il est matériel et social. L'approche instrumentale est donc une approche pour laquelle la cognition est située matériellement et socialement » (Ibid.). Les arguments ainsi présentés traduisent chacun à leur manière l'influence de l'environnement physique, sociotechnique et culturel sur le comportement et les processus d'apprentissage des personnes impliquées dans un ENA considéré un système. Cette notion de « perméabilité » des frontières entre le système et son environnement s'applique tout autant aux systèmes qu'à ses sous-systèmes (ou blocs) qui le constituent : matériels, logiciels, plate-forme, système de tutorat, organisations, sujets apprenants, acteurs de la formation, etc.). Leurs frontières (ou interfaces) sont le siège des interactions entre les soussystèmes et entre le système et son environnement. Cet ensemble d'arguments nous conduit à considérer l'ENA comme un système ouvert et à le traiter comme tel par la suite. 2.2.5 L'ENA perçu comme un système d'activité instrumenté Après avoir été quelque peu délaissées par les chercheurs pendant une dizaine d'années, les théories de l'activité ont resurgi dans les années quatre-vingt sous l'impulsion de certaines recherches portant sur les interactions entre humains et machines (IHM). Plus tard, à partir des années 1990, la nouvelle communauté scientifique des EIAH (Environnements Informatiques pour l'Apprentissage Humain) qui succéda à celle des IHM, trouvait dans ces théories représentatives de toute action humaine instrumentée (facteurs cognitifs et sociaux, médiation instrumentée, etc.) de solides références théoriques pour étudier les ENA. En lien avec ces travaux, mais aussi avec ceux des contributeurs aux théories de l'activité, nous allons montrer de quelle manière l'« activité », et en l'occurrence « l'activité instrumentée », est progressivement devenue « l'unité d'analyse » de la cognition au sein d'un ENA. Pour y parvenir, nous chercherons notamment à dépasser les catégorisations usuelles corps et esprit, affect et intelligence, action et connaissance, intention et motif, moyens et buts (Linard, 2002, p.146) mais aussi sujet et objet (selon l'approche instrumentale de Rabardel, 1995) pour justifier notre conception systémique des ENA. Nous le ferons précisément en considérant ces différents éléments dans et par leurs conjonctions. Ceci nous conduira par la suite à traiter d'un ENA comme d'un Système d'activité instrumenté. 2.2.5.1 L'approche historico-culturelle et instrumentale de L.S. Vygotski Bien que contemporain de Piaget, c'est Vygotski qui se trouve à la source de la Théorie de l'Activité (TA). Celui-ci a en effet été le premier à élaborer une théorie interactionniste qui rend l'apprentissage tributaire de facteurs extérieurs à la personne : les interactions sociales. Ce sont elles qui, selon l'auteur, modèlent les schémas cognitifs que l'individu utilise pour décoder et interpréter les informations qui lui parviennent. L'activité est par nature un agent de développement dans la sure où elle place le sujet dans une interrelation avec des objets socialement élaborés et ses congénères. De fait, il a installé comme unité d'analyse « l'activité » pour comprendre et expliquer le fonctionnement cognitif humain. Pour lui, « l'activité humaine est insérée dans une matrice sociale, autrement dit dans un système de rapports sociaux où le langage joue un rôle prépondérant » (Vygotski, 1985). L'activité assure une fonction de médiation entre le sujet et le monde, les autres et soi. La médiation est instrumentée et les instruments sont psychologiques. « Ils sont sociaux par nature et non organiques ou individuels ; ils sont destinés au contrôle des processus du comportement propre ou de celui des autres, tout comme la technique est destinée au contrôle des processus de la nature. Par ailleurs, Vygotski a été un des premiers à décrire les rapports existants entre l'enseignement et le développement intellectuel médiatisé par un « apprentissage instrumental » (Vygotski, 1997). « La méthode instrumentale étudie le processus du développement naturel et celui de l'éducation en tant qu'un tout indissociable, afin de découvrir comment, à un certain niveau de développement, les fonctions naturelles d'un enfant particulier se sont restructurées » (Vygotski, 1985, p.45). C'est en utilisant des « outils » et « des systèmes de signes », au premier rang desquels figure le langage, que les fonctions intellectuelles se développent. Le langage est d'abord un moyen de communication dans les relations sociales de l'individu. Ce n'est que dans un deuxième temps, en se transformant en langage intérieur, qu'il devient un instrument de la pensée. « L'apprentissage se produit en situation sociale de coopération, lorsque les appareils sémiotiques utilisés par le compagnon d'interaction peuvent être incorporés par l'apprenant » (Crahay, 2001, p.149). C'est donc en s'engageant dans une activité que l'individu apprend à maîtriser les outils qu'il rencontre, à en faire des outils de la pensée en les transformant en schèmes d'action. Sa thèse essentielle pourrait être résumée de la façon suivante : « l'enseignement est un processus de transmission culturelle qui engendre le développement de capacités mentales, non encore maîtrisées par les sujets, et qu'ils construisent par un apprentissage d'outils spécifiques constitutifs des oeuvres humaines (littéraires, scientifiques, artistiques ) » (Amigues, 2003). C'est pour cette raison que l'on parle aussi d'une approche historico-culturelle et instrumentale lorsque l'on évoque la thèse vy skienne. 2.2.5.2 Les développements de Leontiev Dans le sillage de Vygotski, Leontiev cherche à étudier le psychisme de l'individu en étudiant son activité, laquelle résulterait selon lui d'un besoin supérieur et non plus seulement biologique du sujet à accomplir des actions. Selon lui, le résultat de l'activité serait donc le fruit d'actions entreprises par un individu allant dans le sens déterminé par son objet. Leontiev (1981, cité par Jermann, 1996) distingue dans cette théorie trois niveaux interactifs de relations entre les sujets et les objets : les activités, les actions et les opérations. Les activités sont intentionnelles, « en relation étroite avec un but conscient, une motivation » (Jermann, 1996). Chaque motif est lié à un besoin d'objet (matériel ou idéel) à satisfaire par le sujet. que l'action concrétise l'activité tout en répondant à un besoin authentique et à un objet réel, l'opération découpe l'action en séquences pour en faciliter l'apprentissage. Pour conduire une automobile, des opérations sont nécessaires : passer des vitesses, accélérer, freiner, etc. L'opération ne trouve souvent aucune justification en elle-même et son seul « objet», sa seule motivation est l'appropriation de l'action concernée (conduire). Les opérations peuvent revêtir des formes diverses : situations variées, exécutions partielles d'actions etc. Une activité est associée à un projet, une action à une stratégie et une opération à des conditions nécessaires à son exécution. « Les actions et les opérations sont dans une relation dynamique qui permet à une action de devenir une opération [] Au fur et à mesure que les actions deviennent des opérations, le sujet peut s'occuper d'actions de plus haut niveau. Lorsque les conditions d'exécution d'une opération ont changé, celle-ci peut à nouveau obtenir le statut d'action pour être spécialisée et adaptée à ces nouvelles conditions » (Jermann, 1996). Tableau 1. Etages de l' activité de Leontief (1981) Etages de Dimensions Fonctions Activité Projet (motif, mobile, intention) Incitation (fonction incitatrice) Action Stratégie, planification, but Orientation Opérations Conditions de réalisation (Moyens et procédés) Réalisation l'activité 2.2.5.3 Synthèse entre théories de l'activité et approche systémique Nous venons de rappeler dans les parties précédentes les grands principes de la systémique ainsi que les fondements de la théorie de l'activité dans le but de fixer un cadre théorique de référence à l'étude de toute activité humaine instrumentée qui se déroule à l'intérieur d'un ENA. Nous ouvrons ce nouveau paragraphe dans l'intention de montrer qu'un ENA peut non seulement être considéré comme un lieu qui abrite des activités instrumentées mais aussi, de manière plus englobante et formelle, comme un « Système d'activité instrumentée ». Pour Peraya et Bonfils, (2014, p. 4-5), « tout dispositif 66 [dont les auteurs s'accordent à reconnaître leur nature systémique] instrumente l'activité humaine (Rabardel, 1995) et son analyse doit donc être considérée comme indissociable de l'analyse de l'activité. Apprendre, communiquer, travailler, produire seul ou ensemble doivent être considérés comme des activités instrumentées []. En conséquence, cette définition constitue un cadre d'analyse qui a pour vocation de rendre compte d'une importante diversité des dispositifs concrets, 66 « Du point de vue théorique, notre définition du dispositif s'inspire des travaux de Foucault et de l'interactionnisme discursif (Bronckart, 1996). Elle considère un dispositif comme une instance d'interaction sociale caractérisée par des dimensions technologiques, sociales et relationnelles, symboliques, sémiotiques et cognitives propres. (Peraya, Bonfils, 2014, p.4-5 empiriques (un système de formation, une salle de classe, un campus numérique, un logiciel de visioconférence, etc.) ainsi que de leur degré de granularité et de complexité (par exemple un environnement numérique de travail, un environnement personnel d'apprentissage ou un simple « outil » de chat) ». En référence à ce degré de granularité et de complexité évoqué par ces auteurs, Basque et Doré (1998, p.40) considèrent « un enseignant et les apprenants comme un système : chaque individu étant un sous-système ou composante dont les actions sont orientées vers le développement de nouvelles connaissances []. Pour ces auteurs, « l'environnement est susceptible d'abriter plusieurs de ces activités, en plus des outils et du matériel nécessaires pour les réaliser » (Ibid., p. 40). Nous retenons d'abord de ce qui précède que l'approche systémique ouvre une voie originale et prometteuse pour observer et étudier l'action instrumentée au coeur d'un ENA. « Combinant en permanence connaissance et action, la systémique se présente comme l'alliance indissoluble d'un savoir et d'une pratique » (Donnadieu et al., 2003, p. 1-2). Dans les propos des chercheurs cités, nous remarquons également la volonté de vouloir définitivement mêler au concept de système, ceux d'actions et d'activités en y intégrant les outils et le matériel nécessaires pour les réaliser. Actions et activités sont en outre perçues comme orientées vers un but commun : en l'occurrence l'apprentissage (propriété téléologique propre à la fois aux système et aux théories de l'activité). On note enfin un intérêt marqué pour la diversité des éléments constitutifs du système (la variété des sous-systèmes). Elle revient comme un leitmotiv sous l'argument que c'est précisément cette diversité qui permet, in fine, de maintenir l'activité du système. Ce que nous voyons de fondamentalement commun entre l'approche systémique et la théorie de l'activité, c'est précisément que ces théories considèrent, d'une part, que le système (pour l'une) et l'activité (pour l'autre) sont orientés vers un but, et d'autre part que ces deux théories appréhendent les phénomènes étudiés de manière conjonctive et non disjonctive. Nous venons d'apporter quelques arguments quant à l'aspect téléologique (orientées vers un but) de la théorie de l'activité et de la systémique. De son côté, l'approche conjonctive ou englobante de la systémique va de soi puisque c'est une des caractéristiques inhérentes aux systèmes. Reste encore à montrer le caractère holistique (conjonctif et intégratif) des théories de l'activité pour confirmer cette sorte d'« isomorphisme » entre la systémique et la théorie de l'activité. Monique Linard (2002, p. 146) a été l'une des premières à percevoir la nature systémique de ces théories. Ces dernières, dit-elle, « issues des sciences humaines, commencent à être reconnues pour leur pouvoir d'explication et de compréhension des relations entre humains et techniques. Elles refusent la rupture dualiste entre corps et esprit, affect et intelligence, action et connaissance, intention et motif, moyens et buts. Elles font de l'interaction entre sujets, objets et environnement, la base dynamique de construction de l'intelligence, du psychisme, du langage et de la signification. Elles reposent sur le principe, ignoré par le paradigme rationaliste, de la genèse évolutive des structures et des fonctions mentales des individus au sein de leurs relations sociales, à partir de leurs interactions avec leur environnement aussi bien physique que psychologique et socioculturel ». En refusant cette rupture dualiste, Monique Linard entre résolument dans une logique conjonctive qui relie plutôt que sépare et isole les éléments et les variables. Qui plus est, l'approche instrumentale de Rabardel, qui repose sur l'idée qu'un instrument n'est autre que le résultat de l'usage d'un outil (artefact), met en évidence les interactions entre le sujet et l'outil au cours d'une activité. Pour lui, « un instrument n'est pas seulement une entité matérielle mais une entité bifaciale, composée d'une composante artefactuelle et d'une ante schématique [au sens du schème piagétien] (Contamines et al., 2003, p. 6). La genèse instrumentale désigne le processus d'élaboration et d'évolution de l'instrument au cours de l'activité. L'outil (artefact) provoque chez l'usager l'envie et le besoin d'apprendre à s'en servir (instrumentation). En retour, l'usage qu'en fait le sujet fait évoluer l'outil (l'artefact) qui se voit attribuer de nouvelles fonctions autres que celles prévues initialement par le concepteur, c'est ce que Rabardel appelle le processus d'instrumentalisation. Ces interactions permanentes lient l'outil à son usager. Ce n'est qu'en considérant le sujet et ses outils de manière indissociable (conjonctive) qu'il devient intéressant de rendre compte de leur évolution. « L'approche instrumentale, comme généralement les approches constructivistes de la cognition et des activités instrumentées, tend à délaisser la catégorisation usuelle sujet/objet. A ce propos, Jean Piaget avançait que la confrontation " des sciences aboutit, en fin de compte, à mettre en évidence ce que l'analyse de chaque connaissance particulière souligne d'emblée mais à des degrés divers : l'interdépendance étroite du sujet et de l'objet" (Piaget, 1970). L'activité devient l'unité d'analyse de la cognition, tout comme c'est le cas pour Vygotski (1997) et ses contemporains qui ont développé la théorie de l'activité » (Contamines et al., 2003, p. 9) En caractérisant ainsi les théories de l'activité, ces chercheurs confèrent indéniablement à l'activité instrumentée un caractère systémique que nous traduirons, par « Système d'activité instrumenté » 2.2.6 Conclusion L'approche systémique d'un ENA nous a naturellement conduit à étendre cette représentation à son activité en faisant référence aux théories du même nom. Nous avons vu que cette activité était résolument orientée vers un but (caractéristique propre à un système) au sein d'une organisation instrumentée. Nous entendions par organisation instrumentée une organisation cognitive aux prises avec des objets techniques, comme des logiciels par exemple, qui médient 67 et médiatisent 68 l'activité. Ces objets « sont des moyens d'action pour les hommes, c'est-à-dire des instruments de leurs actions » (Rabardel, 1995). Selon Rabardel et Bourmaud, (2003, p. 665), ils sont aussi « des composants de systèmes plus généraux qui les intègrent et vont au-delà : les systèmes d'instruments ». Chaque instrument de ce système se lie à son utilisateur par des processus concomitants d'instrumentation et d'instrumentalisation (de genèse instrumentale). Cette reliance 69 particulière n'est qu'un exemple du caractère conjonctif des relations entre humain , activité et technique. L'action et la connaissance, l'intention et le motif, les moyens et les buts en sont d'autres. Et cette liste est loin d'être exhaustive. Ainsi les caractères téléologique et conjonctif propres aux théories de l'activité ne peuvent que nous inciter à reconnaître en elles leur nature résolument systémique. Pour conclure cette deuxième partie de manière plus globale, retenons que la systémique « est non seulement un savoir, mais aussi une pratique et une manière d'entrer dans la complexité » (Donnadieu et al., 2003, p. 7). Et comme nous l'employons très souvent dans nos recherches pour mieux comprendre comment fonctionne un ENA et ainsi orienter l'action des décideurs quels qu'ils soient (responsable politique, de formation, experts, chercheurs, etc.), il nous fallait préalablement identifier clairement l'objet sur lequel portaient nos recherches. 67 Du verbe médier qui signifi e « faire office de médiateur » selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales : http://www.cnrtl.fr/definition/dmf/m%C3%A9dier1?str=1 68 Pris dans le sens de « scénariser » l'activité. « Le concept a été proposé à l'origine par Roger Clausse (en 1963) pour indiquer un "besoin psychosocial (d'information) : de reliance par rapport à l'isolement". Il fut repris et réélaboré à la fin des années 1970 par Marcel Bolle de Bal à partir d'une sociologie des médias. À la notion de connexions, la reliance va ajouter le sens, la finalité, l'insertion dans un système » (Barbier, 2004, p. 5) 3. Modéliser l'activité instrumentée au coeur de l'environnement numérique 3.1 INTRODUCTION Dès lors que nous sommes confrontés à la complexité d'un phénomène, nous sommes généralement conduits à utiliser un modèle qui permet de transcrire nos perceptions à l'aide d'outils spécifiques pour en faciliter l'analyse et la compréhension. Une fois cette transcription construite et analysée, le phénomène peut être ramené à son contexte d'origine. Comme le disait Paul Valéry « nous n'accédons à nos raisonnements que par les modèles que nous nous sommes construits » et « nous ne raisonnons que sur des modèles » (Valéry, 1975, p. 835). La modélisation est donc la représentation d'un système par un autre, plus facile à appréhender. Elle peut être considérée comme « un processus technique qui permet de représenter, dans un but de connaissance et d'action, un objet ou une situation voire un événement réputés complexes. On l'utilise dans tous les domaines scientifiques concernés par la complexité. Mais la modélisation est aussi un art par lequel le modélisateur exprime sa vision de la réalité qui n'est pas forcément la réalité. En ce sens, la modélisation systémique de la complexité nous renvoie sans détour aux épistémologies constructivistes. « Pour le constructivisme, la connaissance est construi par le modélisateur qui en a le projet, dans ses interactions permanentes avec les phénomènes qu'il perçoit et qu'il conçoit. Ce processus de construction de connaissance active est au coeur du processus de modélisation des phénomènes ou des systèmes perçus complexes » (Le Moigne, 1989, p. 23). La même réalité, perçue par deux modélisateurs différents, ne débouchera pas nécessairement sur le même modèle » (Donnadieu et al., 2003, p. 9). Selon cette conception constructiviste de l'apprentissage, la connaissance du phénomène étudié se construit à travers l'élaboration du modèle : le modélisateur est celui qui apprend de son modèle en cherchant des significations au phénomène qu'il modélise. En ce sens, la démarche de modélisation s'oppose aux conceptions empiristes et positivistes de la production de la connaissance qui prétendent que celle-ci ne peut être produite que par des observations répétées (démarches inductives). La théorie falsificationniste de Karl Popper (1994) montre bien les limites des méthodes inductives (ainsi que déductives d'ailleurs). Ce dernier a « consacré son oeuvre à mettre à bas une conception déterministe de l'univers et de la société en tirant une conclusion qui contredit directement les conceptions hégéliennes qui restent prédominantes en occident : "l'avenir est ouvert". Il n'y a pas de sens prédéterminé, l'avenir sera ce que nous déciderons d'en faire » (Rocher, 1998, p. 4). « C'est cette production d'intelligibilité en situation perçue a priori complexe qui justifie [] l'ambitieux projet de la Science des Systèmes : développer des langages conceptuels qui visent la compréhension du sens plutôt que l'explication de la forme » (Le Moigne, 1994, p. 278). Paul Valéry écrivait « on a toujours cherché des explications, quand c'était des représentations qu'on pouvait seulement essayer d'inventer 70 ». Les assises épistémologiques de la modélisation systémique étant ainsi posées, il convient maintenant de présenter les différents modèles susceptibles de répondre au besoin énoncé. Pour ce faire, il est possible de les regrouper selon la fonction qu'ils remplissent (concevoir, analyser, évaluer, etc.), ou selon les niveaux d'investigations choisis par le modélisateur (micro, méso et macros) ou encore selon le contour du système à modéliser (dispositif de 70 P. Valéry, Cahiers 1, ed. Pléiade, p. 837 (voir aussi http://www , scénario pédagogique, ressources à disposition, etc.). Il est également possible de les classer par ordre chronologique car tous ces modèles ont évolué en même temps que les systèmes d'enseignement qu'ils sont censés représenter. En France par exemple, Baron (1994) « explique comment on est passé de systèmes d'enseignement assisté par ordinateur classiques (EAO) à des systèmes d'enseignement intelligemment assisté par ordinateur (EIAO), puis à des environnements interactifs d'apprentissage avec ordinateur (toujours EIAO) ». Il ajoute qu'« une évolution supplémentaire s'est produite dans notre pays à la fin de la décennie, avec l'introduction de la notion d'environnement informatique pour l'apprentissage humain (EIAH), appellation toujours en vigueur en 2011, avec un intérêt plus fort pour ce qui relève de l'apprentissage collaboratif et des systèmes distribués de formation » (Baron, 2011, 26 de paragraphe). A chacune de ces générations correspondent des formes de médiations et des modèles pour les représenter. Ces formes de médiation ont en outre été décrites dans différents cadres théoriques (théories de l'activité, théorie des systèmes complexes, ). D'autres possibilités de catégorisation peuvent donc être envisagées selon cette nouvelle dimension. Ces différentes possibilités de regroupement étant énoncées, nous choisissons de présenter les quelques modèles dont nous aurons à discuter en les classant selon (i) leur fonction et (ii) le contour du système à modéliser. Nous finirons ce chapitre (iii) par un tour d'horizon des modèles les plus représentatifs de leur catégorie et une description des langages de modélisation qu'ils utilisent. 3.2 3.2.1 MODELISER L'ACTIVITE INSTRUMENTE, OUI, MAIS POURQUOI? De quel type de modèle parle-t-on? Legendre (1993) distingue deux catégories principales de modèle : le modèle objet et le modèle théorique, lesquels répondent à des besoins différents. Le modèle objet est vu, selon Mouloud, Jaulin, Tonnelat, Goguel, Guinand, Boudon, Richard, Victorri et Damasch (1999) cité par Harvey & Loiselle, (2009, p. 96), comme un « modèle concret, construit à partir des données expérimentales, qui rend compte aussi fidèlement que possible de certaines des propriétés, géométriques ou fonctionnelles, de l'objet et des lois auxquelles il est soumis »71. C'est prioritairement à ce type de modèle que nous faisons référence dans notre intention de modéliser l'activité instrumentée au coeur d'un ENA. Grâce à ces modèles, « il devient possible d'organiser les connaissances en modèles plus facilement communicables, puis d'utiliser certains de ces modèles dans la réflexion et dans l'action [] pour permettre l'organisation des connaissances et rendre l'action plus efficace » (De Rosnay, 1975, p. 92). De son côté, « le modèle théorique permet d'élaborer, à partir du modèle de l'objet, une théorie qui ramène le phénomène étudié à un phénomène plus général (concept) en accord avec l'expérience et confronté avec elle » (op. cit. par Harvey & Loiselle, 2009, p. 96). Dans ce cas, modéliser l'activité instrumentée d'un ENA reviendrait à dégager des invariants, des principes généraux, à la fois structuraux et fonctionnels pouvant les représenter dans leur ensemble ; l'objectif serait de passer du cas particulier à la généralisation. Pour Backer (2000), les modèles répondent à deux fonctions essentielles que nous rappellent Desmoulins et Grandbastien (2006, p. - « proposer un cadre conceptuel permettant au concepteur de représenter le monde, en particulier en vue de faire des conjectures sur son comportement » ; - « fournir des représentations manipulables par l'humain ou par la machine et utiles à leur activité ». Ainsi, de la manière dont nous l'entendons dans cette note de synthèse, modéliser l'activité instrumentée au coeur d'un ENA revient à décrire dans un système de représentations (souvent de manière visuelle et graphique) des besoins et des solutions fonctionnelles répondant à un projet de conception et/ou de réalisation d'un environnement numérique d'apprentissage. Ce peut être aussi pour évaluer et/ou analyser l'activité qui y règne ou encore à des fins de compréhension, et/ou de contrôle ou encore de prédiction. De nombreux modèles existent pour atteindre l'un de ces objectifs. Certains d'entre eux ont été exclusivement conçus pour remplir une de ces fonctions tandis que d'autres permettent d'en remplir plusieurs à la fois, comme par exemple celles de guider l'ingénierie et d'évaluer, d'analyser ou contrôler le comportement du système. Commençons par décrire ces modèles capables d'assurer plusieurs fonctions d'usage avant de passer aux modèles exclusivement conçus pour la conception ou pour l'analyse d'un ENA. 3.2.2 Des modèles à usage multiple 3.2.2.1 Des modèles de « conception » pouvant servir à l'analyse de dispositif Certains modèles de conception d'un ENA peuvent aussi aider à évaluer voire analyser son activité dans le contexte dans lequel elle se produit. La modélisation d'un scénario d'apprentissage, par exemple, dans un langage EML de type IMS-LD, peut aider le modélisateur à décrire a priori ou a posteriori dé ro ulement d'une situation d'apprentissage visant l'appropriation d'un ensemble précis de connaissances (Pernin et Lejeune, 2004, p. 410). Figure 8. Scénario prédictif et scénario descriptif (Pernin et Lejeune, p. 412). Ces deux auteurs décrivent ci-dessous ces deux scénarii et donnent pour chacun d'entre eux leurs objectifs: - « Un scénario prédictif est un scénario établi a priori par un concepteur en vue de la mise en place d'une situation d'apprentissage, instrumentée ou non par les technologies numériques. La définition d'un scénario prédictif peut poursuivre plusieurs objectifs complémentaires : • rationaliser la conception, en assistant les concepteurs dans la définition des situations d'apprentissage et en leur fournissant des guides méthodologiques. Les concepteurs peuvent être aussi bien des spécialistes impliqués dans un processus d'industrialisation de formation que des enseignants ou formateurs amenés à modifier leurs pratiques de façon plus individuelle ; • améliorer l'efficacité du déroulement des situations d'apprentissage, en permettant notamment aux acteurs chargés de leur mise en place et de leur suivi de disposer d'un cadre explicite pour mieux orienter les apprenants vers les activités à réaliser ; • responsabiliser les apprenants, en leur rendant explicites les objectifs de l'apprentissage et la structuration des activités qu'ils ont à accomplir. Cette démarche est notamment utilisée dans les contextes d'autoformation ou dans les approches pédagogiques par projets pour lesquelles sont fournies des feuilles de route ; • rationaliser l'évaluation des apprenants, en disposant d'un moyen de mesurer les écarts entre l'activité effective d'un apprenant (ou groupe d'apprenants) et celle décrite au sein d'un scénario-type défini a priori. Ce type d'approche s'appuie sur les théories comportementalistes de l'apprentissage. - Un scénario descriptif est un scénario décrivant a posteriori le déroulement effectif d'une situation d'apprentissage, en y inclu en particulier les traces de l'activité des acteurs et leurs productions. L'usage des scénarios descriptifs peut poursuivre différents objectifs : • procéder à une évaluation didactique des situations d'apprentissage, en utilisant les événements et traces d'apprentissage rencontrés en situation réelle pour inférer ou vérifier des hypothèses sur l'appropriation effective des connaissances. Cette démarche est fréquemment utilisée dans le domaine de la psychologie expérimentaliste ; • aider à l'évaluation des apprenants, en analysant l'ensemble des traces collectées et en les comparant éventuellement avec un modèle idéal prédéfini ; contribuer à la constitution des profils, permettant d'individualiser l'apprentissage. Commentaire : La spécification IMSLD se place clairement dans une optique de scénario prédictif où il s'agit de décrire a priori une situation d'apprentissage. Il est à remarquer que les implémentations proposées insistent sur les arguments de rationalisation de la conception et de l'évaluation, le plus souvent dans un cadre d'industrialisation de la formation » (Ibid. p. 412) 3.2.2.2 Des modèles « d'analyse » de l'activité pouvant servir à la conception de dispositif Inversement, il est possible d'améliorer les démarches de conception en s'appuyant sur des modèles d'analyse de l'activité. Celui d'Engeström (1987) par exemple peut faciliter dans certain cas cette conception alors qu'il est initialement conçu pour en faire l'analyse. Bjørklia, Røedb, Bjellandb, Gouldc, et Hoffd, (2007, p. 171) ont montré comment ce modèle leur a été utile pour concevoir le système de navigation d'un navire : plus précisément une commande de direction automatisée. En partant de la description de la navigation, ils ont pu concevoir cet outil spécifique. Dans leur étude, le modèle d'Engeström « leur a fourni un cadre qui permet de décrire de manière cohérente les personnes impliquées dans la navigation du navire, leur utilisation des outils, et ce qui a dirigé leur comportement » (Bjørklia et al., p. 176). De plus, il leur a fourni une base pour un langage de conception qui a été utilisé dans la conception d'un instrument (course and track pilot) qui avait pour fonction de remplacer l'homme de barre. « Cette étude avance le fait que l'utilisation de la théorie de l'activité peut contribuer de manière importante à un processus de conception » (Ibid., p. 176). D'ailleurs, les travaux de Jonassen (2000) en témoignent lorsque celui-ci revisite la théorie de l'activité en tant que cadre pour la conception d'environnements d'apprentissage centrés sur l'étudiant 72. 2.3 Synthèse Ainsi, bon nombre de ces modèles permettent de couvrir l'ensemble du cycle de vie des ENA (analyse, conception, utilisation, retour d'expériences, re-conceptualisation, etc.) et d'assurer, selon l'usage que l'on en fait, une ou plusieurs de ces fonctions. 3.2.3 Des modèles à usage spécifique 3.2.3.1 Modéliser pour concevoir un environnement numérique d'apprentissage Il existe de nombreux modèles qui répondent à ce besoin que nous pourrions qualifier d'instructional design (ID) ou de learning design (Baron, 2011, 26 de paragraphe). Cette diversité dans l'offre témoigne de l'importance de cette étape de modélisation préalable dans le cycle de développement de ce type d'environnement 73. 73 Pour être plus précis encore, David Merrill (http://mdavidmerrill.com/Papers/papers.htm) « distingue le "développement" de systèmes d'instruction (instructional systems) de la "théorie" de l'instructional design. Cette dernière doit, selon lui, posséder trois composants : deux théories "descriptives" (du savoir et de la stratégie d'enseignement) et une théorie "prescriptive" reliant savoir à acquérir et stratégies à employer pour favoriser l'apprentissage, composée de règles du type : si (apprentissage de tel savoir), alors (telle stratégie) » (Baron, 2011, 19 de paragraphe). de côté la notion de modèle formel, décrivant un processus dans un langage mathématique, un consensus semble s'être réalisé à propos de l'idée qu'un modèle est une simplification d'un phénomène que l'on désire étudier, simplification qui favorise l'observation, la description, ou la prédiction du phénomène. Nous parlons donc bien ici d'objets participant, selon Simon (2004), d'une science de la conception, ou d'une ingénierie, c'est-à-dire d'une discipline montrant comment les choses devraient être ». Et les modèles [que l'auteur décrit dans cette note de synthèse] sont bien des simplifications du phénomène de la conception de l'enseignement, des rationalisations en vue de le rendre plus efficace » (Ibid., 139). Les modèles que Philippe Dessus décrit dans sa note de synthèse permettent de concevoir l'enseignement, c'est-à-dire de prescrire la manière dont celui-ci doit s'organiser pour qu'il soit le plus efficace possible. Il est d'ailleurs important de souligner que ces modèles ne sont ni des modèles théoriques au sens où l'entend Legendre (1993), ni encore des modèles objets auxquels nous nous intéressons : il s'agit avant tout de méthode ou de description de procédures. Tout un champ de recherche s'est ouvert dans les années quatre-vingt rassemblant principalement des ingénieurs et quelques chercheurs en sciences humaines pour réfléchir à la façon de concevoir des architectures qui soient à la fois ergonomiques, efficaces et faciles à utiliser dans le but de favoriser les interactions entre humains et ordinateur (interactivité) ou entre humains (interactions) à l'aide d'ordinateurs : les IHM (Interactions Homme-Machine). Ce faisant, les chercheurs en sciences humaines investissent de plus en plus ce domaine et s'associent aux informaticiens et chercheurs en informatique pour créer un champ scientifique transdisciplinaire qui a pour but d'étudier la façon de développer des artefacts informatiques pour accompagner, voire améliorer les processus d'apprentissage et d'enseignement dans des environnements informatiques. C'est au début des années 2000 que cette tendance se concrétise par le rapprochement progressif des problématiques et des approches des communautés scientifiques participant aux conférences Hypermédias et Apprentissage et les journées Environnements Interactifs d'Apprentissage par Ordinateurs. Dans le cadre de l'ATIEF 74, ces communautés ont décidé de concrétiser ce rapprochement en fusionnant ces deux conférences en une seule, appelée Environnements Informatiques pour l'Apprentissage Humain 75 (EIAH) ». La mière d'entre elles a eu lieu à Strasbourg en avril 2003 et celle de 2017 aura également lieu à Strasbourg en juin. Nous avons d'ailleurs eu l'honneur d'avoir été désigné par l'ATIEF pour en être le président du comité d'organisation. Ce champ scientifique transdisciplinaire est donc à la fois un objet empirique (un environnement d'apprentissage) mais aussi un objet de recherche qui porte désormais le même nom : EIAH. Et « le terme de conception d'un EIAH renvoie au fait d'imaginer, de penser, d'élaborer, de représenter un artefact informatique en tenant compte des objectifs pédagogiques poursuivis et des contraintes de natures diverses pouvant s'exercer, et donc en particulier des situations pédagogiques visées » (Tchounikine, 2009, p.1).
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9.2.2.8. L'EFFET DE LA COULEUR SUR LA CONGRUENCE PERÇUE ENTRE LA COULEUR ET L'ANNONCE L'humeur et le besoin en cognition ont été introduits comme covariants mais n'ont pas eu d'effet. Ils ont été retirés de l'analyse. La couleur a un effet sur la congruence perçue entre la couleur et l'annonce (ANOVA variances égales, F(5 ; 480)= 26,238, p=,000, ω=0,45). Les comparaisons multiples de Sidak donnent les résultats suivants : une annonce blanche est perçue plus congruente qu'une annonce bleue (p=,000) jaune (p=,000), rouge (p=,000) ou verte (p=,000). Une annonce noire est perçue plus congruente qu'une annonce bleue (p=,000), jaune (p=0,000), rouge (p=,000) ou verte (p=,000). Une annonce rouge est jugée plus congruente qu'une annonce jaune (p=0,090). Un fond noir et un fond blanc sont perçus comme plus congruents que d'autres couleurs. Les couleurs achromatiques présentent un intérêt pour assurer une plus grande congruence entre la couleur et l'annonce. L'hypothèse H2 est supportée pour l'annonce concernant Internet. La couleur a un effet sur la congruence perçue entre la couleur et l'annonce 336 Conclusion du chapitre 9 Les principaux résultats de l'analyse des effets de la couleur sur les réponses à la publicité sont présentés de manière synthétique dans les tableaux 63 et 64. Tableau 63: synthèse des principaux résultats des tests d'hypothèses Hypothèse de recherche H3. La couleur a un effet sur la probabilité d'élaboration cognitive H6. La couleur a un effet sur la mémorisation H9. La couleur a un effet sur les réactions affectives déclenchées par l'annonce (RADA) H14. La couleur a un effet sur les croyances l'annonce (Cad) H21. La couleur a un effet sur l'attitude envers l'annonce (Aad) H24. La couleur a un effet sur l'attitude envers la marque (Ab) H2. La couleur a un effet sur la congruence perçue entre les couleurs et l'annonce H1. La couleur a un effet sur le degré d'agrément vis-àvis des couleurs de l'annonce Annonce pour Annonce pour la voiture Internet supportée non supportée supportée supportée non supportée supportée supportée supportée supportée supportée non supportée Partiellement supportée supportée supportée supportée supportée 337 Tableau 64: couleurs fondamentales qui ont un effet sur les réponses à la publicité Hypothèse de recherche H3. La couleur a un effet sur la probabilité d'élaboration cognitive Annonce pour la voiture Annonce pour Internet Bleu > blanc, rouge Type de service Non-rouge > rouge Nom de la marque H6. La couleur a un effet sur la mémori- Non-rouge > rouge sation Noir > non-noir Prix Prix Bleu > non-bleu Non-rouge > rouge H9. La couleur a un effet sur les réac- RADA – tions affectives déclenchées par Jaune > rouge l'annonce (RADA) Cad efficacité H14. La couleur a un effet sur les croyances envers l'annonce (Cad) Cad efficacité Jaune > noir, blanc Rouge > blanc Rouge > blanc Cad choquant Vert > blanc, bleu H19. La couleur a un effet sur l'attitude Volet hédoniste Volet hédoniste Rouge > noir Noir > blanc, bleu Non-lassitude envers l'annonce (Aad) Rouge > bleu Noir > jaune, bleu H22. La couleur a un effet sur l'attitude envers la marque (Ab) H2. La couleur a un effet sur la congruence perçue entre les couleurs et l'annonce Blanc > jaune, rouge et vert Blanc > jaune, rouge, vert et bleu Bleu > jaune, rouge, vert, Rouge > jaune blanc et noir Noir > jaune, rouge et vert Bleu > jaune H1. La couleur a un effet sur le degré d'agrément vis-à-vis des couleurs de l'annonce Noir > jaune, rouge, vert et bleu Rouge, noir, bleu > vert Noir > jaune, blanc et vert Rouge > jaune, blanc, vert et bleu PARTIE 1 : DU STIMULUS À LA SENSAT CHAPITRE 1 : LES THÉORIES DE LA COULEUR CHAPITRE 2 : LES FACTEURS SUSCEPTIBLES D'INF CONCEPT COULEUR PARTIE 2 : DE LA SENSATION À LA PERCEPTI CHAPITRE 4 : COULEUR ET PERCEPTION CHAPITRE 5 : LE JUGEMENT ENVERS LA COULEUR CHAPITRE 6 : LE RÔLE DE LA COULEUR DANS LA P PARTIE 3 : MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERC CHAPITRE 7 : MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE CHAPITRE 8 : CHOIX ET TEST DES INSTRUMENTS D TRE 9 : ANALYSE DES RÉSULTATS CONCERN COULEUR SUR LES RÉPONSES À LA P CHAPITRE 10 : ANALYSE DES RÉSULTATS CONCER CONGRUENCE PERÇUE ENTRE LA C L'ANNONCE ET DE L'AGRÉMENT VI LEUR DE L'ANNONCE 339 Plan du chapitre 10 Section 10.1. : Analyse des effets du jugement à l'égard de la couleur de l'annonce pour la voiture _________________________________________ 342 10.1.1. Constitution des groupes _______________________________________ 342 10.1.2. Résultats des comparaisons des groupes ___________________________ 343 10.1.3. Tests des hypothèses relatives à l'influence du jugement à l'égard de la couleur pour la publicité pour la voiture _________________________________ 346 10.1.3.1. L'effet du jugement à l'égard de la couleur sur la probabilité d'é laboration cognitive __346 10.1.3.2. L'effet du jugement à l'égard de la couleur sur la mémorisation ___________________347 10.1.3.3. L'effet du jugement à l'égard de la couleur sur l'attitude envers la marque a posteriori (Ab post) ______________________________________________________________349 10.1.3.4. L'effet du jugement à l'égard de la couleur sur l'attitude envers l'annonce (Aad) _____351 10.1.3.5. L'effet du jugement à l'égard de la couleur sur les réponses affectives déclenchées par l'annonce (RADA) ____________________________________________________________352 10.1.3.6. L'effet du jugement à l'égard de la couleur sur les croyances envers l'annonce (Cad) __354 Section 10.2. : Analyse des effets du jugement à l'égard de la couleur pour la publicité concernant l'offre d'accès à Internet__ ________________ 356 10.2.1. Constitution des groupes _______________________________________ 356 10.2.2. Résultats des comparaisons des groupes ___________________________ 358 10.2.3. Tests des hypothèses relatives à l'influence du jugement à l'égard de la couleur pour la publicité pour Internet __________________________________ 361 10.2.3.1. L'effet du jugement à l'égard de la couleur sur la probabilité d'élaboration cognitive __361 10.2.3.2. L'effet du jugement à l'égard de la couleur sur la mémorisation ___________________362 10.2.3.3. L'effet du jugement à l'égard de la couleur sur l'attitude envers la marque a posteriori (Ab post) _____________________________________________________________364 10.2.3.4. L'effet du jugement à l'égard de la couleur sur l'attitude envers l'annonce (Aad) _____366 10.2.3.5. L'effet du jugement à l'égard de la couleur sur les réponses affectives déclenchées par l'annonce (RADA) ____________________________________________________________367 10.2.3.6. L'effet du jugement à l'é Chapitre 10 : Analyse des résultats concernant l'effet de la congruence perçue entre la couleur et l'annonce et de l'agrément vis-à-vis de la couleur de l'annonce L'objet de ce chapitre est d'étudier l'effet de la congruence perçue entre les couleurs et l'annonce et ainsi que de l'agrément vis-à-vis des couleurs de l'annonce. Cette analyse complémentaire permettra d'augmenter la validité externe de cette recherche. En effet, ce n'est plus la couleur qui est au centre de l'analyse mais le jugement du spectateur vis-à-vis de la couleur. Une couleur peut en effet être perçue comme plus ou moins congruente et/ou plus ou moins agréable. Des questions intéressantes pour l'annonceur seront soulevées : par exemple, une annonce doit-elle avoir des couleurs étonnantes pour augmenter la mémorisation? L'étude des effets du jugement envers la couleur permet de se libérer de l'étude des effets de la couleur elle-même. 341 Section 10.1. : Analyse des effets du jugement à l'égard de la couleur de l'annonce pour la voiture 10.1.1. CONSTITUTION DES GROUPES La variable congruence perçue entre la couleur et l'annonce, ainsi que l'agrément vis-à-vis de la couleur de l'annonce ont été recodées de la façon suivante : la variable congruence perçue entre la couleur de l'annonce varie de 2 à 10. La congruence moyenne est de 6,14. Nous avons associé les valeurs 2, 3, 4 et 5 à la modalité faible, la valeur 6 à une congruence moyenne, et les modalités 7, 8, 9 et 10 à une forte congruence. Pour l'agrément vis-à-vis de la couleur de l'annonce, la moyenne se situe à 3 et les réponses varient de 1 à 5. Une couleur faiblement appréciée correspond aux notes 1 et 2, une couleur moyennement appréciée à 3 et une couleur fortement appréciée à 4 et 5. Le tableau 64 présente la répartition des répondants dans les neufs groupes ainsi formés (3 niveaux de congruence X 3 niveaux d'agrément). Tableau 65: répartition des neufs groupes correspondant à un jugement à l'égard de la couleur différent Agrément Faible (-) Moyenne Congruence (m) Forte (+) Total Total Faible (-) Moyen (m) Fort (+) Effectif 102 29 30 161 % du total 21,0% 6,0% 6,2% 33,1% Effectif 32 38 42 112 % du total 6,6% 7,8% 8,6% 23,0% Effectif 34 44 135 213 % du total 7,0% 9,1% 27,8% 43,8% Effectif 168 111 207 486 % du total 34,6% 22,8% 42,6% 100,0% 342 Tableau 66: moyennes et écarts-types de la congruence et de l'agrément pour chacun des groupes Groupe C-ACmAC+AC-Am CmAm C+Am C-A+ CmA+ C+A+ Total Congruence perçu couleur Moyenne Ecart-type 3,56 1,19 6,00 0,00 7,82 0,83 4,38 0,98 6,00 0,00 7,68 0,74 4,43 0,86 6,00 0,00 8,06 0,97 6,15 1,99 Agrément couleur Moyenne Ecart-type 1,46 0,50 1,78 0,42 1,53 0,51 3,00 0,00 3,00 0,00 3,00 0,00 4,17 0,38 4,17 0,38 4,23 0,42 3,01 1,23 N 102 32 34 29 38 44 30 42 135 486 10.1.2. RÉSULTATS DES COMPARAISONS DES GROUPES Comparaison des groupes par rapport au sexe des répondants Les groupes ne diffèrent pas en termes de proportion d'hommes et de femmes (test du Khideux de Pearson (8)= 6,322, p=,611 (bilatéral)). Comparaison des groupes par rapport à l'humeur avant exposition aux annonces L'humeur avant exposition aux annonces est homogène entre les groupes (ANOVA variances égales, F(8 ; 477) =,877, p=,536). Comparaison des groupes par rapport à l'attitude envers la publicité en général L'attitude envers la publicité en général est homogène entre les groupes (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)=,807, p=,596). Comparaison des groupes par rapport au niveau optimal de stimulation Les groupes ne présentent pas de différences statistiquement significatives en termes de niveau optimal de stimulation (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)=,440, p=,897 ). Comparaison des groupes par rapport au besoin en cognition Les groupes ne sont pas différents du point de vue du besoin en cognition (ANOVA variances égales F(8 ; 477)=,341, p=,950). Comparaison des groupes par rapport à la facette signe de l'implication envers la catégorie de produit voiture neuve Il n'existe pas de différence entre les groupes expérimentaux du point de vue de la facette signe de l'implication envers les voitures neuves (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)=,919, p=,500). Comparaison des groupes par rapport à la fa cette intérêt-importance de l'implication envers la catégorie de produit voiture neuve Aucune différence statistiquement significative n'est à signaler pour la facette intérêtimportance de l'implication envers les voitures neuves (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)= 1,182, p=,308). Comparaison des groupes par rapport à la facette importance du risque de l'implication envers la catégorie de produit voiture neuve Les groupes ne sont pas différents du point de vue de la facette importance du risque de l'implication envers la catégorie de produit voiture neuve (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)=,710, p=,683 ; test non-paramétrique de Kruskal-Wallis : Khi-2 (8)= 3,603, p=,891 ). Comparaison des groupes par rapport au nombre de lecteurs du magazine l'Etudiant Le nombre de lecteurs du magazine l'Etudiant n'est pas statistiquement différent d'un groupe à l'autre (Khi-2 (8)= 9,076, p=,336 bilatéral). Comparaison des groupes par rapport à leur croyance a priori concernant la couleur de fond de la publicité pour Peugeot Près des deux tiers des répondants attribuent le bleu, la couleur de la marque de Peugeot, à la couleur de fond utilisée habituellement pour les publicités pour la marque Peugeot. Le reste des invidus pensent que la couleur de fond des publicités pour Peugeot est plutôt noire (20%) ou blanche (20%). Comparaison des groupes par rapport à la dimension affective de leur attitude a priori envers la marque (Ab prior) La dimension affective de l'attitude envers la marque a priori n'est pas différente d'un groupe à l'autre (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)= 1,714, p=,093). En ce qui concerne le degré de certitude dans cette évaluation affective de l'attitude envers la marque a priori, l'ANOVA semble indiquer des différences entre les groupes (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)= 1,842, p=,067) tandis que le test non-paramétrique de KruskalWallis, Khi-2 (8)= 13,070, p=,109) plaide pour l'absence de différences entre les groupes en termes de certitude par rapport à l'évaluation affective de la marque. Nous privilégions le test non-paramétrque en raison de la violation de la condition de normalité de cette variable. Dès lors, nous considérons qu'il n'existe pas de différence entre les groupes concernant le degré de certitude dans l'évaluation affective de l'attitude envers la marque. Comparaison des groupes par rapport à la dimension conative de leur attitude a priori envers la marque (Ab prior) La dimension conative de l'attitude envers la marque a priori n'est pas différente d'un groupe à l'autre (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)=,711, p=,682). 10.1.3. TESTS DES HYPOTHÈSES RELATIVES À L'INFLUENCE DU JUGEMENT À L'ÉGARD DE LA COULEUR POUR LA PUBLICITÉ POUR LA VOITURE 10.1.3.1. L'EFFET DU JUGEMENT À L'ÉGARD DE LA COULEUR SUR LA PROBABILITÉ D'ÉLABORATION COGNITIVE L'humeur avant exposition aux annonces, l'attitude envers la publicité en général ainsi que l'implication envers la catégorie de produit ont été insérées comme covariables afin de neutraliser leur effet respectif. Nous n'avons pas trouvé d'effet significatif du besoin en cognition ainsi que de la facette signe de l'implication sur la probabilité d'élaboration cognitive. L'humeur avant exposition aux annonces a un effet sur la probabilité d'élaboration cognitive (F(1, 290)= 3,563, p=,060), de même que l'attitude envers la publicité en général (F(1, 290)= 5,521, p=,019) ainsi que la facette intérêt-importance de l'implication envers la catégorie de produit (F(1,290)= 10,454, p=,001) et la facette importance du risque (F(1,290)= 3,323, p=,069). La congruence perçue entre la couleur et l'annonce et l'agrément vis-à-vis de la cou- 346 leur de l'annonce ont un effet sur la probabilité d'élaboration cognitive (F(8, 290)= 2,572, p=,010). R deux =,147 (R deux ajusté =,112) Lorsqu'une couleur est à la fois perçue comme fortement congruente et qu'elle est très appréciée, elle entraîne un niveau plus élevé d'élaboration cognitive qu'une couleur perçue à la fois comme faiblement congruente et peu appréciée (p=0,018). Autrement dit, plus une couleur est jugée congruente avec l'annonce et plus elle est appréciée, plus la probabilité d'élaboration cognitive augmente. Les hypothèses H4 et H5 sont supportées pour l'annonce concernant la voiture. Plus la couleur est jugée congruente, plus la probabilité d'élaboration cognitive sera grande. Plus la couleur est appréciée, plus la probabilité d'élaboration cognitive sera grande. 10.1.3.2. L'EFFET DU JUGEMENT À L'ÉGARD DE LA COULEUR SUR LA MÉMORISATION Pour étudier l'effet de la couleur sur la mémorsation, nous n'avons intégré aucune covariable. Nous avons effectué des analyses de variance ainsi que le test de Kruskal-Wallis pour les variables qui présentaient des problèmes de normalité. Le jugement à l'égard de la couleur n'a aucun effet sur le nombre d'éléments mémorisés (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)= 1,637, p=,112) ; test non-paramétrique de KruskalWallis Khi-2 (8)= 6,647, p=,575). Lorsque l'on demande aux répondants d'indiquer la (ou les) marque(s) que l'on cherchait à promouvoir en leur indiquant la catégorie de produit, on constate que le jugement à l'égard de la couleur a un effet sur la mémorisation spontanée de la marque vantée (Peugeot) (Khi-2 de Pearson (8)= 14,671, p=,066 (bilatéral). Lorsque l'on demande aux répondant s'ils se souviennent avoir vu une publicité pour une voiture, on constate que le jugement à l'égard de la couleur n'a pas d'effet sur la mémorisation de la catégorie de produit vantée (Khi-2 de Pearson (8)= 1,714, p=,989 (bilatéral). Le jugement à l'égard de la couleur n'a pas d'effet sur la mémorisation assistée de la marque de voiture (Khi-2 de Pearson (8)= 12,642, p=,125 (bilatéral). Le jugement à l'égard de la couleur n'a pas d'effet sur la mémorisation du modèle de voiture présenté dans la publicité (Khi-2 de Pearson (8)= 10,739, p=,217 (bilatéral). Le jugement à l'égard de la couleur a un effet sur la mémorisation du type de voiture présenté (3/4/5 portes par exemple) (Khi-2 de Pearson (8)= 14,502, p=,070 (bilatéral). Lorsque l'on demande aux répondants la publicité porte sur une d'offre d'achat ou de location de voiture, il n'existe pas de différences de mémorisation selon leur jugement à l'égard de la couleur. Nous n'avons pas pu effectuer de test du Khi-2 car les effectifs théoriques étaient inférieurs à cinq pour certaines cellules. Nous avons effectué des tests de différences de proportions. Le jugement à l'égard de la couleur de l'annonce n'a aucun effet sur la mémorisation de la couleur de la voiture (Khi-2 de Pearson (8)= 8,686, p=,369 (bilatéral). Le jugement à l'égard de la couleur n'a aucun effet sur la mémorisation de la couleur de fond de la publicité (Khi-2 de Pearson (8)= 9,921, p=,271 (bilatéral). Le jugement à l'égard de la couleur n'a aucun effet sur la mémorisation du prix (Khi-2 de Pearson (8)= 8,411, p=,394 (bilatéral). La mémorisation de la puissance en chevaux de la voiture présentée dans la publicité ne présente pas de différence statistiquement significative d'un groupe à l'autre. Nous n'avons pas pu effectuer de test du Khi-2 car les effectifs théoriques étaient inférieurs à cinq pour certaines cellules. Nous avons effectué des tests de différences de proportions. Le degré de certitude de la mémorisation de la catégorie de produit voiture n'est pas différent d'un groupe à l'autre (ANOVA variances égales F(8 ; 474)=,871, p=,541 ) Les hypothèses H7 et H8 ne sont pas supportées pour l'annonce concernant la voiture. La congruence perçue entre la couleur et l'annonce n'a pas d'effet sur la mémorisation L'agrément vis-à-vis de la couleur de l'annonce n'a pas d'effet sur la mémorisation 10.1.3.3. L'EFFET DU JUGEMENT À L'ÉGARD DE LA COULEUR SUR L'ATTITUDE ENVERS LA MARQUE A POSTERIORI (AB POST) Effet du jugement à l'égard de la couleur sur la dimension affective de l'attitude envers la marque La dimension affective de l'attitude envers la marque a priori a été introduite comme covariant dans l'analyse. Celle-ci a un effet significatif sur la dimension conative de l'attitude envers la marque a posteriori (F(1, 476)= 242,154, p=,000). Le jugement envers la couleur a un effet sur la dimension affective de l'attitude envers la marque (F(8, 476)= 4,397, p=,000, R deux =,392 (R deux ajusté =,380) Une couleur fortement congruente et fortement appréciée entraîne un agrément vis-à-vis de la marque plus grand qu'une couleur faiblement congruente et faiblement appréciée (p=,001), fortement congruente et faiblement appréciée (p=,003) ou encore qu'une couleur moyennement congruente et moyennement appréciée (p=,034). Par ailleurs, une couleur faiblement congruente mais fortement appréciée améliore la dimension affective de l'attitude envers la marque par rapport à une couleur fortement congruente mais faiblement appréciée (p=, 084). Si on considère à présent le degré de certitude dans l'évaluation affective de l'attitude envers la marque, le degré de certitude a priori a un effet sur celui a posteriori (F(1, 476)= 82,221, p=,000). Le jugement à l'égard de la couleur n'a pas d'effet sur le degré de certitude de la dimension affective de l'attitude envers la marque (F(8, 476)= 1,434, p=,180). R deux =,174 (R deux ajusté =,159) Effet du jugement à l'égard de la couleur sur la dimension conative de l'attitude envers la marque La dimension conative de l'attitude envers la marque a priori a été introduite comme covariant dans l'analyse. Celle-ci a un effet significatif sur la dimension conative de l'attitude envers la marque a posteriori (F(1, 476)= 191,096, p=,000). Le jugement à l'égard de la couleur a un effet sur la dimension conative de l'attitude envers la marque (F(8, 476)= 2,911, p=,004) R deux =,323 (R deux ajusté =,310). L'intention d'achat d'une Peugeot 207 est plus importante quand la couleur de l'annonce est perçue à la fois comme fortement congruente et fortement appréciée, que lorsqu'elle est perçue comme faiblement congruente et faiblement appréciée (p=,029), ou lorsqu'elle est perçue comme fortement congruente mais qu'elle est faiblement appréciée (p=,043). Si on considère à présent le degré de certitude dans l'évaluation conative de l'attitude envers la marque, le degré de certitude a priori a un effet sur celui a posteriori (F(1, 476)= 61,336, p=,000). Le jugement à l'égard de la couleur n'a pas d'effet sur le degré de certitude de la dimension conative de l'attitude envers la marque (F(8, 476)=,528, p=,836). R deux =,123 (R deux ajusté =,106) Les hypothèses H25 et H26 sont supportées pour l'annonce pour la voiture. Plus la couleur est jugée congruente, plus l'attitude envers la marque (Ab) sera favorable Plus la couleur est appréciée, plus l'attitude envers la marque (Ab) sera favorable 10.1.3.4. L'EFFET DU JUGEMENT À L'ÉGARD DE LA COULEUR SUR L'ATTITUDE ENVERS L'ANNONCE (AAD) Effet du jugement à l'égard de la couleur sur la dimension hédoniste de l'attitude envers l'annonce L'humeur et l'attitude envers la publicité peuvent avoir un effet sur l'attitude envers l'annonce. Ils ont été introduits comme covariants. L'humeur n'a pas eu d'effet sur le volet hédoniste de l'attitude envers l'annonce pour la voiture. Nous avons donc réalisé une nouvelle analyse de covariance en sortant l'humeur de l'analyse. L'attitude envers la publicité en général a un effet sur l'attitude envers l'annonce (F(1, 476)= 8,189, p=,004). Le jugement à l'égard de la couleur a un effet sur la dimension hédoniste de l'attitude envers l'annonce (F(8, 476)= 5,498, p=,000). R deux =,101 ( R deux ajusté =,084) Les tests post-hoc de Sidak indiquent en effet que la dimension affective de l'attitude envers l'annonce est plus forte quand la couleur est perçue comme fortement congruente et qu'elle est fortement appréciée que lorsqu'elle est faiblement congruente et faiblement appréciée (p=0,000), ou qu'elle est moyennement congruente et moyennement appréciée (p=,033) ou qu'elle est fortement congruente et moyennement appréciée (p=,073). Les hypothèses H22 et H23 sont supportées pour l'annonce concernant la voiture. Plus la couleur est jugée congruente, plus l'attitude envers l'annonce sera favorable Plus la couleur est appréciée, plus l'attitude envers l'annonce sera favorable 10.1.3.5. L'EFFET DU JUGEMENT À L'ÉGARD DE LA COULEUR SUR LES RÉPONSES AFFECTIVES DÉCLENCHÉES PAR L'ANNONCE (RADA) Effet du jugement à l'égard de la couleur sur les RADA positives L'humeur ainsi que le niveau optimal de stimulation ont été introduits comme covariants. L'humeur n'a pas eu d'effet significatif. Une nouvelle analyse de covariance indique que le niveau optimal de stimulation a une influence sur les RADA postives (F(1, 476)= 3,816, p=,051). Le jugement à l'égard de la couleur a un effet sur les RADA positives (F(8, 476)= 6,199, p=,000). R deux =,102 (R deux ajusté =,085). 352 Les comparaisons multiples de Sidak indiquent qu'une couleur faiblement congruente et fortement appréciée entraîne des RADA positives plus grandes qu'une couleur faiblement congruente et faiblement appréciée (p=,019), moyennement congruente et et faiblement appréciée (p=,078) ou encore moyennement congruente et moyennement appréciée (p=,056). De plus, une couleur fortement congruente et fortement appréciée entraîne également des RADA positives plus grandes qu'une couleur faiblement congruente et faiblement appréciée (p=,000), moyennement congruente et faiblement appréciée (p=,006), fortement congruente et faiblement appréciée (p=,009) ou encore qu'une couleur moyennement congruente et moyennement appréciée (p=,002). Effet du jugement à l'égard de la couleur sur les RADA négatives L'humeur et le niveau optimal de stimulation n'ont pas eu d'effet significatif. Nous avons donc effectué des analyses de variances en considérant que l'homogénéité des variances est respectée ou non. Un test non-paramétrique de Kruskal-Wallis est également venu compléter cette analyse. Les tests paramétriques indiquent un effet du jugement à l'égard de la couleur sur les RADA négatives (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)= 2,565, p=,010 ; ANOVA variances inégales de Welch, F(8 ; 146,491)= 2,391, p=,019; ANOVA variances inégales de Brown- Forsythe F(8 ; 198,740)= 2,726, p=,007). Le test non-paramétrique de Kruskal-Wallis aboutit au même résultat (Khi-2(8)= 28,834, p=,000). Les tests post-hoc de Sidak indiquent qu'une couleur faiblement congruente et faiblement appréciée entraîne des RADA négatives plus importantes qu'une couleur fortement congruente et fortement appréciée. Cette différence est statistiquement significative (p=,065). Les hypothèses H10, H11, H12 et H13 sont supportées pour l'annonce pour la voiture. 353 H10. Plus la couleur dominante est jugée congruente avec l'annonce, plus les réactions affectives positives déclenchées par l'annonce seront fortes H11. Plus la couleur dominante est jugée congruente avec l'annonce, plus les réactions affectives négatives déclenchées par l'annonce seront faibles H12. Plus la couleur dominante de l'annonce est appréciée, plus les réactions affectives positives déclenchées par l'annonce seront fortes H13. Plus la couleur dominante de l'annonce est appréciée, plus les réactions affectives négatives déclenchées par l'annonce seront faibles 10.1.3.6. L'EFFET DU JUGEMENT À L'ÉGARD DE LA COULEUR SUR LES CROYANCES ENVERS L'ANNONCE (CAD) Influence du jugement à l'égard de la couleur sur les croyances envers l'efficacité du visuel publicitaire L'humeur et le besoin en cognition n'ont pas d'effets et on été retirés de l'analyse. L'attitude envers la publicité en général a un effet sur la dimension efficacité du visuel publicitaire des croyances envers l'annonce (F(1, 476)=3,122, p=,078). Le jugement à l'égard de la couleur a un effet sur la dimension efficacité du visuel publicitaire des croyances envers l'annonce (F(8, 476)= 6,409, p=,000). R deux =,105 (R deux ajusté =,088) Les résultats des tests pots-hoc de sidak indiquent qu'une couleur faiblement congruente et fortement appréciée entraîne des croyances envers l'efficacité du visuel publicitaire plus grandes qu'une couleur faiblement congruente et faiblement appréciée (p=,026), ou fortement congruente et faiblement appréciée (p=,058). Une couleur moyennement congruente et fortement appréciée entraîne des croyances envers l'efficacité du visuel publicitaire plus grandes qu'une couleur faiblement congruente et faiblement appréciée (p=,009) ou fortement congruente et faiblement appréciée (p=,037). Enfin, une couleur fortement congruente et fortement appréciée entraîne des croyances envers l'efficacité du visuel publicitaire plus importantes qu'une couleur faiblement congruente et faiblement appréciée (p=,000), moyennement 354 congruente et faiblement appréciée (p=,080), fortement congruente et faiblement appréciée (p=,001), ou encore moyennement congruente et moyennement appréciée (p=,016). Influence du jugement à l'égard de la couleur sur le caractère choquant du visuel publicitaire L'humeur et le besoin en cognition n'ont pas d'effets et ont été retirés de l'analyse. L'attitude envers la publicité en général a un effet sur le caractère choquant du visuel publicitaire (F(1, 476)= 10,231, p=,001). Le jugement à l'égard de la couleur a un effet sur le caractère choquant du visuel publicitaire (F(8, 476)= 2,488, p=,012). R deux =,059 (R deux ajusté =,042), test non-paramétrique de Kruskal-Wallis, Khi-deux (8)=19,996, p=,010). Les hypothèses H15, H16, H17, H18, H19 et H20 sont supportées pour l'annonce pour la voiture. H15. Plus la couleur dominante est jugée congruente avec l'annonce, plus les croyances envers l'efficacité du visuel publicitaire seront favorables 355 H16. Plus la couleur dominante est jugée congruente avec l'annonce, plus les croyances envers le caractère choquant de l'annonce seront faibles H17. Plus la couleur dominante est jugée congruente avec l'annonce, plus les croyances envers le message seront favorables H18. Plus la couleur dominante de l'annonce est appréciée, plus les croyances envers l'efficacité du visuel publicitaire seront favorables H19. Plus la couleur dominante de l'annonce est appréciée, plus les croyances envers le caractère choquant de l'annonce seront faibles H20. Plus la couleur dominante de l'annonce est appréciée, plus les croyances envers le message seront favorables Section 10.2. : Analyse des effets du jugement à l'égard de la couleur pour la publicité concernant l'offre d'accès à Internet 10.2.1. CONSTITUTION DES GROUPES La méthode de constitution des groupes en focntion du jugement à l'égard de la couleur de la publicité pour l'offre d'accès à Internet est identique à celle pour l'annonce pour la voiture. La variable congruence perçue entre la couleur et l'annonce, ainsi que l'agrément vis-à-vis de la couleur de l'annonce ont été recodées de la façon suivante : la variable congruence perçue entre la couleur de l'annonce varie de 2 à 10. La congruence moyenne est de 6,14. Nous avons associé les valeurs 2, 3, 4 et 5 à la modalité faible, la valeur 6 à une congruence moyenne, et les modalités 7, 8, 9 et 10 à une forte congruence. Pour l'agrément vis-à-vis de la couleur de l'annonce, la moyenne se situe à 3 et les répons varient de 1 à 5. Une couleur faiblement appréciée correspond aux notes 1 et 2, une couleur moyennement appréciée à 3 et une couleur fortement appréciée à 4 et 5. Le tableau 66 présente la répartition des répondants dans les neufs groupes ainsi formés (3 niveaux de congruence X 3 niveaux d'agrément). 358 Comparaison des groupes par rapport au niveau optimal de stimulation Les groupes ne présentent pas de différences statistiquement significatives en termes de niveau optimal de stimulation (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)=,889, p=,526). Comparaison des groupes par rapport au besoin en cognition Les groupes ne sont pas différents du point de vue du besoin en cognition (ANOVA variances égales F(8 ; 477)= 1,155, p=,325). Comparaison des groupes par rapport à la facette signe de l'implication envers la catégorie de service Internet Les résultats de l'ANOVA indiquent qu'il n'y a pas de différence concernant la facette signe de l'implication envers Internet (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)=,346, p=,948) ; test non-paramétrique de Kruskal-Wallis, Khi-deux (8)= 2,940, p=,938). Comparaison des groupes par rapport à la facette importance du risque de l'implication envers la catégorie de service Internet Les groupes ne sont pas différents du point de vue de la facette importance du risque de l'implication envers la catégorie de service Internet (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)= 1,113, p=,352). Compa raison des groupes par rapport à la facette plaisir de l'implication envers la catégorie de service Internet La facette plaisir de l'implication envers Internet ne présente pas de différences entre les groupes (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)=,411, p=,915). 359 Comparaison des groupes par rapport à la facette probabilité d'erreur de l'implication envers la catégorie de service Internet La probabilité d'erreur de l'implication envers Internet ne diffère pas d'un groupe à l'autre (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)=,999, p=,436). Comparaison des groupes par rapport au nombre de lecteurs du magazine l'Etudiant Le nombre de lecteurs du magazine l'Etudiant n'est pas statistiquement différent d'un groupe à l'autre (Khi-2 (8)= 8,585, p=,378 bilatéral). Comparaison des groupes par rapport à la connaissance préalable de la couleur de fond de la publicité pour Orange Un peu plus de la moitié des répondants connaissent la couleur de fond des publicités pour la marque Orange (noir). La connaissance de la couleur de fond utilisé habituellement dans les publicités pour Orange n'est pas différente d'un groupe à l'autre (Khi-deux de Pearson (8)= 9,400, p=,310). Comparaison des groupes par rapport à la dimension cognitive de leur attitude a priori envers la marque (Ab prior) La dimension cognitive de l'attitude envers la marque a priori n'est pas différente d'un groupe à l'autre (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)=,895, p=,521). En ce qui concerne le degré de certitude dans cette évaluation cognitive de l'attitude envers la marque a priori, il n'existe pas non plus de différences d'un groupe à l'autre (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)= 1,155, p=,325). Comparaison des groupes par rapport à la dimension affective de leur attitude a priori envers la marque (Ab prior) La dimension affective de l'attitude envers la marque a priori n'est pas différente d'un groupe à l'autre (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)=,379, p=,932). 360 En ce qui concerne le degré de certitude dans cette évaluation affective de l'attitude envers la marque a priori, il n'existe pas non plus de différences d'un groupe à l'autre (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)= 1,101, p=,361). Comparaison des groupes par rapport à la dimension conative de leur attitude a priori envers la marque (Ab prior) La dimension conative de l'attitude envers la marque a priori n'est pas différente d'un groupe à l'autre (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)=,423, p=,907). En ce qui concerne le degré de certitude dans cette évaluation conative de l'attitude envers la marque a priori, il n'existe pas non plus de différences d'un groupe à l'autre (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)= 1,112, p=,353 ) Cette section nous a permis de vérifier que les différents groupes étaient homogènes vis-à-vis de différentes caractéristiques qui pourraient venir altérer les analyses ultérieures. Force est de reconnaître que les groupes présentent des différences quant à la proportion d'hommes et de femmes. 10.2.3. TESTS DES HYPOTHÈSES RELATIVES À L'INFLUENCE DU JUGEMENT À L'ÉGARD DE LA COULEUR POUR LA PUBLICITÉ POUR INTERNET 10.2.3.1. L'EFFET DU JUGEMENT À L'ÉGARD DE LA COULEUR SUR LA PROBABILITÉ D'ÉLABORATION COGNITIVE Pour tester l'effet du jugement à l'égard de la couleur sur la probabilité d'élaboration cognitive, il convient de neutraliser l'effet des variables qui pourraient influencer la probabilité d'élaboration cognitive. L'humeur avant exposition aux annonces, l'attitude envers la publicité en général ainsi que l'implication envers la catégorie de produit ont été insérées comme covariables afin de neutraliser leur effet respectif. Nous n'avons pas trouvé d'effet significatif du besoin en cognition, de l'humeur avant exposition, et de l'implication (signe, importance du risque, plaisir et probabilité d'erreur) sur la probabilité d'élaboration cognitive. L'attitude envers la publicité en général a un effet sur la probabilité d'élaboration cognitive (F(1, 260)= 10,922, p=,001). Le jugement à l'égard de la couleur de la publicité pour Internet n'a pas d'effet significatif sur la probabilité d'élaboration cognitive (F(8, 260)=1,125, p=,347), R deux =,074 (R deux ajusté =,042). Les hypothèses H4 et H5 ne sont pas supportées pour l'annonce concernant Internet. La congruence perçue entre la couleur et l'annonce n'a pas d'effet sur la probabilité d'élaboration cognitive L'agrément vis-à-vis de la couleur de l'annonce n'a pas d'effet sur la probabilité d'élaboration cognitive 10.2.3.2. L'EFFET DU JUGEMENT À L'ÉGARD DE LA COULEUR SUR LA MÉMORISATION Pour étudier l'effet du jugement à l'égard de la couleur sur la mémorsation, nous n'avons intégré aucune covariable. Nous avons effectué des analyses de variance ainsi que le test de Kruskal-Wallis pour les variables qui présentaient des problèmes de normalité. Le jugement à l'égard de la couleur n'a aucun effet sur le nombre d'éléments mémorisés (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)= 1,029, p=,413 ) ; test non-paramétrique de KruskalWallis Khi-2 (8)= 7,504, p=,483). Lorsque l'on demande aux répondants d'indiquer la (ou les) marque(s) que l'on cherchait à promouvoir en leur indiquant la catégorie de produit, on constate que le jugement à l'égard de la couleur n'a pas d'effet sur la mémorisation spontanée de la marque vantée (Orange) (Khi-2 de Pearson (8)= 11,838, p=,159 (bilatéral ). Lorsque l'on demande aux répondant s'ils se souviennent avoir vu une publicité pour une offre d'abonnement à un opérateur de téléphonie mobile ou à un fournisseur d'accès à Internet, on constate que le jugement à l'égard de la couleur n'a pas d'effet sur la mémorisation de la catégorie de produit vantée (Khi-2 de Pearson (8)= 5,457, p=,708 (bilatéral). Lorsque l'on demande au répondant s'il s'agissait d'une publicité pour un fournisseur d'accès à Internet ou un opérateur de téléphonie mobile, le jugement à l'égard de la couleur ne semble pas avoir d'effet (Khi-2 de Pearson (8)= 6,210, p=,624 (bilatéral). Le jugement envers la couleur n'a pas d'effet sur la mémorisation de la couleur de fond de la publicité. Nous n'avons pas pu effectuer de test du Khi-2 car les effectifs théoriques étaient inférieurs à cinq pour certaines cellules. Les hypothèses H7 et H8 sont supportées pour l'annonce concernant Internet. Plus la couleur est jugée congruente, plus la mémorisation sera grande. Plus la couleur est appréciée, plus la mémorisation sera grande. 10.2.3.3. L'EFFET DU JUGEMENT À L'ÉGARD DE LA COULEUR SUR L'ATTITUDE ENVERS LA MARQUE A POSTERIORI (AB POST) Effet du jugement à l'égard de la couleur sur la dimension cognitive de l'attitude envers la marque L'effet du jugement à l'égard de la couleur sur la dimension cognitive de l'attitude envers la marque a posteriori a été testé en insérant comme covariant l'évaluation cognitive de l'attitude envers la marque a priori (c'est-à-dire avant exposition). On conçoit aisément que l'attitude envers la marque avant exposition ait un effet sur l'attitude envers la marque après exposition. La dimension cognitive de l'attitude envers la marque a priori a un effet sur la dimension cognitive de la marque a posteriori (F(1, 476)= 278,280, p=,000). Le jugement à l'égard de la couleur n'a pas d'effet sur la composante cognitive de l'attitude envers la marque (F(8, 476)=,734, p=,661). R deux =,375 (R deux ajusté =,363) En ce qui concerne le degré de certitude dans l'évaluation cognitive de l'attitude envers la marque, le degré de certitude a priori a un effet sur celui mesuré a posteriori (F(1, 476)= 102,452, p=,000). Le jugement à l'égard de la couleur n'a pas d'effet sur le degré de certitude dans l'évaluation de la dimension cognitive de l'attitude envers la marque (F(8, 476)= 1,536, p=,142). R deux =,195 (R deux ajusté =,180) Effet du jugement à l'égard de la couleur sur la dimension affective de l'attitude envers la marque L'effet du jugement à l'égard de la couleur sur la dimension affective de l'attitude envers la marque a posteriori a été testé en insérant comme covariant l'évaluation affective de l'attitude envers la marque a priori (c'est-à-dire avant exposition). On conçoit aisément que l'attitude envers la marque avant exposition ait un effet sur l'attitude envers la marque après exposition. La dimension affective de l'attitude envers la marque a priori a un effet sur la dimension affective de la marque a posteriori (F(1, 476)= 484,259, p=,000). Le jugement à l'égard de la 364 couleur n'a pas d'effet sur l'affect de l'attitude envers la marque (F(8, 476)=,758, p=,640). R deux =,509 (R deux ajusté =,500) En ce qui concerne le degré de certitude dans l'évaluation affective de l'attitude envers la marque, le degré de certitude a priori a un effet sur celui mesuré a posteriori (F(1, 476)= 97,765, p=,000). Le jugement à l'égard de la couleur n'a pas d'effet sur le degré de certitude de l'évaluation de la dimension affective de l'attitude envers la marque (F(8, 476)= 1,309, p=,237). R deux =, 190 ( R deux ajusté =,175) Effet du jugement à l'égard de la couleur sur la dimension conative de l'attitude envers la marque La dimension conative de l'attitude envers la marque a priori a été introduite comme covariant dans l'analyse pour la même raison que précédemment. Celle-ci a un effet significatif sur la dimension conative de l'attitude envers la marque a posteriori (F(1, 476)= 255,434, p=,000). Le jugement à l'égard de la couleur n'a pas d'effet sur la dimension conative de l'attitude envers la marque (F(8, 476)=,818, p=,587) R deux =,357 (R deux ajusté =,344) Si on considère à présent le degré de certitude dans l'évaluation conative de l'attitude envers la marque, le degré de certitude a priori a un effet sur celui a posteriori (F(1, 476)= 78,162, p=,000). Le jugement à l'égard de la couleur n'a pas d'effet sur le degré de certitude de la dimension conative de l'attitude envers la marque (F(8, 476)=,965, p=,462). R deux =,158 (R deux ajusté =,142) Les hypothèses H25 et H26 ne sont pas supportées pour l'annonce pour Internet. La congruence perçue entre la couleur et l'annonce n'a pas d'effet sur l'attitude envers la marque (Ab) L'agrément vis-à-vis de la couleur de l'annonce n'a pas d'effet sur l'attitude envers la marque (Ab) .3.4. L'EFFET DU JUGEMENT À L'ÉGARD DE LA COULEUR SUR L'ATTITUDE ENVERS L'ANNONCE (AAD) Effet du jugement à l'égard de la couleur sur la dimension hédoniste de l'attitude envers l'annonce L'humeur et l'attitude envers la publicité peuvent avoir un effet sur l'attitude envers l'annonce. Ils ont été introduits comme covariants. L'humeur n'a pas eu d'effet sur le volet hédoniste de l'attitude envers l'annonce pour la voiture. L'attitude envers la publicité en général a un effet sur le volet hédoniste de l'attitude envers l'annonce (F(1, 476)= 2,990, p=,084). Le jugement à l'égard de la couleur a un effet sur la dimension hédoniste de l'attitude envers l'annonce (F(8, 476)= 6,524, p=,000). R deux =,104 (R deux ajusté =,087) D'après les comparaisons multiples de Sidak, lorsqu'une couleur est faiblement congruente et fortement appréciée, l'annonce est plus appréciée que lorsque la couleur de l'annonce est faiblement congruente et faiblement appréciée (p=,049). Effet du jugement à l'égard de la couleur sur la dimension de non-lassitude de l'attitude envers l'annonce L'humeur et l'attitude envers la publicité peuvent avoir un effet sur l'attitude envers l'annonce. Ils ont été introduits comme covariants. L'humeur et l'attitude envers la publicité en général n'ont pas eu d'effet sur le volet de nonlassitude de l'attitude envers l'annonce pour la voiture. Le jugement à l'égard de la couleur a un d'effet sur la dimension de non-lassitude de l'attitude envers l'annonce (F(8, 477)=4,063, p=,000). R deux =,064 (R deux ajusté =,048) 366 Les tests post-hoc de Sidak indiquent que les spectateurs ont plus envie de revoir l'annonce pour le fournisseur d'accès à Internet lorsque la couleur de celle-ci est fortement congruente et fortement appréciée que lorsqu'elle est faiblement congruente et faiblement appréciée (p=,000). Les hypothèses H22 et H23 sont supportées pour l'annonce concernant Internet. Plus la couleur est jugée congruente, plus l'attitude envers l'annonce sera favorable Plus la couleur est appréciée, plus l'attitude envers l'annonce sera favorable 10.2.3.5. L'EFFET DU JUGEMENT À L'ÉGARD DE LA COULEUR SUR LES RÉPONSES AFFECTIVES DÉCLENCHÉES PAR L'ANNONCE (RADA) Effet du jugement à l'égard de la couleur sur les RADA positives L'humeur ainsi que le niveau optimal de stimulation ont été introduits comme covariants. L'humeur et le niveau optimal de stimulation n'ont pas eu d'effet significatif. Le jugement à l'égard de la couleur a un effet sur les RADA positives (ANOVA variances égales, F(8, 477)= 5,047, p=,000 R deux =,078 (R deux ajusté =,063) ; test non-paramétrique de KruskalWallis, Khi-2 (8)=33,541 p=,000). D'après les comparaisons multiples de Sidak, une couleur fortement congruente et fortement appréciée entraîne des RADA postives plus grandes qu'une couleur faiblement congruente et faiblement appréciée (p=,000), qu'une couleur moyennement congruente et faiblement appréciée (p=,020), qu'une couleur fortement congruente et faiblement appréciée (p=,057), qu'une couleur faiblement congruente et moyennement appréciée (p=,035), ou encore qu'une couleur moyennement congruente et moyenne appréciée (p=,085). 367 Effet du jugement à l'égard de la couleur sur les RADA négatives L'humeur et le niveau optimal de stimulation n'ont pas eu d'effet significatif. Nous avons donc effectué une analyse de variance ainsi que le test non-paramétrique de Kruskal-Wallis. Le jugement à l'égard de la couleur a un effet sur les RADA négatives (ANOVA variances égales, F(8 ; 477)= 4,223, p=,000, R deux =,066 (R deux ajusté =,050) ; test nonparamétrique de Kruskal-Wallis, (Khi-2(8)= 42,377, p=,000). Une couleur faiblement congruente et faiblement appréciée entraîne des RADA négatives plus fortes qu'une couleur faiblement congruente et moyennement appréciée (p=,038), qu'une couleur moyennement congruente et fortement appréciée (p=,010), qu'une couleur fortement congruente et fortement appréciée (p=,002) d'après les comparaisons multiples de Sidak. Les hypothèses H10, H11, H12 et H13 sont supportées pour l'annonce concernant Internet. H10. Plus la couleur dominante est jugée congruente avec l'annonce, plus les réactions affectives positives déclenchées par l'annonce seront fortes H11. Plus la couleur dominante est jugée congruente avec l'annonce, plus les réactions affectives négatives déclenchées par l'annonce seront faibles H12. Plus la couleur dominante de l'annonce est appréciée, plus les réactions affectives positives déclenchées par l'annonce seront fortes H13. Plus la couleur dominante de l'annonce est appréciée, plus les réactions affectives négatives déclenchées par l'annonce seront faibles L'EFFET DU JUGEMENT À L'ÉGARD DE LA COULEUR SUR LES CROYANCES ENVERS L'ANNONCE (CAD) Influence du jugement à l'égard de la couleur sur la dimension efficacité du visuel publicitaire L'humeur, l'attitude envers la publicité en général et le besoin en cognition n'ont pas d'effets et on été retirés de l'analyse. Le jugement à l'égard de la couleur a un effet sur la dimension efficacité du visuel publicitaire des croyances envers l'annonce (F( 8, 477)= 10,625, p=,000, R deux =,151 (R deux ajusté =,137)). Les résultats des tests pots-hoc de sidak indiquent que les croyances envers l'efficacité du visuel publicitaire sont plus favorables lorsque la couleur de l'annonce est fortement congruente et moyennement appréciée que lorsqu'elle est faiblement congruente et faiblement appréciée (p=,003). Une couleur faiblement congruente et fortement appréciée entraîne des croyances envers l'efficacité du support publicitaire plus grandes qu'une couleur faiblement congruente et faiblement appréciée (p=,002) ou qu'une couleur fortement congruente et faiblement appréciée (p=,097). Une couleur moyennement congruente et fortement appréciée entraîne des croyances envers l'efficacité du support publicitaire plus grandes qu'une couleur faiblement congruente et faiblement appréciée (p=,005) ou qu'une couleur fortement congruente et faiblement appréciée (p=,048). Une couleur fortement congruente et fortement appréciée entraîne des croyances envers l'efficacité du support publicitaire plus grandes qu'une couleur faiblement congruente et faiblement appréciée (p=,000) ou qu'une couleur moyennement congruente et faiblement appréciée (p=,004) ou encore qu'une couleur fortement congruente et faiblement appréciée (p=,000). Influence du jugement à l'égard de la couleur sur le caractère choquant du visuel publicitaire L'humeur n'a pas eu d'effet et a été retirée de l'analyse. L'attitude envers la publicité en général a un effet sur le caractère choquant du visuel publicitaire (F(1, 475)= 8,034, p=,005). Le besoin en cognition a également un effet sur le caractère choquant du visuel publicitaire (F(1, 475)= 2,951, p=,086). D'après l'analyse de covariance, Le jugement à l'égard de la couleur a 369 un effet sur le caractère choquant du visuel publicitaire (F(8, 475)=2,326, p=,019). R deux =,059 (R deux ajusté =,039) Le test de Kruskal-Wallis indique également un effet du jugement à l'égard de la couleur sur le caractère choquant de l'annonce (Khi-deux (8)= 18,655, p=,017). Influence du jugement à l'égard de la couleur sur les croyances envers le message L'humeur n'a pas eu d'effet et a été retirée de l'analyse. L'attitude envers la publicité en général a un effet sur les croyances envers le message (F(1,475)= 3,429, p=,065). Le besoin en cognition a un effet sur les croyances envers le message (F(1,475)=3,805, p=,052). Le jugement à l'égard de la couleur a un effet sur les croyances envers le message (F(8, 475)=2,353, p=,017, R deux =,051 (R deux ajusté =,031)). Les croyances envers le message sont plus grandes lorsque la couleur de l'annonce est fortement congruente et fortement appréciée que lorsqu'elle est faiblement congruente et faiblement appréciée (p=,002). Les hypothèses H15, H16, H17, H18, H19 et H20 sont supportées pour l'annonce concernant Internet. H15. Plus la couleur dominante est jugée congruente avec l'annonce, plus les croyances envers l'efficacité du visuel publicitaire seront favorables H16. Plus la couleur dominante est jugée congruente avec l'annonce, plus les croyances envers le caractère choquant de l'annonce seront faibles H17. Plus la couleur dominante est jugée congruente avec l'annonce, plus les croyances envers le message seront favorables H18. Plus la couleur dominante de l'annonce est appréciée, plus les croyances envers l'efficacité du visuel publicitaire seront favorables H19. Plus la couleur dominante de l'annonce est appréciée, plus les croyances envers le caractère choquant de l'annonce seront faibles H20. Plus la couleur dominante de l'annonce est appréciée, plus les croyances envers le message seront favorables Conclusion du chapitre 10 L'analyse statistique des résultats concernant les effets du jugement à l'égard de la couleur confirme l'essentiel des relations proposées. Plus la couleur est jugée congruente ou plus elle est appréciée, plus les réactions affectives positives déclenchées par l'annonce sont fortes, plus les réactions affectives négatives sont faibles, plus les croyances envers l'efficacité du visuel publicitaire sont favorables, plus les croyances envers le caractère choquant de l'annonce sont faibles, plus les croyances envers le message sont favorables et plus l'attitude envers l'annonce est favorable. 371 CONCLUSION Contributions de la recherche ______________________________379 Contributions théoriques ____________________________________ 379 Contributions méthodologiques ______________________________ 380 Contributions managériales__________________________________ 382 Les limites et voies de la recherche__________________________382 L'absence de couleur en marketing? _______________________388 372 CONCLUSION Le consommateur vit dans un monde en couleurs (Divard et Urien, 2001). Le matin, il met son jean bleu assorti à son pull rouge vif, se rend à son travail avec sa voiture grise en respectant les feux verts, voit une affiche rose dans la rue (couleur qui le surprend), s'assoit sur sa chaise noire, salue son collègue au costume marron (couleur qu'il déteste), s'esclaffe parce qu'il n'a plus d'encre de couleur dans son imprimante (il manque du jaune), se précipite pour acheter des chaussures noires (cette couleur va bien avec tous ses habits), admire les tons magnifiques du coucher de soleil avant de rentrer pour rêver de ce monde coloré Cette illustration indique que la couleur est omniprésente dans la vie du consommateur. Même le noir, le blanc et le gris, souvent opposés à la couleur 225 (Fleury et Imbert, 1996 ; Le petit Larousse, 1999), constituent pourtant des couleurs à part entière (Déribéré, 2000). Jusqu'au XVIIème siècle, on considérait d'ailleurs le noir et blanc comme des couleurs (1.1.1.). En dépis de la classification spectrale des couleurs de Newton (1.1.2.), qui a conduit à distinguer la couleur du noir, du blanc et du gris, on utilise pourtant toujours le terme de couleurs (achromatiques) pour les désigner (Sève, 1996 ; Divard et Urien, 2001). Même un physicien (Sève, 1996) pour qui le noir correspond pourtant à une absence de couleur, concède que le noir est une couleur si on ne le prend pas isolément. Le consommateur est donc soumis de façon permanente à des sensations colorées. On pourrait croire que fermer les yeux lui permettrait de « se protéger », de se soustraire à cette multitude de stimuli colorés mais cet effort est vain dans la mesure où l'oeil n'est pas la seule fenêtre sur la couleur. Il est illusoire de penser qu'en fermant les yeux, la couleur disparaît. En effet, même lorsqu'il a les yeux fermés, ses autres sens restent en éveil. Ainsi, le goût de menthe peut lui évoquer du vert, l'odeur de lavande lui faire penser à du violet, certaines sonorités peuvent induire certaines couleurs, et des sensations tactiles peuvent aussi être à l'origine d'une sensation colorée. Privé de ces cinq sens, cet individu serait-il enfin libérer de la couleur? Il n'en est rien, la couleur résiste, elle perdure au sein de sa mémoire. Les couleurs qu'il a vues se rappellent à lui, elles viennent à son esprit. Et s'il était privé de sa capacité à se souvenir de la couleur? Là encore, la couleur résiste. Son imagination continuera à produire des sensations colorées. Et s'il était incapable de s'imaginer la couleur? Là encore, cet effort est vain. Privé de sa capacité à reconnaître, mémoriser, et même imaginer la couleur, il continuerait néanmoins à distinguer les couleurs (Zeki, 2000b, 2005). Le consommateur ne peut donc pas se soustraire à la couleur. Force est de reconnaître que les stimuli marketing qui l'entourent ne font qu'épouser cette réalité colorée. Il est dès lors légitime de se demander quel est intérêt de se pencher sur la couleur en publicité puisqu'elle est forcément utilisée. Pourtant, des couleurs différentes sont susceptibles d'entraîner des effets différents sur le consommateur. Dès lors, le choix de la couleur d'une annonce publicitaire n'est pas anodin, même au sein de l'univers coloré dans lequel le consommateur évolue. Tout comme d'autres travaux de recherche qui l'ont précédée, cette thèse s'efforce de montrer que certaines couleurs entraînent des effets plus positifs que d'autres sur les réponses à la publicité. Le choix des couleurs influence les effets des publicités qui les utilisent. La couleur est en effet susceptible d'influencer les réponses à la publicité. Ainsi les résultats concernant l'effet de la couleur sur la probabilité d'élaboration cognitive sont partagés. Seule la couleur de la publicité concernant la voiture a eu un effet sur la probabilité d'élaboration cognitive. Pour la publicité concernant la marque Peugeot, nos résultats tendent à montrer que le bleu entraîne un degré d'élaboration cognitive plus grand que le rouge ou le blanc. Il nous est toutefois difficile de conclure dans la mesure où nos résultats indiquent également l'absence d'effet de la couleur sur la probabilité d'élaboration cognitive pour la publicité de la marque Orange. Les résultats de l'expérimentation que nous avons menée semblent montrer que la couleur a également un effet sur la mémorisation. Tout d'abord, la couleur semble avoir un effet sur la 374 mémorisation du prix pour les deux marques que nous avons étudiées. La mémorisation du prix de la voiture de marque Peugeot d'une part, et du forfait Internet d'Orange d'autre part, est respectivement meilleure lorsque la couleur de la publicité est bleue, et lorsqu'elle est d'une autre couleur que le rouge. Nous ne pouvons pas conclure sur la capacité du bleu à améliorer la mémorisation du prix, compte tenu du fait qu'il s'agit de la couleur de la marque Peugeot. Cependant, le rouge semble être une couleur qui diminue la mémorisation du prix comme le montrent les résultats de la publicité pour l'offre d'accès à Internet d'Orange. Or, les couleurs habituellement utilisées dans les publicités pour la marque Orange sont le noir, l'orange voire le blanc mais pas le rouge. Il semble donc peu probable que les couleurs de la marque viennent interférer sur ces résultats. D'autres effets de la couleur sur la mémorisation ont été mis en évidence mais uniquement pour l'annonce concernant Internet. La reconnaissance de la catégorie de service vantée (accès à Internet) est plus grande chez les indvidus qui n'ont pas reçu une annonce en rouge que chez ceux qui ont reçu l'annonce rouge. Ce résultat peut traduire une plus grande confusion de la personne interrogée lorsque l'annonce est rouge, ou bien une plus forte tendance à associer le rouge à la téléphonie mobile plutôt qu'à Internet. La couleur de la publicité pour Internet a aussi un effet sur la mémorisation assistée du nom de la marque vantée dans la publicité (Orange). La reconnaissance de la marque Orange est d'autant plus grande que la couleur de la publicité est noire, ou qu'elle n'est pas rouge. Le résultat concernant le noir n'est pas suprenant dans la mesure où cette couleur est la couleur de fond habituellement utilisée dans les publicités de la marque Orange. En ce qui concerne les réactions affectives déclenchées par l'annonce (RADA), couleur ne semble pas les influencer dans le cas de la publicité pour la voiture Peugeot. En revanche, dans le cas de la publicité concernant Internet, le jaune semble provoquer des réactions affectives négatives plus importantes que le rouge. De plus, conformément à nos attentes, la couleur semble avoir un effet sur les croyances envers l'annonce (Cad). Les deux catégories de produits et marques que nous avons étudiées ont un effet sur les croyances envers l'efficacité du visuel publicitaire.
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UNE PRODUCTION ACCRUE DE FACTEURS DE CROISSANCE ET UN HAUT NIVEAU D'AMPLIFICATION DU GENE C-MYC DIFFERENCIE LES CLONES TUMORIGENES DES CLONES NON TUMORIGENES DE LA LIGNEE DE CANCER DU SEIN SW613-S REGULATION DE L'EXPRESSION DU PROTO-ONCOGENE C-FOS PAR L'HORMONE SOMATOTROPE AU COURS DE LA DIFFERENCIATION DES PREADIPOCYTES EN CULTURE Dani C. Grimaldi P Barcell ini-Couget, S., Doglio A . (,. des!ic jetice!3, l'arc L CenLre de Biochimie (CMt5 lJPlt 750(1), 1 Valr&dquo;,;e, 06(]34 Nice cx, d Uù 1 rance. Le traitement à long terme des cellules préadipocytaires par l'hormone somatotrope (GH) est nécessaire à des gènes de différenciation terminale (GPDH, aP2, adipsine, ) sans que les mécanismes d'action de J'hormone ne soient élucidés. Outre cet effet à long terme de la GH sur les préadipocytes, des événements beaucoup plus rapides de l'hormone peuvent être mis en évidence : ainsi la transcription du proto-oncogène c-fos est activée 15 minutes après l'ajout de GH à des cellules confluentes maintenues en sérum. Comme pour d'autres inducteurs connus du gène fos (la PGF Zn et les facteurs de croissance), l'effet est transitoire, implique la formation de diacylglycérol (DAG!, l'activation de la protéine kinase C (PKC) et ne nécessite pas de synthèse protéique. Cependant l'activation du gène fos par la GH sernble mettre en jeu une voie métabolique dont le précurseur de DAG n'est pas le plus l'inhibition de la synthèse protéique ne permet pas de prolonger la réponse à l'hormone du gène c-fos comme cela a été décrit pour les autres inducteurs. Ces résultats suggèrent fortement que la par la GH dans les cellules adipocytaires met en jeu une voie d'activation et/ou des éléments regulateurs sur le gène différents de ceux caractérisés à ce jour. Le proto-oncogène c-fos code pour une protéine nucléaire qui jouerait, en coopération avec d'autres facteurs transcriptionnels, un rôle dans la régulation positive ou négative de gènes en réponse à des signaux extra-cellulaires. Récemment il a été rnis en évidence dans le laboratoire de tl. Spiegelman (Boston, C.U.) que la protéine Fos intervient in vitro dans la formation du complexe nu oprotéique se fixant à l'élément régulateur FSE (&dquo;fat cell-specific element&dquo;) du gène aP2 induit au cours de la différenciation adipocytaire. Ainsi l'induction du gène c-fos par la GH dans les cellules en voie de différenciation pourrait être l'un des relais dans le mécanisme d'action de la Gtt conduisant à l'induction des gènes tardifs de conversion adipocytaire. l'expression phosphatidyl-inositol. De régulation UNE PRODUCTION ACCRUE DE FACTEURS DE CROISSANCE ET UN HAUT NIVEAU D'AMPLIFICATION DU GENE C-MYC DIFFERENCIE LES CLONES TUMORIGENES DES CLONES NON TUMORIGENES DE LA LIGNEE DE CANCER DU SEIN SW613-S Brison O. Lamonerie T. Modjtahedi N. Binoux 2 Hossenlopp M. P. Haddada H. Lazar E. 1) CNRS URA 1158, IGR, Villéjuif ; 2) INSERM U 142, Hôpita) Trousseau, Paris ; 3) CNRS FRANCE. UPR 275, IRSC, Villejuif, Le gène c-myc est amplifié dans la lignée SW613-S qui a été établie à partir d'un carcinome mammaire humain. Une analyse de clones cellulaires a montré que cette lignée est hétérogène aussi bien du point de vue du nombre de copies du gène c-myc par cellule que de leur localisation chromosomique. En effet ces copies sont soit portées par des chromosomes minuscules doubles soit intégrées dans un chromosome. Les clones ayant un haut niveau d'amplification de tumorigènes chez la souris athymique alors que ceux ayant un niveau faible ne le sont pas. L'introduction de copies du gène c-myc par transfection dans les cellules de plusieurs clones non tumorigènes leur confère un phénotype de ces cellules chez tumorigène ce qui indique qu'un haut niveau d'amplification d'amplitication de c-myc contribue à la tumorigénicité e c-myc sont Ce Fil.notype l'animal. La croissance des clones non tumorigènes in vitro en milieu chimiquement défini et sans sérum est beaucoup plus limitée que celle des clones tumorigènes, ce qui suggère que ces deux types cellulaires ont des exigences en facteurs de croissance différentes. Une étude comparée de milieux conditionnés pour la présence de TGF-a et d'IGFII a montré que ces deux facteurs de croissance sont surproduits par les clones ayant un haut niveau d'amplification de c-myc. expériences de transfert northern et de cartographie à la RNase ont confirmé que ces cellules renfermaient une plus grande quantité des mRNA du TGF-a et de l'IGFII que les cellules ayant un petit nombre de copies de c-myc. transferts western sondés avec de l'IGF marqué à l'iode 125 ont montré que la surexpression 'IGFII était accompagnée d'une sécrétion accrue des protéines porteuses d'IGF. Des expériences préliminaires indiquent que le gène du PDGF-A est aussi exprimé différentiellement. Nos résultats montrent que les clones tumorigènes de SW613-S surexpriment plusieurs gènes impliqués dans le contrôle de la prolifération cellulaire ce qui pourrait expliquer, au moins en partie, plus grande capacité à proliférer dans un milieu sans sérum. Des expériences sont en cours pour déterminer s'il y a une relation entre la production de facteurs de croissance et l'amplification du gène c-myc dans ces cellules.
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Effectivité des droits des créanciers et protection du patrimoine familial
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45. Synthèse : la prise en compte relative de la famille du débiteur. Ainsi, à travers la référence directe à la famille du débiteur dans les articles L. 112-2 5° et R. 112-2 du Code des procédures civile d’exécution, le législateur a entendu prendre en compte la nécessité que certains biens peuvent revêtir pour la famille du saisi. Ce dernier n’est pas envisagé comme un individu isolé. Cependant, qu’en est-il si un bien appartenant au débiteur ne présente aucun caractère de nécessité pour ce dernier mais revêt un caractère essentiel pour le travail de l’un des membres de sa famille? Cette situation devrait-elle faire obstacle à la saisie? À la lecture des articles précités une réponse négative devrait s’imposer. En effet, les articles L. 112-25° et R. 112-2 utilisent tous deux la conjonction de coordination « et », de laquelle il convient de déduire que l’insaisissabilité ne peut pas avoir pour objet de protéger les seuls intérêts d’un membre de la famille du débiteur. Pour être insaisissable, le bien doit, a minima être nécessaire à la vie ou au travail du saisi. La protection de la famille du débiteur n’intervient alors que par ricochet. B. La prise en compte de la mémoire familiale : l’insaisissabilité des « souvenirs à caractère personnel ou familial » 46. Parmi la liste des biens auxquels l’article R. 112-2 du Code des procédures civiles d’exécution fait référence, la catégorie des « souvenirs à caractère personnel ou familial » intéresse directement notre sujet puisqu’elle offre à la mémoire familiale un statut particulier dans le droit de l’exécution forcée. La notion de « souvenir de famille » n’a jamais fait l’objet de définition légale. S’il est revenu à la jurisprudence d’en définir les contours du souvenir de famille au sens du droit de l’exécution forcée (2.), C’est d’abord sous l’angle du droit successoral que le régime du souvenir de famille s’est construit (1.). Enfin, il conviendra de définir dans quelle mesure la dimension familiale d’un bien en ce qu’il est le support du souvenir de famille revêt une place particulière au regard du droit de l’exécution (3.). 1. La spécificité des biens meubles corporels supports du souvenir de famille en droit successoral 47. La consécration jurisprudentielle d’une « copropriété familiale ». C’est d’abord sous l’angle du droit successoral que la particularité d’un bien meuble corporel en ce qu’il peut être le support d’un souvenir de famille a été prise en compte106. Il est en effet apparu indispensable de consacrer en la matière des règles successorales dérogatoires. Dès 1939107, la Cour de cassation a considéré que les souvenirs de famille ne pouvaient pas être 106 107 V. M.-C DE ROTON CATALA, Droit patrimonial de la famille, Dalloz, 2011, n° 235. 141. Cass. req. 14 mars 1939, DP 1940. 1. 9, note R. Savatier. 42 Effectivité des droits des créanciers et protection du patrimoine familial soumis aux règles du partage telles qu’elles sont prévues par le droit commun. C’est ainsi « qu’en cas de désaccord entre les héritiers, l'attribution d'objets tels que décorations, armes de guerre, portraits de famille, en raison de leur caractère particulier de souvenirs de famille, peuvent ne pas être soumis aux règles habituelles des partages 108 ». Une formulation d'ensemble109 a par la suite été consacrée par la Cour de cassation dans un arrêt de la première chambre civile du 21 février 1978110. La Haute Cour a ainsi considéré que « les souvenirs de famille échappent aux règles de dévolution successorale et de partage établies par le Code civil et peuvent être confiés à titre de dépôt à celui des membres de la famille que les tribunaux estiment le plus qualifié ». L’attributaire du bien de famille n’en devient donc pas propriétaire mais simple déposant111. C’est ainsi que l’on a pu voir dans la notion de souvenir de famille une forme archaïque de propriété qu’est la mainmorte ; très fréquente au cours du moyen âge, cette institution a pour particularité que les biens « appartiennent indivisiblement au groupe sans droit subjectif pour chacun des communistes et se trouve donc impartageables » 112. La Cour de cassation a consacré l’existence d’un droit à la conservation des souvenirs dans les familles, une sorte d’indivision particulière que certains auteurs ont rangée sous le vocable de « copropriété familiale »113. Si ce terme apparaît inadapté en ce que la famille, dépourvue de personnalité morale, ne peut pas avoir de patrimoine, elle a le mérite d’illustrer la spécificité des biens qui incarnent une histoire familiale. Au terme de ce qui précède, on le comprend, le souvenir de famille n’obéit pas aux règles de partage classique. 48. L’inaliénabilité du souvenir de famille. L’ application de règles successorales exorbit antes du droit commun n’entraîne pas de facto l’ inaliénabilité des souvenirs de famille . S’il est incontestable que la qualité de déposant de celui qui en est l’attributaire de vrai t exclure toute possibilité d’aliénation, il est intéressant de faire état d’ une décision du Tribunal de Grande Instance de Paris 114 en date du 1er mars 1995 qui a retenu une solution contraire. En effet, les juges du fond ont considéré, à rebours de la jurisprudence de la Cour de cassation que « la notion de souvenirs de famille, exclusivement successorale, ne saurait être déterminante des modalités de transmission entre vifs de biens qui, revêtant une telle qualité n’en serait pas incessibles ». Cet arrêt ne reflète pourtant pas l’état de la jurisprudence puisque la Cour de cassation a associé dévolution dérogatoire et 108 Ibid J. LEMOULAND, op. cit., n° 128. 110 Cass. civ. 1re 21 févr. 1978, n° 76-10561, JCP G 1978, II, 18836, obs. Gulphe, D. 1978 , 505 note Lindon , RTD civ. 1978. 900 obs. R . Savatier . 111 CA Paris 11 juin 1956, D. 1956, jurispr. 729 ; CA Paris 25 juin 1956 : JCP G 1956, IV, n° 142. 112 F. ZENATI, art. précit. 113 S. HOVASSE-BANGET, « Divergence jurisprudentielle à propos du régime juridique des souvenirs de famille », JCP G 1995, II, 22477. 114 TGI Paris, 1re ch. 1er mars 1995 ; Cts d’Orléans c/Comte et Comtesse de Paris. 109 Effectivité des droits des créanciers et protection légale du patrimoine familial 43 indisponibilité115. Dans l’arrêt précité rendu en 1995, la Cour de cassation a tracé avec netteté les contours du régime du bien de famille puisqu’elle a affirmé que le déposant ne peut pas disposer du souvenir de famille. Cependant, une limite s’impose lorsque les souvenirs de famille constituent l’essentiel de la réserve héréditaire. En effet, comme l’a très justement souligné un auteur « La notion de souvenirs de famille n’a pas pour rôle de vider de toute substance le droit à la réserve »116. 49. L’indisponibilité du souvenir de famille. Si une partie de la doctrine tend à distinguer l’inaliénabilité qui exprimerait « un lien objectif, de nature réelle, affectant directement la chose », de l’indisponibilité qui traduit « une affectation purement subjective et temporaire » 117, il n’en demeure pas moins que l’indisponibilité est classiquement appréhendée comme étant un aspect de l’inaliénabilité. En reconnaissant que la conservation des souvenirs de famille est « un droit qui existe au profit des membres de la famille qui n’en sont pas les attributaires » 118, la Haute Cour a donc consacré l’indisponibilité des souvenirs de famille. Cette indisponibilité a pour conséquence que l’attributaire ne peut pas librement céder les biens qui reçoivent la qualification de biens de famille sauf à s’exposer à une procédure de saisie-revendication 119 : le fondement de l’inaliénabilité se distingue ici en raison du fait que l’inaliénabilité trouve son fondement dans l’affectation à un groupement 120. Cependant, cette indisponibilité a-t-elle pour conséquence de rendre le bien insaisissable? L’indisponibilité et l’insaisissabilité sont deux notions complémentaires en ce sens que l’insaisissabilité découle souvent de l’indisponibilité121. Mais tous les biens inaliénables ne sont pas forcément indisponibles. À titre d’exemple, les droits qui assurent le logement de la famille sont indisponibles puisque les époux ne peuvent pas en disposer l’un sans l’autre (article 215 du Code civil), mais la saisie du logement familial reste envisageable : le logement de la famille n’est pas insaisissable. 2. Définition du souvenir de famille au sens de l’ article R112-2 5° du Code des procédures civiles d’exécution 50. Parce qu’ils recouvrent une réalité différente des souvenirs de famille au sens commun du terme, les souvenirs à caractère personnel et familial au sens de l’article R. 112-2, 5° du Code des procédures civiles d’exécution répondent à des critères strictement 115 S. HOVASSE-BANGET, art. précit. Ibid 117 R . -N. SCHUTZ, « Inaliénabilité », Répertoire de Droit civil, 2014, Dalloz, n° 8. 118 S . HOVASS-BANGET , « Divergences jurisprudentielles à propos du régi me juridique des souvenirs de famille », JCP G n° 36, 1995 , II 22477. 119 Le régime de la saisie revendication est prévu par les articles L. 222-2 et R. 222-2 du Code des procédures civiles d’exécution. 120 R.-N. SCHUTZ, op. cit, n° 55. 121 Ibid 116 44 Effectivité des droits des créanciers et protection du patrimoine familial définis (a.). Au-delà de leur définition, il convient de s’interroger sur le lien entre la valeur affective et la valeur vénale des souvenirs de famille (b.) ainsi que sur la potentielle saisissabilité de leur support lorsqu’il s’agit de souvenirs de famille dématérialisés (c.). a. La définition du souvenir de famille au sens de l’article R. 111-2 5° du Code des procédures civiles d’exécution 51. Définition du souvenir de famille. Si le législateur n’a pas proposé de définition du « souvenir de famille », dans leur acception première, les souvenirs de famille peuvent être définis comme des objets familiaux, de valeur essentiellement morale et rappelant le passé122. Ils se caractérisent essentiellement par leur valeur affective qui devrait donc prévaloir sur leur valeur vénale123. C’est à l’occasion d’un contentieux généré par la mise en vente publique des collections de la maison d’Orléans que la Cour de cassation 124 a eu l’occasion, à deux reprises, de préciser la définition et le régime des souvenirs de famille. Les faits ayant donné lieu à l’intervention de la Haute Cour sont les suivants : le Comte et la Comtesse de Paris ont mis en vente chez un commissaire-priseur de très importantes collections de meubles, bijoux, manuscrits, tableaux. Certains des enfants se fondant sur le caractère familial de ces objets ont alors saisi le Juge de l’exécution d’une action en revendication. Parallèlement à cette action, les Consorts d’Orléans ont saisi le Tribunal de Grande Instance de Paris aux fins de voir juger que les biens dont la vente était projetée constituaient des souvenirs de famille. La Cour d’appel de Paris a, dans une décision du 3 juillet 1996 confirmée par la Cour de cassation en 1998125, rejeté leurs prétentions puisqu’elle a considéré que les objets dont la vente était projetée ne pouvaient pas recevoir la qualification de biens de famille. À l’occasion de ce contentieux, trois critères permettant de définir les contours de la notion de souvenir de famille ont pu être déga 126 : le rattachement matériel et immédiat du bien à la famille (α.), le temps de possession de ce dernier au sein du cercle familial (β.) et enfin un critère subjectif tiré du « comportement affectif de la famille à l'égard du bien » (γ.). α. Le critère du rattachement matériel et immédiat à la famille 52. La définition du souvenir de famille et le critère du « rapport direct » avec la famille du saisi. Dans son arrêt en date du 29 mars 1995, la deuxième chambre civile n’a pas manqué de souligner « le rapport direct de certains objets avec la famille d’Orléans » pour considérer que les biens en question étaient apparemment des biens de 122 J.-J. LEMOULAND, « Famille », Rép. dr. civil, Dalloz, 2005 , n° 126. J . -L. MOURALIS, « Demand es en partage », Juriclass eur Civil Code , Fas c . Unique , 2007, n° 28. 124 Cass . civ . 2 e, 29 mars 1995, n° 93-18769, Bull. civ. II, n° 115, Jurisdata n° 1995-000893 ; JCP G 1995, n° 36, p. 315 note Hovasse-Banget. ; D. 1995, somm. 330 obs. M. Grimaldi, RTD civ. 1996, 420, obs. F. Zénati ; Cass. civ. 1re 12 nov. 1998, n° 96-20. 236, Bull. civ. I, n° 311, D. 1999. 624 note Robichez. 125 Cass. civ. 1re 12 nov. 1998, n° 96-20. 236, Bull. civ. I, n° 311, D. 1999. 624 note Robichez. 126 F. ZENATI, art. précit., note sous Cass. civ. 2e, 29 mars 1995, Bull. civ. II, n° 11. 123 Effectivité des droits des créanciers et protection légale du patrimoine familial 45 famille. Qualifié de « fuyant »127, le critère du lien direct avec la famille a bénéficié d’une précision intéressante en 1998. La Haute Cour est en effet intervenue pour préciser que « la seule perpétuation du bien litigieux dans la famille était insuffisante à caractériser un lien matériel et immédiat ». Par conséquent, il est insuffisant que le bien ait été transmis de génération en génération, il est en effet en sus nécessaire que le bien puisse être intrinsèquement rattaché à la famille du saisi. Une jurisprudence rendue à propos de lettres manuscrites semble abonder en ce sens. En effet, dans un arrêt du 21 janvier 1978128, la Cour de Cassation a considéré que ne peuvent constituer des souvenirs de famille « des documents qui ne concernent pas la famille, n’émanant pas de ses membres et ne leur ayant pas été adressés ». Il en résulte ainsi que la Cour de cassation retient une interprétation très stricte du « lien direct avec la famille ». S’inscrivant dans le même mouvement jurisprudentiel, la première chambre civile a en outre précisé que l’apposition des armes de la famille était insuffisante à caractériser « le lien direct avec la famille d’Orléans ». Selon un auteur cette solution était avant tout guidée par la valeur patrimoniale desdits objets129, qui avoisinait la somme de 25 millions de francs, de sorte qu’il s’agirait plutôt d’une décision d’opportunité. Cependant, une décision de la Cour d’appel de Montpellier 130 permet d’illustrer, s’il en était besoin, la nécessaire caractérisation du lien de rattachement avec la famille, indépendamment de la valeur vénale du bien en cause. Dans la décision précitée, les jug du fond ont annulé une saisievente de bien meuble portant sur une aquarelle dont il était établi par diverses attestations qu’elle représentait une maison familiale. La formulation choisie par la Cour est à cet égard sans équivoque : « [...] l'aquarelle signée Serbos figurant à l'inventaire dressé par la SCP Berthezene Bichat est la représentation d'une maison familiale et constitue en conséquence un souvenir de famille ». Au regard de l’interprétation stricte du critère du rattachement matériel et immédiat à la famille il semble que catégorie des souvenirs de famille regroupe, à titre exclusif, les seuls biens que la simple contemplation permet de rattacher à une famille 131. 127 M. GRIMALDI, art. précit. Cass. civ. 21 janv. 1978, cité par M. Grimaldi, art. précit. Famille de Meneval, D. 1978. 505, Defrénois 1978, art. 31764, obs. G. Champenois. 129 J. ROBICHEZ, art. précit. 130 CA Montpellier CH. 05 A 27, sept. 2010 n° 10/01733. 131 M. GRIMALDI, art. précit. 128 46 Effectivité des droits des créanciers et protection du patrimoine familial Cependant, s’il s’agit d’un critère nécessaire, il ne saurait être suffisant. La Cour de cassation l’a rappelé en 1998. Saisie sur le fond par le Comte de Paris désireux de céder les biens frappés d’indisponibilité par la saisie-revendication, la Cour de cassation a considéré que : « plus que le caractère historique des biens litigieux, ou la seule perpétuation de leur possession par la famille d'Orléans, que l'apposition des armes de la famille sur ces objets, ne suffisaient à établir que chacun de ces meubles ait revêtu pour celle-ci une valeur morale telle qu'ils pourraient être qualifiés de souvenirs de famille ». γ. Le critère subjectif de l’attachement au bien 54. Si la possession prolongée et le rattachement direct du bien à une famille sont des conditions nécessaires à la caractérisation du bien de famille, elles n’en sont pas pour autant suffisantes. En effet, en 1998132, la Cour de cassation a semblé exiger l’adjonction d’un critère subjectif pour distinguer le simple bien de famille du souvenir de famille qui évoque l'idée d'une « charge affective que des générations successives lui ont procurée »133. Il convient donc de rapporter la preuve d’une charge affective spéciale134 liée au bien dont on sollicite la qualification du bien de famille. b. La qualification de « souvenir de famille » et l’indifférence de la valeur vénale du bien 55. Les souvenirs à caractère personnel et familial font partie de la catégorie des biens mobiliers nécessaires à la vie et au travail du saisi et de la famille dont ils ne sont qu’une application. Par conséquent, lorsqu’il s’agit d’objets de valeur, leur saisie devrait conformément à la limite posée par le législateur dans l’article L. 112-2 5°, redevenir possible. Pourtant, la jurisprudence rendue à propos de la notion de souvenir de famille dissocie le caractère familial d’un bien, de sa valeur pécuniaire. Pour reprendre les termes de Monsieur Zenati « La chose est ou n’est pas un souvenir de famille »135. La Cour de cassation a tranché cette question dans l’arrêt précité du 29 mars 1995. En l’espèce, certains membres de la famille d’Orléans ont saisi le Juge de l’exécution du Tribunal de Grande Instance de Paris à l’effet de faire obstacle à la vente aux enchères de biens meubles initiée par le Comte de Paris ; à cette fin, ils ont sollicité l’autorisation de pratiquer une saisie-revendication à fin d’immobiliser les biens objets de la vente. La Haute Cour a alors approuvé la décision des juges du fond d’avoir refusé d’ordonner la mainlevée de la saisie en ce qu’ils ont considéré que « Les objets litigieux constituent apparemment des souvenirs de famille indisponibles entre les mains du Comte de Paris auxquels leur valeur vénale ne peut faire perdre cette qualité ». Le pourvoi était en effet fondé sur le fait que si tant est qu’ils puissent constituer des souvenirs de famille, la valeur 132 Cass. civ. 12 nov. 1998, précit. REYNAUD-CHANON, « Les souvenirs de famille, une étape vers la reconnaissance de la personnalité morale de la famille », D. 1987, chron., p. 2645. 134 S. HOVASSE-BANGET, « Notion de souvenirs de famille », JCP G 1996, II, 22703. 135 F. ZENATI, art. précit. 133 Effectivité des droits des créanciers et protection légale du p atrimoine familial 47 pécuniaire de ces biens meubles devait faire obstacle à leur saisissabilité. La Cour de cassation a rejeté le pourvoi et a par la même occasion apporté une précision des plus intéressantes, puisqu’elle a considéré que la seule qualification de souvenir de famille suffit à rendre ledit bien indisponible, indépendamment de la valeur vénale qu’il peut revêtir. Une telle solution, contra legem, peut paraître excessive puisqu’elle a pour conséquence de sacrifier les droits du créancier en raison de la volonté de préserver la mémoire familiale qui lie une personne à un objet. Cependant, lorsqu’elle est associée à une interprétation stricte de la notion de souvenir de famille, l’atteinte qui en résulte est très limitée. De plus, cette décision se justifie dans la mesure où, comme l’a souligné un auteur136, dans le cas d’espèce les biens avaient vocation à prendre de la valeur au fil du temps. Une solution contraire aurait conduit à réduire le champ d’application de l’article R. 112-5, 13°)137. Cependant, cette assertion doit être relativisée puisque tous les biens ne prennent pas nécessairement de la valeur ; beaucoup en perdent au contraire. 56. La qualité de déposant et l’indifférence quant à la valeur vénale du souvenir de famille. Sous l ’ angle du droit successoral , la Cour de cassation avait déjà dit en 1942 que lorsqu’un bien revêt la qualification de « souvenir de famille », il peut être confié, en méconnaissance des règles de droit successoral, à celui des membres de la famille que les tribunaux estiment le plus qualifié. De la qualité de déposant de l’attributaire du souvenir de famille 138, découle alors naturellement l’indisponibilité du souvenir de famille. Au regard de cette qualité, toute saisie est impossible car elle doit être considérée comme portant sur la chose d’autrui. Le déposant ne dispose en effet d’aucun droit privatif, qui seul, pourrait rendre sa saisie possible. Par conséquent, au regard de cet élément, l’indifférence quant à la valeur vénale du bien sous l’angle des voies d’exécution est largement justifiée. c. Le souvenir de famille et son support 57. L’insaisissabilité du support du souvenir de famille. Au-delà des biens meubles corporels, les souvenirs de famille sont souvent consignés dans des photos ou dans des vidéos. Se pose alors la question de la saisissabilité de leur support. La doctrine la plus autorisée 139 s’est ainsi interrogée sur la possible insaisissabilité de l’ordinateur lorsqu’il est le support nécessaire de la lecture des souvenirs. En effet, indépendamment de la valeur patrimoniale qu’il revêt en tant qu’objet, l’ordinateur peut être le support de documents personnels ; il peut également être utilisé à des fins de recherche d’emploi, voire de formation professionnelle. Qu’en est-il de la prise en compte de ces différentes fonctions à l’heure où les potentialités qu’offre l’outil internet sont en constante 136 O. SALATI, « Insaisissabilité », JurisClasseur Procédure Formulaire, Fasc. unique, 2010, n° 26. O. SALATI, op. cit,, n° 27. 138 F. ZENATI, art. précit ; Ch. Req. 30 juin 1942, JCP 1943. II. 2254, note R. Savatier. 139 S. GUINCHARD, T. MOUSSA, op. cit., n° 151. 12. 137 48 Effectivité des droits des créanciers et protection du patrimoine familial expansion? Interrogé en 2003 sur l’opportunité de rendre insaisissable l’ordinateur personnel, le garde des Sceaux de l’époque avait considéré qu’eu égard à la durée de la procédure de saisie-vente de biens meubles (qui entre la délivrance du commandement de payer140 et la saisie proprement dite s’étend sur une période d’au moins un mois et seize jours), le débiteur était en mesure de procéder aux sauvegardes de données qu’il juge nécessaires et que dans ces conditions l’insaisissabilité141 ne se justifiait pas. Cette réponse s’inscrit dans la lignée de l’opinion émise par les auteurs précités qui ont conclu, s’agissant des souvenirs de famille, que dès lors qu’ils peuvent être reproduits sur un support leur insaisissabilité ne se justifie pas. Cependant, il découle de cette solution que le débiteur saisi serait de façon paradoxale contraint de faire l’acquisition d’un outil de stockage142. 58. La définition du souvenir de famille dans le droit successoral et dans le droit de l’exécution forcée. Nous l’avons vu, le législateur a posé un principe d’insaisissabilité des souvenirs de famille. Partant, il convient de s’interroger sur le point de savoir si la notion de « souvenir de famille » telle qu’elle a été forgée par la jurisprudence en ma tière successorale , s’identifie à la notion de « souvenirs à caractère personnel ou familial » de l’article R . 112-2 du Code des procédures civiles d’exécution. De prime abord, une réponse positive devrait s’imposer. En effet, pour reprendre l’expression de Monsieur Zenati : « Un bien n’est ou n’est pas un souvenir de famille »143 de sorte que la qualification de souvenir de famille s’impose indépendamment du fait qu’il s’agisse d’une problématique liée au droit de l’exécution ou au droit successoral. Cependant, d’autres arguments militent en sens inverse. D’une part, la lettre même de l’article R. 112-2 13° ne vise pas directement « les souvenirs de famille », mais « les souvenirs à caractère personnel ou familial » et d’autre part, le droit de l’exécution n’offre pas aux souvenirs de famille une protection absolue. De prime abord, le terme de « souvenir à caractère personnel ou familial » utilisé par le Code des procédures civiles d’exécution semble plus large que le terme de « souvenir de famille ». À la lecture de l’article, il semble en effet que le lien qui unit l’objet à la famille puisse n’être que lointain puisque le bien ne devrait revêtir qu’un « caractère familial » pour être insaisissable. Mais la jurisprudence rendue sur le fondement de cet article révèle que cette interprétation ne peut pas être retenue. À notre sens, cette différence de terminologie ne se justifie donc pas. 59. Synthèse. le souvenir de famille : une insaisissabilité encadrée. Parce qu’elle est fondée sur la « valeur d’affection de ces objets144 » l’insaisissabilité du souvenir de 140 La délivrance du commandement de payer marque le point de départ d’un délai de huit jours (article R. 221-1 du Code des procédures civiles d’exécution) ; La vente ne pouvant alors intervenir que dans le délai d’un mois à compter de l’ de saisie : article L. 221-3 du Code des procédures civiles d’exécution. 141 Rép. Minis. à question écrite n° 20123, JOAN Q 18 août 2003, p. 6542. 142 C. MANARA, B. TABAKA, « Pour l’insaisissabilité de l’ordinateur familial », AJ Famille. 2008. 207. 143 F. ZENATI, art. précit. 144 M. et J.-B. DONNIER, Voies d’exécution et procédures de distribution, Litec, 2008, 8e éd, n°295. Effectivité des droits des créanciers et protection légale du patrimoine familial 49 famille est une illustration de la prise en considération de la famille du débiteur saisi. L’indisponibilité du souvenir de famille a pour corollaire son insaisissabilité. À l’instar de ce que la jurisprudence a consacré en matière successorale, le régime dérogatoire des souvenirs de famille tel qu’il est appréhendé par le droit de l’exécution a pour objectif « d'assurer la conservation de certains biens dans le cercle familial, et d’éviter leur dispersion à l'extérieur » 145. À cet égard, il est intéressant de constater que c’est principalement la famille par le sang qui est ici protégée et non la famille formée par les membres du couple, qu’ils soient mariés, pacsés ou concubins. À notre connaissance l’article R. 112-2 13° du Code des procédures civiles d’exécution est la seule illustration de la prise en compte par le législateur de la valeur affective que peut revêtir un bien à l’égard du débiteur saisi. Les souvenirs de famille sont d’ailleurs en réalité, « les seuls biens véritablement inaliénables dans l'intérêt de la famille146 ». Il s’agit d’une spécificité du droit de l’exécution qui mérite d’être soulignée puisqu’elle révèle en creux la prise en compte de la famille du débiteur, au détriment des intérêts du créancier. Aux yeux du législateur, la conservation de certains biens au sein d’une famille est donc parfois plus importante que le droit des créanciers à exécuter leur créance. C. L’insaisissabilité des objets d’enfants 60. Les enfants, en dépit de leur minorité peuvent disposer d’un patrimoine propre, indépendant de celui de leurs parents. Cependant, parce qu’ils sont frappés d’une incapacité d’exercice ils ne peuvent pas contracter de dettes. Dans ces conditions, ils ne sauraient faire l’objet de procédures civiles d’exécution et leur patrimoine est donc à l’abri de l’action des créanciers. Le législateur n’a pas pour autant ignoré leur situation puisqu’il a pris en compte l’intérêt que certains biens du débiteur saisi peuvent revêtir pour les enfants. En effet, l’article R. 112-2 12° du Code des procédures civiles d’exécution prévoit que les « objets d’enfants » sont insaisissables. La référence au terme d’enfants, donne une connotation familiale certaine à cet article. En effet, si la notion de famille recouvre plusieurs réalités, il est incontestable que la présence d’enfants est au fondement même de l’idée de famille. 61. Les objets d’enfants sont inclus par le législateur dans la catégorie des biens « nécessaires à la vie et au travail du saisi et de sa famille ». Cela peut tout d’abord surprendre puisque le terme d’objets d’enfant est très large et ne semble pas réduit à la protection des objets strictement nécessaires. En effet, l’utilité de cet article ne se justifierait pas s’il ne permettait pas de protéger par exemple les jouets des enfants qui ne revêtent pas un caractère vital. D’ailleurs, c’est presque exclusivement aux jouets et aux vêtements des enfants que cet article fait référence. Un arrêt rendu par la Cour d’appel de 145 146 J.-F. BARBIERI, « Les souvenirs de famille : mythe ou réalité juridique? », J CP 1984, I, p. 356, n° 4. R. N. SCHUTZ, op. cit. n° 52. 50 Effectivité des droits des créanciers et protection du patrimoine familial Paris à propos de poupées en est l’illustration 147. L’importance que peuvent revêtir les objets d’enfants n’est toutefois pas absolue et en fonction de leur valeur ces deniers pourront être saisis. 62. Nous l’avons vu, plusieurs dispositions légales révèlent que le droit de l’exécution fait, à certaines occasions, directement référence à la famille du débiteur. D’autres fois, cependant, la référence est plus indirecte. Il s’agit plus précisément du cas de l’insaisissabilité absolue de la prestation compensatoire. § 2. L’insaisissabilité et la famille désunie 63. Aux termes de l’article L. 112-2 3°) du Code des procédures civiles d’exécution – ancien article 14, 2° de la Loi du 9 juillet 1991 – les « provisions, les sommes et les pensions à caractère alimentaire sont insaisissables ». Il en résulte donc que de la qualification de « somme à caractère alimentaire » dépendra l’étendue du droit de gage du créancier. La notion de « sommes à caractère alimentaire » semble de prime abord revêtir une dimension familiale certaine puisqu’elle fait directement référence aux obligations alimentaires qui sont consubstantielles aux relations familiales. Cependant, l’insaisissabilité des sommes à caractère alimentaire ne trouve pas son fondement dans la situation familiale du débiteur. C’est en effet essentiellement en raison de la nature alimentaire de la créance que l’insaisissabilité a été édictée. Le cas particulier de l’insaisissabilité de la prestation compensatoire mérite toutefois d’être abordé puisqu’en dépit du fait qu’elle n’ait, que pour partie, une nature alimentaire, la jurisprudence a consacré son insaisissabilité totale. 64. Problématique. Les insaisissabilités parce qu’elles portent atteinte au droit de gage des créanciers, ne peuvent résulter que d’une disposition législative. La lettre de certaines dispositions offre à la jurisprudence un certain pouvoir d’appréciation. Il prend un relief particulier à propos de la prestation compensatoire. Introduite dans notre droit positif par la loi n° 75-617 du 11 juillet 1975, la prestation compensatoire est destinée à compenser, autant qu’il est possible, la disparité que la rupture du mariage crée dans les conditions de vie respectives des époux. Son introduction dans notre droit positif a eu « essentiellement pour but de remplacer la pension alimentaire que l’époux qui, du fait du divorce se trouvait dans le besoin, était en droit d’obtenir, à titre de sanction de l’autre conjoint, détenteur pour sa part de ressources suffisantes pour faire face aux frais communs exigés pour mener une vie sobre »148. Cette prestation est ainsi conditionnée au constat judiciaire ou conventionnel d’une disparité. Elle est en quelque sorte l’illustration de la 147 CA Paris, 10 déc. 1998. A. SERIAUX, « La nature juridique de la prestation compensatoire ou les mystères de Paris », RTD. civ. 1997, p. 53. 148 Effectivité des droits des créanciers et protection légale du patrimoine familial 51 survie du devoir de secours « né d’une union conjugale désormais dissoute »149. Si aucune méthode de calcul n’a été consacrée par le législateur150, l’article 271 du Code civil énonce néanmoins un certain nombre de critères qui devront être pris en compte par le juge pour déterminer le montant de la prestation compensatoire. Enfin, la prestation compensatoire peut également être librement déterminée par les parties dans le cadre d’un divorce sur requête conjointe. 65. Parce qu’elle peut atteindre des sommes importantes, la prestation compensatoire présente un certain intérêt à l’égard des créanciers de l’époux qui en est le bénéficiaire. Elle devrait donc accroître son droit de gage. Cependant, cet intérêt n’est qu’illusoire puisque sous l’angle des voies d’exécution, la prestation compensatoire est insaisissable (A.). Cette insaisissabilité totale peut surprendre au regard de la nature de la prestation compensatoire et conduit à s’interroger sur les fondements de la solution retenue (B.), avant d’apporter un éclairage critique au regard de l’effectivité des droits des créanciers (C.). A. L’insaisissabilité de la prestation compensatoire 66. Problématique. La question de la saisissabilité de la prestation compensatoire s’est posée très tôt en jurisprudence. Certains débiteurs ont tiré argument du caractère indéterminé de la notion de « sommes à caractère alimentaire » de l’article 14 2°) de la loi du 11 juillet 1991 pour arguer du caractère alimentaire de la prestation compensatoire et ainsi faire obstacle à la mesure de saisie-attribution pratiquée sur leurs comptes bancaires. La question a été posée à la Haute Cour en ces termes : sous l’angle du droit de l’exécution forcée, la prestation compensatoire est-elle une somme à caractère alimentaire au sens de l’article 14 2°) de la loi du 11 juillet 1991? 67. La consécration jurisprudentielle de l’insaisissabilité de la prestation compensatoire. L’insaisissabilité de la prestation compensatoire a été consacrée pour la première fois par la Cour de cassation dans un arrêt de la deuxième chambre civile en date du 27 juin 1985151. Au visa de l’article 2092-2-2 du Code civil (devenu l’article L. 112-2 3° du Code des procédures civiles d’exécution), la Cour de cassation a considéré qu’« après avoir exactement relevé que si la prestation compensatoire présentait un caractère indemnitaire, elle présentait aussi un caractère alimentaire, c'est à bon droit que, faisant application de l'article 2092-2-2o, à la rente allouée à Mme B, à tire de prestation compensatoire, l'arrêt l'a déclarée insaisissable et prononcé la nullité de la saisie ». Ainsi, 149 Ibid Sur les différentes méthodes proposées par la doctrine : Dossier spécial « prestation compensatoire », AJ Fam. 2013, 1. 151 Cass. civ. 2e, 27 juin 1985, n° 84-14. 663, Bull. civ. II, n° 31, D. 1986, 230 note Philippe, IR 112 obs. Bénabent. 150 52 Effectivité des droits des créanciers et protection du patrimoine familial en dépit de la reconnaissance du caractère mixte de la prestation compensatoire, la Cour de cassation a estimé que le caractère alimentaire devait rejaillir sur la prestation compensatoire dans son ensemble. 68. L’insaisissabilité de la prestation compensatoire versée sous forme de capital. L’insaisissabilité de la prestation compensatoire a été confirmée plus récemment à propos d’une prestation compensatoire versée sous forme de capital 152. Dans cet arrêt en date du 10 mars 2005, la Haute juridiction a censuré le raisonnement des juges de la Cour d’appel de Versailles qui s’étaient prononcés en faveur de la saisie partielle de la prestation compensatoire. En effet, après avoir rappelé le caractère à la fois indemnitaire et alimentaire des sommes en cause, les juges du fond ont opéré une ventilation entre la partie alimentaire insaisissable et la partie indemnitaire, saisissable. Leur raisonnement a été censuré : la Haute Cour a considéré que la prestation compensatoire était insaisissable dans sa globalité. Sans reprendre la distinction entre partie indemnitaire et partie alimentaire, la deuxième chambre civile a affirmé de manière péremptoire que « la prestation compensatoire est insaisissable ». L’insaisissabilité de la prestation compensatoire versée sous la forme d’un capital illustre l’intransigeance du raisonnement de la Haute Cour puisque dans cette hypothèse le caractère indemnitaire rejaillit avec d’autant plus de force. En effet, le versement sous forme de rente « accrédite sinon sa nature, du moins sa fonction partiellement alimentaire » 153. Il résulte donc de ce qui précède que l’insaisissabilité de la prestation compensatoire est générale. En effet, l’assimilation entre prestation compensatoire et pension alimentaire se justifie plus aisément lorsque la prestation compensatoire est versée sous forme de rente : lorsqu’il s’agit d’une rente viagère, ou d’une rente résultant de la conversion du capital en rente, la prestation compensatoire emprunte des traits communs avec les pensions alimentaires. Lorsqu’elle est versée sous forme de capital, l’analogie se justifie m oins. B. Le fondement de l’insaisissabilité de la prestation compensatoire 69. La présentation des fondements retenus par la Cour de cassation pour justifier de l’insaisissabilité totale de la prestation compensatoire (2.), implique de s’interroger préalablement sur la nature de cette prestation (1.). 1. La nature de la prestation compensatoire 70. La prestation compensatoire revêt à la fois un caractère alimentaire et un caractère indemnitaire. Cette dualité de nature trouve son fondement dans le fait que la 152 Cass. civ. 2e 10 mars 2005 n° 02-14268, Bull. civ. 2005. II, n° 66. Defrénois 2005, 1844, note Massip ; AJ Fam. 2005, p. 143 note S. David, RJPF 2005, n° 02-14. 268 note A. Leborgne et Th. Garé, D. 2005. Somm. 1604, obs. G. Taormina ; Dr. et proced. 2005. 240, obs. Ch. Lefort ; Gaz. Pal . 2-4 juill. 2006 , 7, obs . Cl . Brenner . 153 A . LEBORGNE, Th. GARÉ, art. précit. Effectivité des droits des créanciers et protection légale du patrimoine familial 53 prestation compensatoire revêt une dimension alimentaire (a.) sans pour autant être étrangère au domaine de la responsabilité civile (b.). Les interrogations qui ont surgi à propos de la nature de la prestation compensatoire sont principalement liées au fait que la Cour de cassation n’a pas tiré les conséquences de cette dualité en considérant que le caractère alimentaire devait rejaillir sur la prestation compensatoire dans sa globalité. Par ailleurs, il a pu être proposé de dépasser cette dualité en justifiant l’insaisissabilité de la prestation compensatoire par référence à la notion « d’affectation » (c.). a. Le caractère indemnitaire de la prestation compensatoire 71. De prime abord, au regard des conditions dans lesquelles elle est allouée, aucun caractère indemnitaire ne devrait pouvoir être associé à la prestation compensatoire. En effet, les principes de la responsabilité civile, à l’exception des cas de responsabilité objective, enseignent que seul le préjudice causé par une faute peut être indemnisé. Or, s’agissant de la somme allouée à titre de prestation compensatoire et pour reprendre les termes de Monsieur Sériaux « La lésion d’un droit provient ici de la mise en œuvre d’une institution légalement consacrée : le divorce »154. Mais cet argument doit être rapidement dépassé. La doctrine l’affirme : le caractère « indemnitaire de la prestation compensatoire est capital »155. Pour Messieurs Donnier, la nature de la prestation compensatoire serait d’ailleurs purement indemnitaire puisque « sa raison d’être » est justement, comme le prévoit l’article 270 du Code civil de compenser la disparité que la rupture du mariage crée dans les conditions de vie respectives des époux156. Il s’agit en effet de réparer le préjudice que la dissolution anticipée du mariage a causé au conjoint du créancier. Plusieurs éléments sont l’illustration de la nature indemnitaire de la prestation compensatoire. D’une part, l’utilisation même du terme compensatoire renvoie à l’idée de « compensation », laquelle suppose qu’une perte ait été préalablement constatée. La lettre de l’article 270 du Code civil est à cet égard révélatrice : l’objet principal de la prestation compensatoire n’est pas de répondre au besoin de l’époux créancier mais de « compenser la disparité que la rupture du mariage fait naître dans les conditions de vie respectives des époux ». D’autre part, le régime de la prestation compensatoire semble lui conférer une nature indemnitaire. En effet, par principe, depuis la loi n° 2000-596 du 30 juin 2000, la prestation compensatoire est versée sous forme de capital forfaitairement déterminé, et son montant ne peut pas être révisé, même en cas de remariage postérieur du créancier par exemple157. 154 A. SERIAUX, art. précit. Ibid 156 M. et J.-B DONNIER, op. cit., n° 301. 157 Cass. Civ. 2e, 2 mai 1984, n° 82-16275, Bull. civ. II, n° 76, D. 1984. 579 note R. Lindon et A. Bénabent, JCP 1985 II. 20494, note C. Philippe. 155 54 Effectivité des droits des créanciers et protection du patrimoine familial b. Sur le caractère alimentaire de la prestation compensatoire 72. Si le caractère indemnitaire de la pension alimentaire a largement été mis en exergue, la prestation compensatoire présente également une nature alimentaire. L’étude des dispositions applicables à la prestation compensatoire révèle en effet un caractère alimentaire très marqué. Tout d’abord, il résulte de l’article 271 du Code civil que les besoins du créancier et les ressources du débiteur figurent au titre des critères qui devront être pris en compte par le juge pour la détermination du montant de cette prestation. Ensuite, lorsqu’elle est, à titre exceptionnel, versée sous forme de rente viagère, elle peut à l’instar des pensions alimentaires faire l’objet d’une indexation. Enfin, s’il a pu être écrit que la jurisprudence de la chambre commerciale de la Cour de cassation « œuvrait à la consécration de l’impérialisme du droit des procédures collectives »158, il n’en demeure pas moins qu’à l’égard de la discipline collective, le créancier d’une prestation compensatoire est placé dans la même position favorable que le créancier d’une pension alimentaire. C’est en effet en raison du caractère partiellement alimentaire de cette prestation que la Chambre commerciale 159 a considéré que le créancier d’une prestation compensatoire n’était pas tenu de déclarer sa créance au passif de la procédure collective affectant son débiteur. Une partie de la doctrine 160 s’était pourtant positionnée dans un sens contraire, sans que la Haute Cour n’ait déjà eu à intervenir. L’arrêt de la Chambre commerciale a, à tout le moins, permis de fixer un « cap jurisprudentiel » en la matière. D’ailleurs, la doctrine161 n’a pas manqué de souligner la cohérence de cette solution avec le droit des procédures civiles d’exécution puisque l’action en paiement direct échappe à l’arrêt des poursuites individuelles. Il aurait ainsi été surprenant que le créancier soit autorisé à diligenter une mesure d’exécution, et ce, de façon dérogatoire à la règle prescrivant l’arrêt des poursuites individuelles tout en étant dans l’obligation de déclarer sa créance au passif de la procédure ouverte à l’encontre de son débiteur. Plus récemment la chambre commerciale de la Cour de cassation a confirmé cette solution que dans un arrêt en date du 13 juin 2006 162, elle a rappelé que les créances nées d’une prestation compensatoire ou d’une pension alimentaire peuvent être payées sur les revenus dont le débiteur conserve la disposition. Il est par ailleurs intéressant de souligner que la chambre commerciale a mis en exergue le fait que la prestation compensatoire n’avait « que pour partie un caractère alimentaire », sans faire référence à sa nature indemnitaire. À l’instar de la première 158 F.-X. LUCAS, « l’attraction du conjoint in bonis dans la procédure collective », LPA 24 avr. 2003, p. 4. Cass. com. 8 oct. 2003, n° 00-14760, Bull. IV. n° 152, D. 2003, p. 2637 obs. A.Lienhard. 160 M. STORCK, « Pensions alimentaires, prestations compensatoires et procédure de redressement et de liquidation judiciaires », Rev. proc. coll. 1989, p. 1. 161 A. LIENHARD, art. precit. 162 Cass. com. 13 juin 2006, n° 05-17081, Bull. civ. IV, n° 141, Dr. fam. n° 9, sept. 2006, comm. 163 V. Larribau Terneyre. 159 Effectivité des droits des créanciers et protection légale du patrimoine familial 55 chambre civile, la Cour de cassation a fait prévaloir le caractère alimentaire de la prestation compensatoire sur sa nature indemnitaire163. c. Nature indemnitaire et affectation alimentaire 73. Un auteur a néanmoins proposé de dépasser le débat qui s’est noué autour de la nature mixte de la prestation compensatoire. Pour Monsieur David en effet, la prestation compensatoire ne revêt aucune dimension alimentaire puisque « quelles qu’en soit la forme et l’origine, l’objet de la prestation compensatoire est de réparer le préjudice matériel subi par l’un des conjoints du fait du divorce »164. C’est du côté de la notion d’affectation telle qu’elle a été exploitée par Monsieur Guinchard165 qu’une solution de compromis pourrait être trouvée : puisque l’affectation d’un bien peut en modifier le régime sans pour autant en affecter la nature, c’est l’affectation de la prestation aux besoins alimentaires du créancier qui justifie « l’application de certaines règles tirées du droit des aliments ». La prestation compensatoire aurait donc une nature indemnitaire et une affectation alimentaire qui seule pourrait servir de fondement à son insaisissabilité. Cependant, si cette proposition a le mérite d’offrir un compromis intéressant, elle ne permet pas de justifier l’insaisissabilité totale de la prestation compensatoire. En effet, elle ne permet de justifier l’insaisissabilité de la prestation compensatoire que pour la partie affectée à la subsistance de l’époux qui en est le créancier166. 2. Le fondement de l’insaisissabilité de la prestation compensatoire 74. Le fondement de l ’ in saisissabilité : évolution . À la lecture des décisions de la Cour de cassation, il apparaît que la Haute Cour a évolué dans le fondement de l’insaisissabilité de la prestation compensatoire. En effet, alors qu’en 1985 elle a fait référence au caractère hybride de la prestation compensatoire en rappelant son caractère à la fois alimentaire et indemnitaire ; en 2005 la Cour de cassation semble avoir pris la mesure de la difficile praticabilité de ce critère en abandonnant toute référence à la nature mixte de la prestation compensatoire. Sous l’angle du droit de l’exécution forcée, le caractère alimentaire a fini « par imposer son propre régime »167. L’arrêt de 2005 invite à une double lecture. En effet, si de prime abord, la Cour de cassation semble avoir implicitement abandonné le critère tenant à la double nature de la prestation 163 V. LARRIBAU TERNEYRE, art. précit. S. DAVID, art. précit. 165 S. GUINCHARD, L’affectation des biens en droit privé francais, préf. R. Nerson, LGDJ, Bibliothèque de dr. pr., t. 145, 1976. 166 S. DAVID, art. précit. 167 Note sous cass. civ. 10 mars 2005, Procédures n° 5, mai 2005, comm. 128.
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Cheminement des eaux superficielles et télédétection pour la modélisation hydrologique distribuée C. Puech, Jean-Stéphane Bailly L'archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d'enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Cheminement des eaux superficielles et télédétection pour la modélisation hydrologique distribuée Water paths by remote sensing for distributed hydrological modelling Christian PUECH, Jean Stéphane BAILLY UMR TETIS, Cemagref Montpellier Maison de la télédétection, 500 rue JF breton, 34093 Montpellier cedex 5 Tel 00.33.4.67.54.87.45, [email protected], [email protected] L es cheminements superficiels des eaux sont de mieux en mieux décrits à partir des informations spatiales. En particulier les MNT à très haute résolution spatiale apportent des données nouvelles qui autorisent une description fine des réseaux d'écoulement superficiel et donc l'intégration de ces structures dans les modélisations hydrologiques distribuées. Mais si les techniques numérique d'observation ont fait de grands progrès dans les années passées, par contre il n'en est pas de même pour les concepts en modélisation et les expérimentations de terrain, ce qui provoque un point de blocage pour une réelle utilisation des données de télédétection finement résolues dans les modèles. Le développement de nouvelles techniques de mesure sur le terrain, de type low cost et réseaux communicants, est porteur de renouveau dans ce domaine. W ater paths are better and better described through spatial data. High resolution DTM are a good solution for mapping fine water networks and their integration into hydrological modelling. But if, in past years, big progresses concerned spatial data techniques, on the other hand they did concern concepts in modelling and ground experiments. And this is a difficulty for a real use of remote sensing data into finely resolved models. New possibilities are carrying revival in this field, through development of low cost ground techniques and communicating wireless networks. I n Introduction Décrire l'espace à partir de données spatialisées devient de plus en plus aisé, tant au niveau des données - baisse des coûts, augmentation de l'offre – que par la facilité de traitement. La discrétisation spatiale qu'offrent ces données pousse à une hydrologie distribuée où l'impact local des états de surface serait implicite. Mais l'utilisation concrète de ces informations en modélisation hydrologique apparaît très délicate. En effet les concepts ou méthodes relatifs à modélisation distribuée avec de la haute résolution spatiale ne sont pas simples à mettre en oeuvre. Les mélanges d'échelles des différentes variables utilisées sont souvent mal appréhendés, mettant de la confusion dans la prise en compte de l'impact des différents items. Parallèlement, l'observation hydrologique in situ reste limitée, rendant les calages des modèles hydrologiques incertains, sur-paramétrés. La facilité est d'utiliser les données en mode agrégé sur le bassin, et l'apport potentiel d'une connaissance fine et spatialisée dans les modèles est alors peu valorisé. Observer et définir ce drain est difficile, d'autant plus que les questions de processus relatifs aux circulations élémentaires des eaux sur les bassins versants, ainsi que la séparation entre écoulements de surface ou souterrain, sont objets de polémiques On met alors en évidence un gap croissant entre d'une part la description de plus en plus précise de l'espace bassin versant et d'autre part la conceptualisation et la modélisation en mode distribué du fonctionnement hydrologique qui restent souvent peu convaincantes car reposant sur des observations locales très peu nombreuses. Ce déséquilibre est source de blocages. En nous focalisant sur la connaissance spatialisée des cheminements des eaux de surface, nous présentons quelques idées sur les avancées actuelles sur ces deux points, la vision purement descriptive, par des instruments aéro-spatiaux, de l'espace hydrologique de plus en plus précise et généralisable, et la vision de son fonctionnement hydrologique, difficile à appréhender à la même résolution. Notre objet d'étude porte sur les écoulements concentrés de surface (réseaux hydrographiques). Les chemins de l'eau sont essentiels dans les modélisations finement distribuées, et une approche objective des drains et de leur fonctionnement est incontournable si l'on veut améliorer ces modélisations. Reprenons les deux fonctions de base utilisées en hydrologie : production et transfert. A partir des images de télédétection, la recherche a fait, dans les années passées, de gros efforts centrés surtout sur la fonction de production : travaux sur le rôle de l'occupation du sol, les bilans, le rôle de l'humidité, les modèles énergétiques SVAT, c'est-à-dire très focalisés sur une approche verticale de l'hydrologie à la par- 1 l' celle et moins sur les flux latéraux de surface. La question qui se pose est alors la suivante : la télédétection peut-elle aussi améliorer la connaissance des transferts, des cheminements de l'eau superficielle, de leur que? L'interrogation suivante porte sur l'effet hydraulique de ce drain et l'introduction de cette connaissance dans la modélisation. Du point de vue modélisation distribuée, le transfert de surface est essentiellement lié aux questions de vitesse des eaux, d'échange entre mailles. On souhaite mieux séparer les eaux déjà bien canalisées, où les vitesses sont fortes, en mètres par seconde, même dans les drains élémentaires, et les écoulements en versant où les vitesses de l'eau sont beaucoup plus faibles et dépendent des processus locaux, tels que infiltration, circulation dans les nappes Dans ce cas on parlera de mm/s ou de cm/s, rarement de dm/s sauf si des lignes de circulation préférentielles bien connectées se mettent en eau. II n Cheminements des eaux : réseau potentiel, réseau réel Repérer les drains et les introduire dans une modélisation nécessite une réflexion préalable sur la définition même du réseau de drainage. Comment le définir? Comment le cartographier et quel réseau hydrographique est utile pour la modélisation? Nous proposons de simplifier le problème en considérant deux types de réseaux : celui des formes du relief (drains secs ou potentiels) et celui avec présence avérée de circulations d'eau (drains en eau ou réels), associé sur le terrain aux questions d'humidité des sols, de présence de ripisylve, de forêt galerie, Le réseau potentiel de drainage est relatif aux formes du terrain naturel, vallons, courbures C'est la forme du relief qui le caractérise, défini par les formes concaves ou convexes du terrain. Il est observable par imagerie spatiale par exemple grâce aux ombrages, mais il est plus généralement observé sur MNT. Il est défini indépendamment de son état hydrologique, comme potentiel de transport des eaux. Sa détection et sa cartographie ne sont pas absolues, elles dépendent de la précision d'observation, mais, globalement, ce réseau de drains est constant, une fois que l'on a déterminé la méthode d'observation. Le réseau réel de drainage ou drain en eau est relatif au fonctionnement hydrologique et aux circulations d'eau. Il comprend souvent les « traits bleus » des cartes IGN dans les zones aval du bassin. Toutefois dans la partie amont du réseau, là où s'effectue la genèse des crues, ce drain en eau est essentiellement variable au cours du temps. Son observation sera donc délicate, variable. Le tracé du drain en eau sera a priori plus restreint que celui du drain potentiel. Le problème de détection est alors ramené aux questions de l'observation de ces deux types de drains à partir des données spatiales. III n La description des réseaux potentiels à partir des données spatialisées Dans la description fine des chemins des eaux de surface par télédétection où en est-on aujourd'hui? l III.1 À partir des MNT Les MNT à 50 ou 90 m sont complétés aujourd'hui par des relevés plus précis : images satellites métriques ou encore relevés aéroportés par exemple par Lidar qui conduit fréquemment à des résolutions métriques avec une incertitude décimétrique sur l'altitude. Enfin signalons les moyens aéroportés proches (ULM, Drones) dont les prises de vue stéréoscopiques peuvent générer des MNT avec des résolutions au sol centimétriques [1]. Les techniques d'extraction de réseaux à partir de MNT sont aujourd'hui classiques [2]. Elles utilisent la plupart du temps des algorithmes raster avec détection des circulations arborescentes, après avoir éliminé les incohérences hydrauliques du produit initial. Ces réseaux sont cohérents sauf dans les zones peu variables - zones planes ou versants réguliers - où il faut compléter l'information avec des données extérieures (ex le Stream Burning) et dans l'amont des bassins par la difficulté d'arrêter le départ de drains au bon endroit : « Where do Channel Begin? » [3] (Montgomery & Dietrich, 1988). En opposition aux solutions raster, des solutions à partir de format TIN se sont développées pour mieux introduire les contraintes anthropiques ou mieux définir les cheminements à l'amont des bassins ([4] ; [5]). En théorie, à partir d'un MNT on peut déterminer un réseau de drainage passant par tous les points de l'espace, jusqu'au point le plus amont - pixel ou triangle. En pratique, on ne doit pas remonter le réseau au-delà d'une certaine limite, sous peine de voir les cheminements calculés non conformes à la réalité du terrain. Les solutions classiques arrêtent le tracé sur un critère uniforme de surface amont drainée, parfois modulés en fonction de données externes telles que l'occupation du sol ou la géologie. Ces résultats sont localement incohérents, d'où l'émergence forte actuellement de critères d'arrêt basés sur la courbure locale. Selon cette idée on dessinera le réseau tant que le MNT indique la présence locale de vallons ou ravines, en se basant sur la courbure locale du terrain naturel ou celle Cheminement des eaux superficielles et télédétection pour la modélisation hydrologique distribuée Figure 1. Alternatives TIN ou raster pour calculer les réseaux a l'amont des bassins. Test sur le bassin de Tourgueille, Cévennes (1 km2). des lignes de niveau. Le réseau final est dépendant de la résolution du MNT. Avec les lidars aéroportés, les résolutions spatiales sont de l'ordre du mètre. Dans ces conditions, la précision du modelé de terrain fait passer une étape dans l'amélioration de la description. Ainsi les routes et infrastructures sont explicitement prises en compte dans le MNT lidar (figure 2), quand il fallait auparavant rectifier les MNT plus grossiers en incrustant ces infrastructures [6]. Ceci est donc directement intéressant par exemple dans l'hydrologie de montagne où l'on sait que pistes et ouvrages anthropiques sont autant de cheminements importants qui influent dans la genèse des crues. Dans les cas de résolution fine, les objets sont facilement détectables quelque soit l'algorithme utilisé ; choisir le meilleur algorithme semble alors peu déterminant pour détecter les éléments. Ainsi les MNT métriques peuvent définir des objets anthropiques tels que les routes bien détectées même avec les algorithmes les moins performants [7]. Au contraire, le problème du choix d'un algorithme efficace reste important avec des résolutions plus grossières. Pour généraliser, nous pouvons associer la finesse du MNT (et donc son potentiel de détection d'objets) au rapport adimensionnel o/r (o taille de l'objet analysé et r résolution du MNT) : quand o/r est supérieur à 3 environ on considèrera que les MNT sont très fins. Figure 2. Un MNT à 2 m de résolution issu de Lidar aéroporté ; Bassin de l'Yseron (69). La figure de droite met en évidence les éléments anthropiques (routes et chemins) présents dans le MNT Lidar et conduisant à des circulations d'eau modifiées [7]. l III.2 À partir des Images satellites La détection des drains est plus complexe sur images qu'avec le MNT. Sur image la détection est différente. On y repère peu ou mal les formes naturelles (vallons, dépressions naturelles). La détection va concerner une recherche de linéaires, ruptures radiométriques ou alignements, qui sont révélateurs tantôt de formes (drain sec) tantôt d'écoulements (drains en eau), ce qui rend plus difficile la séparation entre ces deux groupes. Le traitement d'image, par classification ou autre méthode, peut conduire à des zones (groupes de pixels) plus ou moins larges et souvent discontinues quand, pour notre schématisation des drains, il est souhaitable d'obtenir une arborescence linéaire. Il faudra donc à un certain moment passer des surfaces aux lignes, puis connecter ces lignes entre elles pour en faire une arborescence continue. La détection est donc mixte : recherche de formes et recherche de surfaces ou de linéaires révélateurs de présence d'eau, sachant que l'eau libre est peu visible sur images, surtout en zones amont. Formes ou présence habituelle d'eau sont détectables indirectement selon plusieurs indices : – éclairements différentiels de versants en zone de montagne. – présence d'une ripisylve forte ; dans les régions semi arides, le tracé des rivières est visible même sur imagerie à 20 ou 30 m de résolution. – oppositions de végétation ou d'occupation du sol entre rives. Dans le cas des Cévennes avec des images Quickbird (image de février 2007, projet ORFEO-CNES), une extraction manuelle des fonds de talwegs a été effectuée (figure 3). Comparée aux traits bleus des cartes IGN, cette extraction est apparue plus fine et plus riche. Mais on s'aperçoit rapidement de la non-isotropie de détection des ravines. En versant nord la qualité de détection est globalement très bonne. En versant sud, face au soleil, la détection est plus limitée [8]. Les cartographies obtenues à partir de ces images ne sont donc pas toujours très homogènes et donc difficilement utilisables en modélisation. Par contre leur intérêt peut venir en appui des extractions de drain sur MNT, comme référence « de terrain » pour définir où arrêter les drains : la ripisylve ou la végétation renforcée le long des rives indique une présence d'eau régulière et donc un drain possible. Les problèmes d'échelle spatio-temporelle compliquent ces détections. Ainsi espérer arriver à une représentation complète du réseau hydrographique à partir d'imagerie satellite dans ce type de contexte apparaît totalement illusoire. Nous illustrons ce type de difficulté dans le cas de l'échelle spatiale à travers la figure 4. Elle présente côte à côte la photo d'un éclair un jour d'orage et un dessin de réseau hydrographique correspondant à un de nos bassins cévenols (Peyrolles, 4 km2). La similitude générale est frappante audelà des différences de schématisation. La vision photographique de l'éclair révèle de multiples branches, certaines très fines, peu visibles. Le détail de la ramification de l'éclair montre la difficulté de proposer une mesure unique de la longueur totale, du nombre de branches, car toute mesure nécessite une schématisation et un passage par des seuils de représentativité, des critères de détection. Au contraire le réseau hydrographique est un dessin schématique obtenu après e manuelle ; il donne une représentation nette, figée. On imagine aisément que cette représentation consti- Figure 3. Extraction de réseau hydrographique sur image Quickbird des Cévennes et comparaison au réseau IGN, projet ORFEO-CNES, bassin de Peyrollles (4 km2), [8]. 4 Cheminement des eaux superficielles et télédétection pour la modélisation hydrologique distribuée Figure 4. Comparaison visuelle entre un schéma de réseau hydrographique en Cévennes et une photographie d'éclair pendant un orage (fond d'écran gratuit, téléchargeable sur web), mettant en évidence la difficulté d'une schématisation unique. tue une solution particulière, incomplète et dépendante de l'échelle de travail et des seuils de perception. IV n Le drain en eau, vers une observation hydrologique spatialisée, associées aux images Le drain en eau - ou drain réel - est celui qui est en eau à un instant donné, mais aussi celui que l'on souhaite introduire comme composante de compréhension des modèles. Or observer et caractériser ce drain est plus complexe. A priori, on l'a déjà dit, ce sera un sous ensemble variable du schéma de drain potentiel déjà défini. Dans notre façon de voir les choses il y a plusieurs interrogations de plus en plus complexes : qu'est ce qu'un drain en eau? Comment le caractériser? Quel est l'effet sur les circulations? Quel est le réseau à introduire dans un modèle? Le premier point est de définition. Pour nous, ce drain en eau étant celui qui coule, ceci implique que, à l'amont des bassins, il ne peut être stable dans le temps : selon les saisons, ou au cours des épisodes pluvieux, il y a assèchements ou mises en eau successives des drains, que l'on peut décrire comme une « respiration » des drains pendant la période d'observation. Ce qui nous semble important à noter est que la réponse du bassin à un événement pluvieux sera dépendante non seulement de la modification de l'humidité des sols - et donc de la production locale - mais aussi de la mise en eau d'axes de drainage, susceptibles d'emmener l'eau rapidement à l'aval. Dans ces conditions le réseau de drainage, supposé jusqu'ici implicitement invariable et structurant les modélisations, peut devenir une variable d'ajustement du modèle à la réalité. Suivre la respiration des drains est une opération très lourde et difficile. Une observation a été réalisée dans les Cévennes dans le sous bassin de Tougueille (1 km2). Une quarantaine de points de mesure ont été définis et observés en des journées clefs au cours de l'année hydrologique 2005-2006. Après une forte pluie d'automne et surtout après un événement pluie et neige sur le Mont Aigoual en début février 2006 (200 mm), on a observé la mise en circulation d'un grand linéaire de ravines normalement à sec. Au printemps il y a eu régression progressive du nombre de ravines en eau en lien avec l'assèchement progressif des nappes. L'estimation des longueurs en eau varie ainsi dans un facteur 3 au cours de cette période. V n Conclusion Le développement des techniques d'observation spatiale, notamment à très haute résolution, pousse vers des modélisations hydrologiques de type distribué. Cependant si l'observation spatiale prend de plus en plus d'importante et de précision, l'observation in situ et le développement des concepts relatifs à de vraies modélisations distribuées est lent. Les questions d'échelle deviennent importantes, décrire et modéliser l'anthropisme apparaît comme de plus en plus nécessaire quand la résolution de calcul s'affine. Ici, en nous basant sur l'exemple de la description de la structuration des chemins de l'eau par réseau hydrographique, on montre que les données spatiales de plus en plus précises améliorent la connaissance des réseaux potentiels (drains secs) mais que le déséquilibre se creuse avec les observations et les concepts hydrologiques qui restent assez pauvres ; dès lors la mise en oeuvre de techniques d'observation in situ, nombreuses et distribuées, multi sites, par techniques low cost, se révèlent être une réponse possible pour une mise en oeuvre cohérente de modélisations distribuées, impliquant un meilleur équili- bre entre connaissances spatiales et hydrologiques et réduisant la sur-paramétrisation des modèles..
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Image des opérateurs d'entrelacements normalisés et pôles des séries d'Eisenstein. 2009. &#x27E8;hal-00398009&#x27E9;
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Image des opérateurs d’entrelacements normalisés et pôles des séries d’Eisenstein C. Mœglin Institut de Mathématiques de Jussieu CNRS Résumé On a montré en [20] comment normaliser les opérateurs d’entrelacement standard de façon à assurer l’holomorphie dans le domaine positif. L’objet de ce travail est de décrire l’image des ces opérateurs et on montre que cette image est soit nulle soit irréductible. Dans les cas ayant des applications globales on décrit l’image en termes de paramètres dans les paquets d’Arthur. On termine l’article en donnant explicitemment les résidus de séries d’Eisenstein dans le cas d’un parabolique maximal et d’une induite de représentation automorphes de carré intégrable modulo le centre. Ce travail admet les résultats annoncés par Arthur sur la classification en paquet des représentations automorphes de carré intégrable, mais pas les formules de multiplicités fines. 1 Introduction Ici G est un groupe classique, disons Sp(2n) ou SO(2n + 1) et nos méthodes s’appliquent aussi à O(2n) (mais il faut faire quelques vérifications liées à la non connexité) et aux groupes unitaires avec des changements de notations pour se mettre dans le cadre de [16]. On note G∗ le groupe classique algébrique dual de G ; G∗ est vu comme un sous-groupe complexe d’un certain GL(m∗G, C) (ce qui définit m∗G ) via sa représentation naturelle. On fixe aussi F un corps p-adique et k un corps de nombres. Dans la partie locale, on suppose que G est défini sur F et on confondra G et G(F ). On fixe ψ une représentation unitaire irréductible de WF × SL(2, C) × SL(2, C) et on suppose que ψ est de dimension m∗G et se factorise par G∗. Grâce à la correspondance de Langlands local pour les groupes GL, on sait associer à ψ une représentation unitaire de GL(m∗G, F ), notée π GL (ψ). On fixe aussi une représentation ρ cuspidale unitaire irréductible d’un groupe linéaire GL(dρ, F ) (cela définit dρ ) et un entier a0 ; cela permet de former la représentation de Steinberg St(ρ, a0 ) du groupe GL(dρ a, F ). Au groupe classique G et à tout entier d, on associe une représentation rG,d (en général on enlève le d) de GL(d, C) qui est ∧2 Cd si G est un groupe de type SO(2n + 1) et Sym2 Cd si G est de type Sp(2n) ou O(2n). On définit la fonction méromorphe : r(s, ρ, a 0, ψ ) : = L(St(ρ , a0 ), rG,adρ, 2s) L(St(ρ, a0 ) × π GL (ψ), s). × GL L(St(ρ, a0 ) × π (ψ), s + 1) L(St(ρ, a0 ), rG,adρ, 2s + 1) Cette fonction se calcule très facilement ; on écrit π GL (ψ) sous-forme d’induite : π GL (ψ) = ×(ρ′,a′,b′ )∈Jord(ψ) Speh(St(ρ′, a′ ), b′ ), 1 où ρ′ est une représentation cuspidale unitaire d’un groupe GL et a′, b′ sont des entiers (ce qui définit aussi Jord(ψ)). Alors (cf. [19] 2.1.1) r(s, ρ, a0, ψ) := Y (ρ′,a′,b′ )∈Jord(ψ) L(St(ρ, a0 ), rG,adρ, 2s) L(St(ρ, a0 ) × St(ρ′, a′ ), s − (b′ − 1)/2). × ′ ′ ′ L(St(ρ, a0 ) × St(ρ, a ), s + (b + 1)/2) L(St(ρ, a0 ), rG,adρ, 2s + 1) Il est clair que les dénominateurs de la fonction r(s, ρ, a0, ψ) n’ont ni zéro ni pôle pour s ∈ R>−1/2. Les numérateurs ont éventuellement des pôles que l’on rappellera ultérieurement. On fixe π dans le paquet d’Arthur associé à ψ ; on rappelle dans le texte ce que cela veut dire et ceci suppose donc que l’on connaisse la classification des représentations cuspidales dans les termes de [15] ; on a montré en [16] les hypothèses minimales qu’il fallait mais évidemment la classification de Langlands des séries discrètes annoncées par Arthur est plus que suffisante comme montré en [18]. Et on considère l’opérateur d’entrelacement standard, bien défini après un choix d’élément du groupe de Weyl, différents choix étant reliés par la multiplication par une fonction holomorphe inversible : M (s, ρ, a0, π) : St(ρ, a0 )| |s × π → St(ρ∗, a0 )| |−s × π On pose Nψ (s, ρ, a0, π) := r(s, ρ, a0, ψ)−1 M (s, ρ, a0, π). Le résultat principal de [20], dans le cas où ρ ≃ ρ∗ (hypothèse levée ici) est de montrer que Nψ (s, ρ, a0, π) est holomorphe pour tout s ∈ R≥0 et le premier but de cet article est de décrire l’image de cet opérateur. On montre que soit cet opérateur, calculé en un point s =: s0 ∈ R>0 est identiquement 0 soit son image est une représentation irréductible. De plus on décrit alors cette image dans les cas où il y a des applications globales, c’est à dire le cas où s0 est un demi-entier donc de la forme (b0 − 1)/2 avec b0 ≥ 2 et (ρ, a0, b0 − 2) ∈ Jord(ψ) (si b0 = 2, il n’y a pas de condition). On a dans ce cas un résultat très précis : on note ψ + le morphisme analogue à ψ mais tel que Jord(ψ + ) se déduit de Jord(ψ) en remplaçant (ρ, a0, b0 − 2) par (ρ, a0, b0 ) (si b0 = 2 on ajoute (ρ, a0, b0 )) ; à l’aide des paramètres de π comme représentation dans le paquet associé à ψ, on définit des paramètres pour le paquet associé à ψ + et on note π + la représentation du paquet associé à ψ + ; elle peut être nulle. Et on montre l’égalité Im Nψ (s, ρ, a0, π) = π + ce qui veut dire que l’image de l’opérateur est identiquement 0 exactement quand π + est nulle et sinon cette image est la représentation irréductible π +. Bien sûr la construction des représentations à partir des paramètres est compliquée et le résultat n’est donc pas simple mais si on trouve ultérieurement une meillleure paramétrisation on pourra facilement retraduire ce résultat ; c’est donc à mon avis le meilleur possible. Quand les articles d’Arthur seront complètement disponibles, on pourra calculer explicitement le caractère associée à cette représentation et intervenant dans les formules de multiplicité. Dans le texte on généralise en remplaçant St(ρ, a0 ) par une composante en la place padique fixée d’une représentation cuspidale autoduale d’un groupe GL et on considère aussi la généralisation des paquets d’Arthur de façon à couvrir le cas où la seule hypothèse sur π est d’être une composante locale d’une forme automorphe de carré intégrable ; le point ici est d’éviter l’utilisation de la conjecture de Ramanujan et donc de considérer certaines représentations non unitaires de WF × SL(2, C) × SL(2, C). Pour avoir des applications globales, on traite aussi le cas des places archimédiennes dans des cas très particuliers : on se limite à F = R et surtout on met l’hypothèse forte que π a de la cohomologie pour un bon système de coefficient et que le caractère infinitésimal de l’induite ρ| |s0 × π est entier régulier, c’est surtout régulier qui compte. On démontre 2 alors le même résultat que ci-dessus, à savoir que l’opérateur normalisé est holomorphe en s = s0 et que son image est une représentation irréductible explicite, en termes de paramètre de Langlands. Ce sont les hypothèses qui simplifient le résultat. On termine l’article en décrivant les points de non holomorphie des séries d’Eisenstein dans le cadre suivant. Le corps de base est un corps de nombres k (totalement réel) et on suppose que G est défini sur k. On considère H un groupe de même type que G défini sur k. On fixe P un sous-groupe parabolique maximal de H, défini sur k, et on suppose que les sous-groupes de Levi de P sont isomorphes à GL(d) × G (éventuellement, ici, G peut être le groupe trivial). On fixe π0 une représentation de carré intégrable irréductible de G et τ une représentation cuspidale irréductible et unitaire de GL(d). Et on considère les séries d’Eisenstein de la forme EPH (τ | |s × π0, f ) où s ∈ C. On sait qu’une telle série d’Eisenstein est holomorphe pour Re s = 0 et on s’intéresse au cas où Re s > 0 ; quitte à tordre τ par un caractère unitaire, on suppose en fait que s ∈ R. On suppose que les résultats d’Arthur annoncés dans [2] sont disponibles pour π0 ; ainsi à π0 est associé un ensemble fini de couples (ρ, b) où ρ est une représentation cuspidale d’un groupe de type GL et b est un entier ; on note Jord(π0 ) cet ensemble. La propriété qui détermine uniquement cet ensemble est qu’en notant Speh(ρ, b) la représentation du GL convenable dans l’espace des résidus : Y (b−1)/2+s1 −(b−1)/2+sb Speh(ρ, b) = ( (si −si+1 ))E(ρ| | ×· · ·×ρ| |, s1, · · ·, sb ) s1 =0,···,sb =0 i∈[1 ,b[ la représentation π0GL :== ×(ρ,b)∈Jord(π0 ) Speh(ρ, b) et la représentations π ont leurs composantes locales non ramifiées qui se correspondent presque partout via la correspondance non ramifiée de Langlands. On définit l’analogue global de r(s, ρ, a0, ψ) en posant r(s, τ, π0GL ) := L(τ, rG, 2s) L(τ × π0GL, s) ; GL L(τ × π0, s + 1) L(τ, rG, 2s + 1) ici tous les facteurs comptent. On fixe un réel positif s0 et on suppose que le caractère infinitésimal de τ | |s0 ×π0 est entier et régulier et que π0 a de la cohomologie à l’infini. On donne dans cet article des conditions nécessaires et suffisantes pour que s0 soit un pôle On exprime ces conditions ainsi : on a globalement la représentation d’un groupe linéaire convenable π0GL := ×(ρ,b)∈Jord(π0 ) Speh(ρ, b) ; en toute place v, avec la paramétrisation de Langlands étendu en une paramétrisation d’Arthur, on a un morphisme ψ0,v qui correspond à la composante locale en la place v de la représentation π0GL. On considère la composante locale en toute place v de π0, cela joue le rôle de la représentation π dans ce qui précède ; l’analogue de St(ρ, a0 ) est (avec la généralisation déjà annoncée) la composante locale de τ0 ; comme expliqué ci-dessus, pour s0 vérifiant les conditions nécessaires pour avoir non + holomorphie des séries d’Eisenstein, on a défini en toute place v une représentation π0,v qui éventuellement peut être nulle (sauf aux places archimédiennes où la non nullité est + assurée avec l’hypothèse mise). On pose formellement π0+ = ⊗v π0,v. On suppose aussi que + l’on sait a priori que la représentation π0 si elle est non nulle intervient avec multiplicité au plus 1 dans le spectre discret. On montre alors le théorème suivant : 3 Les séries d’Eisenstein E(τ | |s × π0, f ) ont un pôle en s0 si et seulement si les conditions nécessaires ci-dessus sont satisfaites et π0+ est non nulle et alors s = π0+ ; (s − s0 )E(τ | | × π0, f ) s=s0 Ceci revient à dire que l’existence d’un pôle est équivalent à ce que l’opérateur d’entrelacement global : τ | |s × π0 → τ ∗ | |−s × π0 ait un pôle. Cela ne veut pas dire que les autres opérateurs d’entrelacement n’ont pas de pôle mais cela dit que s’ils ont des pôles celui écrit en a aussi. Evidemment ce sont les hypothèses de régularité du caractère infinitésimal prises qui permettent un résultat si simple. L’hypothèse de multiplicité 1 est une hypothèse raisonable car elle résulte de la formule de multiplicité globale d’Arthur et des formules de multiplicité 1 locale ; celles-ci sont démontrés aux places p-adiques ([18]) dès qu’on les a pour les paquets de séries discrètes (résultat annoncé par Arthur) et aux places archimédiennes elles résultent de [1] si on sait que π0+ a de la cohomologie pour un bon système de coefficient et si on sait que les paquets d’Adams-Johnson de [1] sont bien ceux d’Arthur. On montre aussi que si π ′ est une représentation automorphe irréductible de carré intégrable qui n’est pas cuspidale, et si τ est une représentation cuspidal unitaire, s0 ∈ 1/2N sont tel que les termes constants de π ′ pour un parabolique maximal de la forme GL(dτ ) × G′ (G′ un groupe de même type que G convenable) ont une projection non nulle sur l’espace de τ | |−s0 vu comme représentation automorphe cuspidale du facteur GL(dτ ), alors π ′ ≃ π0+ pour un bon choix de π0. On discute en 7.4 pourquoi on s’est approché sans l’atteindre de l’objectif de [19], à savoir donner des conditions nécessaires et suffisantes pour décrire les représentations automorphes de carré intégrable non cuspidales ; en fait on écrit en 7.4 de telles conditions nécessaires et suffisantes mais l’une de ces conditions me semble redondante et devrait disparaı̂tre quand on aura explicité les formules de multiplicité d’Arthur. Les applications que l’on peut espérer de ces résultats concernent la cohomologie des représentations automorphes ; pour cela, il faut utiliser la description faite par Franke en [4] des formes automorphes comme dérivées de série d’Eisenstein à partir de représentations de carré intégrable et essayer de généraliser la première partie de [5]. Sans travail supplémentaire, on ne peut espérer de description explicite comme ce qui a été fait dans certaines situations en particulier récemment en [6], [7], [8] et [9]. Ce travail a été exposé lors de la période spéciale se déroulant à l’Institut Erwin Schrödinger de Vienne début 2009 et je remercie l’ESI pour son hospitalité, les organisateurs de cette période, G. Henniart, G. Muic et J. Schwermer ainsi que les auditeurs et en particulier H. Grobner pour ses remarques sur le cas archimédien. Table des matières 1 Introduction 1 2 Notations et description des représentations π +, cas local p-adique 2.1 Notations générales................................ 2.1.1 Bonne Parité............................... 6 6 6 4 2.2 2.3 2.4 2.5 2.1.2 Paramètre géométrique des paquets d’Arthur et Jord(ψ)...... 2.1.3 Correspondance de Langlands pour les groupes GL.......... 2.1.4 Opérateurs d’entrelacement............... Rappel sur les paquets d’Arthur........................ Notations pour les modules de Jacquet et propriété.............. Le facteur de normalisation et ses pôles.................... Paramètres de l’image des opérateurs d’entrelacement dans le cas de bonne parité....................................... 2.5.1 Propriétés de l’ordre sur Jord(ψ) et sur Jord(ψ + ).......... 2.5.2 Description des paramètres....................... 6 6 7 7 9 10 11 12 13 3 Description de π + comme sous- module ir ré ductible dans le cas holomorphe 14 −s 0 3.1 Etude de l’induite St(ρ, a0 )| | × π dans le cas holomorphe......... 15 3.2 Identification de π + dans le cas holomorphe.................. 15 3.2.1 Le cas très dominant........... ................ 15 3.2.2 Descente dans le cas holomorphe.................... 20 4 Image des opérateurs d’entrelacement dans le cas de bonne parité 21 4.1 Le cas holomorphe................................ 21 4.2 Descente à partir du cas holomorphe...................... 22 5 Généralisation 5.1 Description des représentations dans les paquets d’Arthur généraux..... 5.2 Propriétés d’holomorphie des opérateurs d’entrelacement normalisés.... 5.3 Image des opérateurs d’entrelacement normalisés............... 5.3.1 Description qualitative de l’image....... 5.3.2 Description précise de l’image dans certains cas............ 27 28 32 33 34 38 6 Places archimédiennes , les représent ations ayant de la cohomologie 6.1 Les opérateurs d’entrelacement standards................... 6.1.1 Caractère infinitésimal.......................... 6.1.2 Présentation du quotient de Langlands................. 6.1.3 Paramètres de Langlands des représentations cohomologiques d’après [27].................................... 6.1.4 Holomorphie des opérateurs d’entrelacement standard........ 6.1.5 Conclusion de la preuve......................... 6.2 Opérateurs d’entrelacement normalisés..................... 43 44 45 7 Applications aux séries d’Eisenstein 45 7.1 Le cas de rang 1................................. 47 7.2 Le cas général................................... 47 7.3 Remarque sur les pôles des séries d’Eisenstein................. 51 7.4 Commentaires sur les formes automorphes de carré intégrable non cuspidales 53 8 Appendice 55 8.1 Propriétés des modules de Jacquet des représentations dans un paquet d’Arthur........................................ 55 8.2 Propriété d’irréductibilité............................ 56 5 2 Notations et description des représentations π +, cas local p-adique 2.1 Notations générales On se place sur un corps p-adique, F. On paramétrise les représentations irréductibles de WF ×SL(2, C)×SL(2, C) par un triplet (ρ, a, b) formée d’une représentation irréductible de WF et de 2 entiers qui paramétrisent chacun une représentation irréductible de SL(2, C). On note m∗G la dimension de la représentation naturelle du L-groupe de G ; cette notation servira peu. 2.1.1 Bonne Parité On fixe G un groupe classique défini sur F ; ici on se limite aux groupes orthgonaux ou symplectique. On dit qu’une représentation irréductible de WF × SL(2, C) × SL(2, C) se factorise par un groupe de même type que le groupe dual de G, si elle est autoduale et symplectique si G est un groupe orthogonal impair et orthogonal sinon. On dit alors que cette représentation a bonne parité. Soit ψ une représentation semi-simple de WF × SL(2, C) × SL(2, C) de dimension finie dont toutes les sous-représentations irréductibles sont de bonne parité, on dit alors que ψ est de bonne parité. 2.1.2 Paramètre géométrique des paquets d’Arthur et Jord(ψ) Les paramètres géométriques des paquets d’Arthur sont des représentations irréductibles de WF ×SL(2, C)×SL(2, C) que l’on suppose semi-simple, se factorisant par le groupe dual de G. On suppose que ces représentations sont continues quand on les restreint à WF et algébriques sur les 2 copies de SL(2, C). En général, c’est le cas le plus difficile, on suppose ces représentations unitaires quand on les restreint à WF ; on dit simplement unitaire. On fera les généralisations nécessaires pour éviter la conjecture de Ramanujan en 5.1. En 2.2 on expliquera comment on associe à un tel morphisme un ensemble fini de représentations lisses irréductibles de G. On note Jord(ψ) l’ensemble des sous-représentations irréductibles incluses dans ψ en tenant compte des multiplicités. Avec les notations déjà introduites, on a donc : X abdim ρ = m∗G (ρ,a,b)∈Jord(ψ) 2.1.3 Correspondance de Langlands pour les groupes GL On utilisera librement la correspondance de Langlands pour GL démontrée par HarrisTaylor en [10] et par Henniart en [11]. Cela permet d’identifier toute représentation continue irréductible de dimension finie d de WF, notée ρ, à une représentation cuspidale irréductible de GL(d, F ), notée encore ρ. Soit ψ comme ci-dessus, on note π GL (ψ) la représentation induite π GL (ψ) = ×(ρ,a,b)∈Jord(ψ) Speh(St(ρ, a), b), où St(ρ, a) est la représentation de Steinberg, unique sous-représentation irréductible de l’induite ρ | |( a −1) /2 × · · · × ρ| |−(a−1)/2 et où Speh(St(ρ, a), b) est l’unique quotient irréductible de l’induite St(ρ, a)| |(b−1)/2 × · · · × St(ρ, a)| |−(b−1)/2. Si ψ se factorise par le groupe dual de G, cette représentation π GL (ψ) est, à fortiori, autoduale. Soit ρ une représentation cuspidale d’un groupe GL(d, F ) (ce qui définit d) et soit [x, y] un segment, c’est-à-dire x, y ∈ R avec x − y ∈ Z. Dans le texte x, y seront toujours des 6 demi-entiers mais cela ne sert pas ici. On note < x, · · ·, y >ρ l’unique sous-représentation irréductible de GL(d|x−y|+1, F ) incluse dans l’induite ρ| |x ×· · ·×ρ| |y. Cette représentation est une série discrète tordue si x − y ≥ 0 et est une représentation de Speh si x − y ≤ 0. On généralise parfois cette notation dans la situation suivante : soit une matrice dont les lignes et les colonnes sont des segments mais de croissance opposée ; en d’autres termes soit x, y, z tel que [x, y] soit un segment et [x, z] soit aussi un segment mais avec (x − y)(x − z) ≤ 0 et on considère la matrice x ··· y..... A :=.. z ··· z+y−x et la représentation < A >ρ est alors l’unique sous-représentation irréductible incluse dans l’induite < x, y >ρ × · · · × < z, z + y − x >ρ. La possibilité de définir ainsi une unique représentation irréductible résulte des résultats de Bernstein-Zelevinsky et Zelevinsky que nous utilisons librement dans l’article. 2.1.4 Opérateurs d’entrelacement Soit τ une représentation, en général irréductible mais ce n’est pas indispensable pour cette définition, d’un groupe GL(dτ ) et soit π une représentation irréductible de G. Pour s ∈ C , on considère la représentation induite τ | |s × π et l’opérateur d’entrelacement standard : M (s, τ, π) : τ | |s × π → τ ∗ | |−s × π. Supposons que π est dans un paquet d’Arthur associé à une représentation ψ de WF × SL(2, C) × SL(2, C) (cf. 2.2 et 5.1) et on reprend la notation r(s, τ, ψ) de l’introduction : r(s, τ, ψ) = L(τ, rG,dτ, 2s) L(τ × π GL (ψ), s) GL L(τ × π (ψ), s + 1) L(τ, rG,dτ, 2s + 1) rG,dτ a été défini dans l’introduction et ne compte pas quand on est dans le cas local, le facteur correspondant n’a ni zéro ni pôle pour τ tempérée et Re s > 0. On pose Nψ (s, τ, π) := r(s, τ, π)−1 M (s, τ, π). Quand τ est une représentation de Steinberg, c’est-à-dire de la forme St(ρ, a), on pose Nψ (s, St(ρ, a), π) =: Nψ (s, ρ, a, π). 2.2 Rappel sur les paquets d’Arthur On fixe ψ une représentation unitaire de WF ×SL(2, C)×SL(2, C) à valeurs dans GL(m∗G, C) comme dans 2.1.2, d’où aussi π GL (ψ) comme dans 2.1.3. Supposons momentanément que G est quasidéployé. Arthur a annoncé dans le dernier chapitre de [2] qu’il existe un ensemble fini de représentation irréductible de G, noté Π(ψ) uniquement déterminé par le faitP que pour tout π ∈ Π(ψ) il existe une nombre complexe non nul aπ tel que la distribution π∈Π(ψ) aπ tr π se transfère, via l’endoscopie la θ-trace de π GL (ψ). Ne supposons plus G quasidéployé, on a alors une définition de Π(ψ) en utilisant le transfert à la forme quasidéployée du groupe. En admettant ce résultat d’Arthur pour les morphismes ψ triviaux sur la 2e copie de SL(2, C) et tel que Jord(ψ) soit sans multiplicité, ce sont ceux qui paramétrisent les paquets de séries discrètes, on a retrouvé le résultat général d’Arthur en [17] ; ce qui nous 7 importe est que dans ces références, on a donné une construction combinatoire des éléments de Π(ψ) à partir des séries discrètes. C’est cette description que l’on va rappeler. Cette description est simple dans le cas où la restriction de ψ à WF fois la diagonale de SL(2, C) × SL(2, C) est sans multiplicité. Dans ce cas, on a montré en [17] que Π(ψ) est en bijection avec les couples de fonctions (t, η) de Jord(ψ) à valeurs dans N × {±1} satisfaisant à ∀(ρ, a, b) ∈ Jord(ψ), t(ρ, a, b) ∈ [0, [inf (a, b)/2]] si t(ρ, a, b) = inf (a, b)/2, alors η(ρ, a, b) = +; (1) ×(ρ,a,b)∈Jord(ψ) η(ρ, a, b)inf (a,b) (−1)[inf (a,b)/2]+t(ρ,a,b) = ǫG, (2) où ǫG vaut + quand G est quasidéployé. En général, il vaut mieux définir ǫG comme valant l’invariant de Hasse de la forme bilinéaire servant à définir G ; comme le même groupe peut correspondre à 2 formes bilinéaires avec des invariants de Hasse différents, dans ces cas, la paramétrisation dépend de la forme bilinéaire et non du groupe et la notation est incorrecte. Dans le cas particulier, où en plus des hypothèses déjà faites, pour tout (ρ, a, b) ∈ Jord(ψ), on a a ≥ b, la paramétrisation que nous avons décrites est particulièrement agréable car elle donne directement les paramètres de Langlands des représentations cherchées. Si à l’inverse pour tout (ρ, a, b) ∈ Jord(ψ), on a b ≥ a, la paramétrisation donnée est une généralisation de la paramétrisation de Zelevinsky. En général, notre paramétrisation est une interpolation des paramétrisations de Langlands et de Zelevinsky adaptée à ψ et il n’y a pas de formule simple pour retrouver la paramétrisation de Langlands. On n’aura pas besoin du détail précis de la construction ici, ils sont résumés en [20] 2.2. Dans cet article, on a besoin d’utiliser précisément le passage du cas général à ce cas particulier. On note ψbp la somme des sous-représentations irréductibles de ψ ayant bonne parité (cf. 2.1.1) et ψmp la somme des autres. Comme ψ se factorise par le groupe dual de G, on peut découper (de façon non unique) ψmp en la somme directe de 2 sous-représentations ∗ ψ1/2,mp ⊕ ψ−1/2,mp où ψ−1/2,mp ≃ ψ1/2,mp. A ψ1/2,mp on associe comme précédemment une représentation de GL(d1/2,mp, F ) (où d1/2,mp est la dimension de la représentation ψ1/2,mp ) ; on note π GL (ψ1/2,mp ) cette représentation. On va construire ci-dessous Π(ψbp ) l’ensemble des représentations associées au morphisme ψbp et on a montré en [18] 3.2 que pour tout π ′ ∈ Π(ψbp ) la représentation induite π GL (ψ1/2,mp ) × π ′ de G est irréductible et que Π(ψ) est précisément l’ensemble de toutes ces représentations, l’induction définit donc une bijection de Π(ψbp ) sur Π(ψ). Il reste à rappeler la description de Π(ψbp ). Pour cela on suit [20] 2.8. Pour simplifier les notations on suppose que ψ = ψbp. La paramétrisation de Π(ψ) se fait ici encore à l’aide des couples t, η vérifiant les mêmes hypothèses que ci-dessus mais définis sur l’ensemble Jord(ψ) vu comme ensemble avec répétition (correspondant à la multiplicité) mais il faut en plus un ordre total sur Jord(ψ). Evidemment Π(ψ) comme ensemble ne dépend pas du choix de l’ordre mais la paramétrisation que nous ne donnons en dépend en général. On fixe donc un ordre total sur Jord(ψ) et on fait en plus un choix de signe pour tout (ρ, a, b) ∈ Jord(ψ) tel que a = b ; pour avoir des notations plus simples on inclut ce choix de signe dans les notations en remplaçant les triplets (ρ, a, b) ∈ Jord(ψ) par des quadruplets (ρ, A, B, ζ) où le passage se fait par les égalités : A = (a + b)/2 − 1; B = |(a − b)|/2; ζ(a − b) ≥ 0. L’ordre total sur Jord(ψ) doit vérifier la propriété suivante : 8 P : ∀(ρ, A, B, ζ), (ρ′, A′, B ′, ζ ′ ) ∈ Jord(ψ), les propriétés ρ ≃ ρ′, ζ = ζ ′, A > A′ et B > B ′ entraı̂nent (ρ, A, B, ζ) > (ρ′, A′, B ′, ζ ′ ). En particulier l’ordre sépare les éléments de Jord(ψ) qui sont égaux. Une fois l’ordre fixé, pour G′ un groupe de même type que G mais de rang plus grand et pour ψ ′ un morphisme analogue à ψ mais relativement à G′, on dit que ψ ′ domine ψ s’il existe une fonction T : Jord(ψ) → Z≥0 respectant l’ordre sur Jord(ψ) et tel que Jord(ψ ′ ) = {(ρ, A + T (ρ, A, B, ζ), B + T (ρ, A, B, ζ), ζ); (ρ, A, B, ζ) ∈ Jord(ψ)}. (3) Evidemment quand ψ ′ est connu on trouve la fonction T, en posant T (ρ, A, B, ζ) = A′ − A pour A′ l’élémént du quadruplet (ρ′, A′, B ′, ζ ′ ) situé dans Jord(ψ ′ ) à la même place que (ρ, A, B, ζ) dans Jord(ψ) et nécessairement pour ce quadruplet ρ′ = ρ, ζ ′ = ζ et B ′ = B + A′ − A. Pour avoir une notation plus expressive, on note plutôt ψ> un morphisme dominant ψ. Pour construire Π(ψ), on fixe ψ>> un morphisme, de bonne parité, dominant ψ et tel que la restriction de ψ>> à WF fois la diagonale de SL(2, C) × SL(2, C) soit sans multiplicité. Ceci est possible car on a supposé ψ de bonne parité. On sait donc construire Π(ψ>> ). On rappelle une notation bien commode ; on fixe ρ une représentation cuspidale autoduale d’un GL(d) et τ une représentation d’un groupe classique, H, ainsi que x un demi-entier (on n’utilisera que ce cas). Si l’indice de Witt de la forme définissant H est inférieur à d strictement on pose Jacρ| |x τ = 0 et sinon, on fixe un sous-groupe parabolique maximal de H ayant ses sous-groupes de Levi isomorphe à GL(d) × H ′ pour H ′ un groupe classique de même type que H et on note Jacρ| |x τ l’élément du groupe de Grothendieck des représentations lisses irréductibles de H ′ tel que dans le groupe de Grothendieck des représentations lisses irréductibles de GL(d) × H ′, le module de Jacquet de τ le long du radical unipotent du parabolique fixé soit de la forme ρ| |x ⊗ Jacρ| |x τ plus des éléments de la forme ρ′ ⊗ σ ′ avec ρ′ 6≃ ρ| |x. Quand ρ est fixé, on peut l’oublier de la notation. Fixons t, η vérifiant (1) et (2) ci-dessus ; on les transporte en des fonctions sur Jord(ψ>> ) via l’isomorphisme ordonné de Jord(ψ>> ) sur Jord(ψ). On a donc défini la représentation irréductible π(ψ>>, t, η). On a démontré en [20] 2.8 que la représentation ◦(ρ,A,B,ζ)∈Jord(ψ) ◦l∈[T (ρ,A,B,ζ),1] Jacζ(A+l) ◦ · · · ◦ Jacζ(B+l) π(ψ>>, t, η) =: π(ψ, t, η) où les (ρ, A, B, ζ) sont pris dans l’ordre décroissant est un élément du groupe de Grothendieck de G qui est soit 0 soit une représentation irréductible. De plus pour (t′, η ′ ) 6= (t, η) soit π(ψ, t, η) = 0 = π(ψ, t′, η ′ ) soit les 2 représentations sont inéquivalentes. Et on a montré en [20] 2.8 que Π(ψ) est exactement l’ensemble des représentations π(ψ, t, η) obtenues ainsi. Le seul défaut de cette construction est qu’il n’existe pas de critère simple pour distinguer la nullité ou la non nullité de π(ψ, t, η). Mais par contre on contrôle totalement les coefficients nécessaires (des signes) pour que la combinaison linéaire avec coefficients de ces représentations soit stable et se transfère en la θ-trace de π GL (ψ) pour une action totalement explicite de l’automorphisme θ. Dans le texte on aura besoin de propriétés supplémentaires que l’on rappelera avec une référence quand nécessaire et les 2 plus importantes seront redémontrées dans la généralité qu’il nous faut en appendice. 2.3 Notations pour les modules de Jacquet et propriété Dans le paragraphe précédent, on a introduit la notation Jacρ| |x abrégée parfois en Jacx. On la généralise ainsi : pour ρ fixé et x1, · · ·, xv un ensemble ordonné de nombres réels, 9 on pose Jacx1,···,xv = ◦i∈[v,1] Jacxi. On remarque que pour une représentation irréductible π, le fait que Jacx1,···,xv π 6= 0 est équivalent à ce qu’il existe une représentation σ d’un groupe de même type que G mais de rang plus petit avec une inclusion : π ֒→ ρ| |x1 × · · · × ρ| |xv × σ, (∗) et on peut évidemment supposer σ irréductible. On le démontre à partir du cas v = 1 par réciprocité de Frobenius. On vérifie aussi que si x, y sont tels que |x − y| > 1, on a l’égalité Jacx,y π = Jacy,x π : pour cela on calcule le module de Jacquet pour un parabolique de Levi GL(2dρ ) × G′ où G′ est un groupe de même type que G et on décompose le résultat dans le groupe de Grothendieck en une somme avec coefficients de représentations σ ⊗ τ. Ainsi Jacx,y est la somme avec les bons coefficients de τ qui interviennet avec σ qui ont dans leur module de Jacquet le terme ρ| |x ⊗ ρ| |y. Il n’y a qu’un seul σ possible avec cette propriété et son module de Jacquet cuspidal est exactement la somme de ce terme avec le terme ρ| |y ⊗ ρ| |x. D’où le résultat. 2.4 Le facteur de normalisation et ses pôles On fixe ψ comme ci-dessus, ρ une représentation cuspidale unitaire autoduale d’un GL et a0 un entier strictement positif et on a posé : r ( s, ρ, a0, ψ) := ×(ρ,a,b)∈Jord(ψ) L(St(ρ, a0 ), rG,adρ, 2s) L(St(ρ, a0 ) × St(ρ, a), s − (b − 1)/2) × L(St(ρ, a0 ) × St(ρ, a), s + (b + 1)/2) L(St(ρ, a0 ), rG,adρ, 2s + 1) Les facteurs L locaux qui interviennent ci-dessus sont bien connus ; par exemple, on sait depuis [12] page 445, (6) que pour σ, τ des représentations de carré intégrable d’un GL, le facteur L(σ × τ, s) n’a pas de pôle pour s ∈ R>0. On en déduit, a fortiori, que les dénominateurs ci-dessus n’ont pas de pôles pour s = s0 > 0 et qu’il en est de même de L(St(ρ, a0 ), rG,adρ, 2s). Ainsi l’ordre en s = s0 de la fonction méromorphe r(s, ρ, a0, ψ) est la somme des ordres en s = s0 des fonctions L(St(ρ, a0 ) × St(ρ, a), s − (b − 1)/2) quand (ρ, a, b) parcourt Jord(ψ). Pour déterminer ces ordres, on utilise le calcul explicite de ces facteurs donné en [12] th. 8.2 : L(St(ρ, a0 )× St(ρ, a), s′ ) = ×l∈[(a−1)/2,−(a−1)/2] L(ρ× ρ, (a0 − 1)/2 + l + s′ ) si a ≥ a0 et une formule symétrique dans le cas inverse. Cela se récrit L(St(ρ, a0 ) × St(ρ, a), s − (b − 1)/2) = ×l∈[|(a−a0 )/2|,(a+a0 )/2−1] L(ρ × ρ, l + s − (b − 1)/2). Une telle fonction a donc au plus un pôle simple et elle en a un exactement quand (b − 1)/2 − s0 ∈ [|(a − a0 )/2|, (a + a0 )/2 − 1]. On pose b0 := 2s0 + 1 et on suppose comme précédemment que b0 est un entier supérieur ou égal à 2 et on reprend les notations : A = (a + b)/2 − 1, B = |(a − b)|/2, ζ est un signe tel que ζ(a − b) ≥ 0 et de même A0 = (a0 + b0 )/2 − 1, B0 = |(a0 − b0 ) et un signe tel que ζ0 (a0 − b0 ) ≥ 0 avec ζ0 = + si a0 = b0. On a donc un pôle si les inégalités suivantes sont satisfaites : (b − b0 ) /2 ≥ (a − a0 )/2; (b − b0 )/2 ≥ (a0 − a)/2; (b − b0 )/2 ≤ (a + a0 )/2 − 1. Ou encore avec les notations introduites : ζ0 B0 − ζB ≥ 0; A ≥ A0 ; ζB + A0 ≥ 0. On a alors le tableau suivant qui dit quand (ρ, a, b) participe aux pôles de la fonction r(s, ρ, a0, ψ) en s = s0 (on rappelle que l’on a supposé que ζ0 = + si B0 = 0) : ζ \ ζ0 + - + B ≤ B0 ≤ A0 ≤ A B ≤ A0 ≤ A 10 pas de pôle B0 ≤ B ≤ A0 ≤ A 2.5 Paramètres de l’image des opérateurs d’entrelacement dans le cas de bonne parité On fixe ρ, a0, b0 un triplet qui paramétrise donc une représentation irréductible de WF × SL(2, C) × SL(2, C) ; on suppose que cette représentation est autoduale à valeurs dans un groupe de même type (orthogonal ou symplectique) que le type du groupe dual de G ; c’est-à-dire qu’elle est de bonne parité. On pose A0 = (a0 + b0 )/2 − 1 et B0 = |a0 − b0 |/2 ; on note ζ0 le signe de a0 − b0 sauf si ce nombre est 0 où ζ0 vaut alors + par définition. On considère aussi le triplet (ρ, a0, b0 − 2) qui n’est défini que si b0 > 2 et on lui associe aussi A′0 := (a0 + b0 − 2)/2 − 1 = A0 − 1, B0′ = |(a0 − b0 + 2)/2| qui vaut B0 + ζ0 sauf si a0 = b0 − 1 où l’on a B0 = B0′ = 1/2. On note ζ0′ le signe de a0 − b0 + 2 et si a0 = b0 − 2, on pose ζ0′ = − ; on a donc ζ0′ = ζ0 sauf dans le cas particulier où B0 = B0′ = 1/2 avec ζ0 = − où ζ0′ = +. Si b0 = 2, on dit que (ρ, A′0, B0′, ζ0′ ) n’existe pas. On fixe un morphisme ψ comme dans les paragraphes précédents. On suppose que ψ est de bonne parité. On suppose de plus que si b0 > 2 alors ψ contient la sous-représentation irréductible associée au triplet (ρ, a0, b0 − 2). Dans tous les cas, on note ψ + le morphisme qui se déduit de ψ en remplaçant une copie de (ρ, a0, b0 − 2) (si il y en a une) par une copie de (ρ, a0, b0 ) ou en ajoutant simplement (ρ, a0, 2) si b0 = 2. En termes de quadruplet, l’hypothèse sur ψ est que Jord(ψ) contient (ρ, A′0, B0′, ζ0′ ) si ce quadruplet est défini. On veut définir a priori un élément π + dans le paquet associé à ψ + et montrer que l’image de Nψ (s, ρ, a0 )s=s0 est exactement π + c’est à dire est nulle si π + est nulle et est réduite à π + sinon. Le guide pour faire cela est que l’on veut une inclusion π + ֒→ St(ρ, a0 )| |−s0 × π. (1) Dans certains cas, cela détermine uniquement les paramètres de π +. C’est ce qui se produit dans le cas où la restriction de ψ + et la restriction de ψ à WF fois la diagonale de SL(2, C)× SL(2, C) sont sans multiplicité. On retrouvera cela dans la preuve de 3.2.2. Un cas est complètement évident et on va donc le donner dès maintenant ; il s’agit du cas où ζ0 = + (c’est-à-dire a0 ≥ b0 ) et où la restriction de ψ + à WF fois la diagonale de SL(2, C) × SL(2, C) est sans multiplicité. On vérifie alors que (ρ, A′0, B0′ ; ζ0′ ) = (ρ, A0 − 1, B0 + 1, ζ0 ) et la restriction de ψ à WF fois la diagonale de SL(2, C)×SL(2, C) est aussi sans multiplicité. Notons t, η les paramètres de π dans son paquet Π(ψ) et t+, η + ceux de π + dans Π(ψ + ). D’après (1) et [17] 4.2, t, η et t+, η + coı̈ncident sur Jord(ψ) ∩ Jord(ψ + ) et l’on a t+ (ρ, A0, B0, ζ0 ) = t(ρ, A′0, B0′, ζ0′ ) + 1 (resp. = 1); η + (ρ, A0, B0, ζ0 ) = η(ρ, A′0, B0′, ζ0′ ) (resp. = + ) si (ρ, A′0, B0′, ζ0′ ) existe (resp. n’existe pas). Le cas où ζ0 = − même avec l’hypothèse que la restriction de ψ + à WF fois la diagonale de SL(2, C) × SL(2, C) est sans multiplicité est un peu plus compliqué ; en effet, l’hypothèse n’entraı̂ne pas que la restriction de ψ à WF fois la diagonale de SL(2, C) × SL(2, C) soit aussi sans multiplicité. Mais si on ajoute aussi cette hypothèse, l’inclusion (1) et [17] 4.4 forcent les formules t+ (ρ, A0, B0, ζ0 ) = t(ρ, A′0, B0′, ζ0′ ) (resp. = 0); η + (ρ, A0, B0, ζ0 ) = η(ρ, A′0, B0′, ζ0′ ) (resp. = + ) si (ρ, A′0, B0′, ζ0′ ) existe (resp. n’existe pas).
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La mobilité active et durable : quand la psychologie et la géographie se combinent pour mieux la comprendre et la promouvoir
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Le Modèle de la Norme-Action (« Norm-Action Model », NAM) Le Modèle de la Norme-Action (Schwartz, 1977; Schwartz & Howard, 1984; voir Figure Supplementaire 1) se base sur l’idée d’un processus qui commence avec la perception de la nécessité d’un tiers (i.e., « Attention »), suivie par la réflexion autour de notre capacité pour répondre à cette nécessité. Si nous ne trouvons pas de réponses satisfaisantes à ces questions, le processus finit ici. Si le processus continue, des sentiments moraux, sociaux ou non moraux sont déclenchés (i.e. la « Motivation » étant fortement liée aux les valeurs et normes personnelles1). Par conséquent, pour agir, nous devons nous sentir « obligés » à le faire (i.e., parce que nos valeurs et nos normes nous « obligent » à agir), mais nous devons aussi évaluer les coûts de notre action (i.e., « Évaluation anticipée »). Si l’évaluation est peu concluante à la fin (i.e., les coûts d’agir sont trop excessifs), nous sentirons le besoin de justifier notre non-action (i.e., « Défense ») ou au contraire, si l’évaluation est décisive (i.e., les coûts sont acceptables), nous agirons. Figure Supplémentaire 1. Modèle de la Norme-Action (Schwartz, 1977; Schwartz & Howard, 1984). Modèle adapté et traduit de (Schwartz & Howard, 1984, p. 237). II. Le Modèle des Valeurs-Croyances-Normes (« Value-Belief-Norm », VBN) Le modèle de Valeurs-Croyances-Normes (« Value-Belief-Norm » ; VBN de Stern et al., 1999) (voir Figure Supplémentaire 2) inclus des éléments du Nouveau Paradigme Écologique (i.e., « New Ecological Paradigm », NEP, Dunlap & Van ere, 1978, 1984) et du modèle de la Norme-Action (Schwartz, 1977 ; Schwartz & Howard, 1984). Le but de 1 Tous les individus intègrent un système de valeurs unique à ses normes personnelles (Schwartz & Howard, 1984). Annexes 4 - Annexe 1 — Les modèle de la Norme-Action et le Modèle des Valeurs-Croyances Normes ce modèle est de mieux comprendre le rôle des valeurs (e.g., altruistes, égoïstes, traditionnelles et l’ouverture au changement) et des normes personnelles environnementales sur l’activisme pro-environnement, la citoyenneté environnementale, l’acceptation des politiques publiques et les comportements proenvironnementaux. Figure Supplémentaire 2. Modèle de Valeurs-Croyances-Comportements (« ValueBelief-Norm » ; VBN de Stern et al., 1999). Modèle adapté et traduit de Stern et al., 1999. Les flèches rouges représentent les liens positifs entre les variables, les flèches bleues représentent les liens négatifs. Le processus détaillé par Stern et al. (1999) indique que le nouveau paradigme écologique influence positivement la prise de conscience des conséquences négatives que les événements ou les situations peuvent avoir sur autrui. Si l’individu considère qu’ils existent des conséquences négatives pour autrui, il essayera de déterminer quel est son rôle dans cette situation (i.e., l’attribution de la responsabilité). En effet, s’il s’attribue une partie de la responsabilité, les normes personnelles environnementales sont déclenchées. Enfin, c’est l’activation des normes personnelles qui déclenche le comportement. Annexes 5 - Tableau supplémentaire 1 Annexe 2 — Approche du processus d’action en santé L’approche du processus d’action en santé (Schwarzer, 2016 ; Schwarzer & Luszczynska, 2008) est un modèle en psychologie de la santé qui établit que l’initiation des comportements et leur maintien sont influencés par des facteurs associés à une phase motivationnelle et une phase volitionnelle (voir Figure Supplémentaire 3). La perception du risque, les attentes concernant les résultats de l’action et l’efficacité le pour l’action influencent l’Intention. Par ailleurs, l’efficacité personnelle de récupération et du coping ainsi que par l’élaboration d’un plan d’action ou d’un plan d’adaptation influencent l’initiation de l’action et le maintien de l’action. Figure Supplémentaire 3. Approche du processus d’action en santé. (« Health Action “, HAPA, Schwarzer, 2016 ; Schwarzer & Luszczynska, 2008). Modèle traduit de Schwarzer, 2016. En résumé, l’approche du processus en santé explique comment les individus forment des intentions et comment ils traduisent leurs intentions en actions (notamment grâce à l’élaboration d’un plan d’action et d’un plan d’adaptation. Annexes 6 - Annexe 3 — Interventions robustes ciblant le changement de mobilité Annexe 3 — Interventions robustes ciblant le changement de mobilité Tableau supplémentaire 1 Synthèse des interventions robustes ciblant le changement de mobilité Auteur s CC Aitassa ↑March lo et e al., 2012a TE X Description IC Ingrédients de chang. Porte de 4. ( instruction 241 comment exécuter un pédomètres comportement), Rdvs + 5. (Conséquences), matériels 1. (fixation écrits + d’objectifs, action planning, résolution email s d’obstacles), 2. (promouvoir l’autosurveillance comportement) Ai tassa ↑Mad lo et al., 2019b SE M N Type d’étu ICR Tem ps IC 6 mois Évaluatio n de l’IC Résultats Limites Conclusions RE-AIM 3 temps : (Baseline, 2 mois, 6 mois) Augmentation légère de participants qui marchent pour se déplacer dans le groupe intervention. Taille d’effet d= 0.18 Effets légers sur la marche à pied. Perte de participants Quelques résultats de l’efficacité, beaucoup de pertes de participants, recommandatio n d’utiliser des accéléromètres. Accélérom ètre, carnet de bord et questionn aires. 3 temps : (2015, Augmentation de l’intention de marcher (+8.7 %, 95%CI [1.8, 15.6]) et faire de vélo (5.5 %, 95%CI [2.2, 8.8]. Pas d’effet Peu de participants ont porté les accéléromètres (résultats basés sur les comportement s autorapportés Cette intervention semble être efficace pour motiver les intentions, mais plusieurs soucis pour motiver le changement de du (basés sur le HAPA) 4. (instruction 630 Infrastructure comment exécuter un (pistes comportement), cyclables, 12. (restructuration pistes de de l’environnement physique), marche, douches dans les entreprises) + Rdvs + CCR Pas clair (3 mes ures ) Annexes 7 - Tableau supplémentaire 1 matériels écrits emails Armita ↓Voit ge et al., 2011 a Bambe rg 200 6a X ↓ Voit ↑ Mo TC me nts clé s de vie ha bit ud es M atériels écrits 2016, 2017) + 1. 352 ICR 1 mois Changement 4. (instruction 241 de domicile + comment exécuter un comportement), Matériels 12. (Ajouter des écrits + ticket objets à gratuit (1 l’environnement, restructuration de l’environnement journée) physique) ICR 6 sem aine s (Implémentation d’ intention / action planning) Annexes 8 - significatif sur les comportement s Beaucoup de perte de participants. Pas toutes les stratégies ont été mises en place dans chaque entreprise. Occupatio Taille d’effet Peu de n de la non participants voiture et significative ont respecté variables (d= -0.27) les instructions. TPB. 2 temps : (Baseline et suivi) Carnet de Réduction de la L’évaluation est bord (une voiture : taille basse sur le journée) et d’effet non remplissage du variables significative carnet de bord TPB. (d=-0.24) pendant une 2 temps : Augmentation journée (6 mois d’autres modes avant (d=0.47) déménage ment et 3 mois après) mobilité (perte de participants, manque de mesures objectives) Les effets de l’intervention ont été plus importants pour les participants ayant respecté les consignes Il semble exister une augmentation de l’usage des transports en commun, mais il faut interpréter avec précaution (dû à la méthode d’évaluation) Annexe 3 — Interventions robustes ciblant le changement de mobilité Bamb e rg 201 3a ↓Voit Ben↓Voit Elia et al. 2009 a SS BC X 2 inter s. : 1) Matériels écrits (horaires, lignes de transport) 2) Matériels écrits + appels téléphonique s 1) 4. Application téléphone 10. (Instruction 720 ICR 2 sem aine s Carnet de bord détaillé 1 temps : (6 semaines après le 2e appel) Interv. 1) -0.17, Manque de TC=-0.06, données de la vélo=0.08, Baseline marche=-0.05 Interv. 2) -0.54, TC=0.41, vélo=0.03, marche=0.05 262 EAAC 11 sem aine s Questionn aires, carnet de bord, caméras de capteurs sur la voiture (le temps ne suivi n’est pas clair) Aucune différence postintervention (d=0.00). Perception du vélo améliore comment exécuter un, comportement) 2) 4. (Instruction comment exécuter un , comport ement) 5. (Conséquences), 1. (fixation d’objectifs, action planning, résolution, d’obstacles) (généralisation comportement) 8. du Basé sur le SSBC (Incitation économique), 2. (promouvoir l’autosurveillance comportement) 4. du (instruction comment exécuter un comportement Annexes 9 - Les participant s du groupe contrôle et intervention avaient des différences déjà pendant la Baseline Intervention adaptée à l’étape de changement selon la théorie développée par l’auteur. Le manque de résultats de la Baseline oblige à interpréter les résultats avec précaution. Le manque de randomisation provoque que les groupes contrôle et intervention aient beaucoup de différences entre eux. Tableau supplémentaire 1 Cellina ↓Voit et al. ↑Mad 2019 b MT T Application 2. (promouvoir 212 l’autosurveillance du adaptée aux comportement), étapes de 8. (comparaison changement sociale), de chaque 1. (fixation individu d’objectifs), 10. (message de (récompense sociale, feedback récompense), 4. (instruction comment proposition exécuter un comportement) de routes) ICR 4 mois Annexes 10 - Informatio ns recueillies par l’applicatio n (émissions de CO2 et consomm ation d’énergie par km). 5 temps : (Baseline, pendant l’interventi on , 3 mois après la fin de l’interventi on. Questionn aires 5 mois après la fin de l’interventi on, entretiens Réduction statistiquemen t significativ e de l’intervention sur les émissions de 33.137 gCO2/km) seulement pour le groupe d’individus habitant à Ticino Les comportement s de mobilité n’ont pas été mesurés (seulement l’émission de CO2). 600 participants ont été recrutés et seulement 212 ont participé à l’étude. L’intervention a été efficace seulement pour les individus habitant à Ticino (aucun effet sur les habitants de Zurich ). Les intervention s future s devraient recueillir informations sur les modes de transport. Annexe 3 — Interventions robustes ciblant le changement de mobilité 10 mois après Eriksso ↓Voit n et al. 2008 a TP B, VB N, int err upt ion d’h abi tud es Rdv matériels écrits + 1. 8., 184 (généralisation du (esti comportement), mé) 4. (instruction (action planning) ICR 1 sem aine comment exécuter un comportement) Annexes 11 - Questionn aires, carnets de bord. 2 temps : (avantaprès interventio n) Pas d ’ effet sur la ré duction de la voiture (d= 0.01). Les individus ayant des normes personnelles et des habitudes fortes ont changé de comportement dans le groupe expérimental. Les comportement s sont autorapportés, le suivi est court Pas d’effet de l’intervention. Un effet plus important est observé chez les individus ayant des normes personnelles et des habitudes fortes. Tableau supplémentaire 1 Fujii et ↓Voit al. ↑TC a 2005 X Matériels écrits (recommand ations pour réduire les émissions de CO2) + implémenter des intentions de réduction 5. (Conséquences), 292 1. (action planning), (basé sur les théories de l’implément ation de l’intention) ICR 1 sem aine Garvill ↓Voit et al. 2003 a Th éor ies des ha bit ud es Rdvs + matériels écrits (carnet de bord adapté à la prise de conscience de l’usage de la voiture) + appels 2. ICR 1 sem aine (promouvoir l’autosurveillance du, comportement) (basé sur les théories des habitudes) 372 (esti mé ) Annexes 12 - Questionn aires (fréquence d’usage de modes de transport) et un carnet de bord (3 jours), 2 temps : 6 semaines avant l’interventi on et 1 semaine après Questionn aires et carnet de bord (7 jours). 3 temps : (avant, pendant et après) Trajets de plus de 45 minutes d=-0.22, trajets 15-45 minutes d=0.11, trajets <15 minutes d=0.22, trajets total d=0.16 Les comportement s sont autorapportés, le suivi est court Réduction de l’usage de la voiture non significatif, l’évidence est plus importante pour les trajets le plus longs Effet de l’intervention sur les individus ayant les habitudes les plus fortes, interaction changement x habitudes (F (1,110) = 4.62, p < 0.05) Les comportement s sont autorapportés, le suivi est court Les individus ayant les habitudes les plus fortes ont diminué leur usage de la voiture. Annexe 3 — Interventions robustes ciblant le changement de mobilité Hemmi ↑Vélo ngsson et al. 2009 c Jakobs ↓Voit son et al. 2002 a MT T Pu niti ons éco no mi qu es et thé ori es des atti 3 rdvs avec un mé decin (re command ations d’AP) + accès gratuit au vélo (et accessoires) 5. (Conséquences), 120 8. (généralisation du 3 intervs. : 1) « punition » économique (2 semaines) 2) Rdv + « punition » économique (2 semaines) 3) Rdv + « punition » économique (4 semaines) 1) 10. (Punition), 182 2 et 3) 5. (esti (Conséquences), mé) 10. (punition), 4. (instruction CCR comportement) 3. (soutien social), 12. (Ajouter des objets l’environnement) à comment exécuter un comportement) CCR 18 mois Totalisateu r sur les vélos, pédomètr e, carnet de bord (7 jours) à remplir tous les deux mois, questionn aires. 3 temps : (Baseline, 6 et 18 mois) 1) 2 Carnet de sem bord. aine 3 temps : s (Baseline, 2) 2 première sem semaine aine interventio s n, fin 3) 4 interventio sem n) aine s Annexes 13 - Les femmes dans l’intervention font plus de 2 kms par jour que le groupe contrôle ( OR : 7.8, 95 % CI [ 4.0 , 15.0 ] ; p<0.001), les effets perdurent 18 mois après Les distances réalisées à vélo ont été mesurées de façon différente (en utilisant les totalisateurs pour le groupe intervention et autorapportés pour le groupe contrôle ) L’intervention semble être efficace pour augmenter les kilomètres réalis és à vélo. Effe ts non significa tifs de l’intervention 1 ) d= -0.19 , intervention 2) d=0.01, intervention 3) d=0.19 Les comportement s sont autorapportés, le suivi est court Effet très faible et non significatif de l’intervention de dissuasion économique Tableau sup plémentaire 1 tud es Matthi ↑Mad es et al. 2006 a Dis rup tio n d’h abi tud es et nor me s mo ral es 2 intervs. : 1) ticket de transport gratuit 2) ticket de transport + Rdv + matériels écrits (informations environneme nt) 1) 12. (Ajouter des 578 objets l’environnement) à, 2) 12. (Ajouter des objets l’environnement) à ICR 4 sem aine s, 1. ( Engagement ), 5. (Conséquences) Annexes 14 - Nombre de trajets réalisés avec un mode de transport alternatif à la voiture, normes personnell es et sociales, habitudes, accès à la voiture. 5 temps : Baseline, semaines 2, 4, 6 et 25). Effets de l’intervention 2 ) (augmentation de l’usage des TC de 7 % à 16.3 %). Pas d’effet de l’intervention 1 ) Les comportement s sont autorapportés et la seule information que nous avons est le nombre de trajets réalisés avec un mode de transport alternatif L’intervention tickets + engagement + informations montre des effets immédiats qui ne perdurent pas dans le temps. L’intervention incluant seulement les tickets n’a aucun effet. Annexe 3 — Interventions robustes ciblant le changement de mobilité Mutrie ↑Véloet et al. marche 2002 a MT T Matériels 4. (instruction 295 comment exécuter un écrits (routes, comportement) conseils de Basé sur le sécurité, MTT contacts utiles, carte) et accessoires de sécurité ICR 24 sem aine s Activité physique autorapportée, qualité de vie, étape de changeme nt. 3 temps : (Baseline, 6 mois, 12 mois) Ruiz et ↑Mad al. 2018 b TP B Conseil de 5. (Conséquences), 165 transport 4. (instruction comment exécuter un personnalisé comportement), (matériels 16. (conséquences écrits) et vicariantes) présentation d’un coach sportif/méde cin (bénéfices du vélo et de la marche), vidéo d’un individu ayant réduit EAAC Inco nnu Entretien (informati ons sur les déplacem ents à venir dans les 7 prochain s jours, 7 jours de carnet de bord, entretien téléphoniq Annexes 15 - Le groupe intervention a eu deux fois plus de probabilité de marcher (OR : 1.93, 95 % CI, 1.06, 3.52), pas d’effet sur le vélo Focus group a identifié les barrières au vélo (manque d’infrastructure s) Augmentation du temps de trajet à vélo, en transports en commun et à pied pour le groupe intervention, diminution du temps de trajet en voiture (aucune information sur Mesures autorapportée s, peu de compréhensio n des facteurs environnement aux ( qualité des infrastructures cyclables) L’intervention a été efficace pour promouvoir la marche, mais n’a pas eu des résultats sur le vélo. Les cartes et les horaires devraient être plus personnalisés. La taille de l’échantillon est petite, les informations sur la significativité de changements de modes de transport n’est pas rapportée. L’intervention semble marcher pour promouvoir le vélo, la marche à pied et les TC (les résultats doivent être interprétés avec précaution) Tableau supplémentaire 1 son usage de la voiture Tertool ↓Voit en et al. 1998 a Dis son anc e co gni tive Rdvs pour informer sur les conséquence s personnalisée s. 4 intervs. : 1) effets environneme ntaux de l’usage de la voiture, 2) Information sur le coût économique, 3) Information sur le coût économique ue la (changem significativité) ents réalisés dans les trajets). 3 temps 5. (Conséquences) 350 Basé sur la théorie de la dissonance cognitive ICR 1) 8 sem aine s 2) 8 sem aine s 3) 8 sem aine s Annexes 16 - Comporte ments de transport autorappo rtés tous les jours (kms et modes de transport) pendant 8 semaine s et questionn aire sur les attitudes Aucun effet Mesures des autorapportée interventions. L’interv. 1) a augmenté la conscience environnement ale, mais pas la conscience des émissions propres. Les interventions 2 ) et 3) ont provoqué de la réactance Recevoir des informations sur l’environnement peut augmenter la conscience environnementa le. Lorsque la dissonance cognitive est signalée (personnes déjà concernées par l’environnement utilisant la voiture), les individus modifient leurs attitudes (vers des attitudes négatives) au Annexe 3 — Interventions robustes ciblant le changement de mobilité et les effets sur l’environnem ent, Thoger ↑TC sen et al. 2009 a TP B, VB N, int err upt ion d’h abi tud es 5 intervs. : 1) Tickets gratuits, 2) horaires personnalisés des TC, 3) Tickets gratuits + horaires personnalisés des TC, 4) Action planning, 5) tickets gratuits, Action planning lieu de modifier leurs comportements 1) 12. (Ajouter des 1071 objets à l’environnement), 2) 12. (Ajouter des objets à l’environnement) 4. EAAC 12 sem aine s, (instruction comment exécuter un comportement 3) 4. (Instruction comment exécuter un comportement 4) 1. (Action planning) 5) 12. (Ajouter des objets l’environnement) à , 1. ( Action planning) Annexes 17 - Usage des TC autorappo rtés (nombre de fois sur 10 trajets), habitudes, variables TPB. 3 temps : (Baseline, après l’interventi on, 6 mois après l’interventi on) Effet positif des interventions 1 ) et 3) (doubler l’usage des TC de 0.5 à 1.00), l’effet reste 6 mois plus tard Mesures autorapportée s (la seule information que nous avons sur le comportement est combien de trajets sur 10 se font en TC). Les effets de chaque intervention ne sont pas détaillés. L’intervention qui mobilise la gratuité des transports semble bien marche pour augmenter le nombre de trajets réalisés en TC (l’effet perdure dans le temps 6 mois plus tard). Tableau supplémentaire 1 Note. CC= Comportement ciblé, ↑Augmentation, ↓Diminution, TE = Théorie explicative= Nombre de participants, IC = Intervention de changement, Mad = Mobilité active et durable, TC= Transports en commun, a Article identifié sur l’Article d’Arnott et al., 2014, b Article original, c Article identifi é sur Yang et al., 2010. SEM = Modèle social et écologique, TPB = Théorie de l’action planifiée, VBN = Modèle Valeur-Croyance-Normes, MTT= Modèle tranthéorique, SSBC=Modèle du changement de comportement autorégulé, TSC= Théorie sociale cognitive, EAAC = Étude avant-après contrôlée), ICR = Intervention contrôlée randomisée, CCR = Cluster contrôlé randomisé, RE-AIM = Cadre d’évaluation, OR = odd ratio, CI = Intervalle de confiance. d= taille d’effet. Les ingrédients du changement ont été codés en utilisant la taxonomie proposée par (Michie et al., 2011). Annexes 18 - Annexe 4 — Annexes étude 1 Annexe 4 — Annexes étude 1 I. Présentation de l’étude sur les facteurs associés à l’activité physique pendant le confinement lié à la COVID Annexes 19 - Annexe 4 — Annexes étude 1 II. Consentement éclairé pour participer à l’étude sur les facteurs géographiques, sociodémographiques et psychologiques associés à la mobilité active et durable Annexes 20 - Annexe 4 — Annexes étude 1 Questionnaires complets pour l’étude sur les facteurs géographiques, sociodémographiques et psychologiques associés à la mobilité active et durable III. Partie 1 — Informations sociodémographiques 1. Â ge Age Quel est votre âge? (nombre) 2. Genre Sex Vous êtes... (choix unique) 1.Femme/2. Homme/3. Je ne souhaite pas répondre 3. Niveau d’éducation Educationalattain Quel est le dernier diplôme que vous avez obtenu ? ( cho ix unique ) 1. — Pas d’études/2 . BEP, CAP /3. Bac/4. Bac + 2/5. Bac + 3/6. Bac + 5/7. Supérieur à Bac + 5 (doctorat)/8. Je ne souhaite pas répondre 4. Revenus Income Actuellement , dans quelle tr anche se situe l ’ensemble des revenus mensuels nets de votre ménage? (choix unique) En prenant en compte toutes vos rentrées d’argent, c’est-à-dire les salaires, pensions, allocations et autres. 1. 1000€ ou moins 2. Entre 1001 et 1500€ 3. Entre 1501 et 2000€ 4. Entre 2001 et 3000€ 5. Entre 3001 et 4000€ 8. Plus de 4000€ 9. Ne souhaite pas répondre 5. Situation de travail Si Employmentstatus = 1 Quel est votre pourcentage de travail? (échelle de 0 à 100) Workpercentage 6. Accessibilité modes de transport Combien de voitures/motos disposez-vous dans votre Numberofcar ménage : __ (nombre) Bikeaccess Sharedtransportaccess Avez-vous à votre disposition un vélo (classique ou électrique)/trottinette/gyroroue? (choix unique) 1. Oui, j’en possède un et je peux l’utiliser quand je veux/2. Oui, mais je dois le partager/3. Oui, mais il est en panne/inutilisable/4. Oui, j’ai un abonnement (vélo, trottinette, etc) ou un autre)/5. Non Avez-vous à votre disposition un abonnement de transport en commun/train/covoiturage? (choix unique) 1.Oui, un abonnement annuel/2. Oui, mensuel/3. Hebdomadaire/4. Non Partie 2 — Informations sociodémographiques et géographiques 1. Nombre d’individus dans le ménage House hold_ number Nombre de personnes qui font partie de votre ménage y compris vous-même : __ (nombre) Annexes 21 - Annexe 4 — Annexes étude 1 Aide : un ménage est l’ensemble des occupants d’un même logement sans que ces personnes soient nécessairement unies par des liens de parenté, hors collocation. 2. Nombre d’enfants Si Householdnumber >1 Nombre d’enfants de moins de 12 ans dans votre ménage : Numberofchildreunder12 __ (nombre) Si Householdnumber >1 Nombre d’enfants de 12 ans ou plus dans votre ménage : __ Numberofchildreover12 (nombre) 3. Taille du logement Housing_size Dans COMBIEN DE M2 habitez-vous? (nombre) 4. Adresse/accessibilité du domicile Homeaddress Quel est l’adresse de votre domicile? Aide : Cette question nous permet de calculer les distances que vous faites pour vos déplacements. Le questionnaire est anonyme, mais si vous ne souhaitez pas indiquer précisément votre adresse. Vous pouvez, si la rue est petite, uniquement préciser l’adresse sans le numéro. Si elle est longue, vous pouvez donner un numéro proche du vôtre. Homeaddress1. Numéro et nom de la voie Homeaddress2. Code postal/Nom de la commune Si Disposez-vous d’un emplacement de parking Numberofcar accessible (gratuit ou payant, dont avec un >0 abonnement résident , etc.) près de chez vous? (choix Car_access_home unique) 1.Non/2. Oui, à plus de 10 minutes en marchant de chez moi/3. Oui , à moins de 10 minutes en marchant de chez moi/4. Je ne sais pas Pt_access_home Disposez-vous d’un arrêt de transport près de chez vous? (choix unique) 1.Non/2. Oui, à plus de 10 minutes en marchant/3. Oui, à moins de 10 minutes en marchant/4. Je ne sais pas Partie 3 — Comportement de mobilité présent 1. Motif principal de déplacement Nous allons nous intéresser aux activités pour lesquelles vous vous déplacez régulièrement lors d’une semaine normale pour vous (hors vacances, déplacements, activités et situations inhabituelles). Principalactivity Quelle est l’activité principale pour laquelle vous déplacez-vous le plus souvent dans la semaine? (choix unique) 1. Travail 2. Études 3. Achats et services divers (coiffeur, cordonnier, banque, etc.) 4. Démarches administratives (Pôle Emploi, mairie, poste, CAF, etc.) 5. Santé (visite médicale et paramédicale, soin santé, pharmacie) Annexes 22 - Annexe 4 — Annexes étude 1 6. Promenade 7. Engagements associatifs, caritatifs, etc 8. Loisirs sportifs 9. Loisirs culturels 10. Aide à d’autres personnes/aux proches (amis, famille, etc.) 11. Sociabilité et visites à des amis/famille 12. Accompagner/aller chercher quelqu’un 13. Autre 2. Pourcentage des déplacements réalisés en voiture ou en mobilité active et durable Principalactivitymob. Dans une semaine type, quel est le pourcentage (approximatif) de vos déplacements pour vous rendre à votre activité principale : 0 %10 % 11 %20 % 21 %30 % Principalactivity mob1 31 %40 % 41 %50 % 51 %60 % 61 %70 % 71 %80 % 81 %90 % 91 %100 % En voiture/moto/scoot er Principalactivity En transports en mob2 commun (Tramway, bus , TER , TGV, Intercité)/Voiture (passager ou covoiturage) Principalactivity À vélo (classique ou mob3 électrique)/ trottinet te/avec la marche à pied / Autre (roller, gyroroue, etc). 3. Adresse de l’activité principale Fixedadressa1 Avez-vous une (ou plusieurs) adresses fixe(s) pour cette activité? (choix unique) 1. Oui, j’ai une adresse fixe/2. Oui, j’ai deux ou plusieurs adresses fixes/3. Oui, j’en ai une, mais j’y suis peu (par exemple, j’effectue des tournées professionnelles)/4. Non Si FixedadressA1 À quelle adresse vous rendez-vous le plus souvent pour réaliser = 1, 2 cette activité? AddressActivity1 Aide : Cette question nous permet de calculer les distances que vous faites pour vos déplacements. Le questionnaire est anonyme, mais si vous ne souhaitez pas indiquer précisément cette adresse. Vous pouvez, si la rue est petite, uniquement préciser l’adresse sans le numéro. Si vous ne rappelez pas l’adresse précise, vous pouvez mentionner le nom de l’entreprise/association/magasin/école AddressActivity1a. Nom et numéro de la voie Annexes 23 - Annexe 4 — Annexes étude 1 Aide : Vous pouvez mentionner le nom de l’entreprise si vous ne vous rappelez pas l’adresse précise AddressActivity1b. Code postal/Nom de la commune Partie 4 — Chaînage des déplacements et biographies de mobilités 1. Chaîn age des déplacements TripchainA À quelle fréquence enchainez-vous 2 activités/lieux qui nécessitent un déplacement entre le départ et le retour à votre domicile? Par exemple, je pars de mon domicile pour aller à mon lieu d’étude. Je passe à la salle de sport avant de rentrer à mon domicile. TripchainB 0.Jamais/1. Quelques fois par mois/3. Quelques fois par semaine/4. Presque tous les jours/5. Je ne sais pas À quelle fréquence enchainez-vous 3 ou 4 activités/lieux qui nécessitent un déplacement entre le départ et le retour à votre domicile? Par exemple, je pars de mon domicile pour accompagner mon enfant à l’école. Je vais au travail. Je récupère mon enfant à l’école. Nous passons faire des courses. Vous avez enchainé 4 activités sur des lieux différents entre le départ de votre domicile et le retour de votre domicile . 0.Jamais/1. Quelques fois par mois/3. Quelques fois par semaine /4 . Presque tous les jours /5 . Je ne sais pas Tripchain C À quelle fréquence enchainez-vous 5 activités/lieux ou plus qui nécessitent un déplacement entre le départ et le retour à votre domicile ? Par exemple, je pars de mon domicile. Je vais au travail. Le midi, je vais faire du sport. Puis, je passe à la boulangerie. Je retourne au travail. Après le travail, je vais voir des amis pour boire un verre. Puis, nous allons voir un spectacle . Vous avez enchainé plus de 5 activités sur des lieux différents entre le départ de votre domicile et le retour de votre domicile. 0.Ja mais /1. Quelques fois par mois/3. Quel ques fois par semaine /4. Presque tous les jours /5 . Je ne sais pas 2. Histori que de mobilité (Müggenburg et al., 2015) Mobility_biography Quel mode.s de transport utilisiez-vous principalement lorsque : Vous étiez à l’école primaire (choix unique) 1. En voiture (passager)/2. En transports en commun (Tramway, bus, Mobility_biography1 TER, TGV, Intercité)/3. À vélo (classique ou électrique)/trottinette/avec la marche à pied/Autre (roller, gyroroue, etc). Vous étiez au collège (choix multiple) 1. En voiture (passager)/2. En transports en commun (Tramway, bus, Mobility_biography2 TER, TGV, Intercité)/3. À vélo (classique ou électrique)/trottinette/avec la marche à pied/Autre (roller, gyroroue, etc). Vous étiez au lycée (choix multiple) Mobility_biography3 1. En voiture (passager)/2. En transports en commun (Tramway, bus, TER, TGV, Intercité)/3. À vélo (classique ou Annexes 24 - Annexe 4 — Annexes étude 1 électrique)/trottinette/avec la marche à pied/Autre (roller, gyroroue, etc). Vous étiez à l’université (ou en formation) (choix multiple) 1. En voiture/moto/scooter/2 En transports en commun (Tramway, Mobility_biography4 bus, TER, TGV, Intercité)/Voiture (passager ou covoiturage)/3. À vélo (classique ou électrique)/trottinette/avec la marche à pied/Autre (roller, gyroroue, etc). Vous avez débuté votre carrière professionnelle (choix multiple) 1. En voiture/moto/scooter/2 En transports en commun (Tramway, Mobility_biography5 bus, TER, TGV, Intercité)/Voiture (passager ou covoiturage)/3. À vélo (classique ou électrique)/trottinette/avec la marche à pied/Autre (roller, gyroroue, etc). Partie 5 — Activité Physique et Santé physique perçue 1. Activité physique (version courte IPAQ — Cheval) Physicalactivity. Nous nous intéressons aux différents types d’activités physiques que vous faites dans votre vie quotidienne. Les questions suivantes portent sur le temps que vous passez à être actif physiquement au cours d’une semaine type. Répondez à chacune de ces questions même si vous ne vous considérez pas comme une personne active physiquement. Les questions concernent les activités physiques que vous faites au travail/université, lorsque vous êtes chez vous, pour vos déplacements, et pendant votre temps libre. Dans une semaine type, combien de temps passez-vous à adopter les comportements suivants : Walking_PA. Marcher (cela comprend la marche à votre travail/université et à la maison, la marche pour vous rendre d’un lieu à un autre, et tout autre type de marche que vous auriez pu faire pendant votre temps libre pour la détente, le sport ou les loisirs) ___ minutes par semaine (nombre) Aide : 1 h= 60 minutes, 2 h = 120 minutes, 3 h = 180 minutes, 4 h = 240 minutes, 5 h=300 minutes, 6 h= 360 minutes, 7 h = 420 minutes, 8 h=480 minutes, 9 h= 540 minutes, 10 h = 600 minutes... Moderate_ PA . Activités physiques modérées Les activités physiques modérées font référence aux activités qui vous demandent un effort physique modéré et vous font respirer un peu plus difficilement que normalement (par exemple, porter des charges légères, passer l’aspirateur, faire du vélo tranquillement ou jouer au volley-ball). ___ minutes par semaine (nombre) Aide : 1 h= 60 minutes, 2 h = 120 minutes, 3 h = 180 minutes, 4 h = 240 minutes, 5 h=300 minutes, 6 h= 360 minutes, 7 h = 420 minutes, 8 h=480 minutes, 9 h= 540 minutes, 10 h = 600 minutes... Vigorous_PA. Activités physiques intenses Les activités physiques intenses font référence aux activités qui vous demandent un effort physique important et vous font respirer beaucoup plus difficilement que normalement (exemple : porter des charges lourdes, bêcher, faire du VTT ou jouer au football) Annexes 25 - Annexe 4 — Annexes étude 1 ___ minutes par semaine (nombre) Aide : Répondez à chacune de ces questions même si vous ne vous considérez pas comme une personne active physiquement. Les questions concernent les activités physiques que vous faites au travail/université, lorsque vous êtes chez vous, pour vos déplacements, et pendant votre temps libre. 2. Santé physique perçue Quality_life1. Dans l’ensemble, pensez-vous que votre santé est : 1. Mauvaise/2. Médiocre/3. Bonne/4. Très bonne/5. Excellente En raison de votre état de santé actuel, êtes-vous limité pour : Quality_life2. Effectuer des efforts physiques modérés (déplacer une table, passer l’aspirateur, jouer aux boules...)? 1. Non, pas du tout limité/2. Oui, un peu limité/3. Oui, très limité Quality_life3. Monter plusieurs étages par l’escalier? 1. Non, pas du tout limité/2. Oui, un peu limité/3. Oui, très limité Au cours de ces quatre dernières semaines, et en raison de votre état physique : Quality_life4. Avez-vous accompli moins de choses que vous auriez souhaitées? 1. Jamais/2. Parfois/3. Souvent/4. La plupart du temps/5. Toujours Quality_life5. Avez-vous été limité pour faire certaines choses? 1. Jamais/2. Parfois/3. Souvent/4. La plupart du temps/5. Toujours 3. Risques perçus (Nexøe et al., 1999) Les questions suivantes portent sur vos perceptions sur la COVID-19 1.Très en désaccord/2. Assez en désaccord/3. Légèrement en désaccord/4. Ni en désaccord ni d’accord/5. Légèrement d’accord/6. Assez d’accord/7. Tout à fait d’accord perceivedsuscept_COVID1. J’ai un risque élevé d’attraper la maladie du coronavirus perceivedsuscept_COVID2. Je me sens concerné par le risque d’attraper la maladie du coronavirus perceivedsuscept_COVID3. Je tombe malade plus facilement que les autres personnes de mon âge PerceivedSev_COVID1. Contracter le coronavirus pourrait engendrer chez moi de graves problèmes de santé PerceivedSev_COVID2. J’ai peur que le Coronavirus me rende très malade Partie 6 — Facteurs psychologiques associés à la mobilité 1. Intention Othermodesintention Dans le mois à venir, avez-vous l’intention de prendre un mode de transport autre que la voiture moto/scooter pour la plupart de vos déplacements? (choix unique) 1.Nullement l’intention/2. Très peu l’intention/3. Un peu l’intention/4. Moyennement l’intention/5. Plutôt l’intention/6. Fortement l’intention/7. Très fortement l’intention 2. Attitudes Annexes 26 - Annexe 4 — Annexes étude 1 Carattitude1 Pour moi, prendre la voiture/moto/scooter pour faire la plupart de mes déplacements, pendant le mois à venir, est... (choix unique) 1.Très optionnel/2. Assez optionnel/3. Légèrement optionnel/4. Ni optionnel, ni indispensable/5. Légèrement indispensable/6. Assez indispensable/7. Très indispensable Carattitude2 Pour moi, prendre la voiture/moto/scooter pour faire la plupart de mes déplacements, pendant le mois à venir, est... (choix unique) 1.Très désagréable/2. Assez désagréable/3. Légèrement désagréable/4. Ni désagréable ni agréable/5. Légèrement agréable/6. Assez agréable/7. Très agréable Othermodesattitude1 Pour moi, prendre un mode de transport autre que la voiture/moto/scooter pour faire la plupart de mes déplacements, pendant le mois à venir, est... (choix unique) 1.Très optionnel/2. Assez optionnel/3. Légèrement optionnel/4. Ni optionnel, ni indispensable/5. Légèrement indispensable/6. Assez indispensable/7. Très indispensable Othermodesattitude2 Pour moi, prendre un mode de transport autre que la voiture/moto/scooter pour faire la plupart de mes déplacements, pendant le mois à venir, est... (choix unique) 1.Très désagréable/2. Assez désagréable/3. Légèrement désagréable/4. Ni désagréable ni agréable/5. Légèrement agréable/6. Assez agréable/7. Très agréable 3. Normes Subjectives Othermodenorms1 La plupart des personnes qui sont importantes pour moi (famille, amis, collègues) m’incitent à prendre un mode de transport autre que la voiture/moto/scooter pour la plupart de mes déplacements... (choix unique) 1.Très en désaccord/2. Assez en désaccord/3. Légèrement en désaccord . Ni en désaccord ni d’accord/5. Légèrement d’accord/6. Assez d’accord/7. Tout à fait d’accord Othermodenorms3 La proportion de personnes dans mon entourage (mes ami.e.s, mes collègues, ma famille) qui prennent un mode de transport autre que la voiture/moto/scooter pour se déplacer la plupart du temps est : (choix unique) 1. Aucune personne/2. Le quart (25 %)/3. La moitié/4. Les trois quarts (75 %)/5. Toutes les personnes 4. Efficacité de soi selfefficacy_othermodes Dans le mois à venir, à quel point êtes-vous confiant-e en votre capacité de prendre un mode de transport autre que la voiture/moto/scooter pour faire la plupart de mes déplacements? (choix unique) 1.Pas du tout confiant-e/2. Très peu confiant-e/3. Un peu confiant-e/4. Moyennement confiant-e/5. Plutôt confiant-e/6. Fortement confiant-e/7. Très fortement confiant-e 5. Habitudes (automaticité) (Gardner et al., 2012) Annexes 27 - Annexe 4 — Annexes étude 1 HabitscarA HabitscarA1 HabitscarA2 HabitscarA3 HabitscarA4 HabitsothermodeA HabitsothermodeA1 HabitsothermodeA2 HabitsothermodeA3 HabitsothermodeA4 Prendre la voiture / moto / scooter pour me dé placer est une chose que : je fais automatiquement (choix unique) 1. Très en désaccord/2. Assez en désaccord/3. Légèrement en désaccord/4. Ni en désaccord ni d’accord/5. Légèrement d’accord/6. Assez d’accord/7. Tout à fait d’accord je fais sans y penser ( choix unique ) 1. Très en désaccord /2. Assez en désaccord/3. Légèrement en désaccord/4. Ni en désaccord ni d’accord/5. Légèrement d ’ accord/6 . Assez d’ accord/7 . Tout à fait d’ accord je peux faire sans y prêter attention (choix unique) 1. Très en désaccord /2 . Assez en désaccord/3. Légèrement en désaccord/4. Ni en désaccord ni d’accord/5. Légèrement d’accord/6. Assez d’accord/7. Tout à fait d ’accord je commenc e avant même de l ’ avoir réalisé (choix unique) 1. Très en désaccord /2. Assez en désaccord/3. Légèrement en désaccord/4. Ni en désaccord ni d’accord/5. Légèrement d’accord/6. Assez d’accord/7. Tout à fait d’accord Prendre un mode de transport autre que la voiture/moto/scooter pour me déplacer est une chose que : je fais automatiquement(choix unique) 1. Très en désaccord/2. Assez en désaccord/3. Légèrement en désaccord/4. Ni en désaccord ni d’accord/5. Légèrement d’accord/6. Assez d’accord/7. Tout à fait d’accord je fais sans y penser (choix unique) 1. Très en dés /2. Assez en désaccord/3. Légèrement en désaccord/4. Ni en désaccord ni d’accord/5. Légèrement d’accord/6. Assez d’accord/7. Tout à fait d’accord je peux faire sans y prêter attention (choix unique) 1. Très en désaccord/2. Assez en désaccord/3. Légèrement en désaccord/4. Ni en désaccord ni d’accord/5. Légèrement d’accord/6. Assez d’accord/7. Tout à fait d’accord je commence avant même de l’avoir réalisé (choix unique) 1. Très en désaccord/2. Assez en désaccord/3. Légèrement en désaccord/4. Ni en désaccord ni d’accord/5. Légèrement d’accord/6. Assez d’accord/7. Tout à fait d’accord 6. Habitudes (pratiques associées) (Adaptation de Buhler, 2012) HabitsothermodeB HabitsothermodeB1 Les déplacements habituels avec des modes de transport autres que la voiture/moto/scooter (vélo, transports en commun, marche à pied, etc.) peuvent être l’occasion de réaliser certaines activités. En vous déplaçant, à quelle fréquence vous arrive-t-il de... Écouter de la musique/une émission de radio/un audiobook/un podcast... (choix unique) Annexes 28 - Annexe 4 — Annexes étude 1 HabitsothermodeB2 HabitsothermodeB3 HabitsothermodeB4 1. Jamais/2. Parfois/3. Souvent/4. La plupart du temps/5. Toujours Penser à votre organisation (travail, études, vie quotidienne) ( choix unique ) 1. Jamais /2 . Parfois /3. Souvent /4. La plupart du temps /5. Assez d’accord/7. Tout à fait d’accord Je suis une personne qui soutient le développement durable (choix unique) 1. Très en désaccord/2. Assez en désaccord/3. Légèrement en désaccord/4. Ni en désaccord ni d’accord/5. Légèrement d’accord/6. Assez d’accord/7. Tout à fait d’accord Je suis une personne qui soutient les énergies renouvelables (choix unique) 1. Très en désaccord/2. Assez en désaccord/3. Légèrement en désaccord/4. Ni en désaccord ni d’accord/5. Légèrement d’accord/6. Assez d’accord/7. Tout à fait d’accord Je me vois comme quelqu’un qui a une conscience environnementale (choix unique) 1. Très en désaccord/2. Assez en désaccord/3. Légèrement en désaccord/4. Ni en désaccord ni d’accord/5. Légèrement d’accord/6. Assez d’accord/7. Tout à fait d’accord Je me considère « écolo » (choix unique) 1. Très en désaccord/2. Assez en désaccord/3. Légèrement en désaccord/4. Ni en désaccord ni d’accord/5. Légèrement d’accord/6. Assez d’accord/7. Tout à fait d’accord Partie 7 Si vous souhaitez participer au tirage au sort de deux bons d’achat X, vous pouvez nous laisser votre mail pour pouvoir vous contacter : Annexes 29 - Tableau supplémentaire 2 Annexe 5 — Tableaux des résultats de l’étude 1 et plots des résidus Tableau supplémentaire 2 Corrélations entre les facteurs géographiques, sociodémographiques et psychologiques et la mobilité active et durable (Étude 1) V. 1.VD 2.Age 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 -.17** [-.25,.08] 3.Sex 4.Ed.07.09* [-.02,.15] [.00,.17].20** [.12,.28] 5.Rev -.08 [-.16,.01] 6.%Tr 7. Men 8. -12 11.Pve 12. Ptp 13. 1.VD 2.Age 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 3.Sex 4.Ed 5.Rev 6.%Tr 7. Men 8. -12 9.+12 10.Tail 11.Pve 12. Ptp 13. NVo 14.Den 15.Acvo 16.Actp 17.Mot 18.ChA 19.ChB 20.ChC 21.Bio1.01 [-.08,.10] 22.Bio2 23.Bio3 -.03.36** [-.12,.06] [.29,.43] -.02.02.01 Annexes 33 - 30 31 32 33 34 35 Tableau supplémentaire 2 24.Bio4 25.MVPA [-.11,.07] [-.06,.11] -.03.01.05 [-.12,.06] [-.07,.10] [-.04,.14].10* [.01,.19] 26.SaPh 27.Risq 29.EfMa 30.AtVo 31.AtMa 32.NMa 33.HVo 34.HMa 35.HAMa -.02.04.06.05 [-.11,.06] [-.04,.13] [-.02,.15] [-.03,.14] -.11*.04.03.06 [-.06,.12] [-.02,.15] [-.20,.03] [-.26,.10] -.08 -.02 -.09*.01 -.02 -.07 -.14** [-.08,.09] [-.11,.06] [-.16,.01] [-.23,.06] [-.10,.07] [-.17,.00].00.02.02 [-.09,.09] [-.06,.11] [-.06,.11] -.00.01.05 [-.09,.09] [-.07,.10] -.05 [-.14,.04] -.18**.20**.33** [.12,.28] [.25,.40].17**.37** [-.03,.14] [.09,.25] -.01 -.02 [-.10,.07] [-.11,.06].03.03.01 [-.06,.12] [-.06,.12] [-.07,.10].09* [.01,.18].06 -.01 [-.03,.14] [-.10,.07] [-.17,.00].08 -.00 -.14**.68** [.30,.44] [-.01,.16] [-.09,.08] [-.22,.05] [.63,.72] -.21** -.42** -.11*.05.13** -.58** -.68** [-.29,.13] [-.49,.35] [-.03,.14] [.05,.21] [-.64,.53] [-.73,.64] -.01 -.12**.68**.73** -.64** [-.09,.08] [-.20,.04] [.63,.72] [.69,.77] [-.69,.59].22**.32** [.14,.30] [.24,.39] [-.19,.02].09* [.01,.17] -.09*.03.08.01.17**.21**.03 -.00.00 [-.06,.12] [-.01,.16] [-.07,.10] [.09,.25] [.13,.29] [-.05,.12] [-.09,.08] [-.08,.09] -.10*.02 -.03 -.03 -.23** -.44** [-.07,.11] [-.12,.05] [-.11,.06] [-.31,.15] [-.50,.37].07.06.02 [-.02,.15] [-.03,.14] [-.06,.11].11* [.02,.19] 36.Eco.33** [.26,.41] [-.05,.12] [-.17,.01] 28.Inte [-.07,.10] [-.19,.02].19**.38**.12** [.11,.27] [.30,.45] [.03,.20] -.02 -.06.06 [-.11, .06] [-.15,.02] [-.03,.14] -.03.06.06.07 [-.12,.06] [-.03,.15] [-.03,.14] [-.01,.16].11** [.03,.20].16** [.08,.24].10*.11* [.02,.18] [.03,.19].02 -.10* [-.07,.10] [-.19,.02].06 -.01.05 [-.02,.15] [-.09,.08] [-.03,.14].01.08 -.07 [-.08,.09] [-.01,.16] [-.15,.02].25**.27** -.28**.27** [.17,.33] [.19,.35] [-.36,.20] [.19,.35] -.53** -.59**.73** -.56** -.19** [-.59,.47] [-.64,.53] [.69,.77] [-.61,.50] [-.27,.11].55**.60** -.63**.58**.29** -.56** [.49,.61] [.54,.65] [-.68,.58] [.52,.64] [.21,.37] [-.62,.50].12**.08* -.10* [.00,.17] [-.18,.01].20**.26** -.29** [.12,.28] [.18,.34] [-.37,.21] [.04,.21].06 [-.03,.14].11* -.07.18** [.02,.19] [-.15,.02] [.10,.26].26**.14** -.31**.27** [.18,.34] [.05,.22] [-.39,.23] [.19,.35] -.02 [-.10 ,.07] Note. Annexes 34 - Annexe 5 — Tableaux des résultats de l’étude 1 et plots des résidus Tableau supplémentaire 3 Modèles de régression hiérarchique testant l’association indépendante entre les facteurs géographiques, sociodémographiques et psychologiques et la mobilité active et durable (Hypothèse 1, étude 1) b (constante) -20.50 [-46.32, 5.92] Âge 0.18 [-0.05, 0.41] Sexe 1.94 [-1.62, 5.51] Niveau éducatif 1.02 [-1.06, 3.10] Revenus -0.16 [-1.93, 1.61] Pourcentage de travail Nombre de personnes dans le ménage Enfants de moins de 12 ans Enfants de 12 ans et plus Taille du logement Possession d’un vélo Possession d’un abonnement de transport Nombre de voitures Densité du lieu de domicile Accessibilité en voiture du lieu de domicile Proximité d’un arrêt de transport Motif principal : Achats Motif principal : Accompagner quelqu’un Motif principal : Autre motif Fréquence de chaînages simples (2 activités) Fréquence de chaînages moyens (3 ou 4 activités) Fréquence de chaînages -0.03 [-0.17, 0.16] 2.99 [-0.68, 6.67] -2.56 [-7.24, 2.11] -5.13* [-9.85, -0.42] -0.03 [-0.10, 0.03] 3.93*** [2.75, 5.12] 4.71*** [3.15, 6.27] -6.44 [-9.16, -3.73] 0.003* [0.00, 0.00] -0.72 [-3.22, 1.79] 5.19*** [2.17, 8.21] 5.28 [-4.74, 15.30] 0.55 [-12.26, 13.35] -7.08 [-16.00, 1.83] -1.45 [-4.35, 1.46] 2.51 [-0.91, 5.93] -1.83 [-5.95, 2.28] Modèle 1 β SE b 13.24 p.122 0.12.09.126 1.81.04.285 1.06.04.334 0.90 -.01.858 0.08 -.00.981 1.87.16.110 2.38 -.09.282 2.40 -.14* .033* 0.03 -.06.343 0.60.27*** <.001*** 0.79.26*** <.001*** 1.38 -.25*** <.001*** 0.00.11*.018* 1.27 -.02.574 1.54.15*** <.001*** 5.10.04.300 6.51.00.933 4.54 -.06.119 1.48 -.05.329 1.74.09.150 2.09 -.04.381 Annexes 35 - b -0.29 [-29.75, 29.17] 0.16 [-0.02, 0.33] 0.42 [-2.33, 3.16] -0.42 [-2.05, 1.20] -0.50 [-1.85, 0.84] -0.14* [-0.26, -0.02] 2.53t [-0.24, 5.31] -3.53* [-7.00, -0.06] -5.65** [-9.18, -2.13] -0.03 [-0.08, 0.03] 0.41 [-0.61, 1.42] 3.11*** [1.89, 4.34] 0.55 [-1.67, 2.76] 0.00 [-0.00, 0.00] 0.84 [-1.11, 2.79] 1.00 [-1.47, 3.48] 5.20 [-2.22, 12.62] 7.63 [-1.79, 17.06] -9.57** [-16.17, -2.98] 0.08 [-2.14, 2.30] 0.04 [-2.56, 2.65] -2.00 [-5.09, 1.10] Modèle 2 β SE b 14.97 p.985 0.09.08.087 1.40.01.765 0.83 -.02.607 0.68 -.03.462 0.06 -.07*.027* 1.41.14t.073t 1.77 -.12*.046* 1.79 -.16**.002** 0.03 -.05.326 0.52.03.428 0.62.17*** <.001*** 1.13.02.627 0.00.01.899 0.99.03.397 1.26.03.425 3.77.04.169 4.79.05.112 3.35 -.09**.005** 1.13.00.944 1.32.00.974 1.57 -.05.205 Tableau supplémentaire 3 complexes (5 ou plus d’activités) MAD pendant l’ école primaire MAD pendant le collège et le lycée MAD pendant l’université MAD lors du premier emploi APMV 0.09 [-2.02, 2.20] 0.41 [-2.10, 3.90] 1.12 [-1.91, 4.16] 3.99** [1.61, 6.37] 1.07.00.933 1.53.03.555 1.54.03.467 1.21.02**.001** -1.11 [-2.69, 0.47] 1.29 [-0.99, 3.56] -0.75 [-3.04, 1.55] 2.18* [0.31, 4.05] -0.001 [-0.00, 0.00] Santé physique perçue Risques perçus de rattraper la COVID Intention MAD 7.39** [2.50, 12.28] 0.64 [-0.55, 1.83] 1.03* [0.14, 1.91] Efficacité de soi MAD Attitude vis-à-vis de la voiture Attitude vis-à-vis des MAD Normes sociales MAD Habitudes voiture 0.88t [-0.01, 1.78] -4.74*** [-5.93, -3.55] 0.45 [-0.74, 1.65] 0.67 [-0.42, 1.76] -1.07t [-2.28, 0.15] Habitudes MAD 1.56*** [0.70, 2.42] Pratiques associées MAD Identité écologique R2 R2 ajusté 0.12 [-1.56, 1.81] 0.46 [-1.17, 2.09] 0.45 0.41 0.80 -.05.170 1.16.04.266 1.17 -.02.521 0.95.09*.023* 0.00 -.01.692 2.49.09**.003** 0.60.03.291 0.45.11*.023* 0.45.10t.053t 0.61 -.41*** <.001*** 0.61.04.458 0.56.04.228 0.62 -.08t.084t 0.44.16*** <.001*** 0.86.01.886 0.83.02.579 0.72 0.69 Note. Annexes 36 - Annexe 5 — Tableaux des résultats de l’étude 1 et plots des résidus Tableau supplémentaire 4 Modèles de régression hiérarchique testant le rôle de l’intention et l’efficacité de soi dans l’association entre les variables sociodémographiques et géographiques et la mobilité active et durable (Hypothèse 2, étude 1) Modèle 3 SE b B (constante) Âge Sexe Niveau éducatif Revenus Pourcentage de travail Nombre de personnes dans le ménage Enfants de moins de 12 ans Enfants de 12 ans et plus Taille du logement Possession d’un vélo Possession d’un abonnement de transport Nombre de voitures -0.44 [-30.35, 29.47] 0.16t [-0.02, 0.34] 0.41 [-2.37, 3.18] -0.30 [-1.95, 1.35] -0.55 [-1.92, 0.81] -0.13 * [-0.25, 0.00] 2.15 [-0.65, 4.94] -3.04t [-6.55, 0.46] -5.28** [-8.85, -1.70] -0.02t [-0.08, 0.03] 0.52 [-0.50, 1.54] 3.27*** [-2.03, 4.51] 0.58 [-1.67, 2.83] Densité du lieu de domicile [-0.00, 0.00] Accessibilité en voiture du lieu de domicile [-0.98, 2.94] Proximité d’un arrêt de transport [-1.46, 3.56] Motif principal : Achats Motif principal : Accompagner quelqu’un 0.00 0.98 1.05 4.92 [-2.61, 12.45] 8.27t [-1.28, 17.82] β 15.21 B.977 -0.27 0.09.08t.080t 1.41.01.772 0.84 -.01.719 0.69 -.03 Modèle 3.1 β SE b P.426 0.06 -.07*.044* 1.42.12.131 1.78 -.10t.089t 1.82 -.15**.004** 0.03 -.05.365 0.52.04.317 0.63.18*** 1.14.02.612 0.00.01.737 1.00.03.326 1.28 .03.412 3.83.04.200 4.86.05t.089t <.001** * [-4.01, 3.47] 0.00 [-0.02, 0.03] -0.18 [-0.53, 0.16] 0.07 [-0.13, 0.28] -0.07 [-0.24, 0.10] 0.01 [-0.01, 0.02] -0.03 [-0.38, 0.32] 0.13 [-0.31, 0.57] 0.21 [-0.24, 0.65] 0.00 [-0.01, 0.01] 0.12 t [0.00, 0.25] 0.08 [-0.08, 0.23] 0.01 [-0.27, 0.29] 0.00 [0.00, 0.00] 0.25* [0.01, 0.50] -0.04 [-0.35, 0.28] -0.16 [-1.10, 0.78] 0.66 [-0.53, 1.86] 1.90 p B.887 0.14 0.01.02.720 0.18 -.04.299 0.10.03.492 0.09 -.04.424 0.01.02.545 0.18 -.02.847 0.22.04.563 0.23.05.363 0.00 -.03.668 0.07.08 t.058 t 0.08.04.329 0.14.00.960 0.00.05.287 0.12.08*.043* 0.16 -.01.814 0.48 -.01.741 0.61.04.275 [-3.55, 3.84] 0.00 [-0.02, 0.02] 0.20 [-0.14, 0.55] 0.06 [-0.15, 0.26] 0.03 [-0.14, 0.26] 0.01 [-0.01, 0.02] -0.40* [-0.74, -0.05] 0.40t [-0.03, 0.83] 0.19 [-0.25, 0.63] 0.00 [0.00, 0.01] -0.02 [-0.14, 0.11] 0.08 [-0.07, 0.24] 0.03 [-0.25, 0.31] 0.00 [0.00, 0.00] -0.14 [-0.38, 0.11] 0.09 [-0.22, 0.40] -0.14 [-1.07, 0.79] -0.05 [-1.23, 1.13] Annexes 37 - Modèle 3.2 β SE b 1.88 β.939 -0.29 0.01.01.851 0.17.04.244 0.10.02.586 0.09.01 Modèle 3.3 Β SE b p.768 0.01.03.384 0.18 -.20*.025* 0.22.13t.069t 0.22.05.403 0.00.06.273 0.06 -.01.798 0.08.04.289 0.14.01.842 0.00.03.499 0.12 -.04.270 0.16.02.555 0.47 -.01.774 0.60 -.00.935 [-29.75, 29.17] 0.16 [-0.02, 0.33] 0.42 [-2.33, 3.16] -0.42 [-2.05, 1.20] -0.50 [-1.85, 0.84] -0.14 * [-0.26, -0.02] 2.53t [-0.24, 5.31] -3.53* [-7.00, -0.06] -5.65** [-9.18,
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La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments
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Cette définition est souvent associée avec des implications négatives pour le gouvernement local, perçu comme un objet passif dans le processus décisionnel européen : à mesure que l'Europe fixe les règles, les gouvernements locaux doivent suivre, sans accès direct au processus de décision communautaire (Van Bever et Verhelst, 2013, p. 2 ; Wiktorska-Święcka, 2015, p. 45). Par exemple, les critères à respecter pour obtenir des soutiens financiers « sont plus stricts, plus rigides » que ceux du niveau national (Le Galès, 2013, p. 138). ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 341 Cette première approche de l’européanisation indique « qu'il y a peu [d’engagement] en Europe pour les autorités locales parce qu'elles sont trop petites pour traiter efficacement avec l'Europe et s'engager activement dans l'élaboration des politiques européennes », il y a peu ou pas d’engagement au-delà de ce qu'exige la loi (Van Bever et Verhelst, 2013, p. 2) De même, cette perspective est souvent associée au processus d’adhésion à l’Union Européenne des nouveaux pays, à la manière dont les critères juridique et politique (l’acquis communautaire) doivent être respectés avant l’entrée formelle dans les traités (Kern et Löffelsend, 2004, p. 25). L’européanisation ascendante souligne donc les « pressions émanant de la dynamique de l'intégration européenne » (Lindstrom, 2005, p. 2) concernant par exemple la transposition des protocoles statistiques NUTS (Goldsmith, 1993, p. 686 ; Lindstrom, 2005, p.2). L’européanisation ascendante Dans la perspective ascendante ou bottom-up, nous trouvons une perception de la « scène européenne comme une reconnaissance, une légitimité politique nouvelle et l’accès à des nouvelles ressources » (Le Galès, 2013, pp. 137-138). Cette perception n’est pas unanime, une absence totale de réaction est aussi concevable (Mourato, 2011, p. 49). Cependant, dans cette voie d’européanisation, il est possible pour les territoires d’influencer la politique européenne, voire d’accéder à des ressources (Rotolo, 2018, p. 70 ; WiktorskaŚwięcka, 2015, p. 38). Les autorités locales ont donc accès à des opportunités diverses (Guderjan et Miles, 2016, p. 15) ou peuvent transférer des pratiques innovantes au niveau européen (Guderjan, 2012, p. 106). Ce niveau représente donc, pour les villes, une nouvelle possibilité d’influencer le processus décisionnel de l’UE et de promouvoir leurs intérêts (Van Bever et Verhelst, 2013, p. 3). Wiktorska-Święcka (2015, p. 46) souligne que cette dimension de l’européanisation accroît l’importance des villes dans le système européen : « Lorsque les villes développent leurs propres initiatives et tentent d'influencer les décisions de l'UE directement, elles passent du statut de sujets à celui de décideurs et deviennent acteurs du processus d'intégration européenne. Dans de nombreux domaines les villes sont passées de sujets politiques à acteurs actifs dans le système multiniveaux de l’UE. » ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 342 Par conséquent, l’intégration européenne ne se limite pas à imposer un niveau d’autorité supplémentaire trè contraignant, elle ouvre aussi pour les villes un nouvel espace de manouvre politique où elles peuvent porter leurs demandes (Van Bever et Verhelst, 2013, p. 3). L’intégration elle-même se nourrit de cette contribution locale où la Commission européenne favorise ce type d’échange (Howell, 2002, p. 20) qui lui est bénéfique. Elle y trouve une légitimité nouvelle du fait de la proximité des villes avec les citoyens (Wiktorska-Święcka, 2015, p. 46). L’européanisation horizontale (ou circulaire) La troisième dimension, circulaire ou horizontale, fait référence à l’accroissement des interactions entre les villes des différents pays, à la création des réseaux et à une dynamique d’échange. Dans ce cas, « les gouvernements locaux développent plus particulièrement divers outils pour faciliter le transfert des meilleures pratiques afin d'apprendre des connaissances de chacun » (Van Bever et Verhelst, 2013, p. 4). Kern et Bulkeley (2009, p. 312) insistent sur l’impact de l’européanisation horizontale comme une expérience coopérative entre villes qui affrontent des problèmes similaires, partagent des pratiques et pratiquent de l’innovation conjointe. La politologue et la géographe indiquent (2009) que les réseaux européens de villes sont une démonstration pratique de l’approche horizontale. Ces coopérations servent aussi bien à influencer la politique européenne qu’à capter des fonds (Van Bever et Verhelst, 2013, pp. 2-3). Pour Wiktorska-Święcka (2015, p. 48) et pour Van Bever et Verhelst (2013, p. 3), l’européanisation horizontale n’a pas besoin de l’Union Européenne pour exister, elle représente une opportunité qui va de soi. Elle est multidimensionnelle (WiktorskaŚwięcka, 2015, p. 48) et se manifeste dans : (i) les liens entre les différents niveaux d’administration et (ii) les liens avec la société civile et le secteur privé. Elle produit plus de participation et de confiance entre les parties prenantes, dans le cadre d’une gouvernance urbaine élargie. ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 343 Bilan : la diplomatie urbaine européenne comme une européanisation consciente Comme nous venons de le montrer à partir des deux dimensions verticales et de la dimension horizontale, l’européanisation regroupe des perspectives de changement, de gouvernance et de processus (Mourato, 2011, p. 53). Elle se centre dans l’impact (Van Bever et Verhelst, 2013, p. 6 ; Swianiewicz, 2014 ; Atkinson et Rossignolo, 2009 ; Wach, 2015) de la construction européenne sur les autorités locales, qui paraissent suivre des normes qui semblent « tomber du ciel, directement sur leur tête » (Le Galès, 2013, p. 138). Or, comme explique Wiktorska-Święcka (2005, p. 41) : « se concentrant sur l'intégration européenne et la convergence, ils ne prennent pas en compte la divergence, la persistance, les réponses variables et la robustesse des institutions et des structures politiques nationales contre les pressions d'adaptation de l'UE. » Par conséquent, pour Dossi (2012, p. 49) : « Un éventuel risque analytique consiste à attribuer une causalité à l'action de l'UE – et à l'élaboration des politiques à l'échelle de l'UE– alors que les changements peuvent résulter de dynamiques et processus alternatifs, tels que les variables purement domestiques ». La première manifestation de ce risque analytique est la tendance à penser que l’UE a pu appliquer ses propres modèles d’une façon contraignante dans un vide politique. Or, dans aucun des élargissements successifs, il n’y avait pas de « tabula rasa » institutionnelle. De surcroît, les négociations étaient complexes et non exemptes de résistances (Lindstrom, 2005, p. 3 ; ato, 2011, p. 51). Deuxièmement, les trois volets de l’européanisation semblent s’adresser uniquement aux effets de l’intégration européenne sur les politiques locales. Même la perspective ascendante est présentée comme une réaction tactique où c’est l’opportunité qui crée la volonté. Or, Mourato (2011, p. 51) reconnait que l’expérience européenne influence le comportement des acteurs, mais il souligne qu’il ne faut pas oublier leur agentivité. ESPIÑEIRA-GUIRAO , Tamara. La diplomatie urba ine européenne : une approche par les instruments 2021 344 Même si l’européanisation renforce l’autonomie des collectivités (John, 2000, p. 886), les villes ne se limitent pas à s’exécuter en réponse aux incitations européennes (Swianiewicz, 2014, p. 7). Dans ce cadre, la théorisation ancrée amène à poser la question d’un point de vue négatif : si l’européanisation est la réaction aux stimuli européens..., quelle est l’attitude des villes entre deux périodes budgétaires, où la certitude d’avoir des fonds n’existe pas et où la forme de ces fonds n’est pas encore arrêtée? S’il n’y a pas d’Europe, il n’y a pas de politique locale? C’est ainsi que les variables intérieures auxquelles Dossi fait référence (supra) doivent être prises en compte. Les villes sont dès lors « le site privilégié d’interactions qui s’organisent au-delà de la société nationale » (Le Galès, 2003, p. 183). Pour Masboungi, les villes européennes sont celles « qui n’attendent pas l’Etat ». Nous pouvons abonder dans ce sens et indiquer qu’elles n’attendent pas non plus l’Union Européenne. Certes, il y a eu des adaptations dans les administrations locales du fait de l’intégration européenne, mais elles ne sont pas ni immédiates, ni totales, ni généralisées, ni aléatoires, ni uniformes, ni prédéfinies par l’Union Européenne (Swianiewicz 2014, p. 8). Par ailleurs, les « institutions peuvent être utilisées de façon inattendue et créative », laissant la porte ouverte aux entrepreneurs politiques (Le Galès, 2013, p. 123). Au-delà des fonds structurels, les villes européennes agissent aussi là où l’Union Européenne ne les attend pas. Par exemple, le programme « Erasmus pour les jeunes entrepreneurs426 » demande aux organisations du secteur privé en charge de l’animation de l’entrepreneuriat de s’y joindre en tant que réfèrent pour les PME. Or, plusieurs mairies, comme Santander, ont postulé à ce rôle de facilitateur d’échanges entre petites entreprises. Wiktorska-Święcka (2015, p. 49) parle d’une « tendance croissante », parmi les villes européennes, à produire des stratégies intégrées, à aller vers une « gouvernance urbaine intelligente » en réponse aux défis de l’intégration européenne et de la mondialisation, cette approche incluant les dimensions verticale et horizontale (p. 50). 426 https:// www .erasmus-entrepreneurs.eu/ ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 345 De notre point de vue, cette transition se manifeste dans le projet urbain, la diplomatie urbaine européenne et l’organisation interne de l’autorité locale en termes de capacité, coordination et intensité. Mourato (2011, pp. 54-68) mentionne l’influence de l’européanisation sur la planification spatiale, qui se voit transformée par les normes, programmes et échanges qui se produisent au niveau européen. Il faut alors rediriger la perspective vers le projet urbain comme une proposition stratégique où, à travers la diplomatie urbaine, la décision d’utiliser les instruments européens est consciente et non subie, elle est prise dans le cadre de la subsidiarité active. Comment se produit ce changement de perspective? Il s’agit d’une approche à la fois stratégique et d’appropriation qui s’appuie sur une autonomisation progressive de la ville européenne. Même si au début l’impact sur l’administration publique locale est modeste, en réaction aux incitations positives (fonds) et négatives (sanctions), graduellement certaines des adaptations (dont la subsidiarité dans ses versions active et passive) deviennent inhérentes à la gouvernance de la ville européenne (Swianiewicz, 2014, p. 13). L’expérience acquise au fil des années dans l’arène européenne ainsi que le poids politique relatif de la ville sur celle-ci facilitent l’inclusion des instruments européens dans le projet urbain (Antalovsky et al, 2005, p. 13). Plusieurs auteurs mettent en exergue le rôle du programme URBAN comme catalyseur de l’européanisation des villes dont Dossi (2012, p. 52), Atkinson et Rossignolo (2009, p. 194) ou Dukes (2008). Cette dernière (p. 107) décrit l’impact du programme comme autant de « changements dans l’action administrative ainsi que dans les structures de planification politique, notamment au niveau urbain ». Même si elle reconnait certaines exceptions comme Glasgow ou Vienne, qui avaient déjà les structures adaptées à la mise en œuvre de ce type de programmes, URBAN devrait être perçu comme un élément clé de l’européanisation des villes (p. 114). On sait en effet qu’URBAN était la première initiative européenne uniquement centrée sur les villes (Parkinson, 2005, p. 28), mais aussi « la première occasion de relier les enjeux socio-économiques aux structures spatiales » (p. 45). ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 346 Les bénéfices pour les villes (pp. 46-47) étaient : (i) une vision stratégique et à long terme, (ii) l’inclusion du partenariat et de la participation comme principes de gouvernance, (iii) la mise en œuvre de budgets pluriannuels, (iv) la réduction de la distance entre Europe et les citoyens et (v) de renforcer la capacité locale en management de projet. Pour l’européanisation elle-même, Franck et al. (148-155) soulignent aussi : (i) le changement des pratiques politiques, (ii) un regard plus favorable envers l’intégration européenne, (iii) l’apprentissage et le changement des préférences et (iv) le transfert de pratiques novatrices. Autrement dit, les effets d’URBAN sont allés au-delà de l’intervention spatiale dans les quartiers en détresse. D’un côté, les villes européennes y ont gagné en expérience de gestion, de l’autre, elles ont renforcé leur rôle en tant qu’acteurs indépendants. Dans le cas de Dortmund, Dangschat et Hamedinger (2005, p. 348) expliquent qu’URBAN a octroyé à la ville « une marge de manœuvre considérable pour réaliser des projets innovants de façon autonome ». Malgré son succès (ou peut-être victime de celui-ci), URBAN disparait en 2006, laissant un vide dans la politique urbaine européenne à peine couvert par le programme d’échange de pratiques (URBACT). D’après un responsable des relations internationales d’une ville européenne de plus de 300.000 habitants, ce fut à la fois une déception et un élan : « Il faudrait revenir à URBAN. C’était la vraie politique urbaine européenne, nous y avions tout. A ’hui URBACT n’est que symbolique, il ne permet pas de faire des grands projets urbains. Avec la disparition d’URBAN, nous nous sommes vus obligés à créer une stratégie à notre façon et avec nos moyens, aussi au niveau européen. Nous cherchons des soutiens partout »427. De notre observation participante, nous pouvons affirmer qu’une déception similaire est provoqué par les fonds et programmes spécifiques pour l’élargissement, voire par l’effet statistique qui « sort » les régions (et donc leurs villes) des politiques préférentielles des fonds structurels. 427 Echange lors d’une réunion internationale de villes à Cardiff en avril de 2011. ESPI ÑEIRA -GUIRAO, Tamar a. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 347 Tant les processus d’apprentissage et transformation des initiatives comme URBAN que les restrictions budgétaires au niveau national ont conduit les villes européennes à repenser leur relation avec l’Europe à partir d’elles-mêmes et leur projet urbain, en anticipant les programmes et les politiques et en assumant un rôle stratégique dans l’usage des instruments : telle est la base de la diplomatie urbaine européenne. Le foisonnement de stratégies intégrées présenté au chapitre 4 fait en partie écho à ce pas en avant des villes. Les stratégies intégrées présentent des parallélismes non seulement avec le projet urbain, mais aussi avec le programme URBAN. 8.3 Indicateurs : capacité, coordination et intensité Dans la première partie nous avons pu définir les indicateurs (et proxys) de la diplomatie urbaine, sans oublier sa construction à partir de la théorisation ancrée ainsi que leur utilité pour établir des archétypes. Après avoir vu les facteurs internes et externes dans les deux premières sections de ce chapitre, notre objectif est cette fois de compléter la perspective à partir du fonctionnement des indicateurs dans l’observation de l’action européenne des villes par rapport à leur projet urbain. Par ailleurs, nous nous permettons un petit rappel de ces indicateurs en reproduisant un tableau déjà introduit au début de cette étude (tableau 5). Tableau 5 : Proposition d’indicateurs pour la diplomatie urbaine (I) Steyn Indicateurs primaires Analyse de l’environnement interne Capacité Exploration des enjeux stratégiques Intensité Indicateurs secondaires Ressources dédiés Qualité des ressources Fréquence Validité Travail séparé par département Examen des acteurs et ses relations Coordination Nombre de départements impliqués Dimension UE du travail Elaboration propre à partir de Steyn (2003) et l’observation participante de l’auteure (2014-2020). ESP IÑEIRA- GUIRAO, Tamara. La diplomati e urba ine européenne : une approche par les instruments 2021 348 Ce tableau donne un aperçu de notre proposition d’indicateurs. Le premier indicateur, la capacité, est différente de la taille de la ville : elle représente les ressources investies dans la diplomatie urbaine et leur qualité. Wolffhardt’s et al. (2005, p. 415) définissent les ressources nécessaires à un engagement européen comme : (i) un choix politique délibéré, (ii) une action politique informée, (iii) une structure administrative en capacité de gérer les affaires européennes, (iv) des moyens financiers, (v) du personnel engagé et une expertise interne. Nous avons résumé ces deux dimensions : quantité et qualité. Les relations entre les acteurs sont examinées via l’indicateur « coordination » et des questions comme : est-ce que les services de la mairie travaillent ensemble? Combien sont impliqués? Quel alignement de l’action avec le mainstream européen? Heinelt (2017, p. 30) explique que dans une approche de coordination, il faut aussi prendre en compte la récolte et le partage d’information qui permet de distribuer les gains ; sans oublier l’optimisation : il faut se centrer sur des objectifs concrets et peu nombreux. Pour sa part, Wiktorska-Święcka (p. 53) définit la coordination autour de la cohérence interne des politiques, de façon à travailler en transparence et réduire les conflits. Sa définition de l’intégration politique428 observe l’alignement entre le processus de décision et le travail commun, ce qui inspire aussi notre indicateur « intensité ». Pour nous, l’intensité représente la fréquence d’utilisation des instruments européens et leur validité (leur relation avec le projet urbain). Afin de rendre plus opérationnelle notre explication des indicateurs, nous allons les observer dans le cas d’Óbidos (12.000 habitants, Portugal), dont le cas est l’un des points de départ de notre questionnement et recherche. Ces références feront principalement mention du « plan d’action »429 approuvé dans le cadre du projet URBACT « Creative Clusters »430 en 2011, plan d’action qui émane tout autant de l’initiative URBACT que du projet urbain et qui représente la diplomatie urbaine comme levier de la stratégie locale. 428 Dans le sens de policy https://www.forumdascidades.pt/sites/default/files/Projetos/creative-clusters_obidos_02.pdf 430 https://urbact.eu/creative-clusters 429 ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 349 Óbidos est « une petite municipalité de 12000 habitants avec plus de 1,5 million de visiteurs par an et un programme culturel impressionnant tout au long de l’année ». La culture représente 14 % de son budget (Rivas, 2011, p. 4). Après une réflexion lancée en 2002, la ville arrêtait en 2009 un projet urbain (Óbidos Créative) centré sur la croissance, le talent, la création d’emploi, et la qualité de vie, plan dont certaines actions clés s’adressaient aux industries créatives et à l’excellence culturelle et touristique (Selada et al., 2011, p. 91) Plus tard, la ville elle-même a soutenu que : « L’avantage des petites villes est la possibilité de permettre d’agir comme un laboratoire des politiques, en testant des solutions novatrices, sans que pour cela soient nécessaires des grands investissements financiers et logistiques ». (Plan d’Action, 2011, p. 78) Dans l’étude collective qui précédait à ce plan d’action, le Groupe d’action locale avait défini une analyse AFOM (p. 20) sur les enjeux de développement de la ville, que nous reproduisons ci-dessous : Tableau 25 : Analyse AFOM (SWOT) de la ville d’Óbidos ANALYSE SWOT OPPORTUNITES FORCES FAIBLESSES 01. Beauté naturelle 02. Qualité de vie 03. Centralité nationale 04.Proximité de Lisbonne 05. Volonté politique 06. Marque Óbidos 07. Pari sur l'équipement éducatif 08. Un terrain fertile pour la créativité 09. Potentiel humain 10. Image 11. Événements médiévaux / chocolatés 12. Différenciation 13. Notori été 14. Taille de la municipal 01. Dortoir 02. Faible niveau d'éducation 03. Médias numériques faibles 04. Manque de vision / ambition 05. Culture institutionnelle conservatrice 06. Qualité des événements 07. Spéculation immobilière 01. Tourisme 02. Programmes Urbact / UE 03. Nouveaux résidents 04. Cours de formation 05. Entrepreneuriat 06. Personnel spécialisée en enfance 07. Potentiel humain 08. Participation de la population 09. Extension de la communauté éducative 4/14 MENACES 01. Ce sont les forces d’Óbidos 02. Éducation réduite 03. Vieillissement démographique 04. Faible qualification professionnelle 05. Marché du travail peu diversifié 06. Macrocéphalie du chef-lieu 07. Faible participation 08. Copie d'événements dans d'autres lieux 09. Dégradation du patrimoine 10. Absence de stratégie nationale ou régionale Source : Plan d’Action, 2011, p. 20 Óbidos vise, à partir de ce bilan, à tirer profit de son potentiel comme ville culturelle, créative, éducative et riche en patrimoine. La municipalité veut éloigner le risque de devenir le « dortoir » de Lisbonne et attirer une nouvelle population et des financements européens. ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approch e par les instruments 2021 350 Le projet « Creative Clusters », avec d’autres instruments européens, sert donc de levier à la stratégie locale et au projet urbain d’aménagement. Voyons donc, à partir de nos trois indicateurs, le fonctionnement interne de ce levier. Capacité : pas toujours une question de taille Óbidos était le chef de file du projet « Creative Clusters », avec un budget de 750.000 euros. A ce propos, il faut signaler la lenteur des paiements du programme URBACT (Ecorys, 2015, p. 47) comme indicateur de capacité, et par contraste la brièveté des délais d’organisation d’événements comme la session inaugurale – tenue à Óbidos en janvier 2009 quand le projet avait été approuvé fin novembre 2008431. La ville a néanmoins su gérer le projet jusqu’à sa fin. Ainsi, entre 2008 et 2011, avec l’aide d’un expert432, la ville portugaise coordonnait l’action de huit partenaires : Reggio Emília (Italie), Mizil (Roumanie), Enguera (Espagne), Catanzaro (Italie), Barnsley (Royaume Uni), Hodmezovasarhely (Hongrie), Viareggio (Italie) et le réseau national portugais de villes intelligentes Inteli (basé à Lisbonne). Le maire adjoint était personnellement impliqué dans le projet, ainsi que d’autres responsables seniors en charge des décisions et du budget (Ecorys, 2015, p. 71). Fig. 22 – Conception de la stratégie de ville créative par le maire adjoint d’Óbidos Source : Rivas, 2011, p. 4 431 432 https://www.cm-obidos.pt/_uploads/clusters/pfd/TelmoFariaObidos.pdf Miguel Rivas : https://urbact.eu/rivas ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 351 La gestion du projet urbain d’Óbidos a été « centrée sur le leadership fort du maire et un gouvernement local qualifié » (Selada et al., 2011, p. 91), maire perçu comme un entrepreneur politique, leader et agent de changement (Dozhdeva, 2014, p. 54 ; CSES, 2010, p. 28). Lors du lancement de Creative Clusters433, Telmo Faria (2009) lui-même expliquait sa vision stratégique, reliée aux programmes européens : « Une grande partie des connaissances, des travaux, des projets et des demandes de financement que nous divulguons ici constituent une démonstration efficace que nous sommes déjà en route mais que celle-ci doit toujours être étendue et constamment révisée et améliorée et qu’il ne s’agit pas d’un départ incertain de quelque mode que ce soit » Óbidos a créé une « petite équipe » responsable des projets internationaux, les réseaux nationaux et les candidatures aux fonds communautaires, dont l’objectif est d’alimenter les projets avec les connaissances acquises lors de l’expérience antérieure (Plan d’Action, 2011, p. 78). Elle a aussi créé des agences spécialisées (Selada et al., 2011, p. 92) comme Óbidos Créative ou installé des équipes en charge des programmes Erasmus + ou Ville littéraire. Une stratégie intense : instruments et projet urbain Dans le cas du Plan d’action de 2011, la ville affirme que tous les projets identifies ont fait l’objet de candidatures aux européens et que celles-ci sont approuvées (p. 81). Afin d’illustrer la mise en œuvre de la diplomatie urbaine, nous reproduisons deux des tableaux présents dans le Plan d’action (pp. 81-82), traduits du portugais par nos soins (voir tableau 26, infra). On y constate que la plupart des actions locales autour de la créativité sont encadrées dans le programme opérationnel du FEDER, car il s’agit en majorité de nouvelles infrastructures. Néanmoins, dans cette identification de projets, il faut souligner le rôle de l’école dans la ville, perçue comme un centre culturel (Rivas, 2011, p. 4) et d’échange européen (avec l’ancien programme Comenius Regio). 433 https://www.cm-obidos.pt/_uploads/clusters/pfd/TelmoFariaObidos.pdf ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 352 Tableau 26 : Correspondance entre les programmes européens et les actions locales à Óbidos Source : Plan d’Action (2011, p. 82) Le SIAC (Système d’appui aux actions collectives) est un mécanisme qui vise à promouvoir le réseautage. Cette première analyse est complétée par une estimation économique que détaille le tableau 27. Tableau 27 : Estimation de coûts du projet urbain d’Obidos par action, par rapport au FEDER INVESTISSEMENT INVESTISSEMENT TOTAL ELEGIBLE 4 422 950,49 € 2 822 059,02 € PROJET Groupe scolaire de Casal do Alvito Groupe scolaire de Furadouro FEDER APPROUVE 2 257 647,22 € 4 515 105,02 € 3 891 258,65 € 3 113 006,92 € Groupe scolaire de Óbidos 612 467,40 € 72 546,56 € 50 782,59 € Réseau de creches d’Óbidos – 1e phase 467 073,89 € 450 143,67 € 360 114,94 € Carbobarómetro – Actions de sensibilsiation ambientale 276 000,00 € 95 712,50 € 66 998,75 € Plan de la Plage Bom Sucesso Lacune de Óbidos 312 279,54 € 309 693,71 € 247 754,97 € Espace créatif José Joaquim dos Santos 158 186,13 € 154 225,08 € 123 380,06 € Espace créatif André Reinoso 121 887,28 € 121 335,34 € 97 068,27 € Espace créatif Josefa d`Óbidos 83 612,80 € 83 234,18 € 66 587,34 € Rehabilitation de l’Eglise de São Tiago 187 514,00 € 186 558,74 € 149 246,99 € Auditorium Mocharro 133 560,00 € 132 955,20 € 106 364,16 € 84 800,00 € 84 416,00 € 67 532,80 € 348 999,70 € 346 438,04 € 277 150,43 € Place de la Créativité 1 643 303,20 € 1 634 999,26 € 1 307 999,41 € Technopole d’Óbidos 5 471 708,00 € 5 471 708,00 € 2 735 854,00 € 13 367 739,45 € 8 750 576,69 € 11 027 488,85 € Espace créatif Baltazar Gomes Figueira EPIC – Espace de Promotion de l’Innovation et la Créativité TOTAL Sources : Plan d’Action 2011 (p. 81) ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 353 La stratégie d’Óbidos est souvent citée niveau européen comme une « bonne pratique ». Le projet POLIS, dans le programme Energie intelligente, avait reconnu l’initiative Óbidos Solar (pour l’énergie solaire) en 2010434. La dimension éducative du projet urbain est aussi soulignée par deux projets Erasmus, en 2016435 et en 2017436. La stratégie d’Óbidos comme ville créative est aussi mentionnée (i) dans le document « Tourisme culturel dans les macro-régions européennes » (pp. 74-75) publié par le Conseil de l’Europe en 2020 et (ii) dans la collection publiée par la fondation AsiaEurope dans le cadre du 6e conseil de ministres conjoint Asie-Europe (Baltà Portolès, 2014, pp. 89-90). 434 http://www.polis-solar.eu/current-practice-in-europe/portugal/article/best-practice-29 https://nuevo-futuro.org/wp-content/uploads/2016/04/youthlab_EN.pdf 436 https://www.eduforma.it/wp-content/uploads/2017/09/CommunityGuarantee_Profile-of-effective-NEET-youthsupport-service.pdf 437 https://en.unesco.org/creative-cities/node/370 438 https://urbact.eu/%C3%B3bidos-charter 439 https://urbact.eu/creative-spin 440 http://www.rede. cm-obidos.pt/Home/UI/ HomeUI .aspx 441 https://www.cm-obidos.pt/compostagem 442 https://www.cm-obidos.pt/projeto-cela 443 https://deburen.eu/ 444 https:// escolasdobidos . com /experiencias-europeias-na-josefa-de-obidas/ 435 ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 354 La mairie a aussi créé un département de soutien pour les projets internationaux des associations pour les jeunes. Par ailleurs, la ville organise des événements européens stratégiques comme les « Scénarios Européens »445, débats visant à nourrir la position portugaise auprès de l’UE446 qu’elle co-produit avec l’appui de l’Institut Portugais des Relations Internationales. La ville célèbre aussi la semaine européenne du sport447 et les Erasmus days. Une stratégie dense : coordination locale et européenne Dans l’exemple d’Óbidos, le plan d’Action Local (2011, p. 78) souligne que l’équipe qui s’occupe des projets européens travaille avec les fonctionnaires de la municipalité et aussi les créateurs locaux, sans oublier le Groupe d’action locale. Cela se fait de façon formelle avec des réunions officielles mais aussi à travers des évènements informels, afin de « diluer les barrières de coopération (...) pour créer un esprit communautaire fort ». Dans le développement du projet Creative Clusters, l’élu en charge s’assurait de la liaison entre le projet et l’équipe de la mairie (Ecorys, 2015, p. 71). La relative coordination de la gouvernance actuelle peut être examinée à partir du site web de la mairie : non seulement presque tous les domaines de travail ont un projet européen en cours mais chaque section fait référence aux élus et équipes en charge, aux financements concrets et aux logos correspondants. Par exemple, comme pour le programme URBACT dans l’article sur le lancement du projet, les évènements de la première année du projet Creative Clusters correspondaient avec l’Année européenne de la créativité et la Stratégie de Lisbonne. De même, le projet a souligné l’ influence de la Charte de Leipzig 448 . 445 https://obidos diario .com/2017/09/20/seminarios-dobidos-debate m -cenarios-europeus/ Le Portugal aura la présidence de l’UE lors du premier semestre 2021 447 https://www.cm-obidos . pt/ Custom Pages/ ShowPage.aspx?pageid=08be8400-2b7d-43df-9b64-a167f20f7d3d&q= projeto 446 448 https:// urbact. eu /sites/default/files/import/Projects/Creative_Clusters/documents_media/ReportLaunchConference_01.p df ( Consult é novembre 2020 ) ESPIÑEIRA-GUIRAO , Tamar a. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 355 Bilan : à petite ville, stratégie consistante Les reten tissements positifs du projet urbain d’Óbidos et de sa diplomatie urbaine, symbolisés entre autres par le projet Creative Clusters, démon trent que « la taille en soi ne semble pas un critère définitif pour le succès »449. Ledit projet « aurait contribué à affiner et à consolider les lignes stratégiques déjà existantes, à inspirer de nouvelles idées sur les moyens d'améliorer la stratégie créative (grâce à la coopération avec d'autres partenaires), et à s'a juster aux spécificités d'une zone à fa ible den sité » ( Dozhdeva, 2014, p. 53) Grâce aux éléments que nous venons de présenter et au tableau 27 supra , nous pouvons maintenant caractériser la stratégie de diplomatie urbaine européenne de cette petite ville portugaise . Tout d’abord, nous avon s signalé en bleu foncé les valeurs trouvées dans le tableau 28 infra . Concernant les ressources dédiées, il faut noter qu’elles sont notables, surtout par rapport à la taille de la ville ; par exemple, le budget de l’agence Obidos Créative en 2018 était de pres deux millions d’euros. Il y a aussi des personnes avec des fonctions européennes dans pratiquement tous les services comme l’éducation. Les équipes politiques, maire inclus, sont directement impliquées dans les instruments européens. La partie technique est aussi conformée par du personnel expert. La ville a donc une capacité élevée. L’intensité est montrée à partir du nombre important d’instruments, surtout ceux de programmation et communication, utilisés de façon continue. Ceci est spécialement évident si nous regardons la continuité entre les projets Creative Clusters and Creative Spin ou entre l’initiative Comenius avec Reggio Emilia et les Erasmus+ successifs. De même, concernant la validité, tous les instruments s’inscrivent dans l’avancement du projet urbain (Óbidos Créative). L’intensité est là aussi élevée. 449 Voir supra ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 356 Tableau 28 : Proposition d’indicateurs pour la diplomatie urbaine (II). Cas d’Obidos Indicateurs primaires Indicateurs secondaires Valeurs (points de référence) Bas : moins d’un ETP, Ressources dédiés (quantité) Moyen : 1 à 3 personnes Haut : Référents dans tous les départements Capacité Bas : sans formation, bas de l’échelle administrative Qualité des ressources Moyen : Personnes formées aux affaires européennes Haut : Equipe transversale, représentants politiques Bas : Une fois par législature Fréquence Moyen : Plusieurs fois Haut : En continu Intensité Bas : Effet « actualité » dans le choix de l’instrument Validité Moyen : Un ou deux instruments Haut : Relation directe projet urbain / instruments Travail séparé par département Nombre de départements Coordination Bas : Une seule personne (celle qui parle anglais) Moyen : Un département Europe « unique » Haut : Non séparé, travail horizontal Bas : Perspective uniquement locale Dimension UE du travail Moyen : Intéressée à la dimension thématique Haut : Transversalité entre les politiques UE et les locales Source : élaboration propre (Novembre 2020) en termes de benchmarking à partir des données disponibles sur les sites web des villes européennes, les bases de données nes et l’observation participante de l’auteure (2014-2020). Les différents départements sont coordonnés entre eux, et aussi avec leurs élus de référence. Comme nous l’avons vu, la ville veut « diluer » la séparation entre services et entre parties prenantes. De même, il y a une forte identification entre les instruments européens et la mise en œuvre locale, ils ne sont pas « extérieurs ». Enfin, les différents documents analysés vont au-delà de l’instrument en soi et ils mentionnent son alignement sur les politiques européennes comme la Charte de Leipzig. La coordination est aussi de haut niveau. A partir des résultats de ces trois indicateurs, nous pouvons incontestablement définir Óbidos comme une ville stratège en termes de diplomatie urbaine européenne. Cette approche des indicateurs va nous permettre, dans le chapitre suivant, de tester les trois modèles identifiés : le bywatcher, le silo silencieux et le stratège. ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 357 Chapitre 9 : Les modèles d’action Comment les villes jouent-elles dans l’arène des institutions européennes? Nous avons expliqué le cadre méthodologique, les instruments possibles (programmation, représentation e influence, communication) ainsi que les catalyseurs (les réseaux de villes) et les bases (les facteurs et les indicateurs). Désormais, nous pouvons analyser, à partir des études de cas, les modalités d’utilisation de ces instruments ainsi que les structures de mise en œuvre. Par conséquent, nous cherchons à observer comment le projet urbain se développe à partir de la subsidiarité active (Calamé, 2016). Une fois ces villes identifiées par leurs efforts, l’étude doit être complétée par l’observation de leur comportement en interne, des ressources qu’elles investissent (Tabory, 2017). Il faut aussi savoir s’il existe au sein du conseil municipal un système coordonné pour les affaires européennes. Pour ces études de cas, nous avons tout d’abord sélectionné une liste variée (pas moins de 230) de villes européennes, à savoir celles qui ont une activité européenne afin de développer leur projet urbain. L’échantillon s’est ensuite réduit à 23, afin d’organiser une sélection représentative et diverse. De celle-ci nous avons extrait cinq cas significatifs : Óbidos (que nous venons de voir), Nimègue, Balatonfüred, Dresde et Solna. A cette fin, nous avons : 1) Composé cette première base à partir des villes dont nous avons rencontré des représentants au long de notre expérience de travail européen mais aussi à partir de l’analyse des bases de données européennes450. 2) Afin d’éviter des biais ainsi que dans le cadre de la réserve, décidé que les villes membres (voire les anciens membres) du réseau des Villes atlantiques ne feraient pas partie des 230. 3) Utilisé l’outil Google translate (en suédois, hongrois, allemand...) afin d’élargir le nombre de pays à inclure. 4) Un équilibre est-ouest et nord-sud, de tailles, de types d'approche. 5) L'exclusion des villes " modèles ", celles qui sortent fréquemment dans la littérature, pour éviter des biais de " perroquet " 450 Nous allons les décrire ensuite ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomati e urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 358 6) La possibilité de les comparer entre elles, par la taille (ex. Óbidos et Balatonfüred) ou par le type d'instruments choisis (CoR, URBACT, etc.) Pour chaque ville, nous avons procédé à l’examen des paramètres que nous avons vus en première partie ainsi que dans le chapitre précédent : capacité (quantité et qualité), intensité (fréquence et validité), coordination (interne et relative). Nous avons donc pu les classer selon les modèles que nous avons identifiés en première partie, que nous nous permettons de rappeler ici (tableau 6) : Tableau 6. Combinaisons des indicateurs par rapport aux modèles Bywatcher Silo Silencieux Stratège Capacité Intensité Coordination Valeurs de l’indicateur Faible Élaboration propre à partir de l’observation participante et la théorisation ancrée (Août 2019) Moyen Elevé Cet examen s’est appuyé tout d’abord sur les sites web de chaque ville et notamment sur leurs projets urbains d’aménagement. Certains sont traduits directement comme ceux de Dresde et Balatonfüred. Or, il faut être précautionneux car le message n’est pas le même en allemand qu’en anglais ou encore qu’en français. D’autres utilisent une traduction automatique (c’est le cas de Solna). Nous avons travaillé avec Google translate de façon directe (en traduisant les contenus sur la page elle-même ou en téléchargeant les textes sur Google translate) mais aussi de façon indirecte : nous avons traduit les mots-clés dans la langue principale et utilisé le moteur de recherche dans le site originel. même, nous avons recherché des références externes aux contenus ainsi trouvés sur Google, dans la langue originelle et en anglais. ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 359 Nous avons aussi consulté à plusieurs reprises451 les bases de données européennes452, BDE, en particulier le site web du Comité des Régions, les répertoires de projets européens (URBACT, CORDIS, KEEP, DG REGIO, DG Environnement...), les plateformes de coopération comme le Pacte des Maires, les webs des réseaux européens (EUROCITIES, EFUS, CCRE) et les sites des concours européens que nous avons analysés au chapitre 6. Enfin, nous avons spécifiquement utilisé LinkedIn pour pouvoir mesurer la capacité des équipes en charge de la diplomatie urbaine. Bien que LinkedIn soit un réseau dont le contenu est public, ces données ont ensuite été anonymisées. Ce chapitre est divisé en deux parties. Dans la première, nous présentons les différentes formes des stratégies de diplomatie urbaine européenne, ainsi que leur relation avec le projet urbain d’aménagement à partir des modèles et leurs études de cas : le bywatcher (Nimègue et Balatonfüred), le silo silencieux (Dresde) et le stratège (Solna). Ensuite, nous formulons une proposition d’aide à la décision à partir de la comparaison des cinq cas (Obidos inclus), des éléments de fluidité entre modèles et d’un exemple (les événements) de prise de décision stratégique. 9.1 Le bywatcher Les villes observatrices ou bywatcher, de par sa nature, sont les plus difficiles à identifier car il n’y a presque pas d’information européenne disponible à leur sujet. Elles n’en produisent aucune (ou très peu) et le faible degré d’activité empêche que les projecteurs européens se posent sur leurs initiatives. Elles exercent néanmoins une stratégie de diplomatie européenne car leur action européenne s’inspire du projet urbain d’aménagement. L’existence d’une équipe de projets/affaires européens n’est pas généralisée dans toutes les villes du continent, soit pour une question de taille et de ressources (même si dans le cas d’Obidos nous avons vu que ce n’était pas déterminant), soit parce que les affaires étrangères ne font pas partie des priorités politiques au niveau local (Association des Maires des Grandes Villes de France, 2005, pp. 4-5) 451 452 Notamment en février 2017, aout 2019 et novembre 2020 afin d’actualiser au fur et mesure les données Elles seront référées de cette façon dans le texte ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 360 Il peut aussi arriver qu’elles ne soient pas incluses en tant qu’instruments de développement du projet urbain d’aménagement ni perçues comme telles. Dans le cas du bywatcher, nous sommes confrontés à un conseil municipal qui n’a pas forcément le réflexe tactique de faire usage des instruments européens. Par conséquent, la structure d’appui à son activité européenne est faible et l’approche européenne centrée sur le court terme. Néanmoins, celle-ci reste relativement cohérente avec le projet urbain, et ce malgré des indicateurs de capacité, intensité et coordination faible. De notre expérience, il nous est possible de conclure qu’il est fréquent de se retrouver face à une administration publique qui ne parle pas l’anglais (ou une autre langue étrangère). La langue peut d’ailleurs être un des facteurs qui pousse à se tourner vers la diplomatie des ville et la coopération décentralisée plutôt que vers la diplomatie urbaine européenne. Par ailleurs, pour le bywatcher, le conseil municipal se limite à profiter des fenêtres d’opportunité, souvent un appel à projets financés ou à des candidatures à un prix. Si l’intérêt se confirme, la ville mobilise ses ressources internes et soutiens externes pour remplir les différents formulaires et déposer la candidature. Nous allons ici examiner deux cas de bywatcher : la ville de Nimègue aux Pays-Bas et celle de Balatonfüred en Hongrie. Nimègue (Pays-Bas) Nous allons donner ici un aperçu de la diplomatie urbaine de Nimègue (170.000 habitants), capitale verte européenne en 2018. Comme l’indique sa candidature à ce prix453, la ville de Nimègue454 est connue pour être la « plus ancienne ville des Pays Bas » et passe pour avoir été en 1678 « le centre d’Europe » (p. 1) en raison du traité de paix qui y a été signé. Quant à sa stratégie de développement, elle est basée sur le concept d’Ecopolis (p. 3) qui prône un développement urbain écologiquement rationnel (Tjallingii, 1995). Dans ce cas-ci, ce modèle se traduit par « trois piliers : cours d’eau, espaces, participants, coïncidant avec une ville responsable, vivante et participante » (p. 3). 453https://ec.europa.eu/environment/europeangreencapital/wp-content/uploads/2016/12/Introduction_Nijmegen-2018.pdf 454 https://urbact.eu/nijmegen ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 361 Comme le mentionne le chapitre « Stratégie Intégrée455 » de sa candidature à la Capitale Verte (p. 1), la première approche intégrée environnementale de Nimègue date de 1992, approche renforcée en 2007 par un engagement politique unanime au sein de la mairie. L’agenda durable en est issu en 2011 et il était toujours en cours en 2018. Cet agenda se base sur cinq objectifs (p. 2) : (i) ville neutre en énergie, (ii) développement urbain durable, (iii) économie durable, (iv) mobilité durable, (v) organisation climatiquement neutre. Cet agenda s’est ensuite traduit une stratégie de long terme (ex. : City Vision 2020). En termes d’intensité et de fréquence, pour ce qui concerne les fonds structurels, les sites officiels pour les périodes 2007-2013 et 2014-2020 identifient des actions (comme la gare Goffert456) pilotées par la région d’Arnhem-Nimègue (qui gère aussi le bureau de représentation de Bruxelles457) ou par d’autres acteurs. Ensuite, l’observation des bases de données européennes présente plusieurs initiatives européennes étalées dans le temps : ✓ Membre fondateur de l’eurorégion Rhin-Waal depuis 1978 ✓ Selon son site web, la ville est jumelée458 avec Masaya au Nicaragua et Psov en Russie. Un troisième jumelage avec Albany459 aux Etats-Unis n’est pas mentionné sur le site (ces réseaux sont donc hors Union Européenne). ✓ Entre 2006-2009, partenaire d’un projet dans le programme Energie intelligente (PROCURA) afin de surmonter les obstacles du marché pour l’achat à grande échelle de véhicules à carburant alternatif. ✓ Entre 2007 et 2013, partenaire dans le projet Future Cities (INTERREG NordOuest Europe). ✓ Entre 2009-2011, partenaire dans un projet dans le programme URBACT (REGOV460) dont l’objectif était une stratégie intégrée pour un développement durable dans le quartier de Waterkwartier (Plan d’action Nijmegen, 2011, p.3). 455 https://ec.europa.eu/environment/europeangreencapital/wp-content/uploads/2016/12/Indicator-12-IntegratedEnvironmental-Management_Nijmegen-2018-def.pdf 456 https://www.europaomdehoek.nl/projecten/station-nijmegen-goffert 457 https://www.regioan.nl/bureau-brussel/ 458 Le post Wikipedia sur la ville énonce d’autres jumelages qui n’ont pas pu être vérifiés sur les sites des villes concernées. 459 https://medium.com/euintheus/albany-and-nijmegen-sister-cities-avant-la-lettre-cbbb7febafc8 https://urbact.eu/reggov ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 362 ✓ Entre 2009 et 2012, chef de file de Cool Breaks (Interreg Allemagne-Pays Bas). ✓ La signature du Pacte des Maires en 2009 avec une dernière validation des progrès en 2015. ✓ La candidature en 2015 puis la célébration en 2018 de la Capitale Verte Européenne461. ✓ Partenaire dans le projet CLINSH (Life) entre 2016 et 2021. ✓ Stakeholder dans le projet INNOVA (ERANET) entre 2017 et 2020. ✓ Partenaire dans le projet e-Hubs (INTERREG Nord-Ouest Europe) entre 2019 et 2022. ✓ Avec un budget de 50.000 euros, partenaire dans le projet TreeMania (Interreg Allemagne-Pays Bas) entre 2020 et 2022. ✓ Avec un budget symbolique de 10.000 euros, partenaire dans le projet Volunteers 2.0 (Interreg Allemagne-Pays Bas) entre 2020 et 2022. ✓ D’autres projets dans ce dernier programme Interreg, sans budget. En termes d’intensité-validité la plupart de ces instruments sont clairement compatibles et complémentaires avec la stratégie locale « verte » de Nimègue et son concept d’écopolis. Afin d’examiner la capacité de la ville, nous avons regardé le chapitre « Stratégie Intégrée » déjà mentionné. Dans la liste des services de la municipalité, il n’y a pas de département affaires européennes (ou internationales). Cette analyse a été complétée par le sites web du Conseil municipal462 ainsi que ceux des instruments européens. La première adjointe au maire est identifiée comme référente pour le Pacte des Maires, le maire est en deuxième position. Dans ce même site, un des deux fonctionnaires cités en référence ne travaille plus pour la mairie depuis deux ans463. Par ailleurs, dans le cadre des fonds structurels, la capacité semble déléguée au niveau supérieur (la région Arnhem-Nimégue) malgré les actions européennes particulières que nous venons de nommer. A partir de Linkedin, nous avons pu identifier un « Réseau d’expertise en financement externe de la municipalité de Nimègue », composé de fonctionnaires. 461 https://greencapital2018.nl/en/ https://www.nijmegen.nl 463 Vérifié sur Linkedin (novembre 2020) 462 ESPIÑEIRA-GUIRAO, Tamara. La diplomatie urbaine européenne : une approche par les instruments 2021 363 Une d’entre elles464 décrit sa fonction : si les budgets sont à compl , il faut rechercher des options de subvention et s’assurer que ça se passe au mieux ; ce qui se correspond avec la figure du bywatcher. Le niveau de coordination semble faible. En ce qui concerne la coopération entre services, il faut mentionner que, même si le maire est officiellement responsable pour les relations internationales465, la section pertinente du site officiel466 –une seule page– ne le mentionne pas. Aucun projet européen de la ville n’y est mentionné, ne serait-ce que la Capitale verte européenne ou l’appartenance au Pacte des Maires. Cette section renvoie le lecteur vers Europe Direct –un service d’information de la Commission européenne–, vers le programme de coopération transfrontalière/ eurorégion et vers le bureau de soutien de la région d’Arnhem à Bruxelles (Nimègue, 2019). L’impression externe est que personne à la mairie ne s’occupe d’affaires européennes. Dans le document sur sa « Stratégie Intégrée » cité plus haut (p. 6), la ville donne ellemême un aperçu de la coordination relative. Elle reste assez vague dans la description de sa propre action européenne et cela semble incompréhensible dans une candidature à un prix européen : « Nimègue a été partenaire de deux projets Interreg IIIb et IVb Urban Water / Future Cities ces 11 dernières années467 (...). Nimègue a également participé à une foule d’autres projets de l’UE f.a. Urbact II et Media Franca468 ». A partir de ce document ainsi que du site de la ville, il n’est pas possible d’apprécier un alignement visible entre les politiques de la ville et les instruments européens voire une quelconque « identité européenne ». Pour donner un exemple, hormis quelques nouvelles en anglais sur le prix de la capitale verte, le site Web de la ville est uniquement en néerlandais, et même si un web secondaire en anglais existe, il faut le trouver sur le site principal et il se limite au tourisme469.
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Satellites galiléens de Jupiter : phénomènes et configurations pour 1986, suivis d'une méthode permettant de calculer les phénomènes pour 1987. [Rapport de recherche] Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides(IMCCE). 1985, 70 p., figures, tableaux. &#x27E8;hal-01467625&#x27E9;
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Satellites galiléens de Jupiter : phénomènes et configurations pour 1986, suivis d’une méthode permettant de calculer les phénomènes pour 1987 J.-E. Arlot, Y. Jannot, W. Thuillot, D.T. Vu To cite this version: J.-E. Arlot, Y. Jannot, W. Thuillot, D.T. Vu. Satellites galiléens de Jupiter : phénomènes et configurations pour 1986, suivis d’une méthode permettant de calculer les phénomènes pour 1987. [Rapport de recherche] Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides(IMCCE). 1985, 70 p., figures, tableaux. �hal-01467625� HAL Id: hal-01467625 https://hal-lara.archives-ouvertes.fr/hal-01467625 Submitted on 14 Feb 2017 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. SATELLITES GALILÉENS DE JUPITER PHENOMENES ET CONFIGURATIONS POUR SUIVIS D'UNE METHODE PERMETTANT DE CALCULERLES PHÉNOMÈNES POUR 1987 Supplém ent à Ia C O N N A IS S A N C E DES TEMPS à l’ usage des observateurs BUREAU DES LONGITUDES PARIS/ MAI 1985 1986 S A T E L L I T E S G A L I L E E N S DE J U P I T E R GALILEAN SATELLITES OF J U P I T E R PHÉNOMÈNES ET CONFIGURATIONS POUR 1985/ SUIVIS D fUNE MÉTHODE PERMETTANT DE CALCULER LES PHÉNOMÈNES POUR 1987. PHENOMENA AND CONFIGURATIONS FOR 1986/ FOLLOWED BY A METHOD FOR THE CALCULATION OF THE PHENOMENA FOR 1987. SUPPLÉMENT À LA CONNAISSANCE DES ÎEMPS À LfUSAGE DES OBSERVATEURS BUREAU DES LONGITUDES PARIS, MAI 1935 - 3- SOMMAIRE Avertissement page 5 « Généralités sur les satellites galiléens 7 Explication et usage 10 English explanations 13 Ephémérides: phénomènes et configurations pour 1986 15 Phénomènes pour 1987 65 & & & & & & St St St - 5- AVERTISSEMENT Depuis 1980, Ia Connaissance des Temps est présentée d ’une façon nouvelle qui fait appel aux développements en polynomes de Tchébychev des coordonnées des astres du système solaire. Ce procédé se montre particulièrement efficace pour les coordonnées différentielles des satellites galiléens de Jupiter puisque, pour l ’année, 26 pages de coefficient suffisent pour obtenir les coordonnées de l ’un quelconque de ces satellites avec une précision de 0,01 ” (0,02 ” pour Ganymède). Pour permettre, en revanche, de préserver à Ia nouvelle Connaissance des Terrrps Ie caractère de publication peu volumineuse et peu couteuse qu ’autorise Ia nouvelle présentation, on n ’y donne plus ni Ia liste des phénomènes ni les schémas des configurations des satellites galiléens qui figurent d ’ailleurs dans VAnnuaire du Bureau des Longitudes. Cependant certains utilisateurs souhaitent disposer d ’une précision supérieure à celle q u ’entraînent les dimensions et Ia présentation de VAnnuaire du Bureau des Longitudes. Le présent supplément permet de satisfaire à ces besoins puisqu’il donne à Ia seconde près les différents instants de chaque phénomène alors que VAnnuaire donne à Ia minute près l ’instant du milieu de chaque phénomène. Par ailleurs les schémas des configurations ont été améliorés et permettent en particulier d ’avoir Ia déclinaison des satellites au dessus du plan équatorial si bien qu’on peut espérer obtenir Ia position d ’un satellite par rapport au disque de Jupiter avec une précision d ’environ 10 ” de degrés grâce à Ia grande précision du tracé. A tous ces renseignements on a joint, en début d ’ouvrage des données générales sur les satellites galiléens et sur leurs orbites, et en fin d*ouvrage une méthode permettant de calculer les phénomènes pour l ’année suivante. B. M0RAND0 Correspondant du Bureau des Longitudes Supplément à Ia Connaissance des Temps pour 1986 Rédaction et calculs: J.-E. ARL0T, Y. JANN0T, W. THUILL0T, D.T. VU. -7GENERALITES SUR LES SATELLITES GALILEENS Jl IO J2 EUROPE J3 GANYMEDE J4 CALLIST0 Masses (10 ^m7^ Sampson (1921) De Sitter (1931) Pionnierl1(1976) 4,50 3,81 4,68 2,54 2,48 2,52 7,99 8,17 7,80 4,50 5,09 5,66 Rayons (en km ) Danjon (1954) Dollfus (1961) Pionnierl1(1976) Voyager (1983) 1650 1775 1840 1816 1400 1550 1552 1563 2450 2800 2650 2638 2300 2525 2420 2410 4,8 5,2 4,5 5,5 0,19 0,56 0,92 1,12 1,15 0,47 0,67 0,83 0,93 0,95 0,29 0,41 0,49 0,56 0,57 0 , 14 0,21 0,26 0,30 0,31 0,54 0,49 0,29 0 , 15 0,002820 0,004486 0,007155 0,012586 5,87 421810 9,34 671140 14,91 1070500 26,22 1882900 2’ 3’ 5' 48" 10' 7, 1663872292 16,7535523007 Magnitudes visu-elles à l foppo-sition de Jupiter d faprès Harris (1961) Albédos U:3530 géomé- B:4480 -triquesV:5540 d ’après R:6900 Harris 1:8200 (1961) £ A Â Â Â Albédo de Bond (visuel) Demi-grand axe(1) en U.A : en rayons de Jupiter: en kilomètres : Plus grande élongation à l’opposition de Jupiter (1) en minutes et secondes d ’arc : Période synodique en jours (1) : 17” 1,7698604883 40" 3,5540941742 13" Inclinaison sur l’équateur de Jupiter (1) en minutes et secondes d ’arc : 1’ 20” 26' 30" 11' 15" 19’ 57" Excentricité 0,004 0,010 0,001 0,008 : (1) : d'après Sampson (1921) -8Orbite du satellite Orbite 7 ^ Écliptique Équateur Ô Repère moyen de Ia date Du fait de Ia complexité du mouvement des satellites galiléens aucun renseignement n ’est donné ici sur les noeuds , et les périjoves. En effet excentricités et inclinaisons sont faibles (voir tableau précédent ) et tous ces éléments sont soumis à de trop gran­ des variations. On donne ci-après les longitudes moyennes (d’après Sampson,1921 ) dans Ie plan des orbites , ce plan étant confondu avec 1 ’ équateur de Jupiter. Si T est Ie temps en jours moyens compté à partir de 1900,0 on a : Y N jN2 = 3 16°,05 1 + 0,00003559 T et Y N j + N jN2 + N2M :L = 3°,10350 Période sidérale IO 142°,59987 + 203^488992435 T 1^ 7691374639 EUROPE 99°,55081 + 101 “374761672 T 3^5511797420 GANYMEDE 168°,02628 + 50°,317646290 T 7^1545476894 CALLISTO 234°,40790 + 21°,571109630 T 16^6889884746 - 9 - La théorie du :mouvement des satellites galiléens utilisée pour Ie calcul des positions , et des prédictions des phénomènes est Ia théorie de Sampson (l),améliorée par Lieske (2),utilisant les constantes calculées par Arlot (3). Des recherches sont en cours au Bureau des Longitudes afin de rem­ placer Ia théorie de Sampson par une nouvelle théorie qui permettra de réduire l ’écart que l'on peut constater entre les prédictions et les observations. (1) R. A. SAMPSON :Theory of the Four Great Satellites of Jupiter. Mem. of The Roy. Ast. Soo.LXIII (1921) (2) J. (3) J.-E. H. LIESKE :Astron. and Asvrophys. Vol 56> p. 333 (1977) ARLOT :Astron. and Astrophys. Vol 167,p. 305 (1982) §§§§§§§§§§ - 10- EXPLICATIONS ET USAGE L t échelle de temps : L ’échelle de temps utilisée est Ie temps uniforme de Ia Mécanique qui a été utilisé par Sampson pour sa théorie. On ne connaît pas de relation entre Ie temps universel UTC diffusé par Ie BIH et ce temps. On peut cependant indiquer q u ’ il est plus proche du temps des Ephémérides (TE ou TAI+32s) que du temps universel UTC. Connaissant TE-UT2 à une date donnée, Ia date en UTC d ’un phénomène ou d ’une position indiqué à t, sera plus proche de t - (TE-UT2) que de t dans l ’échelle UTC. Donnons ici Ia différence TE-UT2 que l ’on identifiera avec TAI+32s-UT2: (on identifiera également UT2 et UTC) pour 1980,5 : 51 secondes oour 1981,5 : 52 secondes pour 1982,5 : 53 secondes pour 1983,5 : 54 secondes pour 1984,5 : 54 secondes. Les phénomènes : Les hypothèses utilisées pour Ie calcul des époques des phéno -mènes sont les suivantes : — Jupiter est un ellipsoïde dont 1’ aplatissement a pour valeur 1/15 et dont Ie rayon équatorial est 71420 kilomètres. — Les satellites sont des sphères de rayons : 1840 Km pour Io , 1552 Km pour Europe , 2650 Km pour Ganymède, 2420 Km pour Callisto. (d’après Pionnier 11) — Le Soleil est une sphère de rayon 695980 Km — Les dates sont données pour tout observatoireterrestre puisqu’ on peut négliger 1 ’ effet de parallaxe dont Ia grandeur est plus faible que Ia précision des prédictions. — L ’ effet de phase sur les satellites est négligé en compte pour Ia planète. , mais pris Les pages paires fournissent les dates des phénomènes que pré­ sentent ces satellites : — Les débuts et fins des passages des satellites devant Ia planète: PA.D.INT et P A .D .EXT P A .F .INT et PA.F.EXT — Les débuts et fins de leurs occultations (anciennement appelées immersions et emmersions ) : O C .D .INT et O C .D .EXT O C .F .INT et O C .F .EXT -11- Les débuts et fins des passages de leur ombre sur Jupiter : 0M.D .INT et OM.D.EXT 0M.F .INT et OM.F.EXT Les débuts et fins des éclipses des satellites par Jupiter E C .D .INT , E C .D.EXT et EC.D.PEN E C .F .INT , EC.F.EXT et EC.F.PEN Les notations utilisées sont les suivantes: .D et .F :désignent Ie début et Ia fin. .INT et .EXT:désignent les contacts intérieurs et extérieurs des satellites avec Ie cone d f ombre pour les éclipses et les passages des ombres sur Jupiter ,désignent les mêmes contacts avec Ie cone de visibilité pour les occultations et les passages devant Ia planète. .PEN :désigne , uniquement pour les éclipses , Ie contact extérieur des satellitesavec Ie cone de pénombre. Par exemple (voir dessin) fait ainsi : Le déroulement d ’un début d féclipse se EC.D.PEN : Contact extérieur du satellite avec Ie cone de pénombre ( début de lfassombrissement ) EC.D.EXT : Contact extérieur avec Ie cone d ’ombre. EC.D.INT : Contact intérieur avec Ie cone d ’ombre(assombrissement total ). orbite ta du satellite N. C.F.PEN pénombre Q EC.F.EXT T^EC.F. INT SOLEIL JUPITER E C .D.INT_ EC.D.EXT ombre pénombre EC.D.PEN On observera que les éclipses se produisent à l ’ouest ou à l’est de Ia planète, suivant que l’on est avant ou après 1’ opposition , c ’est-à-dire suivant que Jupiter passe au méridien avant minuit. En général pour Ie premier et Ie deuxième satellite , on ne peut, avant l*opposition , observer que Ie début des éclipses et ensuite Ia fin des occultations . Après l’opposition on ne peut observer que Ie début des occultations et ensuite Ia fin des éclipses. Il est possible , d ’autre part , que,en raison de l’inclinaison de l’équateur de Jupiter sur l’écliptique et de 1’ éloignement du satel­ lite 4 (Callisto) par rapport à Ia planète, aucun phénomène de ce satellite ne se produise. -12- Les configurations Les configurations permettent d ’identifier les satellites lors de leur observation, et également de déterminer leur position en coordonnées tangentielles équatoriales relatives à Jupiter avec Ia précision suivante (pour une lecture des courbes à 0,5 millimètre près) : satellite satellite satellite satellite 1 2 3 4 de 5!l à 20M selon Ia vitesse apparente de 5lf à 10" selon Ia vitesse apparente 5" 5" L ’exemple suivant montre comment déterminer les positions des satellites: date voulue: 26,0 Dana Ie sens GUEST-EST,les satellites passent au-dela de Juplter NORD G R B I T E S RPPflRENTES On reporte en abscisse sur l ’axe ouest-est les distances Aa cos6 mesurées pour une date voulue, sur les courbes. L ’ordonnée est donnée par les orbites apparentes. L ’indétermination avant/arrière est levée grâce au sens de rota­ tion des satellites. -13- ENGLISH EXPLANATIONS Since the phenomena and the configurations of the Galilean Satellites are not given in the 11 Connaissance des Temps 11 , this supplement gives detailled predictions for the phenomena with an accuracy of 1 second of time in the calculations. The configurations are also given and they allow the determination of the differential coordinates of the Galilean Satellites with an accuracy of about 10 seconds of arc ("). Several constants related to the satellites are given in page 7 and mean longitudes are given on page 8. the table on PHENOMENA FOR 1986 : For the predictions of the phenomena,improved Sampson’s theoryis used (cf notes 1,2,3 of page 9) Each phenomenon is described in 3 parts. For example : EC . D . PEN first second third part part part The first part indicates what phenomenon is predicted : EC means eclipse OC means occultation OM means transit of the shadow PA means transit of the satellite The second part means : D : ingress or disappearance F : egress or reappearance The third part indicates the evolution of the phenomenon : PEN ( only for eclipses ) means that the eclipsed satellite is tangent externally to the cone of penumbra EXT means that the satellite or its shadow is tangent externally to the limb of Jupiter or to the terminator or to the cone of shadow ( eclipses ) INT means that the satellite ot its shadow is tangent internally to the limb of Jupiter or to the terminator or to the cone of shadow ( eclipses ). The figure of page 11 shows the differentphases of thephenomena. All the dates given for the predictions use atime scale which, in practice, is very close to ( TAI+32s ). So the date in UTCof a phenomenon given at the date t will be close to: t - ( TAI+32s-UT2 ). The differences TAI+32s-UT2 are : for 1980,5 : 51 seconds for-1981,5 : 52 seconds for 1982,5 : 53 seconds for 1983,5 : 54 seconds for 1984 %5 : 54 seconds. - 14- THE CONFIGURATIONS The way to use the configurations diagramms is shown on page 12. Aa cos ô is given by the curves (16 days on each page) and A6 is given by the apparent orbits of the satellites given for each 16 days at the bottom of each page. APPROXIMATE DATES FOR THE PHENOMENA OF 1987 On pages 65 to 70, a method based on the use of a polynomial development depending on the time gives a way to calculate the dates of all the phenomena of 1987 with a precision of about 60 seconds of time which is sufficient to prepare observations. §§§§§§§§§§§§§§§ EPHEMERIDES Phénomènes et configurations pour 1986 - 16 - 1986 - SATELLITES DE JUPITER PHENOMENES SAT MOIS TVPE H M S 0 0 2 2 3 3 5 5 12 12 12 12 14 14 15 15 21 21 37 41 16 20 30 34 10 14 0 3 48 52 17 21 6 10 36 44 59 46 17 5 57 44 44 31 9 45 38 13 40 16 34 10 8 18 II P A .D .EXT II P A. D. INT II OM.D.EXT II O M .D .INT II P A .F .INT II P A .F .EXT II OM.F.INT II OM.F.EXT I PA.D.EXT I P A .D .INT I OM.D.EXT I OM.D.INT I P A .F .INT I P A .F .EXT I OM.F.INT I OM.F.EXT III O C .D .EXT III O C .D .INT 4 4 4 9 9 12 12 12 19 19 31 38 39 49 42 52 8 5 1 1 41 14 13 17 49 18 34 7 49 52 54 III E C .F .INT III E C .F .EXT III E C .F .PEN I O C .D .EXT I O C .D .INT I E C .F .INT I E C .F .EXT I E C .F .PEN II O C .D .EXT II O C .D .INT 0 0 0 0 0 5 5 6 6 7 7 7 7 8 8 8 9 9 12 12 12 18 22 23 25 35 16 26 30 34 17 21 52 59 9 48 51 35 39 35 45 52 18 5 35 20 12 43 36 33 9 29 5 18 29 34 5 40 26 1 28 33 44 II E C .F .INT II E C .F .EXT II E C .F .PEN IV OC.D.EXT IV O C. D. INT IV OC. F. INT IV O C .F .EXT I PA.D.EXT I PA. D.INT I OM.D.EXT I O M. D. INT IV E C .D .PEN IV EC.D.EX1 IV E C .D .INT I PA.F.INT I P A .F .EXT I OM. F. INT I OM.F.EXT IV E C. F. INT IV E C .F .EXT IV E C .F .PEN 3 3 6 6 6 14 14 15 15 16 16 18 18 38 42 43 46 47 2 6 34 38 55 59 29 33 25 1 0 36 21 46 34 57 45 58 46 34 22 I OC.D.EXT I O C .D .INT I E C .F .INT I E C .F .EXT I E C .F .PEN II PA.D.EXT II PA. D.INT II OM.D.EXT II O M. D. INT II PA. F.INT II P A .F .EXT II O M. F. INT II OM.F.EXT 1 0 1 4 1 46 1 49 3 18 3 22 4 4 4 7 12 2 12 10 15 5 15 14 15 41 15 49 18 46 53 28 15 50 25 1 13 48 30 41 50 2 28 38 25 I PA.D.EXT I PA. D.INT I OM.D.EXT I OM.D.INT I P A .F .INT I P A .F .EXT I O M. F. INT I OM.F.EXT III PA.D.EXT III P A .D .INT III OM.D.EXT III O M. D. INT III PA. F.INT III P A .F .EXT III O M. F. INT : JOUR 5 JANVIER H M S - PREMIERE OUINZAINE - SAT TVPE 18 54 36 22 8 52 22 12 28 III OM.F.EXT I OC.D.EXT I O C .D .INT 1 1 1 52 1 15 28 1 16 13 9 14’ 6 9 17 54 13 36 37 13 40 25 13 41 55 19 31 17 19 34 53 20 15 3 20 18 39 21 48 50 21 52 26 1 22 33 22 36 37 I E C .F .INT I EC.F.EXT I E C .F .PEN II OC.D.EXT II O C .D .INT II E C .F .INT II EC.F.EXT II E C .F .PEN I PA.D.EXT I P A .D .INT I OM.D.EXT I OM.D.INT I P A .F .INT I P A .F .EXT I OM.F.INT I OM.F.EXT 39 42 40 44 45 H M S ' SAT 16 18 18 19 19 21 21 21 21 56 12 15 46 50 6 10 14 24 32 1 49 20 8 52 41 22 37 II II II II II II II IV IV 11 3 3 3 3 5 5 5 6 16 16 19 19 20 20 22 22 2 6 41 44 20 23 59 2 30 38 6 15 9 17 47 55 31 7 23 58 6 42 22 58 32 43 53 5 40 51 25 37 I PA.D.EXT I PA.D.INT I O M .D .EXT I O M .D .INT I PA.F.INT I PA.F.EXT I O M .F .INT I OM.F.EXT III PA.D.EXT III P A .D .INT III OM.D.EXT III O M .D .INT III PA.F.INT III PA.F.EXT III OM.F.INT III OM.F.EXT JOUR TYPE P A .D .INT OM.D.EXT OM.D.INT P A .F .INT PA.F.EXT OM.F.INT OM.F.EXT OM.F.INT OM.F.EXT 6 16 16 19 19 19 16 52 39 15 0 I OC.D.EXT I O C .D .INT I E C .F .INT I EC.F.EXT I E C .F .PEN 7 3 27 29 3 31 17 4 53 18 4 57 6 6 20 52 6 24 40 7 48 0 7 51 48 1 40 14 14 5 15 14 43 49 14 47 25 16 19 14 16 22 49 17 1 48 17 5 23 II PA.D.EXT II P A .D .INT II OM.D.EXT II OM.D.INT II PA.F.INT II PA.F.EXT II OM.F.INT II OM.F.EXT I PA.D.EXT I P A .D .INT I OM.D.EXT I OM.D.INT I PA.F.INT I PA.F.EXT I OM.F.INT I OM.F.EXT 12 0 0 3 3 3 12 12 16 16 16 21 21 22 22 23 23 10 41 14 17 7 6 10 42 1 1 28 4 10 7 57 12 57 16 44 18 14 32 59 36 34 10 10 13 45 50 34 54 10 I OC.D.EXT I OC.D.INT I EC.F.INT I EC.F.EXT I E C .F .PEN II OC.D.EXT II OC.D.INT II EC.F.INT II EC.F.EXT II EC.F.PEN I PA.D.EXT I PA.D.INT I OM.D.EXT I OM.D.INT I PA.F.INT I P A .F .EXT 8 2 3 30 2 1 1 40 8 32 36 8 40 48 8 43 51 1 1 9 44 1 1 13 19 14 9 29 14 13 5 14 13 50 22 38 57 22 42 44 III OC.D.EXT III O C .D .INT III E C .F .INT III EC.F.EXT III E C .F .PEN I OC.D.EXT I O C .D .INT I E C .F .INT I EC.F.EXT I E C .F .PEN II OC.D.EXT II O C .D .INT 13 0 0 18 18 21 21 21 28 31 41 44 35 39 40 9 45 9 45 53 29 14 I O M .F .INT I OM.F.EXT I OC.D.EXT I OC.D.INT I EC.F.INT I E C .F .EXT I E C .F .PEN 14 9 2 54 2 58 3 0 8 32 8 35 9 12 9 16 10 49 10 53 1 1 30 1 1 34 43 31 1 7 43 38 14 42 17 37 13 II E C .F .INT II EC.F.EXT II E C .F .PEN I PA.D.EXT I P A .D .INT I OM.D.EXT I OM.D.INT I PA.F.INT I PA.F.EXT I OM.F.INT I OM.F.EXT 6 6 7 7 9 9 10 10 16 16 16 16 18 18 18 19 17 50 21 38 30 22 34 10 1 1 36 15 25 25 18 7 29 3 25 7 0 38 54 42 29 1 21 24 36 56 54 0 29 II PA.D.EXT II PA.D.INT II OM.D.EXT II OM.D.INT II PA.F.INT II PA.F.EXT II OM.F.INT II OM.F.EXT I PA.D.EXT I P A .D .INT I O M .D .EXT I OM.D.INT I P A .F .INT I PA.F.EXT I OM.F.INT I O M .F .EXT 10 5 40 9 5 43 45 8 38 15 8 41 51 8 42 36 9 58 7 10 8 9 14 51 1 1 1 13 15 16 23 17 16 33 33 16 52 43 I OC.D.EXT I O C .D .INT I EC. JRNV IER - pr emLerc q u L n x a L n e DUE5T E5T 10 10 III 11, 0 1 3 ,0 1 5 ,0 5 Dans Le sens * 0 « 5 * 10' OUEST-EST,les satellites passent au-delà de Jupiter* SUD ÜUE5T EST ORBlTES RPPflRENTES - 1986 JOUR JOUR H M S SAT TVPE 16 1 29 33 5 30 5 34 5 36 10 33 10 37 7 11 II II II II II O C .D O C .D E C .F E C .F E C .F P A .D P A .D O M .D OM. D P A .F P A .F O M .F O M .F EXT INT INT EXT PEN EXT INT EXT INT INT EXT INT EXT 11 11 12 12 13 13 51 55 25 29 13 0 57 44 14 55 31 41 17 31 7 42 17 10 10 10 19 19 20 20 22 22 23 23 42 45 33 37 37 43 47 49 52 37 41 44 48 11 47 27 3 49 31 19 9 58 29 17 14 3 I O C .D I O C .D I E C .F I E C .F I E C .F II P A .D II P A .D II O M .D II O M .D II P A .F II P A .F II O M .F II O M .F EXT INT INT EXT PEN EXT INT EXT INT INT EXT INT EXT 22 I PA. I PA I OM, I OM I PA I PA, I OM I OM, III PA IV OC III PA, IV OC III OM III OM EXT INT EXT INT INT EXT INT EXT EXT EXT INT INT EXT INT III P A .F III P A .F IV O C .F IV E C .D IV O C .F IV E C .D I O C .D I O C .D IV E C .D III O M .F III O M .F I E C .F I E C .F I E C .F IV E C .F IV E C .F IV E C .F II O C .D II O C .D II E C .F II E C .F II E C .F I P A .D I P A .D INT EXT INT PEN EXT EXT EXT INT INT INT EXT INT EXT PEN INT EXT PEN EXT INT INT EXT PEN EXT INT I OM. I OM. I PA. I PA. OM OM OC OC EC EC EXT INT INT EXT INT EXT EXT INT INT EXT 1 17 18 20 21 21 21 23 23 19 36 40 21 25 54 58 59 6 7 16 7 15 57 24 0 59 34 25 1 36 26 47 23 39 51 0 38 51 0 47 1 1 56 35 2 4 34 2 6 31 2 1 1 49 2 12 46 2 16 22 2 22 1 2 48 7 2 56 19 5 2 18 5 54 6 40 6 45 6 6 55 18 7 2 33 14 54 31 14 58 18 1 18 49 18 52 48 18 54 17 23 34 52 23 38 28 5 5 21 H 9 9 10 10 12 12 13 13 18 18 20 22 M 5 8 1 52 1 56 2 23 2 26 20 43 20 46 23 31 23 34 0 0 9 45 29 4 10 46 18 54 4 40 S~ S SÄT TYPE II PA.,D. EXT II PA..D.,INT II OM..D. EXT II OM..D. INT II PA..F.,INT II PA..F.,EXT II OM.,F. INT II OM..F. EXT I PA.,D. EXT I PA.,D. INT I OM.,D. EXT I OM.,D. INT I PA.,F. INT I PA.,F. EXT I OM..F. INT I OM.,F.,EXT 24 34 54 30 29 41 45 53 29 14 III OC.,D. EXT III OC.,D.,INT I OC.,D. EXT I OC..D. INT III EC.,F.,INT III EC.,F. EXT III EC..F.,PEN I EC.,F.,INT I EC..F. EXT I EC..F.,PEN 43 30 56 43 12 53 28 38 13 29 5 38 14 II OC..D. EXT II OC.,D.,INT II EC..F.,INT II EC..F. EXT II EC..F.,PEN I PA.,D. EXT I PA.,D.,INT I OM..D.,EXT I OM.,D.,INT I PA..F.,INT I PA..F.,EXT I OM.,F.,INT I OM..F..EXT 26 2 37 13 58 0 49 24 13 I OC..D.,EXT I OC..D..INT I EC..F.,INT I EC..F.,EXT I EC..F..PEN II PA..D..EXT II PA..D..INT II OM..D..EXT II OM..D..INT 16 5 40 29 6 22 9 57 31 19 55 58 33 20 56 II PA..F..INT II PA..F..EXT II OM..F..INT II OM..F..EXT I PA..D..EXT I PA..D.,INT I OM..D.,EXT I OM..D.,INT I PA..F. INT I PA..F. EXT I OM.,F .INT I OM.,F. EXT 38 49 23 36 4 41 55 6 47 0 27 III PA. D .EXT III PA.,D. INT III OM. D .EXT III OM. D .INT I OC.,D. EXT I OC. D .INT III PA. F. INT III PA. F. EXT III OM. F. INT III OM. F. EXT I EC. F. INT 4 4 12 13 13 14 57 15 20 15 24 24 48 12 32 12 32 22 35 23 30 33 26 20 DEUXIEME QUINZAINE - 59 47 33 22 5 53 42 31 20 56 52 28 57 32 51 53 28 11 8 8 8 - I EC..F. PEN 18 18 25 JUPIIER 25 11 15 15 23 - DE JANVIER MOIS PHENOMENES 18 - SATELLITES 15 17 48 57 JOUR H M S SAT TVPE 1 3 7 7 1 49 17 45 6 17 48 53 21 24 52 21 28 38 21 30 8 I EC.F. EXT I EC.F. ,PEN II OC.D. ,EXT II OC.D. .INT II EC.F. .INT II EC.F. ,EXT II EC.F. ,PEN 27 1 36 53 1 40 28 2 0 2 2 3 38 3 54 29 3 58 4 4 18 3 4 21 38 6 53 58 7 4 6 10 38 42 5 10 49 1 1 45 29 1 1 55 37 15 27 24 15 37 46 22 45 39 22 49 15 I PA.D. ,EXT I PA.D. ,INT I OM.D. ,EXT I OM.D. ,INT I PA.F. ,INT I PA.F. ,EXT I OM.F, ,INT I OM.F, ,EXT IV PA.D. ,EXT IV PA.D. ,INT IV OM.D. ,EXT IV OM.D. ,INT IV PA.F. ,INT IV PA.F. EXT IV OM.F, ,INT IV OM.F, EXT I OC.D, .EXT I OC.D. ,INT 28 1 26 12 1 29 48 1 30 33 12 0 42 12 4 31 12 44 47 12 48 36 14 55 4 14 58 53 15 40 6 15 43 55 20 7 23 20 10 58 20 28 43 20 32 19 22 24 58 22 28 34 22 46 44 22 50 19 I EC.F. .INT I EC.F, .EXT I E C .F .PEN II PA.D, ,EXT II PA.D, ,INT II OM.D. EXT II OM.D, .INT II PA.F, .INT II PA.F, EXT II OM.F, ,INT II OM.F, .EXT I PA.D, ,EXT I PA.D. .INT I OM. D .EXT I OM.D, .INT I PA.F, .INT I PA.F. J flN V IE R - dcuxLomc q u l n z a l n c DUE5T EST ID 5' 10 1 6 ,0 2 3 ,0 3 0 ,0 10 Dane * Ie eene S 1 0 « 5 9 10 9 OUEST-EST,lee satellites passent au-delà de Juplter OUEST EST NORD □ R B I T E S flPPflRENT ES 1986 PHENOMENES SAT - - SATELLITES OE MOIS TYPE M S 1 27 1 30 2 3 2 7 4 21 4 25 4 59 5 2 8 9 9 12 9 26 9 29 1 1 26 1 1 29 1 1 44 1 1 47 2 51 42 31 31 20 7 56 26 2 7 43 1 36 7 43 II PA. D .EXT II PA. D .INT II O M .D .EXT II O M .D .INT II PA. F. INT II PA. F. EXT II OM. F. INT II OM. F. EXT I PA. 0. EXT I PA. D .INT I OM. D .EXT I OM. D .INT I PA.,F .INT I PA. F .EXT I OM. F. INT I OM.,F. EXT 6 6 6 6 7 7 8 8 8 9 9 10 10 20 20 0 8 17 21 9 17 52 56 56 39 48 49 57 35 39 38 50 32 8 16 29 33 9 55 52 3 32 45 46 33 III PA.,D. EXT III PA. D .INT I OC.,D. EXT I OC. D .INT III OM. D .EXT III OM. D .INT I EC. F. INT I EC. F. EXT I EC. F. PEN III PA. F .INT III PA. F. EXT III OM. F. INT III OM. F .EXT II OC. D .EXT II OC.,D. INT 0 0 0 3 3 3 3 5 6 6 6 0 4 5 38 42 54 58 56 0 12 16 31 18 47 58 34 49 24 32 7 48 23 II EC.,F .INT II EC.,F. EXT II EC.,F. PEN I PA.,D. EXT I PA.,D .INT I OM.,D. EXT I OM. D .INT I PA.,F .INT I PA.,F .EXT I OM.,F. INT I OM.,F .EXT 0 0 3 3 3 14 14 15 15 17 17 18 18 18 18 22 22 22 22 48 51 21 24 25 52 56 22 25 47 51 0 10 17 21 9 13 23 27 8 44 17 53 39 57 46 5 55 30 19 35 39 32 21 29 4 28 4 I OC..D. EXT I OC..D. INT I EC..F .,INT I EC..F. EXT I EC..F .,PEN II PA..D.,EXT II PA..D.,INT II OM..D.,EXT II OM..D. INT II PA..F.,INT II PA..F. EXT IV OC..D..EXT IV OC..D. INT II OM..F. INT II OM..F. EXT I PA..D..EXT I PA..D..INT I OM..D. EXT I OM..D.,INT 2 0 27 0 30 37 0 41 27 2 O 45 0 53 58 1 4 18 1 1 1 38 19 18 48 19 22 24 20 6 33 I PA..F..INT I PA..F..EXT I OM..F.,INT I OM..F. EXT IV EC..F..INT IV EC..F.,EXT IV EC..F. PEN I OC..D. EXT I OC..D..INT III OC..D.,EXT H - 20 : JUPITER FEVRIER SAT - - PREMIERE QUINZAINE - H M S 5 5 5 17 17 17 18 20 20 20 20 16 19 20 45 49 59 3 40 44 54 58 18 55 40 36 25 28 18 15 5 59 49 I EC. F. INT I EC.F.EXT I E C .F .PEN II PA.D.EXT II P A .D .INT II OM.D.EXT II O M.D .INT II P A .F .INT II PA.F.EXT II O M .F .INT II OM.F.EXT 12 0 1 1 35 0 15 1 1 0 18 6 0 21 42 2 29 4 2 32 40 2 2 36 2 39 37 21 21 23 21 24 59 5 23 45 23 48 42 23 49 27 I PA.D.EXT I P A .D .INT I OM.D.EXT I O M .D .INT I PA.F.INT I PA.F.EXT I O M .F. INT I OM.F.EXT I OC.D.EXT I O C .D .INT I E C .F .INT I EC.F.EXT I E C .F .PEN 13 0 38 0 46 3 59 4 9 4 38 4 46 4 49 4 53 5 3 8 47 8 57 9 38 9 49 12 51 12 55 15 53 15 57 15 58 18 42 18 45 18 46 18 50 20 59 3 21 4 21 21 8 17 30 34 52 9 24 28 16 47 20 39 58 28 45 32 36 23 52 9 44 47 22 36 11 41 17 III OC.D.EXT III O C .D .INT IV PA.D.EXT IV P A .D .INT III EC. F.INT III EC.F.EXT III E C .F .PEN IV OM.D.EXT IV OM.D.INT IV PA.F.INT IV PA.F.EXT IV OM. F. INT IV OM.F.EXT II OC.D.EXT II O C .D .INT II E C .F. INT II EC.F.EXT II E C .F .PEN I PA.D.EXT I PA.D.INT I OM.D.EXT I O M .D .INT I PA.F.INT I PA.F.EXT I O M.F .INT I OM.F.EXT 14 15 15 18 18 18 51 55 13 17 18 58 35 46 23 8 I OC.D.EXT I OC. D. INT I E C.F .INT I EC.F.EXT I E C .F .PEN 15 7 7 7 7 10 10 10 10 13 13 13 13 15 15 15 15 12 16 18 22 7 10 14 17 12 15 16 18 30 33 33 36 21 11 31 20 4 53 5 55 39 24 14 59 5 17 40 53 II PA.D.EXT II PA.D.INT II OM.D.EXT II OM. D. INT II PA.F.INT II PA.F.EXT II OM.F.INT II OM.F.EXT I PA.D.EXT I OM.D.EXT I PA.D.INT I OM. D. INT I P A .F .INT I OM. F. INT I PA.F.EXT I OM.F.EXT TYPE H M 20 21 21 21 14 45 50 4 53 41 54 26 III O C .D .INT I E C .F .INT I E C .F .EXT I E C .F .PEN 0 37 41 0 45 55 0 48 59 1 6 10 10 4 53 13 18 15 13 22 2 13 23 32 16 40 3 16 43 38 16 52 10 16 55 46 18 57 35 1 10 19 19 10 8 19 13 44 III E C .F .INT III E C .F .EXT III E C .F .PEN II OC.D.EXT II O C .D .INT II E C .F .INT II EC.F.EXT II E C .F .PEN I P A .D .EXT I P A .D .INT I OM.D.EXT I OM. D. INT I P A .F ,INT I PA.F.EXT I OM. F. INT I O M .F .EXT 49 52 18 22 23 23 59 46 23 8 I OC.D.EXT I OC. D.INT I E C .F .INT I EC.F.EXT I E C .F .PEN 8 4 19 33 4 23 22 4 41 6 4 44 55 7 14 12 1 7 18 7 36 37 7 40 26 1 1 10 33 1 1 14 9 1 1 20 49 1 1 24 25 13 28 4 13 31 40 13 38 46 13 42 22 II P A .D .EXT II P A .D .INT II OM.D.EXT II OM .D .INT II PA.F.INT II PA.F.EXT II OM. F.INT II O M .F .EXT I P A .D .EXT I P A .D .INT I OM.D.EXT I OM .D .INT I PA.F.INT I PA.F.EXT I O M .F .INT I O M .F .EXT 9 8 20 5 8 23 41 1 10 33 10 41 14 10 47 35 10 51 12 10 51 57 1 1 10 54 1 1 19 8 14 12 5 14 20 17 1 14 51 14 59 15 23 26 26 23 30 12 I OC.D.EXT I OC. D.INT III P A .D .EXT III PA.D.INT I EC. F. INT I EC.F.EXT I E C .F .PEN III OM.D.EXT III OM. D.INT III PA.F.INT III PA.F.EXT III OM. F.INT III O M .F .EXT II OC.D.EXT II OC. FEVRIER - pr e m l c r a q u L n z a L n c DUE5T E5T ID 10 Z.D 10 Dans 9 5 f 0 f 5 t 10 9 Le sens O U E S T - E S T fLes sateLLltes passent au-deLà de JupLter DUEST EST ORBITES flPPRRENTES 22 - 1 986 PHENOMENES TYPE H M 16 10 10 12 12 12 15 15 15 15 18 18 18 18 22 40 26 17 42 34 46 1 1 46 56 5 6 1 1 53 13 19 20 8 43 50 51 44 52 3 59 59 I OC. D .EXT I OC. D. INT I EC. F. INT I EC. F. EXT I EC. F. PEN III PA. D. EXT III OM. D .EXT III PA. D. INT III OM. D. INT III PA. F. INT III OM. F. INT III PA. F. EXT III OM. F. EXT 2 2 5 5 5 7 7 7 7 10 10 10 10 17 1 20 48 1 1 12 14 59 16 28 43 10 44 1 46 45 47 37 0 34 1 54 4 9 5 29 II OC.,D .EXT II OC..D. INT II EC.,F. INT II EC. F. EXT II EC.,F .PEN I PA.,D. EXT I OM.,D. EXT I PA..D .INT I OM. D. INT I PA.,F .INT I OM.,F. INT I PA.,F .EXT I OM.,F. EXT 4 4 4 7 7 7 20 20 20 20 23 23 23 23 53 1 1 53 17 56 53 1 1 37 15 14 15 38 36 53 38 28 40 43 42 18 32 26 33 9 36 16 36 59 I EC.,D. PEN I OC'..D. EXT I OC-,D. INT I OC.,F .INT I OC..F. EXT I EC..F. PEN II OM..D. EXT II PA..D. EXT II OM..D. INT II PA..D. INT II OM..F. INT II PA.,F. INT II OM..F. EXT II PA.,F. EXT 2 2 2 2 4 4 4 4 23 23 23 12 13 16 17 30 31 34 34 21 22 26 37 39 13 14 29 2 4 37 57 43 20 I OM..D. EXT I PA..D. EXT I OM..D. INT I PA..D. INT I OM..F. INT I PA..F. INT I OM..F. EXT I PA..F. EXT I EC..D. PEN I EC..D. EXT I EC..D. INT 1 42 18 1 45 54 1 23 5 5 4 28 5 12 43 8 49 19 8 57 32 I OC..F. INT I OC..F. EXT III EC..D. PEN III EC..D. EXT III EC..D. INT III OC..F. INT III OC..F. EXT 17 18 SAT' MOIS JOUR S - SATELLITES 21 22 23 19 20 24 DE J U P I T E R FEVRIER : JOUR - H M S 15 15 15 18 18 20 20 20 20 22 23 23 23 36 50 38 20 42 7 34 41 38 28 41 16 44 11 44 52 47 46 59 6 1 32 2 42 5 7 - - DEUXIEME OUINZAINE - SÂT ~ TYPE II E C .D .PEN II EC.D.EXT II E C .D .INT II O C .F .INT II OC.F.EXT I O M .D .EXT I PA.D.EXT I OM.D.INT I P A .D .INT I OM.F.INT I P A .F .INT I OM.F.EXT I P A .F .EXT 43 9 38 37 23 0 46 1 52 28 IV E C .D .PEN IV EC.D.EXT IV E C .D .INT I E C .D .PEN I EC.D.EXT I E C .D .INT IV O C .F .INT IV OC.F.EXT I O C .F .INT I OC.F.EXT 56 0 59 50 5 21 9 11 51 35 55 25 0 2 3 52 9 52 13 28 14 39 18 15 27 41 31 16 31 59 35 34 II O M .D .EXT II OM.D.INT II PA.D.EXT II P A .D .INT II OM.F.INT II OM.F.EXT II P A .F .INT II PA.F.EXT I OM.D.EXT I OM.D.INT I PA.D.EXT I PA.D.INT I OM.F.INT I OM.F.EXT I PA.F.INT I PA.F.EXT 12 19 24 12 20 10 12 23 47 14 43 32 14 47 9 19 13 12 19 21 27 19 37 36 19 45 50 22 52. 42 23 0 57 23 15 48 23 24 2 I E C .D .PEN I EC.D.EXT I E C .D .INT I O C .F .INT I OC.F.EXT III OM.D.EXT III OM.D.INT III PA.D.EXT III PA.D.INT III OM. F.INT III OM.F.EXT III P A .F .INT III PA.F.EXT 4 54' 26 4 55 56 4 59 43 7 59 40 8 3 26 9 38 28 11 E C .D .PEN II EC.D.EXT II E C .D .INT II OC. FEVRIER - dcuxl cmo q a L n z a l n s DUE5T E5T 10 10 2 5 .0 ID 5 f 0 f 5 f Dans Ie sens O U E S T - E S T fIes satellites passent au-delà de Juplter GUEST EST GRBlTES RPPRRENTES - 24 - 1986 - SATELLITES DE JUPITER PHENOMENES SAT MOIS TYPE JOUR ' H M S 12 12 12 13 15 15 15 15 17 17 17 17 19 19 19 19 23 23 33 37 58 2 29 32 52 56 4 7 16 20 21 25 33 37 8 18 32 23 22 13 4 54 55 45 15 51 31 7 58 33 42 18 0 40 II OM. D .EXT II O M .D .INT II PA. D .EXT II PA. D .INT II OM. F. INT II O M .F. EXT II PA. F. INT II PA. F. EXT I OM. D .EXT I OM. D .INT I PA. D .EXT I PA. D .INT I OM.,F. INT I OM.,F .EXT I PA..F. INT I PA.,F. EXT IV OM.,D. EXT IV OM.,D .INT 1 8 1 19 3 49 4 0 5 49 6 0 14 14 14 15 14 18 16 45 16 49 23 13 23 21 36 10 51 31 47 21 16 2 39 58 35 42 58 IV PA.,D. EXT IV PA.,D .INT IV OM. F. INT IV OM. F. EXT IV PA.,F .INT IV PA.,F. EXT I EC. D .PEN I EC.,D. EXT I EC.,D .INT I OC-,F. INT I OC..F. EXT III OM.,D. EXT III OM.,D .INT 9 4 0 0 17 19 2 52 49 1 4 3 3 46 38 3 54 53 7 29 32 2 7 31 7 34 49 10 49 25 10 53 12 1 1 32 50 1 1 36 26 1 1 46 58 1 1 50 33 13 50 31 6 13 54 14 4 6 14 7 41 III PA.,D. EXT III PA..D. INT III OM.,F. INT III OM..F. EXT III PA..F. INT III PA..F. EXT II EC.,D. PEN II EC..D. EXT II EC..D. INT II OC..F. INT II OC..F. EXT I OM..D. EXT I OM..D. INT I PA..D. EXT I PA..D. INT I OM..F. INT I OM..F. EXT I PA..F. INT I PA..F.,EXT 1 2 3 4 56 42 19 31 8 I EC..D.,PEN I EC..D..EXT. I EC..D.,INT I OC..F.,INT I OC..F. EXT 1 51 56 1 55 47 2 24 27 2 28 18 4 47 24 4 51 15 5 18 53 5 22 43 1 24 6 6 4 59 6 17 22 6 20 58 8 19 3 8 22 38 8 34 28 3 8 38 II OM..D.,EXT II OM..D..INT II PA..D.,EXT II PA..D..INT II OM..F.,INT II OM..F.,EXT II PA..F.,INT II PA..F.,EXT I OM..D. EXT I OM..D. INT I PA.,D. EXT I PA..D. INT I OM..F. INT I OM.,F. EXT I PA..F. INT I PA..F. EXT 8 42 8 43 8 47 1 1 16 1 1 20 : MARS S - PREMIERE OUINZAINE - SAT TYPE JOUR H M 6 3 3 3 5 5 13 13 13 17 18 20 20 20 1 1 41 12 27 16 4 47 8 50 45 3 47 6 52 15 10 52 52 1 8 47 2 48 31 52 18 I E C .D .PEN I E C .D .EXT I E C .D .INT I O C .F .INT I OC.F.EXT III E C .D .PEN III E C .D .EXT III E C .D .INT III O C .F .INT III OC.F.EXT II E C .D .PEN II E C .D .EXT II E C .D .INT 7 0 0 0 0 0 0 2 2 3 3 21 21 21 14 17 30 33 47 51 47 51 4 8 40 41 44 9 56 0 35 48 24 37 12 51 27 19 5 42 II O C .F .INT II OC.F.EXT I O M .D .EXT I OM.D.INT I P A .D .EXT I P A .D .INT I OM.F.INT I O M .F .EXT I PA.F.INT I P A .F .EXT I E C .D .PEN I E C .D .EXT I E C .D .INT 8 0 0 15 15 15 15 18 18 18 18 18 19 19 19 21 21 21 21 17 38 21 15 11 8 14 58 51 17 55 8 6 33 10 24 45 36 49 27 58 34 2 9 18 12 21 48 16 9 19 44 35 12 38 48 I O C .F .INT I OC.F.EXT II O M .D .EXT II OM.D.INT II P A .D .EXT II PA.D.INT II O M .F .INT II O M .F .EXT II PA.F.INT II P A .F .EXT I O M .D .EXT I OM. D.INT I P A .D .EXT I PA.D.INT I O M .F .INT I O M .F .EXT I PA.F.INT I P A .F .EXT 9 16 9 16 9 16 13 18 48 18 51 4 50 27 14 51 I E C .D .PEN I EC.D.EXT I E C .D .INT I O C .F .INT I OC.F.EXT 10 3 13 58 3 22 15 4 39 54 4 48 1 1 6 52 39 7 0 56 8 16 42 8 24 59 8 40 35 8 48 8 8 58 48 10 4 27 10 5 56 10 9 43 13 27 7 13 30 43 13 38 45 13 42 32 13 48 35 13 52 10 15 44 40 III O M .D .EXT III O M.D .INT III P A .D .EXT III PA.D.INT III OM.F.INT III O M .F .EXT III PA.F.INT III P A .F .EXT IV E C .D .PEN IV EC.D.EXT IV E C .D .INT II E C .D .PEN II EC.D.EXT II E C .D .INT I O M .D .EXT I OM.D.INT II O C.F .INT II OC.F.EXT I P A .D .EXT I PA.D.INT I OM. F.INT JOUR H M S SAT TYPE 15 48 16 16 5 32 16 9 8 16 36 26 16 46 59 I O M .F .EXT I P A .F .INT I PA.F.EXT IV O C .F .INT IV OC.F.EXT 11 10 37 10 38 10 42 13 18 13 22 43 29 6 44 21 I E C .D .PEN I EC.D.EXT I E C .D .INT I O C .F .INT I OC.F.EXT 12 4 29 34 4 33 25 5 17 17 8 5 21 7 24 54 7 28 45 7 55 40 7 59 16 8 1 1 26 8 15 17 8 18 56 8 22 32 10 13 1 1 10 16 47 10 35 51 10 39 26 II OM.D.EXT II O M .D .INT II PA.D.EXT II P A .D .INT II O M .F .INT II OM.F.EXT I OM.D.EXT I OM.D.INT II P A .F .INT II PA.F.EXT I PA.D.EXT I P A .D .INT I O M .F .INT I OM.F.EXT I PA.F.INT I PA.F.EXT 13 5 6 5 7 5 10 7 49 7 52 17 4 17 7 17 16 22 23 22 32 23 21 23 23 23 27 27 13 50 18 56 49 55 13 42 0 51 21 8 I E C .D .PEN I EC.D.EXT I E C .D .INT I O C .F .INT I OC.F.EXT III E C .D .PEN III EC.D.EXT III E C .D .INT III OC. MflRS DUEST - promL öro q u l n z a l n o EST 10 10 1Z.0 10 9 5 f 0 * 5 t 10 9 Dans Ie sens OUEST-EST,les satellites passent au-delà de Juplter OUEST EST NORD ORBITES RPPRRENTES - 1986 M JOUR H S 16 18 3 49 18 4 34 18 8 12 20 50 17 20 53 54 SAT TYPE I EC..D. PEN I EC..D. EXT I EC..D. INT I OC..F .INT I OC..F. EXT 17 34 10 29 31 49 12 42 29 7 25 20 56 57 32 36 23 44 20 42 18 III OM..D. EXT III OM..D. INT III PA..D. EXT III PA..D. INT III OM..F. INT III OM..F. EXT II EC..D. PEN II EC..D. EXT II EC..D. INT III PA..F. INT III PA..F. EXT I OM..D. EXT I OM..D. INT I PA..D. EXT I PA..D. INT II OC..F. INT II OC..F. EXT I OM..F. INT I OM..F. EXT I PA..F. INT I PA..F. EXT 32 27 33 13 36 50 20 43 24 21 23 39 34 29 1 3 1 1 54 14 32 25 30 I EC..D. PEN I EC..D. EXT I EC..D. INT I OC..F. INT I OC..F. EXT IV OM..D. EXT IV OM..D. INT IV OM..F. INT IV OM..F. EXT IV PA..D. EXT IV PA..D. INT 2 46 12 2 57 10 7 7 11 7 11 3 8 9 47 8 13 39 9 49 51 9 53 27 10 2 21 10 6 13 10 20 13 10 23 49 1 1 3 33 1 1 7 25 7 14 12 12 10 49 12 36 56 12 40 32 IV PA..F. INT IV PA..F. EXT II OM..D. EXT II OM..D. INT II PA..D. EXT II PA..D. INT I OM..D. EXT I OM..D. INT II OM..F. INT II OM..F. EXT I PA..D. EXT I PA..D. INT II PA..F. INT II PA..F. EXT I OM..F. INT I OM..F. EXT I PA..F. INT I PA..F. EXT 20 7 1 10 1 56 7 7 5 33 9 51 13 9 54 51 21 6 13 21 9 19 21 17 38 I EC..D. PEN I EC..D. EXT I EC..D. INT I OC..F. INT I OC..F. EXT III EC..D. PEN III EC..D. EXT III EC..D.
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Virtualis, opéra interactif. Journées d'informatique Musicale, Jun 2001, Bourges, France. &#x27E8;hal-02987495&#x27E9;
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Virtualis, opéra interactif Alain Bonardi, Francis Rousseaux To cite this version: Alain Bonardi, Francis Rousseaux. Virtualis, opéra interactif. Journées d’informatique Musicale, Jun 2001, Bourges, France. �hal-02987495� HAL Id: hal-02987495 https://hal.science/hal-02987495 Submitted on 3 Nov 2020 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
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Note sur les espaces spéciaux de Dirichlet
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Proc. Japan Acad., 43 (1967) No. 6 98. 429 Note sur les Espaces Spciaux de Dirichlet par Masayuki IT6 Institut Math6matique, Universit6 de Nagoya (Comm. by Kinjir6 KUNUCI, .J.A., June 12, 1967) 1. I1 est bien connu que les espaces de Dirichlet ont beaucoup importantes dans la th6orie du potentiel. Mais, nous propri6t6s de n’avons pas connu la condition qui d6cide si un noyau donn6 est un noyau d’un espace de Dirichlet. Dans cette note, d’abord nous consur l"espace euclidien sid6rerons un espace fonctionel invariable que tout obtiendrons 616ment nous de soit 6gal R(n>_l). Alors, une constante ou qu’on puisse associer un espace sp6cial D() de Dirichlet sur R et un espace o constitu6 par des constantes, satisfait -D()(R)o si le principe de domination est satisfait dans Employant ce r6sultat, nous obtiendrons qu’un noyau positif, symetrique et continu (au sens large) /c de convolution sur R soit 6gal une constante non-n6gative ou qu’on puisse associer un noyau continu (au sens large) /Co d’un espace sp6cial de Dirichlet et une constante non-n6gative C(k) satisfait k ko+ C(k) si ce noyau/ satisfait au principe de domination. 2. D’abord, nous donnerons des notations d’ensembles de fonctions. On dsignera par C l’espace des fonctions finies et continues support compact muni de la topologie usuelle, et par C+ l’ensemble des lments non-ngatifs de C. De plus, on dsignera par M l’ensemble des fonctions born6es et mesurables support compact, et par M + l’ensemble des 616ments non-n6gatifs de M. Nous donnerons la d6finitions d’un espace fonctionel invariable (sur R ) et la d6finition d’un espace sp6cial de Dirichlet (sur R). ) D6finition 1. Un espace hilbertien s’appelle un espace foncest une fonction tionel invariable (sur R ) si tout 616ment de r6elle et localement sommable, verifiant les conditions suivants" (a) A tout compact K de R on peut associer une constante positive A(K) telle qu’on ait, pour route u de. " _ , f u(x) : (b) A toute u de I I u I, ou D4finition 2. dx A(K) u , vue et tout point x de R on a et u(y- x). Un espace fonctionel invariable i s’appelle un 1) On peut donner les m&mes d6finitions sur un groupe ab61ien localement compact. M. IT5 430 Vol. 43, espace special de Dirichlet (sur R ) si les conditions additionnelles suivantes sont verifies" (c) L’intersection Ci est dense dans i et dans C. (d) A toute contraction normale T de la droite relle R ) et toute u de i, on a T.ue et II T.u II<_llu Quand un espace fonctionel invariable satisfait la condition Dans cette (d), on dit que les contractions normales oprent dans note, nous supposerons que i est un espace fonctionel invariable. D’aprs le thorme de Riesz, toute f de M, on peut associer un lment u unique de tel qu’on ait, pour route v de. v(x)f (x)d(x), 1 off (., .) est le produit scalaire de Cet lment (u, v). uf s’appelle le potentiel de f dans i. Posons P()= {u e ; f e M). Alors, P() est dense dans Nous obtenons que la convergence forte de i entralve la convergence presque partout. Le principe de domination: On dit que le principe de domination est satisfait dans i si, quelles que soient f et g de M +, l’ingalit u(x)<_u(x) est satisfaite presque partout sur R ds qu’elle l’est presque partout sur {x e X; f(x)O}. Pour un espace fonctionel invariable on designera par ) l’adherence de {u .; S est compact}. Lemme 1. L’intersection CEllo est dense dans support compact. Nous En effect, soit u une fonction de obtenons une suite () de C+, qui converge vaquement la mesure de Dirac avec n- + o, telle que, pour tout n, (x)dx- 1 et la suite (S) converge en dcroissant {0} avec n--+c. D’aprs le thorme de Deny (voir [3), la convolution u. appartient 0. Par la continuit forte de l’application de x e R vu e pour toute la suite (u.) converge fortement dans vers u avec u de , o. t ,. Deny [4 a dmontr le lemme suivant. Lemme 2. Si le principe de domination est sarisfair dans let contractions normales oprent dans Soit c un nombre positif. On dsignera par i () l’espace fonctionel invariable introduit [7 et [8, et dsignera par u}) le potentiel de f e M dans (). Depuis que le principe de domination est satisfait dans i () et qu’on a i()M, l’espace fonctionel invariable i est un espace sp6cial de Dirichlet par Lemme 1. Beurling et Deny 2) On l’appelle une application T de R -T(a) I<_lal-al pour tout couple a et a. de R. 3) On dsigne par Su le support de u. No. 6 Les e’spaces speciaux de dirichlet 431 [i], [3] ont dmontr que, pour un espace special de Dirichlet, on peut associer une fonction dfinie ngative (m) sur R ", c’est-dire , 2(x)- C/ i,=l ajxxj / (1- e")da(y) axx est une forme posioff C est une constante non-ngative, tive et hermitienne et a est une mesure positive dans R"-{0} satisfaisant aux da<+ et II>o. pour tout r>0, et on a de C et sa transformation de Fourier Nous employons la notation f)(x)-f(mx) pour une fonction f et un nombre rel m. Lemme 3. Soit un espace spdcial de Dirichlet. Pour toute et tout hombre me0, la fonction u appatient et on a u de pour route. Pour dmontrer, il suffit de se borner au cas u e C Soit est dense dans que C la fonetion dfinie ngative assoeie g. Parce On a a() I(C+ m N a + (1- m) max(l, u(x)]2(x)dx-max(1, m) ]] u D’aprs le thorme de Deny (voir [3), on a. Lemme 4. Soit Ie noyau d’un espace fonctionel invariable qui satisfait au principe de domination. Si -0, la transformation de Fourier de est une fonction non-nggative et localement sommable dans R" et la fonction 2(x)= (’(x)) est semi-continue infdrieurement et satisfait d , -. si u>_0 pour toute f de M +, il existe une mesure positive 4) Pour type positif telle que u=,f pour toute f de M (voir [4]). Cette mesure appel le noyau de de est M. IT5 432 [Vol. 43, , (x x)pp <_ 0 pour touts les m points (x)= de R et tous les m nombres complexes (p)?= avec p O, si 2(x x ) + pour tous i, j. i=1 En effet, soit c un nombre positif. Depuis que le noyau de l’espace fonctionel invariable () est +c et que () est un espace special de Dirichlet, la transformation de Fourier +c de +c est une fonction positive et localement sommable, ou est la mesure de Dirac. Cela revient de dire que est une fonction non-ngative et localement sommable. De plus, depuis que la fonction 2(x) =(+cS(x)) est dfinie ngative, c’est--dire que est finie, continue i,=1 et satisfait - ,. (x x)p 0 i,=1 pour tousles m points (x)= de R et tousles m nombres complexes ) Les fonction (x) convergeant en croissant (P)=I avec p-0. i=1 vers (x) avec c0, (x) est semi-continue infrieurement et satisfait (x -- x)pp 0 pour des mmes (x)= et (p)=. et 2(x) ceux qui sont mentionnes au Lemme Soient Lemme 4. On a, pour toute de C, (x) (x)x En effet, depuis que M () pour tout c>0 (voir [8), on u, pour tout c> 0, (x) (x)dx, - ou ]]. ] est la norme de (). Faisant c0, nous obtenons que (x) (x)gx. D’autre part, de la mme manire qu’au cas d’un espace special et ]] de Dirichlet (voir 2 et [3), nous obtenons (x) 2(x)dx si la fonction de C satisfait l’ingalit (x) 2(x)dx< +. Employant les lemmes susdits, nous obtenons le th- e orme suivant. Thorme 1. Supposons que le principe de domination est satisfait dans et -o. Alors, chlet ou -{0}. est un espace special de Diri- 5) Au sujet de la fonction dfinie ngative, voir E5]. No. 6 Les espaces spciaux de dirichlet 433 Dmonstration. Supposons que =/:{0}. Par Lemme 1, on a I1 suffit de dmontrer que, pour tous 0 r R, il existe une fonction F, de C telle que ,0, ,(x)- 1 sur B(0; r) et ,(x)-0 dans CB(0; R), off B(0; r) est une boule ferme centre en o de rayon r. Par les lemmes 3, 5 et la condition (b), il existe une fonction de C telle que SB(0; 1) et (0) 0. Depuis C :/: {0}. et e- sont continues dans + nous pouvons supposer que (d), par le lemme 2 et la condition est non-ngative. A tout x de Par les lemmes 3 5 B(0; r) nous associons la fonction on a %((_)_)eC. Alors, il existe l’ensemble fini (x)=l de B(0; r) tel que la fonction que __. est positive sur B(0; r). Posons d-min {,(x); x e B(0; r)} et soit T la contraction unit. ) Alors, la fonction ,(x)- T. ,)(x) satisfait aux conditions que nous avons desires, et par suite, la dmonstration est complete. En gnral, nous obtenons le thorme suivant. Thorme 2. Si le principe de domination est satisfait dans o est un espace spgcial de Dirichlet ou ggal {0} et tout gldment de l’espace dans est une constante. Dmonstration. Employant le rsultat que la convergence forte d’une suite (u) de 0 u e 0 entrane la convergence faible de la suite (T.u) T.u pour toute contraction normale T, nous obtenons que les contractions normales oprent dans 0. Par le thorme et 1, 0 est un espace special de Dirichlet ou gal {0}. Soient et 0, respectivement, et soit c un nombre positif. 0 des noyaux de Alors, le noyau de ) est 0+c. Par suite, il suffit de dmontrer que tout lment de ) dans () est une constante. Depuis que -0 est evidemment une mesure positive de type positif, ) est un espace fonctionel invariable avec le noyau positif. ) Posons de C, il suffit de dmontrer que 0. Pour toute fonction gale une constante, off (x) ( x). Soit f une lone(x) est et soit w un voisinage tion de M + telle que f(0)>0 et ouvert et relativement compact de S. Alors, on peut associer une fonction f’ de L avec S,Cw telle que u]?e(),u})(x)-u],)(x) presque partout sur Fw, u})u], et f(x)dx f’(x)dx (yoUr , - f(x)dx-1, 6) On appelle la projection de R [0, 1] la contraction unit. 7) On l’appelle ainsi si, pour toute fonction f de M +, le potentiel de f est non-ngatif. M. IT5 434 Vol. 43, On a ftl**(x)f(x)dx- i**(x)f’(x)dx, off (., .)o est le produit scalaire de (). En vertu des ingalits (0) pour tout x de R et f’(x)dx_< 1, nous obte(?, (x)_< nons que la fonction ,,(x) soit gale une constante nonngarive. Par suite, la dmonstration est complete. Corollaire 1. Soit k le noyau continue, symdtrique et positif de convolutions) qui satisfait au principe de domination. Alors, pour toute f de M, il existe une constante c(x) telte que lim k, f , f()-C(k) f(x)gx et que k-c(k) est un noyau d’un espace spdcia de Dirichet (voir , I Corollaire 2. Si le noyau ci-dessus k satisfait au principe de domination, alors k est non-ddgdndrd ou dgal une constante nonndgative (volt [9). References A. Beurling and J. Deny: Dirichlet spaces. Proc. Nat. Acad. Sc., U.S.A. 45, 208-215 (1959). G. Choquet and J. Deny: Aspectis linaire de la thorie du potentiel. II. C. R. Acad. Sc. Paris, 243, 4260-4261 (1960). Deny: Sur les espace de Dirichlet, Sm thorie du potentiel, no 5 (1957). --: Principe complet du maximum et contractions. Ann. Institut de Fourier, 15, 259-272 (1965). S. Herz: Thorie lmentaire des distributions de Beurling. Sm. Fac. Sc. d’Orsay, 1962-1963. M. ItS: On kernels of invariant functional spaces. Proc. Japan Acad., 42, 433-437 (1966). --: Note sur "contractions et principes du maximum". Osaka Math. J., ( paraltre). --: Balayage principle and Maximum principles on regular functional spaces. J. Sc. Hiroshima Univ. Ser. S-1 (to appear). M. Kishi: Unicity principles in the potential theory. Osaka Math. J., 13 42-74 (1963). N. Ninomiya: Etude sur la thdorie du potentiel pris par rapport au noyau symtrique. J. Inst. Poly. Osaka City Univ., 8, 147-179 (1957). 8) On l’appelle if est une fonction symtrique, positive, continue au sens large dans R -, finiement continue dans R et localement sommable.
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Figure I - 24 : Ligand X En modifiant les métaux d chélatés par le ligand X ci-dessus (Figure I - 24), il a été démontré des changements de propriétés ainsi que du mécanisme de sensibilisation. En effet, le groupe de Piguet a utilisé des cations chrome(III) et de l'erbium, afin d'étudier la conversion haute ou « up conversion », technique de sensibilisation multiphotonique. Ce complexe absorbe à basse énergie, dans le proche infrarouge via les cations chrome (750 nm) et émet dans le visible, notamment dans le vert (520 nm), grâce à l'erbium [51]. Piguet et Bünzli ont également développé les premières hélicates bimétalliques à base de Ln3+ résistantes à l'eau [52]. En modifiant le ligand par l'addition de groupements carboxylates, il a été possible de former une hélicate triple brin binucléaire avec la totalité de la série de lanthanides [53]. De plus, le complexe formé est stable dans l'eau pour un pH compris entre 4 et 13. Ce type de complexes pourrait être candidat pour des applications biologiques grâce à leur stabilité dans l'eau. Les complexes précédemment décrits comportent des arrangements des métaux de manière linéaire. Depuis les dix dernières années, de nouvelles structures polynucléaires en trois dimensions ont été décrites dans la littérature. b) Systèmes tétranucléaires En 2008, Hamacek et coll. ont décrit la première structure tétraédrique [54] contenant des Ln3+. Pour former ce complexe, il a été proposé un ligand avec une unité chélatante tridentate de type diamido pyridine, ainsi qu'un point d'ancrage court de type aliphatique. Les études ont montré un auto assemblage de la structure tridimensionnelle tétraédrique [Ln4 4]12+ avec des lanthanides de moyennes et petites tailles (Ln = Eu3+, Tb3+ et Lu3+). Figure I - 25 : Unité chélatante et première structure tétraédrique 3D [ 54] Dans ce système, les quatre lanthanides se situent aux extrémités de la structure pyramidale. Chaque métal est coordiné trois fois par trois ligands distincts, représentés en différentes couleurs, sur la Figure I - 25, pour une meilleure visibilité. De plus, chaque ligand occupe une face du tétraèdre. La plateforme d'ancrage étant petite et flexible, la formation d'une cavité dans la structure tétraédrique n'est pas favorisée. En remplaçant l'unité NEt2 au bout de l'unité coordinante, par une fonction méthoxy, on observe cette fois, la formation de complexes tétranucléaires avec des lanthanides plus lourds ( Tb, Er, Lu) [55]. Il a été démontré une augmentation de la stabilité du complexe grâce à une modification mineure du ligand. En effet, la fonction amide de l'ancre a été remplacée par un groupement ester (Figure I - 26) [56]. Figure I - 26 : Unité chélatante et complexe cage [56] La modification du ligand entraîne la formation d'un complexe de type cage. La caractérisation par RX démontre la présence d'une cavité contenant un anion perchlorate à l'intérieur du complexe (Figure I - 26). L'encapsulation de cet anion n'avait pas été observée dans les cas des complexes précédents. Malgré le changement de structure, l'architecture tétranucléaire reste quasiment inchangée. Chaque ligand coordine trois fois chaque métal et occupe les faces du tétraèdre. L'anion perchlorate peut être échangé par un anion de taille similaire qui ne coordinne pas le lanthanide, comme par exemple BF4- ou I-. Une fois à l'intérieur de la cavité, le nouveau complexe est observable en 1H RMN, révélant une nouvelle série de signaux. D'autres fonctionnalisations du ligand ont été étudiées, afin de modifier les propriétés du complexe. Il a été montré que l'utilisation d'une ancre rigide aromatique de type triptycène contribuait aussi à l'auto assemblage d'un complexe tétraédrique [57]. En effet, la rigidité et la taille du triptycène permet d'agrandir la cavité interne de la structure tétranucléaire et également la possibilité d'y avoir un invité (ClO4-, BF4-). L'insertion de dérivés aromatiques permet le déplacement de la longueur d'onde d'excitation du complexe vers de plus basses énergies. D'autres cages tétraédriques, formées à partir de cérium ont été développées par Liu et al. pour la détection de saccharides (Figure I - 27) [58]. L'utilisation de ligands bis-tridentates coordinant le métal (Ce3+) permet la formation de tétraèdres pyramidaux où les ligands se situent sur les arêtes. Il est démontré que l'interaction et l'augmentation de la concentration avec les différents sucres étudiés entraîne une évolution de la luminescence du cérium (525 nm). Par extension du ligand, l'ajustement de la taille de la cavité est possible et permet une sélection de substrats plus volumineux. Il y a donc une reconnaissance sélective des sucres en fonction de leur taille. Figure I - 27 : Cage tétraédrique pour la reconnaissance des sucres [58] En plus des complexes tridimensionnels tétraédriques, il existe des systèmes bidimensionnels tétragonaux. Tout récemment, Tang et ses collaborateurs ont proposé un système supramoléculaire de type 4f-4f et le premier de type 4f-3d en forme de grille [59]. Le ligand de type dihydrazone comporte trois unités chélatantes. Les deux poches extérieures du ligand (O-N-N-O) permettent la coordination d'un métal 4f (dans cet exemple : Dy3+), la poche plus petite (N-N-N) au centre quant à elle, coordine préférentiellement les cations 3d (dans cet exemple : Cu2+) (Figure I - 28). 4f 3d Figure I - 28 : Ligand dérivé de l'hydrazone et schéma de complexation [59] Chapitre I : Introduction Les cristaux obtenus montrent une légère distorsion oblique des ligands par rapport au plan due à la coordination d'une molécule d'eau supplémentaire sur chaque lanthanide. Il existe peu de systèmes tétranucléaires circulaires. Ronson et al. ont démontré qu'avec un même ligand, il était possible d'obtenir différentes structures en fonction du rapport stoechiométrique employé [60]. Ainsi, en mélangeant deux cations néodyme pour trois ligands, la formation du complexe binucléaire est favorisée, alors que pour un mélange stoechiométrique 1:1, la formation d'un complexe tétranucléaire est observée. Les quatre lanthanides se situent dans les coins du carré distordu. Chaque lanthanide est nonacoordiné, par deux ligands tridentates et trois molécules de solvant monodentates (eau ou acétonitrile). Contrairement, aux complexes décrits par Tang, celui-ci est considéré comme une hélicate circulaire car les ligands enveloppent les métaux de manière hélicoïdale (Figure I - 29). Figure I - 29 : Complexe tétranuclaire en hélice circulaire [60] c) Systèmes pentanucléaires La première structure pentanucléaire auto assemblée à base de lanthanides a été décrite en 2011 [61] par le groupe d'Hamacek. Figure I - 30 : Représentation schématique de l'extension de la structure, ligand X et structure du complexe pentanucléaire Le système pentanucléaire est obtenu par extension d'un site de coordination sur le ligand (en vert sur la Figure I - 30, milieu). Le complexe se forme grâce à un premier ligand tripodal symétrique comprenant trois unités tridentées (représenté en jaune sur la figure de droite) ainsi que de trois ligands asymétriques composé de quatre unités tridentates (en rouge, vert et bleu). Le premier ligand tridentate permet la formation de la base tétraédrique du complexe. L'extension des bras forme les faces de la structure pyramidale. Les trois lanthanides constituant la base sont coordin par le ligand tridentate et par les trois extrémités du ligand asymétrique. Les lanthanides situés à l'extrémité du tétraèdre ainsi que celui à la pointe de la structure, ne sont coordinés que par les ligands asymétriques. d) Système hexanucléaires Au début des années 2000, le groupe de Marinella Mazzanti a proposé une roue octaédrique à base d'europium [62] formée par des ligands asymétriques tétradentates de type terpyridine carboxylate (Figure I - 31). Cette structure homonucléaire est formée par six unités de type EuL2 connectées entre elles par six ponts carboxylates. Chaque Eu3+, à l'extérieur de l'anneau, est nona coordiné par six azote et deux oxygène provenant de deux unités chélatantes entourant le métal ainsi que d'un oxygène provenant d'une unité EuL2 adjacente. Le septième cation métallique est coordiné par six oxygène provenant des carboxylates non engagés dans les ponts de l'anneau. Ce complexe polymétallique est de symétrie S6. On détecte deux environnements de coordination différents pour les europium en fonction de leur position à l'extérieur de l'anneau ou à l'intérieur. Quelques années plus tard, est décrit l'assemblage d'une roue hétéropolymétallique contenant deux lanthanides différents [63] en conservant le même ligand que décrit précédemment. Ce dernier est un complexe heptamétallique composé de six cations europium et d'un cation lutécium au coeur de la structure. L'assemblage sélectif de cette roue moléculaire [Lu‫ؿ‬ሺEuL)6]-(OTf)9 est contrôlé par la taille des cations (Figure I - 31). Dans un premier temps, le complexe hexanucléaire d'europium est formé puis s'en suit une inclusion d'un second cation lanthanide plus petit donc plus acide afin d'obtenir le complexe hétérométalique. Figure I - 31 : Ligand terpyridine carboyxylate. Vue ORTEP du complexe [Lu‫ؿ‬ሺEuL) -(OTf)9 [63] e) Systèmes octanucléaires Grâce à l'extension de ligands précédemment décrits, un tout nouveau système auto assemblé a été développé par l'équipe d'Hamacek. Cette structure est un complexe octanucléaire (Figure I - 32) à base d'europium [64]. Le complexe [Eu8L4]24+ possède une symétrie tétraédrique. Figure I - 32 : Modèle moléculaire du complexe octaédrique et SAXS [64] Les quatre ligands avec six unités coordinantes sont représentés de différentes couleurs pour un meilleur visuel, et les cations europium sont représentés en bleu. Il est montré que les huit europium sont coordinés par trois ligands différents à chaque fois. Chaque cation est nona coordiné par les unités dicarbonylpyridine. Les sous-hélices dinucléaires (quatre extensions) sont localisées sur les quatre axes C3. Cet arrangement hélicoïdal dans l'espace est unique en son genre. Un autre système octanucléaire avait été décrit auparavant, par le groupe de Raymond [65]. Le ligand tripodal et polydenté avait conduit à l'auto assemblage d'un système tri dimensionnel de type octamétallique (Figure I - 33). Contrairement à la structure décrite par Hamacek, ce système est un assemblage de huit sous unités complexées. a b c Figure I - 33 : a) Ligand tripodal. b) Complexe vue du dessus. c) Complexe vue de côté [65] VI. Systèmes polynucléaires biologiques pour applications 1. Hélicates En 2007, Vandevyver et al proposent un système hélicoïdal à trois brins soluble dans l'eau. Ce complexe d'europium bimétallique a montré avec succès une activité comme agent d'imagerie dans des cellules Hela. Le complexe s'est avéré non toxique et a montré de manière claire une localisation dans le cytoplasme [66] (Figure I - 34). Le ligand utilisé comporte deux sites de coordination tridentate, à base de dérivé picolinique et benzimidazole. Des fonctions pégylées ont été couplées au ligand afin d'améliorer la solubilité de ce dernier. De plus les esters en bout de chaîne été hydrolysés afin d'obtenir un ligand soluble dans l'eau. Dans cet exemple, les cellules ont été excitées à des longueurs d'onde de 325 nm et 405 nm. Chapitre I : Introduction Figure I - 34 : Ligand soluble dans l'eau. Images de cellules incubées avec des concentrations différentes de ligand [66] Tout récemment, Faulkner et al. ont décrit une hélicate asymétrique métallique ayant un activité sélective contre des cellules cancéreuses [67]. Ce système n'est pas composé de lanthanides. Cependant, cet exemple est proposé afin de montrer l'utilisation des hélicates pour des applications biologiques. Les « triplex métallo-hélices» décrites sont constituées de trois unités coordinantes, et sont solubles dans l'eau en présence de Fe(II). L'autoassemblage des différentes unités offre un panel de 16 triplex. Certains d'entre eux miment une activité peptidique et ont montré une activité non négligeable sur des cellules cancéreuses. 2. Système bimodal Faulkner et al ont synthétisé un système bimétallique pour des applications bimodales [68]. Les systèmes moléculaires bimodaux contiennent deux centres fonctionnels, au sein de la même molécule, qui permettent d'exploiter deux techniques d'imagerie différentes. Le système proposé comporte un chromophore luminescent à base de rhénium et un chélatant de lanthanide. (Figure I - 35) Figure I - 35 : Système bimodale [68] Le complexe composé d'un métal de transition sensibilise le lanthanide. Il est démontré une émission provenant du lanthanide pour un cation ytterbium. En revanche, l'utilisation d'un cation europium ne permet pas sa sensibilisation. En effet, des molécules d'eau dans la sphère de coordination désactivent la luminescence dans ce cas. Ainsi, il est envisagé d'utiliser ce système pour des applications en IRM avec la présence du gadolinium. 3. Système multimétallique Un système dendritique à base de complexe de Gd3+, le Gado 17 (Figure I - 36), a été développé et étudié pour la visualisation des systèmes vasculaires par études IRM. Figure I - 36 : Gadomer 17 [69] 47 Chapitre I : Introduction Cette structure est composée d'un coeur central de type trimesoyl triamide sur lequel dixhuit lysines sont attachées. Vingt-quatre complexes Gd(DOTA)-monoamide sont greffés à la surface du dendrimère [69]. L'avantage de ce système est le nombre de complexes de Gd3+ à la surface, ce qui favorisera une augmentation du signal. De plus, la taille de la structure permet une rotation moins rapide et donc, une meilleure relaxivité. Les molécules d'eau ont le temps de s'échanger avec celles du milieu. Toutefois, la distance réduite entre les complexes de Gd3+ diminue les échanges possibles. Le signal n'est donc pas proportionnel au nombre de complexes présents. En 2014, un système polymétallique à base de samarium luminescent et de dendrimère poly(amidoamine) [70], capable d'émettre à la fois dans le visible et dans le proche infrarouge a été décrit. Des études d'imagerie biologique sur des cellules ont été menées avec succès montrant l'émission du complexe de samarium formé, dans le visible mais aussi en proche infrarouge sous une excitation à 377 nm (Figure I - 37). Figure I - 37 : Microscopie d'épifluorescence de cellules HeLa. Haut : après incubation avec le complexe de samarium, Bas : cellules non traitées. A) transmission, B) émission centré sur le dendrimère, C) émission du samarium dans le visible, D) émission du samarium dans le proche infrarouge [70] Chapitre I : Introduction VII. Sondes pour la thérapie photo dynamique (PDT) La PDT est une technique médicale très étudiée pour le traitement de cancers. C'est au début des années 1900, que Raab et Von Tappeiner [71] ont employé le terme « réaction photodynamique » et l'ont utilisé comme thérapie cancéreuse chez des patients ayant un cancer de la peau. On note cependant, une réelle envolée à partir de 1970, grâce à l'équipe de Dougherty [72] et la découverte de nouvelles substances photoactivables. Depuis la PDT est développée comme thérapie anticancéreuse. 1. Principe Le principe de la PDT implique l'activation d'un photosensibilisateur (PS) localisé préférentiellement dans les cellules cancéreuses. Sous cette activation lumineuse à une longueur d'onde spécifique et en présence d'oxygène, le PS génère des espèces réactives de l'oxygène qui vont produire des dommages photo-oxydatifs sur les cellules et tissus cancéreux. Le traitement par thérapie photodynamique se fait en deux étapes (Figure I - 38). Dans un premier temps le PS est administré de manière systémique. Il y a un temps de latence avant l'irradiation, afin d'obtenir une accumulation préférentielle du PS dans les cellules tumorales. Puis, la zone englobant la tumeur est exposée à une lumière de longueur d'onde d'absorption spécifique du PS. La localisation du PS dans la tumeur permet sa destruction sélective en préservant au maximum les tissus sains. 49 Chapitre I : Introduction Injection du PS Illumination par un laser de la zone tumorale Mort des cellules sensibilisées Rétention sélective dans les cellules tumorales Cicatrisation Et guérison Figure I - 38 : Schéma représentatif des étapes de traitements. La lumière utilisée étant peu pénétrante, le traitement par PDT est surtout utilisé pour les cas de cancers facilement accessibles, comme par exemple pour les cancers de la peau ou des organes creux accessibles par endoscopie. Pour le moment cette technique est utilisée afin de traiter des cancers en surface à un stade précoce. Contrairement à la radiothérapie, cette technique utilise un rayonnement plus faible en énergie et non mutagène. De plus, peu d'effets secondaires majeurs ont été détectés et ce qui est donc un atout pour le confort des patients. Etat excité singulet S1 Réaction de type II Etat excité triplet T1 Phosphorescence Fluorescence Réaction de type I 1O (état 2 singulet) 3O (état 2 triplet) Oxygène Figure I - 39 : Diagramme de Jablonski simplifié expliquant la PDT 50 Chapitre I : Introduction Le principe photophysique de la PDT est illustré par le schéma ci-dessus (Figure I - 39). Une fois le PS administré au patient, celui-ci sera exposé à de la lumière. Le PS va donc être photo activé. Le PS va accumuler de l'énergie et passer d'un état au repos S 0 à son état excité S1. Cet état étant instable, il va passer à un état intermédiaire de plus longue durée de vie dit «triplet» (T1) par passage inter-système. A l'état triplet, le PS est très réactif et intervient dans deux types de réaction photochimique. La réaction type I, implique une interaction directe du PS avec les différents substrats biologiques de l'environnement. Cette réaction génère la formation d'espèces réactives de l'oxygène (ROS) et des radicaux libres comme le peroxyde d'hydrogène (H2O2), l'anion superoxyde (O2-) et le radical hydroxyle (.OH), reconnus comme des oxydants d'une grande variété de biomolécules. La seconde réaction photochimique, appelée réaction de type II, met en jeu l'oxygène moléculaire (3O2) et le PS à son état triplet pour former une espèce particulièrement réactive de l'oxygène, l'oxygène singulet (1O2). L'oxygène singulet réagit avec différents substrats biologiques provoquant des dommages oxydatifs conduisant à la mort cellulaire. La réaction de type II est majoritaire avec les PS actuellement utilisés en PDT. 2. Photosensibilisateurs Il existe différents types de PS utilisés en PDT qui peuvent être répertoriés en deux catégories : les PS à coeur non tétrapyrrolique tel que l'hypéricine (Figure I - 40 issue du millepertuis [73] et les PS à coeur tétrapyrrolique qui peuvent se scinder en trois classes : Figure I - 40 : Hypéricine 51 Chapitre I : Introduction -- première génération : les molécules d'origine naturelle. Le Photofrin® (Figure I 41), dérivé de l'hémoglobine du sang, est composé d'oligomères contenant jusqu'à 8 porphyrines et unis par des liaisons esters et éthers Ce PS a été l'un des premiers utilisés. Figure I - 41 : Photofrin® Toutefois, la faible absorption de la lumière rouge par le Photofrin® et une faible pénétration de la lumière bleue dans les tissus, ainsi que d'autres problèmes rencontrés ont mené à des essais pour obtenir un PS « idéal » [74]. Caractéristiques du PS idéal : * Substance facile à synthétiser * Bonne sélectivité tumorale * Elimination rapide * Rendement quantique en oxygène singulet élevé * Forte absorption entre 620 et 800 nm (fenêtre thérapeutique) * Solubilité en milieu aqueux pour faciliter l'administration systémique * En prenant compte de ces paramètres, des PS dits de deuxième ou troisième génération ont vu le jour. 52 Chapitre I : Introduction -- deuxième génération : les molécules de synthèse. Ces molécules sont des dérivés de chlorines, phtalocyanines et bactériochlorines, ayant une meilleure absorption dans le rouge et une meilleure élimination de l'organisme que le Photofrin®. Le Foscan® par exemple possède une meilleure activité que son analogue porphyrinique et a été mis sur le marché courant 2002 dans plusieurs pays pour les cancers du cou et de la tête. Le Visudyne® est utilisé pour une application non tumorale telle que le traitement de DMLA (Dégénérescence Maculaire Liée à l'Age) (Figure I - 42). Foscan® Visu dyne ® Figure I - 42 : Foscan® et Visudyne® Il existe un PS contenant un lanthanide non fluorescent : le Lutex® aussi appelé téxaphyrine lutécium. Ce composé (Figure I - 43) est un analogue de la porphyrine où un des groupes pyrrole a été remplacé par un groupe N, N '-diméthylène-benzène- 1,2 -diamine, pour une meilleure stabilit é et un coeur plus grand afin de pouvoir y insérer un lu té cium . Le Lu(III ) est coordi né par deux anions acétat es, non représentées, sur la figure pour une meilleure lisibilité. 53 Chapitre I : Introduction Figure I - 43 : Téxaphyrine lutétium : Lutex® Grâce à la présence du Lu, cation lourd et diamagnétique, le Lutex® présente un bon rendement de formation d'oxygène singulet ainsi qu'une absorption maximale à 732 nm (zone d'absorbance minimale de l'hémoglobine). -- troisième génération : les molécules vectorisées. Ces molécules chimiques sont des PS de 2ème génération fonctionnalisés par divers groupes tels que des sucres, protéines ou même des anticorps, afin d'obtenir une e accumulation dans les tissus tumoraux. Ils peuvent être encapsulés dans des liposomes, des micelles, des nanoparticules 54 Chapitre I : Introduction Voici, ci-dessous (Figure I - 44), les différents PS commercialisés et utilisés en clinique. Figure I - 44 : PS utilisé en clinique [75] 3. Exemple de sondes pour la PDT En 2015, les membres de l'équipe de Toth, en collaboration avec le Synchrotron SOLEIL, ont développé une micelle comprenant des lanthanides pour une application en PDT [76]. Cette micelle comporte des bras chélatants des lanthanides et en son coeur des molécules d'hypéricine (PS). Il a été démontré que l'excitation de la micelle avec des rayons X permettait l'émission des lanthanides. Ainsi, ce système pourrait être appliqué à de l'imagerie. Afin de prouver la localisation intracellulaire du composé, des études en imagerie de fluorescence ont été menées avec une excitation en UV (lex = 395 nm) (Figure I - 45). Figure I - 45 : Cellules HeLa incubées avec Hyp-GdEuC12 (500 μM Ln, 4 μM Hyp). (g) transmission (f) fluorescence 55 Chapitre I : Introduction De plus, la luminescence induite par l'excitation du gadolinium ou de l'europium permet une activation de l'hypéricine qui va générer la production de ROS et donc avoir un effet thérapeutique. L'avantage de cette micelle est la modulation du PS et pourrait être utilisé en IRM de par la présence du gadolinium. Les propriétés des lanthanides ainsi qu'une partie des différents types de chélateurs ont été décrits dans ce chapitre. De plus, il a été montré différents systèmes polymétalliques utilisés ou utilisables pour des applications biologiques. Dans la partie suivante, les objectifs de mon travail seront décrits. 56 Chapitre I : Introduction VIII. Références 1. Valeur, B., Characteristics of Fluorescence Emission. In Molecular Fluorescence, Wiley-VCH Verlag GmbH: 2001; pp 34-71. 2. Lavis, L. D.; Raines, R. T., Bright Ideas for Chemical Biology. ACS Chemical Biology 2008, 3 (3), 142-155. 3. Weissleder, R., A clearer vision for in vivo imaging. Nat Biotech 2001, 19 (4), 316-317. 4. (a) Smith, A. M.; Mancini, M. C.; Nie, S., Bioimaging: Second window for in vivo imaging. 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Chem. 1999, 38 (7), 1596-1602. 41. Faulkner, S.; Pope, S. J. Chapitre I : Introduction 45. Piguet, C.; Bernardinelli, G.; Bunzli, J.-C. G.; Petoud, S.; Hopfgartner, G., The first structurally characterized and strongly luminescent self-assembled helical heterodinuclear df complex. J. Chem. Soc., Chem. Commun. 1995, (24), 2575-2577. 46. Andre, N.; Scopelliti, R.; Hopfgartner, G.; Piguet, C.; Bünzli, J.-C. G., Discriminating between lanthanide ions: self-assembly of heterodimetallic triple-stranded helicates. Chem. Commun. 2002, (3), 214-215. 47. Dalla-Favera, N.; Hamacek, J.; Borkovec, M.; Jeannerat, D.; Gumy, F.; Bünzli, J.-C. G.; Ercolani, G.; Piguet, C., Linear Polynuclear Helicates as a Link between Discrete Supramolecular Complexes and Programmed Infinite Polymetallic Chains. Chem. Eur. J. 2008, 14 (10), 2994-3005. 48. Dalla-Favera, N.; Hamacek, J.; Borkovec, M.; Jeannerat, D.; Ercolani, G.; Piguet, C., Tuneable Intramolecular Intermetallic Interactions as a New Tool for Programming Linear Heterometallic 4f−4f Complexes. Inorg. Chem. 2007, 46 (22), 9312-9322. 49. Cantuel, M.; Gumy, F.; Bunzli, J.-C. G.; Piguet, C., Encapsulation of labile trivalent lanthanides into a homobimetallic chromium(iii)-containing triple-stranded helicate. Synthesis, characterization, and divergent intramolecular energy transfers. Dalton Trans. 2006, (22), 2647-2660. 50. Riis-Johannessen, T.; Bernardinelli, G.; Filinchuk, Y.; Clifford, S.; Favera, N. D.; Piguet, C., Self-Assembly of the First Discrete 3d−4f−4f Triple Stranded Helicate. Inorg. Chem. 2009, 48 (12), 5512-5525. 51. Aboshyan-Sorgho, L.; Besnard, C.; Pattison, P.; Kittilstved, K. R.; Aebischer, A.; Bünzli, J.-C. G.; Hauser, A.; Piguet, C., Near-Infrared→Visible Light Upconversion in a Molecular Trinuclear d–f–d Complex. Angew. Chem. Int. 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Hamacek, J.; Poggiali, D.; Zebret, S.; El Aroussi, B.; Schneider, M. W.; Mastalerz, M., Building large supramolecular nanocapsules with europium cations. Chem. Commun. 2012, 48 (9), 60 Chapitre I : Introduction 61. El Aroussi, B.; Zebret, S.; Besnard, C.; Perrottet, P.; Hamacek, J., Rational design of a ternary supramolecular system: self-assembly of pentanuclear lanthanide helicates. J. Amer. Chem. Soc. 2011, 133 (28), 10764-10767. 62. Bretonnière, Y.; Mazzanti, M.; Pécaut, J.; Olmstead, M. M., Cation-Controlled SelfAssembly of a Hexameric Europium Wheel. J. Amer. Chem. Soc 2002, 124 (31), 9012-9013. 63. Chen, X.-Y.; Bretonnière, Y.; Pécaut, J.; Imbert, D.; Bünzli, J.-C.; Mazzanti, M., Selective Self-Assembly of Hexameric Homo- and Heteropolymetallic Lanthanide Wheels: Synthesis, Structure, and Photophysical Studies. Inorg. Chem. 2007, 46 (3), 625-637. 64. 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M.; Faulkner, S., Synthesis and Spectroscopic Properties of a Prototype Single Molecule Dual Imaging Agent Comprising a Heterobimetallic Rhenium−Gadolinium Complex. J. Amer. Chem. Soc 2008, 130 (7), 2178-2179. 69. Nicolle, G. M.; Tóth, É.; Schmitt-Willich, H.; Radüchel, B.; Merbach, A. E., The Impact of Rigidity and Water Exchange on the Relaxivity of a Dendritic MRI Contrast Agent. Chem. Eur. J. 2002, 8 (5), 1040-1048. 70. Foucault-Collet, A.; Shade, C. M.; Nazarenko, I.; Petoud, S.; Eliseeva, S. V., Polynuclear Sm(III) polyamidoamine-based dendrimer: a single probe for combined visible and nearinfrared live-cell imaging. Angew. Chem. Int. Ed. 2014, 53 (11), 2927-30. 71. H. von Tappeiner, A. J., Muench. Med. Wochenschr 1903, 50, 2042-2044. 72. Dougherty, T. J.; Kaufman, J. E.; Goldfarb, A.; Weishaupt, K. R.; Boyle, D.; Mittleman, A., Photoradiation Therapy for the Treatment of Malignant Tumors. Cancer Res. 1978, 38 (8), 2628-2635. 73. Koren, H.; Schenk, G. M.; Iindra, R. OBJECTIFS 62 Objectifs La conception de nouveaux systèmes polynucléaires est un domaine en perpétuelle évolution compte tenu des différentes applications possibles. Le développement et l'optimisation de nouvelles techniques de diagnostic et/ou de thérapie sont des enjeux majeurs. Ce projet de thèse s'inscrit dans cette problématique avec le but de développer et caractériser de nouveaux systèmes polynucléaires autoassemblés, en vue d'obtenir des agents potentiels d'imagerie optique. Afin de promouvoir la formation de complexes tétranucléaires de géométrie tétraédrique, le choix s'est porté sur des ligands tripodaux. Dans la littérature, différents ligands tripodaux ont déjà été utilisés pour étudier l'autoassemblage de complexes de lanthanides. Dans cette thèse, la conception des ligands est basée sur la stratégie de fonctionnalisation de ligands prometteurs pour former des complexes tétranucléaires. Il a été choisi dans un premier temps d'étudier les complexes tétranucléaires. En effet ces derniers sont plus simples à réaliser au niveau synthétique que les complexes pentanucléaires par exemple. Il est toutefois envisagé d'étendre ces systèmes à une plus grande nucléarité dans le futur. La modification des propriétés physico-chimiques et optiques de ces complexes de lanthanides, afin qu'ils soient mieux adaptés au milieu biologique, sera présentée. De plus, nous étudierons l'influence de la structure du ligand sur la complexation et l'assemblage supramoléculaire. Les ligands tripodaux proposés dans cette thèse sont construits autour d'une plateforme d'ancrage centrale. Les unités coordinantes fonctionnalisées seront ensuite couplées à cette plateforme via un espaceur plus ou moins long (Figure 1). 64 Objectifs : Ancre : Groupement fonctionnel : Espaceur Figure 1 : Représentation schématique des ligands tripodaux synthétisés Pour certains des ligands tripodaux synthétisés, nous utilisons une ancre polyaromatique centrale, le triptycène, permettant une excitation à basse énergie. L'ancre est substituée par trois bras comportant les sites coordinants. Dans le cas présent, les unités coordinantes sont des dérivés de l'acide chélidamique. Ce dernier, contrairement aux dérivés dipicoliniques largement décrits dans la littérature, permet l'ajout de divers groupements fonctionnels sur la structure. Tout d'abord, un ligand modèle avec la fonctionnalisation du dérivé chélidamique par un groupement méthoxy sera préparé et caractérisé. L'introduction de ce groupe permet d'étudier la complexation des lanthanides avec ce tripode, en vue de fonctionnaliser le nouveau ligand avec des chaînes plus longues. Un second ligand sera ainsi obtenu après l'addition de fonctions PEG sur le ligand. Ces chaînes ont pour but d'augmenter l'hydrosolubilité du ligand ainsi que celle des complexes, qui est un pré-requis nécessaire pour des applications en milieu biologique. Dans la perspective de développer et d'utiliser des ligands tripodaux de deuxième génération, en complément des ligands utilisant le triptycène comme ancre, la synthèse de nouvelles plateformes triaminées -TACN et TREN- sera explorée. 65 Objectifs Ces ligands sont conçus pour chélater un métal en leur coeur tel que le zinc et ainsi rigidifier la plateforme. Les trois bras coordinants les lanthanides seront couplés sur cette plateforme plane pour tendre vers un nouveau complexe tétraédrique combinant des métaux d et f. Ces systèmes seront également d'intérêt pour l'imagerie en considérant une possible d'énergie intramoléculaire. En parallèle, un travail commun sur le développement d'agents pour la PDT, réalisé en collaboration avec une doctorante de l'équipe, sera présenté. Le principe est d'utiliser des porphyrines en combinaison avec des ligands complexant des lanthanides. Elles sont connues pour leur capacité d'absorption de la lumière, leur activité biologique (hème par exemple) mais aussi pour leur capacité à produire des ROS. L'objectif de mon travail sera de préparer des porphyrines fonctionnalisées pour le couplage sur des plateformes moléculaires. D'une part, les porphyrines sont couplées sur un dendrimère. Cette macromolécule sert de plateforme d'ancrage et permet de coordiner plusieurs lanthanides. La porphyrine peut jouer à la fois un rôle d'antenne (application en imagerie) et un rôle dans la production de ROS (application en PDT). Le système proposé est un agent potentiel pour une activité théranostique bimodale. Cette partie sera réalisée par Iuliia Nazarenko. D'autre part, les mêmes précurseurs porphyriniques peuvent être couplés sur les ligands tripodaux développés dans cette thèse. L'addition d'une porphyrine sur un complexe tétranucléaire peut jouer le rôle d'antenne et de producteur de ROS. 66 CHAPITRE II : Complexes de lanthanides avec des ligands tripodaux dérivés du triptycène 68 Chapitre II : Complexes de lanthanides avec des ligands tripodaux dérivés du triptycène SOMMAIRE DU CHAPITRE II : CHAPITRE II : 68 COMPLEXES DE LANTHANIDES AVEC DES LIGANDS TRIPODAUX DERIVES DU TRIPTYCENE 68 I. Synthèse de l'ancre 74 II. Synthèse du ligand L1 76 1. Synthèse du précurseur 76 2. Couplage avec l'ancre 77 III. Complexation du ligand L1 avec Ln(III) 79 1. Etudes avec l'europium 80 a) Complexations 80 b) Cristallisation 84 2. Etudes avec le lanthane 87 3. Etudes avec le néodyme 89 4. Etudes avec le samarium 91 5. Etudes avec l'ytterbium et le lutécium 97 6. Conclusions sur les études de complexation du ligand L 1 99 IV. Synthèse du ligand L2 101 1. Synthèse du précurseur (12) 101 a) Synthèse du diester (9) 101 b) Fonctionnalisation de la pyridine 102 c) Synthèse du composé (12) 103 2. Couplage sur l'ancre pour obtenir le ligand L2 104 Complexations du ligand L2 avec Ln(III) 105 1. 2. Complexations avec le lanthane 105 Complexes avec des lanthanides paramagnétiques 110 V. a) Complexations avec le néodyme 110 b) Complexations avec le samarium 111 3. Complexations avec des lanthanides plus petits 115 a) Etudes avec l'europium 115 b) Etudes avec l'ytterbium et le lutécium 116 4. Conclusions sur les études de complexations du ligand L2 117 VI. Etudes des complexes par la technique DOSY 118 VII. Caractérisations spectroscopiques 119 1. Complexes d'europium 119 2. Complexes de néodyme 120 3. Complexes de samarium 121 VIII. Hydrolyse contrôlée du ligand L2 et de ses complexes 123 IX. Conclusions du Chapitre II 125 X. 70 Chapitre II : Complexes de lanthanides avec des ligands tripodaux dérivés du triptycène Figure II - 1 : Représentation des ligands L1 et L2 74 Figure II - 2 : Isomères de position : (2) symétrie C3v, (3) symétrie s 75 Figure II - 3 : Précurseur (8) 77 Figure II - 4 : Spectre 1H RMN du ligand L1 78 Figure II - 5 : Symétrie du ligand 79 Figure II - 6 : Spectre 1H RMN du titrage de L1 avec Eu(ClO4)3 dans CD3CN/CDCl3) 80 Figure II - 7 : Comparaison du spectre 1H RMN du ligand L1 et du complexe [Eu4L14]12+ 81 Figure II - 8 : Spectre de masse du complexe [Eu4L14]12+ 82 Figure II - 9 : Spectre 1H RMN du titrage de L1 avec Eu(ClO4)3 de 1 à 5 équivalents 83 Figure II - 10 : Structure RX du cristal de [Eu4L14]12+ 84 Figure II - 11 : Ligand L0 et structure RX du complexe [Eu4L04]12+ 85 Figure II - 12 : Schématisation du complexe et de l'axe de symétrie 86 Figure II - 13 : Structure RX du complexe [Eu4L14]12+ 87 Figure II - 14 : Spectre 1H RMN du titrage de L1 avec La(ClO4)3 88 Figure II - 15 : Spectre de masse du complexe tétranucléaire à base de lanthane 89 Figure II - 16 : Spectre 1H RMN du titrage de L1 avec Nd(ClO4)3 90 Figure II - 17 : Spectre HRMS (ESI, Mode positif) du complexe [Nd4L14]12+ 91 Figure II - 18 : Spectre 1H RMN du titrage de L1 avec Sm(ClO4)3 92 Figure II - 19 : Comparaison des spectres 1H RMN du ligand 1 et du complexe [Sm4L14]12+. 93 Figure II - 20 : Spectre HRMS du complexe [Sm4L14]12+ 94 Figure II - 21 : Spectre HRMS pour l'état de charge (5+) du complexe [Sm4L14]12+ 95 Figure II - 22 : Distribution isotopique pour l'état de charge (5+) du complexe [Sm 4L14]12+ 96 Figure II - 23 : Spectre 1H RMN du complexe [Yb4L14]12+ 97 Figure II - 24 : Spectre HRMS du complexe [Yb4L14]12+ 98 Figure II - 25 : Spectre 1H RMN du complexe [Lu4L14]12+ 99 Figure II - 26 : Ligand L1 99 Figure II - 27 : Géométrie des complexes 100 Figure II - 28 : Précurseur (12) 103 Figure II - 29 : Spectre 1H RMN du ligand L2 105 Figure II - 30 : Spectre 1H RMN du titrage de L2 avec La(ClO4)3 106 72 Chapitre II : Complexes de lanthanides avec des ligands tripodaux dérivés du triptycène Figure II - 31 : Comparaison des spectres 1H RMN du complexe [La4L24]12+ et [La4L14]12+ 107 Figure II - 32 : Modèle moléculaire du complexe [La4L24]12+ 108 Figure II - 33 : Spectre HRMS du complexe [La4L24]12+ 108 Figure II - 34 : Spectre HRMS de la solution pour [La/L2] = 4 109 Figure II - 35 Spectre 1H RMN du titrage de L2 avec Nd(ClO4)3 110 Figure II - 36 : Spectre HRMS du complexe [Nd4L24]12+ 111 Figure II - 37 : Spectre 1H RMN du titrage de L2 avec Sm(ClO4)3 112 Figure II - 38 : Comparaison des spectres 1H RMN du complexe [Sm4L24]12+ et du complexe [Sm4L14]12+ 113 Figure II - 39 : Spectre HRMS pour le complexe [ m4L24]12+ et la solution pour [Sm/L2] = 4 114 Figure II - 40 : Schématisation de la complexation du système de type 4:2 114 Figure II - 41 : Comparaison du spectre 1H RMN du ligand L2 et du complexe [Eu4L24]12+ 115 Figure II - 42 : Spectre HRMS pour le complexe composé d'europium pour une stoechiométrie 1:1 116 Figure II - 43 : Spectre d'excitation et d'émission des deux complexes d'europium 120 Figure II - 44 : Spectre d'excitation et d'émission des deux complexes de néodyme 121 Figure II - 45 : Spectre d'excitation et d'émission des deux complexes de samarium 122 Figure II - 46 : Ligand L2 hydrolisé 123 Schéma II - 1 : Synthèse de la plateforme (4) 75 Schéma II - 2 : Synthèse du précurseur (8) 76 Schéma II - 3 : Synthèse de L1 78 Schéma II - 4 : Synthèse du précurseur (12) 102 Schéma II - 5 : Dernière étape de synthèse du ligand L2 104 Tableau II - 1: Récapitulatif des espèces majoritairement formées pour le ligand L1 100 Tableau II - 2 : Récapitulatif des espèces formées pour le ligand L2 118 73 Chapitre II : Complexes de lanthanides avec des ligands tripodaux dérivés du triptycène Dans ce chapitre, la synthèse et la caractérisation de deux ligands L1 et L2 sont développées (Figure II - 1). L1 : R = OMe ; R' = CH3 L2 : R = OPeg ; R' = CH2CH3 Figure II - 1 : Représentation des ligands L1 et L2 I. Synthèse de l'ancre La synthèse de la plateforme servant d'ancre pour les unités coordinantes des lanthanides suit la méthode proposée par Zhang et al. [1] (Schéma II - 1). Toutefois, la méthode a été optimisée pour l'étape de réduction. Pour des raisons de sécurité, il a été choisi d'éviter l'utilisation du nickel de Raney. Ainsi, la réaction a été réalisée en présence de chlorure d'étain dihydraté, dans l'acide chlorhydrique. 74 Chapitre II : Complexes de lanthanides avec des ligands tripodaux dérivés du triptycène Schéma II - 1 : Synthèse de la plateforme (4) Le macrocycle triptycène (1) commercial subit dans un premier temps une nitration aromatique en présence d'acide nitrique concentré. Les deux isomères (2) et (3) (Figure II 2) obtenus sont séparés par chromatographie sur colonne (silice, EtOAc/Cyclohexane 1:1). Figure II - 2 : Isomères de position : (2) symétrie C3v, (3) symétrie s Afin de simplifier et mieux contrôler les futures complexations avec les Ln(III), il a été choisi d'utiliser pour la suite la molécule de symétrie C3v (2). Une fois isolée, cette dernière est réduite en présence de chlorure d'étain dans l'acide chlorhydrique concentré. En augmentant les quantités réactionnelles, il a été remarqué une diminution du rendement et la présence de divers dérivés chlorés. Le composé (4) servira de plateforme d'ancrage pour les différents ligands synthétisés, notamment pour les ligands L1 et L2. 75 Chapitre : Complexes de lanthanides avec des ligands tripodaux dérivés du triptycène II. Synthèse du ligand L1 1. Synthèse du précurseur La synthèse du précurseur (8) suit le schéma suivant (Schéma II - 2). La synthèse se fait en trois étapes [2]. Schéma II - 2 : Synthèse du précurseur (8) Dans un premier temps, les deux fonctions acides carboxyliques de l'acide chélidamique (5) commercial sont transformées en esters méthyliques par traitement du chlorure de thionyle et du méthanol pendant une nuit à température ambiante. Il n'a pas été observé de méthylation de la fonction alcool en présence de chlorure de thionyle. Une fois le composé (6) recristallisé dans l'éthanol, ce dernier est mis en présence de carbonate de potassium dans l'acétonitrile afin de déprotoner la fonction hydroxyle libre. S'en suit une méthylation par ajout d'iodure de méthyle afin de donner le produit (7). 76 Chapitre II : Complexes de lanthanides avec des ligands tripodaux dérivés du triptycène Afin de coupler le dérivé chélidamique sur la plateforme d'ancrage (4), l'hydrolyse sélective d'une des fonctions ester du composé (7) est nécessaire [3]. Pour cela, le composé (7) est dissous dans un grand volume de toluène, sous atmosphère inerte. Un équivalent de base (KOH) solubilisé dans le méthanol est ajouté goutte à goutte. Le mélange réactionnel est agité à température ambiante pendant une nuit. Le précurseur mono hydrolysé (8) (Figure II - 3) est obtenu par lavages acido-basiques successifs. Figure II - 3 : Précurseur (8) Il est plus simple de faire la monohydrolyse de l'ester sur le composé (7) plutôt que sur le composé (6) avec la fonction alcool libre. En effet, la différence de pKa entre le proton de l'alcool (pKa ≈ 11) et celui des acides carboxyliques (pKa ≈ 2-4) ne permet pas l'hydrolyse sélective d'un des deux esters. En effet, l'ajout d'un second équivalent de KOH à (6) induit l'hydrolyse des deux esters. 2. Couplage avec l'ancre Le couplage final pour obtenir le ligand L1 suit le schéma de synthèse suivant (Schéma II - 3). Afin de réaliser la liaison amide entre les deux molécules, le chlorure d'acyle est formé in situ grâce à l'activation de l'acide carboxylique (8) par le chlorure de thionyle, puis l'amino triptycene (4) est ajoutée lentement. Le ligand final L1 est purifié par chromatographie sur colonne (silice, DCM/MeOH 1%). 77 Chapitre II : Complexes de lanthanides avec des ligands tripodaux dérivés du triptycène Schéma II - 3 : Synthèse de L1 La structure du ligand L 1 est confirm ée par des analyses en RMN (1H, 13C, COSY) et SM. 9/10 6 3/4 5 7 8 1 2 1 Figure II - 4 : Spectre H RMN du ligand L1 (600 MHz, 298 K) 78 Chapitre II : Complexes de lanthanides avec des ligands tripodaux dérivés du triptycène Le spectre 1H RMN du ligand L1 montre un ensemble de 10 signaux distincts (Figure II - 4). Les trois bras sont par conséquent identiques et la molécule est de symétrie C3v (Figure II - 5). C3v Figure II - 5 : Symétrie du ligand III. Complexation du ligand L1 avec Ln(III) Afin d'étudier la formation des complexes supramoléculaires et d'évaluer leurs propriétés photophysiques, des études de complexation ont été menées avec six lanthanides représentatifs de la série : La(III), Nd(III), Sm(III), Eu(III), Yb(III) et Lu(III). Ces études permettent d'observer la formation de complexes en fonction de la taille (rayon ionique) des lanthanides, même si la différence entre le La(III) et le Lu(III) n'est que de 18%. L'analyse détaillée permet d'évaluer la spéciation pour le rapport [Ln]/[L] varié. En outre, toutes les études de complexation ont été effectuées avec des sels de perchlorates de lanthanides afin d'éviter des interactions compétitrices entre les contre ions et les ligands. Les différents titrages 1H RMN ont été réalisés dans une solution de CDCl3/CD3CN (4/3) pour des raisons de solubilité du ligand. Les ajouts de sels de lanthanides se font via une solution de CD3CN. Chapitre II : Complexes de lanthanides avec des ligands tripodaux dérivés du triptycène 1. Etudes avec l'europium Dans un premier temps, il a été choisi d'étudier la formation et les propriétés du complexe d'europium formé avec le ligand L1. Etant situé au milieu de la série des lanthanides et de taille moyenne, l'europium est un des lanthanides les plus étudiés pour la complexation et pour ses propriétés optiques dans le visible. a) Complexations Un titrage 1H RMN a été réalisé (Figure II - 6). Pour cela, des ajouts successifs de Eu(ClO4)3 ont été réalisés de 0 à 1 équivalent de métal. Chaque spectre a enregistré une heure après l'ajout, afin de s'assurer de l'équilibre de la solution.
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Le retour de l’apprentissage Une institution du travail et son financement au XXe siècle : jalons pour l’histoire d’une voie française à l’aune des expériences européennes et mondiales. Sciences de l'Homme et Société. Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, 2022. &#x27E8;tel-03940206&#x27E9;
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construction, d’agrandissement et d’équipement qui renforce les réseaux d’EPCI (autonomes ou jumelées), d’ENP ou encore d’écoles d’artisanat rural81. Au niveau local, la taxe ne conduit pas toujours à un bouleversement. Dans le cas de la Savoie, où l’équipement en enseignement technique est relativement tardif – aucune EPCI n’y existe avant 1912, avec la seule École nationale d’horlogerie de Cluses dans le département voisin et des cours d’apprentis –, la taxe brute s’élève à 170 647 francs en 1925, 197 412 francs en 1927, année pour laquelle 15 entreprises sur les 49 ayant déposé une demande d’exonération ont bénéficié au total de 8 595 francs d’exonération82. À la SEPR, la taxe prolonge les changements induits par la loi Astier sous la forme de fondations et d’une implication accrue des groupements professionnels. En 1928, plus de six cents entreprises industrielles ou commerciales versent de l’argent, le plus souvent en exonération de la taxe. Le rendement de la taxe conduit aussi à augmenter significativement les subventions publiques, dans un climat d’entente qui facilite le développement de la SEPR mais n’évite pas des inégalités, et notamment de genre, dans les demandes et dans l’octroi des subventions83. Les sommes perçues soit directement de la part d’entreprises, soit par les subventions du sous-secrétariat d’État à l’enseignement technique, facilitent la création de nouveaux cours, comme à Charlieu (Loire) où des cours de comptabilité, de sténodactylographie et d’anglais commercial s’ajoutent à l’offre existante. En 1938, 15 entreprises locales contribuent ainsi au financement de l’école primaire supérieure professionnelle publique84. La taxe d’apprentissage est victime des difficultés économiques des années 1930, mais de manière en partie différée. Après les surcapacités durables révélées par la crise, de nombreuses petites et moyennes entreprises ont été touchées par le renchérissement des matières premières et des coûts salariaux, avec des problèmes de trésorerie. Le rendement de la taxe s’en ressent mais les situations sont variées. Les cours professionnels privés des syndicats féminins « La Ruche », à Saint-Brieuc, dépendent de la taxe d’apprentissage, qui fournit 15 000 francs sur les 15 250 francs de recettes en 1938-1939 (250 francs sont fournis par les droits d’inscription), ce qui couvre cependant à peine les seuls traitements du personnel (les dépenses en 1938 s’élèvent à 43 450 francs, probablement couvertes par les syndicats)85. En revanche, Jean-Michel Chapoulie, « Représentations... » ; Guy Lambert, « L’architecture des écoles nationales professionnelles dans l’entre-deux-guerres : le pragmatisme d’une politique centralisée », Histoire de l’éducation, n°147, 2017, p. 147-176. 82 AD Savoie 13T1, cité par Serge Tomamichel, « Les prémices... », p. 570-571. 83 François Robert, « Le financement de la SEPR (1864-1959) », art. cit., p. 127 ; Marianne Thivend, « Les formations... », art. cit. 84 Jean-Luc Hausemont, Du couvent au lycée. Charlieu 1822-1988, Paris, Publibook, 2014, p. 195-197. 85 Gérard Bodé, Pierre Le Buhan, Les établissements d’enseignement technique en France 1789-1940. Tome III : les Côtes-d’Armor, Paris, INRP, 2006, p. 301. les cours professionnels obligatoires de la même ville, publics, révèlent des recettes également issues des subventions équivalentes de l’État et de la ville : les versements directs au titre de la taxe d’apprentissage n’apparaissent que comme un financement d’appoint aussi bien pour les cours féminins que pour les cours masculins86. Pour de tels cours, la taxe alimente surtout le budget de l’État destiné aux subventions, suggérant dès lors une moindre dépendance à l’égard des entreprises locales bien que les cours soient censés former leurs jeunes salariés. Pour de nombreuses institutions, les versements obtenus des entreprises au titre de la taxe d’apprentissage se révèlent indispensables. La perspective d’une taxe moins élevée qu’espéré pousse l’Institut de soudure autogène, fondé en 1930 pour développer les cours jusqu’alors gérés par l’Office central de l’acétylène et de la soudure autogène et dont le conseil d’administration est présidé par Louis de Seynes, président de la Compagnie des Forges, Mines et Fonderies d’Alais, à s’insurger de la décision de la DET en 1931 de maintenir pour les subventions à cette école le pourcentage d’exonération à 25%, au lieu des 60% demandés : « Il est impossible de trouver auprès des industriels de la soudure autogène un concours efficace et suffisant basé sur le taux d’exonération de 25%. Serons-nous obligés de réduire ou de supprimer telles de nos œuvres d’apprentissage qui rendent cependant, aux dires de tous, les plus grands services et dont nous pouvons juger de l’intérêt par le développement qu’elles prennent87? ». Les responsables du Syndicat professionnel pour l’organisation et le développement de l’enseignement de la soudure autogène, qui gère l’Institut et collecte la taxe, s’efforcent de convaincre la DET, en fournissant à l’occasion d’une visite d’inspection des documents sur l’enseignement dispensé à différents niveaux – l’établissement accueille des ingénieurs, des « cadres moyens » mais forme aussi au brevet professionnel et au CAP et organise des « samedi du soudeur », séances de perfectionnement pour ouvriers qualifiés et cadres moyens qui auraient accueilli 7 438 soudeurs au fil des 458 séances organisées depuis 1920 – et sur son coût évalué à 250 000 francs : la subvention de l’État, moins élevée que prévu, est présentée comme l’explication de la demande d’un pourcentage d’exonération plus élevé88. L’impatience l’emporte néanmoins chez Georges Contenot, l’une des figures parisiennes les plus investies en faveur de l’apprentissage, qui dénonce les réalisations trop Ibid., p. 302-308. Ibid. 87 AN F17 17912 : Extrait de la décision de la section « métallurgie » de la commission permanente du CSET du 29 mai 1931. Le taux de 25% avait été retenu de 1926 à 1929, avant la constitution de l’Institut. Voir aussi Anne-Catherine Robert-Hauglustaine, « Les métiers du soudage en France et la création de filières de formation », Le Mouvement social, n°193, octobre-décembre 2000, p. 29-59. 88 AN F17 17912 et ANMT 1995 0058/3734 : Brochure de présentation de l’Institut de soudure autogène, 16 p. limitées en matière de patronage d’apprentis et d’orientation professionnelle : « Alors que la taxe d’apprentissage nous permet tout espoir, nous autorise même à toute audace, que trouvonsnous devant nous? Presque le néant89. » Plus généralement, à partir du milieu des années 1930, le système de financement semble fragilisé. L’un des risques afférents à la mise en œuvre de la taxe pouvait être le désengagement d’autres financeurs. Dans un projet de vœu présenté par Auguste Lefébure, conseiller municipal de Paris, en 1930, les recettes de la taxe sont jugées suffisantes pour justifier la diminution des dépenses supportées depuis longtemps par la municipalité, et donc par les contribuables parisiens, y compris des commerçants ou des industriels qui paient la taxe. Le vœu, qui n’est pas adopté, demande que l’État verse chaque année « une large subvention » prise sur les crédits de la taxe pour compenser l’effort de la ville de Paris90. Ce vœu est repris en mars 1934 par le même Auguste Lefébure et un de ses collègues, avec une estimation des dépenses de la ville de Paris pour les écoles professionnelles à 18 millions de francs environ, soit le double des dépenses supportées par l’État. Selon les deux signataires, « la ville de Paris n’a, jusqu’ici, jamais profité des bienfaits de la loi de 192591 ». La quête de financement par les institutions de formation est plus facile à repérer pour les écoles que pour l’apprentissage. Du côté des bénéficiaires des financements, les recettes tirées de la taxe sont en effet rapidement intégrées aux budgets des cours et écoles habilitées à recevoir la taxe – ce que ne peuvent faire les EPS, rattachées au ministère de l’Instruction publique, y compris quand elles possèdent une section industrielle ou commerciale –, mais les variations sont fortes entre certaines, qui n’obtiennent quasiment pas de taxe directement de la part des entreprises, et d’autres qui sont totalement dépendantes faute de subventions publiques92. Du côté de l’apprentissage, pour de modestes cours comme ceux proposés aux apprentis carriers à Pléhérel, dans les Côtes-du-Nord, en 1938, les versements reçus au titre de la taxe des chambres d’apprentissage de la maçonnerie à Paris sont certainement vitaux 93. Le cas de départements relativement peu industrialisés, comme l’Yonne, est éclairant : dans les années 1930, les séances du CDET y portent davantage sur les bourses envisagées pour des Conseil général de la Seine, Rapport au nom de la Commission administrative des comités de patronages d’apprentis sur l’activité des Comités de patronage d’apprentis du département de la Seine au cours de l’année 1930, présenté par M. Georges Contenot, conseiller général, Paris, p. 4. 90 Projet de vœu tendant à obtenir de l’État une large subvention en faveur des écoles professionnelles de la ville de Paris sur les recettes de la taxe d’apprentissage, présenté par Auguste Lefébure, reproduit dans Conseil municipal de Paris, Rapports et documents, année 1930. Première partie de 1 à 60, Paris, Imprimerie municipale, 1931. 91 Proposition tendant à diminu er le budget des écol es professionnelles de la Ville de Paris par l’ utilisation de la taxe d’apprentissage, déposée par Auguste Lefébure et Victor Constant, reproduite dans Conseil municipal de Paris Rapport et documents , . Première partie Paris municipal . rard , « Les budgets... 93 AD tes d’ 263 rard élève sein dans urban et industrialisés En 1932, 114 entreprises de l’Yonne obtiennent des exonérations pour un total de 37 022 francs, tandis que des subventions (qui ne viennent pas nécessairement toutes du département) bénéficient aux cours professionnels (pour 6 683 francs), aux écoles publiques (7 509 francs), aux écoles privées (10 118 francs), aux laboratoires (100 francs) et à l’enseignement ménager (315 francs), pour une somme totale de 24 725 francs95. Dans le département d’Ille-et-Vilaine, en 1930, quatre écoles privées d’enseignement technique n’ont pas sollicité le concours financier de l’État, mais deux d’entre elles, avec des budgets très différents, ont bien bénéficié de versements directs au titre de la taxe : l’école privée de pêche de Cancale, qui dépense 8 048 francs avec 104 élèves en 1930, a reçu 12 089 francs, et l’école privée de la rue de la Paillette, qui dépense 99 134 francs avec 45 élèves en 1930, a reçu 23 932 francs96. Il est par conséquent difficile de faire du bilan financier des premières années de la taxe d’apprentissage le principal critère pour évoquer une rupture dans l’histoire de l’apprentissage et de l’enseignement technique. Un premier paradoxe réside dès lors dans la perception d’une rupture exprimée par différents acteurs et observateurs. Un marqueur du s ystème français d’ enseignement technique Le bilan financier mitigé n’empêche pas le système de financement d’être vu comme une rupture. Quelques mois après la création de la taxe d’apprentissage, Robert Lacour-Gayet, alors jeune attaché financier à l’ambassade de France à Washington, invité par la Fondation Carnegie pour la paix internationale et l’Academy of Political Science de New York à présenter la situation financière d’une France endettée à l’égard des grandes puissances financières mondiales à la suite de la guerre, cite la taxe d’apprentissage en exemple du « fardeau fiscal » qui pèse sur les entreprises, fardeau qui rendrait d’autant plus méritoire la volonté de la France d’honorer ses dettes dans un contexte financier très contraint97. La taxe figure désormais au sein de la panoplie fiscale qu’un juriste détaille pour le Département du Commerce états-unien, AD Yonne, registre des délibérations du CDET (non coté). AD Yonne, 9M1/1 : Tableau des assujettis ayant obtenu une exonération pour l’année 1932 et liste des œuvres bénéficiaires. 96 AN F17 17917 : Liste des écoles privées d’enseignement technique du département d’Ille-et-Vilaine qui n’ont pas sollicité le concours financier de l’État, 24 mars 1931. 97 Robert Lacour-Gayet, « France’s External Debt and Burden of Taxation », Proceedings of the Academy of Political Science in the City of New York, vol. 12, n°1, july 1926, p 94 87 parmi une dizaine d’autres taxes jugées secondaires compte tenu de leur taux, mais qui contribuent à la caractérisation du système fiscal français par la variété des taxes98. Deux délégations de responsables éducatifs de Manchester et de Birmingham s’intéressent aussi à la taxe lors de leur visite en France, respectivement en 1930 et 193599. Les responsables français en voyage d’étude se réfèrent eux-mêmes à ce système de financement pour établir des analogies et discuter son efficacité. En septembre 1928, le voyage en Autriche d’une délégation de la DET, de la Ville de Paris et de la Chambre de commerce de Paris, en réponse à la visite de représentants de la ville de Vienne à Paris quelques mois plus tôt, permet aux participants de découvrir l’obligation faite aux patrons autrichiens de payer les apprentis pour les heures de cours qu’ils doivent suivre et de contribuer à l’entretien du matériel que l’école de perfectionnement peut utiliser. Des sanctions sont prévues pour les patrons qui ne respecteraient pas leurs obligations, tandis que des écoles privées peuvent recevoir des financements par le biais du Conseil des écoles de perfectionnement, selon un système « qui n’est pas sans analogie avec celui que nous pratiquons au moyen des exonérations sur le montant de la taxe d’apprentissage »100. Les observations de la délégation de 1908, qui incluaient l’expérience d’une taxation, semblent bien avoir été oubliées. Plusieurs mesures, dont un plafonnement des sommes que peuvent obtenir les écoles privées gérées par les professions, doivent toutefois équilibrer le système, ce qui inscrit bien l’Autriche dans la perspective d’une régulation conjointe par les professions et par l’État de la formation professionnelle des jeunes. Il est frappant, en revanche, de constater que les premiers congrès internation de l’enseignement technique de l’entre-deux-guerres ne consacrent pas de session au financement. Lorsque cette question est abordée, c’est pour évoquer la collaboration entre l’État et les groupements professionnels patronaux et ouvriers dans l’organisation de l’enseignement technique, à l’image de la synthèse que présente à Paris, en 1931, lors du premier congrès organisé par le BIET, le président des chambres syndicales du groupe du bâtiment Lucien Lassalle, lui-même ingénieur passé par l’École d’arts et métiers d’Angers (diplômé en 1890) puis par l’École centrale des arts et manufactures (diplômé en 1894)101, à partir de 25 rapports Mitchell B. Carroll, Taxation of Business in France, Washington, US Department of Commerce, Government Printing Office, 1931, p. 88-89. 99 Michael Sanderson, « French Influences... », art. cit., p. 125. 100 Conseil municipal de Paris, Rapport au nom de la Commission sur le voyage d’études relatif aux établissements d’enseignement professionnel fait à Vienne, du 17 au 22 septembre 1928, Paris, Imprimerie municipale, 1928. Sur les évolutions du système autrichien, voir Lorenz Lassnig, Ausbildungen und Berufe in Österreich, Vienna, IHS, 1989. 101 AN 19800035/0285/38268 : Dossier de légion d’honneur de Lucien Lassalle. 98 88 nationaux. Cet industriel qui possède son entreprise de plomberie et de couverture note que chaque législation nationale prévoit les modalités de collaboration entre l’État et les intérêts privés. Ainsi, « la législation hollandaise du 4 octobre 1914 prévoit, à côté des institutions publiques et des institutions privées qui ne demandent aucun secours à l’État (ce qui est leur droit), des écoles privées ‟subsidiées”102. » Parmi ces législations, Lassalle mentionne « cette forme, particulièrement française, de subvention indirecte par le mécanisme et l’exonération de la taxe d’apprentissage », qui s’inscrit parfaitement dans l’idée du soutien pécuniaire apporté par l’État à des œuvres d’enseignement privé103. Ce système a pour corollaire un double droit de regard : « l’État met son nez dans les œuvres faites par l’initiative privée », tandis que dans la plupart des pays des personnalités privées « ont un droit de regard plus ou moins accentué sur les écoles dirigées par l’État »104. Si ces relations étroites sont donc communes dans les pays industrialisés, la taxe d’apprentissage est une originalité française qui « à cause de son libéralisme, a été, de l’avis de tous, un facteur puissant de développement de l’enseignement technique en France ». Au passage, Lassalle note que le modèle n’est peut-être pas exportable puisqu’en Belgique, « une taxe d’apprentissage, qui ne prévoyait pas, nous semble-t-il, d’exonération, a été instituée, puis après un court essai, abandonnée105 ». L’année suivante, E. Labbé n’évoque qu’indirectement le financement, pour vanter la situation française et la bonne entente entre patrons et ouvriers pour l’organisation de cours professionnels sur le de travail106. Albert Abbott, vice-président du conseil d’administration du Bureau international de l’enseignement technique et, au moment du congrès de Barcelone, ancien inspecteur en chef de l’enseignement technique en Grande-Bretagne, fournit une explication de cette discrétion en rappelant que le partage du « fardeau » que représente le financement de l’enseignement technique « dépend non seulement des pays eux-mêmes, mais des mœurs et des traditions nationales. Il n’existe pas un système unique applicable pour chaque pays107 ». Le « directeur de l’Institut royal technique industriel de Rome », ainsi qu’il est désigné, relie le financement à la conception de la place et du rôle de l’enseignement technique dans la société. Si celui-ci Rapport de Lucien Lassalle , Congrès international de l’enseignement technique , Paris 24-27 septembre 1931. Compte rendu des travaux, premier volume : Organisation générale, assemblées, réceptions, banquet de clôture, Paris, Deshayes, 1931, p. 194. 103 Ibid. 104 Ibid., p. 195. 105 Ibid., p. 252. 106 Bureau international de l’enseignement technique, Congrès international de l’enseignement technique, Bruxelles, 25, 26, 27, 28, 29 septembre 1932, compte rendu des travaux, tome 1. Organisation générale, assemblées, vœux, réceptions, Paris, BIET, 1932, p. 203-204. 107 Rapport présenté par M. Abbott sur le rôle de l’enseignement technique au point de vue économique, Bureau international de l’enseignement technique, Congrès international de l’enseignement technique, Barcelone, 1718-19 mai 1934, premier volume. Organisation générale, assemblées, vœux, Paris, BIET, 1934, p. 141. 102 89 exerce d’abord des fonctions sociales et contribue « au bien commun de la société, celle-ci doit reconnaître et aider à son tour l’enseignement technique sous toutes ses formes : [...] la communauté doit soutenir l’enseignement technique et en faire les frais pour ce qui regarde l’avantage de la collectivité, en laissant à chaque bénéficiaire le soin de prendre la charge correspondant à l’avantage qu’il en tire108 ». Le choix français est aussi mentionné par l’un des meilleurs connaisseurs du financement de l’éducation, certainement aussi son premier historien. Avant la Première Guerre mondiale, Fletcher Harper Swift, un universitaire états-unien, étudie le financement public des écoles aux États-Unis au XIXe siècle et note l’intérêt trop faible des historiens qui l’ont précédé pour le financement de l’éducation109. La difficulté de disposer d’informations fiables l’amène à une méthodologie originale combinant recours aux documents originaux et enquête auprès des responsables de l’éducation dans différents États pour vérifier et critiquer les données recueillies110. Swift établit la diversité des sources de financement, et notamment l’articulation entre financements fédéraux et fonds gérés par les États, en explorant la gestion de fonds scolaires permanents (permanent common school funds)111. Il approfondit cette étude dans les années 1920, alors qu’il est professeur en éducation à l’université du Minnesota puis à l’université de Californie, grâce à une vaste enquête menée avec ses étudiants sur le financement de l’école publique dans les différents États américains, restituée dans de nombreuses publications112. Tout en conseillant le Bureau fédéral de l’éducation sur le financement des écoles, de 1929 à 1933, il entreprend de nouveaux voyages en Europe – où il avait déjà séjourné en 1911-1912 –, en 1928-1929 puis en 1938-1939, afin d’étudier les systèmes scolaires européens. Il en tire un ouvrage qui aborde le financement des institutions publiques d’enseignement dans plusieurs pays européens, dont la France113. Swift a déjà rencontré le problème de la taxation, rendue obligatoire en 1827 dans le Massachusetts pour financer l’éducation publique114. Après avoir détaillé types de taxe envisageables pour Rapport présenté par Mario Tomassetti, Ibid., p. 146. Fletcher H. Swift, A history of public permanent common school funds in the United States, New York, Henry Holt, 1911, p. III. 110 Ibid., p. IV. 111 Ibid., p. 80. 112 Voir Fletcher H. Swift et al., Studies in public school finance, Minneapolis, University of Minnesota, 19221925, 4 vol. ; id., State policies in public school finance, Washington, G.P.O., 1922 ; id., A biennal survey of public school finance in the United States, 1920-1922, Washington, Government printing Office, 1923. 113 Fletcher H. Swift, European Policies of Financing Public Educational Institutions: France, Czechoslovakia, Austria, Germany, England and Wales, Berkeley, University of California Press, 1939. Cet ouvrage regroupe cinq monographies publiées de 1933 à 1939. 114 Fletcher H. Swift, A history of public..., op. cit., p. 3-4. 108 109 90 financer l’enseignement public, et en avoir souligné l’intérêt pour réduire les inégalités éducatives aux États-Unis115, Swift s’intéresse en 1932 au projet d’une institution de formation des adultes qui serait financée par une taxation, à Denver, dans le Colorado116. L’année suivante, sa première monographie sur le financement de l’école en Europe porte sur la France. Plaçant son travail dans le prolongement d’un siècle d’observation des réalisations européennes de la part des pédagogues états-uniens, il souligne combien ses propres préconisations sur le financement aux États-Unis correspondent à des politiques déjà largement menées dans différents pays européens117. Dans ce livre, fruit de son enquête en Europe menée en 19281929, Swift nuance grâce au financement l’image d’un système éducatif français parfaitement centralisé. Faute d’étude complète existante et puisque, selon lui, les responsables du ministère de l’Instruction publique rencontrés à Paris prennent peu au sérieux les statistiques118, l’universitaire écrit à 75 maires de municipalités sélectionnées en fonction de plusieurs critères (localisation, démographie en particulier), puis aux préfets119. Les informations réunies sont peu nombreuses mais lui permettent de noter l’originalité du financement de l’enseignement professionnel (vocational education), auquel il consacre un chapitre. La taxe d’apprentissage y est décrite comme « une mesure d’après-guerre adoptée pour rendre possible la réalisation d’un large plan d’enseignement technique120 ». Elle a érigé l’État en régulateur d’un système qui fait cohabiter des institutions publiques et privées. Pour mesurer l’efficacité de cette nouvelle taxe, Swift choisit comme indice le nombre d’écoles pratiques et de leurs élèves, qui passent respectivement de 86 et 15 000 en 1913 à 140 et 26 278 en 1928121, confirmant la difficulté à er les retombées de la taxe sur l’apprentissage lui-même. Cette véritable enquête de sciences sociales que mène le prolifique universitaire américain met en évidence l’originalité du financement de la formation professionnelle des jeunes en France, dans l’une des rares enquêtes centrées sur le financement de l’éducation qui entraîne ensuite Swift en Tchécoslovaquie. Fletcher H. Swift, « State Taxes as Sources of Public School Revenue », The Bulletin of the National Tax Association, vol. 14, n°3, december 1928, p. 69-77. 116 Fletcher H. Swift and John W. Studebaker, What is this opportunity school? A study of the Denver TaxSupported Institution of that Name Prepared for the American Association for Adult Education, New York, American Association for Adult Education, 1932. John W. Studebaker est présenté comme « Superintendent of Public Schools » à Des Moines, en Iowa. 117 Fletcher H. Swift, The Financing of Institutions of Public Instruction in France, Berkeley, University of California Press, University of California Publications in Education, vol. 8, n°1, 1933, p. XI-XII. 118 Ibid., p. 9. 119 Ibid., p. 7. 120 Ibid., p. 78. 121 Ibid., p. 81. La taxe d’apprentissage, au-delà des modalités techniques de sa mise en œuvre, correspond à une orientation nouvelle et durable de la politique de l’État, à la rencontre entre politique scolaire, politique économique et politique du travail. Les relations entre les entreprises et l’administration dévoilent une réalité sensiblement différente que la lecture internaliste des choix de l’administration, le soutien de l’UIMM au système de la taxe étant vigilant mais pas nécessairement représentatif de l’ensemble des organisations patronales. Ceci explique les ajustements que consent la DET pour faire accepter la taxe 122. L’étude fine de ces ajustements permet de comprendre le compromis entre interventionnisme de l’État et libéralisme qui rend possible la taxe. L’image d’un apprentissage institutionnalisé, symbole d’un État centralisé et bureaucratique, en sort en partie écornée : c’est précisément par la capacité de la DET à s’adapter sous contraintes, compte tenu des difficultés de mise en œuvre et des résistances à la fois patronales et de l’administration locale, que le système de la taxe d’apprentissage parvient à se mettre en place. L’analyse du financement fournit ainsi un éclairage essentiel pour comprendre comment l’apprentissage, bien privé caractérisé par une transmission interpersonnelle du métier, devient progressivement une institution d’État. La publicisation de l’apprentissage, qui n’a rien de définitive au lendemain de l’adoption de la taxe d’apprentissage, s’explique par les insuffisances de l’apprentissage « traditionnel ». L’inadaptation de ce dernier aux conditions techniques, économiques et sociales du travail en voie de rationalisation est reconnue, y compris par une partie du patronat, malgré la méfiance répandue parmi les artisans, qui sont à la fois très inégalement concernés par la rationalisation et en capacité, parfois, d’assumer encore l’apprentissage interindividuel de manière efficace dans des ateliers de petite taille. La variété des situations, selon les métiers et selon les lieux, empêche assurément toute appréciation trop globalisante. Les conséquences du nouveau système de financement pour l’apprentissage impliquent, pour en prendre la pleine mesure, une enquête au niveau des entreprises, suggérant un second paradoxe au moins apparent, après celui de la perception de la taxe d’apprentissage irréductible à toute lecture binaire entre libéralisme et interventionnisme : celui des conséquences extrafinancières de la mise en place d’un nouveau système de financement, qui agit comme un révélateur du fonctionnement de cours et d’écoles par ailleurs faiblement documentés. C’est à partir des retombées pour l’apprentissage et l’enseignement technique de la taxe 122 Dans cette lecture internaliste, les chambres de commerce comme les entreprises ont tendance à disparaître après leur opposition au transfert de la direction de l’Enseignement technique en 1920 et les discussions qui entourent l’adoption de la taxe en 1924-1925. Voir Jean-Michel Chapoulie, « Représentations... », art. cit., nuancé dans id., L’École d’État, op. cit., p. 262. 92 d’apprentissage que la France peut s’engager dans une promotion internationale de sa politique. 93 Chapitre 3 – Les transformations de l’apprentissage Illustrations n°6 : De l’intérêt de l’apprentissage selon la DET Extraits du film Des métiers pour les jeunes gens, réal. Jean Benoit-Lévy, 1930 (source : INA) Illustration n°7 : Des mé tiers féminins Extrait du film Des métiers pour les jeunes filles, réal. Jean Benoit-Lévy, 1930 (source : INA) 94 « Quel que soit le métier que vous aurez choisi, il ne faut pas négliger de l’apprendre. [...] Quand on ne fait pas d’apprentissage, on fait les courses des compagnons1. » Comme le suggèrent ces courtes affirmations extraites d’ un film documentaire produit en 1930 pour le sous-secrétariat d’Éta t de l’Enseignement technique, destiné à convaincre des vertus de l’apprentissage, une conception de celui -ci est en jeu dans l’entre-deux - guerres, rela yée par différents moyens y compri s le ciné ma éducateur. L’existence d’un autre film du même réalisateur, Jean Benoit-Lévy, intitulé Des métiers pour les jeunes filles, montre la persistance de clivages de genre et ses effets sur l’éventail plus limité de formations, centrées ici principalement sur l’apprentissage des métiers de la couture2. Ces productions cinématographiques et les transformations de l’apprentissage qu’elles portent à l’écran doivent être lues, comme peut l’être l’histoire de l’orientation professionnelle dont une partie des protagonistes sont communs3, à la rencontre entre conceptions de la formation professionnelle, visées sociales, pratiques des entreprises et changements techniques et organisationnels du travail des années 1920 aux années 1930. Fait nouveau, la taxe d’apprentissage fournit à l’administration des moyens pour imposer une conception elle-même évolutive. La loi du 20 mars 1928 imposant notamment le contrat d’apprentissage écrit doit ainsi être replacée dans une mutation de plus vaste ampleur, partie prenante de rapports renouvelés entre l’État et les entreprises. L’attention portée à l’apprentissage et l’insatisfaction à son égard culminent à la fin des années 1930, au niveau national comme à l’échelon international, déclenchant de nouvelles mesures afin de renforcer les responsabilités des entreprises. film documentaire , réalis ateur Jean Benoit Lévy, image d’Ed mond Flo ury , muet, noir et blanc, 1930. 2 AN 19970030/180 et 181 : « Des métiers pour les jeunes filles », film documentaire, réalisateur Jean BenoitLévy, image d’Edmond Floury, muet, noir et blanc, s. d. [1930?]. Habitué des films d’enseignement professionnel réalisés pour le compte du ministère de l’Instruction publique ou du ministère de l ’Agriculture, Jean Benoit-Lé vy (1888-1959) est aussi impliqué dans les milieux de la Société des Nations . Valérie Vignaux, Jean Benoit-Lévy ou le corps comme utopie, une histoire du cinéma éducateur dans l'entre-deux-guerres en France, Paris, AFRHC, 2007. 3 Jérôme Martin, La naissance de l’orientation professionnelle en France (1900-1940). Aux origines de la profession de conseiller d’orientation, Paris, L’Harmattan, 2020. Une politique en actes En décembre 1926, un député interpelle le sous-secrétaire d’État de l’Enseignement technique : « On me paraît confondre dans vos services la taxe d’apprentissage avec une taxe d’enseignement technique. L’enseignement technique a un rôle plus grand à remplir, mais il ne pourra pas arriver à doter nos industries de tous les travailleurs qualifiés dont elles ont besoin ; ce n’est pas cet enseignement, si bien organisé soit-il, qui pourra suppléer en totalité à l’apprentissage qui se fait dans les ateliers. Ce qui manque dans nos industries, ce ne sont pas les cadres, ce ne sont pas les ingénieurs, les contremaîtres ; ce dont elles ont surtout besoin c’est d’ouvriers devenus d’autant plus rares qu’on ne forme plus d’apprentis4. » L’intervention n’est pas dénuée de fondement, tant la DET insiste principalement sur l’importance de la taxe pour le développement de l’enseignement technique. Les entreprises, dans l’ensemble, s’intéressent encore davantage à la formation des contremaîtres et chefs d’ateliers qu’à celle de la main-d’œuvre féminine ou masculine. La première remarque vaut aussi d’un point de vue historiographique : les études existantes montrent plus clairement les effets de la taxe sur la construction et les moyens des écoles d’enseignement technique que sur les formations par apprentissage. Dès lors, la taxe mérite d’être prise à la fois comme un levier pour changer l’apprentissage et en imposer une conception, et comme un révélateur des pratiques, grâce aux rapports nécessaires pour valider les demandes d’exonération présentées par les entreprises. Légiférer sur l’apprentissage La loi du 20 mars 1928 relative à l’organisation de l’apprentissage a souvent été présentée comme la première loi sur ce sujet depuis celle, volontiers critiquée, de 18515. Cette dernière avait pourtant stabilisé la jurisprudence prud’homale, mais alors que tout le monde souhaitait revitaliser l’apprentissage, les moyens restaient incertains et les objectifs, divergents. Afin de renouer avec l’apprentissage juridiquement formalisé de l’Ancien Régime, la loi de 1851 précisait les obligations réciproques du maître et de l’apprenti et mettait en ordre les JORF, Débats parlementaires, 1926, n°130, 2 décembre 1926, p. 3946. L’interpellation vient du député radicalsocialiste de la Savoie Antoine Borrel. 5 Cf. la présentation sans nuance de la loi de 1851, « charte archaïque » à peine améliorée par la loi de 1928 : Pierre Pierrard, Enfants et jeunes ouvriers en France XIXe-XXe siècle, Paris, Les éditions ouvrières, 1987, p. 72-81. 4 96 dispositions antérieures6. Les variations importantes dans le recours au contrat selon les secteurs d’activités n’empêchent en rien le maintien de l’apprentissage dans la deuxième moitié du XIXe siècle, mais la dégradation de l’apprentissage s’impose comme un lieu commun, sans véritablement distinguer entre un amoindrissement du savoir-faire des apprentis à la fin de leur formation et un appauvrissement de l’institution elle-même, qui n’assurerait plus les fonctions de socialisation, de formation et de régulation à l’entrée dans le métier. L’obligation du contrat est l’objet d’un projet de loi du député radical Henri Michel en 1904 ; le même élu reprend et étoffe son projet avec plusieurs collègues en 1925, sans plus de succès. Entre temps, le député Constant Verlot dépose un autre texte en 1917, qui aboutit en 1928 avec des modifications substantielles. Parmi les dispositions adoptées, le contrat d’apprentissage, « par lequel un chef d’établissement industriel ou commercial, un artisan ou un façonnier s’oblige à donner ou à faire donner une formation professionnelle méthodique et complète à une autre personne, qui s’oblige, en retour, à travailler pour lui, le tout à des conditions et pendant un temps convenus » (art. 1), doit être écrit (art. 2). La fréquentation des cours professionnels est obligatoire, le patron doit donner à l’apprenti une « formation professionnelle méthodique et complète », et non plus seulement, comme l’indiquait la loi de 1851, un « enseignement de la pratique de la profession ». Si la formation est insuffisante, le conseil des prud’hommes peut sur demande du CDET limiter le nombre des apprentis voire suspendre, temporairement, le droit du patron à former des apprentis. À la fin de l’apprentissage, l’apprenti doit passer un examen devant une commission désignée la commission locale professionnelle ou le CDET, avec délivrance d’un diplôme7. Entre 1851 et 1928, divers textes ont contribué à délimiter l’apprentissage, à commencer par l’obligation d’instruction jusqu’à 13 ans votée en 1882. Les années 1920 s’avèrent toutefois décisives. Que la loi Astier et la création de la taxe d’apprentissage aient précédé la loi de 1928 ne s’explique en effet pas seulement par des cheminements législatifs aléatoires ou des fenêtres d’opportunité ; à tout le moins, l’administration de l’Enseignement technique a su convertir les aléas en atouts. La séquence qui s’étend de 1919 à 1928 établit l’ordre des priorités : plutôt que de légiférer d’abord sur le contrat, la loi du 25 juillet 1919 prévoit, comme on l’a vu, la fréquentation obligatoire de cours professionnels pour les apprentis, regroupés avec l’ensemble Voir Véronique de Chardon, L’apprentissage en France de 1851 à 1919, op. cit. ; Claire Lemercier, « Apprentissage », art. cit. ; Clare Crowston, Steven L. Kaplan, Claire Lemercier, « Les apprentissages parisiens XVIIIe et XIXe siècles », art. cit. ; Claire Lemercier, « À qui l’apprentissage donne-t-il du pouvoir? (France, XIXe siècle) », Mélanges de l’École française de Rome – Italie et Méditerranée contemporaines, n°131, 2019, p. 99-113. 7 JORF. Lois et décrets, 22 mars 1928, p. 3184-3185. 6 97 des filles et des garçons de moins 18 ans employés dans le commerce et l’industrie. C’est prendre acte de l’affaiblissement de l’apprentissage, et assimiler les apprentis et apprenties sous contrat oral ou écrit à des jeunes au travail, dont le législateur estime qu’ils et elles doivent bénéficier d’un prolongement de formation au-delà de l’âge d’instruction obligatoire. Le renforcement de la contractualisation de l’apprentissage signale une autre démarche, réaffirmant la spécificité des apprentis et apprenties en tant que détenteurs d’un contrat de travail8. La contradiction avec l’uniformisation assimilant les apprentis aux jeunes travailleurs n’est qu’apparente : il s’agit d’identifier d’un côté une jeunesse au travail, dont l’apprentissage inclut la fréquentation des cours professionnels et la formation sur le lieu de travail qu’il convient d’encadrer par le contrat, et d’un autre côté une jeunesse dont la formation s’effectue hors du lieu de travail, en école. Dans les deux cas, l’enjeu pour les autorités consiste à trouver les moyens de s’assurer de la réalité et de la qualité de la formation. Pour l’apprentissage en entreprise, la procédure d’examen des demandes d’exonération à la taxe d’apprentissage joue un rôle normatif et prescriptif, seul l’apprentissage jugé conforme à un certain nombre d’attendus pouvant être admis. Deux exemples loin d’être isolés l’attestent. Constatant l’absence de fréquentation des cours obligatoires pour les apprentis, le CDET de l’Ain décide en 1932 que « l’exonération de la taxe d’apprentissage sera impitoyablement refusée à l’employeur n’envoyant pas ses apprentis aux cours professionnels » et demande que la préfecture adresse une note à tous les maires ainsi qu’un communiqué à la presse rappelant aux parents et aux employeurs la loi et les pénalités prévues9. À partir de 1928, le contrat d’apprentissage constitue un préalable imposé aux exonérations : dans la Somme, les réclamations d’un fabricant de rideaux et d’un menuisier installés à Amiens à propos du rejet de leur demande d’exonération pour l’année 1930 sont cartées en raison de l’absence de contrat écrit liant ces chefs d’entreprise et leurs apprentis10. Conclure un contrat d’apprentissage écrit devient nécessaire pour bénéficier d’exonérations, précaution probablement décisive pour imposer dans les faits les contrats écrits. Claude Didry, « L’apprentissage à l’épreuve du droit du travail. De la socialisation familiale à la formation professionnelle (1851-1936) », Artefact, n°3, 2015, p. 39-52. 9 AN F17 17859 : procès-verbal de la séance du CDET de l’Ain du 22 mars 1932. 10 AN F17 17872 : Réunion du CDET de la Somme, 15 octobre 1930. 8 98 Des intermédiaires entre les entreprises et l’État Au rôle de pourvoyeur de fonds pour l’enseignement technique et l’apprentissage que doit jouer la taxe d’apprentissage s’ajoute donc une dimension plus large, mise en évidence par les textes législatifs et réglementaires, de transformation des conditions de l’apprentissage en entreprise. Bien que nombre d’employeurs soutiennent déjà, parfois depuis longtemps, des institutions de formation professionnelle des jeunes ou des dispositifs d’apprentissage dans l’entreprise, leur effort est systématisé et institutionnalisé, obligeant d’autres patrons à s’impliquer sinon en actes – par la gestion de cours professionnels ou d’une école d’apprentissage –, du moins par le financement direct ou indirect. En dépit des oppositions encore vivaces dans certains secteurs, la régulation par l’État est ainsi affirmée avec une force inédite. L’organisation de la taxe d’apprentissage inscrit celle-ci au cœur des débats sur la place des corps intermédiaires, répercussion de l’encouragement de l’après-guerre à l’organisation d’un syndicalisme patronal confédéral et du problème de la représentativité11. Le cas de la taxe montre le rôle accordé aux corps intermédiaires dans la conduite d’une politique décidée par l’État, mais impossible à mener sans disposer de relais. À cet égard, le rôle des inspecteurs départementaux et régionaux de l’enseignement technique est emblématique de la tension entre demande d’expertise de l’État pour concevoir et mener sa politique et volonté de cantonner l’administration à un rôle d’« ingénieur-conseil de l’initiative privée », selon la formule constamment brandie par Edmond Labbé. Recrutés depuis la fin du siècle précédent par l’administration parmi les commerçants et les industriels, en activité ou retirés de la gestion des affaires, considérés comme de bons connaisseurs des besoins des entreprises et susceptibles, à ce titre, de guider le développement des cours et des écoles d’enseignement technique, les inspecteurs départementaux et régionaux exercent leurs fonctions bénévolement. De nombreux exemples prouvent leur action locale, y compris en ce qui concerne l’apprentissage12. Ainsi, Gustave Saillard, entrepreneur de travaux publics, juge au tribunal de commerce de Bayonne et président du conseil de prud’hommes de la même ville, fonde et préside la Société des cours professionnels gratuits de Bayonne-Biarritz en 1908, entretenant dans les Basses-Pyrénées « une ambiance des plus favorables au développement des œuvres d’enseignement Alain Chatriot et Claire Lemercier, « Les corps intermédiaires », dans Vincent Duclert et Christophe Prochasson (dir.), Dictionnaire critique de la République, Paris, Flammarion, 2002, rééd. 2007, p. 691 12 Exemples tirés d’une base de données d’environ 650 noms, non exhaustive, répertoriant les inspecteurs départementaux et régionaux de l’enseignement technique nommés en France entre 1888 et 1946. Voir Stéphane Lembré, « Les inspecteurs départements de l’enseignement technique et les besoins de formation dans l’industrie en France (1888-1946) », Cahiers d’histoire du Cnam, vol. 9-10, 2018, n°2, p. 149-166. 11 99 technique13 ». Ces bénévoles voient leur mission de conseil et d’inspection se renforcer avec l’examen des demandes d’exonération. Ils agissent désormais comme des intermédiaires dotés d’un pouvoir financier. Un personnage aussi central dans son département du Calvados que Charles Nizou, président de la chambre de commerce et du tribunal de commerce, directeur de la Fonderie et des Ateliers de mécanique générale Sainte-Bathilde, diplômé de l’École des arts et métiers de Châlons (promotion 1880), préside la commission de la taxe d’apprentissage en qualité d’inspecteur départemental et vice-président du CDET14. Comme d’autres industriels ou commerçants, souvent notables locaux, parfois investis dans les organisations professionnelles patronales au niveau national, il incarne une multi-appartenance recherchée par l’administration. D’autres figures confirment cette implication. Ernest Lachaise, membre de la Chambre de commerce de Laval et inspecteur départemental, réorganise l’apprentissage en Mayenne, renforce et diversifie les cours professionnels de Laval dans les années 1920 et 193015. Bien qu’elles soient très peu nombreuses (une dizaine de cas recensés, essentiellement dans les années 1930), des inspectrices départementales assument aussi cette fonction. Leurs parcours, comme souvent, ne sont pas les mêmes que leurs homologues masculins : elles sont plus fréquemment des enseignantes ou des ouvrières qualifiées comme Hélène Cuvelier, ancienne première d’atelier et modéliste dans la haute couture, de 1911 à 1940, qui devient inspectrice dans les années 1930 et siège dans de nombreux jurys de CAP pour les métiers de la couture ou la lingerie puis, probablement après 1945, au comité pour les exonérations de la taxe d’apprentissage à la préfecture de la Seine16. Sa collègue Marceline Martin, ancienne institutrice et directrice honoraire d’école professionnelle, née en 1867, e des écoles et des cours professionnels féminins pour l’application de la taxe au début des années 193017.
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Les citoyens vus du ciel : comment concilier opérations de drone et droits des personnes ?
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Cela permettrait de respecter les expectations des citoyens et de ne pas entraver les opérations de drones de manière excessive. En agglomération, la hauteur doit prendre en compte la présence de constructions élevées. Les limites de 30, 50 et 70 mètres de hauteur peuvent être retenues en fonction de la taille de l’agglomération : - Pour le survol de toute agglomération dont la largeur moyenne ne dépasse pas 1200 mètres : 30 mètres au-dessus du sol et de l’eau ou au-dessus de l’obstacle le plus élevé dans un rayon de 150 mètres » ; - Pour le survol de toute ville dont la largeur moyenne est comprise entre 1200 et 3600 mètres : 50 mètres au-dessus du sol et de l’eau » ; - Pour le survol de toute ville (Paris excepté) dont la largeur moyenne est supérieure à 3600 mètres : 70 mètres au-dessus du sol et de l’eau »504. Les localisations d’activité d’aéromodélisme déclarées ou publiées par la voie de l’information aéronautique doivent par ailleurs faire l’objet de dérogation afin de rendre la pratique de cette activité réalisable. 100. Ces mesures ne permettent cependant pas de protéger le propriétaire de manière complète dans la mesure où il ne peut pas interdire le survol de sa propriété505. La fixation d’une altitude minimum de vol doit donc être couplée avec ou substituée par d’autres mesures. b. La sanctuarisation d’un espace défini au -dessus des propriétés 101. Les droits des propriétaires et des personnes pourraient également être protégés grâce à la définition d’une limite horizontale de la propriété. Le propriétaire disposerait alors de droits de propriétés sur l’espace situé en-dessous Article 1er, Arrêté du 10 octob 1957 relati f au sur vol des agglomérations et des rassemblements de personnes ou d'animaux, op. cit. 505 CA Aix-en-Provence, 1e ch., 17 février 1966, op. cit. 122 504 de cette limite ; l’espace situé au-dessus appartenant au domaine public. Concernant les drones, le domaine public pourrait être caractérisé par le « USpace » et le domaine privé par le « Me-Space »506. Cette proposition est renforcée par la distinction établie en France entre l’espace public et l’espace privé en agglomération507. Aux Etats-Unis, ce concept est connu sous l’appellation de fixed height theory (théorie de la hauteur délimitée)508. Cette théorie a été utilisée par différents tribunaux pour régler des litiges concernant le survol de propriété privées509. Les survols effectués à une hauteur inférieure à une certaine limite sont alors sanctionnés par les juges. La limite retenue par les partisans de cette théorie est généralement la hauteur minimale de vol fixée soit 500 pieds au-dessus de la surface, c’est-à-dire 150 mètres, en dehors des zones urbaines congestionnées 510. Cette hauteur délimitant l’espace aérien navigable, il apparaît logique qu’elle constitue également la limite supérieure de la propriété 511. Ce principe pourrait être appliqué aux survols de drones en adaptant la hauteur minimale de vol. La hauteur de douze mètres pourrait être retenue. Ce chiffre correspond en France à la hauteur en dessous de laquelle la réalisation d’une construction nouvelle n’est pas soumise à autorisation préalable512. L’espace ainsi créé peut tout d’abord être considéré comme une zone de liberté du propriétaire puisqu’il peut, sous des conditions cumulatives, y réaliser des constructions sans autorisation513. Cette limite rappelle d’ailleurs les hauteurs avancées par la doctrine du XXe siècle pour limiter les droits du propriétaire. Deux hauteurs étaient principalement invoquées par les auteurs : le seuil de tolérance aux ingérences fixé par le droit romain à 15 BADJE D., WO ERMANN N . , BRUNN M . et al., Public reaction s to drone use in residential and public areas, op. cit., p.21. 507 Article 5.1, Arrêté Espace , op. cit. ; DGAC , Guide usages de lo isir et professionnels simplifiés des aéronefs sans équipage à bord c atégorie ouverte, op . cit., pp. 36-37 ; voir infra B. 508 CAHOON C.,« Low Altitude Airspace: A Property Rights NoMan's Land », Journal of Air Law and Commerce, vol. 56, 1990, p.165. 509 Voir par exemple : Worcester County Court, 4 mars 1930, Smith v. New England Aircraft Co., 270 Mass. 511 ; Essex County Court, 29 mais 1942, Burnham v. Beverly Airways, 311 Mass. 628. 510 14 CFR 91.119. 511 L’espace aérien navigable est défini tel que suit par le §1.1 du titre 14 du CFR : « airspace at and above the minimum flight altitudes prescribed by or under this chapter, including airspace needed for safe takeoff and landing » (« espace supérieur ou égal à la hauteur minimale de vol prévu par ou en vertu de ce chapitre, incluant l’espace nécessaire pour assurer la sécurité du décollage et de l’atterissage » [traduction personnelle]). 512 Article R. 421-9 c), Code de l’urbanisme. 513 Il faut ajouter à la hauteur les critères d’emprise au sol et de surface de plancher. 123 506 pieds ou 4,80 mètres et deux fois la hauteur de la plus haute utilisation du domaine aérien de l’époque, la tour Eiffel, soit 600 mètres 514. Bien qu’intéressantes, ces hauteurs ne sont pas pertinentes en l’espèce. Placer la limite à 150 mètres ou audelà reviendrait à compliquer voire rendre impossible la réalisation d’opérations de drone à basse et très basse altitude. La limite de 4,80 mètres est au contraire trop basse et ne permettrait pas de protéger efficacement le propriétaire. Cette hauteur est trop réduite pour empêcher les nuisances liées au bruit ou encore au sentiment de surveillance dans la mesure où le drone est encore visible et audible à cette hauteur. La hauteur de douze mètres ne porterait par ailleurs que peu d’atteintes aux opérations professionnelles de drones. Les activités de transit sont en effet réalisées à des hauteurs supérieures à douze mètres ; tandis que les opérations réalisées localement sont généralement sollicitées par le propriétaire du bien ou du terrain. Il en va, par exemple, ainsi des prises de vues ou des relevés topographiques. La hauteur de 25 mètres semble pourtant plus appropriée afin de protéger efficacement le propriétaire515. L’un des projets de document d’orientation relatif au Règlement d’exécution 2019/947 et à son annexe recommandait d’ailleurs d’interdire le survol des propriétés privées à moins de 20 mètres sans autorisation du propriétaire516. En application de cette proposition, le propriétaire serait fondé à interdire ou autoriser le survol de son fonds à la hauteur fixée par la réglementation. Afin de permettre cela, l’alinéa suivant pourrait être ajouté à l’article L. 6211-3 du Code des transports : « Le survol des propriétés privées à une hauteur inférieure un seuil fixé par décret n’est possible qu’avec l’autorisation des propriétaires ou de toute personne occupant ou exploitant le fonds, sauf dans le cas où le droit du propriétaire est grevé par une servitude légale. » JAMMES R., Des actions civiles et pénales qui peuvent naître du fait de la Navigation aérienne, Thèse, Toulouse, 1912, p.30. 515 BADJE D., WOERMANN N., BRUNN M. et al., Public reactions to drone use in residential and public areas, op. cit., p.21. 516 GM1 UAS.OPEN.070(3)(h) and UAS.SPEC.070(3)(f),EASA, Draft acceptable means of compliance (AMC) and guidance material (GM) to Regulation.../... [IR] laying down rules and procedures for the operation of unmanned aircraft and to the Annex (Part-UAS — UAS operations in the ‘open’ and ‘specific’ categories), disponible sur https://www.easa.europa.eu/sites/default/files/dfu/Draft% 20AMC%20%20GM%20to%20draft%20Regulation%20......%20and%20to%20the%20draft%20Annex%20%28Part-U....pdf. 124 514 102. En cas de survol dommageable à une hauteur supérieure à la limite fixée par la réglementation, le propriétaire pourrait toujours invoquer l’entrave à l’exercice de ses droits. c. Caractérisation de l’entrave à l’exercice du droit du propriétaire 103. Dans son arrêt du 17 février 1966, la Cour d’appel d’Aix-en-Provence a remarqué que l’idée d’introduire la notion de faute, d’abus ou d’usage anormal du droit de survol ou encore d’exiger que le vol ne respecte pas les impératifs de la navigation aérienne et la réglementation administrative pour caractériser l’entrave à l’exercice du droit du propriétaire peut « paraître séduisante en ce qu'elle permettrait, peut-être, de concilier les besoins de l'aviation moderne et des aéronefs de l'avenir avec les droits des tiers à la surface »517. Le développement des opérations de drone pourrait inciter à modifier les conditions de la responsabilité pour survol des propriétés privées afin de prendre en considération les intérêts des exploitants aériens des propriétaires terriens. D’une part, cela permettrait de restreindre la responsabilité de l’exploitant à des cas déterminés et donc de sécuriser juridiquement les risques liés aux survols des propriétés privées. D’autre part, le contenu de la notion « d’entrave à l’exercice du droit du propriétaire » pourrait être précisé ; rendant l’utilisation des dispositions relatives au survol des propriétés privées accessible aux justiciables. L’arrêt précité ne retenait pour cela aucune solution précise et se contentait d’énoncer plusieurs fondements possibles de responsabilité : la faute, l’abus, l’usage anormal et la violation du droit écrit. Il convient d’étudier l’adéquation de ces différents fondements avec la sanction des survols dommageables et plus encore leur capacité à assurer la protection du propriétaire en tant que personne. i) La responsabilité pour faute est le modèle traditionnel de responsabilité délictuelle en droit français518. Elle s’applique par principe à tout fait ayant causé un dommage, sauf disposition contraire519. Il n’existe aucune définition légale de la faute. Il s’agit communément d’un « comportement illicite qui contrevient à une CA Aix-en-Provence, 1e ch., 17 février 1966, op. cit. 518 TOURNEAU P. le (dir.), Droit de la responsabilité et des contrats, Paris, Dalloz, 11e éd., 2017, p.745 519 Article 1240, C. civ. ; Ibidem. 125 517 obligation ou à un devoir imposé par la loi, par la coutume, ou par une norme générale de comportement »520. La jurisprudence retient que la faute peut naître de l’abstention ou de l’action, être intentionnelle ou non et « traduire la transgression d'une règle légale et coutumière, voire de principes professionnels issus de codes ou d'usages ne pas être justifiée, notamment par l'exercice non abusif d'un droit »521. La notion de faute englobe donc la violation du droit écrit ainsi que l’usage abusif d’un droit. Celle-ci est considérée in abstracto, c’est-à-dire par rapport au comportement d’un « homme de vertu ordinaire, normalement avisé, soigneux, diligent » ou d’une personne raisonnable522. Cela implique que le caractère d’une personne ne peut être pris en compte dans l’appréciation de la faute mais n’empêche pas d’apprécier certaines circonstances objectives telles que la profession du responsable. L’introduction de la notion de faute au sein de l’article 6211-2 du Code des transports permettrait de sanctionner le survol dommageable d’une propriété privée dans les cas suivants par exemple : l’aéronef a été contraint de survoler une propriété privée sans autorisation en raison des conditions météorologiques523, l’aéronef a survolé une propriété privée en raison d’une mauvaise programmation des limites verticales ou parce celles-ci étaient indisponible524 ou encore réalisation d’un survol sans autorisation préalable. L’atout majeur de la notion de faute est que celle-ci permet de sanctionner des comportements divers. ii) L’abus de droit consiste à « user d'un droit contrairement à sa finalité, détourner une fonction ou un pouvoir, [ou] agir sans mobile légitime »525. Ces TOURNEAU P. le (dir.), op. cit., p.746. CA Paris, 30 juin 2006, n°04/ 06308. 522 « Bon père de famille », in : GUINCHARD S. (dir.), Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 17e éd., 2010, p.94 ; L’article 26 de la loi n°2014-873 du 4 août 2014 pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes a remplacé la notion de bon père de famille par celle de personne raisonnable. 523 Le télépilote ne doit en principe pas entreprendre le vol si les conditions météorologiques sont incompatibles avec les limites d’utilisation de l’aéronef. Le non-respect de cette obligation ayant conduit au survol d’une propriété pourrait être qualifié de faute. 524 Le télépilote doit vérifier avant chaque vol que les barrières de vol obligatoires sont programmées correctement et qu’elles sont disponibles, notamment en scenario S-2 et S-4. L’absence de vérification ou la réalisation d’un vol sans ces barrières pourrait être qualifié de faute dans la mesure où cette absence entraîne le survol d’une propriété privée sans autorisation. 525 Le TOURNEAU P. (dir.), Droit de la responsabilité et des contrats, 11e éd., Paris, Dalloz, 2017, p.809. 126 520 521 comportements peuvent être rattachés à la notion de faute526. Selon les droits en cause, l’abus est caractérisé lorsque le droit est exercé avec intention de nuire ou avec imprudence ou négligence527. Selon les cas, cette intention peut être caractérisée dès lors qu’un délai de préavis ou un délai raisonnable n’a pas été respecté528 ou seulement lorsque le fautif agit de manière intentionnelle ou avec malice529. En l’espèce, la non-information du propriétaire du fonds ou le survol intentionnel après refus de celui-ci pourrait caractériser un abus de droit. Cette notion est également utilisée pour résoudre les conflits de voisinage 530. Il est alors nécessaire d’apporter la preuve d’une faute caractérisée par l’intention de nuire, c’est-à-dire l’absence d’utilité de l’acte pour le propriétaire et son caractère nuisible pour les tiers, un préjudice et un lien de causalité. La preuve de l’intention de nuire est difficile à rapporter pour la victime du trouble531. Cette difficulté a d’ailleurs conduit la jurisprudence à utiliser la théorie des inconvénients anormaux dans les conflits de voisinage532. iii) La réparation des troubles anormaux du voisinage ne suppose pas l’existence d’une faute de la part de l’auteur du trouble. La simple anormalité du trouble, c’està-dire de la nuisance ou du risque, suffit pour obtenir réparation533. La jurisprudence affirme ainsi que « nul ne doit causer à autrui un trouble anormal de voisinage »534. Le trouble peut être caractérisé par un bruit ou une odeur anormale ou encore un défaut d’ensoleillement provoqué par l’inaction d’un voisin535. Une conception similaire prévaut concernant le droit à l’image sur les biens. La reproduction ou l’utilisation de l’image d’un bien n’est ainsi sanctionnable que dans les cas où celle-ci cause un trouble anormal au propriétaire du bien et le propriétaire ne peut s’y opposer de fait 536. Il est Ibidem. CABRILLAC R., op. cit., p.236. 528 Article 1211, Code civil. 529 Le TOURNEAU P . (dir.), op. cit., p.812. 530 Ibi dem . 531 REBOUL- MAUPIN N., op. cit., p.308. 532 Ibid., p.312. 533 Ibid., p.308. 534 Cass. 2e civ., 19 novembre 1986, n° 84-16379. 535 REBOUL-MAUPIN N., op. cit., p.327. 536 Cass. plén., 7 mai 2004, n°02-10450. 526 527 127 considéré que les seules atteintes dont peut se plaindre le propriétaire en la matière sont : « celles portées aux droits de la personnalité, d'une atteinte à sa tranquillité ou à son intimité, voire d'un droit patrimonial par la voie de la contrefaçon ou du parasitisme »537. La même approche pourrait être suivie en ce qui concerne les survols de propriétés privées par des drones. Le ropriétaire pourrait alors demander réparation dès lors que le survol est anormal, c’est-à-dire qu’il cause un trouble au propriétaire dont le bien est survolé. Seuls les survols excessifs seraient alors sanctionnables par le droit de la responsabilité. iv) Le dernier fondement possible est la violation des lois et règlements. Seuls les survols réalisés en violation du droit applicable aux drones seraient alors réparables. Le survol d’un fonds, même à basse altitude, n’étant pas sanctionnable au regard du droit actuel, ce fondement peut être considéré comme restrictif et devraient être combiné avec d’autres mesures pour devenir efficient. Il ne permet pas non plus de prendre en compte les situations particulières dans lesquelles le télépilote peut se retrouver. 104. L’intégralité de ces fondements peut être appliquée à la question du survol des propriétés. Ils ne concilient cependant pas les droits en cause de la même manière. Retenir le seul fondement de la violation des lois et des règlements aéronautiques permettrait de réparer uniquement les dommages causés par des survols « illégaux ». Ceux causés par des survols respectueux des lois et règlements ne pourraient donc faire l’objet de réparation. Au contraire, l’introduction de la faute comme fait générateur de responsabilité permettrait de réparer les dommages causés par de nombreux survols : les survols illégaux, les survols abusifs ou encore les survols non raisonnables ou non diligents. L’usage des notions d’abus ou d’anormalité du survol constitue un intermédiaire en ce que ces fondements ne concernent que certaines catégories de survols, ceux réalisés dans l’intention de nuire au propriétaire, sans utilité, ou causant un trouble anormal. La preuve de l’abus ou encore de la faute de l’exploitant de drone peut cependant être difficile à rapporter dans certains cas. L’existence d’un abus 537 GRIMALDI C., Droit des biens, Paris, LGDJ, 1e éd., 2016, .42. 128 suppose par exemple de connaître l’état d’esprit de la personne ou de pouvoir démontrer que le survol ou l’opération n’a aucune utilité pour l’opérateur. La preuve de l’illégalité peut être facile à rapporter si les drones sont assujettis à une obligation d’identification et de localisation. Les données récoltées par les autorités permettraient alors de connaître l’identité du responsable et d’attester de l’illégalité de l’opération. De même, il est aisé de prouver l’existence d’un trouble anormal puisque celui-ci est caractérisé dès lors que l’existence d’une « activité qui cause un dommage au voisin car il excède le seuil de ce qu'il peut supporter » est établie538. Le fait générateur et le préjudice sont en outre confondus539. Il en résulte l’analyse suivante : Faute Etendue du fondement Extensif Difficulté de la preuve Difficile Abus Intermédiaire Difficile Trouble anormal Intermédiaire Facile Violation des lois et des règlements Restreint Facile Fondement Conciliation réalisée Intermédiaire En faveur des exploitants de drones En faveur de la protection du propriétaire En faveur des exploitants de drones La protection des personnes serait ainsi certainement mieux assurée en retenant la notion de trouble anormal comme fondement de la responsabilité du fait des survols d’une propriété privée. Un article L. 6131-3 pourrait dès lors être introduit au sein du Code des transports. Celui-ci disposerait : « Le pilote ou l’exploitant d’un aéronef est responsable des conséquences du trouble anormal causé à l’occasion du survol d’une propriété privée. » Cet article permettrait également d’éclairer la notion « d’entrave à l’exercice des droits du propriétaire » dans la mesure où l’ rave serait caractérisée par le trouble. Tout survol causant un trouble anormal pourrait alors donner droit à réparation. Associée à l’interdiction de survol sans autorisation du propriétaire, CORNU G., Droit civil.Introduction, les personnes, les biens, Paris, Montchrestien, 10e éd., 2001, n°1101. 539 BRUN P. et PIERRE P. (dir.), Lamy Droit de la responsabilité, Paris, Lamy, Etude n°355-95, disponible sur Lamyline. 129 538 cette disposition permettrait de protéger efficacement les droits du propriétaire dans leur dimension spatiale. L’aboutissement de cette réflexion serait de donner des droits complémentaires au propriétaire. B. L’apparition d’un nouvel espace aérien 105. Le droit aérien et les dispositions relatives aux drones s’appliquent, en principe, dans l’espace public mais aussi au-dessus des propriétés privées. Le propriétaire ne peut ainsi accorder de dérogations afin de réaliser ou faire réaliser certaines opérations. L’arrêté espace ne prohibe cependant pas l’évolution des aéromodèles au-dessus de l’espace privé en agglomération540 ; laissant penser qu’un propriétaire peut autoriser le survol de sa propriété 541. Ce sentiment est d’ailleurs renforcé par le Guide catégorie ouverte de la DGAC qui indique qu’il « n’est possible d’utiliser un aéronef sans équipage à bord en agglomération que : dans un espace privé ou dans les lieux publics où la pratique des opérations en catégorie Ouverte est autorisée par décision préfectorale »542. Une telle utilisation supposant d’obtenir l’accord de l’occupant des lieux et de respecter une vitesse et une hauteur maximale adaptée à l’environnement immédiat et permettant de limiter les risques en cas de perte de contrôle543. Le guide ne définit pas la notion d’espace privé, mais la notion d’espace public. Il est donc possible de supposer que la notion d’espace privé doit être défini par opposition à l’espace public. Ce dernier étant défini comme : « L’espace public en agglomération est constitué des voies publiques ainsi que des lieux ouverts au public, c’est-à-dire dont l'accès est libre (plages, jardins publics, promenades publiques...) ou dont l'accès est possible, même sous condition, dans la mesure où toute personne qui le souhaite peut remplir cette condition (paiement d'un ticket d’entrée par exemple) »544. Article , Arrêté Espace, op. cit. ; cet article dispose : « L'aéronef n'évolue pas au-dessus de l'espace public en agglomération, sauf en des lieux où le préfet territorialement compétent autorise la pratique d'activité d'aéromodélisme ». 541 RICHARD D., op cit., p.760. 542 DGAC, Guide usages de loisir et professionnels simplifiés des aéronefs sans équipage à bord catégorie ouverte, op. cit., p.38. 543 Ibidem. 544 Ibidem. 130 540 L’espace privé en agglomération serait donc constitué des voies privées ainsi que des lieux fermés au public, c’est-à-dire donc l’accès est restreint ou dont l’accès n’est pas possible même sous condition. Un scenario permettant d’utiliser un drone au-dessus de terrains, de sites ou d’ouvrages, dans un volume d’un seul tenant dont l’organisme effectuant le vol est propriétaire ou exploitant ou coexploitant ou sur lequel il dispose d’une servitude ou d’une autorisation d’occupation pour l’exercice d’une mission de service publique ou d’une concession accordée par une autorité publique a également été discuté au sein du Conseil pour les drones civils. Ce scenario permettrait la réalisation d’opération avec un drone de masse inférieure à 4 kg piloté automatiquement à une hauteur maximale de 50 mètres et dans un rayon d’un kilomètre autour du site 545. Les exigences administratives seraient alors simplifiées : pas de demande d’autorisation et une formation uniquement théorique546. Ces assertions abondent dans le sens de la création d’un espace aérien privé ou « Me-Space » à l’intérieur duquel le propriétaire ou la personne occupant ou exploitant le fonds pourrait autoriser ou interdire l’utilisation de son espace aérien. Pour plus de précisions, voir : CARPEL G., « Le S0, nouveau scénario pour les drones : menace ou opportunité? », Drones Actu, 13 février 2018, disponible sur http://dronesactu.com/article/s0nouveau-scenario-drones-menace-opportunite/. 546 Article D. 136-2-1, CAC. 131 545 CONCLUSION DU CHAPITRE 2 106. Le droit aérien est très attaché à la souveraineté des Etats sur leur espace aérien. Ces derniers ont ainsi la possibilité de mettre en œuvre de nombreuses restrictions servant à protéger leurs intérêts et/ou la sécurité de l’aviation civile. Ces restrictions se sont cependant souvent avérées inadaptées pour les drones. Les réglementations nationales prévoient ainsi des exceptions au principe de l’interdiction de survoler certaines zones interdites ou restreintes pour les drones. Ceux-ci peuvent également voler au-dessus des agglomérations, dans certaines conditions. Le développement de la filière appellera d’ailleurs à toujours plus d’autorisations, notamment pour les opérations routinières en agglomération. Il est ainsi nécessaire de prévoir des mécanismes permettant d’assurer le développement d’une activité drone responsable. Quatre pistes de réflexion ont ainsi été envisagées : la réalisation d’une analyse des espaces survolés lorsque cela semble nécessaire, la mise en place de restrictions d’utilisation de l’espace aérien proportionnées, le développement de règles de vol adaptées à l’environnement d’évolution et le renforcement de la protection des droits du propriétaire. Cette dernière proposition pouvant aboutir à la création d’un nouvel espace aérien privé, appelé Me-Space par opposition au U-Space, dans lequel le propriétaire foncier jouirait de certaines libertés. 132 CONCLUSION DU TITRE 1 107. Le rattachement des drones à la circulation aérienne appelait logiquement à s’interroger sur les implications et apports des règles qui la concerne pour la protection des personnes au sol. Il ressort de cette étude que l’organisation de l’espace aérien est avant tout pensée pour assurer la sécurité des utilisateurs de l’espace aérien et des tiers au sol. L’intégration progressive des drones et leur développement induira ainsi de nombreuses mutations non seulement pour faire une place aux aéronefs sans équipage à bord dans le ciel mais aussi et surtout afin de prendre en considération la problématique de la protection des droits des personnes. La modification de la répartition des compétences entre échelons d’autorité est une première piste d’action. Il s’agirait alors de confier certaines compétences, aujourd’hui rattachées à la police administrative spéciale de l’aviation civile aux maires ou à tout autre échelon local. En parallèle, il est proposé de faire évoluer les restrictions de survol prévues pour l’aviation civile traditionnelles. Cette dernière proposition pourrait d’ailleurs bien être exaucée avec l’entrée en vigueur des zones géographiques UAS qui peuvent, entre autres, être définies pour des raisons de respect de la vie privée ou de protection de l’environnement547. 547 Article 15 (1), Règlement d’exécution (UE) 2019/947, op. cit. 133 TITRE 2 – LA RATIONALISATION DES DRONES PAR LES RÈGLES D’ACCÈS A L’ESPACE AÉRIEN 108. Il est désormais acquis que la conception, la production, l’entretien et l’opération des drones devra répondre à des normes ou à des standards. En France, les premiers jalons de cette standardisation ont été posés par la loi du 24 octobre 2016 en ce qu’elle impose l’installation de certains dispositifs, requiert l’enregistrement des drones et encadre la formation des télépilotes 548. La réglementation européenne prolonge et accentue ce mouvement, notamment par le biais du marquage CE549. Ce phénomène est intéressant pour la protection des droits des personnes en ce qu’il pourrait permettre d’améliorer l’utilisation et le contrôle des activités de drone. Deux axes d’amélioration peuvent plus particulièrement être envisagés. 109. La première étape de la réflexion conduit logiquement à analyser l’impact de la réglementation des technologies drones et des obligations qui en découlent sur la protection des droits des personnes. La conception des drones peut en effet largement impacter le droit à la vie privée, les données à caractère personnel ou encore l’environnement des tiers (chapitre 1). 110. Pour traiter le sujet dans son ensemble, il convient de compléter ces mesures par des actions permettant de structurer l’usage des drones au sein de la filière. La conduite des opérations de drone et des acteurs concernés doivent ainsi faire l’objet d’une attention particulière pour renforcer la prise en compte des droits des personnes (chapitre 2). Chapitre 1 – La réglementation des technologies Chapitre 2 – Une structuration progressive de la filière Loi n° 2016-1428 du 24 octobre 2016 relative au renforcement de la sécurité de l'usage des drones civils. 549 Règlement délé (UE) 2019/945, op. cit. 134 548 CHAPITRE 1 – LA RÉGLEMENTATION DES TECHNOLOGIES 111. Les différentes réglementations relatives aux drones prévoient des conditions qui doivent être remplies par ces aéronefs afin qu’ils puissent accéder à l’espace aérien. Ces règles prennent différentes formes et poursuivent principalement des objectifs de sécurité de l’espace aérien et de sureté du territoire national. Elles peuvent cependant être utiles pour la protection des droits des personnes. Deux catégories de règles sont plus particulièrement intéressantes. 112. La première catégorie est apparue en réponse aux nombreux survols illégaux du territoire national survenus entre 2014 et 2016. Elle impose aux drones des équipements spécifiques tels que les dispositifs de signalement électronique ou les dispositifs visant à borner les évolutions des drones (section 1). 113. La seconde catégorie de règles concerne directement les caractéristiques des drones. En effet, bien que les caractéristiques historiquement imposées aux drones soient majoritairement tournées vers la sécurité de l’espace aérien, les nouveautés apportées par la réglementation européenne sont intéressantes pour la protection des droits des personnes au sol (section 2). Section 1 – L’obligation d’équipement des drones Section 2 – L’encadrement des caractéristiques des drones 135 Section 1 L’obligation d’équipement des drones 114. Depuis 2016, les drones utilisés au-dessus des territoires français et étatsuniens doivent être équipés de dispositifs propres à assurer la sécurité et la sureté des tiers dans l’espace aérien comme au sol 550. La réglementation européenne impose des obligations similaires aux drones évoluant en catégorie ouverte marqués CE551. Les dispositifs rendus pour cela obligatoires peuvent également participer à la protection des droits des personnes au sol en avertissant de la présence du drone (§1) ou en limit ses capacités d’évolution dans l’espace (§2). §1 : Des dispositifs permettant le signalement du drone 115. L’idée d’équiper les drones avec certains dispositifs de signalement peut être qualifiée de récente. Elle est apparue par suite de la multiplication des survols illicites à partir de l’automne 2014 « pour faciliter le travail de la police du ciel et des forces de sécurité publique »552. Ce signalement peut être réalisé à l’aide de différents appareils ou charges utiles tels que des dispositifs de signalement numériques ou électronique, des dispositifs de signalement lumineux ou encore des dispositifs de signalement sonore. Si ces dispositifs peuvent faciliter le repérage et l’identification des drones à des fins d’ordre public, ils sont également susceptibles d’informer les tiers de la présence d’un drone. Le recours à de tels moyens pourrait répondre au besoin d’information des particuliers quant à la présence d’un drone ou encore mieux transmettre des informations précises sur le drone et sa mission553. Si l’idée est attrayante et réalisable (B), les solutions adoptées par les Etats ne sont que peu pertinentes (A). Loi n° 2016-1428 du 24 octobre 2016 relative au renforcement de la sécurité de l'usage des drones civils, JORF n°0249 du 25 octobre 2016 ; Federal Aviation Authority modernization and reform Act, 3 janvier 2012. 551 Parti e 2, Partie 3, Partie 4, Annexe, Règlement délégué (UE) 2019/945, op. cit. 552 SGDSN, L’essor des drones aériens civils en France : enjeux et réponses possibles, Rapport du Gouvernement au Parlement, 2016, p.31, disponible sur http://www.sgdsn.gouv.fr/IMG/pdf/151 016_Rapport_du_gouvernement_au_parlement_sur_les_drones.pdf. 553 BAJDE D., JER BRUNN M., SOMMER J.K. et WALTORP K., General Public’s Privacy Concerns Regarding Drone Use in Residential and Public Areas, Empirical research report, University of Southern Denmark, mai 2017, p.9. 136 550 A. Les dispositifs de signalement utilisés à des fins d’ordre public 116. L’obligation de signalement électronique ou numérique est l’obligation de signalement la plus courante même si le signalement du drone peut alternativement ou cumulativement être réalisé par des dispositifs lumineux554. Ces dispositifs doivent permettre aux forces de l’ordre d’identifier le drone ou son propriétaire / télépilote sans avoir à accéder physiquement à l’appareil 555. Cette fonction a été pensé face à la difficulté, pour les forces de l’ordre, de repérer le télépilote d’un drone, notamment lorsque celui-ci pilote hors vue556. Les dispositifs de signalement doivent en outre aider au repérage des drones dans l’espace aérien et à leur différenciation vis-à-vis des autres aéronefs et obstacles à la navigation aérienne. Il est en cela possible d’affirmer que ces dispositifs ont une vocation exclusivement sécuritaire557. Les caractéristiques techniques retenues découlent directement de la destination des dispositifs de signalement. Le dispositif de signalement électronique ou numérique (ci-après DSEN) doit ainsi transmettre un numéro d’identifiant, la position géographique du drone au moment de l’envoi du message, la position de son point de décollage, sa vitesse au sol et sa route558. Tandis que le dispositif de signalement lumineux doit être d’une couleur différente des couleurs rouge et blanche et visible de nuit559. Dans la mesure où les drones sont difficilement distinguables et où ils ont souvent disparu à l’arrivée des forces de l’ordre, ces données sont des éléments clés pour localiser et identifier un drone ou son SGDSN, L’essor des drones aériens civils en France : enjeux et réponses possibles, op. cit., p.33. ; Identification and Tracking (UAS ID) Aviation Rulemaking Committee (ARC), ARC Recommendations Final Report, 30 septembre 2017, p.11 [UAS ID ARC Report]. 555 Article 2 (31), Règlement délégué (UE) 2019/945, op. cit.; Article 2 (13), Règlement d'exécution (UE) 2019/947, op. cit ; Avant l’entrée en vigueur de l’obligation d’identification électronique, certains Etats imposaient l’apposition d’une plaquette rectangulaire portant mention de l’exploitant sur les drones professionnels. Pour plus d’information, voir §1.7.1, Arrêté conception ou § 19 Abs. 3 LuftVZO. 556 UAS ID ARC Report, op. cit., p.28. 557 Article R.20-29-2 al.2, Code des postes et des communications électroniques ; DGAC, Guide usages de loisir et professionnels simplifiés des aéronefs sans équipage à bord catégorie ouverte, op. cit., p.23. 558 Article 2 II 2°, Arrêté du 27 décembre 2019 définissant les caractéristiques techniques des dispositifs de signalement électronique et lumineux des aéronefs circulant sans personne à bord, JORF n°0302 du 29 décembre 2019, texte n° 39. 559 Article 5, Ibid. 137 554 télépilote mais aussi pour déterminer si le drone était autorisé à évoluer dans la zone560. Ils sont cependant insuffisants pour assurer l’entière information des tiers. Les données transmises par le DSEN ne contiennent ainsi aucunes informations sur la mission du drone ou la nature de ses équipements ; données qui pourraient permettre aux citoyens comme aux autorités de clarifier les raisons de sa présence ou d’anticiper sa trajectoire561. Les technologies imposées pour ce signalement sont de surcroît impropres à permettre aux tiers d’accéder facilement et in extenso aux informations diffusées. La France comme les Etats-Unis ont en effet proposé d’imposer la transmission des données via un protocole Wi-Fi non chiffré562. Cette solution n’étant pas connectée, elle ne permet pas la localisation des drones à distance mais uniquement de manière locale. La technologie Wi-Fi est également impropre à assurer la sécurité de l’espace aérien dans la mesure où la position d’un drone ne peut être connue que des personnes situées à proximité de celui-ci. Un télépilote évoluant hors vue se situant par définition à distance de son drone et des drones tiers ne peut donc y avoir accès directement 563. La seule possibilité pour accéder aux informations transmises est d’acquérir ou de fabriquer un récepteur capable de capter les informations564 ; appareil qu’il est nécessaire de positionner à portée du drone que l’on souhaite identifier et de consulter en temps réel. Ce mode de transmission du signalement est vraisemblablement une solution temporaire permettant de répondre à un besoin immédiat à faible coût pour les principaux constructeurs de drone565 et de repousser les débats quant à la protection de la vie privée, à la surveillance des activités professionnelles des dronistes assujettis à l’obligation de ement électronique et à l’authentification des télépilotes. L’absence de chiffrement rend UAS ID ARC Report, op. cit., pp.40-41. Ibid., p.42. 562 Article 2 I, Arrêté du 27 décembre 2019 définissant les caractéristiques techniques des dispositifs de signalement électronique et lumineux des aéronefs circulant sans personne à bord, op. cit. Il pourrait avoir accès à la position dudit drone à condition d’avoir placé et mis en réseau un récepteur sur son drone. Condition qui semble utopique en état du marché. 564 Le protocole de communication utilisé par les drones pour se signaler étant décrit dans les textes réglementaires applicables, il est envisageable que des récepteurs puisse être achetés ou fabriqués. 565 Les drones de loisir grand public sont pilotés par l’intermédiaire d’un réseau wifi ad hoc généré par un module wifi intégré au drone. Ce module peut également être utilisé pour transmettre un message via un protocole spécifique. Cette technique de signalement est en outre l’une des techniques les plus matures selon le rapport établi par l’Aviation Rulemaking Committee. Pour plus d’informations, voir UAS ID ARC Report, op. cit., p.20. 138 560 561 en outre le système vulnérable aux attaques et notamment à l’usurpation d’identité ou à l’altération des données 566. De même et alors qu’il pourrait rendre les drones visibles et reconnaissables, l’intérêt du signalement lumineux tel que prévu est limité, en raison de l’absence d’imposition de la couleur du signalement. En complément du DSEN exigé par la règlementation française, la réglementation européenne impose à certains drones d’être équipés d’un système d’identification directe à distance. Ce dernier système poursuit des objectifs de sécurité et de vie privée, différents de l’objectif de sureté poursuivi par le dispositif français 567. Il est obligatoire dans les cas suivants : - Utilisation d’un aéronef de classe C1 en sous-catégorie A1 ; - Utilisation d’un aéronef de classe C2 en sous-catégorie A2 et A3 ; - Utilisation d’un aéronef de classe C3 en sous-catégorie A3. Ce dispositif d’identification directe à distance doit permettre d’assurer la radiodiffusion d’un certain nombre d’informations, similaires à celles imposées par la réglementation française568. Bien qu’aucune technologie ne soit imposée par la réglementation, il est prévu que ce système « garantit la diffusion locale d'information sur un UA en exploitation »569. Il n’apporte de ce fait aucune réelle avancée en matière de protection des droits des personnes. 117. Le numéro d ’ identifiant qui doit être transmis par ce type de dispositif présente également des carences en matière d’information des tiers en ce qu’il ne donne que des renseignements limités sur le drone. Ce numéro est en effet généralement composé d’une première série de caractères permettant d’identifier le constructeur de la machine ou du dispositif et d’une autre série de caractères permett ant d’ identifier spécif iquement cha que drone ou dispositif570. Il est UAS ID ARC Report, op. cit., p.29. DGAC, Guide usages de loisir et professionnels simplifiés des aéronefs sans équipage à bord catégorie ouverte, op. cit., p.23 568 Le dispositif d’identification directe à distance impose la transmission du numéro d’enregistrement de l’exploitant, du numéro de série physique unique du drone, conforme à la norme ANSI/CTA-2063, de la position géographique du drone et de sa hauteur, de la trajectoire du drone ainsi que de la position géographique du pilote à distance ou celle du point d’envol. Voir Partie 2 12), Partie 3 14) et Partie 4 9), Annexe, Règlement délégué (UE) 2019/945, op. cit. 569 Article 2 31), Règlement délégué (UE) 2019/945, op. cit. ; Des travaux de normalisation sont en cours sur le sujet et devraient définir les technologies acceptables pour garantir la diffusion locale d’information. 570 Article 2 II 2 b) i., Arrêté du 27 décembre 2019 définissant les caractéristiques techniques des dispositifs de signalement électronique et lumineux des aéronefs circulant sans personne à bord, op. cit. 139 566 567 attribué directement au drone ou à la balise permettant de l’identifier 571. En France, deux formats peuvent être utilisé : la norme ANSI/CTA/2063-1 et le numéro d’identifiant unique défini par l’arrêté du 27 décembre 2019572. Ce dernier est composé d’un trigramme constructeur codé sur 3 octets et attribué par le Ministre en charge de l’aviation civile, d’un numéro de modèle codé sur 3 octets et du numéro de série de l’aéronef ou de son dispositif de signalement codé sur 24 octets 573. Sur ce canevas, le numéro d’identification d’un dispositif de modèle XXX construit par la société Y dont le trigramme constructeur est 001 serait : 001 XXX 000000000000000000000000 Trigramme constructeur Numéro de modèle Numéro de série du dispositif ou du drone L’identification européenne du drone repose quant à elle sur la combinaison du numéro d’enregistrement de l’exploitant avec le numéro de série physique unique du drone, conforme à la norme ANSI/CTA-2063574. Le numéro d’enregistrement de l’exploitant, délivré par les Etats membres, se compose de 16 caractères alphanumériques organisés comme suit : 3 caractères correspondant au code ISO 3166 Alpha-3 code de l’Etat membre d’enregistrement, 12 caractères générés aléatoirement et 1 caractère correspondant à la somme de contrôle575. Notre drone devrait alors émettre le numéro suivant : FRA A2EDF903FIAE0 X Numéro d’enregistrement exploitant 00000000000000 Numéro de série du drone En somme, le numéro d’identification agit comme la plaque numérologique d’une voiture en permettant de retrouver l’auteur d’une ou plusieurs infractions à partir En principe, le numéro d’identification est fourni par le constructeur du drone lorsque le dispositif de signalement est intégré, c’est- -dire installé lors de la conception de l’aéronef, ou de l’add-on lorsque celui-ci a été ajouté a posteriori et/ou peut être utilisé sur différents aéronefs. 572 Article 2 II 2 b) i . , Arrêt é du 27 décembre 2019 définissant les caractéristiques techniques des dispositifs de signalement électronique et lumineux des aéronefs circulant sans personne à bord, op. cit. 573 Article 3 II 3° b, Ibid. 574 Partie 2 12), Partie 3 14) et Partie 4 9), Annexe, Règlement délégué (UE) 2019/945, op. cit. 575 AMC1 Article 14(6) Registration of UAS operators and ‘certified’ UAS, Executive Director Decision, Amendment 1 to the Acceptable Means of Compliance and Guidance Material to Commission Implement ing Regulation ( EU) 2019 / 947 and to the Anne x (Part- UAS ) thereto, ED Decision 2020/022/R , 15 décembre 2020 ; La somme de contrôle est une somme générée par les Etats membres en appliquant l’algorithme de Luhn-mod-36 aux 15 caractères qui résultent de la concaténation des 12 caractères générés aléatoirement et des 3 caractères générés de manière additionnelle et appelés le ‘’code secret’’. 140 571 d’un fichier national ou européen. Il n’est cependant pas apte à renseigner les tiers sur la nature du drone identifié, les activités de son propriétaire ou encore la mission du drone. Ce sentiment est renforcé par le fait qu’un même dispositif nonintégré puisse être utilisé sur plusieurs drones dans certains cas576. B. Les dispositifs de signalement utilisables à des fins d’information des tiers 118. Les technologies et modalités imposées par la réglementation pour le signalement des drones n’étant pas à mêmes d’informer convenablement les tiers, il convient de définir et de caractériser les moyens adéquates de renseigner les citoyens sur l’activité des drones évoluant à leur proximité. Il est pour cela nécessaire que les informations transmises soient accessibles au plus grand nombre, que leur contenu réponde aux inquiétudes des citoyens et qu’elles soient sécurisées. Ces exigences imposent un choix rigoureux des technologies de transmission du signalement et une réflexion approfondie sur les informations transmises. 119. L’accessibilité des informations transmises par le drone ou son dispositif de signalement implique leur mise en réseau et leur affichage sur un site internet ou une plateforme web dédiée. Il est en effet plus facile d’avoir accès à des informations lorsqu’elles sont mises en réseau que s’il est nécessaire d’acheter un récepteur et de le consulter depuis son jardin ou sa fenêtre une fois le drone repéré577. La mise en réseau permettrait en outre de stocker et rediffuser les informations transmises par le drone sur un serveur étatique ou privé à des fins de contrôle mais aussi de fourniture de services à l’exploitant578. Seuls certaines technologies utilisées pour le signalement sont capables de publier des En France, il est pour cela nécessaire que les aéronefs circulant sans personne à bord appartiennent au même groupe de signalement électronique, aient une plage de masse identique et appartiennent à un même propriétaire. Voir Article 1, Arrêté du 27 décembre 2019 définissant les caractéristiques techniques des dispositifs de signalement électronique et lumineux des aéronefs circulant sans personne à bord, op. cit. 577 Deux techniques permettent d’avoir accès aux données d’identification des drones : la transmission directe ou locale et la mise en réseau des informations. La première technique consiste à transmettre les informations sans destination spécifique. Il suffit alors de se trouver à portée et d’être équipé d’un récepteur afin de pouvoir accéder aux données émises par le drone. La mise en réseau des informations nécessite la transmission des données à un service en ligne. Les informations ainsi publiées sont ensuite disponibles en ligne. 578 Il peut par exemple s’agir de données relatives au vol ou à l’aéronef. 141 576 informations en réseau : les réseaux de téléphonie mobile, les satellites et les systèmes de télémétrie associés à un logiciel permettant l’envoi de notification579.
40,756
2006LEMA3002_17
French-Science-Pile
Open Science
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La relation pédagogique en ligne : étude, conception, mise en place et expérimentations de nouveaux dispositifs de formation utilisant les technologies de l'information et de la communication dans différents contextes institutionnels
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Notre thèse défend finalement la culture non pas comme une donnée figée, qu’il s’agit de comprendre comme un objet statique pour le faire évoluer, mais plutôt comme un objet en perpétuelle évolution. Quand deux groupes culturels sont ensembles, il ne s’agit pas de convertir l’un à l’autre ou réciproquement, mais on est déjà dans le processus dynamique d’une troisième culture en cours de construction, les différences culturelles étant liées au quatrième élément de la culture de l’Autre et à l’apprentissage de cette troisième culture déjà en œuvre : la culture n’est pas donnée, elle est en perpétuelle construction. 296 Thèse en sciences de l’éducation – Emmanuel Duplàa Vivre avec l’Autre Dans l’esquisse de ce paradigme, le réseau constitue peu à peu une multitude d’institutions, propre à une multitude d’individus, croisant les cultures, les expériences, les savoirs. De ce fait, on pourrait espérer que le modèle de la relation pédagogique en ligne que nous proposons, s’il est généralisé, permettrait une meilleure considération de l’Autre, moins condescendante, avec tout ce que la condescendance implique d’aliénation des cultures dites minoritaires. Le formateur, comme l’homme occidental, ne sera plus celui qui sait, mais sera, comme l’apprenant et l’homme dit primitif, celui qui a à apprendre de l’autre dans une horizontalité relationnelle grandissante. Ce travail est de longue haleine, et la recherche proposée ici n’en est qu’une petite pierre à l’édifice, celui de vivre ensemble outre les différences. Comme le disait Jung : « La où il y a la foi, il y a le doute, et plus la foi est spontanée, plus elle est naïve, plus la réflexion cause de ravages quand elle commence à poindre. Si le monde perdait de vue ces témoignages archétypiques, il s’appauvrirait indiciblement sur le plan intellectuel et spirituel.[...] Plus le problème de l’avenir se pose inconsciemment, plus grand est le danger que l’homme n’abuse du germe divin en lui pour aboutir à une ridicule ou démoniaque bouffissure de soi » (Jung, 1976, p219). A l’heure où la psychanalyse est contestée pour son dogmatisme, notre thèse tente d’illustrer que toute connaissance est toujours dogmatique, associée au Saint-Esprit dans notre culture. L’important est de faire émerger à la conscience ce dogmatisme afin de ne pas rester aveugles. Il ne s’agirait donc pas de tuer la psychanalyse sur l’hôtel de la « Vérité » à cause de son dogmatisme, mais de comprendre que cette « Vérité » est, elle-aussi, dogmatique et qu’une approche praxéologique peut être un bon allié du doute. Nous finirons en parlant du livre que vous avez sous les yeux. En effet, après notre analyse critique de la sacralisation de l’écrit et du modèle de la transmission, il apparaît clairement que le format de la thèse est bien celui des grands écrits monothéistes, un format biblique. Sur un temps donné, il s’agissait dans cet exercice de produire un livre qui incarnerait une certaine vérité et serait immuable face au temps. La différence de ce livre par rapport à tout écrit religieux est qu’il a vocation à être contesté, à être réfuté, de la même manière que la Terre était plate à une époque de l’humanité. Dans cet esprit, si les monothéismes étaient les religions de l’écrit, les sciences sont quant à elles les religions du web. La vérité est maintenant négociée. 297 Thèse en sciences de l’éducation – Emmanuel Duplàa Bibliographie Albero, 2003 : Albero B., « Autoformation et contextes institutionnels d' éducation et de formation : une approche socio-historique », dans Autoformation et enseignement supérieur, Paris, Hermès Science/Lavoisier, pp.37-67, 2003. Andriessen, 2002 : Andriessen J.H.E., Working with Groupware. Understanding and Evaluating Collaboration Technology, London, Springer Verlag, 2002. Anzieu, 1997 : Anzieu D., « Fantasmatique de la formation psychanalytique », dans Fantasme et formation, Dunod, pp. 93-123, Paris, 1997. Arnoux, 1999 Arnoux D., Mélanie Klein, Paris, Puf, 1999. Atten, 1999 : Atten M., Les Télécoms : Histoire des Écoles Supérieures des Télécommunications, 1840-1997, sous la direction de Michel Atten, François Du Castel et Marie Pierre, Paris, Hachette, 1999. 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Figure 3 : La représentation MOT de l’activité de l’apprenant dans le cours INF1200, p.47. Figure 4 : La représentation MOT de l’activité du formateur, découlant de celle de l’apprenant, pour le cours INF1200, p.48. Figure 5 : Structure en cinq niveaux de la méthode utilisant l’outil OASIF, p.49. Figure 6 : Interface de l’outil OASIF pour la conception du module « Accompagnateur », p.50. Figure 7 : Interface Amarante pour l’apprenant du module « Accompagnateur », p.51. Figure 8 : Le triangle pédagogique (Houssaye, 1988), p.99. Figure 9 : Le maniement du transfert chez Lacan (Rouzel, 2002), p.100. Figure 10 : Le module des compétences humaines dans la formation « tuteur FOAD », p.145. Figure 11 Interface du module « Accompagnateur FOAD » diffusé à l’ENST, p.180. Figure 12 : Interface du module « Tuteur FOAD » diffusé au CESI, p.184. Figure 13 : Nombre de caractères envoyés par les apprenants de chaque institution en fonction des canaux de communication pour un total de 100 000 caractères envoyés par le tuteur, p.230. Figure 14 : Préférence de l’outil de communication en fonction de l’institution, p.232. Figure 15 : Modèle de la relation pédagogique en ligne à partir des concepts de corps symbolique et de quatrième élément, p.262. Figure 16 : Modèle de diffusion d’une approche d’ingénierie pédagogique relationnelle, p.268. Figure 17 : Modèle de conception d’une approche d’ingénierie pédagogique relationnelle, p.269. 310 Thèse en sciences de l’éducation – Emmanuel Duplàa Tableau 1 : Deux traditions distinct es de la cognition située , l’une centrée sur l’individu et l’autre sur la communauté , d’après Wilson et Myers (1999), p.34. Tableau 2 : Matrice de Johansen (1991), p.56. Tableau 3 : Grille de traçage des actions du tuteur pour l’activité présentielle, p.193. Tableau 4 : Pondérations des interventions des apprenants en fonction de celles du tuteur par institution, p.229. Tableau 5 : Ensemble des productions de caractères des apprenants dans les relations en fonction des institutions, p.231. Tableau 6 : Une typologie des différents corps symboliques dans une formation en ligne, p.256. Tableau 7 : Typologie des outils de productions textuelles numériques, p.272. Tableau 8 : Ensemble des coûts et recettes attribués à la thèse, p.285. 311 Thèse en sciences de l’éducation – Emmanuel Duplàa Annexes 312 Thèse en sciences de l ’éducation – Emmanuel Dupl àa Annexe I : Historiques des institutions. Le contexte de chaque institution de formation définit une dominante pédagogique (Postic, 1979) mise en œuvre dans la praxis des acteurs de l’institution. Le contexte de l’institution est, en partie, composé de l’histoire de l’institution et de l’organisation du travail. Nous présentons en détails les deux institutions qui ont été supports à nos observations, à savoir le Centre d’Études Supérieures Industrielles et Télécom Paris. Cette présentation se fera tant dans sa dimension historique ou diachronique, que dans sa dimension synchronique de composition des équipes et de la représentation de l’ingénieur. Centre d’Études Supérieures Industrielles Cette partie présente le Centre d’Études Supérieures Industrielles (CESI) dans lequel nous avons mené une partie des expérimentations. Cette présentation est majoritairement issue de l’ouvrage de Richard Lick (1996), « Mémoire de la formation ; Histoire du CESI ». Historique L’histoire du CESI jusqu’à aujourd’hui pourrait se découper en quatre grandes phases, comme le présente Richard Lick (1996). Une première phase correspond à la mise en place du projet, de 1956 à 1960, une deuxième phase d’expansion se déroule de 1960 à 1971, une troisième phase correspond à une période plus difficile, de 1971 à 1982 et de 1982 à nos jours, l’histoire actuelle du CESI. La naissance Le CESI est issu d’un ancien centre de formation, le Centre Interentreprises de Formation (CIF), né lors d’une note diffusée en 1956 au sein de la régie Renault, sur un fond de problématique générale liée à la formation de l’encadrement intermédiaire. Ce type d’encadrement est spécifique, à l’interface des aspects techniques et des aspects gestion des humains, ce type de cadre devant être « orienté vers la production, capable de diriger [...] et d’animer des ateliers, [...] de comprendre le langage des spécialistes de laboratoires ou de bureaux d’étude, [...] de se faire comprendre des agents, techniciens et ouvriers qu’il commande ». Á l’époque, de nombreux ouvriers sont en demande de formation et d’évolution de carrière et il existe une pénurie d’ingénieurs et de techniciens de production. Seuls les écoles d’ingénieurs dites classiques et le Conservatoire National des Arts et des 313 Thèse en sciences de l’éducation – Emmanuel Duplàa Métiers proposent ce type de formation. Mais les cycles du CNAM sont jugés trop longs, trop diffus, trop généralistes et simultanément trop étroitement spécialisés, trop axés sur les contenus scientifiques. Parallèlement, les grandes écoles d’ingénieurs traditionnelles ne sont pas visées en tant que telles, mais la création du CIF incarne la volonté de la démonstration qu’à côté de l’élite issue des formations d’ingénieurs classiques, on peut en faire naître une autre qui s’appuie sur son seul mérite personnel et son expérience (Lick, 1996). Le CIF avait donc pour objectifs, à son origine, de préparer des cadres techniques à prendre des responsabilités d’encadrement et de gestion, à accroître la mobilité sociale en permettant à une population d’agents de maîtrise et de techniciens d’accéder à des fonctions de catégorie ingénieurs et cadres, en réalisant une expérience pédagogique originale en coopération entre des entreprises et des milieux universitaires. En 1959, le CIF s’est transformé en Centre d’Études Supérieures Industrielles (CESI) avec l’arrivée dans le projet d’autres entreprises (Chausson, la Compagnie électromécanique, la SNECMA, la Télémécanique Électrique, etc.) pour la création d’une association interentreprises, dépassant ainsi le cadre de la régie Renault, avec pour but affiché la formation de cadres techniques et la mise au point de méthodes et de moyens d’enseignement dans le domaine de la promotion du travail en faveur du personnel des entreprises participantes (Lick, 1996). Ainsi naissent les formations d’ingénieurs CESI. Celles-ci étaient considérées comme plus pragmatiques que les formations des grandes écoles, mais avec une moindre d’abstraction scientifique. Le développement Dans les années soixante, le CESI connaît un agrandissement avec la création d’un centre à Lyon, puis à Arras, il développe une politique d’expansion qui le mènera jusqu’aux 25 centres actuels. Les formations dispensées par le Cesi ne sont pas diplômantes, le diplôme entrant en contradiction avec une pédagogie adaptée à la promotion sociale. D’autres formations voient le jour, elles sont généralement composées d’activités pédagogiques de travail sur la personne, de mise en pratique de connaissances techniques et de stage d’encadrement en situation réelle. L’expertise n’est pas internalisée, mais les formations font appel à des compétences extérieures par le biais d’experts de diverses grandes écoles (Les mines, Polytechnique, Navale, etc.). Il faut noter qu’une des formations dispensées s’adresse à des cadres en recherche d’emplois, elle va contribuer à alimenter chez certains formateurs une forme d’allergie aux valeurs d’entreprise. En 1970, Le Centre d’Études et de Formation Industrielle (CEFI) est créé, avec pour mission de s’adresser principalement aux agents de maîtrise et aux techniciens, le CESI se recentrant sur le public des cadres, dans un souci de 314 Thèse en sciences de l’éducation – Emmanuel Duplàa préserver une image. Ceci est un des meilleurs exemples du paradoxe permanent du CESI, existant encore aujourd’hui : une vocation originelle antiélitiste et une tentation permanente à avoir à se justifier par le haut, à se normaliser (Lick, 1996). Les années 70 sont synonymes de crises au CESI, en partie liées aux évènements de mai 68 et de la loi de 1971 qui en découle. Cette loi transformera le marché par une décentralisation de celui-ci et une diversification de la clientèle. Le CESI aura du mal à s’adapter, avec en parallèle des problèmes liés à sa gestion. L’hypothèse d’une diminution du nombre de stagiaires, du fait d’une réticence des entreprises face aux formations longues et du fait d’une mauvaise adaptation du CESI à son environnement – un enfermement dans ses programmes et ses actions –, associé à des retards de paiement de subventions moins importantes que promises expliquerait l’endettement majeur du CESI en 1974. Jacques Bahry, ancien responsable des études des cours par correspondance Pigier et directeur général actuel, a redressé la situation du CESI en utilisant des moyens traditionnels : cession d’une partie coûteuse du patrimoine immobilier – dont le Point F, un centre à architecture incarnant la pédagogie du CESI –, revalorisation du tarif heure/stagiaire et diminution des activités internationales coûteuses. Mais les moyens traditionnels n’y suffirent pas, le réel problème du CESI était de faire renouer son personnel avec les entreprises, dans la tradition initiale du CESI. Selon Lick (1996), une « mise sous tension » du personnel s’est réalisée selon trois axes, dont le troisième touche directement à notre problématique : la transformation du CESI en entreprise, avec une mise en place d’indicateurs budgétaires jusque-là absents au niveau des régions et un intéressement des salariés aux bénéfices, le changement des acteurs par une politique de recrutement plus centrée sur des jeunes profils entreprises et enfin l’informatisation du CESI, avec une mise en place de formation d’ingénieurs en informatique industrielle en 1983. C’est dans ce contexte d’informatisation qu’est né en 1984 le département d’enseignement assisté par ordinateur, permettant au CESI de prendre pied sur le marché des technologies éducatives, département ancêtre du département CESI-Online au sein duquel nous avons mené notre étude. La situation actuelle Á l’heure du début de cette thèse, le CESI est un groupe de formation composé de 25 sites en France et de 8 sites à l’étranger. Le groupe CESI comprend trois entités : l’école d’ingénieurs du CESI, l’entreprise CESI SAS et la filiale CESI International. L’école d’ingénieur est une association de loi 1901, organisme paritaire comprenant l' UIMM, le MEDEF, dix grandes entreprises (Altadis, Charbonnages de France, Colas, Eurocopter, 315 Thèse en sciences de l’éducation – Emmanuel Duplàa France Télécom, IBM France, Renault, Groupe CIC, Schneider Electric, SNCF) et les organisations syndicales représentatives des cadres. Le CESI SAS, filiale à 100% de l' association, est une société commerciale dédiée à la clientèle des entreprises en France. Le CESI International, qui est aussi une filiale à 100% de l' association, est une société commerciale dédiée aux activités internationales du groupe et ayant elle-même trois filiales (CESI Cofor SA en Espagne, EWA GMBH en Allemagne et CESI Algérie SPA). Cette structure a changé en cours de thèse49 avec la fermeture de la structure opérationnelle du CESI, attachant directement la SAS et l’école d’ingénieurs à la direction générale, et avec la fermeture du CESI International. Ces résultats montrent encore aujourd’hui la difficulté pour le CESI de se positionner comme une entreprise, et par là même de renouer avec les ambitions initiales, malgré le succès des années 80. La formation d’ingénieur dispensée est généraliste, et elle se réalise sur trois ans, dans des formats différents dépendamment de la formation qui peut être en apprentissage, en alternance, en salle. La formation d’ingénieur se spécialise ensuite selon les centres : par exemple, ingénieur en génie industriel, en maintenance, en électronique, en bâtiment travaux public, etc. L’école compte au total 230 salariés dont 80 responsables de formation, et forme entre 600 et 800 ingénieurs par an. L’école propose aussi des mastères spécialisés dans les mêmes domaines. Environ 200 élèves suivent les mastères tous les ans. L’école possède au total un réseau de 2000 entreprises qui permettent aux élèves de réaliser environ 1000 projets tous les ans. Le département qui a donné un cadre à cette thèse est le département CESI-Online, département attaché directement à la direction générale. Ce département, issu du département des technologies éducatives, est composé d’un directeur, d’un consultant et de nous-même, doctorant CIFRE. Ce département, avant notre intervention, a mené diverses actions à destination d’entreprises et lors de projets à financements européens. Ce département, inscrit 49 Il faut noter ici que les années 2003 et 2004, durant la thèse, furent marquées par un assombrissement de la situation économique du CESI et l’amorce d’une restructuration. La structure Internationale, mise en filiale en 2003, n’a pas réalisé les objectifs prévus, et de plus elle a généré un déficit total d’environ 1 million d’euros, imputé en partie aux exercices antérieurs. La structure SAS, donc celle qui concerne le plus directement la clientèle entreprise, n’a pas non plus réalisé ses objectifs : à titre d’exemple, le centre d’Arcueil en région parisienne qui a une activité exclusivement entreprise, a enregistré une perte de 655 K en 2003, à l’inverse de son homologue parisien, le centre de Bagneux, ayant une activité spécifiquement école d’ingénieur, qui a enregistré l’équivalent en bénéfice. 316 Th èse en sciences de l’éducation – Emmanuel Duplàa dans la lignée de la direction générale, a des difficultés à être identifié dans les centres régionaux du CESI, or une de ses missions est d’être en appui aux centres, l’autre mission étant d’assurer des formations de formateurs aux nouvelles technologies et à la FOAD à destination des départements formation des entreprises. C’est dans ce contexte que notre intervention va se réaliser. L’Ecole Nationale Supérieure des Télécoms Cette partie présente l’École Nationale Supérieure des Télécommunications (ENST), autrement appelée Télécom Paris. Une partie des expérimentations a aussi été menée dans ce contexte qui concerne de plus près l’université, par rapport au CESI plus proche de l’entreprise. Cette présentation est issue de l’ouvrage « Les Télécoms : Histoire des Écoles Supérieures des Télécommunications, 1840-1997 », sous la direction de Michel Atten, François Du Castel et Marie Pierre (1999). Historique L’histoire de l’ENST peut se découper en quatre périodes : la période avant et pendant la guerre, de 1840 à 1945, puis de 1945 à 1968, l’époque dite des spécialistes, de 1968 à 1978, l’époque dite des ingénieurs experts, et de 1978 à nos jours, la situation actuelle. Nous n’insisterons pas ici sur la période de guerre, qui n’a pas son parallèle dans l’histoire du CESI, mais nous mentionnerons quelques faits datant de cette époque, période plutôt constructrice de l’ENST. La naissance La naissance de l’ENST ne peut se comprendre qu’en éclairant le lecteur sur ce que représente en France le titre d’ingénieur et par là-même le statut de grande école. Sous l’ancien régime, le titre d’ingénieur est associé aux grands services militaires et civils de la royauté. L’école polytechnique peut être considérée comme héritière des écoles d’ingénieurs d’Ancien régime et élément central du système de formation des ingénieurs d’Etat (Belhoste, 1989). Les premières grandes écoles d’ingénieurs émergent au cours du XVIIIe siècle, avec l’école des ponts et chaussées en 1743 ou encore l’Ecole des mines en 1783. La télégraphie, gérée dans les années 30 par l’Administration des Lignes Télégraphiques, avait à partir de 1857 un besoin d’ingénieurs croissant du fait de la généralisation du système Morse à l’ensemble des lignes et du fait de la complexité 317 Thèse en sciences de l’éducation – Emmanuel Duplàa croissante du réseau télégraphique. En 1858, une réorganisation de l’administration propose une répartition du territoire en 41 divisions pour les provinces et en 8 divisions pour Paris, dont la dernière, la 49e division, s’intitule « Paris-Enseignement ». C’est la première instance spécifique de formation supérieure à l’intérieur de l’Administration. En 1873, une loi établit la fusion des bureaux cantonaux des Postes et des Télégraphes, mettant fin à l’opposition entre des télégraphistes bonapartistes et des postiers républicains, en s’inscrivant dans une vague de rapprochement entre les deux entités constatée dans d’autres pays européens. Cette fusion crée un besoin fort de formation des postiers à la télégraphie et la troisième république, qui valorise tout ce qui est éducatif, transforme le cours supérieur de l’Administration en une Ecole Supérieure de Télégraphie, l’EST, ancêtre de l’ENST. En 1879, le ministre charge l’école d’instaurer des concours pour le recrutement de diverses catégories de personnel et d’organiser les épreuves de l’examen réservé aux personnels administratifs supérieurs. Malgré un mécontentement naissant des industriels qui considèrent l’école comme une mainmise de l’Etat, les premières années de l’école sont fastes, tant au niveau de l’enseignement que de la recherche qui obtient une réputation dans la communauté scientifique mondiale.
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Le Temple Ovale de Khafajeh : histoire et insertion urbaine DOSSIER THÉMATIQUE : HISTOIRES DE FIGURES CONSTRUITES : LES DATEURS DOSSIER THÉMATIQUE ER Régis VALLET Chercheur CNRS Institut Français du Proche-Orient (IFPO), Erbil, Iraq [email protected] SUM Le temple ovale de Khafadjeh est un édifice emblématique de l'architecture religieuse mésopotamienne du début du IIIe millénaire, mais son histoire fait toujours l'objet de discussions. Un réexamen minutieux de l'ensemble des données disMOTS-CL S ponibles permet de replacer le Mésopotamie, monument dans son contexte Bronze ancien, Dynastique Archaïque, urbain et d'en proposer une Architecture religieuse, relecture. Urbanisme. 239 The Temple Oval at Khafadjah is an emblematic building of 3rd millennium Mesopotamian religious architecture, but its history remains conjectural. A careful analysis of the available data sheds light on its urban context and results in a global reassessment. KEY WORD S Mesopotamia, Early Bronze Age, Early Dynastic, Religious Architecture, Town Planning. À la fin du IVe millénaire [2], après le reflux de la grande aventure coloniale urukienne qui avait donné, l'espace de quelques siècles, l'illusion de l'uniformité culturelle, les particularismes culturels régionaux reviennent en force dans l'ensemble du ProcheOrient, avec en Iran la culture proto-élamite, et en Mésopotamie du nord la culture dite de Ninive V. En Mésopotamie centrale, le phénomène prend la forme de la culture de Jemdet-Nasr, qui voit la réapparition de la céramique peinte et que prolonge au IIIe millénaire celle dite Scarlet Ware (« céramique écarlate », en raison de sa peinture rouge), phylum culturel d'où émergera un peu plus tard le pays d'Akkad. Profitant d'une position géographique exceptionnelle, entre la Mésopotamie du nord et du sud mais aussi entre l'Iran et le Moyen-Euphrate qui conduit au Levant, certains sites - tout particulièrement ceux établis sur la basse Diyala comme Tell Asmar, l'ancienne Ešnunna, et Khafajeh, l'ancienne Tutub -, reprennent alors à leur compte une partie du réseau d'échange urukien, qu'ils jalonnent de caravansérails (Gubba, Razuk, Madhur, Suleimeh, Bahize Seghire, Neml) [3], et qui connaissent un développement fulgurant. Nous sommes très mal renseignés sur les étapes initiales de cette dynamique. À Khafajeh, le site évolue à partir d'un village obeidien, établi au sud du Tell A, et devait avoir acquis une certaine importance au IVe millénaire, comme le montre l'élévation du Temple de Sin à cet endroit [4]. Mais ce n'est qu'à la fin de la période det-Nasr, au niveau 12 de la séquence principale, que débute la grande période d'expansion qui aboutit à l'urbanisation de l'ensemble du Tell A, soit une quarantaine d'hectares. C'est dans ce contexte que s'inscrit l'érection du Temple Ovale, qui marque le point d'orgue du développement de la ville, suivi de la construction de remparts, et qui sanctionne son changement de statut dans le réseau urbain de l'époque. Nous ignorons toutefois tout de son statut politique stricto sensu, notamment vis-à-vis d'Ešnunna. Enfin, l'on sait que la fortune de la cité ne devait pas survivre longtemps à la conquête akkadienne. Figure 1 Plan du Temple Ovale I, état d'origine (Delougaz 1940, pl. III). 240 Le Temple Ovale de Khafajeh : histoire et insertion urbaine puis B-C plus au sud où subsiste, jusque vers la fin de la période paléo-babylonienne, un petit établissement secondaire sans commune mesure avec la ville Dynastique Archaïque (ci-après DA). Le Temple Ovale est l'édifice le plus spectaculaire de Khafajeh, et a immédiatement assuré la célébrité du site [5] (fig. 1). Il s'agit du Temple de la divinité poliade, peut-être le seul temple véritable et en tout cas le seul indiscutable. Bien que le bâtiment soit anonyme, son appartenance à une série architecturale caractéristique ne laisse aucun doute sur sa destination. Nous connaissons en effet dans le Sud mésopotamien trois autres bâtiments du même type, bien identifiés par les inscriptions de leurs dépôts de fondation : l'Ibgal d'Inanna à Tell elHiba, l'ancienne Lagash, le temple de Ninhursag à Tell el Obeid et le temple de Ningirsu à Tello, l'ancienne Girsu [6]. Bien que tous différents, ces quatre temples partagent des mêmes traits similaires essentiels. Ce sont d'abord de très vastes constructions, de plusieurs milliers de mètres carrés, impliquant un investissement considérable en main d'oeuvre et en matériau que seules les plus hautes autorités étaient capables de mobiliser, ce qui montre combien ces bâtiments sont liés au pouvoir politique en place (ce qu'attestent également les nombreuses inscriptions royales que certains ont livrés). Ils sont ensuite pourvus d'une enveloppe ovale spécialement conçue pour interdire leur insertion dans le tissu urbain. C'est là le début d'un procédé classique en urbanisme, qui vise à er l'appartenance du bâtiment à un ordre supérieur, cosmique en l'occurrence (quantité de nos églises sont orientées différemment du parcellaire environnant exactement dans le même but) [7]. Les puissantes enceintes dont ils sont pourvus ont la double fonction d'isoler ostensiblement le sanctuaire, conformément à la pratique courante qui exclut rigoureusement le public de l'espace sacré, et plus encore de protéger symboliquement la ville de la puissance dévastatrice de la divinité [8]. À Khafajeh, il faut ainsi franchir quatre portes pour atteindre non pas le sanctuaire, mais simplement la cour du temple. L'enceinte délimite une couronne de pièces enserrant une grande cour qu'occupe une haute terrasse soutenant le sanctuaire à proprement parler. Le temple dominait ainsi tout le paysage urbain, rappelant à tous l'évidence des fondements universels de l'ordre terrestre, la légitimité surnaturel et donc indiscutable de la hiérarchie sociale. À Tello seulement, le sanctuaire nous est parvenu, parce qu'il n'était pas là sur une terrasse haute, le temple étant installé sur une butte qui dominait déjà la ville. C'est un petit édifice rectangulaire (60 m2) composé de deux pièces indépendantes : la salle de culte, où sur un podium devait se tenir la statue de la divinité, et le trésor, le tout entouré par un péristyle. L'exemple de Tell el Obeid, où les pièces du décor du sanctuaire furent entreposées au pied de la terrasse en vue d'un remontage qui n'eut jamais lieu, montre par ailleurs que le sanctuaire était l'objet d'un intense investissement décoratif [9]. Dans le cas présent, le Temple est orienté selon un axe SE/NO et mesure 100 m de long sur 70 m de large, soit une superficie de 8000 m2. Pour soutenir l'énorme masse de l'édifice, le sous-sol fut préalablement stabilisé. Une fosse de 8 m de profondeur ayant les mêmes contours que le bâtiment (plus une rampe d'accès à l'est) fut creusée et remplie de 64 000 m3 de sable. C'est sur ce sable que reposent les fondations du bâtiment, pourvues de puissantes semelles. Entre les murs de fondation, le terrain fut comblé par une épaisse couche d'argile fortement tassée, le tout formant une terrasse plane de 1,4 m d'élévation à l'est, et de 0,7 m au nord, en raison de la déclivité du terrain [10]. La totalité du complexe a donc été conçue et réalisée en un seule fois. L'originalité eure du plan local réside dans l'emploi de deux enceintes, au lieu d'une seule, et cela dans le but d'inclure une grande résidence, la maison D, dans le périmètre du temple, ce que confirme l'évolution du bâtiment (lorsque la maison sera supprimée, à l'époque du Temple III, l'enceinte externe disparaîtra avec elle). Le plan se divise donc en un secteur interne, le temple proprement dit, et un secteur externe, composé d'une grande avant-cour de 450 m2 à l'ouest, d'un couloir périphérique de 3 à 8 m de large, et de la maison D au nord. Le Temple Ovale de Khafajeh : histoire et insertion urbaine Figure 2 Plan du Temple Ovale II (Delougaz 1940, pl. VII) En outre, les données amènent à faire deux observations complémentaires. D'une part, bien que la maison D, contemporaine des Temples I et II, soit occupée durant plusieurs siècles (probablement trois), elle ne contenait aucune tombe, ce qui est exceptionnel et contraire à la pratique courante. Il est clair que ses occupants n'avaient pas la liberté d'enterrer leurs morts sur place. D'autre part, sa relation avec le temple évolua au cours du temps : isolée du temple au niveau II (elle ne communique plus avec l'avant-cour et ouvre alors directement sur la rue, au nord), elle fut ensuite séparée de celui-ci, lors de l'élévation du Temple III [12]. Toutes ces observations convergent et suggèrent que la jouissance du bâtiment était strictement encadrée. En somme, il s'agit de ce que l'on appellerait aujourd'hui un logement de fonction. Le secteur interne, surélevé de 0,3 m, est délimité par un mur nettement plus puissant (3,5 m contre 1,5 m à l'extérieur). Il se compose lui aussi de trois [11] Contra DELOUGAZ 1940, p. 56-57, suivi par HENRICKSON 1982, p. 10. On sait en effet que les dirigeants des cités de l'époque résidaient dans des palais sans commune mesure avec la maison D (assez vaste mais banale). Des édifices aux murs beaucoup plus conséquents (plusieurs mètres de large) ont d'ailleurs été repérés sur le site, notamment dans la tranchée D au sud et dans le secteur des Akkadian Foundations au nord de la ville (DELOUGAZ 1967, p. 22-23). [12] Soulignons que si le degré d'imbrication entre le temple et la ré de son responsable se relâche progressivement, pour des raisons que nous nous efforçons éléments. En périphérie se trouve une couronne d'une vingtaine de pièces, essentiellement des magasins mais aussi des salles de travail impliquées dans les diverses activités cultuelles et économiques du temple. Au centre se trouve un vaste espace rectangulaire de 56 × 38 m, occupé dans sa moitié antérieure par la cour du temple, pourvue de nombreux aménagements dont la fonction exacte reste inconnue, et à l'est par la terrasse haute, décapitée par l'érosion. Le Temple Ovale de Khafajeh : histoire et insertion urbaine présente trois états d'occupation successifs, c'est-àdire deux réfections complètes de ses enduits, de ses sols et de ses aménagements intérieurs, mais sans reprise du gros oeuvre. Son plan resta donc inchangé, à l'exception de la réorganisation, lors du troisième état, des annexes reculées de la maison D. Le Temple II (fig. 2) date du Dynastique Archaïque III. Proche de la surface, il est moins bien conservé, en raison à la fois de l'érosion et du Temple III qui a partiellement détruit, notamment à l'ouest, le bâtiment précédent. Les murs du niveau II reprennent les alignements antérieurs et le plan est donc globalement le même, avec quelques modifications néanmoins. Deux annexes supplémentaires furent adjointes à la maison D, qui n'ouvre plus, on l'a dit, sur l'avant-cour mais sur la rue (sans escalier, le niveau des sols extérieurs ayant 3 Re stitution du Temple vale II A selon nous ; gaz 1940 , Figure 100) Figure 4 Restitution du Temple Ovale II (IIB, selon nous ; Delougaz 1940, Figure 102) atteint celui de la terrasse). L'emprise au sol de la terrasse du sanctuaire fut légèrement élargie. Les changements les plus importants concernent toutefois les enceintes. L'enceinte externe est bien plus puissante qu'auparavant (3,5 m) et sa face extérieure est ornée de pilastres. Le mur interne, un peu plus large lui aussi, présente derrière la maison D une reprise ornée de pilastres. L'état fragmentaire des vestiges et les insuffisances de la fouille n'ont pas permis d'établir avec précision la manière dont ces deux éléments s'intègrent dans l'histoire du bâ timent, qui fait donc toujours l'objet de discussions [15]. Cette question est d'importance, dans la mesure où l'évolution du Temple Ovale est indissociable de celle de l'habitat voisin, mais il n'y a pas lieu d'entrer ici dans une fastidieuse discussion technique et nous nous en tiendrons à l'essentiel. Delougaz a parfaitement compris que les deux murs à pilastres appartiennent au Temple II et furent construits simultanément, mais il n'a pas perçu que le Temple II présente véritablement deux phases successives bien distinctes, faute sans doute d'une vision d'ensemble de la stratigraphie englobant l'habitat (publié 37 ans après le temple [16]). Une lecture attentive des coupes apporte en effet toutes les réponses. [15] Voir par exemple HENRICKSON 1981, p. 48-49 et 75, HENRICKSON 1982, p. 8-10, et TUNCA 1984, p. 39-40. [16] DELOUGAZ et al. 1967. [17] DELOUGAZ 1940, pl. VIII. Figure 5 : restitution de Temple Ovale III (Delougaz 1940, Figure 103) Figure 6 : plan des niveaux 2 et 1 de Khafajeh (Delougaz et al. 1967, pl. 14) Les tribulations du Temple II ne se limitèrent cependant pas à l'incendie du niveau 3 et aux remodelages des enceintes qui s'ensuivirent, puisque l'édifice fut finalement emporté par un autre incendie, provoqué celui-là par les occupants de la maison D, événement sans doute à l'origine de leur expulsion du périmètre du temple. En effet, la porte du Temple III (fig. 5), est fondée sur une couche d'incendie, tandis que l'ultime état de la maison D a été intensément brûlé. Il est clair qu'au moins toute la partie antérieure de l'édifice fut incendiée, entraînant sa complète reconstruction. Toute la difficulté réside dans le fait que nous sommes là en surface, et que la connexion stratigraphique entre les vestiges, très fragmentaires, du Temple III et l'habitat est perdue. Nous ne pouvons donc pas caler avec certitude dans la séquence du site, et donc dater, l'incendie du Temple II et l'élévation du Temple III. Bien que les preuves formelles Temple Ovale de Khafajeh f dé , diverses observations concordent, et invitent à rejeter l'idée d'une contemporanéité entre le Temple III et l'habitat des niveaux 2 et 1 (fig. 6). En fait, il est presque certain que l'incendie du Temple II est postérieur au niveau 2, parce que le bâti contemporain proche du temple (comme le bâtiment XIV, voisin de la maison D) ou même mitoyen (la maison XLVI et le Walled Quarter), ne présente absolument aucune trace d'incendie. Postérieur au niveau 2, le Temple III serait-il donc contemporain du niveau 1? Cela nous semble exclu, pour plusieurs raisons. Il faut bien voir en effet que la plus grande partie de l'habitat dégagé des niveaux 1 et 2 appartient à un ensemble architectural bien spécifique, le Walled Quarter, associé physiquement sinon fonctionnellement au Temple II. Tout remodelage du temple, et spécialement de son enveloppe, comme c'est le cas du Temple III qui adopte une enceinte rectangulaire, ne pouvait pas être sans conséquence sur le bâti qui lui est solidaire. Or, dans la mesure où le niveau 1 est, partout où l'on peut en juger, une reconstruction à l'identique ou presque du niveau précédent, il est dès lors probable, pour ne pas dire certain, que le Temple II est contemporain de l'ensemble de la séquence. D'autres observations vont dans le même sens. On remarque en effet qu'à quelque distance à l'est du temple, tous les murs du niveau 1 s'interrompent brutalement le long d'un même alignement NO/SE (fig. 6). Quel qu'ait pu être l'ampleur de l'érosion et du pillage (dont les trous, reportés sur les plans, sont très désordonnés), ceux-ci ne sauraient rendre compte d'un phénomène aussi régulier. Nous y voyons la trace du chantier de construction du Temple III qui fit là place nette, comme au temps du Temple I, parce qu'ailleurs, en particulier au nord et à l'ouest où passe la voie menant à la porte de la ville, il n'y a pas la place d'aménager une aire de travail de cette ampleur et surtout parce que le bâti démonté là avait peut-être brûlé avec le Temple II. Le Temple III est donc vraisemblablement contemporain des niveaux d'habitat emportés par l'érosion. Il subsiste un reliquat de ces niveaux, quelques tombes éparses, dont l'une en particulier (la tombe 149) se situait dans le périmètre du Walled Quarter. Cela montre que ce dernier ne fut certainement pas reconstruit avec le Temple III, mais remplacé par de l'habitat ordinaire, pour la simple raison que l'on n'enterrait pas dans le Walled Quarter qui, avec treize édifices sur deux niveaux successifs, ne compte en effet aucune tombe. Au total, les données disponibles indiquent que l'incendie du II survint vraisemblablement à la fin de l'occupation du niveau 1 de l'habitat. Le Temple III, débarrassé de la maison D, fut alors doté d'une enceinte unique de plan rectangulaire (mais aux angles arrondis), ce qui fut aussi l'occasion d'accentuer l'aspect monumental de la porte du temple. Le bâti limitrophe à l'est, peut-être partiellement détruit par l'incendie, fut rasé, notamment le Walled Quarter, et le terrain fut récupéré pour reloger sans doute les occupants de la maison D ainsi que ceux de la maison XLVI. Enfin, la continuité de l'occupation et le calage des séquences de l'habitat et du temple permettent de reconsidérer la datation de ce dernier, malgré l'absence de 14C. [18] Plus vraisemblablement 2600-2450, car l'assemblage céramique du Temple I est plus proche du DA IIIA que du DA I (voir note 14 supra), ce qui décalerait l'ensemble de la séquence du temple jusque vers 2200, voire un peu plus tard. La question exigerait de reprendre l'ensemble du matériel céramique ce qui est hors de notre propos, et nous en restons donc à la date traditionnelle de 2700 comme point de départ, ce qui n'invalide pas notre analyse stratigraphique et architecturale. [19] DELOUGAZ 1940, p. 149-150. Le Temple Ovale de Khafajeh : histoire et sertion urbaine Figure 7 Le quartier du Temple Ovale avant la construction du Walled Quarter (plan de l'auteur). C'est à Khafajeh que l'implantation d'un temple ovale dans son environnement urbain est la mieux connue, en périphérie du site comme on le sait, mais pas autant, à l'origine, que le plan pourrait le faire croire, car le rempart a profondément mordu dans le périmètre urbain initial. Ce sont sans aucun doute des raisons essentiellement pratiques qui ont présidé au choix du site. On sait que le temple était une véritable entreprise, dont les activités multiples dépassaient de loin le cadre étroit de l'édifice cultuel. Vers celui-ci devaient converger quantités de biens de toute nature, provenant aussi bien de la ville que des campagnes environnantes, d'où l'avantage d'une implantation à proximité des portes de la ville. Un autre facteur a certainement joué : même s'il était entendu que le temple devait briser le tissu urbain, il est bien évident qu'une implantation centrale aurait bouleversé de façon considérable la ville. En choisissant de l'installer en périphérie, on a certainement cherché aussi à « limiter les dégâts ». À Tello il est vrai, le temple se trouve au centre. Mais le site est infiniment plus vaste (249 ha) et pourvu d'une véritable ville haute remparée, l'Urukù, la « Ville Sainte » [20]. Le temple, le palais et de nombreuses autres constructions de prestige y étaient donc naturellement rassemblés, mais le temple se trouve là aussi à proximité immédiate de l'une des portes (au sud) de cette « ville dans la ville ». Au niveau 6, le Temple Ovale brise le tissu environnant provoquant sa profonde restructuration. À l'est, le seul endroit où l'on puisse apprécier précisément l'impact de la construction du temple, tout l'ancien bâti fut rasé jusqu'au Temple de Sin, soit sur une profondeur de 60 m au-delà de l'enceinte du Temple Ovale. La nécessité de faire place nette aux abords du temple, et spécifiquement à l'est où se trouvait la rampe d'accès à la fosse du chantier, s'explique par les impératifs logistiques liés à l'ampleur du chantier de construction. Le Temple Ovale de Khafajeh tomb simples . Au niveau 3, l'agrandissement de la porte entraîne d'ailleurs la disparition des quelques habitations qui se tenaient là. C'est que ce secteur est vraisemblablement consacré pour l'essentiel aux activités artisanales et commerciales, une sorte de souk, dont la localisation s'explique par la proximité de la porte de la ville, selon un cas de figure habituel en Orient. Enfin, le quartier compte encore un autre type d'édifice, les prétendus temples (de Sin, de Nintu, etc.) dispersés dans l'habitat. Il n'est pas du tout certain que le concept de temple soit adapté à ces édifices, qui n'ont jamais livré la moindre preuve matérielle d'une destination cultuelle (comme un dépôt de fondation ou un objet portant une inscription). Sans relancer le débat, trois observations doivent être faites concernant ces bâtiments. Premièrement, on peut identifier davantage d'édifices de ce genre que ne le firent les fouilleurs, par exemple le bâtiment XIV près du Temple Ovale, qui combine plusieurs halls (longue salle rectangulaire, souvent pourvue d'un podium à une extrémité) autour d'une cour (comme le Temple d'Abu à Tell Asmar). Deuxièmement, ces halls se retrouvent dans certaines maisons [22], qui contenaient également des masses d'arme (maisons XXII et XLVI), objet symbolique tenu Figure 8 Le quartier du Temple Ovale à la fin de la période Dynastique Archaïque (plan de l'auteur). pour cultuel. Ce cas est particulièrement intéressant, car il montre qu'on ne saurait opposer systématiquement les bâtiments publics et l'habitat privé. La société est plus complexe, et les deux sphères peuvent à l'occasion se combiner. Troisièmement, ces bâtiments à halls sont manifestement regroupés dans ce quartier, alors qu'à Abu Salabikh par exemple, malgré le décapage extensif du Main Mound, aucun de ces édifices n'a été retrouvé [23]. Ils sont peut-être là aussi regroupés, sur le South Mound, autour du palais et peut-être du temple. Dans tous les cas avec le niveau 6, le quartier devient véritablement le centre-ville, pas seulement en raison de la présence du Temple Ovale, mais parce qu'il remplit désormais d'éminentes fonctions politiques, religieuses, économiques et résidentielles. Ce centre fonctionnel se trouve cependant en périphérie de la cité. Le niveau 2 voit divers événements qui vont à nouveau bouleverser l'organisation du quartier (fig. 8). À l'ouest, la porte de la ville a déjà été agrandie (depuis le niveau 3) vers l'intérieur, entraînant l'élimination des constructions adjacentes. À l'est, un incendie détruit le bâti entre le Temple de Sin et le Temple Ovale. Celui-ci est pourvu d'une enceinte [22] Le sujet est discut é dans FOREST 1996 , VALLET 2001 et ŁAWECKA 2011. [23] VALLET 1999. Le Temple Ovale de Khafajeh : histoire et in sertion urbaine renforc ée et le Temple de Sin d'un hall supplémentaire, mais la plus grande partie du terrain est alors occupée par un complexe très particulier, encore unique dans notre documentation : le Walled Quarter. À cette occasion, le Temple de Nintu et le Small Temple sont volontairement rasés et il est intéressant de constater que cela prit du temps, peut-être plusieurs années, pour décider de ce que l'on ferait du terrain disponible, car avant sa destruction finale, le Small Temple fut une dernière fois reconstruit, après l'incendie. Le projet immobilier du Walled Quarter n'était donc peut-être pas totalement consensuel et l'on devine qu'il dut y avoir d'âpres négociations entre les décisionnaires et les habitants concernés. Quoi qu'il en soit, le Walled Quarter est un ensemble architectural planifié de 2300 m2, entouré d'une enceinte. Parce qu'il semble évident que sa construction a été décidée par les plus hautes autorités de la ville et en raison de son association apparente avec le Temple Ovale, le Walled Quarter est généralement interprété comme le quartier résidentiel d'une élite, celle des fonctionnaires du temple. Cependant, plusieurs observations peuvent être objectées à cette interprétation. D'abord, on peut se demander pourquoi on aurait attendu si longtemps pour loger ces gens, alors que la maison D a elle été construite avec le Temple. Deuxièmement, on sait que les prêtres et fonctionnaires des temples, d'époques postérieures il est vrai, n'étaient nullement cloîtrés de la sorte mais résidaient en ville, dans un habitat parfaitement banal (comme à Ur [24]). Troisièmement, le Temple Ovale et le Walled Quarter se tournent le dos : l'entrée du Temple est à l'ouest, en face de la de la ville, celles du Walled Quarter sont au sud et peutêtre à l'est. De plus, il n'y a pas de communication entre les deux. Quatrièmement, et plus important, le Walled Quarter rassemble treize habitations de statut social très bas : onze de plan tripartite, deux avec une petite cour, la plupart de moins de 100 m2 [25]. Enfin, il ne faut pas perdre de vue que sa construction a été accidentelle, si l'on peut dire, puisque consécutive à un incendie, de sorte qu'il n'y a probablement pas de relation fonctionnelle directe entre le Temple Ovale et le Walled Quarter, qui regroupait une population à très faible statut dans un but bien spécifique.
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